Biographie de Sir Alfred Munnings

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Biographie de Sir Alfred Munnings
Biographie de Sir Alfred Munnings
Sir Alfred Munnings
Alfred John Munnings (1878-1959) a atteint la renommée en tant
que l’un des plus grands peintres de chevaux d’Angleterre. Lors
de la Première Guerre mondiale, le Lord Beaverbrook's
Canadian War Memorials Fund retient ses services, ce qui le
mène à produire une série de prestigieuses commandes
d’après-guerre qui en font un homme riche.
Les premières années
Alfred Munnings est né dans une famille de meuniers de
Mendham, dans le Suffolk, le 8 octobre 1878. À l’âge de
quatorze ans, il est apprenti chez un imprimeur de Norwich. Il
conçoit et dessine des affiches publicitaires pendant plus de six
ans. Lors de ses temps libres, il suit des cours à la Norwich
School of Art.
Une fois sa période d’apprentissage terminée, il se consacre entièrement à faire sa trace en tant
que peintre. Il peint fréquemment des scènes champêtres, des romanichels et des chevaux.
Les marchands d’œuvres d’art et les connaisseurs le remarquent comme un peintre prometteur;
ses œuvres se vendent bien et, à partir de 1899, elles sont occasionnellement exposées à la
Royal Academy. Le jeune artiste mène une vie tumultueuse, en payant parfois des dettes avec
ses croquis.
Au départ, la Première Guerre mondiale complique sa vie. Il préfère peindre la nature, une
activité qui nécessite, à cette époque, un permis officiel, émis par les bureaucrates soucieux de
l’espionnage. Malgré ce document, un artiste faisant des esquisses de la nature risquait de
tomber sous le coup d’accusations d’espionnage. L’argent pour l’achat d’œuvres d’art disparaît.
Munnings tente de s’enrôler dans le régiment de Hampshire, allant jusqu’à offrir deux chevaux
qu’il possède, dans l’espoir d’être accepté. En 1917, il occupe un poste où il examine les
nouveaux chevaux à Calcot Park, près de Reading, dans le Berkshire. Les chevaux, dont la
plupart arrivent du Canada, sont examinés contre les maladies et les parasites, traités et ensuite
envoyés à l’artillerie, à la cavalerie ou aux unités logistiques.
Le Canadian War Memorials Fund
L’histoire canadienne et l’art sont redevables à Sir Max Aitken (connu, à partir de 1917, sous le
nom de Lord Beaverbrook), un baron de la presse expatrié du Nouveau-Brunswick qui alliait, en
une seule personnalité, le nationalisme canadien et l’impérialisme britannique. En tant qu’ami de
Sir Sam Hughes, ministre de la Milice et de la Défense, Aitken est chargé des dossiers militaires
outre-mer. Son organisation s’occupe de beaucoup plus de choses que des les simples tâches
d’archivage; dans l’intention de publiciser les accomplissements des Canadiens, il produit un
ouvrage en trois volumes sur les opérations canadiennes (Les Canadiens en Flandre), il lance un
programme de photographie militaire qui comprend la vente d’épreuves; il est le premier à utiliser
la ciné-photographie en première ligne, et il publie un quotidien pour les soldats (The Canadian
Daily Record).
Beaverbrook est perturbé par le fait que certains des accomplissements canadiens, notamment
le rôle crucial qu’ils jouent lors de la deuxième bataille d’Ypres (avril 1915) passent inaperçus aux
yeux des photographes. En 1916, il commande au peintre britannique Richard Jack, de recréer
cette bataille sur une toile. Le projet prend de l’ampleur et d’autres artistes sont engagés sous les
auspices du Canadian War Memorials Fund de Lord Beaverbrook. En bout de ligne, son
programme d’art militaire mettra en cause plus de 100 artistes – Belges, Britanniques et
Canadiens – travaillant à partir du Canada, de l’Angleterre, du Proche-Orient, de la Russie et de
la France. Ce programme rapportera au Canada plus de 800 peintures et sculptures militaires,
dont plusieurs furent créées par des artistes de renom. Toutefois, ce n’est pas avant avril 1928
que le gouvernement fédéral remerciera formellement Lord Beaverbrook. Mais l’édifice qu’il
désirait voir construire afin d’abriter la collection n’a jamais été érigé.
Alfred Munnings s’est joint au programme d’art militaire du Canadian War Memorials Fund en
1918 afin de peindre la Brigade de cavalerie canadienne et le Corps forestier canadien. En
partant pour la France, il apporte avec lui trois châssis (un de 30 po X 25 po, deux de 24 po X 20
po), ainsi que de nombreuses toiles coupées de façon à s’insérer parfaitement dans les châssis.
L’ensemble du matériel, que le papier à croquis, les aquarelles, les huiles et les pinceaux sont
emballés dans une boîte légère et étroite.
Peindre la Brigade de cavalerie canadienne
À travers l’histoire de la guerre, les chevaux ont toujours joué un rôle important – comme bêtes
de somme, pour le transport de l’infanterie, afin de tirer l’artillerie et lors des opérations de
cavalerie. Cette dernière tâche sous-entendait l’utilisation d’un cheval et d’un cavalier – l’homme
qui se battait à partir de sa monture avec une épée et une lance – en tant que force d’attaque.
Les armées européennes sont formées d’unités de cavalerie spécialisées; les généraux et les
stratèges les forment ainsi malgré le fait que des charges montées massives contre des unités
d’infanterie retranchées représentent de lourdes pertes, et ce, de façon systématique.
La Brigade de cavalerie canadienne représentait
un anachronisme. Elle est formée en janvier
1915 avec des éléments de la Royal Canadian
Horse Artillery, du Royal Canadian Dragoons, du
nd
Lord Strathcona's Horse et du 2 King Edward's
Horse (ce dernier, une unité impériale, est
remplacé en février 1916 par le Fort Garry
Horse). La Brigade retourne au combat en mai
1915, non en tant qu’unité montée, mais en tant
qu’infanterie à pied, un rôle pour lequel elle n’est
pas entraînée. Pour la majeure partie de la
guerre, les cavaliers canadiens servent soit dans
les tranchées ou ils attendent une occasion de
combattre à dos de cheval. Quelques occasions leur permettent d’effectuer des opérations
montées, même si les hommes sont appelés à descendre de monture et à charger avec leur fusil
et leur baïonnette. Tel est le cas lors d’un retrait allemand organisé en mars 1917, lors de la
Bataille de Cambrai (novembre 1917) et lors de l’offensive allemande de mars et avril 1918 (le
bois de Moreuil et le bois de Rifle). Les tentatives d’utiliser conjointement la cavalerie et les chars
d’assaut lors de la Bataille d’Amiens (du 8 au 11 août 1918) s’avèrent infructueuses. Une seule
fois la Brigade combat comme une véritable unité de cavalerie. Le 9 octobre 1918, à Le Cateau,
les unités de cavalerie canadiennes avancent sur une distance de près de 13 km et font 400
prisonniers. Toutefois, cette opération s’avère coûteuse : 168 cavaliers sont tués ou blessés; 171
chevaux sont victimes de cette bataille.
La première œuvre de Munnings est un portrait à cheval du commandant de la Brigade, le très
honorable général J.E.B. Seely, peint à moins de 2 km des lignes et de l’ennemi. L’artiste se tient
sur des planches à tasseaux afin de ne pas s’enfoncer dans la boue alors que le général pose
sur son cheval pendant plus d’une heure. Lorsque Seely retourne effectuer d’autres tâches, son
ordonnance, qui porte l’uniforme du général sert de modèle – et salue allègrement les officiers
qui passent près de lui.
Peindre le Corps forestier canadien
La France et l’Angleterre cherchent à réduire les importations de bois en exploitant leurs propres
forêts. Toutefois, les habiletés en matière de débusquage sont plus facilement disponibles au
Canada. En février 1916, le gouvernement britannique demande qu’un bataillon de foresterie soit
formé au Canada pour le service à l’étranger.
Le gouvernement fédéral réagit rapidement; 1 600 hommes sont recrutés en six semaines;
e
250 000 $ sont dépensés pour du matériel de foresterie et de meunerie. Le 224 Bataillon
forestier canadien, c’est de cette façon que l’unité est nommée, est envoyé outre-mer en
plusieurs contingents. C’est le 13 mai 1916 que le premier bois de sciage est produit en
Angleterre.
Trois autres bataillons forestiers sont formés, mais cette
forme d’organisation s’avère trop compliquée. En bout de
ligne, le Corps forestier canadien est réorganisé en 101
compagnies travaillant en France et en GrandeBretagne. On compte près de 22 000 forestiers. Le
personnel détaché (Corps de l’intendance de l’armée
canadienne, Corps médical de l’armée canadienne, des
ouvriers chinois, des prisonniers de guerre employés)
porte le total de la main-d’œuvre à près de 31 000
personnes. Par ailleurs, plusieurs Canadiens qui
n’auraient pas été admissibles au service militaire, en
raison de l’âge ou de problèmes physiques, servent dans les unités de foresterie.
Selon Munnings, ce sont les officiers du Corps forestier canadien qui, en avril 1918, prennent
l’initiative de l’affecter à peindre leur travail. D’abord, il se rend dans les camps de bûcherons de
Conches, Dreux et Bellême, en Normandie. Il se rend ensuite dans le Jura, département de l’Est
de la France.
La fin de l’affectation
Au début de l’été 1918, Alfred Munnings est rappelé à Londres. Il est à terminer plusieurs travaux
pour le Canadian War Memorials Fund. Pour ce qu’il décrit comme une «petite somme» (le
montant n’est pas connu, même approximativement) il envoie 44 tableaux à l’organisme de Lord
Beaverbrook.
L’artiste considérait son expérience avec les unités canadiennes comme faisant partie des
événements les plus valorisants de sa vie. Il ne doutait pas du fait que, lorsque Richard Jack (le
peintre britannique qui fut le premier artiste engagé par Lord Beaverbrook) l’a parrainé afin qu’il
devienne membre associé de la Royal Academy, au printemps de 1919, c’était en raison de sa
contribution à la collection d’œuvres d’art du Canadian War Memorials Fund.

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