LE MATCH DES JUMELLES HAUT DE GAMME N
Transcription
LE MATCH DES JUMELLES HAUT DE GAMME N
TEST Outils idéaux pour découvrir les belles comètes, les jumelles sont à l’honneur cette année, avec l’arrivée de la comète ISON en novembre. Nous avons entrepris cet été un test de 14 paires de 10 × 50. Après les résultats sur les modèles à moins de 1 000 €, publiés en juillet, voici le verdict pour les jumelles expert. Jean-Luc Dauvergne LE MATCH DES JUMELLES HAUT DE GAMME N © J.-L. Dauvergne/C&E Photos OUS avons entrepris sur nos deux numéros d’été un grand test des jumelles adaptées à l’astronomie : les 10 × 50. Grossissant 10 fois, avec des objectifs de 50 mm de diamètre, elles sont le meilleur compromis pour la découverte du ciel dans une utilisation à main levée. Ce banc d’essai a en partie été contributif : nous avons fait tester (en maquillant les marques) les quatorze modèles sélectionnés à un panel d’observateurs, lors des 15es Rencontres astronomiques du printemps (RAP). Dans notre numéro de juillet — en vente jusqu’au 20 août —, nous avons publié les résultats pour les dix premiers modèles, dont le prix allait de 75 € à 890 €. Voyons ce mois-ci ce qu’il en est pour les quatre paires haut de gamme. • Les jumelles de type 10x50 offrent le meilleur compromis en termes de luminosité et de grossissement pour une observation du ciel à main levée. Lentille d’oculaire Objectif LES ATOUTS DU PRISME EN TOIT Prismes en toit PRISMES EN TOIT Objectif Lentille d’oculaire Prismes de Porro PRISMES DE PORRO 80 Ces jumelles haut de gamme ont toutes un prisme en toit (type Schmidt-Pechan, avec cinq réflexions, ou d’Abbe-Koenig à trois réflexions). Ce système permet d’avoir l’oculaire dans l’axe de l’objectif. Avantages : les jumelles sont plus compactes, ont un système de mise au point interne, et peuvent donc être étanchéifiées. La limite de cette formule est l’écartement des yeux, qui n’autorise pas les objectifs supérieurs à 56 mm. Au-delà, il faut recourir au classique système de Porro, constitué de deux prismes triangulaires. AOÛT 2013 PENTAX DCF ED : UNE BONNE ERGONOMIE Dans leur livrée de caoutchouc vert kaki, les jumelles de Pentax semblent presque mimer celles de Swarovski. La finition est excellente, avec notamment un système de blocage de mise au point sur l’oculaire droit. Comme sur les Swarovision, la forme du fût épouse celle du pouce pour une meilleure prise en main. Elles sont légères et marquent des points sur ce plan. L’ergonomie est donc parmi les meilleures des modèles testés. Jusque-là, le tableau est parfait. Le seul défaut assez pénalisant est la taille du champ : seulement 5°. C’est le plus petit de ce test, à égalité sur les Pentax PCF. Sur un modèle de cette gamme, il est étonnant que Pentax n’ait pas fait un effort. KITE IBIS : LE CHROMATISME BIEN MAÎTRISÉ Les Kite Ibis ont une ergonomie en tout point identique aux Kite Petrel, testées en juillet. C’est-à-dire des jumelles avec un prisme en toit d’une conception simple, mais efficace. La différence avec les Petrel se cache à l’intérieur. Le fabricant a utilisé des verres à faible dispersion, corrigeant bien mieux le chromatisme. Mais ce n’est pas tout, le champ couvert est également plus important : 5,6° contre 5,1°. Ce modèle a fait une très bonne impression auprès de notre panel de testeurs des RAP. Ils l’ont placé en seconde position, notamment pour son chromatisme bien maîtrisé. La note finale talonne celle du modèle Zeiss Conquest, vendu près de 180 € de plus. ZEISS CONQUEST : VISION GRAND CHAMP Zeiss propose des jumelles à la ligne sobre. Elles se démarquent par leur système de mise au point original. Le réglage global se fait de façon classique par une molette située sur l’arrière, mais pour harmoniser la mise au point de l’oculaire droit avec celui de gauche, il faut actionner une molette à l’avant. C’est un peu déroutant au début, mais on s’y fait. Ce bouton de réglage est assez dur. Cela le rend peu pratique à manipuler. En revanche, cela évite qu’il bouge entre deux utilisations. Le point fort des Zeiss est leur champ assez large. Certes, elles font moins bien que les Swarovski, mais coûtent presque moitié moins ! C’est donc un bon choix dans le haut de gamme. SWAROVSKI SWAROVISION : LE TOP ! Plus de 2 500 € pour de simples jumelles 10 × 50 ! Est-ce bien raisonnable ? À chacun d’en juger, mais force est de constater que l’arrogance du prix se justifie au moins en partie par des performances superlatives. Sur tous les critères optiques, elles se classent nettement premières. Non seulement leur champ est le plus large, mais elles ont aussi la meilleure qualité optique en bord de champ ! Côté mécanique, là aussi, elles se démarquent : la mise au point globale et celle de l’oculaire droit se font par la même molette, qu’il suffit d’avancer ou de reculer. Le seul petit bémol est le poids forcément un peu plus élevé que celui de la concurrence. Dans notre panel des RAP, AOÛT 2013 les Swarovski mettent tout le monde d’accord. Elles font une très forte impression à qui n’a jamais regardé dans une optique aussi haut de gamme. Nos testeurs les ont donc placées sur la première marche du podium, loin devant les concurrentes. Détail appréciable : ces jumelles sont livrées avec un adaptateur universel permettant de pratiquer la digiscopie, c’està-dire la photo derrière l’oculaire avec un appareil compact (montage ci-contre). La focale maximale du zoom est multipliée par 10 ×, on obtient ainsi facilement l’équivalent de 1 000 à 2 000 m de focale ! La qualité d’image reste toutefois bien en retrait de celle d’une bonne optique photo. 81 TEST Pentax DCF ED Kite Ibis Zeiss Conquest Swarovski Swarovision La note du public 11/14 13/14 12/14 14/14 Luminosité sur le ciel 9/14 9/14 13/14 14/14 Poids Champ de vision mesuré 888 g 12/14 954 g 9/14 962 g 8/14 1080 g 2/14 5° 1/14 5,6° 6/14 5,9° 9/14 6,6° 14/14 Chromatisme 11/14 13/14 12/14 14/14 Qualité d’image au centre 11/14 13/14 13/14 14/14 Qualité d’image en bord de champ 12/14 10/14 11/14 14/14 Courbure de champ 10/14 13/14 12/14 14/14 Prix 1 199 € Qualité mécanique Note Classement 3/14 1 149 € 4/14 1 330 € 2/14 2 580 € 1/14 12/14 11/14 13/14 14/14 103 114 117 129 714 e/14 103 e/14 712 e/14 711 er/14 Ci-dessus, la suite du tableau publié dans le numéro de juillet. En tout, quatorze paires ont été évaluées, les classements sont donc sur 14. L’avis du public a été pondéré d’un facteur 2 dans la note finale. © J.-L. Dauvergne NOS CONCLUSIONS Ont participé à ce test : Danièle Barrier, Jean-Louis Dumont, Jérôme Gaillard, Sylvain Giroudon, Matthieu Messonet, Laurent Oudot, Luc Penelon, Philippe Pieds, Joël Pitre, Samuel Sarthe, Antoine Viel, Éric Zumkeller. Entre Pentax, Zeiss et Kite, le match est serré. Les Pentax ont un peu déçu par leur champ limité. Pour le reste, elles sont à la hauteur. Les Kite Ibis talonnent les Zeiss Conquest. Pour le prix, l’avantage va aux premières ; en ce qui concerne la largeur de champ, il va aux secondes. À ce niveau de gamme, on pourrait penser avoir atteint l’excellence. Mais cette impression est démentie avec brio par les Swarovski. Elles parviennent presque à justifier leur tarif totalement déraisonnable en se hissant en haut du classement sur tous les points optiques évalués. Chapeau ! Nous remercions l’équipe organisatrice des Rencontres astronomiques du printemps. Mais aussi la Maison de l’astronomie, Rivoliez, et la Clef des étoiles pour la mise à disposition du matériel. 82 AOÛT 2013