ECONOMIE | Le BTP, vert de colère dans les Pyrénées

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ECONOMIE | Le BTP, vert de colère dans les Pyrénées
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Economie | Le BTP, vert de colère dans les
Pyrénées-Atlantiques
« On est du BTP, et on veut des chantiers ! » Le slogan a le mérite de la clarté. Plus d'un
millier de professionnels du bâtiment et des travaux publics venus de toutes les
Pyrénées-Atlantiques, salariés et responsables d’entreprise réunis, ont défilé mercredi
dans les rues du centre de Pau. Pour dire leur colère, et exprimer leur inquiétude.
La dégringolade des mises en chantier, constatée à un moment où l’Etat réduit fortement les dotations qu’il octroie
aux collectivités locales, figure au cœur des débats. Mais elle n’est pas le seul argument avancé. Le compte
pénibilité, l’excès de normes et de charges, la concurrence des auto-entrepreneurs, jugée déloyale, sont
également dénoncés par les professionnels
« 1 300 emplois disparus en trois ans » Le
bilan, lui, est lourd. Selon Emmanuel Caro, le
président de la fédération départementale du BTP, 260 entreprises et 1 300 emplois ont disparu dans le
département au cours des trois dernières années. Tandis que plusieurs centaines de postes sont menacés pour
l’année à venir dans un département où le BTP en recouvre 14 000.
« Les carnets de commandes sont en berne. La visibilité est à deux mois pour les plus chanceux » rappelle-t-il.
Avant de s’insurger contre la « concurrence sociale » orchestrée par des donneurs d’ordre peu scrupuleux dans
ce département frontalier. Des commanditaires qui n’hésitent pas à employer « les nouveaux esclaves venus de
Pologne, d’Espagne ou d’Albanie à 8 euros de l’heure. » Tout cela, « sous le regard des pouvoirs publics qui ne
bougent pas ». Un propos relayé par Patrick de Stampa, le président de la Chambre de commerce et d’industrie :
« En avril dernier, le représentant aquitain du BTP a dressé un tableau très noir de la situation devant le préfet de
région. Personne n’a réagi »
« Où sont passés les logements promis ? » A
Pau , accompagnés d’imposants engins de
chantier, les manifestants ont exprimé leur colère en déversant de la terre de chantier devant la Direction
régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi, ainsi que devant les
grilles de la préfecture , où une délégation a été reçue. « Le préfet s’est engagé à accélérer, avec les services de
l’Etat, les contrôles pour lutter contre la concurrence déloyale » a indiqué Emmanuel Caro à sa sortie. Ce qui ne l’a
pas empêché de dénoncer le « mépris » affiché par les pouvoirs publics à l’égard du BTP. « Où sont passés les
500 000 logements promis en France pour 2014 ? ».
Le test palois Pas
d’argile par contre devant la mairie où, en l’absence de François Bayrou, la même
délégation a été reçue par Jean-Paul Brin, adjoint au maire, en charge de l’urbanisme. Dans une ville où les
dotations de l’Etat sont en baisse de 4 millions d’euros, toute une politique d’économies a été engagée, indique ce
dernier. Qu’il s’agisse de regrouper des services, serrer les coûts de fonctionnement, évaluer le nombre de
bâtiments inutilisés etc. Autant d’efforts destinés à dégager une marge de manœuvre pour refaire par exemple les
chaussées ("44 kms sur 280 sont dans un état critique") ou encore engager de grands chantiers : bus à haut
niveau de service, halles, auditoriums.
Cette stratégie sera évoquée lors d’une journée nationale de l’urbanisme organisée le 14 avril à Pau. Elle sera
également mise en œuvre dans le cadre d’une « démarche originale » que le maire souhaite engager dès le début
de l’année, par exemple en matière de rénovation du centre-ville. « Car les entreprises ont besoin de visibilité. »
Une manière pour François Bayrou d’expérimenter à domicile ce qui pourrait, selon lui, être appliqué sur le plan
national. Pau, ville éprouvette.
Jean-Jacques Nicomette
Crédit Photo : Aqui
Publié sur aqui.fr le 17/12/2014
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