Jeu dangereux Main Creek Jacob Aaron Estes signe son premier
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Jeu dangereux Main Creek Jacob Aaron Estes signe son premier
Jeu dangereux Main Creek Jacob Aaron Estes signe son premier opus sur la jeunesse Américaine désenchantée. Des personnages poignants se meuvent dans les eaux troubles de la vie. Ce film portraiture une société à la dérive. Bouleversant. Estes rejoint Larry Clark et son film sulfureux Bully, dans le panthéon des films Américains pour adolescents en mal de vivre. Quant à Elephant de Gus Van Sant, qui veut se démarquer par le choix d’un fait divers réaliste, il s’allie à ces deux films par l’évocation de la crise perpétuelle et croissante qui touche l’adolescence Américaine. Main Creek, par son rythme mélodieux et grâce à des protagonistes plus rationnels, se distingue cependant. Sa force résultant dans la disparition de la violence et d’un besoin de compréhension envers la souffrance d’autrui. Malgré, une nature luxueuse en toile de fond pour illustrer cette histoire, les teenagers n’ont pourtant plus d’échappatoire. Au milieu coule une rivière Sam (Rory Culkin, frère du célèbre Macaulay) souffre de sa faiblesse envers George la brute épaisse de l’école. Son frère aîné projette une vengeance afin que ce dernier ne recommence plus. Par un guet-apens, les cinq jeunes gens traquent leur proie mais finissent pas se désavouer. Malheureusement, une mésaventure imprévisible se chargera de leur sort. La mise en garde du réalisateur se profile pas à pas. Dans un premier temps, il présente des êtres innocents plus ou moins sérieux. Puis, il va s’attacher à montrer le mauvais côté de leur tempérament. Animés par un esprit malveillant, la bande de copains ne cherche qu’à assouvir sa revanche. Estes excelle dans le mélodrame, étant donné que le spectateur devient complice d’une cruauté à demi partagée (le personnage de Millie, seule fille du groupe symbolisant la sagesse et l’innocence) d’une part, et, d’autre part, il est témoin de la culpabilité collective qui s’empare des uns et des autres. Les effets cinématographiques sont minimes, des plans larges esquissent une faune riche et radieuse ; des plans rapprochés, filment les reflets lumineux sur une eau limpide mais source d’un danger. Une certaine poésie se décèle dans cette ambiance bucolique qui fait presque oublier le but de la promenade des enfants. Et au milieu coule une rivière, maîtresse de leur destinée, qui les conduira droit à une détresse irrévocable. Incontestablement, le réalisateur maîtrise son film, insistant uniquement sur ses acteurs victimes de leurs faits et gestes qui vont les trahir. Ce film ravive les méfaits de la société d’un œil averti. Critique d’une génération Livrés à eux-mêmes, les ados de Estes sont similaires à tous les stéréotypes des films pour djeuns. Où est l’autorité parentale dans cette Amérique déchue ? Avec brio et d’entrée de jeu, le scénariste démontre sa lâcheté ainsi que son refus de communication. Les enfants possèdent une arme, procurée en vente libre ; ils boivent de la bière tout en conduisant, ne vont plus à l’école. Bref, ils sont libres d’agir comme bon leur semble. Gus Van Sant, Larry Clark, ont constaté que ce phénomène ne pouvait qu’entraîner la mort, sans aucune équivoque. Quant à Mean Creek, c’est une critique moins virulente d’une génération. Le rachat semble plausible. Une anse d’espoir s’offre encore à la dure moralité de cette histoire. Parler d’un happy end, serait déplacé mais une croyance en l’honnêteté est perceptible, et ça fait du bien de savoir que le diable n’arbore pas toujours des traits enfantins. Cette chronique permet de s’interroger sur le devenir de la communauté, où va nous mener nos actes ? Quel avenir pour nos progénitures ? La réponse n’est pas donnée forcément dans ce film, mais il aide à y réfléchir avec attention et habileté. Mean Creek .Américain.2004. Drame de Jacob Aaron Estes, avec Rory Culkin, Ryan Kelley, Carly Shroeder,Trevor Morgan, Scott Mechlowicz, Josh Peck… Durée: 1h 29mn. Scénario : Jacob Aaron Estes. Producteur : Rick Rosenthal. Distribution : Metropolitan Film Export. Sortie le 29 Septembre 2004. Juliette Couderc