Bilan du "South by Southwest Festival" (SXSW)
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Bilan du "South by Southwest Festival" (SXSW)
Bilan du "South by Southwest Festival" (SXSW) PROGRAMME Au lendemain du South by Southwest, l'EBG dresse le bilan de cette édition 2015 du SXSW Interactive, la grandmesse des créateurs et des entrepreneurs du digital. Quelles sont les tendances digitales repérées au SXSW ? - Les grandes annonces 2015 - Qui étaient les start-ups stars du festival ? - Quelles sont les tendances en termes d’investissements et d’usage ? Les dernières innovations retail : - Réalité augmentée et commerce La data au service du retail Quelle sera l’expérience d’achat de demain ? Media et télévision : - Quel est le futur de la télévision face au streaming ? Intervenants : ♦ BETC DIGITAL, Olivier Vigneaux, Président ♦ CANAL +, Jacques-Edouard Sabatier, Directeur des Nouveaux Contenus ♦ FRED & FARID, François Grouiller, Head of Strategy & New Business Animateur : ♦McCANN, Pascal Joseph, Directeur du Business Development Bilan du "South by Southwest Festival" (SXSW) Pascal Joseph, McCANN La partie "Interactive" du South by Southwest Festival a été lancée à la fin des années 1990 à Austin. Au Convention Center et dans toute la ville se déroulent des rencontres, des workshops et environ 150 conférences. Une quinzaine de thèmes principaux y sont abordés : art-science-inspiration, brandingmarketing, design-développement, content-distribution, entertainment et immersion, gaming, medtech, social privacy, etc. Olivier Vigneaux, BETC DIGITAL Cela fait désormais quatre ans que je me rends à ce festival. Au fil du temps, j'ai pu remarquer quelques évolutions : de plus en plus de monde, de plus en plus de marques… Auparavant, les visiteurs venaient à South by Southwest pour voir la start-up qui allait tout révolutionner… C'est là que l'on a découvert Twitter, que Four Square s'est lancé. Néanmoins, depuis quelques années, l'application dont on parle durant le festival ne survit pas bien longtemps… Ce festival se transforme, il n'est plus le lieu du lancement d'une grande nouveauté ; il devient un rendez-vous où l'on fait le point autour de cette question : qu'est-ce que le digital change dans notre rapport au monde ? Cela va des grandes réflexions philosophiques (notion de transhumanisme) à des éléments bien plus concrets. Toutes les traces que nous laissons dans l'univers digital en disent énormément sur nous et pourraient demain permettre de prolonger dans le temps une conscience individuelle (cela reviendrait à cloner un esprit) On se demande également si le futur appartient aux "wearables" ou aux capteurs. Des réflexions ont également été partagées autour des moyens d'accélérer l'innovation au sein de l'entreprise. François Grouiller, FRED & FARID Ce qui a vraiment changé depuis 2009, au-delà de l'augmentation spectaculaire du nombre de participants, c'est le fait que les marques ont pris davantage de poids. C'est un lieu qui permet aux VC de dénicher la pépite, et aux marketeurs de savoir où se situe la tendance… En cela, l'ambiance a été quelque peu dénaturée. Il est toutefois intéressant d'aller écouter des "penseurs" qui osent ouvrir de grands débats autour de thèmes sociétaux. L'an passé, Edward Snowden et Julian Assange s'y étaient exprimés. Jacques-Edouard Sabatier, CANAL + Concernant mon secteur d'activité, Meerkat a été la star de cette édition. Cette application connectée à Twitter permet d'effectuer une retransmission en streaming grâce à son smartphone. Twitter a aussitôt réagi en rachetant la start-up Periscope, proposant les mêmes fonctionnalités. Il y a un réel engouement autour du streaming live. La force de Periscope par rapport à Meerkat, c'est que la vidéo est conservée en mémoire après le livestream et peut être revisionnée. J'ai notamment assisté à des conférences sur le thème de la propriété intellectuelle, et la question du "testament numérique" a été abordée. Il s'agit de se réapproprier une identité digitale totalement dématérialisée. François Grouiller, FRED & FARID Tout le monde pourrait demain devenir animateur télé et recherchera donc de l'attention. Mais si tout le monde peut devenir diffuseur, peut-être n'y aura-t-il plus de spectateurs. Certains internautes quittent Twitter car ils regrettent de ne pas bénéficier d'assez d'attention… Trois choses m'ont frappé durant le festival : l'humanisation de la technologie, le thème de l'identité (nos identités digitales influencent-elles sur notre identité personnelle ?) et la notion d'humain "augmenté". Ce qui fait la particularité de la culture américaine par rapport à la culture française, c'est qu'outre-Atlantique on ne s'interroge pas sur ce qu'il est souhaitable de faire, mais sur ce qu'il est possible de faire. On assiste à un mouvement de ré-intermédiation "simplifiante" et intelligente. Une interface unique permettrait par exemple de centraliser les réseaux sociaux ou les applications, à travers un dashboard. 2 Bilan du "South by Southwest Festival" (SXSW) Olivier Vigneaux, BETC DIGITAL Le sujet des robots a également été largement abordé au cours du festival. Le robot constitue somme toute une interface unique permettant de gérer un certain nombre de tâches. Se pose bien entendu la question de l'intégration de ce dispositif dans notre quotidien. C'est l'exemple du robot "Jibo" : le fait qu'il existe un lien émotionnel entre l'interface et l'utilisateur change potentiellement le rapport que l'on a à l'outil. Au final, les services digitaux doivent être repensés pour s'intégrer de façon beaucoup plus harmonieuse dans notre quotidien. L'Internet des objets peine à émerger car il représente encore trop une rupture dans les parcours de vie. François Grouiller, FRED & FARID Le problème des dispositifs prédictifs, c'est que l'intelligence ne fait que reproduire des patterns. Elle n'est pas force de proposition. Seules les actions que vous avez déjà effectuées par le passé vous sont proposées par "Jibo". Il s'agirait donc de faire sortir la recommandation de sa "zone de confort" ; la technologie doit intégrer la notion de découverte. Se pose aussi la question de la notification : à quel moment la machine doit-elle intervenir ? Le notification board va demain devenir l'interface principale. Cette dimension va être au cœur du développement de nombreuses start-ups, sachant que "trop de notification tue la notification" ! Jacques-Edouard Sabatier, CANAL + La meilleure expérience de storytelling est celle des parcs d'attraction : naviguer dans un univers et rencontrer ponctuellement des personnages, avec un environnement qui interagit avec les utilisateurs. Sur les contenus, on ne parle plus de film ou de série, on parle de franchise. On n'anime plus un contenu, mais l'ensemble des interactions qui ont lieues (merchandising, contenus complémentaires…) A la conférence Netflix, ce qui m'a marqué, c'est l'appétence du monde du Web pour la télévision "classique". Sur Netflix, les fonctionnalités de partage sont plutôt réduites, les contenus sont longs et premiums, et le service est payant… Les acteurs de type Spotify ou Youtube, qui n'ont pas réellement trouvé leur modèle économique, pourraient à terme se tourner vers le service payant. Il apparaît que le Web est enfin devenu un laboratoire pour la télévision. De nouveaux formats peuvent être testés sur Internet (au lieu de faire des pilotes TV très coûteux). ♦ QUESTION DE LA SALLE : Tout cela donne le sentiment que l'on est engagé dans une course folle à l'innovation. Pourtant, il y a aux Etats-Unis des réflexions autour de la "slow tech". Cette notion a-t-elle été évoquée à Austin ? Olivier Vigneaux, BETC DIGITAL Je l'ai clairement ressentie, notamment lors des tables rondes consacrées au design. Les technologies avancent extrêmement rapidement, mais l'humain ne suit pas la même évolution. Les dispositifs et les interfaces doivent ainsi être adaptées en permanence au "temps humain". Le fait de recourir à un algorithme, c'est comme l'adoption d'un animal domestique! Il faut apprendre à le connaître, et tout ne va pas parfaitement marcher immédiatement. Si l'Internet des objets peine à émerger, cela tient du fait que l'on aime que les objets qui nous entourent durent longtemps. On ne peut mettre du digital partout immédiatement. François Grouiller, FRED & FARID Certains designers créent une "contre-culture", autour de la notion de "complication par le design". Selon eux, pour que les expériences soient intéressantes, il faut qu'elles présentent certaines difficultés… 3 Bilan du "South by Southwest Festival" (SXSW) ♦ QUESTION DE LA SALLE : Y a-t-il eu des conférences portant sur les nouvelles méthodes de travail ? François Grouiller, FRED & FARID Il y a notamment eu une conférence quelque peu "effrayante" prônant "une approche quantitative des ressources humaines", et ce autour des valeurs. Par exemple, si l'empathie est une valeur forte pour votre entreprise, il s'agit de se demander quel indicateur pourrait permettre de mesurer au quotidien cette valeur chez vos employés. Ainsi, il serait possible de traquer le nombre de gens qui sourient en arrivant à la cafétéria, ou bien les formules de politesse utilisées dans les courriels, pour bien entendu mesurer l'évolution de ces données... Des conférences ont aussi porté sur l'hybridation des équipes : comment faire travailler ensemble des collaborateurs qui n'ont pas la même culture, la même expérience ni le même âge. C'est de là que viendra l'innovation. 4