Grippe A (H1N1). - Institut des Actuaires

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Grippe A (H1N1). - Institut des Actuaires
Gestion du Risque de Pandémie
Marine HABART
15 Mai 2009
« Environnement attitude »
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Introduction

Les Pandémies font partie des risques extrêmes (faible fréquence, forte intensité)

Caractère inévitable d’une pandémie



Evènements difficilement prévisibles




Evènement périodiquement observé dans le passé ;
L’aléa porte sur la date de survenance, la virulence et la vitesse de propagation.
Fiabilité des données historiques ?
Volatilité des paramètres de propagation ;
Emergence de nouveaux virus.
Mais étant donné le coût humain (et financier) engendré, anticiper ce risque est une
nécessité, pour l’humanité … et pour un assureur.
Sommaire
1. Définition du Risque de Pandémie
2. Modélisation et Coût pour l’Assureur
3. Stratégie de Couverture : Réassurance, Titrisation
Définition du Risque
de Pandémie
3
Qu’est-ce qu’une pandémie ?

Etymologie grecque : « Pan » signifie « partout »et « Demos » signifie peuple.

Vocable :

Entre hommes
Entre animaux
Locale
Épidémie
Épizootie
Étendue
Pandémie
Panzootie
Définition de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) :





Contamination…
Emergence d’un nouveau virus capable d’infecter l’humain ;
Morbidité et mortalité élevées ;
Propagation à l’échelle mondiale ;
Transmission d’humain à humain.
Focus sur l’actualité : la grippe A (H1N1)
Pourquoi l’appelle-t-on virus de la grippe A (H1N1) ?

Différentes dénominations :


Le terme « Grippe A » correspond au type du virus.


Grippe Porcine, Grippe Mexicaine, Nouvelle Grippe, Grippe A (H1N1).
Le virus de la grippe comprend 3 types A, B et C.
Le terme « H1N1 » correspond au sous-types


Les virus sont classifiés par les biologistes par leurs sous-types H et N, qui
désignent les protéines constitutives du virus (hémagglutinine et
neuraminidase).
16 sous-types H, 9 sous-types N
Quelles sont les caractéristiques de ce virus ?

Origine


Transmission




Réassortiment des gènes avec un virus grippal humain, aviaire et porcin.
Par voie aérienne (toux, éternuement, postillons) ;
Par contact rapproché avec une personne infectée ;
Par contact avec des objets touchés et donc contaminés par une personne
infectée (poignée de porte …).
Symptômes

Similaires à ceux de la grippe saisonnière (fièvre, maux de tête, courbatures).
Quel est le niveau d’alerte OMS actuel ?
Quelles sont les mesures de prévention mises en place ? (1/2)

Limitation des contacts :





Isolement des cas infectés via la mise en quarantaine ;
Fermeture des écoles, des théâtres, des restaurants … ;
Suspension des compétitions sportives ;
Suspension des activités « non essentielles » au sein du gouvernement et dans le
milieu des affaires (exemple : Mexique).
Régulation du trafic aérien :


Les vols non essentiels en provenance ou à destination du Mexique sont déconseillés ;
Etape supplémentaire envisageable : interdiction de certains vols.
Quelles sont les mesures de prévention mises en place ? (2/2)

Antiviraux :



Le virus A (H1N1) est sensible aux antiviraux ! ;
Stock mondial de 220 millions de doses de Tamiflu ;
Plus de 40 pays ont constitué des stocks, mais seulement trois en possèdent
suffisamment pour la moitié de leur population




Masques


France : les réserves couvrent 54% de la population (32 millions de doses, 23 millions de
Tamiflu et 9 millions de Relenza) ;
Grande-Bretagne : 50% ;
USA : 27%.
En France : 750 millions de masques de type FFP2 et 1 milliard de masques
chirurgical en tissu.
Vaccin : le temps moyen d’élaboration nécessaire est de 4 mois
Diffusion de la maladie (1/4)
Source : http://www.invs.sante.fr/
Date : 30/04/2009
Diffusion de la maladie (2/4)
Diffusion de la maladie (3/4)
Diffusion de la maladie (4/4)
Carte de la Situation Actuelle
Les paramètres de diffusion du virus A (H1N1)

Foyer étonnant



Propagation très rapide



Foyer au Mexique : le patient zéro semble être un enfant de 5 ans à La Gloria, dans
l'Etat de Veracruz ;
On s'attendait plutôt à l’Asie du Sud-Est.
Dr Keiji Fukuda, OMS : «selon une estimation raisonnable, un tiers de la population
(mondiale) serait contaminée »
Antoine Flahaut, directeur de l'Ecole des hautes études en santé publique à Rennes :
« le virus circule très vite, et s'il est de retour cet hiver, il pourrait contaminer 35% de la
population, soit 20 millions de Français ».
Létalité actuellement faible


La létalité du virus A (H1N1) correspond à une version intensifiée de la grippe
saisonnière (jusqu'à 3,5 fois plus forte)
Neil Ferguson (Imperial College London, GB) : entre 3 et 15 pour mille au Mexique et
vraisemblablement de 4 pour mille en moyenne.
Le risque à venir… (1/2)

Scénario probable :


Assoupissement dans les jours et semaines à venir ;
Flambée à l’automne (correspondant à une 2nde vague)
Pour les pandémies du
de grippe du 20ème siècle,
2 à 3 vagues de létalité ont
été observées.
Exemple : pandémie de 1918

Les risques à venir… (2/2)

Recombinaison possible avec le virus de la grippe saisonnière



Recombinaison possible avec le virus de la grippe aviaire H5N1 en Asie




Le virus saisonnier observé cette année en France, contrairement au virus H1N1
actuel, était résistant au Tamiflu !
La « saison de la grippe » commence à l’heure actuelle dans l’hémisphère sud.
La grippe H5N1 a tué plus de 60% de ses victimes, mais ne se transmettait pas
aisément d’humains à humains ;
La grippe H1N1 a un taux de létalité faible, mais circule très vite ;
la combinaison des 2 serait inquiétante !
Inquiétudes fortes pour les pays pauvres de l’Hémisphère Sud


Pas de stocks d’antiviraux ;
Facteur aggravant : le SIDA (exemple : en Afrique)
Au-delà de l’exemple actuel de la grippe A (H1N1) …

Il y a eu de nombreux autres exemples dans le passé …


Actuellement, il existe d’autres menaces


Exemple : dans les années 1960, le virus du SIDA était inconnu.
Certains virus sont (aujourd’hui) incurables …


Exemples : fièvre jaune, anthrax, hépatite B, C et E, grippe aviaire H5N1…
Des pathologies nouvelles voient constamment le jour …


Exemples : peste noire, cholera, SRAS, grippe …
Exemple : l’herpes.
D’où la nécessité de construire un modèle générique de diffusion d’une maladie,
paramétrable selon les caractéristiques du virus.
Modélisation et
Coût pour l’Assureur
18
Les Risques Encourus en Assurance (1/2)

Risque économique et financier (détérioration de l’actif) :


Baisse de l’activité économique,
Impact sur les marchés financiers, Constat du 27 avril 2009 (cf slide suivant):



Risque Technique (sursinistralité)


Envol des pharmaceutiques en Bourse (Roche : + 4%), et des fabricants de
masques (Sperian Protection : +16%)
Recul de l’aérien (Air France KLM : -7%, British Airways : -8%, Japan Airlines : 5,2% et Cathay Pacific : -8%) et du tourisme.
Garanties décès, hospitalisation …
Cette présentation se focalise sur le risque technique
Les Risques Encourus en Assurance (2/2)
GSKL
Risque Technique : Approche Fréquence - Coût

Fréquence


Estimation d’experts pour la probabilité de survenance.
Coût





Modèles épidémiologiques permettant d’estimer la sursinistralité provoquée
par la pandémie ;
Modèles multi-états, comprenant des probabilités de passage entre chaque
état ;
Modèles basés sur un système d’équations différentielles ;
Modèles à temps discret, avec généralement un pas de temps journalier ou
hebdomadaire, et un horizon de un an ;
Modèles déterministes ou stochastiques.
Exemple de modèle multi-états : le Modèle SIR

La population de taille N est segmentée en 3 classes :



S : individus Susceptibles ;
I : individus Infectés ;
R : Retirés. Il s’agit des individus :





Naturellement immunisés,
Remis de la maladie et qui ont acquis une immunité contre la réinfection,
Vaccinés,
Morts de la maladie.
On définit :



β: taux d’infection, ou probabilité pour un individu sain soit infecté en présence d’un
individu infecté,
r : taux de retrait, ou probabilité pour un individu infecté de mourir;
L : le nombre de nouveaux cas.
Schéma d’un Modèle SIR
S : Susceptibles
β : taux d’infection
I : Infectés
r : taux de retrait
R : Retirés
 Lt 1    I t  S t
S  S  L
 t 1
t
t 1

 I t 1  Lt 1  (1  r )  I t
 Rt 1  N t  S t 1  I t 1 
Modèle Plus Complexes (1/2)

Prise en compte de la vaccination


Modèles Multi-Etats :



Passage direct de l’état S à R via un taux de vaccination.
On ne se contente pas des 3 états S, I et R ;
On prend aussi en compte les infectés sans traitement médical, les infectés
avec traitement médical hors hôpital, les infectés hospitalisés, etc.
Modélisation des déplacements géographiques

Exemple : transport aérien.
Les élements à prendre en compte (1/3)
Le scénario de mortalité : sévère ou modéré



Calibration des paramètres de diffusion de la maladie en fonction du scénario choisi ;
Utilisation des données historiques en général.
1918
1957
1968
Grippe espagnole
Grippe asiatique
Grippe de Hong Kong
Entre 40 et 50
millions de morts


Pandémie sévère
Entre 1 et 2 millions
de morts


Pandémie modérée

1 million de morts

Pandémie modérée
Les élements à prendre en compte (2/3)

Forme de la courbe de mortalité (taux d’infection et de retrait spécifiques)


U comme en 1957 ou 1968 ;
W comme en 1918 ;
Taux de décès pour pneumonie et grippe (pour 100 000 personnes)
4000
3500
3000
2500
1918
2000
1957
1968
1500
1000
500
0
<1
an
1-4
ans
5-9
ans
1014
ans
1519
ans
2024
ans
2529
ans
3034
ans
3539
ans
4044
ans
4549
ans
5054
ans
5559
ans
6064
ans
6569
ans
7074
ans
7579
ans
8084
ans
8589
ans
90- 95 et
94 plus
ans
Les élements à prendre en compte (3/3)

Segmentation de la population suivant différents critères :






Modélisation des mesures de précaution




Age ;
Sexe ;
Population à risque (SIDA, cancer, etc.) ou non ;
Ville ou campagne ;
Catégorie Socio Professionnelle.
Quarantaine ;
Réduction du trafic aérien ;
Antiviraux et Vaccination.
Prise en compte de la sous-mortalité de la population assurée par rapport à la
population totale.
Comparaison de différentes études (1/2)
Comparatif des surmortalités obtenues par différentes études
16
Surmortalité (en pour mille)
14
12
10
8
6
4
2
0
Gen Re - sévere
Gen Re - modérée
Groupe Consultatif Actuariel - pop normale
Groupe consultatif actuariel -pop assurée
Moody's - sévère
Moody's modérée
Fitch
S&P - sévère
S&P - modérée
SOA - sévère - pop totale
SOA - sévère - pop assurée
SOA - modérée - pop normale
SOA - modérée - pop assurée
CBO - sévère
CBO - modérée
INVS
Actuarial Society of South Africa - modéré
Actuarial Society of South Africa - faible
Comparaison de différentes études (2/2)

OMS :



CBO (Congressional Budget Office) aux USA (300 millions d’habitants) :



Scénario de 1957
Entre 2 et 7,4 millions de décès dans le monde ; Ville ou campagne (densité de la
population et nombre de contacts)
Pour une pandémie sévère : 90 millions de personnes infectées et 2 millions de morts ;
Pour une pandémie modérée : 75 millions de personnes infectées et 100 000 morts.
INVS en France



9 à 20 millions de cas ;
91 000 à 212 000 décès ;
455 000 à 1,1 million d’hospitalisations.
Les Stratégies de Couverture
Réassurance - Titrisation
30
La Réassurance : Fonctionnement

Définition :


Objectifs pour l’assureur :



La réassurance est la technique par laquelle un assureur transfère à un
réassureur tout ou partie des risques qu’il a souscrits.
Assurer la pérennité de son portefeuille
Faire face aux pics de sinistralité exceptionnels (dont les pandémies)
Types de traités possibles contre le risque de pandémie :


Traités en excédent de sinistre par évènement (Excess of Loss) ;
Traités en excédent de perte (Stop Loss).
La Réassurance : Avantages et Limites

Avantage :


Mais, le marché de la réassurance est extrêmement concentré



Etats Unis et Europe concentrent 90% des primes de réassurance
Nature systémique du risque de pandémie
Vulnérabilité systémique du secteur dans son ensemble


Simplicité, facilité de mise en œuvre.
Risque de contrepartie des réassureurs
Capacités de la réassurance limitées
La Titrisation : Fonctionnement

La titrisation permet de transférer le risque d’un assureur auprès des
marchés financiers

Les intervenants :



Le Sponsor
Le Special Purpose Vehicle (SPV)
Les investisseurs
Prime
Sponsor
CAT Bonds
SPV
Contrat de
couverture
Investisseur
s
Liquidités
La Titrisation : Avantages et Limites

Avantages du point de vue de l’assureur :


Avantages du point de vue de l’investisseur :



Accéder à un marché avec une capacité financière très importante, qu’il
n’aurait pas trouvé auprès des marchés traditionnels (les fonds propres des
réassureurs sont bien moindres).
Avoir une diversification intéressante
Avoir un coupon supérieur au taux sans risque (Prime de Risque)
Inconvénients


Mettre en œuvre un montage complexe
Avoir des coûts importants
Réassurance vs Titrisation : Que choisir ?

La réassurance et la titrisation ont un but commun : le transfert du
risque de l’assureur

L’émergence de la titrisation n'annonce pas la disparition de la
réassurance : titrisation et réassurance sont complémentaires.

Le choix de la couverture doit s’effectuer en fonction :




De la connaissance du risque par les équipes d’actuariat,
Du coût probable estimé,
Des relations avec les réassureurs,
De la stratégie souhaitée par la direction.
Conclusion
36
Conclusion

Le risque de pandémie




Il est actuellement peu ou pas pris en compte par les compagnies d’assurance.
Or, les nouvelles normes de solvabilité (Solvency II) incitent les assureurs à
mieux gérer l’ensemble de leurs risques.
Il est donc nécessaire que le risque de pandémie soit mieux appréhendé.
D’autres risques extrêmes peuvent également être modélisés de
façon similaire :



Risque terroriste (attaque bactériologique)
Risque nucléaire
Phénomène de diffusion
Merci de votre attention
38