La souche Complet

Transcription

La souche Complet
A Gassener
Les 21 enfants du CE1 - CE2
de l’Ecole Victor Renelle à Stains,
Xavier Vergez leur instituteur et
Jean-Pierre Geslin,
professeur à l’IUFM de Seine-Saint-Denis
vous présentent :
Vous pensez peut-être qu’une souche… la partie de l’arbre qui reste
en terre après que celui-ci a été coupé… n’est qu’un souvenir du
passé… Il n’en est rien… les espèces végétales et animales y
pullulent et tout ce monde miniature passionne nos petits agités …
aussi bien ceux du cycle 1 que ceux du cycle 2.
Voici les travaux de la classe de Xavier suite à l’apport, par celui-ci,
d’une souche quasi-complète… de petite taille néanmoins…
http://www.educ-envir.org/~ecosphere/activites/enfants/nature/jeux_nature_enfants/jeuxbois.htm
« La souche » par Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM
1
SEANCE 1 : INSTALLATION DE LA SOUCHE DANS LA CLASSE…
Texte de Fanny
Texte Fanny
Texte de Jean-Sébastien.
A. Gassener
Dessin de Jean-Sébastien.
Texte de Nicolas
« La souche » par Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM
2
Dessin de Valérie
Texte de Fanny
A. Gassener
« La souche » par Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM
3
…ET DESSINS D’OBSERVATION…
« La souche » par Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM
4
SEANCE 2 : RECHERCHE DES REPONSES PAR OBSERVATIONS,
DANS DES DOCUMENTS ECRITS ET DANS UN FILM :
La plupart des questions portaient sur l’alimentation et les
préférences liées au milieu de vie (lumière/obscurité, chaud/froid).
Peu de questions concernant la locomotion et aucune se rattachant à
la reproduction.
Texte d’Eric
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5
SEANCE 3 : LES EXPERIENCES…
Texte de Blanco
A. Gassener
Texte d’Eric
« La souche » par Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM
6
SEANCE 3 : LES EXPERIENCES… SUITE…
Texte de Sandrine
A propos des
préférences
froid/chaud,
obscurité /
lumière et
humidité /
sécheresse : voir
sur Internet
http://www.ec44.
scolanet.org/tice/
jpg2/cloporte/ani
mation/animat3.htm
Texte de Carine
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7
La vie dans la souche :
Tu réponds par vrai ou faux…
Vrai ou faux ?
1. Les cloportes sont des insectes.
2. Les cloportes sont des nettoyeurs de la souche.
3. Les cloportes ont une carapace.
4. Les cloportes ont 17 paires de pattes.
5. Les cloportes aiment la lumière.
6. Les cloportes aiment la fraîcheur.
7. Si on les attaque, certains cloportes se roulent en boule.
8. Le lithobie est un mille-pattes carnassier
9. Le lithobie possède des crochets venimeux.
10. Le lithobie n’a qu’une paire de pattes par anneau.
11. Le géophile est uniquement végétarien.
12. Le iule est un mille-pattes végétarien.
13. Pour se défendre, les mille-pattes végétariens émettent des
odeurs désagréables.
14. Plus ils ont de pattes, plus les mille-pattes se déplacent vite.
15. Les limaces mangent des champignons.
16. Les limaces pondent des œufs.
17. L’araignée avale sa proie d’un seul coup.
18. L’araignée abrite ses œufs dans un cocon.
19. Dès que l’arbre est coupé, on peut voir que sa souche est
déjà remplie d’animaux.
20. Les mousses, les lichens et les champignons sont des
végétaux qui peuvent se développer sur une souche.
TOTAL sur 20 :
Résultats :
Pour les CE1 : 1 enfant à 20 bonnes réponses, 1 : 19, 2 ont
17, 3 obtiennent 16, 1 à 14 et 1 à 9.
Pour les CE2 : 1 enfant à 20 bonnes réponses, 1 : 19, 3 : 18,
2 ont 17, 2 obtiennent 16, 1 à 15, 1 à 14 et 1 à 12.
« La souche » par Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM
8
DOCUMENTS POUR RECHERCHES :
L’âge de la souche :
Compter les cernes de croissance
(voir dessin), est la seule possibilité
pour déterminer exactement l'âge d'un
arbre.
Suivant l'épaisseur du cerne, on
apprend si les conditions de
Modifié d’après
développement étaient bonnes (cerne
http://www.universlarge) ou mauvaises (cerne fin).
nature.com/dossiers/
Les conditions de vie d’un arbre
arbre_fonctionneme
nt.html
sont bonnes lorsqu’il n'est pas malade
et lorsqu'il a assez de place pour que
ses feuilles aient accès à la lumière et
pour que ses racines pompent
suffisamment d’eau.
Cerne : couche concentrique d'un arbre ; le nombre de
Pour le développement en
cernes indique l'âge de l'arbre.
diamètre, les bourgeons n’ont aucun
rôle. C’est une pellicule très fine et
poisseuse qui assure ce travail. Elle est
située à la frontière entre l'écorce et le
bois vivant (ou aubier) : c'est le
cambium ou assise cambiale. Ce
cambium enveloppe entièrement le
tronc, les branches et jusqu’aux plus
petites brindilles de l’arbre.
Au printemps, dès que cette couche
est approvisionnée en sève elle se met
à fabriquer, vers l’intérieur « le bois »
de l’année qui conduit la sève brute
(sève riche en eau et en sels minéraux)
et vers l’extérieur « le liber » constitué
de tubes qui conduisent la sève sucrée
(sève enrichie en sucres).
Durant le printemps, le bois « Les anneaux larges indiquent les années pluvieuses et ensoleillées,
fabriqué présente des gros vaisseaux
les anneaux étroits les années défavorables à la croissance ».
qui permettent de faire circuler les
Extrait de « Sur les traces de la nature » Otto Maier Verlad Raversburg. R.F.A.
importantes quantités de sève brute. Au
fil des jours les quantités d'eau
présentent dans le sol s'amenuisent et ainsi le trafic de sève brute diminue : le bois fabriqué comporte des
vaisseaux plus petits et devient alors plus compact et plus sombre.
Ce mode de croissance explique les cercles concentriques de couleurs clairs puis
plus foncés, qui se renouvellent chaque année. On peut ainsi chiffrer l'âge d'un arbre
coupé on comptant les cercles clairs ou les cercles foncés.
Remarque : le liber se renouvelle en 1 ou 2 ans, poussé vers l'extérieur par l'expansion de bois vivant ( = l'aubier), il se dessèche, parfois se fissure, et renouvelle l'écorce.
Conclusion : c’est le cambium qui construit le « cerne de
croissance » et permet ainsi à l’arbre de grossir.
J’ai compris !!!
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Quand une souche reprend vie : les rejets de souche et les drageons.
Des rejets de souche sont des pousses se formant à partir :
* soit de bourgeons dormants situés
en dessous de la section, sur la
souche d’une plante ligneuse,
* soit d’un bourgeon se développant
sur le bourrelet de cicatrice situé à la
périphérie1.
Certaines espèces comme le tilleul,
le chêne, le charme, le robinier, le
châtaignier, le hêtre… rejettent
facilement de souche.
D'autres comme le pin ne produisent
pas de rejets.
Les tiges issues d'une même souche
se présentent en bouquets appelés
cépées (mot du genre féminin).
Cépées = cabasses.
Si on élimine tous les rejets sauf un,
on obtient, à terme, un arbre à tronc
unique comme s’il avait pris
naissance à partir d’une graine.
Des brins sont issus de rejets de souche ou bien de
drageons. C’est une forme de reproduction asexuée.
En forêt il se formera un taillis.
On oppose le taillis (formé par reproduction asexuée)
à la futaie dont les arbres sont issus de la germination
de graines (reproduction sexuée).
Modifié d’après
http://www2.ecol.ucl.ac.be/lauzelle/bornes/borne10.html
Si le tronc n’a pas été coupé
horizontalement mais avec une pente, c’est surtout du côté de la partie haute de la souche que se
développeront les rejets.
On peut appliquer des produits sur la souche afin d’éviter qu’elle ne rejette de souche.
Un drageon est une pousse qui naît , à partir d’un bourgeon adventif2, sur la racine peu profonde
d’une plante vivace, d’un arbre par exemple .
Les peupliers, les robiniers faux acacias et les cerisiers drageonnent facilement.
Pour les maîtres :
1
Zone de l’assise subéro-phellodermique.
2
En botanique, le terme « adventif » désigne des rameaux qui naissent sur une racine ou des racines croissant
latéralement sur une tige. Le bourgeon adventif est celui qui constitue leur origine.
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Construction d’une fourmilière en dôme :
Labrousse Lucile et Ladaurade Sandrine, étudiantes à l'U.P.P.A en deuxième année de DEUG de
Science de la vie ["Biologie et Internet", promotion 2001 - 2002]... 2 pages.
http://www.univ-pau.fr/~degreg/uecf2/fourmiz/fourm
FOURMI :
1) Construction :
Notre chère amie la fourmi rousse érige une fourmilière en forme de dôme.
Pour cela, les fourmis rousses choisissent tout d'abord une souche d'arbre plus
ou moins pourrie. Et dans celle-ci, poursuivant leur grande installation dans le
sol, elles creusent une multitude de galeries et de pièces qui serviront à
abriter l'ensemble de la colonie.
Elles déposent ensuite une couche de brindilles de très grandes tailles et des
débris de feuilles mortes qu'elles ont transporté à plusieurs du fait de leur petite
force.
Vient ensuite une couche de petites brindilles.
Pour finir, il ne leur manque plus qu'un toit résistant à la pluie, et oui comme
nous elles n'aiment pas que leur maison se transforme en piscine. Ceci est vite fait,
une dernière couche de brindilles et d'aiguilles de conifères qui lui donne une allure
de toit de chaume.
Pour l'entretien c'est simple, les fourmis sont toujours occupées à arranger le
toit extérieur et on peut remarquer que lorsque l'on met une brindille colorée aux
abords d'une fourmilière, non seulement celle-ci disparaît très vite à l'intérieur
mais on constate qu'au bout d'un certain temps la brindille se retrouve au sommet.
On constate que la fourmilière est en perpétuelle activité, ainsi les couches
inférieures se retrouvent vite vers le haut du dôme.
« La souche » par Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM
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2) Organisation de la fourmilière :
1. Défense anti-aérienne :
Au sommet de la fourmilière des fourmis de
défense ou artilleuses protègent contre toute
attaque la construction en projetant aux
ennemis volants des jets d'acide formique
grâce à leur abdomen.
2. Solarium incubateur :
Maintient une température de 38° qui
permet aux oeufs leur entrée en maturation.
3. Entrée principale : Ces entrées
permettent aux congénères de rentrer et de
sortir, ce sont les portes de la fourmilière.
Gardées par les concierges un tapotement
d'antennes assimilable à un laisser-passer est
nécessaire à leur franchissement. Elles
servent aussi de fenêtres, les fourmis les
ouvrent afin d'aérer le nid.
4. Souche fondation :
La souche d'arbre est la charpente de la
fourmilière. Elle sert de fondation pour le
nid.
5. Dépotoir cimetière :
C'est à la fois la poubelle et le cimetière de
la colonie, elles y entreposent les ordures et
les cadavres. Et oui comme nous il leur
arrive de faire le ménage.
6. Salle de garde :
Comme une gendarmerie, salle où les
soldats s'entraînent et attendent une alerte
pour intervenir.
7. Revêtement isolant :
Couche superficielle qui protège des
intempéries ainsi que des fluctuations de
température.
8. Etable à pucerons :
Sorte d'étable où sont élevés des pucerons qui seront ultérieurement traités afin d'extraire leur miellat sucré dont
raffolent les fourmis.
9. Grenier à viande :
Garde-manger où sont entreposés les mouches, sauterelles et fourmis étrangères destinées à la consommation.
10. Grenier à graines : Peut être comparé à une de nos formidables boulangeries françaises, effectivement c'est là
que les graines sont travaillées pour fabriquer de petites boulettes de pain.
11. Crèche pour larves et nymphes : En ce lieu sont gardés les bébés fourmis recouverts de salive produite par
les nourrices. Cette salive joue le rôle d'antibiotiques et protége ainsi le couvain des parasites et des maladies. On
distingue deux chambres : l'une pour les nymphes la seconde pour les larves.
12. Salle d'hibernation : C'est dans ces chambres que les fourmis passent l'hiver, l'organisme vit au ralenti, elles
sont situées en général au plus profond des galeries afin que la température ne diminue pas trop.
13. Compost : C'est le chauffage central, des brindilles et des feuilles y fermentent dégageant de la chaleur qui se
diffuse à travers tout le nid.
14. Couveuse pour les œufs : Selon leur date de naissance, les oeufs y sont triés et entreposés.
15. Chambre royale : La chambre de la reine et des servantes qui la nourrissent et la nettoient. Une fois qu'elle y
est entrée, elle y passe toute sa vie à y pondre. Elle ne pourra malheureusement pas être libérée par un prince
charmant !!!
Labrousse Lucile et Ladaurade Sandrine
« La souche » par Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM
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Des souches couvertes de végétaux variés :
Des végétaux d’autres espèces sont portés par la souche :
* On trouve sur la souche, particulièrement du côté la plus
exposé à la pluie, un enduit vert qui correspond en fait à une
algue verte terrestre microscopique3 : le pleurocoque.
* S’ajoutent des touffes de mousses et des plaques de lichens,
des champignons, des fougères4 parfois mais aussi de jeunes
plants profondément enracinés dans la souche même (airelles,
myrtilles et très jeunes sapins par exemples).
* Le lierre, grâce à ses racines-crampons se fixe sur la souche.
* Sous l’écorce, on rencontre des filaments blancs (ou
mycélium) de champignons.
L’algue pleurocoque observée
au microscope.
Les mousses :
Elles couvrent une partie importante des souches. On
distingue souvent :
* Des polytrics élégants5 dont les feuilles sont bien réparties
autour de la tige.
* Des dicranes en balai6 dont les feuilles sont toutes tournées du
même côté.
* Des tétraphis7 plus petites et à feuilles plus larges
* Des cousines des mousses, les hépatiques8 peuvent aussi se
développer sur la souche.
Dessin extrait du « Guide du promeneur de la
Nature » : Félix, Toman et Hisek. Editions Hatier.
Les lichens
Un lichen est une
association entre
un champignon et
une algue.
Citons 2 espèces
courantes :
la cladonie9 et la
parmélie10.
Une parmélie (Parmelia physodes).
D’après A.P.B.G. n° 4, 1978.
http://www.schipluiden.net/flora/korstmos2.jpg
3
Le pleurocoque est une algue unicellulaire.
Fougères : par exemple Polypode vulgaire et Dryopteris carthusiana.
5
Polytric élégant = Polytrichuml formosum en latin
6
Dicranes en balai = Dicranum scoparium.
7
Tétraphys : ici Tetraphys pellucida. Ses tiges peuvent être terminées par une corbeille renfermant de très petites
boules vertes : les propagules qui servent à la reproduction asexuée. Si la souche s’assèche, la mousse développe un
appareil producteur de spores ou sporogone.
8
Hépatiques : Lophocolea et Cephalosia
9
Cladonie : Cladonia pyxidata.
10
Parmélie : Parmelia physodes
4
« La souche » par Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM
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Les champignons digèrent les souches :
Un champignon est constitué de
filaments blancs qui ensemble forment
le « blanc de champignon » ou « le
mycélium ». Chez certaines espèces, le
mycélium donne naissance à un pied
porteur d’un chapeau. L’ensemble pied
+ chapeau ( = carpophore) est en fait
l’appareil reproducteur du
champignon : il produit des spores
minuscules qui redonneront de
nouveaux mycéliums.
Certains champignons s’attaquent aux vieux arbres : on pourrait
dire que ce ceux des agresseurs de
personnes âgées… Ils peuvent causer
la mort de l’arbre à plus ou moins long
terme.
D’autres préfèrent le bois
mort… comme des détrousseurs de
cadavres.
Un arbre en pleine forme est,
lui, protégé des champignons par son
écorce et plus particulièrement par la
couche la plus externe de cette écorce
que l’on nomme « le liège ».
Une souche attaquée par des champignons du
groupe des agarics : la pholiote changeante.
Le mycélium du champignon
digère littéralement l’arbre. Si celui-ci
est encore vivant, on dit que le
champignon est parasite. S’il est mort, on
dit que le champignon est saprophyte.
Sur la souche de
chêne, d’aulne, de
bouleau, de saule se
développe la
Souche attaquée par un champignon dénommé
Pholiote
« Armillaire couleur de miel ».
changeante11 qui
cause
la « putréfaction blanche ». Ce champignon à lamelles est comestible mais n’a rien
d’un délice. Un anneau autour du pied, chapeau de couleur ocre.
L’armillaire12 est un autre champignon à lamelles qui s’attaque aussi bien aux
souches d’arbres feuillus qu’aux arbres résineux. On le considère généralement comme non comestible.
Un anneau autour du pied, chapeau de couleur miel.
11
12
La Pholiote changeante : Pholiota mutabilis.
L’armillaire : Armillaria mellea = Clitocybe melles.
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La troisième vie de la souche :
Les premiers animaux à
coloniser la souche sont
des insectes qui forent des
trous (les scolytes par
exemple) et permettent la
pénétration de l’eau et des
filaments de champignons.
Les moisissures digèrent le bois et le ramollissent
permettant son attaque par les termites et des
larves d’insectes. L’écorce se décolle et des millepattes et des perce-oreilles s’installent dessous. Le
bois de la souche, qui se transforme peu à peu en
terreau, est vite colonisé par les petits animaux qui
vivent dans le sol et dans la litière de feuilles (vers
de terre, insectes du groupe des collemboles) et qui
vont accélérer sa décomposition. Des oiseaux et
des mammifères en grattant la souche à la
recherche de proies vont contribuer à la dégrader.
La « maladie hollandaise de l’orme » ou graphiose tue ces
arbres. Elle est due au champignon Ceratocystis ulmi. Les
spores du champignon sont véhiculées des arbres malades aux
arbres sains par des insectes du groupe des scolytes. Pour
lutter contre la maladie, il faut éliminer les arbres malades
mais aussi pratiquer le dessouchage et le broyage des souches
jusqu'à une profondeur de 10 cm sous le niveau du sol.
Un scolyte (Xyloterus
lineatus) qui s’attaque aux
souches de conifères, aux
arbres déracinés ou
malades. Il creuse le bois
mais ne le mange pas, se
nourrissant d’un
champignon (Ambrosia)
apporté par les femelles
dans les galeries.
Les vers :
On trouve sous les écorces et dans le terreau présent dans les
souches de nombreux vers rouges. En période de sécheresse, ils
s’enfoncent dans la terre. Ils se nourrissent de débris
végétaux et jouent un rôle important dans la
formation de l’humus.
Ver enchytréide.
Les escargots et les limaces
Dans le terreau qui se forme au sein de la souche on
trouve souvent des œufs. En les plaçant sur de la
mousse humide, il est possible d’observer leur
éclosion. Il s’agit fréquemment d’œufs d’escargots ou
de limaces. Les mousses, les lichens, les
champignons et les plantes qui poussent sur la souche
vont constituer une source de nourriture pour ces
escargots et ces limaces. Les limaces ajoutent à leur
menu du bois pourri. La souche leur offre aussi
l’obscurité et l’humidité dont ils ont besoin.
Ponte d’escargot dans une souche.
Extrait de « Les petits animaux de la souche ».
B.T. n°892 du 20 mai 1980.
« La souche » par Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM
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Comment déterminer les animaux des souches ?
Pas de
pattes
locomotrices.
Forme de ver
rond sans
anneaux.
(minuscules).
Forme de ver
avec anneaux.
Corps sans
anneaux. Pied (ou
sole) permettant
de ramper, trace
brillante de
mucus.
Embranchement des
Nématodes.
Embranchement des
annélides.
Embranchement des
mollusques.
3 paires de pattes
locomotrices.
Corps divisé en 3 parties : tête
portant une paire d’antennes,
thorax portant trois paires de
pattes et généralement deux
paires d’ailes (sauf
régression) et abdomen.
(portées par un
« céphalothorax » qui peut ou
non être soudé à un
abdomen).
Pas d’antennes.
7 paires de pattes
locomotrices, corps large et
aplati. Des antennes (1 grande
paire et une petite paire).
Très nombreuses pattes
locomotrices (de 10 à 180
attachées sur toute la longueur
du corps).
Tête distincte avec une paire
d’antennes. Reste du corps
formé de très nombreux
segments.
Embranchement des arthropodes.
4 paires de pattes
locomotrices
Classe des
insectes.
Classe des
arachnides.
Classe des
crustacés.
Blancs et ne dépassant pas 1 mm de long.
Rouges ou brun
Il faut être un
spécialiste pour
reconnaître les
espèces.
Enchytréides.
Lombricidés.
Pas de coquille nettement visible :
Limaces.
Une coquille :
Escargots.
Des ailes mais pas d’élytres
2 paires
Des élytres protégeant les
ailes.
1 paire.
Pas de pinces à
l’arrière.
Pinces.
Perce-oreilles.
Pas d’ailes
Aspect de gros
vers blancs.
Organe de saut.
Larves de
coléoptères
Collemboles
Corps divisé en 2 parties.
Sur le céphalothorax : une
paire d’organes en crochets :
les chélicères permettant de
paralyser ou de tuer les
proies. Une paire de
pédipalpes développés terminés ou non par des pinces.
Pas de pinces sur
les pédipalpes
Abdomen non
segmenté.
Araignées.
Des pinces :
Abdomen
segmenté.
Pseudo-scorpions.
Corps divisé en 2 parties.
Chélicères souvent
transformés en stylets
piqueurs. Pédipalpes courts.
Acariens
(végétariens et
détritivores).
Oribates.
Corps formant une masse
unique. Pédipalpes courts.
Cloportes
Acariens
carnassiers.
Se roulent en
boule :
Non :
Gamasides.
Classe des 1 paire de pattes par segment.
myriapodes.
2 paires de pattes par
segment (diplopodes).
Segments courts
et longs alternés.
Segments de
même taille.
Fourmis et
termites.
Tipules.
Coléoptères.
Armadillidium
Oniscus,et
Porcellios
Lithobie.
Scolopendre.
Forme allongée
S’enroule en spirale. Corps aplati.
S’enroule en spirale. Corps rond.
Géophile.
Polydesme.
Se roule en boule
Gloméris.
« La souche » par Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM
Iule.
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Les souches colonisées par les insectes et leurs larves :
Souvent on utilise à tort le mot « ver » pour désigner les
larves d’insectes dépourvues de pattes que l’on rencontre
en abondance dans les souches. On dit également
« asticot » alors que ce terme devrait être réservé aux
larves de mouches.
Pour élever ces « vers » et « asticots », il suffit de les
placer dans un récipient avec du bois pourri et du terreau
prélevé à l’intérieur de la souche.
Très souvent, il s’agit de larves de tipules ou cousins se
présentant comme de gros asticots grisâtres. Ces insectes,
devenus adultes, possèdent de très longues pattes et
ressemblent à des moustiques grand-format mais ne piquent
pas… et ils ne mangent pas quand ils sont adultes!!!
N’oublions pas les perce-oreilles ou forficules, insectes
nocturnes d’environ 2 cm qui possèdent une paire de pinces ou
Tipule adulte
forceps à la partie arrière de leur abdomen, pinces utilisées pour
www.lesinsectesduquebec.com/ carnetsaisir des proies ou pour se défendre ou pour replier leurs ailes
mai-3.htm.
postérieures sous des ailes antérieures coriaces que l’on nomme
des élytres. Les pinces du mâle sont recourbées et celles de la
femelle sont droites. Les perce-oreilles peuvent voler mais le
font rarement... Ils vivent en abondance dans les souches pas
trop humides mais aussi sous les pierres. Ils mangent des larves
d’insectes des pucerons et des œufs de limaces mais aussi à 30
% des végétaux : des lichens et des champignons ainsi que des
fruits comme les pêches, les abricots, les pommes… voire des
Perce-oreille
fleurs (pétales de marguerite) et des légumes (laitue, choux).
La femelle surveille ses œufs et les lèche… Si elle meurt, ses
larves la dévoreront…
On trouvera aussi dans les souches des termites, ces
insectes sociaux qui se nourrissent de bois et qui bâtissent
des cités que l’on nomme des termitières. Certaines
termitières atteignent jusqu’à 6 mètres de hauteur en
Afrique. D’autres sont installées
dans des arbres vivants ou
morts. Les termites vivent dans
Termites
l’obscurité et communiquent au
http://rat.eliminator.free.fr/Termite.htm
moyen
d’odeurs
appelées
“phéromones” et par des vibrations en frappant le sol avec leur tête. Il
existe des castres : une reine et un roi, des ailés sexués qui peuvent fonder
de nouvelles colonies, toujours des soldats et souvent des ouvriers. En
France plusieurs espèces dont le « termite à cou jaune » (Kalotermes
flavicollis) qui vit dans les habitations mais est surtout un termite rural
s’attaquant aux souches d’arbres morts et aux ceps de vigne. Depuis
des siècles, les termites en se nourrissent des bois morts ont nettoyé
efficacement les forêts des vieilles souches, des branches cassées et autres
débris végétaux. En milieu naturel, les termites ne s’attaquent pas aux
Termite à cou
arbres sains, car ceux-ci sécrètent des substances chimiques qui les
jaune :
protègent. Le problème est que certaines colonies ont quitté leur habitat
forestier naturel pour aller envahir des constructions et en grignoter les
parties en bois : charpentes, boiseries, portes et fenêtre. Contrairement aux larves de coléoptères que
nous étudierons page suivante, les termites circulent dans des galeries vides de sciure.
Pensons enfin aux fourmis dont la fourmilière est souvent associée à une souche.
« La souche » par Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM
17
Les coléoptères des souches :
Les coléoptères sont des insectes
dont les ailes antérieures sont
devenues dures et épaisses formant
ce qu’on nomme des « élytres ». Les
ailes postérieures, seules utilisées
durant le vol, sont repliées sous les
élytres au repos.
On peut trouver dans une souche de
conifère (sapin par exemple) des
larves de 2 à cm d’un coléoptère : la
rhagie inquisitrice ou rhagie
guetteuse qui grâce à de fortes
mandibules creuse des galeries sous
l’écorce dans le bois vivant ( =
aubier). D’autres larves (de
coléoptères du groupe des
Larve (en haut) et adulte (2 à
élatéridés) utilisent pour se nourrir la
3 cm en bas) de Dorcus.
sciure non digérée par les rhagies et
rejettent une sciure plus fine non
encore totalement digérée. D’autres
larves encore (cette fois ci de
diptères) reprennent cette sciure.
La grosse larve du cerf-volant se
développe principalement dans les
souches de chênes et de vieux
pommiers. La femelle du lucane
cerf-volant dépose ses
œufs dans les souches
Cétoine dorée.
(ou les troncs) de
vieux chênes.
La larve s’y
développe,
mangeant le
bois, pendant 3
à 5 ans.
L’adulte se
nourrit de la
Larve de cétoine.
sève sucrée qui
s’écoule des
vieux chênes blessés.
Larve et adulte de la rhagie
inquisitrice
Lucanes cerf-volant adultes :
7 à 8 cm pour le mâle.
La larve et l’adulte de dorcus (ou « biche ») vivent
en toutes saisons dans les bois décomposés des
souches de chênes, de hêtres, de frênes, d’ormes, de saules, de tilleul, d’arbres fruitiers et de
conifères.
La larve de cétoine dorée vit dans les bois encore plus décomposés des souches de hêtre et parfois
dans les fourmilières. On la reconnaît au fait qu’elle est poilue. Son développement dure 1 an.
L’adulte se nourrit de pétale de fleurs (en particulier d’églantier) d’où son autre nom de hanneton des
roses.
« La souche » par Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM
18
Les coléoptères des souches (suite) :
En hiver, on trouve des carabes dans les souches (carabe granuleux = Carabus granulatus par
exemple…). Ils sont issus de larves carnassières qui se sont transformées en nymphe puis en adulte
dans le bois pourri. Au printemps, après plusieurs mois de jeûne, les adultes quittent la souche pour
aller chasser plus loin les limaces et escargots, les chenilles et les vers et des insectes (doryphores par
exemple). Ils reviennent souvent se cacher le jour sous l’écorce des souches (Carabe des jardin =
Carabus hortensis, Carabe à reflets d’or = Carabus auronitens, Procuste chagriné = Carabus
coriaceus).
Ils m’inquiètent tout de
même un peu…
Quelques carabes, coléoptères des souches :
On désigne sous le nom de carabiques, des espèces de carabes de
petite taille que l’on trouve nombreux dans les vieilles souches
situées au voisinage de l’eau.
« La souche » par Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM
19
Les collemboles … peut-être pas vraiment des insectes…
Les collemboles (1 à 7 mm, tête à antennes courtes) ressemblent à des insectes : le corps est
divisé en tête, thorax et abdomen et ils possèdent 1 paire d’antennes et 3 paires de pattes…
beaucoup de biologistes considèrent donc que se sont des insectes… Mais ils n’ont par contre
pas d’ailes et sont donc incapables de voler et de plus leur abdomen n’est pas divisé en 10 ou 11
segments comme chez les autres insectes mais en 6. De plus ils ne possèdent pas de trachées :
ces petits tubes qui permettent aux insectes de respirer. Certains chercheurs leur ont, en
conséquence, fait quitter la classe des insectes pour celle des « Entognathes ».
Leur couleur est très variable. Ils ne volent pas mais ils sautent ! … grâce à un organe appelé
« la furca » ou « furcula » repliée sous l’abdomen retenue par un minuscule crochet et qui
fonctionne comme un ressort plat. Certains sautent jusqu’à 50 cm de hauteur ! Ce serait un
moyen pour échapper aux prédateurs… mais le collembole ne prévoit pas où il retombe !
Un autre organe spécifique des collemboles est un tube ventral localisé sur le premier segment de
l’abdomen : « le collophore ». Ce collophore a une triple fonction : il sert à aspirer des liquides, à
adhérer aux surfaces lisses (en particulier la surface de l’eau chez les espèces aquatiques) et il
participe à la respiration. Collophore et collemboles viennent de kolla = « colle »… les
collemboles possèdant donc un collophore considéré comme un tube de colle…
Curieusement, ils muent à l’état adulte mais cette mue n’est pas obligatoirement associée à un
accroissement de taille. Ils peuvent même rétrécir en vieillissant..
Les collemboles se nourrissent de mycélium de champignons, de mousses et de crottes de millepattes diplopodes (voir suite). Ils sont mangés par des coléoptères, des fourmis et des acariens du
groupe des gamasides (voir suite). Les acariens peuvent aussi manger leurs œufs.
2 espèces de collemboles : à gauche de forme globuleuse et non segmentée (groupe des
symphypléones) et à droite de forme élancée et segmentée (groupe des arthropléones).
La furca est normalement repliée sous l’abdomen et se détend projetant l’insecte dans les airs.
Document : Carole Germain, Service canadien des forêts
Dans les souches, on les trouve sur et sous les écorces, dans les galeries creusées par d’autres
insectes et aussi dans le bois pourri. Ils vivent aussi sous les pierres, dans les détritus végétaux,
les mousses : partout où le milieu est humide. Au total : au moins 3000 espèces.
« La souche » par Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM
20
Les arachnides des souches :
Araignées :
Elles peuvent vivent toute
l’année dans la souche ou
seulement venir y passer l’hiver
tapies sous l’écorce ou dans les
galeries des larves. Certaines
tissent un cocon de soie qui soit
abrite leur ponte soit les protège
du froid. Citons parmi les
araignées des souches : les
nucteneas qui s’y cachent
Les araignées sont des
durant
le jour. Le mâle mesure
arachnides.
environ 9 millimètres de long, la
femelle 14 mm.
Les araignées possèdent des crochets venimeux que l’on nomme les
chélicères. Elles les utilisent pour paralyser ou tuer leurs proies.
Nuctenea umbratica mâle
Les proies sont digérées de deux façons selon les espèces :
1. Les araignées malaxent et triturent leur proie avec leurs chélicères et la base des pattes mâchoires (
appelée « talon masticateur » = « lame maxillaire ») puis déversent de la salive dessus. Elles pompent
le liquide de digestion ensuite ne laissant qu’une masse de débris sans forme. C’est le cas des lycoses,
des épeires et des tégénaires.
2. Les araignées injectent leur salive à l’intérieur de leur proie par une petite ouverture. Le contenu
liquide est ensuite aspiré. Ici la proie n’est pas déformée. C’est le cas des pholques et des thomises.
Il arrive qu'une araignée soit capturée par une autre araignée.
Site intéressant : http://www.ulg.ac.be/museezoo/ara/t13.htm
Les pseudoscorpions :
On peut en rencontrer sous les écorces et dans la sciure des
galeries. Ils mesurent de 3 à 4 mm et ont un aspect de scorpion
(sans queue ni aiguillon à venin). Ils possèdent 1 paire de
crochets ou chélicères, une paire de longs « pédipalpes » chacun
terminé par une pince. Ces pinces sont très utiles pour la chasse
mais elles ne facilitent pas la locomotion… L’une des pinces
capture la proie. Le pseudo-scorpion dépose alors du venin sur
l’autre pince et tue sa victime avec. Vous noterez que ces
bestioles disposent de 4 paires de pattes mais sont dépourvues
Un pseudo-scorpion
d’antennes. Les pseudo-scorpions se nourrissent d’acariens
oribates (voir suite), de collemboles (minuscules insectes sauteurs) mais aussi de très petites
araignées. Ils peuvent aussi s’attaquer à des chenilles et à des fourmis ainsi qu’à de petites espèces
d’insectes du groupe des coléoptères. Leur larve subit 3 mues avant de devenir adulte.
Durée de vie de 2 à 3 ans.
Les oribates :
Parmi les acariens (animaux pourvus de 3 paires de pattes
quand ils sont jeunes et de 4 paires à l’état adulte) on distingue :
* des formes libres végétariennes et détritivores : les oribates
qui sont cuirassés. Dans la souche d’arbre, ils se nourrissent de
mycélium ou de crottes de mille-pattes diplopodes.
* et des formes libres carnassières : les gamasides qui mangent
des petits vers ronds ( les nématodes) et des sortes de minilombrics (les enchytréides) ou encore des insectes collemboles
Oribate
et des mille-pattes végétariens de 2 mm (les polyxènes qui
vivent sous les écorces ou dans la litière de feuilles).
« La souche » par Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM
21
Les « mille-pattes » (ou « myriapodes ») des souches :
Certains auteurs distinguent les cent-pattes qui
ont beaucoup de pattes mais en général pas
100 et les mille-pattes qui en ont encore plus
mais tout de même pas 1000. Tous sont des
« myriapodes ». Leur tête est pourvue d’une
paire d’antennes. Leur corps dispose d’au
moins 10 paires de pattes et au plus de 180
paires : 1 paire de pattes par segment ou 2
paires par segment selon les espèces.
- Certains réunis dans le groupe des
chilopodes, poursuivent les petits insectes
sous les pierres et les écorces. Leur première
paire de pattes est transformée en des sortes de
pinces : les forcipules ou pattes-mâchoires qui
sont équipées de glandes à venin. Ils peuvent
eux-mêmes être mangés par de gros
coléoptères carnassiers. Citons :
* les lithobies (mot masculin de lithos, pierre,
et bios, vie). Ils vivent sous les écorces mais
aussi sous les pierres, les feuilles mortes, les
mousses fuyant la lumière. 2 à 3 cm, 15 paires
de pattes. Ils se nourrissent d’insectes et d’araignées mais aussi de limaces. Ils passent beaucoup de
temps à nettoyer leurs antennes. A l’éclosion de l’œuf (1mm), les jeunes (2 mm) ne disposent pas de la
totalité de leurs paires de pattes. Leur nombre augmentera avec les mues successives.
* les scolopendres (mot féminin) : 4 à 10 cm, 21 à 23 paires de pattes. Nocturnes, ils vivent dans le Midi
de la France. Leur morsure est douloureuse. Ils possèdent toutes leurs pattes dès la naissance. Les
scolopendres attaquent tout ce qu’ils rencontrent…
* les géophiles (mot masculin ) : 2 à 6 cm, 30 à 180 paires de pattes. Ils possèdent toutes leurs pattes dès
la naissance et se déplacent en se contorsionnant comme des serpents. Inquiétés, ils ne cherchent pas à
fuir mais forme un peloton. Ils se lovent aussi autour de leurs
proies, surtout des vers, pour les immobiliser.
- D’autres, nommés diplopodes car ils possèdent 2 paires de
pattes par segment, se nourrissent en général de matière végétale
en décomposition, de mousses, de lichens et de champignons. Ils
jouent dans la souche le rôle de nettoyeurs. Ils sont généralement
lents et certains sont aveugles mais ils possèdent des glandes
productrices d’un liquide répulsif pour les prédateurs. Les
Le mille-pattes
principales espèces sont :
Le
mille-pattes
met ses sabots
* les polydesmes (2 à 3 cm et 31 paires de pattes). Très fréquents
Mille sabots, ça fait du bruit.
dans les souches, ils sont aveugles et aiment l’humidité. Ils
Quand il sort au clair de lune
s’enroulent en spirale quand ils sont inquiétés.
Il réveille tous ses amis.
* les iules (mot masculin ) : 2 à 5 cm. Vivent sous les écorces,
dans le bois pourri mais aussi sous les pierres et les feuilles mortes Il fait peur aux escargots
et dans la mousse. S’enroulent aussi en spirale quand ils sont
Le hibou secoue ses plumes,
inquiétés. Nocturnes, ils possèdent des yeux. Il leur faut 3 à 5 ans
La souris part au galop.
pour devenir adultes. Se nourrissent de débris végétaux plus ou
Qui veut coudre mille chaussons
moins recouverts de mycélium. Leurs sécrétions peuvent provoPour ce mille-pattes sans façons?
quer des plaques rouges-orangées sur les mains : ne pas les toucher
Raymond Licheta
ou se les laver après et surtout ne pas se frotter les yeux.
* et les gloméris : 1 à 2 cm, 17 à 21 paires de pattes chez la
femelle et 19 à 23 paires chez le mâle (la dernière en forme de pinces) qui sont aussi capables de se rouler
en boule et d’émettre un liquide défensif.
- D’autres enfin, les symphiles, blanchâtres, également végétariens, ne mesurent que 1 à 2 mm. Ils
possèdent de longues antennes et 12 paires de pattes. Ils sont présents dans les souches mais aussi sous
les feuilles mortes et dans la litière.
« La souche » par Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM
22
Les cloportes des souches :
Il ne faut pas confondre les cloportes avec des
insectes. Les cloportes possèdent en effet sept paires
de pattes alors que les insectes n’en possèdent que 3
paires. On range les cloportes dans le groupe des
crustacés… mais oui comme les écrevisses !
D’ailleurs, ils ont 2 paires d’antennes (2 longues et 2
courtes) comme les autres crustacés.
Il existe donc des crustacés terrestres…
On compte environ 170 espèces de cloportes en
France. Ils mesurent de 2 à 20 millimètres et sont gris,
bruns ou noirs selon les espèces.
Cloporte (Porcelio scaber) attaqué par une
araignée (Dysdera crocata). Cette araignée
courante est généralement brun-rougeâtre, elle vit
dans les bois morts et sous les pierres. La plupart
des araignées n’ont pas les crochets (ou chélicères)
assez longs pour s’attaquer aux cloportes. Un des
crochets de l’araignée Dysdera mord dessous et
l’autre dessus. Elle mettra au moins 5 heures à le
manger. Photo : HOPKIN S.,1991
Essentiellement nocturnes, ils vivent dans les endroits
humides, obscurs et on les trouve dans les vieilles
souches pourries toute l’année sous l’écorce et dans les
galeries des larves.
Ils se nourrissent généralement de végétaux morts
(bois pourris, feuilles mortes, gazon coupé, mousses,
champignons) mais aussi parfois de végétaux vivants
(racines de jeunes pousses, fruits et légumes touchant le sol ou proches de celui-ci), de petits animaux morts ou
malades et des restes laissés par les autres animaux. Des microbes du groupe des bactéries vivant dans le
système digestif leur permettent de digérer la cellulose des végétaux. Ils jouent ainsi le rôle de nettoyeurs dans
la souche.
Les cloportes de certaines espèces se roulent en boule quand ils ont peur (c’est le cas des Armadillidium mais
pas des Porcellios et des Oniscus)… tout comme le ferait un hérisson. Attention les gloméris (qui sont des
mille-pattes munis de 17 à 23 paires de pattes et qui ressemblent à des cloportes) peuvent aussi se mettre en
boule mais leur carapace est plus brillante et ils possèdent souvent des taches jaunes sur chaque anneau.
Comme les autres crustacés, les cloportes respirent grâce à des branchies qui forment des taches blanches sous
le ventre (ce sont les « corps blancs »), au niveau de l’abdomen. Ces branchies, accrochées sur les pattes
spéciales de l’abdomen ne peuvent fonctionner qu’en présence de beaucoup d’humidité… aussi les cloportes
craignent-ils la sécheresse.
Pas facile d’assister à l’accouplement des cloportes : il a toujours lieu dans le noir ! Les cloportes des régions
tempérées produisent 1 ou 2 portées chaque été. Les oeufs (une quarantaine) sont gardés dans une poche
ventrale appelée « le marsupium » qui est remplie d'un liquide leur évitant de souffrir de la sécheresse. A
l’éclosion, les jeunes ressemblent aux adultes mais n’ont que 6 paires de pattes. Ils restent quelques semaines
dans le marsupium (Armadillidium vulgare et Porcellio scaber y transportent leurs jeunes pendant
respectivement 43 et 44 jours). Lorsqu’ils sortent, ils sont encore blancs. Ils se coloreront en quelques jours.
Pour grandir, les cloportes muent : la cuticule de fend en travers, la partie arrière est d’abord abandonnée puis
c’est le tour de la partie avant 12 heures à quelques jours plus tard. La première mue a lieu 24 heures après la
sortie du marsupium. Il sort de l’ancienne cuticule un jeune cloporte à 7
paires de pattes. Les deux mues suivantes ont lieu à une semaine d'intervalle.
Ensuite le cloporte mue toutes les 2 semaines puis à partir de 20 semaines de
façon plus irrégulière. Avant chaque mue, le cloporte cesse de se nourrir
durant quelques jours. Le cloporte qui vient de muer mange souvent sa
vieille carapace. En élevage, les cloportes peuvent aussi manger ceux qui
sont en train de muer. Le cloporte devient adulte en 1 an dans la plupart des
Pourquoi en argot le mot
espèces. Les cloportes vivent 2 ou 3 ans parfois 4.
cloporte signifie t-il
Les ennemis des cloportes sont les lithobies, quelques araignées dont les
«
concierge
» ?… car le
crochets sont horizontaux et longs, des insectes, mais aussi les grenouilles et
concierge
est
celui qui
les crapauds, les lézards, de nombreux oiseaux comme le Rouge-gorge, les
ferme la porte : "clôt-porte".
musaraignes et les renards.
« La souche » par Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM
23
Les salamandres (amphibiens) et les lézards (reptiles) des souches :
Salamandres (Salamandra salamandra) : on en
trouve en farfouillant dans les souches humides de
feuillus pas trop loin d’un point d’eau. Les
salamandres appartiennent à la classe des
amphibiens comme les tritons et les grenouilles.
Noire tachetée de jaune. Mâle 17 cm, dont 7 cm
pour la queue. Femelle 30 cm. Pattes avant à 4
doigts et pattes arrière à 5 doigts. Elles sont
nocturnes mais peuvent sortir le jour après une
forte pluie. Mangent des lombrics, les petites
limaces, de minuscules escargots et des larves
d’insectes, des scarabées et des myriapodes.
Salamandre
L’accouplement a lieu à terre. La femelle libère
dans l'eau, par son cloaque, de 25 à 60 petites Attention… il faut éviter de la tenir dans les
mains car elle fabrique une substance
larves à quatre membres, brunâtres tachées de
blanche
et venimeuse qu'elle secrète à partir
noir, longues de 25 mm environ. Ces nouveau-nés
de
glandes placées sur son dos
possèdent en arrière de la tête, trois paires de
http://www.ac-grenoble.fr/telepole/voissant/salamandre/
branchies plumeuses qui leur permettent
d'absorber l'oxygène dissous dans l'eau. Trois
mois plus tard, les petites salamandres ont perdu leurs branchies et développé des poumons, on
dit qu’elles se sont métamorphosées. Elles quittent alors définitivement le milieu aquatique. Elles
hivernent. Durée de vie : 25 ans… certains affirment 50 ans. Bien que protégée, c’est une espèce
en voie de disparition.
Le lézard des souches ou lézard agile (Lacerta
agilis) : il appartient à la classe des reptiles. Il est
diurne, mesure de 20 à 25 cm (avec la queue) et il
creuse des trous dans les vieilles souches. Diurne,
il se nourrit surtout d’insectes, d’araignées et de
vers de terre. Il ne dédaigne pas les fruits. Le mâle
est vert et la femelle plutôt grise. 6 à 20 œufs.
Hiverne. Vit 12 ans (mais 4 à 6 dans la nature).
Pas si agile que ça car on le capture facilement…
mais c’est interdit car l’espèce est protégée et on
ne peut pas les maintenir en captivité.
L’orvet ou « serpent de verre » (Anguis
fragilis) peut être observé le jour dans ou sous les
souches pourries. 35 cm à 40 cm avec sa queue
(très fragile), aspect brillant (plus marqué chez la
femelle). En fait, ce n’est pas un serpent mais un
lézard sans pattes. Mange des arthropodes
(insectes et leurs larves, araignées, cloportes), des
limaces, des escargots et des vers de terre.
Hiverne (souvent en groupe). 6 à 20 petits de 6 à
10 cm, entourés d’une membrane, sortent du
corps de la femelle. Ils se libèrent immédiatement
de cette enveloppe : on dit que l’orvet est
ovovivipare. Peut vivre 20 à 30 ans. C’est une
espèce protégée. Mangé par des oiseaux (faisans
et Pie-grièches) et des mammifères (hérissons,
belettes, hermines…).
Lézard des souches
Orvet
« La souche » par Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM
24
Les serpents (reptiles) des souches :
On peut trouver des serpents cachés
dans les souches… attention !
Ne jamais introduire les mains nues
dans les vieilles souches.
Vipère aspic dans une souche.
Je croyais qu’ils m’avaient oubliée… mais
ils ont gardé le meilleur pour la fin !
La vipère péliade (Vipera berus) habite le Nord de la France mais elle vit aussi dans le
Massif Central. C’est une espèce protégée. La femelle (68 cm) est plus grande que le mâle (58
cm). Couleur variable.
La vipère aspic (Vipera aspic) est installée dans les ¾ Sud de notre pays et se rencontre
jusqu’en forêt de Fontainebleau. Elle est également protégée.
Nous présenterons surtout
l’aspic qui hiverne isolément ou en
groupe, souvent dans une vieille
souche, d’octobre à mars. La tête est
triangulaire et le bout du museau relevé,
la pupille est verticale. La femelle (75
cm) est plus grande que le mâle. Couleur
variable.
L'aspic et sa cousine la péliade ont en
commun d’être diurnes, de chasser des
petits rongeurs (souris, campagnols), des
lézards et de petites vipères (… mais
oui), des oisillons nichant au sol et des
grenouilles. Elles mordent leur proie
Vipère aspic
puis la relâchent et la suivent ensuite à la
http://www.lemanlake.com/pages/faune/reptil.htm
trace en attendant que le venin fasse son
effet. La proie tuée ou paralysée est
engloutie en commençant par la tête.
La vipère aspic est ovovivipare comme la péliade: 4 à 15 jeunes vipères aspic de 18 à 21 cm de
longueur quittent les oeufs au moment de la ponte (5 à 12 petites péliades longues de 14 à 18 cm
naissent lors de la ponte). Durée de vie : au maximum 25 ans chez l’aspic. C’est une espèce
menacée.
Les aspics et les péliades sont attaquées par les chats et par certains oiseaux comme les grands
corbeaux, les corneilles mais aussi les buses et les aigles royaux.
« La souche » par Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM
25
QUE FAIRE EN CAS DE MORSURE DE VIPERE ?
Si vous allez sur Internet vous verrez plein de bêtises écrites à ce sujet…
Sachez d’abord que les vipères aspic et péliade ne mordent un humain que si elles sont
surprises (quand on marche dessus par exemple) ou si on tente de les saisir.
En cas de morsure…
(qu’il s’agisse d’une vipère aspic, d’une
vipère péliade ou d’une autre vipère
française) :
- La marque des crochets est en général
visible sous la forme de 2 points rouges
séparés de 5 à 10 millimètres. Dans la 1/2
heure qui suit, la zone mordue enfle et
devient dure et violacée.
- Laver la plaie au savon de Marseille
pour la désinfecter (on peut aussi
employer un antiseptique comme du
Dakin, la Bétadine).
- Lorsqu’on en dispose, appliquer de la
glace enveloppée dans un linge au
niveau de la zone mordue (afin de
ralentir la diffusion du venin, de
diminuer le gonflement et de calmer la
douleur).
- Rassurer, calmer, maintenir la personne
couchée (en position latérale de sécurité
si elle a envie de vomir), la couvrir lors
du transport à l’hôpital.
- Le médecin pourra, dans les formes
graves, injecter du sérum antivenimeux
"Viperfav" par voie intraveineuse.
- Il ne sert à rien d’utiliser l’Aspivenin
(qui ne « marche » en fait que pour les
insectes). PAS d’incision, PAS de
cautérisation (brûlure), PAS d’aspiration
à la bouche car l’injection du venin est
profonde (sous la peau) et sa diffusion
rapide.
- Pas d’alcool ou d’éther inefficaces sur
la plupart des microbes présents dans la
gueule du serpent et qui de plus
favoriseraient la diffusion du venin.
Œdème après morsure à un doigt (l’index).
http://www.chru-lille.fr/cap/ca5-02mai4.htm
Aspic en haut et couleuvre en bas.
http://www.medicalforum.ch/pdf_f/2003/2003-32/200332-055.PDF
« La souche » par Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM
26
Souches et mammifères :
La belette est le plus petit carnivore d’Europe.
La femelle a une taille inférieure à celle du mâle. Celui-ci
a une longueur totale de 20 à 30 cm dont 5 à 6,5 cm de
queue. La belette construit souvent son gîte dans une
souche d’arbre. Elle peut aussi l’installer sous un tas de
pierres, dans un trou de mur ou une meule de foin. Elle le
garnit d’herbes sèches, de feuilles, de poils et de plumes.
Elle y installe ses 3 à 7 petits.
La belette a un rythme d'activité aussi bien diurne que
nocturne. C’est une grande spécialiste de la chasse aux
petits rongeurs : campagnols surtout mais aussi souris et
mulots. Ils représentent la majeure partie de ses proies.
Elle les poursuit même dans leurs galeries. Elle
complètera son menu avec des petits insectivores (taupes
ou musaraignes) et quelques oiseaux et batraciens. Elle
ne touche pratiquement jamais aux lapins (sauf aux
jeunes) et ne fait que de très rares
incursions dans les poulaillers et les
pigeonniers. Ce n’est pas un animal
nuisible. Sa durée de vie est de 3
ans dans la nature et 10 ans en
captivité
Belette (Mustela nivalis)
Les blaireaux (69 à 87 cm + 11 à
17 cm de queue. Mâle légèrement
plus grand que la femelle) possèdent
des griffes puissantes qui leur
permettent de déchiqueter le bois
pourri des souches à la recherche de
larves et de fourmis.
Le blaireau est omnivore : son
régime se compose de fruits comme
Souche de pin déchiquetée par un blaireau.
celui du hêtre ( = faine) et du chêne
Photographie de Claude Nicolas : « Traces et nids ».
( = gland), de graines (blé, mais), de
L’Ecole des loisirs.
pousses, de racines et tubercules, de
champignons, d'œufs et d'oisillons, de petits
mammifères (lapins et même hérissons)
particulièrement ceux qui sont malades, de
grenouilles, d'escargots, de vers et d'insectes. Il
mange également de miel et de larves de guêpes
et d'abeilles sauvages.
Les blaireaux creusent des terriers vastes et
compliqués utilisés successivement par plusieurs
familles. Parfois, le terrier est volé à un renard.
Portées de 2 à 5 petits. En hiver, ils effectuent un
« repos hivernal » mais n’hibernent pas vraiment.
Peuvent vivre 20 ans. Pourchassé par l'homme.
Blaireau européen (Meles meles) :
Photo Umweltbild (Extrait BlueBox)
« La souche » par Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM
27
Conclusion :
Vous croyez maintenant bien
connaître le petit monde de la
souche…
Nous en avons même
présenté les dangers
… Mais pas tous les
mystères…
LA SALAMANDRE :
Nous avons vu que les
salamandres, durant la
journée, dormaient souvent
dans les souches…
Comme elle se cache
volontiers dans le bois mort, il
arrive que lorsqu’on met des
bûches dans un feu de camp,
on en voit une sortir du feu
Souche couverte de mousse et de lierre.
allumé…
On racontait au MoyenAge que les
salamandres pouvaient
traverser un feu sans se
brûler et même
l'éteindre... Il est vrai
qu’en cas d’incendie de
forêt, elle s’enfonce
dans des galeries du sol
La salamandre, emblème
et peuvent ainsi être
Ecu de François 1er.
de François 1er.
épargnée… Mais elles
ne résistent pas au feu...
La substance blanche qu’elles fabriquent pour se protéger des prédateurs les
protège bien un peu de la chaleur mais pour une durée très courte…
LES FEES :
On disait aussi autrefois que les fées vivaient
dans les bois et habitaient dans les souches
d’arbres… Les fées sont… ou seraient… de
minuscules créatures féminines d'apparence
humaine mais portant des ailes de couleurs
vives. Elles aiment danser la nuit au clair de
lune. Elles ont une REINE, Titania , qui, une fois
par an, les convoque à la Ronde des Fées. Une
partie de l’histoire de Titania et son mari le roi
Obéron est racontée dans "Le songe d'une nuit
d'été" de Shakespeare… mais ceci est une autre
histoire…
"Le songe d'une nuit d'été" est aussi l’un des 16
opéras du compositeur britannique Benjamin
Britten (livret d'après Shakespeare).
… Il nous reste à découvrir ce qu’est UNE FORET FANTOME…
« La souche » par Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM
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CONNAISSEZ-VOUS LA FORET
FANTOME d’AXEL HEIBERG ?
Nous sommes en 1986, un pilote
d'hélicoptère canadien survole une île
désertique appelée « Axel Heiberg » à moins
de 1000 km du pôle Nord. Il découvre une
étonnante forêt ou tous les arbres sont réduits
à des souches : un millier de souches pétrifiées
sur 1 km de long et ½ km de large...
Des expéditions de spécialistes, des
« paléobotanistes », se rendrent sur les lieux.
Les souches sont en fait des souches fossiles
parfaitement conservées, noires et dures avec
des petites gouttelettes d’ambre13, ayant
appartenu à des arbres de 50 mètres de haut
qui ont vécu près de 1000 ans. Elles peuvent
atteindre plusieurs mètres de diamètre.
Les souches ont été préservées par
enfouissement dans des sédiments à l'abri de
l'oxygène. L'érosion a ensuite dégagé la base
des arbres momifiés et le froid polaire les a
conservé.
On étudie ces souches : elles ont appartenu
à des séquoias, des arbres voisins de nos
sapins mais plus grands. En fait on a depuis
identifié 60 espèces d’arbres dont le mélèze, le
bouleau et le cyprès chauve : des forêts
successives ont existé sur le même site. On
date ces souches : les plus anciennes
remontent à 45 millions d'années! On peut
pourtant sur certaines compter les cernes,
observer des branches, des feuilles et des
écailles de bourgeons.
Ces arbres ont vécu dans un climat
tempéré et pourtant nous sommes dans le
Grand Nord… le climat de la planète a donc
changé, la Terre était beaucoup plus chaude
dans cette région il y a 45 millions d’années.
On a pu calculer que la température moyenne
annuelle était de 13 ° Celsius à l’époque et
que l’humidité y était très élevée.
Cette extraordinaire forêt fantôme, dans
laquelle pour l’instant on n’a pas découvert de
fossiles d’insectes, est une fenêtre ouverte sur
le passé mais aussi peut être sur l'avenir de
notre Planète. En effet si la quantité de gaz
carbonique dans l’atmosphère continue à
augmenter
ceci
devrait
entraîner
un
réchauffement important, la fonte des glaces
polaires et la montée du niveau des océans…
mais aussi l’installation de forêts beaucoup
plus au Nord.
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Au premier plan : une des souches fossiles :
Fragment de bois fossile :
45 Ma Ellesmere
Souche d’une forêt fossile, encore enracinée.
La photographie a été prise sur l’île voisine
d’Ellesmere. L'île d'Ellesmere se situe aussi dans
le Grand Nord Canadien à l'ouest d'Axel
Heiberg,. La souche a également 45 millions
d’années.
Résine fossile jaune ou rougeâtre, dure et cassante, provenant de conifères.
« La souche » par Jean-Pierre Geslin, professeur d’IUFM
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