5/5=1 - Ménagerie de Verre

Transcription

5/5=1 - Ménagerie de Verre
Jacques André & Christophe Huysman,
Allio - Weber,
Chloé Delaume & Hauke Lanz,
François Raffinot,
Thierry Bedard - notoire & Alain Kamal Martial
DU 10 MARS
AU 11 AVRIL 2009
François Lanel
ÉtrangeCargo
DOSSIER DE PRESSE
Contact presse
01 43 38 33 44
[email protected]
SOMMAIRE
Communiqué de presse
Jacques André & Christophe Huysman
10 - 14 mars
Allio – Weber
17 - 21 mars
Chloé Delaume & Hauke Lanz
François Raffinot
24 - 28 mars
31 mars - 4 avril
Thierry Bedard – notoire & Alain Kamal Martial
7 - 11 avril
Informations pratiques
COMMUNIQUE DE PRESSE
ÉtrangeCargo
du 10 mars au 11 avril 2009
Jacques André & Christophe Huysman, Allio - Weber,
Chloé Delaume & Hauke Lanz, François Raffinot,
Thierry Bedard - notoire & Alain Kamal Martial
Véritable lieu laboratoire pour les artistes depuis plus de 25 ans, la Ménagerie de Verre vous donne chaque année rendez-vous autour des écritures scéniques avec le festival Étrange Cargo. Plus qu’un festival, ce rendez-vous annuel est un moment unique pour observer les tangentes qu’un
certain théâtre a aujourd’hui décidé de prendre, un théâtre ouvert à la transdisciplinarité.
Pour la prochaine édition qui se tient du 10 mars au 11 avril 2009, Marie-Thérèse Allier a conçu 25 soirées consacrées au théâtre et à la performance. Au programme, des artistes qui voient là un lieu définitivement incontournable pour présenter des objets au format inhabituel (Jacques
André & Christophe Huysman, François Raffinot), pour rejouer des formes (Allio - Weber), pour créer sur le long cours (Chloé Delaume & Hauke
Lanz) et donner à entendre des histoires liées aux écritures du monde (Thierry Bedard - notoire).
Dans le cadre de sa résidence à la Ménagerie de Verre, Christophe Huysman conçoit avec Jacques André 5/5=1, 5 trans-fusions soit cinq
soirées uniques autour des questions d’identité reliant l’individu à l’humanité à l’heure où partout un racisme silencieux véhiculé par les textes
de référence (lois, dictionnaire, etc.) se renouvelle aujourd’hui dans certains usages des bio technologies et de la biogénétique (fichage généralisé, obsession des origines, etc.).
Par un jeu d’écriture mêlant citations, créations textuelles, ou visuelles, et interactions introduites par cinq invités – généticien, démographe,
linguiste, expert médico-légiste et juriste – la relation que l’individu entretient aujourd’hui au « collectif » est explorée.
5/5=1, 5 trans-fusions est présenté du 10 au 14 mars 2009 à 20h30.
Allio-Weber propose pour Étrange Cargo une nouvelle version d’Un inconvénient mineur sur l’échelle des valeurs, créé en 2008 au festival
100dd à la Grande Halle de la Villette. Engagées depuis plus d’un an dans un travail d’écriture et de conception communes, Eléonore Weber et
Patricia Allio passent au crible, avec cette première pièce, le discours libéral du droit à la différence et à la réalisation de soi. Celui-ci ne sert-il
pas une logique désespérée, lorsqu’il vire à l’obsession et conduit par exemple à la revendication du droit à l’amputation volontaire ? Les deux
metteurs en scène ont choisi ce cas limite comme ligne de front. Et mener bataille signifierait ici se mettre radicalement à l’épreuve de ces contradictions, dans un espace où il s’agit moins de regarder que d’être regardé.
Un inconvénient mineur sur l’échelle des valeurs est présenté du 17 au 21 mars 2009 à 20h30.
Le metteur en scène Hauke Lanz et l’écrivain Chloé Delaume ont initié à la Ménagerie de Verre une création en plusieurs étapes. Entamé
en septembre 2008, Eden matin midi et soir est un work in progress, dont le point de départ est le synopsis suivant : toutes les cinquantes minutes
une personne se suicide en France et Adèle fait partie de ceux-là.
Monologue écrit par Chloé Delaume pour la comédienne Anne Steffens et le metteur en scène Hauke Lanz, c’est séance après séance que cet
objet théâtral s’est inventé.
Eden matin midi et soir est présenté du 24 au 28 mars 2009 à 20h30.
François Raffinot imagine pour Étrange Cargo un programme en trois temps : trois performances dans trois espaces de la Ménagerie et jouées
trois fois. Ces trois conversations d’un corps avec lui-même, tendu par le désir d’un autre, peuvent être suivies par le public dans l’ordre qu’il
souhaite, dans leur totalité ou de façon fragmentaire. Liées par des gestes similaires, par des images et des interventions sonores communes,
ces trois performances sont de facture très différente et autant d’hypothèses sur le corps propre.
Laborintus est présenté du 31 mars au 4 avril 2009 à 20h30.
Thierry Bedard – notoire s’est engagé en 2005 dans un nouveau cycle de recherche lié aux écritures étrangères. Un cycle où est énoncé
l’ordre et le désordre du monde sous formes d’histoires, d’essais, de correspondances, etc.
C’est dans ce cadre que s’inscrit Épilogue d’une trottoire, à partir d’un texte inouï sur l’agonie d’une prostituée tuée par un de ses clients, de
l’écrivain comorien Alain Kamal Martial. Un long poème dramatique qui traite d’un sujet extrême pour mieux faire entendre d’autres voix, les
voix de l’autre, de l’étranger, de l’exilé.
Un spectacle qui trouve d’autant plus sa place à la Ménagerie de Verre qu’au même moment Thierry Bedard se voit interdire par le Ministère
des affaires étrangères la diffusion dans les centres culturels français en Afrique et dans l’Océan Indien sa pièce 47 qui traite de l’insurrection
malgache contre la colonisation française.
Épilogue d’une trottoire est présenté du 7 au 11 avril 2009 à 20h30.
Les cinq programmes qui composent cette nouvelle édition d’Étrange Cargo témoignent tous d’un profond désir de vivre ensemble avec ce même
langage qui est celui du présent.
Jacques André & Christophe Huysman
5/5=1, 5 trans-fusions
création
Jacques André
du mardi 10 au samedi 14 mars à 20h30
Dans le cadre de sa résidence à la Ménagerie de Verre (2008-2010), Christophe Huysman propose pour Étrange Cargo, en étroite
collaboration avec Jacques André, cinq soirées uniques avec un invité chaque jour différents.
« Comment l’humanité, l’individu, le groupe, se disent et se voient, dans une histoire où les cadres mentaux du racisme perdurent et se déguisent, jusque dans les sources de référence – constitution, lois, dictionnaires, presse –, et résonnent de toutes les
crispations identitaires, dans les amplifications de la biogénétique et des bio-technologies.
Comment la « manipulation » (navigation et réarrangements interactifs) dans une collection d’images et de textes peut traduire
le collectif vu et articulé à l’heure des fichages et des profilages relayant les biopouvoirs ; comment la silhouette humaine et celle
de ses environnements peuvent aussi se lire autrement, dans leurs contours transformés en phylactères, dans la pluralité de leurs
identités, dans leurs ratages, et leurs possibles hybridations.
Par un jeu d’écriture mêlant collections de citations et créations textuelles ou visuelles de Jacques André et Christophe Huysman,
par une recherche d’une éventuelle participation interactive du public, et par les regards de différents spécialistes (chercheurs,
responsables institutionnels de lutte contre la discrimination, en France et en Europe) trouver une base d’expression dramaturgique à ces questions, générer un processus d’expériences et de reconnaissance.
Étrange Cargo sera la première plateforme de 5 expériences uniques, 5 soirées exceptionnelles avec un invité chaque soir différent. » Jacques André et Christophe Huysman, décembre 2008
« Un de mes mots d’ordre et il est toujours d’actualité : on ne stationne pas le centre (le centre du plateau), on le traverse, on le
réfléchit, on l’investit momentanément pour une action particulière si nécessaire, on s’y perd (se perdre dans un point central).
J’ai toujours pensé le Théâtre comme un atelier et la représentation comme l’ouverture publique de cet atelier où va se jouer un
moment du monde, des questions viscérales où nous n’avons pas toujours humainement la réponse, où les réponses se chevauchent. Artistes à cet endroit nous activons nos réseaux de questions, et concrètement en direct des réponses audibles, des phrasés
imprévus, des rencontres physiques architecturées, nous œuvrons l’inquiétude et les corps.
Des spectacles non pas indéfinissables, mais indéfinis, et ici un spectacle qui ne cesse de se redéfinir. »
Christophe Huysman à propos de sa compagnie Les hommes penchés.
La Compagnie est en résidence à la Ménagerie de Verre et au Vivat, SC d’Armentières (2008-2010).
Elle est conventionnée par la DRAC Ile-de-France et la Région Ile-de-France.
www.leshommespenches.com
2009 / création / Environ 60 minutes
Conception : Jacques André & Christophe Huysman
Avec : Jacques André et Christophe Huysman / liste des invités en cours
Production déléguée : Les Hommes penchés
Coproduction : la Ménagerie de Verre - Paris, Le Vivat SC d’Armentières, le Manège.Mons / CECN2
et Technocité.Mons (Belgique).
Avec le soutien de DICREAM Aide à la maquette
Repères biographiques
Christophe Huysman est né en 1964 à Dunkerque. Acteur,
auteur, metteur en scène, il arpente en solitaire, dès son plus
jeune âge, la région du Nord et s’invente un théâtre documentaire : il enregistre, recense, collectionne des centaines de
cassettes audio, des cartons de photographies et de témoignages,
prémices de son Monde HYC, nom qu’il donne à sa vie d’artiste.
Il fonde en 1995 la compagnie «Les Hommes penchés» et, avec
son «laboratoire mobile», en collaboration avec le plasticien
Jacques André, il utilise et expérimente ces matériaux accumulés, inventant des spectacles hybrides et étonnants, jusqu’à
occuper la scène en solitaire 9 heures durant pour Cet homme
s’appelle HYC (2001), où il décline toutes les facettes de son
art : image, son, marionnette, verbe, chanson, photo, etc. En
tant qu’acteur, il se frotte aux écritures dramatiques de Philippe
Minyana, Robert Cantarella, Noëlle Renaude ou Georges
Aperghis. Puis il rencontre Gérard Fasoli, acrobate, trapéziste
et pédagogue avec qui il commence une collaboration autour
du cirque.
Parmi ses créations l’on peut noter Les Hommes dégringolés en
2001 (Festival d’Avignon, Les Amandiers CDN Nanterre), Cet
homme s’appelle HYC, performance évolutive créée en 2002
(Festival d’Avignon, etc), Espèces, pièce de cirque créée en
2002 (Culture Commune SN, Parc de la Villette, etc), Les
Repas HYC, pièce de théâtre sonore créée en 2003 (Théâtre de
la Bastille, etc), Sandy Beans Interviews Polyglotte en 2004
(Villa Gillet, Lyon), La Course au désastre créée en 2005
(Festival d’Avignon, 2006), Les Constellations (Festival
d’Automne, 2005) et HUMAN (articulations), pièce de cirque
créée en 2006.
En avril 2008 il crée une pièce de cirque dans un dispositif
circulaire et présentée en extérieur, Le Mâtitube et il performe
Les Étonnistes en compagnie de Stéphanie Aubin, Pascale
Houbin et Pierre Meunier.
Bibliographie : Pièces de cirque, Éd. Les Solitaires intempestifs,
2006 ; 8 poèmes, Éd. Les Presses du réel, 2006 ; Les Repas
HYC, Éd. Les Solitaires intempestifs, 2003 ; La Sangre caliente
de la tierra, Éd. Artes del Sur Ediciones, 2002 ; Les Hommes
dégringolés, Éd. Les Solitaires intempestifs, 2001 ; Cet Homme
s’appelle HYC, Éd. Les Solitaires intempestifs, 2001 ; Les
Perdrix, Éd. des Quatre-Vents, 1994 ; Manuel de Hohenstein,
Éd. L’Avant scène théâtre, 1993 ; Le Sang chaud de la Terre, Éd.
L’Avant scène théâtre, 1991 ; La mort ira, Éd. Saint-Germaindes-prés, 1991.
Jacques André, réalisateur et vidéaste formé à l’INSAS
(Bruxelles), plus récemment metteur en scène et plasticien,
développe une recherche sur les rapports entre corps, mots et
images, les limites de nos manières de voir et les discriminations
qui y sont associées. En tant que réalisateur spécialisé en image
informatisée, il a reçu plusieurs prix pour des films scientifiques où il explore l’image comme résultante de processus
non traditionnels questionnant l’héritage du cadre et de la perspective classiques.
En France, pour le théâtre, il collabore avec des metteurs en
scène comme Stuart Seide, Dominique Boissel ou Brigitte
Foray. Il réalise une adaptation de La pluie d’été, d’après
Marguerite Duras et sa mise en scène par Éric Vigner
(Arte/France3, 1996). Sur le concept d’« image-actrice » et de
dramaturgie image, il s’associe pour créer des performances
multimédia à Christophe Huysman, auteur, acteur et metteur
en scène, avec lequel il fonde le « laboratoire mobile » des
Hommes Penchés : Cet homme s’appelle HYC en 2002 (Festival
d’Avignon) ; S.B.I.P en 2004. (Lyon) ; La course au désastre en
2005 à Tours, Avignon, Dijon, et dans des formes nouvelles,
Paris (Ménagerie de Verre, 2008), Bruxelles (La Bellone, 2008).
Il s’associe aussi avec le Panta-Théâtre (Corpus Tina M., création multimédia sur la photographe T. Modotti) à Caen, Paris,
Tours (Rayons frais, 2005), ainsi qu’avec le chorégraphe belge
Thierry Smits pour l’image et la dramaturgie de V-Nightmare,
variation sur les 4 saisons de Vivaldi (Kaaitheater, Bruxelles,
2007, Glasgow, 2008 ; Prix de la critique du meilleur spectacle de danse 2008).
Il adapte et met en scène, aux frontières de la performance avec
Karin Romer actrice, La Marquise d’O…, nouvelle de Kleist
créée pour la première fois quasi intégralement en français
(CDR Tours, création janvier puis mars 2008).
En arts visuels, il développe depuis 2001 le cycle des Portraits
épidermiques sous différentes formes : performance à Dijon, à
Paris (Batofar 2003, Ménagerie de Verre 2008) ; installation
vidéo à Bruxelles (Halles de Schaerbeek, Trouble 1) ; installation vidéo et photographique, Portraits de l’autre, l’intimité de
la peau, à Paris (exposition collective Centre WallonieBruxelles, 2007) assorti de la publication d’un texte original
Pour un portrait autre (Éd. Revue Ah de l’Université Libre de
Belgique, 2007).
Un inconvénient mineur sur
l’échelle des valeurs
Allio - Weber
Enrico Bartolucci
du mardi 17 au samedi 21 mars à 20h30
Les valeurs libérales de tolérance et de différence sont paradoxales. Elles contribuent à garantir la liberté à condition qu’elle ne
nuise pas à autrui et dans le même temps elles neutralisent les révoltes possibles en sous-entendant que toute forme de vie se vaut.
Le droit à la différence est ainsi devenu ce piège où l’expression du refus finit par être étouffée.
Éléonore Weber et Patricia Allio souhaitent se tenir au cœur des contradictions qu’entraîne ce paradoxe.
Les deux metteurs en scène entament à la Ménagerie de Verre une nouvelle période de création, avec l’intention de revisiter les
partis pris ayant présidé à la première étape de travail à la Grande Halle de la Villette.
« Comment s’atteindre et comment être atteint ? Si la violence politique et économique génère de l’insensibilité, elle crée aussi
de nouveaux symptômes et de nouveaux monstres. Les amputés volontaires semblent avoir littéralement incorporé les contradictions de l’idéologie ambiante. Ils revendiquent le droit à l’amputation et nous demandent de le reconnaître. Ils affirment ne ressentir un bien-être et une complétude qu’après s’être délibérément amputés d’un bras ou d’une jambe. Étrange paradoxe. N’y a-t-il
pas là une logique désespérée ? Si se réaliser soi-même signifie soustraire quelque chose de soi, alors peut-être devons-nous repenser cette obsession de l’épanouissement personnel et du droit à la différence comme une douleur aussi grande que le serait une
amputation. C’est en tout cas l’une de nos hypothèses de travail. Parce que ce cas limite interroge en retour nos logiques ordinaires,
nous l’avons choisi comme ligne de front. Et c’est avec une batterie de questions que nous avançons, dans un espace où il s’agit
moins de regarder que d’être regardé, moins de voir apparaître que d’écouter et d’être interpellé constamment. Retour à soi donc.
À partir d’une impossible empathie. Peut-on souffrir avec celui ou celle qui n’est que le miroir grossissant de nos propres contradictions ? Comment se mettre à l’épreuve de ces contradictions ? Où cela mène-t-il ? Le désir de débattre remplace-t-il au bout
du compte le désir de spectacle ? Et peut-on mettre en scène ce désir ? » Allio-Weber, décembre 2008
Un inconvénient mineur sur l’échelle des valeurs en tournée :
Scène Nationale la Ferme du Buisson, Festival Labomatik, mars 2009 ; Scène Nationale d’Alençon, mai 2009 ; Théâtre Paris-Villette, automne 2009
70 minutes
Conception : Allio-Weber / Le texte a été écrit à partir de matériaux documentaires.
Avec : Charline Grand et Mathieu Montanier
Création lumière : Emmanuel Valette et Laurent Queyrut / Création sonore : Mikaël Plunian
Scénographie : Allio-Weber avec la collaboration de Perrine Cado, Estelle Gauthier, Claire Gringore
dans le cadre d’un workshop à l’ENSATT
Création costumes : Laure Mahéo / Image : Mathias Raaflaub / Montage : Aurélie Duboys
Membres du choeur : Claude Barreau, Dominique Collignon Maurin, Marie-Laure Crochant, Emmanuel Delabre,
Nathalie Ferron, Jeanne François, Eliane Kheris, Nathalie Kousnetzoff, Maud Le Pladec, Mélanie Martinez
Llense, François Maurin, Mathieu Montanier, Eric Muraciol, Elios Noël, Adeline Olivier, Mathias
Raaflaub
Production : Allio-Weber / Co-production : Grande Halle de la Villette, Scène nationale 61 – Alençon
Repères biographiques
Allio-Weber En janvier 2008, Éléonore Weber et Patricia
Allio conçoivent un projet global intitulé Symptôme et proposition, nom et objet d’une alliance artistique où elles s’engagent
dorénavant à privilégier une voix commune pour toute forme de
création, qu’elle soit théâtrale ou cinématographique. Leurs
travaux seront désormais co-réalisés et co-signés Allio-Weber. Un
inconvénient mineur sur l’échelle des valeurs, leur premier geste,
a été créé au Festival 100dd à la Grande Halle de la Villette en
juin 2008. Elles travaillent actuellement à l’élaboration d’un
second projet de théâtre dans le cadre d’une production francomexicaine ainsi qu’à un projet de film.
Auparavant et parallèlement à des recherches universitaires en
philosophie morale pour l’une, en philosophie politique pour
l’autre, elles se sont consacrées à l’écriture. À partir de 2004,
elles créent leurs premières mises en scène.
Patricia Allio a écrit et mis en scène Habiter (Festival Corps de
texte/Rouen, Dieppe, Porto, Milan, 2007). Elle a mis en scène
Life is but a dream /Le sang des rêves à partir de Sang et stupre au
lycée de Kathy Acker (Fondation Cartier ; Festival 100dd / La
Villette ; Mettre en Scène / TNB création européenne, 2007)
ainsi que sx.rx.Rx à partir des écrits bruts de Samuel Daiber
(Fondation Cartier ; Mettre en Scène.TNB, 2004 ;
KunstenFESTIVALdesArts, 2006 ; Théâtre de la Bastille).
Éléonore Weber a écrit et mis en scène Rendre une vie vivable
n’a rien d’une question vaine (Festival d’Avignon, 2007) ainsi que
Tu supposes un coin d’herbe (Mettre en scène / TNB, 2005 ;
Théâtre de la Bastille, 2007). Elle a mis en scène Je m’appelle
Vanessa de Laurent Quinton (Pièces d’identité - Folle Pensée /
La Passerelle, Mettre en scène / TNB, 2004). Elle a également
réalisé des films, court et moyen-métrage, dont Temps morts en
2005 et Les hommes sans gravité (eccefilms) en 2007, sélectionnés dans plusieurs festivals, en France et à l’étranger.
Charline Grand Elle commence le théâtre à 17 ans et entre en
2000 à l’École Supérieure d’Art Dramatique du Théâtre National
de Bretagne, dirigée par Stanislas Nordey. Pendant ces trois
années elle travaille avec des metteurs en scène, des auteurs, des
chorégraphes : François Tanguy, Claude Régy, Loïc Touzé,
Roland Fichet… En 2003 elle joue dans Atteintes à sa vie de
Martin Crimp, mis en scène par Stanislas Nordey.
En tant que comédienne elle joue en 2003 et 2004 au Festival
Mettre en scène (TNB, Rennes) dans Orgie de Pier Paolo Pasolini
(mise en scène Laurent Sauvage), Pasteur Ephraïm Magnus de
Hans Henny Jahnn (mise en scène Christine Letailleur), Je m’appelle Vanessa de Laurent Quinton (mise en scène Éléonore
Weber). En 2004 elle participe en tant que comédienne et
metteur en scène à la série de créations Pièces d’identités, conçue
par Roland Fichet à Saint-Brieuc, en Afrique et au Festival
Frictions (Dijon).
Elle joue dans L’une de l’autre de Nadia Xerri-L au Théâtre de
la Villette en 2005, et est actrice géographique dans Blockhaus
d’Alexandre Koutchevsky à Saint-Jacques de la Lande en 2006.
Elle expérimente le cinéma avec Éléonore Weber sur son film
Les hommes sans gravité. En janvier 2007 elle joue dans La
Philosophie dans le boudoir (Sade/Letailleur), créé au Théâtre
National de Bretagne à Rennes et en novembre, sous la direction
de Stanislas Nordey, dans Incendies de Wajdi Mouwad.
Mathieu Montanier est né en 1974 à Clermont-Ferrand, il a
été formé à l’école professionnelle de la comédie de SaintEtienne (1997 à 2000).
Il a joué pour Christian Colin, Anatoli Vassiliev (Les trois soeurs
d’Anton Tchekov), Fréderic Fisbach, Stanislas Nordey, Annie
Lucas, Renaud Herbin, Julika Mayer et Rachel Dufour.
Il a participé, en France et en Afrique, aux séries de créations
Naissances et chaos et Pièces d’identités du Théâtre de Folle
Pensée. En 2005, il joue Chienne dans Animal de Roland Fichet
mis en scène par Frédéric Fisbach. Puis, il joue dans le spectacle
Tu supposes un coin d’herbe écrit et mis en scène par Eléonore
Weber, pour le festival Mettre en scène au TNB de Rennes en
2005 et repris au Théâtre de La Bastille en 2007. En 2006, il joue
dans Les rescapés de la fosse commune, écrit et mis en scène par
Elsa Carayon, au Festival À suivre de la Comédie de ClermontFerrand. Puis il tourne dans Les hommes sans gravité, moyenmétrage d’Éléonore Weber. En 2007, il joue dans Rendre une vie
vivable n’a rien d’une question vaine d’Eléonore Weber, créé au
Festival d’Avignon. Lors de l’édition 2008, il joue dans Feux de
Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma.
Eden matin midi et soir
Chloé Delaume & Hauke Lanz
création
François Lanel
du mardi 24 mars au samedi 28 mars à 20h30
Le metteur en scène Hauke Lanz et l’écrivain Chloé Delaume ont initié à la Ménagerie de Verre une création en plusieurs étapes.
Entamé en septembre 2008, Eden matin midi et soir est un work in progress dont le point de départ est le synopsis suivant : toutes
les cinquantes minutes une personne se suicide en France et Adèle est de celles-là. Monologue écrit par Chloé Delaume pour
la comédienne Anne Steffens et le metteur en scène Hauke Lanz, c’est séance après séance que cet objet théâtral s’est inventé
à la Ménagerie de Verre.
Durant la saison 2006-2007, Hauke Lanz avait adapté et mis en scène au Théâtre de Freiburg (Allemagne) Angstblau, d’après
le roman Le Cri du Sablier de Chloé Delaume. Pour préparer cette création ils se sont rencontrés à Paris, et Chloé Delaume
est venu assister à la Première à Freiburg où, à l’initiative du Centre Culturel Français, ils ont également présenté une lecture
bilingue, Le Cri Bleu. C’est en travaillant ensemble sur cette performance qu’ils ont décidé de poursuivre plus avant leur collaboration et ainsi l’idée du projet Eden matin midi et soir était née.
C’est après avoir vu La course nue, court-métrage du réalisateur Benoît Forgeard, dans lequel joue Anne Steffens, qu’ils décident de collaborer avec la comédienne qui leur semble l’incarnation parfaite du personnage d’Adèle et de ses multiples voix.
« Toutes les cinquantes minutes, une personne se suicide en France. Adèle est de ceux qui tentent régulièrement de mettre fin
à leurs jours. Dans la chambre de l’hôpital où elle se réveille après une énième tentative de suicide, Adèle répète ce qu’elle devra
dire au médecin pour qu’il la laisse partir ; ce qu’elle devra confier aux proches qui devront lui survivre, aussi. Parce que son
Moi est fragmenté en de multiples voix internes, la pensée d’Adèle est accidentée, parsemée de ruptures, de conflits. Le mal
dont souffre Adèle est complexe, il se décline et s’interroge dans un paysage mental durant ce monologue, qui dure, bien sûr,
cinquante minutes. » Hauke Lanz et Chloé Delaume, janvier 2009
Le texte Eden matin midi et soir de Chloé Delaume sera publié aux éditions joca seria en mars 2009.
www.chloedelaume.net
Hauke Lanz présente au Théâtre Paris-Villette Les névroses sexuelles de nos parents de Lukas Bärfuss
du 23 février au 14 mars 2009.
www.haukelanz.com
www.theatre-paris-villette.com
2009 / création / Environ 60 minutes
Texte : Chloé Delaume
Mise en scène et scénographie : Hauke Lanz
Assistante à la mise en scène : Clémence Gross
Avec : Anne Steffens
Costume : Dévastée
Création son : Ludovic Millet (n.x.h.)
Création lumière : Etienne Bernardot
Production : Compagnie Deus Ex Machina et la Ménagerie de Verre,
dans le cadre d’un studiolab
Repères biographiques
Chloé Delaume est née en 1973 à Paris. Auteur de 15 livres,
dont Le Cri du Sablier (Éd. Farrago / Léo Scheer, Prix
Décembre 2001), Corpus Simsi (Éd. Léo Scheer, 2003),
Certainement pas (Éd. Verticales, 2004), J’habite dans la télévision (Éd. Verticales 2006) et La nuit je suis Buffy Summers
(Éd. è®e, 2007). Pratique depuis six ans la performance texte
/ son, seule ou accompagnée de musiciens électroniques.
Travaille actuellement sur un roman, Le livre des morts, qui sera
accompagné d’un cd. A réalisé plusieurs travaux pour France
Culture, dont un atelier de création radiophonique, J’ai le
souffle trop court pour 31 bougies (2004), une pièce sonore live
avec Dorine_Muraille, Le syndrome de la Fée Clochette,
présentée au Festival d’Avignon (2004), ainsi qu’une fiction
radiophonique, Transhumances, qui a été diffusée en 2006 et
a été publiée en 2007 par les Editions è®e.
Hauke Lanz est né en 1969 à Munich. Il réalise ses premières
performances et expériences théâtrales à partir de 1987 à
Berlin. En 1992 il s’installe à Paris et étudie le théâtre et la
psychanalyse à l’université Paris VIII. Parallèlement, il est assistant auprès de Richard Foreman, Bernard Sobel, Philippe
Adrien, et Romeo Castellucci et crée des « installations théâtrales » dans des lieux non-théâtraux en Ile-de-France.
Lauréat de la Villa Médicis hors les murs, il séjourne au
Mexique au printemps 2000 où il suit les traces de la surréaliste Leonora Carrington, et met en scène sa pièce Une chemise
de nuit de flanelle dans un couvent transformé en musée d’art
contemporain à Mexico-City. En 2002 il crée Anticlimax, la
dernière pièce de Werner Schwab, à la MC 93 de Bobigny. La
même année il conçoit la performance Les plaies de la cène
dans les jardins de la Theaterakademie de Munich. En 2004,
il écrit et met en scène le projet Erotica Asphyxia, dans le
cadre du Festival Frictions, au Théâtre Dijon Bourgogne et
participe avec onze jeunes metteurs en scène au colloque
Radikal jung à Munich. Un livre sur ce colloque paraît ensuite
aux éditions Theater der Zeit. Durant la saison 2005-2006, il
crée Disparitions de Sophie Calle au Grand Manège de
Namur et norway.today d’Igor Bauersima au Théâtre National
de Bruxelles. Angstblau d’après le roman Le cri du sablier de
Chloé Delaume est crée le 23 février 2007 au Theater Freiburg
en Allemagne.
En février 2008, il crée au Schauspielhaus de Vienne l’épisode
N° 7 de la Strudlhofstiege, sitcom théâtral à partir du roman
fleuve de Heimito von Doderer présenté à travers les contributions successives de 12 metteurs en scène.
Pour la saison 2008-2009, parallèlement à Eden matin midi et
soir, il crée les Névroses sexuelles de nos parents de Lukas
Bärfuss, au Théâtre Paris-Villette.
Anne Steffens est née en 1974 à Nancy. Après une formation de gymnaste (espoir jeux olympiques 1984), puis de
danseuse, c’est à l’âge de 17 ans qu’elle entre en hypokhâgne,
puis en khâgne et en licence où elle rencontre Florence
Dupont qui devient sa directrice de mémoire de maîtrise de
littératures latines qu’elle soutient en 1996. Issue de la promotion 2001 du Conservatoire National de Nancy, elle s’installe
à Paris et travaille avec des metteurs en scène comme Françoise
Bette, Théo Hakola, Evguéni Grichkovets, ou encore Patrick
Haggiag. Elle participe aussi à des fictions radiophoniques
réalisées par Jean Couturier pour France Culture.
Au cinéma, elle tourne dans Les poupées russes de Cédric
Klapisch, Une aventure de Valentine de Guillaume Brac et La
course nue de Benoît Forgeard (Prix Qualité 2007 du CNC,
nomination pour le Lutin 2007 de la meilleure actrice). Elle
joue actuellement Veronika dans Je me mets au milieu mais
laissez-moi dormir, une adaptation du scénario de Jean
Eustache (La Maman et la Putain) mise en scène par Dorian
Rossel, créée au Théâtre de l’Usine en avril 2007 à Genève et
qui sera, entre autres, repris au festival de la Bâtie, toujours à
Genève, puis à l’Arsenic à Lausanne.
Laborintus
François Raffinot
création
Isabelle Grosse
du mardi 31 mars au samedi 4 avril à 20h30
« Laborintus est composé de trois études sur le double, la conversation que le corps entretient avec un autre lui-même.
La première version est un tête-à-tête extrait du Persona de Bergman, interprété, pour ne pas dire converti, par deux comédiens,
Sylvie Granotier et Jean-Michel Fête. La séquence du film présente l’intérêt d’avoir été mystérieusement doublée au montage
par Bergman, une première fois sur le visage de Liv Ulmann, une seconde sur celui de Bibi Anderson. Or il ne s’agit pas d’un
dialogue, mais d’un monologue qui s’adresse à un interlocuteur silencieux, probablement sujet à une conversion hystérique qui
l’a provisoirement privé de la parole. Dans Laborintus le texte sera dit deux fois, en inversant les rôles.
La deuxième version est un solo de danse où Franck Picart pervertit des indications gestuelles enregistrées sur le vif lors d’un de
ses cours donné à des danseurs. Franck suit apparemment les directives de sa propre voix pour en exécuter des applications chorégraphiques diverses, parfois plausibles, parfois nettement divergentes.
La troisième est un jeu d’inversions qu’Audrey Yvars entretient avec l’image de son corps projetée au sol en temps réel et différé,
sous le trampolino sur lequel elle évolue. Ici les rebonds de l’envers et de l’endroit troublent les symétries et les repères de
l’espace.
Autrement dit, ces conversations sont autant d’avertissements sur la présence de nos propres doubles. Elles ne sont pas l’illustration d’un clivage du moi mais plutôt celle d’une cohabitation nécessaire, nécessaire à la conscience.
Les trois versions sont présentées simultanément dans trois lieux différents de la Ménagerie de Verre qui peuvent communiquer,
dialoguant entre elles par l’intermédiaire de bouffées sonores et d’images provenant des espaces contigus, de gestes similaires circulant d’une scène à l’autre. Elles sont reprises trois fois de suite, pour que le public puisse toutes les voir, dans l’ordre qu’il veut et
aussi partiellement qu’il le souhaite. Par ailleurs, Laborintus, le titre qui regroupe ces trois performances, suggère par sa double
consonance - laborintus et labyrinthus - que laboratoire et labyrinthe supposent des explorations comparables.
Enfin, en paraphrasant les propos de Luciano Berio au sujet de son Laborintus 2 auquel le spectacle fait référence :
« Les mots isolés et les phrases [et les mouvements] doivent parfois être pris comme tels mais d’autres fois être entendus [perçus]
comme une partie de la structure sonore [et visuelle] conçue comme un tout. » François Raffinot, janvier 2009
Laborintus en tournée : Temps Danse d’Automne, Le Forum du Blanc-Mesnil, octobre 2009
La compagnie SNARC bénéficie d’une aide aux compagnies chorégraphiques de la Drac Ile-de-France.
www.francoisraffinot.com
2009 / création / 3 x 20 minutes
Conception et réalisation : François Raffinot
Interprètes : Jean-Michel Fête, Sylvie Granotier, Franck Picart, Audrey Yvars
Production : Ménagerie de Verre et Le Forum du Blanc-Mesnil
Avec le soutien de : Micadanse pour l’acceuil studio et l’École de Musique et de Danse du BlancMesnil pour l’aide logistique.
Repères biographiques
François Raffinot Après des études de danse et de philosophie, une carrière de danseur auprès de Félix Blaska, Peter
Goss, Susan Buirge, un détour par la reconstitution des danses
anciennes, François Raffinot est nommé au Havre, à la direction du Centre Chorégraphique National avec Guilène Lloret.
Il met ensuite en place le Département Chorégraphique de
l’Ircam avec Laurent Bayle, pour finalement créer le SNARC,
un Site Nomade qui lui convient, d’abord en résidence à Metz
et actuellement à Paris.
Il est régulièrement invité à donner des cours théoriques dans
les écoles d’art, les universités et publie fréquemment ouvrages
et articles. On lui doit la conception et la première édition du
Vif du Sujet, manifestation chorégraphique de la SACD au
Festival d’Avignon.
Jean-Michel Fête Après des études d’ingénieur et un atelier
de négociation commerciale sur le mentir-vrai, Jean-Michel
Fête devient comédien. Il partage sa carrière entre théâtre
alternatif, performance (Magalie Desbazeille) téléfilms et
cinéma d’auteurs (Laurent Bouhnik, Alain Corneau, Didier
Lepecheur, Abdel Kechiche, Raphaël Nadjari et Christophe
Lamotte : Nord Paradis sortie le 25 février 2009). C’est ce
grand écart instable qui lui a fait croiser la route de François
Raffinot sur deux de ses pièces, Al Segno avec Emmanuelle Vo
Dinh et pas_de_direction.
Sylvie Granotier Née en Algérie, elle se retrouve mannequin par hasard et par nécessité. Quelques années nomades
plus tard, la voilà parisienne et enfin actrice.
La traduction de nouvelles de Grace paley l’amène à l’écriture
de polars (Ed. Gallimard et Albin Michel) conjointement à
l’écriture de comédies. Le héros de son dernier roman, Tuer
n’est pas jouer, est comédien.
Franck Picart Après des études au Conservatoire National
Supérieur de Paris, Franck Picart danse avec Anne Dreyfus,
François Raffinot, Emmanuelle Vo-Dinh. Il est acteur dans Tu
supposes un coin d’herbe d’Eléonore Weber, Un-complet et Un
temps de Perrine Maurin. Il crée deux pièces chorégraphiques,
Fouille en 2007 et Parcours en 2008.
Audrey Yvars Elle a travaillé avec Philippe Decouflé, et au
sein de la compagnie Anomalie, la troupe de nouveau cirque.
Elle utilise la danse contemporaine et ses fondamentaux tout
en y associant la virtuosité de l’acrobatie et de la Capoeira. Elle
a participé à plusieurs spectacles de François Raffinot, dont
Totem, un laboratoire qu’il a créé pour elle.
Thierry Bedard - notoire
& Alain Kamal Martial
Épilogue d’une trottoire
Philippe Gaubert
du mardi 7 au samedi 11 avril à 20h30
Thierry Bedard – notoire s’est engagé en 2005 dans un nouveau cycle de recherche lié aux écritures étrangères. Un cycle où est énoncé
l’ordre et le désordre du monde sous formes d’histoires, d’essais, de correspondances, etc.
C’est dans ce cadre que s’inscrit Épilogue d’une trottoire à partir d’un texte sur l’agonie d’une prostituée tuée par un de ses clients de
l’écrivain comorien Alain Kamal Martial. Un long poème dramatique qui traite d’un sujet extrême pour mieux faire entendre d’autres
voix, les voix de l’autre, de l’étranger, de l’exilé.
« J’écris comme on crie un cri sourd qui t’étouffe au niveau de la gorge, un cri qui ne veut pas sortir et pourtant qu’on pousse de toutes ses forces.
Je ne bricole pas des pièces de théâtre, je déchire des cris, des rires, des énergies de vie, des transes, des coups de couteaux, des ciseaux,
des choses qui m’habitent qui se révèlent sur le plateau.
[...] Parce que je pense aussi que la scène c’est un lieu d’écoute, pas seulement pour le public mais aussi pour l’auteur, l’auteur de
théâtre est un passeur de parole, un créateur d’énergie de parole, un être pluriel parce qu’en lui vivent tous ceux qui ont besoin de
dire, même ceux qui ne peuvent pas dire, l’auteur dramaturge fait parler le muet. L’auteur doit incarner cette nécessité de dire même
là où la parole est impossible ou plutôt surtout là où la parole est devenue impossible.» Alain Kamal Martial
« Ce dernier texte de la série des épilogues fait suite à l’Épilogue des noyés et à l’Épilogue des ventres. C’est sur les ombres silencieuses
de nos trottoirs qu’une prostituée prend la parole comme dernier acte de révolte contre l’agression qui lui est faite.
La prostituée prend la parole, elle dit une parole prostituée, parole de l’ombre, parole des faubourgs, parole exclue parce que parole
du désordre, de l’informel, magma de mots qui font irruption à ce lieu de non parole, lieu des silences criants pour interroger la manière
dont causeraient celles des trottoirs, celles bousculées, lapidées, en état de tension maximale, état de tonnerre, état de viande commercialisée, quelle parole peut être celle des kilos de chair vendue, les kilos de chair en situation de survie, la force de survie inscrite
dans des kilos de chair qui se battent dans l’ombre des trottoirs.
La prostituée s’impose le devoir de nommer sa chair femelle qu’elle vend sans omettre le moindre gramme, elle est elle-même la
trottoire à dire, chaque morceau de son corps, chaque fragment de sa chair doit devenir une parole, chair de travail, chair de survie,
chair-de-révolte, chair-soi, chair-l’autre, chair-être, chair-douleur, chair-plaisir, chair-de-vie-de-la-chair-de-femme-violentée qu’elle
recompose sur son trottoir… » Alain Kamal Martial
« Ulime ka una mba…
Ce proverbe mahorais signifie « la langue n’a pas d’os » – on ne peut empêcher un homme de s’exprimer. Un proverbe d’usage certainement créé pour rendre hommage à une langue poétique pleine de chair et de sang. Et il me semble que ces quelques mots ont
été inventés pour ce jeune auteur né à Mayotte, la quatrième île de l’archipel des Comores.
75 minutes
Texte : Alain Kamal Martial / Mise en scène : Thierry Bedard
Avec : Marie-Charlotte Biais et Joao Fernando Cabral
Création sonore : Jean-Pascal Lamand
D’après des conversations enregistrées auprès des prostituées du quartier de Tsaralalàna et des
enfants des rues d’Analakely à Tananarive (Antananarivo) et la voix de Tata Rahely.
Lumière : Jean-Louis Aichhorn / Assistante : Angela Rajaonarivo
Assistant traducteur : Amir Antoy / Journal : Thérèse Troïka
Production : notoire / de l’étranger(s), Paris ; Bonlieu, Scène nationale d’Annecy
Avec le soutien de Montévidéo, Marseille et du CCAC, Centre culturel français à Madagascar
J’ai rencontré Alain Kamal Martial au Théâtre du Grand Marché à La Réunion en 2004*. Il m’avait alors présenté un premier texte,
terrible, structuré en de très courts poèmes sur les “clandestins” matraqués, sur les “clandestins” noyés, échoués sur les plages de
Mayotte restée française. Après un voyage sur son île, confronté à cette triste réalité, je lui ai commandé la “suite de l’histoire”, là ou
d’une certaine manière il n’y a plus d’histoires ... Et il m’a donné l’Épilogue des noyés**, sans cesse retravaillé, où parlent d’une façon
hallucinée les noyés des kwassa-kwassa, ces barques à fonds plats qui dansent (kwassa) sur une mer souvent démontée. Je pense souvent
à ces gens, et aux enfants innocents noyés dans l’Océan Indien, avec effroi.
Puis, Alain Kamal Martial m’a adressé récemment cet autre épilogue, l’Épilogue d’une trottoire, un texte inouï sur l’agonie d’une
prostituée tuée par un de ses clients. Une prostituée, figure extrême de la souffrance endurée par les femmes, et figure presque
mythique, une sorte d’Antigone des îles lointaines : tsi dzwala ni venze, be ni’si yengue, une Antigone que l’on se doit d’entendre : –
je suis née pour avoir part, non à la haine, mais à l’amour… Alain Kamal a croisé souvent ces prostituées dans les capitales de l’Océan
Indien et de l’Afrique Australe. J’ai moi-même voyagé dans cette zone, et passé quelques nuits agitées dans les bars de nuit de Maputo
au Mozambique, et surtout dans les rues de Tananarive à Madagascar, où j’ai parlé pendant des heures avec des jeunes femmes,
souvent des très jeunes femmes accompagnées de leurs enfants, en situation de survie…
Un “épilogue” est fait pour renforcer le sens et la portée d’un récit. Le récit là est universel. Et je crois que ces deux longs poèmes
dramatiques, qui traitent de sujets si extrêmes, si sensibles – chargés de sens ? –, révèlent surtout d’autres voix… les voix de l’autre,
de l’étranger… » Thierry Bedard
*Alain Kamal Martial mettait en scène un spectacle étonnant intitulé P’pa m’a suicider.
** L’Epilogue des noyés, spectacle crée au Théâtre du Grand Marché, Centre Dramatique de l’Océan Indien à La Réunion le 1er décembre 2005 dans le cadre
de la manifestation L’œil du cyclone.
notoire est conventionné par la Drac Ile-de-France.
Thierry Bedard – notoire est artiste associé à Bonlieu Scène nationale d’Annecy dans le cadre du centre d’art de création.
Repères biographiques
Alain Kamal Martial est né en 1976 dans le village de
M’Zouasia, au sud de l’île de Mayotte dans l’Océan Indien.
Auteur, metteur en scène, il est diplômé d’études théâtrales et
prépare une thèse de doctorat en littérature à l’Université de
Cergy-Pontoise. Il est actuellement conseiller culturel, chargé de
la section art et littérature auprès du Conseil Général de Mayotte.
Il a créé en 2000 la compagnie IstaMbul, et a écrit et mis en
scène plusieurs de ses pièces, dont P’pa m’a suicider, présenté au
Centre Dramatique de l’Océan Indien. Depuis 2002, il entreprend un important travail de recherche et de collaboration avec
des artistes de l’Océan Indien et de l’Afrique Australe. Il travaille
sur un « théâtre des énergies ». Il a écrit depuis 2005 une série
de textes intitulé les Épilogues joués à La Réunion et en France.
Ses dernières pièces : 17 millions d’enterrements pour une
dépouille nationale, traduite en portugais par l’auteur mozambicain Mia Couto, a été jouée récemment au Teatro Avenida de
Maputo au Mozambique; Les veuves en tournée internationale
en 2007 dans les centres culturels français.
Thierry Bedard / notoire Thierry Bedard travaille depuis
1989, entre autres activités, à notoire, sur un « cahier des
charges », qui l’incite, à œuvrer essentiellement sur des auteurs
du vingtième siècle, et à présenter les travaux - spectacles «
grand public », recherche, spectacles d’intervention, spectacles
jeune public - sous forme de cycles thématiques :
Cycle Pathologies verbales ; Cycle Minima Moralia ; Cycle
Argument du menteur ; Cycle La Bibliothèque Censurée ; Cycle
Éloge de l’analphabétisme ; Cycle autour de l’œuvre de Reza
Baraheni ; Cycle de l’étranger(s).
En 2005, notoire s’est engagé dans un nouveau cycle de
recherche lié aux écritures du monde. Un cycle où est énoncé
l’ordre (et le désordre !) du monde : sous forme d’histoires, d’essais, de correspondances, de rencontres et d’expositions.
notoire travaille actuellement à la création pour juillet 2009 au
Festival d’Avignon d’une commande d’un texte passée à JeanLuc Raharimanana, Les cauchemars du Gecko.
Informations pratiques
Ménagerie de Verre
12-14, rue de Léchevin 75011 Paris
Tél. : 01 43 38 33 44
www.menagerie-de-verre.org
Métro : Parmentier / Bus : 96 et 46
Tarifs du Festival Etrange Cargo :
de 10 à 13 euros
Pass 3 spectacles 27 euros
Pass 5 spectacles 45 euros
7 euros pour les adhérents
Réservation du lundi au vendredi de 14 h à 18 h
au 01 43 38 33 44
À noter :
Avant et après les spectacles, vous pouvez dîner dans le restaurant
de la Ménagerie de Verre réaménagé par Matali Crasset.
Partenaires
La Ménagerie de Verre est subventionnée par le Ministère
de la Culture et de la Communication / Drac Île-de-France,
la Mairie de Paris et le Conseil régional Île-de-France.
Avec le soutien de l’Onda et la Sacd.