Les étudiants de l`Université de Limoges et leur alimentation

Transcription

Les étudiants de l`Université de Limoges et leur alimentation
les étudiants et leur alimentation
Les conditions de vie des étudiants à Limoges
Les étudiants de l’Université de
Limoges et leur alimentation
Etude réalisée dans le cadre de l’exploitation du questionnaire 2001 « Enquête sur les conditions de vie
des étudiants à Limoges » et pilotée par Sylvain BENOIT, Observatoire Universitaire des Parcours
Etudiants, Université de Limoges et Marie-Christine RATA, Chambre de Commerce et de l’Industrie de
Limoges et de la Haute-Vienne.
© Université de Limoges, novembre 2003
1
les étudiants et leur alimentation
INTRODUCTION ............................................................................................................ page 03
STRUCTURE DE L'ECHANTILLON ....................................................................... page 05
1. LES LIEUX DES REPAS ....................................................................................... page 07
2. LA STRUCTURE DES REPAS ............................................................................ page 08
2.1. Le temps consacré aux repas ............................................................................ page 08
2.2. Le rythme des repas ........................................................................................... page 09
2.3. Le grignotage ..................................................................................................... page 10
3. L'ALIMENTATION .................................................................................................... page 11
3.1. Les carences ...................................................................................................... page 11
3.2. Les boissons ...................................................................................................... page 13
4. LA FAIM ....................................................................................................................... page 14
4.1. Approche globale ............................................................................................... page 14
4.2. Les causes de la faim ......................................................................................... page 15
4.3. La population en souffrance pour raisons financières ........................................ page 16
4.4. La population en souffrance pour des raisons autres que financières ............... page 18
5. L'IMC .............................................................................................................................. page 20
6. LES ETUDIANTS EN POIDS INSUFFISANT................................................... page 22
7. LES ETUDIANTS EN EXCES DE POIDS ......................................................... page 23
8. EVALUATION DES BESOINS .............................................................................. page 25
2
les étudiants et leur alimentation
Introduction :
En juin 2003, l'Observatoire Universitaire des Parcours Etudiants (OUPE) publiait la
première enquête sur les conditions de vie des étudiants de l'Université de Limoges1.
L'attention, en effet, avait été portée par les services sociaux sur le fait que certains étudiants
étaient confrontés à de graves difficultés économiques. Aussi, le Président de l'Université,
Antonin NOUAILLES, a souhaité que l'Observatoire produise des indicateurs fiables et
pertinents afin d'établir le niveau de précarité des étudiants. De fait, l'enquête réalisée nous a
permis de dresser un bilan précis de la situation financière des étudiants. Au final, nous savons
maintenant que les étudiants de Limoges connaissent exactement les mêmes difficultés
qu'ailleurs et ce, dans les mêmes proportions qu'ailleurs. L'environnement plutôt favorable qui
existe en Limousin (ville de taille moyenne, proximité, qualité de vie…) n'empêche donc en rien
la précarité ou le mal-être étudiant de s'installer et de se diffuser.
Parmi les résultats les plus préoccupants ressortant de l'enquête, il apparaît que certains
étudiants sont touchés par un phénomène de carence alimentaire. Ainsi, par exemple, on
constate que 38 % des étudiants prennent parfois des repas réduits par souci d'économie.
Fort logiquement, l'ampleur du phénomène s'avère en lien direct avec les ressources des
étudiants : si 9 % seulement des étudiants qui se disent très à l'aise financièrement sont
concernés par ces repas réduits, le phénomène s'étend à trois étudiants sur quatre parmi les
étudiants qui se disent "pas à l'aise du tout" sur le plan financier. Plus encore, 14,6 % des
étudiants déclarent qu'il leur arrive de ne pas toujours manger à leur faim, un phénomène
qui concerne 8 % des étudiants qui se disent plutôt à l'aise financièrement, 21 % des étudiants
qui ne sont pas très à l'aise financièrement et 45 % des étudiants qui ne sont pas à l'aise du
tout.
Ces résultats ont surpris ; ils ont fait l'objet de nombreuses interprétations parfois
contradictoires. Pour certains, les problèmes financiers ne pouvaient constituer un facteur
explicatif suffisant. D'autres hypothèses ont été tour à tour invoquées : contrôle du poids,
régime, anorexie, déstructuration de l'alimentation… tous facteurs qui viendraient renforcer le
phénomène ou, tout du moins, en fausser l'analyse. Aussi, il est apparu nécessaire de lever les
ambiguïtés qui pesaient encore sur ces résultats. A la demande des services sociaux du
CROUS et du SUMPPS, nous avons décidé de réaliser une enquête complémentaire sur les
pratiques alimentaires des étudiants. Ce travail devait nous permettre d'évaluer l'ampleur de la
sous-alimentation dans le monde étudiant.
1
Enquête sur les conditions de vie des étudiants à Limoges, OUPE-CCI, juin 2003
3
les étudiants et leur alimentation
"Les pouvoirs publics ont déterminé pour les jeunes, comme pour toutes les tranches d'âge, des apports
caloriques quotidiens indispensables à leur croissance et à leur équilibre : 15 % de protides, 30 % de
lipides, 55 % de glucides pour un total de 3000 calories chez les garçons et 2400 pour les filles", Centre
National d'études et de recherche en nutrition alimentaire.
Un groupe de pilotage s'est constitué de manière à ce que l'enquête intègre les remarques et
l'analyse des personnels qui accompagnent quotidiennement les étudiants en difficulté.
Ce groupe de pilotage était composé de :
- CHRISTEN Chantal, assistante sociale, CROUS
- FREY Pierre-Yves, Vice-Président du CEVU
- GERAUD Corinne, assistante sociale, CROUS
- JORDAN DE CHASSAGNY Elisabeth, assistante sociale, SUMPPS/CROUS
- SABOTIER Marie-Hélène, assistante sociale, SUMPPS/CROUS
- TUDO Marie, Médecin, SUMPPS
- VALADE Marie-Paule, Infirmière, SUMPPS
L'enquête a été réalisée entre le 5 janvier 2004 et le 20 février 2004 sur la base de deux
échantillons : l'un se compose de 156 questionnaires remplis par les étudiants qui ont fréquenté
le Service Social du CROUS et l'autre, de 419 questionnaires saisis par les étudiants qui ont
fréquenté le Service Universitaire de Médecine Préventive et de Promotion de la Santé
(S.U.M.P.P.S.) lors de la visite médicale obligatoire de première année.
Les résultats sont donc représentatifs de deux populations distinctes :
- étudiants fréquentant le SUMPPS : étudiants plutôt jeunes et inscrits en 1ère année de 1er cycle.
- étudiants fréquentant les services sociaux : étudiants confrontés à des difficultés financières
et/ou en situation de précarité.
La concaténation des 2 échantillons constitués ne produit pas un échantillon
représentatif de l'ensemble de la population étudiante inscrite à l'Université de Limoges.
Les résultats produits par la fusion des deux échantillons ne sont donc mentionnés qu'à titre
indicatif afin de faciliter les comparaisons.
4
les étudiants et leur alimentation
Structure de l'échantillon
Age
La moyenne d'âge des étudiants qui ont fréquenté les Services Sociaux (23,1 ans) correspond à
la moyenne d'âge de l'ensemble de la population étudiante inscrite à l'Université de Limoges
(23,3 ans).
Les étudiants qui ont fréquenté le Service de Médecine Préventive dans le cadre de la visite
médicale obligatoire sont des entrants à l'Université et, de ce fait, ils se caractérisent par leur
jeunesse relative (19 ans de moyenne d'âge). Notons que la moyenne d'âge calculée sur
l'échantillon correspond exactement à la moyenne réelle établie sur l'ensemble des entrants à
l'Université.
Tab 1 : Service
Tab 2 : Age
(% en ligne)
. Médecine Préventive
. Service Social
total
Nb
%
419
156
575
72,9
27,1
100,0
âge
moyen
. Médecine Préventive
. Service Social
ensemble
19,0
23,1
20,1
Sexe
Les femmes sont sur-représentées dans les deux échantillons : elles représentent 66 % des
effectifs au niveau des Services Sociaux et 68 % des effectifs au niveau du Service de
Médecine Préventive. Sur l'ensemble de la population étudiante, même si elles sont
majoritaires, elles ne totalisent que 52 % des effectifs.
Tab 3 : Sexe
(% en ligne)
hommes
femmes
total
32,2
34,0
32,7
67,8
66,0
67,3
100,0
100,0
100,0
. Médecine Préventive
. Service Social
ensemble
La sur-représentation des femmes au niveau des services sociaux pourrait résider dans le fait
que les femmes engagent plus facilement que les hommes une demande d'aide ou de soutien.
Néanmoins, l'hypothèse d'une féminisation de la précarité mérite d'être posée même si, en l'état,
la présente enquête ne nous permettra pas d'y apporter de réponse. Au niveau de la Médecine
Préventive, la sur-représentation féminine pourrait simplement résulter d'un absentéisme
masculin plus important au moins pour ce qui concerne les visites médicales.
5
les étudiants et leur alimentation
Nationalités
En 2003-2004, les étudiants étrangers représentaient 9,3 % des effectifs de l'Université de
Limoges. Au niveau des étudiants qui fréquentent les services sociaux, la proportion d'étrangers
est beaucoup plus importante (28 % dans l'échantillon). Ce résultat n'est pas pour étonner car la
précarité touche fortement les populations étrangères tant en fréquence qu'en intensité. Au
niveau de la Médecine Préventive, le taux d'étudiants étrangers (2,4 %) est inférieur à la valeur
observée sur le 1er cycle universitaire (6,6 %).
Tab 4 : Nationalités
(% en ligne)
française
étrangère
total
97,6
71,8
90,6
2,4
28,2
9,4
100,0
100,0
100,0
. Médecine Préventive
. Service Social
ensemble
Profils comparés des deux échantillons :
- étudiants fréquentant le SUMPPS : plutôt des femmes, population jeune, peu
d'étrangers.
- étudiants fréquentant les services sociaux : plutôt des femmes, beaucoup d'étrangers,
âge dans la moyenne de l'Université, difficultés financières, précarité.
6
les étudiants et leur alimentation
1. Les lieux de repas
Quelles que soient leurs ressources, les étudiants privilégient leur logement personnel pour la
prise des repas : 62 % des étudiants de la Médecine Préventive y mangent tous les jours, 58 %
des étudiants qui fréquentent les services sociaux font de même. Pour autant, les deux
populations ont des comportements assez différents. Chez les étudiants en situation de
précarité (l'échantillon "services sociaux"), la diversité est faible : comme lieu de repas, le
logement personnel arrive très loin en tête devant la famille et le restaurant universitaire. Chez
les étudiants du S.U.M.P.P.S., la situation est moins contrastée : la famille et le restaurant
universitaire sont fréquentés plus régulièrement. Paradoxalement, les étudiants en situation de
précarité mangent moins souvent au restaurant universitaire (28 % y mangent tous les jours ou
plusieurs fois par semaine) où les repas sont pourtant peu onéreux2 que les autres étudiants
(42 % y mangent tous les jours ou plusieurs fois par semaine). Certes, le ticket de RU permet
toujours d'offrir au plus grand nombre des repas équilibrés et de qualité pour un prix modique.
Néanmoins, pour des raisons strictement économiques, une frange non négligeable de la
population étudiante ne peut plus se permettre de fréquenter le Resto U autrement que de
manière occasionnelle.
Tab 5 : Où mangez-vous ? (échantillon SUMPPS, % en ligne)
. Resto U
. logement
. fast food
. famille
. restaurant
. amis
tous les
jours
plusieurs
fois par
semaine
une fois
par
semaine
rarement
jamais
total
6,9
62,0
0
30,1
0,3
0,8
35,5
30,2
1,5
39,2
0,5
9,4
12,1
1,6
15,9
15,4
8,5
31,0
19,7
1,0
64,4
11,4
73,8
54,7
25,9
5,2
18,2
3,8
16,8
4,1
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
Tab 6 : Où mangez-vous ? (échantillon services sociaux, % en ligne)
. Resto U
. logement
. fast food
. famille
. restaurant
. amis
tous les
jours
plusieurs
fois par
semaine
une fois
par
semaine
rarement
jamais
total
3,5
58,4
0
8,4
0
0
24,3
34,9
4,6
22,9
0
11,7
4,9
0,7
9,2
12,2
4,6
27,0
34,0
2,0
61,5
32,1
58,0
50,4
33,3
4,0
24,6
24,4
37,4
10,9
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
2
En 2003-04, le prix du ticket de RU se montait à 2,60 euros. Pour ce prix on dispose d'un repas complet avec hors
d'œuvre, un plat garni, un fromage et/ou un dessert. Les tickets sont vendus par carnets de 10.
7
les étudiants et leur alimentation
Comme cela avait été montré dans l'enquête sur les conditions de vie des étudiants, les
étudiants en situation de précarité entretiennent des liens beaucoup plus lâches que les autres
étudiants avec leur famille. Cette tendance se manifeste également au niveau des repas
puisque 56 % des étudiants en situation de précarité mangent "rarement" voire "jamais" dans
leur famille alors que ce taux n'est que de 15 % chez les autres étudiants.
Enfin, et contrairement à ce qu'on imagine parfois, les étudiants fréquentent peu les fast-foods.
De même, les repas au restaurant sont plutôt rares voire exceptionnels pour les étudiants en
situation de précarité.
2. La structure des repas
2.1. Le temps consacré
consacré aux repas
Les étudiants en situation de précarité tendent à faire des repas plus rapides que les autres
étudiants. Ainsi, parmi les étudiants qui fréquentent les services sociaux, un étudiant sur deux
déjeune en 15 minutes le midi (contre 31 % des étudiants de Médecine Préventive) et 39 %
dînent en 15 minutes le soir (contre 26 % des étudiants de Médecine Préventive).
Tab 7 : Le repas du midi
. Médecine Préventive
. Service Social
ensemble
(% en ligne)
15
minutes
30
minutes
1 heure
et +
total
31,1
49,3
35,9
65,6
50,0
61,4
3,3
0,7
2,6
100,0
100,0
100,0
Tab 8 : Le repas du soir
. Médecine Préventive
. Service Social
ensemble
(% en ligne)
15
minutes
30
minutes
1 heure
et +
total
25,7
39,1
29,3
65,1
50,3
61,2
9,1
10,6
9,5
100,0
100,0
100,0
Tab 9 : Durées repas du midi (colonne) et repas du soir (ligne)
midi
soir
15 minutes
30 minutes
1 heure et +
total
15
minutes
30
minutes
1 heure
et +
total
18,7
10,3
0
29,0
16,2
44,6
0,9
61,6
1,1
6,6
1,8
9,4
35,9
61,5
2,7
100,0
% par rapport au total
8
les étudiants et leur alimentation
De manière plus générale, 19 % des étudiants prennent leurs repas du midi et du soir en
15 minutes. Le cas le plus fréquent cependant - il concerne 45 % des étudiants correspond à un repas de 30 minutes le midi et à un repas de 30 minutes le soir.
La durée des repas tend à se réduire avec l'âge des étudiants. 26 % des étudiants de la classe
[17-18 ans] déjeunent en 15 minutes alors que le taux dépasse les 40 % dans les classes
d'âges supérieures. Cet effet est probablement induit par la proximité à la famille, la prise
d'indépendance tendant à raccourcir la durée des repas.
2.2. Le rythme des repas
Les répercussions de la précarité sur le rythme de l'alimentation sont évidentes : les étudiants
en difficulté sur le plan économique (ceux qui fréquentent les services sociaux) sont
sensiblement plus nombreux que les autres à sauter des repas : 70 % sautent celui du matin,
47 % celui du midi et 33 % celui du soir (!). Leur alimentation est donc beaucoup plus
déstructurée que celle des autres étudiants.
Tab 10 : Vous arrive-t-il de sauter un repas le matin ?
. Médecine Préventive
. Service Social
ensemble
oui
non
total
39,4
68,7
47,2
60,6
31,3
52,8
100,0
100,0
100,0
Tab 11 : Vous arrive-t-il de sauter un repas le midi ?
. Médecine Préventive
. Service Social
ensemble
oui
non
total
16,2
47,2
24,3
83,8
52,8
75,7
100,0
100,0
100,0
Tab 12 : Vous arrive-t-il de sauter un repas le soir ?
. Médecine Préventive
. Service Social
ensemble
9
oui
non
total
13,5
33,1
18,4
86,5
66,9
81,6
100,0
100,0
100,0
les étudiants et leur alimentation
Le petit déjeuner quotidien n'apparaît pas comme une généralité chez les étudiants en situation
de précarité : un peu plus d'un étudiant sur trois, seulement, prend chaque jour son petit
déjeuner. Chez les autres étudiants, le taux est deux fois plus important. Plus encore, un
étudiant sur trois parmi les étudiants qui fréquentent les services sociaux prend "rarement" voire
"jamais" de petit déjeuner.
Tab 13 : Vous prenez un petit déjeuner…
. Médecine Préventive
. Service Social
ensemble
(% en ligne)
tous les
jours
plusieurs
fois par
semaine
une fois
par
semaine
rarement
jamais
total
64,4
36,8
57,0
21,7
31,6
24,4
1,7
1,3
1,6
8,6
20,0
11,7
3,6
10,3
5,4
100,0
100,0
100,0
2.3. Le grignotage
Les étudiants grignotent fréquemment en dehors des repas. Le grignotage concerne, en effet,
deux étudiants sur trois. C'est un phénomène qui touche un peu plus les femmes que les
hommes (67 % des femmes grignotent au moins une fois par semaine, 60 % des hommes).
Tab 14 : Grignotez-vous en dehors des repas ?
. Médecine Préventive
. Service Social
ensemble
(% en ligne)
tous les
jours
plusieurs
fois par
semaine
une fois
par
semaine
rarement
jamais
total
17,9
21,9
19,0
39,0
34,8
37,9
9,1
5,8
8,2
29,7
29,0
29,5
4,3
8,4
5,4
100,0
100,0
100,0
Le fait de sauter le repas du matin ou celui du midi a une incidence directe sur le
grignotage : 24 % des étudiants qui sautent le petit déjeuner grignotent tous les jours pour un
taux de 15 % chez les étudiants qui prennent toujours leur petit déjeuner ; 22 % des étudiants
qui sautent le repas du midi grignotent tous les jours contre 17 % chez les étudiants qui ne
sautent jamais le repas du midi (valeurs identiques pour le repas du soir). La durée des repas,
en revanche, n'influe pas sur la fréquence du grignotage.
10
les étudiants et leur alimentation
3. L'alimentation
3.1. Les carences
Pour repérer d'éventuelles carences dans l'alimentation, il convient d'examiner la proportion
d'étudiants consommant "rarement" ou "jamais" de certains aliments. Ainsi, il apparaît que les
populations S.U.M.P.P.S. et services sociaux ont des profils alimentaires nettement différenciés.
Les carences alimentaires touchent fortement les étudiants en situation de précarité : un
étudiant sur cinq, par exemple, consomme "rarement" voire "jamais" de viande ; plus encore,
presqu'un étudiant sur deux consomme "rarement" voire "jamais" de poisson. Par ailleurs, les
carences en fruits sont trois fois plus fréquentes que chez les autres étudiants, les carences en
légumes quatre fois plus fréquentes et les carences en laitages cinq fois plus fréquentes ! Les
deux seuls aliments qui sont consommés de manière assez similaires dans les deux populations
sont les œufs et les féculents. On notera que le phénomène de carence alimentaire n'est pas
compensé par une surconsommation de sucreries. Les étudiants en situation de précarité
apparaissent même comme de moindres consommateurs de sucreries.
carences dans l'alimentation
(consommation "rarement ou jamais" de produits alimentaires)
50,00%
45,00%
40,00%
étudiants Services Sociaux
étudiants SUMPPS
35,00%
30,00%
25,00%
20,00%
15,00%
10,00%
5,00%
0,00%
viande
poisson
œufs
légumes
féculents
laitages
fruits
sucreries
Pour autant, la carence alimentaire - ou plus largement, le déséquilibre alimentaire - ne
concerne pas seulement les étudiants en situation de précarité : la carence d'un aliment au
moins parmi une liste regroupant viande, poisson, laitage, fruits et légumes touche 60 % des
étudiants des services sociaux mais aussi 37 % des étudiants de Médecine Préventive. Au final,
les étudiants qui cumulent à la fois carence en viande et carence en poisson représentent 13 %
des effectifs parmi les étudiants des services sociaux et 2 % des effectifs chez les autres
11
les étudiants et leur alimentation
étudiants. Dans cette population à fortes carences alimentaires, 80 % des étudiants déclarent ne
pas toujours manger à leur faim.
Tab 15 : Alimentation (échantillon services sociaux, % en ligne)
viande
poisson
œufs
légumes
féculents
laitages
fruits
sucreries
tous les
jours
plusieurs
fois par
semaine
une fois
par
semaine
rarement
jamais
total
18,2
1,9
0
26,1
37,7
45,4
13,6
17,6
50,0
18,7
42,4
51,0
53,9
36,2
40,3
31,4
12,3
33,5
32,5
9,2
5,8
5,9
18,2
14,4
14,9
40,0
20,5
13,1
2,6
9,2
25,3
32,7
4,5
5,8
4,6
0,7
0
3,3
2,6
4,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
Tab 16 : Alimentation (échantillon S.U.M.P.P.S., % en ligne)
viande
poisson
œufs
légumes
féculents
laitages
fruits
sucreries
tous les
jours
plusieurs
fois par
semaine
une fois
par
semaine
rarement
jamais
total
29,2
1,0
2,2
43,0
32,0
65,2
33,8
16,3
59,8
23,3
25,4
48,4
62,5
29,7
44,8
45,4
6,0
46,8
44,8
5,0
4,3
2,6
12,7
13,9
4,1
25,4
24,5
3,3
1,2
2,4
7,9
20,9
1,0
3,6
3,1
0,2
0
0
0,7
3,4
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
12
les étudiants et leur alimentation
3.2. Les boissons
❏ La plupart des étudiants boivent de l'eau tous les jours. On constate que la consommation
d'eau et le grignotage sont inversement proportionnels : les buveurs d'eau, en effet, grignotent
bien moins fréquemment que les autres étudiants.
Tab 19 : Boissons (l'ensemble des étudiants, % col)
boivent de l'eau
tous
les jours
plusieurs
fois par
semaine
rarement
tous les jours
plusieurs fois par semaine
moins souvent
total
18,3
37,9
43,8
100,0
23,1
42,3
34,6
100,0
66,7
16,7
16,7
100,0
grignotent
❏ La consommation d'alcool est une consommation occasionnelle plutôt centrée sur le weekend. Elle concerne plus les hommes que les femmes : 43 % des hommes consomment des
boissons alcoolisées au moins une fois par semaine alors que les femmes ne sont que 23 %
dans ce cas. Ces résultats confirment, s'il en était besoin, les tendances déjà révélées dans le
cadre de l'enquête générale sur les conditions de vie des étudiants.
Tab 17 : Boissons (échantillon services sociaux, % en ligne)
eau
boissons alcoolisées
boissons sucrées
tous les
jours
plusieurs
fois par
semaine
une fois
par
semaine
rarement
jamais
total
89,1
0
17,3
10,3
8,6
37,8
0
19,4
12,8
0
36,7
24,4
0,6
35,3
3,2
100,0
100,0
100,0
Tab 18 : Boissons (échantillon Médecine Préventive, % en ligne)
eau
boissons alcoolisées
boissons sucrées
tous les
jours
plusieurs
fois par
semaine
une fois
par
semaine
rarement
jamais
total
96,4
0,5
18,6
2,4
4,4
40,1
0
25,0
16,5
0,7
52,2
20,0
0,5
17,9
3,3
100,0
100,0
100,0
❏ Au niveau des boissons sucrées, les comportements dans les deux échantillons sont
identiques. La consommation de boissons sucrées est plutôt courante : plus d'un étudiant sur
deux, en effet, consomme des boissons sucrées au moins "plusieurs fois par semaine". Les
hommes sont de plus grands consommateurs de boissons sucrées que les femmes : 71 %
d'entre eux consomment des boissons sucrées au moins une fois par semaine alors les
femmes, sans doute plus attentives à la prise de poids, ne sont "que" 53 % dans ce cas.
13
les étudiants et leur alimentation
4. La faim
4.1. Approche globale
Sur l'ensemble des étudiants interrogés3, 16,7 % des individus déclarent ne pas toujours
manger à leur faim ("tous les jours" ou "plusieurs fois par semaine" ou "une fois par semaine").
Ce pourcentage est très proche des résultats observés dans le cadre de l'enquête générale sur
les conditions de vie des étudiants4. De même, dans la présente enquête, 38 % des étudiants,
parmi ceux qui fréquentent les services sociaux déclarent ne pas toujours manger à leur faim,
un pourcentage qui, lui aussi, est très proche des valeurs observées chez les individus en
situation de précarité dans le cadre de l'enquête générale sur les conditions de vie des
étudiants5. Nous avons donc là une confirmation des résultats déjà mis en évidence :
de 14 à 17 % des étudiants ne mangent pas toujours à leur faim, un phénomène qui
concerne de 38 à 42 % des effectifs parmi les étudiants en situation de précarité avérée.
Tab 20 : Il vous arrive de ne pas manger à votre faim …
. Médecine Préventive
. Service Social
ensemble
(% en ligne)
tous les
jours
plusieurs
fois par
semaine
une fois
par
semaine
rarement
jamais
total
0,5
1,9
0,9
3,3
27,6
9,9
5,0
8,3
5,9
43,7
37,2
41,9
47,5
25,0
41,4
100,0
100,0
100,0
L'enquête actuelle nous permet d'approfondir l'analyse déjà entreprise dans le cadre de
l'enquête générale en évaluant notamment la fréquence du phénomène. Ainsi, il apparaît que
peu d'étudiants, parmi ceux qui fréquentent les services sociaux, disent ne pas manger "tous les
jours" à leur faim ce qui - a minima - est plutôt rassurant. En revanche, 28 % d'entre eux,
déclarent ne pas manger à leur faim plusieurs fois par semaine et 8 %, une fois par semaine.
Autrement dit, si le phénomène est rarement quotidien chez les individus en situation de
précarité, sa fréquence reste importante de sorte que l'on peut s'interroger quant à d'éventuelles
conséquences sur la santé des étudiants concernés.
3
Rappelons que la fusion des deux échantillons ne constitue pas un échantillon représentatif de la population
étudiante prise dans son ensemble.
4
14,6 % des étudiants déclaraient ne pas toujours manger à leur faim.
5
42 % des individus en situation de précarité (ceux qui se disaient "pas à l'aise du tout" sur le plan financier)
déclaraient ne pas toujours manger à leur faim.
14
les étudiants et leur alimentation
4.2. Les causes de la faim
Jusqu'ici, nous savions qu'une frange non-négligeable de la population étudiante souffrait de la
faim. Par contre, faute d'indicateurs, nous en étions réduits aux conjectures quant aux causes
réelles de la faim. Pour certains, le développement de la précarité dans le monde étudiant serait
moins à l'origine de la faim que les régimes alimentaires ou que les emplois du temps
déstructurés. La présente enquête montre que l'influence des régimes et plus encore, celle des
emplois du temps, sont bien réelles. En revanche, elles ne sauraient expliquer qu'une partie du
phénomène.
Tab 21 : Les causes de la faim
population souffrant de la faim
(% ligne)
ne mangent pas à leur faim
. Médecine Préventive
. Service Social
ensemble
par souci
d'économie
par manque
d'argent
pour éviter
la prise de
poids
par manque
de temps
9,5
26,3
16,4
9,5
60,0
30,2
18,2
20,0
19,0
81,8
49,5
68,5
% non cumulables : plusieurs réponses possibles simultanément.
76 % des étudiants des services sociaux qui ne mangent pas toujours à leur faim le font
en raison de problèmes d'argent ou par souci d'économie6. Cela ne les empêche pas, par
ailleurs, de souffrir également du manque de temps (50 %) ou de vouloir, comme d'autres, éviter
la prise de poids (20 %).
Au niveau de la population de Médecine Préventive, 15 % des étudiants qui ne mangent pas à
leur faim le font en raison de problèmes d'argent ou par souci d'économie. En fait, dans cette
population, c'est surtout le manque de temps qui apparaît comme le critère déterminant.
6
parmi les étudiants qui ne mangent pas toujours à leur faim, ceux qui le font en raison de problèmes d'argent ou par
souci d'économie représentent :
. Services sociaux : 72/95 (75,8 %)
. Médecine Préventive : 21/137 (15,3 %)
15
les étudiants et leur alimentation
4.3. La population en souffrance pour des raisons financières
(les étudiants qui souffrent de la faim en raison d'un manque d'argent ou par souci d'économie)
La population des étudiants en souffrance pour des raisons financières se caractérise par
une forte proportion d'étudiants étrangers (34 % des effectifs).
Les étudiants en souffrance pour des raisons financières sont beaucoup plus nombreux à
sauter des repas que la moyenne : 77 % d'entre eux sautent le petit déjeuner contre 47 % des
étudiants sur l'ensemble de la population, 60 % sautent parfois le repas du midi alors que cela
n'arrive qu'à 24 % des étudiants sur l'ensemble de la population et enfin, 39 % d'entre eux
sautent le repas du soir contre 18 % sur l'ensemble de la population.
Tab 22 : "Il vous arrive de sauter un repas" selon la population
(% en ligne)
Il vous arrive de sauter le
repas du …
. ne mangent pas à leur faim en raison d'un manque d'argent
. ne mangent pas à leur faim pour éviter la prise de poids
. ne mangeant pas à leur faim par manque de temps
. étudiants qui ne souffrent jamais de la faim
. tous les étudiants
matin
midi
soir
77,3
61,4
50,6
41,2
47,2
60,2
35,0
34,7
12,3
24,3
38,5
38,5
21,5
9,9
18,4
La fréquence de la faim chez les étudiants en souffrance pour des raisons financières est
sensiblement plus élevée que chez les étudiants qui souffrent de la faim par manque de temps
ou pour éviter la prise de poids. De fait, parmi les étudiants qui ont faim en raison d'un manque
d'argent, un étudiant sur deux a faim plusieurs fois par semaine, voire tous les jours.
Tab 23 : La fréquence de la faim selon la population
. faim par manque d'argent
. faim par manque de temps
. faim pour éviter prise de poids
(% en ligne)
tous les
jours
plusieurs
fois par
semaine
une fois
par
semaine
rarement
jamais
total
3,2
0
0
44,1
18,9
20,5
17,2
15,7
11,4
33,3
64,8
63,6
2,2
0,6
4,5
100,0
100,0
100,0
Au niveau de l'alimentation, les étudiants en souffrance pour des raisons financières ont une
consommation quotidienne de viande, de légumes, de laitages et de fruits sensiblement
inférieure à celle des étudiants qui mangent toujours à leur faim. Plus encore, la carence en
viande (consommation rare ou nulle) touche 22 % de ces étudiants, la carence en poisson, 58 %
de ces étudiants et la carence en œufs, 26 %. Les étudiants qui mangent rarement de la viande
16
les étudiants et leur alimentation
compensent en mangeant souvent des œufs (50 % plusieurs fois par semaine). Le même
phénomène de compensation s'opère pour les étudiants qui mangent rarement du poisson :
38 % mangent des œufs au moins plusieurs fois par semaine. En revanche, et contrairement à
ce qu'on pouvait imaginer, la consommation quotidienne de féculents n'est pas très différente de
ce qu'elle est chez les autres étudiants (40 % contre 34 %).
La consommation quotidienne d'un produit laitier, nécessaire pour l'apport en calcium, concerne
moins d'un étudiant sur deux (46 %) alors qu'elle touche 62 % des étudiants parmi ceux qui
mangent toujours à leur faim. Enfin, si 80 % des étudiants consomment des légumes au moins
plusieurs fois par semaine, ils ne sont que 50 % dans ce cas concernant les fruits.
Tab 24 : Alimentation
population en souffrance pour des raisons financières
tous les
jours
plusieurs
fois par
semaine
une fois
par
semaine
rarement
jamais
total
14,1
2,2
0
27,5
39,8
46,2
12,2
19,8
50,0
10,8
37,1
51,6
48,4
38,5
37,8
38,5
14,1
29,0
37,1
9,9
8,6
5,5
18,9
12,1
17,4
50,5
23,6
9,9
3,2
6,6
28,9
26,4
4,3
7,5
2,2
1,1
0
3,3
2,2
3,3
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
consomment
viande
poisson
œufs
légumes
féculents
laitages
fruits
sucreries
(% en ligne)
Tab 25 : Alimentation
étudiants ne souffrant pas de la faim
tous les
jours
plusieurs
fois par
semaine
une fois
par
semaine
rarement
jamais
total
29,7
1,3
1,3
40,3
34,0
62,3
35,3
16,0
58,5
25,3
30,4
50,8
62,6
28,0
45,0
43,0
7,6
46,8
40,1
5,0
2,5
4,2
10,5
14,3
3,0
23,6
24,1
3,4
0,8
4,7
8,4
22,8
1,3
3,0
4,2
0,4
0
0,8
0,8
3,8
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
consomment
viande
poisson
œufs
légumes
féculents
laitages
fruits
sucreries
(% en ligne)
83 % des étudiants qui souffrent de la faim pour des raisons financières estiment
qu'une aide alimentaire pourrait leur être utile. Parmi ceux-ci, 63 % des étudiants
souhaiteraient de l'argent, 57 % des tickets de RU et 30 % des colis alimentaires7. Les femmes
7
pourcentages non cumulables : plusieurs réponses possibles simultanément.
17
les étudiants et leur alimentation
privilégient l'indépendance : elles citent plus fréquemment les colis alimentaires8 et l'argent9,
tous moyens qui leur permettraient de confectionner elles-mêmes leurs repas. Les hommes,
eux, citent plus volontiers les tickets de RU (62 % contre 52 % des femmes). Enfin, si on croise
le sexe et la nationalité, on ne constate qu'un seul rejet massif : les hommes français ne veulent
pas du "colis alimentaire".
4.4. La population en souffrance pour des raisons autres que financières
4.4.1. La population en souffrance pour éviter la prise de poids
Le comportement alimentaire des étudiants qui veulent éviter la prise de poids est assez
paradoxal. Certes, ils consomment un peu moins de sucreries que les autres mais la différence
reste minime10. En fait, les étudiants qui surveillent leur poids sont surtout de moindres
consommateurs de poisson et de fruits. Par contre, ils consomment plus souvent des féculents :
47 % en consomment tous les jours contre 34 % chez les autres étudiants.
Tab 26 : Population en souffrance pour éviter la prise de poids (% ligne)
tous les
jours
plusieurs
fois par
semaine
une fois
par
semaine
rarement
jamais
total
25,0
0
2,3
37,2
46,5
61,4
25,0
15,9
56,8
20,9
27,3
53,5
39,5
22,7
45,5
36,4
6,8
37,2
45,5
0
11,6
4,5
9,1
18,2
6,8
34,9
22,7
9,3
2,3
9,1
20,5
25,0
4,5
7,0
2,3
0
0
2,3
0
4,5
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
consomment
viande
poisson
œufs
légumes
féculents
laitages
fruits
sucreries
Tab 27 : Etudiants ne souffrant pas de la faim
tous les
jours
plusieurs
fois par
semaine
une fois
par
semaine
rarement
jamais
total
29,7
1,3
1,3
40,3
34,0
62,3
35,3
16,0
58,5
25,3
30,4
50,8
62,6
28,0
45,0
43,0
7,6
46,8
40,1
5,0
2,5
4,2
10,5
14,3
3,0
23,6
24,1
3,4
0,8
4,7
8,4
22,8
1,3
3,0
4,2
0,4
0
0,8
0,8
3,8
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
consomment
viande
poisson
œufs
légumes
féculents
laitages
fruits
sucreries
(% en ligne)
8
colis alimentaires - femmes : 38 %, hommes : 21 %
argent - femmes : 67 %, hommes : 59 %
10
30 % des étudiants en souffrance pour éviter la prise de poids consomment "rarement" ou "jamais" de sucreries
contre 27 % des étudiants ne souffrant pas de la faim.
9
18
les étudiants et leur alimentation
Au niveau des boissons, la logique est mieux respectée puisque les étudiants au régime
s'avèrent de moindres consommateurs de boissons sucrées : 45 % d'entre eux consomment
des boissons sucrées au moins plusieurs fois par semaine alors que le taux est de 62 % chez
les étudiants qui ne souffrent pas de la faim.
Tab 28 : Boissons sucrées
. évitent prise de poids
. ne souffrent pas de la faim
(% en ligne)
tous les
jours
plusieurs
fois par
semaine
une fois
par
semaine
rarement
jamais
total
13,6
20,5
31,8
41,0
15,9
15,0
36,4
19,7
2,3
3,8
100,0
100,0
En revanche, chez les étudiants qui surveillent leur poids, la consommation d'alcool est plus
répandue et plus fréquente que chez les autres étudiants : 39 % contre 24 % en consomment au
moins une fois par semaine. Il est difficile toutefois d'imputer cette tendance au seul fait de
surveiller son poids ; l'âge des étudiants ainsi que l'origine sociale sont sans doute à prendre en
compte de manière prioritaire.
Tab 29 : Alcool
. évitent prise de poids
. ne souffrent pas de la faim
(% en ligne)
tous les
jours
plusieurs
fois par
semaine
une fois
par
semaine
rarement
jamais
total
0
0,9
9,3
2,2
30,2
21,6
46,5
55,5
14,0
19,8
100,0
100,0
Enfin, les étudiants au régime grignotent un peu moins fréquemment que les autres étudiants.
En l'occurrence, c'est le grignotage quotidien qui est moins répandu car pour le reste on
constate que 46 % des étudiants qui surveillent leur poids grignotent tout de même plusieurs fois
par semaine.
Tab 30 : Fréquence du grignotage selon le profil
. évitent prise de poids
. manquent de temps
. ne souffrent pas de la faim
(%en ligne)
tous les
jours
plusieurs
fois par
semaine
une fois
par
semaine
rarement
jamais
total
11,4
19,6
23,5
45,5
38,6
32,4
9,1
12,0
6,7
31,8
26,6
32,4
2,3
3,2
5,0
100,0
100,0
100,0
19
les étudiants et leur alimentation
4.4.2. La population en souffrance par manque de temps
Le profil alimentaire des étudiants qui ne mangent pas toujours à leur faim en raison d'un
manque de temps se caractérise par des carences en viande, en poisson et en fruits. Par
contre, les étudiants concernés consomment plus de sucreries que les autres et ils grignotent
plus souvent que les étudiants au régime mais moins cependant que les étudiants ne souffrant
pas de la faim.
Tab 31 : Alimentation
étudiants en souffrance par manque de temps
tous les
jours
plusieurs
fois par
semaine
une fois
par
semaine
rarement
jamais
total
25,2
0,6
1,9
41,1
38,0
60,5
24,1
19,2
56,6
19,6
31,0
45,6
53,8
33,8
43,0
47,4
10,1
38,6
41,1
6,3
5,7
1,9
13,9
12,8
5,7
36,1
23,4
7,0
2,5
3,2
17,7
19,2
2,5
5,1
2,5
0
0
0,6
1,3
1,3
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
consomment
viande
poisson
œufs
légumes
féculents
laitages
fruits
sucreries
(% en ligne)
5. L'I.M.C.
L'IMC est l'indice de masse corporelle. Le calcul de l'IMC obéit à la formule :
IMC=poids(kg)/taille(m)2.
En fonction de l'IMC on distingue 4 cas :
A.
B.
C.
D.
IMC < 18,5 : poids insuffisant
IMC entre 18,5 et 24,9 : poids normal
IMC entre 25,0 et 29,9 : excès de poids
IMC > 30,0 : obésité (avec 3 classes : I, II et III).
Au total, sur les deux échantillons cumulés, trois étudiants sur quatre présentent un poids
normal, 14 % un poids insuffisant et 10 % sont en excès de poids voire en situation d'obésité.
Tab 32 : IMC selon le service
(% en ligne)
IMC
. Médecine Préventive
. Service Social
ensemble
A poids
insuffisant
B poids
normal
C excès de
poids
D obésité
total
14,0
13,0
13,8
77,3
71,4
75,7
6,7
14,3
8,8
2,0
1,3
100,0
100,0
100,0
20
1,8
les étudiants et leur alimentation
Les étudiants en situation de précarité se distinguent non pas par un poids inférieur aux
autres mais plutôt par une plus forte proportion d'individus en excès de poids. Ces
derniers, en effet, sont deux fois plus présents dans la population des services sociaux que dans
la population de Médecine Préventive.
Si on étudie la relation entre l'IMC (cas A, B, C, D) et la faim ("Vous arrive-t-il de ne pas manger
à votre faim ?" : tous les jours, plusieurs fois par semaine, une fois par semaine, rarement,
jamais) via le test du chi2, on constate que les deux variables sont indépendantes11. Autrement
dit, il n'a pas de relation statistique avérée entre le faim de souffrir ou non de la faim et
l'IMC. L'hypothèse d'un poids inférieur à la normale en lien avec le fait de souffrir ou non
de la faim est donc rejetée. De fait, le profil de l'I.M.C. des étudiants qui souffrent de la faim est
très proche de celui des étudiants qui ne souffrent jamais de la faim et qui n'ont pas besoin
d'aide alimentaire : si 20 % des individus qui déclarent ne pas toujours manger à leur faim ont
un poids insuffisant, c'est aussi le cas pour 18 % des étudiants qui ne souffrent pas de la faim.
Tab 33 : L'IMC selon le profil des étudiants
(% en ligne)
IMC
A poids
insuffisant
B poids
normal
C excès de
poids
D obésité
total
. souffrent de la faim (ts les jrs ou plusieurs
fois par sem. ou une fois par sem.)
20,2
69,1
10,6
0
100,0
. ne souffrent pas de la faim et
ne veulent pas d'aide alimentaire
18,5
73,8
6,7
1,0
100,0
De même, on trouve des étudiants qui ne mangent pas à leur faim ("tous les jours" ou "plusieurs
fois par semaine" ou "une fois par semaine") tout à la fois chez les étudiants dont le poids est
insuffisant (25 %), chez les étudiants en poids normal (15 %) et chez les étudiants en excès de
poids (17 %). Le phénomène est donc relativement complexe à appréhender. Néanmoins, et
malgré toutes les nuances apportées, le simple exposé des faits hors de toute réflexion quant à
la structure des causalités ne peut laisser indifférent : certains étudiants en poids insuffisant ont
des problèmes financiers tels qu'ils ne peuvent subvenir totalement à leur alimentation.
11
V=16,56, V'=21,03 avec un risque d'erreur de 5% et 12 degrés de liberté, V<V', l'hypothèse de l'indépendance est
retenue
21
les étudiants et leur alimentation
6. Les étudiants en poids insuffisant
Le profil alimentaire des étudiants en poids insuffisant12 est assez paradoxal : ils consomment
des boissons sucrées beaucoup plus fréquemment que les autres étudiants, ils boivent moins
d'alcool que les autres, ils grignotent plus fréquemment au quotidien, ils sautent beaucoup
moins souvent le petit déjeuner, moins souvent le repas du midi et moins souvent le repas du
soir. Apparemment, le poids insuffisant est plus induit par des facteurs d'ordre pathologique que
par des pratiques alimentaires spécifiques. Pour le reste, il convient de relever que certains
étudiants, en proportion non négligeable, ont un poids insuffisant mais n'ont été identifiés ni
comme souffrant de la faim (75 % n'en souffrent pas), ni comme demandeurs d'aide alimentaire
(79 % n'ont pas besoin d'aide).
Les femmes sont beaucoup plus nombreuses que les hommes à présenter un poids insuffisant.
A cela plusieurs hypothèses : les critères de beauté actuels qui privilégient la maigreur13, le
développement de l'anorexie voire une hypothétique féminisation de la précarité… Plusieurs
facteurs peuvent d'ailleurs jouer simultanément.
Tab 34 : L'IMC selon le sexe
(% en ligne)
IMC
. hommes
. femmes
ensemble
A poids
insuffisant
B poids
normal
C excès de
poids
D obésité
total
4,3
18,4
13,8
84,3
71,5
75,7
10,8
7,7
8,8
0,5
2,4
1,80
100,0
100,0
100,0
Bien qu'ils soient fortement touchés par le développement de la précarisation dans la monde
étudiant, les étudiants étrangers sont peu nombreux à avoir un poids insuffisant. Ils sont bien
moins nombreux dans ce cas, en proportion, que les étudiants français.
Tab 35 : L'IMC selon la nationalité
(% en ligne)
IMC
. français
. étrangers
ensemble
A poids
insuffisant
B poids
normal
C excès de
poids
D obésité
total
14,6
5,8
13,8
74,8
84,6
75,7
8,9
7,7
8,8
1,8
1,9
1,8
100,0
100,0
100,0
12
IMC < 18,5 : poids insuffisant
"Selon les indicateurs des revues de beauté, le poids idéal d'une femme mesurant 1,68 m est passé de 60 kg en
1933 à… 48 kg en 2001 !", Histoire de la beauté, Georges Vigarello, Seuil, 2004
13
22
les étudiants et leur alimentation
7. Les
Les étudiants en excès de poids
Si on se fie aux présents résultats, on ne peut expliquer l'origine de l'excès de poids par les
différents profils alimentaires dégagés. Les étudiants en excès de poids14 sont moins nombreux
à consommer des boissons sucrées, ils ne boivent pas plus d'alcool que les autres et ils
grignotent moins fréquemment que les autres étudiants. Au niveau de l'alimentation, ils
consomment un peu plus de viande, plus de poisson et d'œufs, autant de féculents, moins de
légumes, moins de laitages, moins de fruits et moins de sucreries.
Tab 36 : Alimentation
population en excès de poids
viande
poisson
œufs
légumes
féculents
laitages
fruits
sucreries
(% en ligne)
tous les
jours
plusieurs
fois par
semaine
une fois
par
semaine
rarement
jamais
total
25,4
1,7
0
32,8
32,2
55,9
24,1
10,2
61,0
25,4
34,5
50,0
61,0
30,5
32,8
33,9
10,2
37,3
37,9
8,6
6,8
1,7
17,2
15,3
1,7
32,2
25,9
8,6
0
10,2
24,1
40,7
1,7
3,4
1,7
0
0
1,7
1,7
0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
Tab 37 : Alimentation
population en poids normal
viande
poisson
œufs
légumes
féculents
laitages
fruits
sucreries
(% en ligne)
tous les
jours
plusieurs
fois par
semaine
une fois
par
semaine
rarement
jamais
total
25,8
1,2
1,4
37,2
32,9
60,5
28,3
18,4
56,9
22,5
30,9
51,4
61,4
31,8
44,7
42,0
8,1
43,4
40,0
5,7
4,0
3,6
13,7
13,6
7,8
28,4
23,9
5,5
1,7
3,8
12,4
22,0
1,4
4,5
3,8
0,2
0
0,2
1,2
4,1
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
En fait, les liens de causalité ne sont pas à rechercher dans la nature même de l'alimentation
mais plutôt dans son équilibre général, dans les quantités (non précisées il est vrai dans le
cadre du questionnaire) ainsi que dans les modes de vie des étudiants (sédentaires ou pas). De
fait, l'alimentation des étudiants en excès de poids apparaît non pas marquée par une
consommation plus fréquente de certains aliments (type viande ou sucre) mais plutôt par
certains déséquilibres, certaines carences (légumes, laitages…).
14
IMC entre 25,0 et 29,9 : excès de poids, IMC > 30,0 : obésité (avec 3 classes : I, II et III)
Une augmentation de l'IMC accroît le risque de voir se développer certaines maladies. C'est notamment le cas de
certaines maladies cardiovasculaires, de certaines maladies pulmonaires ou encore des affections touchant les
articulations.
23
les étudiants et leur alimentation
Tab 38 : Consommation de boissons sucrées et IMC
. poids insuffisant
. poids normal
. excès de poids
tous les
jours
plusieurs
fois par
semaine
une fois
par
semaine
rarement
jamais
total
28,9
17,4
15,3
42,1
40,3
43,1
15,8
15,2
17,2
11,8
22,9
24,1
1,3
4,1
0
100,0
100,0
100,0
Tab 39 : Consommation d'alcool et IMC
. poids insuffisant
. poids normal
. excès de poids
(% en ligne)
(% en ligne)
tous les
jours
plusieurs
fois par
semaine
une fois
par
semaine
rarement
jamais
total
0
0,5
0
0
6,2
7,4
17,6
24,8
20,4
45,9
48,0
51,9
36,5
20,5
20,4
100,0
100,0
100,0
Tab 40 : Grignotage et IMC
. poids insuffisant
. poids normal
. excès de poids
(% en ligne)
tous les
jours
plusieurs
fois par
semaine
une fois
par
semaine
rarement
jamais
total
35,1
17,5
11,9
29,9
38,9
42,4
6,5
8,3
6,8
23,4
29,6
33,9
5,2
5,7
5,1
100,0
100,0
100,0
Les étudiants obèses sont peu nombreux (moins de 2 % sur les 2 échantillons cumulés). Ils
mangent plus souvent au fast-food que les autres étudiants : 10 % d'entre eux y mangent
plusieurs fois par semaine alors que les autres étudiants ne sont que 2 % dans ce cas et 20 % y
mangent au moins une fois par semaine contre un taux de 14 % chez les autres étudiants. Ils
grignotent plus souvent (80 % au moins plusieurs fois par semaine). Par contre, ils fréquentent
moins souvent le Resto U (50 % n'y vont jamais).
De nombreux étudiants en excès de poids ou en situation d'obésité sont, eux aussi,
demandeurs d'une aide alimentaire. Ils sont même plus nombreux dans ce cas que les étudiants
en poids insuffisant (30 % contre 21 %) ou que les étudiants en poids normal (26 %). Par contre,
ils souffrent moins fréquemment de la faim que les étudiants en poids insuffisant.15
15
souffrent de la faim tous les jours ou plusieurs fois par semaine : étudiants en poids insuffisant : 14,3 %, étudiants
en poids normal : 10,6 %, étudiants en excès de poids ou obésité : 8,5 %
24
les étudiants et leur alimentation
8. Evaluation des besoins
de larges besoins en aide alimentaire
Les demandes d'aides alimentaires ne se concentrent pas uniquement sur la population des
étudiants en souffrance pour raisons financières. On trouve aussi des demandes d'aides
alimentaires parmi les étudiants qui ne mangent pas à leur faim pour éviter la prise de poids ou
par manque de temps ou d'autres encore, parmi ceux qui mangent toujours à leur faim. En fait,
la population des étudiants en souffrance pour des raisons financières clairement établies ne
représente que 52 % des demandes d'aides alimentaires ; 48 % des demandes sont donc le fait
d'autres populations.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce phénomène. Par pudeur certains étudiants ont peut-être
éprouvé des difficultés à dire qu'il leur arrivait de ne pas manger à leur faim mais ont jugé plus
facile de se positionner sur une aide alimentaire. Par ailleurs, il était sans doute réducteur de
penser que les aides alimentaires ne pouvaient être utiles qu'aux seuls étudiants ne mangeant
pas toujours à leur faim. Les besoins dépassent le cadre strict de l'alerte grave : parmi les
étudiants qui mangent toujours à leur faim, certains ont sans doute une alimentation peu
équilibrée, reposant sur une base de produits économiques et peu variés. Pour ces derniers,
une aide alimentaire est également nécessaire.
Dès lors, il est possible de distinguer 2 profils concernant les étudiants qui ont besoin d'aide :
-
A. les étudiants qui souffrent de la faim pour des raisons financières.
B. les étudiants qui souhaitent une aide alimentaire en dehors de la population en souffrance
pour raisons financières (étudiants qui ne souffrent pas de la faim ou qui souffrent de la faim
pour cause de régime ou qui souffrent de la faim par manque de temps).
On peut comparer ces deux profils avec le profil des étudiants qui ne souffrent pas de la faim et
qui ne souhaitent pas d'aide alimentaire (profil C).
Tab 41 : carences selon le profil
profil A
(% en colonne)
profil B
profil C
consomment rarement ou jamais
viande
poisson
fruits
21,7
58,0
31,1
13,0
38,8
18,8
4,0
22,8
7,4
On constate que le profil alimentaire B, celui des étudiants qui souhaitent une aide alimentaire
alors qu'ils n'ont pas - a priori - de problèmes financiers, se caractérise par des carences de
niveau intermédiaire pour ce qui concerne la viande, le poisson et les fruits.
25
les étudiants et leur alimentation
Profil B : la nature de l'aide
Les besoins des étudiants de profil B (carences alimentaires moyennes) apparaissent sans
doute moins urgents, moins immédiats, que ceux des étudiants de profil A (carences fortes). En
effet, là où les étudiants de profil A tendent à valider deux, voire les trois propositions pouvant
répondre à leurs besoins (tickets - argent - colis), les étudiants du profil B font des choix plus
sélectifs. Les premiers signifient l'urgence de leur situation - en somme, l'aide, quelle qu'elle soit,
importe plus que sa nature -, tandis que les seconds font des choix plus qualitatifs. Par ailleurs,
les priorités ne sont pas exactement les mêmes dans les deux populations : les étudiants du
profil A privilégient l'argent (à 63 %) et les étudiants du profil B, les tickets de Resto U (à 49 %).
Tab 42 : Besoins selon le profil
. argent
. tickets RU
. colis alimentaire
profil A
profil B
63,2
56,6
30,3
43,3
49,3
17,9
% en colonnes, non cumulables
Quand on croise le profil et le sexe des étudiants, on constate que les demandes sont assez
spécifiques. Les colis alimentaires, par exemple, correspondent plutôt à des demandes
féminines et s'inscrivent plutôt dans un contexte de forte précarité. En conséquence, les
populations les plus demandeuses de colis alimentaires sont les femmes de profil A (fortes
carences).
Tab 43 : Nature de l'aide selon le profil et le sexe
des demandeurs d'aides
. profil A
. profil B
argent
tickets RU
colis
alimentaires
58,8
66,7
47,4
41,7
61,8
52,4
47,4
50,0
20,6
38,1
10,5
20,8
hommes
femmes
hommes
femmes
% en ligne, non cumulables
Profils selon les services
Au niveau des services sociaux, 46 % des étudiants relèvent du profil A (fortes carences) et
27 % du profil B (carences moyennes). Au niveau de la Médecine Préventive, 5 % des étudiants
relèvent du profil A et 6,4 % du profil B.
26
les étudiants et leur alimentation
Si on cumule les profils A et B, on obtient 11 % des étudiants de Médecine Préventive et 73 %
des étudiants des services sociaux.
Tab 44 : Profils selon les services
(% en ligne)
carences alimentaires
. Médecine Préventive
. Service Social
ensemble
graves
moyennes
aucune
profil A
profil B
profil C
autre
total
5,0
46,2
16,2
6,4
26,9
12,0
42,7
14,7
35,1
45,8
12,2
36,7
100,0
100,0
100,0
La proximité à la famille est un rempart contre la faim
La famille reste le meilleur rempart contre la faim. Les étudiants en carence alimentaire forte
(profil A) ou moyenne (profil B) mangent peu souvent dans leur famille (respectivement
seulement 23 % et 36 % des étudiants y mangent au moins plusieurs fois par semaine). Chez
les étudiants qui ne souffrent pas de la faim et qui n'ont pas besoin d'aide (profil C), la
fréquentation des parents est beaucoup plus importante : 70 % des individus mangent plusieurs
fois par semaine, au moins, chez leurs parents.
Tab 45 : Mangent dans la famille…
. tous les jours ou plusieurs fois par semaine
. une fois par semaine
. rarement ou jamais
total
(% en colonne)
profil A
profil B
profil C
23,4
14,3
62,3
100,0
44,8
12,1
43,1
100,0
69,8
13,2
16,9
100,0
Evaluation des besoins
Les deux échantillons constitués (Médecine Préventive et services sociaux) possèdent des biais
statistiques importants. L'échantillon des services sociaux est essentiellement constitué
d'individus en situation de précarité. Au niveau de la Médecine Préventive, il existe une surreprésentation des jeunes (les 17-18 ans représentent 52 % des effectifs dans l'échantillon
contre 12 % dans la population mère) et une sous-représentation des étudiants étrangers (2,4 %
dans l'échantillon, 9,3 % dans la population-mère). De fait, la proportion de 11 % des étudiants
correspondant au cumul des profils A et B dans l'échantillon Médecine Préventive sous-évalue
27
les étudiants et leur alimentation
très certainement l'ampleur des besoins. En effet, les étudiants étrangers sont, en proportion,
beaucoup plus touchés par la précarité que les étudiants français. Par ailleurs, les étudiants les
plus jeunes ne sont pas ceux qui sont le plus touchés par la précarité. On l'a vu précédemment,
la proximité avec la famille constitue un rempart contre la faim. Or, les liens avec la famille se
distendent avec l'âge des étudiants, à mesure que s'opère la prise d'indépendance.16
Dès lors, pour évaluer l'ampleur des besoins en aide alimentaire, nous avons opéré un
redressement statistique portant simultanément sur la nationalité et sur l'âge au niveau de la
seule population de Médecine Préventive. De la sorte, sur l'ensemble de la population
étudiante de l'Université de Limoges, on peut estimer que les besoins - au sens large17 pourraient concerner 21 % de la population étudiante (11,5 % en profil A - fortes carences et 9,9 % en profil B - carences moyennes-). Cette valeur peut sembler considérable. Elle est
pourtant en phase avec les chiffres antérieurs (de 15 à 17 % des étudiants ne mangeant pas
toujours à leur faim).
Les tendances observées dans le cadre de cette enquête confirment et les résultats des
travaux précédents et le sentiment des acteurs sur le terrain. La précarité se développe
dans le monde étudiant. Ce qui semblait acquis il y a quelques années - chacun mange à
sa faim - n'est plus vrai aujourd'hui. La conjoncture n'est plus la même, l'environnement
s'est modifié et la population étudiante, elle-même, s'est profondément transformée.
Ainsi, en octobre 2004, la FAGE et le Secours Populaire Français ont lancé une collecte
de tickets de Resto U pour soutenir les étudiants en difficulté et leur permettre de prendre
des repas équilibrés18. Le mouvement est donc général et d'ampleur. Bien sûr,
l'alimentation des étudiants est un sujet complexe, les corrélations entre variables et les
liens de causalités sont difficiles à appréhender. Néanmoins, ce travail confirme un fait
essentiel : certains étudiants ne mangent pas toujours à leur faim. Et au-delà, il nous
indique que les besoins sont plus larges qu'on pouvait l'imaginer : ils dépassent le cadre
strict des étudiants en détresse. L'aide alimentaire ne doit pas seulement être envisagée
comme une solution curative. Elle pourrait aussi constituer un outil préventif essentiel en
permettant justement à certains étudiants de ne pas verser dans la précarité.
16
Dans l'enquête sur les conditions de vie des étudiants, on pouvait constater que les étudiants "pas à l'aise du tout
sur le plan financier" ou "pas très à l'aise" représentaient 15 % des effectifs chez les 18 ans pour monter
progressivement à 50 % chez les individus de plus de 22 ans.
17
profil A + profil B
18
Cette campagne avait pour slogan : "Danger : étudiant ventre vide".
28
les étudiants et leur alimentation
ANNEXE :
alimentation selon les profils
Profil A : population en souffrance pour des raisons financières
viande
poisson
œufs
légumes
féculents
laitages
fruits
sucreries
(% en ligne)
tous les
jours
plusieurs
fois par
semaine
une fois
par
semaine
rarement
jamais
total
14,1
2,2
0
27,5
39,8
46,2
12,2
19,8
50,0
10,8
37,1
51,6
48,4
38,5
37,8
38,5
14,1
29,0
37,1
9,9
8,6
5,5
18,9
12,1
17,4
50,5
23,6
9,9
3,2
6,6
28,9
26,4
4,3
7,5
2,2
1,1
0
3,3
2,2
3,3
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
Profil B : population qui souhaite une aide
hors population en souffrance pour des raisons financières
viande
poisson
œufs
légumes
féculents
laitages
fruits
sucreries
(% en ligne)
tous les
jours
plusieurs
fois par
semaine
une fois
par
semaine
rarement
jamais
total
26,1
0
0
23,5
38,8
58,8
21,7
20,6
53,6
28,4
41,2
57,4
56,7
26,5
43,5
33,8
7,2
32,8
27,9
4,4
3,0
2,9
15,9
7,4
11,6
37,3
23,5
14,7
1,5
10,3
17,4
36,8
1,4
1,5
7,4
0
0
1,5
1,4
1,5
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
Profil C : population qui ne souffre pas et ne veut pas d'aide
viande
poisson
œufs
légumes
féculents
laitages
fruits
sucreries
(% en ligne)
tous les
jours
plusieurs
fois par
semaine
une fois
par
semaine
rarement
jamais
total
27,0
1,0
1,5
42,1
33,2
61,5
38,6
15,4
60,5
25,7
29,2
49,0
62,9
29,5
43,1
43,3
8,5
50,5
41,1
5,4
3,0
4,5
10,9
15,4
2,5
19,3
25,2
3,0
1,0
4,0
6,9
21,4
1,5
3,5
3,0
0,5
0
0,5
0,5
4,5
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
100,0
29

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