Madagascar - Bienvenue à toi, mon ami(e)
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Madagascar - Bienvenue à toi, mon ami(e)
DESTINATION MADAGASCAR OLIVIER TALIANI En route vers Madagascar Eh bien, bonjour à tous! Ravi de vous accueillir pour votre voyage par procuration. Nous partons pour Madagascar dans moins de 24 heures et je crois qu’il est temps de faire le point ensemble. J’espère que vous avez tous, votre dossier complet et à jour: Passeport, vaccins, cash, lunettes, crème solaire et antipaludéens… le reste n’est qu’accessoire. Si, si! Depuis Saint Pierre de la Réunion, Philippe et Cyril partent pour Tana aujourd’hui même. Tana, c’est la capitale de Mada. En réalité, c’est Antananarivo mais vous comprenez immédiatement l’utilité du diminutif. Deux cartes qui seront très utiles à ceux qui étaient à côté du radiateur en cours de géographie. Dans les grandes lignes, voici le programme de ces quelques semaines: TANA: Ce week-end, nous sommes de mariage. MAHAJANGA: Nous partirons en taxi brousse pour notre seconde étape: Mahajanga (ou Majunga en malgache). NOSY BE: Nous rejoindrons notre troisième étape très probablement par bateau, en naviguant sur le canal du Mozambique. Autour de Nosy Be, nous découvrirons quelques îlots déserts pendant quelques jours. DIEGO-SUAREZ: Cette quatrième étape sera la plus septentrionale de notre périple. TANA: Retour en avion à la case départ. Ce programme n’est pas très précis, ni en hôtel, ni en planning. De toute façon, nous sommes bien conscients qu’il évoluera au gré des opportunités et des rencontres. Toute précision supplémentaire serait donc inutile. A bientôt… Olivier En noir, le parcours prévu… Page -2- TANA Page -3- Notre Arrivée Evidemment, à l’heure où je vous écris je ne sais ni où, ni quand je pourrai vous envoyer ce premier mail, mais voici quelques lignes inspirées par notre première journée. Malgré les avertissements de Sarah quant à son appréhension au moment du décollage, notre vol s’est déroulé sans encombre. Il faut dire que j’ai connu bien pire... elle se reconnaîtra! Visa en poche (la seule chose qu’on obtiendra plus rapidement à Madagascar qu’en France...), bagages récupérés et contrôle douanier passé, nous retrouvons Philippe et Cyrille dans le hall de l’aéroport de Tana. Plutôt rassurant sachant que nous n’avions ni moyen de les contacter, ni autre rendez-vous prévu... Un petit saut par «Le Select Hôtel» nous permet de nous décharger de nos bagages. Un hôtel en béton en plein centre ville: viril, mais correct. Puis, c’est le départ pour le Pandora, un bar-boite qui met tout de suite dans l’ambiance chaude et humide de Madagascar. Pour ceux qui connaissent déjà le pays, pas besoin de plus d’explications. Pour les autres, sachez que s’aventurer dans un coin sombre du lieu et ressortir sans une fille au bras relève de la mission impossible... surtout pour un moche, gros et vieux... du moment qu’il est blanc... (nous avons pourtant tous réussi ce défi avec brio - y compris Sarah). Après quelques bières, nous rentrons nous coucher, plus fatigués par le voyage que le décalage horaire (une heure de moins qu’en métropole). Au petit matin, notre premier regard sur Tana est plutôt sympathique: depuis le quatrième étage de la chambre de Philippe, nous surplombons l’Avenue de l’Indépendance, artère principale de la ville, où sous un ciel limpide, 2CV, camions, mobylettes et charrettes à boeuf se mêlent dans une ambiance de ruche africaine. Nous réalisons que Paris est déjà très loin. Les toilettes du Pandora avertissent un client indélicat. Page -4- Notre préoccupation principale ce matin: faire du change. Nous venons de retirer 3 Millions d’Ariary (1200 Euro), soit une liasse de quinze centimètres d’épaisseur. Sachez que Madagascar a abandonné les francs malgaches en 2005 car ces derniers étaient trop dévalués. Heureusement, sinon on serait sorti de la banque avec une brouette de billets. En arrière plan, la place de l’Indépendance. Une maison typique de Tana : briques rouges de mise! Voici les deux taxis les plus répandus : la 4L et la 2 CV… un moyen de locomotion très pratique et économique pour des touristes comme nous… A quatre, plus le chauffeur et les bagages, on est un peu serré par moment! Au détour des rues de Tana, on pourrait croire que tous les Jacky sont moniteurs d’auto-écoles... Olivier, Sarah, Philippe et Cyril PS: ce petit mail est le fruit d’une collaboration étroite de chacun de nous, ce qui rend la rédaction plus longue et plus difficile. N’y voyez donc pas que ma patte... Page -5- MAJUNGA Page -6- La Nationale 4 Salut! Les conditions dans lesquelles j’écris ne me conviennent pas. Le précédent mail que vous avez reçu a été le fruit d’une collaboration étroite entre nous quatre. Autour d’une bière, chacun y va de son idée et de sa pierre à l’édifice. On parle beaucoup, on rigole bésef, l’ambiance est au rendezvous mais le résultat n’y est pas (à mon goût). Le manque de concentration ou la consommation d’alcool? C’est pourquoi ce soir, je change de tactique et je prends la décision de m’isoler pour tenter de vous raconter ces quelques jours. Nous en étions à Tana... Le parc automobile de Tana rappelle celui des films des années soixante dix: Renault 12, 4L et 2CV remplissent les rues souvent pavées. Détail surprenant: la grande majorité des voitures est beige. Comme si un container de peinture beige était venu s’échouer sur les côtes de Madagascar provoquant ainsi la banalisation de cette couleur. Je ne peux pas écrire que je connais Tana puisqu’une grande partie du Samedi a été occupée par le mariage d’un ami de Philippe. Notre suractivité ne me laisse pour l’instant pas suffisamment de temps libre pour vous raconter tout ce que je voudrais. Mais à lui seul, ce mariage pourrait faire l’objet d’un film, donc de nombreux mails... Ils viendront! (En réalité, quelques mois plus tard, je n’avais toujours rien écrit sur le sujet). Quelques photos souvenirs du mariage Le lendemain, nous partons pour Mahajanga. J’avais gardé le souvenir de la 404 bâchée année modèle 1960, 15 personnes et 2 chèvres à bord, sur une piste digne d’une spéciale du rallye Paris Dakar. Je m’étais donc préparé à souffrir en silence pendant ce trajet. Page -7- A ma grande surprise (et soulagement, avouons-le), le minibus a remplacé avantageusement la 404 et l’état de la route permet de la classer dans le standing d’une départementale de métropole. Les six cents kilomètres de la Nationale 4 nous font traverser Madagascar en direction du Nord Ouest jusqu’au Canal du Mozambique. Donc, le voyage, bien qu’un peu long, se consume tranquillement en somnolence, discussions et contemplation des paysages. Philippe avait habilement négocié les deux places de devant, les plus confortables. Malheureusement, notre chauffeur très mélomane nous a fait regretter ce choix en nous imposant une sélection musicale dont le volume sonore couvrait allègrement le bruit du moteur. Nous voici à la gare routière. Au programme, douze heures de taxi-brousse... Alors que Philippe négocie une brosse à dents, nous gardons un oeil sur les sacs chargés sur le minibus. Lentement, le paysage se transforme: la banlieue de Tana devient une montagne désertique puis le relief des hauts plateaux s’estompe. La température gagne au passage une quinzaine de degrés. Majunga n’a pas usurpé sa réputation de ville la plus chaude de Madagascar. Olivier Quelques photos prises sur la Nationale 4. Soyez indulgents, en particulier pour le cadrage, car certaines sont prises à la volée... avec un chauffeur pressé d’arriver. Page -8- Les Grottes Salut A Majunga, nous vivons dans un petit hôtel très propre tenu par Henri, un sympathique français, fan de Johnny. Avec sa coupe de cheveux, il semble sorti tout droit des années 80... Même à Mada, ça surprend! Après quelques verres, les langues se délient et Henri nous propose une excursion pour le lendemain. Lever 5h45! Au petit matin, Sarah est inquiète: avec une moyenne de 5 heures de sommeil par nuit, elle va rentrer avec les batteries à plat! En 3 heures de 4x4 (45 km), nous rejoignons un site de grottes formant de magnifiques orgues. En tapant avec le plat de la main sur ces lames de calcaire, il est possible de sortir un formidable son de djembé. Suivant la forme et la longueur des stalactites, la sonorité varie. Avec les talents de Christian, la soirée serait grandiose. «A l’époque des Français» (expression consacrée ici pour parler de l’époque colonialiste), ce site était très réputé pour ses bals. L’électricité (dont on observe encore quelques traces) permettait des spectacles sons et lumières qu’il n’est pas difficile d’imaginer magiques. On y découvre également des ossements humains (quelle est la part de mise en scène?) et un squelette d’hippopotame fossilisé. Page -9- Notre pause déjeuner près d’une piscine naturelle est l’occasion d’un bain. Ca, c’est de la pause déjeuner! La sodexho devrait en prendre de la graine et pourrait nous offrir des prestations plus sympas. Nous partageons notre pique-nique avec un groupe d’enfants hésitants entre fascination et peur des technologies numériques. Page - 10 - Premières rencontres avec la faune typique de Mada: makis et zébus... Malgré son nom, ce lémurien n’a rien à voir avec les plats qu’on sert dans les restaurants japonais. Une centaine de mètres en aval, nous découvrons une cascade. Le surplomb ne rassure pas celui qui a mauvaise conscience avec son poids. Page - 11 - Sur le chemin du retour, nous traversons plusieurs villages. Nous récupérons un demi sanglier séché qui voyagera sur le toit de notre 4x4 dans des conditions d’hygiène «un peu» différentes de celles que l’on connaît en tant qu’européens. Il sera vendu en ville un bon prix. En attendant le bonheur, les malgaches sont heureux. Même si beaucoup d’entre eux vivent dans ce qu’il n’est pas honteux d’appeler la misère, leur large sourire est toujours la meilleure preuve qu’ils ne subissent pas leurs vies. Veloma ! (Au revoir en Malgache… devant vous, je frime, mais devant eux, c’est beaucoup moins évident…) Olivier Page - 12 - Le Cirque Rouge Le Cirque Rouge vu depuis la plage Salut! Aujourd’hui, balade dans le Cirque Rouge en mobylette (50 cm3, 4 temps, 4 vitesses). C’est du matériel chinois. S’ils veulent envahir le marché européen, je vous promets qu’ils ont encore de gros progrès à faire! La boîte de vitesses est un roman à elle seule. Si en quatrième vitesse, vous cherchez la cinquième (absente...), première surprise... vous tombez alors au point mort! Alors, vous cherchez la vitesse suivante. Deuxième surprise: vous êtes en première! A 60 km/h, vue la tenue de route de l’engin, c’est le gadin assuré! Voici donc quelques photos prises lors de notre excursion: Easy Rider, en chinois, tu dis comment? La mer vue du Cirque Rouge La Baronne Karen Blixen en pleine ascension. La même en pleine méditation. Page - 13 - A l’étranger, il est important d’avoir la notion du prix des choses et des services. Pour cela, la conversion en euro ou en francs français est souvent utile pour un petit gars comme moi. En fonction du cours du change, la conversion peut être plus ou moins aisée. Le calcul mental, c’est pas mon truc... A Madagascar, il faut rajouter un paramètre supplémentaire qui ne simplifie rien. Jugez plutôt par cet exemple qui m’est arrivé hier soir: le taxi me donne le prix de la course. Après analyse de la somme annoncée, je devine qu’il me parle de francs malgaches (fmg). Cette monnaie n’est plus officielle depuis un an, pourtant à Majunga, elle reste souvent la monnaie de négociation. Je lui donne des Ariary correspondant à un peu plus que sa demande. En retour, il me rend la monnaie en Ariary... et en fmg. Dix minutes après être descendu du taxi, je ne savais toujours pas à combien m’était revenue la course, ni si je m’étais fait arnaquer lors de la remise de la monnaie! Mais d’une manière générale, les malgaches semblent honnêtes et sont manifestement bien meilleurs que moi en calcul. De toute façon, il est à noter qu’avec les prix pratiqués ici, l’arnaque ne peut pas être de grande envergure. Pour exemple, Sarah s’est offert hier un massage complet de la tête aux pieds. Pour l’équivalent de 4 euro, le massage dure une heure. Rapport qualité prix imbattable. «Madagacar est un pays d’avenir... et le restera.» Ch. De GAULLE A la vue de cette photo, vous réaliserez à quel point cette phrase du Général De Gaulle reste aujourd’hui plus vraie que jamais. Quel visionnaire, le Grand Charles! Celui qui se réclame de la même famille politique que lui, aurait-il oublié cette qualité quand il a dissout l’Assemblée Nationale? Avec une mob comme celle-là, tu peux déjà pas mal frimer... à Mada! Les plages désertes sont mères de toutes les libertés. De toute façon, l’eau est si chaude que le moindre vêtement de bain est insupportable!!! Attention au soleil tout de même! Olivier et Sarah PS: Nos cours de Malgache nous font découvrir quelques concepts intéressants: la cuillère déchirée (fourchette) ou l’oeil du jour (soleil) Page - 14 - Le parc d’Ankarafantsika Salut à tous! Aujourd’hui, visite de la réserve d’Ankarafantsika. Pour s’y rendre, 240 kilomètres aller/retour à cinq dans une 205 Peugeot blanche. Ca rappelle des souvenirs! Sur la route, c’est le festival des charrettes à boeufs! Les charrettes à bras ne sont pas en reste...A quand la compétition de tuning? Dans le parc d’Ankarafantsika, on préserve de nombreuses espèces végétales et animales endémiques à Madagascar. En particulier, les surprenantes petites fleurs blanches ci-dessous sont en réalité des pucerons. Avec leur perruque, ils ont le volume d’un smartie! Comme ce puceron, le touriste fait aussi partie des espèces pour lesquelles une protection est organisée. Pour preuve, le petit avertissement ci-dessus. Page - 15 - Autre espèce emblématique de Mada: le baobab. Le baobab est un arbre qui, selon la légende, aurait été puni par le diable pour je ne sais quelle sombre histoire. Pour châtiment, Lucifer l’aurait planté avec les racines en l’air. En réalité, si le baobab a si peu de feuilles, c’est pour éviter au maximum l’évaporation de l’eau par celles-ci. Le petit singe au pied du géant végétal, c’est Cyril... Demain, c’est le départ pour Nosy-Be... en bateau… 20 heures de trajet prévu… Olivier P.S.: Cyril est sous «Colicalm» (un médicament à base d’opium et de charbon). Ceux qui ont fait des études de médecine doivent savoir de quoi il souffre. Les autres devraient deviner avec l’étymologie du mot et rigoler trois secondes après les médecins. Page - 16 - Le Jean-Pierre Calloc’h Salut à tous! Sans programme particulier, notre dernier jour sur Majunga passe rapidement entre le cyber café de l’Alliance Française, le marché et le restaurant «La Petite Cour». Et c’est le départ... Les vingt prochaines heures se passeront à bord du Jean-Pierre Calloc’h. Je mettrai à profit ces heures d’inoccupation forcée pour vous rédiger quelques bouteilles, je l’espère, sympathiques. Le Jean-Pierre Calloc’h (JPC), c’est le nom du bateau qui nous emmène de Majunga à Nosy Be. Il coule une retraite paisible dans les eaux calmes du canal du Mozambique après vingt ans de bons et loyaux services sur la côte atlantique francaise. Il mérite une présentation à la hauteur du vaisseau. Un look de chalutier, 240 places, trois classes, trois ponts, un toit... Le bateau est vide aux 2/3. Il transporte passagers, véhicules et matières premières dans une manifeste absence d’organisation, toute africaine, mais bon enfant. Sur le port de Majunga, nous attendons l’embarquement à bord du JPC. A la fréquence d’une navette par semaine, il vaut mieux arriver à l’heure pour être sûr d’embarquer. Nous quittons Mahajanga au couchant. Le canal du Mozambique sur lequel nous naviguons est «peu agité», mais la modeste taille de notre embarcation nous transmet roulis et tangage. Le voyage se passera-t-il correctement? C’est la question qui taraude quelques individus aux regards inquiets. Page - 17 - L’hotesse de la mer... ...les passagers... Telle une hôtesse de la mer, notre animateur fait une démonstration des consignes de sécurité si rodée que sa représentation récolte rires ...et le commandant et applaudissements. Avec plusieurs mois de de bord. recul, je réalise que sa prestation rappelle un personnage du Cinquième Elément, le film de Luc Besson. L’état général du bateau ne rassure pas plus que la phrase finale de son spectacle «Ca paraît très facile, mais on verra qui rigolera quand il faudra le faire en vrai» Ce qui tranquillise, c’est de savoir que nous disposons dans les canots de sauvetage de 40 jours de vivres et la notice d’Alain Bombard! Quelques minutes après la fin du show, Cyril et Philippe sont aussi actifs que les tonnes de tomates embarquées dans la soute. Finalement, à coup de vidéos, la nuit sera courte et le réveil difficile. Après avoir sympathisé avec notre animateur, je visite le poste de commandement puis la soute, où deux moteurs 6 cylindres en ligne offrent aux visiteurs une dizaine de degrés supplémentaires et une odeur digne d’une cuve à mazout. Page - 18 - Au petit matin, quelques baleines et boutres viennent saluer notre arrivée dans le nord de Mada. NOSY - BE Page - 19 - La réserve de Lokobe A notre arrivée sur la Grande Ile (traduction littérale de Nosy Be), je réalise que la communication avec le reste du monde va devenir problématique. Les cyber cafés ne se conjuguent qu’au singulier. De plus, la connexion est si lente qu’on peut considérer que ça ne marche pas... ce qui explique mon silence. Celui-ci devrait durer plusieurs jours. J’en vois déjà qui s’inquiétaient: «Il a encore pris un cyclone sur la gueule?» Non, rassurez-vous, Franck n’est pas à Mada... Contrairement à nos habitudes, cette bouteille ne vous sera donc pas envoyée le jour même. Après Majunga, le décalage est grand sur de nombreux points. Le tourisme (y compris sexuel) a fait perdre à Nosy Be un grand nombre des valeurs que l’on trouve dans le reste de Mada. De façon générale, tout est plus cher et moins bien. C’est la rançon du succès. L’hôtel où nous avons élu domicile ne déroge pas à la règle. Pour un prix qui n’est pas modeste pour Mada, Le Clérac Hôtel, à Hell Ville même, nous propose de toutes petites chambres (9 m2, salle de bains comprise), sans clim et sans eau chaude. Autant dire que la chambre nous sert à entreposer nos sacs le jour et dormir la nuit, et rien d’autre. La grande particularité de notre hôtel, c’est d’être en face de la mosquée, mais quand je dis en face, il faut comprendre que notre chambre est à un mètre du muslim qui appelle à la prière, debout sur le mur, à 4 heures du matin. La scène est si déconcertante quelle provoque le fou rire au milieu de nos nuits. Il faut dire que le concert de notre ami n’en finit jamais, à l’image du générique de «The Party» de Peters Sellers. Etant prévenus que Nosy-Be n’a qu’un intérêt limité, nous avons prévu de nous exiler pendant trois jours sur un ensemble d’îlots déserts à deux heures de bateau vers le nord, Nosy Mitsio. En attendant notre départ pour Nosy Mitsio, une petite ballade dans la réserve Lokobe a rempli notre Dimanche. Après vingt minutes de 4L à travers les champs d’Ylang Ylang, nous embarquons à 6 dans une pirogue. Pour la répartition des charges, Sarah, (alias Sandy, comme 110 Kilos...) «s’installe devant et nous autres, à l’arrière avec tout le matériel. C’est une vieille technique indienne pour l’équilibrage des masses.» Pendant notre ballade, nous croisons quelques espèces suffisamment rares à Paris XVIII pour être remarqués: dans le désordre, vanille, quinine, lémuriens, poivriers, caméléons... Page - 20 - Elue «2ème photo la plus belle du voyage» Nous faisons une pause lors de notre marche. Après quelques minutes, Cyril croit distinguer une peau de banane accrochée à un arbre. En réalité, un boa constricteur observait silencieusement la scène, trente centimètres au dessus de nos têtes. Vanille et... ...Boa L’après-midi, c’est repos et baignade! L’eau est si chaude qu’on croit nager dans un bol de soupe avec quelques algues pour faire le légume de service. L’avantage, c’est qu’on peut y rester plus longtemps qu’en Mer du Nord. A bientôt. Olivier Pendant son sommeil, Philippe est décoré de coquillages par Cyril et devient vite l’attraction de la plage pour les gamins du village. Page - 21 - Nosy Mitsio Nous quittons Nosy-Be le Lundi matin. Au programme: RIEN!!! Je m’explique, le but de notre expédition est de nous exiler sur un ensemble d’îlots au nord de Nosy Be. Ravitaillés par les corbeaux, Nosy Mitsio, à deux bonnes heures de mer de Nosy Be, ne peut pas prétendre au titre de l’île déserte, mais elle en a toutes les qualités: il n’y a rien. Nous avons donc tout prévu. Entre autre, la THB (Three Horses Beer, la bière locale) en quantité suffisante pour garder une bonne ambiance pendant 3 jours. Dans les faits, nous avons autant de bières que d’eau... mais on ne reviendra qu’avec de l’eau. A Ambatoloke, nous attendons à l’ombre d’un palmier le départ de notre expédition. Joseph (la casquette rose) est notre pilote, mécanicien et chef d’expédition! Mais surtout Joseph est un grand amateur de pêche au gros. Dès que nous sommes suffisamment éloignés de la côte, il sort les cannes et les leurres et ralenti l’allure du bateau afin de pêcher «à la traîne». Conséquence immédiate, la durée du voyage double mais on est bien récompensé par quelques prises gratifiantes. Assietta (derrière Sarah) nous accompagne. Un peu taciturne mais un grand talent pour sa mission: avec un nom pareil, je vous laisse deviner...c’est notre cuisinière. Notre destination... Page - 22 - Cyril et moi-même sommes heureux de vous présenter les menus qui ont rythmé notre séjour sur les Mitsio. A gauche, une partie de notre pêche: une bonite (qui passera en carpaccio...) et un waouh. A droite, deux magnifiques langoustes négociées avec des pêcheurs (2 € le kilo, ce serait dommage de se priver). Quand ce ne sont pas les produits de la mer au menu, ce sont les brochettes de zébu. Le séjour sur Nosy Mitsio suit le rythme du soleil: le lever avant 6h du matin semble naturel à chacun de nous. La matinée est mise à profit pour découvrir l’île et sa région. Puis c’est le repas de midi. La sieste est si obligatoire qu’elle porte bien le nom de couvre-feu. Le soleil entre 13h et 15h n’est pas ton ami! Notre cantine au Mitsio. La vue est paradisiaque... sans commentaire. Page - 23 - Ci-dessous, une petite sélection de souvenirs des Mitsio à graver dans sa mémoire pour la vie. Pas besoin de commentaires non plus... Page - 24 - ...jusqu’au soir... Au Mitsio, du matin... ...le rythme est soutenu... Sur le voyage du retour des Mitsio, nous faisons une pause déjeuner sur Nosy Fanihy (littéralement : l’île aux chauves souris). A l’image de Sarah, nous en profitons pour «piquer» une tête de plus dans l’Océan Indien. Après 3 jours passés en mer, nous retrouvons avec joie un confort oublié: la douche (même froide) et l’électricité (même avec ses heures de délestage). Olivier. Page - 25 - De Nosy Be à Diego Suarez Paul Loup Sulizer étant en panne d’inspiration depuis hier, c’est très modestement que Barbara Cartland va tenter, avec l’autorisation du maître, de prendre le clavier pour vous raconter nos dernières 48 heures... Après Nosy Be et ses îles, direction Diego Suarez. Départ mercredi matin à 8h, du port de Hell Ville. Enfin, 8heures, c’est l’heure qui était prévue. Au final, c’est une heure et demie plus tard que nous partirons. Cette attente est une fois de plus l’occasion pour nous de profiter du spectacle de la rue : un flot incessant de voitures qui vont et viennent, se garent en vrac, bloquent le passage des autres véhicules, les obligeant à des manoeuvres improbables au milieu des valises, de bidons d’essence et de piétons, qui traversent ce capharnaüm le nez en l’air, au risque de se faire renverser à tout moment par un automobiliste qui considère souvent que klaxonner lui donne le droit d’avancer ou de reculer. Le trajet, morcelé en plusieurs étapes, passera assez vite et comme depuis le début de notre périple, sans encombre. Première étape : nous quittons Nosy Be pour rejoindre la grande île à bord d’un petit bateau équipé d’un moteur hors bord. Nous sommes une douzaine à bord, tous équipés d’un gilet de sauvetage, et les mains agrippées à nos chapeaux pour éviter qu’ils ne s’envolent. Malgré la vitesse, nous avons le temps d’admirer la côte de Nosy Komba, petite île paradisiaque (mais quelle île ne l’est pas ici?) voisine de Nosy Be. Deuxième étape : nous rejoignons Ambanja en taxi brousse. Environ une demi heure de trajet à bord d’une 505 familiale. Jusqu’ici, tout va bien. Sauf que nous sommes dix à l’intérieur! A l’avant, 3 personnes : le chauffeur, un Wahaza, et entre les deux, une mamie de près de 90 ans, obligée de se coller à son voisin pour ne pas finir avec le frein à main incrusté dans les fesses! Vus de dos, c’est drôle, on dirait deux amoureux! Le rang derrière est beaucoup moins romantique : nous sommes 4, Philippe, Olivier, un malgache et moi. Assise sur une fesse pendant tout le trajet, je crois que j’ai remis d’aplomb cette scoliose que je traîne depuis l’adolescence! Dans le coffre aménagé, Cyrille partage son fauteuil avec un couple de français que nous avions rencontrés sur le JP Calloc’h. Cette promiscuité est, sinon agréable, au moins une drôle d’aventure, qui est l’occasion de rapprochements et pas seulement physiques! Page - 26 - La dernière étape nous conduira à Diégo à bord d’un mini van qui aurait gagné une heure sur son temps de trajet si son chauffeur n’avait pas été obligé de s’arrêter tous les quinze kilomètres (sur 230 kilomètres au total, ça fait beaucoup d’arrêts!) : une dizaine de contrôles de police (à chaque entrée et sortie de ville), des arrêts pour que les passagers puissent faire leur emplettes (de l’eau, des mangues,..), un stop pour que deux personnes échangent leurs places, et je passe sur les arrêts pipi, casse croûte et ceux dont on a pas compris l’objet! Nous arrivons à Diégo vers 16heures. Vue sur la baie de Diégo et son pain de sucre, depuis la Montagne des Français. En arrière plan, la ville de Diégo Suarez. Après quatre tentatives infructueuses, nous finissons par trouver un hôtel avec des chambres libres, propres et en centre ville. Si question coupures d’électricité, Diégo n’est pas plus épargnée que le reste de l’île, elles posent dans cet hôtel un problème auquel nous n’avions pas pensé. Nos chambres, situées à l’étage, sont en effet alimentées en eau par un compresseur. Et qui dit pas d’électricité, dit pas de compresseur, et donc pas d’eau, même froide! Au rythme d’une dizaine de coupures dans la journée, il vaut mieux bien choisir l’heure de sa douche et ne pas y rester trop longtemps avec du savon sur le corps et du shampoing plein la tête au risque de ne pouvoir se rincer que le lendemain matin! En espérant vous avoir intéressés au moins autant que sait si bien le faire Olivier, je lui repasse la main... Barbara Page - 27 - DIEGO-SUAREZ Page - 28 - Windsor Castle Philippe est rentré à la Réunion depuis deux jours et Cyril est parti pendant trois jours sur une île déserte. J’ai l’impression qu’il souffre du syndrôme Robinson Crusoe suite à son expérience aux Mitsio. Les activités continuent donc sans eux et c’est avec le dessus des mains recouvert d’une pellicule de Biafine que je vous écris ce petit feuillet de votre voyage à Mada. Au programme d’aujourd’hui, une ballade en moto avec comme objectif le Windsor Castle et la baie du Courrier. J’avais tout prévu pour me protéger du soleil sauf les gants... la sanction est immédiate! Le Windsor Castle est une forteresse anglaise (en tout cas ce qu’il en reste) perchée sur un éperon rocheux. Du haut de ses 391 mètres, les ruines dominent toute la région de l’extrême nord de Mada. Elles témoignent d’une page assez sombre de l’histoire de France: le jour de 1942 où les Anglais ont mis sur la gueule des Français (de Vichy)... Ces derniers étaient installés en face, à l’autre bout de la baie, sur une crête similaire qui a logiquement hérité de son nom: la Montagne des Français. Le 350 DR que nous avons loué. A deux sur la moto, c’est l’aventure! En arrière plan, la baie du Courrier. Le Windsor Castle se mérite! Quarante kilomètres d’une piste défoncée et un itinéraire pas bien clair. Mais surtout, il faut venir à bout des 200 derniers mètres de dénivelé. Un vent latéral de 140 km/h nous oblige par moment à monter à quatre pattes dans une pente de 30%. Les herbes longues et séches, couchés sur des cailloux n’attendent que l’entorse de la cheville du Vasaha distrait. Page - 29 - Après les dernières marches envahies par la végétation, la récompense est au sommet... ...la vue sur la baie de Diégo. Nous laissons derrière nous le Windsor Castle... Page - 30 - Après l’effort de l’ascension (et de la descente), rien de tel qu’un petit bain sur la plage déserte de la baie du Courier. Le petit «ride» sur le sable en 350 DR, c’est du bonus. Les écologistes ne sont pas encore arrivés jusqu’ici. Puis, c’est déjà l’heure du retour. La petite pointe rocheuse derrière moi, c’est le Windsor Castle. Olivier PS: La fréquence de vos bouteilles est assez aléatoire. Vous m’en voyez désolé mais les conditions techniques d’ici ne permettent pas de faire mieux. Je crois que les malgaches ont des problèmes avec les réseaux. Ne voyez pas dans ma réflexion l’esprit étriqué d’un homme de l’informatique. Je parle du réseau informatique comme du réseau électrique ou celui de l’eau... Quand il ne fonctionne pas, il a au moins le mérite d’exister... Page - 31 - Morangue Nous sommes à Ramena, petit village de pêcheurs sur la baie de Diégo. Au menu de ce jour : Morangue... Non, ce n’est pas une recette malgache de blancs d’oeufs au four, c’est de la boxe. Les règles sont strictes: pas d’armes blanches, ni d’armes à feu! Pour le reste, comptez sur l’imagination des artistes boxeurs pour assurer le spectacle! Même si les règles se conçoivent facilement, nous avons mis longtemps avant de comprendre le protocole de ce genre de rencontres. Les boxeurs, de solides gaillards de tous gabarits sont défoncés au kat, drogue locale dont je ne connais ni les effets, ni l’orthographe. Ils paradent dans une forme de danse pour défier les volontaires de l’équipe adverse. Le combat n’a lieu que si les deux adversaires sont d’accord pour s’affronter. Un combat peut durer cinq secondes comme quelques minutes dans le cas où plusieurs confrontations sont nécessaires... pour faire comprendre au perdant qu’il n’a pas gagné. Chaque affrontement peut prendre une tournure différente et rarement attendue: coup de boule à l’arbitre, bataille rangée, intervention des militaires pour séparer les combattants, fin du combat dans le public.. La parade des boxeurs La séparation des boxeurs par les militaires Un combat de morangue. Je me dois de vous signaler lors de ce spectacle, une nette impression de violence, ressentie en particulier par Sarah. Mais sur cette photo, vous pouvez remarquer la magie de la technologie numérique. Les gamins tournent le dos au ring, pourtant lieu central du spectacle, pour une petite séance photo des plus décontractées. A bientôt. Olivier Page - 32 - Instantanés Malgaches La tradition veut que la majorité des malgaches soit circoncise. Cette opération se fait au cours d’une cérémonie qui semble très protocolaire pour des étrangers comme nous. Parmi les règles à respecter pour que le petit garçon rentre dans le monde des hommes, il faut que son grand-père mange son prépuce dans une feuille de banane (une fois qu’il est coupé, bien évidemment). Je n’ai pas eu la présence d’esprit de demander à mon interlocuteur ce qu’il se passait dans le cas où le gamin avait ses deux grands-pères?!? Ils se battent très probablement pour laisser l’honneur à l’autre. En tout cas, il ne fait pas bon être grand-père malgache! Malheureusement, je n’ai pas de photos pour illustrer cette anecdote. En revanche, la photo ci-dessous illustre une petite sortie à la mer d’Emeraude et ma première leçon de voile malgache. Chaque détail du matériel et des transitions n’a pas échappé aux yeux de l’ex-planchiste averti que je suis. Un petit vent de force 6-7 nous a permis de traverser la passe et les creux d’un mètre cinquante nous ont copieusement arrosés. Evidemment, cette photo est prise alors que la situation est encore calme. Elue «Plus Belle Photo du Voyage» par un jury de professionnels. Page - 33 - Cyril et Martin, notre taxi attitré, au sommet de la Montagne des Français. Surplombant la baie de Diégo de quelques centaines de mètres, elle offre une vue imprenable sur son Pain de Sucre central. Vous remarquerez que Martin montre avec la main sans avoir l’index tendu en direction de son objectif. «Olivier, c’est normal, c’est Fady» Fady, c’est sacré ou interdit. Tout ce qui est Fady ne doit pas être pointé du doigt. La solution est vite trouvée: il suffit de plier les deux dernières phalanges!!! Sarah et Cyril au Casino de Diégo font le concours de celui qui perdra le plus vite au Black Jack. Sarah a gagné haut la main. Cyril, de son côté, a fait bon effet une quinzaine de minutes supplémentaires. Pour être sûr de bien laisser tout notre argent au gentil directeur du Casino, «on s’est terminé à la roulette». C’est beaucoup plus rapide!!! Je vous parle depuis le début de notre voyage d’espèces endémiques «en veux-tu, en voilà». En voici donc un nouvel exemple: le seul Casino au Monde où on peut rentrer en tongues. Un lémurien de la famille des Casses-Burnes. Il grignote mon chapeau alors que je suis en train de bouffer, à la Case en Falafy, à Ramena… La mer d’Emeraude! Je ne vous fait pas un dessin, c’est la photo habituelle de Mada: eaux turquoises (pour ne pas dire émeraudes), sable blanc et boutres. Pour rajouter au cliché, vous aurez noté sur la photo du casino que Sarah n’a pas résisté aux tresses sur la plage. Notre périple touche à sa fin. Malgré les nombreux problèmes techniques que j’ai rencontrés dans la réalisation de ce carnet de route, j’espère que vous avez passé un agréable voyage. Je vous remercie pour vos critiques qui sont toujours autant d’encouragements à continuer. La résidence Lapasoa, au sein du quartier chic de Tana sera notre dernier point de chute avant notre retour vers le monde occidental. Les briques rouges sont très présentes dans le patrimoine architectural de Tana. Bien évidemment, les plaques de tôles ondulées sont aussi très utilisées pour l’habitat… mais ces constructions ne peuvent pas se réclamer de la catégorie «patrimoine architectural». Au plaisir de vous revoir bientôt sur les lignes O.I.T. (Olivier Internet Travel). Plein de bisous malgaches!!! Olivier Page - 34 -