la face cachée des camps d`étranger·e·s en europe
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la face cachée des camps d`étranger·e·s en europe
LA FACE CACHÉE DES CAMPS D’ÉTRANGER·E·S EN EUROPE INTRODUCTION 1 QUI ENFERME-T-ON ? 1A1B 1C1D 1E1F Les étranger·e·s privé·e·s de liberté : quifamiliale sont-ils/elles ? L’intérêt supérieur de l’ e nfant et la vie en détention Citoyen·ne·s européen·ne·s : une liberté de circulation compromise L’asile en détention LaEt tou·te·s détentionlesdeautres... personnes malades 2 POURQUOI ENFERME-T-ON ? 2A2B 2C2D 2E2F Motifs légauxcoûteuse, de l’enfermement deshumain migrant·e·s Une politique sur le plan et financier Une “efficacité” l imitée Objectifs réelspourde l’enfermement Criminaliser et mieux Une euphémisationdiaboliser qui normalise des expulser politiques injustes 3 OU ENFERME-T-ON ? 3A3B 3C3D 3E LaLesdiversité des lieux d’enfermement d’étranger·e·s lieux officiels Les zones d’attente confrontées auxderègles arbitrairescitoyen des autorités Les lieux invisibles, hors de portée tout contrôle Le caractère carcéral des lieux d’enfermement 4 COMMENT ENFERME-T-ON ? 4A4B 4C4D 4E LaContact détention comme mesure de « dernier ressort » avec l’extérieur (Non)Accès à l’information desdans détenu·e·s sur leurs droits LaLa privatisation des services les centres de détention détention nuit à l’état de santé des détenu·e·s 5 QUEL CONTROLE DEMOCRATIQUE DE L’ENFERMEMENT ? 5A 5B5C 5D Leet l’accès contrôle– –insuffisant incertain ––deà une la détention parjuridique un·e juge assistance Les organes de contrôle indépendants LeLe droit de regard refusé contrôle des médias à la société civile CONCLUSION Camp de Venna (Grèce), mars 2009. © Sara Prestianni INTRODUCTION D epuis les années 1990,del’enfermement estpopulations devenu un instrument privilégié gestion des migrantes en liberté Europeestet leau-delà. Le seuldesmotif de cette privation de non respect règles, souvent injustes, relatives au franchissement des frontières et/ou au séjour. Elle constitue une source de violations permanentes de leurs droits. Derrière l’objectif officiel de rationalisation de la gestion des flux migratoires, l’institutionnalisation de etla ceux détention desdésigne étranger·e·s vient criminaliser celles qu’on commee1. indésirables, alimentant ainsi le racisme et la xénophobi C’est dans ce contexte et dans le cadre deréalisé, la campagne « faire Openconnaître Access Now » que ce livret a été afin de la réalité de l’enfermement des étranger·e·s danseuropéenne « l’espace (UE) de liberté, sécurité et justice »à que l’Union prétend être et permettre tout·e citoyen·ne de –dépasser l’image – trop souvent fausse ou incomplète proposée par les discours médiatiques et institutionnels. Cette réalité estparici mise en perspectiveinternationaux avec les prin-et cipes énoncés les instruments régionaux de protection droitsavechumains et des liber2, maisdes aussi les directives tés fondamentales 3. péennes qui régissent la détention des étranger·e·seuroUnestdesunepremiers constats deàcette mise en perspective tendance marquée l’amoindrissement (voire parfois le déni) des droits humains et des libertés fondamentales quandpourils autant concernent desl’objet étranger·e·s enfermé·e·s. Sans valider ou le but des directives européennes précitées, on relève également des écarts préoccupants entre àlesl’intérieur principesdesqu’elles posent et les pratiques en vigueur camps d’étranger·e·s. et, trop souvent, le défaut de respect des quelques dispositions qui pourraient être favorables aux étranger·e·s. C’est pourquoi il nouset aanalyses sembléd’organisations important de defairela connaître les constats société civilecontre qui sontl’enfermement engagées depuis plus de dix ansIls dans la lutte des étranger·e·s. révèlent queentraînent ces dispositifs dehumain privationet financier de liberté,quinonne seulement un coût cesse sont en outre peu efficaces par rapportdeauxgrimper, objectifsmaisaffichés. Cepersonnes livret estenfermées organisé en(1.cinqQUIséquences : qui sont les ENFERME-T-ON ? ), les motifs – officiels et réelsles– delieuxl’enfermement (2. POUR-de QUOI ENFERME-T-ON?), où cette privation liberté s’opère (3. OÙ ENFERME-T-ON?), la façon dont elle seformes déroule (4. COMMENT ENFERME-T-ON?), ainsi que les de contrôle démocratique existantes (5. QUEL CONTRÔLE DÉMOCRATIQUE DEnousL’ENFERMEMENT ?).restiPour chacune de ces séquences, avons essayé de tuer autantdesquephotos, possibledeslatémoignages, réalité de l’enfermement avec, àquel’appui, des cartes, ainsi des chiffres et exemples clés. Cese livret a pour butsurdel’enfermement permettre à chacune et chacun ende documenter des étranger·e·s Europe. Il se veutjournalistes, aussi un outilenseignant·e·s pour les militant·e·s, chercheur·se·s, etla mise quiconque veut informer, sensibiliser et lutter contre àlementaires l’écart des personnes migrantes, ainsi que pour lesdanspar-la européen·ne·s prêt·e·s à s’engager promotion domaine. d’évolutions législatives positives dans ce 1 Migreurop, « Enfermement des migrants, le “mode de gestion privilégié” des migrations », 2013 2 Entre autres, la Convention européenne des droits de l’homme (1950), la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne (2000) ou encore la Convention internationale des droits de l’enfant (1989). 3 Notamment, la Directive 2008/115/CE du Parlement et du Conseil du 16 décembre 2008 relative aux normes et procédures communes applicables dans les États membres au retour des ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier (CE/115/2008) (directive « retour ») et la Directive 2013/33/UE du Parlement et du Conseil du 26 juin 2013 établissant des normes pour l’accueil des personnes demandant la protection internationale (refonte) (directive « accueil »). Laparcampagne « OMigreurop pen AccessetNow », lancée en 2011 les réseaux Alternatives européennes, est menée par leSosCiréRacismo et la Ligue des droits de l’Homme (Belgique), (Espagne), l’Anafé etRuwad La Cimade (France), l’Arci (Italie) et Frontiers (Liban). « inconditionnel Open Accesspour Now la» revendique unetaccès société civile leslieux médias aux camps d’étranger·e·s, tant que ces existeront. Ellesurexige également une totale transparence le statut et sur toutes les données relatives au fonctionnement de ces lieux d’enfermement, au nom du droitainsià l’information de l’ensemble des citoyen·ne·s, que la liberté d’expression des personnes détenues. Pour plus d’informations : www.openaccessnow.eu Camp de Ponte Galeria (Rome, Italie), mai 2014. © Sara Prestianni 1A Les étranger·e·s privé·e·s dequiliberté : sont-ils/elles ? C haque année, prèssurde 600 000 étranger·e·s sonteuroprivé·e·s de liberté le territoire de l’Union péenne (UE) à desdesfinsfemmes de « gestion migratoire ». Cese sont des hommes, et des enfants qui retrouvent détenu·e·sà l’entrée au seul etmotif du « non-respect » des règles relatives au séjour, et en vue de leur expulsion. Peut êtreleenfermée toute personne endesituation irrégulière sur territoire d’un État membre l’UE et présentant unen« droit risqueeuropéen) de fuite »:(notion définie de manière trèset large demandeurs·euses d’asile personnes dontdontlaledemande deséjour protection a ouétéquirejetée, étranger·e·s droit au a expiré n’ontle jamais bénéficié de ce droit, parfois présent·e·s sur territoire depuis de nombreuses années. Ces personnes peuvent être travailleur·euse·s, étudiant·e·s, citoyen·ne·s d’un pays de l’UE, conjoint·e·s ou parents d’européen·ne·s, malades,apatrides... mineur·e·s isolé·e·s, victimes de torture ou de trafic, Ilterritoire peut aussi s’agir dea étépersonnes auxquelles l’accès au de l’Union refusé à la frontière. Ces personnes sontaéroports, souvent des « parquées »des dansgares les zones d’attente des ports et internationales, avant d’être refoulées dansdelesmanière heures ouexpéditive, jours qui suivent leur arrivée, parfois notamment lorsque l’éloignement se fait dans le cadre d’accords bilatéraux. Unde procédures nombre important de« personnes enfermées font l’objet dites de r éadmission » vers un autre Étatau membre de l’UE où elles sont titulaires d’un droit séjour. Enfin, de nombreux·euses étranger·e·s se retrouvent enquedétention – parfois pour de longues périodes – alors pour différentes raisons leur éloignement n’est pas possible. Image Sébastien Marchal / Photos Sophie Garcia 1 QUI ENFERME-T-ON ? S imineur·e·s « dans toutes les décisions qui concernent des […], l’intérêt supérieur de l’enfant doit être enferment une considération primordiale », seul·e·s les Étatsou membres des enfants mineur·e·s, avec leurs parents. Cela constitue unefamiliale violation etmanifeste dessupérieur principes dede respect de l’unité de l’intérêt l’enfant, consacréslaparCharte la Convention européenne desde droits de l’homme, des droits fondamentaux l’UE et la Convention internationale des droits de l’enfant1. Mais la etdirective « retour » seestréfère ambiguë à l’égard des enfants des familles : elle certes à ces prin2 mais elle n’interdit pas explicitement la détention cipesmineur·e·s. des migrantes… Cette omission coûte cher aux familles Eneuropéenne France, malgré une condamnation récentepourparlaladétenCour des droits de l’homme (CEDH) 3 et les tion d’uneauxfamille avec enfants mineur·e·s consignes administrations invitant à limiter la détention des familles, des enfants continuent d’être enfermé·e·s dans les centres et locaux de rétention administrative (CRA etla LRA). A Mayotte, département d’outremer français, situation est alarmante : pas moins de 2 575 enfants mineur·e·s ont été enfermé·e·s en 2012. Selon les associations intervenant dans19 lesenfants CRA français, près d’une dizaine de familles – dont détenues dans les quatre premiers mois de 2014.– ont été Àaccompagné·e·s Chypre, où la loietpermet la détentiondesdesenfants mineur·e·s non des familles, isolé·e·s sont très souvent placé·e·savecenlesdétention après leur interpellation. La promiscuité adultes pose problème. Aucuité,commissariat de préfèrent Paphos, àrester causedans de cette promis-ou les plus jeunes leur cellule aller dans la cour deux des femmes quandjour,celles-ci, quipas.y ontEn accès seulement heures par n’y sont Grèce, le camp d’Amygdaleza est spécialement4.dédié à la La légisdétention des mineur·e·s non accompagné·e·s lation autorise la détention de mineur·e·s de plus 5. 15 ansTchèque Àoucela s’ajoutent les casalorsfréquents de détention de pères mères de famille, que le reste de la famille est: libre. L’éclatement de la cellule familiale peut être long d’abord toute laduduréeparent, de détention, puis parfois enpour raisonla defamille l’expulsion et de l’impossibilité restée en Europe de le rejoindre au pays d’origine. 1 Convention européenne des droits de l’homme, art. 8 ; Charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne, art. 7 ; Convention internationale des droits de l’enfant, art. 3§1 et 3§2, 22 et 37. 2 Directive « retour » (CE/115/2008), articles 5, 14 a et c et 17. 3 CEDH, Popov c/ France, 19 janvier 2012. 4 Detention Context Forms, workshop régional Europe, International Detention Coalition, (Bruxelles, 27-28 mai 2014), informations fournies par les ONG participantes. 5 Ibidem. “ Dans toutes les décisions quil’intérêt concernent des mineur·e·s, supérieur de l’enfant doit êtreprimordiale. une considération ” Familles détenues dans un centre d’enfermement européen (2011). Campement de migrant·e·s à Patras (Grèce), détruit par la police en juillet 2009, mars 2009. © Sara Prestianni 1B L’intérêt supérieur defamiliale l’enfantenetdétention la vie 1. ASSFAM, La Cimade, Forum réfugiés, France terre d’asile, Ordre de Malte, « Rapport sur les centres de rétention administrative (CRA) », 2012. 2 Medici per i diritti umani (MEDU), Arcipelago CIE, 2013. 4006 2006 ÉVOLUTION DEDESLAROUMAIN RÉTENTION . . E S .E.S RESSORTISSANT.E.S (DEVENU COMMUNAUTAIRES EN 2007) 1507 1554 2011 2012 973 555 2007 587 364 2008 2009 2010 ASSFAM, La Cimade, Forum réfugiés, France terre d’asile, Ordre de Malte, Rapport sur les centres de rétention administrative (CRA), 2012, p. 12 L esnationalités ressortissant·e·s européen·ne·s sont parfois les les plus représentées dans les lieux d’enfermement en Europe. Unlationdesdesprincipes fondamentaux de l’UEà est la libreducircucitoyen·ne·s européen·ne·s l’intérieur territoire de l’Union ainsi que la liberté de séjour. Si cette liberté 3 mois, n’enlademeure pasfréquente moins quede ceressortissant·e·s pilierestdelimitée l’UE estàeuropéen·ne·s. mis à malilpar détention La directivedes« pays retour dits», qui ne s’applique qu’aux ressortissant·e·s tiers, ne prévoit pas cette détention maistoutneàl’exclut pas non plus, si bien que les États peuvent fait prévoir unpourrégime juridique différent – et donc moins encadré – ces populations. EnRoumanie France,etl’enfermement decessé personnes originaires de de Bulgarie n’a d’augmenter depuis l’adhésion de ces États à l’UE en ont 2007:étéquatre fois plus deen ressortissant·e·s roumain·e·s enfermé·e·s 2012 qu’en 20081. Entuent2011, en Italie,nationalité les citoyen·ne·s roumain·e·sdans constila troisième la plus représentée 2. La détention de citoyen·ne·s les de camps d’étranger·e·s l’UE n’est permise par la législation italienne qu’à titre exceptionnel, dansavec les casla coexistence où leur séjourcivile suretlesûre territoire est « i ncompatible », et neRoumain·e·s doit pas dépasser 96 heures. Pourtant, de nombreux enfermé·e·s manière abusivesontet parfois plus dedans 4 jours.ces centres de Les pratiques d’éloignement et a fortiori de détention dede ressortissant·e·s européen·ne·s, au sein même l’Union, ontvontunàcaractère abusif au regard du fondateurs droit européen, et l’encontre d’un des principes demembres l’UE, lasur liberté de circulation des citoyen·e·s des États l’ensemble du territoire. Entrée de la Roumanie dans l’Union européenne le 1er janvier 2007 Camp de Ponte Galeria (Rome, Italie), mai 2014. © Sara Prestianni 1C Citoyens européens : une liberté de circulation compromise L amalheureusement détention de personnes qui ontcourante demandéaul’asile estde une pratique sein l’UE,Ellevoire systématique dansévidente certainset maintes États membres. met à mal – de manière fois prouvée – l’accès et le droit à la protection internationale. Depuis peu, la législation européenne autorise explicitement l’enfermement de demandeurs et demandeuses 1, « lorsque cela s’avère nécessaire et sur la base d’asileappréci « sicacement d’autres d’une aticoerci on autivcas parpeuvent cas »,êtreet effi mesures moi n s es ne »2. Cette loid’asile. renforce le climat de suspicion appl enversiquées les demandeurs LamerHongrie a adopté en 2013 uneSurloi permettant d’enferles demandeurs d’asile. cette base, 1 762et demandeurs d’asile ont été détenus entre juillet 2013 3 En Bulgarie unesystématique réforme de ladeslégislation mars 2014 . l’enfermement introduisant deman-à deurs d’asile dans des camps spécialement prévus cette fin estla enmoitié coursdesd’examen pardétenues le Parlement. En attendant, personnes dans les centres d’expulsiond’asile, de Busmantzi et de deLubimets sont des demandeurs notamment nationalité syrienne4. ÀtrerChypre, les personnes quisontparviennent à faire enregisleur demande d’asile enfermées si elles n’ontde pas de papiers en règle, et ne sont libérées qu’au bout quelques joursd’asile voirequiquelques semaines. À documents Malte, les demandeurs ne disposent pas de ensontrègle – c’est à dire l’immense systématiquement enfermés.majorité des arrivants – Enenfermés République Tchèque, lesde demandeurs d’asile sont a vec obl i g ati o n rester » dans des centres « dede détention migrant·e·s pour une durée maximale 5pour . La République Slovaque organise égale120 jours ment l’enfermement des demandeurs d’asile notamment dans aéroportuaires et dans les 6. centreslesdezones détentiond’attente de migrant·e·s Enl’absence France,demalgré uneeffectif condamnation par la CEDHqui7 sur recours pour les personnes ont été contraintes d’introduire une demande d’asile selon une procédure d’urgence,etlesl’expulsion autorités continuent d’organiser l’enfermement de demandeurs d’asile procédure de recours devant la Cour nationaleenducours droitded’asile. Dans les zones frontalièrespersonnes comme lesenaéroports internationaux, de nombreuses quête de protec-de tion sont enfermées dès leur arrivée sur le territoire l’UE. L’examen de leur situation est généralement expéditif, l’accès à un conseil (association, avocat) est très limité voire impossible. C’est le cas en Belgique, où les demandeurs d’asile à la frontière sont d’office enfermés pendant l’examen de leursontdemande. EnàFrance, plusieurs milliers de personnes détenues la frontière dans des zones d’attente sans pouvoir formuler de demande d’asile. Enileffet, siuniquement une procédure dérogatoire a été miseau entitreplace, s’agit d’une demande d’entrée de l’asile quiseulement n’a pas pour but d’examiner au fond laà demande mais d’autoriser les demandeurs entrer ouespérer pas surobtenir le territoire pour poursuivre leur procé-se dure et une protection. Les personnes voient doncnemenacées d’expulsion avantparmême que leur demande soit déposée et examinée un organisme compétent. Enfin, partout dansde l’UE, des demandeurs d’asile sont enfermés en vue leur reconduite vers l’État membre par lequel ilsdusontRèglement entrés surDublin le territoire deresponsable l’UE et qui, ende application III, est leur demande d’asile. 1 Aujourd’hui près de 32% des demandes d’asile dans l’UE sont déposées par des femmes (données Eurostat, nouvelles demandes d’asile introduite dans l’UE en 2013). Quand nous écrivons «demandeurs d’asile», il faut donc toujours garder en tête la féminisation croissante de cette catégorie. 2 Directive 2013/33/UE du Parlement et du Conseil du 26 juin 2013 établissant des normes pour l’accueil des personnes demandant la protection internationale (refonte), art. 8§2. 3 Detention Context Forms, workshop régional Europe, International Detention Coalition, (Bruxelles, 27-28 mai 2014), informations fournies par les ONG participantes. 4 Bulgarian Helsinki Committee, rapport de visite des camps de Busmantzi et Lubimets effectuées en août et septembre 2013. 5 Detention Context Forms, workshop régional Europe, International Detention Coalition, (Bruxelles, 27-28 mai 2014), informations fournies par les ONG participantes. 6 Ibidem. 7 CEDH, I.M. c/France, 2 février 2012. ASILE Image Boris Séméniako Migrant.e.s en attente d’enregistrer une demande d’asile, Athènes (Grèce), mars 2009. © Sara Prestianni 1D L’asile en détention EXIL 1E Lade détention personnes malades Campement de migrant·e·s dans l’enclave espagnole de Melilla, mars 2012.© Sara Prestianni 1F Et tou·te·s les autres... D erecensés nombreuxdanscasles delieuxpersonnes maladeseuropéens. ont été d’enfermement Ces pratiques s’inscrivent dans unl’accès contexteaudeséjour durcissement de la législation concernant pour médicales l’éloignement des étranger·e·sraisons prime sur le droit àetlaoùsanté. L’enfermement delacesdifficulté personnes pose deauxsérieux problèmes du fait de d’accéder soins dans lapathologies. majorité de ces centres, surtout en cas de lourdes Diverses autorités selessontlieuxsaisies de la question deétranl’accès aux soins dans d’enfermement pour ger·e·s. Le Commissaire auxs’est droitsdéclaré de l’Homme du Conseil 1, en juin 2009, préoccupé par del’absence l’Europe de suivi médical et par la difficulté de consulter des médecins spécialistes dans lesà garantir centresunfermés belges. Il a invité les autorités belges accèsà àl’extérieur. des soins deLa qualité, comparables à ceux disponibles CEDHfemme a aussiatteinte condamné laVIH,Belgique pour avoir détenu une par le sans avoir toutes led’el s mesures que l’on lpouvai t raideslonnabl e-pris «attendre ment l e pour protéger a santé a requé rante et empêcher la dégradation de son état de santé »2. A u-delà detou.te·s ces catégories spécifiques de détenu·e·s, restent ces hommes et femmes qui se retrouvent enfermé·e·s uniquement parce qu’ils/ elles ontou ont épuisé leurs maigrescomme possibilités denondroitgrataau persona séjour été considéré·e·s lorsqu’ils/elles se etsontlesprésenté·e·s auxdroits portesfondamende l’UE. Leur enfermement atteintes aux taux qui l’accompagnent sont tout aussicivile préoccupants et méritent toute l’attention de la société ainsi que de ses représentant·e·s politiques. 1 Thomas Hammarberg, « Rapport du Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, Thomas Hammarberg, faisant suite à sa visite en Belgique 15-19 décembre 2008 », 17 juin 2009. 2 CEDH, Yoh Ekale Mwanje c/ Belgique, 20 mars 2012. Martine Samba, congolaise de 34 ans atteinte du VIH, maintenue au « centre de permanence temporaire pour étrangers » (CETI) de Melilla, a été transférée le 11 octobre 2011 dans le « centre d’internement d’étrangers » (CIE) de Aluche (Madrid). À dix reprises, elle a sollicité une assistance médicale, comme en attestent les registres des services compétents. En vain. Elle ne parlait pas espagnol et n’a pas pu être aidée par des interprètes. Malgré son état de santé alarmant, aucune analyse n’a été faite. Martine Samba est décédée le 19 décembre 2011, après avoir été détenue 38 jours dans le CIE d’Aluche. En août 2012, les plaintes introduites par la mère de Martine Samba, Clémentine, et par les ONG SOS Racismo Madrid, Ferrocarril Clandestino et la Asociación de Letrados por un Turno de Oficio Digno (ALTODO) ont été classées sans suite par le procureur. En janvier 2014, l’enquête a été rouverte suite à un recours déposé par les plaignant·e·s. 2 POURQUOI ENFERME-T-ON ? Camp de Ponte Galeria (Rome, Italie), mai 2014. © Sara Prestianni 2A Motifs légaux dedesl’enfermement migrant·e·s À partir des années 1990, lesdeÉtats membres de l’UE ont développé un arsenal dispositifs législatifs, administratifs etétranger·e·s. politiques visant à « arsenal, accueillir », trier et renvoyer les Dans cet l’enfermement, comme unestoutil de rationalisation de la gestionprésenté de l’immigration, central. Selon la législation européenne, il est possible de procé-ou der à l’enfermement, afin de permettre l’éloignement le→des refoulement, autrement dit l’expulsion : de l’UE, étranger·e·s présent·e·s sur le territoire dépourvu·e·s deetour titre» [de1] séjour. Avec la directive européenne « r →des étranger·e·s se trouvantouàautre), une frontière dereml’UE (terrestre, aéroportuaire qui ne plissent pas lesau Code conditions d’entrée sur le [territoire. En référence frontières Schengen 2] de →deleurdemandeur·euse·s d’asile, pendant l’examen demande,« adans certains cas. Avec la directive européenne ccueil » [ 3] Ces textesadministrative ont institutionnalisé banalisé le recours détention par lesetÉtats membres de l’UE.à la Les conditions du placement enveut détention sont, elles, définies par le droit national. Cela dire que les conditions d’entrée de séjour sur le territoire relèvent toujours des Étatsetmembres. Les législations nationales concernant l’admission surdesle territoire sont toutes marquées par l’étroitesse canaux d’entrée (politiques de visas restrictives) et,irrégulière. danslégaux certains cas, par la criminalisation de l’entréede Hormis le droit reconnu aux membres famille d’étranger·e·s installé·e·s dans un Étatfamilial), membrele dedroitrejoindre leurs proches (regroupement au séjourde est en général subordonné à la détention d’un contrat travail. Par→arriver conséquent : sans document et/ou sans visa et en Europe présenteren Europe une demande d’asile à la frontière ; blo→arriver avec un visa touristique et être qué·e à la frontière faute de justifier des documents nécessaires ou de ressources suffisantes ;l’expira→entrer en tant que touriste et rester après tion de son visa ; donc le droit au renouvellement →perdre son travail, titre séjour tous; les papiers nécessaires pour →neduobtenir pas underéunir titreàdepasser séjour d’une ou soncatégorie renouvellement ; →nediantpasparréussir de visa (étuexemple) à une autre (visa de travail par exemple) ; →demander l’asile et se voir refuser la protection demandée, sont de raisons qui peuvent conduire un·e étranger·eautant en détention. L’enfermement dit « administratif »l’éloignement des étranger·e·s est officiellement destiné à organiser de ceux etséjour celleset lequirefoulement ne respectent pas les règles relatives au des personnes dont les demandes d’entrée sur lemotifs territoire sontderejetées. Derrière ces légaux l’enfermement se profilent des motifs officieux, mais tout aussi palpables, dans les faits comme dans l’imaginaire social. Cette politique d’enfermement desdeétranger·e·s permet laamise à distance et la punition celles et ceux que l’on désigné·e·s comme indésirables. Dans une société en pleine crise économique et morale, qui cherche des responsables aux problèmes et défis auxquelles elle est confrontée, fabriquer de l’irrégularité, feindreeuropéen·ne·s. de trouver des réponses aux problèmesc’estdesaussi citoyen·ne·s Pour préparer l’éloignement : « À moins que d’autres mesures suffisantes, mais moins puissent être appliquées efficacement dans un [1]coercitives, cas particulier, les États membres peuvent uniquement placer en rétention le ressortissant d’un pays tiers qui fait l’objetde procéder de procédures de retour afin de préparer le retour et/ou à l’éloignement (…). Toute rétention est aussi brève que possible et n’est maintenue qu’aussi longtemps que le dispositif d’éloignement est en cours et exécuté avec toute la diligence requise. » DIRECTIVE « RETOUR » (CE/115/2008), ART. 15§1 Lemaiscodeil laSchengen ne prévoit pas explicitement la détention, permet : « paysLestiers garde-frontières veillent à ce qu’un ressortissant de ayant fait l’objet d’une décision de refus d’entrée nené »pénètre pas sur le territoire de l’État membre concer. CODE FRONTIÈRES SCHENGEN (RÈGLEMENT (CE) N. 562/2006), ART. 13§4 Ainsi, selon la directive « retour » : « Les États membres peuvent décider de ne pas appliquer présente directive aux ressortissants de pays tiers : fai[2]lasant l’objet d’une décision de refus d’entrée conformément àinterceptés l’article 13pardulescodeautorités frontières Schengen, ou arrêtés ou compétentes à l’occasion du franchissement irrégulier par voie terrestre, maritime ou aérienne de la frontière extérieure d’un État membre et qui n’ont pas obtenu par la suite l’autorisation ou le droit de séjourner dans ledit État membre. » DIRECTIVE « RETOUR » (CE/115/2008), ART. 2§2 A As’applique. contrario,Dans les lesÉtatsdeuxmembres peuvent décider qu’elle cas, la détention à l’entrée sur le territoire est possible. « Lorsque cela s’avère nécessaire et sur la base d’une appréciation au cas par cas, les États membres peuvent placer un demandeur [d’asile] en rétention, si d’autres mesures moins coercitives ne peuvent être efficacement [3]appliquées. » DIRECTIVE « ACCUEIL » (2013/33/UE), ART. 8§2 P remière interrogation quantdesàmigrant·e·s la pertinence: sonde cette politique d’enfermement coût. Sans qu’on puisse distinguer la part relative àl’UEla détention, le montant global des fonds alloués par aux États membres pour 2008 la gestion des1. À cette retourssomme, s’est élevé à 674 0 00 0 00 € entre et 2013 il faut ajouter les montants dépensés par chaque État. L’Italie estenquête un exemple éclairant : l’association Lunaria a 2 sur les dépenses publiques italiennes fait une investies dans2005la lutte contrel’ensemble « l’immigration irrégu-de lière » . Entre et 2011, du système détention des3.étranger·e·s a coûté àofficiels l’État italien un milD’après les chiffres disponibles, liard d’euros une grandepourpartielesdeCentres ces coûts correspondetauxd’Expulsion sommes engagées d’Identification (CIE). L’usage desouvent telles sommes estfondamentaux, d’autant plusetinquiétant qu’il viole les droits des traitements inhumains et dégradants. favorise Parallèlement àlesl’augmentation du budget consacré à l’enfermement, dépenses publiques relatives à l’accueil des personnesitalien migrantes diminuent [voir ci-contre]. Lepolitiques gouvernement a ainsi préféré privilégier les d’enfermement des étranger·e·s plutôt que celles « d’accueilcomme et d’intégration sociale »vu. Dans d’autresde pays européens, en Belgique, on a le budget l’accueil des demandeurs d’asiledesdiminuer, et à augmenl’inverse celui consacré à l’éloignement étranger·e·s ter de manière significative. 1 Communication de la Commission au Conseil et au Parlement européen sur la politique de l’Union européenne en matière de retour, COM(2014) 199 final, p. 6. 2 Lunaria, « Costi disumani. La spesa pubblica per il “contrasto dell’immigrazione irregolare” », 2013 (synthèse en anglais disponible). 3 Ibidem, p. 60. Source : Lunaria, « Costi disumani. La spesa pubblica per il “contrasto dell’immigrazione irregolare”», 2013 Construction d’un nouveau camp d’une capacité de 600 places à Edirne (Turquie), mai 2011. © Sara Prestianni 2B Une politique coûteuse, sur le plan humain et financier Immigration : coût de l’accueil vs. coût de la répression Exemple de l’Italie Investissements publics entre 2005 et 2011 : d’accueil → “Politiques et(toutes d’intégration sociale” mesures confondues) : 123 871 438 € en moyenne par an de lutte → “Politiques contre l’immigration illégale” (toutes mesures confondues) : 247 062 969 € en moyenne par an CIE et autres centres → Dont de détention pour étranger·e·s : 144 852 599 € en moyenne par an L Une bonnepaspart des détenu·e·s ne sont expulsé·e·s esraissent sommes investies dans cettequ’elle politique appad’autant moins légitimes ne débouche séepas êtrenécessairement l’objectif premiersurdel’expulsion… la détention. pourtant cenAusonnes niveaudétenues européen on observe que le nombre de peret effectivement expulsées du territoire destatistiques l’UE est très en deçàpardesMigreurop, objectifs affichés. Selondételes recueillies la moitié des nu·e·s ne sonteuropéenne jamais expulsé·e·s. Pour484l’année 2012, la Commission (CE) recense 000 notifications décisions dequitté « retour », pour 178de l’UE 0001personnes . ayantdeeffectivement le territoire Depuis l’entréedeenla durée vigueurde ladedétention la directive « retour », l’augmentation maximale dans plusieurs États n’amaispasonamélioré cepastaux.plusOn2.détient donc Des milliers plus longtemps, n’expulse deobjectifs personnes sontdedonc privéesmigratoire de libertésoient sansatteints. que les affichés contrôle Les conséquences néfastes de la détention sur la dignité humaine et les droits fondamentaux sont, elles, flagrantes. End’uneItalie,personne au courssurdesdeux, quinzedétenue dernières années, moinsde dans un centre détention administrative, a été expulsée. Dans les centres comme celui du Mesnil-Amelot (France), le pourcentage desdétenues expulsions est d’environ 26 % duseuls total16 des% 3, à Trapani Milo (Italie) personnes des personnes enfermées ont été expulsées en 20124. Migrants détenus dans le camp de Benghazi (Libye), juin 2012. © Sara Prestianni Des « inexpulsables » dans les camps Ondroitparle de personnedansnonle expulsable lorsqu’elle n’apossini le de séjourner pays « d ’accueil » , ni la bilité de retourner dans son pays d’origineadministratives, pour des raisons qu’elle ne contrôle pas : questions apatridie, risquedans de violations desdangereux droits humains dansdele cas d’un renvoi un pays « » , présence lacueil, famille nécessité de suividemédical dans le pays d’acvoireouune combinaison ces raisons. L’enfermement d’ «mais inexpulsables »illégal est non seulement inutile et absurde, il est aussi car il peutdeêtrela considéré comme une détention arbitraire au sens Convention européenne sauvegarde« retour des »droits de 5. Selondela directive , « l orsl’homme (CESDH) qu’il apparaît qu’il n’existe plus deestperspective raisonnable d’éloignement » , la personne « i mmédiatement Cependant, il n’existe pas dedisposimécaremise en liberté »6. pour nisme contraignant l’application de cette tion, lelecaractère « raisonnable »l’appréciation de la perspective d’exécuter renvoi étant laissé à des États. Tout au plus la CE se contente-t-elle de préconiser uresterpratidesques exiosnstantes un recensement des « mafieinl ed’évi dans l e s États membres si t uati prolongées »7. Lelesprojet « Pointde demigrant·e·s non-retour « »inexpulsables [voir ci-contre]» quidresse portraits ontau vécu la détention en Belgique, en France, en Hongrie et Royaume-Uni. 1 COM(2014) 199 final, p. 4. 2 Déclaration du syndicat unitaire des travailleurs de police italien (SIULP) suite à l’augmentation de la durée maximale de détention de 6 à 18 mois en juin 2011. 3 Visite du centre de rétention administrative de Mesnil-Amelot, 13 mai 2013. Voir : Open Access Now, Campagne de visites parlementaires 2013, Comptes-rendus par pays. 4 MEDU, Arcipelago CIE, mai 2013. 5 CEDH, Bouamar c/Belgique, 29 février 1988, Aerts c/Belgique, 30 juillet 1998, Enhorn c/ Suède, 25 janvier 2005. 6 Directive « retour » (115/2008/CE), art. 15§4. 7 CE, COM(2014) 199 final, 28 mars 2014, p. 11. « ceSqui ur laconcerne base delesl’expérience acquise par les policiers en accords bilatéraux existants avec les différents pays d’où viennent les immigrants, l’on constate que lorsque les “hôtes” ne sont pas expulsés dans les 40/50 premiers jours, presque toujours vous êtes obligés deparceles qu’il libérern’estavecpasunepossible obligation de quitter le territoire de procéder à l’expulsion Déclarations du secrétaire général du SIULP vers leur pays d’origine. »suiteàla(Syndicat italien unitaire des travailleurs de police),à 18 mois. prolongationTraduction de la duréenonmaximale de détention officielle. L’augmentation de la durée de rétention n’apportera « aucun bénéfice à l’effectivité des expulsions, mais produira un coût exorbitant. » Grèce Espagne France Royaume-Uni Italie Allemagne 0 Expulsions Nombre effectives d’étrangers enmaintenus rétention 20000 40000 60000 80000 100000 Graphique d’après Olivier Clochard. Source : Commission européenne, COM(2011) 248 final, Communication de la Commission au Parlement Européen, au Conseil, au Comité Économique et Social Européen et au Comité des Régions, Communication sur la migration, Bruxelles, 4 mai 2011. MOINS DE LA MOITIÉ DES ÉTRANGERS MAINTENUS EN RÉTENTION ADMINISTRATIVE ONT ÉTÉ EXPULSÉS EN 2009 Michael, 35 ans, a fui le Nigéria pour des raisons religieuses. Ilhongrois est non-expulsable car le gouvernement ne peut pas l’identifier sans documents, et lespas à autorités nigérianes ne l’autorisent revenir sur le territoire. pourtant été détenu pendant 11 mois enIl aHongrie. 1978 Né à Zaria, au Nigéria. 2002 Il demande l’asile ende résidence Hongrie, mais il reçoit un permis d’un antitrepourderaisons humanitaires. Son séjour sera ensuite prolongé de deux ans. 2003-2006 Il habite à Budapest. 2006 Il demandede bénéficier à nouveaud’une aux autorités hongroises protection. Il est détenu Puis il est transféré dans5unmois. centre d’accueil ouvert, mais du fait de problèmes importants, il part –à Budapest sans y êtred’hygiène autorisé – emménager avec saà Budapest. famille. 2007 Il vit 2008 Ilmois est arrêté etjours. détenu pendant cinq et vingt Puis il revientIlvivre àpour Budapest. 2010 tente la troisième fois de demanderdans l’asile. Et il va volontairement un centre d’hébergement ouvert pour étrangers non-expulsables ou non-enfermables ayant passépermis le temps maximum par dela loi.détention Douze ans en Hongrie, toujours sanspapier et non-expulsable pour raisons administratives. Source: Projet « A face to the story : la question des migrants non éloignables en détention »,mené par les ONG Flemish refugee action (Belgique), Detention action (Royaume-Uni), France terre d’asile (France), Menedék – association hongroise pour les migrants (Hongrie) et Conseil européen pour les réfugiés et exilés (ECRE), avec le soutien d’EPIM, le programme européen sur l’intégration et la migration. pointofnoreturn.eu 2C Une “efficacité” limitée C omment comprendre lesonsenscoûtdeexorbitant cette politique d’enfermement, au vu de et de son efficacité très relative ? La détention administrative des étranger·e·seuropéens, n’a jamais car été au-delà remise endecause par les gouvernements ses objectifs affichés, ellepolitique. constitueAuaussi unellepuissant outildissuader de communication Sud, est censée les candidat·e·s au départ pour l’UE.d’une Au Nord, elleactive permet deautorités donner àpourl’opinion l’impression lutte des», résoudre le « p roblème de l’immigration encomme stigmatisant celles et».ceux quenourrir l’on a undésigné·e·s les « e nnemi·e·s De quoi peu plus encore le racisme et la xénophobie. Image Sébastien Marchal / Photos Sophie Garcia Autour du centre dit « de premier secours et accueil » de Lampedusa (Italie), février 2011. © Sara Prestianni 2D Objectifs réels de l’enfermement Transfert du port De Tenerife vers le camp de détention, Tenerife (îles Canaries, Espagne), mars 2007. © Sara Prestianni CRIMINALISATI O N IMMIGRATION «C landestins », « employés illégaux »parsont des termes régulièrement les responsables politiques et voies les médias pour parler des migrant·e·s qui, faute de d’accès légal, rejoignent « irrégulièrement » l’Europe. Ces mots qui criminalisent la personne migrante ne sont pas innocents. En définissant l’étranger·e comme une menace, ils justifient aux yeux de l’opinion publique des législations et des pratiques injustes. Faute de papiers, onétranger·e·s, peut ainsi seexpulsé·e retrouveretenfermé·e dans les camps pour interdit·e d’accès pour cinq années sur tout le territoire de l’UE. Les politiquesetainsi légitimées viennent àdeleurcriminalisatour institutionnaliser renforcer ce processus tion : pénalisation decollaborant l’émigrationà ladans plusieurs pays d’origine et de transit politique migratoire 1), introduction européenne (Algérie, Maroc,» dans Tunisie… d’un « d élit de clandestinité certains d’arri2) et soumission despays personnes vée (en Italie par exemple d’origine contrôle auétrangère, faciès. partout en Europe, à des pratiques de Celesprocessus deparcriminalisation, quifabrique passe »à lal’irrégulafois par discours et les pratiques, « rité de l’étranger,menaçant en le présentant comme « ides llégal sociétés » voire uneuropéennes. envahisseur pour le bien être Celaunentraîne uneadministratif, légitimation aux yeux deet l’opinion de tout arsenal législatif politique visant à réprimer l’immigration. Même sifait,la Cour deun·e justice de l’UE (CJUE) considère quedele simple pour étranger·e, d’être en situation séjour irrégulier, nel’enfermement devrait pas êtredespassible de peines d’emprisonnement, étranger·e·s est, lui, bien réel : dans des cellules, privé·e·s de liberté, ils/ elles attendent d’être fixé·e·s sur leur sort, souvent sans savoir pourquoi ils/elles sont là. Pourtant, est-ce criminel de fuirdelacroire misère, laavenir guerre,meilles persécutions ? Est-ce criminel à un leur d’essuyer lementou detoutsonsimplement titre de séjour ? un refus de renouvel- DE L’ 1 Algérie : loi No 08-11 du 25 juin 2008 relative aux conditions d’entrée, de séjour et de circulation des étrangers. Maroc : loi du 11 novembre 2003 relative à l’entrée et au séjour des étrangers, et à l’émigration et l’immigration irrégulières. Tunisie : loi No 75-40 du 14 mai 1975 relative aux passeports et aux documents de voyage. 2 Le « délit de clandestinité », introduit par le Ministre de l’intérieur de la Ligue du Nord, Roberto Maroni, en 2009, a été dépénalisé le 2 avril 2014. Cependant, rentrer sur le territoire en violation d’une mesure d’expulsion reste pénalement punissable. Aula loimoment de: l’entrée sur le territoire, prévoit launemise en détention administrative comme dans tous les États de l’UE amende une amende et une peine de prison Pour les étrangers ne disposant pasprévoit de titre: de séjour en règle et présents sur le territoire, la loi la mise en détention administrative comme dans tous les États de l’UE une amende une amende et une peine de prison Unvoyage Vénézuélien vientilenestEurope pour unarrivée touristique, arrêté à son àpasMadrid car selond’argent les autorités, il ne dispose suffisamment en liquide. Il est refoulé pays.nos passeports [groupe nousversontsonenlevé « deIlsVénézuélien·ne·s] . Pour sortir, ils nousavec ont pris comme si l’on était des délinquants, les mainslenondos.pasOnmenottées mais attachées derrière a marché en file indienne jusqu’au busjusqu’à qui nousl’arrivée a menésdansà l’avion. On a dûpour attendre notre pays avoirn’allait notre passeport. Ilstampon nous avaient ditpasseport qu’on avoir aucun sur le et eus, aucuneon atrace, maisqu’ils quandavaient on les amisfinalement constaté unétégrand tampon noir qui disait qu’on » avait refusés. Source : « Paroles d’expulsé·e·s », Migreurop, 2011, p. 53 Unen détention Burundaisàayant fui sonIlpays, aFrance été placé 4 reprises. est en depuis 13 ans, en situation irrégulière mais non-expulsable pour des raisons administratives. Je suis très choqué par l’idée qu’on puisse « enfermer despapiers. gens uniquement parce qu’ils n’ont pas de Ils n’ont rien fait de mal et ne sontontpas dangereux. Certaines personnes tout perdu après avoir été arrêtées : leur travail et leur famille. » UndansNigérian, survivant d’undeincendie survenu le centre de détention Schiphol (Amsterdam) en 2005, apersonnellement été expulsé à Lagos. Chaqueparexpulsé était « escorté trois policiers dumédical pays quidesnous expulsait, et du personnel PaysBas et demenottés France.mains Tous leset pieds expulsés, nous [avec une étions sangle qui pieds] attacheetlesentravés menottespardes mains à un bodycuff celles des [fixation de lajuste tailleavant et desd’arriver mains]. Nous avons » été détachés à Lagos. Source : « Paroles d’expulsé·e·s », Migreurop, 2011, p. 29 Une Congolaisedu(originaire deenla République Démocratique Congo), est Belgique depuis 12 aenns,raison elle estdesans-papier et nonexpulsable ses liens familiaux. n septembre 2012, on m’a arrêtée « auEtravail. Ce fut très humiliant ; j’avais l’impression d’êtreau centre une criminelle. Ils de m’ont emmenée de détention l’aéroport. Tout ce qu’on m’a ditenc’est que leet travail non déclaré était illégal Belgique, rien d’autre. » Carte d’après Olivier Clochard, ©Migreurop (2014). Source : Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne 2E Criminaliser pour diaboliser et mieux expulser Source : pointofnoreturn.eu/fr/michel Source >page 41: pointofnoreturn.eu/wp-content/uploads/2014/01/PONR_report.pdf L esparler Étatsdeseuropéens utilisent des euphémismes pour dispositifs mis en place dans ce cadre : la Roumanie parle de « c entre de prise en charge publique » (Centrul de– a custodie publica). LaleTurquie – pays candidat à l’UE été jusqu’à employer terme de « guestparhouses », jusqu’à ce qu’elledesoitla Torture rappelée à l’ordre le Comité pour la Prévention (CPT) qui a recommandé l’utilisation du terme de centre de détention « p uisque les personnes détenues dans ces centres sont sans aucun doute privées de leur liberté »1. L’euphémisation n’est pas réservée aux seuls centres de détention. Les expressions des responsables politiques et« mdesaintenir textes» pour législatifs sont « aussi lissées : « rexpulser etenir », enfermer, é loigner » pour sont autant de termestraitements qui nient laauxquelles réalité pourelles éviterdonnent d’assumer les mauvais lieu. C’est pourquoi Migreurop préfèremodalités utiliser led’enfermement mot « camp », terme désignant les diverses des de nombreux 2. Étatsmigrant·e·s dans le mondeauxquelles ont de pluslesenautorités plus recours 1 CPT, « Report to the Turkish Government on the visit to Turkey carried out by the European Committee for the Prevention of Torture and Inhuman or Degrading Treatment or Punishment from 4 to 17 June 2009 », mars 2011, p. 26 2 Migreurop, « Derrière le mot “camp” », novembre 2004 Carte d’après Olivier Clochard, Migreurop (2012) Atlas des migrants en Europe. Géographie critique des politiques migratoires, Paris, Armand Collin, 144 p. Camp de Ponte Galeria (Rome, Italie), mai 2014. © Sara Prestianni 2F Une euphémisation qui normalise des politiques injustes CAMPS DETENTION UNITÉ DE DÉTENTION UNIT FOR POUR ÉTRANGERS ALIENS UTLENDINGSCENTRE DE DÉTENTION INTERNAT DES IMMIGRÉS FÖRVAR CENTRE DE DÉTENTION DETENTION CAMP CAMP DE DÉTENTION IMMIGRATION CENTRE DE TRANSFERT FORIMMIGRANTS ILLEGAL INSTITUTIONEN POUR ILLÉGAUX REMOVAL INSTITUTION POUR DE L’IMMIGRATION IMMIGRANTS FORD’ASILE CENTRE DEMANDEURS FOREIGNERS FRIHEDSBERØVEDE CENTRE D’ENREGISTREMENT DÉTENUS REGISTRATION CENTRE ASYLANSØGERE DES ÉTRANGERS DU SERVICE OF THEDEGARDES-FRONTIÈRES STATE BORDER SHORT-TERM D’ÉTAT ÉTABLISSEMENT DE AANMELD- GEWAHRSAMS- ARESZTY GUARD SERVICE ÉTABLISSEMENT DE DÉTENTION EXPULSIONHOLDING DE DEMANDE D’ADMISSION DÉTENTION À COURT TERMECENTRECENTRUM W ARRÊTCELU EINRICHTUNG POUR LES PERSONNES FACILITY CENTRE WYDALENIA FÜR AUSREISEDE PFLICHTIG OBLIGÉES AU DÉPART ÚTVARY RAPATRIEMENT SERVICE DETENČNÍ POLICAJNÉHO CENTRUL CENTRE CENTRE CENTRE DE DÉTENTION DE MAINTIEN CENTRE CENTRE POUR CENTRA ZAISTENIA PRE DE PLASAMENT DE SÉJOUR INAD POUR ÉTRANGERS DE PLACEMENT TEMPORAIRE INADMISSIBLES ZONE CUDZINCOV TEMPORAR POUR ÉTRANGERS POLIZEIANHALTECENTRE DE DÉTENTION DE LA POLICE D’ATTENTE AUSSCHAFFUNGSAL STRĂINILOR BORDER ZENTRUM DIRECTION PRISON POUR L’EXPULSION GUARD CENTRUL CENTRE GEFÄNGNIS DES GARDES FRONTIÈRE CENTRE DE PRISE CENTER CENTRE POUR DIRECTORATE DE DE RÉTENTION ENCUSTODIE CHARGE PUBLIQUE ZA ÉTRANGERS PUBLICA ADMINISTRATIVE PRIHVATILIŠTE TUJCE ZA STRANCE FOYER UNIDADE UNITÉ D’HABITATION CENTER CENTRO CENTRE D’HÉBERGEMENT POUR ÉTRANGERS HABITACIONAL CENTRECENTRO CENTRE D’IDENTIFICATION OF COERCITIVE DI IDENTIFICAZIONE D’INTERNEMENT COERCITIF ET D’EXPULSION CLOSED DEDEINTERNAMIENTO ACCOMODATION CENTRE FERMÉ ED ESPULSIONE DES ÉTRANGERS DETENTION EXTRANJEROS CENTRO POUR LA DÉTENTION PRIHVATILIŠTE GUEST CENTRE D’INSTALLATION CENTRE D’ACCUEIL POUR MAISON CENTER DETEMPORÁRIA INSTALAÇÃO DES MIGRANTSFOR ZA ILEGALNE HOUSES TEMPORAIRE IMMIGRANTS ILLÉGAUX D’HÔTES IRREGULAR IRRÉGULIERS IMIGRANTE FOR POUR ÉTRANGERS MIGRANTS FOREIGNERS CENTRE DE RÉTENTION ĊENTRI TADCENTRE DE DÉTENTION CENTRE DE DETENZJONI HAUTE SÉCURITÉ [FINLANDE] [NORVEGE] [SUEDE] [LETTONIE] [ROYAUME-UNI] [DANEMARK] [LITUANIE] [ROYAUME-UNI] [POLOGNE] [ALLEMAGNE] [PAYS-BAS] [BELGIQUE] [SLOVAQUIE] [BELGIQUE] [REP. TCHEQUE] [LUXEMBOURG] [MOLDOVA] [FRANCE] [AUTRICHE] [HONGRIE] [SUISSE] [ROUMANIE] [FRANCE] [SLOVENIE] [SERBIE] [MONTENEGRO] [PORTUGAL] [BULGARIE] [ITALIE] [ESPAGNE] [ALBANIE] [PORTUGAL] [MACEDOINE] [TURQUIE] [GRECE] [MALTE] D’ÉTRANGER·E·S [CHYPRE] Camp de Las Raices, Tenerife (îles Canaries, Espagne), mars 2007. © Sara Prestianni 3A Ladesdiversité lieux d’enfermement d’étranger·e·s L esen situation premiers irrégulière lieux d’enfermement pour »étranger·e·s – et « s imilaires à ceuxdes qui existent aujourd’hui – sont apparus au milieu années 1960Maisà l’image du centre d’Arencdesdans le port1990de Marseille. c’est surtout au cours années que leur nombre a commencé à croître considérablement. En 1992,»le, gouvernement français inventait lesaéroports, « zones d’attente consistant à maintenir dans des gares ferroviaires et ports les étranger·e·s non autorisé·e·s à entrer sur le territoire et ceux/celles demandent à y être admis·es au titre de l’asile. qui EnCampsfield 1993, suitehouseà lapour réhabilitation de l’ancienne prisondeve-de jeunes délinquants, ce lieu nait le plus grand centre de détention d’étranger·e·s du 1. Le gouvernement de l’époque le désignait Royaume-Uni comme un « foyer sûr ». EnpourBelgique, dans lesétéannées 1990, plusieurs « Bruges, centres illégaux » ont mis en place comme à Merksplas (Anvers) ou Vottem (Liège). Ces lieuxutilisés, d’enfermement, outreetlesde multiples euphé-: mismes sont de nature forme variables certains – les; d’autres plus officiels – sont soumis ààlatout législation européenne échappent parfois cadreà réglementaire clair ; certains sont même invisibles, l’abri de tout regard sociétédescivile tout contrôle (indépendant) quantdeaularespect droitset defondamentaux. 1 Pour plus d’informations, voir “Campaign to Close Campsfield”. CAMP D’ÉTRANGERS Image Sébastien Marchal. Photogrammes d’une séquence filmée par l’association KISA lors de l’inauguration du centre de rétention de Mennogeia (Chypre) en février 2013. 3 OU ENFERME-T-ON ? Les principaux lieux de détention Finlande Mer du Nord Océan Royaume-uni Atlantique Estonie Lettonie Lituanie Danemark PaysBas Biélorussie Pologne R.Tcheque Ukraine Autriche Moldavie Roumanie Bosnie H. Georgie Mer Noire Serbie Bulgarie Italie Macédoine Turquie Allemagne Manche France Portugal Suède Espagne Pantelleria Grèce Malte Madère Iles Canaries Tunisie Lampedusa Maroc2 Chypre Mer Méditerranée Algerie Libye Egypte Syrie Liban Israel Jordanie Carte d’après Migreurop (2012), Carte des Camps (5e édition) Irlande Norvège Concernant les pays éligibles à la ayant politiquesignéeuro-un péenne de réadmission voisinage (PEV) et/ou accord de communautaire : nous ne disposons pas d’information préciseainsipourquel’Algérie, lanie,Tunisie, la Jordanie et la Syrie l’Azerbaïdjan, la Russie et la Biélorussie.l’ArméAuou gendarmerie Maroc, de nombreux commissariats delieuxpolicede commedesdesmigrants. détention, lors dessontraflesutilisés à l’encontre L el’Union réseaueuropéenne Migreurop (UE) a recensé, dans les2011, 27 pays de pour l’année l’existenceEndecomptant près de 300ceux lieuxquid’enfermement pour étranger·e·s. ont été construits dans– d’autres pays – comme l’Ukraine, la Turquie ou la Libye associés à la depolitique s’élève à près 420. migratoire de l’UE, leur nombre Cette importance du denombre dedirectement lieux d’enfermement dans les pays voisins l’UE est liée à l’approche sécuritaire des États en matière d’immigration. Elle également un processusobservable de rationalisation deconstruction lasouligne détention des migrant·e·s, dansdesla de grands établissements à proximité grands aéroports : places 623 places àGaleria Harmondsworth (Royaume-Uni), 354 à Ponte (Rome), le Mesnil Amelot (France) dispose de 240 places et en 2013 unnoncentre 250 places a été ouvert à Menogeia (Chypre) loin dedeLarnaka. Sources Comité européen pour laeuropéen prévention; 6=deHuman la torture Global; Detention Detentioncommunes : in Europe ; 4=1=Migreurop ; 5= Parlement Rights(CPT) ; Watch2=(HRW) 7= MSF ; 8=Project ; Frontex.3= JRS Sources par pays :(1,4) Allemagne (Pro(Kisa, Asyl,TerrFerme) 5) AutricheCroatie (1,5,8)(1,3,6) BelgiqueDanemark (Office des(2,4)étrangers, Ciré), Biélorussie (Democratic Belarus) Bulgarie Chypre Estonie (1,2,5) Espagne (APDHA, CIE, Derechos vulnerados, 4) Finlande (1, Pakolaisneuvonta) France (Rapports annuel du Comité interministériels du contrôle de1-2)l’immigration, Cimade) Grèce (1,6,7,8, FRA) Hongrie (Welcome to Europe network, 1,3) Irlande (Irish prison service, Israël (Hotline for Migrant Workers, 2) Italie (ARCI Liban (1,5) (Frontiers) Libye (Fédération internationale des droits de l’homme – FIDH,Immigrazione, JusticePortugal sansInterno.it) frontièresLettonie – JSF, 4)(1,5)Lituanie Macédoine (IOM) Malte (JRS) Norvège (Gouvernement, 1,2) Pays-Bas (1,4) (Provedor de justiça, Serviço de Estrangeiros e Fronteiras) Pologne (1,4) République Tchèque (1,5) Roumanie (TerrFerme) Royaume-Uni (UKAssembly Border Agency, 4) Slovaquie (1,5) Slovénie (1,5) Suède (Swedish migration board) Suisse (2) Turquie (Helsinki Citizen’s Refugee Advocacy and Support Program) Ukraine (Border Monitoring Project Ukraine, GDISC, 1,3,6). Camp de Vathi, île de Samos (Grèce), mars 2009. © Sara Prestianni 3B Les lieux officiels Camp pour les d’expulsion étrangers présents sur le territoire d’un État Évolution duet nombre depayscamps d’étrangers Finlande enentreEurope dans les méditerranéens et en instance Mer 2000 et 2011 Norvège Camp pour les étrangers qui viennent juste d’arriver sur le territoire d’un État (en vue de l’examen de leur demande d’admission au séjour sur le territoire) d u Suède 421 Estonie Camp pour les étrangers combinant les deux fonctions (examen d’admission au séjour et expulsion) N o r d 400 Lettonie O c é a n Danemark Prison de droit commun régulièrement utilisée pour la détention Lituanie administrative des étrangers Irlande Royaume-uni Pays- 324 Présence de cinq lieux de détention dans la zone géographique 300Bas Biélorussie Limite de l’espace Schengen A t l a n t i q u e Pologne Membre de l’Union europénne ou/et signataire des accordsM aden cSchengen Allemagne he Pays candidat à l’Union européenne 200 R.Tcheque Ukraine Pays éligible à la politique européenne de voisinage (PEV) Le graphique comptedesde Autriche Moldavie tient France l’ensemble camps recensés par Migreurop. Roumanie 100 Mais seules Bosnie H. Ge Mlespérennes estructures r N ayant oire Serbie Bulgarie Italie une capacité supérieure égale àontcinqétéou Portugal Espagne places Macédoine cartographiées. 2000 2005 2010 Turquie Pantelleria À côté ded’enfermement ces premiers camps, il y afrontières une multitude de lieux situés aux où les gouvernements de. Dans l’UE necessontlieuxpassont tenusdétenues d’appliquer lapersonnes directive « r etour » les f ai s ant l ’ objet d’une déci s i o n de refus d’en « trée […], ou arrêtées ouoninduterceptées par les iautori tiéser compétentes à l ’ occasi franchi s sement r régul par voieeureterrestre, mari time»ou1. Elles aérieynnesontdeenfermées la frontièrele extéri d’un État membre temps qu’une réponse à leur demande d’entrée sur le territoire leur soit donnée et/ou que leur refoulement soit organisé vers leur pays d’embarquement. Contrairement peràsonnes ce qu’indique la Commission européenne (CE)2, lessimine peuvent pas prétendre à une protection laire à celle établie dans les lieux « officiels ». Deété2008 à 2012, près de 2,2extérieures millions refus d’entrée ont 3. La plurecensés aux frontières de l’UE part des personnes interceptées dansouceplusieurs cadre ontjours, été enfermées pendant quelques heures levenaient temps soit que organisé. leur refoulement vers le pays dont elles Ces personnes n’ont donc pas bénéficié des droits mentionnés dans la directive « deretour la possibilité recours» comme juridictionnel effective.de bénéficier d’une voie Labreux·euses surveillancemigrant·e·s et les refoulements expéditifs de nomles conduisent à prendre des risques et à emprunter des voies maritimes très dangereuses chaque année à des dizaines de naufragesquietconduisent des centaines de victimes. Une situation français) caricaturale estmigrant·e·s celle de l’îleintercepté·e·s de Mayotte (département où les end’être merrenvoyé·e·s sont conduit·e·s dansîlesle des centreComores. de Pamandzi avant 4, la vers les En 2012 Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a d’ailleurs condamné la France en affirmant que les procédures d’exception appliquées dans certaines terres d’outre-mer de la France violent le droit à un recours effectif garanti par l’article 13 deàlalaConvention. L’affaire concernait un migrant reconduit frontière de Guyane avant que le tribunal administratif de Cayenne n’ait pu se prononcer sur le recours qu’il avait formé. 1 Directive « retour » (2008/115/CE), art. 2. 2 CE, COM(2014) 199 final, p. 27. 3 Source : Eurostat (636 330 en 2008, 500 885 en 2009, 396 115 en 2010, 344 165 en 2011 et 317 170 en 2012). 4. CEDH, De Souza Ribeiro c/ France, 13 décembre 2012. Schéma de Lucie Bacon Aéroport de Palerme, hangar où étaient maintenu·e·s en septembre 2011 les migrant·e·s tunisien·ne·s en attente d’éloignement, juillet 2014. © Grazia Bucca 3C Les zones d’attente confrontées aux règles arbitraires des autorités D edehors nombreux dispositifs ontdeététoutmis en placelégal.en de toute visibilité et fondement AleMarseille, l’administration a utilisé uncréélocalà l’aérositué dans port de 1964 à 1980 ; un autre a été port delaquelle Roissylaà loila sur fin des annéesd’attente 1980 jusqu’à 1992, date à les zones a été promulguée. Àpour chaquel’Étatfois,à uncespréalable situationsnécessaire informelles s’apparentent à l’élaboration d’un projet législatif caractérisé par un régimeultérieure d’exception. Malgré l’évolution des législations nationales etassiste européennes, ces pratiques perdurent et on aujourd’hui à une multitude de lieuxextérieures improvisés decomme des postes de police aux frontières l’UE, voire dans des pays voisins comme le Maroc ou la Tur1. Sur les bateaux de la marine marchande, lorsque quie des « passager·e·s clandestin·e·s » sont découvert·e·s, ils/elles peuvent être détenu·e·s dans des cabines durant des semaines voire plusieurs mois. En mer Méditerranée, lorsque l’Italie ouparMaltedesrefusent le débarquement de boat people secourus navires (au mépris de la convention de Genève dedes 1951demandeurs sur les réfugiés et ducesprincipe de non-refoulement d’asile), derniers serescapé·e·s transforment aussileuren lieu de confinement pourpays ces jusqu’à refoulement vers leur d’embarquement (Maroc, Tunisie, Libye...). Parmi cesceux espaces difficilement décelables, illesfautcompaaussi compter qu’utilisent temporairement gnies deavions transport : compartiments locaux (aéro)portuaires, camions, bus ou voire de trains, auxquels ont recours les polices des États ou l’agence Frontex lors des expulsions ou des refoulements. 1 Par exemple, en 2009, la Turquie a été condamnée par la CEDH à la suite de la détention de deux Iraniens privés d’accès à la procédure d’asile et risquant d’être déportés en Iran. CEDH, Abdolkhani et Karimnia c/ Turquie, 22 septembre 2009. Près de année 25 000surmilliards deettonne de fret circulent chaque les mers les océans, soit ¾ des mouvements mondiaux. Des « p assager·e·s clandestin·e·s »à las’immiscent parfoisvieaumeilleure. milieu de ces marchandises recherche d’une Or bien souvent leur rêve se transforme en véritable cauchemar. Lorsqu’ils/elles sont sont découvert·e·s par l’équipage, bien souvent ils/elles enfermé·e·s dans des cabinesdans– prévues à cetils/elles effet – jusqu’à leur débarquement le port d’où étaient parti·e·s, des détentions de plusieurs mois sans aucunengendrant contrôle judiciaire. Illustrations de Lucie Bacon Contrôles au port de Patras (Grèce), mars 2009. © Sara Prestianni 3D Les lieux invisibles, hors de portée de tout contrôle citoyen L Mail, 2014 / ser co-s tory. thegl obalm ail.or g 1 Directive « retour » (2008/115/CE), art. 16. www an / Wallm Sam n de 3 Selon les normes du Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains et dégradants (CPT) « les détenus dans les établissements de détention provisoire [devraient être assurés] de passer une partie raisonnable de la journée (8 heures ou plus) hors de leur cellule » (2013). .pene rases pape r.com / At w ork in side a det entio n cen tre, T he Gl obal 2 CJUE, C-61/11 (El Dridi), 28 avril 2011. ratio esgénérale, lieux d’enfermement des étranger·e·s, de manière s’apparentent de très près au système car-de céral, lorsqu’il ne s’agit pas carrément de prisons droit commun. on s’efonLa directive « reetour » mentionne quecentres «l a rétenti fectue en règl général e dans des de rétenti membres peuvent aussi utiliser spéci alisés »1, les Étatspénitentiaires des établissements pour maintenir des « desneans-papiers » auxquel·le·s il est seulement reproché pas avoirdoivent de titreêtre de séjour en règle. Dans ce cas, lesde s éparés des pri s onni e rs étranger·e·s « »autorités . En Suissedétiennent et dans certaines régions alledroi t commun mandes, les des étranger·e·s « sans-papiers » dans leurs prisons. Or, unlesarrêt rendu parauxquel·le·s la CJUE le il28 estavrilseulement 20112, précise que migrant·e·s reproché de ne pas avoir de titre de séjour en règle ne devraient plus être sanctionné·e·s d’emprisonnement. Malgré cette décision, des pays européens continuent d’utiliser des prisons pour détenir des « sans-papiers ». C’est le casinternationale à Chypre où dessontpersonnes encondamnées quête d’uneà protection souvent plusieurs moisdesdelieux prison ferme. Ellesadministrative sont ensuitecomme transférées dans de détention àsement Menogia, qui ressemble à bien des égards à unisolement établispénitencier de haute sécurité : fouille, dans deset cellules, sortie une courrécurrentes limitée à deux 3dans , difficultés pour heures demie par jour téléphoner, des conseils, etc. Et le centre de Menogia n’est exceptionnel,similaire de nombreux en Europe ont unpas fonctionnement à celui camps des prisons. Illust Camp de Ponte Galeria (Rome, Italie), mai 2014. © Sara Prestianni 3E Ledescaractère carcéral lieux d’enfermement Camp de Fellakio (Grèce), mars 2009. © Sara Prestianni 4A Lade détention comme mesure “dernier ressort” « à une La directive sur le retour a contribué convergence – et d’une manière générale, à une réduction – des durées maximales de rétention dans l’ensemble de l’UE. » S elon la directive « rêtre etour une», pratique l’enfermement des étranger·e·s devrait exceptionnelle, possibleneuniquement lorsque d’autres mesures moins coercitives peuvent pas être appliquées pourde r i s que assurer une expulsion car il existerait un « « le ressorti ssantoconcerné d’un pays tiersfuiévitte e»ououempêche l a préparati n du retour ou de l a procé 1 dure d’éloignement » . Cependant, danssystématiquement la pratique courante, plusieurs États membres ont recours à l’enfermement, bienlégislation que le « dnationale ernier ressort » soit clairement définila dans la ou que celle-ci privilégie sanction économique sur l’enfermement (Espagne). Dans des pays commechiffré la France, laà police estlechargée d’atteindre un objectif fixant l’avance nombre demalgré personnes à expulser (« p olitique du chiffre » le faible taux de renvois effectifs. ). Et ce onfixeestàaussi brève Tout en affirmant que « toute« rrétenti » , la directive etour » 18 m la que possi b l e 2. Cette durée peut êtreois produrée maximale de détention longée parremis·e diversesen liberté tactiques :laàCour Chypre, quandlal’étranger·e est par Suprême, police l’arrête à nouveau à la sortie même du tribunal et il/elle est enfermé·equand sousun·e le coupétranger·e d’un nouvel avisàd’expulsion. En« oBelgique, résiste l’expulsion, n remet le compteur à zéro » , ce qui permet d’allonger la20détention indéfiniment. Le Conseil d’État grec a rendudele mars 2014 un avis selon lequel il serait possible prolonger indéfiniment la détention desœuvre étranger·e·s jusqu’à ce qu’il soit possible de mettre en l’expulsion, si ces dernier·e·s n’ont pas coopéré à l’éloignement ourisque accepté de fuitele3.retour « volontaire » et représentent un Lala directive faittrèsdupeu « retour volontaire »ontuneaccès priorité.à cette Dans pratique, d’étranger·e·s mesure. Présenté parfoisvolontaire comme» uneest alternative à lale détention, le « r etour critiqué par mouvement associatif comme n’étant qu’un outil supplé-et mentaire au service des politiques d’enfermement d’expulsion. 1 Directive « retour » (CE/115/2008), art. 15§1. 2 Directive « retour » (CE/115/2008), art. 15§6 et 15§6. 3 Avis 44/2014, 20 mars 2014. Lale 16directive “Retour” adoptée décembre 2008 – limitant notamment la durée maximale de détention à 18 mois – devait être transposée avant le 24lesdécembre 2010 à par tous États membres, l’exception et de l’Irlande.du Royaume-Uni Durées maxi m al e s dedesdétenti o n étranger·e·s COM(2014) 199 FINAL, P. 20 ET P.35 Islande Finlande Royaume-Uni Durée maximale de détention Norvège Suède moins de 3 mois Estonie de 3 à 6 mois de 6 à12 mois Danemark Lettonie de 12 à 18 mois PaysLituanie indéterminée Bas Irlande Évolution durée2010maximale de détentionde laentre et 2013 Pologne Allemagne Belgique augmentation Lux. R. Tchèque Slovaquie identique diminution Autriche Hongrie France Slovénie durée maximale deintroduite détentiondans la loi Roumanie Croatie après 2008 Bulgarie Portugal Espagne Italie % Malte Moins de 10 des étrangers détenus sont concernés par une diminution de la durée maximale de détention. Grèce Carte d’après Olivier Clochard, Migreurop (2012) 4 COMMENT ENFERME-T-ON ? Chypre L atement relationrestreinte des détenu·e·s avec leurs prochesdesestvisites fordu fait de la fréquence (seulement certainsêtrejours de laà 30semaine), deetleurde durée (elles peuvent limitées minutes), leurs modalités (à travers des cloisons, sansde l’impossibiaucune intimité, sous le regard des gardes), ainsi que lité –pour bienaméliorer souvent –ledequotidien remettredesdespersonnes objet, dedétenues. la nourriture Dans certains centres, leplusnombre élevé de personnes enfermées limite encore les possibilités de visites, qui sont parfois impossibles en raison de la présence d’un trop grand nombre de visiteurs·euses. Ausements Royaume-Uni, oùàladesgestion de la plupart deslesétablisest confiée entreprises privées, visites sont autorisées mais il est interdit de prendre des notes.la Etprisele contrôle de la personne visiteuse peut aller jusqu’à d’empreintes digitales etenfermées de photographies. Dans nombre de cas, les personnes n’ont pas accès àlesleurappels téléphone portableconfidentialité ni à internetdepuis et doivent passer sans aucune des cabines téléphoniques, le nombre d’accès le plus dont souvent limités.est restreint et les horaires [PAROLE] Parloir du « centre d’internement d’étrangers » (CIE) de Sangonera La Verde (Valencia, Espagne). Photos prises en 2013 par des membres de la campagne « CIEs NO ». Camp de Venna (Grèce), mars 2009. © Sara Prestianni 4B Contacts avec l’extérieur L apersonnes méconnaissance des raisons pour lesquelles lesla sont enfermées et de leurs droits est norme. Leur situationleuradministrative, leurs droitsdanset possibilités dequirecours, sont souvent expliqués une langue n’est pas la leur. Quand les règles de fonctionnement dudanscentre sontdes fournies par écrit, elles le sont rarement la langue personnes concernées. Dans beaucoup de cas, les détenu·e·s ne savent pas qu’ils/elles peuvent contacter des associations de soutien, les directions centres portent très rarement cettecarinformation à leurdesconnaissance. Dans beaucoup delapays, les personnes détenues n’ont pas accès à toute documentation relative à la procédure d’expulsion. Dedeplus, onetnedelesl’heure informe généralement pas à l’avance la date de leur expul-le sion et elles ne peuvent contacter leurs familles dans pays de destination pour qu’elles puissent les accueillir à l’aéroport. Dans la majoritélesdesvictimes centres,de iltraite, n’existe pas de protocoles pour détecter les personnes vulné-de rables et plus généralement toutes celles susceptibles bénéficier d’une protection internationale. Image Sébastien Marchal Des opérateurs de l’OIM briefent des migrant·e·s à l’aéroport de Lampedusa (Italie), février 2011. © Sara Prestianni 4C (Non)Accès à l’information des détenu·e·s sur leurs droits L ad’étranger·e·s privatisation est de launegestion des centres de détention perspective à laquelle l’industrie carcérale s’intéresse de plus en plus. L’expérience des États-Unis est un exemple de la symbiose qu’il peut y avoir entre cette industrie et les durcissements législatifs susceptibles d’apporter plus de « client·e·s » et d’augmenter les bénéfices. Dans l’Union européenne (UE), cettecontrôle privatisation a été amorcée au Royaume-Uni où l’État seulement une partie desdepuis centres,la leconstruction reste étant confié à des sociétés privées, et la maintenance jusqu’à l’accès aux soins, l’hébergement, les services sociaux et la surveillance. Sous contrat avec l’agence UKBA qui dépend du Home office, les entreprises G4S etfortement Serco gèrent trois centres chacune et le groupe GEO, implanté aux États-Unis, en gère un. Envatisation Allemagne, quelquesdesrégions ontavec ouvertEuropean la voie àHomela prien passant contrats care (centres de détentionet enet Rhénanie-du-Nord-Westzones de transit dans les aéroports de Dusseldorf phalie) et B.O·s·s Security and Service (centre de détention d’Eisenhuttesnstadt). Dans le reste des pays de l’UE,irrégulière les dossiersrelèvent administratifs des étranger·e·s en situation encore des autorités policières, alors que la gestion matérielle des établissements est de plus en plusBouygues confiéea àpartides sociétés privées. En France, le groupe cipé à la construction de plusieurs decadre ces centres (Lyon, Marseille, Nîmes, Rennes) dans le de partenariat « public-privé » (PPP). Ces tendances traduisent unepasse logique d’industrialisation, qui s’apparente à ce qui se dans le système carcéral, et on y retrouve parfois les mêmes entreprises comme Gepsa encherchant France. Ceàprocessus ouvre labénéfice porte à des entreprises augmenter leur sans soucier des droits et de la protection des personnesseconcernées. Encréation 2012,d’emploi le gouvernement grec al’ouverture utilisé l’argument de la pour justifier de nouveaux centres de détention. Lal’emploi créationdede1 trente centres quia supposeraient chacun 0 00 personnes ainsi été claironnée dans les médias. Transfert du port vers le camp dit « de premier secours et accueil » de Lampedusa (Italie), septembre 2013. © Sara Prestianni 4D Laservices privatisation des dans les centres de détention Glasgow Dungavel Belfast Manchester Manchester Airport Yarl's Wood Campsfield Harmondsworth [Heathrow] Colnbrook Queen’s Building Lindholme Oakington Tinsley Londres Harwich Dover Haslar Building Dover Harbour Haslar Dover Harbour 300 c Capacité du camp (nombre de places) physi deet lorga 623 (Harmondsworth) 300 (Med Parm 100 princ dema 2008 (16 mai 2011) Date d’ouverture ou de fermeture du centre agres abus [Heathrow] Proximité d’un grand aéroport international etc. les caD Camp quiGlasgow n’estGlasgow plus utilisé par les autorités Glasgow GlasgowGlasgow Harm la cib Dungavel Dungavel Dungavel Centre de détention géréDungavel par Dungavel : Avril G4S centr LarneLarne grave Serco (5 juillet (5 juillet 2011) 2011) sont r Belfast BelfastBelfast BelfastBelfast Geogroup Octob sévèr Tascor par de Jimm Mitie Manchester Manchester Manchester Lindholme Manchester Manchester Lindholme angol Lindholme Lindholme Lindholme encad gouvernementale Manchester Airportl’organisation Pennine Pennine House House Glasgow Manchester Manchester AirportAirportGlasgow Her Majesty's Prison service Morton Morton Hall Hall 773 p (16 mai (16 2011) mai 2011) Dungavel Dungavel contr Yarl's Wood TinsleyTinsley Yarl'sYarl's WoodWood Yarl'sYarl's WoodWood (12Oakington Brook Brook House House nov.(12Oakington 2010) nov. 2010) Oakington Oakington Oakington Larne (18 mars (18 mars 2009) 2009) (5 juillet 2011) [Gatwick] [Gatwick] Campsfield Campsfield Campsfield Campsfield Campsfield Belfast Belfast Tinsley TinsleyTinsley Harwich HarwichHarwich Harmondsworth (30 nov.Harwich (302010) nov. 2010) Harmondsworth Harmondsworth Londres Harwich Harmondsworth Harmondsworth Londres Londres [Heathrow] [Heathrow] [Heathrow] [Heathrow] [Heathrow] DoverDover Colnbrook Colnbrook Colnbrook Manchester Colnbrook ColnbrookDoverManchester DoverDover Lindholme Lindholme Queen’s Queen’s Queen’s Dover harbour harbour Queen’s Queen’s Building Haslar BuildingBuilding (31 juillet (31 juillet 2010) HaslarHaslarCedarsCedarsDover HaslarHaslar Dover Dover BuildingBuilding Pennine Manchester Airport Morton Hall2010) DoverHouse Harbour HarbourHarbour Glasgow Glasgow Glasgow Glasgow (17 août(172011) août 2011)(16 mai 2011) Tinsley Yarl's Wood Dungavel Dungavel Dungavel Dungavel Yarl's Wood (12Oakington nov. 2010) Brook Hous Oakington 2J Capacité dud'agressions camp (nombre(18 demars places 300 cas 300 d'allégations caset ded'allégations d'agressions Capacité Capacité du camp du camp (nombre (nombre de places) de places) [Gatwick] Campsfield Campsfield Larne Larne Larne Larn physiques physiques et violences de violences racistes racistes sc Évolution du nombre Tinsley (5623(5juillet Évolution Évolution dudenombre du nombre 623 (Harmondsworth) deet lors gardes deetdes gardes deprocédures sécurité deprocédures sécurité privée privée en détention en détention (Harmondsworth) 6232011) (Harmondsworth) juillet 2011) de places de places places Harwich Cartes d’après Elsa Tyszler et Olivier Clochard. © Migreurop (2014). Belfast Belfast Belfast Belfast Belfast Belfast lors des d'expulsion d'expulsion Harwich (30 nov. 2010) dm Harmondsworth 300 Harmondsworth 300 300 Londres (Medical (Medical Justice, Justice, 2008) 2008) [Heathrow] [Heathrow] Parmi Parmi ces plaintes ces plaintes qui concernent qui concernent 3 000 3 0003 000 Colnbrook 100 100 principalement principalement des100d'asile, situations des d'asile, situations deentre de 2004 Colnbrook Dover demandeurs·euses demandeurs·euses entre 2004 etDover et harbourFYp 2 000 Queen’s 2 000 2 000 Dover Queen’s 2008, 2008, 108 sont 108 des sont plaintes des plaintes pour pour Building (31 juillet 201dul Manchester Manchester Manchester Manchester Haslar Building Haslar(16 mai (16agression mai 2011) Dateet/ou d’ouverture oupour de38fermeture Lindholme Lindholme Lindholme Lindholme (162011) maiDover 2011) Date Date d’ouverture d’ouverture ou deou1fermeture de fermeture du centre du centre agression physique physique et/ou coups, coups, 382011) pour Cedars 000 Harbour 1 0001 000 (17 août abus abus raciste, raciste, 7 pour 7 pour agression agression sexuelle, sexuelle, Proximité d’un grand aéroport intern [Heathrow] Pennin PenniSl Pennine Pennine House House Manchester ManchesterAirport Airport Proximité Proximité d’un grand d’un grand aéroport aéroport international international [Heathrow] [Heathrow] Morton Morton Hall Hall etc. Deux etc. Deux tiers tiers des plaintes desqui plaintes concernent concernent 0 internet (16 (16 mai mai 2011) 2011) 0 Detention 020062006 les camps les camps de Yarl's de Yarl's Wood Wood et et Camp n’est plus utilisé par Camp Camp qui n’est qui n’est plus utilisé plus utilisé par les par autorités les autorités Sources : Global Project, Home Office, Her Majesty’s Chief Inspector of prisons, sites de G4S, Mitie, Serco, Geogroup et Tascor 2006 2011 Tinsley 20112011 Harmondsworth, et%lad’entre compagnie etelles. la compagnie G4S estG4S est les au2aY Tinsley Harmondsworth, Yarl's Yarl'sWood Wood Yarl's Yarl's Wood Wood la cible la cible de 24 de % 24 d’entre elles. . Oakington Oakington 300 d'allégations d'agressions Brook Brook House House (12(12nov.nov.de 2010) 2010) Capacité du camp places) Centre decasdétention géré par : racistes du CentreCentre de détention de détention géré géré par : par : (nombre Oakington Oakington physiques et de violences (18 (18 mars mars 2009) 2009) Évolution du nombre de gardes de sécurité privée enle détention 623 (Harmondsworth) G4S [Gatwick] [Gatwick] Avril Avril 2010 2010 : Un Kenyan : Un Kenyan meurt meurt dans dans le G4S G4S Campsfield Campsfield de places Campsfield Campsfield Campsf Campei et(Medical lorsdétention desJustice, procédures d'expulsion Tinsley Tinsley centre centre de détention de d’Oakington. d’Oakington. De De 300 2008) Serco graves graves négligences négligences de son de état son de état santé de santé Serco Serco Harwich Harwich Harwich Parmi ces plaintes quisituations concernent (30(30nov.nov.2010) 2010) sont relevées. Harmondsworth Harmondsworth Harmond sontGeogroup relevées. Harmondsworth Harmondsworth 3 000 Londres Londres Harwich 100 principalement des de Harmonds [Heathrow] [Heathrow] [Heat [Hea2gD [Heathrow] [Heathrow] Geogroup Geogroup demandeurs·euses d'asile, entre 2004 et Octobre Octobre 2010 2010 : Un Colombien : Un Colombien est est 2 000 Dover 2008, 108 sontdelorsdes pour 38 pourColn Tascor Colnbrook Colnbrook Colnbrook Co2 sévèrement sévèrement blessé blessé lors sondeplaintes expulsion son expulsion TascorTascor Dover Dover (16 maiColnbrook 2011) Date d’ouverture ou de fermetureDover du centre agression physique et/ou coups, par des par agents des agents de G4S. de G4S. Queen’s Queen’s Dover Dover harbour harbour Queen’s Queen’s 1 000 abus raciste, 7 pour agression sexuelle, Building Building Mitie (31 (31 juillet juillet 2010) 2010) Jimmy Jimmy Mubenga, Mubenga, un demandeur un demandeur d'asile d'asile Haslar Haslar Haslar Building Building Haslar Mitie Mitie Proximité d’un grand aéroport international [Heathrow] Cedars Cedars etc. Deux tiers desexpulsion plaintes concernent d Dover DoverHarbour Harbour angolais angolais meurt meurt durant durant son son expulsion (17 (17 août août 2011) 2011) 0 2006 2011 les camps de Yarl's Wood et l’organisation gouvernementale Camp qui n’est plus utilisé par les autorités encadrée encadrée par les par employés les employés de G4S. de G4S. l’organisation l’organisation gouvernementale gouvernementale etservice la compagnie G4S est F HerHarmondsworth, Majesty's Prison Her Majesty's Her Majesty's Prison Prison serviceservice la cible de 24 % d’entre elles. 8m 773 plaintes 773 plaintes de détenus détenus sont déposées sont déposées Centre de détention géré par : contrecontre G4S dont G4S200448dont pour 48Kosovar pour agression. agression. 300 300 cas cas d'allégations d'allégations d'agressions d'agressions Juillet Juillet 2004 : Un : Un Kosovar de de 14 14 ans ans se se Capacité Capacitéduducamp camp(nombre (nombrededeplaces) places) Avril 2010 : Un Kenyan meurt dans le l G4S physiques physiques etdeetsécurité desécurité deviolences violences racistes racistes suicide. suicide. Une Une enquête enquête finalisée finalisée endelaenla2011 2011 Évolution Évolution du du nombre nombre centre de détention d’Oakington. De de de gardes gardes de privée privée en en détention détention 623 623 (Harmondsworth) (Harmondsworth) conclut conclut que que l'usage l'usage excessif excessif de force force Glasgow Glasgow dedeplaces places graves decontribué son état deà àlasanté Serco etetlorslorsdesdesprocédures procédures d'expulsion d'expulsion des des gardes gardes denégligences dehomme. Serco Sercoaurait aurait contribué la J( sont relevées. 300 300 (Medical (Medical Justice, Justice, 2008) 2008) mort mort du du jeune jeune homme. Geogroup Dungavel Dungavel c Parmi Parmi ces ces plaintes plaintes qui qui concernent concernent 3 3000000 Octobre 2010 : Un Colombien estàexpulsion 100100 principalement principalement des des situations situations de de Février Février 2010 2010 : 84 : 84 femmes femmes détenues détenues à sévèrement blessé lors de son Tascor demandeurs·euses demandeurs·euses d'asile, entre entre 2004etet Yarl’s Yarl’s Wood Wood sont sontlaenlaendétention grève grève dedeprolongée laprolongée lafaim faimpour pour par des agents dedétention G4S.demandeur 2 2000000 2008, 2008, 108108physique sont sontdesdesd'asile, plaintes plaintes pour pour382004 protester protester contre contre etdeet Larne Larne Jimmy Mubenga, un d'asile Mitie (16 (16 mai mai 2011) 2011) Date Date d’ouverture d’ouverture ou ou de de fermeture fermeture du du centre centre agression agression physique et/ou et/ou coups, coups, 38 pour pour les les traitements traitements inhumains inhumains des des gardes gardes de angolais meurt durant son expulsion (5 juillet 2011) 1 1 000 000 abus abus raciste, raciste, 7 7 pour pour agression agression sexuelle, sexuelle, Serco. CesCesderniers derniers arrêtant violemment violemment Belfast Belfast Proximité encadrée par lesarrêtant employés de G4S. Proximitéd’un d’ungrand grandaéroport aéroportinternational international l’organisation gouvernementale [Heathrow] [Heathrow] etc. Deux Deuxtiers tiers desdesplaintes plaintes concernent concernent laSerco. larévolte. révolte. Her Majesty'setc. Prison service 0 0 2006 les les camps camps de de Yarl's Yarl's Wood Wood et et Camp Camp qui qui n’est n’est plus plus utilisé utilisé par par les les autorités autorités 773 plaintes de détenus déposées 20062011 2011 Harmondsworth, Harmondsworth, etd’entre etlalacompagnie compagnie G4SG4Sestest 2011 2011 : Deux : Deux hommes hommes meurrent meurrent d’un d’un contre G4S dont 48Colnbrook. pour sont agression. la la cible cible de de 24 24 % % d’entre elles. elles. accident accident cardiaque cardiaque à à Colnbrook. Pour Pour l’un l’uneu des des deux, deux, une une enquête enquête conclue conclue qu’il qu’il y y a a eu Centre Centre de de détention détention géré géré par par : : Manchester Manchester un un manque manque d'attention d'attention de de la la part part des des Lindholme Lindholme Avril Avril 2010 2010 :détention Un: UnKenyan Kenyan meurt meurtdans dans le employés. employés. LaLamort mortdudusecond secondhomme hommeestest G4SG4S Pennine House Pennine House centre centre denégligences denégligences détention d’Oakington. d’Oakington. Desanté Delesanté inexpliquée. inexpliquée. Morton Hall graves graves de de son son état état de de Serco Serco Morton Hall (16 mai 2011) 2013 2013 : Allégations :surAllégations d'abus d'abusdesexuels deWood. sont sontrelevées. relevées. gardes gardes surdessont dessont détenues détenues desexuels Yarl's Yarl'sdeWood. Geogroup Geogroup Yarl's Wood Tinsley Yarl's Wood Oakington Des Des témoins témoins expulsés. expulsés. Octobre Octobre 2010 2010 : Un : Un Colombien Colombien est est (12 nov. 2010) Brook House sévèrement sévèrement blessé blessé lors lorsdedesonsonexpulsion expulsion Tascor Tascor (18 mars 2009) ? 2014 2014 : leUne :centre Une détenue détenue jamaïcaine jamaïcaine décéde décéde par par desdesMubenga, agents agents dedeunG4S. G4S. Tinsley [Gatwick] Campsfield dans dans le centre de de Yarl's Yarl's Wood. Wood. Jimmy Jimmy Mubenga, un demandeur demandeur d'asile d'asile Mitie Mitie Campsfield Brook House angolais angolais durant sonsonexpulsion Harwich [Gatwick] encadrée encadréemeurt parmeurt parleslesdurant employés employés deexpulsion deG4S. G4S. l’organisation l’organisation gouvernementale gouvernementale (30 nov. 2010) Harmondsworth Harmondsworth Février Février 2013 : Alois :deAlois Dvorzac (canadien, (canadien, Her Her Majesty's Majesty's Prison Prison service service [Heathrow] [Heathrow] 84meurt 84meurt ans) ans)–2013 atteint atteint delaétait laDvorzac maladie maladie d'Alzheimer, d'Alzheimer, 773 773 plaintes plaintes dededétenus détenus sont sont déposées déposées Dover Dover – alors alors qu'il qu'il était menotté menotté – –dans dans contre contre G4S G4S dont dont 48 48 pour pour agression. agression. Colnbrook Colnbrook le le centre centre d'Harmondsworth. d'Harmondsworth. Queen’s Dover harbour Building Haslar Cedars (31 juillet 2010) Haslar Cedars (17 août 2011) Juillet Juillet 2013 2013: 43Tahir : 43Tahir Mehmood Mehmood (pakistanais, (pakistanais, ans) ans) décède décèdedans danslele centre centrededePennine Pennine House. House. Évolution du nombre de places 3 000 2 000 1 000 0 2006 2011 2006 2011 PRIVATISATION, SCANDALES ET CONCURRENCE ÉCONOMIQUE DANS LES CAMPS D’ÉTRANGERS AU ROYAUME-UNI 2015 ? D ans son1 signale rapportdes sur problèmes la Grèce, Médecins Sans liés Fron-à respiratoires tières l’expositiondesauinfections froid, la surpopulation etdele lamanque decomme traitement ; des maladies peau, la gale ; des infections bactériennes et fongiques duproblèmes fait de la gastro-intestinaux surpopulation et de laà mauvaise hygiène ; des cause de la mauvaise alimentation, letroubles manquemusculo-squelettiques d’activité et le haut niveau de stress ; des dûs au manque d’espace et d’exerciceles malades et à un environnement incommode. Il y a également qui voient fré-du quemment leurs traitements interrompus au moment placement en détention. Laquedétention et les traitements dégradants et humiliants les migrant·e·s subissent ont également un impact certain sur la santé mentale : stress post-traumatique, dépression, anxiété,lespeur et frustration. La privationanté-de liberté exacerbe expériences traumatiques rieures et estdeà l’origine de tentatives suicide.de pratiques d’automutilation et Endétenu·e·s 2009 eten2010, plusontd’un tiersde(37 troubles %) des migrant·e·s Grèce souffert psychiques 2 . En dépit de cela, enprévoit Grèce causées par la détention comme ailleurs, la grande majorité des centres ne pas d’assistance psychologique. Que ce(oùsoitle nombre dans lesdepièces communes ou dansinférieur les cel-à lules détenu·e·s est rarement six), jour et nuit,d’autres. les détenu·e·s partagent leur vie dansse avec beaucoup Ce manque total d’intimité répercute aussi sur la santé mentale. Dans ce cadre, le recours abusif auxdemédicaments psychotropes se révèle être une forme contrôle des populations enfermées, atteignant, selon lesdirittiestimations fournies à l’association « M edici per i umani » (MEDU), un taux de 90 % dans le centre de via Corelli (Milan), de 66 % à Bologne et 60 % à Trapani Milo3. 1 MSF, « Invisible suffering », avril 2014. 2 Ibidem. 3 MEDU, Arcipelago CIE, mai 2013. Image Nidhal Chamekh Camp de Ponte Galeria (Rome, Italie), mai 2014. © Sara Prestianni 4E Lade détention nuit à l’état santé des détenu·e·s. 5 QUEL CONTROLE DEMOCRATIQUE DE L’ENFERMEMENT ? ENFERMEMENT DES ÉTRANGER·E·S : CONTRÔLE ET RECOURS EN FRANCE S Bureau du « juge de paix », camp de Ponte Galeria (Rome, Italie), mai 2014. © Sara Prestianni 5A Lede contrôle – incertain – urdelasauvegarde base de l’article 6 dedela l’homme Convention(CESDH), européenne des droits toute la détention par un·e juge personne a droit à ce que sa cause soit entendue par un tribunal indépendant et impartial. età une l’accès – insuffisant – assistance juridique Celaécritque lessignifie que la détention repose sur un documentet parÉtats les membres autorités judiciaires ou administratives de l’UE doivent mettre en place un contrôle juridictionnel automatique oucontrôler permettrela légaaux migrant·e·s de demander à un·e juge de lité de leur détention. Ce contrôle doitdeintervenir le plusde rapidement possible après le début la privation liberté1. Néanmoins, danseffet,de nombreux pays, ce contrôle n’est pas garanti. En le contrôle juridictionnel n’est pas systématique et les dispositifs varient beaucoup d’un pays à l’autre de: contrôle non systématique mais soumisBel-à lagique) démarche l’étranger·e lui/elle-même (Chypre, ; autorité juridictionnelle incompétente en droit des étranger·e·s (Italie) ; contrôle carrément inexistant (Croatie, Bulgarie).queLeslamigrant·e·s neleurpeuvent donc soit pas être assuré·e·s légalité de détention contrôlée par un·eestjuge, si bien que cette garantie pourtant essentielle absente en pratique. Unficultés des principaux freins à cel’accès contrôle réside dans les dif-et rencontrées dans à une aide juridique laretour. possibilité de contester la détention et la décisionlesde En effet, selon les textes applicables, migrant·e·s enfermé·e·s se voient communiquer systématiquement des informations sur leurs droits et notamment celui àdécisions un recoursdeeffectif (dansetladeloiretour. et en pratique) contre les détention Pour unce faire, ils/elles ont la possibilité d’obtenir gratuitement conseil et/ou une 2. représentation juridique, et un interprète si besoin Les exemples de violations de ces peuvent garantiesêtresontregrounombreux et, de façon non-exhaustive, pés→Absence ainsi : totale d’information ou mauvaise connaissance dedroits ces droits : absence de documents concernant les et les devoirs des détenu·e·s (Italie) ; manque de traduction de ce type de document (Bulgarie) ;sans documents traduits mais(Espagne). délivrés aux détenu·e·s aucune explication →Dispositif d’aide juridique défaillant ouaffichée inexistant : liste d’avocat·e·s disponible mais non (Italie) ; accès restreint aux avocat·e·s (Bulgarie)avo-et restrictions à la désignation d’un·e deuxième cat·e en; accès cas deà une problème avec le/lafaute premier·e (Belgique) aide insuffisant de personnel appropriématérielles (Croatie).: absence de prise en charge →Difficultés dedentialité l’interprétariat par l’État (France,etItalie) ; confides échanges non garantie temps limité avec l’aide juridique (Italie). parcede cequedroitlesdans migrant·e·s ne Selonpasla toujours CE3, notamment sont informé·e·s une langue qu’ils/elles comprennent, etlequenombre l’assistance juridique n’est pas toujours efficace, de requêtes est largement inférieur à celui qui aurait dû être atteint si les personnes enfermées avaient pu faire valoir leurs droits. Derecours plus, suspendent seuls dix États membres prévoient que cesIl automatiquement l’expulsion. existe donc avant un risque majeurjugequen’aitlesrendu migrant·e·s soient expulsé·e·s que le/la sa décision. Bien existe en dernier recoursde lal’homme possibilité de saisir lademander Courqu’ileuropéenne des droits (CEDH) pour en urgence la suspension d’une expulsion (article 39haut du Règlement de laàCEDH), lesdedifficultés énoncées plus nous amènent douter la réelle effectivité de celesrecours ou du pour moinsl’introduire. des moyens réels dont disposent migrant·e·s 1 Directive « retour » (CE/115/2008), art. 15 ; directive « accueil » (2013/33/UE), art. 9. étranger·e détenu·e en centre deourétention zone d’attente juge administratif contrôle de légalité de lala(fond) décision recours requête enparfrançais écrit procédure délais trèscomplexe courts desdecontrôle conditions détention (forme) juge deset de libertés la détention (JLD) 2 Convention européenne des droits de l’homme, art.13 ; directive « retour » (CE/115/2008), art. 13 et 16 ; directive « accueil » (2013/33/UE), art. 9 et 10. accèsjuridique à une aide (suite à lade la transposition directive “retour”) ENFERMEMENT DES ÉTRANGER·E·S : CONTRÔLE ET RECOURS À CHYPRE contestation légalité dedelalaetdétention de l’éloignement 3 CE, COM(2014) 199 final, p.27 et 28. étranger·e détenu·e en centre de rétention recours Cour suprême contestation surdétention la durée de via une demande d’habeas corpus la cour nequesesur prononce la légalité décisionde la passervices de prised’interprétariat en charge des difficultés d’accès à(pas un conseil juridique de permanence d’avocats enlimités zone d’attente, moyens des condamnation associations présentes à plusieurs dansrétention) les centres de reprises deCEDH la France par la surdesl’ineffectivité suspensif recours descaractère mesures d’expulsion (notamment nonpoursystématique Gebremedhin c/ France, (sauf les demandeurs 26 avril 2007 d’asile en zone d’attente) et I.M. c/ France, 2 février 2012) e jour pour les centres Aude5rétention e jour et au 4 dans les zones d’attente. En 2012, 60 % des personnes expulsées depuis un centre de rétention en métropole et 90 % en outre-mer l’ont été avant ce délai. uniquement s’ilraisonnables existe des condamnation par la possibilités CEDH dans l’affaire deà l’intéressé·e succès qu’ildeappartient M.A. c/ Chypre prouver La Cour a conclu que Chypre l’article 13 (droit à et si celui-ci/celle-ci ne un recours effectif) de la disposesuffisantes pas de ressources violait CEDH combiné avec les articles 2 (droit à la vie) et 3 (interdiction de la torture, des traitements inhumains et dégradants) absence d’aide de l’absence sauf juridique d’unen raison système efficace de recours pour contester la délai de 75 jours pour décision d’éloignement et déposer une requête à partir de l’article 5 §1 et §4 (droit liberté et à la sûreté) du placement en détention enà laraison de l’illégalité de toute période saisineeux/elles-mêmes par les étranger·e·s sans accès à unede détention procédure de recours effective. La Cour a également pris en durée de la procédure bien l’absence souvent supérieure à un an considération d’effet suspensif des recours devant la Cour suprême, la durée des recours non suspensif procédures des mesures d’expulsion l’absence d’aidejudiciaires, juridique et la portée limitée du portée limitée du contrôle contrôle judiciaire de la Cour judiciaire suprême. Camp de Venna (Grèce), mars 2009. © Sara Prestianni 5B Les organes de contrôle indépendants D esplaceorganes de contrôle indépendants ont été misdesen aux niveaux international (le Sous-comité Unies pournationaux la prévention de la torture – SPTet –régional et lesNations Mécanismes de prévention – MNP) (Comitéoueuropéen pourinhumains la prévention de la torture– etCPT)desdans peines traitement et dégradants cadrededul’Homme. Conseil de l’Europe et du système onusien desledroits LetureSPTet etdesleautres CPT sontmauvais en charge de la prévention de la tortraitements dans l’ensemble des lieux deillimité privation delieux, liberté.mènent À cettedesfin,visites, ils disposent d’un accès à ces veillentde sur les conditions de détention, peuvent s’entretenir manière confidentielle avecdes les détenu·e·s et le faites, personnelils des centres. Sur la base observations engagent un dialogue avecsauflessiÉtats. Les rapports de visites ne sont pas publiés l’État concerné en fait la demande. Launmission du conditions CPT consistedeaussi à assurer unrappeler contrôleleset suivi des détention et à standards qui doivent annuelêtreparurespectés en 2009).dans ces espaces (cf. le 19e rapport Les États signataires du Protocole additionnel à la « tements Convention contre la torture et d’autres peines ou traicruels,eninhumains et dégradants » (OPCAT)de doivent mettre place des Mécanismes nationaux prévention (MNP) indépendants. Ils doivent être dotésrégu-de ressources suffisantes pour effectuer des visites lières visant àl’élaboration l’élaborationdedeloisrapports et recommandations, suivre et règlements et proposer des réformes et des mesures de prévention concrètes. Les rapports des visites menées dans lerapports cadre desannuels MNP ned’activités sont passont publics non plus, mais des publiés. Dans 23ontÉtats membres sur 28MNP,ontàratifié ce proto-de 1.l’UE, Tous mis en place des l’exception cole l’Italie et de la Roumanie. Eneuropéens, novembreréunis 2013,àlesStrasbourg, participantsontaux différents MNP soutenu l’idée d’un ensemble unique de règles relatives à la détention desde migrant·e·s applicables aux États membres du Conseil 2. Dans sa communical’Europe parmars le Conseil lui-même tion du 28 2014 sur la politique européenne de retour, la CE a, à son tour, exprimé son soutien à cette 3 déclaration . 1 La Belgique, la Finlande et l’Irlande l’ont signé, mais ne l’ont pas encore ratifié. La Lettonie et la Slovaquie n’ont pas adhéré au protocole. 2 La nécessité pour le Conseil de L’Europe de rédiger des règles européennes relatives à la rétention des migrants : Déclaration des Mécanismes nationaux de prévention contre la torture européens, Conférence sur la rétention des migrants en Europe, 21-22 novembre 2013, Strasbourg. 3 CE, COM(2014) 199 final, p. 11. Les standards du CPT, souvent repris dans lad’abord jurisprudence de la CEDH, concernent tout l’accès aux droits fondamentaux pour toute personne détenue : droit à un avocat, à un docteur, droit d’informer un membre de sa famille oud’être un tiers de son placement en détention et droit informé·e dans une langue qui puisse être comprise par la personne détenue. Ensuite, tout placement en détention doit être basé sur une décision écrite et individuelle, un dossier doit être tenu pour chaque détenu·e, le droit à un recours effectif doit être respecté et un contrôle régulier de la légalité de la détention par une autorité indépendante doit être prévu. Selon le CPT, il est inapproprié de détenir les étranger·e·s dans des prisons ou dans des conditions plus restrictives que celles des prisons demesure droit decommun. La détention devrait être une dernier ressort. Quand la détention est inévitable, les restrictions et les mesures de sécurité devraient être minimales : libre circulation à l’intérieur des centres, contacts non restreints avec l’extérieur et droit aux visites. Entre le 20 etmaile 1990 27 mars 2014,ont 355 visites étéCPT.effectuées parde le Les rapports 306 d’entre elles ont été rendus publics. Dans 34 paysdesdontlieux26 ded’enfermel’Union européenne, ment120d’étranger·e·s ont été visités, soit visites au total. Parmisouvent les pays où l’attention dudétention CPT s’estadmile plus concentrée sur la nistrative, on comptedelaliberté Grècepour (9 visites incluantet des lieux de privation étranger·e·s) l’Espagne (8 visites), suivies par l’Allemagne, la Bulgarie, les Pays-Bas, Malte et la Turquie (6 visites). Dansdans ces des 34 pays, le CPT a donc d’étranger·e·s effectué en moyenne, uneans visite lieux d’enfermement tous les 3 et demi. (Source : CPT) D eréclament nombreuses ONGdeenregard Europedanset lesà seslieuxfrontières un droit d’enfermement d’étranger·e·s. La vigilance citoyenne que les associations souhaitent pouvoir exercer est complémentaire du droit d’accès dont jouissent les parlementaires – nationaux et européens – et certaines institutions nationales des droits humains ainsi que du suivi préventif des organes de contrôles indépendants (voir 5.B). Les directivesprévoient européennes régissant lapourdétention des étranger·e·s un droit de visite les organisations non gouvernementales. Sidescesrestrictions visites peuvent être soumises à une autorisation, à l’accès ne peuvent être imposées que dans des cas exceptionnels, pour autantrestreint que leditou rendu accèsimpossible n’en soit pas 1. alors considérablement Apéen ce titre, rappelonsauxqueÉtats dès membres 2009, le Parlement euroa vait demandé de garantir légalement à la société civile un droit d’accès aux lieux d’enfermement sansqueentrave légale oudansadministrative, dede telle manière leur présence les centres détention ait une pleine reconnaissance juridique2. Parallèlement, de administrative nombreuses ONGexistera, revendiquent, tantde que la détention un droit regard sur les :dispositifs d’enfermement des étranger·e·s, à savoir →ladonnées transparence : un accès aux informations et aux concernant l’existence et le fonctionnedes lieux d’enfermement ; aux centres de →unment droit d’accès inconditionnel détention : pouvoir entrer sans autorisation préalable, accéder à l’ensemble des locaux et s’entretenirainsiavecqu’avec les acteurs·trices opérant dansoulesen centres les détenu·e·s, seul·e·s groupe, de façon confidentielle. Ceger·e·s droitetdeduregard diffèreONGduà droit de visite des des visites étrandroit des accompagner parlementaires ou à signer desorganismes conventionsgestionnaires avec les institutions responsables ou les afin de fournir de l’aide juridique ou d’autres « services ». Cette vigilanceindépendante citoyenne s’accompagne d’une mission d’information sur la réalité de l’enfermement et ses conséquences, d’undes rôlepersonnes d’alerte et dedétenues. dénonciation des violationsainsidesquedroits Jusqu’à aujourd’hui, sur ledeterritoire decivile l’UE etsurà ses frontières, le droit de regard la société les lieuxde d’enfermement demeure très restreint : manque réponse ouchiffrées, réponsessilence insatisfaisantes aux demandes de données face aux demandes d’accès aux teusecentres voire pasou refus motivésexplicites du tout.motivés de manière douded’accès l’articledes16§4organisations de la direcSelon« laretour CE3, la» transposition tive – sur le droit internationales et nonÉtatsgouvernementales – reste problématique dans sept membres, tandis que les tiques ne sont pas conformes dans quatre autres pays.praEnaccordé, effet, au-delà du regard cadre législatif, lorsqu‘un accèslimité est le droit de des ONG est fortement par le rôleaidequ’elles sontouhabilitées à lesy tenir (assistance sociale, juridique autre), par restrictions des déplacements, l’omniprésence de la police ou l’interdiction de s’entretenir avec les détenu·e·s. 1 Directive « retour » (CE/115/2008), art. 16§4 ; directive « accueil » (2013/33/UE), art. 10§4. 2 Rapport de la Commission LIBE sur les conditions d’accueil des demandeurs d’asile et des réfugiés (2008/2235(INI)), point 29, et Résolution du Parlement européen sur la situation des droits fondamentaux dans l’Union européenne 2004-2008 (2007/2145(INI)), point 108. Quant àquel’accès auxde données informations, la Commission elle-même relève « p eu quantitatives ont été systématiquement collectées ausurniveau des États membres [...] . que Par exemple, des données des paramètres de base tels lanombre duréedemoyenne demanqués rétention,et lesle recours motifs deauxla interdictions rétention, le retours d’entrée n’étaient disponibles que dansuneunabsence nombredelimité d’États membres. En outre, on note souvent définitions etced’approches communes concernant la collecte des données, qui a une incidence sur la comparabilité de ces données dans 1 l’ensemblequideentoure l’UE » les. Silieux les ONG dénoncent depuis longtempset l’opacité d’enfermement d’étranger-e-s les difficultés à obtenirpardescesdonnées sur leurdefonctionnement, elles sont interpellées observations la CE. Cette der2 nière seauxlimitait en décembre 2013 à renvoyer au règlement relatif statistiques communautaires sur la migration et la 3 protection internationale , oùde détenus, ne figured’hommes, aucune donnée statistique sur le sujet (nombres de femmes, d’enfants, durée moyenne, etc.).deLatransparence Commission?prendrait-elle enfin conscience de ce manque 1CE, COM(2014) 199 final, p. 17. 2Réponse [à unedonnée question parlementaire] me au par Mde laMalmström nom Commission (E-002523/2013), 13 mai 2013. 3Règlement (CE) №du Parlement 862/2007européen et11dujuillet conseil durelatif 2007 aux statistiques communautaires sur la migration et olanale, protecti o n i n ternati etrèglement abrogeant(CEE)le №relatif 311/76 du Conseil à l’établissement deconcernant statistiques travailleurslesétrangers. 3 CE, COM(2014) 199 final, p. 23. Extrait de la bande dessinée CRA Des ronds dans l’O – Meybeck 2014 Resistance face à l’expulsion du squat de Cachan (Paris, France), août 2006. © Sara Prestianni 5C Leà ladroit de regard refusé société civile MÉDIAS : DÉFENSE D’ENTRER. Exemple en Belgique : Lorsqu’en avril 2012, la LDH Belgique a demandé à visiter le centre fermé de Bruges avec plusieurs journalistes, l’Office des étrangers a motivé son refus en se référant à l’article 40 de l’arrêté royal du 2 août 2002 selon lequel « les résidents ne peuvent pas être exposés à la curiosité du public ». Or, le second alinéa de ce même article précise que les détenu.e.s « ne peuvent être ni soumis sans leur consentement aux questions de journalistes [...] ni filmés ». Exemple en Italie : En avril 2011 en Italie, une circulaire ministérielle a interdit – sous prétexte de la situation d’urgence due aux arrivées de migrant.e.s en provenance des pays touchés par les « Printemps arabes » – tout accès aux CIE (centres d’identification et expulsion) et aux CARA (centres d’accueil pour demandeurs d’asile) à la presse comme aux ONG, à l’exception de certaines organisations internationales et associations listées dans la circulaire (Haut Commissariat des Nations Unis pour les Réfugiés, Organisation Internationale des Migrations, Croix Rouge italienne, Amnesty International, Médecins Sans Frontières, Save The Children, Caritas). Suite à une forte mobilisation de la presse et de la société civile sous la bannière « LasciateCIEntrare » (Laissez-nous entrer) et un changement de gouvernement, la circulaire a été annulée en décembre de la même année. Le système précédent – loin d’être satisfaisant car fortement discrétionnaire – a aussi été rétabli. Néanmoins, deux journalistes avaient déjà porté plainte et le tribunal administratif du Latium a rappelé en mai 2012 que « si l’accès aux centres de rétention n’est pas libre, il doit être réglementé, [et] il est évident que l’exclusion de la presse ne peut pas être absolue [pour l’ensemble des centres et pour des périodes indéterminées] et sans aucune motivation » (arrêt du TAR (tribunal administratif régional) du Latium, № 4518 du 18/05/2012). Selon les motivations de l’arrêt, la circulaire est une violation de l’art. 11 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne et un excès de pouvoir de la part de l’administration. 1 Open Access Now, Rapports des campagnes de visites 2012 et 2013. Photo prise par l’association KISA lors de l’inauguration du centre de rétention de Mennogeia (Chypre) en février 2013. D esopposés refus d’accès – le plus souvent implicites – sont quasi systématiquement aux journalistes partout en Europe et à sesà accompagner frontières, ydescompris lorsque les médias demandent parlementaires et/ou des ONG1. Dele principe nombreux·euses journalistes et lieux ONG demandent que d’accès des médias aux d’enfermement des étranger·e·s soit inscrit dansàlespermettre textes législatifs européens et nationaux, de façon un accès libre, non conditionné par une autorisation ou habilitation préalable, etetnonétranger·e·s. discriminatoire entre journalistes nationaux·nales Ils revendiquent aussi une totale liberté rédactionnelle dans le cadre de ce « l ibre accès ». Leainsirôlerétabli, de vigilance démocratique des citoyen·ne·s journalistes serait tout comme le droit des européen·ne·s à savoir ce qui se passe à l’intérieur de dispositifs misàencommuniquer place en leuravecnom,l’extérieur. et celui des personnes détenues EnCIEntrare Italie, »suite à plaintes la mobilisation citoyenne « lesLasciateet aux introduites contre restrictions à l’accès des journalistes dans les centres d’identification etautorisés d’expulsion (CIE), enle2013, deuxlong-métrage journalistes ont été à réaliser premier tourné à l’intérieur dea fronti ces lieux. L’objectif du audocumenEU013. L’Ul t i m e ra est de montrer, travers taire duceluiregard des forces de l’ordre qui gèrent ces lieux et de des détenu·e·s, l’absurdité du système d’enfermement, son inefficacité et lessontinjustices des milliers d’étranger·e·s victimes.et violations dont Unveulent témoignage poignant duadministrations rôle que les médias peuvent età jouer, que les s’attachent entraver. Image Sébastien Marchal. Camp Free Lybie (Bengazi, Lybie), juin 2012. © Sara Prestianni 5D Le contrôle des médias B Tant qu’exi s teront l e s camps d’étranger·e·s, i l nous appartiviegntilantsd’êtrede lcees refus. porte-voiLesx membres de l a campagne Open Access Now demandent aux gouvernements des États membres de l ’ UE et des pays si t ués à ses fronti è res detioncesser d’uti l i s er l a détenà des fi n s de contrôl e 2 migratoire . 1 CE, COM(2014) 199 final, 28 mars 2014. 2 Cf. Migreurop, « Pour la fermeture des camps d’étrangers en Europe et au-delà » . Photo ANSA/Alessandro Di Meo Manifestation de familles de migrant·e·s disparu·e·s en mer, Tunis, juin 2012. © Sara Prestianni CONCLUSION ref : unfondamentaux dispositif hypercoûteux, portant atteintequ’il aux droits des personnes étrangères criminalise, souvent dépourvu de garanties juridictionnelles, à l’abri du regard de l’opinion publique, peuceluiou pas encadré, sur lequel le contrôle démocratique et ima, desd’une organismes indépendants neregard s’exercent qu’a minaffietchés. efficacité médiocre au des objectifs Voilà le paysage dedu XXI l’enfermement administratif e siècle, tel que le révèlent des migrant·e·s au début les observations des ONG. Pourtant, l’Union européenne etdelescesÉtats membres sont loin de tirer les conséquences constats. Non seulement ilsmigratoires s’auto-proclamant « gestionnaires »unedesliberté mouvements et s’obstinent à entraver denal circulation pourtant reconnue par le droit internatio-le ; mais plus encore, ils en justifient aveuglément bien-fondé, contre toute évidence. Après sixtexte anseuropéen d’application dedes la directive « rlaetour »– l’unique qui fixe normes en matière –,tion,la Commission européenne, dans un lesrapport d’évaluat ous États membres se félicite de ce que « adhèrent désormai s d’une façon général e aux objectifs» tels que « l e respect des droi t s fondamen stratégi q ues taux »leetmême « desrapport, procédures équitablpourtant es et effiavoir caces ». Dans elle explique rendifficulmoyenne tés » à collecter des données contré « grandesla durée dedétention basedecomme ou les motifs dequila pratiquée par les États membres – ce montre sa connaissance très lacunaire du àphénomène. Elle révèle également qu’elle a dû réagir desnes« c »as1, flreconnaissant agrantsdedétenti o n dans des condi t i o ns i n humai paret làrestent que deimpunies graves violations desnational. droits sont commises, au niveau Autrement dit, la Commission européenne défendmalgré sans nuances un dispositif qu’elle avoue mal connaître, la gravité des conséquences qu’il entraîne. Comment, dès lors, s’étonneretquedesdesgestes révoltesde (émeutes, incendies, manifestations) désespoir (grèves de la faim, tentatives de suicide, actes d’auto-mutilation) éclatent régulièrement dans les lieux d’enfermement d’étranger·e·s ?contact Face auavecdénil’extérieur de justice,et auà l’arbitraire, à la privation de silence des autorités,descespersonnes actes sont souventIlsleexpriseul moyen d’expression enfermées. ment leur souffrance, leurdeincompréhension, et surtout leur refus d’être privé·e·s liberté au seul motif pas se trouver du « bon côté » de la frontière. de ne cousues et grèveetdeexpulsion la faim (CIE) dansdeleBouches centre d’identification Ponte Galeria (Rome), 26 janvier 2014 BIBLIOGRAPHIE [PUBLICATIONS, RAPPORTS] > Associatifs [TEXTES LÉGISLATIFS] > Conventions internationales et régionales Anafé, « Guide théorique et pratique – La procédure en zone d’attente », Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, 2000 2013 www.anafe.org/IMG/pdf/guide_anafe_web-1.pdf www.europarl.europa.eu/charter/pdf/text_fr.pdf Andalucía Acoge,TheBorderline-Europe, Borderline Sicilia, KISA,in Italy, Mugak, Convention contre la torture1984 et autres peines ou traitements cruels, «AT THE LIMEN. implementation of the return directive inhumains ou dégradants, Cyprus and Spain », 2013 www.ohchr.org/FR/ProfessionalInterest/Pages/CAT.aspx Voir aussi:facultatif se rapportant à la Convention contre la torture www.borderline-europe.de/sites/default/files/features/2014_Final_brochure_at-the-limen.pdf Protocole et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradant ASSFAM, LalesCimade, Forum réfugiés,administratives France terre d’asile, Ordre de Malte, Rapport sur centres de rétention (CRA), 2012 www.ohchr.org/FR/ProfessionalInterest/Pages/OPCAT.aspx cimade-production.s3.amazonaws.com/publications/documents/83/original/Rapport_ Retention_2012_bdef.pdf?1386155347 Convention européenne des droits de l’homme, 1950 www.echr.coe.int/Documents/Convention_FRA.pdf Internationalrégional Detention Coalition (IDC), 27-28 « Detention Contextinformations Forms », workshop Europe, (Bruxelles, mai 2014), Convention européenne prévention2002 de la torture et des peines fournies par les ONG participantes ouwww.cpt.coe.int/fr/documents/fra-convention.pdf traitements inhumainspourou ladégradants, Lunaria, « Costi disumani. 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Le CourSangatte, Grandmaison, Gérard Lhuilier, Jérôme,Valluy, des Lampedusa, Guantanamo… Autrement, 2006 Jean-Benoît à paraitre Meybeck, C R A (bande dessinée), éd. Des ronds dans l’O, Migreurop, « Atlas des»migrants en Europe Géographie critique des politiques migratoires , éd. Armand Colin, :2012 Pierre-Arnaud (coord.), La mise à l’écart Centres fermésPerrouty et expulsions , Labor Editions, 2004des étrangers. Claire Rodier, Xénophobie business, éd. 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Photographies des(saufpages de:gauche : Sara Prestianni en 3C Grazia Bucca) www.flickr.com/photos/saraprestianni Cartographie Olivier Clochard: Conception graphique, mise en page, couverture, typographies : Sébastien Marchal