AVANT, APRèS LA RÉVOLUTION - Orchestre National de Lille

Transcription

AVANT, APRèS LA RÉVOLUTION - Orchestre National de Lille
juin 2013
avant, après
la révolution
jeudi 06 20.00 lille nouveau siècle
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Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Sérénade pour cor de postillon (42’)
entracte
Luciano Berio (1925-2003)
Sinfonia, pour huit voix et orchestre (30’)
Direction Matthias Bamert
London Voices
Sarah Eyden / Joanna Forbes Sopranos
Wendy Nieper / Jo Marshall Contraltos
Richard Eteson / Tom Bullard Ténors
Ben Parry / Nicholas Garrett Basses
Hugh MacDonald Ingénieur du son
Violon solo David Juritz
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avec le soutien de Musique Nouvelle en Liberté
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NOUVEAU !
Bar accessible à partir de 19h15, à l’entracte et à la fin du concert
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Nous vous demandons de bien vouloir respecter le plus grand silence
pendant le concert notamment en éteignant vos portables.
Merci également de ne pas prendre de photographies et de ne pas filmer.
licence n°2-1049802
On a aujourd’hui un peu perdu de vue les raisons profondes qui
ont conduit les compositeurs de l’Ancien Régime à produire
quantité de musique de cérémonies et de cour – sérénades,
divertimenti, musiques de ballet – accompagnant tous les actes de
la vie civile ou tout simplement le divertissement des mélomanes.
Dernière partition composée à Salzbourg en août 1779 pour fêter
la fin de l’année universitaire, la Sérénade K 320 pour cor de
postillon, instrument qui connaît son heure de gloire dans le trio
du second menuet, a été jouée par les étudiants de Salzbourg.
Ces derniers se produisaient régulièrement en plein air afin
de rendre hommage aux notables de la cité et à leurs chers
professeurs. On a longtemps cru que cette Sérénade avait été
écrite en l’honneur du prince-archevêque, Hieronymus von
Colloredo, celui-là même qui congédiera le jeune Mozart
manu-militari pour insoumission. Les rapports du compositeur
avec son patron s’étant assez vite dégradés, il faut souligner
la symbolique musicale du premier mouvement. À un ton
péremptoire, notre facétieux Mozart oppose de sensibles
suppliques : ironique vengeance destinée à railler l’archevêque ?
Assurément des adieux avant la lettre, la présence du cor de
postillon, symbole de la séparation en musique, littérature et
peinture romantiques, le confirme. De fait, Mozart donne à
comprendre à son archevêque qu’une séparation est désormais
inéluctable. Leur rupture sera consommée au printemps 1781.
Dédiée à Leonard Bernstein et composée pour le 125e
anniversaire de l’Orchestre Philharmonique de New York,
Sinfonia reprend toutes les caractéristiques d’une grande
symphonie traditionnelle : dimensions, dynamique, voix et
même sérieux du propos. Son titre, classique lui-aussi, nous
dit Berio, doit être pris au sens étymologique désignant des
instruments jouant ensemble, le traitement des voix ne différant
pas du traitement des instruments. Même l’idéal beethovénien a
été conservé : l’œuvre s’adresse directement à son époque pour
mieux la transcender, mais le chœur ne parle plus d’une seule
voix comme la 9ème Symphonie. Dans l’effet de brouhaha produit
par les huit voix, on reconnaîtra les bruits d’une foule. Celle
que Berio entendait à la fin des années 1960 alors qu’il vivait en
Californie, puis à New York. Et naturellement, ces voix épousent
les luttes de cette époque : celles du Vietnam, celles qui réclament
l’égalité des droits pour tous les citoyens.
Surtout, Sinfonia nous replonge instantanément dans
l’atmosphère où baignait la musique contemporaine à la fin des
années 1960, dans son désir de rétablir un lien avec le passé
musical. Berio conçut sa partition en quatre mouvements, puis
en rajouta un cinquième en guise de récapitulation des trois
précédents. Et le voilà qui expérimente comme un beau diable !
Avec l’instrumentarium tout d’abord, mettant en scène huit voix
mixtes amplifiées, un violon solo, un orchestre avec piano, orgue
et clavecin électroniques, les instruments à vent par trois ou
quatre, les cordes subdivisées en trois groupes et spatialisées.
Le premier mouvement utilise des fragments du livre Le cru et le
cuit de l’anthropologue Claude Lévi-Strauss dans ses réflexions
sur les mythes amazoniens de l’origine des eaux. Le deuxième
mouvement O King a été écrit initialement pour une voix et
petit ensemble instrumental : Berio dédie cette pièce funèbre
au pasteur Martin Luther King assassiné en 1968. Les huit voix
s’échangent les phonèmes qui constituent le nom du martyr noir,
jusqu’à ce qu’il se reconstitue progressivement pour apparaître en
majesté dans les dernières mesures.
Le troisième mouvement a abondamment recours à la citation.
Pour Berio, il s’agit ici de confronter l’Innommable de Samuel
Beckett, récité par la voix de basse au Scherzo de la Deuxième
Symphonie de Mahler. Autant de signes documentant la
redécouverte du musicien viennois par toute une génération de
compositeurs après cinq décennies d’occultation quasi complète.
D’autres citations sont déclenchées : Péripétie de Schoenberg,
le Bal de la Symphonie fantastique de Berlioz, mais aussi
Bach, Brahms, Debussy (La Mer), Ravel (La Valse), Strauss
(Le Chevalier à la rose), Stravinsky (Le Sacre du printemps) et
Boulez. Côté intertextualité, de courts fragments d’Ulysse de
Joyce, une citation de Valéry, des cris enregistrés dans les rues
de Paris en mai 1968, et du matériau phonétique, apparaîtront
de manière fugace. Ce qui frappe l’auditeur contemporain dans
Sinfonia est surtout cette extraordinaire confrontation de langues
plurielles au sein même de l’œuvre. Tout comme les citations de
musiciens célèbres, elles agissent les unes sur les autres en se
transformant et acquièrent soudain une signification nouvelle.
C’est ainsi que surgit un nouvel éventail de possibilités.
Benjamin François
Matthias Bamert Direction
Né en 1942 à Ersigen (Suisse), Matthias Bamert a étudié son art
dans son pays natal, ainsi qu’à Darmstadt et Paris. Pierre Boulez
et Karlheinz Stockhausen sont deux musiciens qui ont beaucoup
compté dans son parcours, influences esthétiques qui ne passent
pas inaperçues dans ses compositions des années 1970. De 1965
à 1969, il a été hautboïste au Salzburger Mozart Orchester. Par la
suite, c’est la direction d’orchestre qui a occupé la majeure partie
de son temps. Sa carrière internationale débuta comme assistant
de Leopold Stokowski au Cleveland Orchestra et puis comme
chef du BBC Philharmonic. De 1977 à 1983 il a été le directeur
musical du Radio-Sinfonieorchester Basel.
Par la suite, ses engagements l’ont amené en Europe : ainsi il a
travaillé comme chef invité de l’orchestre national écossais et a
dirigé de 1985 à 1990 le festival de musique contemporaine de
Glasgow, Musica Nova. En 1987 il s’est établi à Londres où il a
dirigé les London Mozart Players de 1993 à 2000.
À partir de 1990, c’est en qualité de chef invité qu’il a dirigé
nombre d’orchestres philharmoniques importants dans le monde.
Ainsi il a été l’hôte des orchestres de Los Angeles, Toronto,
Cleveland, Londres, Minnesota, Mozarteum de Salzbourg,
Leipzig, Berlin et Saint-Pétersbourg. À côté du grand répertoire
classique, Matthias Bamert a fait de la musique du XXe siècle sa
spécialité, mais aussi la musique moins connue du XVIIIe siècle.
Il prend un plaisir particulier à faire découvrir au public
la musique négligée de toutes époques.
London Voices
Les London Voices est un ensemble vocal basé à Londres dirigé
par Terry Edwards, fondateur de l’ensemble en 1973. On a pu
les entendre dans de nombreux enregistrements d’opéras - et de
musiques de film comme Mission, La Passion du Christ, Star
Wars ou les séries Harry Potter. Leurs partenaires ont été aussi
divers que Luciano Pavarotti, Dave Brubeck, Amy Grant et
Queen. Le chœur est à géométrie variable, allant du trio au chœur
symphonique fort de 150 chanteurs ce qui lui permet de répondre
à une grande variété de projets.
Ben Parry, le chef des London Voices, est aussi compositeur,
chef d’orchestre, arrangeur, chanteur et producteur dans le
répertoire classique et de variété. Il a dirigé quelque soixante
enregistrements et sa musique est publiée aux Editions Peters et
Faber Music. Il a été étudiant à l’Université de Cambridge où
il a été membre du chœur du King’s College. Plus tard, il a été
directeur musical et membre des Swingle Singers.
© SPT Photography
Egalement co-directeur des London Voices, Terry Edwards a
fait ses études au Trinity College of Music, et a été membre et
administrateur du chœur Schütz de Londres, des Voix du London
Sinfonietta et des Swingle Singers. Il a préparé le chœur pour
Luciano Berio, György Ligeti, Bernard Haitink et Simon Rattle.
De 1992 à 2004, Terry Edwards a été directeur du chœur de
l’Opéra Royal de Covent Garden.
orchestre national de lille
Créé en 1976 grâce à la volonté de la Région Nord-Pas de Calais
et à l’appui de l’État, l’orchestre national de lille s’est doté d’un
projet artistique ambitieux initié par Jean-Claude Casadesus afin
de “porter la musique partout où elle peut être reçue” : diffusion
du répertoire, création contemporaine, promotion des jeunes
talents et actions jeune public.
© Ugo Ponte / o.n.l.
En France, à l’étranger ou dans plus de deux cents communes
du Nord-Pas de Calais, l’o.n.l. est un véritable ambassadeur
de sa région et de la Culture française, déjà invité dans plus de
trente pays sur quatre continents. Après une tournée en Autriche,
Slovénie et Croatie en 2009, Jean-Claude Casadesus et son
orchestre ont donné une série de concerts exceptionnels en 2010
à l’occasion de deux tournées, en Chine et en Russie, puis en
Allemagne et en Slovaquie. L’o.n.l. développe par ailleurs une
présence très régulière à la radio et à la télévision ainsi qu’une
politique discographique dynamique illustrée notamment par
le premier enregistrement par un orchestre français des deux
symphonies de William Walton (2010), d’un CD consacré à Bizet
(Clovis et Clotilde et le Te Deum) et d’un DVD de Carmen sous
la direction de Jean-Claude Casadesus (2010). En collaboration
avec le Palais des Beaux-Arts de Lille, l’o.n.l. vient d’éditer son
premier DVD pédagogique Les Tableaux d’une exposition, entre
musique et peinture, à destination exclusive des enseignants. Il a
participé en 2011 au disque de Bernard Cavanna (compositeur en
résidence de 2005 à 2008).
les musiciens de l’orchestre national de lille
Violons solos Stefan Stalanowski / Fernand Iaciu
Violons Lucyna Janeczek / Marc Crenne / Waldemar Kurkowiak /
François Cantault / Alexandre Diaconu • Bernard Bodiou / Sylvaine Bouin /
Benjamin Boursier / Bruno Caisse / Anne Cousu / Noël Cousu / Delphine
Der Avedisyan / Asako Fujibayashi / Hélène Gaudfroy / Inès Greliak /
Xin Guérinet / Thierry Koehl / Olivier Lentieul / Marie Lesage / Brigitte
Loisemant / Catherine Mabile / Filippo Marano / Sylvie Nowacki /
Stéphane Pechereau / Pierre-Alexandre Pheulpin / Franck Pollet /
Ken Sugita / Thierry Van Engelandt / Bruno Van Roy / Françoise Vernay
Altos Philippe Loisemant / Paul Mayes • Jean-Marc Lachkar •
Cristina Blanco-Amavisca / Jean-Paul Blondeau / Véronique Boddaert /
David Corselle / François Cousin / Anne Le Chevalier / Thierry Paumier /
Mireille Viaud / N. Violoncelles Jean-Michel Moulin / N. • Catherine
Martin • Sophie Broïon / Edwige Della Valle / Dominique Magnier /
Claire Martin / Alexei Milovanov / Johanna Ollé / Jacek Smolarski
Contrebasses Gilbert Dinaut / Mathieu Petit • Pierre-Emmanuel de Maistre •
Yi Ching Ho / Kevin Lopata / Julia Petitjean / Christian Pottiez / N.
Flûtes Chrystel Delaval / Christine Vienet • Pascal Langlet / Catherine
Roux (piccolo) Hautbois Baptiste Gibier / Cyril Ciabaud • Daniel
Schirrer / Philippe Gérard (cor anglais) Clarinettes Claude Faucomprez /
Christian Gossart • Jacques Merrer (petite clarinette) / Raymond Maton
(clarinette basse) Bassons Clélia Goldings / Jean-Nicolas Hoebeke •
Henri Bour / Jean-François Morel (contrebasson) Cors Sébastien Tuytten /
Alexandre Collard • Christophe Danel / Frédéric Hasbroucq / Éric
Lorillard / Katia Melleret Trompettes Denis Hu / Cédric Dreger •
Fabrice Rocroy (cornet solo) / Frédéric Broucke (cornet)
Trombones Romain Simon / Jean-Philippe Navrez • Christian Briez /
Yves Bauer (trombone basse)
Tuba Hervé Brisse Timbales Laurent Fraiche
Percussions Romain Robine • Christophe Maréchal / Dominique Del Gallo /
Aïko Miyamoto Harpe Anne Le Roy
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orchestre national de lille Ivan Renar Président
association subventionnée par :
le Conseil régional Nord-Pas de Calais, le Ministère de la Culture et de la Communication,
Lille Métropole Communauté urbaine et la Ville de Lille.
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