Transition numérique: le DAB/DAB+ n`est pas le remède obligé!

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Transition numérique: le DAB/DAB+ n`est pas le remède obligé!
La Coordination des radios associatives et d’expression
communique :
Florenville, le 21 mai 2015
Transition numérique: le DAB/DAB+ n’est pas le remède obligé!
Fin des autorisations d’émettre
Les autorisations d’émettre des radios privées indépendantes ou en réseau de la Fédération
Wallonie-Bruxelles (FWB) expireront en 2017. À en croire la presse, le service public et au moins un
réseau de radios commerciales souhaitent passer à la radiodiffusion numérique en DAB/DAB+ dès
2017, à l’instar de ce qui est annoncé pour la Flandre.
Une transition numérique harmonieuse et équitable ?
Même si le choix de la norme de radiodiffusion DAB/DAB+ semble adéquat pour de grands réseaux
d’émetteurs, les capacités numériques actuelles de la FWB ne permettront pas de procéder à une
transition harmonieuse vers la diffusion numérique si on se limite à exploiter uniquement le
DAB/DAB+.
Une telle transition ne serait équitable ni pour les diffuseurs, ni pour le public dont la diversité de
l’offre radiophonique serait considérablement réduite, ce qui irait à l’encontre des dispositions du
Plan Stratégique de Transition Numérique (PSTN) de la FWB (finalisé en juillet 2007 suite à un long
travail de concertation entre le CSA, le public, les opérateurs et l’autorité publique), ainsi que de la
résolution 241 (18 juillet 2011) du parlement le la communauté française.
Disparition de 50% des radios indépendantes ?
Si l’on se réfère à la situation actuelle, près de 50% des radios indépendantes pourraient disparaître,
ou du moins devenir les laissées-pour-compte d’un cadastre numérique basé uniquement sur la
norme DAB/DAB+.
Coexistence pacifique
Une solution conservatrice serait de renoncer sine die à l’extinction de la bande FM, ou comme
certains pays en ont déjà décidé (Suède, Pays-Bas, Danemark, Grande-Bretagne, Allemagne…) de
permettre la coexistence de la FM et du DAB/DAB+ pendant 5 à 10 ans.
Solutions alternatives
À côté de la norme DAB qui remonte à 1985 et dont l’exploitation a débuté en 1995, une nouvelle
norme a été agréée en 2011 par l’Union Internationale des Télécommunications (UIT). Cette norme,
le DRM+, permet la diffusion numérique sur les fréquences actuellement utilisées pour la diffusion
analogique en FM. Bien entendu, le PSTN de 2007 ne suggère pas de voir coexister le DAB/DAB+ avec
la norme DRM+ qui n’était pas reconnue par l’UIT à l’époque. Mais il est certain que la mise à jour du
PSTN inclurait une telle suggestion, car c’est probablement le seul moyen de permettre une
transition harmonieuse de la radiodiffusion analogique à la radiodiffusion numérique terrestre (RNT).
Un rapport technique de l’Union européenne de Radio-télévision (UER) de février 2013 préconise
d’ailleurs d’utiliser la radiodiffusion en DRM+ là où le DAB/DAB+ serait inexploitable.
Similaires, mais très différentes et complémentaires
DAB/DAB+ et DRM+ sont des normes quasi équivalentes quant aux innovations techniques qu’elles
apportent par rapport à la FM. Toutefois, trois différences importantes les distinguent :
1) Alors que le DAB+ est limité à la bande III (174 à 230 MHz), la norme DRM+ permet la
diffusion entre 30 et 300 MHz, ce qui inclut la bande III, mais surtout la bande II (87.5 à 108
MHz) actuellement utilisée pour la radiodiffusion analogique en FM.
2) Un radiodiffuseur qui souhaiterait passer immédiatement en mode DRM+ pourrait le faire
sans changer de fréquence ni d’antenne et dans certains cas en procédant à une simple mise
à niveau de son émetteur. Le mode DRM+ contrairement au DAB/DAB+ ne nécessite pas
d’installations de multiplexage coûteuses en investissement et en fonctionnement, ni de
faire appel à un opérateur auquel serait confiée la gestion du parc d’émetteurs DAB. Il offre
donc la possibilité à un diffuseur de garder une totale indépendance vis-à-vis d’une
quelconque tierce partie et de maîtriser l’ensemble de ses outils de production, diffusion
hertzienne comprise.
3) Le mode DRM+ permet la diffusion simultanée, sur la même fréquence, d’un signal
analogique en FM et d’un signal numérique, ce que ne peut pas faire le DAB/DAB+.
La fin des brouillages
Techniquement, même en se passant du DAB/DAB+, le DRM+ permettrait de régler tous les
problèmes de brouillages et d’encombrement de la bande FM, non seulement en Belgique, mais
aussi dans tous les pays où cette bande est saturée, comme en Allemagne par exemple. En effet, en
diffusion analogique, la FM mobilise 200 kHz de largeur de bande par radiodiffuseur alors que le
DRM+ ne nécessite que 96 kHz. Ainsi, en remplaçant chaque site d’émission FM par un site de
diffusion en DRM+ dont le signal numérique serait centré sur la même fréquence que le signal FM
qu’il remplace, tout brouillage cesserait automatiquement.
Économies d’énergie
Mais ce n’est pas tout, des calculs basés sur les recommandations de l’UIT montrent que pour couvrir
une même zone géographique, la diffusion en DRM+ n’aurait besoin que d’une fraction de la
puissance utilisée par un émetteur FM. Avec en plus, la possibilité d’émettre trois programmes
distincts sur la même fréquence. Le tout permettant une consommation électrique dix fois moindre
de celle qui est nécessaire en FM.
Quel nouveau plan de fréquence pour la Fédération Wallonie-Bruxelles en 2017 ?
Dans deux ans, les autorisations d’émettre des radios indépendantes ou en réseau viendront à
expiration et il est temps de s’interroger sur ce que sera le paysage radiophonique d’après 2017.
Assisterons-nous à une reconduction temporaire des autorisations d’émettre dans la bande FM ?
Un nouvel appel d’offres pourra-t-il voir le jour en temps utile ? Dans le cadre d’un plan de fréquence
basé sur la diffusion simultanée en FM et en DAB+ qui soit harmonieux et équitable ? Dans le cadre
d’un plan prévoyant la cohabitation transitoire de la FM, du DAB+ et du DRM+ ? Les autorités
politiques lanceront-elles un appel aux industriels pour que les futurs récepteurs radio soient
multistandards ?
Voilà des questions auxquelles les radios indépendantes aimeraient avoir une réponse rapide…
Georges Kohnen
Président, craXX asbl
Pierre Mengal
Président du GRIF
Groupement des Radios Indépendantes Francophones
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+32 496 232626
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