Être Magaizine 1 - Guide Gai du Québec

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Être Magaizine 1 - Guide Gai du Québec
Être Magaizine
1
2 Être Magaizine
Être Magaizine
3
SOMMAIRE
ÉDITO
22
6
Macha
Limonchik
ACTUALITÉS NATIONALES
Stephen Harper et le recensement
Homophobie scolaire
8
10
ACTUALITÉS INTERNATIONALES
Sérovie
Condamnation à mort en Iran
11
12
REPORTAGE
Conférence sur le sida à Vienne
14
CHRONIQUE DIVERSITÉ
Célibataires et fiers de l’être !
18
LIVRES
Homosexualité et conformisme
20
ENTREVUE DU MOIS
Macha Limonchik
22
EXPOSITION
Zilon, peintre rockeur
26
RENCONTRE
Denis-Martin Chabot
28
34
Serge
Blanco
THÉÂTRE
L’Opéra de Quat’sous, À présent
30
MUSIQUE
Revue du mois
32
CINÉMA
Howl
33
MODE
Serge Blanco
34
DOSSIER NUTRITION
Le marché Saint-Jacques
Vitavi
L’école culinaire végétarienne
Le Petit Excès
Patate & Ciboulette
Juliette & Chocolat
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39
40
41
42
43
BIEN-ÊTRE
Le Centre St-Pierre
L’Éveil des sens
L’Artisan Parfumeur
Style Labo
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46
48
49
ESCAPADES
Le Manoir Richelieu
50
MENUS PLAISIRS
L’Auberge Saint-Gabriel
NÜVÜ
Le Lab
Le Délice Crêpe
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53
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55
VOYAGE
Barcelone
56
NIGHTLIFE
Le 20ème Black & Blue
DJ à découvrir: Angélika
60
62
CONNÊTRE
Les annonces
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Barcelone,
l’excentrique méditerranéenne
56
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Édito
UNE LIBERTÉ VIDE DE SENS
Par André Gagnon
L
e 23 octobre, le Réseau Liberté-Québec (RLQ)
organise à Québec sa première grande activité publique.
Son objectif : rassembler la droite. Ce réseau trouve son
pendant dans la droite française, d’où le suffixe Québec.
Se défendant de se faire l’apôtre du conservatisme social,
ce réseau se veut le défenseur de l’ultra-libéralisme
libertarien où le fin mot est la liberté et la responsabilité
individuelles. Le leitmotiv : moins d’État, moins de
services publics et plus de place à la «libre entreprise»
privée. Et une attaque tous azimuts contre ce qui
«freine le développement», la cible première étant les
groupes écologistes qui «nuisent au développement».
Pas surprenant que ce réseau ait choisi Québec pour sa
première activité quand on sait que ce genre de discours
inonde les ondes de la capitale depuis des années, avec
les dérapages sexistes, homophobes, racistes que l’on
sait… au nom de la «liberté d’expression».
ordre ancien où tout n’était que privilèges et faveurs.
La droite depuis toujours n’a conservé que ce qui
faisait son affaire dans les idéaux des fondateurs
des démocraties modernes dont elle se réclame. Des
Lumières du XVIIIe siècle nous est venue cette grande
idée humaniste - approfondie au fil des siècles pour
inclure les femmes, les personnes de toute origine
et orientation sexuelle - que «les hommes naissent et
demeurent libres et égaux». Alors qu’elle se réclame
toujours de la liberté, surtout si cela lui permet de
faire beaucoup d’argent et alimente ses privilèges, la
droite réduit l’égalité, une assise fondamentale de la
démocratie, à sa plus simple expression : un droit de
vote tous les quatre ans et l’accès pour tous à un strict
minimum de services publics.
Le reste relève de «la liberté et de la responsabilité
individuelles». Cela favorise bien évidemment les
mieux nantis de notre société. Mais qu’est-ce que la
Un membre du comité organisateur va jusqu’à pousser liberté sans égalité substantielle ?
l’absurdité en affirmant que s’il y a de la corruption
De notre propre expérience, comme pour beaucoup
au Québec, c’est parce qu’il y a trop d’État. Maurice
Duplessis, vous connaissez ? Il était le champion de d’autres groupes qui ont été discriminés au fil des siècles
l’État-minceur qui sert de crédo à cette droite en panne dans les sociétés patriarcales et hiérarchisées, nous
congénitale d’idées nouvelles… et son gouvernement a savons que la liberté, ce n’est pas suffisant. Si tel était
été aussi des plus corrompus et champion de la grande le cas, tous les problèmes de discrimination que nous
noirceur. C’est de ce Québec arriéré que nous nous avons vécus se seraient réglés d’eux-mêmes depuis le
Bill Omnibus en 1969 qui a libéré notre sexualité… en
sommes libérés il y a 50 ans.
privé du moins. Pour accéder vraiment à la citoyenneté,
Il est pathétique de voir la droite s’enrouler dans le il nous faut aussi l’égalité. C’est le chemin que nous
drapeau de la liberté pour en évacuer le sens même avons parcouru depuis 40 ans. Ce n’est que depuis que
de cet idéal démocratique, de la réduire à la «liberté nous avons conquis l’égalité en droits que nous pouvons
économique», à la «liberté individuelle». La liberté envisager l’égalité sociale et la pleine citoyenneté. Et il
n’est pas qu’individuelle, elle est aussi collective. Les y a encore là loin de la coupe aux lèvres.
penseurs de la démocratie ont brandi l’étendard de
La nouvelle droite conservatrice peut bien prétendre
la liberté face à une société de privilèges, fortement
patriarcale, où le pouvoir était absolu et se transmettait qu’elle n’est pas pour le conservatisme social. C’est
par le sang. Depuis 200 ans, les anciens aristocrates aussi le credo de l’ADQ depuis des années. Dans les
convertis de gré ou de force au capitalisme et les faits, elle n’a jamais levé le petit doigt pour combattre
nouveaux riches ont fait de leur mieux pour limiter la les discriminations et s’est plutôt portée à la défense
liberté chèrement acquise à la «liberté économique» et de l’homme blanc hétérosexuel «discriminé» par les
maintenir ainsi leurs privilèges économiques face à la programmes d’accès à l’égalité et dont la «liberté
d’expression» était soi-disant menacée.
majorité.
Elle est la nouvelle force du conservatisme social.
S’il faut chercher quelque part la source de la
corruption, ce n’est pas dans les principes démocratiques, Quand elle se couvre de l’idéal de liberté, c’est pour
mais bien dans la vieille mentalité de privilèges le traîner dans la boue… comme elle le fait si bien à
antérieure à la démocratie, dans ces survivances d’un Québec depuis des années.
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Actualités nationales
Recensement canadien
Stephen Harper veut renvoyer les minorités au placard
Bruno Dion
En décidant de rendre non-obligatoire le questionnaire long, le gouvernement Harper efface toute référence ayant trait aux minorités. Conséquence : les programmes ne seront plus construits pour aider celles-ci et les gais seront parmi les premières victimes.
Quand Stephan Harper part en vacances, cela lui donne visiblement
de drôles d’idées. Mais de là à imaginer qu’il supprimerait le questionnaire long du recensement… Ce projet est loin de faire l’unanimité
dans la société canadienne. Derrière les nombreuses critiques venues
tant des partis de l’opposition que de nombreuses personnalités - notamment scientifiques, il faut se poser deux questions essentielles: À
quoi sert un recensement ? Que cherche un État en organisant cette si
lourde opération ?
Le Bloc Québécois ne s’y est pas trompé puisqu’il dénonce « ces
modifications (…) fondées sur des critères strictement idéologiques
qui nuiront à la capacité du Québec et à celle des municipalités pour
mettre en oeuvre des politiques ciblées et efficaces. Nous déplorons
également que, en réduisant la qualité de l’information disponible, le
gouvernement tente de museler les critiques légitimes qui sont souvent
apportées à leurs politiques ».
Une suite aux réorientations « culturelles »
Car l’objectif du recensement est d’abord d’avoir une connaissance
précise des réalités. Les connaissances tirées des recensements permettent de mesurer non seulement les effets de certaines réformes
mais aussi les changements de comportement de certaines communautés. Dans un pays qui accueille autant d’émigrants que le Canada, le
recensement est aussi un bon outil pour analyser les besoins et fragilités des communautés accueillies. Ou encore les besoins et demandes
des gais et lesbiennes.
© World Economic Forum
Le choix du gouvernement conservateur ne repose donc pas sur des
considérations pragmatiques mais sur une volonté politique de ne plus
s’occuper des minorités. Car si le recensement n’est fiable que pour
les principaux aspects du pays, ne pas tenir compte de sa diversité
sexuelle, culturelle et linguistique, revient alors à dire adieu aux programmes qui soutiennent le français (surtout en dehors du Québec) et
aussi aux programmes pour les minorités.
En cela, notamment concernant la communauté LGBT, Stephen
Harper poursuit le travail commencé avec les réorientations en matière de culture. Lors de l’annonce des nouveaux fonds (qui devaient
compenser ceux supprimés…), les règles avaient aussi changé. C’est
ainsi que les défilés de la Fierté de Toronto et Divers/Cité ont perdu
leurs subventions au bénéfice de carnavals traditionnels dans nos campagnes. Il est certain qu’ainsi, on ne s’adresse pas au même public et
qu’on ne défend pas la même créativité artistique.
À noter que le recensement était aussi un outil précieux pour les
chercheurs universitaires et les organismes communautaires. Car si les
études plus complexes sont payantes auprès de Statistiques Canada,
les résultats de base sont eux tous rendus publics.
Le gouvernement « accroît l’ignorance du pays »
Richard Shearmur, de la chaire du Canada en Statistiques spatiales
et politiques publiques, accuse du coup le gouvernement « d’accroître
l’ignorance du pays » avec une telle mesure. En outre, si un questionnaire long désormais non obligatoire (ce qui remet en cause la valeur
scientifique du sondage) existe toujours, il faut rester vigilant sur la
disparition et l’apparition de nouvelles questions.
Ainsi, en 2006, les organisations de femmes avaient remporté une
grande victoire en faisant intégrer plusieurs questions portant sur les
tâches à la maison, afin de mieux (re)connaître le travail non salarié.
Un travail effectué majoritairement par les femmes.
La décision du gouvernement Harper s’avère être une violation des
principes défendus par l’ONU depuis 1994 et la chute de l’empire soviétique. Ils visent à ce qu’un État ne puisse pas supprimer ou même
juste contrôler les informations sur la population. Plusieurs hauts fonctionnaires, dont l’ancien chef de Statistiques Canada, qui a préféré
démissionner plutôt que piloter cette réforme, viennent d’ailleurs de
rappeler au Premier ministre ses obligations morales.
Les LGBT, les féministes, les groupes communautaires et tous les
Québécois en général ont désormais une image chaque jour un peu
plus précise des intentions de Stephen Harper. Ce dernier essaye de
se rattraper en laissant planer des doutes sur le possible financement
d’un nouvel aréna à Québec. Une vision qui se résume à un retour à
Duplessis. Bref, un vrai retour dans le placard.
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Actualités nationales
Actualités internationales
Homophobie scolaire
Une étude très inquiétante
COULEUR
C 5669 P
Antoine Aubert
[email protected]
Antoine Aubert
[email protected]
Au début de septembre, Line Chamberland, professeure-chercheuse à l’UQAM, dévoilait les principaux résultats de l’étude de son équipe
sur l’homophobie scolaire. Des chiffres alarmants : près de 40 % des élèves interrogés ont été au moins une fois victimes de discrimination au
sein de leur établissement.
Le séjour à Montréal de Steve Laguerre restera marqué par sa rencontre, le 11 août, avec différents organismes LGBT québécois. Huit mois
après le tremblement de terre qui a fait entre 250 000 et 300 000 morts et qui a dévasté Port-au-Prince, le président de l’association haïtienne
LGBT-Sérovie, qui s’occupe des gais en difficulté, a toujours autant besoin d’aide sur place.
La salle de conférence de l’hôtel PUR, réservée pour l’occasion, était bondée. Une preuve de l’importance de l’étude
rendue publique le 3 septembre à Québec, lors de la fête Arcen-ciel, par Line Chamberland, chercheuse spécialiste de la diversité sexuelle à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
Une étude unique en son genre, même si des données étaient
déjà disponibles grâce au travail des Groupes de recherche et
d’intervention sociale (GRIS).
de tout et de n’importe quoi. « On peut avoir l’impression que ce
n’est pas de l’homophobie de dire que l’on a un « horaire gai », à
propos de son emploi du temps, mais cela en est bel et bien puisque l’expression est employée dans un but négatif », explique Line
Chamberland. En clair, ce genre d’habitude ne fait qu’entériner la
tendance à la discrimination. Pas étonnant que – là encore – les
deux tiers des filles et des garçons interrogés disent entendre souvent ou à l’occasion des injures homophobes dans leur entourage
scolaire.
Financé par le gouvernement québécois, ce travail a commencé
en 2007. Il concerne près de 2 800 jeunes (de secondaire 3 et seToutefois, il y a plus grave : 74 % des jeunes affirment avoir été
condaire 5), dans quelque 30 établissements publics partout au témoins, directement ou non, d’un acte homophobe. Près de 39 %
Québec. Tous ont répondu à un questionnaire. Les chercheurs ont se disent eux-mêmes victimes d’homophobie, sous forme d’insulégalement interrogé directement une soixantaine de jeunes les- tes, de harcèlement, de violences ou même d’agressions sexuelles.
biennes, gais et bisexuel(le)s.
Les jeunes se définissant comme lesbiennes, gais, bisexuels ou
74 % des jeunes ont été témoins d’un acte homophobe
en questionnement sont ici davantage représentés (69 %). NéanL’accumulation de chiffres détaillés par Line Chamberland en moins, ceux se désignant comme hétérosexuels sont également
rebutera certains. Ils sont pourtant parfaitement représentatifs de nombreux à être concernés : 35 % sont eux aussi pris à partie.
la situation, qui pour le moins critique, tant dans les grands centres « Cela prouve que c’est avant tout la non-conformité du genre qui
que dans les plus petites villes.
amène les problèmes, c’est-à-dire des filles pas assez filles et des
gars pas assez gars », précise Line Chamberland. Du reste, certains
Environ deux tiers de ces jeunes entendent souvent des remar- gais et lesbiennes déclarent avoir eux-mêmes posé un geste hoques comme « c’est tapette », « c’est fif », « c’est gai », à propos mophobe, afin de ne pas éveiller les soupçons sur leur préférence.
Line Chamberland © Arnaud Baty
Être. On a l’impression que Sérovie revient de
très loin…
S.L. Effectivement. À cause du tremblement de
terre, nous avons perdu la plus grande partie de
l’immeuble qui nous servait de quartier général
à Port-au-Prince. Heureusement, nos antennes
en province n’ont pas été affectées. Un certain
nombre de personnes que nous aidions dans la
capitale se sont d’ailleurs rendues dans ces villes.
Néanmoins, le cœur de notre établissement a été
détruit et le tremblement de terre a fait que pen-
Absentéisme, stress et idées noires
Les conséquences de ces pratiques se révèlent importantes pour
le parcours scolaire. Le changement d’établissement, l’absentéisme et des notes en berne sont des dangers permanents. Sans parler
du stress, des problèmes de concentration, des états dépressifs et
des pensées noires : sur la soixantaine de jeunes interrogés par
les chercheurs, 15 % ont eu des idées suicidaires. En 2003, une
étude montrait déjà que les jeunes homosexuels étaient six fois
plus nombreux à mettre fin à leurs jours.
Que faire devant cette réalité qui peut tourner au drame ? Line
Chamberland suggère que « le problème de l’homophobie scolaire
soit pris en compte de manière globale par les personnes chargées
de mener ce combat ». Autre idée : une tolérance zéro contre toute
insulte à caractère homophobe.
Certaines personnes présentes à la conférence ont pointé du
doigt le manque d’engagement des directeurs d’école et des parents. L’étude – dont certains aspects vont encore faire l’objet de
recherches au cours des prochains mois – montre clairement que
les victimes évoquent peu leur calvaire, car elles ont souvent le
sentiment que rien ne sera fait pour leur venir en aide.
10 Être Magaizine
Être. Quel était votre objectif en venant à
Montréal rencontrer les associations LGBT
québécoises ?
Steve Laguerre. Au début du mois de juin,
nous avons eu la chance d’acquérir à très bon prix
un terrain pour construire un nouveau centre. Il
nous faut maintenant trouver l’argent pour mener à bien ce projet, c’est-à-dire 100 000 dollars,
selon nos calculs. Nos partenaires au Québec –
Être, Fréquence-VIH, l’OXFAM – sont en train
de monter un consortium pour rassembler des
dons. Il s’agit de personnes engagées qui veulent
vraiment aider les LGBT en Haïti.
Bureau SEROvie après le seisme © SEROvie
dant les trois premières semaines, toute activité
est devenue presque impossible à Port-au-Prince.
Notre équipe de 13 personnes à temps plein a été
extraordinaire. Elle n’a pas été payée pendant
deux mois tout en continuant à se donner à fond.
sou de l’argent récolté après le tremblement de
terre n’est arrivé à Sérovie ! Nous sommes une
association LGBT et l’organisation des dons sur
place est mauvaise. Prenez la Croix-Rouge américaine. C’est elle qui a récolté la majorité des dons
des LGBT aux États-Unis. Je leur ai envoyé un
Être. Quelles étaient les urgences et en quoi courrier et je suis allé directement les voir. Rien
consiste votre action aujourd’hui ?
n’y fait.
S.L. Il s’agissait notamment de suivre les personnes séropositives qui n’ont pas pu avoir de Être. Vous avez quand même du soutien ?
traitement pendant plusieurs jours à cause de la
S.L. Oui, heureusement, il y a la Commission
catastrophe. Puis, il fallait donner une attention internationale des droits de la personne des gais
particulière aux camps qui sont apparus un peu et des lesbiennes (IGLHRC), qui nous a contacpartout après la catastrophe. Nous avons donc tés quelques semaines après le séisme. Ces gens
distribué des tentes, des masques et des mousti- nous permettent toujours de venir en aide efficaquaires contre la malaria, donné des conseils pour cement aux Haïtiens. Même chose pour la Fondal’utilisation de l’eau, rappelé certaines règles sa- tion américaine pour la recherche contre le sida,
nitaires de base, sans oublier, bien sûr, des préser- l’amfAR. Toutes deux, ainsi que les associations
vatifs et du gel.
gaies québécoises, nous permettront d’avoir un
nouveau centre. Une campagne de souscription
Avant même le tremblement de terre, nos acti- va être prochainement organisée. On a besoin de
vités s’étaient déjà élargies. Au départ, nous fai- tout le monde.
sions essentiellement de la prévention contre le
sida. Mais il y avait toujours des personnes qui
Pour faire un don à Sérovie, contacter
nous faisaient des réflexions du genre « Je veux notamment Maison Plein Cœur - www.maibien mettre ta capote, ton gel, mais je dois surtout sonpleincoeur.org ou encore l’OXFAM-Quémanger et me loger. Donc, si un gentil monsieur bec - www.oxfam.qc.ca.
vient et me donne beaucoup d’argent pour coucher
avec lui sans préservatif, je lui dirai oui ». Donc,
nous avons opéré un changement pour offrir plus
de services, en développant par exemple un système de bourses scolaires ou en donnant des cours
de cuisine, de conduite ou de couture, afin que ces
personnes aient un métier. C’est toute cette action
que nous voulons continuer aujourd’hui.
Être. De quelle aide financière disposez-vous
aujourd’hui ?
S.L. Nous sommes dans une situation difficile.
Depuis trois mois, nous ne recevons plus d’argent
du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. En effet, L’établissement
bancaire Sogebank, qui est censé reverser l’argent
aux associations en Haïti, a remis une lettre de désistement. Il faut trouver un nouvel intermédiaire.
On attend. Le temps presse, d’autant que pas un
Être Magaizine
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Actualités internationales
Iran
COULEUR
Un jeune de 18 ans condamné à mort pour homosexualité
C 565 P
Antoine Aubert
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Ebrahim Hamidi pourrait être exécuté dans les prochaines semaines parce qu’on le dit homosexuel. À l’instar du cas Sakineh Mohammadi
Ashtani, cette Iranienne condamnée à la mort par lapidation pour adultère, l’histoire d’Ebrahim mobilise la communauté internationale. Sans
issue positive envisageable aujourd’hui.
« En Iran, il n’y a pas d’homosexuels. Ce phénomène
n’existe pas », affirmait de façon provocante le président Mahmoud Ahmadinejad, en 2007, à l’occasion d’un
voyage aux États-Unis. En 2010, l’homophobie absolue
du régime islamiste se confirme avec le cas d’Ebrahim
Hamidi. Âgé d’à peine 18 ans, ce jeune – pourtant probablement hétérosexuel – a été condamné à mort, par pendaison, le 21 juin dernier, pour homosexualité et sodomie. Son exécution pourrait survenir très prochainement,
mais, depuis le début de l’affaire, les nouvelles arrivent
au compte-gouttes.
tous les ans vers la Turquie. D’autres optent pour l’Europe ou
l’Amérique du Nord.
Paris et Washington condamnent
La condamnation d’Ebrahim Hamidi a provoqué l’émoi de
la communauté internationale. Une pétition est ouverte sur
Internet pour tenter d’empêcher son exécution (www.gopetition.com/petition/38289.html). Sur le plan diplomatique, la
secrétaire d’État américaine Hillary Clinton a fait part de son
« inquiétude ».
Pour Paris, le cas Hamidi « révolte les consciences et justi-
« Battu, frappé à coup de trique et pendu par les pieds » fie la mobilisation internationale contre les violations graves
Les faits remonteraient à deux ans et concerneraient
une banale histoire de rivalité entre deux bandes de
jeunes à Tabriz, dans le nord-ouest du pays. Ebrahim
Hamidi et trois de ses amis auraient été impliqués dans
une bagarre avec un autre groupe de garçons. Ceux-ci se
seraient rendus à la police, l’un d’eux déclarant avoir été
victime d’une agression sexuelle. Les autorités auraient
alors arrêté, interrogé et torturé Ebrahim et ses amis.
Pendant deux mois, aucun des quatre jeunes n’aurait pu
voir sa famille ou un avocat.
Selon le journal britannique The Guardian, Ebrahim Hamidi a avoué le crime au bout de trois jours de détention.
Avant d’être obligé de signer des aveux, il a été « battu,
frappé à coup de trique et pendu par les pieds », a déclaré
au journal français Libération Saghi Ghahraman, présidente
de l’Iranian Queer Organization. Les trois amis du jeune
homme ont refusé de l’accuser, malgré les pressions. Ils ont
ensuite été libérés. De son côté, la personne qui avait accusé
Ebrahim Hamidi s’est rétractée.
des droits de l’Homme fondées sur l’orientation sexuelle en
Iran, comme partout ailleurs ». Début septembre, un rassemblement s’est même tenu dans la capitale française. Si, pour
l’instant, Ottawa ne s’est pas prononcé sur ce cas précis, le
ministre de l’Immigration Jason Kenney a cependant décidé,
fin juin, de faciliter la venue des LGBT iraniens sur le territoire canadien.
Reste que la situation du jeune Ebrahim semble très critique. En effet, le jeune homme n’a plus d’avocat. Mohammad
Mostafael, qui défendait également Sakineh Mohammadi
Ashtani, a été obligé de fuir en Norvège après l’arrestation
de son épouse par les autorités iraniennes. Le sort d’Ebrahim
Hamidi, actuellement sans doute emprisonné à Téhéran, dépend désormais de la Cour suprême, dont la décision n’est
pas encore connue au moment où nous mettons sous presse.
© Jaume d’Urgell
30 à 40 arrestations par an
Néanmoins, la justice iranienne ne l’entend pas de cette
oreille. Comme le souligne Saghi Ghahraman, « la “conviction du juge” suffit à condamner quelqu’un à mort pour adultère, sodomie ou actes homosexuels. […] Quand vous êtes
arrêté, il faut nier être homo, sinon vous avez 100 % de chances d’être exécuté ».
Plusieurs dizaines de personnes présumées gaies seraient
ainsi arrêtées chaque année. En Iran, la loi prévoit différentes
peines – coups de fouet, pendaison, lapidation à mort – pour
les personnes reconnues coupables de sodomie. Devant cette
chasse aux sorcières, une centaine de jeunes fuiraient le pays
12 Être Magaizine
Être Magaizine
13
Vienne a d’abord permis de rappeler que les droits humains sont essentiels dans la lutte contre le VIH/sida. Cela est vrai pour les personnes
vivant avec le virus, bien sûr, mais aussi pour les femmes, les enfants, les
gais et lesbiennes, les trans, les personnes incarcérées, et les travailleurs
et travailleuses du sexe. Les inégalités socioculturelles, la criminalisation,
les discriminations et les stigmatisations qui touchent toutes ces minorités
les rendent sujets aux infections. Toutes ces personnes peinent à se faire
prendre en charge et à avoir accès à des traitements appropriés.
© groupesida.ch
Pour exiger l’égalité des droits partout, pour toutes et tous, les conférenciers ont marché le 23 juillet dans le cœur historique de Vienne. Ils
ont ensuite convergé vers le centre de la ville, à Heldenplatz (place des
Héros), pour écouter un concert d’Annie Lennox. En 2007, la chanteuse
a lancé une campagne de mobilisation et de cueillette de fonds baptisée
SING.
Le stand du Canada pris à partie
Il semble que plusieurs pays s’opposent à l’intégration des droits des
minorités sexuelles au sein de l’ONU, où le terme « travailleur du sexe »
serait proscrit… Dans certains États financeurs, comme les États-Unis, le
Canada ou la France, les droits humains ne sont pas toujours respectés.
reste préoccupante, surtout dans les pays du sud. La prévalence annuelle
ne cesse d’augmenter : 21,4 % des HARSAH au Malawi, 13,8 % au PéLe Canada n’a ainsi pas signé la Déclaration de Vienne, sous prétexte rou, 30 % à Bangkok, 14 % à Kampala… À titre de comparaison, on
qu’elle ne s’intégrerait pas à sa politique antidrogue. Charlene Wiles, de estime que 12,5 % des HARSAH québécois sont séropositifs.
l’Agence de santé publique du Canada, critique l’attitude d’Ottawa, expliquant que « le gouvernement du Canada croit que le meilleur moyen
Ici, on distingue trois situations : l’épidémie continue dans les pays à
de s’attaquer au problème de l’injection de drogues et à ses conséquences revenu faible ou moyen ; elle stagne dans les pays riches ; on met à jour
sur la santé publique est d’abord d’en prévenir la consommation. Or, il est de nouvelles épidémies dans des régions où il n’existait auparavant auessentiel d’avoir des services de traitement pour aider les consommateurs cune donnée ! De plus, selon les experts, la lutte contre le VIH/sida parmi
de drogues à arrêter ».
les HARSAH sera bien plus efficace lorsqu’on mettra fin aux multiples
discriminations qui les affectent : législations homophobes, racisme (on
Critiquée par Julio Montaner — président de l’International Aids So- sait par exemple que les HARSAH afro-américains sont beaucoup plus
ciety (IAS) — cette position a été violemment conspuée par des activistes touchés que les autres), etc.
canadiens. Ces derniers ont pris à partie le stand du Canada, dénonçant la
situation des personnes incarcérées, le refus de mettre en place des straDans un tel contexte, la pénalisation de la transmission sexuelle du
tégies pour réduire les risques et les méfaits liés aux usages de produits VIH/sida n’arrange rien : isolement des personnes vivant avec le VIH
psychoactifs et, plus généralement, les politiques sociales conservatrices (PVVIH) et qui n’osent plus se dévoiler, fragilisation des femmes
du gouvernement Harper. Parmi les décisions contestées, on retrouve no- séropositives en renforçant la domination masculine et les violences qui
tamment la suppression des subventions fédérales aux cliniques de plani- lui sont associées, diminution du recours au dépistage… Tout cela fait
fication familiale et le financement international de programmes pro-vie. partie des conséquences désastreuses recensées.
Sébastien Barraud
Environ 20.000 participants se sont retrouvés à Vienne, cet été pour la 18e édition de la Conférence internationale sur le sida, événement marqué par un slogan clair et net : Rights Here, Right Now ! Ce fut aussi l’occasion de constater que si la situation reste très
préoccupante un peu partout, y compris au Canada, certaines données laissent espérer un meilleur avenir.
14 Être Magaizine
La pénalisation aggrave la situation
Bonnes nouvelles sur le plan scientifique ?
Toutefois, le sida, c’est aussi et surtout une question d’argent. Un fait
est incontestable : l’accès aux traitements ne sera pérennisé que si l’on
continue à alimenter le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Pour la prochaine période, qui reste à financer
(2011-2013), il faut au moins 20 milliards de dollars américains pour
maintenir les programmes en cours et intensifier ceux qui produisent de
bons résultats. Avec 13 milliards, on se contenterait de faire survivre les
programmes en cours, ce qui s’avérerait insuffisant pour réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement et la santé.
Or, ces facteurs accroissent le risque de contracter ou de transmettre
le VIH. C’est bien pour cela que l’Organisation mondiale de la santé,
l’International Aids Society et l’ONUsida, les trois plus grandes agences
internationales de lutte contre le VIH s’opposent ensemble à cette criminalisation, Selon elles, « pour protéger la santé publique, il faut protéger
les PVVIH ».
Le Canada n’a toujours pas compris le danger. Triste vice-champion du
monde de la criminalisation, avec 63 procès pour transmission ou exposition sexuelle, le pays se démarque aussi par des sentences d’une sévérité
Avec la crise économique et financière qui frappe la planète depuis inégalée. Seuls les États-Unis semblent encore plus sourds, avec plus de
deux ans, les pays donateurs traînent de la patte. Les plus importants 300 procès, largement devant la Suède (38), l’Autriche (30), la Suisse
d’entre eux (États-Unis et France) ont gelé leur participation, se conten- (30) ou encore la France (15).
tant d’injecter les mêmes sommes que précédemment. Pour sa part, le Canada ne s’est pas engagé à contribuer au Fonds, alors qu’on ne lui réclame
Heureusement, les associations communautaires sont là pour défendre
qu’un milliard sur deux ans.
les droits des personnes concernées lorsque les États les attaquent. Le
réseau juridique canadien VIH/sida, Aides (France) et le Groupe Sida
Parmi ceux qu’on désigne comme « les hommes ayant des relations Genève viennent d’éditer conjointement un « kit » qui contient des docusexuelles avec des hommes » (HARSAH), la situation épidémiologique ments informatifs permettant aux avocats d’être mieux renseignés sur le
Être Magaizine
15
350 CD4 à 500 par millimètre cube de sang (une fois
de plus, Santé Canada n’a pas encore pris position),
mais il semble que le traitement précoce apporte des
avantages thérapeutiques certains (moins d’effets secondaires, moins de cancers à moyen terme, meilleure
réaction immunologique) par rapport aux dégâts entraînés par l’inflammation généralisée due à la présence du
VIH dans le corps, comme le vieillissement accéléré
des organes.
Toutefois, il convient de rester prudent, car il
n’existe aucune donnée scientifique objective sur
la toxicité des médicaments antirétroviraux (ARV)
administrés au long cours. Si l’intérêt individuel
du traitement précoce se rapproche de l’intérêt
collectif de traiter plus de monde plus tôt, nous ne
sommes pas encore dans une situation d’intérêts
mutuels, dans un contexte où de 30 à 40 % des PVVIH s’ignorent.
VIH et les conséquences de la criminalisation afin
d’être en mesure de préparer une bonne défense.
Sur le plan scientifique, on semble avoir fait
un grand bond en avant. En janvier 2008, le médecin suisse Bernard Hirschel avait lancé un pavé
dans la mare : « Une personne séropositive traitée,
ayant une charge virale indétectable depuis plus de
six mois, en l’absence d’infections transmissibles
sexuellement (ITS), ne peut plus transmettre le VIH
par voie sexuelle ».
Cependant, à force de discussions internationales
et après plusieurs avis d’experts en France, en
Allemagne et ailleurs, on arrive aujourd’hui à un
consensus, même si Santé Canada ne s’est toujours
pas positionné sur ce sujet. À Vienne, TasP est devenu TisP (Treatment is Prevention) — le traitement,
c’est de la prévention. Pour Julio Montaner, plus on
traite de PPVIH, plus le nombre de transmissions
diminue et, à moyen terme (2050), on pourrait éradiquer l’épidémie.
Autre espoir : les gels prophylactiques
Certes, le Centre américain de contrôle des maladies
Les discussions sur le traitement comme moyen
de prévention ou TasP (Treatment as Prevention) et les experts français viennent de rehausser le niveau
ont provoqué des débats houleux en août 2008, à de lymphocytes T.CD4 à partir duquel il faudrait comla Conférence internationale sur le sida de Mexico. mencer à traiter une personne séropositive : on passe de
Jean-François Delfraissy © ec.europa.eu
Enfin, un autre espoir est (ré)apparu à Vienne :
celui des gels prophylactiques. On croyait morte
cette option préventive, mais c’était sans compter
sur les résultats de l’essai CAPRISIA, réalisé auprès de femmes sud-africaines. Contenant 1 % de
Tenofovir, ce gel vaginal réduit de 39 % le risque de
transmission du VIH.
Nettement moins efficace que le préservatif, ce
gel est tout de même un soulagement pour toutes les
femmes et travailleuses du sexe vivant sous l’empire de la domination masculine, d’une pauvreté
et d’une pression sexuelle ne leur permettant pas
d’utiliser systématiquement de condom. Il faudra
cependant attendre 2018 pour avoir les résultats
d’études similaires réalisées avec des homosexuels
sur des gels rectaux.
« Traiter des gens qui n’en ont pas besoin ». Oui mais…
On a donc beaucoup entendu dire, comme c’est le cas de Jean-François Delfraissy (directeur de l’Agence
nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales, en France), qu’il s’agissait désormais « de traiter
même des gens qui n’en ont pas besoin, pour réduire la quantité de virus en circulation ». Cette proposition
pose un certain nombre de problèmes, notamment sur le plan éthique :
1. Ces nouvelles données s’appuient sur des modèles mathématiques qui ne sont pas infaillibles. Il faudra
donc attendre les résultats de plusieurs études en cours (2015) pour confirmer leur validité.
2. Comment obliger une personne qui n’en a pas besoin à prendre des traitements ? Nécessité médicale,
choix éclairé et mieux-être individuel doivent rester au centre de l’action thérapeutique et préventive.
3. Quels pays pourront se payer ce luxe, si le financement du Fonds mondial reste à son niveau actuel ?
4. On peut craindre une aggravation mondiale de la situation des plus malades. Déjà aux États-Unis, on
a des listes d’attente. Ceux qui attendent les traitements sont les personnes les plus précaires, les plus
pauvres et aussi celles dont le système immunitaire est grandement affaibli, soit celles qui auraient besoin
d’être traitées en priorité pour survivre.
Dans des contextes où les ressources financières et humaines sont limitées, comme c’est le cas en
Afrique et en Russie, la nouvelle priorité vers le traitement immédiat risque de défavoriser les plus faibles,
ceux qui ont le plus besoin d’un traitement pour leur santé.
Références :
SING : http://www.annielennoxsing.com/about-sing
La Déclaration de Vienne : http://www.ladeclarationdevienne.com
Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme : http://www.theglobalfund.org/fr
Kit de défense d’une personne vivant avec le VIH accusée d’avoir exposée une autre personne au VIH : http://www.aidslaw.ca/FR/kit-avocats/documents/Intro-FR.pdf (description détaillée)
http://www.aidslaw.ca/FR/kit-avocats/index.htm (kit complet)
16 Être Magaizine
Être Magaizine
17
Avant même de nous plonger dans l’histoire d’Adam et Marco,
faisons un premier constat : il n’est pas facile de trouver des témoins
pour nous parler du bonheur du célibat. Il y a ceux qui affirment
l’être par choix pour ne pas montrer les souffrances que leur procure leur solitude. Il y a ceux qui sont souvent célibataires car ils
enchaînent les histoires ratées. Il y a enfin ceux qui ont véritablement le profil recherché mais qui veulent se taire. C’est donc avec
un certain soulagement que nous avons recueilli les témoignages des
deux beaux jeunes hommes. Avec satisfaction aussi : Adam et Marco
parlent très librement de leur choix et de leur vie de célibataire.
cloche du côté de Marco qui « donne priorité absolue à [s]es projets.
Je suis venu au Canada (il est d’origine mexicaine) pour intégrer
une école de théâtre. Et être en couple serait de toute évidence un
obstacle alors que je dois travailler fort. »
Que disent leurs amis de tout cela ? Marco parle de « compréhension. Ils savent ce que je veux, même si parfois je ne peux pas
m’empêcher de me sentir un peu bitch. » Pour Adam, en revanche,
les jugements surviennent régulièrement : « Je suis souvent mal
perçu. On dit que je suis égoïste. Ce qui est vrai, finalement. Mais je
fais cela pour mon bien. Je dois penser à ce qui me rend heureux. Je
Même le couple ouvert ne convient pas
dois penser à moi… tout en pensant à l’autre aussi. Je déteste faire
Ils ont pris cette décision après avoir été chacun déjà en couple. du mal aux gens. »
Adam a été quelques mois avec un garçon l’année dernière. Un
échec sur presque toute la ligne : « Quand on ne faisait que se fré- Pas envieux des autres
Du reste, aucun regret ne pointe à la vue, dans la rue et dans leur
quenter, tout allait bien. Mais ensuite, quand c’est devenu plus officiel, je n’étais plus du tout naturel. Je me demandais « est-ce que je entourage, de couples se tenant main dans la main. Pour Adam, « il
dois faire cela pour lui faire plaisir ? Est-ce que si je fais autrement, ne faut se voiler la face, il y a toujours des problèmes, même chez
il va mal le prendre ? » Il avait des attentes et moi aucune. C’était ceux qui ont l’air parfaitement heureux ensemble. Je suis revenu
impossible. » Le jeune homme va même jusqu’à dire que « le mot de cette pensée qui veut que le couple soit le bonheur suprême ».
couple est synonyme de prison. Il dérange tout, change tout. Je ne Marco abonde dans son sens avec une anecdote advenue sur son
me vois pas dire « mon chum ». Il y a là une idée de possession qui lieu de travail : « Je me souviens avoir vu arriver un couple qui avait
l’air très amoureux. À peine l’un est parti aux toilettes que l’autre
me dépasse ».
m’a dragué, voulant me donner son numéro… Si c’est cela être en
Si pour Marco, l’expérience d’un an et demi avec son dernier co- couple, vive le célibat ! »
pain s’est également soldée, il y a sept ans, par un échec, les raisons
De là à ne jamais se voir en couple, il y a un pas… qu’Adam
principales sont cependant un peu différentes : « Je n’ai jamais été
100% fidèle. C’est quelque chose d’impossible pour moi. Et j’avais franchit. « À moins d’une bonne thérapie avant », rigole-t-il. Pour
toujours des remords. Pourquoi faire cela à la personne avec qui lui, en tout cas, la réponse est clairement non. « Je n’arrive pas à le
je suis ? Pourquoi tromper celui qu’on dit aimer ? Cela ne rimait à concevoir ». Marco affirme pour sa part « ne pas pouvoir rester plusieurs années avec la même personne. À un moment donné, je vais
rien. » D’où le choix du célibat, moins pesant et sans contraintes.
être tanné. J’aime le changement. »
Une question vient alors à l’esprit : pourquoi ne pas essayer le
couple ouvert ? « J’ai tenté l’expérience, répond Marco, mais cette
fois, c’est moi qui n’y arrivais pas. Je suis quelqu’un de très jaloux. © Michael Williams / mawphoto.com
En plus il avait plus de succès que moi et j’avais du mal à le supporter. ». Adam a également tenté l’expérience, avec la même déception : « Je faisais souffrir l’autre parce que moi j’étais vraiment
très ouvert à d’autres expériences. Lui avait vraiment du mal. C’est
presque à chaque fois la même chose : les deux personnes ne sont
jamais sur la même longueur d’onde. Résultat, il y en a toujours un
qui doit souffrir. » Très peu pour lui.
Antoine Aubert
[email protected]
Dans le cadre de sa chronique sur la diversité des relations, le magazine Être a recueilli le
témoignage de Adam, 24 ans et de Marco, 27 ans. Les deux jeunes hommes sont ce qu’on peut
appeler des « célibataires endurcis ». Ainsi, uniquement par choix, ils refusent d’être en couple,
préférant goûter pleinement à la maxime « vivre de sexe et d’eau fraîche ». Ils nous racontent
ce qui les a poussés à adopter ce mode de vie totalement assumé.
18 Être Magaizine
Le plaisir et le travail avant tout
À partir de là, autant donc abandonner toute idée de vie à deux et
profiter de la vie. « Je suis encore jeune. Entre 20 et 30 ans, pour peu
que tu prennes suffisamment soin de toi, il y a plein d’occasions de
s’amuser. Je ne fais pas non plus n’importe quoi mais voilà, j’aime le
sexe, j’aime rencontrer des personnes différentes. C’est super le célibat », explique avec un grand sourire Marco. Adam est plus calme
– même s’il a eu une période assez « chaude » entre 20 et 22 ans – ne
cherchant pas à accumuler les trophées de chasse : « Ce n’est pas
dans ma nature. Je suis plutôt un gars tranquille. Je prends les choses
comme elles viennent, au fil des rencontres. Je ne suis pas célibataire
pour avoir davantage de sexe… même si je ne dis pas non… ».
Adam aime mettre aussi en avant son travail pour expliquer son
choix de célibataire endurci : « Quand on me chauffe un peu trop les
oreilles en me demandant « et sinon comment ça va côté cœur ?»,
je réponds que je suis marié avec mon travail, dit-il en riant. Mais
c’est vrai, mon avenir professionnel passe avant tout. » Même son de
Être Magaizine
19
Chronique Livres
Les gais ont-ils oublié d’être des utopistes ?
Antoine Aubert
[email protected]
Avec L’homosexualité est-elle soluble dans le conformisme ?, Jacques Fortin, militant LGBT français depuis plus de 30 ans, retrace l’histoire des
oppressions à l’encontre des homosexuels ainsi que les combats menés par la communauté contre les discriminations. Une manière de montrer que le
résultat obtenu aujourd’hui n’est pas aussi satisfaisant que certains souhaitent le faire entendre.
C’est un petit livre (quelque 140 pages) mais un petit livre
qui fait du bien. Jacques Fortin reste un insoumis, un vrai.
Quelqu’un qui depuis 30 ans ne se satisfait pas de la vérité de
façade, officielle. Il tape là où cela fait mal et n’hésite pas à
prendre la communauté LGBT à rebrousse-poil. Le fondateur
de l’Université d’été des homosexualités de Marseille (dans le
sud de la France) le proclame haut et fort : les gais et lesbiennes
n’ont pas gagné la partie ni atteint leurs objectifs : avoir les
mêmes droits que les autres et ce sans se faire enfermer dans
des archétypes d’une société bien-pensante.
Pour en arriver à ce constat, Jacques Fortin a choisi de retracer dans un premier temps l’histoire des homosexuels – même
si ce terme n’existe que depuis le XIXème siècle. Disons-le
franchement : c’est sans conteste une partie décevante dans
l’ouvrage. Le militant français rappelle (trop) brièvement, entre autres, les persécutions religieuses, l’apport des philosophes
des Lumières, puis la médicalisation de l’homosexualité et du
lot de problèmes que cette évolution a engendré – avec l’équation bien connue homo = malade.
« autre chose ». Une alternative qui aurait mis à mal la pensée
hétérosexiste, piège dans lequel sont tombés beaucoup de gais,
selon l’auteur. Ainsi, pour ce dernier, « le mariage n’est pas
anodin. (…) Il suppose le lien entre les époux pour commencer, donc l’appropriation réciproque des corps (…) la limitation
des conduites (fidélité), et la dramatisation intrinsèque de tout
« écart » (adultère) ». « Nous sommes-nous battus pour ça ? »,
demande-t-il.
Une autre issue possible ?
À l’entendre, il y a donc clairement une crise identitaire et
comportementale chez les homosexuels aujourd’hui. Le néoconformisme serait roi. Jacques Fortin veut pourtant croire à
« une autre issue possible », où « dérogation et transgression
valent mieux que refoulement et interdit », la solution des «
hors-le-genre ». Le concubinage est ici préféré au mariage. La
parentalité n’est pas automatiquement biologique. Égratignant
au passage les défilés des fiertés de ces dernières années, bien
peu militantes et exigeantes à ses yeux, il demande aux homosexuels d’entendre la colère qui est en eux. Une colére « mère
des utopies ».
Le sida a tout changé
Autre défaut du livre : Jacques Fortin exprime un point de
vue très européen. Il préfère ainsi s’attarder sur le mouvement
révolutionnaire de mai 68 en France – le fameux « Il est interdit d’interdire » aura bien entendu profité aux LGBT mais de
manière indirecte – que sur les émeutes de Stonewall en juin 69
à New York. Reste qu’il ne faut pas s’y tromper : l’espoir né à
cette époque et la rébellion de la communauté gaie et lesbienne
comporte de nombreux points communs d’une part et d’autre
de l’Atlantique.
Le sida constitue aussi l’un de ses points communs avec les
mêmes conséquences décisives. Certaines bonnes, telle la naissance d’une génération militante extraordinaire qui remportera
trois batailles phares – celle de l’opinion publique, celle de la
prévention et celle de « l’estime de soi contre tout retour de
honte et de culpabilité» alors que les homosexuels sont accusés
d’être à l’origine de l’épidémie. D’autres largement plus regrettables comme le déclin des voix lesbiennes et féministes du fait
d’un fléau qui frappait bien plus les gais, ou encore l’extinction
d’une vision utopique de la vie chez les LGBT. La communauté
gaie, confrontée à une telle tragédie, qui plus est à une période
où la société retrouve des élans de puritanisme (Thatcher, Reagan), a accepté d’être davantage contrôlée et a renoncé à la liberté et au non-conformisme.
Voilà pourquoi Jacques Fortin parle d’une utopie ratée. Les
LGBT ont obtenu, dans certains pays (dont le Canada), le mariage et l’adoption. À quel prix ? Celui du renoncement à cet
20 Être Magaizine
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21
Antoine Aubert
François Bernier
Comme chaque année, la rentrée télé comprend son lot de nouvelles productions et nous ramène celles dont on a attendu le retour depuis des mois. C’est particulièrement le cas de Tout sur moi, revenu le
15 septembre pour une quatrième saison. Au centre de cette pétillante série, la belle Macha Limonchik,
qui y interprète son propre rôle. Être s’est entretenu avec une actrice disponible, simple et souriante, à
l’image de la Macha que l’on connaît en regardant Radio-Canada. Elle nous parle de son actualité professionnelle et de son implication envers la communauté gaie en tant que porte-parole de l’association
GRIS-Montréal qui combat l’homophobie scolaire.
22 Être Magaizine
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23
Être. Depuis quatre saisons, vous et vos deux
complices, Éric Bernier et Valérie Blais, jouez
vos propres rôles dans Tout sur moi. Pouvez-nous
parler un peu de ce quatrième volet de la série?
Macha Limonchik. Tout d’abord, il faut savoir
qu’on va clore l’histoire impliquant Émilie Bibeau et Claude Legault. C’est cette aventure qui
a commencé la nouvelle saison. Un peu plus tard
cet automne, on reverra toute l’équipe de La vie la
vie. Julie (McClemens) voudra faire revivre la série
et tous les acteurs qui en ont fait partie seront très
enthousiastes à cette idée. Je me laisserai un peu
entraîner malgré moi. Évidemment, Éric et Valérie
auront bien envie d’être intégrés à cette suite (rire).
Un des épisodes sera construit à la façon du film
Rencontres du troisième type de Spielberg. C’est
vrai que nous avons beaucoup moins de moyens
financiers que le film, mais il n’en reste pas moins
que cet épisode est très beau. Je peux aussi vous
dire que la saison se terminera sur un mariage. C’est
François Létourneau qui doit se marier à la base.
Il demandera ma collaboration afin que je l’aide à
préparer la célébration mais ce sera finalement un
autre couple qui s’avancera dans l’allée. Mais pour
savoir qui, vous devrez écouter l’épisode (sourire).
sés. Si c’était le cas, le téléspectateur aurait plus de
mal à croire aux histoires qui nous arrivent dans la
série. Par contre, il doit toujours y avoir un fond de
vérité dans nos réactions et dans nos personnalités
à l’écran. En clair, il faut que ma mère me reconnaisse… et qu’elle ait honte (rire). Ce qui est amusant, c’est que désormais, dès qu’il nous arrive une
drôle d’histoire, on s’envoie les détails par message
texte pour s’en souvenir. Stéphane a du coup une
banque d’anecdotes qu’il nous arrive nous-mêmes
d’oublier.
Être. Y aura-t-il une cinquième saison ?
M.L. Elle est écrite en tout cas. Ce doit être la
dernière de Tout sur moi. Néanmoins, cet été, quelques semaines avant le tournage, Radio-Canada a
décidé d’annuler celui-ci car le gouvernement Harper lui a ôté des subventions. Eric, Valérie et moi
nous sommes retrouvés sans emploi, juste avant
l’été. J’ai la chance énorme d’avoir pu faire des économies grâce à mon travail des années précédentes.
Autrement, les choses auraient été difficiles. Tout
ce que l’on espère, c’est qu’on nous donnera finalement le feu vert pour le tournage. Nous savons que
nous avons un auditoire fidèle. On l’a constaté après
la première saison. La série ne devait pas avoir de
suite mais Radio-Canada a reçu de nombreuses lettres de nos auditeurs, outrés par la décision de la
télévision d’état. Ils ont finalement réussi à infirmer
la décision, grâce à leur soutien et de leurs messages
articulés et intelligents. Nous nous sommes aperçus
que nous avions la chance d’avoir un public sophistiqué. Cela nous a charmés.
Être. Donc vos personnages resteront fidèles à
eux-mêmes dans leurs maladresses ?
M.L. Absolument. Nos personnages n’évoluent
pas du tout (rire). En fait, même si nous, comme
individus, nous changeons et évoluons, Stéphane
(Bourguignon, le réalisateur) a voulu s’attarder
sur un seul aspect, légèrement caricatural, de nos
personnalités respectives et s’y accrocher. On peut
se permettre d’aller loin grâce à ce procédé parce Être. Avez-vous d’autres projets dans les proque nous ne sommes pas des acteurs très médiati- chains mois ?
M.L. À dire vrai, je n’en ai pas beaucoup pour
le moment puisque je croyais qu’on passerait l’été
à tourner Tout sur moi. J’ai quand même quelques
projets ici et là. Je travaille avec un jeune auteur et
acteur de la relève, Simon Boulerice, pour sa dernière création, PIG. Il y a aussi dans l’air un projet
de film. Un scénario de Stéphane dans lequel j’interprèterais le premier rôle féminin. À la base le rôle
ne m’était pas destiné mais les personnes qui ont lu
le scénario lui ont affirmé que celui-ci me collait
tout à fait à la peau. Nicole Robert, la productrice,
a accepté l’idée. Il ne reste qu’à voir si on aura des
subventions pour le faire. Bref, ce n’est pas mon
année la plus occupée, mais cela me laisse du temps
pour m’occuper de ma fille.
est souvent négligé à la télévision québécoise, une
télévision très homogène, en résumé très blanche
et très francophone. J’avais beaucoup de commentaires d’immigrants qui me disaient avoir appris le
français en nous regardant, qu’ils trouvaient la série
amusante et révélatrice sur la réalité de l’immigration au Québec.
Être. Tout sur moi est une série très appréciée par
les gais. L’un des acteurs principaux est homo
(Eric Bernier). Vous concernant, on se souvient
que dans la première saison, votre personnage
assiste au spectacle d’une drag queen vous personnifiant. Cette aventure illustre bien votre rapport privilégié avec la communauté gaie. Comment expliquez-vous cette relation particulière ?
M.L. J’ai beaucoup d’amis gais, c’est vrai. Depuis toujours, quand je sors dans le Village, je me
fais offrir des verres, les gens viennent me parler. Ils sont tellement gentils avec moi. J’ignore
pourquoi (rire). Dans Tout sur moi, Valérie (Blais)
dit que « Sortir avec Macha dans le Village, c’est
comme sortir avec Queen Latifah dans le Bronx
». Même sur Facebook, j’ai parfois des demandes d’amitié de très jolis garçons homos. J’arrive
presque à rendre Éric (Bernier) jaloux. Il me demande: « C’est qui lui ? Pourquoi je l’ai pas dans
mes amis ? » (rire). Plus sérieusement, je sais ce
que c’est de se sentir en décalage. Je viens d’une
famille avec une mère catholique francophone et
un père juif anglophone, je suis allée dans un lycée français et j’ai pris l’accent français… Je ne
me suis réellement sentie à ma place qu’en intégrant le Théâtre du Nouveau Monde à Montréal.
Peut-être est-ce ce sentiment de toujours être «
pas rapport » qui explique ma popularité auprès
des gais ? Je ne sais pas.
Être. Est-ce justement le fait d’être appréciée
par la communauté gaie qui vous a fait accepter
le poste de porte-parole du GRIS-Montréal ?
M.L. C’est surtout le coup de fil que Gilles Renaud, l’ancien porte-parole, m’a passé pour me solliciter qui m’a convaincue. Je sais que le GRIS cherche toujours des porte-parole hétérosexuels, ayant
des enfants. Mais je ne sais pas comment mon nom
leur est venu (rire). En tout cas, c’est allé très vite, je
n’ai pas hésité. Je reçois beaucoup de sollicitations
de ce genre. Comme pour mon travail, je fonctionne
à l’instinct : pour GRIS-Montral, j’ai dit oui. Deux
raisons, en fait, m’ont fait accepter. D’une part, je
n’avais rien à faire (rire). Je trouvais cela formidable d’être bénévole, d’agir pour une cause noble.
L’école, c’est tout ce qu’on a dans la vie pendant
longtemps. C’est un milieu particulier : les parents
peuvent être ouverts mais les enfants vont être violents entre eux. D’autre part, j’ai aussi accepté car
j’ai pensé à ma petite fille. Si dans quelques années,
elle se découvre lesbienne, je veux qu’elle aille au
bal avec sa blonde sans que cela pose problème. Je
ne veux pas qu’elle soit embêtée.
Être. Le métier d’acteur étant particulièrement
instable. Avez-vous déjà eu peur de ne pas arriver à en vivre ?
M.L. Je ne suis pas inquiète en règle générale.
Cela a toujours été comme ça dans ma carrière:
j’ai toujours peu travaillé. Mais si je regarde mon
parcours, je constate que j’ai été privilégiée dans
mes contrats. A défaut d’avoir des tas d’offres,
j’ai travaillé de manière régulière et surtout avec
des collaborateurs extraordinaires. Que ce soit des
contrats avec Robert Lepage à mes débuts, dans La Être. Quelle a été votre impression pour vos previe la vie, Tout sur moi… Avec Pure laine, on est miers pas comme porte-parole ?
M.L. Celle d’être entourée par des gens en tout
allé chercher un public complètement différent, qui
24 Être Magaizine
point extraordinaires. Chaque fois que je me retrouve avec des bénévoles du GRIS, je suis impressionnée. Ils font un travail loin d’être facile. Plusieurs
d’entre eux en sont à effectuer, chaque année, plus
de 100 visites dans des établissements scolaires !
J’ai assisté à un certain nombre d’interventions. Ils
se retrouvent face à ces enfants et, croyez-moi, ce
n’est pas facile pour les bénévoles de répondre à
leurs questions. Ce sont des interrogations que je
trouve pertinentes, par exemple : « Si vous vous
voulez être acceptés, pourquoi organisez-vous des
Jeux olympiques uniquement gais ? ». C’est tout
sauf niaiseux. Donc il s’agit d’une mission importante pour ces gais et lesbiennes. Leur travail parvient à changer les mentalités.
Être. Avez-vous constaté beaucoup d’homophobie
lors des interventions auxquelles vous avez assisté ?
M.L. Les enfants ont toujours un questionnaire à
remplir avant l’intervention. Et les réponses étaient
catastrophiques. On pouvait lire des phrases comme
« les homosexuels sont des malades » ou « cela ne
devrait pas exister ». Et ce n’est pas seulement un
enfant sur 30 qui répond ce genre de choses. Bref,
ce n’est pas du tout exagéré d’affirmer qu’il y a
un gros problème d’homophobie dans les établissements scolaires au Québec. Il est donc plus que
jamais important de lutter, de faire de la sensibilisation. Prenez par exemple le cas des enfants d’immigrants : leurs parents viennent souvent de pays où
les gais et des lesbiennes n’ont aucun droit. Il faut
donc dire et répéter : ici au Canada, vous avez le
« Dans Tout sur moi, il doit toujours y avoir un fond de vérité dans
nos réactions et dans nos personnalités à l’écran. En clair,
il faut que ma mère me reconnaisse… et qu’elle ait honte ! »
droit de vous embrasser, de vous tenir par la main. Être. Peut-on être quand même optimiste ?
Vous ne vous ferez pas arrêter par la police, vos
M.L. Je le pense. Des études universitaires
droits seront respectés.
ont été faites sur la question de la sensibilisation
auprès des jeunes concernant l’homosexualité.
Être. Vous avez entendu les témoignages de jeu- On s’est aperçu que le nom de GRIS-Montréal renes gais et lesbiennes discriminés ?
venait souvent. Les enfants sont de plus en plus
M.L. Oui, bien sûr et c’était très émouvant. Je nombreux à en entendre parler. Il y a donc des efpense à ce jeune qui nous a répété la phrase de son fets incontestables. On le voit aussi à travers ces
père : « J’aurais préféré que tu meurs plutôt que tu établissements scolaires qui ont compris l’imporsois homo ». Je pense à ces filles qui ne peuvent pas tance de ces interventions : ils font désormais vealler aux toilettes parce qu’elles sont lesbiennes et nir GRIS-Montréal chaque année. Dans une école,
qu’elles savent qu’elles vont avoir des problèmes… des parents ont voulu s’opposer à une possible inC’est révoltant : vous voyez une adolescente de 14 tervention de bénévoles. Les élèves ont alors fait
ans aller chez les hommes ? D’autres jeunes sont un geste magnifique : ils ont tous mis un t-shirt
agressés. Ils sont effrayés, du coup ils arrivent en rose pour montrer leur désaccord avec leurs pèretard à l’école pour éviter de se faire frapper. Et res et leurs mères. Le directeur s’est finalement
comme ils arrivent en retard, ils sont punis par les rangé de leur côté et le GRIS a pu venir. J’ai l’improfesseurs. Personne ne devrait vivre cela. Je peux pression que, petit à petit, cela devient «uncool»
vous parler aussi de ces jeunes gais et lesbiennes d’être homophobe. La vapeur se renverse. De
qui ont peur quand le GRIS arrive dans leur classe, toute manière, nous n’avons pas le choix. Certes,
car ils craignent d’être « découverts ». Et puis je cela ne concerne qu’une minorité. Oui, il y a plein
ne parle même pas des cas de suicide. Toute cette d’autres problèmes. Mais ce combat doit être une
situation est inadmissible.
priorité quand on sait que des jeunes en viennent à
s’ôter la vie à cause de cette violence.
Être Magaizine
25
Exposition
François Bernier
[email protected]
Zilon, cet artiste qui, avec les années, a laissé sa marque un peu partout dans Montréal, notamment par d’impressionnants graffitis, dit s’inspirer
beaucoup de la musique et de la culture rock. Il le prouvera une fois de plus avec ses dernières créations, réunies à la galerie MX, pour l’exposition Eaux
trouble$, du 29 septembre au 17 octobre.
Balade sur la rue Sainte-Catherine. Dans le Village, nos regards s’attardent sur une grande fresque,
un graffiti géant qui décore un vieux bâtiment
abritant un restaurant asiatique atypique. À la vue
de cette œuvre urbaine, nos yeux s’accrochent à
ceux, immenses, des personnages représentés sur la
toile, des yeux reconnaissables entre mille, propres
à Zilon. Zilon, le peintre-roi de Montréal.
Exposition Eaux trouble$
Du 29 septembre au 17 octobre
Galerie MX
333, av. Viger Ouest
Montréal, QC H2Z 0A1
(514) 315-8900
26 Être Magaizine
COULEUR
C 3625 P
COULEUR
C 2630 P
Enfin, ce genre d’opinion permet surtout de confirmer que Zilon Lazer a l’âme d’une vedette rock,
lui qui écoute toujours de la musique en travaillant. Ses créations arrivent à nous faire entendre
les rythmes énergiques d’Iggy Pop, The Libertines,
Acid Mother Temple… Toujours aujourd’hui, cet
artiste en marge peint des œuvres musicales explosives. Son art chante et célèbre les marginaux.
L’artiste s’associe à la culture underground musicale et quand on lui demande ce qu’il pense de
l’art gai, il répond ne pas trop aimer ce qualificatif
réducteur. Loin de cacher qu’il est en relation avec
un homme, Zilon considère simplement qu’« une
orientation sexuelle est loin de définir l’intégralité
d’une personne ».
Retour en arrière. Montréal, 1987 : un club, le Business, ouvre ses portes, découvrant un lieu entièrement décoré par l’artiste. Les murs sont couverts de
peinture en aérosol et représentent des visages excentriques qui donnent un ton très rock à l’endroit.
Cette création colle parfaitement à l’artiste. Elle
utilise son médium de prédilection, illustre ces visages qui sont aujourd’hui sa marque de fabrique et Autodidacte et clandestin
se trouve dans un lieu consacré à la musique rock
« Quand j’étais petit, ma mère m’amenait avec
et à la fête.
elle à la messe. Je n’aimais pas trop ça et en sortant,
pour me récompenser, mon parrain me donnait un
Nostalgique de la jeunesse grunge
dollar pour que je m’achète des comics. Ces petits
Un peu plus de 20 ans après, Zilon propose une livres coûtaient 10 cents chacun, ça m’en faisait
nouvelle exposition à la galerie MX dans laquelle beaucoup ! », racontait le mauvais garçon aux médiil présente des œuvres inspirées de couvertures de as il y a quelques années. Ces souvenirs expliquent
magazines, le tout baignant dans une esthétique bien l’univers visuel qu’il a créé sans n’avoir jamais
qu’on lui connaît bien. L’exposition intitulée Eaux fait d’école. Zilon est un autodidacte et la création
trouble$ s’associe à un artiste-parfumeur, Claude artistique le suit depuis toujours.
André Hébert, qui profite du vernissage pour lancer
une toute nouvelle fragrance directement influencée
C’est vers la fin des années 70 qu’il commence
par le travail de Zilon.
son entreprise d’embellissement de certains
murs délabrés de Montréal. Il recouvre ceux-ci
L’événement a lieu durant la semaine de la d’immenses œuvres éphémères en faisant directemode et sait attirer l’attention d’un public branché. ment appel à la culture rock marginale de l’époque.
D’ailleurs, le peintre ne mâche pas ses mots quand Déjà, l’artiste privilégie la peinture à l’aérosol, ce
il parle du milieu de la mode. Il a horreur de l’aspect qui ajoute à son travail une touche de clandestinité.
superficiel de cet univers qui, selon lui, est « trop Dans son art, les visages aux regards mystiques
propre et guindé ». Se désolant de « voir la jeunesse s’imposent, semblant dissimuler un terrible secret
jouer au snobisme superficiel dans ses habits à la derrière leur allure androgyne. La popularité de
mode, avec ses verres fumés de luxe », Zilon regret- Zilon Lazer a ensuite grandi, ce qui lui a permis
te l’époque plus grunge où les jeunes osaient se sa- de devenir l’artiste complet que nous connaissons
lir et se commettre. Évidemment, cette déclaration aujourd’hui.
ne l’empêche pas de s’intéresser aux nouveautés et
d’avoir beaucoup d’amis dans ce milieu.
Ses talents l’auront amené à travailler différentes facettes de son art. Il est passé de la conception
de décors de théâtre à des affiches, en passant par
des performances liées à la vidéo et à la musique.
Il s’est également occupé du scénarimage du film
le Confessionnal, film de Robert Lepage sorti en
1995, et il a collaboré au début des années 2000
avec Philippe Dubuc, le temps d’une collection.
À cette occasion, certaines des chemises du designer étaient couvertes de ses dessins. En tout,
depuis 1983, Zilon multiplie les expositions de ses
œuvres, au Canada comme à l’étranger. Elles font
aujourd’hui partie de nombreuses collections publiques et privées des plus prestigieuses.
Propriétaire d’un salon de tatouage à 80 ans ?
Avec son attitude punk irrévérencieuse, Zilon
s’amuse aussi de l’ironie qui habite cette belle
popularité. Il y a quelques années, à ses débuts, il
était puni et réprimandé pour ses œuvres publiques.
Aujourd’hui, on le récompense et on le paie pour
continuer ! Et quand on lui parle de retraite éventuelle, l’artiste dit « ne pas y croire ». Il s’imagine
à 80 ans « propriétaire d’un salon de tatouage ».
Décidément, Zilon compte rester toujours aussi
intègre. Cette personnalité excentrique, vous pourrez une nouvelle fois l’observer à la galerie MX sur
l’avenue Viger grâce à sa nouvelle exposition.
Être Magaizine
27
Antoine Aubert
[email protected]
Son livre a fait parler tout l’été. Avec Accointances, connaissances et mouvances, le journaliste Denis-Martin Chabot a achevé sa tétralogie de nouvelles sur la vie gaie dans le Village. Une raison supplémentaire de se réjouir pour celui qui travaille désormais aux journaux télévisés du soir, à RadioCanada. Denis-Martin Chabot a accepté d’évoquer pour Être son roman et, surtout, sa vision de la communauté gaie québécoise.
Être. Votre roman frappe, notamment par sa
noirceur et une vision sombre de la communauté
LGBT. La vie est-elle si dure aujourd’hui à
Montréal, pour un gai ou une lesbienne ?
Denis-Martin Chabot. Mon livre n’est pas si
noir : je raconte notamment une histoire d’amour
entre un paraplégique et un acteur. On a connu
moins optimiste (sourire). Effectivement, mes personnages sont confrontés à de graves problèmes,
mais ceux-ci ne concernent pas spécifiquement la
communauté gaie.
D-M.C. Non, je n’ai pas voulu faire passer de
message politique. Ce que j’ai voulu montrer en
réalité, ce sont les conséquences à moyen terme que
peut avoir une moins grande vigilance chez les gais.
Ils ont une très grande responsabilité. S’ils ne sont
pas attentifs, les autres ne le seront pas non plus.
Comment demander à la police ou au gouvernement
de promouvoir une vraie égalité si les LGBT ne le
font pas ? Les combats à mener sont là, sous nous
yeux. Il ne faut pas détourner le regard.
réellement peur de vieillir, d’être démodé, un « hasbeen », plus bon à rien. Donc, cette critique me
permet aussi d’exorciser certaines craintes personnelles. Cependant, même plus jeune, je n’ai jamais
eu l’obsession d’avoir un corps soi-disant parfait.
Les féministes se sont battues contre ces problèmes
depuis des décennies. La communauté gaie devrait
s’en inspirer. Si on continue ainsi, on peut penser
que les cas d’anorexie, par exemple, devraient se
multiplier dans la jeune génération LGBT.
Être. Les mêmes raisons vous poussent à imaginer, dans le livre, une fierté gaie à Montréal
sans aucune revendication, alors que, quelques
semaines plus tôt, ce jeune a été battu à mort. La
critique est assez violente…
D-M.C. Oui, j’ai volontairement forcé le trait.
L’idée de cette fierté gaie apolitique et vide de
sens vient de ce que j’ai vu à San Francisco, il y
a quelques années. Le contexte y était sombre : un
crime homophobe horrible, celui de Matthew ShepÊtre. Quels sont ces dangers ?
ard, avait été commis plusieurs mois auparavant
D-M.C. Pour beaucoup, tout va bien puisqu’on aux États-Unis. Malgré cela, la fierté n’y faisait prpeut défiler dans la rue, se marier et adopter. Eh pour- esque pas allusion.
tant, non ! En fait, il y a encore beaucoup de chemin à
faire. L’homophobie est toujours systémique dans la
Je ne sais pas si une chose similaire pourrait
société québécoise. Mes quatre romans parlent beau- avoir lieu au Québec. Il faut néanmoins regarder
coup de cela. Regardez ce qui se passe en Californie : les choses en face : depuis un moment, les grandes
un simple référendum a permis de supprimer le droit marques ont pris le dessus sur les revendications.
au mariage gai et d’inscrire la discrimination dans la Stonewall semble être loin. Je ne veux pas critiConstitution. Si cela arrive aux États-Unis, pourquoi quer tout ce que font les organisateurs de la fierté
serions-nous à l’abri ici ?
Montréal. Ils travaillent beaucoup, mais je me souviens, par exemple, être demeuré dubitatif quant
Lorsqu’on voit les récentes critiques homophobes au choix du cirque comme thème pour le défilé, en
contre la fierté gaie de Montréal, il est clair qu’il 2008. En montrant ce genre de défilé à Montréal, où
faut s’inquiéter, être en permanence sur le qui-vive. seule la fête comptait, je voulais choquer les gens…
D’autant plus que l’on voit le conservatisme de cer- et je ne suis pas sûr d’y être arrivé, car peu de pertaines forces politiques. Le meurtre homophobe que sonnes m’ont fait de commentaires à ce sujet !
je raconte dans mon livre est loin d’être impensable
aujourd’hui à Montréal. Et la communauté doit en Être. En racontant la fierté comme vous le faites,
prendre conscience.
vous critiquez la mise en avant de physiques parfaits et jeunes… L’âgisme et le culte du corps sontÊtre. Après cette agression, qui cause la mort ils toujours aussi présents dans la communauté ?
d’un jeune gai, vous décrivez des institutions
D-M.C. Oui, absolument. D’ailleurs, j’aime
– gouvernement, justice, police – complète- beaucoup l’expression « bodyfascisme » (fascisme
ment dépassées et inefficaces pour combattre du corps), que j’ai entendue récemment lors d’un
l’homophobie. Vouliez-vous dénoncer ici le lax- voyage en Europe. Elle reflète parfaitement la réaisme, voire la complicité de ceux censés défendre lité. Peut-être que le fait d’avoir 50 ans l’année
la communauté LGBT ?
prochaine me rend plus attentif à cela (rires). J’ai
Être. Est-ce également pour mettre en garde les
jeunes que vous parlez autant du sida dans votre
roman ?
D-M.C. C’est l’une des raisons, bien sûr. J’ai
vu beaucoup d’amis mourir à cause de l’épidémie.
Un jour, un éditeur en France m’a dit : « Les gens
ne veulent plus rien lire sur le sida ». Soit, mais je
le fais quand même ! Taire les choses serait tout
simplement irresponsable. Il faut dire à ces jeunes
que si les trithérapies ont permis des améliorations
formidables, leurs effets secondaires sont parfois
insupportables. De plus, ces traitements coûtent
extrêmement cher. Parler de cette réalité, c’est
montrer que le sida reste un problème majeur dans
la communauté. On sait qu’un très grand nombre de
séropositifs au Québec sont des hommes ayant des
relations avec d’autres hommes.
Contrairement à d’autres, je ne crois pas à
l’existence d’une littérature LGBT. Mon roman
est donc contemporain, simplement, avec des
problèmes que nous pouvons tous affronter. Et si
ces problèmes frappent ici des personnes gaies et
lesbiennes, c’est uniquement parce que j’ai souhaité
mettre en lumière certains dangers qui me semblent
négligés aujourd’hui par les LGBT.
28 Être Magaizine
Je veux aussi dénoncer la sérophobie. Je connais
tellement de personnes séropositives qui en sont
victimes. Il existe un immense placard où sont obligés de s’enfermer ces hommes, ne serait-ce que
pour éviter des problèmes dans leur vie professionnelle.
Être. Votre roman se termine de manière radicale et violente. Était-ce pour vous empêcher
d’écrire un cinquième tome ?
D-M.C. (rires) Oui, mais finalement, il reste encore des possibilités de continuer l’aventure. Après
tout, il ne devait pas y avoir de quatrième roman
au départ. Pourtant, je veux vraiment passer à autre
chose. Ces personnages m’ont hanté pendant dix
ans. C’est suffisant. Mon prochain roman aura pour
thème l’inceste, traité de manière humoristique.
Toujours avec des personnages gais. En revanche,
le suivant n’aura aucun lien avec la communauté
LGBT. Ce sera une première pour moi !
Être Magaizine
29
Théâtre
COULEUR
C 3621 P
A présent ou comment une famille bien étrange vient bouleverser la vie d’un couple.
© Marlène Gélineau Payette
Mac the Knife et les voisins envahissants…
François Bernier
[email protected]
L’automne arrive et avec lui, c’est aussi le retour des activités artistiques qui ravivent toujours autant les Québécois. Les calendriers culturels débordent à nouveau. Parmi toute cette activité, il y a bien sûr le théâtre qui a déjà amorcé sa saison. En ce début d’année scolaire, deux pièces ont retenu
l’attention de Être: L’Opéra de Quat’sous au TNM d’après une traduction de René-Daniel Dubois et À présent au théâtre Jean Duceppe avec le beau
Éric Bernier.
L’Opéra de Quat’sous, c’est d’abord une oeuvre
magistrale du répertoire théâtral allemand. Quelle
joie donc de la voir ouvrir en grande pompe la saison 2010/2011 du grand théâtre institutionnel, le
TNM. Bertolt Brecht, l’un des auteurs européens les
plus connus, a écrit et créé le spectacle en 1928 en
collaboration avec le compositeur Kurt Weill.
Émilie Bibeau en membres de la famille Peachum,
l’inventif metteur en scène Robert Bellefeuille a su
réunir une électrisante et imposante distribution de
musiciens et d’acteurs-chanteurs.
C’est la traduction de l’auteur gai de Being at
home with Claude, René-Daniel Dubois, qui a été
utilisée. Elle le sera à nouveau alors que le théâtre
du Trident à Québec présentera aussi la pièce en fin
de saison, au printemps 2011, avec une tout autre
équipe de concepteurs et d’acteurs. Pour voir la production du TNM, rendez-vous du 28 septembre au
23 octobre.
Ce grandiose opéra des bas-fonds prend place
dans les rues sombres et humides du quartier Soho
de Londres. Le récit illustre une lutte de pouvoir
entre deux hommes d’influence: le roi des mendiants, Jonathan Jeremiah Peachum, et un dangereux
criminel, Mac the Knife. L’humour mordant de Bertolt Brecht et les musiques énergiques de Kurt Weill A présent déjà présenté à Rome !
De l’autre côté de la rue, au Théâtre Jean Dudonnent forme à notre indignation en livrant un portrait étourdissant de petits et grands crimes dont les ceppe, on présente une production de l’auteure et
comédienne Catherine-Anne Toupin qu’on voyait
hommes sont capables pour arriver à leurs fins.
régulièrement dans la série Les hauts et les bas de
Impressionnante distribution
Sophie Paquin. La pièce a été créée en 2008 dans la
Pour cette grande fable comique, Brecht a fait petite salle intimiste de la Licorne. C’est la même
naître de son génie un Londres imaginaire où grouil- équipe qui reprend le spectacle dans une salle de
lent faux mendiants, dames à la vertu variable, pol- 800 places cette fois.
iciers douteux et malfaiteurs libidineux. Autour de
Serge Postigo dans le rôle du séduisant et dangereux
Louise Duceppe a vu et adoré la pièce en 2008.
Mac the Knife et de Paul Savoie, Danielle Proulx et Il n’en fallait pas plus pour que la pièce soit au
30 Être Magaizine
programme. Récemment installés dans leur nouvel appartement, Alice et Benoît essaient tant bien
que mal de retrouver une certaine quiétude alors
qu’il traversent une période difficile. Mais le jeune
couple devra faire face à ses voisins de palier, les
Gauche, un couple plus âgé qu’eux, et leur fils de
35 ans. S’immisçant insidieusement dans leur intimité, sans la moindre gêne, ce trio bien peu conventionnel à de nombreux égards bouleversera leur
existence à tout jamais... Un succulent mélange
d’humour acide, de drame et de tensions où est mise
en avant la noirceur de personnages finalement pas
si éloignés de nous.
Éric Bernier, qu’on a aussi pu voir dans Sophie
Paquin et qu’on retrouve dans la nouvelle saison
de la série Tout sur moi, y incarne le fils étrange
de la famille Gauche. La pièce a, depuis sa création, été traduite en anglais et en italien. Elle a
même dernièrement été jouée à Rome. L’auteure
a fait le déplacement en Italie et a raconté avec
passion ce drôle de sentiment de ne rien comprendre aux mots tout en saisissant parfaitement
les enjeux. La pièce est à l’affiche depuis le 8
septembre et se poursuit jusqu’au 16 octobre.
Être Magaizine
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Musique
Cinéma
Jérémie Battaglia
© moviesense.wordpress.com
Sufjan Stevens
All Delighted People (Asthmatic Kitty)
e
Actric is
o
du m
La Patère Rose
Waikiki (Grosse Boîte)
On a eu peur de les perdre dans la brume parisienne: première partie de Mika en France, coup de
coeur des Inrockuptibles (la référence musicale de la presse française)… Or la sortie surprise de ce
court EP de la Patère Rose ressemble à une carte postale d’amis en vacances à l’autre bout du monde.
On sent la plage, les gougounes, le soleil… Ils nous manquent mais on sait qu’ils finiront par revenir.
La Patère Rose a un grand mérite : avoir un style reconnaissable. Même si la surprise du premier album
n’est plus, on retrouve le sens des arrangements des deux Misteur Valaire et surtout la voix joueuse
de Fanny Bloom. Les trois nouveaux titres (et la reprise de Décapote version “country beach”) sont
marqués par une ambiance douce et agréable, travaillant sur des sonorités feutrées et des tons chauds.
© assdesgrandsbrulesflam.ca
L’enfant prodige de la pop indé américaine est de retour. Lancé en toute discretion sur Internet, All
delighted People est un EP dense, long de 60 minutes et composé de seulement huit chansons. Quintessence du style Sufjan Stevens, il se permet un mélange des genres nouveau pour l’artiste : folk, pop,
musique orchestrale, électro, choeurs, le tout sur des durées hors norme (17 minutes pour Djohariah).
La force de Sufjan réside dans l’exploration et surtout dans l’émotion. La chanson d’ouverture All Delighted People en est en soi un parfait exemple, le long de ses onze minutes, traversant différents styles
musicaux, le tout porté par l’émotion de sa voix et qui se termine en apothéose orchestrale. On peut
saluer le retour de Sufjan qui, après cinq ans de questionnement artisique, sort cet EP aux proportions
gargantuesques. On peut surtout attendre fébrilement son prochain album, prévu pour octobre.
Gonzales
Ivory Tower (Gente Threat)
Tout juste remis de son record du monde du concert le plus long, l’excentrique Montréalais revient
avec un nouvel album. Chaque opus semble être
une facette nouvelle de Gonzales dont le seul élément récurrent est l’omniprésence de son instrument fétiche : le piano. Plus proche que jamais de
l’euro-pop, il tente un pas de côté vers la piste de
danse. L’absudirté des paroles peut parfois refroidir
nos ardeurs : « I’m socialist lingerie, I’m diplomatic techno. I’m gay pastry and racist cappuccino »,
rappe-t-il ainsi sur I am Europe. De plus, si le tout est
très efficace, il reste le sentiment que l’oeuvre n’est
pas complète. Il n’est donc pas étonnant d’apprendre
que le disque est la bande originale d’un film concept
avec Tiga, Peaches et Gonzales. C’est donc peut-être
sur le grand écran que l’album va prendre tout son
sens, rendant la démarche de l’artiste plus claire
même si, en attendant, on ne peut qu’admirer sa capacité à se réinventer autour de son piano.
Marie-Ginette Guay
Il y a quelques années, seul le public de Québec appréciait à sa juste valeur le grand talent de Marie-Ginette Guay.
Son passage dans le film Continental, un film sans fusil, a
ensuite attiré l’attention du milieu de la télévision. Depuis
on a pu la voir dans des series comme Aveux, Yamaska et
Chabot et fille.
Quand l’art hurle
François Bernier
[email protected]
Howl, c’est le nouveau film de Rob Epstein et Jeffrey Friedman (sorti le 24 septembre
à Montréal), bien connus pour leurs documentaires sur l’homosexualité (Parlons-en, The
celluloid Closet). Ce terme anglais désignant un hurlement est aussi le titre bien connu de
l’un des poèmes d’Allen Ginsberg.
Mais voilà qu’Hollywwod est arrivé: l’actrice a été
engagée pour jouer la mère québécoise de Jack Kérouac
célèbre auteur américain bisexuel, dans l’adaptation cinématographique de Sur la route, oeuvre semi-biographique
du père de la beat generation. Walter Salles - Carnets de
voyage et Gare centrale – realise ce film qui ne sortira pas
avant l’été prochain. Pour l’occasion, Marie-Ginette Guay
se retrouve aux côtés de Kristen Stuart, Kirsten Dunst et
Amy Adams.
© hiMedia
Tel l’artiste perdu qu’il était, ce texte évoque avec une imagerie fortement suggestive les
amours déçus du poète bisexuel et son sentiment de désillusion : « J’ai vu les plus grands esprits
de ma génération détruits par la folie, affamés hystériques nus, se traînant à l’aube dans les rues
nègres à la recherche d’une furieuse piqûre ».
Écrit à une époque toujours bien ancrée dans la religion et les valeurs familiales, le poème a
été interdit pour obscénité. Le recueil a évidemment valu un procès à Ginbsberg ainsi qu’à son
éditeur, un an après sa parution. Œuvre phare de la génération beatnik, Howl est l’un des pivots
de la contre-culture américaine de la fin des années 1950.
Alex Nevsky
De lune à l’aube (Audiogram)
Même s’il emprunte son nom à un héros militaire russe, Alex Nevsky tient plus de l’amoureux
transi que du héros de guerre. Épaulé par le label
Audiogram et la réalisation de Yann Pereau, ce premier album se démarque par la qualité et la diversité de ses titres. Entre dance, slam, pop ou encore
ballade langoureuse, Alex Nevsky nous emmène
dans un univers musical protéiforme à la sensibilité
exacerbée. Cependant, cette diversité est aussi sa
plus grande faiblesse : elle rend difficile de cerner
l’artiste. Aucun style ne semble vouloir prendre le
pas sur l’autre. Quant à sa plume, elle reste pour le
moment un peu naïve (tel l’hymne dance Tristessa,
possible hommage à Jack Kerouac). C’est donc un
premier essai de grande qualité technique mais à la
forme et au fond encore jeunes. Un artiste à suivre,
qui va sûrement pleinement se révéler dans son second album.
32 Être Magaizine
Chromeo
Business Casual (Atlantic)
L’héritage musical des années 80 est toujours sujet
à controverse. Entre totale dévotion et mépris complet, le groupe Montréalais a choisi son camp. On
retrouve tous les gimmicks sonors de l’époque sur ce
troisième album de Chromeo. Tout au long des dix
morceaux, on flirte dangereusement avec la caricature et le quétaine. Pourtant au final, le group parvient
à garder le meilleur du côté années 80 et conserve un
son moderne qui ne sent pas la naphtaline. De plus,
des changements légers s’opèrent dans le son : une
première chanson en français avec J’ai claqué la
porte ou encore une cohérence et une qualité dans la
réalisation et les arrangements jamais atteintes dans
leur travail précédent.
Le film éponyme de Epstein et Friedman, présenté au festival Sundance et au festival
de Berlin, retrace la vie de l’œuvre et du poète. En voulant faire d’un poème le centre du
récit, les réalisateurs ont tenté un pari extrêmement risqué. Ils ont souhaité au départ faire
de Howl un documentaire. Après réflexion, ils ont décidé de tenter l’expérience de la fiction, dans une forme éclatée pour brosser le portrait d’Allen Ginsberg, de son oeuvre à
travers son poème.
Entre lectures de ses textes en noir et blanc, interview imaginaire, reconstitution du procès et
extraits de poème en images animées, les scènes se chevauchent et les mots explosent. L’oeuvre
s’annonce audacieuse et éclectique, à l’image de son sujet. L’acteur James Franco, qu’on a pu
notamment voir dans Milk – il y jouait l’amant de Sean Penn - y tient le premier rôle.
Rob Epstein et Jeffrey Friedman abordent Howl avec des thèmes très actuels sur les limites de
la liberté d’expression. Au centre du procès reconstitué dans le film, le spectateur assistera à
une interrogation sur la définition de l’art. Fiction, poésie et réflexion se mêlent : il ne s’agit pas
juste d’une biographie, mais d’une méditation sincère.
r
Acteu is
du mo
Philip Seymour Hoffman
Il est l’un de ces rares acteurs capables d’aller dans à peu
près tout les registres du jeu. Sa belle carrière compte plusieurs personnages gais, notamment le fantasque Truman Capote. Ce rôle lui a d’alleurs valu l’Oscar du meilleur acteur.
À sa carrière au cinéma s’ajoute une longue liste de pièces
de theâtre. Il ne manquait à sa feuille de route que le rôle de
réalisateur. C’est désormais chose faite. Le 24 septembre est
sortie sa première réalisation, Jack goes boating.
Ce premier film raconte la singulière histoire d’amour de
Jack (Philip Seymour Hoffman), célibataire timide et Connie (Amy Ryan). Ces deux fumeurs d’herbes sont présentés
l’un à l’autre par un couple d’amis en crise interprétés par les
talentueux John Ortiz et Daphne Rubin-Vega.
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Dossier nutrition
VITAVI
L’épicerie qui vous veut du bien
Raphaël Phalange
MARCHÉ
Le Saint-Jacques nouveau est arrivé !
« Vive le bio ». Tel pourrait être le slogan de l’épicerie santé Vitavi, située
rue Amherst, dans le Village. Pour les gérants, pas de doute possible : il faut en
revenir à certains principes, sous peine d’assister à des tragédies irréversibles.
Réjean Rousseau
Tel un bon vin qui a bien vieilli, il nous rappelle combien il fait bon le retrouver au cœur de notre
quartier. Le marché Saint-Jacques, au coin des rues Amherst et Ontario, s’est refait une beauté
juste pour vous, résidents et résidentes du Village, passants et banlieusards pressés. Qu’attendezvous pour aller rencontrer vos marchands et commerces préférés ? Un coup de foudre vous attend.
Parlons d’abord de cet édifice d’inspiration art déco. Il faut dire qu’il a tout
pour plaire. Érigé en 1871, il s’est refait une première beauté en 1931. L’architecte Michel Laurent a eu le bon goût de revoir le travail de ses premiers
instigateurs, les architectes et concepteurs Zotique Trudel et J.A. Karch, en
s’appuyant sur les influences de l’époque, dont l’Exposition des Arts Décoratifs de Paris, en 1925.
Citons ici Première Moisson, la Fromagerie Atwater, Milly Thé-CaféChocolat, Olive et Olives, Pâtes et Compagnie, Crépanita, La Fruiterie du
Marché, Les Serres Marcil - et quelques autres qui suivront au cours des prochains mois. Tous ont investi les lieux afin d’apporter bon goût et fraîcheur
à tous ceux et celles qui ont un penchant pour le service à la clientèle et la
qualité des produits.
C’est en 2006 que la Ville de Montréal s’est rendue à l’évidence : elle
devait se départir de cet immeuble, pour la bonne cause, puisque ses acheteurs ont tout fait pour rendre l’immeuble le plus vert possible. Il est en effet
certifié LEED (Leed Canada-Nc). Le plus vieux des quatre marchés publics
montréalais se voit donc revivre sereinement en 2010 avec ses boutiques
d’alimentation fine.
Car disons-le clairement : dans un marché comme celui-ci, on est loin des
supermarchés et des grandes chaînes déshumanisées qui nous assaillent de
nouveaux produits bas de gamme qu’on nous propose à prix forts. Je vous
mets au défi d’acheter un fromage fin de première qualité chez SUPER C ou
chez MAXI !
Beaucoup moins cher qu’ailleurs
Bon goût et fraîcheur
Une visite des lieux vous permettra de constater combien on a misé sur la
proximité et la qualité. Car d’où que vous soyez, lorsque vous vous trouvez
à Montréal, il n’y a rien de plus simple que de faire un détour coin Amherst
et Ontario. Aux limites du Village gai et du Plateau Mont-Royal, tout près
du centre-ville et du pont Jacques Cartier, le marché Saint-Jacques garde son
cachet tout en abritant les très bonnes adresses que vous connaissez déjà ou
qui se doivent de faire partie de vos haltes-emplettes.
Mais peut-être préférez-vous économiser à tout prix et manger n’importe
quoi après avoir détaché les coupons-rabais des multiples circulaires qu’on
lance à votre porte en polluant la ville ? Alors il vous faut passer votre chemin. Ici, c’est pour ceux et celles qui aiment prendre le temps de bien choisir
leurs victuailles et ainsi prendre le temps d’échanger verbalement sur tout et
rien avec le producteur-spécialiste qui le sert.
C’est cela qu’on appelle un marché public.
Au marché Saint-Jacques, on préfère humer les parfums exquis des thés et
du café de Milly ou encore saisir un véritable pain au levain chez Première
Moisson. Et que dire des conseils experts des employés de la Fromagerie
Atwater ? En fait, faire l’éloge des bonnes adresses déjà installées au marché
serait plus que facile, mais je vous propose plutôt de vous rendre vous-même
aux différents comptoirs afin de vivre de visu l’expérience marché St-Jacques.
Voilà huit mois que Vitavi a ouvert ses portes dans le quartier
gai montréalais. Myriam, française arrivée au Québec il y a plus
de 20 ans, raconte avoir « toujours eu plus ou moins une attitude
bio. Mais avoir un enfant avec plusieurs problèmes d’allergies
et d’asthme nous a fait réfléchir et regarder plus attentivement
la situation ». Après s’être documentée, elle a ainsi compris que
« l’organique n’était pas juste une mode, comme certains veulent
le faire croire. C’est une réalité. Et cela le sera de plus en plus
dans les mois et les années à venir ». La naissance de l’épicerie
est sa réponse à ce constat.
Ces consommateurs aux mauvaises habitudes affirment toujours,
pour se défendre que le bio coûte cher. « Ce n’est pas vrai. Beaucoup
de produits sont à peu près au même prix », s’exclame Myriam qui
nous fait faire alors le tour de l’épicerie : du pain à 3,99$, des chips à
1,25$. Le cas des fruits et légumes est encore plus frappant : « Un demi-panier, soit l’équivalent de trois sacs, c’est environ 18$. Ailleurs,
pour le même prix, vous en aurez un tiers de moins », indique la gérante. À noter aussi le combo sandwich-jus-chips à 6,99$ bien moins
que dans la plupart des autres snacks ou fast-food.
Ce n’est pas forcément plus cher !
Des chiffres effrayants
Il faut dire que la situation s’avère très préoccupante. De manière
générale, selon différentes organisations, environ 140 millions de tonnes d’engrais sont répandues dans le monde chaque année. En Europe,
40% des cancers seraient liés à des problèmes touchant de près ou de
loin l’alimentation. Une alimentation qui, de plus, en l’état actuel des
choses, influerait sur 30% du réchauffement climatique. Les solutions
semblent peu nombreuses tant les aliments que nous mangeons sont
bourrés de pesticides ou contaminés par les cultures (dans le cas des
nappes phréatiques par exemple).
Pour Myriam, ces données, qui devraient alarmer chacun de nous
au Québec, contrairement à ce qu’on peut voir en Europe, semblent
assez négligées par la population. « Les gens sont enfermés dans leur
routine, donc ils mangent la même chose, ils vont tout le temps aux
mêmes endroits pour faire leurs achats. Il n’y a pas de réflexion. Ils
sont prêts à sacrifier leur santé, sans vraiment s’en rendre compte.
Pendant ce temps le système, lui, fonctionne toujours », se lamentet-elle.
Autre avantage : le client sera sûr de manger des fruits et légumes
de saison et de qualité – salades, patates, betteraves, pommes, poires…. - et non des importations où les produits chimiques ont déjà fait
des ravages. Enfin, si de plus en plus de personnes se mettent à acheter
bio, le prix élevé de certains produits baissera automatiquement.
Reste donc au citoyen à changer sa façon de penser. Plus facile en
effet d’arrêter le sucre ou le sel que de modifier ses habitudes d’acheteur. « Les gens ont souvent l’impression que la société doit bien s’occuper bien d’eux, qu’ils n’ont pas besoin de se préoccuper de ce type
de choses, indique Myriam. Au contraire, tout part d’en bas. C’est à
nous de prendre soin de notre santé. » Et cette défenseure du bio de
rappeler que le nombre de maladies frappant les enfants a augmenté
drastiquement depuis le début des années 2000, à cause de l’utilisation
de plus en plus massive des pesticides dans l’agriculture.
Vitavi
1217 rue Amherst, porte A
H2L 3K9 Montréal
514 940-1118
www.vitavi.ca
Un sandwich sur le pouce, un café, des fleurs ou un cadeau pour l’être
cher, vous trouverez tout ce qu’il faut, et étonnamment pour beaucoup
moins cher qu’ailleurs. Puis il y a le sourire et le service qui ajouteront à la
valeur de votre achat. Et plus que tout, cette aire commerciale des plus urbaines et des plus théâtrales vous charmera sans doute par sa beauté et son
esthétisme. Véritable halte campagnarde au cœur de la ville, à deux pas du
parc Lafontaine et de l’Hôpital Notre-Dame, le marché Saint-Jacques vous
invite à prendre le temps de vivre et vous relaxer tout en faisant des achats
sensés et soignés.
Bonne re-découverte !
38 Être Magaizine
Être Magaizine
39
Dossier nutrition
Dossier nutrition
L’ÉCOLE VÉGÉTARIENNE
LE PETIT EXCÈS
Pour une cuisine santé
Une belle famille
Raphaël Phalange
Émile Saint-Georges
Étant, à la fois, massothérapeute et professeur de yoga, Marc Hindle sait ce que veut dire ‘’prendre
soin de son corps’’. Passionné par la cuisine depuis son adolescence, il travaillera, par la suite, dans
plusieurs restaurants. Marc Hindle, il y a envirin un an, décidera d’ouvrir une école de cuisine végétarienne à Montréal. Entrevue.
Le Petit Excès, c´est l’histoire d’une famille passionnée et attachante qui décide de changer de vie
en 2006. Le trio gagnant est composé de Diane (la maman, pâtissière), Michel (le papa, cuisinier et
chargé des relations publiques) et de Julie (la fille, cuisinière et chargée de la relation avec le client).
fait d’être un petit groupe plaît beaucoup. Mes
élèves apprennent d’autant mieux et peuvent
reproduire, à la maison, le même résultat par
la suite.
Être. Pourquoi la cuisine végétarienne compte-t-elle de plus en plus d’adeptes?
M.H. Il y a, selon moi, l’idée de suivre ainsi
une certaine éthique alimentaire en ne mangeant pas de chair animale. C’est, en tout cas,
ce qui m’a conquis lors de la découverte de
l’alimentation végétarienne, à l’époque âgé
d’à peine 15 ans. Je pense également que de
plus en plus de personnes comprennent qu’être
végétarien n’est pas synonyme de s’abandonner à des plats fades. Moi-même, dans mes
cours, je mets beaucoup d’accents sur sauces,
herbes et épices.
Cela a pour effet de rendre tout plat savoureux. J’aime beaucoup cuisiner les mets asiatiques, indiens et mexicains. Je suis une personne
qui aime manger et qui sais apprécier de bons
plats. Il est donc hors de question de renoncer au
goût (sourire).
Pour de plus amples renseignements, rendezvous au www.ecoleculinairevegetarienne.com ou
contacter Marc Hindle au 514-605-3115.
Être. Pourquoi avoir choisi de donner des
cours de cuisine végétarienne?
Marc Hindle. Je me suis aperçu, depuis quelque temps déjà, que de plus en lus de gens au
Québec sont intéressés par l’idée de se nourrir
de manière saine, notamment en adoptant un
régime végétarien, c’est-à-dire, une nourriture
excluant tout produit ayant une origine animale
(c’est dire à l’exception des produits laitiers,
des oeufs ou du miel). Mentionnons qu’il y a
de nombreuses de personnes qui désirent, tout
simplement, élargir leur répertoire culinaire.
On le constate également par le nombre croissant d’éléments naturels dans les grandes surfaces. Mais peu de personnes, au final, disposent
de bases culinaires pour se ‘‘convertir’’ à cette
cuisine. J’ai donc décidé de répondre à cette demande. C’est ainsi que l’enseignement m’a paru
le meilleur moyen d’y parvenir.
40 Être Magaizine
Être. Cela a été un succès immédiat?
M.H. Tout à fait. En 2009, j’ai demandé
au Café Rico (premier café équitable à avoir
ouvert, il y a 10 années, à Montréal et situé au
croisement Rachel/Boyer) de me céder un espace pour que je puisse donner mes cours. La
mayonnaise a pris. De petits groupes de cinqsix personnes sont venus régulièrement à chaque cours. Après une pause fin juin, nous avons
repris au même rythme en septembre (de 10h
à 13h30 chaque samedi et dimanche) et la demande ne fait que croître.
Être. Comment se déroulent vos cours?
M.H. Ce sont des leçons démonstratives.
Certes, certains préféreraient, sans aucun doute, mettre les mains à la pâte mais je souhaitais donner le plus de matériel possible dans un
court laps de temps. Ce principe a bien pris. Le
Marc Hindle
Diane et Michel ont renoncé à leur carrière professionnelle respective, pourtant bonne et stable, de
directrice de projet pour la télévision et de responsable projet, pour créer leur propre entreprise. Ils ont
même carrément emboîté le pas à Julie dans ses études de cuisine et c’est donc papa, maman et leur fille
qui se sont retrouvés dans les mêmes cours à l’école.
© César Ochoa
S’adapter au budget du client
La situation devait être plutôt divertissante mais
témoigne aussi de leur détermination. L’affaire est
mûrement réfléchie. Leur credo : « s’amuser » et
« proposer un service traiteur sur mesure ». « On
voulait être au service traiteur ce que le bistro français est au restaurant », explique Diane. Le pari est
réussi, voire dépassé.
Ces gourmands épicuriens réinventent le métier
de traiteur au travers d’une phrase simple qui, cependant, engage un maximum de leur créativité et
de leur temps: « Dis-moi quel est ton budget et j’y
adapterai mon menu ». Bien sûr ils proposent des
menus prédéfinis comme les restaurants proposent
une carte mais leur spécificité est l’écoute du client,
afin de définir spécifiquement leurs besoins et donc
un menu adapté qui est créé de toutes pièces. Ingénieux et flexibles, ils recherchent sans cesse de
nouveaux accords, de nouveaux mets et de nouvelles saveurs afin d’être originaux parce qu’ils aiment
apprendre et qu’ils veulent faire plaisir.
Leur arrière-cour est un potager-laboratoire où
ils cultivent leurs herbes. Ils jouent régulièrement
les gourmets-curieux en concoctant de nouvelles
potions qui donnent naissance à des pépites qui
tiennent au corps comme le ravioli de canard confit
avec confiture de canneberge et fleur de ciboulette
(maison) ou la longe de porc farcie aux dattes sur
purée de patates douces et asperges. D’autres plus
légères comme la salade de choux-fleurs multicolores, le sandwich saumon et crème d’aneth ou les
bouchées fraîcheurs tomates, mangues, avocats et
coriandre. Côté desserts, nous ne sommes pas en
reste, avec leurs cupcakes chocolat noir et crème au
beurre ou la panna cotta au dulce de leche.
Produits de saison et respect de l’environnement
Ce qui frappe : leur enthousiasme. En plus de
proposer un service de traiteur aux entreprises ou
pour des mariages, ils jouent les chefs à domicile
dans le confort de votre foyer. Vous voulez un service digne d’un grand restaurant chez vous lors de
la Saint-Valentin ? Ils le font et s’effacent au bon
moment, garantissant votre intimité. Vous voulez
apprendre à faire des sushis et à les manger par la
suite en famille ou entre amis ? Ils vous enseignent
les techniques et vous laissent déguster le tout.
Autre très bonne idée: proposer des produits de
saison comme les marinades de barbecue en été, les
gâteaux aux fruits à Noël ou, comme en ce moment,
la gelée de pommes faite maison. Ils vous envoient
un courriel, vous commandez, vous recevez. Ils
fourmillent encore d’idées mais chuuut je vous
laisse les découvrir avec eux.
Enfin, leur grande force est de savoir s’entourer
des meilleurs artisans, qu’il s’agisse des pains, viennoiseries et pâtisseries, des viandes, des fromages
ou des fruits et légumes. Pourquoi aller chercher
loin une qualité et un savoir-faire si proches d’eux,
à Montréal et dans ses environs ? Ici, c´est toujours
du bon sens appliqué. Et toujours dans l’idée du
bon sens, leurs boîtes à déjeuner en plastique sont
récupérées, leur vaisselle est biodégradable et les
déchets sont compostés. Je n’ai plus qu’une chose
à dire: usez et abusez d’eux pour toutes vos demandes. S’ils n’ont pas encore la réponse, cela ne va
pas tarder.
Le Petit Excès
7046 avenue Baldwin
Montréal
514-352-1938
http://www.lepetitexces.com/
[email protected]
Être Magaizine
41
Dossier nutrition
Dossier nutrition
PATATE & CIBOULETTE
JULIETTE & CHOCOLAT
Vive la pomme de terre !
Pour le plaisir !
Émile Saint-Georges
Émile Saint-Georges
Établie en plein cœur de la Promenade Ontario, royaume de la patate frite par excellence, Patate
& Ciboulette fait souffler un vent de légèreté avec ses pommes de terre équilibrées aux saveurs végétariennes ou carnivores. Dans un milieu de la restauration rapide saturé en nombre et « en gras »,
Cendrine Poitras (la propriétaire) parvient à réinventer le concept du « manger sur le pouce » avec
la satisfaction d’avoir fait une bonne action pour notre santé et notre corps.
Juliette & Chocolat est le résultat d’une passion nostalgique pour le chocolat et d’une déception
récurrente : ne pas retrouver cette boisson chaude, crémeuse et réconfortante de notre enfance que
l’on nous servait à notre retour d’école. Dans mon cas, ce chocolat s’accompagnait de sa petite sœur
Mme Tartine de pain frais au beurre avec copeaux de … chocolat, bien sûr.
ri-coco» à la dinde, lait de coco et pâte de cari
rouge, la juteuse «porc abricot» au gingembre,
l’ensoleillée « Sô 6 » à la saucisse de Toulouse,
poivrons, oignons et tomates. Citons enfin sa recette la plus connue: la « Tu mexiques » avec son
invitation au chili con carne.
© César Ochoa
Revenons-en à notre histoire : bardée de ses diplômes de chocolatière et
de maître crêpière (et oui, cela n’existe pas que dans les rêves des enfants!),
Juliette décide d’ouvrir un bar à chocolat qui fera par la suite des petits dont
celui du boulevard Saint-Laurent. Il existe bien des bars à vin ! Ici, on ne
risque pas la gueule de bois mais davantage la crise de foie si l’on joue trop
au gourmand intrépide.
Double coup de chapeau
Toutes ces recettes sont pensées afin de fournir
une partie de l’apport quotidien en protéines et vitamines. Ce qui plaît aussi chez Patate & Ciboulette
c’est sa conscience verte qui se concrétise par des
actions simples: des ustensiles et des contenants à
emporter compostables et recyclables.
« D’autres aliments ne sont que nourriture. Mais le chocolat est chocolat ». Pour cet établissement, nous devrions mettre chocolat au pluriel car
Juliette propose une palette quasi infinie d’arômes plus ensorcelants les uns
que les autres : le Guanaja d’Amérique du Sud, le Manjari de Madagascar,
le Jivara d’Equateur, etc. Il ne s’agit pas de noms d’espèces de chauvessouris mais bien de fèves de cacao. Et des meilleures !
Enfin, je tiens à tirer deux fois mon chapeau à
Cendrine. D’abord pour avoir su inventer une formule rafraîchissante et équilibrée à base de pommes
de terre au royaume de la « pataterie ». Ensuite pour
avoir ouvert son « resto sur le pouce » dans le quartier d’Hochelaga, souvent boudé, souvent méconnu
et pourtant souvent accueillant.
Nourriture des dieux
Patate & Ciboulette
Ouvert tous les jours sauf le dimanche
3766, Ontario Est
514.658.8803
http://www.patate-ciboulette.com/
Cendrine Poitras a importé cette idée d’Europe, tout particulièrement de Grèce et d’Irlande
(plus connu sous le nom de «Jacket Potato»). Sans
oublier le savoir du Nord de la France où la pomme
de terre au four se déguste à la bonne franquette
dans un estaminet avec une bonne bière blanche.
Pour l’anecdote, c’est la pomme de terre qui a
provoqué l’émigration massive des Irlandais vers
les États-Unis et le Canada. En effet, en 1846, le
«mildiou» (grande peste des pommes de terre, pour
vrai !) attaque les récoltes. C’est la famine, la mort
et l’exode en masse des Irlandais. Ce n’est pas gai,
je sais, mais cela prouve, déjà à l’époque, l’importance qu’avait le tubercule.
Sous la pelure, la garniture. Son secret, probablement l’onctuosité des pommes de terre dans leurs
pelures. Agrémentées d’aromates tel que ail, tomates séchées ou encore purée de basilic, les pommes
de terre sont purées avec de la mozzarella. C’est
déjà très bon mais ce n’est que la première couche
du mille-feuille.
Pour la petite histoire, les indiens prétendaient que les fèves de cacao ne
pouvaient être destinées qu’à la nourriture des dieux. Ainsi, lorsqu’Hernando Cortez se rendit à la cour de Moctezuma, il se vit offrir une coupe de
« tchocoatl », trésor que Quetzacoatl, jardinier du paradis, leur avait légué
car ils étaient les fils du soleil.
De l’eau a coulé sous les ponts depuis, mais la vénération du chocolat sous toutes ses formes continue sur Saint-Laurent. Juliette & Chocolat
vous accueille dans son paradis qui, pour l’occasion, revêt les volumes
d’un loft avec des hauteurs sous plafond d’église qui rendent les lieux aérés
et agréables à pratiquer. Par ailleurs, les couleurs mastic et blanches des
murs, avec briques apparentes, rendent l’espace élégant et lumineux.
Tout ceci est parfait pour passer un moment « zen ». D’ailleurs vous pouvez
même vous relaxer dans le paisible espace « lounge » si vous ne voulez pas
vous attabler à la grande table commune qui peut s’utiliser pour des réunions
de travail. Tout le monde s’y retrouve pour prendre sa dose de bonheur…
« Aimez le chocolat à fond »
Mais soyons concrets. La carte s’il-vous-plaît ! Vous vous en doutez, celle-ci se compose de chocolat sous toutes ses formes : pâtisseries, fondants
chauds et coulants, brownies à la fleur de sel, fondues avec leurs fruits mais
aussi crêpes dont une extraordinaire au dulce de leche et poires. L’association est diabolique. Par ailleurs, ils font aussi du salé avec des galettes
bretonnes à la farine de sarrasin et de belles salades-repas. Concernant les
crêpes, j’ai un faible pour la classique « savoyarde » pommes de terre,
raclette, jambon et crème sûre.
Vous l’aurez compris, chaque visite chez Juliette & Chocolat, en plein
cœur du milieu de la nuit montréalais, procure une overdose de bien-être
dans la grisaille de ce début d’automne. Rien de tel qu’un fondant fourré
au caramel pour reprendre vie. En résumé, comme le disait La Rochefoucauld : « Aimez le chocolat à fond, sans complexe ni fausse honte, car rappelez vous : sans un grain de folie, il n’est point d’homme raisonnable ».
Juliette & Chocolat
3600, boulevard Saint-Laurent
H2X 2V4 Montréal
438 380.1090
www.julietteetchocolat.com
© Camilo Gómez
Par la suite, vous choisissez la version végétarienne parmi cinq saveurs aux noms ludiques dont
la crémeuse « champi-mignon » aux champignons,
ail et crème, la croquante et colorée « guêlumes
grillés » aux légumes du marché et purée de basilic,
ou la sucrée terreuse « lumineuse » aux lentilles,
poivrons et dattes. Elles sont toutes fraîches et pétillantes en bouche.
«Repas-santé» parfait
Cendrine Poitras ne s’est pas arrêtée à une baSi vous avez l’appétit d’un bûcheron, sautez
nale pomme de terre au four. En véritable fée de sur l’une des sept spécialités carnivores dont
la cuisine, elle l’a transformée en un «repas-santé» la iodée « À thon goût » au thon, olives noires,
parfait avec protéines, produits laitiers et viandes. cornichons, coriandre et cumin, l’exotique «ca42 Être Magaizine
Être Magaizine
43
Mieux être
LE CENTRE ST-PIERRE
Pour apprendre et se ressourcer
Raphaël Phalange
Le Centre St-Pierre est un centre d’éducation populaire qui offre des services de formation, d’accompagnement et d’intervention communautaire, prioritairement aux individus et aux groupes des
milieux défavorisés ainsi qu’aux personnes qui interviennent auprès d’eux. Il vise par son action et
son approche pédagogique, la prise en charge et l’autonomie des personnes et des groupes.
À une époque où le tissu social paraît de moins en moins solide, le
Centre St-Pierre, situé au cœur du Village – près des métros Beaudry
et Papineau - apparaîtra certainement aux yeux de beaucoup comme
un bel exemple de solidarité. Se décrivant sur son site internet comme
un « centre d’éducation populaire », le Centre St-Pierre par son offre
de formation et d’accompagnement cherche à aider les personnes qui
travaillent au sein des groupes communautaires à être mieux outillées
à répondre aux besoins des plus défavorisés. Une mission qu’il remplit grâce à des formateurs spécialisés en communication et nouveaux
médias, en gestion de ressources humaines, en développement organisationnel, en intervention psychosociale, en développement personnel ou encore en spiritualité.
démocratique, plus sensible au bien-être des personnes », expliquet-on au centre.
Des conférences de qualité
Le Centre offre aussi des ateliers et des conférences pour les personnes qui souhaitent vivre une démarche de développement personnel. D’autres thématiques touchent plus particulièrement à la spiritualité chrétienne. L’endroit propose par ailleurs un programme de
conférences à suivre avec attention. Un problème qui nous concerne
tous ouvrira la saison le 5 octobre prochain. Le défi de la vie : libérer l’eau, l’air et la terre de l’emprise du marché (entrée : 20 dollars). Riccardo Petrella, universitaire italien cherchera ici à rappeler
que l’eau ne peut pas être un « objet d’appropriation privée (…) Les
400 ateliers, sessions de formation ou conférences sont offerts études montrent qu’en 2032, 60 % de la population mondiale vont
chaque année à la programmation. 17 salles de réunion sont dispo- vivre dans des régions à forte pénurie d’eau, contre 25 % à l’heure
nibles en location pour l’organisation d’assemblées, d’événements, actuelle ».
de réunions. « Plus de 150,000 personnes fréquentent le Centre StEst-il raisonnable de croire en Dieu ?, se demandera, dans un autre
Pierre annuellement principalement des acteurs des milieux culturel,
économique, politique, social et culturel. Ces gens viennent vivre domaine, Raynald Valois, le 19 octobre prochain (entrée 10 dollars).
leur engagement citoyen, leur utopie pour une société plus juste, plus Docteur en philosophie, celui qui a été aussi vice-doyen de la Faculté de philosophie de l’Université Laval (entre 1995 et 2004) est
un grand spécialiste d’Aristote, de Thomas d’Aquin, philosophes indispensables pour tenter une amorce de réponse à la question posée.
Autre conférence prometteuse (entrée libre), celle de Lucia Ferretti. Historienne et professeure à l’Université du Québec à TroisRivières, sa thèse de doctorat a porté sur l’histoire de Saint-Pierre
Apôtre. Elle viendra au centre Saint-Pierre raconter l’histoire de l’îlot
du même nom, site magnifique édifié en 1848 « dans ce qui n’était à
l’époque qu’un faubourg éloigné du centre-ville ».
Il est conseillé de réserver pour pouvoir assister à ces conférences.
Par ailleurs, le Centre propose dans son hall d’entrée une exposition
du 7 septembre au 30 octobre prochain, sur L’héritage spirituel et
culturel de l’Îlot Saint-Pierre Apôtre. Venez découvrir, comment les
artisans de l’Îlot Saint-Pierre Apôtre, de 1848 à nos jours, ont joué
et jouent encore un rôle important sur les plans culturel et spirituel.
L’entrée est libre.
Centre St-Pierre
1212 rue Panet
Montréal, H2L 2Y7
514-524-3561
[email protected]
www.centrestpierre.org/
44 Être Magaizine
Être Magaizine
45
Mieux être
MASSAGES ET SOINS
L’Éveil à la détente
Édouard Gravel
La semaine a été ardue. Le travail vous a exténué et la perspective du retour au travail le lundi
suivant pèse lourd sur vos épaules. C’est le moment de se décharger de cette pression. C’est le moment de vous faire plaisir et de vous offrir les joies de la détente absolue. C’est le moment d’éveiller
vos sens.
Le spa urbain L’Éveil des sens possède deux succursales. L’une d’elles est à Boucherville et l’autre,
plus accessible pour nous métropolitains montréalais, se situe judicieusement sur le Plateau, à deux
pas du boulevard Saint-Laurent, sur l’avenue MontRoyal. Dès qu’on a franchi le seuil de la porte, une
équipe de professionnels attentionnés nous prend en
charge avec délicatesse.
Plongée dans les limbes du relâchement
Première étape, le massage. On nous conduit
dans une petite pièce calme, décorée avec goût et
bien équipée en termes de technologie, puisqu’on
y offre aussi des services d’épilation à la lumière
pulsée, de photo-rajeunissement, de microdermabrasion, etc. Surtout, on s’y sent à l’aise. Une mélodie typique des centres de santé impose le calme
afin de s’abandonner complètement aux mains habiles de la massothérapeute. Sa dextérité relâche
tous les points de tensions, et tous les noeuds acLa deuxième étape du traitement, alors qu’on
cumulés par nos éprouvantes semaines de travail.
flotte toujours dans les limbes du relâchement
musculaire, c’est le facial. Loin de la torture qu’on
peut imaginer, le facial s’exécute dans la continuité
du massage, délicatement, nous plongeant davantage dans les profondeurs abyssales du repos. On
s’abandonne à la grande qualité des produits utilisés
pour soigner notre faciès.
Dernier plaisir: la pédicure
termine quand notre pied semble avoir retrouvé une
énergie pétillante. Ce qui n’est pas peu dire.
Évidemment, l’Éveil des sens offre aussi plusieurs autres services, forfaits et traitements. En
fait, leur choix est si vaste qu’on a du mal à choisir
tant les différentes propositions semblent agréables.
Bientôt, on comptera même encore plus de possibilités alors que le spa ajoutera des bains à ses spécialités.
Une fois cette étape complétée, il y a un rude
retour à la réalité. Le plaisir ne pouvait pas durer
On peut donc y aller en coup de vent pour un
indéfiniment et l’on est sorti de notre somnolence service express de revitalisation ou alors y passer
douillette pour être conduit vers un autre petit plai- la journée en se faisant traiter comme un roi pensir, le dernier de cette journée: la pédicure.
dant qu’on s’active autour de vous pour s’assurer
de votre détente et votre bien-être. Un éveil des sens
On prend place dans un large fauteuil massant de que vous n’oublierez pas de sitôt.
cuir et on pose ses pieds dans une cuve d’eau chaude pour démarrer le traitement. Une profession- L’Éveil des sens
nelle prend alors en charge la restauration de nos 168 avenue du Mont-Royal
pauvres pieds, victimes quotidiennes de pression, Montréal,
de stress et de souliers bien jolis, mais mal ajustés. QC H2T 1P1
La demoiselle y va aussi de conseils pour favoriser 514.842.8371
l’entretien quotidien de nos ongles et la séance se www.eveildessensmtl.com
46 Être Magaizine
Être Magaizine
47
Mieux être
Déco
CŒUR DE VÉTIVER SACRÉ
STYLE LABO
Sompteux parfums d’Orient
La magie du vintage
Raphaël Phalange
Édouard Gravel
Après les sorties, cette année, de Nuit de Tubéreuse ou de Vanille Absolument, la prestigieuse maison L’Artisan Parfumeur nous annonce la venue de son petit dernier : Cœur de Vétiver Sacré. Un
hommage à l’Orient qui ravira les amateurs de parfums boisés et surtout une nouvelle preuve du
talent immense de l’entreprise française qui enchaîne les succès.
Si vous aimez les exclusivités, les meubles et les accessoires qui ont une histoire à raconter et les
accessoires vintage, vous devez faire un arrêt magasinage chez Style labo, dans le Mile End. Et si
vous avez un loft, vous allez sans doute y découvrir votre nouvel endroit préféré. Vous retrouverez ce
sentiment d’émerveillement naïf qu’il arrive de plus en plus rarement d’avoir à l’âge adulte.
« Un voyage mystique entre Orient et Occident ». Voilà ce
que propose L’Artisan Parfumeur Canada avec son nouveau
parfum, disponible depuis septembre, Cœur de Vétiver Sacré. Il
s’agit « un hommage au vétiver, noble imaginé au plus proche
de la matière », nous explique la maison française. Cette plante, qui compte une bonne douzaine d’espèces, pousse dans les
zones tropicales, et notamment dans le magique et mystérieux
sous-continent indien.
Une grande et incontestable réussite
Le vétiver est d’ailleurs à la mode des derniers temps : Tom
Ford, Prada et Diptyque ont fait ce choix pour certains de leurs
récents parfums. Du côté de L’Artisan Parfumeur, ce nouveau
produit s’accompagne également d’un nouveau « nez ». Bertrand Duchaufour était à l’origine des dernières nouveautés de
la maison. Mais c’est cette fois Karine Vinchon qui s’est chargée de la composition de Cœur de Vétiver Sacré. Elle s’était
déjà précédemment occupée de la très jolie Eau de Jatamansi.
Comment décrire le parfum délicat du nouveau produit ?
L’Artisan Parfumeur parle d’un « éclat rafraîchi de thé noir
à la bergamote, accentué par des inflexions de fruits confits et
de dattes. Son côté poivré quant à lui est relevé de safran, gingembre et baies roses, et lui donne ce côté suave qui en ressort
». Notons aussi les légères mais inégalables soupçons vanillés.
Sans oublier les notes d’encens et de musc. Bref, une grande et
incontestable réussite.
Présent un peu partout dans le monde
Mais comment pourrait-il en être autrement finalement ?
Depuis 1976, année de naissance de L’Artisan Parfumeur, la
maison française a su se faire une place un peu partout dans
le monde. Présente désormais à Londres, New York, Montréal,
Paris ou Tokyo, sa réputation ne cesse de s’étendre. Une réputation solidement construite et renforcée ces dernières années
grâce aux succès de Fleur d’Oranger (2005) ou de Bois Farine
(2003).
Reste la question du prix du dernier petit bijou de L’Artisan
Parfumeur. Pour une eau de toilette Cœur de Vétiver Sacré de
100ml, il vous en coûtera 135 dollars, contre 95 dollars pour le
flacon de 50ml. Vous pourrez ensuite vous laisser transporter
en Orient, région du monde qui fascine depuis tout temps les
aventuriers et les écrivains. Bon voyage !
L’Artisan Parfumeur Canada
1307 Sainte-Catherine Ouest
H3G 1P7 Montréal
Tél : 514-282-1551
www.artisanparfumeur.ca
48 Être Magaizine
Le choix ne manque pas à Montréal, quand on
cherche des boutiques de décoration. La plupart
offre des produits similaires, dans des esthétiques
modernes plus ou moins semblables. Quand on
cherche un produit plus audacieux, on fait souvent
le choix de visiter les brocantes ou les antiquaires
à la recherche de perles rares exclusives. Il existe
pourtant une boutique charmante qui marie la mode
actuelle et le design industriel du siècle passé. Style
labo, bien lové au coeur du Mile End, offre une
gamme de trouvailles étonnantes qui ravira les passionnés de meubles et accessoires.
© César Ochoa
Tel un enfant dans un magasin de jouets
Leur charmant espace commercial se trouve sur
la rue Bernard, près de la rue Clark. On y entre avec
l’excitation d’un enfant dans un magasin de jouets
tant l’endroit regorge d’antiquités et de beaux objets sortis tout droit d’une autre époque. C’est parce
qu’on y trouve du mobilier et de la décoration de
style industriel et vintage, dans un esprit complètement branché, idéal pour habiller son loft, que Style
labo impressionne.
Romain Castelli et Anne Defay, les propriétaires, sont arrivés de leur belle Corse, il y a un
peu plus d’un an et demi, dans le but d’offrir
toute une collection d’objets dont ils disposaient,
en plus de faire venir des importations de designers d’Europe et du Japon. À la base, ils pensaient
n’offrir que du neuf. Rapidement, le vintage
s’est imposé de lui-même.
Des meubles du Canada et des États-Unis
La plupart de leurs meubles de style industriel
viennent du Canada et des États-Unis. Cette période
se situant entre 1850 et 1950 donne lieu à toute une
collection de tables massives, de chaises, de classeurs, où dominent le métal, le bois et le cuir. Bon
nombre d’entre eux sont de très grande taille, idéal
pour les vastes espaces.
gamme d’objets de petite taille; des cadres, des
assiettes, des coussins, des lampes, des horloges et
plusieurs autres petits objets aux dimensions plus
modestes, appropriées à tous les types d’espaces.
Comment resister, chez Style Labo, à ce style indémodable qui, loin des grandes chaines suédoises
impersonnelles, offre une marchandise de qualité,
Évidemment, tout le monde ne possède pas un ayant toute la personnalité de l’objet patiné par
loft. On se réjouit donc d’y trouver aussi toute une la vie, dont les signes de l’âge ne font qu’ajouter
à la beauté. Monsieur Castelli et madame Defay
peuvent même accommoder les commerces avec
quelques meubles offerts en plus grand nombre.
Style labo
122 rue Bernard Ouest
H2T 2K1 Montréal
514-658-9910
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Être Magaizine
49
Escapades
CHARLEVOIX
Enivrant Manoir Richelieu !
Émile Saint-Georges
Le Manoir Richelieu a été béni des dieux. Premièrement, car il se situe dans Charlevoix qui est
l’une des plus belles régions du Québec. Deuxièmement, car le manoir a été construit entre mer et
montagnes sur la falaise de Pointe-au-Pic surplombant fièrement le Saint-Laurent avec en toile de
fond des stations de ski comme celle des Monts Grands-Fonds.
Ce qui frappe lorsqu’on arrive dans Charlevoix
c’est ce magnifique paysage vallonné vert qui vient
mourir dans le bleu azur de sa côte. Pour la petite
anecdote, Charlevoix doit sa grande beauté sauvage
à une météorite tombée il y a plus de 350 millions
d’années qui en fait l’un des plus grands cratères
habités de la planète.
Pas étonnant dès lors que Charlevoix cultive une
tradition de villégiature depuis plus de 200 ans. Une
tradition qui commence avec les seigneurs écossais
vers 1760, continue avec l’accueil des « bâteaux
blancs », ces riches palais flottants en croisière, et
culmine en 1928 avec la construction d’un impressionnant château de style normand français qui deviendra le Manoir Richelieu.
Atmosphère de club privé anglo-saxon
Le Manoir Richelieu séduit immédiatement par
son gigantisme, sa beauté romantique accentuée par
le lierre qui court le long de ses murs et surtout par
son hospitalité. Si, à une autre époque, sa clientèle
devait être composée de gens fortunés, désormais
il semble être devenu une adresse incontournable
pour les motards en Harley-Davidson, les jeunes
couples venus se faire plaisir ou les retraités en goguette. Tout cela dans une ambiance bonne enfant
mais extrêmement professionnelle.
poser eau fraîche et bonbons. C’est la somme de ces
petits détails qui fait la différence entre un hôtel où
l’on dort et un hôtel où l’on vit une expérience privilégiée. Enfin, la vue qu’offrent les chambres sur
le Saint-Laurent est reposante. Il y a un sentiment
de bien-être absolu.
Vers 18h30, il est essentiel d’aller dans une des
deux piscines extérieures chauffées dont l’une à une
cascade sous laquelle on peut se rafraîchir. C’est
divin en diable. Par la suite, on va au spa pour un
massage qui achèvera de vous détendre si ce n’était
déjà fait. En soirée, une visite au Casino de Charlevoix s’impose. Il est grisant de ressentir toute cette
frénésie, qu’elle soit autour des bandits manchots
ou d’une table de poker.
des anciens canons défensifs avec une vue imprenable sur …. le Saint-Laurent. Je sais, je me répète
mais c’est le genre de petit déjeuner qui vous donne
l’impression d’être un privilégié pour un petit déjeuner à l’anglaise qui coûte 20$ par personne.
Après, on ira lire tranquillement dans le petit jardin
intérieur en forme de patio. Seul au monde, on profite
du soleil et de la quiétude matinale. Vers 12h00, on
part pour Baie Sainte-Catherine (à une heure de l’hôtel) pour une croisière aux baleines bleues et aux belugas ou pour une randonnée pédestre ou à vélo dans le
parc des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie qui se
trouve à 45 minutes du Manoir.
Spa, détente, sport ou culture : tout se trouve dans
un périmètre proche lorsque cela ne se trouve pas déjà
Croisière, randonnée, spa, culture…
dans l’hôtel. Enfin, pour les amateurs de golf, il est caOn finira l’aventure au bar avec cocktail à la main pital de pratiquer le « 27 trous » du Manoir Richelieu
en écoutant une chanteuse reprendre du Sting et par qui demande une concentration de chaque instant pour
une veillée autour d’un grand feu préparé en bas de ne pas se laisser étourdir par le paysage.
l’hôtel où vous attendent guimauves et piques pour
jouer les «becs sucrés». Encore une attention qui en
Le 27e président des États-Unis, William B Taft,
dit long sur cette motivation visant à vous rendre qui était tombé en amour avec Charlevoix, se plaisait à dire en parlant de l’air de La Malbaie qu’il «
heureux durant votre séjour.
enivrait comme du champagne, mais sans les maux
Après une bonne nuit passée dans les bras du Ma- de tête du lendemain ». Pour le Manoir Richelieu
noir Richelieu, il faut aller prendre son petit déjeu- c’est pareil, il enivre comme du champagne, mais
ner en terrasse au restaurant Le Bellerive, entouré sans les maux de tête du lendemain.
Si la bâtisse est de style château normand, l’intérieur fait penser à une atmosphère de club privé
anglo-saxon avec un hall d’entrée en pierre, des tapis au sol à perte de vue et des ascenseurs couleur
or. C’est chic et pourtant léger. On s’y sent comme
chez soi et on adopte de suite les lieux comme résidence secondaire.
Les chambres sont une version sobre et allégée
du style château avec un lit à gros duvet orné de
motifs brodés rouges qui donne l’impression d’être
dans un cocon lorsqu’on s’y trouve en train de grignoter goulument les chocolats offerts à notre arrivée. La salle de bain fonctionnelle rappelle pour sa
part une variante du métro parisien avec ces céramiques blanches et noires biseautées.
Sentiment de bien-être absolu
Nous sommes assurément dans un grand hôtel et
on s’en aperçoit lorsqu’en fin d’après midi, on vient
délicatement frapper à votre porte afin de vous pro50 Être Magaizine
181 rue Richelieu, La Malbaie, Charlevoix, Quebec, 418.665.3703 www.fairmont.com/richelieu
Être Magaizine
51
Menus Plaisirs
Menus Plaisirs
UNE AUBERGE HISTORIQUE
L’empereur Saint-Gabriel
NÜVÜ
Émile Saint-Georges
Que de promesses !
Nicolina Fermini
Première auberge d’Amérique du Nord en 1754 et premier permis de boisson au pays en 1769.
Bienvenue à l´Auberge Saint-Gabriel, une formidable aventure culinaire. Avec 250 ans d’histoire,
on peut se demander si cette place n’est pas une vieille dame défraîchie et inaccessible radotant le
passé. C’est tout le contraire.
L’ouverture du NÜVÜ, nouveau restaurant dans le Village, a eu lieu le 26 août dernier. Être y était
et vous fait partager ses impressions. Des impressions positives… Les gourmands peuvent déjà se
tenir prêts. Ils vont être enchantés !
avec marmelade de poivrons et tapenade d’olive
légèrement poivrée et onctueuse. On passe aux entrées avec deux choix incontournables. Le foie gras
à la fleur de sel préparé maison avec les canards
du lac Brôme avec sa compotée acidulée de fruits
translucides légèrement vinaigrée qui fond en bouche. Le foie gras fort en bouche et veiné est servi à
bonne température. Autre choix, la crevette géante
sur croquette de cochon accompagnée d’asperges
crues et mi-cuites avec émulsion d’huile de truffe.
La maîtrise est parfaite. Les saveurs ressortent pleinement et en toute simplicité. Le cochon goûte le
cochon.
Passons au plat principal. Dans l’esprit coureur
des bois, j’opte pour la viande même si les poulets
fermiers qui tournent dans la rôtisserie et autres
poissons grillés me font aussi baver d’envie.
Importations privées pour le vin
426, rue St-Gabriel, Montréal, 514.878.3561
Même si aujourd’hui la maison se consacre
exclusivement à la restauration, ses propriétaires
tiennent à conserver l’appellation « Auberge »
car telle a été sa première vocation. Les propriétaires ont offert une cure de rajeunissement à la
doyenne de Montréal. Le designer Bruno Braën
a joué les Salvador Dali du scalpel en intégrant
des touches d’excentricité calculées qui viennent
contrebalancer l’apparente quiétude de la vénérable institution.
www.lesaint-gabriel.com
Plus on se déplace vers la partie restauration, plus
l’ambiance devient sobre et élégante. On passe des
orignaux – lampadaires à d’anciennes machines à coudre converties en lampes feutrées. Les tables à manger
brutes ont été dessinées dans des lignes pures en bois
blond. Point trop n’en faut, le reste du décor est naturellement interprété par les murs de pierre couleur
charbon aux jointures sableuses. Dernière pièce maîtresse : la « cave à viande ». L´Auberge Saint-Gabriel
montre sa viande comme d’autres montrent leurs vins.
On l’aura deviné, il s’agit d’une place pour gourmets
Un tourniquet pour les (grands) enfants carnivores. La rôtisserie installée à côté de la chemiLe ravalement de façade commence dans l’entrée née achèvera de vous convaincre.
qui fait penser à un cabinet de curiosités. En effet,
on tombe nez à dos avec une colonne vertébrale de Le cochon goûte le cochon
Passons à table ! C’est le Chef Éric Gonzalez
baleine en apesanteur qui fait le lien entre la pierre
érodée du sol et la charpente ancestrale. Sur la droi- qui en a pris les commandes. Son curriculum vitae
te, on trouve un tourniquet pour enfants revampé donne le vertige. Il a commencé sa carrière avec
qui permet désormais à ceux qui ne veulent toujours deux chefs étoilés Michelin dont l’exigeant Berpas grandir de se détendre avec un excellent Sauter- nard Loiseau. Puis il s’est envolé pour l’Amérique
ne Jurançon 2006 qui goûte l’abricot pour les uns, du Nord avec deux escales new-yorkaises dont une
la prune ou la poire confite pour les autres. La partie au Maxim’s avant de débarquer à Montréal où il a
bar se veut un brin provocateur avec deux orignaux dirigé le Lutétia, le Cube, le Xo et j’en passe.
empaillés fusionnés par le cou par lequel a poussé
Pour se mettre en appétit, on commencera par un
comme par magie une lampe.
amuse-gueule d’arancini d’agneau à la coriandre
52 Être Magaizine
Lorsqu’on commande le « Châteaubriand de
l’auberge », on entre dans la quatrième dimension de
la viande. Première étape, on vous présente un filet
mignon qui affine depuis le 12 juillet dans la cave
à viande (soit cinq semaines). Deuxième étape, on
vous le sert avec une coupe liégeoise de pommes
de terre cuisinées au bacon fumé aux noisettes dans
le jus de cuisson de la viande avec une chantilly à
l’huile de truffes. Troisième étape, vous êtes au paradis avec cette succulente viande qui se coupe comme
du beurre tendre. C’est un ravissement pour le palais
et du repos pour les dents. Pour conclure et s’il vous
reste un peu de place, je vous suggère la verrine de
panna cotta à la verveine accompagnée d’une confiture de framboise et une pâte à tartiner au chocolat
maison dont on tartine des sablés bretons.
L´Auberge Saint-Gabriel c’est un amour et une
attention qui vous sont portés à chaque instant par
une équipe sensationnelle. Le meilleur exemple est
celui de la sommelière qui vous explique son choix
de vin dont 90% sont des importations privées de
France et d’ailleurs. Le Chef Eric Gonzalez est un
véritable alchimiste qui réussit le pari de la simplicité avec des produits exceptionnels dont on retrouve pleinement les parfums au travers de liaisons
fines comme son émulsion d’huile de truffes aux
morilles. Bref, un GRAND moment passé avec une
grande équipe d’amoureux des bonnes choses de la
vie. Encore merci !
Le Bistro NÜVÜ - formé de « nous » et de «
vous » - est décrit ainsi: quatre lettres, deux trémas,
cinq menus, sept thématiques. C’est peu dire. Le
jour de l’ouverture, il y avait beaucoup d’excitation
dans l’air. Nous avions tous entendu parler du développement et de l’investissement financier qui s’y
rattache: 50 actionnaires et 1,3 million de dollars.
Dès la rue, nous apercevons le trottoir et les marches recouvertes jusqu’à l’entrée d’un tapis d’un
ton violet magnifique avec en rappel le nom NÜVÜ
en blanc. La façade est invitante et riche. On se sent
transporter dans les quartiers chics. A l’intérieur, le
restaurant est divisé en deux sections, division accentuée par un superbe bar, tout ce qui a de plus
convivial. Ceci donne l’effet miroir d’un espace et
de l’autre.
Éclairage exceptionnel et varié
Petit point noir : musique quelque peu bruyante
et tapageuse rendent la communication légèrement difficile. L’éclairage est en revanche exceptionnel et saura, selon les thèmes, au gré de l’ambiance, être ajusté et ce, avec goût et style. Le jour,
un éclairage doux mettra en valeur les tableaux de
Dominic Besner et l’architecture signée Humà. La
nuit tombée, les projecteurs, par le biais des concepteurs entreront en service pour donner à l’espace,
chaque soir, une personnalité différente.
336, rue Sainte-Catherine Est, H2L 2H5, Montréal, 514.940.6888
www.bistronuvu.com
Lors de cette soirée le visuel cinématographique
est présenté et cela fait vivre les murs. Vous retrouvez les détails des menus sur le site web. Tous aussi
alléchants les uns que les autres. Il y a même la
mention d’une bonne affaire pour les amateurs du
brunch: mais attention, il faudra vous présenter et
commander avant 9h30 pour avoir droit à un deux
pour un !
À l’entrée un rappel du violet au blanc:
une magnifique « orchidée » revêtue de son
fini velouté émerveillait cette sublime présentation. Une salade de betteraves à l’orange et
à l’estragon sincèrement délicieuse. Croûtons
au fromage de chèvre absolument gourmand.
Raviolis de homard à la citronnelle délicatement apprêtés.
La table se présente parfaite. Choix des ustensiles
et du couvert magistral. Tout à fait inusitées et délicieuses, deux consommations maisons nous sont offertes. Ces cocktails exclusifs créés par les «mixologues» Hakim Lebeau et Lawrence Picard. Sous la
directive du Chef exécutif Bernard Hôte, un service
5 couverts nous est amené.
La viande est nappée d’une succulente sauce
quelque peu trop caramélisée. Le tout accompagné de pommes de terre de type « Polenta » très
goûteuses. Le dessert ... quelle gourmandise et
d’une finesse exquise ! Un service digne d’un
quatre étoiles. Que dire d’autre ? Ah oui, il y a un
personnel apte à vous conseiller pour vos choix
en vin.
Service digne d’un quatre étoiles
Chaque couvert est servi avec vin d’accompagnement. NÜVÜ ne se restreint de rien, cela coule
à flots! Le service est aimable, courtois et efficace.
Toute présentation est exceptionnelle. Portions généreuses pour un restaurant de cette classe. Très
surprenant, avouons-le.
Alors, si vous souhaitez dîner dans une ambiance et un décorum agréables et conviviaux
c’est l’endroit tout indiqué. Somme toute une
adresse à retenir. Vous devez absolument vivre
cette expérience inoubliable. Qui, à coup sûr,
deviendra votre nouvelle tendance.
Être Magaizine
53
Menus Plaisirs
Menus Plaisirs
LE LAB
LE DÉLICE CRÊPE
Le cocktail passionnément
Le rendez-vous des gourmands
Raphaël Phalange
Edouard Gravel
Situé près du parc Lafontaine, à Montréal, le LAB se distingue par un savoir-faire unique dans la
préparation de cocktails. Le bar propose même des cours et des ateliers d’initiation. Après deux ans
d’existence, le LAB est devenu une véritable référence.
Quoi de mieux qu’une bonne crêpe pour satisfaire une petite envie gourmande à tout moment de
la journée ? Le Délice Crêpe saura répondre à vos attentes, avec des produits au goût unique. Le
tout sans faire mal au porte-monnaie.
Cet article pourrait au final se résumer en une petite phrase : le LAB est le meilleur bar à cocktails
de Montréal voire de tout le Québec. Si le succès
est au rendez-vous pour cet établissement situé au
croisement Rachel Est/Lanaudière, à deux pas du
magnifique parc Lafontaine, la partie semblait pourtant au départ loin d’être gagnée : un emplacement
particulier pour un bar de ce genre – ni sur MontRoyal, ni sur Saint-Denis, zones habituelles pour les
lieux branchés – et une province davantage habituée
à apprécier la bière que les cocktails rendaient en
effet la tâche difficile.
Un doux parfum de Prohibition
Mais Fabien Maillard a réussi son pari – « le
bouche à oreille a tout de suite bien fonctionné »,
explique-t-il. Ce Français est arrivé voilà 10 ans
au Québec après s’être formé, notamment dans les
bars parisiens, au flairbartending – l’art du service
spectaculaire - et à la mixologie, l’autre nom de l’art
du cocktail. « Il y a des milliers de compétitions à
travers la planète, c’est formidable. Tout cela pousse les bartenders à s’investir davantage dans leur
métier. Le flairbartending est aujourd’hui un vrai
sport international. » Un sport que Fabien Maillard
a implanté à Montréal depuis deux ans avec les
BARWARS, un concours de bar extrême qui se tient
chaque premier lundi du mois au LAB.
1351 rue Rachel Est, Montréal, 514.544.1333
dominent le rouge et le noir, dans un espace tout
en longueur qui rappelle « ces bars typiques que
l’on retrouvait à Boston, New York ou Chicago au
temps de la Prohibition », dixit Fabien Maillard.
Des écrans avec des photos datant de cette époque viennent renforcer ce parfum de speakeasy,
bars-symboles des années 20. De quoi attirer une
A côté de cet aspect flamboyant, le cocktail se clientèle diverse, québécoise comme étrangère –
déguste ici dans un décor sobre et intimiste, où les Bostoniens qui viennent à Montréal ont même
permis de faire connaître le bar à des milliers de
kilomètres !
www.mixoart.com/lab
souvent «Quel est votre meilleur cocktail ? « Il n’y a
pas de réponse à cela car tout dépend tellement des
goûts et de l’humeur du moment de la personne. Il
faut savoir s’adapter », souligne Fabien Maillard. Et
dans ce domaine, vous ne serez pas déçus. Le client
est royalement servi.
Mixoart, l’enseignement de l’excellence
Il faut dire que le LAB emploie cinq bartenders
de haut niveau. Une excellence qui se retrouve dans
l’envie de former de nouvelles personnes. Fabien
Maillard a créé l’entreprise Mixoart dès 2004. Il
Des trésors nommés Poire d’Anjou ou s’agissait alors de travailler auprès des compagnies,
Jay’s Basilic
à commencer par les distributeurs, les créateurs de
Mais encore plus que le décor, si le LAB est un spiritueux, histoire d’amorcer une évolution des halieu immanquable, c’est d’abord et avant tout pour bitudes à la base.
ses cocktails. Des petites merveilles actuellement
au nombre de 40 sur la carte – pour un prix qui tourMais désormais, plusieurs jours par mois, le LAB
ne autour de 12 $. Tous plus exquis les uns que les propose aussi à des petits groupes « d’étudiants »
autres. Le magazine Être vous recommande pour sa des cours permettant d’initier des personnes sans
part la Poire d’Anjou – la purée du fruit se marie expérience à la mixologie. Des ateliers plus poncparfaitement avec la vodka – et le Jay’s Basilic – le tuels, certains soirs de la semaine, sont également
mélange framboise, poivre vert, vodka et basilic est possibles au bar. Cette formation à la mixologie
un feu d’artifice pour les sens.
confirme le statut du LAB comme empereur du
cocktail à Montréal. Fabien Maillard fêtera donc les
Quoi qu’il en soit, les serveurs seront là pour deux ans de son bébé, le 9 octobre, avec un grand
vous conseiller avec justesse : « On me demande sourire.
54 Être Magaizine
Propriétaire de ce charmant petit commerce discrètement situé sur
l’avenue Mont-Royal (Est), Edgar Poulain vit deux histoires d’amour.
L’une avec Montréal, ville qu’il a découverte il y a quelques années en
y venant durant le festival de Jazz. L’autre avec une femme, une Française comme lui, rencontrée à Montréal à l‘occasion du festival Nuits
d’Afrique. Elle travaille aujourd’hui avec lui dans cette crêperie à la parisienne qui, depuis un an, épate avec une cuisine à la fois rapide et raffinée.
Le magazine Être vous recommande la délicieuse Campagnarde
(poulet, champignons et béchame) ou encore la Tunisienne (fromage,
thons, oeufs et olives). Pour les amateurs de sucré, l’Addictive porte
divinement bien son nom avec ses fraises et son chocolat melangés à
une onctueuse crème fouettée. Parlons aussi de la Gourmande (poire,
chocolat, crème glacée vanille).
Engagé dans la lutte contre le sida
Mélange de rapidité et d’excellence
De l’extérieur, on remarque une fenêtre pour les commandes des
piétons et une porte un peu sur la droite. On est alors loin de soupçonner ce qui se cache à l’intérieur. Quand on y entre, une première
surprise nous attend avec le décor. Tout le mur de droite est couvert
d’une grande oeuvre d’art aux couleurs chaudes, mêlant caligraphie
et pochoir. En plus du mobilier design aux tons blancs, l’impression
qui en émane est celle d’un commerce branché, cassant l’image du
comptoir de crêpes traditionnel.
Les prix sont compétitifs (entre cinq et huit dollars environ), offrant
clairement le meilleur rapport qualité-prix de toutes les crêperies de
Montréal. Bref, voilà une bonne façon de se nourrir de façon saine,
rapide, sans négliger les saveurs et le plaisir de manger. Tout dans
l’entreprise a été étudié avec soin et le résultat est fort convaincant.
À noter qu’outre sa passion pour la cuisine, Edgar Poulain a
aussi à coeur une cause humanitaire: la lutte contre le sida. Depuis
quelques années, il produit les albums d’un DJ bien connu en Europe
et tous les fonds récoltés grâce aux ventes sont investis dans l’achat
Edgar Poulain possède une solide formation en hôtellerie et a plus de lits médicalisés destinés aux enfant atteints du VIH dans les pays
de 7 ans d’expérience avec la clientèle du Marais, le quartier gai africains.
de Paris. Il y a un peu plus d’un an, il a ouvert son commerce, ici à
Montréal, en y voyant la possibilité de créer un concept de restaura- Délice Crêpe
tion rapide avec des qualités hôtelières pointues. Résultat: l’endroit 1576, avenue du Mont-Royal Est
fait preuve de règles d’hygiène supérieures, offre des produits frais et H2J 1Z2 Montréal
de qualité, le tout concocté sur place.
514-524-5555
Être Magaizine
55
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56 Être Magaizine
Être Magaizine
57
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© laura padgett
Comment utiliser la chirologie pour trouver l’amour?
De Guylaine Vallée, chirologue-astrologue védique
Plage Sitges © Edú
Un petit creux ? Optez pour des tapas. De nombreux
restaurants du quartier proposent les traditionnels
patatas bravas ou peccadillos : le taktika berri, le tapaça
24, etc. Au D-divine, vous aurez même droit à un
spectacle drag en mangeant ! Pour les plus originaux
ou pour un parfait souper en amoureux, tentez La Casa
1.81. Les macaronis au chocolat blanc ou la soupe
d’abricots qui crépite sont étonnants !
personnes se déhanchent sur les rythmes des plus
grands DJ’s internationaux dans les grands clubs, sur
les plages et même dans un parc aquatique.
Une ville magnifique
Le plein d’énergie fait, direction les boîtes de nuit !
Le Dietrich gay bar est manifestement une référence,
bien que sa piste de danse soit toute petite. Le Lust est
du même gabarit et l’ambiance y est tout aussi torride.
Il y a aussi de plus gros clubs, comme le Métro (le plus
célèbre), le Dboy et l’Arena Madre.
Après une grasse matinée bien méritée, n’oubliez
pas de visiter le reste de la ville. Faites le tour
du Barri Gòtic, un quartier médiéval dans lequel
la splendide cathédrale côtoie le musée… de
l’érotisme. Après la ville historique, découvrez la
ville excentrique et ses immeubles modernistes
catalans, le mouvement art déco de la fin du XIXe
siècle. Parmi les plus beaux édifices, citons d’abord
le Palais de la musique catalane, dessiné par
l’architecte Lluis Domenechi Montaner et classé au
patrimoine mondial de l’Unesco.
Bien sûr, la fête est à son maximum durant la fierté
gaie, qui se tient à la fin juin. Autre événement à ne
pas rater en août : le Circuit festival, l’un des plus
gros événements LGBT au monde. Plus de 30 000
Mais s’il n’y avait qu’un nom à retenir pour ce qui
concerne l’architecture moderniste de Barcelone, ce
serait bien sûr celui d’Antoni Gaudí. Vous trouverez
sa fabuleuse griffe partout : du féérique parc Guëll aux
Faire la fête
58 Être Magaizine
maisons complètement déjantées, comme la Perdrera
et la Casa di Batlo. Enfin, ne manquez surtout pas la
Sagrada Familia. Cette étrange église dont le chantier
a démarré en 1884 est toujours en construction !
Que vous soyez chrétien ou non, vous serez forcé
d’admettre que, même inachevée, cette église est
proche du sublime.
Si vous décidez de vous offrir une petite séance de
magasinage, vous serez conquis une fois de plus. Vous
trouverez certainement votre bonheur le long des Ramblas, d’anciens égouts médiévaux à ciel ouvert qui n’ont
aujourd’hui rien à envier aux Champs-Élysées de Paris.
Enfin, qui dit Barcelone dit soleil et plage : achetez
un petit maillot de bain moulant de chez ES collection,
puis foncez sur les plages de Sitges, à 40 kilomètres de là.
Cette petite bourgade compte des dizaines de bars gais.
Même sur certaines plages du centre-ville, il n’y a presque
exclusivement que des homos.
Bonne baignade !
Nous voulons tous vivre des relations profondes notamment avec nos amis, nos parents
et notre conjoint. Nous pouvons amorcer une
relation, pleinement conscients de l’incidence
que cette union aura sur nous ou en nous lançant tête baissée, sans nous soucier de la tournure des événements.
gne. Nous pouvons nous aventurer sans but
précis et choisir au hasard une route qui nous
attire. Nous vivrons peut-être l’aventure de
notre vie, mais nous risquons aussi de nous
égarer. La chirologie (lecture des lignes de la
main) est la carte routière que nous consultons
pendant le voyage de notre vie. L’étude des
mains permet de voir où nous en sommes sur
Les mains donnent une perspective ob- le plan physique, émotionnel, intellectuel et
jective de qui nous sommes vraiment. Elles spirituel.
montrent dans quelle mesure nos pensées et
nos sentiments influent sur notre bonheur et
Nous pouvons voir la direction que nous
sur l’harmonie des gens qui nous entourent. sommes susceptibles de prendre, à moins
Lorsque nous exerçons notre libre arbitre de faire un choix différent. Le plan de notre
et que nous choisissons de penser positive- main contient aussi les obstacles possibles
ment, des changements commencent à ap- à notre évolution, obstacles que nous avons
paraître dans nos mains, témoignant d’un le choix d’éviter ou de transformer. Les lichangement de conscience.
gnes et les signes de nos mains, présents à
notre naissance, changent à mesure que nous
Le processus par lequel nous tissons des évoluons, témoignant de l’expérience vécue.
liens ressemble à une randonnée à la campa- Plus nous apprenons à nous connaître, plus
notre magnétisme grandira et plus nous serons heureux.
Lisez la suite de cet article sur notre blogue
à www.centrebirla.com. Vous y lirez l’histoire
fascinante de Paul, un gamin dont la ligne de
tête a changé radicalement au fil des ans suite
au divorce de ses parents.
Être Magaizine
59
cevra le Torontois Jamal, pour le Pré Black &
Blue officiel. Ensuite, les amateurs se donneront
rendez-vous au Palais des congrès de Montréal,
dès 21 h, pour la présentation du 20ième Black
& Blue. Histoire de souligner le tout en grand,
deux salles seront mises à la disposition des fêtards. La salle House recevra le tandem de Madrid Chus & Ceballos, la colorée Londonienne
DJ Paulette, le tandem Rosabel (formé de Ralphi Rosario et Abel Aguilera), de même que ‘’
Monsieur Black & Blue ‘’ en personne; Mark
Anthony. Au moment d’aller sous presse, l’identité d’un autre DJ invité était encore inconnue.
offrir de magnifiques prestations, à cet événement
qui ne se terminera que le lundi à midi.
Jacynthe de retour !
Bien évidemment, le BBCM dispose de plusieurs
points de ventes pour se procurer les billets. Mais le
mieux est sans doute de visiter directement le site
de wantickets.com, LA référence pour l’achat des
meilleurs billets pour la majorité des grands événements de la métropole.
Comme à l’habitude, plusieurs artistes y offriront
des prestations formidables. Les amateurs auront
la chance d’y voir et entendre l’Irlandaise Audrey
Gallagher, l’Australienne Emma Hewitt, notre
excellent Jessy Gauthier, la Montréalaise Sally
Saifi, de même que la chanteuse Jacynthe qui nous
offrira son nouveau succès Don’t Touch Those Faders, qui marque son grand retour sur disque, après
une absence de sept ans.
Le légendaire Recovery Party pour finir
Ceux et celles qui auront encore de l’énergie
le lundi soir pourront s’offrir deux événements.
D’abord le Pré Recovery au Parking, mettant
en vedette l’ami Ian Key et le DJ Français Ben
Manson. Ensuite, qui voudrait manquer le légendaire Recovery Party @ (((Stereo))) ? Pour
le moment, impossible de savoir qui sera en
poste derrière les platines… mais cela rajoute à
l’excitation !
Le tandem Chus & Ceballos
Enfin, nous ne pourrions terminer cet article sans
souhaiter un bon vingtième anniversaire à l’équipe
du Bad Boy Club Montréal, et plus spécialement
à Robert J. Vézina, David Pérusse, Caroline
De son côté, la nouvelle salle Trance ne sera pas Rousse et Philippe Laplante. Mais nous penen reste, avec les prestations de Gareth Emery sons aussi aux Kat Coric, Jean-Pierre Pérusse,
(GB), de Marco V (Hollande), Aly & Fila (Égypte), Charles Henri et Charles David Cardinal.
Simon Patterson (GB), Tydi (Australie), de même
que les artistes locaux Carl Müren et Omar El
On se voit sur le plancher de danse du Palais des
Gamal. Évidemment, plusieurs artistes viendront congrès !
Gaëtan « TUBBIES » Vaudry
C’est en 1991 qu’un groupe d’amis décidaient de créer un party, que dis-je un grand party, réunissant leurs amis et leurs
associés. Grâce au jeune Robert J. Vézina et à son acolyte Christian Beaudry, le Bad Boy Club voyait le jour et le premier
Black & Blue était présenté à ancien hôtel des Encans avec un immense DJ : Mark Anthony. Cette année-là, 800 personnes
étaient présentes à cet événement. Un succès.
En 2010, le Black & Blue célèbre sa vingtième édition. La dernière
comme le voudraient plusieurs rumeurs ? Impossible d’y répondre.
Mais on sait en tout cas que l’équipe permanente du BBCM n’a pas
l’intention d’arrêter. Les efforts déployés pour que cette vingtième
édition soit un succès en témoignent. Le rendez-vous est donc lancé
pour une multitude d’événements, du 6 au 12 octobre prochain. Dans
le cadre de la chronique Nightlife, examinons de plus près les nombreux événements connexes que nous proposera l’équipe du BBCM.
Le Bal Jock au Sky Club
Le tout débutera le mercredi 6 octobre avec le traditionnel Cocktail
de lancement. Le DJ/producteur Max Julien signera la musique en
direct du chic Altitude 737 de la Place Ville-Marie, de 18 h à 22 h.
Le même soir, les amateurs pourront se rendre au Sky Pub de 21 h à
3 h AM, alors que DJ Johnnybonnyrock sera à la barre du Party de
lancement.
Cette année le Bal Jock sera au lieu au Sky Club, présenté en
collaboration avec TUBBIES Entertainment. Le jeudi 7 octobre,
le DJ résident David Laguer aura le plaisir de partager les platines
de l’endroit avec le Torontois Shawn Riker, vedette du célèbre Fly
Nightclub.
Dans la même tradition, la soirée du vendredi 8 octobre sera éga60 Être Magaizine
lement haute en couleurs. Tout d’abord, le Parking Nightclub proposera la soirée Thank God It’s Friday – Édition Balck & Blue, avec
le beau et talentueux K.Nox, tout juste avant la tenue du populaire
Bal en cuir. Présenté au Théâtre Telus de la rue Saint-Denis, le Bal
en cuir fera danser les nombreux amateurs sur la musique des DJs
Escape (NYC), Scotty Thomson et de Jack Chang.
Réservez votre nuit le samedi 9 octobre !
Le samedi 9 octobre, la brochette d’événements sera longue !
On commence avec le Pré Bal uniforme @ Parking, avec l’excellent DJ/producteur New-yorkais Hector Fonseca, alors que le club
U.N. proposera le Pré Black & Blue, avec Steve Bear Sas, Scott
Free et Michel Tardif. L’événement principal sera lui aussi présenté
au Théâtre Telus, dès 22 h. On y retrouvera les deux Américains
Manny Lehman et Tony Moran, de même que notre Stéfane Lippé
national. Le très talentueux chanteur/danseur Jessy Gauthier sera lui
aussi de retour au Bal militaire, avec une prestation de sa nouvelle
chanson Gamer. Enfin, l’After Bal militaire proposera la musique
de Stéphan Grondin et de l’Espagnol Abel Ramos @ (((Stereo))).
Une nuit magique à prévoir !
Le dimanche même du Black & Blue, vous pourrez débuter le
tout au Sky Pub, avec un T-Dance Black & Blue que signeront
les DJs Angélika et Francis G, dès 17 h. Puis, le Parking re-
Un automne pas comme les autres pour Max Julien
Gaëtan « TUBBIES » Vaudry
L’automne sera très occupé pour le DJ/producteur Max Julien. Multidisciplinaire, l’artiste
aura à porter les chapeaux de président de DeepSound Music, de producteur et aussi remettre
celui de DJ.
Le plus gros de son travail consistera à mettre sur pied et lancer une nouvelle division à sa
compagnie de disques. DeepMoon Records verra bientôt le jour et se consacrera à nous faire
découvrir les meilleurs DJs Trance de chez-nous. Excellente idée.
Comme producteur, Max travaille sur de nombreux projets de remix, de même que sur son
prochain EP qu’il souhaite avoir complété d’ici la fin de l’année. Tout ce travail en studio
n’empêchera pas l’homme qui compte 25 ans de carrière d’effectuer un retour derrière les tables
tournantes. Celui qui fera danser les amateurs du Sunrise Afterhours d’Ottawa (le 1er octobre)
sera de retour au Parking Nightclub le lundi 4 octobre, afin d’y signer la soirée Boyz Night
Out, de Hamlet et Ian.
Le mercredi 6 octobre Max Julien aura l’honneur de lancer officiellement le Festival Black &
Blue, alors qu’il officiera au Cocktail de lancement du chic Altitude 737, sur la Place Ville-Marie.
Enfin, le samedi 9 octobre, le DJ/producteur annonce son grand retour au Sky Club (où il a été DJ
résident). Lors du long week-end de l’Action de grâce, Max aura le plaisir d’y signer la soirée mensuelle Move Your Body !
© mariobeauchesne.com
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Q-6049 Québec H, 41, 5’9’’, 235 lb, ch. châtains et
courts, yeux bruns, moy. poilu, cherche partenaire
sexuel, 35-55 ans, idéalement costaud, poilu, barbu,
moustachu, bien monté et top. Discrétion assurée.
Q-6053 Québec H, 53, 5’10”, 165 lb, séro +, top et
versatile. Aime s’entraîner, la chasse, la pêche et
la cuisine. Cherche H. mince pour le plaisir vicieux,
glory holes, pisse, ou le sexe normal.
Q-6056 Région de Sherbrooke 2 H, 48 & 79, 150 &
155 lb, 5’8’’ (les deux). Cherchent 1 ou 2 amis, H.
de 25 à 75, aimant la campagne, pour partager la
vie sur petite ferme écologique. Bienvenue toute
ethnie, petit sexe, timide. Violent, m.t.s, gros buveur,
plus de 200 lb s’abstenir.
Q-6054 Trois-Rivières H, 25, 5’10»,160 lb. Cherche
H. 18-25, pas poilu, pas drogué, genre étudiant et
sportif, pour une relation stable ou sexe. Joindre
photos. Je peux me déplacer pour toi. J’aimerais
participer à des orgies
C-6044 Cuba My name is Frank, I’m 35 ,nurse, top,
white, clean, 1.76 height and 76 kilo, hairy chest
and grey haired. i love music, films, nature, beaches.
realy quiet and serious.Looking for good friends and
why not? A long term relationship, serious persons,
romantic, bottom, between 35-55 yo.
Q-6050 Montréal H, 50, 5’8”, 145 lb, ch. rares,
honnête, franc. Cherche H, 45-55 ans, sincère,
respectueux, propre. Pour tendresse & affection. La
beauté intérieure d’une personne m’importe plus
que l’apparence.
Q-6058 Montréal H, 59, 5’10’’, 155 lb, non poilu. Bien
équipé et sans pudeur. Honnête et discret. Cherche
camarade plus âgé et bedonnant (dessous
féminins délicieusement bienvenus). Masturbations
mutuelles et ponctuelles sans intention amoureuse.
Joindre photo.
64 Être Magaizine
Q-6061 Montréal H, 35, 145 lb, 8’’ non circoncis.
Beau jeune homme. Gym 3 fois / semaine. Cherche
bouche chaude & gorge profonde.
C-6063 Cuba Chico sincero, honesto, me gusta la
música romántica, los animales, la playa y paser.
Busco mi media naranja, si eres mayor que yo
mejor. Tengo 26 años Adrián Castellanos
F-6053 France H, 40, 1,75 m, 60 kg, très passif petit, 13
cm, ch. brun. Adore tout et très sérieux, adore lire,
écrire et aussi platonique. Photo obligatoire. Merci
F-6057 France H, 37, Français, agréable. Cherche
à correspondre avec Latinos parlant français ou
anglais et habitant Cuba, Brésil, Mexique ou ailleurs.
Joindre photos. Réponse assurée.
L-6060 London H, 33, 5’ 9’’, handsome black guy living
in England. Good built body, caring, honest, seek
mature Canadian man for friendship and relationship.
A-6055 Africa M, young, 5’9’’, 60 kg affectionate,
kind, sincere, easy going. Chocolate slim with black
hair and black eyes. I’m looking for a real man who
is ready and willing to meet. Age is not important;
I’m looking forward to hearing from you soon.
A-6059 Africa M, 25, Black Ghanaian. Versatile,
body-builder, honest, educated, broadminded.
I love traveling, music, and football. Looking for a
man for friendship, possible one to one.
C-6064 Cuba M, 23, 1,73 m, 85 kg, Cuban.
Honest, not complicated, a true friend, romantic,
passionate, sexy, 100% masc. I am Yoandy, naturally
tanned skin, brown eyes, athtletic and brawny
body. I love nature and healthy entertainments.
I’m not looking for a perfect physical but a spiritual
person. I also seek friendships.
6065 U.S.A M, 49, 5’9’’, 170 lbs, blue eye / blondish
hair. Frequent visitor to Montréal. Handsome nature
lover, ISO masc. alpha top. Arabs, Turks or hirsute
any race, for friendship, poss. +. Photo replies only.
6066 Cuba H, 47, Cubain noir. Cherche des
correspondants. J’aime le cinéma, la danse, le
yoga, la musique et les langues. Écrire en français,
espagnol, anglais, italien, allemand.
6067 Canada H, 46, 5’8’’, masc., ch. court, beau cul,
bien équipé, bronzé, sexy, rasé. Mon nom est Jean,
cherche H. 30-50 sex, amitié bienvenue.
6068 Cuba M, 23, Cuban. I study in university. I have
open mind. Please send me a letter.
C-6069 M, 25, 1,73 m, 62 kg, Cuban, good looking,
dark haired, bright eyes. Honest, sincere, I need a
relationship 30 to 75. I am versatile. Kisses, Roldy
C-6070 M, 38, 1,86 m, 86 kg I’m civil enginer. I want
to find a serious couple and that he loves me. I
speak Russian, French and English.
Q- 6071 Montréal H, 47, 5’12’’, 125 lb, 6.5’’ circoncis,
look jeune, non poilu. Rocker non sadomaso tendre,
affectueux, pas efféminé, instruit, fumeur, pas de
drogue, ni d’alcool. Cherche H. 35-65 sérieux pour
relation durable, simple, affectueux, franc, sens
l’humour. Toutes ethnies bienvenues. Obèse, violent,
buveur, drogué s’abstenir.
G-6072 Ghana M, 28, 5’8’’, 85 kg, dark skin, short
hair, hot, warm and passionate guy, athletic built
and TOP. I’m open minded, intelligent, great
sence of humor. Looking for warm and loving
long term relationship. Interested in music, sports,
photographing, cooking, gardering and traveling.
C-6073 Pelo oscuro, piel canela, ojos cafes, Chico
de mente abierta, sincero, sencillo y romantico.30
y.o., Espero correspondencia de chicos de entre 3050, serios, afines a mis caracteristicas para ampliar
mi circulo de amigos.
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