rapport du ministere de la justice sur l`etat des droits de l`homme
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rapport du ministere de la justice sur l`etat des droits de l`homme
REPUBLIQUE DU CAMEROUN PAIX-TRAVAIL-PATRIE REPUBLIC OF CAMEROON PEACE-WORK-FATHERLAND RAPPORT DU MINISTERE DE LA JUSTICE SUR L’ETAT DES DROITS DE L’HOMME AU CAMEROUN EN 2009 Yaoundé, Octobre 2010 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 l Carte administrative du Cameroun . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .V Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V l Liste des sigles et abréviations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Vll Préface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .XVll INTRODUCTION GENERALE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1 CHAPITRE PRELIMINAIRE : LA COOPERATION DU CAMEROUN AVEC LES MECANISMES INTERNATIONAUX DE PROMOTION ET DE PROTECTION DES DROITS DE L’HOMME . . . . . . . . . . . . . . .11 PREMIERE PARTIE : QUESTIONS SE RAPPORTANT AUX DROITS CIVILS ET POLITIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .29 CHAPITRE 1 : LA LUTTE CONTRE L’IMPUNITE DES PERSONNELS CHARGES DE L’APPLICATION DE LA LOI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .33 CHAPITRE 2 : LE DROIT A UN PROCES EQUITABLE . . . . . . . . . . . .53 CHAPITRE 3 : LA LIBERTE DE COMMUNICATION . . . . . . . . . . . . .67 CHAPITRE 4 : LA LIBERTE DE RELIGION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .79 CHAPITRE 5 : LES DEFENSEURS DES DROITS DE L’HOMME . . . . .87 CHAPITRE 6 : LE DROIT DE PARTICIPER A LA GESTION DES AFFAIRES PUBLIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .95 CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE . . . . . . . . . . . . . . . . . .107 DEUXIEME PARTIE : QUESTIONS SE RAPPORTANT AUX DROITS ECONOMIQUES, SOCIAUX ET CULTURELS AINSI QU’AU DROIT A UN ENVIRONNEMENT SAIN . . . . . . . . . . . .109 CHAPITRE 1 : LA BONNE GOUVERNANCE ET LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .113 CHAPITRE 2 : LE DROIT A L’EDUCATION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .131 CHAPITRE 3 : LE DROIT A LA SANTE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .151 CHAPITRE 4 : LE DROIT A UN NIVEAU DE VIE SUFFISANT . . . . .167 lll Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 CHAPITRE 5 : LE DROIT AU TRAVAIL ET A LA SECURITE SOCIALE . . . . . . . . . . .191 CHAPITRE 6 : LE DROIT A UN ENVIRONNEMENT SAIN ...............203 CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE....................................215 TROISIEME PARTIE : QUESTIONS TRANSVERSALES DES DROITS DE L’HOMME ET DROITS CATEGORIELS ................................................................217 CHAPITRE 1 : LES CONDITIONS DE DETENTION ...........................221 CHAPITRE 2 : LA PROMOTION ET LA PROTECTION DES DROITS DES GROUPES VULNERABLES......................................................................229 CHAPITRE 3 : LA PROMOTION ET LA PROTECTION DES DROITS DE LA FEMME ..................................................................247 CONCLUSION DE TROISIEME PARTIE ........................................259 CONCLUSION GENERALE ...........................................................261 ANNEXE.........................................................................................265 TABLE DES MATIERES....................................................................268 lV Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 V Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 « …La justice – les jeunes auditeurs de justice doivent en avoir pleinement conscience – est la plus haute instance de régulation sociale et la poutre maîtresse de la démocratie dans un Etat de droit. Rendre la justice est une noble mission mais aussi une lourde responsabilité. Ici, c’est l’éthique et la déontologie qui doivent servir de guides. Et la République qui confie au magistrat le soin de veiller au respect des lois ne peut tolérer les défaillances... ». Paul BIYA, Président de la République Discours prononcé à l’occasion de la commémoration du cinquantenaire de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM) le 1er décembre 2009 Vl Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 AAA : African Action on Aids ADPAM : Projet d’Appui au Développement de la Pêche Artisanale Maritime AGIR : Appui à la Gestion des Initiatives Rentables et à la Professionnalisation dans l’Enseignement Supérieur AI : Amnesty International ANIF : Agence Nationale d’Investigations Financières APE : Association des parents d’élèves ARSEL : Agence de Régulation du Secteur de l’Electricité Art. : Article ARV : Anti-Rétro Viraux ASOJHAC : Association des jeunes hommes d’affaires du Cameroun BAD : Banque Africaine de Développement BIC : Brigade des Inspections Environnementales BIP : Budget d’Investissement Public BIT : Bureau International du Travail C2D : Contrat de Développement et de Désendettement CA : Cour d’Appel CADEL : Conférence Africaine de Décentralisation et du Développement Local Vll Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 CAED : Centre d’Accueil des Enfants en Détresse CAMWATER : Cameroon Water Utilities Corporation CAO : Cartographie Assistée par Ordinateur CCC : Complexe Chimique du Cameroun CDBF : Conseil de Discipline Budgétaire et Financière CEDEF : Convention sur l’Elimination de toutes les Formes de Discrimination à l’Egard des Femmes CEMAC : Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale CENAME : Centrale Nationale d’Approvisionnement en Médicaments et Consommables Médicaux Essentiels CES : Collège d’Enseignement Secondaire CETIC : Collège d’Enseignement Technique, Industriel et Commercial CETIF : Collège d’Enseignement Technique, Industriel et Familial CFC : Crédit Foncier du Cameroun CIFAN : Centre d’Instruction des Forces Armées Nationales CIMENCAM : Cimenteries du Cameroun CMA : Centre Médical d’Arrondissement CNDHL : Commission Nationale des Droits de l’Homme et des Libertés CNLS : Comité National de Lutte contre le Sida CNPS : Caisse Nationale de Prévoyance Sociale CNRH : Centre National de Réhabilitation des Handicapés COBAC : Commission Bancaire de l’Afrique Centrale Vlll Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 CONAC : Commission Nationale Anti-corruption CONAVI : Comité National de la Personne Agée CP : Code Pénal CPC : Centres Préscolaires Communautaires CPP : Code de Procédure Pénale CRM : Centres de Ressources Multimédia CRTV : Cameroon Radio and Television CS : Cour Suprême CSE : Contrôle Supérieur de l’Etat CSI : Centre de Santé Intégré CSPH : Caisse de Stabilisation des Prix des Hydrocarbures CSTC : Confédération Syndicale des Travailleurs camerounais CTB : Coopération Technique Belge CUY : Communauté Urbaine de Yaoundé DDEP : Délégation Départementale de l’Environnement et de la Protection de la Nature DDFOF : Délégation Départementale des Forets et de la Faune DECC : Direction des Examens des Concours et de la Certification DESC : Droits Economiques, Sociaux et Culturels DGSN : Délégation Générale à la Sûreté Nationale DP : Directeur de Publication DS : District de Santé DSCE : Document de Stratégie Croissance et l’Emploi DUDH : Déclaration Universelle des Droits de l’Homme lX pour la Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 ECD : Electricity Development Corporation EIE : Evaluation d’Impact Environnemental ELECAM : Elections Cameroon ENIET : Ecole Normale des Instituteurs l’Enseignement Technique ENS : Ecole Normale Supérieure ENSET : Ecole Normale Supérieure l’Enseignement Technique EDR : Enfants de la Rue FCFA : Franc de la Communauté Financière Africaine FEICOM : Fonds d’Equipement et d’Intervention Intercommunal FNE : Fonds National de l’Emploi FNS : Fonds National de Solidarité FO : Fistules Obstétricales GCE : General Certificate of Education GICAM : Groupement Inter Patronal du Cameroun GMI : Groupement mobile d’intervention GTZ : Deutsche Gesellschaft fûr Technische Zusammenarbeit HC : Hôpital Central HD : Hôpital de District HR : Hôpital de Référence HYSACAM : Hygiène et Salubrité du Cameroun IADM : Initiative d’Allègement de la Dette Multilatérale IAI : Institut Africain d’Informatique IGE : Inspection Générale des Enseignements IPC : Indice de Perception de la Corruption X de de Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 IRM : Imagerie par Résonance Magnétique IST : Infection Sexuellement Transmissible IVET : Instituteurs Vacataires de l’Enseignement Technique JIPH : Journée Internationale des Personnes Handicapées LAM : Logements d’Astreinte de Médecins LMD : Licence-Master-Doctorat MAGZI : Mission d’Aménagement et de Gestion des Zones Industrielles MBOSCUDA : Mbororo Social and Development Association Cultural MINADER : Ministère de l’agriculture développement rural et MINAS : Ministère des Affaires Sociales MINATD : Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation MINCOM : Ministère de la Communication MINCOMMERCE : Ministère du Commerce MICONSUPE : Ministère de Contrôle Supérieur de l’Etat MINDAF : Ministère des Domaines Affaires Foncières MINDUH : Ministère du Développement Urbain et de l’Habitat MINEDUB : Ministère de l’Education de Base MINEE : Ministère de l’Eau et de l’Energie MINFI : Ministère des Finances MINEFOP : Ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle MINEP : Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature MINEPIA : Ministère de l’Elevage, des Pêches et Xl et du des Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 des Industries animales MINESUP : Ministère de l’Enseignement Supérieur MINESEC : Ministère des Enseignements Secondaires MINFOF : Ministère des Forets et de la Faune MINFOPRA : Ministère de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative MINJEUN : Ministère de la Jeunesse MINJUSTICE : Ministère de la Justice MINPMEESA : Ministère des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Economie Sociale et de l’Artisanat MINPLAPDAT : Ministère de la Planification, de la Programmation, du Développement et de l’Aménagement du Territoire MINPROFF : Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille MINRESI : Ministère de la Recherche Scientifique et de l’innovation MINREX : Ministère des Relations Extérieures MINSANTE : Ministère de la Santé Publique MINTOUR : Ministère du Tourisme MP : Ministère Public OBC : Office du Baccalauréat du Cameroun OEV : Orphelins et Enfants Vulnérables OIT : Organisation Internationale du Travail OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement OMS : Organisation Mondiale de la Santé ONEP : Office Nationale de l’Eau Potable ONG : Organisation Non Gouvernementale Xll Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 OP : Organisations Professionnelles PACDET : Programme d’Amélioration des Conditions de Détention et Respects des Droits de l’Homme PAD : Port Autonome de Douala PADER : Programme de Développement de l’Emploi Rural PADES-BAKA : Projet d’Appui au Développement socioéconomique des Baka PAPENOC : Projet d’Appui et de Promotion des Elevages Non Conventionnels PANGIRE : Plan d’Action National de Gestion Intégrée des Ressources en Eau PAN/LCD : Plan d’Action National de Lutte Contre la Désertification PASE : Programme d’Appui au Système Educatif PCIME : Prise en Charge Intégrée des Maladies de l’Enfant PDFP : Programme de Développement de la Filière Porcine PGDT PGE : Plan de Gestion Durable des Terres : Plan de Gestion de l’Environnement PIAASI : Projet Intégré d’Appui aux Acteurs du Secteur Informel PIB : Produit Intérieur Brut PIDCP : Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques PIDESC : Pacte International relatif aux Droits Economiques, Sociaux et Culturels PIPE : Programme d’Investissement Prioritaire pour l’Emploi PMUC : Pari mutuel urbain camerounais Xlll Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 PNDP : Programme National de Développement Participatif PNE : Politique Nationale de l’Emploi PNG : Programme National de Gouvernance PNS-OEV : Programme National de Soutien aux enfants et orphelins vulnérables PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement PPTE : Pays Pauvres Très Endettés PRECESSE : Projet de renforcement des Capacités environnementales et sociales du Secteur de l’Energie PRO-ACTP : Programme d’Appui à la Composante Technologique et Professionnelle de l’Enseignement Supérieur PSFE : Programme Sectoriel ForêtEnvironnement PTME : Prévention de la Transmission Mère/Enfant PVVIH : Personne vivant avec le VIH RDPC : Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais SABC : Société Anonyme des Brasseries du Cameroun SAO : Substance Appauvrissant la Couche d’ Ozone SASNIM : Semaine d’Action de Santé et de Nutrition Infantile et Maternelle SCDP : Société Camerounaise des Dépôts Pétroliers SIC : Société Immobilière du Cameroun SNH : Société Nationale des Hydrocarbures XlV Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 SONEL SONEU : Société Nationale d’Electricité du Cameroun : Soins obstétricaux et néonataux urgents SPM : Société des plantations de Mbanga SSS : Stratégie Sectorielle de la Santé SYNAME : Système national d’Approvisionnement en Médicament TBS : Taux Brut de Scolarisation TDR : Termes de Référence TGI : Tribunal de Grande Instance TIC : Technologies de l’Information et de la Communication TM : Tribunal Militaire TMN : Tétanos Maternel et Néonatal TPI : Tribunal de Première Instance UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture UNICEF : Fonds des Nations Unies pour L’Enfance UNIFEM : United Nations Develpment Fund for Women/ Fonds de Développement des Nations Unies pour les Femmes ZFU : Zone Franche Universitaire XV Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 XVl Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 A la faveur de la modification en avril 2005 de l’organisation du ministère de la Justice, le chef de l’Etat y a créé une direction des droits de l’homme et de la coopération internationale, avec une mission essentielle : le suivi des questions des droits de l’homme au sein de l’appareil gouvernemental. L’un des instruments emblématiques de ce suivi est l’élaboration, chaque année, d’un rapport sur l’état des droits de l’homme au Cameroun. Le présent rapport est le cinquième du genre, après ceux des années de référence 2005, 2006, 2007 et 2008. L’ambition de ce nouveau document que mon département ministériel met à la disposition du public national et international est la même que celle assignée aux précédents rapports : donner une information - la plus objective qui soit - sur les mesures gouvernementales et des autres parties prenantes pour assurer à toutes les personnes relevant de la juridiction du Cameroun la satisfaction des droits qui leur sont garantis par le droit international coutumier et le droit conventionnel des droits de l’homme. L’année 2009 a été celle au cours de laquelle le Cameroun s’est soumis au mécanisme nouveau institué par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, l’Examen périodique universel (EPU). Cet examen se présente comme une sorte de revue, par les autres Etats membres de la communauté onusienne, de la manière dont l’Etat sous examen s’acquitte de son obligation internationale de protéger et de faire protéger les droits de l’homme des personnes qui relèvent de sa juridiction. C’est l’universalité et la complémentarité des droits de l’homme, qu’ils soient politiques, civils, sociaux, économiques et culturels - toutes générations confondues - qui sont passés au crible de l’analyse et de la critique constructive des « pays examinateurs ». Dans un esprit de transparence et de coopération mais dans le respect de nos valeurs fondamentales, les plénipotentiaires camerounais à Genève se sont prêtés, de bonne foi à cet exercice. Des recommandations en sont issues. Certaines dévoilent nos insuffisances et balisent le chemin qui reste à parcourir pour une meilleure garantie des droits de l’homme. Elles sont à l’étude au niveau gouvernemental. Leur mise en œuvre sera de nature à améliorer la situation des droits de l’homme au Cameroun. En tout cas, le présent rapport se fait l’écho de ce passage à XVll Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 l’EPU et de la défense des deuxième et troisième rapports périodiques du Cameroun devant le Comité des Nations Unies pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Une nouvelle rubrique, intitulée « Coopération du Cameroun avec les mécanismes internationaux de promotion et de protection des droits de l’Homme » met en lumière un pan important de l’activité internationale du pays dans le domaine des droits de l’homme, notamment en termes de défense des rapports et de suivi du contentieux devant les organes internationaux de protection des droits de l’homme, universels ou régionaux. C’est un lieu commun aujourd’hui de parler de la place centrale des droits de l’homme dans le cadre de la gouvernance démocratique, d’un développement plus décentralisé, plus équitable et soucieux de protéger la population contre des périls divers. Bref, il s’agit de la consolidation de l’Etat de droit. La justice est au cœur de ce dispositif citoyen. Le président de la République ne s’y est pas trompé, en interpellant, une fois de plus, à l’occasion de la célébration du cinquantenaire de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM), les magistrats en ces termes : « La justice - les jeunes auditeurs de justice doivent en avoir pleinement conscience – est la plus haute instance de régulation sociale et la poutre maîtresse de la démocratie dans un Etat de droit. Rendre la justice est une noble mission mais aussi une lourde responsabilité. Ici c’est l’éthique et la déontologie qui doivent servir de guides. Et la République qui confie au magistrat le soin de veiller au respect des lois ne peut tolérer les défaillances». Le contexte et la puissance de cette interpellation se passent de tout commentaire. Aux magistrats - « gardiens des promesses inscrites au cœur des lois républicaines », pour reprendre la belle formule d’Antoine Garapon - de la méditer et d’en tirer toutes les leçons, notamment en termes de restauration de la confiance des populations. C’est l’une des conditions d’une jouissance effective par nos concitoyens de leurs droits humains les plus essentiels. LE VICE-PREMIER MINISTRE, MINISTRE DE LA JUSTICE, GARDE DES SCEAUX AMADOU ALI XVlll Introduction Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 1- Le rapport du ministère de la Justice sur l’état des droits de l’homme au Cameroun en 2009, comme ceux qui l’ont précédé en 2005, 2006, 2007et 2008, se propose de rendre compte de la plupart des mesures et activités qui ont rythmé l’actualité des droits de l’homme au Cameroun au cours de cette année de référence. 2- A cet égard, le passage du Cameroun en février 2009 devant le Conseil des droits de l’homme au titre de l’Examen périodique universel peut être considéré comme le fait majeur dans ce domaine. La ratification du Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique, adopté le 11 juillet 2003 à Maputo au Mozambique, autre fait marquant de cette actualité, a paradoxalement suscité au sein d’une certaine opinion nationale, de vives réactions, notamment au regard du droit à l’avortement thérapeutique que cet instrument juridique reconnait aux femmes africaines. 3- L’année 2009 n’a heureusement pas été marquée que par des sujets polémiques. La promotion et la protection des droits de l’homme ont connu des avancées avec son acteur principal qu’est l’Etat, appuyé et relayé par la société civile. Dans ce registre et sans prétention à l’exhaustivité, on peut citer : - la poursuite de la lutte contre l’impunité des personnels chargés de l’application des lois et règlements ; - la densification du cadre juridique de la garantie du droit à un procès équitable ; - le renforcement du cadre d’exercice du droit à la communication sociale ; - le début de la mise en œuvre du processus de la décentralisation ; - la poursuite de la lutte contre la corruption au sens de la Convention de Mérida ; - l’intensification des mesures d’amélioration du niveau de vie des populations ; - l’amélioration des conditions de détention ; - l’amélioration de l’offre de santé et d’éducation ; - la protection des couches vulnérables ; - la poursuite de la lutte contre les discriminations de toutes sortes et, en particulier celles à l’égard des femmes ; - la préservation de l’environnement. 3 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 4- Ces efforts constitueront, outre les faits saillants de l’actualité évoqués plus haut, la trame du présent rapport. Sa vocation de continuum dans l’information sur les avancées des droits de l’homme au Cameroun est également confirmée par le rappel des procédures judiciaires évoquées dans les précédents rapports et dont les évolutions sont ici enregistrées. 5- Comme de coutume, l’actualité du cadre juridique et institutionnel de promotion et de protection des droits de l’homme et également du droit international humanitaire est ici même consignée, de même que la plupart des événements visant ce but qui ont été menés tout au long de l’année 2009 par le gouvernement et ses partenaires, internationaux et nationaux. Il est en outre fait mention des textes législatifs et règlementaires qui ont été pris au plan national. Engagements juridiques internationaux 6- En 2009, le Cameroun a signé ou ratifié des instruments de promotion et de protection des droits de l’homme aussi bien au niveau universel, régional, que sous- régional. a) Les instruments signés Au niveau universel, les instruments ci-après ont été signés le 15 décembre 2009 à New York : - la Convention sur les armes à sous-munitions, adoptée à Dublin le 30 mai 2008 ; - la Convention internationale sur les droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille, adoptée le l8 décembre 1990 ; - le Protocole facultatif du 18 décembre 2002 se rapportant à la Convention des Nations Unies du 10 décembre 1984 contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Au niveau régional africain, la Charte Africaine de la Jeunesse, adoptée à Banjul en Gambie le 02 juillet 2006, a été signée le 15 décembre 2009 à Addis-Abeba. Au niveau sous- régional, on peut signaler la signature, le 11 novembre 2009 à Libreville au Gabon, de deux instruments adoptés le 06 juillet 2006 à Abuja au Nigeria par la Conférence Ministérielle CEDEAO/CEEAC. Il s’agit de : 4 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 - l’Accord multilatéral de coopération régionale de lutte contre la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, en Afrique de l'Ouest et du Centre ; - la Résolution sur la lutte contre la traite des personnes. b) Les instruments ratifiés Au niveau universel, le Traité sur les Amendements au Protocole de Montréal sur les substances qui appauvrissent la couche d’ozone (s.a.o), adopté le 17 septembre 1997 à Montréal et le 03 décembre 1999 à Beijing a été ratifié par le décret n° 2009/141 du 18 mai 2009. Il y’a lieu de signaler le dépôt de l'instrument de ratification de l'Accord International sur les bois tropicaux adopté à Genève le 27 janvier 2006 et ratifié par décret n° 2008-177 du 22 mai 2008. Au niveau régional africain, le Protocole à la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples, relatif aux droits des femmes en Afrique (Protocole de Maputo) a été ratifié par décret n°2009/143 du 28 mai 2009. Il convient aussi de mentionner que l’instrument de ratification de la Convention de la Commission africaine de l'énergie, signée le 25 juillet 2006 et ratifiée le 26 juin 2007 a été déposé le 26 mai 2009. Les textes législatifs et réglementaires au plan national 7- Au rang des textes législatifs et règlementaires intervenus au plan national dans le domaine de la promotion et de la protection des droits de l’homme, on peut citer : - la loi n° 2009/004 du 14 avril 2009 portant organisation de l’assistance judiciaire ; - la loi n°2009/009 du 10 juillet 2009 sur la vente d’immeubles à construire et son décret d’application n°2009/1726/PM du 04 septembre 2009 ; - la loi n°2009/010 du 10 juillet 2009 sur la location–accession à la propriété immobilière et son décret d’application n°2009/1727/PM du 04 septembre 2009 ; - la loi n°2009/011 du 10 juillet 2009 portant régime financier des Collectivités territoriales décentralisées ; - la loi n° 2009/019 du 15 décembre 2009 portant fiscalité locale ; - le décret n° 2009/148 du 5 août 2009 fixant les modalités d’évaluation et de répartition de la dotation générale de la décentralisation. 5 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 Le cadre institutionnel 8- Des institutions nouvelles ou réaménagées ont enrichi le cadre institutionnel de promotion et de protection des droits de l’homme au Cameroun en 2009. On peut mentionner : Pour les droits de l’enfant, le Centre de rééducation pour les mineurs de Bépanda à Douala, créé par décret n°2009/301/PM du 13/02/09. Pour les droits des personnes handicapées, le Centre national des personnes handicapées Cardinal Paul Emile LEGER, créé par décret n° 2009/096 du 16 mars 2009. Pour le droit à un environnement sain : - l’Observatoire national sur les changements climatiques, créé par décret n° 2009/410 du 10 décembre 2009 ; - le Comité permanent de suivi du dossier Fonds international d’indemnisation pour les dommages dus à la pollution par les hydrocarbures (FIPOL), créé par arrêté n°131/PM du 30 avril 2009. Pour le droit à l’énergie, le Fonds d’énergie rural (FER), créé par décret n° 2009/409 du 10 décembre 2009. Les séminaires, ateliers de formations et célébrations 9- Le Centre des Nations Unies pour les droits de l’homme et la démocratie en Afrique centrale a organisé au Cameroun, pendant la période considérée : - 15 sessions de formation des officiers de police judiciaire et des forces armées des pays de la sous région Afrique centrale ; - un atelier sous-régional sur la protection des droits des populations autochtones ; - une conférence internationale sur la justice transitionnelle sous le thème : «une voie vers la réconciliation et la construction d'une paix durable» ; - un séminaire sous-régional sur l’élaboration des plans d’action nationaux dans la lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée. 10- La Commission nationale des droits de l’homme et des libertés (CNDHL) a essentiellement mené des activités de promotion des droits de l’homme en collaboration avec les organisations de la société civile, dans le cadre de la célébration des événements internationaux suivants : 6 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 - la 19ème édition de la Journée de l'Enfant africain, célébrée le 9 juin 2009, sous le thème «Une Afrique digne des enfants : Appel à une action urgente pour leur survie» ; - la 47ème Journée de la Femme africaine, célébrée le 31 juillet 2009, et marquée par une conférence-débat, sur le thème: «les enjeux de la ratification par le Cameroun du Protocole à la Charte Africaine des Droits de l’Homme, relatif aux Droits des Femmes (Protocole de Maputo)»; - le 61ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, avec l’organisation, du 23 novembre au 04 décembre 2009, d’un concours de dissertation à l’intention des élèves des classes de 4ème et «Form Three» de 12 établissements francophones, anglophones et bilingues d’enseignement secondaire de la ville de Yaoundé, en vue de l’attribution du Prix de l’Excellence en Droits de l’Homme, édition 2009. Ce concours portait sur le thème « Que signifient les droits de l’homme pour moi ? ». 11- Quelques sessions de formation organisées par la CNDHL avec le concours financier du PNUD peuvent aussi être signalées. Il s’agit : - d’un atelier de renforcement des capacités des organisations de la société civile, du 24 au 25 février 2009 à Yaoundé ; - d’ un atelier sur l'Approche du développement basée sur les droits de l'homme (HRBA), du 10 au 12 mars 2009 à Mbalmayo. 12- Par ailleurs, une réunion d’évaluation de la phase pilote de la mise en œuvre du Programme National d’Éducation aux Droits de l'Homme, lancée officiellement le 23 décembre 2008 aux niveaux des enseignements primaire et secondaire pour l'année académique 2008/2009, s’est tenue le 5 juin 2009 dans la salle des conférences de la CNDHL. 13- La Commission nationale anti-corruption (CONAC) pour sa part a : - participé aux travaux de l’atelier national chargé d’examiner un projet de Code des marchés publics les 2, 3 et 4 juin 2009 à Yaoundé ; - tenu les 12 février, 05 mars, 05 mai, 11 et 16 septembre, 20, 23 et 29 octobre 2009, des séances de travail avec le Programme CHOC (Changer d’Habitudes, s’Opposer à la Corruption) ayant pour objectif le renforcement de leur collaboration et notamment la création des îlots d’intégrité dans les aéroports internationaux de 7 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 Yaoundé et Douala, ainsi que dans les Universités et grandes Ecoles ; - tenu les 6 mai, 4 et 10 juin 2009, des réunions de concertation avec l’Agence Nationale d’Investissement Financière (ANIF) tendant au renforcement de la collaboration entre ces deux organismes. 14- Elle a organisé : - un séminaire ayant pour but la sauvegarde et la promotion de l’image du Cameroun à l’intention des hommes des médias les 29, 30 et 31 juillet 2009 à Yaoundé ; - un atelier de réflexion avec les responsables des cellules ministérielles de lutte contre la corruption ; - un atelier de concertation avec les organisations de la société civile réunies au sein de la coalition nationale anti-corruption. 15- Ces deux ateliers ont été organisés à Yaoundé du 7 au 9 décembre 2009 dans le cadre de la célébration de la journée mondiale des Nations Unies contre la corruption. La Méthodologie a) La collecte des données 16- La collaboration entre le Ministère de la Justice, la Cour suprême et d’autres départements ministériels et structures assimilées concernés par les questions des droits de l’homme a permis, comme pour les précédentes années, d’obtenir des renseignements et éléments qui ont pour l’essentiel nourri le contenu de ce rapport. De manière précise, il s’agit : - du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation ; - du ministère des Affaires sociales ; - du ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales ; - du ministère du Commerce ; - du ministère de l’Education de Base ; - du ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature; - du ministère des Enseignements secondaires ; - du ministère de l’Enseignement supérieur ; - du ministère des Forêts et de la Faune. - du ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille ; - du ministère des Relations extérieures ; - du ministère du Travail et de la Sécurité sociale ; 8 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 - du ministère de la Santé publique ; - du ministère des Transports. La production du rapport a également bénéficié du concours des structures administratives indépendantes ci-après : - La Commission nationale des droits de l’homme et des libertés (CNDHL) ; - La Commission nationale anti-corruption (CONAC) ; - L’Agence nationale d’investigation financière (ANIF). Le partenariat établi depuis l’élaboration du rapport 2005 avec la société civile s’est consolidé avec des contributions retraçant les activités que certaines de ses composantes ont menées en 2009 dans le domaine de la promotion des droits de l’homme. On peut à cet égard citer : - African Action on Aids (AAA); - Mbororos Social and Cultural Development Association (MBOSCUDA) ; - Plan Cameroon ; - Union nationale des associations et institutions de et pour les personnes handicapées (UNAPHAC). b) La focalisation sur les données de 2009 Le présent rapport est basé sur les faits, activités et mesures intervenus en 2009. Toutefois, le souci d’une information actualisée au moment de sa publication a conduit à y faire mentionner, dans des notes infrapaginales notamment, des données de 2010, sans préjudice de leur développement ultérieur dans le rapport de cette année de référence. c) L’approche participative L’élaboration et la validation des rapports du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’homme au Cameroun sont devenues un cadre traditionnel de dialogue et de concertation et de renforcement du partenariat entre le gouvernement et la société civile dans le domaine des droits de l’Homme. Le rapport 2009 conforte l’option de l’approche participative prescrite par le chef du département de la Justice. d) La structure du rapport Par rapport à ceux qui l’ont précédé, le présent rapport a l’originalité de comporter, outre les désormais traditionnelles trois parties consacrées respectivement aux droits civils et politiques, aux droits économiques, sociaux et culturels et aux questions transversales des droits de l’homme, un 9 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 chapitre préliminaire commun à ces trois parties et intitulé « Coopération avec les mécanismes internationaux de protection des droits de l’homme ». L’activité de « rapportage » des différents organes internationaux de surveillance du respect par les Etats de leurs obligations coutumières et/ou conventionnelles en matière de promotion et de protection des droits de l’homme est devenue une donnée incontournable de la scène internationale. Certains de ces organes ont par ailleurs des attributions contentieuses à l’égard des Etats parties à certaines conventions pertinentes. Pour reprendre ici une formule d’Antoine Garapon, « [l]es droits de l’homme énoncés dans des textes ayant valeur positive (…) ont progressivement fait passer l’Etat pourvoyeur de justice à l’Etat justiciable.1» Il s’agit là d’un vaste champ d’activités dans lequel les législations et pratiques nationales trouvent à se confronter aux normes internationales. Parmi les recommandations qui sont faites aux Etats dans l’un ou l’autre cas (rapportage ou contentieux) revient, comme une exigence, la publicité à donner à la défense des rapports ou aux « constatations » de ces organes. Le rapport sur l’état des droits de l’homme au Cameroun doit désormais s’inscrire dans l’exécution de bonne foi de cette recommandation, en publiant ces éléments et, au besoin, en donnant des indications sur le suivi des autres recommandations faites à l’Etat. 17- En définitive, la structure du présent rapport s’articule comme suit : - Coopération du Cameroun avec les mécanismes internationaux de promotion et de protection des droits de l’homme (chapitre préliminaire) ; - Questions se rapportant aux droits civils et politiques (première partie) ; - Questions se rapportant aux droits économiques, sociaux et culturels ainsi qu’au droit à un environnement sain (deuxième partie) ; - Questions transversales des droits de l’homme et droits catégoriels (troisième partie). 1 A. GARAPON, Le gardien des promesses, le juge et la démocratie, Odile Jacob, 1996, p.38. 10 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 18- Le système international de promotion et de protection des droits del’homme a généré des garanties assises aussi bien sur les mécanismes conventionnels que sur les techniques non conventionnelles. Au cours de l’année 2009, la coopération du Cameroun avec ces mécanismes internationaux, s’est déployée autour des mécanismes conventionnels traditionnels (section 1) et du nouveau mécanisme institutionnel de l’Examen périodique universel (section 2). SECTION 1 : LA COOPERATION AVEC LES MECANISMES CONVENTIONNELS TRADITIONNELS 19- La plupart des instruments conventionnels de promotion et de protection des droits de l’homme instituent des organes de surveillance en leur conférant des fonctions à la fois non contentieuse et contentieuse. Dans le premier cadre, le Cameroun s’est, courant 2008 acquitté de son obligation de faire rapport au titre de plusieurs conventions. En 2009, il a commencé à en assurer la défense2. C’est ainsi qu’il est passé le 28 janvier 2009 devant le Comité CEDAW «Committee for elimination of discrimination against women» pour la défense, dans un rapport unique, de ses deuxième et troisième rapports périodiques au titre de la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) (§1). Dans le second cadre, les organes des traités ont connu des communications concernant le Cameroun (§2). § 1 : LA DEFENSE DU RAPPORT DU CAMEROUN AU COMITE POUR L’ELIMINATION DE LA DISCRIMINATION A L’EGARD DES FEMMES (COMITE-CEDAW) 20- L’on s’appesantira sur la défense proprement dite (A) ainsi que sur le suivi des recommandations qui en ont résulté (B). A : La défense du rapport 21- Le Cameroun a ratifié sans réserve la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) le 23 août 1994 et son Protocole facultatif le 7 janvier 2005. 2 Ces défenses ont continué en 2010 par le passage devant les comités conventionnels suivants : - Comité des droits de l’enfant, le 14 janvier 2010 ; - Comité contre la discrimination raciale, 23 et 24 février 2010 ; - Comité contre la torture, les 28 avril et 07 mai 2010 ; - Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples, le 14 mai 2010. 13 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 22- Conformément aux dispositions de la Convention, il devait présenter au Comité-CEDAW3 son rapport initial un an après cette ratification puis le premier rapport périodique quatre ans après la soutenance du rapport initial. 23- Le Cameroun a présenté dans un rapport unique son rapport initial et le premier rapport périodique au Comité les 20 et 26 juin 2000 au cours de sa 23ème session. A l’issue de l’examen de ce rapport, des observations et recommandations lui ont été faites et le Comité a fixé la date de présentation, dans un document unique, des deuxième et troisième rapports périodiques le 26 octobre 2008. Ce rapport unique a été effectivement défendu devant le Comité le 28 janvier 2009 à Genève par une délégation camerounaise. 24- Le but des rapports périodiques étant l’évaluation des progrès accomplis par l’Etat partie dans le temps, pour mettre en conformité, autant que faire se peut, sa législation, sa réglementation, ses procédures et ses pratiques avec les dispositions de la Convention, le Cameroun a, en cette occasion, présenté au Comité-CEDAW l’état de la mise en œuvre des recommandations issues de l’examen de son premier rapport. 25- Suite à l’examen des deuxième et troisième rapports périodiques du Cameroun dans un rapport unique, le 28 janvier 2009, le Comité – CEDAW a fait parvenir au Gouvernement camerounais ses « conclusions finales » comportant des points de satisfaction et des sujets de préoccupation suivis de recommandations. 1) Les points de satisfaction 26- Le Comité a noté que le Cameroun a ratifié en janvier 2005 le Protocole facultatif se rapportant à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. 27- Il a pris acte de l’étroite collaboration entre le Cameroun et les organismes des Nations Unies, les Organisations non gouvernementales et autres groupes de la Société civile pour ce qui est de la promotion des droits fondamentaux des femmes et de l’égalité des sexes. 28- Le Comité a constaté que le Cameroun a entamé un processus de réforme législative visant à amender toute disposition jugée contraire à la Convention. 3 Sur la composition et les attributions du Comité-CEDAW, voir articles 17 et 18 de la CEDEF 14 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 29- Il s’est félicité de l’adoption, en juillet 2005, d’une loi sur le statut des réfugiés et des stratégies mises au point par le Cameroun pour réduire la pauvreté et améliorer la situation sociale, en particulier celle des femmes. 2) Les sujets de préoccupation et les recommandations a) Les principaux sujets de préoccupation 30- Ils concernent : - la place de la Convention dans la législation nationale ; - la visibilité de la Convention et de son Protocole facultatif ; - la persistance des dispositions discriminatoires ; - les mécanismes nationaux de promotion de la femme ; - l’application des mesures spéciales temporaires ; - la persistance des stéréotypes et pratiques culturelles patriarcales ; - la violence à l’égard des femmes ; - la répression des mutilations génitales féminines et autres pratiques nocives ; - la traite des personnes et l’exploitation de la prostitution ; - la faible participation des femmes à la vie politique et à la vie publique ; - le système éducatif pas très favorable aux filles ; - l’emploi des femmes; - l’accès aux soins de santé ; - la situation des femmes rurales ; - le statut des réfugiés ; - les inégalités dans la vie familiale ; - l’insuffisance de données statistiques. b) Les recommandations 31- A toutes ces préoccupations, le Comité a formulé des recommandations qui peuvent se résumer ainsi qu’il suit pour l’essentiel: - Malgré la reconnaissance de la primauté de la CEDEF sur la législation nationale, le Comité recommande au Cameroun de prendre des lois interdisant la discrimination contre les femmes et prévoyant des sanctions en insistant sur l’adoption d’une loi réprimant les mutilations génitales féminines et autres pratiques nocives ; - Il recommande l’intégration de la CEDEF et de ses textes complémentaires dans la formation des juristes en général et en 15 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 particulier des magistrats ainsi que la formation des juges non magistrats des juridictions traditionnelles. Il exhorte à la sensibilisation des femmes sur leurs droits et à celle des dirigeants à tous les niveaux; - Le Comité demande l’établissement d’un calendrier précis pour l’aboutissement des réformes entreprises notamment, l’actualisation du Code pénal, l’adoption d’un code civil et d’un code de la famille afin de promouvoir et protéger l’égalité des sexes et les droits fondamentaux des femmes ; - Il demande au Cameroun de revoir la composition de la Commission Nationale des Droits de l’Homme et des Libertés (CNDHL) en y instituant un médiateur pour l’égalité entre les sexes ayant spécifiquement pour mandat de promouvoir les droits des femmes ; - Il demande à l’Etat de fournir des informations détaillées sur les résultats et l’état d’exécution de son plan national de lutte contre les disparités entre les sexes et sur les mécanismes de suivi de sa mise en œuvre ; - Le Comité engage le Cameroun à redoubler d’efforts pour élaborer et appliquer une stratégie et des programmes à l’intention des femmes et des hommes, dans le but d’instaurer un environnement propice à l’élimination des stéréotypes et pratiques traditionnelles nocives ; - Le Comité demande à l’Etat de fournir des informations statistiques détaillées au sujet de la traite et de la prostitution des femmes et des filles et l’exhorte à la prise en charge psychologique et à la réhabilitation des victimes à travers la création des centres d’accueil ; - Il demande au Cameroun d’intensifier les efforts afin que davantage de femmes soient présentes à des postes de décision, dans la vie politique et dans la vie publique du pays en encourageant la parité et le recours aux mesures temporaires spéciales accompagnées d’objectifs et de calendriers ou prévoyant des quotas importants ; - Le Comité demande à l’Etat d’envisager la possibilité de modifier la législation sur l’avortement dans le sens d’assurer véritablement l’application des dispositions qui régissent les avortements autorisés par la loi (en cas de viol ou d’inceste) et de poursuivre l’éducation sexuelle des adolescents. 32- En conclusion, le Comité-CEDAW a invité le Cameroun à répondre à ces préoccupations dans son prochain rapport périodique qu’il devrait présenter en 2011. 16 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 B : Le suivi des recommandations du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes 33- Pour assurer le suivi des recommandations, un cadre de concertation des divers acteurs a été mis en place par le Gouvernement et certaines recommandations ont connu un début d’exécution. 1) Le cadre de concertation 34- Le ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille, structure gouvernementale chargée de la coordination des actions de promotion et de protection des droits de la femme a organisé, du 04 au 06 août 2009, un atelier de restitution des travaux de la 43ème session du Comité-CEDAW au cours de laquelle le Cameroun a défendu son dernier rapport périodique. Cet atelier regroupait les représentants des départements ministériels et autres structures étatiques ainsi que des organisations de la société civile intéressés. 35- A l’issue des travaux, un plan d’action pour la mise en œuvre des recommandations a été élaboré et les différents acteurs ont été identifiés4. 2) La mise en œuvre de quelques recommandations 36- A sa préoccupation concernant la visibilité de la Convention et de son Protocole, le Comité- CEDAW a recommandé l’intégration de la CEDEF et de ses textes complémentaires dans la formation des juristes en général et en particulier des magistrats ainsi que la formation des juges non magistrats des juridictions traditionnelles. Il a exhorté à la sensibilisation des femmes sur leurs droits et à celle des dirigeants à tous les niveaux. 37- Dans le cadre de la mise en œuvre de cette recommandation, le Ministère de la Justice a organisé des séminaires de formation des magistrats sur l’application de la CEDEF et la diffusion des « conclusions finales » du Comité- CEDAW. 38- Le premier séminaire s’est déroulé du 09 au 11 décembre 2009, avec le concours financier de l’UNIFEM, le deuxième du 21 au 23 4 Le comité de rédaction du prochain rapport périodique a été officiellement installé par Madame le ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille au mois de juin 2010. 17 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 décembre 2009 et le troisième du genre a eu lieu du 18 au 20 janvier 2010 mais pour le compte du l’exercice budgétaire 2009. 39- Lors de ces sessions de formation, les 90 magistrats sélectionnés dans les dix cours d’appel (en majorité des femmes) à raison de 30 par session, se sont appropriés cet instrument juridique international considéré comme la charte des droits de la Femme. 40- Ils ont pris conscience de sa justiciabilité et par conséquent de son invocabilité devant les juridictions nationales soit pour renforcer la législation interne, soit pour pallier ses vides. Ils se sont engagés à transmettre les connaissances acquises à leurs collègues n’ayant pas eu le privilège de participer à ces premières sessions de formation appelées à s’étendre à tous les personnels judiciaires. 41- Ces séminaires qui étaient aussi l’occasion de communiquer aux magistrats les « conclusions finales » du Comité- CEDAW les ont amenés à proposer des mesures tendant à leur mise en œuvre. 42- A ce titre, les séminaristes ont fait les recommandations pertinentes suivantes au Gouvernement : 1. La sensibilisation des magistrats sur l’application des dispositions univoques et « self-executing » de la CEDEF à travers une lettrecirculaire de la Chancellerie; 2. La multiplication des sessions de formation des magistrats , des avocats et des OPJ sur l’application de la CEDEF dans le cadre des formations initiale et continue à travers des séminaires, des ateliers, des conférences-débats, des tables rondes, en les organisant au niveau des cours d’appel pour une meilleure prise en compte des problématiques récurrentes dans chaque région du pays ; 3. L’organisation régulière, au niveau local des fora animés conjointement par le ministère de la Justice et le ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille ; 4. L’accélération du processus d’élaboration , d’adoption et de promulgation des textes nationaux garantissant les droits des femmes enchâssés dans la CEDEF et éliminant toutes les discriminations à leur égard notamment, le Code pénal, le Code civil, le Code de procédure civile et commerciale et le Code de la famille, à l’horizon 2011; 5. L’élargissement de la validation du projet de révision du Code pénal à toutes les sensibilités nationales, afin de s’assurer que le 18 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 texte préparé par le ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille relativement à la répression des violences fondées sur le sexe y a été bien intégré et que des infractions réprimant tous les actes discriminatoires à l’égard des femmes y ont été introduites; 6. La perpétuation de l’enseignement des droits de l’Homme à tous les niveaux du système éducatif avec un accent particulier sur la CEDEF, afin d’inculquer la notion d’égalité des genres aux citoyens dès le bas âge; 7. L’harmonisation de l’organisation et du fonctionnement des juridictions traditionnelles et la formation de leurs responsables à l’application de la CEDEF ; 8. La formation des officiers d’état civil à l’application de la CEDEF ; 9. La diffusion de la CEDEF au niveau de toutes les structures étatiques de prise de décision et de la société civile ; 10. La formation des parlementaires sur la CEDEF afin qu’ils tiennent compte de l’approche genre lors de l’adoption des lois ; 11. La diversification des moyens de diffusion de la CEDEF (médias, séminaires, conférences, causeries éducatives etc.…) en vue d’atteindre toutes les couches sociales ; 12. La mise à la disposition des acteurs de la justice dans les cours et tribunaux des textes en vigueur et la création d’une banque de données textuelles et jurisprudentielles à travers un site web du Ministère de la Justice, pour une meilleure diffusion et appropriation des textes ; 13. L’élaboration d’un projet de loi instituant l’égalité dans les postes électifs ou du moins la prévision de quotas importants pour les femmes avant les prochaines échéances électorales ; 14. L’élaboration et l’adoption d’une loi sur la parité pour les promotions des femmes et les nominations aux postes de responsabilité à caractère décisionnel ; 15. La fixation à court terme des quotas de 40% de femmes pour les recrutements, les promotions en grade et les nominations aux postes de décision des magistrats et des greffiers. Ces postes de décision sont entendus, selon les critères des Nations Unies, comme ceux de : chef de juridiction, directeur de l’administration centrale, secrétaire général, greffier en chef ou du moins chef de section ; 19 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 16. Le respect de l’échéance de 2011 pour la présentation des 4ème et 5ème rapports périodiques. 43- La coopération du Cameroun avec ces mécanismes conventionnels s’est aussi manifestée par l’examen des communications présentées par des particuliers contre l’Etat auprès des instances internationales de règlement. §2 : LES COMMUNICATIONS CONCERNANT LE CAMEROUN 44- En 2009, deux communications ont été introduites (A) contre le Cameroun tandis que deux autres ont été réglées au cours de l’année de référence (B). A) Les communications introduites 45- Les deux communications introduites contre le Cameroun l’ont été devant la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples (CADHP). Il s’agit de : - la Communication n°369/09, Leke Theodore c/ Cameroun. Son auteur, ancien employé de la CDC se plaint du caractère abusif de son licenciement de cette entreprise et soutient que cette mesure est motivée par la volonté des autorités de le punir en raison de son appartenance au Southern Cameroon National Council (SCNC). La procédure est en cours ; - la Communication n°380/09, Global Conscience Initiative c/ République du Cameroun. L’examen est en cours. B : Les communications réglées 46- A sa 45ème session tenue du 13 au 27 mai 2009 à Banjul, la CADHP a vidé sa saisine dans la Communication 266/2003 Kevin Ngwang Gumne contre l’Etat du Cameroun5 tandis que le 22 juillet 2009, le Comité des droits de l’homme a rendu ses constatations dans la Communication 1397/2005, Pierre Désiré Engo c/ Etat du Cameroun6. 5 Voir African Commission on Human and People’s Rights, 26th Activity report, pp. 100-189. 6 Voir www.ohchr.org 20 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 1) Les constatations et recommandations de la CADHP dans la Communication266/2003 Kevin Ngwan Gumne contre l’Etat du Cameroun 47- Il convient de rappeler brièvement les faits et la procédure avant de présenter les constatations et les recommandations proprement dites. a) Le rappel des faits et de la procédure 48- Quatorze personnes dont le Dr Kevin Ngwang Gumne, membres du Southern Cameroon National Council (SCNC) et du Southern Cameroon People’s Organization (SCAPO) ont introduit devant la CADHP la communication n° 266/2003 dont l’objet principal était la violation du droit à l’autodétermination du peuple du Southern Cameroon et les violations corrélatives de divers droits des personnes ressortissantes de cette partie du pays. 49- Il ressort de cette communication que les auteurs ont estimé qu’en 1961, le droit à l’autodétermination du Southern Cameroon a été bafoué en ce que le référendum organisé alors par les Nations Unies n’offrait que deux choix aux populations, le rattachement soit au Nigéria, soit au Cameroun à l’exclusion de la troisième voie, celle de l’indépendance qui emportait les faveurs de la grande majorité. Dans ces conditions, les populations du Southern Cameroon ont opté pour le rattachement au Cameroun et il s’en est suivi, en septembre 1961 à Foumban, la négociation d’une constitution tendant à la formation d’un Etat fédéral avec la République du Cameroun. Selon eux, malgré le fait que cette constitution fédérale n’avait pas été approuvée par le parlement du Southern Cameroon, l’Etat fédéral a été proclamé le 1er octobre 1961 avec l’aval implicite de l’administration britannique, consacrant ainsi une annexion du Southern Cameroon par la République du Cameroun. 50- De leur point de vue, malgré cette annexion, le peuple du Southern Cameroon demeure un peuple distinct caractérisé par une langue officielle, l’anglais, des traditions particulières aux niveaux éducatif, juridique et culturel. Ils ont soutenu que cette spécificité n’a pas été suffisamment prise en compte dans le cadre, aussi bien de l’Etat fédéral que de l’Etat unitaire et que des pratiques discriminatoires à l’égard des populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ont été développées par le Gouvernement au niveau de la représentativité dans les institutions 21 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 républicaines tant à l’échelon national que local, dans le domaine juridique et judiciaire avec l’adhésion à l’OHADA dont la langue de travail est le français et le transfert des anglophones faisant l’objet de poursuites pénales dans la partie francophone pour y être jugés sans interprète dans la tradition du civil law. 51- Les auteurs de la communication ont soutenu qu’au vu de ces pratiques discriminatoires, les représentants du peuple du Cameroun anglophone ont tenté sans succès d’engager un dialogue avec le Gouvernement qui ne leur a opposé qu’indifférence, apathie, voire hostilité. Cette attitude les a conduits à envisager, suivant le vœu des populations exprimé au cours d’un référendum en 1995, l’indépendance du Southern Cameroon et la séparation avec l’Etat du Cameroun qui, en réponse, a opté pour la répression systématique et la violation des droits de toute personne soutenant cette idée d’autodétermination. 52- Cette communication a été transmise à l’Etat du Cameroun qui, dans les mémoires en défense transmis à la CADHP, a réfuté l’idée de l’existence d’un territoire appelé Southern Cameroon, d’un peuple du Southern Cameroon et d’une politique discriminatoire à l’égard des populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. b) Les constatations et recommandations de la CADHP 53- A l’issue de l’examen de la communication Kevin Ngwang Gumne et autres contre l’Etat du Cameroun, la CADHP a fait des constatations et formulé plusieurs recommandations. b1) Les constatations 54- La CADHP a fait des constats de non violation à côté des constats de violation de divers droits. i) Les constats de non violation 55- La CADHP a constaté que certains articles de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples n’ont pas été violés. Il s’agit des articles : - 12 sur la liberté d’aller et de venir ; - 13 sur le droit de participer à la gestion des affaires publiques ; - 17(1) sur le droit à l’éducation ; - 20 sur le droit à l’autodétermination; - 21 sur le droit à la libre disposition par les peuples de leurs richesses et de leurs ressources naturelles ; 22 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 - 23(1) sur le droit à la paix et à la sécurité ; - 24 sur le droit des peuples à un environnement satisfaisant et global, propice à leur développement. ii) Les constats de violation 56- La CADHP a par contre fait des constats de violation de certains articles de la Charte. Il s’agit des articles : - 1relatif aux obligations positives de l’Etat tendant à la reconnaissance des droits consacrés dans la Charte et en l’adoption des mesures de mise en œuvre ; - 2 sur le droit à l’égalité et à la non discrimination ; - 4 sur le droit à l’intégrité physique ; - 5 sur le droit à la dignité humaine ; - 6 sur le droit à la liberté et à la sécurité ; - 7(1) sur le droit à la présomption d’innocence, le droit à la défense et le droit d’être jugé dans un délai raisonnable par une juridiction impartiale ; - 10 sur la liberté d’association ; - 11 sur la liberté de réunion ; - 19 sur le droit des peuples à l’égalité ; - 26 sur l’indépendance du pouvoir judiciaire. b2) Les recommandations 57- La CADHP a formulé des recommandations à l’attention de l’Etat et des plaignants. 58- Celles concernant l’Etat du Cameroun sont relatives à : - l’abolition des pratiques discriminatoires à l’égard des peuples des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, y compris l’usage égal de l’anglais et du français dans les relations commerciales ; - l’arrêt du transfert des personnes accusées des régions du NordOuest et du Sud-Ouest vers les autres régions ; - la garantie de l’effectivité du droit de toute personne accusée d’être jugée dans la langue qu’elle comprend, notamment par le recours aux services d’un interprète, pour éviter de compromettre les droits des personnes accusées ; - l’implantation équitable des projets nationaux dans tout le pays y compris dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, selon la viabilité économique ainsi que l’équilibre régional ; 23 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 - l’indemnisation des entreprises des régions du Nord-Ouest et du SudOuest qui ont souffert d’un traitement discriminatoire des banques ; - l’engagement dans un dialogue constructif avec les plaignants, en particulier le SCNC et la SCAPO, pour résoudre les questions constitutionnelles ainsi que les griefs susceptibles de menacer l’unité nationale ; - la réforme du Conseil Supérieur de la Magistrature en veillant à ce qu’il soit composé de personnalités autres que le Président de la République, le Ministre de la Justice et d’autres membres de l’Exécutif. 59- Les recommandations adressées aux auteurs de la communication, en particulier le SCNC et le SCAPO, portent sur : - la transformation de leurs organisations en partis politiques ; - l’abandon des velléités sécessionnistes ; - l’engagement d’un dialogue constructif avec le Gouvernement sur les dispositions constitutionnelles et les griefs évoqués. 60- La CADHP a offert ses bons offices de médiation, pour un règlement à l’amiable de cette affaire et l’application effective de ces recommandations. Il a été demandé à l’Etat de faire rapport, dans les 180 jours de l’adoption des recommandations par l’Assemblée de l’Union Africaine, des mesures prises pour la mise en œuvre desdites recommandations. 2) Les constatations du Comité des droits de l’Homme dans la Communication 1397/2005, Pierre Désiré Engo c/ Etat du Cameroun 61- Un bref rappel des faits et de la procédure s’impose également avant une présentation des constatations du Comité. a) Le rappel des faits et de la procédure 62- Le 30 mars 2005, sieur Pierre Désiré Engo, ancien directeur général de la Caisse nationale de la prévoyance sociale, a saisi le Comité des droits de l’Homme d’une communication dont l’objet était relatif à sa détention prolongée sans jugement, avec comme questions de fond la détention arbitraire, le non respect du délai raisonnable du jugement ainsi que celle des mauvaises conditions de détention. 63- Il ressort de la communication que celui-ci a été arrêté le 03 septembre 24 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 1999 et a fait l’objet de cinq procédures relatives à la gestion de la Société Prévoyance immobilière de Gestion des travaux (PIGT) créée par la CNPS et l’entreprise Six International dont sieur Atangana Bengono était le gérant. L’état des procédures était le suivant : - deux décisions de condamnations à 15 et 10 ans d’emprisonnement, l’auteur arguant de ce que ses avocats n’aient pas été convoqués à la Cour suprême lorsque celle-ci statuait dans le sens du rejet de son pourvoi en cassation contre la deuxième décision; - deux dossiers en instance de transmission à la Cour d’appel depuis l’an 2000 pour le premier et depuis l’année 2003 pour le deuxième ; - une procédure à l’information judiciaire dans laquelle une commission rogatoire internationale a été émise le 07 mars 2005. 64- L’auteur a fait valoir que son droit à la liberté et à la sécurité (article 9 du Pacte) a été violé du fait qu’il ait été arrêté sans mandat et détenu arbitrairement sans être informé des charges retenues contre lui. Il a soutenu qu’il n’a pas été traité avec humanité (article 10 du Pacte), que les mauvaises conditions de détention ont occasionné une détérioration de son état de santé et qu’il a été empêché d’avoir accès à ses médecins. Il a affirmé qu’il n’a pas bénéficié du droit à un procès équitable en ce que son droit à la présomption d’innocence a été violée (article 14 al.2 du Pacte), de même que son droit à la défense (article 14 al.3 b et d du Pacte) et son droit d’être jugé sans retard excessif (article 14 al.3 c du Pacte). 65- La communication a été transmise à l’Etat du Cameroun qui a réagi dans ses mémoires en contestant d’abord l’irrecevabilité de celle-ci en raison du non épuisement des recours internes et en soutenant ensuite que l’arrestation et la détention de Sieur Engo n’étaient pas arbitraire en ce qu’elles se situaient dans le cadre d’une information judiciaire régulièrement ouverte contre lui. Par ailleurs, la gravité des faits à lui reprochés, en l’occurrence les faits de détournement de fonds publics ne pouvait ouvrir droit à une mise en liberté de droit. De plus, ses conseils ont bénéficié des facilités, notamment l’octroi des visas, pour intervenir dans la procédure. Enfin, comme détenu de droit commun, il a été traité humainement comme tous les détenus camerounais. Il a bénéficié et continue de bénéficier de l’assistance des médecins de son choix. 25 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 b) Les constatations du Comité 66- Le 22 juillet 2009, le Comité des droits de l’Homme a vidé sa saisine en rendant les constatations dont la teneur du dispositif est le suivant : ‘’ Le Comité des droits de l’Homme, agissant en vertu du paragraphe 4 de l’article 5 du Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, constate que les faits qui lui ont été présentés font apparaître une violation des paragraphes 2 et 3 de l’article 9, du paragraphe 1 de l’article 10, et des paragraphes 2 et 3 (a), (b), (c) et (d) de l’article 14 du Pacte. Conformément au paragraphe 3 (a) de l’article 2 du Pacte, l’Etat partie est tenu de fournir à l’auteur un recours utile, résultant dans sa libération immédiate et l’apport de soins ophtalmologiques appropriés. L’Etat partie est, en outre, tenu de veiller à ce que des violations analogues ne se reproduisent pas à l’avenir. Etant donné qu’en adhérant au Protocole facultatif, l’Etat a reconnu que le Comité avait compétence pour déterminer s’il y avait eu ou non violation du Pacte et que, conformément à l’article 2 de celui-ci, il s’est engagé à garantir à tous les individus relevant de sa juridiction les droits reconnus dans le Pacte et à assurer un recours utile et exécutoire lorsqu’une violation a été établie, le Comité souhaite recevoir de l’Etat partie, dans un délai de 180 jours, des renseignements sur les mesures prises pour donner effet à ses constatations. L’Etat partie est invité, en outre, à rendre publiques les présentes constatations’’. 67- Les modalités de la mise en œuvre des recommandations de la CADHP et du Comité des droits de l’Homme, relatives à ces deux communications sont en cours d’examen. 68-A côté de la coopération traditionnelle avec les organes des traités, le Cameroun a participé au nouveau mécanisme de l’Examen périodique universel institué par le Conseil des droits de l’Homme. 26 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 SECTION 2 : LA PARTICIPATION AU NOUVEAU MECANISME DE L’EXAMEN PERIODIQUE UNIVERSEL 69- Le 15 mars 2006, l’Assemblée générale des Nations Unies a créé le Conseil des droits de l’Homme par la résolution n° 60/251. Remplaçant la Commission des droits de l’Homme, ce conseil a pour mission principale d’aborder les situations de violation des droits de l’Homme et d’émettre des recommandations. En vue d’accomplir sa mission, le Conseil, composé de 47 pays7, a mis sur pied un nouveau mécanisme d’évaluation de la situation des droits de l’Homme dans chaque Etat par les autres Etats. C’est le mécanisme de l’Examen périodique universel institué par la résolution 5/1 dudit Conseil. Le Cameroun s’est soumis, le 05 février 2009 au mécanisme de l’Examen périodique universel. 70- Au terme de son passage devant le Conseil des droits de l’Homme, plusieurs recommandations ont été faites à notre pays par d’autres Etats. Celles-ci, conformément aux principes gouvernant cet exercice, ont été soit acceptées (§1), soit réservées (§2), soit rejetées (§3). §1 : LES RECOMMANDATIONS ACCEPTEES 71- Les recommandations acceptées portent sur : - l’abolition des discriminations et violences faites aux femmes et aux jeunes filles ; - l’amélioration de la protection des enfants ; - l’amélioration du sort des personnes handicapées8, des populations autochtones et vulnérables ; - la conformité de la Commission nationale des droits de l’Homme et des Libertés aux Principes de Paris9 ; - le renforcement de la liberté de la presse ; 7 Le Cameroun est membre du Conseil des droits de l’Homme depuis sa création. Il a vu son mandat au sein de cette instance renouvelé en juin 2009 pour une durée de 03 ans. 8 Le 13 avril 2010, la loi n°2010/002 relative à la protection et la promotion des personnes handicapées a été adoptée. Voir sa substance infra, chapitre sur la promotion et la protection des groupes vulnérables. 9 A cette fin, la loi n°2010/004 a été adoptée le 13 avril 2010. 10 Voir dans ce sens supra, chapitre préliminaire, section1 p.1 Par ailleurs, il a été organisé, du 31 mai au 04 juin 2010, un séminaire sur l’application des conventions de droits de l’Homme par le juge camerounais. 27 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 - l’amélioration des conditions carcérales ; - l’amélioration des procédures judiciaires en matière pénale ; - le renforcement de la formation et de la sensibilisation des personnels chargés de l’application des lois aux normes internationales de protection des droits de l’Homme10. §2 : LES RECOMMANDATIONS RESERVEES 72- Elles concernent : - l’adhésion au Protocole facultatif à la Convention des Nations Unies contre la torture, et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants11; - la ratification du Statut de Rome de la Cour pénale internationale ; - la ratification de la Convention 169 de l’OIT ; - l’invitation permanente adressée aux procédures spéciales ; - l’abolition de la peine de mort ; - l’adoption d’une loi spécifique pour réprimer la transmission volontaire du VIH/SIDA ; - l’adoption d’une loi spécifique de protection des terres des populations pygmées et autres populations autochtones. § 3 : LES RECOMMANDATIONS REJETEES 73- Il s’agit de : - la révision de la composition d’ELECAM pour y inclure d’autres sensibilités politiques ; - la dépénalisation des délits de presse ; - la dépénalisation de l’homosexualité ; - la révision du Code de procédure pénale dans ses articles 29 sur l’exécution des mandats de justice et 30 sur l’arrestation. 74- Le Ministère des Relations Extérieures organise des réunions interministérielles en vue d’assurer le suivi des recommandations acceptées et celles mises à l’étude . 11 Un projet de loi autorisant le Président de la République à ratifier ledit Protocole a été adopté au cours de la session de l’Assemblée nationale de juin 2010. 28 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 75- La présentation de l’actualité des droits civils et politiques au Cameroun en 2009 est articulée, pour ce qui est des droits civils autour des mesures de lutte contre l’impunité des personnels chargés de l’application de la loi à travers les mesures judiciaires s’inscrivant dans ce cadre. L’analyse de la mise en œuvre du droit à un procès équitable s’est imposée, question d’apprécier la conformité de la pratique camerounaise aux standards en la matière avec la mise en relief des avancées enregistrées dans ce domaine. Une attention est accordée au déploiement des acteurs de la communication sociale dans le cadre de la liberté qui leur est consacrée ainsi qu’à l’activité des défenseurs des droits de l’homme. Toujours dans ce registre, la liberté de religion est examinée pour rendre compte de l’état des lieux quelque peu préoccupant. S’agissant des droits politiques, l’accent est mis sur l’encadrement traditionnel des partis politiques et la fixation des prémices de la prise d’effet de la décentralisation dans le cadre de la gestion des affaires publiques. 76- Les développements consacrés à toute cette actualité comprendront les chapitres suivants : - la lutte contre l’impunité des personnels chargés de l’application de la loi (chapitre 1); - le droit à un procès équitable (chapitre 2); - la liberté de communication (chapitre 3); - la liberté de religion (chapitre 4) ; - les défenseurs des droits de l’homme (chapitre 5); - le droit de participer à la gestion des affaires publiques (chapitre 6). 32 Chapitre Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 77- Ce chapitre couvre le droit à la vie, à la sûreté individuelle, à l’intégrité physique corporelle et morale des personnes. Il met en relief les procédures suivies contre les personnels chargés de l’application des lois dans ces domaines notamment, les forces du maintien de l’ordre, les personnels de l’administration pénitentiaire, les autorités administratives et traditionnelles. 78- Avant de présenter les procédures disciplinaires et/ou judiciaires ainsi que les sanctions prises dans le cadre de la lutte contre l’impunité (section 2), il convient d’évoquer le Rapport 2009 de Amnesty International qui traite en grande partie de l’impunité qui serait entretenue et cautionnée par le Gouvernement (section 1). SECTION 1 : LE RAPPORT 2009 DE AMNESTY INTERNATIONAL 79- L’organisation des droits de l’homme Amnesty International a publié en 2009 son rapport annuel. Ce rapport qui passe en revue la situation des droits de l’homme dans le monde contient une partie sur le Cameroun dont il convient de donner la substance (§1). Suite à la publication de ce rapport, le Gouvernement camerounais a apporté des éclaircissements sur les allégations concernant le Cameroun (§ 2). §1 : LA SUBSTANCE DU RAPPORT SUR LA SITUATION DU CAMEROUN 80- Le rapport 2009 de Amnesty International contient, pour ce qui interesse le Cameroun, un catalogue d’allégations de violations des droits humains répertoriées par le réseau local d’interlocuteurs de ladite organisation. Les questions traitées dans ledit rapport concernent : - les homicides illégaux d’opposants politiques ; - les persécutions fondées sur l’orientation sexuelle ; - les conditions de détention déplorables ; - la torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants ; - les exécutions extrajudiciaires ; - la peine de mort. § 2 : LES ECLAIRCISSEMENTS DU GOUVERNEMENT 81- Dans un communiqué du 03 février 2009, le Vice-Premier Ministre, Ministre de la Justice, Garde des Sceaux a publié la réaction du Gouvernement dont la teneur suit : 35 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 « Comme chaque année, l’Organisation non gouvernementale Amnesty International vient de publier son rapport sur l’état des droits de l’Homme pour le compte de l’année 2009 ; Il en ressort, s’agissant du Cameroun, que cette organisation allègue du refus des autorités camerounaises d’autoriser ses experts à rentrer sur son territoire pour mieux justifier de l’utilisation de ses « sources secondaires » et affirmer malgré tout le caractère « fiable » dudit rapport sur les différents points évoqués notamment : - Les homicides illégaux d’opposants politiques, les violations des droits humains des militants politiques ; - Le harcèlement des défenseurs des droits de l’Homme et des journalistes ; - La persécution des personnes présumées homosexuelles ; - Les conditions de détention déplorables ; - La pratique de la torture ; - Les exécutions extrajudiciaires ; - Le maintien de la peine de mort. Selon cette organisation, il s’agirait de « violations des droits humains ordonnées, cautionnées ou perpétrées par les autorités camerounaises au mépris de leurs obligations nationales et Internationales. A la suite de cette publication, le gouvernement de la République du Cameroun tient à porter à la connaissance de l’opinion nationale et internationale les clarifications suivantes : La promotion et la protection des droits de l’Homme constituent l’un des axes majeur de l’action gouvernementale. A cette fin, le gouvernement procède lui-même à une évaluation sans complaisance de son propre dispositif de promotion et de protection des droits de l’Homme, donnant lieu à la publication d’un rapport annuel sur l’état des droits de l’Homme, à l’élaboration duquel participent activement les organisations les plus représentatives de la société civile. Ainsi, les trois rapports de 2005, 2006, 2007 avaient déjà procédé à un examen précis des préoccupations exprimées dans le rapport de Amnesty International et abouti à la proposition de mesures concrètes. De nombreux autres sujets relatifs à la promotion et à la protection des droits de l’Homme y sont également traités. 36 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 Il convient de relever en outre que le rapport de 2006 a été transmis à Amnesty International qui en a accusé réception par lettre du 9 mai 2008. Par ailleurs, la lutte contre l’impunité des personnels chargés de l’application de la loi ou de la protection des personnes et des biens est réelle à travers des procédures qui ont débouché sur des sanctions régulièrement rendues publiques par voie de presse. Enfin, le Gouvernement tient à préciser – s’agissant de la visite des représentants de Amnesty International au Cameroun – qu’un accord leur a été notifié par lettre du 03 août 2007. La visite n’a pas pu avoir lieu le 27 octobre 2007 comme convenue en raison d’une demande de report de Amnesty International formulée le 16 octobre 2007 du fait de l’indisponibilité d’un de ses délégués prétendument endeuillé. Il appartenait dès lors à ladite organisation de formuler une demande avec de nouvelles propositions de dates. Le gouvernement de la République du Cameroun qui ne peut en conséquence que marquer sa surprise face à cette évolution autant inattendue qu’injustifiée, réaffirme néanmoins son entière disponibilité à répondre favorablement à toute sollicitation visant le respect de l’ensemble des droits de l’Homme ainsi que l’amélioration de la gouvernance, valeurs auxquelles notre pays est tout entier attaché». 82- Dans le secteur des forces du maintien de l’ordre comme dans d’autres secteurs visés par le Rapport 2009 de Amnesty International, de nombreuses procédures et sanctions ont été initiées ou prises pour lutter contre l’impunité. SECTION 2 : LES PROCEDURES ET SANCTIONS 83- Des mesures disciplinaires (§1) et judiciaires (§2) ont été prises contre les auteurs des violations des droits de l’homme pendant cette année de référence. §1 : LES MESURES DISCIPLINAIRES 84- Les sanctions disciplinaires et mesures conservatoires ci-après ont été prises en 2009 contre les personnels de la Police (A), de la Gendarmerie nationale (B) ainsi que contre les personnels des professions judiciaires (C). 37 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 A : Au niveau de la police 85- Le tableau ci-dessous donne un aperçu des sanctions prises contre les fonctionnaires de police. 38 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 B : Au niveau de la Gendarmerie nationale 86- Quelques cas de sanctions concernant les personnels de la Gendarmerie nationale sont contenus dans le tableau ci-dessous : 39 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 40 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 Légende G : Gendarme A/C : Adjudant Chef GM : Gendarme Major A/C-M: Adjudant Chef Major MDL : Maréchal des Logis JP : jours de prison Adjt : Adjudant JAR : jours d’arrêt de rigueur C : Au niveau des professions judiciaires 87- Les sanctions suivantes ont été prononcées : 1) Contre les huissiers de justice : - suspension d’un an contre Me Mah Ebenezer Paul, huissier de justice à Yaoundé, par Arrêté n° 200/DPJ/SG/MJ du 04 mai 2009 pour les faits de manquement à l’honneur et à la délicatesse ; - rappel à l’ordre contre Me Youssouf Ibrahim, huissier de justice à Ngaoundéré, par Arrêté n° 613/DPJ/SG/MJ du 14 décembre 2009 pour les faits de signification fictive d’une décision de justice. 2) Contre les notaires : - destitution contre Me Mpuli Nteppe Marthe Louise, notaire à Douala, par Décret présidentiel n° 2009/178 du 15 juin 2009, suite à sa condamnation à 10 ans d’emprisonnement ferme pour abus de confiance aggravée et escroquerie (violation grave des devoirs de son état, notamment manquement à l’honneur et à la probité); - interdiction d’exercice contre Me Bemma née Mandengue Marie Térence, notaire à Kribi, par Arrêté n° 172/DPJ/SG/MJ du 06 mai 41 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 2009, suite à sa détention provisoire pour détournement de deniers publics (actes contraires à la probité). §2 : LES POURSUITES ET/OU SANCTIONS JUDICIAIRES 88- Avant de donner l’état des affaires jugées ou pendantes en 2009 (B), il convient d’indiquer l’évolution de certaines affaires signalées dans le rapport de 2008(A). A : Evolution de certaines affaires signalées dans le Rapport de 2008 Dans le ressort de la Cour d’appel de l’Adamaoua TPI de Tignère : Affaire MP c/ Hamidou (inspecteur de police de 2ème grade) et Allah Ondoum Léger Bruno (gardien de la paix), poursuivis pour abus de fonctions en coaction. Les prévenus ont été déclarés coupables et condamnés à 6 mois de prison avec sursis. Affaire MP c/ Issa Maoundé alias Djaouro Issa (Chef traditionnel de 3ème dégré), poursuivi pour séquestration. Le prévenu a été déclaré coupable et condamné à 1 an de prison avec sursis pendant 3 ans. Il a été fait opposition de la décision et l’affaire est à nouveau pendante. Dans le ressort de la Cour d’appel du Nord Cour d’appel : Affaire MP c/ Ngwan Austin, Officier de police, poursuivi pour coups avec blessures graves. La Cour a annulé la décision du tribunal, a déclaré cette juridiction incompétente et renvoyé le Ministère public à mieux se pourvoir. TPI de Garoua : Affaire MP c/ Enguene Magloire, Ex Commissaire de l’Emi-Immigration de Garoua, poursuivi pour blessures légères, arrestation et séquestration. A l’audience du 13 janvier 2009, le tribunal s’est dessaisi de la procédure pour cause de privilège de juridiction et a renvoyé le Ministère public à mieux se pourvoir. Dans le ressort de la Cour d’Appel du Littoral TPI de Nkongsamba : Affaire MP c/ Mbock Mbock Michel, Gardien de la Paix en service au Commissariat de sécurité publique de Meiganga22. Par jugement du 03 42 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 novembre 2009, le tribunal a requalifié en blessures légères les faits de torture, en a déclaré le prévenu coupable et l’a condamné à 50 000 FCFA d’amende avec sursis pendant 3 ans et aux dépens. B : Etat des dossiers judiciaires en 2009 89- Les affaires ci-après sont répertoriées selon qu’elles relèvent des juridictions militaires ou des juridictions de droit commun. 1) Les affaires relevant des juridictions militaires Tribunal Militaire de Garoua prénoms Pr_noms Grade 01 N° Dossier Au Parquet 40/RP/08 Babila Fon S/C 02 01/RP/09 Djodda Jonas CAL Libre Blessures légères l_g_res 03 58/RP/02 -Sunny Nkangha -Bayang Martin -Gakne Pali Panai -Alhadji Mahamat -Ngos Timothee CNE L A/C DCD G/M DCD Concussion, abus de fonction, menaces sous conditions, coaction d’escroquerie G/M L G/M A/C En fuite L G/M EF N°S 04 81/RP/02 Noms et -Souman Doko -Oloum Miasi Jean D_tention Assassinat Détention 05 79/RP/07 Vroumsia Jean Luc G/M L 06 81/RP/05 -Bouba Haman -Dabile Jerome -Ngavouda Gamsou -Likike Nestor -Mainimou Olivier -Ndema Ndema -Ndjidere Ambe MTR E L 07 71/RP/06 Dobom Robert Infractions Vis_es visées Position Corruption, abus de fonction Violation de domicile, blessures légères l_g_res, arrestation arbitraire Arrestation séquestration s_questration, CAL L QM2 L 2eCL MLT L L 2e CL L EV2 L G/M L torture Coups mortels 43 et Saisines du Tribunal Observations OI N°116 du 26/02/08 OR N°330 du 19/08/08 CD N°356 du 09/12/08 OI N°152 du 05/03/02 OR N°12 du 20/01/06 Instruction au fond en cours OI N°235 du 22/05/02 OR N°033 DU 15/03/06 OI N°227 DU 16/05/07 OR N°58 DU 23/01/08 OI N°227 DU 18/05/05 OR N°211 DU 30/06/08 Instruction au fond en cours OI N°139 Instruction au Instruction au fond en cours Instruction au fond en cours Instruction au fond en cours Instruction au fond en cours Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 N°S N° Dossier Au Parquet Noms et Pr_noms Prénoms 08 102/RP/08 Nfor Finya 09 201/RP/04 Grade Position SGT L -Njoyep Moungang Cyril -Tonye Joel Emmanuel GEND L MDL/C DCD Geneis Infractions visées Vis_es Blessures et homicide involontaires Vol, abus de pouvoir, escroquerie, blessures simples et légères l_g_res 10 172/RP/08 Juanyang John AC/M L Abus de fonction et favoritisme 11 41/RP/09 Yuandin Eric CAL L Blessures légères l_g_res 12 110/RP/08 Nchare Appolinaire MDL/C L Abus de fonction 13 14/RP/07 Julius Nfor SGT L Meurtre 14 103/RP/08 Keanyang Ngoffo Jean 2e CL L 15 01/RP/08 -Metomo Bruno -Ntiege John Ejah -Sigala Vincent Nguti -Sali Wouwe AT L Port dangereux d’une arme, blessures légères l_g_res Corruption et complicit_ de complicité corruption 16 33/RP/06 17 20/RP/07 18 150/RP/04 -Mbozo’o Roger -Itchimou Mimban -Fouda Andre Bertrand -Atangana Charles -Hamadou Saliou -Biwoli Biwoliagee Aminou Illiassou Tantan Francis MDL Saisines du Tribunal Observations 21/02/06 OR N°285 DU 19/08/08 CD N°212 DU 21/07/08 fond en cours OI N°528 du 25/10/04 OR N°253 du 12/09/08 CD N°341 du 13/08/08 CD N°86 du 26/03/09 OI N°340 du 30/06/08 OR N°184 du 17/08/09 OI N°12 du 05/01/07 OR N°225 du 31/07/07 CD N°224 du 24/07/08 Instruction au fond en cours CD N°301 du 10/12/07 Instruction au fond en cours Instruction au fond en cours Instruction au fond en cours Instruction au fond en cours Instruction au fond en cours Instruction au fond en cours GEND GEND S/C L Arrestation sequestration et OI N°050 du 11/01/06 OR N°209 du 29/08/08 Instruction au fond en cours GEND L Arrestation, abus de fonction, escroquerie, concussion et destruction OI N°075 du 11/01/07 OR N° 289 du 29/08/08 Instruction au fond en cours LT-COL L Abus de fonction OI N°401 du 05/10/04 OR N°091 du Instruction au fond en cours C/C 2e CL 2e CL CAL GEND 44 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 N°S N° Dossier Au Parquet 19 Noms et Prénoms Pr_noms Grade Position Infractions Visées Vis_es 40/RP/09 Bilong Ferdinand CAL L Violence autrui 20 158/RP/08 Njingoumbe Mazou 2e CL Libre Complicit_ complicité 21 182/RP/06 -Mandengue Emmanuel -Abomo Mbita Georges S/C EF MDL/C EF contre et tentative de vol a ggrav_, de aggravé tentative de meurtre et de blessures légères l_g_res Torture 22 135/RP/09 Aminou Iliassou GEND L Abus de fonction 23 17/RP/09 Issa Jacob MDL/C L blessures légères l_g_res 24 35/RP/09 Pamboundem Jepthe C.E L 25 26 27 48/RP/09 71/RP/09 100/RP/09 Djibrilla A/C Haman Chetima Boukar A/C-M -Tija GEND L 94/RP/09 Ngassam Antoine Marie MDL/C L 29 128/RP/09 Domwa Celestin AT L Avele Salomon MDL/C 139/RP/09 vol recel Abus de fonction, arrestation et s_questration séquestration arbitraire, abus de confiance et tentative d’escroquerie Abus de fonction, arrestation et séquestration s_questration arbitraire, négligence n_gligence systématique syst_matique Meurtre L 28 30 Corruption, complicit_ complicité aggravé aggrav_, aggravé aggrav_ L Saisines du Tribunal du 19/03/09 CD N°74 du 16/03/09 OI N° 535 du 29/10/08 OR N°222 du 31/08/09 OI N° 537 du 31/08/06 OR N°261 du 16/10/09 CD N°243 du 21/10/09 CD N°08 du 22/01/09 CD N°295 du 06/11/07 OI N°049 du 28/01/08 OR N°257 du 06/08/08 Instruction au fond en cours Instruction au fond en cours Instruction au fond en cours Instruction au fond en cours Instruction pr_liminaire préliminaire Instruction pr_liminaire préliminaire pr_liminaire préliminaire OI N°90 du 20/02/09 Coups mortels OI N°554 du 14/10/09 OI N°504 du 11/09/09 en cours OI N° 370 du 23/06/09 Abus de fonction, r_tention sans droit rétention de la chose d’autrui, tentative de concussion Abus de fonction et concussion en cours pr_liminaire préliminaire : Sergent Chef : Caporal : Capitaine : Maître : Quartier maître de 2ème classe : Soldat de 2ème classe : Enseigne de vaisseau de 2ème classe : Maréchal de Logis Chef : Lieutenant Colonel : Militaire 45 Instruction au fond en cours OI N°181 du 16/03/09 Légende S/C CAL CNE MTR E QM2 2è Cl EV2 MDL/C LT/COL MLT Observations Instruction en cours Instruction en cours Instruction pr_liminaire en préliminaire cours Instruction pr_liminaire préliminaire en cours Instruction pr_liminaire en préliminaire cours Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 Tribunal militaire de Yaoundé D_cisions Décisions N° Noms et Prénoms pr_noms Infractions 01 Ahidjo Emmanuel (Soldat de 2ème classe) Bankoui Emile (Chef d’Escadron) JGT n° 001/09 du 08/01/09, peine de mort JGT n°035/09 du Meurtre 0 5 / 0 5 / 0 9 , 18 mois d’emprisonnement ferme Abus de fonction et JGT n° 075 /09du l’arrestation et séquestration 0 7 / 1 0 / 0 9 , 10 ans d’emprisonnement ferme arbitraires chacun Arrestation et séquestration JGT n° 083/09 du 0 4 / 1 1 / 0 9 , 11 ans arbitraires d’emprisonnement ferme Complicité d’arrestation et JGT n° 086/09 du 1 7 / 1 1 / 0 9 , 50,000F séquestration arbitraires d’amende et 4ans d’emprisonnement Voies de faits envers un JGT n° 089 du 01/12/09, 25,000F d’amende sup_rieur et autres Arrestation et séquestration JGT n° 001du 08/01/09 1an d’emprisonnement arbitraires ferme La tolérance d’un attentat aux JGT n° 036 du 05/03/09 1an d’emprisonnement droits individuels avec sursis pendant 03 ans et 200,000F d’amende Violation de consigne et les JGT n° 052 du08/04/09 03 ans d’emprisonnement blessures simples ferme et 100,000F d’amende 02 03 Olinga Ondoua et 01 Autre (Gendarme et Civil) 04 Baba Hamadou (Gendarme) 05 Mbongale Sone William et 01 Autre (Capitaine et Civil) 06 Ateba Bertin (Adjudant) Tambe Nso Johnson (Adjudant Chef) 07 08 Ekwa Gaston (Adjudant) 09 Amougou Jean-Félix (Adjudant) 10 Ondoua Biyo Justin (Lieutenant) 11 Zoa Ekani et 01 Autre (M.D.L./C) 12 Mefane Me Mba (Capitaine) 13 Assassinat Troubles dans le service, les violences sur subordonnés et les blessures simples Abus de fonction et blessures légères Abus de fonction et la violation de consigne (harcèlement de l’ép o u s e d’un subordonné) Abanda Abanda Jean et 01 Blessures légères Autre (Adjudant Chef et Gendarme) 14 Akomezoa Afana (Commissaire de Police) Menaces simples, blessures légères 15 Engola Biniga (Capitaine) Violation de consigne et la corruption 46 JGT n° 164 (bis) 09 du 1 0 / 0 9 / 0 9 , 120,000F d’amende JGT n° 169/09 du 1 0 / 0 9 / 0 9 , 1 an d’emprisonnement ferme chacun JGT n° 194/09 du 22/10/09, 2ans d’emprisonnement ferme JGT n° 224/09 du 0 2 / 1 2 / 0 9 , 2ans d’emprisonnement ferme chacun JGT n°246/09 du 17/12/09, 1an d’emprisonnement ferme JGT n° 252/09 du 12 2 3 / 1 2 / 0 9 , 5ans Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 AFFAIRES PORTANT ATTEINTES AUX DROITS DE L’HOMME COMMISES PAR LES MILITAIRES EN INSTANCE DE JUGEMENT AU TRIBUNAL MILITAIRE DE YAOUNDE e t Qualité Position N° N° Parquet Noms Prenoms 01 074/RP/09 Ndidda Blama 02 296/RP/09 Fale Mbella C. 03 092/RP/09 Wara Pierre 04 271/RP/09 Sumbu Biyo’o Ala’o CAL Libre J e a n MDL C Libre LT/COL et S a i s i n e Tribunal d u Obs. Meurtre. Arts. 74 et OIN° 130 du 10/03/09 275 du code pénal ORN° 066 du 10/05/10 Violation d e OMJD n° 252 du consigne (tentative 05/11/09 d’utilisation irrégulière d’une arme de dotation) et violences contre autrui. Arts. 74, 94,132 (1),238 du code pénal et 230 CJM/AT Abus de fonction. CD n° 57 du Arts. 74 et 140 (1) 10/03/09 du code pénal Abus de fonction. OIN° 502 du Arts 74 et 318 du 11/09/09 ORN° 067/C12 code pénal du 10/05/10 Libre CAL Infractions Textes visés Libre 2) Les poursuites devant les juridictions de droit commun Dans le ressort de la Cour d’appel de l’Adamaoua TPI de Banyo Affaire MP c/ Nsangou Amos, Officier de police de 2ème grade, poursuivi pour menaces sous conditions et autres : cette affaire est pendante. Affaire MP c/ Ndoum Assan Daniel, Gardien de la paix, poursuivi pour blessures légères en coaction : cette affaire est pendante. Affaire Mp c/ Djouvoup Sylvestre, Inspecteur de police, poursuivi pour blessures légères : cette affaire est instance. TPI de Meiganga Affaire MP c/ Alim Daniel, fonctionnaire de police, poursuivi pour abus de fonction et blessures simples : cette affaire est pendante. 47 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 Dans le ressort de la Cour d’appel du Centre Cour d’appel Affaire MP c/ Ouaboube Zengoba Théophile, Gardien de la paix, poursuivi de port dangereux d’une arme et blessures simples. Le prévenu a été déclaré coupable et condamné à 05 ans d’emprisonnement ferme ; la DGSN a été déclarée civilement responsable de 18 500 000 FCFA. TGI de Yaoundé Affaire MP c/Ngomsia Ernest et Nkolo Serge, Inspecteurs de police, poursuivis pour homicide involontaire. Ngomsia Ernest a été condamné à 03 ans d’emprisonnement ferme. TPI de Bafia Affaire MP c/ Massembele Maurice, gendarme, poursuivi pour violences et voies de fait, séquestration, et déclarations mensongères : cette affaire est pendante12. Affaire MP c/ Ngolong Mathias, gendarme, poursuivi pour abus de fonction : l’action publique a été déclarée irrecevable. Affaire MP c/ Ngando Daniel, gendarme, poursuivi pour abus de fonction : à l’audience du 03 février 2009, l’accusé a été déclaré coupable et condamné à une amende de 50 000 FCFA. TPI d’Eséka Affaire MP c/ Nke Lebogo Nicolas et Eduh Enonguene Peter, fonctionnaire de police et gendarme, poursuivis pour séquestration aggravée : cette affaire est pendante. TPI de Ngoumou Affaire MP c/ Enyegue Atanga Jean Claude, chef traditionnel, poursuivi pour arrestation et séquestration : le jugement du 28/08/2009 l’a condamné à 20 ans d’emprisonnement. TPI de Yaoundé-Centre administratif Affaire Ongwa Yene, gardien de la paix principal, poursuivi pour abus de fonction : il a été condamné à 6 mois d’emprisonnement. Affaire MP c/ Afane Samuel Jean Noel, inspecteur de police, poursuivi pour abus de fonction : cette affaire est pendante13. 12 Renvoi au 27/07/2010 48 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 Affaire MP c/ Aboudou Ongbwa Félicien, gendarme, poursuivi pour abus de fonction : cette affaire est pendante14. Affaire MP c/ Eto Kong Jean Pierre, inspecteur de police, poursuivi pour abus de fonction : cette affaire est pendante15. Affaire MP c/ Edo’o Ghislain, fonctionnaire de police, poursuivi pour torture et abus de fonction : cette affaire est pendante16. Affaire MP c/ Funde Ndale, fonctionnaire de police, poursuivi pour abus de fonction : cette affaire est pendante17. Affaire MP c/ Medjo Eballe Simplice, policier, poursuivi pour abus de fonction : cette affaire est pendante18. TPI de Yaoundé – Ekounou Affaire MP c/ Yaya Mahonde , commissaire de police, poursuivi pour abus de fonction : lors de l’audience du 17/12/2008, le tribunal s’est déclaré incompétent. Affaire MP c/ Abessolo Roger, fonctionnaire de police, poursuivi pour abus de fonction et autres : le prévenu a été relaxé pour absence de preuve. Dans le ressort de la Cour d’appel de l’Extrême-Nord TPI de Yagoua : Affaire MP c/ Voutsou Taria, Officier de Gendarmerie et Chef de Canton de Bougoudoum, poursuivi pour recel : par jugement du 22 mars 2010, le prévenu a été déclaré coupable et condamné à 02 ans d’emprisonnement avec sursis pendant 3 ans. TPI de Mokolo : Affaire MP et Yokadaî Hiama c/ Hamadou Mahaî, Gardien-Chef des Prisons, poursuivi pour arrestation et séquestration, violation de domicile. Cette affaire est à l’information judiciaire. Dans le ressort de la Cour d’appel du Littoral TPI Douala-Bonanjo : Affaire MP c/ Mani Marthe, Conservateur foncier, poursuivie pour refus d’un service dû. L’action publique a été déclarée irrecevable pour défaut de consignation. Affaire MP et Djuge Julienne, agent communal en service à la Communauté 13 Renvoi au 12/08/2010 14 Renvoi au 26/08/2010 15 Renvoi au 11/08/2010 16 Renvoi au 28/09/2010 17 Renvoi au 20/07/2010 18 Renvoi au 31/08/2010 49 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 urbaine de Douala, poursuivi pour abus de fonction. Cette affaire est pendante19. Affaire MP c/ Paul Kane Ebanga, Expert judiciaire, poursuivi pour abus de fonction. L’action publique a été déclarée irrecevable pour défaut d’identification du prévenu. Affaire MP c/ Mme Edjangue Ekambi, Déléguée régionale du Travail, poursuivie pour refus d’un service dû. Cette affaire est pendante20. TPI de Douala-Ndokotti : Affaire MP c/ Ngombe Francis, Officier de police en service au Commissariat du 13ème arrondissement à Douala, poursuivi pour abus de fonction. A l’audience du 22 juin 2009, l’action publique a été déclarée irrecevable faute de consignation. Affaire MP et Abdou Abouba C/ FoussomTouko Oscar, Gardien de la Paix, poursuivi pour abus de fonction. Par jugement du 11 novembre 2009, le prévenu a été déclaré coupable et condamné à 6 mois d’emprisonnement avec sursis pendant 3 ans. TPI de Nkongsamba : Affaire MP c/ Essama Abraham, Chef du village Bakakte, poursuivi pour usurpation d’un titre et usurpation de fonction en coaction. Cette affaire est pendante21. Affaire MP c/ Touko et Mballa Jean Philippe, gendarmes en service au Peloton motorisé de Nkongsamba, poursuivis pour blessures simples, destructions, trouble de jouissance et rétention sans droit de la chose d’autrui. Cette affaire est pendante22. TPI et TGI de Yabassi : Affaire MP c/ Bakai Joseph, chef traditionnel, poursuivi pour arrestation et séquestration. Le tribunal a déclaré le prévenu non coupable et l’a relaxé pour infraction non constituée. Affaire MP c/ Bakai Joseph, chef traditionnel, poursuivi pour abus de confiance et usurpation de fonction. A l’audience du 7 juillet 2009, le prévenu a été déclaré non coupable et relaxé pour défaut de preuve. 19 Renvoi au 03/04/2010 20 Renvoi au 03/09/2010 21 Renvoi au 02/05/2010 22 Renvoi au 28/05/2010 50 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 Affaire MP c/ Mbende Valentin, chef traditionnel, poursuivi pour troubles de jouissance et destruction. Par jugement du 22 décembre 2009, il a été déclaré non coupable et relaxé faute de preuve. Affaire MP c/ Evoudou Xavier Emmanuel, gendarme, poursuivi pour tentative de viol, vol et menaces simples. Par jugement du 17 février 2009, il a été déclaré non coupable et relaxé pour défaut de preuve. Dans le ressort de la Cour d’appel du Sud TPI de Sangmelima Affaire MP c/ Dodje Christophe, Gendarme, poursuivi pour abus de fonction, activités dangereuses et blessures légères. Cette affaire est pendante23; TPI de Kribi Affaire MP c/ Ngoua Emmanuel Gabriel (1er Maître principal), Mbiwouo Jean Baptiste, Um Mbey Messi Belinga Jacques Emmanuel (Quartier Maître), Evelle Ibrahim (Quartier Maître), Menye Owona Marthe Francine (Matelot), Owona Ambara Philippe (Officier de police de 2ème grade), Mvogo Ndzana Sebastien Alinda ( Officier de police de 2ème grade), Zoua ( Inspecteur de police), poursuivis pour destruction et dégradation de biens publics et blessures légères en coaction.Cette affaire est pendante24; TPI d’Ebolowa Affaire MP c/ Engolo Mfou’ou Joseph Didier (chef du village Adjap), Owono Mfou’ou Jean Louis et Nna Ekale Daniel poursuivis pour arrestation et séquestration. Le tribunal a déclaré Nna Bekala non coupable. Les deux autres prévenus ont été reconnus coupables et condamnés à 6 mois de prison avec sursis pendant 3 ans. TPI d’Ambam Affaire MP c/ Nadar Adamou Charlie, Gardien de la paix, poursuivi pour arrestation et séquestration, abus de fonction. Le prévenu a été condamné à 12 mois d’emprisonnement avec sursis pendant 03 ans. 90- En définitive, la lutte contre l’impunité se poursuit par les actionsdéclinées cidessus. Elle est appelée à s’intensifier avec l’implication de tous. Cela passe par une bonne maîtrise de la règle de droit dont la vulgarisation est de nature à garantir le droit à un procès équitable. 23 Renvoi au 20/07/2010 24 Renvoi au 10/08/2010 51 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 52 Chapitre Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 91- Le droit de se faire rendre justice est un droit fondamental de l’homme garanti par la Constitution. L’expression « procès équitable » résume, en deux mots, les différentes garanties propres à assurer une bonne administration de la justice. Ces garanties concernent aussi bien la juridiction et l’instance que les droits spécifiques reconnus à la personne faisant l’objet d’un procès. 92- L’article 8 de la loi du 29 décembre 2006 portant organisation judiciaire de l’Etat dispose que la justice est gratuite, sous réserve des dispositions fiscales et de celles concernant la multiplication des dossiers d’appel et de pourvoi. La stricte application de ces normes devrait induire un égal accès de tous les citoyens à la justice. Mais la réalité est toute autre parce que l’accès à la justice occasionne des charges qui ne concernent pas le fonctionnement des institutions judiciaires et qui doivent être supportées par le justiciable. C’est le cas des honoraires d’avocat et des émoluments d’auxiliaires de justice. Il arrive que le coût de ces charges entrave le droit des personnes pauvres à se faire rendre justice. 93- En 2009, le cadre de protection du droit à un procès équitable s’est amélioré avec la promulgation de la loi n°2009/004 du 14 avril 2009 portant organisation de l’assistance judiciaire. Cette loi se situe dans l’optique de la poursuite des efforts en vue de la consolidation de l’Etat de droit en général et plus particulièrement pour rendre effectif le principe de l’égalité de tous devant la loi. 94- L’adoption de cette loi marque donc un pas important dans le sens d’une meilleure protection du droit d’accès à une juridiction qui est la dimension première du droit à un procès équitable. Les mesures garantissant un procès équitable relatives à la juridiction judiciaire et à l’instance, contenues dans la loi du 14 avril 2009 et préconisées par la jurisprudence et une frange de la société civile seront analysées (section 1). L’évaluation de qualité des garanties reconnues à la personne poursuivie dans une instance pénale faite à l’occasion de la réunion annuelle des chefs de cours d’appel sera aussi examinée (Section 2). 54 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 SECTION 1 : LES GARANTIES RELATIVES A LA JURIDICTION ET A L’INSTANCE 95- En 2009, les préoccupations concernant les garanties relatives à la juridiction ont concerné aussi bien le droit d’accès (§1) que la qualité de la juridiction, plus particulièrement son impartialité (§2). §1 : LE DROIT D’ACCES A LA JUSTICE 96 -La loi n°2009/004 du 14 avril 2009 portant organisation de l’assistance judiciaire s’inscrit dans le cadre de la facilitation des conditions matérielles d’accès à la justice (A). Le droit d’accès à la justice comprend également le droit d’exercer des voies de recours contre les décisions du juge. Certains contours de cet aspect du droit d’accès à la justice ont été évalués et précisés (B). A : La facilitation des conditions matérielles d’accès à la justice 97- La loi n°2009/004 du 14 avril 2009 portant organisation de l’assistance judiciaire est venue abroger le décret n° 76/521 du 09 novembre 1976 dont la non conformité à la Constitution et l’inadaptation au nouveau contexte ont été relevées. Tout justiciable économiquement faible peut désormais solliciter et obtenir l’assistance judiciaire dès l’introduction de l’instance jusqu’à l’exécution de la décision de justice et cette assistance s’étend aux personnes morales. Une analyse de ce texte portera essentiellement sur les conditions d’obtention de l’assistance judiciaire, sur la procédure à suivre et sur les effets de l’assistance judiciaire. 1) Les conditions d’obtention de l’assistance judiciaire 98- Lorsque l’assistance judiciaire n’est pas légalement prévue de plein droit, elle peut être accordée sur demande à certaines catégories de personnes physiques, en raison de l’insuffisance de leurs ressources matérielles et financières pour faire valoir leurs droits en justice ou poursuivre l’exécution de tous actes et procédures d’exécution même obtenues antérieurement à la demande. Les catégories de personnes prévues par la loi sont : - les indigents ; - les hommes de rang de toutes armées pendant la durée de leur service ; - les personnes assujetties à l’impôt libératoire ; - le conjoint en charge d’enfants mineurs, en instance de divorce qui ne 55 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 dispose d’aucun revenu propre. Les personnes non visées expressément par la loi peuvent demander l’assistance judiciaire lorsque les frais à exposer ne peuvent être supportés par leurs ressources initialement réputés suffisantes. 99- Par ailleurs, l’assistance judiciaire peut être accordée, à titre exceptionnel, aux personnes morales dont l’insuffisance des ressources ne permet pas de faire valoir leurs droits en justice. 100- Lorsque ces conditions relatives au demandeur sont réunies, la procédure peut être enclenchée. 2) La procédure d’octroi de l’assistance judiciaire 101- Les demandes d’assistance judiciaire commissions. sont instruites par des a) Les commissions d’assistance judiciaire 102- Les commissions d’assistance judiciaire sont instituées auprès de tribunaux de première instance, des tribunaux de grande instance, des tribunaux militaires, des cours d’appel et de la Cour suprême. 103- Chaque commission est présidée par le président de la juridiction concernée avec faculté de subdélégation et a pour membres le représentant du Ministère public près ladite juridiction et les représentants des administrations et autres structures susceptibles de déterminer la condition d’indigence ou d’insuffisance des ressources du demandeur. 104- Le secrétariat de la commission est assuré par le greffier en chef de la juridiction ou son représentant. Les représentants des structures autres que la justice sont désignés par leurs administrations pour un mandat de deux(2) ans renouvelables. b) L’instruction des dossiers de demande d’assistance judiciaire 105- Les demandes d’assistance judiciaire qui peuvent être écrites ou orales sont adressées au secrétaire de la commission accompagnées des pièces justificatives exigées par la loi pour permettre l’appréciation de l’insuffisance des ressources alléguée par le demandeur. 106- La partie adverse peut être entendue sur le caractère suffisant ou non des ressources du requérant. 56 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 107- Les décisions de la commission d’assistance judiciaire mentionnent que celle-ci a été accordée ou refusée. Elles ne sont susceptibles d’aucun recours de la part des parties. 108- Lorsque l’assistance judiciaire est accordée, elle produit des effets juridiques. 3) Les effets de l’assistance judiciaire 109- L’assistance judiciaire produit les effets sur l’instance et sur les frais. a) Les effets de l’assistance judiciaire sur l’instance 110- L’assistance judiciaire s’applique sur le territoire national, aux procédures et actes d’exécution des décisions de justice obtenues avec son bénéfice et à ceux postérieurs à la décision vidant l’instance pour laquelle elle a été accordée. Elle est valable devant toutes les juridictions appelées à connaitre de l’affaire jusqu’à son règlement définitif. 111- Toutefois, la commission peut limiter l’application de l’assistance judiciaire à certains actes ou procédures. Les personnes habilitées délivrent sans frais au bénéficiaire de l’assistance judiciaire, les actes et expéditions nécessaires à la procédure ou aux mesures d’exécution. Des avocats et officiers publics ou ministériels sont désignés d’office pour lui prêter leur concours. b) Les effets de l’assistance judiciaire sur les frais de justice 112- A l’exception de la taxe prévue en cas de pourvoi, le bénéficiaire de l’assistance judiciaire est dispensé du paiement total ou partiel de toutes les sommes dues au Trésor public notamment, du droit de timbre, d’enregistrement et de greffe ainsi que de toute consignation. Les honoraires, les émoluments et autres droits dus aux avocats et officiers publics ou ministériels désignés d’office pour lui prêter leur concours sont à la charge du Trésor public. 113- Il y’a lieu de relever que si le bénéficiaire de l’assistance judiciaire retrouve des ressources suffisantes en cours de procès ou suite à l’exécution de la décision, les sommes exposées par l’Etat au titre de l’assistance judiciaire sont remboursées au besoin prélevées sur les sommes effectivement encaissées lors de l’exécution de la décision. 57 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 B : La précision de certains contours du droit à l’exercice des voies de recours et l’évaluation de sa mise en œuvre. 114- En 2009, les chefs de cours d’appel ont évalué la mise en œuvre du droit à l’exercice des voies de recours tandis que la Cour suprême a eu l’occasion de préciser les conditions juridiques de l’accès à cette instance. 1) L’évaluation du droit à l’exercice des voies de recours par les chefs de cours d’appel 115- A l’ occasion de leur traditionnelle réunion annuelle, les chefs de cours d’appel ont constaté que l’exercice des voies de recours que sont l’opposition, l’appel et le pourvoi en cassation recèle des points d’ombre en matière pénale. 116- Ainsi : - certains juges pensent que la remise en liberté du prévenu opposant contre qui un mandat d’arrêt a été exécuté est automatique dès que l’opposition est formée, contrairement à l’esprit de l’article 429 alinéa 2 du CPP ; - le mécanisme de déblocage par le Trésor public des frais de multiplication du dossier en cas d’appel du Ministère public n’est toujours pas défini ; - il y’a contrariété entre les dispositions de la loi portant organisation judiciaire et celles du Code de procédure pénale relatives à l’autorité habilitée à procéder à la multiplication du dossier de procédure en cas de pourvoi en cassation ; - les appelants des ordonnances du juge d’instruction éprouvent des difficultés pour effectuer les formalités d’appel au greffe de la cour d’appel. 2) La précision par la Cour suprême de certaines conditions juridiques d’accès à cette instance 117- Les précisions ont été faites aussi bien sur les arrêts susceptibles de pourvoi en cassation que sur les demandes de mise en liberté devant la cour suprême. a) Les arrêts susceptibles de pourvoi en cassation 118- Les articles 472 à 475 du CPP énoncent les types d’arrêts pouvant donner lieu à un pourvoi en cassation et fixent les conditions d’exercice de cette voie de recours lorsqu’il s’agit d’un arrêt avant-dire-droit. 58 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 119- L’article 473 pose comme principe l’irrecevabilité du pourvoi intenté contre un arrêt avant-dire-droit. Mais exceptionnellement, le paragraphe deuxième l’autorise au cas où cette décision ordonne des mesures illégales ou de nature à entraver le cours normal de la justice et les dispositions suivantes du Code en fixent les règles. 120- Sur le fondement de cet article 473, Gilles Roger Belinga et autres ainsi que le Ministère public se sont pourvus en cassation le 25 septembre 2008 devant la Cour suprême, pour requérir l’annulation de l’arrêt avant-dire- droit n° 97/ADD/CRIM du 24 septembre 2008 rendu par la Cour d’appel du Centre dans l’affaire opposant les premiers à la Société immobilière du Cameroun ( SIC). 121- Il ressort du dispositif de cet arrêt avant-dire-droit que la cour d’appel a rejeté les exceptions soulevées par les conseils des accusés, tirées de la nullité des poursuites, de la constitution de partie civile de la SIC, des nullités de la procédure, des rapports d’expertise et de la violation de l’article 24 de la loi n°2006/ 015 du 29 décembre 2006 portant organisation judiciaire comme non fondées ; qu’elle a rejeté l’exception d’irrecevabilité de l’appel de l’accusé Amougou Jules Martin soulevée par la SIC et le Ministère public comme non fondée. 122- Statuant dans cette cause- par arrêt n°41/P du 17 décembre 2009, la Cour suprême a déclaré tous ces pourvois irrecevables au motif que l’arrêt avant-dire-droit attaqué, loin d’ordonner une quelconque mesure, s’est borné, pour l’essentiel, à rejeter diverses exceptions excipées, avant de renvoyer la cause pour débats au fond ; d’où il s’en est suivi que les conditions posées par le paragraphe 2 du texte évoqué n’étaient pas remplies. 123- Dans l’arrêt n°55/P du 12 juin 2008, affaire Mouiche Moïse contre MP et De Roquette Buisson H.G.E et autres, la haute juridiction s’était déjà prononcée sur l’application des articles 476 et 256 al 3 du CPP ainsi qu’il suit : « Attendu qu’il résulte de la lecture combinée des textes de loi susvisés que les arrêts rendus par défaut par les cours d’appel statuant en matière pénale, autres que ceux portant relaxe du prévenu défaillant ou débouté d’opposition, ne sont susceptibles de pourvoi qu’après expiration des délais d’opposition ou en cas d’opposition, autant qu’il n’a pas été statué sur cette opposition, le prévenu relaxé défaillant n’ayant aucun intérêt à former opposition en vertu du principe : pas d’intérêt, pas d’action. » 59 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 b) La demande de mise en liberté devant la Cour suprême 124- Les articles 516 et 517 du CPP fixent les conditions dans lesquelles la haute juridiction peut statuer sur la demande de mise en liberté d’un condamné. 125- Par déclaration du 30 juin 2006, le conseil de Dieudonné Angoula s’est pourvu en cassation contre l’arrêt n°78 rendu le 27 juin 2006 par la Cour d’appel du Centre qui a déclaré son client coupable de complicité de détournement de deniers publics et d’intérêt dans un acte et l’a condamné à 15 ans d’emprisonnement ferme. En attendant l’instruction au fond du pourvoi, il a sollicité la mise en liberté du condamné sur la base des articles 516 et 517 précités. 126- Dans cette espèce, la Cour suprême, par arrêt n°03/P du 23 avril 2009, a déclaré la demande de mise en liberté de l’accusé ANGOULA Dieudonné irrecevable aux motifs ci-après : « Attendu qu’il résulte de la lecture combinée des textes de loi susvisés (art 476 et 516.1 du CPP) que la demande de mise en liberté d’un condamné n’est recevable devant la Cour suprême que s’il s’appuie sur un pourvoi recevable, notamment comme basé sur un arrêt rendu contradictoirement à l’égard de toutes les parties ; Attendu que pour être qualifié de contradictoire ,l’arrêt doit constater la comparution du prévenu, ou bien, si celui-ci régulièrement cité ne comparait pas, constater que le prévenu a demandé ou accepté que le débat ait lieu en son absence et que la Cour n’ a pas estimé sa comparution personnelle nécessaire, ou enfin, si le prévenu a été cité à personne, qu’il n’a pas comparu sans justifier d’un motif légitime de sa non comparution ; Attendu qu’en l’absence de l’une des constatations sus-indiquées il y’a lieu de conclure que l’arrêt a été rendu par défaut ; Attendu que la demande de mise en liberté de l’accusé ANGOULA Dieudonné est liée à un pourvoi qui sera nécessairement déclaré irrecevable comme dirigé contre un arrêt rendu par défaut à l’égard d’un accusé ; D’où il suit que le recours est irrecevable. » 127- Au-delà de l’aspect financier et de la maîtrise des conditions juridiques d’accès à une instance, le droit de se faire rendre justice suppose aussi que le justiciable ait confiance en ceux qui sont chargés de rendre la 60 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 justice. D’où, la lutte inlassable contre la corruption en milieu judiciaire qui vise à garantir l’impartialité des juridictions. §2 : LA GARANTIE DE L’IMPARTIALITE 128- Une instance qui est appelée à être équitable doit respecter un certain nombre de principes, parmi lesquels l’exigence d’impartialité consacrée entre autres aux articles 7 (d) de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et 14 alinéa 1 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, textes ratifiés par l’Etat du Cameroun. L’appréciation de la dimension aussi bien subjective (A) qu’objective (B) de cette exigence a été considérée par les acteurs de la justice au Cameroun. A : La considération de la dimension subjective de l’impartialité 129- La corruption, en ce qu’elle influe sur la neutralité de l’instance judiciaire constitue une distorsion de la garantie d’impartialité subjective. La lutte contre la corruption en milieu judiciaire a fait l’objet de débats à l’occasion de la réunion annuelle des chefs des cours d’appel en 2009. La Haute juridiction, par le mécanisme du renvoi d’une juridiction à une autre a eu l’occasion d’assurer l’effectivité de la garantie de cette impartialité subjective depuis 2008. 1) L’évocation de la corruption en milieu judiciaire à l’occasion de la réunion des chefs des cours d’appel 130- Maître Charles Nguini, avocat et président de Transparency International-Cameroun, invité par le ministre en charge de la Justice en qualité de membre de la société civile, a présenté une communication au cours de la réunion annuelle des chefs des cours d’appel du mois d’octobre 2009. 131- Dans cette communication qui portait sur la lutte contre la corruption en milieu judiciaire, il a donné la vision de la corruption en milieu judiciaire telle que perçue par cette ONG et a proposé des pistes de solution. a) La perception de la corruption en milieu judiciaire par Transparency International 132- L’intervenant, a donné la définition de la corruption selon l’ONG Transparency International. Ainsi, la corruption consiste en « l’abus 61 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 d’une position publique en vue d’un intérêt privé ».Il a précisé que cet intérêt peut être aussi bien matériel, financier qu’immatériel tel que la poursuite d’ambitions professionnelles ou politiques. 133- Appliquant le concept au système judiciaire, il a montré la manifestation de la corruption tant dans les fonctions juridictionnelles qu’administratives des acteurs de la justice, non sans relever que le système judiciaire camerounais souffre d’une corruption systémique dans une société où l’ensemble du secteur public est affecté par ce fléau. 134- L’exposant a ensuite expliqué le système d’enquête qui aboutit à la fixation de l’indice de perception de la corruption et au baromètre mondial publiés chaque année par Transparency International en insistant sur le fait que le baromètre est plus fiable parce que l’enquête est faite auprès du peuple qui apprécie le fonctionnement des services publics. 135- Ainsi, selon le baromètre mondial 2009 de Transparency International, la justice est le secteur public le plus corrompu au Cameroun. 136- Dans le but de contribuer au combat contre le phénomène de la corruption, l’orateur a proposé des solutions aux hauts responsables de la justice. b) Les solutions proposées par le représentant de Transparency International pour combattre la corruption en milieu judiciaire 137- Les solutions proposées ont été axées sur : - le système de nomination aux fonctions judiciaires qui devrait être basé uniquement sur le mérite ; - l’amélioration des conditions de travail des personnels judiciaires, notamment leur traitement salarial et leur formation continue ; - l’élaboration d’un code de déontologie ; - le régime disciplinaire garantissant une procédure transparente et équitable ; - la transparence des activités judiciaires à travers notamment l’amélioration de la communication judiciaire. 2) La garantie de l’effectivité de l’impartialité subjective par la Haute juridiction : le renvoi d’une juridiction à une autre. 138- L’article 604 du CPP dispose que la Cour suprême peut, pour cause de suspicion légitime ou pour les nécessités de l’ordre public, soit dessaisir une juridiction d’une affaire et renvoyer la cause devant une autre juridiction 62 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 de même rang, soit désigner des juges appartenant à d’autres ressorts ou à d’autres juridictions, pour composer celle saisie. 139- Dans l’arrêt n°29/p du 10 avril 2008, affaire Mekontchou Mbe Alex et autres contre Ministère public et SONARA, la Cour suprême pose le principe du renvoi en ces termes : « Attendu au demeurant que lorsque les juges ne sont pas en situation de rendre leur décision avec impartialité en raison de leurs tendances ou de leurs intérêts, la partie qui a des motifs sérieux peut demander que l’affaire soit renvoyée devant une autre juridiction, cette partie devant apporter des preuves convaincantes de la partialité des juges concernés. » 140- Cette jurisprudence de la Cour suprême est réaffirmée dans l’affaire Nguemgne Joséphine contre MP et Ngasse Clovis Noël, objet de l’arrêt n°31/FCR du 15 avril 2008 de la manière suivante : « Attendu qu’il y’a lieu à suspicion légitime lorsqu’il y’a des motifs sérieux de penser que le juge d’instruction ou la juridiction de jugement saisie d’une affaire n’est pas en mesure de se prononcer avec impartialité en raison des intérêts ou des tendances des juges concernés. » B : La considération de la dimension objective de l’impartialité : la séparation des fonctions de justice répressive 141- La séparation des fonctions de justice répressive participant également de la garantie d’impartialité d’une juridiction, cette question a également retenu l’attention des chefs de cours d’appel en 2009. Il s’est agi d’évaluer l’application de ce principe qui est consacré par le Code de procédure pénale. 142- Il a été constaté que les rapports entre le procureur de la République et le juge d’Instruction demeurent difficiles notamment, en matière d’exécution des ordonnances et des mandats ainsi qu’au sujet des détentions provisoires et des mises en liberté. Ceci influant nécessairement sur la garantie du droit à la liberté qui est l’un des droits reconnus à la personne faisant l’objet d’un procès pénal la détention devant être l’exception, des mesures ont été prises pour clarifier d’avantage les fonctions de poursuite et celles d’instruction. 143- Dans le cadre du respect des droits de la défense, l’individu en conflit avec la loi doit être protégé. Il est donc utile de s’assurer, à un moment donné, qu’il bénéficie effectivement des garanties qui lui sont reconnues. 63 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 SECTION 2 : L’EVALUATION DES GARANTIES RECONNUES A UNE PERSONNE FAISANT L’OBJET D’UN PROCES 144- L’évaluation des garanties reconnues à une personne faisant l’objet d’un procès a été faite, s’agissant de la matière répressive, par les chefs des cours d’appel qui continuent à se pencher sur les difficultés inhérentes à la mise en œuvre de la nouvelle procédure pénale, pour dégager des solutions consensuelles en attendant la jurisprudence de la haute juridiction. 145- Le constat est que les acteurs judiciaires s’adaptent difficilement à la nouvelle législation. De ce fait, les garanties reconnues à la personne poursuivie à toutes les phases de la procédure ne sont pas mises en œuvre de façon optimale. Quelques unes d’entre elles ont été mises en relief s’agissant de l’enquête préliminaire (§1), de la phase de jugement (§2), ou de la phase d’exécution (§3). §1 : LES GARANTIES DANS LA PHASE DE L’ENQUETE PRELIMINAIRE 146- Le Code de procédure pénale reconnaît divers droits au suspect à l’enquête préliminaire. Il en est ainsi du droit au silence et du droit à un conseil. Les conditions de la garde à vue sont également précisées par ce texte. 147- Il a été cependant relevé que : - les procès-verbaux d’enquête ne comportent pas souvent la mention que le suspect a été informé de son droit de garder le silence et de se faire assister par un conseil ; - la plupart des officiers de police judiciaire sont réticents à admettre la présence des avocats dans les unités de police et de gendarmerie ; - les délais de garde à vue ne sont pas scrupuleusement respectés ; - qu’il est procédé à des arrestations sans s’en référer au Procureur de la République pour ensuite libérer les suspects avec caution. 64 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 §2 : LES GARANTIES DANS LA PHASE DU DEROULEMENT DE L’AUDIENCE 148- Le droit d’interroger les témoins à charge et à décharge fait partie des droits garantis au prévenu ou à l’accusé à la phase de jugement. Il est mis en œuvre dans le cadre du débat contradictoire qui caractérise cette phase du procès. Il a été constaté que le déroulement de l’audience demande encore à être maitrisé par les magistrats. 149- En effet, la conduite d’un procès au cours duquel certains prévenus plaident coupables tandis que les autres plaident non coupables n’est pas aisée, de telle sorte que les juges ont tendance à imposer la procédure du « plaider non coupable » à tous les prévenus. 150- Une autre difficulté apparait en cas de procédures croisées faisant des parties en même temps prévenus et parties civiles. Le Ministère public se trouve alors dans l’embarras pour choisir son premier témoin entre les deux prévenus. 151- Des problèmes naissent aussi de la connaissance approximative de la procédure de citation directe de particulier par les magistrats n’ayant exercé qu’en zone anglophone jusqu’à l’entrée en vigueur du Code de procédure pénale, ladite procédure n’étant pas connue dans le système juridique du Common Law qui y était appliqué. §3 : LES GARANTIES DANS LA PHASE D’EXECUTION 152- Le mode de recouvrement des amendes et frais de justice est apparu très rigide. En effet, le paiement immédiat des amendes et frais de justice sous peine d’incarcération ne semble pas tenir compte de la possibilité de mettre en cause la décision rendue par l’exercice des voies de recours. De plus, il hypothèque la mise en œuvre du principe du contradictoire les parties hésitant à comparaitre aux audiences. 153- Avec les recommandations des chefs des cours d’appel et la jurisprudence de la Cour suprême, on est en droit d’espérer une harmonisation de l’application du Code de procédure pénale qui, combinée à la production normative rendant la justice accessible à tous et aux mesures de lutte contre la corruption en milieu judiciaire sera de nature à améliorer la garantie du droit à un procès équitable. 65 Chapitre Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 154-Les mesures de promotion de la liberté de la presse (Section 1) et les atteintes présumées à la liberté de communication (Section 2) constituent les articulations de ce chapitre. SECTION 1 : LES MESURES DE PROMOTION : L’AIDE PUBLIQUE A LA PRESSE PRIVEE 155- Le 18 août 2009, à l’issue des travaux de la 8ème session de la Commission d’examen des dossiers d’accès au bénéfice de l’aide publique à la communication privée, 103 dossiers ont reçu un avis favorable et les organes de presse intéressés se sont vus allouer la somme globale de 250 000 000 de F CFA25. Il s’agit de 42 organes de presse écrite dont un quotidien, deux chaînes de télévision, 30 stations de radio, une entreprise de production audiovisuelle, 6 imprimeries, 18 organisations professionnelles et 4 entreprises cybernétiques. SECTION 2 : LES ATTEINTES PRESUMEES A LA LIBERTE DE COMMUNICATION 156- La fermeture de certains organes de presse (§ 1) et les poursuites contre certains journalistes (§ 2) seront examinées. § 1 : LA FERMETURE ET LE RAPPEL A L’ORDRE DE CERTAINS ORGANES DE PRESSE 157- En 2009, des radiodiffusions sonores émettant à Yaoundé ont été fermées ou rappelées à l’ordre par le ministre de la Communication pour s’être caractérisées par des atteintes récurrentes à la déontologie professionnelle et à l’honorabilité des personnes. 158- Il s’agit des organes de radiodiffusion sonore dénommés « Le Démenti FM », « Tom Broadcasting Corporation » (TBC) et « Sky One Radio». En effet, de nombreuses plaintes faisant état de « menaces de troubles à l’ordre public » se rapportant à la tonalité des émissions « coup de gueule », « ligne de mire » et « le tribunal » diffusées par les susdites radio ont été enregistrées. 159- Face à ces dérives répétées, le ministre de la Communication a pris à l’encontre de la première radio, la même sanction de fermeture que celle qui a été prononcée contre « Sky One Radio » par décision n°081/MINCOM/CAB/SG/DAJ du 13 août 2009. -25 Soit environ 384615,38 Euros. 68 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 160- TBC radio émettant sur la base d’une autorisation provisoire délivrée par le Ministère de la Communication et qui ne respectait guère les termes du cahier des charges signé par son promoteur, ne s’est pas au demeurant acquittée du paiement des frais de licence prescrits par le règlement en vigueur, en vue de la finalisation de sa demande d’obtention d’une licence audiovisuelle. Elle a reçu un rappel à l’ordre pour se conformer à la réglementation en vigueur. §2 : LES POURSUITES JUDICIAIRES CONTRE LES JOURNALISTES 161-De nombreuses affaires impliquant les journalistes ont été recensées. On peut les classer selon qu’elles ont été jugées (A) ou qu’elles sont pendantes (B). A : Les affaires jugées Affaire MP c/ Mombio Michel Signalée dans le Rapport précédent26, l’affaire suivie contre Mombio Michel a été appelée pour la première fois à l’audience du 15 septembre 2008. Elle a connu plusieurs renvois utiles jusqu’au 19 octobre 2009, date à laquelle le tribunal a vidé sa saisine en rendant la décision dont le dispositif suit : « Statuant publiquement, contradictoirement à l’égard de toutes les parties : Déclare le prévenu Mombio Michel non coupable de tentative d’escroquerie ; Le relaxe au bénéfice du doute ; Le déclare par contre coupable d’outrage aux corps constitués et fonctionnaires et de chantage des articles 74,154 alinéa 1 b et 303 du Code pénal ; L’admet au bénéfice des circonstances atténuantes ; Le condamne à 14 mois d’emprisonnement et à 1.000 000 de F CFA27 d’amende ferme ; Le condamne en outre aux dépens liquidés à la somme de 265.650 (deux cents soixante cinq mille six cent cinquante) de F CFA ; Décerne contre lui mandat d’incarcération ; Ordonne sous astreinte de 50.000 (cinquante mille) de FCFA par jour de -26 Soit environ 384615,38 Euros. -27 Soit environ 1538,46 Euros. 69 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 retard à compter du lendemain du présent jugement, la publication du présent jugement par insertion dans les journaux suivants : « Cameroon Tribune », « Le Messager », « Mutations », « Le Jour », « Nouvelle Expression» et sur les sites internets : « Cameroon Link », « Cameroon Be », « AfricaPress Com » ; Le condamne à payer à Madeleine Tchuinte la somme de 5.000.000 (cinq millions) de F CFA28, à titre de réparation du préjudice moral ; Se déclare incompétent à statuer sur l’interdiction de l’organe L’Ouest Républicain ; Dit n’y avoir lieu à interdiction de profession du prévenu Mombio. » Cette décision est devenue définitive, aucune partie n’ayant relevé appel. Affaire MP c/ Medjo Lewis L’affaire suivie contre Medjo Lewis29 a connu une évolution en appel. Ainsi, à la suite de l’appel interjeté par le prévenu, la Cour d’Appel du Littoral, statuant en matière correctionnelle, a rendu l’arrêt n° 550/P du 16 décembre 2009 dont le dispositif suit : « Contradictoirement : En la forme Reçoit l’appel interjeté par le prévenu ; Au fond Confirme le jugement entrepris sur la culpabilité Emendant quant à la peine ; Condamne Medjo Lewis à vingt (20) mois d’emprisonnement et à 1 000 000 de F CFA30 d’amende ferme ; Le condamne en outre aux dépens liquidés à 58 000 de F CFA, majorée de l’amende de 1 000 000 de F CFA, soit au total la somme de 1 058 000 de F CFA payable au greffe de céans ; Fixe la durée de la contrainte par corps à deux (2) ans d’emprisonnement, conformément à l’article 564 (h) du Code de procédure pénale ; Décerne mandat d’incarcération à son égard ». Cet arrêt est devenu définitif. Affaire MP c/ Benoît Mekong et le journal « La Tribune du Nkam », poursuivis pour diffamation et injures -28 Soit 7692,30 Euros. -29 voir rapport 2008, p.76. -30 Soit 1538,46 Euros. 70 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 Dans cette affaire, le TPI de Yabassi a rendu à l’audience du 3 mars 2009 la décision dont la teneur suit : « Statuant publiquement, contradictoirement contre les parties, déclare Benoît Mekong coupable de diffamation et d’injures ; Le condamne à 2 000 00031 de FCFA d’amende ; Reçoit Kwedi Samuel en sa constitution de partie civile ainsi qu’à sa demande de réparation ; Le condamne à verser à la partie civile la somme d’1 F symbolique à titre de dommages et intérêts ; Ordonne le remboursement de la consignation payée par le plaignant ; Ordonne la publication du jugement dans le prochain numéro du journal « La Tribune du Nkam ». Le prévenu a relevé appel de cette décision le 06 mars 2009. Affaire MP c/ Talla Jean Bosco, Directeur de publication du Journal Germinal, poursuivi pour outrage au président de la République devant le TPI de Yaoundé Centre-administratif. Dans sa livraison n°046 du 18 décembre 2009, le journal Germinal, à la page 8, a présenté le chef de l’Etat comme un personnage rancunier et lié à son processeur le président Ahmadou Ahidjo par un pacte secret fondé sur leur homosexualité. Le prévenu n’a pas pu rapporter la preuve de ses allégations. Par jugement n° 3728 bis/Cor du 28 décembre 2009, il a été condamné à un an d’emprisonnement avec sursis pendant trois ans et 3.000 000 FCFA32 d’amende. Affaire MP c/ Wong II Marcelin (Directeur de publication du Journal ECRAN MEDIA NEWS, poursuivi pour diffamation et injures devant le TPI de Yokadouma. Le prévenu a été condamné à payer 1 000 000 FCFA33 d’amende par jugement du 20 février 2009. Affaire MP et Polycarpe Abah Abah c/ Mintya Meka Robert, Directeur de publication de « Le Devoir », poursuivi pour diffamation. Le TPI de Yaoundé Centre-administratif a déclaré le prévenu coupable et l’a condamné à 30 000 FCFA d’amende. -31 Soit 3076,92 Euros. -32 Soit 4615,38 Euros. -33 Soit 1538,46 Euros. 71 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 Affaire MP et Commercial Bank of Cameroon (CBC) c/ Michel MichautMoussala et le Journal « Aurore Plus », poursuivis devant le TPI de Douala-Bonanjo, pour diffamation et fausses nouvelles34. Dans son édition n°1079 du 28 novembre 2008, le Journal « AURORE Plus » a publié en page de couverture que «La C B C est en faillite. Elle est sous administration provisoire et 59 milliards de FCFA35 de créances sont compromises .La C B C cumule des crédits compromis à hauteur de 59 milliards et la COBAC a décidé de mettre celle-ci sous administration provisoire avant de prononcer certainement sa faillite ». A l’audience du 05 novembre 2009, le Tribunal a rendu une décision dont la teneur suit : « Contradictoire, déclare le prévenu coupable, lui reconnait des circonstances atténuantes (délinquant primaire), le condamne à 18 mois d'emprisonnement avec sursis pendant 03 mois et 10.000.000 de FCFA36 d'amende ferme, 50 000 de FCFA à titre de dommages intérêts ; déclare le Journal Aurore plus civilement responsable ; ordonne la publication du présent jugement ; condamne le prévenu aux dépens liquidés à 2 505 650 de FCFA37. » Affaire MP c/ Mveng Dieudonné, journaliste au journal « La Météo », poursuivi pour diffamation. Le TPI de Yaoundé Centre-administratif a déclaré Mveng Dieudonné coupable et l’a condamné à 6 mois d’emprisonnement avec susris pendant 3 ans. Il y a lieu de relever que pour sept (07) affaires suivies contre les journalistes, les juges ont déclaré l’action publique irrecevable dans deux affaires pour défaut de consignation (Affaire MP et Réné Zé Nguelé c/ Amougou Bélinga Jean Pierre et l’Anecdocte, Affaire MP et Obié Johnson c/ Jean Pierre Bélinga et l’Anecdote). La même décision a été prononcée dans l’affaire MP et Abouna c/ Biloa Ayissi et la Nouvelle Afrique suite au retrait de la plainte de la victime. Deux citations directes ont été annulées parce que ces actes n’ont pas été servis aux prévenus (Affaire MP et Jean Claude Ottou c/ Jean Pierre Amougou Belinga et l’Anecdote et affaire MP et Jean Pierre Ottou c/ Biloa Ayissi). -34 Rapport 2008, P.70 -35 Soit 90769230,76 Euros. -36 Soit 15384,61 Euros. -37 Soit 3854,84 Euros. 72 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 Deux autres citations directes ont été annulées parce qu’elles ne faisaient pas expressément référence à la loi sur la communication sociale (affaire MP et Guillaume Wamba c/ Jean Pierre Amougou Belinga et l’Anecdote et affaire MP et Simo David c/ Baongla Georges Gilbert et Le Démenti). B : Les affaires en instance Les affaires pendantes concernant les journalistes sont recensées dans le tableau ci-dessous. 73 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 74 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 75 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 162- L’Etat poursuit sa politique visant la promotion de véritables entreprises de presse. Son rôle régalien de régulation du secteur de la communication audiovisuelle, complémentaires des actions menées par les organes socio-professionnels de régulation, ne saurait remettre en cause cette politique. Les procès intentés contre les journalistes, à l’initiative des particuliers dans la plupart des cas sus évoqués ne sauraient non plus compromettre cette option fondamentale. 76 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 77 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 78 Chapitre Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 163- La liberté de religion qui est un aspect de la liberté de conscience, désigne le droit subjectif fondamental qui permet à une personne de choisir et de pratiquer une religion donnée. Elle se traduit en liberté individuelle et en liberté collective. L’exercice de cette liberté garantie par la Constitution camerounaise et encadrée dans la loi n° 90/053 du 19 décembre 1990 portant sur la liberté d’association a suscité des préoccupations en 2009, tant de la part des pouvoirs publics que des ministres du culte et des citoyens. Des conflits entre chrétiens et animistes ont été enregistrés dans la région de l’ExtrêmeNord du pays (section 1) tandis que des troubles à l’ordre public ont amené l’Administration à prendre des mesures d’assainissement du milieu religieux (section 2). SECTION1 : LES CONFLITS ENTRE CHRETIENS ET ANIMISTES 164- Le 28 avril 2009, les pratiquants des rituels animistes dénommés « labana » et « goni » dans les tribus Massa, Toupouri et Mousgoum, dont le but serait d’inculquer des valeurs morales ancestrales aux garçons pour les faire passer de l’enfance à l’âge adulte, ont affronté les chrétiens qui dénoncent l’incompatibilité de ces pratiques avec l’évangile du Christ et refusent d’y soumettre leurs enfants. 165- Pour empêcher l’exercice du christianisme, les animistes ont détruit des temples et des chapelles dans plusieurs villages de quatre arrondissements du département du Mayo-Kani. Ces actes de vandalisme étaient accompagnés de violences physiques sur les chrétiens dont 13 ont été gravement bléssés à l’aide des armes blanches. De jeunes chrétiens ont été conduits de force aux rites d’initiation tandis que ceux qui avaient réussi à s’échapper désertaient les écoles. 166- Les autorités administratives et judiciaires compétentes ont été saisies de cette situation par les responsables régionaux des églises chrétiennes catholiques et protestantes. 167- Dans le cadre du maintien de l’ordre, des mesures administratives ont été prises en 2009. SECTION 2 : LES MESURES ADMINISTRATIVES 168- La loi du 19 décembre 1990 suscitée ne fait pas de distinction entre une association religieuse et une église ou une mosquée et ne fixe 80 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 pas de conditions particulières à leur établissement. Cette assimilation des associations religieuses aux églises dites conventionnelles, ajoutée à la tolérance administrative jusque là observée, a entraîné la multiplication de regroupements religieux opérant es-qualité d’églises, couvrant parfois les activités des sectes, opérant dans l’illégalité et provocant des nuisances. 169- Le Gouvernement, garant du respect de l’ordre public, a senti la nécessité de rendre public l’état des associations religieuses autorisées à exercer au Cameroun (§1). Dans la même période, il a retiré de la scène des associations frauduleuses ou auteurs de nuisances (§2) et rétabli celles ayant régularisé leurs situations (§3). §1 : LA PUBLICATION DE LA LISTE DES ASSOCIATIONS RELIGIEUSES AUTORISEES. 170- Pour mettre de la transparence dans le milieu religieux, le Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation (MINATD) a procédé à la publication d’une liste d’associations religieuses autorisées à fonctionner au Cameroun à la période de référence. Comme on peut le constater dans le tableau ci-après, elles sont tant nationales que d’obédience étrangère. 81 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 82 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 171- Ainsi, au mois de février 2009, 47 associations religieuses sont autorisées à exercer au Cameroun. Il y’a lieu de relever qu’après onze années de suspension d’autorisation, le Président de la République a, en date du 12 février 2009, autorisé La Sainte Métropole Gréco-Orthodoxe du Cameroun à exercer38. 172- Outre ce tableau, une liste des congrégations de l’Eglise catholique romaine a été publiée. Cette liste comprenant 81 congrégations religieuses autorisées peut être consultée dans les services du MINATD. 173- Dans la mouvance de l’assainissement et du maintien de l’ordre des lieux de culte de quelques églises ont été fermés. -38 Des associations islamiques demanderesses, sans suite, d’autorisations depuis plusieurs années exercent dans la clandestinité et profitent de cette situation pour installer de nouveaux courants de l’islam. 83 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 §2 : LA FERMETURE DE CERTAINS LIEUX DE CULTE 174- Tant il est vrai que la liberté du culte et le libre exercice de sa pratique sont garantis par la Constitution, cette liberté doit s’exercer dans l’observance des dispositions légales. Ainsi, faisant suite à une requête introduite par « l’Eglise du Christ » en septembre 2009, pour utilisation frauduleuse d’autorisation contre une association religieuse officiant es qualité et professant une doctrine et des enseignements appuyés par des pratiques contraires à sa déontologie , le Préfet du département du Mfoundi a, par arrêté préfectoral n° 00002468/APJO6/BAPP du 10 décembre 2009, ordonné la fermeture des lieux de culte clandestins dans sa circonscription administrative, pour utilisation frauduleuse du décret n° 71/DF/619 du 14 décembre 1971 portant autorisation de l’association religieuse dénommée « L’église du Christ ». 175- L’exécution de cet arrêté préfectoral a occasionné la fermeture des lieux de culte dans les arrondissements de Yaoundé Ier, IIe, IIIe, IVe, Ve et VIe39. 176- On peut aussi signaler le cas de « l’Eglise Biblique de la vie profonde », autorisée par décret n° 91/484 du 3 décembre 1991 dont la branche installée à Douala a procédé au changement de dénomination sans autorisation. Pour cette irrégularité, son lieu de culte a été scellé par le commandement territorial compétent. 177- Par contre des associations religieuses sanctionnées en 2008, pour nuisances diverses et troubles à l’ordre public, ayant régularisé leurs situations, ont vu leurs lieux de culte ré ouverts. § 3 : LA REOUVERTURE DES LIEUX DE CULTE FERMES EN 2008 178- Le libre exercice de la pratique du culte, avec la prolifération des assemblées de prières des églises dites de réveil dont la promiscuité des lieux de culte avec des maisons d’habitation a souvent été à l’origine de confits parfois violents entre les fidèles et le voisinage a interpellé l’Administration. Les griefs faits à ces assemblées de prière concernant essentiellement les nuisances sonores surtout nocturnes, les responsables du maintien de l’ordre ont du intervenir. 39 Une église ou association religieuse peut avoir plusieurs lieux de culte sur l’étendue du territoire national. 84 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 179- C’est ainsi que les activités de l’association religieuse dénommée « Mission des assemblées pentecôtistes universelles » ont été suspendues par arrêté préfectoral n° 001942/AP/J06 du 19 novembre 2008 pour tapages, nuisances sonores diurnes et nocturnes caractérisés. Les responsables de cette église ayant pris des mesures pour remédier à ces désagréments vis-à-vis du voisinage, le Préfet du Mfoundi a levé la mesure de suspension d’activités, par arrêté préfectoral N° 001292/AP/J06/BAPP du 29 juillet 2009. 180- La même mesure de souplesse de l’Administration a touché l’association religieuse « Chapelle la Plénitude de Grâce Internationale » dont la suspension avait été prononcée par arrêté préfectoral n° 001800/AP/J06/BASC du 27 octobre 2008 pour nuisances sonores, diurnes et nocturnes caractérisées. 181- Une mise en garde a été faite à ces associations par l’autorité administrative de ce qu’une éventuelle récidive entraînerait la fermeture définitive des lieux du culte. 182- On peut retenir que la liberté de religion exercée dans la légalité est protégée au Cameroun et jouit même d’une grande tolérance administrative tant que des dérives ne sont pas dénoncées. D’où le nombre sans cesse croissant d’associations et congrégations religieuses œuvrant pour la moralisation de la société et dans les activités caritatives, dont certaines sont reconnues d’utilité publique. 85 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 86 Chapitre Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 183- Comme en 2008, certains défenseurs des droits de l’homme se sont illustrés en 2009 par un activisme qui a été à l’origine des poursuites judiciaires contre eux (Section 1). L’état des poursuites judiciaires engagées en 2008 sera examiné (Section 2). SECTION 1 : LES POURSUITES CONTRE LES DEFENSEURS DES DROITS DE L’HOMME EN 2009 184- Deux affaires concernant Mboua Massock seront évoquées, avec cette spécificité qu’elles reposent sur la revendication des droits culturels. § 1 : L’AFFAIRE MP C/ EKWE MARDOCHEE ROGER ET MBOUA MASSOCK CAMILLE PARFAIT 185- Suivant procès-verbaux d’interrogatoire au Parquet en cas de flagrant délit du 22 mai 2009, EKWE Mardochée Roger et Mboua Massock Camille Parfait ont été traduits devant le TPI de Douala Bonanjo pour répondre des faits de dégradation de biens publics, délit prévu et réprimé par les articles 74 et 187 du Code pénal. 186- Le 19 mai 2009, Mboua Massock alias « combattant de la liberté », selon ses aveux, s’est rendu à la place de la poste centrale de Douala, muni de deux pots de peinture, de deux pinceaux et d’un flacon de diluant. Il a recouvert la statue du Général Leclerc qui y est érigée de peinture rouge en inscrivant, en caractères d’imprimerie les slogans « NOS HEROS ET MARTYRS D’ABORD » ; « CINQUANTE ANS D’INDEPENDANCE APRES S’EN EST TROP ». Le prévenu a expliqué qu’il est nationaliste et donc écœuré de ce que de nombreuses années après l’indépendance du Cameroun, des statues ne soient pas érigées en la mémoire des figures de l’histoire camerounaise. C’est, de son point de vue, en mémoire d’illustres camerounais qu’il a décidé de défigurer et de dégrader la statue dont s’agit. Pendant que Mboua Massock s’attelait à ce travail, le nommé Ekwe Roger filmait la scène. Des poursuites judiciaires ont été engagées contre les susnommés. Cette affaire fut appelée à l’audience du 27 mai 2009 et après des renvois utiles, a été tranchée le 04 septembre 2009 par jugement n°1943/COR/FD. Les prévenus ont été déclarés coupables de dégradation de biens publics, admis au bénéfice des circonstances 88 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 atténuantes en leur qualité de délinquants primaires et condamnés à 100 000 FCFA40 d’amende chacun et aux dépens solidaires liquidés à 25 000 F CFA. Aucune partie n’a relevé appel de cette décision. § 2 : L’AFFAIRE MINISTERE PUBLIC C/ MBOUA MASSOCK CAMILLE PARFAIT 187- Le 02 octobre 2009, Mboua Massock a été traduit devant le TPI de Douala Bonanjo pour y être jugé du délit de dégradation des biens publics, prévu et réprimé par les articles 74 et 187 du Code pénal. 188- Il résulte des faits de cette cause que le 1er octobre 2009, Mboua Massock s’est rendu dans l’espace scénographique situé devant la poste centrale de la ville de Douala, portant des pots de peinture de couleur verte, rouge et jaune et un pinceau. Il s’est mis à écrire sur le monument dédié au General Leclerc, en en dégradant l’aspect esthétique. 189- Le susnommé a reconnu sans ambages ces faits et par jugement du 02 octobre 2009, il a été reconnu coupable de dégradation des biens publics, admis au bénéfice des circonstances atténuantes pour ses aveux spontanés et condamné à 105 000 FCFA41 d’amende et aux dépens liquidés à 28 750 FCFA. Cette décision est devenue définitive. SECTION 2 : LES AFFAIRES SURVENUES AVANT 2009 190- Dans son Rapport 2009, Amnesty International a évoqué les poursuites judiciaires intentées contre Aladji Mey Ali et Paul Eric Kingue en 2008. Avant de revenir sur les circonstances de ces affaires, il convient d’actualiser les affaires signalées dans le rapport 2008 concernant des défenseurs des droits de l’homme. § 1 : ACTUALISATION DES DONNEES CONCERNANT LES AFFAIRES EVOQUEES EN 2008 : LE CAS DE NELSON NDI 191- L’affaire impliquant Nelson Ndi a été évoquée dans le rapport précédant42. L’agression dont a été victime M. Nelson Ndi le 03 février 2005 à Bamenda est un acte illégal et isolé que le Gouvernement a condamné et pour lequel une enquête a été ouverte -40 Soit environ 153,84 Euros. -41 Soit 161,53 Euros. -42 voir Rapport 2008 P. 81, § 119. 89 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 par le Délégué régional de la Sûreté nationale de Bamenda. A la suite de cette enquête, Abana Celestine, Adjoint au Commandant du Groupement Mobile d’Intervention de Bamenda a été traduit devant le Tribunal de première instance de Fundong pour y répondre des faits de blessures simples et de blessures légères des articles 280 et 281 du Code pénal. 192- A l’audience du 30 septembre 2009, le tribunal a vidé sa saisine en déclarant le prévenu coupable de blessures simples au préjudice de Ndi Nelson Ngayinkfu et Tame Linus et de blessures légères au préjudice de Toh Leonel Buh et en prononçant les condamnations suivantes : - 6 mois d’emprisonnement ou une amende de 50 000 francs43 pour la première prévention ; - 6 mois d’emprisonnement ou une amende de 50 000 francs44 pour la deuxième prévention ; - 3 mois d’emprisonnement ou une amende de 25 000 francs45 pour la troisième prévention ; Toutes ces peines ont été assorties de sursis pour une période de trois ans. Les dépens ont été fixés à 75 000 francs ou une incarcération de 6 mois à défaut de paiement. Sur l’action civile, des dommages-intérêts ont été alloués aux différentes victimes suivant les montants ci-après : - 1 234 000 FCFA46 pour la première victime ; - 200 000 FCFA47 pour la deuxième victime ; - 250 000 FCFA48 pour la troisième victime. 193- L’Etat du Cameroun représenté par la Délégation Générale à la Sûreté Nationale n’a pas été déclarée civilement responsable. 194- Ndi Nelson a relevé appel de cette décision. 195- Il y a lieu de signaler que l’affaire a été jugée à Fundong plutôt qu’à Bamenda, lieu de commission des infractions en raison du privilège de juridiction lié à la qualité d’officier de police judiciaire du prévenu, en vertu des dispositions de l’article 634 du Code de procédure pénale. -43 Soit 76,92 Euros. -44 Soit 38,46 Euros. -45 Soit 115,38 Euros. -46 Soit 1898,46 Euros. -47 Soit 307,69 Euros. -48 Soit 184,61 Euros. 90 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 § 2 : LES AFFAIRES SURVENUES EN 2008 196- Il s’agit des affaires concernant Paul Eric Kingué (A) et Aladji Mey Ali (B). A : Le cas de Paul Eric Kingué 197- L’affaire impliquant Paul Eric Kingue, maire de la commune de Njombé-Penja a été occultée par celle de Lambo Pierre Roger34 alors même que les circonstances de ces deux affaires sont similaires. 198- En effet, à la faveur d’un mouvement de grève lancé par le Syndicat national des transporteurs par cars et autobus, des individus organisés en bandes armées de machettes et autres gourdins, après avoir érigé les barricades sur les routes, ont investi les localités de Loum, NjombéPenja et Manjo où ils ont procédé à d’importantes destructions dans les sociétés agro-industrielles de la place, les domiciles et sur les biens de particuliers. 199- Placé sous mandat de détention provisoire le 19 mars 2008 dans le cadre d’une information judiciaire ouverte au Tribunal de grande instance du Moungo, Paul Eric Kingué et 28 autres personnes ont été renvoyés devant ladite juridiction par ordonnance n° 2008/INFO/09 du 13 juin 2008 pour y répondre de plusieurs faits. 200- Il s’agit, en ce qui concerne Paul Eric Kingué des faits d’obstacle à la voie publique, de complicité d’incendie volontaire, d’activités dangereuses, de vol aggravé, de pillage en bande et de destruction. 201- Enrôlée pour la première fois à l’audience du 09 juillet 2008, l’affaire a connu plusieurs renvois utiles jusqu’au 19 janvier 2009 où le tribunal a vidé sa saisine en rendant le jugement n° 10/ CRIM du 19 janvier 2009 dont la substance suit : 202- Après requalification de certains faits qui lui étaient reprochés, Kingué Paul Eric a été déclaré coupable des faits d’attroupement, de réunion et de manifestation, d’obstacle sur la voie publique des articles 74, 230, 231, 232 du Code pénal ainsi que de ceux de complicité de pillage en bande des articles 74, 97 et 236 du même code. Il a été admis au bénéfice des circonstances atténuantes, en raison de sa qualité de délinquant primaire, condamné à 6 ans 91 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 d’emprisonnement ferme et à payer solidairement avec 11 autres coprévenus à la Société des Plantations du Haut Penja la somme de 800 millions de FCFA49 et à sieur SONGA celle de 4 millions de FCFA50 à titre de dommages intérêts. 203- Paul Eric Kingué a relevé appel de cette décision et l’affaire est pendante devant la Cour d’appel du Littoral. Elle a été renvoyée au 02 décembre 2009 pour composition régulière de la Cour, ensuite au 03 mars 2010 pour composition de la collégialité, puis au 5 mai 2010 pour assistance de certains accusés dont Fomat Duplex, Aboubakari Zachée, Kola Mathurin et débats. B : Le cas de Aladji Mey Ali 204- L’affaire impliquant Aladji Mey Ali est présentée par Amnesty International en ces termes : « Alhadj Mey Ali, président de l’association OS-CIVILE aurait été interpellé le 20 février 2008 pour diffamation et jugé le lendemain au cours d’un procès qualifié d’inique. Il aurait été condamné pour dénonciation à 1 an d’emprisonnement et à 1 million de francs d’amende ». 205- Sans verser dans la polémique, il convient de présenter les faits et la procédure suivie dans cette affaire. Alhadji Mey Ali a effectivement été poursuivi devant le Tribunal de première instance de Kousséri pour diffamation et dénonciation calomnieuse. L’action a été engagée par voie de citation directe du 30 mai 2007 initiée par l’officier de police Wakié Modeste, alors premier adjoint au Commissaire de sécurité publique de ladite ville. La victime reprochait au prévenu d’avoir adressé des lettres à des autorités de la ville de Kousséri, le procureur de la République et le préfet notamment, pour indiquer dans le premier cas que celui-ci était l’ami du malfaiteur Mahamat Douguia et qu’il avait, sous couvert de ce dernier, escroqué une somme de cent mille francs à une dame. Il était question, dans le second cas, de lui imputer la destruction d’un mur et la confiscation des biens d’autrui après avoir proféré des menaces. -49 Soit 123069,23 Euros. -50 Soit 6153,84 Euros. 92 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 206- L’affaire a été enrôlée pour la première fois à l’audience du 07 juin 2007 et, après plusieurs renvois utiles, a été retenue au fond à l’audience du 14 février 2008. Le prévenu a comparu à ladite audience où il a présenté ses moyens de défense en personne avant que l’affaire ne soit mise en délibéré pour le 21 février 2008. A cette date, le tribunal, par jugement n° 072/COR, a vidé sa saisine en déclarant le prévenu non coupable de dénonciation calomnieuse. Il a par contre été reconnu coupable de diffamation et condamné à 12 mois d’emprisonnement et à 100 000 (cent mille) FCFA d’amende ferme ainsi qu’aux dépens liquidés à la somme de 29 000 FCFA. Il a également été condamné à payer une somme de 1 000 000 (un million) de FCFA à la partie civile à titre de dommagesintérêts. 207- Le prévenu a effectivement participé à l’examen au fond de l’affaire qui a eu lieu une semaine avant le jugement et a lui-même présenté ses moyens de défense. 208- En conclusion, la protection des défenseurs des droits de l’homme constitue une préoccupation du Gouvernement, qu’ils soient des parties civiles, des prévenus ou des accusés, l’Etat veillant à ce que les garanties du procès équitable soient observées. 93 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 94 Chapitre 209- La garantie de ce droit s’est traduite en 2009 par la poursuite du processus de la décentralisation et la consolidation de la démocratie et du pluralisme politique. Le renforcement du cadre normatif de la décentralisation est examiné (section1) tandis que l’expression du pluralisme politique est présentée (section 2). SECTION 1 : LE RENFORCEMENT DU CADRE NORMATIF DU PROCESSUS DE LA DECENTRALISATION 210- Le processus de la décentralisation a connu une grande activité normative en 2009 dans l’optique du transfert de compétences aux communes dès janvier 2010. En effet, plusieurs mesures légales et réglementaires ont été prises pour assurer la réussite de ce processus, il s’agit notamment : - de la loi n°2009/011du 10 juillet 2009 portant régime financier des collectivités territoriales décentralisées ; - de la loi n°2009/018 du 15 décembre 2009 portant loi des finances de la République du Cameroun pour l’exercice 2010 ; - de la loi n°2009/019 du 15 décembre 2009 portant fiscalité locale ; - du décret n°2009/248 du 5 août 2009 fixant les modalités d’évaluation et de répartition de la dotation générale de la décentralisation ; - de l’arrêté n°00136/A/MINATD/DCTD du 24 août 2009, rendant exécutoire les tableaux types des emplois communaux. 211- Vu leur importance dans la gestion des compétences à transférer aux communes, le régime financier des collectivités territoriales décentralisées (§1) et la réglementation des emplois communaux (§2) méritent d’être examinés pour mettre en exergue les grands traits51. §1 : LE REGIME FINANCIER DES COLLECTIVITES TERRITORIALES DECENTRALISEES 212- Le régime financier de l’Etat s’applique aux collectivités territoriales. Toutefois, les spécificités liées à la gestion des affaires locales a nécessité l’adoption de règles financières spéciales et de dérogations au régime général. -51 Le MINATD a entamé en 2010 une campagne nationale de vulgarisation de ces textes. Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 213- Le régime financier des collectivités territoriales décentralisées est défini par la loi n° 2009/011 du 10 juillet 2009. Cette loi s’applique aux régions, aux communautés urbaines, aux communes, aux syndicats de communes, aux établissements publics communaux et à toute autre collectivité territoriale crée par la loi. 214- Elle fixe les conditions d’élaboration (A), de présentation (B), d’exécution (C) et de contrôle de l’exécution (D) des budgets des collectivités territoriales suscitées. A : L’élaboration du budget 215- L’élaboration du budget concerne les recettes et les dépenses. 1) Les recettes budgétaires 216- Les recettes des collectivités territoriales se rapportent au fonctionnement des services d’une part, et à l’investissement d’autre part. a) Les recettes de fonctionnement 217- Celles-ci comprennent principalement : - les recettes fiscales prévus par la loi, votés par l’organe délibérant et approuvés par l’autorité de tutelle ; - les revenus tirés de l’exploitation du domaine public ou privé régional ou communal et des prestations de services ; - la dotation générale de la décentralisation, fixée chaque année par la loi des finances52 ; - les subventions des organismes publics ; - la dotation générale de fonctionnement allouée aux communes d’arrondissement par les communautés urbaines ; - les participations dans les entreprises publiques, para-publiques et privées ; - les ristournes et redevances consenties par l’Etat, les transferts reçus ou les reprises sur amortissement. a) Les recettes d’investissement 218- Les recettes d’investissement ont un caractère ponctuel et comprennent notamment : - les fonds de dotation reçus au titre de l’investissement ; - les emprunts à long et à moyen termes ; -52 Loi des finances du 15 décembre 2009. 97 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 - les dons et legs assortis de charges d’investissement ; - le produit de la vente des biens, des animaux ou du matériel mis en fourrière et non réclamés dans les délais réglementaires ; - les subventions d’équipement et d’investissement reçues ; - toute ressource provenant de la coopération internationale ou décentralisée. 219- On peut relever que les emprunts auprès des personnes physiques ou morales ayant un lien direct ou indirect avec la collectivité territoriale sont interdits et que les emprunts extérieurs sont garantis par l’Etat. 220- Quant aux dons, l’organe exécutif peut, à titre conservatoire les accepter sous réserve de soumettre le cas à la prochaine session du Conseil. 2) Les dépenses budgétaires 221- Tout comme les recettes, les dépenses sont classées en dépenses de fonctionnement et en celles d’investissement mais en plus on distingue les dépenses obligatoires, de celles qui sont facultatives ou interdites. 222- Les dépenses obligatoires sont imposées par la loi. Il s’agit de celles qui sont nécessaires au fonctionnement optimal de la collectivité territoriale en raison de l’intérêt particulier qu’elles présentent. Elles concernent entre autres, les salaires, indemnités et autres avantages prévus par les textes en vigueur, les cotisations sociales, les impôts et taxes à reverser, les dettes exigibles, les dépenses nécessaires à la réalisation des programmes d’investissement. 223- Sont facultatives les dépenses qui peuvent être momentanément suspendues lorsque les moyens financiers de la collectivité territoriale s’avèrent insuffisants. 224- Les dépenses interdites sont notamment, les subventions aux associations non déclarées et autres structures non agréées, aux associations et congrégations religieuses et aux partis politiques. B : La présentation du budget 225- La présentation du budget des collectivités territoriales suit les principes budgétaires généraux. Toutefois, il leur est accordé, après la fin de l’exercice budgétaire, une période complémentaire allant 98 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 du 1er au 31 janvier de l’année suivante pour le règlement des opérations d’ordre. De même, les virements de crédit peuvent être opérés de chapitre à chapitre, par décision du chef de l’exécutif, sur délibération du Conseil et avec l’approbation de l’autorité de tutelle. 226- La présentation du budget comprend son élaboration, son vote, son approbation et concerne également l’établissement des budgets annexes et ceux des syndicats des communes. 227- Le budget est élaboré dans le respect des ratios dont l’application est progressive pour une période n’excédant pas cinq (5) ans, à compter du 1er janvier 2010. Ces ratios sont de 40% des dépenses totales pour les prévisions des dépenses d’investissement et de 60% pour les prévisions des dépenses de fonctionnement et les dépenses de personnels ne doivent pas excéder 35% des dépenses de fonctionnement. C : L’exécution du budget 228- Le chef de l’exécutif d’une collectivité territoriale est l’ordonnateur du budget. Il effectue les opérations d’exécution du budget en étroite collaboration avec le comptable. 229- Il est fait interdiction aux membres de l’exécutif et de l’organe délibérant, aux comptables, à leurs conjoints et ayants droit de fournir des biens ou des prestations à la collectivité dans laquelle ils exercent ou à laquelle ils appartiennent. 230- L’exécution du budget comporte des opérations de recettes, des opérations de dépenses, des opérations de trésorerie et la gestion des services publics locaux. 231- Il y’a lieu de relever que les créances non réclamées à la collectivité sont réputées prescrites quatre (4) ans après l’exercice budgétaire auquel elles sont rattachées. 232- Les services publics régionaux ou communaux relevant des prérogatives de puissance publique sont gérés directement par la collectivité. Dans les autres cas, la collectivité peut déléguer la gestion d’un service à une personne morale en concession ou en gérance notamment. 233- L’exécution du budget induit nécessairement des règles de comptabilité. A ce titre, on peut retenir que les collectivités territoriales 99 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 tiennent une comptabilité budgétaire des recettes et des dépenses, une comptabilité générale suivant les principes déterminés par le plan comptable sectoriel des collectivités territoriales établi par voie règlementaire et une comptabilité analytique qui permet d’évaluer les coûts des services rendus ou des différents projets et programmes engagés. 234- Pour la garde et la conservation du mobilier et du matériel de la collectivité territoriale, l’ordonnateur désigne un comptable-matières parmi les agents publics compétents. D : Le contrôle de l’exécution du budget 235- La loi prévoit trois (3) types de contrôle à savoir : le contrôle par l’organe délibérant, le contrôle administratif et le contrôle juridictionnel. 236- L’organe délibérant exerce le contrôle sur l’exécution du budget pendant l’examen du compte administratif. En cas de constat d’irrégularités, il peut saisir l’autorité de tutelle. 237- Des services spécialisés de l’Etat peuvent aussi exercer un contrôle administratif sur la régularité et la performance de la gestion des collectivités territoriales. 238- Le contrôle juridictionnel est exercé par le juge des comptes à qui les pièces justificatives des opérations de trésorerie doivent être présentées. Toutefois des audits indépendants peuvent être effectués. 239- Le régime financier des collectivités territoriales ayant été fixé par le législateur, le Gouvernement a réglementé les emplois communaux. §2: LA REGLEMENTATION DES EMPLOIS COMMUNAUX 240- Les emplois à pourvoir dans les services des communautés urbaines, des communes d’arrondissement et des communes ont été organisés par arrêté n°00136/A/MINATD/DCTD du 24 août 2009. 241- Ce texte qui réglemente les organigrammes des collectivités territoriales fixe des règles générales applicables par toutes les collectivités territoriales (A) et les conditions et procédures de recrutement ainsi que le répertoire des métiers (B). A : Les règles générales 242- Les principes posés concernent l’organisation des structures et le mode de recrutement. 100 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 1) L’organisation des structures 243- La dénomination, l’organisation des structures prévues, leurs unités constitutives et le nombre de postes de travail sont déterminés par une délibération du conseil de la communauté urbaine ou du conseil municipal. 244- En raison de la connexité de leurs attributions, les organes compétents de la collectivité territoriale peuvent décider de regrouper plusieurs structures. Toutefois, ce regroupement ne doit pas nuire à la continuité du service public ou compromettre le bon exercice des compétences transférées. 245- Par ailleurs, une délibération du conseil de la communauté urbaine ou du conseil municipal peut, en raison des spécificités de la collectivité territoriale concernée, créer une structure non prévue par le texte, en vue de la réalisation d’une mission ou d’un ensemble d’activités particulières. 2) Le mode de recrutement 246- Le texte du 24 août 2009 a prévu les profils des personnels à recruter dans les collectivités territoriales et un répertoire des métiers. Les recrutements autorisés par voie de délibération du conseil de la communauté urbaine ou du conseil municipal doivent se référer à ces dispositions textuelles. 247- Cependant, le recrutement des personnels à partir de la 7ème catégorie est soumis à l’approbation du ministre chargé des collectivités territoriales décentralisées. B : Les conditions et procédures de recrutement ainsi que le répertoire des métiers 1) Les conditions et les procédures de recrutement des personnels a) Les conditions de recrutement 248- Les conditions générales liées à l’individu concernent la nationalité, l’aptitude physique, les droits civiques, la bonne moralité et l’âge. 249- Le personnel recruté est qualification. Le niveau certificat présenté par applicables aux agents classé en catégories suivant le niveau de de qualification dépend du diplôme ou le candidat conformément aux textes de l’Etat relevant du Code du travail. A 101 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 chaque niveau de qualification correspond une catégorie professionnelle. Les catégories vont de la première à la douzième. 250- Il y’a lieu de relever qu’on peut être recruté dans une commune sans niveau et sans connaissances élémentaires à la première catégorie. On peut également y être recruté en douzième catégorie si on est titulaire d’une agrégation ou d’un diplôme équivalent. 251- En outre, les ratios prévus par la loi portant régime financier des collectivités territoriales décentralisées doivent être respectés. b) Les procédures 252- Le candidat au recrutement dépose une demande d’emploi, le conseil municipal délibère sur le cas, le chef de l’exécutif prend la décision de recrutement et la soumet à l’approbation du préfet du département. 253- Toutefois, les personnels à partir de la 7ème catégorie sont recrutés par contrat de travail approuvé par le ministre en charge des collectivités territoriales. 2) Le répertoire des métiers 254- Le répertoire des métiers comprend les familles de métiers par filière et les activités et compétences par filière. a) Les familles de métiers par filière 255- On recense cinq(5) filières de métier que sont : - Management et gestion des ressources ; - Politiques publiques d’aménagement et de développement ; - Interventions techniques ; - Animation et services à la population ; - Sécurité. A chaque filière correspondent des familles professionnelles. Chaque famille professionnelle définit les profils de métiers y afférents et les catégories d’emploi attachées aux métiers exercés qui partent de cadre pour les plus élevés à employé de bureau pour les plus bas. b) Les activités et compétences par filière 256- A l’intérieur de chaque famille professionnelle sont analysés chaque profil de métier et la catégorie d’emploi correspondant à ce métier. 102 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 257- Le texte précise les activités ou les attributions du titulaire du poste de travail et les compétences ou connaissances qu’il doit avoir. 258- A titre d’illustration, dans la famille professionnelle « pilotage et management » de la filière « Management et gestion des ressources », le métier de secrétaire général de mairie correspond à un emploi de cadre et comporte entre autres activités : - l’assistance du maire dans la mise en œuvre de sa politique municipale et dans ses fonctions administratives; - la coordination et l’animation des services municipaux ; - la préparation des actes et décisions du maire ; - la coordination des activités des directeurs et chefs de services municipaux. 259- Le postulant à ce poste doit être compétent en matière de finances et comptabilité publiques, en matière de gestion budgétaire, des marchés publics, et des ressources humaines, en matière de contrôle de gestion et d’évaluation de politiques publiques et en matière de développement local et de gouvernance territoriale. 260- En marge des mesures prises pour faire avancer le processus de la décentralisation, le Gouvernement a continué d’œuvrer pour l’amélioration du climat politique. SECTION 2 : LA CONSOLIDATION DE LA DEMOCRATIE ET DU PLURALISME POLITIQUE 261- Elle s’est manifestée par l’autorisation de nouveaux partis politiques (§1) et la poursuite du financement de certains partis politiques (§2). §1: AUTORISATION DE NOUVEAUX PARTIS POLITIQUES 262- Pour renforcer la participation des citoyens à la gestion de la chose publique et l’égalité des chances politiques, le Gouvernement a autorisé 8 nouveaux partis politiques en 2009. La liste de ces nouveaux partis politiques est présentée dans le tableau ci-dessous. 103 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 DENOMITATION 104 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 §2 : LE FINANCEMENT DES PARTIS POLITIQUES AU TITRE DE L’ANNEE 2009 263- En application des dispositions de la loi n°2000/015 du 19 décembre 2000 relative au financement public des partis politiques et des campagnes électorales, les partis politiques ayant des représentants à l’Assemblée Nationale et ceux qui ont eu au moins 5% de voix aux dernières élections ont continué à bénéficier du financement public au titre de l’exercice budgétaire 2009, reparti selon les mêmes modalités qu’en 200853. 264- Avec le renforcement du cadre juridique en 2009, la décentralisation, dont le processus est appelé à évoluer jusqu’à son institutionnalisation définitive, a pu débuter en janvier 2010 par le transfert des compétences de neuf (09) départements ministériels aux collectivités territoriales. Le paysage politique quant à lui est de plus en plus étendu et serein. -53 Voir Rapport 2008 p115-116 105 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 106 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 265- Les développements ci-dessus permettent de se rendre compte que l’impunité n’est pas cautionnée par les pouvoirs publics qui s’emploient à la combattre par diverses mesures aussi bien disciplinaires que judiciaires. 266- Les réponses normatives et jurisprudentielles sont formulées en vue d’une expression optimale du droit à un procès équitable. 267- L’appui à l’émergence de véritables organes de presse est une constance de même que la régulation de leurs activités qui s’inscrit dans la logique d’une plus grande responsabilisation des acteurs de ce secteur, tout comme de celui des défenseurs des droits de l’Homme. 268- Par ailleurs, l’Etat veille à ce que la liberté de religion s’exerce dans le respect de l’ordre public. 269- On peut enfin noter que l’option pour la décentralisation s’est davantage précisée avec la fixation des règles y relatives tandis que le pluralisme politique s’est consolidée par la création de nouveaux partis politiques et la contribution au financement de ces organisations dans le cadre fixé par la loi. 107 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 108 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 270- Les mesures prises par le Gouvernement pour concourir à la protection des droits économiques, sociaux et culturels, bien que mitigées en 200854, se sont poursuivies avec des résultats plus perceptibles en 2009. 271- Ainsi, un accent particulier a été mis sur la maîtrise des prix des produits de consommation courante. La promotion de la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption, combats que mène le Cameroun depuis quelques années mais qui continue de susciter des interrogations de la part de la population quant aux résultats attendus, se sont déployées à travers des actions entreprises tant au plan institutionnel que normatif et juridictionnel. 272- D’autres préoccupations ont porté notamment sur la qualité de l’éducation, l’accès aux soins de santé, l’amélioration de l’offre en eau potable et en énergie électrique. 273- Tout comme les autres pays de la planète, le Cameroun a fait siennes les questions de préservation de l’environnement qui doivent être traitées dans une approche globale et concertée entre les Etats et partenaires au développement. 274- L’ensemble des questions évoquées et des mesures prises par les pouvoirs publics est examiné dans le cadre des chapitres ci-après : - la promotion de la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption (chapitre 1) ; - le droit à l’éducation (chapitre 2) ; - le droit à la santé (chapitre 3) ; - le droit à un niveau de vie suffisant (chapitre 4) ; - le droit au travail et à la sécurité sociale (chapitre 5) ; - le droit à un environnement sain (chapitre 6). -54 Voir Rapport du Ministère de la justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2008, version française, pp. 185-186. 111 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 112 Chapitre Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 275- La promotion de la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption demeurent des axes prioritaires de la politique gouvernementale. En 2009, le Gouvernement, les institutions de lutte contre la corruption, les représentations diplomatiques, les organisations de la société civile et le secteur privé se sont mobilisés pour promouvoir la bonne gouvernance (Section 1) et combattre la corruption (Section 2) au Cameroun. SECTION 1 : LA PROMOTION DE LA BONNE GOUVERNANCE 276- Dans le cadre de la promotion de la bonne gouvernance, plusieurs institutions se sont déployées au cours de l’année 2009. Les activités de quelques unes d’entre elles seront relayées (§1) de même que les activités menées dans certains secteurs spécifiques (§2). La mise en place de la e-governance marque également l’intention de rénover les pratiques et d’introduire davantage de transparence dans la gestion des affaires publiques (§3). §1 : LES ACTIVITES DE CERTAINES INSTITUTIONS 277- Les activités de l’Agence nationale d’investigation financière (ANIF) (A), de la Commission nationale anticorruption (CONAC) (B), du Conseil de discipline budgétaire et financière (C) et de la Chambre des comptes de la Cour suprême seront évoquées (D). A : Les activités de l’ANIF 278- Les activités les plus significatives de l’ANIF se sont déclinées autour du renforcement du cadre légal, des capacités des acteurs de la chaîne des investigations financières et de la coopération internationale. 1) Le renforcement du cadre légal 279- Sur le renforcement du cadre légal, le ministre des Finances a signé le 26 mars 2009, l’arrêté n° 0000014/CF/MINFI fixant à 5.000.000 (cinq millions) de FCFA, le seuil de déclaration à l’ANIF, des opérations en espèces ou par titre au porteur, conformément aux dispositions de l’article 12 (3) du Règlement n° 01/03/CEMAC/UMAC/CM du 04 avril 2003 portant prévention et répression du blanchiment des capitaux en Afrique centrale. L’application de cet arrêté à permis à l’ANIF de recueillir 40.000 (quarante mille) déclarations automatiques au cours de l’année 2009. 115 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 280- En outre, l’ANIF a reçu 119 déclarations de soupçon des personnes assujetties dont 29 ont été transmises dans les parquets compétents. 2) Le renforcement des capacités 281- S’agissant du renforcement des capacités, l’ANIF, en partenariat avec la Banque Mondiale a organisé du 12 au 16 octobre 2009 à Yaoundé, la première phase du séminaire de formation portant sur le renforcement des capacités des acteurs nationaux de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. 282- Cette formation a concerné des commissaires de police de la Direction de la police judiciaire (D.P.J) et de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE), des officiers supérieurs de la Gendarmerie, des magistrats, des cadres de la CONAC, de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (COBAC), de l’ANIF, du Contrôle supérieur de l’Etat (CONSUPE) et de la Chambre des comptes de la Cour suprême. 3) Le renforcement de la coopération internationale 283- Dans le cadre de la coopération internationale, l’ANIF a été admise comme candidate à l’adhésion au Groupe Egmont au cours de la séance plénière de cette institution tenue à Doha au Qatar en mai 200955. 284- Ce statut lui a permis d’échanger ses informations financières avec les cellules de renseignements financiers des pays étrangers, notamment l’Allemagne, l’Espagne, la France, le Tchad et la Centrafrique. Il donne la perspective d’une visibilité et d’une traçabilité des capitaux camerounais d’origine criminelle placés à l’étranger. B : Les activités de la CONAC 285- La CONAC a reçu, au cours de l’année 2009, 312 requêtes relatives à la corruption et infractions assimilées dont 238 ont été instruites. Il s’est agi notamment des cas de : corruption, détournement de deniers publics, violation des dispositions des marchés publics, intérêt dans un acte, concussion, favoritisme, enrichissement injustifié, abus de fonction. -55 Cette admission est intervenue le 29 juin 2010. 116 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 286- Sur hautes instructions du président de la République, le rapport des investigations faites par la CONAC dans les Trésoreries générales du pays en 2008, a été transmis en juillet 2009 au Contrôle Supérieur de l’Etat. 287- Le rapport de cette institution sur le détournement des fonds destinés au développement de la culture du maïs, adressé au Chef de l’Etat a mis en cause 47 suspects. Le dossier a été transmis aux autorités judiciaires. C: Les activités du Conseil de discipline budgétaire et financière 288- Au cours de l’année 2009, le Conseil de discipline budgétaire et financière a instruit des dossiers contre 19 ordonnateurs et gestionnaires de crédits publics. Elle a prononcé des sanctions contre 12 d’entre eux pour un préjudice évalué à 39.105.775.172 Fcfa (trente neuf milliards cent cinq millions sept cent soixante quinze mille cent soixante douze francs) CFA56 ainsi qu’il ressort du tableau ci-après: -56 Soit environ 60.168.84 Euros. 117 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 D: Les activités de la Chambre des comptes de la Cour suprême 289- Au cours de l’année 2009, la Chambre des comptes de la Cour suprême a continué d’exercer sa mission de contrôle des comptes ainsi que des activités administratives. 1) Les activités de contrôle 290- En matière de contrôle, la Chambre des Comptes exerce une compétence juridictionnelle et administrative. 291 - A titre de rappel, la compétence juridictionnelle s’exerce sur les comptes des comptables publics patents ou de fait de l’Etat et de ses établissements publics, et ceux des collectivités territoriales décentralisées et de leurs établissements publics. Le contrôle administratif quant à lui, porte sur les comptes des entreprises du secteur public et parapublic, organismes non soumis à la comptabilité publique. 118 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 292- Au 31 décembre 2009, dans le premier cas, sur 2187 comptes attendus, 600 ont été produits, dont 189 sur les 482 comptes attendus pour le compte de l’année 2009. 293- Dans le cadre de l’examen des comptes de 2009, la Chambre des Comptes a adressé 36 questionnaires, produit 37 rapports d’instruction, et rendu 19 arrêts provisoires, 06 arrêts définitifs et 04 arrêts de déclaration de gestion de fait. Elle a en outre transmis une affaire pénale au Ministère de la Justice. 294- Pour la même période, et s’agissant des comptes des entreprises non soumises aux règles de la comptabilité publique, sur 287 comptes attendus, 157 ont été produits dont 45 pour le compte de l’année 2009. La chambre a adressé 03 questionnaires, produit 06 rapports d’instruction, 05 rapports d’observations provisoires et 01 rapport d’observations définitives pour les comptes de l’année 2009. 295- Cette activité de contrôle des comptes a permis de constater une diminution de la production des comptes, la tendance étant plus accentuée au niveau des collectivités territoriales décentralisées, ce qui a quelque peu orienté les activités de sensibilisation de la Chambre en direction de ces structures. 2) Les activités administratives 296- Les leçons tirées des activités de contrôle ont conforté l’institution dans la poursuite de la sensibilisation des parties prenantes. Elle a rempli sa mission d’assistance et de conseil aux pouvoirs publics et a développé la collaboration avec les autres structures de contrôle. 297- S’agissant de la sensibilisation, elle a porté aussi bien sur la production que sur la tenue des comptes. Dans le premier cadre, 10 séminaires régionaux de formation des magistrats municipaux à la gestion financière et comptable des collectivités territoriales décentralisées ont été organisés. Par rapport au second volet, un forum de sensibilisation a regroupé des experts comptables et des commissaires aux comptes ainsi que des représentants du Ministère des Finances. 298- Pour ce qui est de la collaboration avec les autres structures de contrôle, elle a participé au Cadre permanent de concertation avec les services du Trésor, institué en 2008. 119 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 299- Relativement à l’assistance aux pouvoirs publics, la Chambre des Comptes a adressé son rapport sur les comptes de l’Etat au président de la République. Pour la dynamisation de la collaboration avec l’Assemblée nationale, elle a participé à des rencontres avec les membres de la Commission des Finances et du Budget. C’est le cas du forum d’échanges dont l’objet était d’examiner les moyens de renforcer les capacités de contrôle des finances publiques des membres de ladite Commission, en vue d’une meilleure exploitation des rapports de la juridiction financière. 300- Cette collaboration aussi bien avec le Ministère des Finances qu’avec le Parlement permettra à la Chambre des Comptes d’exercer effectivement la compétence qui lui est reconnue de donner son avis sur les projets de loi et de règlement, ce qui n’était pas encore le cas. § 2 : LA MISE EN ŒUVRE DES POLITIQUES SECTORIELLES DE BONNE GOUVERNANCE 301- Les actions menées dans les secteurs du tourisme (A), du transport (B) et de la justice (C) seront évoquées. A : Dans le secteur du tourisme 302- Les activités de la Commission de classement des établissements de tourisme (CCET) ont assaini ce secteur par la tenue de plusieurs sessions de travail en présence des différents membres statutaires, de plusieurs responsables des associations et syndicats des professionnels du tourisme. A l’issue de ces sessions, le nouveau classement des établissements de tourisme a été rendu public. B : Dans le secteur des transports 303- L’action a été orientée, entre autres, vers la transparence dans les procédures de délivrance des documents de transport et la sensibilisation sur le paiement des frais réglementaires. A titre d’illustration, il peut être signalé la suspension pour une durée de trois (3) mois, suivie de la relève de ses fonctions de M. BILONGO ZEH Maurice, Chef de Service régional des transports routiers du Centre, pour mises en cause répétées dans la délivrance de faux certificats d’immatriculation (carte grise) et rétention indue des frais acquittés par les usagers pour l’établissement des documents de transport. 120 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 304- Par ailleurs, des décisions en annulation de faux certificats d’immatriculation ont été rendues chaque fois que le faux a été établi. 305- En outre, au cours de la période de référence, diverses instructions ministérielles ont été édictées, dans le sens de la transparence et de l’information du public, afin que l’usager ne s’acquitte que des frais réglementaires affichés dans les babillards des structures centrales et déconcentrées du Ministère des Transports, chargées de la délivrance des documents de transport. C : Dans le secteur de la justice 306- La gestion par le Ministère de la Justice du mouvement d’humeur déclenché par certains avocats, suite à la condamnation à 15 ans d’emprisonnement ferme de maître Etienne Abessolo, Avocat au Barreau du Cameroun, dans l’affaire du Port Autonome de Douala57, s’inscrit dans le cadre de la promotion de la bonne gouvernance (1). L’on peut également signaler les mesures disciplinaires prises à l’encontre des personnels judiciaires (2). 1) La gestion du mouvement d’humeur des avocats 307- En signe de protestation contre cette décision, les avocats ont vidé la salle d’audience de la Cour d’Appel du littoral en procession et ont décidé de ne pas porter la robe toute une semaine à compter du 15 juin 2009, à l’issue d’une assemblée générale extraordinaire présidée par le Bâtonnier au cours de laquelle d’autres griefs ont été formulés. 308- Ces autres griefs concernaient : l’affectation des notaires dans la partie anglophone du pays en lieu et place des avocats, la promulgation de la loi 2009/004 du 14 avril 2009 sur l’assistance judiciaire qui admet les auditeurs de justice à la plaidoirie réservée aux avocats, la circulaire du Premier Ministre du 20 avril 2009 qui subordonne la présentation des conventions d’honoraires signées entre tous les départements ministériels et les avocats au ministère de la Justice, pour validation. 309- En réaction à ce mouvement d’humeur, le Vice Premier Ministre, Ministre de la Justice, Garde des Sceaux a donné un point de presse 57 Voir Rapport MINJUSTICE 2006, P. 98. 121 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 au cours duquel il a abordé certains sujets de préoccupation des avocats en y apportant, le cas échéant, des pistes de solution. a) Sur la condamnation d’un avocat 310- En rappelant que le Pouvoir judiciaire est indépendant et que personne ni aucun groupe de personnes ou corps de métier ne devrait interférer dans les décisions de justice, le Garde des Sceaux a souligné qu’il s’agissait d’une décision de justice rendue par des magistrats du siège dont le seul recours ouvert ne pouvait être que l’exercice d’un pourvoi en cassation par la partie qui s’estimerait lésée. b) Sur la validation des honoraires des avocats par le Ministère de la Justice 311- Le Garde des Sceaux a expliqué que la circulaire du Premier Ministre était une mesure interne adressée aux membres du Gouvernement, concernant la manière dont il faudrait désormais négocier les honoraires avec les avocats lorsqu’ils sont commis pour défendre les intérêts de l’Etat en Justice. 312- Que cette circulaire a été initiée du fait des dérives constatées au niveau de certaines sociétés d’Etat et administrations qui ont consenti des honoraires exorbitants à des avocats. Il était donc du pouvoir du ministre de la Justice d’attirer l’attention du Chef du gouvernement sur cette situation, rappelant que les honoraires sont négociés avant, et non fixés au pifomètre. Ceci d’autant plus que des sommes énormes étaient dépensées sans que l’Etat ait pu recouvrer un centime de ce qu’il réclamait. De plus, étant donné que c’est le ministre chargé des finances qui paie ces honoraires, il était nécessaire qu’il soit associé à la négociation. c) Sur le monopole de la défense des intérêts des clients 313- Le Garde des Sceaux a fait observer que le souci des avocats est de perdre l’exclusivité de la défense des parties au procès, tant en matière civile qu’en matière pénale. Or, la loi portant assistance judiciaire permet la désignation, outre des avocats, d’autres conseils pour assurer la défense des parties. 314- Il a relevé la nécessité de cette ouverture qui tient compte de la répartition inégale des avocats sur l’ensemble du territoire et de la modicité des revenus du camerounais moyen. Il a conclu au maintien 122 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 des dispositions légales en vigueur qui continueront d’être appliquées jusqu’à ce que l’évolution économique, sociale, et culturelle du pays permette à ce qu’il y ait des avocats partout et que le camerounais moyen ait la possibilité de s’offrir les services d’un avocat. 2) Les poursuites disciplinaires contre les personnels judiciaires 315- Au cours de l’année 2009, des sanctions ont été prononcées contre des magistrats pour actes contraires au serment, manquement à l’honneur, à la dignité et aux bonnes mœurs, insuffisance professionnelle et manquements aux devoirs de leur état. L’on a ainsi enregistré une (01) révocation et deux (02) réprimandes58. 316- S’agissant des auxiliaires de justice, le tableau ci-après illustre les sanctions prises à leur encontre : §3: LA MISE EN PLACE DE LA E-GOUVERNANCE 317- La e-gouvernance est un procédé qui consiste, pour un pays, à développer la gouvernance électronique pour améliorer sa gestion, 58 En application du statut de la magistrature, les actes du chef de l’Etat portant sanctions des magistrats ne peuvent faire l’objet de publication 123 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 augmenter sa productivité, promouvoir la transparence dans la conduite des affaires publiques. 318- Une étude de faisabilité de ce système a été instruite par le Gouvernement camerounais pour installer l’infrastructure à clé publique. L’étude a été réalisée par une entreprise coréenne : la Korean IT Promotion Agency (KIPA). Elle est un préalable à la dématérialisation des procédures administratives et commerciales au Cameroun. 319- L’objectif à atteindre est de mettre en place un environnement sécurisé afin de garantir la confiance dans les transactions électroniques. L’environnement est constitué des mesures d’ordre technique, juridique, organisationnel et éducationnel. L’infrastructure à clé publique s’inscrit dans le cadre des mesures à prendre en vue de garantir la sécurité du cyberespace et permet, à travers l’authentification, l’intégrité, et la confidentialité, de prémunir les données et les échanges électroniques d’attaques provenant des cybercriminels. La e-gouvernance est placée sous la tutelle des services du Premier Ministre. SECTION 2 : LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION 320- Dans le cadre du Plan Gouvernemental de Lutte contre la Corruption, et en vue de son effective application, une Cellule de Lutte Contre la Corruption (CLCC) a été créée au sein de chaque ministère. L’installation des cellules est une mesure administrative qui manifeste la volonté des pouvoirs publics de lutter contre la corruption dans les services publics. Après quelques années d’existence, il est apparu nécessaire d’évaluer l’apport de ces structures dans le recul de ce fléau (§1). L’action de celles-ci pouvant déboucher sur des poursuites judiciaires, un aperçu de ces poursuites pour l’année 2009 sera dévoilé (§2). § 1 : LES MESURES ADMINISTRATIVES : L’ACTION DES CELLULES MINISTERIELLES DE LUTTE CONTRE LA CORRUPTION 321-L’analyse des activités de sept cellules instituées au sein du Ministère de la Justice, du Contrôle Supérieur de l’Etat (CONSUPE), du Ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (MINEPAT), du Ministère du Commerce, du Ministère des Enseignements secondaires 124 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 (MINESEC), du Ministère du Travail et de la Sécurité Sociale (MINTSS) et du Ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle (MINEFOP) indique que ces structures ont tant bien que mal assumé leurs missions statutaires (A) et ont rencontré quelques difficultés qui ne leur ont pas toujours permis de se déployer de façon optimale (B). A : La volonté de déploiement des cellules ministérielles de lutte contre la corruption 322- Au cours de l’exercice 2009, les activités les plus significatives des CLCC dans les départements ministériels ciblés ont porté sur les deux axes principaux ci-après: 1) La prévention de la corruption par la sensibilisation et l’information 323- La sensibilisation des responsables et personnels des administrations, s’est faite essentiellement par le biais de réunions élargies et à vocation participative. Dans ce sens, la CLCC du Ministère du Commerce a organisé, le 23 janvier 2009, une rencontre de sensibilisation sur la lutte contre la corruption à l’intention d’une cinquantaine de responsables et personnels de la Brigade nationale des contrôles et de la répression des fraudes et des Brigades régionale du Centre et Départementale du Mfoundi. 324- L’élaboration en cours, par la CLCC du CONSUPE d’un projet de Code d’Ethique et de Déontologie des vérificateurs, afin de les guider dans leur activité au quotidien, participe également de la volonté de sensibilisation des responsables concernés. 325- L’information du public a été abordée à travers l’affichage de messages de sensibilisation sur la lutte contre la corruption dans les services centraux des ministères concernés, ainsi que dans leurs services déconcentrés. Des supports publicitaires ont été également mis à contribution. Dans ce sens, l’on peut signaler l’impression par la CLCC du CONSUPE, des messages anti-corruption sur divers supports (T-shirt, sac, casquettes, macaron et blocs-notes) destinés au personnel choisi pour sensibiliser le public. 326- C’est encore ce souci d’informer et de protéger de manière préventive la société des méfaits de la corruption qui va conduire la CLCC du Ministère de la Justice à lancer une émission radiophonique 125 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 bilingue (langues officielles et nationales), ainsi que son site Web, ou encore le Ministère du Commerce à envisager l’élaboration d’un guide des usagers ainsi qu’un manuel des procédures correspondantes. 327- Des évaluations du risque de corruption ont été effectuées par la CLCC du CONSUPE afin de détecter tous les facteurs déclenchant de ce fléau. L’objectif est de permettre l’adoption de mesures adéquates pour prévenir et gérer les risques inhérents à ce phénomène. 328- Certaines CLCC ont en outre orienté leur action vers la célébration de comportements éthiques à travers la désignation des meilleurs agents de leurs départements ministériels. 2) L’investigation 329- Les activités d’investigation des CLCC ont consisté essentiellement à mener des enquêtes, à la suite de requêtes et dénonciations faites par certains personnels et usagers du service public. 330- A ce titre, la CLCC du Ministère du Commerce a mené 08 missions d’investigation à Limbé, Bafoussam, Bertoua, Bafia, Kribi, Yaoundé, Bamenda et Nanga-Eboko tandis que celle du MINTSS a effectué deux missions dans la région du Centre. 331- Les CLCC du MINEPAT, du MINEFOP et du MINESEC ont instruit des dénonciations d’actes de corruption. Dans les cas où les faits dénoncés étaient avérés, ces cellules ont proposé des sanctions qui ont été effectivement infligées aux personnels concernés. Il s’est agi de la mutation, de la relève des fonctions, de l’avertissement et du blâme avec inscription au dossier. 332- La suspension de fonctions a en outre été infligée à deux enseignants du Lycée technique de Douala Koumassi pour rançonnement de dixhuit (18) candidats aux épreuves pratiques du probatoire F et BT au Centre de CFTI de Douala. 333- L’activité de la CLCC du MINEFOP a abouti à la suspension de prestation des marchés publics de deux prestataires ainsi qu’à la saisine des autorités judiciaires dans deux affaires. 334- Au CONSUPE, c’est le comportement douteux de certains vérificateurs à l’occasion de leur mission qui a fait l’objet des missions d’enquête de la CLCC. Il en est ainsi de la mission d’enquête qui 126 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 s’est rendue à Douala pour des investigations sur le déroulement de la mission à la SCDP et des dossiers soumis au CDBF. A la suite, des notes d’informations ont été transmis au Chef du département. B : Quelques difficultés rencontrées 335- Certaines CLCC ont rencontré des difficultés dans l’accomplissement de leurs missions. Celles-ci étaient essentiellement de trois ordres : financier, matériel et humain. A côté de ces difficultés, l’étendue des pouvoirs des CLCC n’était pas évidente. 336- Sur le plan financier, la modicité de l’enveloppe budgétaire, les quotas d’engagements et autres restrictions budgétaires ainsi que la difficulté de mobilisation de l’enveloppe budgétaire disponible n’ont pas permis à certaines CLCC de mener à bien leurs activités. Ces difficultés financières ont impacté négativement sur le rassemblement des moyens matériels et le recours à un personnel d’appui pour certaines tâches. 337- Sur le plan humain, les effectifs de certaines CLCC se sont avérés insignifiants par rapport au volume des dossiers à traiter et à l’ampleur de la mission à laquelle ne sont pas affectés exclusivement les membres, ceux-ci exerçant par ailleurs d’autres fonctions. 338- S’agissant du pouvoir des CLCC, une certaine résistance a été parfois observée chez des personnes invitées à s’expliquer devant cette instance. Certaines CLCC insistent dès lors sur la nécessité d’accroître leurs pouvoirs d’enquête afin de renforcer l’efficacité de leurs interventions, et partant, leur autorité et leur crédibilité vis-à-vis des personnes concernées. 339- Les activités des Cellules ministérielles de lutte contre la corruption ont apporté des résultats plus ou moins mitigés. La restructuration de ces structures est envisagée. 340- La justice étant le dernier rempart dans l’assainissement des comportements, la lutte contre la corruption passe également par des sanctions judiciaires. § 2 : LES POURSUITES JUDICIAIRES 341-La mauvaise gestion de certains comptables publics a nécessité des poursuites judiciaires dans le cadre de ‘’l’opération épervier’’. Après le compte-rendu des procédures évoquées dans les précédents 127 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 rapports (A), les poursuites judiciaires engagées en 2009, dans le cadre de la même ‘‘opération épervier’’ seront examinées (B). A : Evolution des procédures évoquées dans les précédents rapports 342- Les procédures judiciaires suivies dans le cadre de l’opération dite ‘’ Epervier’’, ont connu les évolutions suivantes : 1- l’affaire c/ OLANGUENA AWONO Urbain59, ex-ministre de la Santé publique et 16 de ses collaborateurs, est pendante devant le Tribunal de grande instance du Mfoundi ; 2- l’affaire c/ ABAH ABAH Polycarpe60, ex-Ministre de l’Economie et des Finances est pendante devant le Tribunal de grande instance du Mfoundi ; 3- l’affaire c/ MOAMPAMB ABONO Paulin61, ancien Secrétaire d’Etat aux Travaux Publics et ancien Maire de la Commune de Yokadouma, est pendante devant le Tribunal de grande instance de la Boumba et Ngoko62; 4- l’affaire c/ FORNJINDAM Zaccheus est pendante devant le Tribunal de grande instance du Wouri; 5- l’affaire c/ ENGO Pierre Désiré63, ex Directeur Général de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale, est en cours devant le Tribunal de grande instance du Mfoundi ; 6- l’affaire c/ SIYAM SIWE Alphonse64, ex ministre, ex Directeur Général du Port Autonome de Douala a connu un dénouement à la Cour d’appel du Littoral. 343- Le tableau ci-après récapitule la situation telle qu’elle a évolué du tribunal à la cour d’appel pour cette dernière affaire. -59 Voir rapport du MINJUSTICE sur l’état des Droits de l’Homme au Cameroun en 2008 p. 147 -60 Idem -61 Idem -62 Voir rapport du MINJUSTICE sur l’état des Droits de l’Homme au Cameroun en 2008 p. 148 -63 Voir rapport du MINJUSTICE sur l’état des Droits de l’Homme au Cameroun en 2006 p. 148 -64 Voir Rapport MINJUSTICE 2006, P. 98. 128 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 Tableau récapitulatif des Décisions B : Etat des poursuites engagées en 2009 344- Au cours de l’année judiciaire 2009, la détermination d’assainir la gestion des deniers publics s’est traduite par des poursuites engagées contre les auteurs de détournements épinglés dans différentes classes sociales dans les structures publiques et para publiques. 345- C’est ainsi qu’au seul Tribunal de grande instance du Mfoundi à Yaoundé, Quarante neuf (49) dossiers de détournement de deniers publics ont été ouverts à l’information judiciaire, soixante quatre (64) sont en instance de jugement, trente une (31) décisions ont été rendues dont seize (16) ont fait l’objet d’appel et une (01) a fait l’objet d’opposition. 346- Parmi ces dossiers, il ya lieu de signaler l’affaire Atangana Mebara Jean Marie, ancien Secrétaire général de la Présidence de la République, pendante devant ce tribunal. 347- Au Tribunal de grande instance du Littoral à Douala, on peut signaler l’information judiciaire ouverte le 18 août 2009 contre Nguini Effa Jean Baptiste, ex Directeur Général de la Société camerounaise des dépôts pétroliers (SCDP) et seize de ses collaborateurs. 348-Malgré les mesures prises par le Gouvernement, la corruption continue de miner les fondations de la société camerounaise. Cependant, il y’a lieu d’espérer que les efforts entrepris pour l’amélioration des cadres juridiques et institutionnels chargés d’assurer la bonne gouvernance contribueront à lutter plus efficacement contre le fléau de la corruption. 129 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 130 Chapitre Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 349- La mise en œuvre du droit à l’éducation s’est réalisée en 2009 à travers les actions menées au niveau de l’éducation de base (section 1), de l’enseignement secondaire (section 2) et de l’enseignement supérieur (section 3). SECTION 1 : AU NIVEAU DE L’EDUCATION DE BASE 350- Au niveau de l’éducation de base la Stratégie sectorielle de l’éducation, s’est réalisée à travers notamment: - la progression des indicateurs clés de scolarisation du domaine de l’éducation de base (§1) ; - le renforcement des mesures relatives à l’offre d’éducation (§2) ; - la poursuite de l’amélioration de la qualité de l’éducation (§3). §1 : LA PROGRESSION DES INDICATEURS CLÉS DE SCOLARISATION 351- L’examen global de l’évolution de la couverture scolaire en 2009 a fait ressortir une progression des indicateurs de scolarisation tant au niveau de l’éducation préscolaire (A) qu’au niveau de l’enseignement primaire (B). A : Dans l’éducation préscolaire 352- Les effectifs scolarisés dans l’enseignement maternel sont passés de 263 855 en 2008 à 287 885 en 2009. Dans le même temps, le nombre de salles de classe est passé de 7770 en 2008 à 8456 en 2009. 353- Cette progression prend en compte aussi bien les écoles publiques que les écoles communautaires, notamment les écoles dites des parents et les Centres préscolaires communautaires qui reçoivent de l’État et des Organisations Non Gouvernementales d’Éducation NonFormelle une aide directe. 354- Dans l’ensemble, l’évolution observée est conforme aux indices recensés par le Document de stratégie qui recommande une extension de l’enseignement préscolaire au profit des zones rurales qui sont les plus défavorisées. Le tableau ci-dessous présente l’évolution du taux brut de scolarisation dans le préscolaire au cours des années 2008 et 2009. 133 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 Présentation des indicateurs du préscolaire (IPS) au cours des années 2008 et 2009 Source : Ministère de l’Éducation de Base. 355- En ce qui concerne la promotion de l’approche genre dans l’enseignement préscolaire, l’on peut relever à la lecture du tableau ci-dessus que la population scolarisée de sexe féminin est passée de 132 369 élèves en 2008 à 144 880 en 2009, soit une augmentation en chiffres réels de 12 511 élèves. B : Dans l’enseignement primaire 356- Le système éducatif de base a connu au cours de l’année 2009, un accroissement de la population scolarisée du primaire de l’ordre de 149 185 élèves. En effet, les effectifs scolarisés dans l’enseignement primaire estimés à 3 201 477 élèves en 2008, sont passés à 3 350 662 élèves en 2009. L’évolution des indicateurs, en ce qui concerne le nombre d’écoles et de salles de classe est également significative. Ainsi, on a enregistré 13 856 écoles en 2009 contre 12 326 écoles en 2008. Dans la même période, le nombre de salles de classe est passé de 63 252 en 2008 à 69 805 en 2009. Le taux d’accès dans les écoles au titre de l’année 2009 est de 115% dans les écoles primaires du sous-système francophone et de 113% dans les écoles primaires sous-système anglophone. S’agissant du taux d’achèvement du cycle primaire, le sous-système francophone enregistre 67,29% et le sous-système anglophone 87,29%. 357- Dans le tableau ci-dessous, les indicateurs de scolarisation du primaire en 2009 sont présentés de manière exhaustive. Il s’agit principalement des indicateurs de couverture et de rendement interne du cycle de l’enseignement primaire au cours de l’année de référence. 134 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 Présentation des indicateurs de couverture et de rendement interne du cycle de l’enseignement primaire en 2009 358- En ce qui concerne les indicateurs de qualité dans le cycle de l’enseignement primaire, l’on peut relever l’accroissement du nombre d’écoles et de salles de classe aussi bien dans le sous-système francophone que dans le sous-système anglophone. Le tableau ciaprès est illustratif. Présentation des indicateurs de qualité dans le cycle de l’enseignement primaire en 2009 359- D’une manière générale, la progression des indicateurs de scolarisation a mis en exergue les efforts entrepris par le Gouvernement dans le cadre de l’amélioration de l’offre d’éducation. 135 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 § 2 : LE RENFORCEMENT CONSTANT DES MESURES RELATIVES À L’OFFRE D’EDUCATION 360- Les mesures prises par le Ministère de l’Education de Base en 2009 se sont inscrites dans le sens de la continuité et de la préservation des acquis notamment en ce qui concerne le développement des infrastructures scolaires (A) et le recrutement de nouveaux enseignants (B). A : Le développement des infrastructures scolaires 361- Les efforts entrepris par le Gouvernement en matière de construction et d’équipement des salles de classe, combinés à la réalisation de certains travaux en coopération avec les partenaires divers ont été poursuivis. En résumé, ont été construits en 2009 : 1027 nouvelles salles de classe, 21 nouvelles écoles maternelles, 04 délégations régionales, 07 délégations départementales, 09 inspections d’arrondissement, 07 Ecoles Normales d’Instituteurs de l’Enseignement Général, 15 logements pour les enseignants, 08 points d’eau, 52 blocs latrines, 05 clôtures. 362- En ce qui concerne l’équipement des salles de classe, 52 325 tablesbancs et 1043 bureaux de maitres ont été livrés dans les écoles. B : Le recrutement de nouveaux enseignants 363- Au cours de l’année 2009, le Ministère de l’Éducation de Base a procédé au recrutement de nouveaux enseignants dans le cadre de l’opération de contractualisation des ex-instituteurs vacataires en cours. Ce recrutement a permis de renforcer progressivement les effectifs du personnel enseignant sur l’ensemble du territoire. De manière concrète, il est à relever qu’au titre de l’année 2009, 6490 nouveaux enseignants ont été recrutés. Ce qui porte à 30 100 le nombre d’enseignants recrutés depuis le démarrage de cette opération. § 3 : LA POURSUITE DE L’AMELIORATION DE LA QUALITE DE L’EDUCATION 364- La qualité de l’éducation a été améliorée au cours de l’année 2009 avec l’effectivité des enseignements des droits de l’homme (A) et le renforcement de l’enseignement des technologies de l’information et de la communication dans les écoles maternelles, primaires et normales du Cameroun (B). 136 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 A : L’effectivité des enseignements des droits de l’homme 365- Après le lancement du programme d’éducation aux droits de l’homme le 23 décembre 2008, six cent soixante sept (667) Cahiers et Guides Pédagogiques ont été mis à la disposition du Ministère de l’Éducation de Base par la Commission Nationale des Droits de l’Homme et des Libertés. 366- Ces manuels ont été acheminés vers les 50 établissements pilotes dont 09 anglophones, 34 francophones et 07 bilingues en vue du début effectif des enseignements le 16 Janvier 2009. 367- Le 05 juin 2009, s’est tenue dans la salle des conférences de la Commission Nationale des Droits de l’Homme et des Libertés à Yaoundé, une réunion d’évaluation des Programmes d’éducation aux droits de l’homme. Cette réunion a permis de relever les principales difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de ce programme notamment, la durée assez courte du temps d’appropriation des contenus par les enseignants, l’insuffisance des manuels (Guides et Cahiers pédagogiques), la faible sensibilisation des responsables administratifs chargés du suivi et de l’encadrement des enseignants au sein des établissements scolaires. 368- A l’issue de ladite réunion, les participants ont proposé la prorogation pour une (01) année, de la phase d’expérimentation, ainsi que la poursuite de la formation des encadreurs et des enseignants, la formation des chefs d’établissements scolaires pour mieux les sensibiliser à cette nouvelle tendance, et l’octroi des manuels pédagogiques à tous les enseignants concernés. B : L’introduction de l’enseignement des technologies de l’information et de la communication 369- Les actions entreprises dans ce domaine par le Ministère de l’Éducation de Base en 2009, ont porté pour l’essentiel sur la reproduction des programmes d’enseignement des Technologies de l’Information et de la Communication , la distribution desdits programmes dans toutes les régions du pays, la poursuite de la formation des encadreurs et des enseignants, et le réajustement des outils de formation en prélude au début de l’évaluation de ces enseignements prévu en 2010. 137 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 370- En effet, conformément aux dispositions de l’article 3 de l’arrêté n° 5592/B1/ 780/MINEDUC/CAB du 24 Septembre 2007 portant introduction de l’informatique dans les programmes d’enseignement des établissements scolaires relevant du Ministère de l’Education de Base, l’enseignement des technologies de l’information et de la communication sera proposé au cours de la session 2010 comme épreuve facultative à tous les examens organisés par ce département ministériel notammen, au Certificat d’Etudes Primaires (CEP), au First School Living Certificate en abrégé (FSLC), au Concours d’entrée dans les Ecoles Normales d’Instituteurs de l’Enseignement Général (ENIEG) et au Certificat d’Aptitude Pédagogique d’Instituteur de l’ Enseignement Maternel et Primaire (CAPIEMP). SECTION 2 : AU NIVEAU DE L’ENSEIGNEMENT SECONDAIRE 371- L’année scolaire 2008-2009 a été placée, sous le signe de la « gestion qualité et amélioration des performances scolaires », l’objectif étant de manière globale d’améliorer l’offre en matière d’éducation, sur le double plan qualitatif (§1) et quantitatif (§2). § 1 : L’AMELIORATION QUALITATIVE DE L’OFFRE DE L’EDUCATION 372- Les actions portant sur la qualité de l’offre d’éducation secondaire ont été axées autour de l’amélioration de la gouvernance (A), la mise en relief de la professionnalisation des enseignements (B) et la promotion du bilinguisme (C). A : L’amélioration de la gouvernance 373- L’accent a été mis sur la gouvernance dans la gestion administrative ainsi que dans l’organisation des examens. 1) La gouvernance dans la gestion administrative 374- Pour permettre un fonctionnement harmonieux et une évaluation objective des services centraux et déconcentrés ainsi que des établissements scolaires, plusieurs textes réglementaires ont été pris. Il s’agit de : - la lettre circulaire n°14/09/MINESEC/IGS du 20 avril 2009 relative au suivi et évaluation du rendement des services ; - la lettre circulaire n°16/09/MINESEC/IGS du 20 avril 2009 relative à la transmission des documents ; 138 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 - la lettre circulaire n°17/09/MINESEC/IGS du 20 avril 2009 portant définition des normes et procédures de recrutements des élèves dans les établissements d’enseignement secondaire publics ; - la lettre n° 1036/09/MINESEC/IGS du 20 avril 2009 relative à la liste exhaustive des documents périodiques exigibles ; - la lettre n°1077/09/MINESEC/IGS du 22 avril 2009 relative à la diffusion des instructions ministérielles ; - la lettre n°1206/09/MINESEC/IGS du 14 mai 2009 relative au respect de l’Instruction n°007 CAB/PM du 05 septembre 2001 portant critères de nomination des fonctionnaires des corps de l’éducation nationale à des postes de responsabilité ; - la lettre n° 1423/09/MINESEC/IGS du 04 juin 2009 relative aux activités des responsables administratifs et financiers dans les DRES et les DDES ; - la lettre n°1634/09/MINESEC/IGS du 29 juin 2009 relative aux lenteurs dans la transmission des dossiers ; - la lettre circulaire n° 24/09/LC/MINESEC/CAB/IGS du 30 juin 2009 relative à la confidentialité et à l’obligation de discrétion professionnelle. 2) La gouvernance dans l’organisation des examens 375- Avec la sérénité conférée aux activités du Comité de Suivi suite à l’accord donné par le Premier Ministre, Chef du Gouvernement de laisser fonctionner cette structure, l’organisation des examens officiels a été nettement améliorée. Cette amélioration a été le résultat d’un certain nombre de stratégies qui ont contribué notamment à : - garantir la fiabilité des instruments par l’élaboration et le dépôt de 2 693 sujets d’examens dans les banques d’épreuves de la DECC, de l’OBC et du GCE Board ; - élaborer et transmettre aux structures en charge des examens des listes d’aptitude aux fonctions de correcteurs et chefs de salle de correction ; - renforcer l’encadrement pédagogique des candidats par des actions d’appui aux candidats à la préparation des examens officiels à travers : * l’organisation des cours de soutien à l’intention des élèves des classes d’examens, des examens blancs et le 139 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 « Mock-examination », des conférences pédagogiques à l’intention des élèves candidats aux examens officiels et * la diffusion des émissions sur les examens dans les chaînes de radio. - renforcer les capacités des intervenants de la chaîne d’organisation des examens par l’organisation des sessions de formation ainsi que des réunions de concertation à l’intention des intervenants de la chaîne d’organisation des examens 2009, dans l’optique de mieux les outiller à l’accomplissement de leurs tâches respectives ; - superviser la formation initiale des élèves professeurs et conseillers d’orientation de l’ENS, de l’ENSET et des ENIET. 376- Un grand intérêt a été accordé à la formation initiale des élèves professeurs, conseillers d’orientation et instituteurs de l’enseignement technique respectivement de l’ENS (Yaoundé et annexe de Bambili), de l’ENSET de Douala et des ENIET (Soa, Douala et Mbengwi) avec comme bilan : * 652 finissants de l’ENSET de Douala et 1 668 finissants de l’ENS de Yaoundé suivis et évalués ; * 848 dossiers techniques des candidats au CAPIET examinés dans les ENIET. Cet intérêt se justifie d’autant plus que l’enseignement technique constitue l’un des leviers de la professionnalisation des enseignements. B : La mise en relief de la professionnalisation des enseignements 377- Dans le cadre de la mise en œuvre du Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE), la stratégie sectorielle concernant les enseignements secondaires met désormais en relief la professionnalisation des enseignements. 378- Le souci de faire en sorte que les savoir faire constituent désormais le socle de tous les savoirs au niveau du secteur éducatif trouve sa réponse dans 3 initiatives : - la mise en œuvre de la formation en alternance dans les établissements d’enseignement technique à travers des projets de convention de partenariat. A ce titre, une convention cadre MINSEC/MINSANTE sur la formation en maintenance hospitalière 140 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 a été signée. Par ailleurs 400 entreprises nationales ont été sollicitées pour accueillir ces étudiants en stage en entreprises non rémunéré; - la publication d’un guide d’information sur les opportunités de formation et d’insertion professionnelle au Cameroun. Cet ouvrage est le produit de la coopération Cameroun/BAD dans le cadre du Projet d’appui à la Réforme de l’enseignement technique et de la formation professionnelle (PARETFOP). Il se présente sur 7 niches de formations porteuses d’emplois à l’horizon 2018; - l’introduction des modules technologiques dans l’enseignement secondaire général, notamment en agriculture et en artisanat amorcée en 2008 dans certains lycées régionaux (centre et ouest) s’est concrétisée en 2009. 379- En outre, le PARETFOP a assuré la promotion de l’excellence en offrant 100 bourses d’études et 30 prix d’excellences aux étudiantes méritantes de l’ENSET. 380- L’année 2009 aura aussi été la première année d’expérimentation de langues nationales dans les programmes scolaires ainsi que celle de l’extension des TIC dans les établissements scolaires du secondaire. C : La promotion du bilinguisme 381- L’action engagée par le Gouvernement en vue d’un réel enracinement du bilinguisme dans les services éducatifs s’est poursuivie avec un accent particulier sur : - l’implantation du nouveau programme d’éducation bilingue spécial dont la phase d’expérimentation a été menée au cours de l’année scolaire 2008-2009 dans 45 établissements secondaires pilotes choisis dans les régions de l’Adamaoua et du Littoral ; - la redynamisation des bibliothèques scolaires et le développement d’une culture de lecture dont l’un des faits saillants a été la distribution au mois de mai de 17 411 ouvrages (fruits du partenariat MINESEC/IOCC) dans 132 établissements scolaires repartis dans les dix régions ; - la production dans les deux langues officielles de tous les textes pris par le Ministère des Enseignements Secondaires ainsi que les autres outils de communication du département ministériel. 141 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 § 2 : L’AMELIORATION DE L’OFFRE QUANTITATIVE 382- L’offre quantitative d’éducation peut s’apprécier à partir de la carte scolaire qui présente l’état des lieux et permet en même temps de faire des prévisions rationnelles. L’analyse des données pour l’année scolaire 2008-2009 indique un accroissement des ressources humaines (A) ainsi qu’une augmentation de l’offre infrastructurelle (B). A : Un accroissement des ressources humaines 383- L’accroissement des ressources humaines concerne aussi bien le nombre d’élèves que celui des enseignants. 1) L’évolution des effectifs des élèves 384- Les effectifs des élèves de l’enseignement général public ont connu une nette augmentation passant de 669.129 élèves à 1.023.265 en 2008-2009. On a remarqué une augmentation plus accentuée chez les filles que chez les garçons. 385- Dans l’enseignement technique, les effectifs sont passés de 137.044 en 2006-2007 à 264.802 élèves en 2008-2009 avec une pointe remarquable chez les élèves garçons qui passe de 80.128 à 164.950 élèves. 2) L’évolution du nombre d’enseignants 386- Dans l’enseignement technique public, les effectifs ont globalement augmenté de plus de 30% soit 8483 enseignants. Cet accroissement est plus accentué chez les femmes qui passent de 1381 en 20062007 à 3095 en 2008-2009. 387- Dans l’enseignement général, les personnels ont connu une évolution moins forte avec une augmentation de 20% partant de 15.558 en 2006-2007 à 19505 en 2008-2009 avec 12.708 hommes pour 6.797 femmes. 388- Cet accroissement du nombre d’enseignants ne permet pas encore d’atteindre le ratio national enseignant/élèves qui est exprimé à 1 enseignant pour 55 élèves. Dans la pratique, la proportion est d’un enseignant pour 120 élèves dans le meilleur des cas. Toutefois, l’effort constant du Gouvernement dans la formation initiale et le recrutement des contractuels permettra de juguler la pénurie en ressources humaines constatée dans ce corps. 142 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 389- Par ailleurs, une intense activité d’encadrement pédagogique de proximité des enseignants a été menée par des inspections de pédagogie avec comme premier bilan, 7.000 enseignants recyclés au mois de mai 2009. B : Une augmentation de l’offre infrastructurelle 390- Les efforts conjugués du gouvernement et de tous les partenaires dans le cadre des différents projets de coopération permettent de garder une constante évolution en offre infrastructurelle. C’est ainsi qu’au cours de l’année scolaire 2008-2009, les infrastructures suivantes ont été construites : 660/931 salles de classes, 20/22 blocs administratifs, 41/44 ateliers de l’enseignement secondaire technique et normal, 10 salles d’informatiques, 80 blocs de latrines, 2 CETIC, 2 CES. Dans le même temps, 12/15 Centre de ressource multimédia (CRM) ont été aménagés. 391- A la rentrée 2009-2010, on comptait dans l’enseignement public 1134 établissements d’enseignements général et 331 d’enseignements techniques et professionnels. SECTION 3 : AU NIVEAU DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR 392- Le Ministère de l’Enseignement Supérieur a poursuivi en 2009, les réformes engagées, en vue de la consolidation du système LMD (§1), l’élargissement de la carte universitaire (§2) et l’amélioration de l’environnement universitaire (§3). §1 : LA POURSUITE DE LA CONSOLIDATION DU SYSTÈME LMD 393- L’application du système LMD dans toutes les universités a permis en 2009, de procéder à un diagnostic réel sur son effectivité à travers les missions d’inspection académiques. Ces missions avaient pour objectif principal, la vérification des dispositions prises et les pratiques engagées par les universités pour la mise en place du système LMD depuis la rentrée 2006-2007 suivant le chronogramme adopté par la CRUROR –AC. 394- Au regard des rapports produits, de nombreuses mesures ont été prises pour une amélioration progressive de l’application de ce système. Ainsi, sur le plan académique, il a été demandé aux différents responsables des universités de meubler leur plan de développement en y incluant les multiples besoins et contraintes liés 143 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 à ce nouveau système d’enseignement. En plus, il a été demandé aux responsables du Programme d’Appui à la Composante Technologique et Professionnelle de l’Enseignement Supérieur (PROACTP) de fournir du matériel didactique à de nombreux établissements notamment ceux des filières médicales et technologiques. 395- De nombreuses séances de travail ont été organisées afin de parvenir à une intégration franche et réaliste des partenaires socioprofessionnels dans la formation des étudiants et apprenants, pour permettre une avancée vers la création des filières professionnalisantes et une formation professionnelle adéquate. L’organisation des «Universiades Académiques» a consacré la victoire générale de l’Université de Douala, dont les projets ont été classés premiers par ordre de mérite et primés. §2 : L’ELARGISSEMENT DE LA CARTE UNIVERSITAIRE 396- L’élargissement de la carte universitaire a été perceptible au niveau de la diversification de l’offre de formation (A) et de l’accroissement de la population estudiantine (B). A : La diversification de l’offre de formation 397- L’année 2009 a principalement été marquée par la création de nouvelles institutions d’enseignement supérieur. La faculté des Beaux Arts a été créée à l’Université de Maroua. A l’Université Douala, ont été créées la faculté des Beaux Arts de Nkongsamba et celle des Industries Halieutiques de Yabassi. 398- Le projet de création de deux Universités virtuelles dont l’Université virtuelle d’Afrique Centrale, financé principalement avec l’appui de la coopération indienne a connu en 2009 une avancée appréciable par l’achèvement de la construction de nombreuses infrastructures ainsi que leurs équipements au niveau du site de l’Ecole Nationale Supérieure Polytechnique (ENSP). B : L’accroissement de la population estudiantine 399- Le tableau ci-après illustre la tendance à l’accroissement de la population estudiantine : 144 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 Source : Ministère de l’enseignement Supérieur §3 : L’AMELIORATION DE L’ENVIRONNEMENT UNIVERSITAIRE 400- Les actions engagées en 2008 se sont poursuivies par la réhabilitation et la construction des infrastructures (A) la consolidation des projets inscrits dans la stratégie sectorielle (B) et la lutte contre la pauvreté en milieu universitaire (C). 145 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 A : La réhabilitation et la construction des infrastructures universitaires 1) La réhabilitation des infrastructures 401- En marge du traditionnel budget d’investissement de chacune des universités, une subvention spéciale d’urgence d’un montant global de 2 300 000 000 de francs CFA leur a été allouée pour la réhabilitation de certaines infrastructures. Ainsi à la Faculté de Médecine et des Sciences Biomédicales de l’Université de Yaoundé I, les bâtiments de l’Unité des soins biomédicaux, de l’Unité de santé publique, de l’éclairage VRD, et le bâtiment administratif ont été rénovés. 402- Des travaux de réhabilitation ont également été lancés dans d’autres universités et établissements tels que la Faculté des sciences agronomiques (FASA) de Dschang, l’Institut Universitaire de Technologie (IUT) de Ngaoundéré, l’Institut Universitaire de Technologie (IUT) Fotso Victor de Bandjoun, l’Ecole Nationale Supérieure des sciences agros industrielles (l’ENSAI) de l’Université de Ngaoundéré, l’Ecole Normale Supérieure de l’Enseignement Technique (ENSET) de l’Université de Douala et à l’Ecole Normale Supérieure de Bambili. 2) La construction des infrastructures 403- Les travaux de construction ci- après ont été engagés : - A l’université de Yaoundé1, la construction et l’équipement d’un bloc de dix laboratoires et 8 salles de cours, la fin de la première phase des travaux de construction et d’équipement d’un bloc pédagogique de 800 places ; - A l’Université de Ngaoundéré, la première phase des travaux de construction du Bâtiment administratif de l’IUT de Ngaoundéré est arrivée à son terme ; - A l’IUT Fotso Victor la première phase de construction d’un bloc pédagogique s’est achevée ; - A l’Université de Douala, la Faculté de Médecine et des Sciences Biomédicales a connu l’attribution de marchés pour la construction du bâtiment central, d’un bâtiment annexe1 et d’un bâtiment annexe 2 ; - A la faculté de gestion, la construction d’un bloc pédagogique, d’un bloc administratif, d’un bloc de laboratoires, d’un bloc amphithéâtre, et d’un bloc d’ateliers a été engagée ; 146 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 - A l’Université de Buea, les travaux pour la construction d’un bloc pédagogique (R+2) et la construction d’un bloc laboratoires spécialisés ont été engagés. B : La consolidation des projets inscrits dans la stratégie sectorielle 404- Des nombreux projets programmés dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie relative au sous-secteur de l’Enseignement supérieur, on peut citer le Programme d’Appui à la Composante Technologique et Professionnelle de l’Enseignement Supérieur (PROACTP) et le programme d’Appui à la Gestion des Initiatives Rentables et à la Professionnalisation dans l’Enseignement Supérieur (AGIR) qui sont à l’origine de multiples travaux de construction et de réhabilitation d’établissements ainsi que leur équipement en matériels didactiques et de laboratoires. C : La lutte contre la pauvreté en milieu universitaire 405- La lutte contre la pauvreté en milieu universitaire a pris la forme d’une revalorisation des conditions de travail et de vie des enseignements et de celles des étudiants. 1) La valorisation des conditions de travail des enseignants 406- Des sessions du Comité Consultatif des Institutions Universitaires (CCIU) ont permis à de nombreux enseignants de changer de grade, évoluant ainsi dans leur carrière. En dehors de ces sessions, on peut également citer : - la poursuite de l’appui institutionnel au programme de mobilité académique, qui permet une plus grande collaboration entre enseignants d’universités différentes et pour lequel des crédits sont dégagés par les budgets autonomes des universités; - la poursuite du renforcement de la rationalisation des procédures de finalisation des actes de gestion de la carrière des enseignants en général (avec l’entame des réflexions pour la redynamisation du CCIU) et les enseignants titulaires en particulier. 407- Il y a lieu de souligner la signature, le 08 avril 2009 par le Président de la République, du décret n°2009/121 portant création, organisation et fonctionnement d’un compte d’affectation spéciale pour la modernisation de la recherche dans les universités d’Etat. Par 147 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 cet acte, il s’agit pour les enseignants et chercheurs des universités d’Etat, de recevoir trimestriellement, sous la forme d’une allocation financière, un soutien à la modernisation de la recherche universitaire. Ce décret du Président de la République a été mis en exécution dès sa signature. 408- Pour la promotion de la santé, le partenariat avec le groupe d’assurance AXA s’est poursuivi afin que tous les enseignants soient assurés et des réflexions ont été engagées pour l’extension de ce partenariat à toute la communauté universitaire. 2) L’amélioration des conditions de vie des étudiants 409- Plusieurs actions ont été menées dans le sens de l’amélioration des conditions de vie des étudiants. Par ailleurs, des bourses et aides diverses ont été attribuées aux étudiants et des stages de vacances organisés à leur intention. Des améliorations ont aussi été observées dans le Workstudy program, la santé et les Jeux universitaires. D’autres actions ponctuelles ont également été amenées en direction des étudiants handicapés. a) Les actions en faveur des étudiants boursiers - Le déblocage d’une somme de 87 921 000 de francs CFA65 pour le paiement des arriérés de bourses de 36 étudiants anciens boursiers du gouvernement du Cameroun et anciens boursiers de la coopération avec les pays amis revenus au pays ; - L’engagement de 461 160 000 francs CFA66 pour le paiement des compléments de bourse à 490 étudiants boursiers de la coopération avec les pays amis précisément en Afrique (Maroc, Algérie, Tunisie) ; en Europe (Russie, Turquie) en Asie (Bangladesh, Chine) et en Amérique (Cuba) ; - Le déblocage d’un montant de 98 164 000 francs CFA67 comme titres de transport pour la mise en route de 141 étudiants pour diverses destinations. b) L’attribution des aides diverses aux étudiants non boursiers Pour les étudiants non boursiers à l’étranger, les aides ont été accordées 65- 87 921 000 de FCFA soit 134 230 Euros 66- 461 160 000 de FCFA soit 704.061Euros 67- 98 164 000 de FCFA soit 149.868 Euros 148 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 prioritairement aux étudiants de la zone Afrique du Nord. Ainsi une somme de 38 950 000 FCFA68 a été mise à la disposition de 213 étudiants et associations d’étudiants. En plus de ces aides, une somme de 69 950 000 FCFA69 a été ponctuellement accordée à environ 120 étudiants à l’étranger. Un montant de 32 529 950 FCFA70 a permis le rapatriement de 51 étudiants et une somme de 7 325 290 FCFA71 a contribué au paiement des frais de stage de 06 étudiants. Pour les étudiants des universités nationales une somme de 145 000 000 FCFA72 a été créditée dans la ligne concernant les « aides et secours aux étudiants des universités nationales ». L’octroi d’aides au fonctionnement des associations nationales et étrangères d’étudiants a continué comme les années précédentes. Les appuis divers apportés aux services culturels des Ambassades du Cameroun ont été poursuivis. c) La pratique des stages de vacances Les stages de vacances ont concerné 1346 étudiants dans les communes et les universités d’Etat ainsi que dans les services centraux du Ministère de l’Enseignement supérieur pour le montant global de 55 650 000 FCFA73de frais payés. Ces stages de vacances ont certainement permis aux bénéficiaires non seulement de s’imprégner de certaines réalités sur le plan professionnel, mais aussi et surtout ont donné la possibilité à ces derniers de couvrir un certain nombre de besoins. d) La poursuite du Work Study Program (WSP) Le WSP a pour principal objectif de permettre aux étudiants sélectionnés d’exercer certaines tâches administratives notamment au Ministère de l’Enseignement supérieur afin de faire face à de multiples besoins. Ainsi en 2009, 160 étudiants ont été recrutés dans le cadre de ce programme, pour travailler dans les ascenseurs, archives et courrier au MINESUP. Pour leur paiement, une somme de 25 600 000 FCFA74 a été engagée. 68- 38 950 000 de FCFA soit 59465Euros 69- 69 950 000 FCFA soit 106.793 Euros 70- 32 529 950 FCFA soit 49664 Euros 71- 7 325 290 FCFA soit 11183 Euros 72- 145 000 000 FCFA soit 221.374 Euros 73- 55 650 000 FCFA soit 84961 Euros 74- 25 600 000 FCFA soit 39084 Euros 149 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 e) L’amélioration de la santé des étudiants Parmi les actions menées à ce niveau, on peut citer entre autres : * l’approvisionnement de l’infirmerie du MINESUP en médicaments pour les soins de premières nécessités ; * le dépistage gratuit de la glycémie ; * la tenue à l’Université de Maroua en novembre 2009 de la campagne de dépistage gratuit du VIH/SIDA (1000 étudiants dépistés pour 10 cas de séropositifs soit un pourcentage de 1% de séropositivité) ; * la prise en charge médicale de tous les athlètes ainsi que la souscription d’une assurance pour prévenir les accidents pendant les jeux universitaires de 2009. f) Les actions ponctuelles réalisées en faveur des étudiants handicapés L’application de la lettre-circulaire conjointe N°08/0006/LCCC/MINESUP/MINAS du 09 Juillet 2008 relative au renforcement de l’amélioration des conditions d’accueil et d’encadrement des étudiants handicapés ou vulnérables dans les universités d’Etat du Cameroun est devenue effective. Cette application, a produit les résultats ci- après : * l’ouverture et le fonctionnement d’un service des Affaires Sociales à l’Université de Buea ; * la prise en compte de nouvelles normes exigées par l’Agence de Régulation des Marchés Publics (approche handicap) dans le plan directeur de construction des infrastructures ; * l’attribution des chambres à des conditions préférentielles dans les cités universitaires ; * l’octroi des aides diverses de manière particulière aux étudiants handicapés et de manière générale aux différentes associations des étudiants handicapés ; * l’aménagement des salles de cours et amphithéâtres, ainsi que la construction des voies de circulation pour les étudiants handicapés notamment ceux utilisant les tricycles. 410- La volonté des pouvoirs publics de tout mettre en œuvre pour promouvoir le droit à l’éducation est sans cesse renouvelée avec l’appui des institutions privées à tous les niveaux d’enseignement. La nécessité de renforcer le droit à l’éducation surtout dans les zones rurales est réelle. Une meilleure prise en compte de l’importance de l’hygiène du milieu, de l’assainissement et de la maintenance des équipements sont des éléments de nature à améliorer la qualité du système éducatif. Il est à espérer qu’en 2010 les résultats escomptés dans ce domaine seront meilleurs. 150 Chapitre Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 411- Le Gouvernement poursuit ses efforts en vue de promouvoir et de protéger le droit à la santé au Cameroun. Avec un budget de 113,33 milliards de francs CFA75 affecté au secteur de la santé, des actions concrètes ont été menées en 2009 dans le but d’améliorer le système de santé (section 1), les soins et les services de santé (section 2). SECTION 1 : L’AMELIORATION DU SYSTEME DE SANTE 412- Pour améliorer le système de santé, des mesures novatrices ont été prises au niveau de l’administration générale et de la gouvernance interne (§1) et au niveau de l’offre infrastructurelle (§2). §1 : AU NIVEAU DE L’ADMINISTRATION GÉNÉRALE ET DE LA GOUVERNANCE INTERNE 413- Une avancée remarquable dans les domaines de la gestion des ressources humaines (A), des méthodes de travail et de contrôle interne (B) a été enregistrée. A : La gestion des ressources humaines 414- Il convient de donner l’effectif des personnels de santé avant de présenter les mesures prises en vue d’une meilleure gestion de ce capital humain. 1) L’effectif des personnels de santé 415- Le tableau ci-après présente l’effectif des personnels de santé au Cameroun par région et par corps de métier à la période de référence. Il indique aussi les ratios de médecin et d’infirmiers par rapport à la population dans les régions. -75 Soit une augmentation de 23,7% par rapport à l’exercice budgétaire 2008. 153 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 416- On peut relever que sur un effectif total de 15720, le personnel féminin représente 23,73 % de médecins, 60,88% d’aides- soignants, 66,67% de techniciens supérieurs du génie sanitaire et 58% de pharmaciens. 2) Les mesures en vue d’une meilleure gestion du capital humain 417- Dans ce domaine, l’accent a été mis sur : - le développement d’un second logiciel qui devrait permettre de disposer d’une banque de données plus actualisées. 14 000 travailleurs ont été enregistrés sur la base des données recueillies dans les régions ; - la reprise de l’utilisation des registres de présence avec l’institution des fiches récapitulatives hebdomadaires de présence dans les services centraux et le système de pointage automatique des présences dans certains hôpitaux de référence ; - l’attribution d’un contrat pour l’achat d’appareils biométriques en vue de la mise sur pied d’un système de pointage automatique des présences dans les services centraux. 418- Des progrès ont été relevés dans les domaines ci-après: - la mise en marche du processus d’intégration de 2 358 personnels recrutés en 2007 (2 208 sur fonds PPTE et 150 sur fonds C2D) ; 154 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 - le recrutement de 2 357 personnels de santé suite à un concours direct organisé par le ministère de la Fonction publique et de la Réforme Administrative pour l’exercice 2008 ; - l’intégration sur étude de dossiers de 3 382 personnels travaillant dans des conditions précaires dans les hôpitaux publics ; - le recrutement de 80 personnels de santé pénitentiaire (10 médecins, 20 infirmiers brevetés, 30 aides soignants et 20 techniciens de santé) ; - le renforcement des capacités du personnel de la Région du Centre en matière de test et de traitement de la tuberculose. B : Les aspects de la gouvernance interne 419- Pour la mise en œuvre de nouvelles méthodes de travail et de contrôle, les actions ci-après ont été menées : - les visites inopinées de contrôle dans une dizaine de formations sanitaires de Yaoundé ; - les missions de contrôle et d’inspection des formations sanitaires ; - l’envoi au Contrôle supérieur de l’Etat de 14 rapports d’inspection ; - la sanction de 23 personnels ; - l’élaboration des directives sur la reprise des activités des cellules de lutte contre la corruption dans les services centraux et déconcentrés de santé; - la prise de mesures afin d’assurer la traçabilité et la célérité dans le traitement des dossiers ; - la publication d’un guide de l’usager pour assurer la transparence, notamment en ce qui concerne : * la vente des produits pharmaceutiques ; * la livraison des lots de vaccins ; * l’enregistrement des produits pharmaceutiques ; * l’agrément des laboratoires médicaux ; * l’autorisation des établissements de promotion des produits pharmaceutiques ; * l’installation en clientèle privée dans le secteur de la pharmacie d’officine ; * l’autorisation des établissements de distribution de produits médicaux ; et 155 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 * l’autorisation officielle d’importation de certains produits spéciaux. §2 : AU NIVEAU DE L’OFFRE INFRASTRUCTURELLE 420- Le développement des infrastructures hospitalières a connu des avancées notables en 2009. Les principaux résultats enregistrés sont les suivants : - la mise en service de deux (2) Centres d’imagerie médicale au sein des hôpitaux de référence (HR) d’Ebolowa et de Bertoua, inaugurés respectivement le 30 novembre et le 21 décembre 2009 ; - la mise en service de deux (2) Centres d’hémodialyse dans les hôpitaux de référence de Bamenda et de Garoua, inaugurés le 2 et le 16 décembre 2009 avec respectivement 22 et 11 patients sous dialyse; - l’équipement des formations hospitalières des régions du Nord et de l’Extrême- Nord pour un montant de 1.311.000.000 milliards de FCFA ; - l’achat des incinérateurs et des équipements de la chaîne de froid pour les PEV d’un montant de 2.200.000.000 milliards de FCFA; - l’inauguration du service des urgences de l’hôpital Laquintinie de Douala ; - la finition des travaux de construction de l’Observatoire national de la santé à Yaoundé ; - la construction d’un pavillon neurochirurgical à l’hôpital central (HC) de Yaoundé ; - la rénovation du pavillon haut standing à l’HC de Yaoundé ; - le début de construction de l’hôpital gynécologique et obstétrique de Yassa à Douala ; - la poursuite des travaux de réhabilitation des hôpitaux de référence de Ngaoundéré, Garoua et Maroua ; - la poursuite des travaux de construction de l’hôpital de référence de Sangmelima; - la poursuite des travaux de construction des hôpitaux de district de Tignère et de Maga ; - l’achèvement des travaux de rénovation et d’extension des hôpitaux de district d’Edéa et d’Ayos ; - la réhabilitation en cours des hôpitaux de district de Ngogmapubi, Ambam et Kribi ; 156 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 - la construction de 21 centres de santé intégré (CSI) dans certaines régions du pays (5 dans l’Est, 4 dans l’Adamaoua, 3 dans le NordOuest, 2 dans le Centre, 2 dans le Littoral, 1 dans l’Extrême-Nord et 1 dans le Sud) ; - la construction des logements d’astreinte de médecins (LAM) dans le Littoral ; - la réalisation de 6 forages dans les CSI d’Amvom, Endengue, Fifinda, Ngolbang, Sangmelima (Nkolnguet), Sangmelima II (Akon); - la fin des travaux de construction des CSI de Nkolnguet Akon, Amvom, Endengue, Fifinda et Nkolbang et les centres de formation en maintenance biomédicale de Garoua, Kumba et Bertoua ; - l’ouverture et la réhabilitation de sept écoles de formation du personnel médico-sanitaire (Yaoundé (2), Douala (2), Monatélé (1), Foumban (1), Foumbot (1), ce qui porte à 58 le nombre d’écoles de formation en soins infirmiers agréées par le Ministère de la Santé ; - le début de la construction des infirmeries dans les prisons de Guider, Tcholliré I et Tcholliré II. SECTION 2 : L’AMELIORATION DES SOINS ET SERVICES DE SANTE 421- S’agissant des services de santé et de soins, les réalisations de 2009 concernent principalement l’accès aux médicaments (§1), la lutte contre la maladie (§2), la santé maternelle de l’enfant et de l’adolescent (§3) ainsi que la promotion de la santé (§4). §1: L’ACCES AUX MEDICAMENTS 422- Pour rendre les médicaments plus accessibles, le ministère de la Santé publique a actualisé les listes des clients de la CENAME afin d’y insérer de nouvelles formations sanitaires et mieux organiser la distribution des médicaments essentiels. De plus, les actions menées ont abouti aux résultats ci-après: - la baisse de 50% des prix de la combinaison ArtesunateAmodiaquine utilisée dans la prise en charge du paludisme non compliqué76; - le maintien de la gratuité des ARV permettant d’accroître le nombre de malades sous traitement de 59.960 en 2008 à 75.901 en 2009 ; - la confection d’une liste d’environ 1 500 médicaments dont les prix sont susceptibles d’être baissés ; 76 Les prix dans les formations sanitaires publiques sont actuellement de 70 FCFA à 200 FCFA suivant la présentation. 157 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 - la mise à disposition d’un stock de médicaments d’une valeur de 233 millions; - la révision à la hausse du budget destiné à l’achat des médicaments pour les prisonniers. 423- S’agissant de la lutte contre la vente illicite des médicaments, le ministre de la Santé publique a, au cours d’un point de presse donné le 25 août 2009, tiré la sonnette d’alarme sur les dangers que représentent les médicaments de la rue. A cette même occasion, il a appelé à dénoncer toute vente illicite de médicaments. Les opérations de saisie et de destruction des médicaments de la rue par les comités de lutte contre la vente illicite des médicaments ont permis la saisie des stocks d’une valeur de 1,5 milliard de FCFA. §2 : LA LUTTE CONTRE LA MALADIE 424- Dans ce domaine, l’action du Gouvernement a essentiellement porté sur la surveillance épidémiologique, la lutte contre les maladies non endémiques, les maladies endémiques, la lutte contre le paludisme, la lèpre, l’ulcère de Buruli, la schistosomiase et les helminthiases intestinales, le VIH/ SIDA, les IST et la tuberculose. A : La surveillance épidémiologique 425- Le pays a eu à faire face à de nombreuses épidémies en 2009, à savoir : - La grippe pandémique A/H1N1/2009: 08 cas au total, dont 5 importés ont été pris en charge médicalement et guéris sans complication. De plus, un plan de riposte vaccinale a été élaboré, le matériel de protection individuelle a été pré positionné aux frontières du Cameroun (Ports et Aéroports internationaux) et dans les formations sanitaires identifiées pour la prise en charge d’éventuels cas. 25 000 boîtes de « Tamiflu » ont été pré positionnées dans les dix régions. Des supports visuels (affiches et dépliants) ont été produits et diffusés en collaboration avec le Ministère des Transports pour la sensibilisation des voyageurs et du grand public ; - Une épidémie de choléra dans les régions du Nord et du l’ExtrêmeNord : 717 cas ont été enregistrés avec 85 morts, ce qui correspond à un taux de 12%. Tous les cas ont été pris en charge gratuitement grâce à la mobilisation et au soutien des services centraux et des partenaires au développement, tels que l’UNICEF, l’OMS et 158 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 Médecins sans Frontières Suisse. B : La lutte contre les maladies non endémiques 426- Une évolution significative a été enregistrée grâce à un accroissement des ressources allouées à la lutte contre les maladies dont le budget est passé de 1.200.000 F CFA à 450.000.000. Ce budget a servi à développer des plans stratégiques et des guides de prise en charge, l’achat de certains équipements et médicaments ainsi qu’aux activités de sensibilisation et de dépistage. Par exemple, une campagne de dépistage de l’hypertension et du diabète a été organisée à la Prison Centrale de Yaoundé. 427- Suite à une rencontre entre les ministres de la Santé de la Sous Région Afrique Centrale portant sur la santé transfrontalière, les gouvernements ont pris l’engagement de mener des enquêtes épidémiologiques pour cinq maladies tropicales négligées: cécité des rivières, schistosomiases, filaires/loas lymphatiques, vers intestinaux, trachome. Ces enquêtes épidémiologiques ont pour but de mettre sur pied une carte intégrée, outil nécessaire pour un contrôle efficace de ces maladies. C : La lutte contre les maladies endémiques 428- Des efforts ont été entrepris pour intensifier la lutte contre ces affections. Dans le cadre de la lutte contre l’onchocercose, les ressources mobilisées ont servi au renforcement du programme et des capacités des parties prenantes, au renforcement des opérations de recherche, et à la réalisation d’une enquête cartographique de ces maladies. Une enquête de la filariose à loase dans le District de Santé de Akonolinga dans la Région du Centre a permis de traiter près de 5.500 personnes à l’Invermectine. D : La lutte contre le paludisme 429- La seconde phase du projet ‘‘scaling up simple malaria treatment with artesunate-amodiaquine’’ (augmenter le traitement du paludisme simple avec l’artesunate-amodiaquine) financé par le Fonds Mondial de Lutte contre le SIDA, la Tuberculose et le Paludisme (FMSTP) a été lancée. Un accord de près de 5 milliards de FCFA que le FMSTP mettra à la disposition du Cameroun dans les trois années à venir pour contribuer à la lutte contre le paludisme a été signé. Un total de 159 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 178.021 Moustiquaires imprégnées de Longue Durée d’Action (MILDA) a été distribué aux femmes enceintes et aux enfants de moins de cinq (5) ans. 706 moustiquaires imprégnées ont été distribuées aux prisonniers des régions du Centre, du Littoral et du Sud-Ouest. 188.150 sont déjà disponibles dans les autres régions. 174.286 moustiquaires ordinaires ont été ré-imprégnées. 2.677.000 comprimés de sulfadoxine-pyriméthamine correspondant à 1.922.766 doses de Traitements Intermittents (TPI) ont été acquis pour être administrés aux femmes enceintes dans le cadre de la prévention du paludisme chez ce groupe cible. Deux APE sur les aspersions intra-domiciliaires sous financement IADM pour les années 2007et 2009 ont obtenu l’accord de la CSPPTE pour des montants de 1.500.000.000 de FCFA et de 600.000.000 de FCFA respectivement. Des contrats pour la fourniture d’intrants pour l’exécution de ces APE sont en cours. 11 relais communautaires ont déjà été formés aux aspersions intra-domiciliaires. E : La lutte contre la lèpre 430- Des activités de contrôle ont été intensifiées dans l’optique de maintenir le statut d’élimination de la maladie déjà acquis par le Cameroun, ainsi que la poursuite du traitement des cas et leur réhabilitation. Cette population a été sensibilisée à l’occasion de la 56ème Journée Mondiale de la Lèpre. F : La lutte contre l’Ulcère de Buruli 431- Une évaluation externe du programme dans les zones d’intervention d’Ayos, Bankim et Ngoantet a été menée ainsi que le renforcement des capacités du personnel de santé dans la perspective d’une décentralisation de la prise en charge de cette maladie. Des infirmiers et des relais communautaires ont été formés dans le District de Santé d’Abong-Mbang en vue de l’extension du programme. 40 patients on bénéficié de la chirurgie plastique avec le soutien d’une équipe d’experts suisses. Le Cameroun a endossé la Déclaration de Cotonou sur la reconnaissance de cette maladie. G : La lutte contre la schistosomiase et les helminthiases intestinales 432- Des objectifs majeurs ont été atteints avec le déparasitage de 4 millions d’élèves dans les 10 régions du Cameroun et la signature 160 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 d’un accord de partenariat entre le Ministère de la Santé Publique, le Ministère de l’Education de Base et l’Association des Communes et Villes Unies du Cameroun. H : La lutte contre le VIH/SIDA et les IST 433- Elle a été intensifiée en 2009. Ainsi, 78,06 % des formations sanitaires et 98,88 % des districts de santé offrent le paquet minimum de services PTME. S’agissant de la PMTCT, 481.871 femmes enceintes ont été testées et parmi elles, 24.821 ont été testées séropositives. 19.112 de ces dernières ont reçu des ARV prophylactiques. 14.556 enfants nés de mères séropositives ont reçu des ARV prophylactiques. 75.901 PVVIH dont 3.114 enfants ont effectivement reçu gratuitement leur traitement antirétroviral. Ce nombre, quoi qu’ayant dépassé les prévisions en termes d’objectif de recrutement des malades éligibles reste largement en deçà des besoins à couvrir. Les nouvelles estimations ont permis d’établir qu’en 2009, 164.070 PVVIH sont éligibles au traitement ARV. Parmi celles-ci, l’on dénombre 17.337 enfants. La prévention et le traitement précoces des IST demeurent d’actualité pour prévenir le VIH. Les activités de dépistage gratuit du VIH/SIDA ont été menées dans les prisons centrales de Yaoundé et de Douala et les prisonniers infectés ont été soumis à un traitement gratuit77. I : La lutte contre la tuberculose 434-12.724 cas de tuberculose ont été diagnostiqués et traités au cours du premier semestre de l’année 2009 et le succès thérapeutique a été de 78 % en ce qui concerne la cohorte des 25.100 malades dépistés en 2008. La prise en charge des cas de tuberculose multi résistante (MDR-TB) connaît une progression certaine avec un total de 52 cas déjà sous traitement entièrement financé par la GTZ. Sur le plan de la sensibilisation des professionnels et des populations, toute une semaine d’activités a été organisée à l’occasion de la Journée Mondiale de la Tuberculose le 24 mars 2009 sous le thème «je m’engage… Halte à la Tuberculose ». La gratuité du traitement de la tuberculose a été maintenue grâce au Global Drug Fund78. Pour -77 12.434 prisonniers ont été testés au VIH et 1217qui se sont avérés positifs (prévalence de 9,78 %) sont sous traitements. -78 Échéance en Février 2010. 161 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 continuer à garantir cette gratuité de traitement aux malades, deux autres sources de financement ont été mises à contribution : les fonds PPTE à hauteur de 120 000.000.000 de FCFA et un avoir à la CENAME d’un montant de 220 000.000.000 de FCFA. 5.759 prisonniers ont été testés à la tuberculose avec 822 déclarés positifs (soit une prévalence de 14 %) et ont été pris en charge. Par ailleurs, des lots de vaccins contre la méningite ont été remis aux prisons des trois régions septentrionales et à la Prison centrale de Yaoundé. §3 : LA SANTE DE LA MERE, DE L’ENFANT ET DE L’ADOLESCENT 435- L’accent a été mis sur le renforcement des capacités des personnels de santé afin de mettre des soins de qualité à la disposition des mères, de manière à réduire la mortalité maternelle et infantile. Dans ce cadre : - un total de 677 personnels de santé a été formé en soins obstétricaux et néonataux essentiels et d’urgence (SONEU) dans 41 DS ; - un pool de 60 formateurs régionaux a été mis en place en SONEU dans les 10 régions du Cameroun ; - 36 personnels de santé (18 Médecins et 18 Infirmiers) de 18 DS ont été formés en anesthésie et chirurgie obstétricale ; - 50 autorités religieuses, politico administratives, médiatiques et associatives ont bénéficié d’une session de plaidoyer sur les fistules obstétricales ; - 06 médecins dont 03 chefs de service de santé de district ont été formés à la prise en charge des fistules obstétricales (FO) ; - une campagne de réparation des fistules obstétricales s’est tenue dans la région de l’Est. 62 cas ont été repérés et 58 des 62 ont été pris en charge à l’hôpital général de Bertoua. 436- Dans le cadre des Semaines d’action de santé et de nutrition infantile : - 4.401.132 enfants âgés de 0 à 59 mois ont été vaccinés (94,15 %) ; - 3.315.076 enfants de 0 à 59 mois ont été vaccinés contre la rougeole, soit 96,5 % ; - 3.075.600 enfants ont été déparasités, soit 97,27 % ; - 4.316.186 enfants ont été immunisés (92,11 %) ; - 3.426.857 autres enfants âgés de 6 à 59 mois ont reçu une supplémentation en vitamine A (108,87 %). 162 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 437- Dans le cadre de la campagne de lutte contre le tétanos maternel et néonatal, (TMN), 1.025.608 de femmes en âge de procréer ont été immunisées contre le tétanos (82 %). 438- Concernant les activités de vaccination supplémentaires, les campagnes ci-après ont été menées : - Fièvre jaune : 7.509.502 personnes âgées de 9 mois et plus ont été vaccinées, ce qui représente 100,5 % ; - JNV contre la Polio : 4.512.654 enfants de 0 à 59 mois ont été vaccinés, ce qui représente 96 %. 439- Dans le cadre de la campagne de sensibilisation et de plaidoyer en faveur de la réduction de la mortalité maternelle et le planning familial, 1066 personnels de DS ont été touchés. De plus, de nombreux cadres et documents normatifs sur la santé de reproduction ont été mis à jour parmi lesquels : - le Plan stratégique du Programme national de santé de la reproduction ; - les normes des services de santé de la reproduction ; - le Guide de référence en technique de counseling en santé de la reproduction ; - le curriculum de formation en technologie contraceptive ; - le curriculum de formation en SONEU ; - les grilles de supervision des DRSP, CSI/CMA, ECD et HD en matière de SR ; - la traduction des documents de normes et procédures sur la prise en charge des IST en anglais. §4 : LA PROMOTION DE LA SANTE 440- Outre les actions gouvernementales, des organisations de la société civile à l’instar de l’ONG African Action on Aids (AAA) concourent à la promotion de la Santé. A : Les activités du Gouvernement 441- Elles ont principalement porté sur : - la recherche de la mélamine dans 27 marques de lait et produits dérivés dans 13 établissements des villes de Yaoundé et Douala avec un résultat négatif ; 163 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 - l’installation, le 05 mai 2009, par le ministre de la Santé publique, des membres du Comité technique national de pilotage et de coordination pour la fortification alimentaire, dans le cadre de la lutte contre la malnutrition due à la carence en micronutriments ; - l’approvisionnement en intrants diététiques et accessoires de prise en charge de la malnutrition aiguë de 106 centres de nutrition supplémentaires et 11 centres de nutrition thérapeutiques dans les régions de l’Est, de l’Adamaoua et de l’Extrême- nord ; - l’organisation de deux missions de suivi de la qualité du sel auprès des 2 producteurs et 5 importateurs dans la ville de Douala, dans le cadre de la lutte contre les troubles dues à la carence en iode au Cameroun ; - l’élaboration des supports éducatifs pour la 1ère Edition 2009 de la Semaine d’action de santé et de nutrition infantile et maternelle (SASNIM) et la Campagne de vaccination contre la poliomyélite et la fièvre jaune ; - la supplémentation en vitamine A de 3.648.000 enfants de 6 à 59 mois au cours de la première édition de la SASNIM 2009 ; - la formation de 24 médecins et de personnels paramédicaux dans l’utilisation du guide de la santé mentale ; - la validation des documents de politique nationale et le projet de loi sur la lutte contre le tabagisme. B : Les activités des organisations de la société civile 442- African Action on Aids (AAA) qui intervient dans le domaine de la santé publique a lancé en 2009, une nouvelle campagne sous le nom de « MA YEM MA BO »62 ou « JE SAIS ET J’APPLIQUE ». Ici, l’accent a été mis sur le fait que la connaissance doit absolument être mise en pratique, surtout lorsqu’il s’agit des maladies telles que les vers intestinaux qu’on peut prévenir simplement en buvant de l’eau potable et en se lavant les mains régulièrement avec du savon. 443- L’objectif de cette campagne était de: - distribuer des comprimés de Mebendazole à au moins 6.000 enfants ; - permettre au moins à 6000 enfants d’avaler un vermifuge ; -79 En langue boulou, une langue de la région du Sud Cameroun 164 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 - axer le projet sur les enfants des écoles primaires pour créer une nouvelle génération qui boit de l’eau potable et se lave les mains avec du savon naturellement et transmet cette bonne habitude à leurs enfants ; - augmenter le nombre d’écoles primaires rurales qui comprennent l’impact socio-économique de l’eau saine et des mains propres, surtout en relation avec les vers intestinaux et les maladies hydriques ; - augmenter le nombre d’enfants qui adoptent des mesures de prévention tout le long de l’année ; - diminuer le nombre d’enfants qui visitent les centres de santé et manquent l’école à cause de l’eau et des mains sales ; - diminuer le nombre de décès des enfants suite aux maladies de l’eau et des mains sales, notamment les vers intestinaux. 444- Dans le cadre de cette campagne, 36.000 comprimés de Mebendazole (vermifuges), 6000 snacks, 21 stations d’eau potable, 21 stations pour se laver les mains avec du savon, 6000 documents éducatifs ont été distribués à 6000 enfants. Le principal groupe cible de la campagne « MA YEM MA BO » était les enfants de 21 écoles primaires des villages des régions du Centre et du Littoral suivants : Abem, Bogso, Begni, Eboman, Edinguili, Koum, Manakagna, Pouma, Sonbengue, Ngalla, Nkongkwalla, Nlobolé, Nyahoo, Log Bikoé, Nkolngok, Leka, Womkoa, Obala, Talba, Tete, Metondock. 445- Il ressort de ce qui précède que le Gouvernement du Cameroun avec l’aide des partenaires au développement et des organisations de la société civile locale continue ses efforts dans le domaine de la promotion et de la protection du droit à la santé. Il est indéniable que beaucoup reste à faire pour que chaque camerounais puisse jouir du meilleur état de santé physique et mentale. 165 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 166 Chapitre Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 446- Le droit à un niveau de vie suffisant est prévu par l’article 11 du PIDESC80, qui décline quelques éléments constitutifs, notamment, une nourriture, un vêtement et un logement suffisants. Mais il s’agit de façon plus globale du droit à l’amélioration constante des conditions d’existence. En 2009, afin d’améliorer les conditions de vie des populations, le Gouvernement a pris des mesures tendant à lutter contre la vie chère (section 1), à accroître l’offre en eau et en énergie (section 2) et à aménager la jouissance du droit à un logement convenable (section 3). SECTION 1 : LA LUTTE CONTRE LA VIE CHERE 447- A la suite des remous sociaux que le Cameroun a connus en 2008, le président de la République a prescrit un certain nombre de mesures pour juguler la crise alimentaire. L’effet attendu, bien que mitigé, s’est fait ressentir davantage en 2009. Il s’est agi de stimuler l’offre en denrées alimentaires et en produits de consommation courante en s’appuyant à la fois sur l’amélioration de la production (§1) et la rationalisation de la distribution (§2). §1 : LES ACTIONS EN VUE DE L’ACCROISSEMENT DE L’OFFRE EN DENRÉES ALIMENTAIRES 448- Ces actions concernent aussi bien la production végétale (A) que la production animale (B). A : Dans le domaine de la production végétale 449- A l’ occasion du Conseil des ministres du 26 juin 2009, le président de la République a particulièrement insisté sur l’accélération de la croissance du secteur agro-pastoral et la consolidation de la sécurité alimentaire. La mise en œuvre de la politique agricole relevant de la compétence du Ministère de l’Agriculture et du Développement rural (MINADER), ce département ministériel a axé son action en 2009, autour des projets et programmes ci- après : - la garantie de la sécurité alimentaire des ménages et de la nation ; - la contribution à la couverture des besoins alimentaires des pays voisins, compte tenu de la forte demande de la sous région ; - l’approvisionnement du pays en devises, grâce aux exportations ; -80 Pacte international relatif aux droits économiques sociaux et culturels 169 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 - la contribution à la réduction du chômage rural à travers la création d’emplois ; - la contribution à la paix et à la stabilité sociale. 450- La mise en œuvre de ces programmes et politiques a été concentrée sur le renforcement du financement des unités de production des produits stratégiques à travers : - le programme national de développement des racines et tubercules ; - le projet d’appui à la riziculture dans la vallée du Logone ; - le programme national d’appui à la filière maïs ; - le programme national de développement des palmeraies villageoises ; - le projet d’appui à la production de la pomme de terre ; - le programme de relance de la filière plantain. 451- Le défi à relever dans le secteur agropastoral est encore grand, le déficit de la production locale restant important. La clé du problème généré par l’insécurité alimentaire ne semble pourtant pas se résumer aux seules préoccupations liées à la production. La disponibilité, la stabilité et l’accessibilité des produits agricoles doivent être pris en compte. L’enclavement de certaines zones rend inefficaces toutes les stratégies d’approvisionnement et de ravitaillement réguliers des principaux marchés. Les systèmes de productions agricoles, animales et halieutiques sont pour la plupart artisanaux. Plusieurs cultures sont itinérantes et sur brûlis, et on note de faibles recours aux fertilisants organiques et chimiques, aux semences, plantes et autres matériels biologiques améliorés. B : Dans le cadre de la production animale 452- Le Ministère de l’élevage, des pêches et des industries animales (MINEPIA) qui suit les questions relatives à la production animale a mis en œuvre des programmes déclinés autour des axes ci-après : la poursuite de la structuration des producteurs par filières et le développement de la pêche et de l’aquaculture. 1) La poursuite de la structuration des producteurs par filières 453- Cette structuration s’est faite à travers : a) Le Programme de développement de la filière porcine (PDFP) dans le cadre duquel le MINEPIA a : 170 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 - poursuivi la mise en place de 3450 organisations de producteurs regroupés en 10 organisations faîtières régionales comprenant 29 665 éleveurs ; - formé 1855 leaders des organisations et 4167 éleveurs sur les techniques modernes de gestion, de production, d’exploitation des fermes et sur les méthodes de lutte contre les maladies ; - accordé des subventions en capital aux promoteurs de fermes ; - distribué des géniteurs et assaini des fermes pour un montant total de 570 000 000 FCFA81 ; - baissé le taux de prévalence du rouget de porc et de la peste porcine de 2% en 2008 à 0.2% en 2009 par la poursuite de la campagne de vaccination contre ces maladies. Toutes ces actions ont permis l’accroissement du cheptel porcin des producteurs encadrés par les agents du MINEPIA de 218 080 têtes en 2008 à 315 000 têtes en 2009 pour un gain financier aux producteurs d’environ 2 .300.000.000 de FCFA.82 b) Le programme de développement de la filière laitière (SDDP) dont la poursuite des activités de la cinquième et dernière année de la phase pilote dans l’Adamaoua et le Nord-Ouest a connu entre autres : - la mise en place de 75 ha de champs fourragers dans les deux régions; - l’acquisition d’un tracteur et des accessoires de labour pour les éleveurs du Nord-Ouest à hauteur de 50 000 000 FCFA.83 Le bilan de ces actions a été l’amélioration de la productivité des vaches des producteurs encadrés à une moyenne de 5 litres de lait par jour. c) Le projet d’appui au développement des élevages non conventionnels (PAPENOC) qui, suite à l’engouement très prononcé des populations en 2009, a procédé notamment : - à l’extension de la zone de couverture pour permettre de sensibiliser 40 000 producteurs de plus ; - à la mise en place de 300 GIC ; - au renforcement des capacités des éleveurs par la formation de -81 570.000.000FCAf soit 870229 Euros -82 2,3 milliards de FCFA soit 3.511.450 Euros -83 50.000.000FCFA soit 76.335 Euros 171 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 1500 leaders d’organisations de producteurs, de 40 responsables des organismes de développement régional et des agents du MINEPIA sur la maîtrise des techniques et la conduite des élevages non conventionnels ; - à l’octroi de subventions en capital et en nature (géniteurs, cages de transport et d’élevage, compléments alimentaires et médicaments) à 100 groupes de producteurs à hauteur de 75 000 000 FCFA84. Ces actions ont abouti à l’augmentation du cheptel des aulacodes de 10401 têtes en 2008 à 12000 têtes en 2009 des élevages suivis pour une production en viande de 1000 tonnes. d) Le programme national de vulgarisation et de recherche agricole (PNVRA) dont la poursuite des appuis conseils et l’encadrement des fermes ont permis une production estimée à 900 000 tonnes/équivalent en viande. 2) Le développement de la pêche et de l’aquaculture 454-Au cours de l’exercice 2009, le MINEPIA a mené plusieurs activités dans le secteur de la pêche et de l’aquaculture dont les plus significatives ont été : - les appuis accordés à 19 groupes de femmes et de jeunes pour le financement de microprojets pour un montant total de 27 000 000 FCFA85; - la poursuite et l’intensification des activités de surveillance et de contrôle des zones de pêche par l’acquisition de 13 pirogues à moteur en fibre de verre ainsi que du matériel de surveillance satellitaire et de communication pour un montant total de 120 000 000 FCFA86; - la poursuite de la construction des infrastructures d’appui au développement de la pêche et l’acquisition de matériels et intrants pour les pêcheurs camerounais installés dans les zones de Bakassi et du Lac Tchad pour un montant global de 350 000 000 FCFA87. -84 75.000.000FCFA soit 114.503. Euros -85 27000.000 FCFA soit 41.221 Euros -86 120.000.000 FCFA soit 183.206Euros -87 350.000.000 FCFA soit 534.351Euros 172 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 §2 : LES ACTIONS EN VUE DE LA RATIONALISATION DE LA DISTRIBUTION DES PRODUITS ALIMENTAIRES ET DE CONSOMMATION COURANTE 455- La rationalisation de la distribution des produits alimentaires et de consommation courante a été articulée autour de l’appui à la structuration des circuits de distribution (A) et du contrôle et de la répression des fraudes (B). A : L’appui à la structuration des circuits de distribution 456- Cet appui a porté aussi bien sur le marché local que sur le marché international. 1) Les actions portant sur le marché local 457- La rationalisation de la distribution sur le marché local a été axée sur la réactivation des marchés périodiques en zone rurale et l’appui à l’offre en produits de grande consommation dans les zones urbaines. a) La réactivation des marchés périodiques 458- En 2009 dix nouveaux marchés périodiques ont été réactivés dans les localités de Mekong dans le département du Nyong et Mfoumou, d’Etong Bidjoé dans le département de la Lékié, de Nyazo’o dans la Mvila, d’Akoeman dans le Nyong et So’o, de Baigom dans le Noun, de Mpountou dans le Haut Nyong, d’Eminemvom dans le Dja et Lobo, de Benakuma dans la Mentchum, d’Andek dans la Momo. Ces lieux d’échanges de biens et de services en milieu rural ont favorisé l’écoulement des denrées du cru tout en permettant aux paysans d’acquérir sur place des produits manufacturés. 459- Dans la région du Centre, le suivi de 130 marchés villageois a régulièrement été assuré. Par contre, 60 marchés à l’activité déclinante ont été recensés dans la région du Nord- Ouest. Cette situation est due au mauvais état des routes, au désintérêt des communes pour le développement des marchés périodiques, à l’absence de magasins de stockage et au manque de financement. b) L’appui à l’offre en produits de grande consommation 460- Dans le cadre de l’appui à l’offre en produits de grande consommation, les ventes de proximité à des prix promotionnels ainsi que les échoppes témoins ont été encouragées. L’on peut signaler la baisse du prix de la baguette de pain de 200 grammes de 150 francs CFA à 125 francs CFA. Cette réduction n’est pas négligeable compte tenu de l’importance de cette denrée dans l’alimentation des populations urbaines. 173 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 i. Les ventes de proximité à des prix promotionnels 461- Des caravanes itinérantes ont sillonné le pays en fonction du calendrier des grands événements qui ont rythmé la vie nationale. Lors des rentrées scolaires, des livres et autres fournitures scolaires ont été vendus directement aux consommateurs au prix de gros dans 03 localités de la région du Sud, à 02 du Littoral, 06 du Nord, 01 de l’Ouest et du Nord -Ouest et dans 40 localités de la région du Centre. Les lieux de culte ont également été ciblés à l’occasion des fêtes religieuses. Le bâtiment du Ministère du Commerce, les démembrements locaux de ce département ministériel ainsi que les locaux de certaines collectivités territoriales décentralisées ont été mis à contribution pour les ventes de proximité à la fin de chaque mois. 462- Toutefois, le mauvais état des routes n’a pas toujours permis aux caravanes itinérantes de ventes promotionnelles d’atteindre certaines agglomérations. Des étapes importantes ont ainsi été annulées dans le Nord- Ouest, dans le Faro et dans le Mayo Rey. Dans la quasitotalité des régions du Cameroun, plusieurs villes ont d’emblée été écartées pour les mêmes raisons. ii. La poursuite du déploiement des échoppes témoin 463- La poursuite de la lutte contre la vie chère amorcée en 2008, s’est poursuivie en 2009 avec la mise en place des échoppes témoins dans les arrondissements des départements du Nyong et Mfoumou (06), de la Haute Sanaga (11), du Mbam et Kim (05), du Nyong et So’o (08), de la Mefou et Akono (13), de la Mefou et Afamba (05), du Mbam et Inoubou (02), de la Lékié (03), du Nyong et Kellé (04). 464- Ces petites structures commerciales, qui très souvent sont sollicitées par des consommateurs modestes, se sont engagées à respecter scrupuleusement les prix homologués ou concertés des produits présents sur leurs étals. Une campagne des prix a par ailleurs été menée dans les établissements Fokou à Limbé et dans les supermarchés de Douala et de Yaoundé. 465- Des difficultés n’ont pas toujours permis d’atteindre pleinement les objectifs de lutte contre la vie chère prises en début d’année notamment à travers la signature de nouveaux protocoles d’accord dès le mois de janvier 2009. Durant tout le trimestre de 2009, des pénuries de sucre et de tôle ondulée ont été observées. Le prix d’un paquet de 174 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 sucre est passé par exemple de 450 francs CFA le kg à 650 francs CFA le kg à Garoua, voire 900 francs CFA dans les autres départements de cette région. La remontée de la courbe inflationniste de ces deux produits sur le plan national est due aux effets conjugués d’une production insuffisante et de la constitution des stocks spéculatifs par d’importants acteurs de la chaîne de distribution locale. 2) Les actions orientées vers le marché international 466- Le marché intérieur n’étant pas le seul débouché potentiel pour les produits de l’agriculture vivrière, il a fallu explorer des voies nouvelles dans le domaine de l’exportation. C’est ainsi qu’un accent particulier a été mis sur la filière horticole (fruits et légumes) par la prise de mesures devant préparer les agriculteurs à la négociation de nouveaux contrats. Les responsables en charge du commerce ont par conséquent procédé : - au regroupement des producteurs en associations aux niveaux communal, départemental et régional ; - au suivi et à la supervision d’une mission d’achat des fruits et légumes auprès des producteurs camerounais par une société Russe (Fruits of World Company) ; - à l’établissement des contacts entre opérateurs camerounais de la filière et ceux des Emirats Arabes Unis. Dans ce cadre, deux missions du Réseau des opérateurs de la filière horticole du Cameroun (RHORTICAM) ont été effectuées à Dubaï; - à l’élaboration d’un projet de développement des exportations d’un montant de 6.500.000.000 de F CFA88 en collaboration avec RHORTICAM. B : Le contrôle et la répression des fraudes 467- En aval, le rôle de l’Etat a surtout consisté à protéger les consommateurs par des contrôles assidus et une répression systématique des infractions en matière de normes (présentation, conservation, étiquetage), de qualité, de métrologie, de prix et de toute autre règle concurrentielle 1) La multiplication des contrôles 468- Pour s’assurer que des établissements et certains opérateurs de la filière ne se livraient pas à des opérations de ventes clandestines et conditionnées des fournitures et uniformes scolaires, la Brigade na-88 6,5 milliards de FCFA soit 9.92.660 Euros 175 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 tionale des contrôles et de la répression des fraudes a effectué des descentes dans 120 écoles, lycées et collèges. Il a été constaté que 90 % des établissements ainsi contrôlés, étaient en phase avec la réglementation. 2) Les mesures de répression a) Les saisies 469- Initiés par les services centraux ou déconcentrés, les contrôles de divers ordres ont donné lieu à des saisies réelles de nombreux produits soit avariés, soit surfacturés. Ces produits saisis ont été suivant les cas, soit vendus aux prix homologués ou concertés, soit détruits chaque fois qu’il a été établi qu’ils étaient impropres à la consommation. b) Les sanctions pécuniaires 470- Outre la vente et la destruction des produits saisis, les missions des services de contrôle et de répression des fraudes ont toujours débouché sur des sanctions pécuniaires infligées aux opérateurs indélicats. Au terme des 76 descentes de la Brigade régionale des contrôles et de la répression de l’Ouest dans les marchés, 184 fiches de mise en demeure sur les 628 émises ont abouti à des paiements de pénalités. La région du Centre a, à ce titre, reversé au trésor public une somme de 32 228 122 de francs CFA89. 471- L’action des pouvoirs publics dans ce domaine a rencontré quelques contraintes liées à la porosité des frontières avec les pays voisins qui a alimenté un flux des échanges assis sur la contrebande. La plupart des produits impropres à la consommation saisis par les services du Ministère du Commerce provenaient de ce trafic souterrain. Ce dernier, dans le Sud-Ouest et les régions septentrionales, a aussi favorisé la réexportation vers les pays voisins, des stocks de riz destinés à la consommation nationale. Pour réduire la marge de l’informel dans le flux des échanges frontaliers, les pouvoirs publics devront davantage renforcer la collaboration entre les services de la douane et ceux du commerce. 472- A côté de l’accès aux produits de consommation courante, l’accès à l’eau et à l’énergie constitue également l’un des éléments du droit à un niveau de vie suffisant. -89 32.228.122FCFA soit 49.203 Euros 176 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 SECTION 2 : L’OFFRE EN EAU ET EN ENERGIE ELECTRIQUE 473- Les efforts du Gouvernement ont consisté en la mise en œuvre des programmes visant à accroître l’offre en eau (§ 1) et en énergie électrique (§ 2). § 1 : LES ACTIONS EN VUE DE L’AMELIORATION DE L’OFFRE EN EAU POTABLE 474- L’accès à l’eau potable a été une réelle préoccupation pour les populations en 200990. La situation de la ville de Yaoundé est assez illustrative de cette préoccupation. Le diagnostic de la situation révèle que la demande en eau potable à Yaoundé est supérieure à l’offre. Ainsi, 100.000 m3 d’eau sont disponibles par jour alors qu’il en faut plus de 150.000. Avec cette production journalière d’eau pour une population estimée entre 1,5 et 2 millions d’habitants, le ratio de la consommation de l’eau à Yaoundé serait de 20 à 25 litres par jour et par personne. L’écart est encore plus grand en ce qui concerne les branchements au réseau ; moins d’un quart de la demande est satisfaite. 475- Pour répondre à ce besoin, les pouvoirs publics avec l’appui des partenaires au développement, ont mené des actions en vue d’améliorer le taux d’accès des populations urbaines et rurales à l’eau potable. Dans le cadre de la couverture des zones rurales en eau potable, l’objectif était d’atteindre le seuil de 50% de couverture de la population de ces zones. Les préoccupations liées à l’assainissement ont été également prises en compte. 476- Les tableaux ci-après rendent compte de la conduite de certains projets en la matière. 1) Travaux d’infrastructures et d’aménagement des ouvrages d’hydraulique en milieu rural et des services déconcentrés : financement bip 2009 -90 Voir C T du lundi 6 juillet 2009 P.13 ; puis du mercredi 18 novembre 2009 p. 9. Voir également CT du jeudi 19 novembre 2009 P. 3 177 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 Travaux d’infrastructures et d’aménagement des ouvrages d’hydraulique en milieu rural et des services déconcentrés : financement bip 2009 2) Travaux d’infrastructures et d’aménagement : financement PPTE et IADM 3) Projet AEP de Douala 178 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 4) Programme d’investissement Camwater 5- Projet d’AEP Japonais 6- Projet de mise en Œuvre du CREPA (Centre régional d’eau potable à faible coût) 179 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 7- Projet bornes fontaines de la Sanaga maritime 477- La reprise des investissements dans le domaine de l’eau qui se caractérise par la mise en exécution des projets susmentionnés, par la finalisation en cours de plusieurs autres, permet d’envisager un accroissement plus significatif de l’offre en eau potable au cours des prochaines années. § 2 : LES ACTIONS EN VUE DE L’AMELIORATION DE L’OFFRE EN ENERGIE 478- Les actions entreprises par le Gouvernement en vue de la facilitation de l’accès des populations à l’énergie ont concerné aussi bien le domaine de l’énergie électrique (A), que celui des produits pétroliers et du gaz aval (B). A : Dans le domaine de l’énergie électrique 479- Diverses actions ont été entreprises en 2009 dans la perspective du relèvement de l’offre en énergie électrique sur le double plan quantitatif et qualitatif. Ces actions ont porté sur le renforcement des investissements dans le domaine de la production et du transport, sur la diversification des sources par les énergies renouvelables, sur l’amélioration de l’accès à la ressource en milieu rural, et sur l’amélioration de la gouvernance dans le secteur. 1) Les investissements dans le domaine de la production et du transport a) Le renforcement de la capacité de production 480- La réalisation majeure a été l’achèvement des travaux et l’inauguration, le 15 décembre 2009 de la centrale thermique à fioul lourd de Yassa-Dibamba, à l'entrée de la ville de Douala, d'une 180 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 capacité de 86 MW. Ce qui constitue une plus-value injectée dans le réseau interconnecté sud (RIS). b) La réhabilitation et la rénovation de l’existant 481- La réhabilitation et la rénovation de l’existant a dans son ensemble porté sur les ouvrages de production, de transport et de distribution. 482- Dans le domaine de la production, les travaux de réhabilitation des centrales hydroélectriques d'Edéa, de Songloulou et de Lagdo se sont poursuivis de même que ceux de la Centrale thermique à fioul lourd de Limbé alors que ceux de renforcement de la sécurité de ces centrales et des barrages réservoirs (Mape, Mbakaou et Bamendjin) ont été lancés. 483- Dans le domaine du transport, de nouveaux postes sources HTIMT ont été construits et mis en service à Ahala et Kondengui (Yaoundé), à Makèpè et Ngodi- Bakoko (Douala) et à la SONARA (Limbé). Ils permettent une meilleure répartition de la charge électrique et l'amélioration de la qualité du service dans ces villes. 484- Par ailleurs, les travaux de fiabilisation des réseaux se sont poursuivis par le remplacement des transformateurs et des isolateurs défectueux ou saturés dans certains postes sources existant (BRGM à Yaoundé, Bafoussam, Mangombe, Oyomabang, Bonabéri) et l'installation des batteries de condensateurs dans d'autres postes (KOUMASSI et MAKEPE) pour réduire l'énergie réactive. 485- Les travaux de construction de nouvelles lignes moyenne tension 30 kV Waza- Kousséri (Extrême-Nord) et Kumba - Ekondo Titi (SudOuest) ont démarré. Ils visent le raccordement au réseau interconnecté de ces localités alimentées actuellement par groupes électrogènes. 486- Dans le domaine de la distribution, la réhabilitation et l'extension des réseaux électriques se sont poursuivies. Il s'agit notamment du remplacement des supports de ligne vétustes (poteaux-bois pourris), des interrupteurs à commande manuelle (IACM), des protections mécaniques défectueuses des postes MT/BT et du renforcement des capacités de production des centrales isolées. 487- Au-delà de la rénovation, de la réhabilitation et la réalisation de micro-structures, l’Etat s’investit dans les grands projets structurants en 181 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 vue de contribuer de manière significative à la résolution des problèmes d’interruptions récurrentes et prolongées des services d’électricité dans plusieurs localités du territoire national. La diversification des sources d’énergie est également envisagée. 2) La diversification des sources par l’exploration du domaine des énergies renouvelables 488- Sur ce point, l’action du Gouvernement, à travers le Ministère de l’Energie et de l’Eau a porté sur l’exploration du potentiel de l’énergie éolienne et de la production de l’énergie électrique à partir de cette source. A cet effet, le Cameroun a signé le 28 juin 2009, un mémorandum d’entente avec la société espagnole ECOVALEN ENERGETICA S.L. pour mener des études de préfaisabilité et de faisabilité en vue de produire l’électricité par le vent. 489- Quatre mâts d’expérimentation ont été installés sur les monts Fundong (Nord-ouest), Nzüh, Bamboutos et Bana (Ouest). Deux autres mâts devront être installés dans la région de l’Adamaoua en avril 2010. 490- Les enregistrements des vitesses des vents sont en cours et dureront environ 12 mois. La production quant à elle, est prévue pour février 2011. 3) L’amélioration de l’accès à la ressource en milieu rural 491- En matière d'électrification rurale, les programmes d'électrification lancés au cours des exercices précédents et non achevés se sont poursuivis et ceux de l'exercice 2009 ont été lancés. Ils portent sur l'électrification d'environ 588 localités et comprennent les projets financés sur ressources internes (BIP, fonds PPTE et IADM) et ceux bénéficiant des financements extérieurs. a) Projets financés sur ressources internes (BIP, fonds PPTE et IADM) 492- Au 31 décembre 2009, les travaux étaient terminés dans 178 localités. Les détails du niveau d'exécution physique sur le terrain se présentent ainsi qu'il ressort du tableau ci-après : 182 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 b) Projets bénéficiant des financements extérieurs 493- Ce sont pour l’essentiel des programmes pluriannuels portant sur trois à quatre ans. Les travaux lancés en 2008 se sont poursuivis en 2009. Il s'agit : - du projet d'électrification de 26 localités situées le long de la frontière Cameroun- Nigeria dans les régions du Sud -Ouest et du Nord qui bénéficie d'un financement du Royaume d'Espagne. Au 31 décembre 2009, les travaux d'électrification étaient achevés le long de l'axe Bakinguili-Idenau et réalisés à 50% et 30% sur l'axe MamfeEkok et dans la Région du Nord respectivement, soit un taux global d'exécution d'environ 80%. - du projet d'électrification de 28 localités dans 9 communes situées dans le périmètre de la Mission de Développement des Monts Mandara (MIDIMA) dans la Région de l'Extrême- Nord qui bénéficie d'un financement de l'Union Européenne. Au 31 décembre 2009, les études d'exécution étaient achevées et les travaux de construction des réseaux engagés. - du projet d'électrification périurbaine intensive dans les pays CEMAC qui prévoit la réalisation sur quatre ans de 20 000 branchements dans les zones péri urbaines du Cameroun. Le processus de recrutement des entreprises pour les travaux de branchement dans la zone pilote de Mbanga-Pongo a été lancé en 2009. 494- Par ailleurs, dans le cadre du Projet de Développement du Secteur de l'Energie, le gouvernement du Cameroun a négocié et obtenu auprès de l'Association Internationale de Développement (IDA) une ligne de crédit d'un montant de 39,9 millions de Droits de Tirage Spéciaux (DTS), soit l'équivalent de 65 millions de dollars des Etats-Unis. 183 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 495- De cette somme, 45 millions de dollars seront destinés au financement, pendant cinq ans, d'un Fonds d'Energie Rurale. Le décret portant création de cette structure a été signé et son application permettra d’améliorer la gouvernance dans le secteur. 4) Les actions en vue de l’amélioration de la gouvernance dans le secteur 496- En vue de l’amélioration de la gouvernance et de la régulation du secteur, un Fonds d’Energie rurale a été créé tandis que les actions de l’Agence de Régulation du Secteur de l’Electricité se sont inscrites dans le suivi du respect des obligations contractuelles des acteurs du secteur et la protection des intérêts des consommateurs. a) La création du Fonds d’Energie rurale (FER) 497- Le Fonds d’Energie rurale (FER) a été créé suivant le décret n° 2009/409 du 10 décembre 2009. Sa mission est de fédérer tous les fonds destinés à l’électrification rurale. L’Agence d’Electrification rurale est l’organe d’exécution du Fonds. Le Fonds est doté d’un comité qui a pour mission de veiller à la bonne utilisation des ressources ainsi qu’à l’allocution optimale des subventions attribuées par le Fonds, pour le développement de l’accès durable à l’énergie dans les zones rurales, dans les conditions de viabilité technique, économique et financière acceptables, d’équité et de transparence. b) Les actions de l’Agence de Régulation du Secteur de l’Electricité (ARSEL) 498- Parmi les actions significatives, l’on peut évoquer la vulgarisation du Règlement du service de distribution publique d’électricité d’AESSONEL et le règlement des différends. 499- Le Règlement du service de distribution publique d’électricité d’AESSONEL a été approuvé par arrêté n° 00013/MINEE du 26 janvier 2009 du Ministre de l’eau et de l’énergie. Cet important instrument juridique apporte plus de clarté dans les relations contractuelles entre la société AES-SONEL et les usagers du service public de l'électricité autres que les Grands Comptes (gros consommateurs industriels et commerciaux). Il définit les conditions générales d’accès au service, les droits et les obligations des parties ainsi que les sanctions en cas de leur violation. En outre, il précise les voies de recours en cas de contestation. L’ARSEL, a mené au niveau des dix chefs-lieux de régions, une campagne de vulgarisation et de sensibilisation des populations sur ce texte. 184 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 500- S’agissant du règlement des différends, l'ARSEL a reçu et traité en 2009 près de 97 plaintes de consommateurs toutes catégories confondues. Ces plaintes concernaient la surfacturation, l’interruption illégale de l'électricité, la fraude de l’énergie électrique, les retards dans la pose des compteurs, le non remboursement de la caution à la fin du contrat, la réparation des dommages causés sur les équipements en raison de l'irrégularité de la tension. Quatre vingt treize (93) de ces plaintes ont connu des fins heureuses. 501- Le fonctionnement optimal de l’ARSEL sera un gage de l’effectivité de la mise en œuvre du droit à l’énergie au bénéfice des populations qui aspirent par ailleurs à être mieux logées. SECTION 3 : LE DROIT A UN LOGEMENT CONVENABLE 502- L’actualité du droit à un logement convenable a été marquée en 2009 par des initiatives en vue de l’accroissement de l’offre en logement (§1), la réaffirmation de la nécessité de prendre en compte les aspects sociaux dans les opérations de restructuration et de rénovation urbaine (§2) et par l’enrichissement du cadre juridique relatif à la sécurité légale d’occupation (§3). §1 : LES INITIATIVES EN VUE DE L’ACCROISSEMENT DE L’OFFRE EN LOGEMENT 503- En 2009, l’Etat a poursuivi les actions dans le domaine de la promotion immobilière qui est le fait pour une personne physique ou morale de réaliser ou de faire réaliser des opérations de lotissements, d’aménagement de terrains, de construction ou de rénovation d’immeubles en vue de la vente ou de la location aux particuliers. Les actions de l’Etat ont porté aussi bien sur la promotion immobilière publique (A) que privée (B). A : La promotion immobilière publique 504- Le 23 décembre 2009, le Premier Ministre, Chef du Gouvernement a procédé à la pose de la première pierre de la phase pilote du programme de construction de 10 000 logements et de 50 000 parcelles aménagées à l’horizon 2013. La phase pilote est constituée de la construction de 1 200 logements à OLEMBE, à l’entrée ouest de la ville de Yaoundé. Cette opération s’effectue sous la synergie opérationnelle de la MAETUR, du Crédit Foncier du Cameroun et de la Société Immobilière du Cameroun (SIC). 185 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 505- L’enjeu du projet est non seulement de réaliser les logements ainsi que les infrastructures d’accompagnement mais aussi de donner un signal fort sur l’effectivité de la reprise en main par l’Etat du dossier du logement social au Cameroun. Ainsi, la MAETUR mettra à disposition 10 hectares de terrain aménagé et alimenté en eau et en électricité. La SIC va s’investir dans la conception, la réalisation et la commercialisation des logements. Le financement de toutes les activités du projet sera assuré par le Crédit Foncier du Cameroun. B : La promotion immobilière privée 506- Dans le domaine de la promotion immobilière privée, le Gouvernement a mis en ligne en 2009, deux guides de l’usager. L’un porte sur l’accès à la profession de promoteur immobilier et l’autre sur la profession d’agent immobilier91. 507- L’objectif est de mettre à un même niveau d’information, les potentiels investisseurs et vulgarisateurs de l’immobilier. § 2 : LA REAFFIRMATION DE LA NECESSITE DE PRENDRE EN COMPTE LES ASPECTS SOCIAUX DANS LES OPERATIONS DE RESTRUCTURATION ET DE RENOVATION URBAINE 508- La planification urbaine était le centre d’intérêt de la célébration, le 11 octobre 2009, de la Journée mondiale de l’Habitat à travers le thème ‘’ planifier notre avenir urbain ‘’. Les enjeux de la planification sont multiples : environnemental, économique, sanitaire et social. La planification urbaine permet en effet d’anticiper le développement de l’espace urbain et de réduire les impacts négatifs des opérations de restructuration et de rénovation urbaine notamment sur les populations les plus vulnérables. La gestion de cet impact a retenu l’attention du Gouvernement qui a rappelé la nécessité de tenir 91 Un agent immobilier est une personne physique ou morale qui accomplit comme profession habituelle : - l’achat, la vente, la location ou la sous location en nu ou en meublé, d’immeubles bâtis ou non bâtis, les fonds de commerce; - la souscription, l’achat, la vente d’actions ou de parts de sociétés immobilières donnant vocation à une attribution de locaux en jouissance ou en propriété ; - l’achat, ou la vente des parts sociales non négociables, lorsque l’actif social comprend un immeuble ou un fonds de commerce ; - la gestion immobilière. 186 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 compte des aspects sociaux dans les opérations de restructuration et rénovation urbaine (A). Cette préoccupation a été intégrée par la Communauté urbaine de Yaoundé dans les opérations de construction et d’aménagement des voies structurantes à travers l’indemnisation des victimes (B). A : Le rappel du Gouvernement 509- Dans le Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’homme au Cameroun en 200892, il a été relevé que le profil des établissements humains camerounais faisait ressortir une forte prédominance des bidonvilles et de l’insécurité de l’occupation de l’espace et prédisposait à un impact social considérable des opérations de restructuration et de rénovation urbaine. Au vu de l’expérience de restructuration menée dans certaines villes par les autorités municipales, notamment par la Communauté urbaine de Yaoundé93, le chef du Gouvernement, à l’issue du Conseil de cabinet du 07 avril 2009, a rappelé la nécessité de prendre en compte le volet social dans les mesures d’assainissement urbain. Il a été ainsi rappelé la nécessité de la concertation entre les différents acteurs, l’impératif de sensibilisation et d’information ainsi que la nécessité des mesures de réinstallation. C’est ainsi que le Ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation a été instruit d’animer un groupe de travail interministériel chargé de définir les mesures propres à favoriser le recasement des déguerpis. B : Les indemnisations accordées dans le cadre des déguerpissements effectués en 2009 par la Communauté urbaine de Yaoundé 510- En 2009, la Communauté urbaine de Yaoundé a engagé des opérations de construction et d’aménagement de voiries structurantes. L’on peut signaler les travaux de construction de la route OlembeEtoudi et ceux de la route Olezoa-Mess des officiers. Dans le cadre de ces opérations, des populations et des structures installées sur les emprises des routes à construire ont été expropriées ou déguerpies. Les personnes détentrices de titres fonciers ou de permis de bâtir ont été indemnisées ainsi qu’il ressort de l’état ci-après : -92 V. Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2008, p. 211. -93 V. le cas des déguerpissements effectués au quartier Etetak en 2007, au Camp Sic Tsinga, aux quartiers Briqueterie et Ntaba en 2008. 187 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 Route Olembe-Etoudi - 129 418 240 FCFA alloués à 100 personnes détentrices de titres de propriété ; - 73 408 296 FCFA versés aux ayants droit en vue de l’exhumation et de la ré inhumation de 200 corps ; - 89 175 464CFA payés aux marketeurs propriétaires de stations services dans la zone du projet. Route Olezoa-Mess des officiers 23 395 250 FCFA versés à 32 personnes détentrices de titres fonciers et/ ou de permis de bâtir. § 3 : L’ENRICHISSEMENT DU CADRE JURIDIQUE RELATIF À LA SECURITE LEGALE D’OCCUPATION 511- Pour accompagner la multiplication des initiatives de promotion immobilière, le cadre juridique sur la sécurité légale d’occupation a été enrichi le 10 juillet 2009 par l’adoption de deux textes portant respectivement sur la vente d’immeuble à construire (A) et sur la location-accession (B). A : L’encadrement de la vente d’immeuble à construire 512- La vente d’immeuble à construire est régie par la loi n°2009/009 du 10 juillet 2009 qui a fait l’objet du décret d’application n°2009/1726/PM du 04 septembre 2009. Il résulte de l’article 2 du décret que ‘’le contrat de vente d’immeuble à construire est un accord entre le vendeur et le futur acquéreur sur le transfert de la propriété d’un immeuble à construire, moyennant paiement par le futur acquéreur d’un acompte au titre de garantie’’. 513- Le décret apporte des indications particulières s’agissant du contrat de vente portant sur le logement. Le texte réalise une protection particulière de l’acquéreur de l’immeuble à usage d’habitation d’abord sur la forme, à travers l’exigence de la forme notariée du contrat et ensuite sur le fond par l’aménagement de la progressivité dans la conclusion du contrat et l’encadrement des obligations des parties et du transfert des risques. 514- Lorsqu’il porte sur le logement, le contrat de vente d’immeuble à construire doit être précédé d’un contrat préparatoire appelé contrat 188 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 de réservation. Dans le cadre de ce contrat, l’acquéreur dispose d’un délai de réflexion et le versement de sommes d’argent est encadré avec minutie. Dans tous les cas, une copie du contrat lui est adressée avant la signature de l’acte. 515- Relativement aux obligations des parties, l’acheteur doit payer le prix et prendre livraison de l’immeuble. Le vendeur quant à lui doit livrer l’immeuble et fournir à l’acquéreur une garantie de remboursement et d’achèvement, la garantie de vices cachés et la garantie décennale. B : L’encadrement de la location-accession à la propriété immobilière 516- La location–accession à la propriété immobilière portant sur les immeubles à usage d’habitation a fait l’objet de la loi 2009/010 du 10 juillet 2009 suivie du décret d’application n°2009/1727/PM du 04 septembre 2009. Cette modalité d’accession à la propriété foncière est définie comme le contrat par lequel un vendeur s’engage envers un accédant à lui transférer, suite à la manifestation ultérieure de sa volonté exprimée par lettre recommandée avec accusé de réception et après une période de jouissance à titre onéreux, la propriété de tout ou partie d’un immeuble, à compter de la date de la levée d’option, moyennant le reversement d’une redevance. 517- Comme le contrat de vente d’immeuble à construire, le contrat de location-accession doit être conclu par acte authentique et est soumis aux règles de la publicité foncière. Au-delà de cette condition de forme, la protection de l’accédant est réalisée par les mécanismes identiques à ceux présentés dans le cadre de la vente d’immeuble à construire, notamment, la progressivité dans la conclusion du contrat qui peut être précédé par un contrat de réservation et est suivi par le contrat définitif, l’encadrement du versement des sommes d’argent et la garantie d’achèvement lorsque le contrat est signé avant l’achèvement de l’immeuble et la garantie de remboursement. 518- L’accédant entre donc en jouissance de l’immeuble mais le transfert de propriété n’intervient qu’après la levée de l’option, soit au terme de l’échéancier prévu par le contrat, soit par le paiement par anticipation de la totalité du prix. 189 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 519- Le mouvement législatif d’encadrement de la promotion immobilière se poursuit avec la révision envisagée de la loi sur la copropriété des immeubles bâtis. 520- Les efforts fournis par le Gouvernement camerounais pour l’amélioration des conditions de vie des populations ont été notables en 2009. Ils pourraient se poursuivre dans le sens de favoriser une plus grande accessibilité des populations à une alimentation saine, aux soins de santé, à un logement décent et à un coût abordable, d’accroître les investissements dans le domaine de la production et de la distribution de l’eau et l’énergie et d’élargir le cadre du système de sécurité sociale dont la réforme a été engagée. 190 Chapitre Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 521- Les actions de promotion du droit au travail (section 1) et de consolidation du droit à la sécurité sociale (section 2) se sont poursuivies en 2009. SECTION 1: LES ACTIONS DE PROMOTION DU DROIT AU TRAVAIL 522- Les actions de promotion du droit au travail visent la promotion de l’emploi (§1) et l’amélioration des conditions de travail (§ 2). §1 : LES ACTIONS EN VUE DE LA PROMOTION DE L’EMPLOI 523- Les actions du Fonds National de l’Emploi (FNE) peuvent être signalées. Dans sa mission qui est d’accroître les possibilités d’emploi au Cameroun, il a permis à 33 174 personnes d’intégrer le monde du travail. 524- En tant qu’ « instrument de l’emploi au service de tous », le FNE a ainsi : - accueilli et orienté 27 016 chercheurs d’emploi de tous genres ; - formé et financé 5 873 promoteurs ; - formé plus 6759 personnes ; - inséré près de 643 chercheurs d’emploi par le biais du Programme Emploi Diplômé ; - placé en emplois salariés 24 051 chercheurs d’emploi ; - inséré en emplois indépendants 9 123 personnes. 525- En 2009, le FNE a ouvert deux agences de plus à Ngaoundéré et à Bassa (Douala) pour se rapprocher de son public cible (les chercheurs d’emploi et les chefs d’entreprises) et répondre à leurs sollicitations concernant l’emploi. 526- Du 4 au 7 février 2009, il a organisé sa 11ème « Semaine emplois jeunes » à l’occasion de la fête de la jeunesse. Près de 23 000 jeunes de diverses catégories sociales ont été reçus et sensibilisés à l’importance de la prise en compte des réalités du monde du travail dans leur orientation scolaire et académique. 527- En plus des nombreux programmes déjà mis en œuvre pour accroître les opportunités d’emploi, le FNE mène une réflexion constante à travers des propositions de programmes, en attente de financement, avec pour principal objectif l’insertion professionnelle de diverses catégories sociales à l’instar : 193 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 - du Programme pour l’insertion des adolescents de la rue (PRIPAR); - de l’Urban Social employement Program (USEP) pour la création d’emplois de proximité dans nos grandes villes ; - du programme Mesures d’appui pour l’insertion professionnelle des handicapés (MAIH); - du Programme social pour l’emploi des jeunes (PSEJ) pour l’insertion des jeunes. 528- Le FNE a abrité à Yaoundé en octobre 2009, l’atelier Association mondiale des services d’emplois publics (AMSEP) zone Afrique sous le thème « la crise économique et le rôle des Services Publics d’Emploi (SPE) dans la mise en œuvre du Pacte Mondial pour l’Emploi ». 529- Ce pacte vise à créer des emplois, à protéger les travailleurs et à stimuler la reprise économique mondiale. Lors de cet atelier, une vingtaine de pays étrangers se sont préparés pour le Symposium sur le travail décent qui s’est tenu à Ouagadougou avec l’appui du Bureau international du travail (BIT) en novembre 2009. 530- Au terme des travaux de Ouagadougou, auxquels le FNE a pris part, des résolutions sur l’emploi décent ont été prises. Elles concernaient entre autres les conditions de travail, l’importance des qualifications, du dialogue social, de la protection sociale, des salaires minima, tous allant dans le sens du respect des droits de l’homme et partant de l’amélioration des conditions de travail. § 2 : LES ACTIONS EN VUE DE L’AMELIORATION DES CONDITIONS DE TRAVAIL 531- En 2009 diverses actions ont été menées en vue d’améliorer l’environnement du travail (A) et le cadre de la défense des droits des travailleurs (B). A : L’amélioration de l’environnement du travail 532- L’adoption de la politique nationale de sécurité et de santé au travail a a été l’une des mesures fortes dans l’amélioration de l’environnement du travail. Il convient également de signaler la poursuite de la promotion du dialogue social dans l’optique de favoriser la sérénité du climat au sein des entreprises. 194 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 1) L’adoption de la politique nationale de sécurité et de santé au travail 533- La Déclaration de Séoul sur la sécurité et la santé au travail a été adoptée en 2008. Elle réaffirme le principe selon lequel le droit à un milieu de travail sûr et salubre devrait être reconnu en tant que droit humain fondamental. Ce principe entre en droite ligne avec les dispositions des articles 3 et 23 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. 534- Dans la perspective de l’appropriation des principales orientations de la Déclaration de Séoul, la politique nationale de sécurité et santé au travail a été validée en septembre 2009 par la Commission nationale de santé et sécurité au travail (CNSST). Son objectif principal est d’assurer la sécurité et protéger la santé des travailleurs à travers des actions de prévention, en réduisant au maximum les causes des risques inhérents aux activités professionnels. Ce document s’inscrit dans la logique de la promotion d’un milieu de travail décent, sûr et salubre. 535- C’est dans la même logique que se situe l’arrêté n° 051/MINTS/SG/DSST du 06 octobre 2009 fixant la liste des tableaux des maladies professionnelles indemnisables, les délais pendant lesquels l’assuré ou l’employeur demeurent responsables et ainsi que les travaux susceptibles de les provoquer. Ce texte est l’actualisation de la liste des tableaux des maladies professionnelles indemnisables qui passe de 44 à 99. Il prend en compte l’apparition de nouveaux procédés de travail, la modification du rythme et des horaires de travail, l’avènement des nouveaux métiers, l’émergence de nouvelles pathologies étroitement liées aux nouveaux procédés et méthodes de travail. Ce texte du ministre du Travail et de la Sécurité sociale, signé après avis de la Commission nationale de Santé et de sécurité au travail (CNSST), permet une meilleure réparation des maladies professionnelles par la Caisse nationale de Prévoyance sociale (CNPS) et contribue ainsi à la protection du droit à la vie et à la sûreté de l’homme telle que prévue par l’article 3 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. 2) La promotion du dialogue social 536- La promotion du dialogue entre les partenaires sociaux s’est manifestée de manière préventive à travers la négociation ou la révision des conventions collectives et de manière curative à travers la gestion de certains conflits sociaux. 195 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 a) La négociation ou la révision des conventions collectives 537- Un accent particulier a été accordé à la négociation ou à la révision des conventions collectives, signées dans les branches d’activités ciaprès : - Journalisme et activités connexes ; - Industries polygraphiques ; - Transport urbain et interurbains ; - Banques et établissements financiers ; - Hôpitaux de 1er degré. b) L’assainissement du climat social 538- Le Ministère du Travail et de la Sécurité sociale a apporté des solutions aux problèmes des travailleurs à travers des comités ad hoc tripartites mis sur pied dans les sociétés ci-après : - CONFINEST (Compagnie financière de l’estuaire); - Amity Bank ; - Camerounaise des Eaux (CDE) ; - CAMPOST (Cameroon postal services); - HEVECAM. 539- Il y a également lieu de signaler, dans le cadre de l’assainissement du climat social, que l’arrêté n°050/MINTSS/CAB fixant les modalités de convocation et la comparution des parties devant l’inspecteur du travail a été signé le 26 octobre 2009 par le ministre du Travail et de la Sécurité sociale. Ce texte qui réduit les délais de convocation de 15 à 05 jours est une réponse aux nombreuses récriminations des organisations professionnelles et des travailleurs au sujet du système antérieur de convocation devant l’inspecteur du travail, dans le cadre du règlement des différends individuels du travail. B : L’amélioration du cadre de la défense des intérêts professionnels 540- Elle s’est déployée à travers des mesures concernant les délégués du personnel, la réflexion sur la protection des droits des travailleurs domestiques et la création de nouveaux syndicats. 1) Les mesures concernant les délégués du personnel 541- Ces mesures ont porté sur l’élection des délégués du personnel et sur leur protection. a) L’élection des délégués du personnel 196 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 542- Lancées par décision n° 0002/MINTSS/SG/DRP/SDCS du 14 janvier 2009, les opérations des élections des délégués du personnel se sont déroulées sur l’ensemble du territoire national sous la supervision des responsables des services déconcentrés du MINTSS. 543- Aux termes desdites opérations, 8197 délégués du personnel ont été élus et repartis de la manière suivante : * CSTC (Confédération syndicale des travailleurs du Cameroun) * CSAC (Confédération des syndicats autonomes du Cameroun) * USLC (Union des syndicats libres du Cameroun) * UGTC (Union générale des travailleurs du Cameroun) * CGTL (Confédération générale du travail- Libertés) * CSIC (Confédération des syndicats indépendants du Cameroun) * CGSTC (Confédération générale du secteur du transport au Cameroun) * Délégués indépendants * Fédérations autonomes 2781 968 827 333 269 118 08 2290 589 544- En vue d’accroître la capacité de négociation de ces partenaires au dialogue social, des séminaires sur les missions des délégués du personnel ont été organisés au niveau des délégations régionales et départementales à l’intention des délégués du personnel nouvellement élus, leur protection passant également par une bonne maîtrise de leurs prérogatives. b) La protection des délégués du personnel 545- En vue d’assurer une protection de leur mandat, le Code du travail impose une procédure particulière de licenciement des délégués du personnel. Au cours de l’année 2009, 413 dossiers de demande d’autorisation de licenciement des délégués du personnel ont été enregistrés. A l’issue de l’instruction de ces dossiers, seules 12 autorisations ont été accordées, ce qui a permis de sauvegarder 401 contrats de travail. On peut relever en passant, s’agissant des autres travailleurs, que sur 7718 plaintes individuelles et 35 différends collectifs enregistrés par les services du Ministère du Travail et de la Sécurité sociale, 4158 procès-verbaux de conciliation totale ont été dressés. 197 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 2) La réflexion sur la protection des droits des travailleurs domestiques 546- D’après l’Institut National des Statistiques, 65 524 employés de maison travaillent au Cameroun, la majorité étant constituée des femmes et des enfants. La situation précaire des employés de maison de cette catégorie de travailleurs a justifié la nécessité d’une plus grande sensibilisation des acteurs sociaux, en vue du respect de leurs droits. Dans ce sens, le Gouvernement, à travers les Ministères du Travail de la Sécurité sociale et des Affaires sociales a, en partenariat avec l’OIT, organisé à Yaoundé, du 25 au 27 novembre 2009, un atelier de formation regroupant les fonctionnaires, les représentants des ONG et de la société civile sur le thème: ‘Promouvoir la protection des employés domestiques au Cameroun’. 547- L’objectif de l’atelier était le renforcement des capacités des participants sur la promotion et la protection des droits des employés domestiques et la lutte contre le trafic des personnes au Cameroun. 3) La création de nouveaux syndicats 548- A la demande des syndicats professionnels de travailleurs ou d’employeurs, 23 syndicats et fédérations syndicales ont été autorisés à exercer leurs activités au cours de l’année 2009. Le tableau ciaprès est illustratif. Liste des syndicats enregistrés en 2009 198 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 549- Le droit au travail sans la sécurité sociale, demeure incomplet. C’est pour cela que des actions ont également été menées dans ce domaine. 199 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 SECTION 2 : LE DROIT A LA SECURITE SOCIALE 550- L’actualité du droit à la sécurité sociale a été marquée en 2009 par la fin, en février de cette année, des travaux du Comité de réflexion sur la modernisation de la sécurité sociale qui a proposé des projets de textes en la matière (§1). En attendant l’aboutissement des réformes proposées, des actions s’inscrivant dans le cadre de la mutualisation du risque maladie ont été menées (§2) tandis que la Caisse nationale de Prévoyance sociale a continué à assurer ses obligations de paiement des prestations sociales (§3). § 1 : L’ACHEVEMENT DES TRAVAUX DU COMITE DE REFLEXION SUR LA MODERNISATION DE LA SECURITE SOCIALE 551- Le Comité de réflexion sur la modernisation de la sécurité sociale a achevé ses travaux par les propositions de textes ci-après : - l’avant-projet de loi relative à la sécurité sociale ; - l’avant-projet de loi portant cadre général de création, d’organisation et de fonctionnement des mutuelles de sécurité sociale ; - l’avant-projet de loi fixant le cadre général de couverture du risque maladie ; - le projet de décret portant organisation et fonctionnement de la Caisse nationale d’assurance-maladie ; - le projet de décret portant organisation et fonctionnement de la Caisse nationale de sécurité sociale ; - le projet de décret portant organisation et fonctionnement de la Caisse nationale des personnels de l’Etat. 552- Il convient de rappeler que la réflexion sur la modernisation du système camerounais de sécurité sociale était articulée sur les principes fondamentaux que sont : - la consolidation des acquis ; - l’extension de la sécurité sociale dans ses champs d’application personnel et matériel. 553- Cette réflexion s’inscrivait dans le cadre de la stratégie de la réforme de la sécurité sociale validée en décembre 1999. 554- S’agissant du champ d’application personnel, des couches de personnes jusque là non couvertes devront à terme bénéficier d’une 200 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 couverture sociale notamment les travailleurs du secteur informel, les travailleurs exerçant des petits métiers, les indépendants, les professions libérales, les artisans, les chauffeurs de motos-taxis, les éleveurs, avec l’institutionnalisation de l’assurance volontaire. 555- S’agissant du champ d’application matériel, de nouvelles prestations seront servies aux populations camerounaises à l’instar de l’assurance maladie sociale avec la création, l’organisation et le fonctionnement d’une caisse nationale d’assurance maladie. 556- En ce qui concerne l’action sanitaire sociale, des services sont de mieux en mieux exécutés à l’instar du développement des aspects spécifiques à l’encadrement des personnes du 3ème âge, notamment de la gériatrie. 557- Pour les personnels de l’Etat, fonctionnaires et assimilés, on progresse vers la création, le fonctionnement et l’organisation d’une Caisse nationale desdits personnels, gérée selon les règles de l’art dans le domaine de la sécurité sociale et instituant des principes comptables tout à fait nouveaux avec des plans comptables de la conférence interafricaine de la prévoyance sociale. § 2 : LES ACTIONS EN VUE DE LA MUTUALISATION DU RISQUE MALADIE 558- La réflexion sur la mutualisation du risque maladie s’est poursuivie avec la mise en place des mutuelles de santé, la modernisation de l’architecture juridique et institutionnelle, l’objectif à atteindre étant celui d’une mutuelle de santé par district de santé. § 3 : LE PAIEMENT DES PRESTATIONS SOCIALES PAR LA CNPS 559- Au cours de l’exercice 2009, l’organisme a rempli l’essentiel de ses missions institutionnelles, à savoir la poursuite des actions de recouvrement et le paiement des prestations sociales. 560- Les cotisations sociales effectivement recouvrées auprès des employeurs connaissent une relative progression. Ainsi le montant des recouvrements qui s’élevait à 64 833 989 671 FCFA94 en 2007 a été porté à 72 362 474 787FCFA95 en 2008, puis à 76 633 084 364 FCFA96 en 2009. -94 Soit environ 98.983.190 Euros. -95 Soit environ 110.477.060 Euros. -96 Soit environ 116.997.075 Euros. 201 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 561- En ce qui concerne les dépenses techniques, les paiements des prestations ont été effectués à temps et sans heurts. Le principal souci étant l’humanisation des conditions d’accueil des pensionnés. L’état 97 98 99 100 101 des dépenses techniques est repris dans le tableau ci-après : Dépenses techniques par branches 562- Par ailleurs, des actions significatives ont été initiées par la CNPS pour améliorer la qualité du service rendu aux assurés sociaux. Il a ainsi été proposé aux bénéficiaires des pensions qui perçoivent un minimum de 150.000 FCFA102 l’ouverture d’un compte bancaire, avec l’avantage que celui-ci soit crédité une semaine avant la date effective des paiements en espèces. Cette option permet de réduire le temps d’attente dans les guichets de même que les risques et charges liés à ces opérations. En 2009, 16 297 nouveaux comptes ont été ouverts par les pensionnés pour une estimation globale des droits à 3 281 906 730 CFA103. Au cours de la même période, l’expérimentation de la mensualisation des paiements des pensions a démarré dans certains centres de prévoyance sociale, à la grande satisfaction des pensionnés. 563- La promotion de l’emploi apparaît comme une des priorités du développement et un gage de la croissance économique d’où son inscription détaillée dans le nouveau document de stratégie pour la croissance et l’emploi. -97 Soit environ 10.254.008 Euros. -98 Soit environ 4.443.948 Euros. -99 Soit environ 63.177.803 Euros. -100 Soit environ 2.458.915 Euros. -101 Soit environ 7.310.825 Euros. -102 Soit environ 230 Euros. -103 Soit environ 5.010.544 Euros. 202 Chapitre Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 564- Le Cameroun, comme d’autres pays de la planète, subit chaque année les conséquences des changements climatiques. Ces changements sont diversement observés dans les différentes régions du monde. Tantôt ils se manifestent par une hausse constante de la température, tantôt par la baisse de la pluviométrie. 565- La communauté internationale s’accorde sur le fait que ces changements sont la résultante de la destruction de la couche d’Ozone. Pour contribuer à l’élaboration de stratégies et mesures collectives afin de trouver une solution globale à ce phénomène, le Cameroun a participé aux grandes rencontres internationales au cours desquelles les questions environnementales ont été débattues. Ainsi, il a été présent à la 64ème session de l’Assemblée Générale de l’ONU où la menace des déchets générés par l’activité humaine et industrielle a été abordée. Il a été également présent au sommet du Commonwealth en novembre 2009 à Port of Spain (Trinidad et Tobago) où la lutte pour la réduction du réchauffement de la planète à 2°c a été envisagée. Il a enfin participé, en décembre 2009 au sommet de Copenhague sur les changements climatiques où l’accord conclu est resté loin des attentes des pays en développement et spécifiquement, des pays du bassin du Congo104. 104 L’accord de Copenhague, dont l’ONU a pris note, a permis pour la première fois, d’enrôler l’ensemble des grands pays pollueurs, industrialisés et émergents dans la lutte contre le changement climatique. Cependant, cet accord repose sur des ambitions réduites et sans cadre contraignant. Les principaux points de cet accord sont : - la réduction de la température moyenne de la planète en dessous de 2°c par rapport au niveau préindustriel ; - la communication, d’ici au 31 janvier 2010, par les pays industrialisés, de leurs objectifs de réduction d’émission de gaz aeffet de serre a l’horizon 2020 et l’annonce, par les pays en développement, des actions qu’ils comptent mettre en œuvre pour atténuer les leurs ; - les engagements des pays industrialisés devront être « mesurables, notifiables et vérifiables » (règles MRV), afin d’en contrôler la réalité ; - la communication, par les pays en développement eux-mêmes, tous les deux ans, des informations sur leurs politiques nationales, en offrant les éléments ouvrant à des consultations et analyses internationales, dans le « respect de leur souveraineté nationale » ; - le soutien, par une aide immédiate de 30 milliards de dollars sur trois ans (2010-2012) de l’adaptation des pays en développement aux impacts du réchauffement : elle sera allouée « prioritairement » aux plus vulnérables, notamment en Afrique et dans les petites îles ; - de 2013 à 2020, les pays développés s’engagent à mobiliser progressivement jusqu’à 100 milliards de dollars. Ces fonds proviendront de sources variées, publiques et privées, bilatérales et multilatérales, y compris des financements innovants. - la création du « Fond Vert climat » de Copenhague pour soutenir les projets des pays en développement visant à réduire leurs émissions de gaz, la protection des forets et la lutte contre la déforestation, l’adoption, le renforcement des capacités et le transfert de technologies. 205 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 566- Au plan interne, les actions en vue de la poursuite du programme de préservation de l’environnement ont été articulées autour au renforcement du cadre juridique (section 1), de la campagne de reboisement, de salubrité et de gestion des déchets (section 2) ainsi que de la conduite des inspections (section 3) et de la gestion des litiges environnementaux (section 4) à l’issue desquels des sanctions ont été prononcées. SECTION 1 : LE RENFORCEMENT DU CADRE JURIDIQUE 567- Le renforcement du cadre juridique de la protection de l’environnement a été marqué par la signature de trois textes relatifs à la protection de la couche d’ozone (§1) et au cadre institutionnel de gestion aussi bien des changements climatiques (§2) que de l’indemnisation des dommages dus à la pollution par les hydrocarbures (§3). § 1 : L’ENCADREMENT DE LA PROTECTION DE LA COUCHE D’OZONE 568- Le 18 mai 2009, a été signé le décret n° 2009/141 portant ratification du traité sur les amendements au Protocole de Montréal sur les substances qui appauvrissent la couche d’Ozone (SAO) adopté le 17 septembre 1997 à Montréal et le 03 décembre 1999 à Béijing. Le protocole de Montréal appelle les Etats parties à réglementer l’usage de certaines substances nocives telles que les halons, les tétrachlorures de carbone, les bromochloromethanes, dans la fabrication des produits manufacturés. § 2 : L’AMELIORATION DU CADRE INSTITUTIONNEL DE GESTION DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 569- Cette amélioration du cadre institutionnel de gestion des changements climatiques est perceptible à travers le décret n° 2009/410 du 10 décembre 2009 portant création, organisation et fonctionnement de l’Observatoire national sur les changements climatiques. L’article 2 de ce décret dispose que l’Observatoire est un établissement public administratif de type particulier, relativement à ses missions, à ses organes et à son régime financier ; il est doté de la personnalité juridique et de l’autonomie financière. L’article 4 de ce texte définit les missions de l’observatoire. A ce titre, il est entre autres, chargé : 206 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 - d’établir les indicateurs climatiques pertinents pour le suivi de la politique environnementale ; - de collecter, analyser et mettre à la disposition des décideurs publics, privés ainsi que des différents organismes nationaux et internationaux, les informations de référence sur les changements climatiques au Cameroun ; - de proposer au Gouvernement des mesures préventives de réduction d’émission de gaz à effet de serre, ainsi que des mesures d’atténuation et /ou d’adaptation aux effets néfastes et risques liés aux changements climatiques. § 3: L’AMELIORATION DU SUIVI DES QUESTIONS RELATIVES A L’INDEMNISATION DES DOMMAGES DUS A LA POLLUTION PAR LES HYDROCARBURES 570- Le 30 avril 2009 a été signé l’arrêté n°131/PM portant création du Comité permanent de suivi du dossier Fonds International d’Indemnisation pour les Dommages dus à la Pollution par les Hydrocarbures (FIPOL). L’art. 2 de cet arrêté détermine les missions du Comité. Il s’agit notamment de : - recevoir et développer des stratégies en vue de la présentation et de la défense des intérêts du Cameroun dans le cadre du FIPOL ; - concourir à la mise en œuvre des directives gouvernementales dans le cadre des actes visant l’indemnisation des dommages imputables aux pollutions par les hydrocarbures ; - soumettre régulièrement au secrétariat du FIPOL, des rapports sur la pollution maritime par les hydrocarbures au Cameroun ; - sensibiliser la communauté nationale aux questions liées à la pollution par les hydrocarbures ; - veiller à la participation des membres du comité aux réunions statutaires du FIPOL. 571- Dans ce contexte, un atelier organisé par la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH), l’Organisation Maritime Internationale (OMI), la Société de Internationale de l’Industrie pétrolière pour la sauvegarde de l’environnement (IPIECA) et le Projet initiative mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre (GI WCAF) s’est tenu à Yaoundé du 02 au 05 novembre 2009 avec comme sujet de 207 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 préoccupation, la prévention des déversements accidentels des hydrocarbures et la limitation des effets de ce déversement. Des recommandations ont été faites dans le sens de la mise en place d’une plate-forme d’actions concertées pour solutionner ce problème. SECTION 2 : LA POURSUITE DE LA CAMPAGNE DE REBOISEMENT, DE SALUBRITE ET DE GESTION DES DECHETS. § 1 : LA CAMPAGNE DE REBOISEMENT 572- La campagne de reboisement baptisée ‘’opération Sahel vert’’ s’est poursuivie en 2009. 160 000 (cent soixante mille) arbres ont été ainsi plantés dans les localités de Maltam dans le Logone et Chari, Daïba-Kalfou dans le Mayo-Danay et Goussor dans le Mayo-Kani, chacun de ces trois sites ayant une superficie de 1000 hectares. 573- Par ailleurs, la ville de Maroua et ses environs a également été concernée par cette opération. Dans ce cadre, l’opération « Maroua, Université et environs verts », qui doit permettre la plantation de 6000 arbres, a été lancée le 02 août 2009 par le président de l’Assemblée nationale (PAN). Le site qui a servi de cadre à cette activité est emblématique de l’avancée du désert dans la partie septentrionale du pays. § 2 : LES CAMPAGNES DE SALUBRITE ET LA GESTION DES DECHETS A : Les campagnes de salubrité 574- En 2009, plusieurs localités du pays se sont impliquées dans les campagnes de salubrité, à l’instar de la municipalité de Garoua avec la seconde phase de l’opération « Journées d’hygiène et de salubrité » en août 2009. 575- La Communauté urbaine de Douala a relancé en 2009, le programme « Occupation jeunes », qui est une autre façon pour elle de lutter contre la pauvreté. Ainsi, une première vague de 299 jeunes non scolarisés, a été déployée sur le terrain en avril 2009. Une deuxième vague constituée de 261 jeunes a été répartie en cinq ateliers : désherbage et peinture, curage, sensibilisation et veille, affichage sauvage, et recensement des câblo-opérateurs. La première vague de l’opération a désherbé, curé et peint à divers endroits de la ville de Douala. Ainsi, 38 000 m2 ont été nettoyés par l’atelier désherbage, tandis que l’atelier curage était à 12 750 m linéaires de 208 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 caniveaux curés. L’atelier sensibilisation a quant à lui, recensé près de 1400 cas de désordres urbains que la Direction de la Réglementation et de la Lutte contre le désordre urbain (DIRLUT) a géré105. Malgré ces efforts fournis par les municipalités, plusieurs poches et zones d’insalubrité persistent. B : La gestion des déchets 576- La gestion des déchets et, plus particulièrement celle des déchets hospitaliers sera évoquée du fait qu’elle a occupé les devants de l’actualité en 2009 en raison d’un incident enregistré dans la localité de Nkometou située à une soixantaine de kilomètres de la ville de Yaoundé. 577- En effet, des déchets ménagers et biomédicaux de l’Hôpital gynécoobstétrique et pédiatrique de Yaoundé (HGOPY) se sont retrouvés dans une cacaoyère du village Nkometou, semant la panique au sein de la population. Emballés dans des sacs plastiques, ils dégageaient déjà une odeur pestilentielle « susceptible d’engendrer des problèmes de santé publique pour les populations riveraines et de polluer l’environnement par la contamination des cours d’eau, de l’air, du sol et du sous-sol »106. Le préfet du département de la Lékié a adressé une correspondance au Directeur Général de l’hôpital pour l’inviter à trouver des solutions aux préjudices subis par la population. Celui-ci a décliné sa responsabilité en engageant celle du prestataire des services de gestion des déchets dans sa formation hospitalière. 578- Cet incident a révélé les lacunes du système de gestion des déchets hospitaliers. Des inspections dans les formations hospitalières de Yaoundé et de l’arrière pays ont permis de constater que le respect des procédures de tri et de traitement des déchets n’est pas partout érigé en règle. A l’Hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Yaoundé, l’incinérateur n’a pas fonctionné à plein temps, sa faible capacité ne permettant pas qu’il soit mis en marche plus de cinq heures par jour, au risque de créer une panne plus grave. Quant à 105 CT du 07 mai 2009 P. 31. Lors de la première édition en 2008, 347500 m3 de surface avaient été nettoyés, 87 135m linéaires de caniveaux curés et 17 503 cas de désordres urbains constatés. 106 Termes contenus dans la correspondance adressée au directeur de l’hôpital par le préfet 209 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 l’Hôpital central de Yaoundé (HCY), son incinérateur est tombé en panne pendant plusieurs mois et il a fallu faire recours à une mesure palliative. Ainsi, une fosse de 20m de profondeur a été creusée. Une citerne y a été installée, dans laquelle les déchets biomédicaux étaient brûlés. Au Centre hospitalier universitaire (CHU), le premier incinérateur est tombé en panne et, en attendant, les déchets hospitaliers étaient traités avec les moyens de bord. 579- Une mission de sensibilisation des autorités médicales sur la gestion des déchets biomédicaux à l’hôpital d’Ambam dans la région du Sud a constaté une mauvaise gestion des déchets biomédicaux dangereux, solides et liquides et a recommandé une gestion et une élimination plus écologique de ces déchets par les responsables des hôpitaux. 580- On peut en conclure que ce secteur mérite une attention particulière des autorités publiques de manière à mettre les populations à l’abri des risques inhérents à la mauvaise gestion ce type de déchets. §3 : LES INSPECTIONS ENVIRONNEMENTALES 581- En 2009, les inspections environnementales ont porté sur 1053 structures dans les dix régions du pays. A l’issue de contrôles inopinés, des pesticides obsolètes ont été découverts dans 38 magasins. Il s’agit de : - 9728 emballages vides en plastiques de pesticides ; - 894 emballages vides en fer/aluminium de pesticides ; - 719 équipements contaminés dont : 394 pulvérisateurs portables, 264 pulvérisateurs motorisés, 1 thermonébulisateur et 60 atomiseurs ; - 738,7 kg et 804,15 litres d’insecticides ; - 126 kg et 795 litres de fongicides ; - 5 litres d’herbicides; - 0,5 kg de nematicide ; - 338,5 litres d’acaricides-ovicides ; - 30 litres d’activateur de résistance; - 3,925 kg de molluscicides; - 1547 kg et 1466 litres de pesticides de nature inconnue. §4 : LA GESTION DES LITIGES ENVIRONNEMENTAUX 582- Les litiges environnementaux ont été gérés autant dans le secteur forêt 210 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 (A) que dans le secteur environnement (B). A : Dans le secteur forêt 583- Dans ce secteur, plusieurs infractions relatives notamment à l’exploitation frauduleuse du bois, aux fraudes sur les documents d’exploitation, à la mauvaise tenue des documents, au non respect des normes techniques d’exploitation, ont fait l’objet de contraventions diverses et de contentieux ouverts par l’administration centrale contre plusieurs sociétés forestières pendant la période d’août 2008 à mars 2009. Le montant des amendes recouvrées par l’administration centrale s’est élevé à environ 55 860 000 FCA107 584- Dans les délégations régionales, l’activité des différents services déconcentrés a donné lieu à l’établissement de procès verbaux de contravention contre les opérateurs économiques ayant commis des infractions à la législation forestière notamment l’usage frauduleux des lettres de voiture, l’exploitation forestière non autorisée, le refus d’obtempérer, le transport du bois sans lettre de voiture. 585- Dans ce cadre, la délégation régionale du Littoral a soldé des contentieux pour un montant de 8 560 000 FCFA108; la délégation régionale de l’Extrême-Nord a soldé des contentieux dont le montant est évalué à 300 000FCFA109; la délégation régionale de l’Est a soldé un volume de contentieux dont le montant s’élève à 2 504 000FCFA110. B : Dans le secteur environnement 586- L’activité dans le secteur environnement a porté sur le suivi des contentieux devant les tribunaux, la notification et la gestion des amendes, y compris celles contestées, l’ouverture des procédures contentieuses, le règlement et la clôture des contentieux. 1) Suivi des contentieux devant les tribunaux 587- Quelques procédures peuvent être signalées. En effet : - plusieurs stations services de la ville de Yaoundé ont été attraites devant les tribunaux d’instance de Yaoundé pour répondre des infractions relatives aux pollutions diverses ; - la société Razel a fait l’objet de poursuites pour refus de contrôle, 107 Soit environ 85 282 Euros 108 Soit environ 13070 Euros 109 Soit environ 460 Euros 110 Soit environ 3820 Euros 211 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 alors que les sociétés Ketch, Maxan, Huilerie SIPOMO, ParquetCam, Ets PANGUI, Sté Bun’s ont fait l’objet de poursuites pour absence d’audit ; - la société EUROIL Limited a fait l’objet de poursuites pour pollutions diverses ; - la société DIT SA a fait l’objet de poursuites pour vol du matériel ozone à Douala ; - la société SCHLUMBERGER a fait l’objet de poursuites pour importation des substances dangereuses à Douala ; - la société ALPICAM a fait l’objet de poursuites pour Pollution marine ; - la société IBC a fait l’objet de poursuites pour Pollution de l’air ; - la Compagnie UTA a fait l’objet des poursuites à la Cour d’appel d’Ebolowa pour déversement, dégradation du sol, pollution de l’air et de l’eau de rivière. 2) Notification d’amende (y comprises celles antérieures à 2009) 588- Certaines sociétés ont été notifiées d’avoir à payer des amendes pour absence d’EIE, notamment : - la société Forestière WANDJA à Yaoundé (de 4 000 000FCFA)111; - la société de Manutention et de Chargement (SOMAC) à Douala (3 000 000FCFA)112; - la société STBK à Batouri (8 000 000FCFA)113; - la Compagnie Forestière du Cameroun à Douala (12 000 000FCFA)114; - la Forêt Communautaire de Yokadouma (3 000 000FCFA)115; - le Groupe SEFAC-SEBAC à Douala (14 000 000FCFA)116; - la société PLACAM à Douala (4 000 000FCFA)117; - le Groupe SEFAC-SEBAC à Douala (14 000 000FCFA)118; - la station TOTAL Cameroun S.A (MAGZI) à Yaoundé (5 000 000FCFA)119; - la société ADIC à Mbandjock (5 000 000FCFA)120; - la société Volcanique water à Douala (2000000FCFA)121; - la société Euroil à Douala (2000000FCFA)122; 111 Soit environ 6106 Euros 112 Soit environ 4580 Euros 113 Soit environ 12210 Euros 114 Soit environ 18320 Euros 115 Soit environ 4580 Euros 116 Soit environ 21 375Euros 117 Soit environ 6106 Euros 118 Soit environ 21 375Euros 119 Soit environ 7633 Euros 120 Soit environ 7633 Euros 121 Soit environ 3054 Euros 122 Soit environ 3054Euros 212 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 - la société Justawe-Bois à Foumbot (2000000FCFA)123. - D’autres l’ont été, notamment : - la société CANA-BOIS à Nanga-Eboko (5 000 000FCFA)124, pour refus de contrôle ; - le GIC-AES à Nanga-Eboko (500 000FCFA)125 pour exploitation forestière non autorisée dans une forêt communautaire. 589- Au total, 85 000 000 FCFA126 ont été notifiées dont 35 000 000FCFA127 ont fait l’objet de la procédure de contestation. 3) Contentieux ouverts 590- Des procédures contentieuses ont été engagées contre des sociétés pour violations diverses aux règles environnementales. Il s’agit notamment des sociétés Euroil Limited, Camrail, Schlumberger, Tradex, Africaine de Liquoristerie, Camerounaise de ferronnerie, Monga-sogedi, Union camerounaise des Brasseries (UCB), Complexe Métallurgique du Cameroun (CMC), Alubassa, et la société maxam, toutes installées à Douala. 4) Contentieux ayant fait l’objet d’un règlement ou de clôture 591- Des litiges portés devant l’administration pour violation des règles de l’environnement ont fait l’objet de règlement ou de clôture de poursuites dues parfois à diverses transactions. 592- Les règlements n’ayant pas fait l’objet de transactions sont relatifs aux litiges concernant : - la société camerounaise de Dépôts Pétroliers (SCDP) pour 5 000 000FCFA128; - la société AES Sonel (Centrale Thermique de Logbaba)-Douala pour 2 000 000FCFA129; - la société NEO-TP-DOUALA pour 2 000 000FCFA130. 593- Ceux ayant fait l’objet de transactions sont relatifs aux litiges concernant notamment : - la société TEXACO (Ecole de Police) pour 1 000 000FCFA131; 123 Soit environ 3054 Euros 124 Soit environ 7633 Euros 125 Soit environ 763 Euros 126 Soit environ 129770 Euros 127 Soit environ 53435 Euros 128 Soit environ 7633 Euros 129 Soit environ 3054 Euros 130 Soit environ 3054 Euros 131 Soit environ 1526 Euros 213 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 - la société camerounaise de savonnerie pour 1 000 000FCFA132; - CANA Bois pour 1 000 000133; - NEO TP pour un montant de 2 000 000 FCFA134; - AES SONEL pour un montant de 2 000 000FCFA135; - la société Fermencam pour un montant de 2 000 000FCFA136; - la société Camrail pour un montant de 5 000 000FCFA137. 594- L’intensification des inspections par les Brigades de contrôles forestiers et environnementaux sur les installations industrielles et commerciales a abouti à des résultats palpables. Le volume du contentieux, le nombre de litiges réglés et d’amendes payées sont des indicateurs qui témoignent la détermination des pouvoirs publics à lutter contre la délinquance forestière et environnementale. Cependant, des efforts de sensibilisation restent à fournir au niveau de la population et des différents opérateurs économiques, pour susciter une plus grande prise de conscience de la nécessité de protéger l’environnement par un comportement citoyen. 132 Soit environ 1526 Euros 133 Soit environ 1526 Euros 134 Soit environ 3054 Euros 135 Soit environ 3054 Euros 136 Soit environ 3054 Euros 137 Soit environ 7633 Euros 214 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 595- En raison de leur caractère fondamental dans la réalisation des droits de l’homme, les droits économiques, sociaux et culturels sont l’un des piliers de la politique gouvernementale telle que déclinée dans le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi. Cependant, malgré les efforts fournis par les pouvoirs publics en 2009, l’offre en eau potable et en énergie électrique est demeurée une préoccupation réelle pour les populations. 596- Les multiples désagréments liés aux difficultés d’accès à un logement décent ou aux soins de santé détériorent encore la qualité de vie des populations. La promotion de la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption se sont poursuivis. Les réformes normatives et institutionnelles en la matière méritent d’être complétées par la valorisation et la célébration des comportements éthiques individuels dans la vie quotidienne. 597- Les espoirs fondés sur la protection de la couche d’ozone dans la réduction du réchauffement de la planète devraient être renforcés par des actions qui protègent les populations, à travers notamment une plus grande implication de ces dernières dans la gestion des questions environnementales. 215 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 216 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 217 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 218 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 598- Les droits de l’homme ne concernent pas seulement une entité abstraite à qui s’adresserait de façon uniforme un corps de principes identiques. Ils portent également sur les préoccupations de l’homme pris dans un environnement donné et prennent en compte les aspirations spécifiques et catégorielles de groupes ayant besoin de mesures spéciales de protection. C’est cette logique qui a encore présidé en 2009 à la gestion des questions touchant à la femme ainsi qu’aux groupes vulnérables telles que les enfants et les personnes handicapées, les personnes âgées et les populations marginales. L’état de l’action de promotion et de protection des droits de ces personnes sera présenté dans cette partie de même que celui relatif aux conditions de détention qui impliquent toutes les générations de droits, aussi bien civils et politiques qu’économiques, sociaux et culturels que le droit à un environnement sain, marquant ainsi la transversalité de cette question. 599- Cette troisième partie sera donc axée autour des chapitres suivants : - les conditions de détention (chapitre1) ; - la promotion et la protection des droits des groupes vulnérables (chapitre 2); - la promotion et la protection des droits de la femme (chapitre 3). 219 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 220 Chapitre Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 SECTION UNIQUE 600- Les conditions de détention ont enregistrées des avancées notables en 2009, avec la poursuite de la mise en œuvre de la deuxième phase du Projet d’amélioration des conditions de détention et respect des droits de l’homme, (PACDET 2) et du Projet de modernisation des prisons et de préparation à la réinsertion des détenus, financé par les fonds issus de l’Initiative pour l’Allègement de la Dette Multilatérale/ Pays Pauvres Très Endettés (IADM/PPTE). 601- La mise en œuvre du PACDET 2 s’est notamment traduite par la fourniture : - du matériel de couchage aux personnels d’encadrement (30 lits et matelas) et aux détenus (366 lits à étage et 732 matelas) ; - du matériel médical pour les prisons centrales et les infirmeries des prisons centrales ; - de 200 tables-bancs pour les salles de classe ; - du matériel didactique pour les prisons centrales de Douala et Yaoundé, - de 12 mégaphones pour des prisons. 602- La couverture sanitaire s’est améliorée avec la construction des infirmeries modernes à Yaoundé et Bafoussam. Les effectifs du personnel médical ont été renforcés avec le recrutement de 10 médecins, 30 infirmiers et 40 aides soignants. 603- 22 forages à motricité humaine ont été construits dans certaines prisons pour pallier l’insuffisance des réseaux traditionnels d’approvisionnement en eau potable. Cette mesure sera bientôt étendue au reste des prisons. 604- Toutes les prisons centrales ont été dotées de véhicules cellulaires pour le transport des détenus. Ainsi, les conditions d’escorte et de transport de détenus ont été sécurisées et humanisées dans les dix chefs lieux de régions. 605- Il reste à espérer que la construction amorcée de nouvelles prisons permette de résorber le problème de la surpopulation carcérale qu’il est loisible d’appréhender au regard des statistiques ci-dessous. Les tableaux y relatifs récapitulent l’évolution de la population carcérale de 2005 à 2009 (tableau 1), donnent un aperçu, au 31 décembre 223 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 2009, de la population carcérale dans chacune des prisons du pays (tableau 2), par région (tableau 3). Ils font également ressortir la situation des majeurs (tableau 4) et des mineurs (tableau 5) ainsi que celle des femmes (tableau 6). RECAPITULATIF DES STATISTIQUES CARCERALES DE 2005 à 2009 TABLEAU N°1 5 20956 23368 100% Récapitulatif des données statistiques carcérales par prison au 31 décembre 2009 TABLEAU N°2 224 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 225 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 Récapitulatif des données statistiques carcérales dans les prisons camerounaises par région au 31 décembre 2009 TABLEAU N°3 SITUATION DES MAJEURS HOMMES DANS LES PRISONS CAMEROUNAISES AU 31 DECEMBRE 2009 TABLEAU N°4 226 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 SITUATION DES MINEURS INCARCERES DANS LES PRISONS CAMEROUNAISES AU 31 DECEMBRE 2009 TABLEAU N°5 SITUATION DES FEMMES INCARCEREES DANS LES PRISONS CAMEROUNAISES AU 31 DECEMBRE 2009 TABLEAU N°6 227 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 228 Chapitre 138 Les groupes vulnérables ou marginalisés comprennent les minorités ethniques, les populations autochtones, les femmes, les enfants, les adolescents, les personnes âgées, les personnes handicapées et les personnes atteintes du VIH/sida. Cf Comité des DESC, Observation générale no 14 sur le droit au meilleur état de santé susceptible d’être atteint (art. 12 du Pacte), HRI/GEN/1/Rev.9 (Vol.I), page 93. Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 606- En 2009, des mesures de promotion et de protection des droits des groupes vulnérables que sont les enfants, les personnes handicapées, les personnes âgées et les populations marginales ont été prises. SECTION 1: LA PROMOTION ET LA PROTECTION DES DROITS DES ENFANTS 607- La situation des enfants a amené le Gouvernement à prendre des mesures promotrices (§1) et protectrices de leurs droits (§2). §1 : LES MESURES DE PROMOTION DES DROITS DE L’ENFANT 608- Ces mesures sont, entre autres, le renforcement des capacités et la lutte contre le VIH/SIDA (A), la construction, la réhabilitation et l’équipement des institutions (B), la réduction du phénomène des enfants de la rue (C) et la campagne de lutte contre le viol des enfants (D). A : Le renforcement des capacités et la lutte contre le VIH/SIDA 609- Pour améliorer la compétence et le rendement des personnes travaillant dans ce domaine, le Gouvernement a procédé à : - l’évaluation et au renforcement des capacités des Structures privées de prise en charge des enfants (SPEE) en mettant à leur disposition les statistiques, les registres d’admission, d’information sur la sécurité et le placement des enfants dans des institutions publiques et privées, ainsi que des instruments applicables en vue de la promotion et de la protection des droits des enfants; - la formation en gestion financière de 35 associations dans le cadre du projet Bi-Multi, et l’identification des besoins psychosociaux et en procédures de référence pour les Orphelins et Enfants Vulnérables (OEV); - la formation des enseignants sur la lutte contre le VIH/SIDA dans les écoles au cours d’un séminaire organisé conjointement par le Ministère de l’Education de Base, le CIRCB et l’UNESCO, au Centre international de référence Chantal BIYA pour la recherche et la lutte contre le VIH/SIDA (CIRCB). Au cours de ce séminaire, les instituteurs de l’enseignement primaire et maternel ont reçu des enseignements sur la manière de sensibiliser leurs élèves sur les dangers du VIH/SIDA et de prendre soin des personnes vivant avec le Sida. 231 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 - l’organisation d’un séminaire de restitution des résultats des “stratégies d’éducation et d’intégration des Enfants de la rue ” ; - la formation à la justice juvénile. 610- En prélude à la célébration de la Journée de l’enfant africain, les principales activités ont consisté en la préparation des 180 députés juniors pour la 11ème session du Parlement des Enfants. Les députés juniors ont été formés sur la maîtrise de certaines dispositions de la Convention relative aux droits de l’enfant, l’existence du Prix Mondial des Droits de l’Enfant (PMDE), le rôle du député junior, des organismes tels que l’UNICEF ainsi que des efforts de certaines grandes personnalités ayant combattu pour la défense des droits de l’enfant. 611- Au cours de la célébration de la Journée internationale de l’enfant africain placée sous le thème, “Accélérons les activités afin d’assurer la survie de l’enfant camerounais dans un milieu africain digne de ces enfants ” certains des fléaux qui minent l’enfant africain ont été relevés. Ce sont le manque d’eau potable, les problèmes de santé (paludisme et VIH/SIDA notamment), le manque d’éducation, la malnutrition, le travail des enfants et les abus sexuels surtout sur la petite fille. B : La construction, la réhabilitation et l’équipement des institutions 612- Des travaux de construction, de réhabilitation et d’équipement ont été effectués dans les services centraux et dans les services déconcentrés du Ministère des Affaires sociales. Pour ce qui est des structures déconcentrées, l’accent a été mis essentiellement sur les institutions ci-après: - Institution Camerounaise de l’Enfance (ICE), Bétamba: 150.000.000F CFA139; - Borstal Institute de Buea : 58.000.000F CFA140; - Centre d’écoute, d’accueil et de transit de Yaoundé: 42.000.000F CFA141; - Centre d’Accueil des Enfants en Détresse de Yaoundé (CAED) : 50.000.000F CFA142. 613- La première phase de la réhabilitation financée par les ressources IADM dans le cadre du projet ‘’Enfants de la Rue’’ est en cours d’achèvement à l’Institution Camerounaise de l’Enfance (ICE) de Bétamba, au Borstal Institute de Buea et au Centre d’Ecoute de Yaoundé. 139 Soit 228 659 euros 140 Soit 88 415 euros 141 Soit 64 024 euros 142 Soit 76 220 euros 232 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 C : La réduction du phénomène des enfants de la rue 614- Le programme de réduction du phénomène des Enfants de la rue (EDR), a permis l’identification de 469 enfants de la rue âgés de 4 à 18 ans par les centres sociaux de Yaoundé et Douala. 119 d’entre eux sont retournés dans leurs familles respectives. 63 ont été admis dans des écoles primaires et secondaires au cours de l’année scolaire 2008/2009 et 62 autres ont été placés dans diverses institutions. D : La campagne de lutte contre le viol et l’inceste 615- Le rapport d’une enquête menée en 2008 par le Réseau National des Associations des Tantines (RENATA), avec la collaboration du Ministère de la Santé publique a révélé que 432 833 victimes des phénomènes du viol et de l’inceste avaient été recensées au Cameroun , dont 14% sont des filles mineures en très bas âge. Parmi les victimes, 18% ont été violées par un membre de la famille. 616- En plus du choc et du traumatisme physique et psychologique, 18% des victimes de viol ou d’inceste ont contracté des infections sexuellement transmissibles et 24% sont tombées enceintes. 617- L’ampleur du fléau a attiré l’attention des partenaires au développement notamment, la GTZ qui s’est engagée à financer une campagne nationale de sensibilisation d’une durée de deux(2) ans avec pour objectifs principaux : - d’amener les victimes à dénoncer les violences sexuelles ; - d’améliorer leur prise en charge médicale et psycho-sociale ; - de voir les auteurs de ces actes odieux punis. 618- La première phase de cette campagne qui s’achèvera en mai 2011 a été lancée le 28 mai 2009 en présence des membres du Gouvernement en charge de la justice, de la santé, de la jeunesse, de la promotion de la femme et de la famille et de l’éducation de base ainsi que des membres du corps diplomatique et des représentants des organisations internationales et de la société civile143. 143 Ibid. p. 9 233 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 619- Suite à cette interpellation forte de la société civile, la question de la recrudescence du viol et de l’inceste a été inscrite à l’ordre du jour de la réunion annuelle des chefs des cours d’appel qui a eu lieu en octobre 2009. 620- En suggérant une action multisectorielle de lutte contre la délinquance sexuelle qui implique principalement le concours des travailleurs sociaux, des agents de santé et de la justice, les hauts responsables de la justice ont reconnu le rôle central que celle-ci doit jouer dans le combat contre ces phénomènes sociaux. Les obstacles qui plombent son action ont été identifiés et il s’agit notamment de la disparité entre les textes civils et répressifs, entre le droit interne et le droit international, et les restrictions dans la mise en mouvement de l’action publique. 621- A l’issue de cette réunion, il a été convenu qu’une lettre circulaire sera prise par le ministre en charge de la Justice, prescrivant aux magistrats l’application efficiente des dispositions légales et une meilleure appréciation des faits dans ces causes. §2 : LES MESURES DE PROTECTION DES DROITS DE L’ENFANT 622- Des mesures ont été prises en vue du renforcement de la protection des droits des enfants à travers la justice juvénile (A) ainsi que des transformations institutionnelles et de la collaboration avec les parties prenantes (B). A : La justice juvénile 623- Le tableau ci-dessus donne une tendance sur l’activité des juridictions en ce qui concerne la répression des infractions perpétrées contre les enfants. 234 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 235 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 236 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 06 237 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 B : La transformation institutionnelle et la collaboration avec les parties prenantes 624- En collaboration avec les autres parties prenantes, le Gouvernement a mené les actions ci-après : - la transformation du Centre d’Accueil et d’Observation (CAO) de Bépanda Douala en Centre de rééducation pour mineurs, afin d’y accueillir des jeunes en conflit avec la loi; - la validation du Guide sur le soutien psycho-social des enfants en situation d’urgence, dans le cadre de la coopération CamerounUNICEF; - la rédaction et l’envoi des documents de réflexion (matrices, actions communes, TDR, projets conjoints de circulaires) aux partenaires que sont le Ministère des Transports, le Ministère de l’Education de Base, le Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille, le Ministère de la Santé publique, et le Ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative. 238 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 625- L’intérêt porté aux enfants n’a pas occulté les droits des personnes handicapées qui ont aussi besoin d’une attention particulière. SECTION 2 : LA PROMOTION ET LA PROTECTION DES PERSONNES HANDICAPEES 626- En 2009, le Gouvernement a poursuivi ses efforts en prenant des mesures visant à promouvoir (§1) et à protéger (§2) les droits de cette catégorie de personnes. §1 : LES MESURES DE PROMOTION 627- Les mesures prises par le Gouvernement en 2009 sont, entre autres, le renforcement de leurs capacités (A), l’accès aux bâtiments publics (B), la restructuration et la construction des infrastructures (C). A : Le renforcement des capacités 628- Les mesures ci-après ont été prises en ce qui concerne le renforcement des capacités : - la fourniture d’équipements (tricycles, fauteuils roulants, cannes blanches, appareils auditifs) aux personnes handicapées pour un montant de 100.000.000 F CFA; - le soutien aux élèves du Centre de formation des femmes handicapées ‘Bobine d’Or’, d’Ekounou pendant et après leur formation; - la formation de 52 personnes handicapées en secrétariat et internet dont 30 à l’Institut Africain d’Informatique (IAI-Cameroun) et 22 au Centre National de Réhabilitation des Handicapés d’ Etoug-Ebe Cardinal Paul Emile LEGER. B : L’accès aux infrastructures ouvertes au public 629- Prenant en compte les difficultés éprouvées par des personnes handicapées pour accéder et circuler dans les édifices publics, le Gouvernement a validé en 2009, un guide pratique sur l’accès des personnes handicapées aux édifices publics. Ainsi, des toilettes pour personnes handicapées ont été construites dans les services centraux du Ministère des Affaires sociales. 630- Le Ministère de l’Enseignement supérieur a contribué à l’intégration des personnes handicapées dans le système de l’enseignement supérieur par la construction de deux cités universitaires adaptées à 239 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 leurs besoins au sein du campus de l’Université de Yaoundé I, NgoaEkélé. Dans ces institutions, on trouve des chambres spécialement conçues pour les étudiants handicapés. A l’Université de Yaoundé II, Soa, un bâtiment baptisé «Bâtiment du Dialogue des Cultures» prenant en compte les besoins spécifiques des personnes handicapées a été inauguré144. C : La restructuration et la construction des infrastructures publiques 631- Dans ce contexte, les actions ci-après ont été entreprises: - la transformation du Centre National de Réhabilitation des Handicapés (CNRH) d’ Etoug-Ebé à Yaoundé en établissement public administratif avec autonomie administrative et financière par décret n° 2009/096 du 16 mars 2009 qui l’érige en Centre de Réhabilitation des Personnes Handicapées Cardinal Paul Emile LEGER; - la poursuite de la construction du Centre de Réhabilitation des Personnes Handicapées de Maroua avec le soutien de l’ONG italienne « AIAS d’AFRAGOLA » qui a procédé à la remise de la somme de 50.000.000 FCFA145 au titre de fonds de contrepartie pour l’hygiène, la salubrité, l’électricité, l’eau potable et le suivi de ladite réalisation. §2 : LES MESURES DE PROTECTION 632- Les efforts en vue de la protection des personnes handicapées ont continué en 2009 et ont culminé avec la promulgation de la loi n°2010/002 du 13 avril 2010 sur la promotion et la protection des personnes handicapées146. 633- En marge des activités gouvernementales, l’Association nationale des associations et institutions de/ et pour les personnes handicapées du Cameroun a mené des actions axées sur le renforcement des capacités de ses membres et le lancement d’une enquête sur les violences faites aux enfants et jeunes handicapés. Cette enquête a duré 6 mois et a pris en compte un échantillon de 210 personnes 144 Le Président de l’Association nationale des associations et institutions de et pour personnes handicapées du Cameroun, au cours de l’atelier de validation du présent rapport a salué l’initiative du MINAS et a souhaité que cet exemple fasse tâche d’huile. 145 Soit 76.924.07 Euros. 146 Elle sera examinée dans les détails dans le Rapport 2010. 240 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 dont 25% de handicapés moteurs et amputés, 25% de handicapés visuels, 5% de handicapés mentaux, 20% de handicapés auditifs, 15% d’albinos et 10% de malades blanchis de lèpre. Les résultats de l’enquête ne sont pas encore publiés. SECTION 3 : LA PROMOTION ET LA PROTECTION DES PERSONNES AGEES 634- Les mesures suivantes ont été prises par le Gouvernement en 2009, pour promouvoir et protéger les droits des personnes âgées: - l’analyse et l’exploitation des données collectées sur les personnes âgées à travers le territoire national; - la poursuite de la réflexion sur le concept de “l’Université du 3ème Age” en tant que forum virtuel pour la discussion intergénérationnelle, à l’occasion de la célébration, le 1er octobre 2009, de la Journée internationale des Personnes Agées placée sous le thème: « Célébration du 10ème anniversaire de l’année internationale des personnes âgées: vers une société de tous les âges. » ; - l’organisation d’une série de réunions régionales sur l’application de la politique et du Plan d’action sur le vieillissement au Cameroun; - le développement en cours d’un système social d’information avec une carte sociale sur les problèmes de vieillissement. SECTION 4 : LA PROMOTION ET LA PROTECTION DES DROITS DES POPULATIONS MARGINALES147 635- Le Gouvernement a continué à mener des actions visant à lutter contre l’exclusion sociale et à renforcer l’intégration socioéconomique de ces couches sociales dans le cadre de la promotion (§ 1) et de la protection (§ 2) de leurs droits. §1 : DE LA PROMOTION 636- Pour promouvoir les droits des couches marginales, les mesures ciaprès ont été prises : - la poursuite du projet de texte relatif à la création d’un Fonds National de Solidarité (FNS); 147 Dans son Observation générale no 14 sur Le droit au meilleur état de santé susceptible d’être atteint (art. 12 du Pacte), le Comité des droits économiques , sociaux et culturels considère comme groupes vulnérables ou marginalisés : les minorités ethniques et les populations autochtones, les femmes, les enfants, les adolescents, les personnes âgées, les personnes handicapées et les personnes atteintes du VIH/sida. 241 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 - l’application de la communication gouvernementale à travers la diffusion du programme “Vision Sociale” sur la CRTV radio; - la vulgarisation, dans le cadre des célébrations marquant les différentes journées internationales, des instruments et procédures sur la protection sociale des personnes défavorisées à travers l’organisation des campagnes de formation et de communication. Dans ce sillage, il peut être signalé la célébration de la première édition officielle de la Journée Internationale des Populations Indigènes le 9 août 2009 sous le thème: “Populations défavorisées, diversité culturelle et richesses: Atouts de Développement dans un contexte de Globalisation”. § 2 : DE LA PROTECTION 637-Les actions suivantes ont été menées : l’assistance financière et logistique, la coopération le développement des ressources humaines et des infrastructures (A), les activités de coopération bilatérale (B) et celles des organisations de la société civile (C). A : L’assistance financière et logistique et la coopération avec les partenaires au développement 638- Les actions menées dans ce cadre, combinées avec l’aide psychosociale, visent à accorder une autonomie effective aux populations marginales. 1) L’assistance financière et logistique 639- Des soutiens divers dont le coût est évalué à 300 000 000 FCFA148 ont été apportés aux personnes vulnérables et aux populations marginales du Cameroun à l’occasion de la 4ème Journée de l’Action sociale. Il s’agissait, entre autres, des appuis financiers et matériels, des aides scolaires et médicales, de la distribution des prix d’excellence. 640- Dans le cadre de la célébration de la 2ème édition de la Journée internationale des Populations Autochtones (JIPA), le Ministre des Affaires sociales a remis aux Bakas et Mbororos de la Région de l’Est des dons constitués notamment de matériels agricoles, de fournitures scolaires, de machines à coudre et de produits alimentaires. 148 763 359 euros. 242 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 2) La coopération avec les partenaires au développement 641- La coopération avec les partenaires a produit les résultats suivants: - l’allocation des subventions aux services sociaux privés, ONG et associations s’occupant des populations marginales pour un montant de 30 millions F CFA149; - la signature, le 13 mai 2009, d’un Mémorandum d’entente entre le MINFOF et le MINAS pour rétrocéder au Ministère des Affaires Sociales, la mise en œuvre du Plan de Développement des Pygmées dans le cadre du Projet Secteur Forêt et Environnement (PSFE); - la signature, le 19 août 2009, d’un contrat de partenariat entre le MINAS et la SOPECAM sur la communication sociale en vue d’un changement de comportement, visant l’intégration sociale des populations vulnérables. B : Les activités de coopération bilatérale 642- Des fonds de contrepartie d’un montant de 80.000.000 FCFA150 ont été utilisés pour continuer la mise en œuvre des activités dans les secteurs ruraux, éducationnels et agricoles à travers : - l’établissement d’une plateforme de concertation entre Baka et Bantu déjà fonctionnelle à Djoum, Mintom et Oveng ; - l’implication des autorités administratives locales dans la plateforme de concertation ; - l’élaboration d’un plan de mobilisation des ressources forestières. 643- Dans le secteur de l’éducation, 300 tables bancs ont été remis à des écoles maternelles de Djoum et Mintom et des équipements ont été distribués aux écoles qui accueillent des enfants Baka. 644- Dans le secteur agricole et des produits forestiers non ligneux, 9 communautés ont été formées et ses membres ont obtenu des pépinières de cacao et de palmier à huile tandis que 9 GIC et 1 association (ADEBAKA) ont été légalisés. 645- Dans le cadre de la mise en œuvre du Plan de Développement des Peuples Pygmées (PDPP), une campagne d’audition et d’identification des pygmées, pour l’établissement des pièces officielles a été menée en 2009 dans les départements du Dja et Lobo et de l’Océan dans la Région du Sud-Cameroun (Zone de concentration des Bakas). 149 Soit 46153.84 euros. 150 Soit 121 951euros. 243 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 646- A la clôture de cette campagne le 14 août 2009, près de 2 000 actes de naissance et environ 1000 cartes nationales d’identité ont été établis au bénéfice des pygmées recensés. C : Les activités de certaines organisations de la société civile (OSC) 647- Deux OSC se sont particulièrement illustrées par leur apport à la promotion des populations marginales en 2009. Il s’agit de l’ONG Plan Cameroon et de l’Association socio-culturelle MBOSCUDA. 1) Les activités de Plan Cameroon 648- En 2009, cette ONG a mis l’accent sur la promotion de la scolarisation des filles Mbororo – Fulani dont le niveau de scolarisation demeure très bas. Pour atteindre ses objectifs, Plan Cameroon a mis sur pied un programme d’action sous la dénomination d’Ambassadors Girls Scolarship Program (AGSP) pour la promotion de ces jeunes filles. 649- A cet effet, AGSP a recruté des agents pour suivre ces enfants dans leurs établissements scolaires et dans leurs familles. 650- 28 guides ont ainsi été déployées dans les régions du Nord-Ouest et de l’Est Cameroun pour être des médiateurs entre les enfants et les responsables d’établissements scolaires ou leurs parents. 651- Ce projet a permis le suivi scolaire de 52 enfants dans la région de l’Est et de 205 enfants dans la région du Nord-Ouest avec la collaboration du Mbororo Social and Cultural Association (MBOSCUDA) qui est une association dont l’objet est la promotion et la protection des droits des mbororos. 2) Les activités de l’Association MBOSCUDA 652- En 2009, MBOSCUDA a apporté son aide aux communautés rurales Mbororo-Fulani et aux agriculteurs. Les services ci-après ont été offerts sous sa bannière: - facilitation de la résolution à l’amiable des conflits (02 cas); - conseils aux victimes des violations des droits de l’homme (107 cas); - assistance aux victimes de violation des droits de l’homme par la rédaction des plaintes (107 cas); - facilitation de l’obtention des titres fonciers (8 cas); - campagnes de sensibilisation des communautés sur les responsabilités civiques (165 campagnes ayant visé 3244 244 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 personnes); - dénonciation des violations de divers droits de l’homme auprès des structures appropriées. 653- Les autres activités de MBOSCUDA ont consisté en une campagne d’éducation communautaire au cours de laquelle 165 visites d’éducation des communautés ont été effectuées à travers la région du Nord- Ouest et les sujets ci-après ont été abordés: - mariages forcés et précoces; - conditions d’obtention de titres fonciers; - VIH/SIDA; - citoyenneté ; - gestion des conflits entre agriculteurs/pasteurs. 654- Le Gouvernement, avec l’appui d’autres partenaires, poursuit la promotion et la protection des droits des enfants, des personnes handicapées, des personnes âgées et des populations marginales. Pour garantir davantage ces droits, il serait utile pour le Cameroun de ratifier la Convention sur les droits des personnes handicapées qui est entrée en vigueur en mai 2008. 245 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 246 Chapitre Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 655- Le renforcement du cadre juridique de promotion et de protection des droits de la femme a constitué l’action la plus significative menée par le Gouvernement en 2009(section 1). D’autres mesures ont été prises, en vue du plein épanouissement de la femme (section 2). SECTION 1 : LE RENFORCEMENT DU CADRE JURIDIQUE DE PROMOTION ET DE PROTECTION DES DROITS DE LA FEMME 656- La promotion et la protection des droits de la femme ont été renforcées en 2009 par l’adhésion du Cameroun au Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes, appelé Protocole de Maputo. Ce protocole qui a suscité une polémique dans certains milieux religieux camerounais catholiques notamment (§2) a fait l’objet d’une analyse au cours de la réunion annuelle des chefs de cours d’appel du mois d’octobre 2009, par le Directeur des droits de l’homme et de la coopération internationale du Ministère de la Justice. Il nécessite une présentation même sommaire dans ce cadre, pour en comprendre le sens et la portée (§1). §1 : LA PRESENTATION DU PROTOCOLE DE MAPUTO 657- Le Protocole de Maputo est un instrument juridique régional, adopté par l’Union Africaine, sous la houlette de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, le 11 juillet 2003 à Maputo au Mozambique. Entré en vigueur le 25 novembre 2005, il a été ratifié par le président de la République le 28 mai 2009151. 658- Fidèle au droit international des droits de l’homme, le Protocole de Maputo s’aligne sur le droit interne existant en réaffirmant les droits traditionnels de la femme sur les plans civil, politique, économique, social et culturel. Certains de ces droits sont sédimentés et d’autres densifiés dans l’optique de l’anéantissement des inégalités des genres dans la gestion de la famille, de l’institutionnalisation de la parité dans le domaine politique, d’une plus grande implication des femmes dans le processus de prise de décision, dans l’élaboration et la mise en œuvre des programmes de développement. 659- Les innovations apportées par le Protocole de Maputo avec l’émergence de droits nouveaux méritent d’être mis en exergue. 151 Décret n°2009/143 du 28 mai 2009. 249 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 660- Les droits nouveaux qui émergent du Protocole de Maputo peuvent être regroupés en trois catégories à savoir, la protection de la femme contre les violences (A), l’interdiction des mauvais traitements infligés aux femmes (B) et la maîtrise des fonctions de reproduction par la femme (C). A : La protection de la femme contre les violences 661- Le Protocole de Maputo énonce des normes protectrices de la femme contre toutes les formes de violences physiques et psychologiques en temps de paix comme en période de conflits armés. C’est ainsi que dans le dernier contexte, le viol et les autres formes d’exploitation sexuelle infligées aux femmes sont considérées comme crimes de guerre, génocide ou crime contre l’humanité et doivent être punies comme tels. 662- Un accent est mis sur la violence sexuelle en considérant des rapports sexuels non désirés ou forcés dans le cadre du mariage comme une atteinte à l’intégrité physique et psychologique de la femme (art 2a). B : L’interdiction des mauvais traitements infligés aux femmes 663- Les pratiques néfastes à la vie, à la santé, à l’éducation, à la dignité et à l’intégrité physique des femmes152 telles que les mutilations génitales féminines, les scarifications, le repassage des seins, les rites de veuvage sont interdits. 664- De même, les droits patrimoniaux des veuves et leur droit de tutelle sur leurs enfants mineurs sont consacrés (art. 20 et s) tandis que les droits des femmes âgées et des femmes handicapées sont édictés (art 22 et 23). C : La maîtrise des fonctions de reproduction par la femme 665- Le contenu du droit à la santé est actualisé dans le Protocole de Maputo avec la mise en exergue de la maîtrise des fonctions de reproduction par la femme et plus spécifiquement, la reconnaissance d’un droit encadré de l’avortement thérapeutique en phase avec l’esprit de la loi camerounaise en la matière (art. 339 Code pénal). 666- En effet, l’article 14 alinéa 2-c de ce texte portant sur le droit à la santé et au contrôle des fonctions de reproduction autorise 152 L’article 1er du Protocole définit les « femmes » comme des personnes de sexe féminin, y compris les filles. 250 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 l’avortement médicalisé en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie de la mère ou du fœtus. 667- L’ambition du Protocole de Maputo d’assurer l’épanouissement physique, moral et matériel des femmes africaines a cependant fait face aux pesanteurs sociologiques concernant notamment l’interprétation des dispositions ci-dessus qui ont donné cours à une polémique. §2 : LA POLEMIQUE SUR LE DROIT A L’AVORTEMENT MEDICALISE 668- Cette polémique ouverte par des chrétiens catholiques (A) a été suivie d’une mise au point du Gouvernement (B). A : La position de l’Eglise catholique 669- Au lendemain de la ratification, le 28 mai 2009, du Protocole de Maputo par le président de la République, des articles de journaux ont commencé à faire écho de la protestation des évêques du Cameroun. En réaction, Monseigneur Victor Tonye Bakot, alors président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun déclara, dans un communiqué publié par le Quotidien national Cameroon Tribune du 18 juin 2009 que « les évêques du Cameroun, en tant que corps, ne se sont pas encore prononcé sur ce document : que personne ne parle en leur nom ». 670- Par la suite, les évêques du Cameroun, réunis dans le cadre de la 34ème assemblée plénière de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun, ont adopté et publié une Déclaration le 27 juin 2009 de laquelle il ressort en substance que l’Eglise approuve la volonté de cette loi de protéger la femme des injustices sociales et des abus de toutes sortes. « Cependant, l’article 14 de ce Protocole de Maputo porte réellement atteinte à la vie naissante en donnant des droits reproductifs abusifs à la femme. En d’autres termes, cet article est une porte ouverte à la légalisation de l’avortement en Afrique, et nous le condamnons... Cette loi est contraire à la loi camerounaise opposée à l’avortement et à sa légalisation.153» 671- Après cette prise de position officielle de l’Eglise catholique qui est au Cameroun, les fidèles du diocèse de Douala, suite à un appel lancé 153 Déclaration publiée dans le quotidien d’information « Le jour », livraison n°484 du 13 juillet 2009. 251 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 par le Cardinal Christian Tumi, alors Archevêque métropolitain de cette cité, ont effectué une marche silencieuse le samedi 11 juillet 2009, pour manifester contre la ratification du Protocole de Maputo par le Cameroun, ratification qui selon eux « ouvre des lendemains difficiles pour la survie de la famille avec les encouragements à l’avortement en son article 14 ». 672- Cette marche de protestation s’est achevée sur une messe célébrée par l’Archevêque coadjuteur Samuel Kleda au cours de laquelle celui-ci, après avoir déclaré qu’ « aucune raison ne peut être évoquée pour justifier l’avortement ou l’infanticide. Ce sont des crimes abominables », a exhorté les fidèles à s’abreuver dans la Bible pour connaître la volonté de Dieu. Enfin, les deux évêques de Douala se sont rendus dans les Services du Gouverneur de la Région du Littoral et y ont remis au Secrétaire Général de la Région, accompagné pour la circonstance du Préfet du département du Wouri, une pétition et une lettre adressée au Président de la République154. 673- La réaction de l’Eglise catholique a donné l’occasion au Gouvernement d’éclairer l’opinion publique sur le contexte et la portée de la ratification du Protocole de Maputo. B : La mise au point du Gouvernement 674- Au cours d’une conférence de presse donnée le 23 septembre 2009 et relayée par Cameroon Tribune dans son édition du 24 septembre 2009, le ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille a expliqué les raisons pour lesquelles le Cameroun a ratifié le Protocole de Maputo. 675- Elle a déclaré que « le Protocole de Maputo est en cohérence avec le projet de société du Chef de l’Etat et, partant, avec les orientations de politiques en la matière. Sa ratification est un indicateur supplémentaire et suffisamment parlant de la concordance qui prévaut et qui a toujours prévalu entre la politique nationale et les choix de la communauté internationale en matière de développement.» 676- Madame le ministre a précisé que le Protocole est un instrument qui vient enrichir et renforcer l’arsenal juridique national sans contrarier 154 Cameroon Tribune, édition du 13 juillet 2009, Journal Le Jour édition n° 484 du 13 juillet 2009. 252 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 le dispositif légal en vigueur et accroit les possibilités d’élimination des discriminations dont les femmes sont victimes et qui sont autant d’entraves à l’expression de leurs droits fondamentaux. 677- Elle a déploré le fait que certains milieux aient incliné l’opinion à l’idée que le Cameroun a dépénalisé l’avortement volontaire tandis que d’autres ont vu dans le texte de loi un hymne à l’homosexualité et a rappelé les dispositions légales qui répriment ces infractions. 678- Elle a enfin rappelé que le Protocole de Maputo a été ratifié en application d’une loi adoptée par l’Assemblée nationale qui est une émanation du peuple camerounais. 679- Plus tard, le département ministériel dont elle a la charge a organisé une campagne nationale d’explication de ce nouvel instrument juridique, comprenant un point de presse, une table ronde télévisée, des émissions radiophoniques, la production et la distribution de 2000 dépliants. 680- Le débat sur le Protocole de Maputo n’a pas distrait le Gouvernement de ses missions traditionnelles de promotion et de protection des droits de la femme en collaboration avec les structures partenaires. SECTION 2 : LES ACTIVITES GOUVERNEMENTALES DE PROMOTION DE LA FEMME ET DE LA FAMILLE 681- Les actions menées par le Gouvernement à travers le Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille ( MINPROFF) en faveur des femmes, jeunes filles, prostituées, veuves et familles se regroupent autour de trois principaux axes que sont la promotion sociale de la femme (§1), le développement de la famille (§2) , la promotion économique de la femme et de la famille (§3) auxquels il convient d’ajouter les actions menées en faveur de l’institutionnalisation de l’approche genre §4). §1 : LA PROMOTION SOCIALE DE LA FEMME 682- Les actions menées en faveur de la promotion sociale de la femme, sans être exhaustif, ont atteint les résultats ci-après en 2009: - l’actualisation du Plan d’action national de lutte contre les Mutilations génitales féminines (MGF). Ce plan d’action met un accent particulier sur : * la sensibilisation des victimes et des acteurs du phénomène ; * le plaidoyer auprès des leaders d’opinion et des pouvoirs 253 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 publics sur la question ; * l’appui multiforme aux acteurs et leur reconversion socioprofessionnelle ; * la prise en charge psycho-sociale des victimes. - la célébration de la deuxième Journée internationale de lutte contre les Mutilations génitales féminines le 06 février 2009 qui a été une occasion de sensibilisation et de remise d’appuis matériels et financiers aux exciseurs (seuses) ; - la prise en charge par les services chargés de l’écoute, du conseil et de l’orientation de près de 2000 femmes et quelques hommes, victimes de violences; - la formation de 86 000 femmes et jeunes filles dans 57 Centres de promotion de la femme (CPF) en hôtellerie et restauration, TIC, gestion des projets agro-pastoraux et autres Activités génératrices de revenus (AGR) ; - le financement de 1263 microprojets productifs pour un montant de 284 175 000 (deux cent quatre vingt quatre millions cent soixante quinze mille) F CFA sur ressources PPTE ; - la sensibilisation des jeunes filles sur les comportements déviants et immoraux tels que l’infanticide, l’avortement, l’alcoolisme, la consommation des stupéfiants, l’indécence vestimentaire, la prostitution; - la formation des filles libres (prostituées) aux métiers valorisants et leur organisation en Groupes d’Initiative commune (GIC) ; - l’organisation d’une session de formation de 58 filles mères sur la santé sexuelle et reproductive et la lutte contre les abus et violences sexuels, du 06 au 11 octobre 2009 à Bertoua ; - le recensement des organisations de promotion de la femme et de la famille en vue de leur restructuration en réseaux et en filières de production ; - le suivi de 150 dossiers de veuves en détresse ayant besoin d’un accompagnement juridique, psychosocial ou financier ; - la célébration de la Journée internationale de la femme, le 08 mars 2009, sous le thème : « Femmes et Hommes, ensemble, pour mettre fin à la violence faite aux femmes et aux jeunes filles » ; - la célébration de la Journée de la femme africaine le 21 juillet 2009, sous le thème : « lutte contre l’exploitation des femmes et des filles » ; 254 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 - l’élaboration et la validation de la Stratégie nationale de lutte contre les violences basées sur le genre avec la collaboration du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) ; - la réalisation d’études, avec l’appui de l’UNFPA, en vue de l’identification de nouvelles mesures à prendre en faveur de l’égalité et de l’équité entre les sexes. Ces études ont permis entre autres de produire un Guide de préparation à la vie familiale. §2: LE DEVELOPPEMENT DE LA FAMILLE 683- La mise en œuvre de cet axe a produit des résultats dont l’essentiel concerne : - le soutien matériel ou financier aux personnes et familles indigentes et nécessiteuses, par des aides financières dont le montant varie en fonction de la nature du problème examiné ; - l’organisation en mai 2009 d’un séminaire d’appropriation du Plan d’action de la famille et de l’activité «Ecoute », à l’intention des responsables des services centraux et déconcentrés du MINPROFF et ceux des unités techniques spécialisées; - la distribution de 10 000 dépliants sur l’activité «Ecoute » ; - l’octroi des aides scolaires et médicales aux enfants issus des familles à revenus limités et aux personnes vivant avec le VIH/SIDA (PVVS) ; - l’octroi de 52 aides financières ou matérielles aux naissances multiples (triplés, quadruplés, quintuplés) ; - l’appui à la célébration collective de 1032 mariages dans les régions de l’Adamaoua, du Centre, de l’Est, du Littoral, du NordOuest, de l’Ouest et du Sud ; - l’organisation des séances de l’«Ecole des Parents », avec la collaboration des mairies d’arrondissement et des communes sur des thèmes divers tels que : l’éducation à la parenté responsable, la conjugalité, la prévention du VIH et du SIDA, la promotion des droits humains, la promotion de la culture de la paix et du dialogue, la promotion de la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption ; - l’organisation, le 05 mars 2009, d’un atelier d’échange regroupant les hommes et les femmes, sur les causes et les conséquences de la violence et les stratégies pour y remédier ; - la célébration de la Journée internationale de la famille, le 15 mai 2009, sous le thème : «Mères et familles : Défis dans un Monde en Mutation » ; 255 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 §3: LA PROMOTION ECONOMIQUE DE LA FEMME ET DE LA FAMILLE 684- Les résultats obtenus dans ce domaine sont relatifs au développement de l’entreprenariat féminin (A) et au renforcement des capacités des femmes (B). A : Le développement de l’entreprenariat 685- Dans le secteur du développement de l’entreprenariat on peut notamment citer : - la production du dépliant sur l’entreprenariat féminin ; - la formation de 41 femmes chefs d’entreprises, sur le management par objectifs dans un contexte de crise économique, au cours de deux séminaires organisés par le Bureau International du Travail (BIT) en collaboration avec le Groupement Inter patronal du Cameroun (GICAM), du 28 au 31 juillet 2009 à Douala et du 11 au 14 août 2009 à Bafoussam. B : Le renforcement des capacités 686- En ce qui concerne le renforcement des capacités des femmes, les actions menées ont abouti à : - la production et la distribution du matériel didactique dans les Centres de Promotion de la Femme (CPF) ; - la sensibilisation de 6150 femmes sur l’étendue du territoire national, en management associatif, élaboration du plan d’action d’une association, hygiène et gestion des points d’eau, production multimédia en ligne, TIC, hôtellerie, fabrication du savon, techniques de séchage et de fumage des aliments, transformation des produits alimentaires, production des champignons, techniques de culture de l’oignon, élevage du poulet et du porc, broderie, sérigraphie et teinture ; - la célébration de la Journée internationale de la femme rurale, le 15 octobre 2009, sous le thème : «les Femmes Rurales au cœur de l’Innovation » ; - la distribution des lots de matériels agricoles aux groupes de femmes dans les régions de l’Extrême-Nord, de l’Est, du Centre, avec l’appui du Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural (MINADER), de l’Institut Africain d’Informatique (IAI-Cameroun) , de la Société du Développement du Cacao (SODECAO), de la Cotonnière Industrielle du Cameroun (CICAM) et de la Société Sucrière Camerounaise (SOSUCAM). 256 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 §4: LA POURSUITE L’APPROCHE GENRE DE L’INSTITUTIONNALISATION DE 687- L’approche Genre nécessitant encore des mesures de perfectionnement, des actions significatives ont été menées en 2009. Certaines ont abouti tandis que d’autres sont en cours. On peut notamment indiquer dans l’un ou l’autre cas : - la formation des Points Focaux Genre dans les administrations publiques et privées sur la budgétisation sensible au genre ; - l’élaboration d’un guide d’intégration du genre ; - la formation de 15 responsables des grandes écoles, 40 responsables des programmes radio, 40 relais communautaires et 40 responsables des services déconcentrés des ministères, à l’intégration du Genre dans les curricula, au cours de deux ateliers organisés avec l’appui de l’UNFPA, à Kribi les 08 et 09 octobre 2009, Bertoua et Garoua du 11 au 18 novembre 2009. 688- La promotion et la protection des droits de la femme suivant la définition du Protocole de Maputo155 est un processus évolutif qui interpelle toutes les parties prenantes, en vue de leur réalisation effective. La promotion et de la protection des droits de ces couches vulnérables ont enregistré de grandes avancées, même si beaucoup reste encore à faire. 155 Article 1er (g) : « Femmes » les personnes de sexe féminin, y compris les filles. 257 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 258 689- Au regard des développements qui précèdent, l’on constate que de nouvelles pierres ont été apportées à l’édifice de l’amélioration des conditions de détention principalement sur le plan de la santé, du transport des détenus et de l’aménagement de l’environnement carcéral. 690- L’adhésion du Cameroun au Protocole de Maputo constitue un important pas vers l’amélioration de la condition juridique de la femme camerounaise. 691- La protection sociale de l’enfance s’est déployée autour de la lutte contre les fléaux tels que le VIH/SIDA, le phénomène des enfants de la rue, le viol et l’inceste ainsi que de l’amélioration de la qualité des institutions en charge de l’enfance. 692- La création du Centre de Rééducation pour Mineurs de Bépanda permet d’espérer un meilleur encadrement de l’enfant en conflit avec la loi conformément aux règles des Nations Unies. 693- L’approche handicap rentre progressivement dans les politiques de gestion de la cité, particulièrement dans le domaine de l’accès à l’éducation et aux édifices publics. 694- L’importance de la sauvegarde du lien intergénérationnel a soustendu les actions d’inclusion sociale en direction des personnes âgées. Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 695 -A la fin de ce rapport, on peut retenir que le Cameroun, après quelques années d’éclipse, a renoué le dialogue avec les organes onusiens et africains de surveillance de la mise en œuvre des conventions. Les observations, constatations et recommandations issues de la défense de ses rapports devant certaines instances lui ont permis, à côté de sa propre évaluation, d’avoir une vision plus complète du travail accompli et des efforts à fournir dans certains domaines , pour un développement durable qui est la finalité de l’exercice des droits de l’homme. 696- Les mesures disciplinaires et judiciaires encore prises pour combattre l’impunité de ceux qui sont chargé d’appliquer la loi sont de nature à rassurer les citoyens sur la ferme volonté de l’Etat de préserver le droit à la vie et à la sûreté personnelle. Les réformes conduites dans le secteur de la justice et la production jurisprudentielle rapprochent de plus en plus le rendu de la justice au Cameroun des normes internationales du droit à un procès équitable. L’encadrement de l’exercice des libertés de communication et de religion ainsi que celui des activités des défenseurs des droits de l’homme qui sont « les voix des sans voix » rend compte de l’attention que l’Etat accorde à l’expression responsable des droits garantis. 697- Avec les progrès enregistrés dans l’implantation de la décentralisation et la consolidation de la démocratie, le peuple devrait s’impliquer davantage dans la gestion des affaires de la cité. 698- Si les actions poursuivies et entreprises par le Gouvernement en 2009 pour le développement économique, social et culturel du peuple camerounais sont louables, elles devraient s’intensifier, se diversifier et être pérennisées, pour que les résultats soient plus perceptibles et palpables par les créanciers des droits. L’enracinement de la culture de l’intégrité morale et de la probité dans les comportements, gage d’une bonne gouvernance a encore besoin de beaucoup d’efforts non seulement de la part des pouvoirs publics mais aussi de toutes les composantes sociales. L’éducation formelle et informelle aux droits de l’homme est dans ce sens encouragée. 699- L’intérêt particulier accordé à la santé et au transport des détenus ainsi qu’aux infrastructures carcérales a nettement amélioré les conditions de détention. Les prisons camerounaises pourraient, si les 262 programmes engagés sont soutenus, se rapprocher des standards internationaux. 700- Les dispositions envisagées pour la mise en œuvre des recommandations du Comité-CEDAW et l’adhésion au Protocole de Maputo illustrent la volonté du gouvernement camerounais de promouvoir l’égalité des genres, pour un meilleur épanouissement de la femme en tant que partenaire à part entière au développement de son pays. Il reste que ces engagements soient traduits dans les faits. 701- Toutes les actions menées en 2009 pour la préservation du capital humain représenté par les enfants qui sont l’avenir du Cameroun et en faveur des couches sociales vulnérables et marginales devraient se poursuivre, en vue de l’émergence d’une société qui prend en compte les potentialités et les aspirations de toutes ses composantes./. 263 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 264 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 266 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 Le présent rapport a été validé au cours d’un atelier organisé les 14 et 15 juillet 2009 par le Ministère de la Justice avec la participation des représentants des administrations, juridiction et organisations de la société civile ci-joint : Structures administratives et juridiction - Cour Suprême - Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation - Ministère des Affaires Sociales - Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural - Ministère du Commerce - Ministère de la Communication - Ministère de la Défense - Ministère du Développement Urbain et de l’Habitat - Ministère de l’Eau et de l’Energie - Ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries Animales - Ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle - Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature - Ministère des Enseignements secondaires - Ministère de l’Enseignement supérieur - Ministère des Forêts et de la Faune - Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille - Ministère des Relations extérieures - Ministère du Travail et de la Sécurité sociale - Ministère de la Santé publique - Ministère des Transports - Secrétariat d’État à la Défense chargé de la Gendarmerie Nationale - Délégation Générale à la Sûreté Nationale - Direction Générale de la Recherche Extérieure - Commission Nationale Anti-Corruption (CONAC) - Commission Nationale des Droits de l’Homme et des Libertés (CNDHL) - Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS) - Communauté Urbaine de Yaoundé (CUY) - Fonds National de l’Emploi (FNE) Société civile - Agence Nationale d’Investigation Financière (ANIF). - Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT-Littoral. - African Action against Aids (AAA) - Afrique Future - Association Culturelle Islamique du Cameroun (ACIC) - Conseil des Églises Protestantes du Cameroun (CEPCA) - Conférence Épiscopale Nationale du Cameroun (CENC) - Confédération Syndicale des Travailleurs du Cameroun (CSTC) - Institut de Formation et de Coopération pour le Développement (IFCD) - Ligue pour l’Éducation de la Femme et de l’Enfant - Nouveaux Droits de l’Homme – Cameroun (NDH-Cameroun) - Transparency international Cameroon; - Mbororo Social and Cultural Development Association (MBOSCUDA) ; - Centre pour l’environnement et le Developpement ; - Union Nationale des Associations de et pour les Handicapés. 267 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 Sommaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . iii Carte administrative du Cameroun. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . v Liste des sigles et des abréviations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . vii Préface. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . vii Introduction : considérations générales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 Chapitre préliminaire : La coopération du Cameroun avec les mécanismes internationaux de promotion et de protection des droits de l’homme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Section 1 : La coopération avec les mécanismes conventionnels traditionnels13 § 1 : La défense du rapport du Cameroun au comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (comite-cedaw) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 §2 : Les communications concernant le Cameroun . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 Section 2 : La participation au nouveau mécanisme de l’examen périodique universel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 §1 : Les récommandations acceptées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 §2 : Les récommandations réservées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 § 3 : Les récommandations rejetées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 Première partie : questions se rapportant aux droits civils et politiques . . . . . . . 29 Introduction de la première partie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 Chapitre 1 : La lutte contre l’impunité des personnels chargés de l’application de la loi. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 Section 1 : Le rapport 2009 de Amnesty international. . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 §1 : La substance du rapport sur la situation du Cameroun . . . . . . . . . . . . . . 35 § 2 : Les éclaircissements du gouvernement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 Section 2 : Les procédures et sanctions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 §1 : Les mesures disciplinaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 §2 : Les poursuites et/ou sanctions judiciaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 268 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 Chapitre 2 : Le droit à un procès équitable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53 Section 1 : Les garanties relatives à la juridiction et à l’instance . . . . . . . . . . 55 §1 : Le droit d’accès à la justice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 §2 : La garantie de l’impartialité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 Section 2 : L’évaluation des garanties reconnues à une personne faisant l’objet d’un procès . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 §1 : Les garanties dans la phase de l’enquête préliminaire . . . . . . . . . . 64 §2 : Les garanties dans la phase du déroulement de l’audience . . . . . . 65 §3 : Les garanties dans la phase d’exécution. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 Chapitre 3 : La liberté de communication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 Section 1 : Les mesures de promotion : l’aide publique à la presse privée . . 68 Section 2 : Les atteintes presumées à la liberte de communication . . . . . . . . 68 § 1 : La fermeture et le rappel à l’ordre de certains organes de presse 68 §2 : Les poursuites judiciaires contre les journalistes. . . . . . . . . . . . . . . . 69 Chapitre 4 : La liberté de réligion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 Section1 : Les conflits entre chrétiens et animistes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 Section 2 : Les mesures administratives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 §1 : La publication de la liste des associations réligieuses autorisées.. . 81 §2 : La fermeture de certains lieux de culte. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84 § 3 : La réouverture des lieux de culte fermés en 2008 . . . . . . . . . . . . . 84 Chapitre 5: Les défenseurs des droits de l’homme . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 Section 1 : Les poursuites contre les défenseurs des droits de l’homme en 2009 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88 § 1 : L’affaire MP c/ Ekwe Mardochée Roger et Mboua Massock Camille Parfait . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88 § 2 : L’affaire Ministère Public c/ Mboua Massock Camille Parfait. . . . 89 Section 2 : Les affaires survenues avant 2009 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 § 1 : Actualisation des données concernant les affaires évoquées en 2008 : le cas de Nelson Ndi. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 § 2 : Les affaires survenues en 2008 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91 269 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 Chapitre 6 : Le droit de participer à la gestion des affaires publiques. 95 Section 1 : Le renforcement du cadre normatif du processus de la décentralisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96 §1 : Le régime financier des collectivites territoriales décentralisées . . . 96 §2: La réglementation des emplois communaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . 100 Section 2 : La consolidation de la démocratie et du pluralisme politique . . 103 §1: Autorisation de nouveaux partis politiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103 §2 : Le financement des partis politiques au titre de l’année 2009 . . . 105 Conclusion de la première partie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107 Deuxième partie : Questions se rapportant à la protection des droits économiques, sociaux et culturels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109 Introduction de la deuxième partie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111 Chapitre 1 : La promotion de la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113 Section 1 : La promotion de la bonne gouvernance . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115 §1 : Les activités de certaines institutions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115 § 2 : La mise en œuvre des politiques sectorielles de bonne gouvernance . . . . 120 § 3 : La mise en place de la e-gouvernance. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123 Section 2 : La lutte contre la corruption . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124 § 1 : Les mesures administratives : l’action des cellules ministérielles de lutte contre la corruption . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124 § 2 : Les poursuites judiciaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127 Chapitre 2 : Le droit à l’éducation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131 Section 1 : Au niveau de l’éducation de base . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133 §1 : La progression des indicateurs clés de scolarisation. . . . . . . . . . . 133 § 2 : Le renforcement constant des mesures relatives à l’offre d’éducation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136 § 3 : La poursuite de l’amélioration de la qualité de l’éducation. . . . . 136 Section 2 : Au niveau de l’Enseignement secondaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . 138 § 1 : L’amélioration qualitative de l’offre de l’éducation . . . . . . . . . . . 138 270 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 § 2 : L’amélioration de l’offre quantitative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142 Section 3 : Au niveau de l’Enseignement supérieur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143 §1 : La poursuite de la consolidation du système LMD . . . . . . . . . . . . 143 §2 : L’élargissement de la carte universitaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144 §3 : L’amélioration de l’environnement universitaire . . . . . . . . . . . . . . 145 Chapitre 3 : Le droit à la santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153 Section 1 : L’amélioration du système de santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153 §1 : Au niveau de l’administration générale et de la gouvernance interne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153 §2 : Au niveau de l’offre infrastructurelle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156 Section 2 : L’amélioration des soins et services de santé . . . . . . . . . . . . . . . 157 §1: L’accès aux médicaments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157 §2 : La lutte contre la maladie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158 §3 : La santé de la mère, de l’enfant et de l’adolescent. . . . . . . . . . . . 162 §4 : La promotion de la santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163 Chapitre 4 : Le droit à un niveau de vie suffisant . . . . . . . . . . . . . . . . . 167 Section 1 : La lutte contre la vie chère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169 §1 : Les actions en vue de l’accroissement de l’offre en denrées alimentaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169 §2 : Les actions en vue de la rationalisation de la distribution des produits alimentaires et de consommation courante . . . . . . . 173 Section 2 : L’offre en eau et en énergie électrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177 § 1 : Les actions en vue de l’amélioration de l’offre en eau potable . . . . . . . . . 177 § 2 : Les actions en vue de l’amélioration de l’offre en énergie . . . . . 180 Section 3 : Le droit à un logement convenable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185 §1 : Les initiatives en vue de l’accroissement de l’offre en logement . . . . . . . . . 185 § 2 : La réaffirmation de la nécessité de prendre en compte les aspects sociaux dans les opérations de restructuration et de rénovation urbaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186 § 3 : L’enrichissement du cadre juridique relatif à la sécurité légale d’occupation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 188 271 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 Chapitre 5 : Le droit au travail et à la sécurite sociale . . . . . . . . . . . . . 191 Section 1: Les actions de promotion du droit au travail . . . . . . . . . . . . . . . . 193 §1 : Les actions en vue de la promotion de l’emploi . . . . . . . . . . . . . . 193 § 2 : Les actions en vue de l’amélioration des conditions de travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194 Section 2 : Le droit à la sécurité sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200 § 1 : L’achèvement des travaux du comité de reflexion sur la modernisation de la sécurite sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200 § 2 : Les actions en vue de la mutualisation du risque maladie . . . . . 201 § 3 : Le paiement des prestations sociales par la CNPS . . . . . . . . . . . 201 Chapitre 6 : Le droit à un environnement sain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203 Section 1 : Le renforcement du cadre juridique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 206 § 1 : L’encadrement de la protection de la couche d’ozone . . . . . . . . 206 § 2 : L’amélioration du cadre institutionnel de gestion des changements climatiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 206 § 3: L’amelioration du suivi des questions relatives a l’indemnisation des dommages dus à la pollution par les hydrocarbures . . . . . . . . . . 207 Section 2 : La poursuite de la campagne de reboisement, de salubrité et de gestion des déchets. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208 § 1 : La campagne de reboisement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208 § 2 : Les campagnes de salubrité et la gestion des déchets. . . . . . . . . 208 §3 : Les inspections environnementales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 210 §4 : La gestion des litiges environnementaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 210 Conclusion de la deuxième partie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215 Troisieme partie : Questions transversales des droits de l’homme et droits catégoriels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 217 Introduction de la troisième partie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219 Chapitre 1 : Les conditions de détention . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221 Section unique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 223 272 Rapport du Ministère de la Justice sur l’état des droits de l’Homme au Cameroun en 2009 Chapitre 2 : La promotion et la protection des droits des groupes vulnérables. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229 Section 1: La promotion et la protection des droits des enfants . . . . . . . . . . 231 §1 : Les mesures de promotion des droits de l’enfant. . . . . . . . . . . . . . 231 §2 : Les mesures de protection des droits de l’enfant. . . . . . . . . . . . . . 234 Section 2 : La promotion et la protection des personnes handicapées . . . . . . . . . . . . 239 §1 : Les mesures de promotion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239 §2 : Les mesures de protection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 240 Section 3 : la promotion et la protection des personnes âgées . . . . . . . . . . 241 Section 4 : la promotion et la protection des droits des populations marginales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 241 §1 : De la promotion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 241 § 2 : De la protection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 242 Chapitre 3 : La promotion et la protection des droits de la femme . . . . . . . . . . 247 Section 1 : Le renforcement du cadre juridique de promotion et de protection des droits de la femme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 249 §1 : La présentation du Protocole de Maputo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 249 §2 :La polémique sur le droit à l’avortement médicalisé . . . . . . . . . . . 251 Section 2 : Les activités gouvernementales de promotion de la femme et de la famille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253 §1 : La promotion sociale de la femme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253 §2: Le développement de la famille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 255 §3: La promotion économique de la femme et de la famille . . . . . . . . 256 §4: La poursuite de l’institutionnalisation de l’approche genre . . . . . . 257 Conclusion de la troisième partie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 259 Conclusion générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 261 Annexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 265 273 Report by the Ministry of Justice On Human Rights in Cameroon in 2009 Achevé d’imprimer sur les presses de la Société de Presse et d’Editions du Cameroun (SOPECAM) BP. : 1218 Yaoundé-Cameroun Octobre 2010 298 Report by the Ministry of Justice On Human Rights in Cameroon in 2009 Ministry of Labour and Social Security Ministry of Public Health Ministry of Transport State Secretariat of Defence in charge of Gendarmerie General Delegation of National Security General Directorate of External Research National Social Insurance Fund (NSIF) National Employment Fund City Council, Yaounde Independent Administrative Structures National Anti-Corruption Commission (CONAC) National Commission on Human Rights and Freedoms (NCHRF) National Financial Investigation Agency (ANIF) Civil Society: African Action Against Aids (AAA) Afrique Future Cameroon Islamic Cultural Association (ACIC) Cameroon National Episcopal Conference (CENC) Cameroon Workers Confederation Syndicate (CSTC) Christian Association for the Abolition of Torture (ACAT-Littoral) 295 Report by the Ministry of Justice On Human Rights in Cameroon in 2009 Council of Protestant Churches in Cameroon (CEPCA) Development Institute for Training and Cooperation (IFCD) League for the Education of the Woman and the Child New Human Rights-Cameroon (NDH-Cameroon) Transparency International, Cameroon Mbororo Social and Cultural Development Association (MBOSCUDA) Centre for the Environment and Development National Association of Associations and Institutions of and for Disabled Persons 296 Report by the Ministry of Justice On Human Rights in Cameroon in 2009 297 Report by the Ministry of Justice On Human Rights in Cameroon in 2009 Achevé d’imprimer sur les presses de la Société de Presse et d’Editions du Cameroun (SOPECAM) BP. : 1218 Yaoundé-Cameroun Octobre 2010 298