chapitre 1 - Salvation Army

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chapitre 1 - Salvation Army
CHAPITRE 1
LE SALUTISME
La sainteté et les caractéristiques essentielles du salutisme
Une distinction cruciale et fondamentale
Une voix retentit : « L’Armée du Salut n’est-t-elle pas dépassée? » J’étais pris à partie en
public J’eus l’impression que l’Armée faisait l’objet d’un procès et que j’étais son avocat. Le
Seigneur m’est venu en aide. Pour commencer, il fallait clarifier la question. Il s’est avéré que
ceux qui l’avaient posée étaient bien informés sur l’Armée. Ils connaissaient nos structures et
nos méthodes, nos doctrines et nos politiques. La question ne concernait donc pas tant
l’Armée du Salut à titre d’organisation, mais plutôt la nature du salutisme. Il est important de
ne pas confondre Armée du Salut et salutisme.
Si l’Armée du Salut est l’entité ecclésiastique connue sous ce nom – c’est -à-dire une vaste
organisation internationale qui est à la fois une église évangélique et un organisme de services
sociaux (voir Who Are These Salvationists? – An Analysis for the 21 st Century [Alexandria,
Crest Books, 1999], de l’auteur du présent ouvrage) –, le salutisme est la somme ou la
combinaison de diverses caractéristiques propres à l’Armée. Le terme « salutisme » connote
certaines attitudes, une vision du monde particulière. Il constitue un amalgame de croyances,
de prises de position, d’engagements et de vocations qui ne se retrouvent tous ensemble dans
aucun autre organisme, religieux ou laïque.
En réalité, la question était : « Le salutisme n’est-il pas dépassé? ». Pour répondre
adéquatement, il fallait saisir le sens indéfinissable du salutisme. « Qu’est-ce que le
salutisme? » et « Qu’est-ce que l’Armée du Salut? » sont deux questions différentes. Il est
assez facile de répondre à la deuxième en décrivant notre histoire, nos méthodes et nos
structures. Par contre, le salutisme est ce qui sous-tend toutes ces choses. Il fait de nous ce que
nous sommes. Le salutisme touche notre pouls, notre coeur qui bat. Il rassemble les
caractéristiques qui font de nous un peuple distinct, appelé par Dieu.
Dieu est le créateur du salutisme. L’Armée du Salut a été levée par Dieu, qui lui a confié le
salutisme comme une responsabilité sacrée. L’Armée est donc la gardienne, désignée par
Dieu, du salutisme. Comme nous l’avons déjà dit, il est important de ne pas confondre l’une
et l’autre.
Par conséquent, le présent essai vise à réaffirmer les notions fondamentales du salutisme. La
sainteté se trouve au coeur de ce processus de réaffirmation.
Obéissance à Dieu
Il est encore important, aujourd’hui, de pouvoir décrire nos caractéristiques à titre d’entité
chrétienne. Nous ne devons pas nous laisser perturber par ceux qui demandent que l’on
accorde moins d’attention aux distinctions confessionnelles. Il est vrai que le
confessionnalisme peut être – et a souvent été – une barrière nuisible entre les chrétiens. Par
exemple, en Amérique du Nord, il existe quelque 1 500 confessions et religions. C’est
pourquoi chaque génération doit comprendre qui nous sommes en ce qui a trait à notre
relation particulière avec Dieu en tant que peuple. Nous ne prétendons pas être meilleurs que
les autres, et nous n’accusons personne. Cependant, nous voulons très certainement deux
choses : savoir ce que Dieu attend de nous et lui obéir. S’il nous a appelés à être son peuple
distinct, nous ne pouvons pas risquer la désobéissance. S’il veut que nous soyons
complètement salutistes, c’est ce que nous serons. Nous persisterons à porter les traits
distinctifs du salutisme, et résisterons aux efforts faits pour les banaliser ou les faire
disparaître.
Les traits distinctifs que j’ai retenus après avoir rempli des affectations de l’Armée du Salut
sur cinq continents et voyagé dans tous les pays où elle est implantée, ne sont peut-être pas
ceux dont on entend souvent parler. Ainsi, je ne pense pas nécessairement à des choses
comme les fanfares et les grades, ou le vocabulaire et la musique militaires. Nous devons
chercher plus profondément. Les caractéristiques durables du salutisme ne sont pas
synonymes de méthodes, de programmes ou d’ornements extérieurs. Habituellement, ces
choses constituent simplement un moyen d’atteindre une fin, même si nous nous sommes bien
légitimement attachés à certaines d’entre elles.
La recette du gâteau salutiste?
En quoi consiste donc le salutisme? Si nous devions confectionner un gâteau salutiste, quels
en seraient les ingrédients essentiels? Certains gâteaux pourraient contenir quelques -uns des
éléments de notre gâteau salutiste, mais seul celui -ci pourrait les contenir tous. Je suggère ici
huit ingrédients, que j’énumérerai tout d’abord sous la forme substantive :
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
Réalisme
Idéalisme
Intégration
Compassion
Simplicité
Internationalisme
Visibilité
Audibilité
Il nous faudra utiliser ces ingrédients en parties égales. Passons-les en revue un à un, mais en
employant cette fois-ci la forme adjectivale. Par exemple : Le salutisme est une expression de
l’Évangile inventée par Dieu et confiée à l’Armée du Salut. À son meilleur, il est réaliste,
idéaliste, intégrateur, compatissant, simple, international, visible et audible. Le salutisme a vu
le jour il y a environ 140 ans, s’est implanté dans 108 pays et est présent sur chacun des
continents.
Cette description (il ne s’agit pas d’une définition) nécessite des explications. À première vue,
elle peut sembler un peu faible, car on pourrait croire que toute église recherche naturellement
ces qualités. C’est pourquoi nous devons analyser ici chacun des adjectifs ci-dessus. Et c’est
ce que nous allons faire maintenant, parce que ce ne sont pas toutes les confessions qui
recherchent toutes ces qualités. Puis, à la fin de mon analyse, j’ajouterai un neuvième
ingrédient : la vulnérabilité. Car nous devons être honnêtes et dire à voix haute, à notre
intention comme à celle des autres : le salutisme est une chose vulnérable.
Le salutisme est réaliste (première caractéristique)
Le salutisme est réaliste. Il est complètement terre à terre en ce qui concerne la nature
humaine et le péché. On dit qu’il est impossible de scandaliser un salutiste chevronné en lui
décrivant la noirceur de vos péchés ou l’immoralité de votre mode de vie. Nous croyons la
Bible lorsqu’elle nous dit qu’aucune bassesse n’est hors de notre portée.
Nous avons observé, ou vécu nous-mêmes, la véritable laideur du péché. Certains pourraient
se décourager devant une telle situation, mais ce n’est pas notre cas. Encore aujourd’hui, nous
demandons à Dieu la grâce de répondre à l’appel de notre fondateur, le général William
Booth : « Allez vers les âmes, et choisissez les plus noires! ». Nous sommes appelés à nous
engager auprès de la lie de l’humanité. Nous devons donc aller là où elle se trouve. Le
salutisme recherche activement ces âmes perdues. Il n’attend pas qu’elles lui demandent son
aide.
Le salutisme ne fait pas partie non plus de ceux qui estiment que le péché est acceptable de
nos jours. Car le péché n’est pas acceptable. C’est la Bible qui nous le dit. Satan se réjouira
bruyamment le jour où le salutisme ne maintiendra plus bravement, intelligemment et
intentionnellement ses critères de pureté et de droiture. Notre compréhension de l’horreur du
péché, de sa nature insidieuse, de sa capacité de nous réduire en esclavage ne doit pas faiblir.
Par conséquent, le salutisme est constamment sur ses gardes. Le grand Winston Churchill a
dit : « Nous devons être prêts à tout moment à repousser ce que l’ennemi décidera de nous
lancer au moment choisi par lui. » Il parlait de guerre matérielle. Mais ses paroles
s’appliquent encore mieux à la guerre spirituelle.
Le salutisme sait qu’un péché est une désobéissance aux lois ou à la volonté de Dieu. Le
péché est essentiellement contre Dieu, même si les premières victimes de nos actions
mauvaises sont d’autres personnes. Le salutisme considère que le pécheur est responsable de
ses péchés, car même s’il est susceptible de pécher, l’être humain est libre. Nous savons que
le péché nous sépare de Dieu. Il entraîne un sentiment de culpabilité et attire la colère divine.
Il piège l’être humain et le réduit en esclavage; il assombrit son esprit et avilit son cœur. Il
affaiblit la volonté et endort la conscience. Il est puni par la mort, car l’âme pécheresse non
repentie ne verra pas Dieu. Le péché est un mal terrible aux conséquences atroces. C’est
pourquoi notre travail de sauveurs d’âmes est si urgent.
Cependant, le salutisme renferme le symbole de l’âme humaine qui rencontre son CréateurRédempteur : le propitiatoire (banc des pénitents) (Exode 25:17; 26:34). Aucun lieu de culte
de l’Armée du Salut n’est complet sans un banc des pénitents. Celui-ci correspond à notre
pouls, aux battements de notre coeur. C’est là que le pécheur trouve le pardon et le saint se
voit offrir une grâce encore plus abondante. Par conséquent, au cœur de notre vision réaliste
du péché se trouve un idéalisme optimiste et invincible quant aux hauteurs que l’être humain
peut atteindre en Christ.
Le salutisme est idéaliste (deuxième caractéristique)
Il ne s’agit pas d’un idéalisme naïf. Nous ne sommes pas des romantiques utopistes. Nous
avons notre part de rêveurs, mais les rêves et les visions des salutistes ne dépassent pas le
domaine du possible. Confiants en la Parole de Dieu, nous misons tout sur l’offre de pardon
divin proposée par Jésus de Nazareth, Fils de Dieu, notre Sauveur. Un homme ou une femme
peut s’arracher des profondeurs du péché pour atteindre, ici et maintenant, les formes les plus
élevées de la droiture et de la pureté. C’est ce que Jésus fait pour l’être humain. Le salutisme
croit ardemment au pardon de Dieu en présence d’un repentir sincère. Nous croyons en outre
que ce même pardon est offert à chacun. L’expiation vécue par notre Seigneur a été faite au
nom de toute l’humanité. Tous ceux qui le veulent peuvent profiter de cette offre
miséricordieuse. Dieu n’a exclu personne. Il désire que chacun soit sauvé.
Ainsi, le salutisme implique une certitude inébranlable que personne n’est exclu de l’amour et
du salut de Dieu révélés en Jésus-Christ. Nous devons prêcher, enseigner et communiquer en
toute occasion l’amour sans égal de Dieu pour les pécheurs. Jésus a prouvé cet amour sur le
Calvaire lorsqu’il a payé le prix de notre salut. Il s’est mis à notre place. Nous proclamons que
le sang versé de Jésus est le seul remède au péché. Ce message doit imprégner nos sermons,
nos enseignements, nos écrits et nos pensées à tous les niveaux. C’est le fondement de chaque
manifestation du salutisme dans le monde.
Toutefois, le salutisme ne s’arrête pas là. Nous prêchons le pardon des péchés et la perspective
concrète d’une vie de sainteté. Nous sommes une armée du salut et de la sanctification. Cela
dit, nous avons atteint un point crucial de notre analyse du salutisme.
Le salutisme idéaliste et la sainteté (deuxième caractéristique – suite)
Nous sommes un peuple qui aspire à la sainteté. Nous devons retrouver le courage de vivre
saintement au quotidien. Le présent ouvrage a pour but de contribuer à ce processus.
L’enseignement explicite et avisé de la sanctification risque de devenir un art qui se perd. Et
pourtant, Dieu a voulu nous confier cette responsabilité sacrée, qui constitue une facette
essentielle de ce que nous représentons dans le monde.
La dixième doctrine du salutisme est formulée comme suit : « Nous croyons que c’est le
privilège de tous les enfants de Dieu d’être sanctifiés, tout entiers, et que tout leur être,
l’esprit, l’âme et le corps, peut être conservé irrépréhensible, pour l’avènement de notre
Seigneur Jésus-Christ ».
Cet enseignement est tellement caractéristique (peu d’églises y souscrivent, à l’exception de
l’Église du Nazaréen, qui comprend encore de nombreux membres en Amérique du Nord)
que, outre notre position sur les sacrements (voir plus loin), il constitue à peu près la seule
position théologique particulière que nous ayons pu offrir en tant qu’Église. Il se situe au
cœur même du salutisme. Si vous me permettez une touche d’exagération rhétorique, on
pourrait même dire que le salutisme est la sanctification, tellement notre dixième doctrine
nous désigne comme un peuple distinct aux yeux de Dieu.
Une explication simple de la foi salutiste en matière de sainteté se trouve dans les chapitres 5
et 8 de mon livre Never the Same Again (Alexandria, Crest Books, 1997). Les écrits
classiques du commissaire Samuel Logan Brengle au début du XX e siècle ont été
déterminants à cet égard, et ceux du regretté commissaire Edward Read sont également de
nature à éclairer la question. L’ouvrage de David Rightmire, Sanctified Sanity (Alexandria,
Crest Books, 2003), constitue un rappel particulièrement pertinent de la vie et des
enseignements du commissaire Brengle. Ce ne sont là que quelques-unes des ressources
écrites accessibles à tous les salutistes. L’Armée a besoin que ses soldats et ses officiers soient
imprégnés de cette caractéristique fondamentale, et ne soient pas seulement des enseignants,
mais également des modèles de vie sainte. Que notre sainteté personnelle soit contagieuse.
Que le fait que « Christ est en nous » ne soit pas une chose ennuyeuse ou contraignante. Que
le monde puisse voir des centaines de milliers de salutistes sanctifiés, vivants en Christ,
remplis de l’Esprit saint, qui dominent quotidiennement le péché et la tentation sous toutes
leurs formes. Que nos existences résonnent de rires saints, que notre idéalisme rayonne alors
que nous honorons le Seigneur Jésus-Christ en épousant et en comprenant entièrement ce
qu’il a à nous offrir dans cette vie et dans l’autre.
Le thème des essais contenus dans le présent ouvrage est la sainteté pratique. Chaque auteur
s’emploie à démontrer, d’une façon ou d’une autre, qu’il est possible de mener une vie
sanctifiée, que celle-ci est une chose attirante, pertinente, efficace et, en fait, plutôt normale.
Nous voulons démontrer (du mieux que nous le pouvons) qu’il n’existe aucun aspect de
l’existence humaine auquel l’enseignement de la sainteté ne puisse s’appliquer. Il s’agit d’un
phénomène quotidien, qui touche notre être et notre vie dans leur totalité. Le salut concerne
les péchés passés, alors que la sanctification se rapporte, pour ainsi dire, aux péchés à venir –
l’expérience ayant démontré que la plupart des personnes sauvées continuent à pécher après
leur conversion.
Que les dirigeants de l’Armée fouillent les territoires et les secteurs du monde entier afin de
trouver des officiers et des soldats qui connaissent la doctrine de la sainteté, qui l’ont
comprise intellectuellement, qui s’en sont imprégnés (comme l’enseignent les Écritures), qui
sont devenus habiles à l’expliquer, qui sont capables de la prêcher, de la recommander et de la
promouvoir avec une passion inépuisable, dans un langage moderne. Nous avons tant besoin
d’une nouvelle génération d’écrivains et d’enseignants sur le sujet de la sainteté.
La sainteté fait du salutisme une doctrine idéaliste dans le meilleur sens du terme. Nous
croyons en un idéal pratique – ressembler à Jésus – que nous prenons très au sérieux. Nous
contractons un engagement solennel à ce sujet lorsque nous devenons soldat de l’Armée du
Salut. Nous faisons des promesses relativement à notre mode de vie et à nos actions. Lors de
leur consécration, les officiers s’engagent pour la vie à enseigner et à vivre les doctrines de
l’Armée. Même les enfants salutistes sont gentiment encouragés à accepter Jésus comme leur
Sauveur et à promettre de mener une vie qui plaît à Dieu et ce, dans leurs pensées, leurs
paroles et leurs actions – ce qui constitue une description concise et mémorable d’une vie
sainte. Si vous avez déjà été jeune soldat de l’Armée du Salut, relisez votre promesse avec
l’esprit et le coeur d’un adulte, et constatez sa puissance, sa profondeur toute simple. (Pour
de plus amples renseignements sur les alliances sacrées, voir le chapitre 11).
Ensuite, lisez le chapitre IV de Une vocation un ministère – Ordres et règlements pour soldats
de l’Armée du Salut (Armée du Salut, 1994, 1996) et parcourez la liste des onze questions
d’examen de conscience rédigées par William Booth. Notre fondateur estimait qu’il était très
utile de procéder à un examen de conscience hebdomadaire. Il croyait fermement au message
de Paul (2 Corinthiens 13:5), qui exhorte les croyants à s’examiner eux-mêmes. Voici
quelques exemples de la liste de questions du général Booth.
« Est-ce que je me rends consciemment coupable d’un péché? Est-ce que je me permets des
pensées, des paroles ou des actes que je sais être mauvais?
Mes pensées et mes sentiments sont-ils tels que je n’en ai pas honte devant Dieu?
Est-ce que je fais tout en mon pouvoir pour le salut des pécheurs? Le danger qu’ils courent me
tourmente-t-il?
Suis-je en danger de me laisser entraîner par le désir mondain d’être riche ou admiré? »
L’Armée idéaliste de William Booth peut donc être perçue, lorsqu’elle est à son meilleur et
qu’elle respecte le mandat qui lui a été confié, comme une organisation qui prend la sainteté
très au sérieux. Par contre, je ne sais pas du tout dans quelle mesure les salutistes actuels
utilisent cette liste de questions. J’en connais quelques -uns qui le font, mais je crois que peu
d’entre eux sont au courant de l’existence même de cet outil. Il s’agit d’un exercice spirituel
issu d’une longue tradition, que l’on trouve dans les enseignements et les habitudes de John
Wesley – qui a employé une liste assez semblable longtemps avant l’avènement du salutisme.
Wesley et les premiers disciples méthodistes se posaient régulièrement 22 questions
relativement à leur attitude par rapport à la sainteté. Par exemple :
« Est-ce que je fais preuve d’honnêteté dans mes actions et mes paroles, ou ai-je tendance à
exagérer?
La Bible a-t-elle vécu à travers moi aujourd’hui?
Est-ce que j’aime prier?
Est-ce que j’échoue dans un domaine de ma vie? »
Idéaliste? Impossible? Non pas en Christ et dans la puissance de son amour. Tous les croyants
– et non seulement les salutistes ou les nazaréens – ont le privilège d’être pleinement
sanctifiés.
Le salutisme est intégrateur (troisième caractéristique)
Le salutisme adopte une position d’ouverture aux autres. Il est intégrateur. Laissez -moi vous
donner six brefs exemples concrets de la façon dont cette intégration a lieu.
Premièrement, le salutisme accepte que l’Évangile s’adresse à tout le monde. Personne n’en
est exclu, personne n’est tombé trop bas, personne n’est prédestiné à la damnation. Notre livre
de chants déborde d’invitations à aller vers le Sauveur. Ces invitations s’adressent à tous.
Deuxièmement, l’aspect intégrateur se manifeste par une absence de snobisme. Le salutisme
est un organisme sans classes. Nous sommes rendus égaux du fait que nous avons tous besoin
de grâce, que nous avons tous péché et sommes tous privés de la gloire de Dieu. Certains ont
fait des études plus avancées, d’autres sont plus à l’aise financièrement, d’autres encore sont
nés au sein d’une classe sociale plus élevée, mais rien de tout cela n’a d’importance aux yeux
du salutisme, qui est axé uniquement sur Christ. Agenouillés devant lui, nous cherchons tous
le même Sauveur.
Troisièmement, le salutisme ne fait aucune distinction entre les sexes en ce qui a trait aux
possibilités de ministère. Rien n’est réservé aux hommes ou aux femmes, et la fonction
d’officier consacré est ouverte également aux membres des deux sexes. Les couples mariés
sont généralement affectés ensemble, à titre d’égaux. La discrimination sexuelle est interdite,
tout comme la discrimination « universitaire ». Dans sa recherche d’officiers à temps plein,
l’Armée ne regarde pas en premier lieu le niveau d’instruction (bien que celui -ci soit pris en
compte), mais laisse la porte grande ouverte aux monsieurs et aux madames tout-le-monde
susceptibles d’obtenir du succès dans la conquête des âmes pour Christ. L’Armée ne rejettera
jamais une sainte passion pour les âmes assortie d’une haine ardente du péché.
Quatrièmement, le salutisme a le sens de l’humour. Les salutistes rient beaucoup, et souvent
d’eux-mêmes. Nous aimons plaisanter au sujet de nos petites manies, qui sont nombreuses.
Nous essayons de ne pas nous prendre trop au sérieux. Le rire est présent dans la plupart des
services du culte, ce qui constitue un signe de santé.
Cinquièmement, le salutisme, tout en assumant avec calme et assurance les caractéristiques
reçues de Dieu, accepte la place et les rôles des autres confessions. Le salutisme a quelque
chose à offrir à la table œcuménique. Il sait également qu’il a quelque chose à y apprendre.
L’échange d’idées est un processus bilatéral. (Le lecteur trouvera un énoncé de position
officiel sur l’Armée du Salut en relation avec les autres églises dans l’annexe qui se trouve à
la fin du présent chapitre.)
Sixièmement et dernièrement, il ne faudrait pas oublier de mentionner l’attitude accueillante
de l’Armée à l’égard des membres des autres confessions. Nous désirons ardemment que les
membres de ces confessions se convertissent à Christ, mais nous respectons leurs croyances
et, conformément au sage conseil de notre fondateur, nous ne les critiquons jamais. Nous
préférons offrir un témoignage personnel positif et courtois lorsque l’occasion se présente.
Le salutisme est compatissant (quatrième caractéristique)
Aujourd’hui, ceux qui connaissent l’Armée s’attendent à ce que salutisme présente un visage
compatissant. Le salutisme est l’ami du pauvre. Il affiche un préjugé favorable à l’endroit des
opprimés. Le salutisme compatissant est branché sur les besoins. À tel point que, selon un
journaliste célèbre – mais néanmoins sympathique à notre cause – de la Nouvelle-Zélande, les
salutistes « portent sur eux l’odeur de la rue ». Ces paroles ont été prononcées dans l’intention
de nous faire un énorme compliment, et c’est ainsi que nous les avons reçues.
La population a des attentes élevées auxquelles l’Armée ne peut répondre qu’avec la
puissance de Christ. À titre d’Armée sans classes, nous restons près de la classe ouvrière, de
notre Sauveur charpentier, dont les mains étaient salies et usées par le travail manuel, dont les
ongles n’étaient pas toujours propres, et dont les disciples connaissaient eux aussi le sens du
travail acharné. Nous n’avons pas peur de nous salir les mains dans notre travail auprès des
opprimés et des vulnérables. Quelqu’un a déjà décrit l’Armée comme étant « le christianisme
aux manches retroussées ». C’est là un objectif très élevé.
Dieu a doté l’Armée d’une grande capacité à aimer les sans -amour et à servir les exclus. Ce
don représente une telle responsabilité que nous tremblons rien qu’à y penser. La boîte à outils
du salutiste compatissant comprend le bassin et la serviette, au propre comme au figuré. Nous
lavons des pieds et rétablissons des santés psychologiques par le truchement de programmes
qui touchent tous les aspects de la souffrance : dépendances, itinérance, violence familiale,
familles brisées, enfants abandonnés, analphabétisme, éducation en matière de santé, activités
génératrices de revenus, formation professionnelle, distribution de paniers de nourriture – la
liste ne semble pas avoir de fin. C’est Dieu qui permet le maintien de tous ces programmes. Il
recueille les ressources. Il fournit l’énergie nécessaire pour continuer. Parfois, il nous prend
par surprise et ouvre la voie à des moyens novateurs d’offrir de la compassion. Dans la ville
de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, Dieu est à l’œuvre par l’intermédiaire d’un club de
boxe, et depuis tout récemment, d’un programme d’enlèvement des tatouages – un
programme particulièrement important pour les nouveaux convertis, qui risquent de voir leurs
tatouages comme des liens indestructibles avec un passé dissolu.
Le salutisme est simple (cinquième caractéristique)
La simplicité fait partie intégrante du salutisme. Dans le présent contexte, l’adjectif « simple »
signifie peu compliqué ou peu complexe. On ne doit pas confondre simplicité et superficialité.
Le salutisme ne manque pas de profondeur, mais il cherche à éviter les complications.
Cela se voit à notre façon de célébrer le culte. Nous n’adoptons pas de liturgies compliquées
ni de formules établies. Nous privilégions la spontanéité. Nous accordons beaucoup
d’importance à la préparation, mais nous pouvons modifier nos plans sans préavis ou même
les abandonner si l’Esprit de Dieu nous guide dans cette direction. La prédication doit être
simple –ne pas passer par-dessus la tête des gens – mais suffisamment profonde pour
intéresser la personne la plus réfléchie de l’auditoire. Les rencontres et les services du culte
présentent un choix très simple : pour Christ ou non, pour la sanctification ou non. Les
objectifs sont simples : d’abord, honorer Dieu, puis, susciter chez les membres de la
congrégation un verdict, une réponse qui vient du coeur. L’inspiration correspond au modèle
établi par Jésus lorsqu’il racontait ses paraboles. Chacune d’entre elles suscitait une réaction
décisive de la part de ceux qui l’écoutaient. Simplicité, mais aussi profondeur.
La simplicité du salutisme s’observe également dans les cérémonies salutistes. Qu’il s’agisse
de consécrations d’enfants, de mariages, de funérailles, d’enrôlements de soldats, etc., on s’en
tient volontairement à une cérémonie toute simple. L’objectif consiste à atteindre la dignité de
manière accessible. Pas de mystère pour le plaisir de faire des mystères. Pas de battage
publicitaire inutile. Pas de complications ou d’idées de grandeur qui pourraient amener le
participant à penser que c’est la cérémonie qui transmet la grâce, et qu’il n’est pas nécessaire
d’avoir la foi dans son cœur.
L’absence simple et volontaire de sacrements est également issue de cette mentalité. Le
salutisme profite de la liberté accordée par Dieu en matière de rituels sacramentels. Il préfère
témoigner partout dans le monde du caractère immédiat de la grâce divine. Les salutistes se
sont épargné les débats tortueux et les disputes qui ont lieu partout où l’on accorde une place
importante aux sacrements. Nous n’avons pas à prendre position sur des questions séculaires
concernant la forme et la théologie. Nous pouvons nous contenter d’observer, avec une légère
perplexité, ceux qui s’efforcent sincèrement d’obéir à des ordres qui n’ont peut-être jamais été
donnés, qui suivent des rituels très disparates fondés sur de multiples théologies, tout en
proclamant que leurs croyances sont supérieures à celles des autres. Dans sa simplicité, le
salutisme est tout naturellement appelé par Dieu à démontrer la viabilité de la sainteté et de la
compassion christique dans la vie quotidienne, sans avoir à se soucier de sacrements ou de
tout ce qui pourrait être interprété à tort comme un sacrement. (Pour de plus amples
renseignements sur le sujet, lire Who Are These Salvationists?, deuxième partie, chapitres 4, 5
et 6.)
Les doctrines officielles du salutisme sont également des modèles de simplicité, des énoncés
de foi réduits à leur plus simple expression. Les onze articles de foi sont tous brefs et concis.
Le langage utilisé est presque monosyllabique, et le contenu est conforme à la doctrine
protestante dominante. Chaque édition – en particulier celle de 1940 – du manuel de doctrine
salutiste (L’histoire du salut) présente un contenu facile d’accès. C’est un ouvrage profond,
qui communique la vérité révélée dans un langage accessible et un style non menaçant. Le
salutisme dans toute sa simplicité.
Le salutisme est international (sixième caractéristique)
Lorsque nous disons que le salutisme est international, nous ne voulons pas simplement dire
qu’il est implanté dans un grand nombre de pays. Le caractère international du salutisme tient
au fait que nous estimons être tous des frères et des sœurs sous la gouverne d’un Père céleste,
Créateur de toutes choses. Le salutisme ne fait aucune discrimination fondée sur la race, le
groupe ethnique ou la couleur de la peau, et ne considère aucune culture supérieure à une
autre. Il croit qu’il est naturel d’afficher des sentiments patriotiques par rapport à son propre
pays et à ses réalisations, mais rejette le nationalisme, qui connote une certaine supériorité
raciale.
Le salutisme enseigne que les chrétiens sont d’abord des citoyens du monde. Le général
Bramwell Booth a écrit : « Je suis citoyen de tous les pays, car ils appartiennent tous à mon
Père ». Dieu nous a donné la planète entière comme terrain de mission et, par conséquent,
nous ne devrions considérer personne comme notre ennemi, même en temps de guerre. Voilà
à quel point le salutisme prend au sérieux son caractère international.
Le salutisme est visible (septième caractéristique)
Un salutisme invisible serait contradictoire. Le salutisme cherche à être vu et entendu partout.
Ce désir de visibilité est parfois motivé par le besoin de recueillir des fonds pour financer des
programmes sociaux. Mais, mieux encore, il a également pour but d’attirer l’attention sur les
paroles de Christ. En restant bien en évidence, nous pouvons avoir une influence plus grande
que ne le permettraient normalement la taille de notre organisation et le nombre de nos
membres.
Le salutisme porte un uniforme pour deux raisons : témoigner de Christ et annoncer aux
autres sa disponibilité. Le salutisme vit pour les autres. Il désire qu’ils soient sauvés et ne
connaît pas le repos tant qu’ils sont dans le besoin. Seuls les soldats de l’Armée du Salut ont
le droit de porter l’uniforme, mais le port de celui-ci n’est pas obligatoire. Cependant, il
favorise la visibilité. Il m’a toujours semblé que la chance de porter l’uniforme et d’être vu en
tant que représentant de Christ constituait une bonne raison de devenir soldat de l’Armée du
Salut. La visibilité est un privilège sacré que le salutisme ne prend pas à la légère.
Le salutisme est audible (huitième caractéristique)
Le fait de parler du caractère audible de l’Armée du Salut suscitera sans doute des blagues au
sujet des fanfares et des tambourins bruyants. Il n’y a pas de mal à cela. Entendre des
musiciens et des congrégations salutistes « soulever le toit » en louange à Dieu constitue une
expérience extraordinaire. Toutefois, ce n’est pas tout. Un salutisme silencieux serait tout
aussi contradictoire qu’un salutisme invisible. Nous devons faire entendre notre message, le
message de l’Évangile pour les personnes non sauvées. Rien ne saurait être plus urgent, plus
important. Certains d’entre vous, en lisant ces lignes, voudront peut-être « abandonner leurs
filets » pour se mettre au service de l’Armée à temps plein. Vous pouvez consacrer votre vie
entière, toutes vos énergies, à rendre audible la bonne nouvelle de Christ.
Cependant, le caractère audible du salutisme comporte un autre aspect. Nous avons déjà parlé
du salutisme compatissant qui répond aux besoins des êtres humains. Le salutisme
compatissant n’est pas complet s’il n’est pas également audible. Le salutisme parle au nom
des sans-voix. Il accepte de prendre des risques pour faire entendre la voix de ceux qui ne
peuvent pas parler. C’est là une conséquence naturelle de son préjugé favorable à l’endroit des
pauvres.
Les besoins se manifestent par des symptômes, mais il n’existe pas de symptôme sans cause.
Un salutisme audible et intelligent ne se contenterait jamais de ne traiter que des symptômes.
Ce sont les causes des besoins qui doivent retenir notre attention. Pourquoi des enfants ont-ils
faim? Pourquoi des femmes sont-elles battues? Pourquoi est-il encore nécessaire de distribuer
des paniers de nourriture dans des pays riches, au XXI e siècle?
La recherche des causes des carences sociales sur la place publique constitue une entreprise
difficile. Certains diront que nous risquons de perdre une partie de notre soutien financier si
nous perturbons les gens en proclamant la vérité à haute voix. Nous ne pouvons pas les
écouter. Un salutisme qui tenterait d’éviter la question ne serait pas un salutisme authentique.
Nous sommes appelés autant à l’action sociale qu’au service social.
Le salutisme doit se faire entendre. Il doit faire entendre sa voix dans les assemblées
législatives, dans les lieux d’influence, dans les studios de télévision et les postes de radio. Le
salutisme a des choses formatives à dire, et ne peut pas se taire. Lorsque le salutisme parle, il
le fait au nom de Christ. Le prix du silence est inconcevable.
Tout cela nous amène à la dernière caractéristique du salutisme, celle que nous avons ajoutée :
la vulnérabilité.
Le salutisme actuel est vulnérable
Le salutisme actuel est vulnérable pour diverses raisons qui nous ont parfois pris par surprise.
En tentant d’établir huit éléments distinctifs (caractéristiques) essentiels du salutisme, j’ai
volontairement parlé du salutisme à son meilleur, comme si c’était le cas toujours et partout.
Bien entendu, les choses ne se passent pas tout à fait de cette façon. Le salutisme actuel est
vulnérable. En terminant notre analyse, examinons sa situation.
Nous avons déjà dit que Dieu avait inventé le salutisme, mais qu’il l’avait confié à des gens
que nous appelons maintenant « salutistes ». En agissant ainsi, Dieu a pris un risque. Dieu
savait ce qu’il faisait lorsqu’il a donné tout cela à des êtres humains imparfaits. Je ne connais
aucun organisme religieux qui ne se décrirait pas ainsi. Donc, sur le plan humain, le salutisme
se trouve dans les mains de mortels qui sont loin d’être parfaits, et qui ont constamment
besoin de grâce et de pardon.
Même si l’Armée est en croissance dans le monde, elle connaît depuis assez longtemps des
pertes numériques graves dans un grand nombre de pays. L’Armée croît considérablement en
Afrique et en Asie du Sud, mais non en Europe ni dans les démocraties occidentales
anglophones. Au Royaume-Uni, où le salutisme est né, l’Armée perd chaque année un grand
nombre de soldats. Les conversions d’enfants sont également moins fréquentes. Certains
officiers de postes à qui j’ai rendu visite à travers le monde ne semblent plus savoir comment
mener un enfant à Christ. Nous assistons à un phénomène nouveau : des postes de l’Armée
qui ne comportent aucun jeune soldat. Notre négligence aura des répercussions importantes.
Notre vulnérabilité est également visible dans notre incertitude, ces dernières années, quant à
notre identité et à notre mission. Les salutistes ne sont pas tous capables d’expliquer ce que
nous devons être sous la direction de Dieu. Certains font moins confiance aux caractéristiques
essentielles du salutisme – qui font l’objet du présent essai. Cette baisse de confiance s’est
manifestée par des tentatives de diluer l’essentiel du salutisme et de s’éloigner de la beauté et
de la pertinence toujours actuelles de la fonction de soldat de l’Armée du Salut. Certains
postes ont tenté de se transformer en pâles imitations d’autres églises évangéliques, à notre
grand détriment. Nous observons ici et là un manque d’assurance, une diminution de la
certitude que Dieu a inventé le salutisme et que c’est lui qui a levé l’Armée du Salut. Lorsque
nous aurons repris conscience de ces vérités, le processus de guérison pourra peut -être
s’amorcer là où c’est nécessaire.
Le salutisme est vulnérable aux pressions financières. Les programmes sociaux sont d’une
telle ampleur et d’un coût si élevé que nous avons constamment besoin d’argent. Nous
devenons vulnérables lorsque nous commençons à régler nos voiles salutistes pour les adapter
aux vents dominants et au dollar. Nous ne devons pas nous attendre à être toujours populaires.
Jésus ne l’était pas. Les apôtres ne l’étaient pas. William Booth ne l’était pas. Aujourd’hui,
cependant, nous le sommes, en grande partie. Pourquoi?
La laïcisation croissante de notre personnel constitue une autre source désastreuse de
vulnérabilité. Dès le début, il a été établi que la mission du salutisme devait être réalisée par
des personnes sauvées. Chaque employé devait être un partenaire dans la mission. Bien que
notre personnel compte de nombreux chrétiens dévoués, le concept initial a pratiquement été
abandonné, ce qui a placé le salutisme dans un état de vulnérabilité.
Des dangers se présentent également sous la forme d’une incertitude croissante quant à la
fonction d’officier. Les rôles qu’exerçaient jadis des officiers appelés par Dieu, formés et
consacrés à vie, sont maintenant assurés par des employés laïques, qui ne sont pas tous –
comme nous l’avons déjà mentionné – des chrétiens engagés. Le moral des officiers est en
danger. L’intérêt que représente la fonction d’officier risque de s’amoindrir à mesure que
s’affaiblit son caractère distinctif. La vulnérabilité est donc le résultat d’un effacement des
limites entre les fonctions des officiers ordonnés et consacrés, et les rôles assignés à d’autres
personnes désireuses de servir à titre de salutistes laïques ou d’employés. Il serait urgent de
s’occuper de ce problème dans plusieurs régions du monde. Il ne serait pas alarmiste de dire
que dans certains pays, la fonction d’officier est en danger. Ce danger s’accroît partout où
ceux qui se sont engagés dans une vocation à vie sont marginalisés en faveur de ceux qui
souhaitent clairement s’engager à court terme ou temporairement.
Le plus grand danger pour le salutisme actuel est l’abandon perceptible de l’enseignement sur
la sainteté. Si rien n’est fait, cette situation risque d’ébranler le cœur même du salutisme.
Nous sommes moins sûrs de nous à ce sujet qu’auparavant. William Booth disait qu’il y avait
peu de sujets dont nous parlions plus fréquemment, ou dont nous nous glorifiions plus que
celui de la sainteté du cœur et du mode de vie. Est-ce encore le cas aujourd’hui? Non.
Certains d’entre nous, dont les intentions sont bonnes mais qui se trouvent sur une mauvaise
voie, cherchent à offrir un substitut de sacrements comme s’il s’agissait d’enseignements
bibliques sur la sainteté et la façon d’y parvenir. On ne parle plus de la bénédiction d’un cœur
pur. Un grand nombre (la plupart?) des salutistes actuels ne savent simplement pas ce que
signifie l’expression « bénédiction d’un cœur pur ».
Dieu, qui a levé notre Armée, nous demande d’être ouverts et honnêtes au sujet de l’état
actuel du salutisme dans le monde. Toutefois, ce même Dieu est bon et sa puissance accomplit
des choses remarquables. Le niveau d’engagement et la cadence de travail des officiers et des
employés de l’Armée du Salut que j’ai rencontrés sur les cinq continents sont pour le moins
impressionnants. Nous pouvons reconnaître que l’Armée est encore utile à Dieu, dans le saint
cœur duquel une émotion, si forte qu’elle a donné naissance à l’Armée du Salut, a surgi
autrefois.
Nous sommes issus du cœur de Dieu. Nous sommes blottis au creux de ses mains. Nous
comptons sur sa force. Il nous bénira comme son Armée si nous restons fidèles à notre
première vocation. Paradoxalement, ce sont surtout les anciens qui nous invitent à entrer dans
l’avenir.
(Pour de plus amples renseignements sur l’alliance salutiste, lisez le chapitre 11, écrit par le
capitaine Stephen Court.)
Annexe
Le texte suivant a été publié et utilisé à des fins officielles par l’Armée du Salut au
Royaume-Uni et dans le territoire de la Nouvelle-Zélande, Fidji et Tonga.
L’Armée du Salut par rapport aux autres confessions chrétiennes.
Énoncé de position
(Shaw Clifton)
Voir Reflections : How Churches View Their Life and Mission (London, BCC, 1986)
Énoncé sommaire
1. L’Église universelle comprend tous ceux qui croient véritablement en Jésus-Christ.
2. Les croyants s’engagent les uns avec les autres dans une relation spirituelle qui ne
dépend d’aucune structure particulière relative à l’église.
3. L’Armée du Salut fait partie de l’Église universelle et d’une confession chrétienne
créée et soutenue par Dieu.
4. La diversité confessionnelle ne s’oppose pas nécessairement à la volonté de Dieu pour
son peuple.
5. L’harmonie et la collaboration entre les confessions permettent d’enrichir la vie et le
témoignage de chaque confession.
6. L’Armée du Salut recherche et accueille toute collaboration entre les églises dans les
108 pays où elle est implantée.
Énoncé détaillé
L’Église universelle
1. NOUS CROYONS que l’Église, le corps de Christ (Éphésiens 1:23), comprend tous ceux
qui sont issus « non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de
Dieu » (Jean 1:13). L’Église universelle comprend tous ceux qui croient au Seigneur
Jésus-Christ et le reconnaissent comme leur Seigneur.
NOUS NE CROYONS PAS que l’existence ou la validité de l’Église universelle dépende
d’une structure ecclésiastique, d’une forme de culte ou d’un rituel en particulier.
2. NOUS CROYONS que l’Église universelle est composée de l’ensemble de la communauté
chrétienne qui a célébré le culte et témoigné au fil des siècles sous la forme de groupes,
grands ou petits, acceptés ou persécutés, riches ou pauvres, dont les règles d’adhésion ont été
déterminées dans le passé ou sont régies dans le présent.
NOUS NE CROYONS PAS qu’une définition adéquate de l’Église puisse se résumer à une
structure ecclésiastique, mais qu’elle doit être exprimée sous la forme d’une relation
spirituelle. Les membres de l’Église sont ceux qui sont fidèles en Jésus -Christ (Éphésiens
1:1), et par conséquent réconciliés avec Dieu par l’intermédiaire de son Fils. Toutes ces
personnes vivent une relation spirituelle les unes avec les autres, qui naît et se poursuit
indépendamment de la réalité extérieure, conformément à la prière de Jésus qui voulait que les
siens soient parfaitement un (Jean 17:23). Jésus demande une unité semblable à celle qui
existe entre le Père et le Fils. Cette unité est spirituelle, et non organisationnelle.
3. NOUS CROYONS que l’Armée du Salut fait partie de l’ Église universelle et représente le
corps de Christ. Christ est le vrai cep (Jean 15:1), et les croyants sont ses branches vivantes
qui portent des fruits.
NOUS NE CROYONS PAS qu’il soit honnête de juger qu’une communauté de disciples
véritables de Christ se trouve à l’extérieur de l’Église universelle, quelles que soient son
histoire, ses coutumes ou ses pratiques lorsqu’on les compare à celles d’autres communautés
chrétiennes. Dieu seul connaît ceux qui lui appartiennent (2 Timothée 2:19).
Diversité confessionnelle
4. NOUS CROYONS que les relations que Dieu entretient avec son peuple sont parfaites et
conformes à sa volonté, mais que les réactions humaines sont imparfaites et sujettes à l’erreur.
La diversité confessionnelle qui existe aujourd’hui est peut-être le fruit de l’attitude de Dieu
ou des réactions humaines imparfaites à cette attitude.
NOUS NE CROYONS PAS que la diversité confessionnelle ou organisationnelle puisse
automatiquement être considérée comme contraire à la volonté de Dieu pour son peuple.
5. NOUS CROYONS que Dieu a levé l’Armée du Salut et inspiré les caractéristiques
essentielles du salutisme conformément à ses objectifs, pour sa plus grande gloire et la
proclamation de l’Évangile.
NOUS NE CROYONS PAS que l’existence de l’Armée du Salut à titre de communauté
chrétienne indépendante et distincte, sans liens officiels avec d’autres communautés
chrétiennes, soit un affront à l’Évangile de Jésus -Christ ou nécessairement contraire à la
volonté de Dieu pour l’ensemble du corps de Christ sur terre.
6. NOUS CROYONS que les pratiques de l’Armée du Salut ont beaucoup de choses en
commun avec celles d’autres églises, mais que le fait que l’Armée ait été levée par Dieu en
vue d’une oeuvre particulière a obligé celle-ci à adopter les caractéristiques essentielles
suivantes :
a) Elle met l’accent sur la religion personnelle et la régénération spirituelle individuelle
par la foi en Christ, ce qui entraîne un engagement à gagner des âmes pour Christ.
b) Elle offre des enseignements relatifs à un mode de vie saint.
c) Elle insiste sur le fait que l’Évangile s’adresse à tous.
d) Elle utilise le banc des pénitents.
e) Elle évite les formules établies en matière de culte, et encourage la spontanéité.
f) Elle enseigne que le fait de recevoir la grâce spirituelle intérieure ne dépend d’aucune
pratique extérieure.
g) Elle exige que ses membres (soldats) confessent publiquement leur foi en Jésus -Christ
et le reconnaissent comme leur Sauveur et Seigneur, et contractent un engagement officiel
en matière de doctrine et d’éthique. Le salutiste doit s’abstenir de consommer de l’alcool,
du tabac et toute substance non prescrite susceptible d’entraîner une dépendance.
h) Elle encourage ceux qui sont incapables de contracter un engagement formel à titre de
soldat à se joindre à sa fraternité.
i) Elle s’engagement fermement à pratiquer l’évangélisati on, y compris l’évangélisation
en plein air.
j) Elle témoigne par l’intermédiaire du port d’un uniforme distinctif (par la plupart des
salutistes).
k) Elle reconnaît l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les aspects du
ministère et du leadership chrétiens.
l) Elle a reçu de Dieu la vocation d’aider les pauvres et de parler au nom des sans -voix.
m) Elle est implantée dans de nombreux pays et met l’accent sur son caractère
international.
n) Elle a volontairement renoncé aux pratiques sacramentelles.
Ces caractéristiques essentielles font partie des bénédictions qui ont résulté de l’attitude
bienveillante de Dieu avec nous au fil des ans.
NOUS NE CROYONS PAS que Dieu demande à l’Armée de rejeter en hâte les bénédictions
accumulées au cours des ans.
L’église locale
7. NOUS CROYONS que, tout comme la véritable Église universelle comprend tous ceux
qui croient dans le Seigneur Jésus-Christ, toute église confessionnelle est composée d’une
communauté de croyants véritables qui ont en commun la relation que le Seigneur, par
l’entremise de son Esprit saint, entretient avec elle. De la même façon, chaque église
confessionnelle comprend des églises locales qui se réunissent régulièrement dans le but de
célébrer le culte, de fraterniser et de servir dans un lieu géographique relativement restreint.
NOUS NE CROYONS PAS que la validité d’une confession ou de ses églises locales dépende
d’une tradition ecclésiastique, d’une structure, d’une hiérarchie, d’une forme de célébration
du culte ou d’un rituel. Lorsque deux ou trois personnes sont rassemblées au nom de Christ, il
est parmi elles (Mathieu 18:20), et sa présence n’est pas moins réelle que celle qui est perçue
dans des assemblées plus nombreuses, plus officielles ou plus ritualistes.
L’identité de l’Armée
8. NOUS CROYONS que l’Armée du Salut est une église chrétienne évangélique
internationale, au même titre que d’autres confessions chrétiennes, et que les postes de
l’Armée sont des églises locales au même titre que celles d’autres confessions. L’Armée est
issue du renouveau méthodiste et n’a été assimilée par aucune autre confession.
NOUS NE CROYONS PAS que l’histoire, les structures, les pratiques ou les croyances de
l’Armée permettent qu’on la considère comme autre chose qu’une confession chrétienne
distincte qui a un objectif à atteindre et une vocation à accomplir sous la direction de Dieu. De
la même façon, les postes locaux de l’Armée sont des églises locales dont les congrégations se
rencontrent régulièrement au nom de Christ dans le but de célébrer le culte, de fraterniser et
de servir. Les officiers consacrés (hommes et femmes) de l’Armée du Salut sont des ministres
ordonnés de l’Évangile chrétien, appelés par Dieu et habilités par l’Esprit saint à prêcher et à
enseigner la vérité apostolique au nom de Christ et par amour pour lui.
L’Armée et les autres églises
9. NOUS CROYONS que Dieu désire que des relations œcuméniques harmonieuses soient
établies et entretenues, par sa grâce, entre les chrétiens du monde et entre toutes les
confessions chrétiennes, y compris leurs églises locales. Les contacts nombreux que l’Armée
entretient avec d’autres communautés chrétiennes, en Grande -Bretagne et ailleurs dans le
monde, permettent d’enrichir la vie spirituelle de l’Armée et de favoriser sa compréhension de
l’œuvre de l’Esprit saint. C’est pourquoi l’Armée accueille ces contacts et cherche
cordialement à les étendre et à les approfondir.
NOUS NE CROYONS PAS que l’étroitesse d’esprit et l’exclusion soient compatibles avec le
dessein de Dieu pour son peuple, ou que Dieu n’a rien à nous enseigner dans nos relations
avec les membres de son peuple qui appartiennent à d’autres confessions.
10. NOUS CROYONS que chaque unité visible de l’Église universelle a reçu de Dieu des
bénédictions et des forces qui lui sont propres. Nous respectons ces forces et, dans bien des
cas, nous les admirons. Nous reconnaissons également qu’en raison de la faiblesse humaine,
chaque confession, y compris l’Armée du Salut, est imparfaite.
NOUS NE CROYONS PAS que ce soit notre rôle de critiquer ou de miner les traditions des
autres confessions, particulièrement en ce qui a trait aux sacrements, à l’égard desquels nous
avons pris une position inhabituelle, mais non unique. Il est contraire à nos pratiques de faire
des remarques défavorables sur le mode de vie d’une autre confession ou d’une église locale.
Nous nous efforçons de ne pas dénigrer les doctrines ou les pratiques des autres groupes
chrétiens. Dans ses enseignements, l’Armée met l’accent non pas sur les apparences, mais sur
la nécessité pour chaque croyant de vivre personnellement la grâce spirituelle intérieure qui se
manifeste par l’observance extérieure. Nous maintenons qu’aucune observance extérieure ne
peut être essentielle au salut, et que c’est la vérité biblique qui nous permet de rencontrer Dieu
et de recevoir sa grâce, partout et en tout temps.
11. NOUS CROYONS que l’Armée du Salut a été créée par la volonté de Dieu, qu’elle est
maintenue par sa grâce et habilitée à l’obéissance par l’Esprit saint. Son objectif principal
consiste à gagner pour Dieu l’âme d’hommes et de femmes, de garçons et de filles, tout en
travaillant, pour l’amour de Christ, à améliorer la situation matérielle de ceux qui sont dans le
besoin.
NOUS NE CROYONS PAS être les seuls qui ont été appelés à accomplir cette tâche sacrée et
impressionnante, et, par conséquent, nous nous réjouissons de trouver en d’autres églises
chrétiennes des collaborateurs pour l’œuvre de Dieu.
100119qgifr/pm

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