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LA LETTRE D’INFORMATION DE LA FONDATION FRANÇAISE POUR LA RECHERCHE SUR L’ÉPILEPSIE - Décembre 2013 Dossier L’ÉPILEPSIE DANS LA LUMIÈRE • Célèbres et épileptiques... C’est possible !������������������ P.02 • Didier VAN CAUWELAERT s’engage pour l’épilepsie����� P.04 • Arnaud SÉLIGNAC, réalisateur, raconte������������� P.05 Epilepsie(s) : entrer dans la lumière C omme nous l’avons si souvent dit Côté recherche, lisez les interviews de Nadia dans ces colonnes, l’épilepsie est Bahi-Buisson et Philippe Kahane qui lèvent une double maladie. un coin de voile sur la complexité de la prise A la complexité de la maladie et en charge des épilepsies pharmacorésistantes ou aux lacunes de sa prise en charge, liées à des maladies rares. • Catherine DIRAN : l’épilepsie en face�������������� P.06 s’ajoutent une honte et des préjugés qui per- Autre tabou : celui de la parole sur les risques turbent la vie des patients, celles des familles de mortalité et l’épilepsie. C’est le sens du sou- • 10 février 2014 : l’épilepsie en pleine lumière�� P.07 et poussent à cacher la maladie, voire à être tien renouvelé de la FFRE au Réseau Sentinelle dans le déni… Mortalité Epilepsie qui travaille d’arrache-pied A l’aube d’une nouvelle année, nous avons aux causes de mortalité. Dire les risques ne donc décidé de mettre en lumière quelques les accroît pas et mieux les connaître doit per- épileptiques célèbres, en essayant de voir quel mettre de mieux les éviter. rôle l’épilepsie avait joué dans leur rayonne- Enfin, nous ne cesserons jamais de le répéter, ment. rien ne peut se faire sans VOUS. C’est avec LA RECHERCHE Pharmacorésistance, surhandicap et épilepsie : quelles avancées ? •E pilepsies survenant au cours de maladies métaboliques et génétiques rares���������������� P.08 • Quelles avancées pour la prise en charge des épilepsies pharmacorésistantes de l’adulte ?������ P.11 Projets financés •F acteurs de risque de mort subite dans l’épilepsie : premier bilan��������������������� P.13 BILLET D’HUMEUR •D ur dur, pour une maman, l’épilepsie d’un enfant !������ P.15 AIDEZ LA FONDATION • Informez sur l’épilepsie, en faisant connaître la Fondation� P.16 Lumière toujours : celles qu’apporte le plaisir que nous avons de plus en regard de Didier Van CAUWELAERT, écrivain de renom qui a généreusement accepté d’être le parrain de la Fondation. Les témoignages d’Arnaud SÉLIGNAC et Catherine plus de bénévoles pour nous aider REgarder l’épilepsie en face est moins délétère DIRAN montrent aussi que regarder l’épilepsie en face est moins délétère que notamment dans l’organisation d’évènements, la recherche de partenaires, etc. Grâces leur en soient rendues, mais il y a encore tant à faire que vous ne serez jamais trop nombreux pour nous aider ! le maintien des tabous. C’est dans le même Une plaquette à diffuser largement est ainsi état d’esprit que nous donnons la parole à une notamment jointe à ce numéro. C’est aussi et maman qui dit sans fard les tourments d’un à nouveau pour le conseil d’administration de parent d’enfant atteint d’épilepsie. Tabou ! Jus- la Fondation, qui va accroître son nombre, que tement, pour tenter de comprendre si et pour- nous avons besoin de volontaires et de mécènes quoi l’épilepsie est encore taboue en 2014, la impliqués. Enfin, c’est encore et toujours de vos FFRE organise le 10 février prochain, à Paris, dons dont nous avons besoin pour continuer à un colloque au cours duquel des intervenants franchir les montagnes, en accroissant l’effort de de prestige débattront… Nous vous y attendons recherche et améliorant la prise en charge et la nombreux, de même qu’au dîner et à la vente connaissance de la maladie. aux enchères au bénéfice de la recherche qui Du fond du cœur, merci, et que vos fêtes de fin suivront. d’année se passent dans la lumière ! Bernard ESAMBERT, Président l Emmanuelle ALLONNEAU-ROUBERTIE, Directrice générale Recherches & Perspectives • décembre 2013 • p.1 Dossier L’épilepsie dans la lumière Prince, un génie épileptique I l est né pauvre, dans une famille noire américaine, à une époque où le racisme faisait encore rage, ET était épileptique. Comme aurait dit Coluche, certains sont nés « moins égaux que les autres » ! Eh bien, la personne dont je vous parle n’est autre que le chanteur génial Prince qui a fait danser bien des quadragénaires jusqu’au bout de la nuit avec des morceaux aussi géniaux que Kiss, Shame on You ou Purple Rain. Son épilepsie, il l’a eue à la naissance et pour très peu de temps. Ses crises se sont arrêtées alors qu’il avait 7 ans. Et pourtant, il n’a fait cette révélation concernant sa maladie qu’à l’âge de 51 ans. J’ai bien dit 51 ans ! Il lui a fallu un demi-siècle pour accepter de parler de la maladie qui l’a traumatisée toute sa vie. Mais qu’est-ce qui peut bien effrayer tant que ça dans cette fichue maladie pour qu’une star du rock adulée, comme Prince, mette 51 ans pour parler d’un mal qui affecte 500 000 personnes rien qu’en France ? Et puis les rockeurs, ce n’est pas comme si l’on s’attendait à ce qu’ils soient tout à fait conformes. Alors, pourquoi clamer sa foi, sa sexualité, son excentricité, comme l’a tant fait Prince, mais ne jamais parler de sa maladie ? Je ne comprends toujours pas, ou peut-être trop bien… Il n’y a rien à faire, cette foutue maladie pétrifie tout le monde. Prince le dit : ses parents faisaient comme ils pouvaient. Prince serait un jour venu voir sa mère en lui disant qu’il ne serait plus malade, parce qu’un ange le lui avait dit. Cette histoire me plaît déjà moins. Je n’ai rien contre les miracles et les anges, mais pour une maladie qu’on appelle déjà le “Grand Mal”, je préférerais une autre cure qu’un angelot. Ça n’est pas bon du tout pour l’image de la maladie que beaucoup essaient déjà d’associer au diable. Vous me direz, Prince ne se rappelle pas de l’incident ; c’est sa mère qui le lui a raconté. Nous pouvons donc nous permettre de douter d’une mère. Prince, lui, ne doute plus du tout : il est aujourd’hui Témoin de Jehovah et prêche tant qu’il peut dans ses derniers albums. Prince avoue, dans son interview choc, qu’alors qu’il n’avait plus de crises, les moqueries et les humiliations des petits camarades à l’école continuaient. Il dit que c’est pour ça qu’il est devenu excentrique au début de sa carrière, que c’est pour ça qu’il hurlait plus fort que tout le monde, pour qu’on le remarque, rien que pour son rock et pas pour son épilepsie, pour oublier ces 7 années de la toute petite enfance pendant lesquelles il avait tant souffert. Il a écrit une chanson sur ce thème : The Sacrifice of Victor (Le Sacrifice de Victor). Le titre en dit long ! Il a écrit: « I was born on a blood stained table (je suis né sur une table tachée de sang) Cord wrapped around my neck (le cordon autour du cou) Epilectic ‘til the age of 7 (épileptique jusqu’à l’âge de 7 ans) […] My name will be Victor (je m’appellerai Victor) » Je ne vois vraiment en rien, dans ces paroles, un sentiment de libération ou de soulagement pour avoir vécu sans crises à partir de 7 ans. Je n’y vois pas vraiment la célébration d’une victoire sur la vie et sur la maladie. J’y vois le mal, l’inexplicable et l’inavouable. C’est une maladie qui accuse, qui vous rend coupable. Parfois, il ne faut même pas le regard des autres pour se sentir coupable, les épileptiques semblent y arri- © Micahmedia at en.wikipedia Célèbres et épileptiques... c’est possible ! ver très bien tout seuls. Pourtant, ce qu’il faut retenir de tout cela, c’est que l’épilepsie n’a pas empêché Prince d’être génial. Et si son épilepsie avait eu un rôle à jouer dans ce génie ? Si, à force de courts circuits entre ses neurones, de nouvelles connexions s’étaient créées, bien plus créatives. Sans épilepsie, Prince n’aurait peut-être pas existé. Je ne vais pas vous faire l’apologie de la maladie, mais simplement faire remarquer que, dans certains cas, l’épilepsie va de pair avec génie musical : Jimmy Reed, Neil Young, Lindsey Buckingham (chanteuse des Fleetwood Mac) ou encore Ian Curtis des Joy Division. Je ne peux qu’espérer que les générations à venir, n’auront plus à souffrir du regard des autres, qu’ils pourront affronter la maladie avec des remèdes chaque fois plus performants et une société chaque fois plus compréhensive. On aurait ainsi le génie musical, sans la souffrance, parfois extrême comme ce fut le cas pour Ian Curtis. l Vanessa Barros-Jones Recherches & Perspectives • décembre 2013 • p.2 © Blogueira Témoignages dossier L’épilepsie salvatrice et créatrice de Dostoievski D ostoïevski est sûrement l’un des épileptiques les plus célèbres et celui qui aura, à travers ses personnages, le plus écrit sur sa maladie. De nombreux critiques littéraires et médecins se sont plongés sur son cas, tentant d’identifier la maladie, et de comprendre le rôle qu’elle avait pu jouer dans la vie et l’œuvre de ce génie littéraire. Fedor Dostoïevski naît le 30 octobre 1821 à Moscou, où son père exerce la médecine. La famille Dostoïevski vit alors dans une certaine aisance. Les rapports familiaux sont eux envenimés par un père alcoolique et violent que Dostoïevski déteste. La mère est, elle, atteinte de tuberculose. Alors qu’elle doit s’absenter pour une cure, elle écrit à son mari : « Ne te fâche pas contre Fedia, tu sais bien, c’est du feu ! ». La mère tente de protéger un fils fragile qui est « émotionnellement instable, hypocondriaque, présente au moins un épisode d’hallucination auditive, une aphonie transitoire et des maux de tête » (Sébastien Dieguez). Certains font remonter la première crise d’épilepsie de Dostoïevski à l’âge de sept ans. Dostoïevski vit, vers 25 ans, de moments de popularité, avec des textes acclamés par la critique qui l’introduisent dans les cercles les plus prestigieux. Cette popularité fait vite place à une période de misère et d’oubli de l’auteur, qui vit mal le rejet de la critique autrefois si élogieuse, la misère, et la mort violente d’un père qu’il ne s’est jamais pardonné de haïr autant. A l’âge de 30 ans, Dostoïevski est arrêté alors qu’il est innocent, du fait de ses amitiés dans les réseaux révolutionnaires. Il sera ensuite emprisonné 4 ans en Sibérie. Il vivra au total 10 ans d’exil avant de pouvoir reprendre son métier d’écrivain. Il connaîtra à cette époque ses premières crises généralisées, rapportées dans sa correspondance et les rapports médicaux du médecin troupier. Les années qui suivent ne sont pas plus heureuses, avec la mort de sa première femme, celle de son frère et ami, une passion pour le jeu et des démêlés avec les créanciers et la mort de deux enfants. A tout cela, s’ajoutent une fréquence et une gravité de crises toujours plus grandes. D’après les archives du Musée de l’Epilepsie à Kork, « l’épilepsie de Dostoïevski se déroulait de manière dramatique avec des crises de type grand mal : il bégayait un court instant, comme s’il cherchait ses mots et ouvrait sa bouche... Soudainement de sa bouche béante sortait un long cri étrange et il tombait inconscient à terre... Son corps se tournait et tressaillait sous l’effet des spasmes... à l’encoignure des lèvres, de la mousse était visible. II est fort probable que ces crises soient des crises focales avec une généralisation secondaire ; Dostoïevski avait en effet avant ses crises une aura prolongée qui évoquait le bonheur. » Cette dernière caractéristique de sa maladie lui faisait dire, au travers d’un autre personnage célèbre, Kirilov, l’athée mystique et suicidaire dans Les Démons : « Il y a des instants, ils durent cinq ou six secondes, quand vous sentez soudain la présence de l’harmonie éternelle, vous l’avez atteinte. Ce n’est pas terrestre : je ne veux pas dire que ce soit une chose céleste, mais que l’homme sous son aspect terrestre est incapable de la supporter. Il doit se transformer physiquement ou mourir. C’est un sentiment clair, indiscutable, absolu. Vous saisissez tout à coup la nature entière et vous dites : “Oui, c’est bien comme ça, c’est vrai”. Ce n’est pas de l’attendrissement… c’est autre chose, c’est de la joie […] Ce n’est même pas de l’amour ; oh ! C’est supérieur à l’amour. Le plus terrible, c’est que c’est si épouvantablement clair. Et une joie si immense avec ça ! Si elle durait plus de cinq secondes, l’âme ne la supporterait pas et devrait disparaître. En ces cinq secondes je vis toute une vie et je donnerai pour elles toute ma vie, car elles le valent. » Ces moments d’état de grâce ont pu être salvateurs pour cet homme accablé par le destin, qui sans eux n’aurait peut-être pas survécu. L’attente d’une nouvelle extase aura peut-être donné la force à Dostoïevski, à la santé très fragile, de continuer à vivre. On peut également se demander si ces états de grâce ne sont pas à l’origine de son génie littéraire. N’entraînaient-ils pas une pulsion créatrice qui nous donne aujourd’hui parmi les plus beaux romans de la littérature mondiale. Le neurologue anglais John Hughlings Jackson, dans la seconde moitié du XIXe siècle, répertoria les épilepsies dont les répercussions sont uniquement d’ordre psychologique et parmi ces répercussions, on trouve un processus automatique de pensée, des moments de conscience totale très courts, des états de semi-hypnose qui auront tous pu impacter le travail d’écriture de Dostoïevski. Ainsi cette maladie, ce démon d’une vie, aura peut-être aussi été un ange salvateur pour ce génie littéraire... l Vanessa BARROS-JONES Références • Le mal sacré de Dostoïevski – Sébastian Dieguez. Sebastian Dieguez est neuropsychologue au Service de neurologie du Centre hospitalier universitaire Vaudois de Lausanne, en Suisse. • Archives du Musée de l’Epilepsie de Kork. • Dictionnaire Larousse. Autres ouvrages pour en savoir plus Baumann CR, Novikov VPI, Regard M, Siegel A. Did Fyodor Mikhailovich Dostoevsky suffer from mesial temporal lobe epilepsy? Seizure 2005 ; 14 : 324-30. Bear DM. Temporal lobe epilepsy: a syndrome of sensorilimbic hyperconnection. Cortex 1979 ; 15 : 357-84. Recherches & Perspectives • décembre 2013 • p.3 Dossier Article L’épilepsie dans la lumière Didier van cauwelaert s’engage pour l’epilepsie Didier Van Cauwelaert, parrain de la FFRE C’est au cours du dîner organisé par le Lion’s club Paris Necker Pasteur au bénéfice de la FFRE, le 1er octobre dernier, que la Fondation a eu l’occasion de rencontrer Didier VAN CAUWELAERT et d’échanger avec lui sur l’épilepsie. Didier VAN CAUWELAERT est un écrivain à succès : Prix Goncourt, Grand prix du Théâtre de l’Académie française… Il a également obtenu le prix Science-Frontières de la vulgarisation scientifique et a aussi participé à de nombreuses expériences avec des chercheurs renommés sur les états modifiés de conscience et les pouvoirs de la pensée. Il vient de publier le Dictionnaire de l’impossible, chez Plon ainsi que La Femme de nos vies chez Albin Michel. FFRE. Didier Van Cauwelaert, en tant qu’écrivain toujours très impliqué dans la vie de vos personnages et dans la vie tout court que vous inspire le mot “épilepsie” ? Didier Van Cauwelaert - Une confusion d’enfance. La première fois que j’ai entendu ce mot, je l’ai confondu avec “épiphanie”. J’ai cru qu’une crise d’épilepsie était une sorte de crise de foie quand on avait trop mangé de galette des rois. Ou qu’on avait avalé la fève. FFRE. Que connaissiez-vous de cette maladie avant votre rencontre avec la FFRE ? DVC - Le premier épileptique que j’ai rencontré, c’était justement ce copain d’école que je croyais victime d’un abus de frangipane. L’instituteur nous avait prévenus qu’il pouvait avoir une crise à tout moment, et nous avait appris une chose essentielle : mettre des vêtements roulés autour de lui pour éviter qu’il ne se blesse lors de ses convulsions et de ses mouvements incontrôlables. Cet élan de solidarité vigilante nous faisait du bien. C’était aussi un excellent prétexte pour ne pas suivre les cours… FFRE. Quelles sont, vues de votre fenêtre, les actions à mener pour que les patients souffrant d’épilepsie n’aient plus peur de nommer leur maladie ? DVC - J’ai été frappé d’apprendre que l’épilepsie était perçue comme l’une des dernières maladies “honteuses”. Qu’elle était souvent boudée par les médias et les mécènes de l’humanitaire parce qu’elle faisait peur. Ou parfois, pire encore, parce qu’elle faisait rire. Peut-on “censurer” une maladie parce que certaines de ses manifestations provoquent des réactions physiques incontrôlables ? A-t-on le droit d’exclure du monde du travail des personnes à cause de symptômes qu’elles sont susceptibles de manifester un jour ? C’est en donnant la parole à des épileptiques, dans la réalité comme dans les oeuvres de fiction, qu’on pourra changer le regard réducteur (ou délibérément aveugle) que la société pose sur eux. Il n’est pas inutile non plus de rappeler que de grands génies tels Jules César, Molière, Richelieu, Napoléon, Flaubert ou Alfred Nobel furent épileptiques. FFRE. Pensez-vous, en tant qu’écrivain, pouvoir aider à ce changement de regard ? DVC - Je l’ai fait au moins une fois, dans La Femme de nos vies. L’un des personnages essentiels du roman est David, un enfant surdoué épileptique qui se sacrifie, dans l’Allemagne hitlérienne, en échangeant son identité avec celle d’un voisin de dortoir qu’il juge plus “viable” que lui, et dont il sauve ainsi la vie. Plusieurs parents d’épileptiques m’ont remercié d’avoir fait d’un malade comme leur enfant, pas seulement une victime, mais un héros. l Propos recueillis par Emmanuelle ALLONNEAU-ROUBERTIE Recherches & Perspectives • décembre 2013 • p.4 Témoignages dossier Arnaud SÉlignac, réalisateur, raconte... Arnaud Sélignac est un réalisateur prolifique ayant réalisé près d’une trentaine de films, téléfilms et documentaires. Il a travaillé avec les plus grands, ayant commencé sa carrière en tant qu’assistant de John Boorman (Excalibur et Hope and Glory), qu’il considère comme son mentor et qui l’a encouragé à réaliser son premier film, Nemo, en 1984 avec une distribution prestigieuse: Harvey Keitel (une rencontre qui l’a particulièrement marqué), Carole Bouquet, Michel Blanc, Dominique Pinon ou encore Mathilda May alors à ses débuts. Il a ensuite suivi Patrice Chéreau au Théâtre des Amandiers pour réaliser L’Envers du Décor, a enchaîné sur Gawin, et la liste continue avec plus récemment un téléfilm, Vieilles Canailles, réunissant Claude Brasseur et Patrick Chesnais, ou encore son téléfilm très controversé, L’Evasion de Louis XVI, pour son portrait inattendu de Louis XVI et que certains ont interprété comme une apologie de la royauté ce qui n’était en rien l’intention du réalisateur. N ous sommes le 24 juin 2013 et il est un peu plus de 11h. Arnaud Sélignac m’a donné rendez-vous pour une interview. C’est un homme charmant, discret, mais de ceux qui n’arrêtent jamais, dont la tête fourmille de projets, de rencontres et d’histoires passionnantes. Mais le sujet qui m’amène aujourd’hui à le rencontrer n’est pas aussi réjouissant : l’épilepsie. Arnaud Sélignac a en effet une fille épileptique. L’ayant su, je l’ai contacté pour savoir s’il serait prêt à témoigner pour le magazine de la FFRE. Il a tout de suite accepté. « L’épilepsie n’a ja- mais été un tabou dans notre famille. Au contraire, c’est bien d’en parler » avait été sa réaction spontanée. C’est aussi l’un des objectifs de la FFRE : en parler au plus grand nombre, pour mettre fin à cette double maladie à la fois pathologique, mais aussi sociale, du fait du regard des autres. Arnaud Sélignac me raconte alors très simplement comment sa fille a eu sa première crise d’épilepsie à l’âge de 8 ans, en classe. Cela l’avait beaucoup gênée vis-à-vis de ses petits camarades, eux aussi ébranlés par l’incident. « C’est très violent une crise d’épilepsie, on a l’impression de perdre la personne, elle se déforme, c’est traumatisant pour un enfant comme pour un adulte. Ses camarades la prenaient pour la petite fille dans L’Exorciste. » Elle s’était mise à faire des crises régulières, avait commencé à suivre des traitements, mais s’était vite isolée du monde des enfants, refusant d’aller chez des amis de peur d’y faire une nouvelle crise, mais se faisant également inviter de moins en moins par des enfants qui craignaient qu’elle ne refasse une crise. Arnaud me parle de la mise en échec scolaire de sa fille et de son refus au bout de deux ans d’aller à l’école et de tout faire pour quitter l’école, et comment elle s’est réfugiée dans le monde des adultes auprès desquels elle se sentait plus en sécurité. Il me parle des nombreux traitements et de leurs effets secondaires, des prises de poids, du visage bouffi de sa fille, des longs séjours à l’hôpital. Il raconte les crises qu’elle faisait devant des amis pourtant prévenus, mais qui étaient sur le coup extrêmement choqués par leur violence. Il exprime cette difficulté à l’adolescence pour sa fille, de ne pas pouvoir crier son indépendance, ni envoyer bouler ses parents, parce que même pour prendre un simple bain elle avait besoin d’eux. Elle ne parlait pas de sa maladie aux rares amis qu’elle avait du même âge. « L’épilepsie était une réalité à la maison dont on parlait ouvertement, en essayant de comprendre et de trouver une solution. C’est le noyau familial et amical qui était soudé ». Avec le reste du monde , c’était plus compliqué. L’école n’avait jamais été un soutien. « Pourquoi, la maîtresse d’école, par exemple, alors que ma fille venait de faire sa première crise, n’a-t-elle pas eu l’idée de faire un cours sur le sujet, de faire témoigner ma fille, victime de la crise, sur son ressenti, et les camarades de classe spectateurs de l’incident sur le leur ? Cela aurait pu briser la glace, cela aurait pu aider ma fille à mieux s’intégrer par la suite ». L’école n’avait jamais vraiment soutenu la famille. Ils connaissaient la situation mais n’avaient jamais pris d’initiatives pour aider à l’intégration sociale de Recherches & Perspectives • novembre décembre 2013 • p.5 Dossier L’épilepsie dans la lumière cette jeune fille épileptique. Arnaud Sélignac mentionne avec beaucoup d’estime le médecin qui, dit-il, « a sorti ma fille de la maladie ». Vers 17 ans, sa fille avait cessé de faire des crises, et c’est ce médecin qui l’a convaincue d’arrêter progressivement les traitements. La fille d’Arnaud Sélignac vit aujourd’hui sans crises, et s’est découvert une passion pour la cuisine dont elle va faire son métier. « Les autres médecins ont plutôt été des techniciens qui s’occupaient des symptômes mais ne proposaient aucun accompagnement psychologique ». Arnaud Sélignac estime que sa fille a cruellement souffert de cette technicité dénuée souvent de psychologie. Les parents ont insisté pour que la jeune fille voie des psychologues, mais c’était plus leur choix que le sien. « Aujourd’hui, elle voit un psychologue régulièrement mais c’est elle qui l’a choisi ». Et puis Arnaud Sélignac me raconte ce moment d’horreur dont il valait mieux rire, cette fois où, sentant une crise venir, sa fille était venue le retrouver dans sa chambre alors qu’il était profondément endormi. Il avait été réveillé en sursaut par sa fille en pleine crise et encore inconscient avait cru à un cauchemar, à une attaque extra-terrestre et avait envoyé valser sa fille de l’autre côté de la pièce. Sa fille et lui riaient encore aujourd’hui de l’énormité de cette scène qui leur était restée gravée à tous les deux dans la mémoire. Arnaud Sélignac reconnaît que l’épilepsie est un tabou et qu’il n’a jamais rencontré de comédiens qui en parlaient : « Pourtant c’est sûr qu’il y en a ! ». En guise de conclusion je lui demande ce qu’il pense du sujet de l’épilepsie à l’écran. Il me dit qu’il a souvent songé à ce thème et qu’il le traitera peut-être un jour. Une cicatrice dans la tête (1) est un livre qui l’a beaucoup marqué et qui pourrait l’inspirer. Il sait combien un tel sujet sera difficile à défendre à l’heure où nos sociétés ont de plus en plus de mal à exprimer l’intime par peur de ne pas respecter le «politiquement correct». Nous en restons là, je remercie Arnaud Sélignac pour son temps et sa sincérité et le quitte marquée par la générosité de son témoignage, le témoignage d’un père qui a accompagné sa fille comme il pouvait tout au long de sa maladie et qui aujourd’hui se réjouit qu’elle vive une vie normale, sans avoir à se cacher ; une fille qu’il trouve aujourd’hui encore « réservée, même si elle a une grande facilité à socialiser », une fille enfin qui a trouvé sa vocation et s’épanouit à la plus grande joie de toute sa famille. l Propos recueillis par Vanessa Barros-Jones Notes 1 - Valérie Pineau-Valencienne. Une cicatrice dans la tête. Plon, 2000 Catherine DIRAN : L’EPILEPSIE EN FACE « Faire une virée à deux..(.. ) Au milieu de la nuit En catimini E va la nove va la douce vie On s’en ira toute la nuit Danser le calypso en Italie » Nous avons tous en tête le refrain de Voyage en Italie, chanson populaire du groupe Lilicub ! Et bien la tête féminine du groupe LILICUB est Catherine DIRAN, auteur-compositeur-interprète, qui a enregistré avec le groupe, en France et au Japon une dizaine de disques… Une preuve de plus que l’épilepsie n’empêche pas la réussite puisque Catherine souffre d’épilepsie. En 2012, elle entame un nouveau projet, à la croisée de la musique et de la recherche scientifique, avec le chercheur François Pachet (Sony Computer Science Laboratory) et le chanteur Jean-Christophe Urbain (Les Innocents). Parallèlement à sa carrière musicale, Catherine Diran investit en 2007 le champ de la littérature, avec sept romans, dont la trilogie noire Victoria Reyne (Le Masque), Requiem pour Mona (La tengo), et plusieurs romans jeunesse (L’Archipel). Elle aborde également le scénario, dans plusieurs séries pour Canal +. Après plusieurs courts-métrages et documentaires, elle réalise son premier film « Sutra », volet initial d’une trilogie traitant de l’exil et des femmes, et prépare le second, « Refuge », qui traite de ce thème par la maladie, choisissant pour cela d’aborder l’épilepsie. Catherine DIRAN qui a souffert de l’épilepsie comme de l’ostracisme et du déni de celle-ci, aide désormais la Fondation avec sa fougue et son talent. l Emmanuelle ALLONNEAU-ROUBERTIE Recherches & Perspectives • décembre 2013 • p.6 dossier Dossier 10 FÉVRIER 2014 : L’ÉPILEPSIE EN PLEINE LUMIÈRE Colloque et soirée caritative au bénéfice de la recherche sur l’épilepsie A l’occasion de la Journée Européenne de l’Epilepsie, la Fondation Française pour la Recherche sur l’Epilepsie organise un colloque et une soirée caritative au bénéfice de la recherche. L’ÉPILEPSIE, DERNIÈRE MALADIE TABOUE ? Alors que des célébrités parlent aujourd’hui ouvertement de la maladie qui les atteints, aucune souffrant d’épilepsie ne souhaite que cela se sache. Pourquoi ? Alors que notre regard sur le malade a beaucoup évolué ces dernières décennies, nous restons mal à l’aise face à une personne qui souffre d’épilepsie. Pourquoi ? Didier VAN CAUWELAERT, écrivain, parrain de la FFRE, Jean-Christophe BUISSON, responsable du service culture et art de vivre au Figaro Magazine, Gérard Larcher, sénateur maire de Rambouillet, ancien président du Sénat, ancien président de la Fédération Hospitalière de France, Edwige Avice, ancienne ministre, Marion CLIGNET, ancienne championne de cyclisme, débattront avec historiens, journalistes, chefs d’entreprises et patients pour tenter de comprendre pourquoi il est encore si difficile de parler de cette maladie qui bouleverse en France, au quotidien, la vie de près de 2 millions de personnes. Le colloque sera organisé en deux tables rondes : 1 - Epileptique : et alors ??? De Dostoïevski et Flaubert à Prince et Marion Clignet, leurs épilepsies ne les ont pas empêchés de réussir dans leurs domaines : écriture, politique, musique, sport. 2 - Epileptique : j’assume !! Comment réussir à vivre au quotidien dans la France du 21e siècle lorsque l’on souffre d’épilepsie. Les discussions seront suivies par un dîner de gala et une vente aux enchères au bénéfice de la recherche, animée par Maître Cornette de St Cyr. l Renseignements pratiques Lieu : Ecole du Val-de-Grâce, à Paris • Colloque : de 14 h à 19 h Entrée gracieuse, inscription impérative. • Dîner caritatif : à partir de 20 h Inscription payante obligatoire Pour vous inscrire et pour tout renseignement : [email protected] ou 01 47 83 65 36. Recherches Recherches & Perspectives & Perspectives • décembre • mai 2013 • p.7 La recherche PHARMACORÉSISTANCE, SURHANDICAP ET ÉPILEPSIE : QUELLES AVANCÉES ? Epilepsies survenant au cours de maladies métaboliques et génétiques rares surhandicap ou co-morbidité ? Entretien avec le Dr Nadia Bahi-Buisson Le Dr Nadia Bahi-Buisson, Neuropédiatre MCU-PH (Maître de Conférence des Universités-Praticien Hospitalier) à l’Hôpital Necker-Enfants Malades dans le Service du Professeur Desguerre, est spécialiste des maladies neurogénétiques rares, telles que le syndrome de Rett, auxquelles l’épilepsie est associée. Dans ces situations particulièrement difficiles, l’épilepsie apparaît souvent après l’annonce d’une maladie neurologique grave, et est souvent vécue comme un second drame pour les familles. En effet, la survenue d’une épilepsie dans ce contexte de handicap neurologique constitue un véritable surhandicap pour l’enfant. En outre, l’épilepsie peut être à l’origine de véritables difficultés d’intégration de l’enfant dans les structures de rééducation car l’épilepsie «fait souvent peur» aux éducateurs peu expérimentés dans le domaine. Contrairement à la majorité des situations chez l’enfant, le but de la prise en charge de l’épilepsie chez les enfants atteints de ces maladies neurogénétiques, n’est pas nécessairement de supprimer totalement les crises. En effet, dans la plupart des cas, ces épilepsies s’avèrent pharmacorésistantes, et le risque d’avoir des effets secondaires des antiépileptiques (sous la forme de somnolence, d’agitation, ou de troubles du comportement) est majeur. Le rôle du praticien en charge de ces patients, est de bien évaluer, avec la famille et l’équipe éducative, les objectifs du traitement des crises épileptiques dans le contexte de la déficience intellectuelle et du handicap neuromoteur. Ainsi, la prise en charge la plus adaptée n’est pas d’essayer à tout prix de supprimer l’épilepsie. C’est au contraire la recherche, au cas par cas, du meilleur compromis entre le traitement de l’épilepsie et celui de l’autre maladie. Il s’agit de trouver la prise en charge de l’épilepsie qui, en fonction des conséquences de la maladie grave et de son traitement, donnera les meilleures chances de limiter les retards de développement des capacités cognitives et motrices de l’enfant, fût-ce au prix de l’acceptation de crises d’épilepsie. Ceci met grandement à contribution les familles et nécessite un accompagnement et une relation étroite, avec confiance réciproque, entre le médecin et la famille. FFRE. L’association avec l’épilepsie dans le cadre de déficiences intellectuelles d’origine génétique est-elle fréquente ? Dr Nadia Bahi-Buisson - Certaines formes de déficiences intellectuelles sont associées de façon quasi constante à l’épilepsie. On distingue classiquement les maladies dans lesquelles une lésion ou une malformation cérébrale est visible sur l’IRM cérébrale et celles où le cerveau dysfonctionne sans qu’aucune lésion ne soit visible en IRM. Les maladies avec malformations cérébrales sont associées de façon quasi constante à des épilepsies. Plus la malformation est sévère (comme une pachygyrie) plus le handicap neuro-moteur est important et plus l’épilepsie est pharmacorésistante. Par contraste, dans des malformations cérébrales moins sévères (comme les hétérotopies), l’épilepsie peut être plus tardive voire absente jusqu’à l’âge adulte. L’association des épilepsies dans les déficiences intellectuelles sans lésion cérébrale est éminemment variable. Certaines maladies sont fréquemment associées à une épilepsie, telles que le syndrome de Rett ou le syndrome d’Angelman, alors que d’autres sont plus rarement associées, telles que le syndrome de l’X Fragile. Bien qu’aucune donnée ne soit disponible sur l’épidémiologie de l’épilepsie dans ces maladies considérées dans leur ensemble, on estime que l’épi- Recherches & Perspectives • décembre 2013 • p.8 LA recherche lepsie est relativement fréquente dans les déficiences intellectuelles d’origine génétique. Cette fréquence, relativement élevée, observée chez les enfants atteints d’une maladie orpheline, recouvre une très grande variété de cas : la grande diversité des maladies rares se combine avec une gamme très large de formes d’épilepsies, dont certaines sont pharmacorésistantes. Il s’agit donc à chaque fois d’une situation particulière, à traiter de façon adaptée sur le plan médical mais aussi sur le plan relationnel et psychologique, car la prise en charge met grandement à l’épreuve les familles. FFRE. Y a-t-il des spécificités à la prise en charge des épilepsies apparues dans un contexte de déficience intellectuelle préalablement diagnostiquée ? NBB - L’annonce d’une épilepsie chez un enfant dont le diagnostic de déficience intellectuelle a été préalablement annoncé aux parents, est très douloureuse pour les parents. Au premier abord, leur première interprétation est que leur enfant a une seconde maladie, «l’épilepsie», encore plus grave car plus impressionnante que la première «la déficience intellectuelle». L’épilepsie fait peur et leur fait craindre pour la vie de leur enfant avec des angoisses de mort souvent formulées. En réalité, l’épilepsie fait partie de la déficience intellectuelle et s’exprime dans ces cas après les premiers signes de la maladie qui s’est exprimée tôt dans la vie de l’enfant par un retard du développement. Il est important que le praticien ait connaissance de ce vécu des parents dans la prise en charge de l’épilepsie dans ce contexte. En outre, le fait que l’enfant ait un retard du développement et/ou des troubles autistiques doit faire réfléchir sur le choix des médicaments antiépileptiques à proposer, en limitant au maximum les effets secondaires cognitifs et comportementaux. les parents et l’équipe éducative. Cette caractérisation permet de faire le choix entre traiter et ne pas traiter. Il est également nécessaire d’avoir une bonne connaissance des antiépilepFFRE. Quels sont les critères qui tiques et de leurs effets secondaires. guident vos décisions de prise en En effet, certains antiépileptiques ont charge dans ces contextes de défides effets secondaires intolérables cience intellectuelle ou retard du dévepour l’enfant en situation de handiloppement avec épilepsie ? cap. Parmi ceux-ci l’anorexie sévère, la NBB - Plusieurs éléments sont néperte de poids, ou encore l’agitation ou cessaires à une prise en charge optiles cris. Enfin, la décision de traiter ou male. D’une part, il ne pas traiter, et est indispensable le choix des traichaque situation d’avoir une bonne tements s’effecparticulière est à connaissance de la tuent souvent en traiter de façon adaptée. maladie génétique concertation avec et de son évolution. les parents. Dans Cette connaissance permet d’anticice contexte, l’alliance thérapeutique per le type d’épilepsie chez l’enfant et est un atout majeur pour le succès du surtout de limiter la confusion avec les traitement chez ces enfants. mouvements anormaux, les stéréotypies ou les phénomènes paroxystiques FFRE. Comment les familles concernon épileptiques fréquemment renconnées sont-elles épaulées pour faire trés dans ces maladies face aux difficultés auxquelles elles D’autre part, il est très important d’obsont confrontées ? tenir une caractérisation “opérationNBB - Dans ces situations de maladies nelle” de l’épilepsie avec notamment neurologiques parfois sévères dans la distinction de la fréquence des crises lesquelles l’épilepsie est un surhandi« qui gênent l’enfant », telles que les cap, il est fondamental de soutenir les crises toniques, ou encore les spasmes familles. Le seul soutien qu’apportent ou les chutes, des crises qui « altèrent le médecin hospitalier et l’équipe soipeu sa qualité de vie », telles que les gnante est largement insuffisant. Difféabsences, les myoclonies ou sursauts. rents relais sont proposés. D’une part, Par exemple, dans le syndrome de Rett des relais avec les personnels présents ou encore le syndrome d’Angelman, au quotidien dans les structures de certaines crises comme des absences, rééducation médico-sociales (1) et les ou des myoclonies (sursauts) gênent établissements médico-éducatifs (2) peu la vie et les progrès de l’enfant. Ces sont organisés en lien avec l’hôpital de absences peuvent persister pendant référence. Le médecin traitant est égaplusieurs années sans altérer la qualement un atout important dans la prise lité de vie de l’enfant. En outre, elles en charge de ces enfants. sont souvent résistantes au traitement D’autre part, les parents trouvent un antiépileptique, qui est de plus souvent soutien de la part des associations de mal toléré chez ces enfants. Ainsi, il est patients nombreuses, spécifiques à souvent préférable de choisir de “tolécertaines maladies ou plus générarer” ces crises en concertation avec listes, fédérées dans le cadre de l’Al- Recherches Recherches & Perspectives & Perspectives • décembre • mai 2013 • p.9 LA RECHERCHE PHARMACORÉSISTANCE, SURHANDICAP ET ÉPILEPSIE : QUELLES AVANCÉES ? notamment sur des modèles animaux va permettre d’avancer dans la compréhension des mécanismes FFRE. De quoi avez-vous besoin dans des épilepsies. Il est nécessaire de la les années qui viennent pour que ces favoriser à l’avenir. Dans d’autres mamaladies soient mieux ladies où des Chacune de ces maladies prises en charge et polésions céréneurologiques rares est tentiellement guéries ? brales sont viassez mal connue. NBB - Chacune de sibles en IRM ces maladies neurolocomme les giques rares est assez mal connue. hétérotopies, l’avancée des connaisPour certaines, on connaît les causes sances pourra provenir des études génétiques, liées soit à des mutations fonctionnelles telles que l’EEG IRM dans des gènes identifiés (ex : mutafonctionnelle mais aussi des modèles tions dans MECP2 dans le syndrome animaux. Ces recherches pourront de Rett, ou UBE3A dans le syndrome permettre de définir le point de départ d’Angelman), soit à des anomalies de l’épileptogenèse et son évolution. chromosomiques (ex : délétion 1p36 Connaître ce processus pourra certaidans le syndrome de del1p36). Dans nement nous donner des perspectives ces situations, le mécanisme des épipour de nouvelles pistes thérapeulepsies n’est pas connu. La recherche tiques. l Notes 1- CAMSP : centre d’action médico-sociale précoce ; CMPP : centre médicopsycho-pédagogique ; SESSAD : service d’éducation spéciale et de soins à domicile 2- IME : institut médico-éducatif. - De 3 à 20 ans, en institut médicoéducatif (IME terme générique). - De 3 à 14 ans, en internat médico-pédagogique (IMP) ou externat médicopédagogique (EMP). - De 14 à 20 ans, en institut médicoprofessionnel (IMPRO). Ces derniers prennent en charge des adolescents et assurent l’acquisition d’un savoir-faire pré-professionnel ou professionnel. Propos recueillis par Florence PICARD © Slobodan Vasic - istock.com liance Maladies Rares (www.alliancemaladies-rares.org/). Recherches & Perspectives • décembre 2013 • p.10 Article Nos Lachercheurs recherche Quelles avancées pour la prise en charge des epilepsie phaRmacorésistantes de l’adulte ? Entretien avec le Dr Philippe Kahane Dr Philippe Kahane neurologue et neurophysiologiste, est responsable de l’unité d’épileptologie du CHU de Grenoble et est rattaché à l’équipe de recherche d’épileptologie fondamentale dirigée par Antoine Depaulis (INSERM U836, équipe 11). Il est membre du Conseil scientifique de la FFRE. Il fait le point avec nous sur la prise en charge des épilepsies pharmacorésistantes chez l’adulte, et sur les espoirs nés des nouvelles molécules et des traitements chirurgicaux. Le souhait bien légitime des patients épileptiques dont les crises résistent au traitement médicamenteux est de voir leurs crises disparaître sans porter atteinte à leur santé. Pour se faire, les médecins disposent d’une gamme de molécules de plus en plus large, et des progrès en ce sens sont réalisés en permanence, notamment pour limiter les effets secondaires des médicaments. En cas d’échec des médicaments, la chirurgie peut s’avérer un recours, mais elle n’est indiquée que dans certaines formes d’épilepsies bien particulières. Dans tous les cas, c’est le rapport bénéfice/risque du traitement, par médicaments ou par chirurgie, qui doit toujours être pris en compte. FFRE. Qu’appelle-t-on "épilepsie pharmacorésistante" ? Dr Philippe Kahane - La définition la plus communément admise en France est celle proposée par l’ANAES en 2004 : « persistance de crises de nature épileptique certaine chez un patient compliant (…), malgré l’utilisation préalable en monothérapie séquentielle d’au moins 2 médicaments antiépileptiques et d’au moins une association de 2 médicaments antiépileptiques pendant une durée suffisante pour permettre d’en apprécier l’efficacité ». Récemment, la Ligue Internationale Contre l’Epilepsie a défini la pharmacorésistance comme « l’échec à obtenir une disparition persistante des crises en dépit de l’utilisation adéquate de deux médicaments antiépileptiques bien tolérés et appropriés, prescrits en monothérapie ou en association ». Il est habituellement accepté qu’environ de 3e, voire 4e génération, présentent 30 % des épilepsies s’avèrent pharmasurtout l’avantage d’entraîner moins corésistantes, et il a été estimé en France d’effets secondaires et d’être d’utilisaqu’il existait environ 150 000 cas phartion plus aisée. Ces nouveaux médicamacorésistants prévalents, dont plus de ments ont indiscutablement amélioré 20 000 touchant la population des moins le confort des patients dont l’épilepsie de 20 ans. s’avère phar6 000 et 12 000 patients macosenpourraient bénéficier en FFRE. Quelles sont sible, mais ils France d’un bilan préles avancées en ce n’ont eu que chirurgical. domaine ? Est-ce que peu d’impact de nouvelles molécules sur les crises apparaissent, qui améliorent le taux de des patients dont l’épilepsie est mal réussite des traitements et diminuent contrôlée. Leurs utilisation ne doit pas le taux d’épilepsies pharmacorésispour autant être négligée car certaines tantes ? formes d’épilepsies peuvent s’avérer PK - Il existe désormais plus d’une trenfinalement pharmacosensibles même taine de molécules disponibles pour après utilisation d’innombrables traitetraiter les épilepsies. Ce choix élargi ments, et leur recours semble suscepdonne plus de chances aux patients de tible de réduire le risque de mortalité trouver le traitement qui leur convient. associé aux épilepsies pharmacorésisLes molécules les plus récentes, dites tantes. Recherches Recherches & Perspectives & Perspectives • décembre • mai2013 2013••p.11 p.11 PHARMACORÉSISTANCE, SURHANDICAP ET ÉPILEPSIE : QUELLES AVANCÉES ? FFRE. Ce risque de mortalité est-il important ? PK - Ces dernières décennies, de nombreuses études ont montré que les patients qui souffrent d’une épilepsie, en particulier pharmacorésistante, ont un risque de décès environ 5 fois supérieur à celui de la population générale. Cela représenterait en France environ 3 000 décès par an. Ces décès sont de causes variées, souvent identifiables (étiologie de l’épilepsie, circonstances de survenue des crises, état de mal épileptique, suicide), mais parfois aussi de mécanisme plus incertain, cas de la mort subite et inattendue (ou SUDEP) qui semble survenir au cours d’une crise mais dont les mécanismes ne sont pas encore clairement élucidés. Le problème de la mortalité lié à l’épilepsie fait l’objet de nombreuses recherches, notamment en France, et la FFRE s’est d’ailleurs largement investie dans ce combat. FFRE. Et les effets secondaires des médicaments ? Sont-ils si graves qu’ils puissent empêcher le traitement ? PK - Ils sont de nature et de gravité très diverses. Ils dépendent à la fois du médicament lui-même et de sa possible toxité (par ex. allergie, atteinte hépatique, prise de poids, etc.), du patient (âge, sexe, comorbidités associées), et d’autres médicaments éventuellement co-prescrits (risque d’interférences médicamenteuses). Ils doivent être rigoureusement recherchés et discutés avec le patient pour en évaluer l’impact, et selon les cas, conduire à l’interruption du médicament responsable. La large gamme d’antiépileptiques actuellement disponible permet dans la très grande majorité des cas de trouver un compromis acceptable entre l’efficacité sur les crises et les effets indésirables. FFRE. Comment procédez-vous en cas d’échec des premiers traitements ? Le mieux pour le malade n’est-il pas d’essayer toutes les molécules et de ne s’avouer vaincu que si elles ont toutes échoué, soit par suite d’effets secondaires handicapants, soit par efficacité insuffisante sur les crises ? PK - La stratégie d’essais médicamenteux séquentiels, tout comme l’initiation du traitement, ne peut être généralisée à l’ensemble des patients qui souffrent d’épilepsie tant les circonstances sont variables. L’enfant, la femme (contraception et grossesse éventuelles) et la personne âgée représentent trois populations particulièrement sensibles pour le choix des traitements à mettre en œuvre. En règle générale, c’est le rapport bénéfice/effets indésirables qui doit guider le choix de la stratégie thérapeutique, et ce choix doit être discuté avec le patient et/ ou son entourage afin qu’un contrat clair puisse être établi. Il peut ainsi parfois s’avérer moins délétère d’accepter la persistance de crises peu fréquentes et/ou peu invalidantes plutôt que de vouloir à tout prix les supprimer au prix d’effets secondaires plus invalidants que les crises elles-mêmes. FFRE. Et la chirurgie ? Quand quels cas est-elle possible ? PK - La chirurgie dite curative (c’està-dire ayant pour but de supprimer les crises par ablation de la zone cérébrale responsable de leur survenue) ne concerne qu’une minorité (10 %) des patients souffrant d’une épilepsie pharmacorésistante : elle n’est indiquée que lorsque les crises sont focales ou partielles (point de départ localisé dans le cerveau) et que le geste chirurgical envisagé peut être réalisé sans créer de nouveau déficit. On évalue entre 6 000 et 12 000 le nombre de patients qui pourraient bénéficier en France d’un bilan © nikesidoroff - fotolia.com LA recherche Article préchirurgical, dont 25 % à 50 % relèveront effectivement d’une opération au terme du bilan - souvent lourd - réalisé. Dans les autres cas, c’est-à-dire chez les patients pour lesquels aucun geste chirurgical curatif ne peut être envisagé, des interventions palliatives peuvent être proposées, parmi lesquelles la plus commune est la stimulation chronique intermittente du nerf vague. Il ne faut cependant pas attendre de cette méthode une suppression complète des crises, mais seulement une amélioration de leur fréquence et/ou de leur sévérité, et ce chez seulement la moitié des patients. D’autres méthodes de neurostimulation sont en cours d’évaluation, et une étude multicentrique française va prochainement débuter en France, visant à évaluer le bénéfice de la stimulation chronique du noyau antérieur du thalamus (une structure située dans la profondeur du cerveau) chez des patients souffrant d’une épilepsie pharmacorésistante, ne relevant pas de la chirurgie curative, et chez lesquels la stimulation vagale s’est avérée un échec (Etude “France”, projet STIC 2013). l Propos recueillis par Florence PICARD Recherches & Perspectives • décembre 2013 • p.12 Projets financés Facteurs de risque de mort subite dans l’épilepsie : premier bilan Par le Dr Marie-Christine Picot, Montpellier De nombreuses études réalisées au cours de cette dernière décennie ont montré qu’il existe, chez les patients avec épilepsie, une surmortalité 2 à 5 fois plus élevée qu’en population générale. Cette surmortalité touche principalement les patients présentant une épilepsie pharmacorésistante. Les causes sont nombreuses. Certains décès sont directement liés à la pathologie responsable de l’épilepsie comme des accidents vasculaires cérébraux ou des tumeurs. D’autres sont liés à la survenue de crises dans des circonstances dangereuses (noyades, brûlures, chutes…) ou à des crises compliquées par un état de mal épileptique (succession ininterrompue de crises). Les suicides sont également plus fréquents chez les patients avec épilepsie que dans le reste de la population. Enfin, certains décès surviennent soudainement sans cause précise, on parle alors de mort soudaine inattendue dans l’épilepsie (ou SUDEP pour Sudden Unexpected Death in EPilepsy). Il a été montré que les SUDEP surviennent dans les suites immédiates d’une crise et en seraient donc la conséquence directe. Avec le soutien de la Fondation Française pour la Recherche sur l’Epilepsie (FFRE) et sous l’égide de la Ligue Française contre l’épilepsie (LFCE), un réseau sentinelle national de surveillance de la mortalité liée à l’épilepsie a été créé en 2010 afin de répondre aux interrogations des patients et de leur famille et faciliter la mise en place de projets de recherche. Le premier objectif de ce réseau est de recueillir les causes et les circonstances exactes des décès liés à l’épilepsie. L’analyse détaillée des causes et circonstances des décès signalés dans le réseau devrait permettre d’identifier des décès potentiellement évitables et de promouvoir secondairement des mesures de prévention. Ce réseau a aussi pour objectif de mettre en place des actions pour accompagner les familles endeuillées en leur proposant de rencontrer d’autres familles ayant vécu les mêmes épreuves ou de s’entretenir avec un neurologue ou un neuropédiatre pour répondre à leurs questions. Ce réseau représente aussi un espace de communication entre les professionnels, les patients et les associations, ce qui devrait permettre de favoriser le dialogue patient-médecin autour de la mortalité liée à l’épilepsie. Enfin, les données recueillies dans ce cadre doivent servir de fondement à la réalisation de projets de recherche. Ainsi, à partir des cas signalés au réseau et grâce au soutien de la FFRE, une étude sur les facteurs de risque de SUDEP a été mise en place en s’appuyant sur les pistes nouvelles issues de la recherche fondamentale (évènements de vie stressants, antécédents familiaux de mort subite, interactions médicamenteuses...). Des données médicales sont recueillies auprès du neurologue après accord des familles et un entretien est réa- lisé à distance du décès par un psychologue afin de recenser les attentes et besoins des familles mais aussi de connaître avec précisions les circonstances du décès, l’histoire de la maladie, la recherche d’antécédents familiaux ou encore de troubles associés (cardiaques, neurologiques, troubles de l’humeur…). Ces mêmes données sont collectées dans un groupe de patients avec épilepsie de sévérité proche et d’âge comparable. Ce sont les différences observées entre ces deux groupes qui permettront d’identifier les facteurs de risque. A ce jour, 114 décès ont été signalés dans le cadre du réseau. Les signale- Recherches & Perspectives • décembre 2013 • p.13 PROJETS FINANCés Facteurs de risque de mort subite dans l’épilepsie : premier bilan ments sont principalement effectués par les neurologues mais 17 familles ont également choisi de prendre directement contact avec le centre coordonnateur. Le recensement est national excepté 5 régions n’ayant effectué aucun signalement à ce jour. La plupart des signalements (75 %) correspondaient à des SUDEP. 57 familles endeuillées ont participé à l’étude sur les facteurs de risque de SUDEP. Seules 2 familles ont refusé. Les premiers résultats obtenus sont en accord avec les études précédemment publiées dans la littérature scientifique. Les cas recensés sont essentiellement de jeunes adultes (âge moyen au moment du décès : 31 ans), plutôt de sexe masculin (57 %). Ce sont des patients dont l’âge de survenue de l’épilepsie est majoritairement inférieur à 16 ans (70 %). La plupart d’entre eux présentaient une épilepsie résistante aux traitements (80 %) avec une fréquence élevée de crises tonico-cloniques et traités par plusieurs antiépileptiques (75 % d’entre eux avaient au moins 2 médicaments antiépileptiques). 20 % des patients avaient une observance moyenne ou mauvaise. La plupart des décès ont lieu au domicile, sans témoin, souvent durant la nuit ou pendant une sieste (75 % des cas). A ce jour, 47 entretiens ont pu être réalisés auprès de patients du groupe témoin. D’ici fin 2014, ce sera le témoignage de 100 familles et 300 patients qui devra être recueilli pour permettre d’identifier avec suffisamment de précision les facteurs de risque potentiels. des entretiens auprès des familles apporte des éléments précieux pour aborder la question du risque de décès, et particulièrement de mort subite, de manière plus adaptée. Ces entretiens montrent également que les familles sont peu informées des risques liés à l’épilepsie. Des efforts doivent être poursuivis dans ce sens pour donner au patient et à ses proches toute la connaissance nécessaire pour limiter ces risques en développant en particulier des programmes d’éducation thérapeutique. l Lancé en janvier 2010, le réseau représente aujourd’hui un lieu d’échange entre les professionnels de santé, les patients souffrant d’épilepsie et leurs proches. L’information collectée lors Vous souhaitez des informations complémentaires sur le réseau, sur la mortalité liée à l’épilepsie, sur l’avancement des travaux, les coordonnées des correspondants réseau dans votre région… ? Consultez le site www.mortalite-epilepsie.fr. Vous souhaitez prendre contact avec le réseau suite à un décès ? Contactez le centre coordonnateur ([email protected] / Tel. : 04 67 33 89 79) ou votre correspondant régional ou le réseau des familles endeuillées ([email protected]) ou complétez directement une fiche sur www.mortalite-epilepsie.fr Vous souhaitez participer au projet de recherche ? Contactez le centre coordonnateur de l’étude ([email protected] / Tel. : 04 67 33 89 79) Recherches et Perspectives • Lettre d’information publiée par la Fondation Française pour la Recherche sur l’Epilepsie - 28 rue Tronchet, 75009 PARIS - Tél : 01 47 83 65 36 [email protected] • www.fondation-epilepsie.fr • Directeur de publication : Bernard Esambert • Rédactrice en chef : Emmanuelle Allonneau-Roubertie • Préparation, rédaction et interviews : Vanessa Barros-Jones (pages 2-3, 5-6, 15), Florence Picard (pages 8 à 12) • Remerciements à : tous ceux qui ont contribué à l’élaboration de ce numéro • Conception et impression : EXPRESSION GROUPE. Recherches & Perspectives • décembre 2013 • p.14 billet billet d’humeur d’humeur Dur dur, pour une maman, l’epilepsie d’un enfant ! temps. J’en ai vu des professionnels avant que je trouve la personne dont l’approche me convenait. Je suis contente d’avoir continué à chercher pour enfin trouver la bonne personne, même si cela a pris du temps. C’est une psychiatre remarquable, mère de 5 enfants dont l’un avec un retard de développement, qui m’a apporté l’aide la plus précieuse : elle me parle comme à une adulte, de femme à femme, me donne des conseils ultra-pratiques pour gérer le comportement de mon enfant, m’apporte des informations précieuses quant à sa scolarité. J’ai l’impression d’avoir affaire à une amie ou à une grande sœur plutôt qu’à la grande spécialiste qu’elle est. Elle m’a également suggéré une aide médicamenteuse (dont j’ai longtemps cru ne pas avoir besoin), qui m’a permis de voir les choses de façon plus sereine. Je crois que l’enseignement le plus important qu’elle m’ait transmis a été que, sans une mère en pleine forme moralement, mon fils n’avait plus toutes ses chances, que son développement passait avant tout par mon bonheur et mon bien-être. » l Diplômée de l’ESSEC, Vanessa Barros-Jones a mené une carrière internationale dans la publicité. Elle réside aujourd’hui à Singapour où elle a entamé un Doctorat sur la diversité culturelle tout en gérant un cabinet de conseil en Marketing et Communication. Maman de trois garçons dont un souffrant d’épilepsie, Vanessa, découvrant la FFRE, m’a immédiatement envoyé des textes, écrits sur le vif de ses sentiments de maman. S’ils sont parfois iconoclastes, il m’a semblé que les lecteurs de R et P ne s’en formaliseraient pas car ils sont avant tout l’expression de la souffrance, de l’inquiétude et des doutes permanents lorsque l’épilepsie arrive dans une famille. Nous donnerons donc désormais une petite place à Vanessa dans R et P. Un grand coup de chapeau à Vanessa et à vous tous, familles touchées par l’épilepsie ! EAR « Quand le pédiatre de mon fils m’a enfin recommandé d’aller voir un neuropédiatre (à l’époque Adrian ne répondait plus à son prénom, se balançait sans cesse, mangeait comme un vorace et criait toutes les nuits), j’étais sur mon lit de maternité, venant d’accoucher de mon troisième enfant. Les années qui ont suivi ressemblent aux années de bien d’autres parents d’enfants épileptiques : nuits sans sommeil, services de neuropédiatrie, EEG de nuit à l’hôpital, médication régulière infernale à administrer, fatigue nerveuse et physique, alternances de victoires et de ! déceptions… Adrian a été ma première mauvaise note. C’est bizarre d’en parler en ces termes, mais l’idée d’avoir un enfant malade et avec un retard mental me mortifiait au-delà du chagrin et des craintes que je pouvais éprouver pour lui. Le travail m’a pas mal aidée à gérer la situation. Je mettais mes problèmes au vestiaire en arrivant au bureau. Et puis, il a fallu se rendre à l’évidence bien des années plus tard (peut-être un peu tard) : la maladie de mon fils avait affecté mon moral de façon significative et, sans me l’avouer, j’étais en dépression depuis long- Bon de soutien régulier o Oui, je décide de soutenir régulièrement la Fondation Française pour la Recherche sur l’épilepsie grâce au prélèvement automatique. Je reste libre d’arrêter mon soutien à tout moment. Je précise ci-contre le montant et l’échéance choisis et je remplis le mandat SEPA. e o Je vous autorise à prélever sur mon compte la somme de > Ces prélèvements devront être effectués tous les : o mois o 3 mois o 6 mois o 12 mois R&P - Décembre 2 013 Mandat SEPA : Référence unique du mandat Veuillez compléter ce document En signant ce formulaire de mandat, vous autorisez la FFRE à envoyer des instructions à votre banque pour débiter votre compte, et votre banque à débiter votre compte conformément aux instructions de la FFRE. Vous bénéficiez du droit d’être remboursé par votre banque selon les conditions décrites dans la convention que vous avez passée avec elle. Une demande de remboursement doit être présentée : - dans les 8 semaines suivant la date de débit de votre compte pour un prélèvement autorisé, - sans tarder et au plus tard dans les 13 mois en cas de prélèvement non autorisé. Titulaire du compte Nom Prénom N°Rue C P Nom du créancier Nom du créancier Identifiant du créancier N°Rue Ville Pays 2. Coordonnées du compte CP Ville Pays Type de paiemento Récurent/Répétitif Zone réservée à l’usage exclusif du créancier Numéro d’identification international du compte bancaire - IBAN (International Bank Account Number) Code international d’identification de votre banque - BIC (Bank Identifier Code) 4. Date et lieu Signature obligatoire Fondation Française pour la Recherche sur l’épilepsie 28, rue Tronchet 75009 Paris N° national&d’émetteur : 448 1642013 • p.15 Recherches Perspectives • novembre aidez la fondation INFORMEZ SUR l’EPILEPSIE, EN FAISANT CONNAîTRE LA FONDATION Vous trouverez avec ce numéro de R et P une plaquette grand public, que nous venons d’éditer. Cette plaquette a pour vocation de donner le maximum d’informations, souvent inconnues, sur la maladie, et bien sûr, par la même occasion, de faire connaître la Fondation et ses actions et de recueillir davantage de dons. Et plus de dons veut dire plus d’actions pour faire avancer la recherche et la connaissance de la maladie ! Vous pouvez nous aider, de façon très simple ! Si chaque destinataire de cette revue met une dizaine de plaquettes chez deux ou trois de ses référents médicaux (médecins, pharmacies…) et/ou chez ses commerçants, nous multiplierons de façon considérable notre visibilité et donc nos opportunités de développement et de levées de fonds. Commandez directement le nombre de plaquettes que vous souhaitez, en indiquant bien votre adresse, sur : [email protected] par courrier adressé à la Fondation ou au 01 47 83 65 36. Rien ne peut se faire sans VOUS ! D’avance, merci Emmanuelle ALLONNEAU-ROUBERTIE ! Bulletin de don FFRE à retourner dans l’enveloppe T ci-jointe ou don en ligne sur www.fondation-epilepsie.fr o Oui , je soutiens les actions de la Fondation Française pour la Recherche sur l’épilepsie et je fais un don de : o 15 e (3,75 e*) o 40 e (13,60 e*) o 75 e (25,50 e*) o 100 e (34 e*) o 150 e (51 e*) o Autres e * Pensez aux déductions fiscales : votre don de 15 euros ne vous coûte que 3,75 euros dans le cadre de l’impôt sur le revenu. En donnant à la Fondation vous bénéficiez aussi de déductions fiscales sur l’ISF ou sur l’impôt sur les sociétés. Je règle par o chèque postal ou bancaire à l’ordre de la FFRE. o prélèvement automatique (voir p. 15). FFRE 28, rue Tronchet 75009 Paris www.fondation-epilepsie.fr Fondation reconnue d’utilité publique En application de la loi informatique et libertés du 6/1/78, vous disposez d’un droit d’accès et de rectification des données vous concernant ou d’opposition à l’utilisation de votre adresse par des tiers. Nom Prénom Adresse Code postal Je souhaite recevoir les publications de la Fondation Ville o par voie postale o par courrier électronique. o Le cas échéant, j’accepte d’être contacté afin d’apporter mon Téléphone (facultatif) témoignage sur la maladie. E-mail Date de naissance (facultatif) Recherches & Perspectives • novembre 2013 • p.16