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LE JAPON à la page Le journal de Jetro Paris - n°53 / 4e trimestre 2006 Tribune SOMMAIRE 1/TRIBUNE 1/LES BRÈVES 2/ÉCONOMIE Nutrition et santé au rang des préoccupations nationales au Japon 5/INTERVIEW Guillaume Dureau, Areva NP 6/Les nouveaux programmes d’invitation de Jetro 7/INVESTIR Animation : des studios japonais à la rencontre la création française 9/INNOVER Relancer la coopération industrielle franco-japonaise : les hautes technologies en première ligne 10/Jetro Bizmatch@CEATEC Japan 10/À VOS AGENDAS 11/HORIZONS JAPON Les « konbini » évoluent 12/LAURIERS À L’Auvergne à l’heure japonaise Le redressement de l'économie japonaise se poursuit : au dernier trimestre, de juillet à septembre, le PNB réel a augmenté de 0,5 point, permettant au Japon d'enregistrer son plus long cycle de croissance depuis 1945. Les investissements domestiques ont contribué de façon positive à ce bon résultat et nous escomptons maintenant une stimulation de la consommation qui bénéficiera à la croissance économique. De nouvelles tendances apparaissent dans notre économie, à commencer par l'industrie du contenu. Ce phénomène est perceptible aussi en France où, par exemple, le célèbre manga Naruto s'est classé en deuxième position des ventes en librairie. Toujours à propos de l'industrie du contenu, nous avons organisé en octobre dans le cadre d'échanges interrégionaux une rencontre entre des entreprises japonaises et des créateurs de la région Ile-de-France dans le secteur de l'animation. Ces rencontres leur ont permis de mieux connaître leur compétitivité respective et d'appréhender leurs points communs. Ainsi de nouvelles idées de développement peuvent émerger. En conservant cette même approche, nous serons présents à Cannes au Mip-TV et nous allons organiser en octobre 2007 à Tokyo un festival du contenu qui réunira les différents secteurs de cette industrie. Un autre sujet qui nous occupe particulièrement concerne la protection des droits intellectuels. Fin novembre, lors de la visite à Tokyo de Christine Lagarde, ministre du Commerce extérieur, nous avons eu des échanges intéressants sur les moyens de renforcer la protection, sur les domaines à privilégier et la constitution d'un réseau entre la France et le Japon. Le ministre des Finances Thierry Breton … Les brèves Le Japon a enregistré en novembre sa plus longue période d'expansion depuis 1945 avec 58 mois consécutifs de croissance, battant le record du fameux « boom Izanagi » entre novembre 1965 et juillet 1970. /// / / / Malgré une baisse des exportations, l'excédent de la balance commerciale japonaise reste confor table avec 4 millions d'euros en octobre. ///// / Le gouvernement de Shinzo Abe veut accélérer sa politique de décentralisation programmée sur trois ans.////// Selon une enquête du Nihon Keizai Shimbun réalisée auprès de plus de 250 grandes entreprises japonaises, les dépenses de R&D devraient augmenter de plus de 7 % au cours de l'année fiscale 2006, sur tout dans l'industrie automobile, les technologies de l'information et les produits pharmaceutiques.///// / Nutrition et santé au rang des préoccupations nationales … devrait se rendre au Japon en février. A ce moment, un symposium permettra de mettre en œuvre une collaboration plus concrète. Nous poursuivons par ailleurs notre action de promotion de la « Japan Brand ». En octobre, plus de quinze entreprises japonaises ont exposé leurs produits au Sial : saké, umeshu, sushis surgelés, vinaigre, thé… Ces produits sont tous d'excellente qualité. Nous pensons qu'ils séduiront les consommateurs français, très attirés par la cuisine japonaise. En janvier, nous serons au salon Maison & Objet pour exposer des produits artisanaux, mais aussi le nouveau design moderne du Japon, le « nouveau japonisme ». Au Midem de Cannes, de jeunes artistes japonais, chanteurs et musiciens, présenteront les nouvelles tendances de la « Japan Pop ». On se rend bien compte dans les boutiques et dans les restaurants à Paris de ce retour du Japon, de ce « nouveau japonisme », que j'ai décrit dans la revue Cités (n°27), parue dernièrement. Concernant les partenariats entre entreprises, un séminaire s'est tenu fin novembre à Tokyo, où des grands chefs SOCIÉTÉ d'entreprises françaises ont fait part de leur expérience dans la finance, l'industrie et l'agro-alimentaire. S'il représente un marché à part entière dans la finance, le Japon est aussi vu comme une porte d'accès sur l'Asie. Plutôt que de jouer la carte unique de la Chine, marché risqué et surévalué, il faut développer une stratégie d'investissement plus large en Asie, dans une démarche « Chine + 1 ». J'espère que le Premier ministre Abe maintiendra une politique en faveur de l'augmentation des investissements directs étrangers, parce qu'ils permettent de changer les structures du Japon. Notre économie dépend aujourd'hui plus des flux de capital que de son commerce extérieur. A Jetro Paris, nous poursuivons nos efforts pour accroître les alliances francojaponaises. En décembre se tiendra un séminaire en Auvergne, puis à Bordeaux début 2007. Enfin, en mars nous organiserons à Paris, avec le Minefi, l'Afii, le Meti et les chambres de commerce un symposium consacré à l'attractivité du marché japonais. Tsuyoshi Nakai, Directeur général DERNIÈRE MINUTE ! Séminaire exceptionnel à Paris sur le nouveau marché japonais et ses opportunités. Date à définir (2e quinzaine de mars 2007). CONTACT : Patricia Cohen au 01 42 61 59 77 Nutrition et santé au rang des préoccupations nationales au Japon La dernière édition du Sial, salon international de l'alimentation, auquel Jetro a participé sous la forme d'un pavillon Japon, a mis à l'honneur les questions de santé. Connu pour son alimentation saine et bénéfique d'un point de vue nutritionnel, le Japon n'échappe cependant pas à la mondialisation et à la standardisation des goûts, conduisant à privilégier une nourriture de plus en plus industrielle et déséquilibrée. Le sujet est d'actualité dans l'Archipel où une loi en faveur de l'éducation nutritionnelle a été promulguée. La 22e édition du Sial s'est tenue à Paris du 22 au 26 octobre dernier. 5 256 exposants provenant de 99 pays y ont participé, dont 70 % de PME. 136 374 professionnels de 183 pays ont visité le salon, dont 52 % d'étrangers. La progression des visiteurs étrangers depuis 1994 est de 22 %, confirmant l'importance prise par ce salon à couverture de plus en plus mondiale. Nous avons assisté à un retour des entreprises américaines, prudentes depuis les attentats de 2001, ainsi qu'à une présence massive des Chinois, passés de la 15e à la 5e place parmi les exposants. 1 400 journalistes sont également venus au Sial et Photo : Jetro Paris 2 selon l'organisateur, les retombées en terme de médiatisation devraient progresser pour cette édition comparée à celle de 2004, qui avait donné lieu à plus de 800 articles de presse. La santé au premier plan au Sial 2006 industries de l'agroalimentaire du « light », sur des produits spécifiques et limités, vers une approche « nutritionnellement correcte » sur l'en- L'édition 2006 a permis de constater que le climat frileux du salon pré- semble des gammes. La recherche de produits plus naturels est aussi cédent en 2004, principalement orienté sur la sécurité alimentaire, à relever. 43 % des exposants au Sial ont présenté des gammes en était révolu. Cette année, la tendance a porté sur la santé, la nutrition rapport avec la nutrition. L'axe santé est donc au cœur des innova- et la gourmandise. Les enjeux de santé semblent s'inscrire dans une tions. Le Japon avait bien entendu toute sa place au Sial, le thème tendance lourde, à tel point que nous assistons au basculement des retenu cette année par le pavillon Japon étant la santé. Le journal de Jetro Paris / 4e trimestre 2006 société La tendance « phood » Venue des Etats-Unis, la catégorie des produits alimentaires axés sur la santé a été nommée « phood », néologisme né de la contraction de « pharmaceuticals » et de « food » : ce terme démontre la volonté d'industriels de l'agroalimentaire de s'emparer des arguments santé jusque là réservés aux produits pharmaceutiques. Tous les grands groupes du secteur se lancent dans l'amélioration nutritionnelle de leurs recettes pour réduire les sucres, les graisses, le sel et offrir des produits dits plus sains, sans perte de saveur. Le vieillissement des populations dans les pays développés influence inévitablement la consommation alimentaire et pousse les industriels à trouver des réponses, notamment en terme de santé. Unilever va ainsi sortir un logo My Choice qui viendra distinguer ses produits nutritionnellement révisés, de même pour Kraft dont la griffe Solution Equilibre viendra gratifier ses produits améliorés. En France, le groupement des Mousquetaires a quant à lui annoncé la mise en place d'un système Photo : Jetro Paris d'étiquetage nutritionnel baptisé Nutri-pass, accompagné d'un code couleur graduel qui donne une idée en un coup d'œil de la teneur plus ou moins importante du produit en matières grasses, en sucre et dans les plats mijotés ou encore de faciliter la levée du pain. Même le en sel. Cependant cette tendance n'est accessible qu'aux grands riz cuit dans cette eau s'en trouve, paraît-il, plus goûteux. La bouteille groupes qui ont les moyens de modifier leurs recettes et de commu- a été présentée dans le Quotidien du Sial publié durant le salon et niquer autour. Les PME, même si elles en ont l'envie, n'ont pas for- dans le magazine spécialisé LSA. cément les ressources pour s'y engager. La société Nishimoto est venue présenter ses produits pour la pré- paration des sushi et maki. Elle a notamment fait l'éloge de son tout Produits nouveaux au pavillon Japon nouveau produit « soy sheet » (feuille de soja) qui peut remplacer les feuilles d'algues. Ces feuilles sont proposées dans des couleurs Dix-huit entreprises japonaises ont exposé au pavillon Japon du Sial ludiques : en rose, vert ou jaune, grâce à des colorants naturels, pour cette année, présentant des produits allant du sushi surgelé au saké, égayer les tables. Ce produit a aussi fait l'objet d'une présentation en passant par le thé vert, le riz ou encore des fruits frais ou séchés dans le Quotidien du Sial et LSA. tels que le kaki. Les condiments et sauces ont aussi trouvé leur place L'association de production agricole et d'expédition des fruits de la dans le pavillon, de même que des produits plus surprenants, comme région de Wakayama a exposé une variété de kakis frais et séchés, l'eau de mer des profondeurs. ainsi que des prunes marinées, très appréciées au Japon. Le kaki est Cette eau de mer très spéciale, puisée dans les profondeurs sous- particulièrement riche en calcium, en vitamine C et en vitamine A, marines a été présentée au Sial pour la première fois. Extraite à une donc bénéfique pour la peau et les yeux. La version séchée est très profondeur de 344 mètres, puis dessalée, elle offre un équilibre miné- moelleuse et riche en fibres et en potassium. Les prunes marinées ral particulièrement intéressant pour la santé. La société Ako Kasei sont légèrement salées ou saumurées avec une touche de miel. Co. Ltd est la première entreprise japonaise de produits des eaux pro- Contrairement à la France, où la prune est dégustée en dessert, la fondes à obtenir le standard de contrôle de santé HACCP reconnu par prune japonaise est servie en condiment pour accompagner un bol de le ministère de la Santé japonais. Cette eau présente des qualités riz ou du poisson par exemple. minérales susceptibles d'avoir des effets très positifs sur la santé. Des Les entreprises japonaises participantes au pavillon Japon ont obte- études ont été menées pour étudier ces effets. Le taux élevé de nu plus de contacts et de rendez-vous que celles qui les avaient pré- magnésium dans l'eau d'Amami pourrait améliorer la circulation san- cédées en 2004. Cela confirme l'intérêt de chacun pour l'alimentation guine. Après un mois de prise quotidienne de 50 cl d'eau de mer des considérée comme un élément actif de notre santé. Le Japon est allé profondeurs, la circulation sanguine s'améliore nettement. Elle peut plus loin dans cette démarche : il a promulgué une loi visant à redon- ainsi être un élément prévenant les maladies vasculaires. Son effet a ner aux Japonais tous les outils pour se nourrir plus sainement. Une aussi été prouvé sur les maladies de peau, telles que l'eczéma et autre première mondiale. symptôme de dermatite et elle peut réduire les réactions allergiques cutanées, notamment l'allergie au pollen de cèdre du Japon. Enfin, L'action nationale pour le « shokuiku » l'eau d'Amami pourrait avoir un effet bénéfique sur les problèmes de réduction de densité osseuse, notamment au moment de la méno- A l'instar des autres pays développés, et malgré sa tradition culinai- pause. De plus amples études sont en cours pour démontrer davan- re réputée saine, le Japon fait face lui aussi de graves problèmes ali- tage les bienfaits de cette eau. mentaires, liés notamment aux modes de vie de plus en plus actifs Dans un cadre plus pragmatique, l'eau d'Amami permet dans la cuisi- et nomades. Nous assistons à la montée de maladies liées aux mau- ne de développer les saveurs, de conserver la fermeté des ingrédients vaises habitudes nutritionnelles et au développement de l'obésité. 3 Nutrition et santé au rang des préoccupations nationales Les autorités japonaises ont pris conscience de ce problème et jugeant que la situation a atteint un point critique, elles ont promul- Des actions dans tout le pays gué une loi, adoptée en juin 2005, en faveur de l'éducation pour la La loi appelle les agriculteurs et pêcheurs à proposer des opportunités nutrition (« shokuiku » en japonais). Cette loi a pour objet l'acquisi- de rencontres et de découverte de la ferme et de la pêche afin d'ac- tion de connaissances sur l'alimentation et le développement de croître la connaissance des Japonais sur les bénéfices de la nature et capacité à faire des choix alimentaires appropriés pour pallier à la ten- l'importance de l'activité humaine dans la production et la distribution dance globale de perte de la culture culinaire traditionnelle. de l'alimentation. Il existe déjà des initiatives dans ce sens sous forme Le repas traditionnel japonais se compose de riz associé à du poisson de ventes directes du producteur au consommateur, de visites éduca- ou de la viande, de légumes et de fruits. Ce modèle se perd de plus tives, et de fourniture de produits agricoles à des écoles locales. Le en plus, notamment chez les hommes de 30 à 60 ans. Selon une gouvernement souhaite un réel engagement du secteur alimentaire à étude sur la santé publique travers des actions civiques telles que des visites de et la nutrition menée en sites, des cours de cuisine ou des sites Internet four- 2003, 30 % des hommes de nissant une information nutritionnelle pertinente. cette tranche d'âges sont en Le ministère de l'Education s'est concentré sur la surpoids. A l'opposé, une promotion du « shokuiku » à travers des programmes tendance de scolaires, le ministère de la Santé s'est engagé dans recherche de la minceur chez la prise de conscience de la santé en terme d'enjeu les jeunes femmes se répand. national, tandis que celui de l'Agriculture s'est La même année, une estima- concentré sur la chaîne alimentaire, de la production tion du centre de recherche à la distribution. Ce dernier a développé des pro- excessive sur l'industrie alimentaire Photo : Jetro Paris montrait que 44,5 % des Fair » sur deux jours qui a attiré plus de 27 000 visi- Japonais se nourrissaient de repas à emporter, de bento ou de plats teurs. Il a également mis en place la « Shokuiku Local Activities préparés par un traiteur. Une autre étude montrait que 10,5 % des Competition », récompensant les activités de promotion les plus enfants à Tokyo prenaient leur petit-déjeuner et leur dîner seuls. Les réussies. Au cours de l'année fiscale 2005, le ministère a tenu la Japonais sont de moins en moins enclins à acheter de quoi préparer « Shokuiku and Health Fair » dans douze villes à travers le Japon. à manger, à cuisiner et manger à la maison en famille, rendant diffi- Cette manifestation a donné l'occasion aux populations locales de cile une véritable éducation sur la nutrition dans un cadre familial. montrer leur traditions culinaires, de partager leurs expériences et Sept points composent le « shokuiku » : difficultés et de transmettre leurs connaissances ancestrales. - la promotion de la santé mentale et physique des Japonais ; Un guide alimentaire avait été publié en 2000, mais sans résultat - les aider à développer une meilleure appréciation de leur régime ali- probant. Il était plus un recueil de slogans qu'un plan d'actions spé- mentaire, en prenant en compte le rôle de l'environnement naturel et cifiques. Les ministères de la Santé et de l'Agriculture ont alors des personnes travaillant à la production, à l'acheminement et à la décidé de créer un comité nommé « Food Guide Committee », char- préparation des aliments ; gé de la réalisation d'un guide illustré et facile d'accès. Ils ont conçu - un développement national de la promotion du « shokuiku » ; un guide en forme de toupie illustrant clairement quelle quantité - les parents, éducateurs et animateurs doivent activement promou- manger de quelles catégories d'aliments grâce à des images très voir le « shokuiku » auprès des enfants ; explicites de plats japonais. Ce guide est diffusé à travers les - tirer profit de toutes les opportunités pour offrir diverses expérien- médias, Internet et des colloques. Le ministère de l'Agriculture a ces et activités autour de l'alimentation, à la maison, à l'école ou également créé un manuel pour la restauration industrielle. Les ailleurs ; retombées de cette - prendre conscience et apprécier la culture de la cuisine japonaise action ne sont pas traditionnelle et créer des opportunités d'actions entre producteurs encore connues, mais et consommateurs afin de revitaliser les fermes rurales et les régions seront de pêche et permettre une meilleure autosuffisance alimentaire du bénéfiques. Japon ; encore à voir si les - fournir des informations appropriées sur la sécurité alimentaire. habitudes alimentaires Vu l'étendue de la mission de « shokuiku », une collaboration entre des les diverses parties prenantes est indispensable. La Commission pour fo n d a m e n t a l e m e n t la sécurité alimentaire, le ministère de l'Education, de la Culture, des changer. Sports, de la Science et Technologies, le ministère de la Santé et du Caroline Artus Travail et celui de l'Agriculture, de la Forêt et de la Pêche sont activement impliqués, sous la direction du cabinet du Premier ministre. Il semble qu'il n'y ait pas d'équivalent à l'étranger d'une opération d'une telle envergure, c'est pourquoi le gouvernement japonais fait la promotion de son plan également à l'étranger. Photo : Maff 4 grammes nationaux comme la « Nippon Shokuiku sans Japonais doute Reste vont Le journal de Jetro Paris / 4e trimestre 2006 INTERVIEW Guillaume Dureau, Photo : Jetro Paris Directeur de la branche équipement Areva NP Pouvez-vous nous présenter le marché mondial de l'énergie nucléaire tel qu'il Le groupe Areva dispose est actuellement ? Comment envisagez-vous d'implantations industrielles son avenir ? dans 40 pays et d'un réseau Précisons tout d'abord que le marché électrique connaît commercial dans plus de 100 une croissance mondiale pays. Au Japon, le pôle régulière de 2 % par an, ce qui représente un doublenucléaire d’Areva a enregistré ment du marché en trente en 2005 un chiffre d’affaires ans. La satisfaction de la demande électrique est de 344 millions d’euros, assurée en grande partie résultat qui devrait encore par la « génération de puissance en base ». Celle-ci est progresser en 2006 et 2007. engendrée essentiellement par le nucléaire, le charbon et le gaz. Si l'on se penche sur les trois principaux critères généralement appliqués au marché de l'énergie, nous constatons que le nucléaire se place véritablement en tête des énergies pour l'avenir. Concernant le premier critère, En octobre 2006, Areva a signé avec MHI un accord étac'est-à-dire le blissant les bases d’une coopération dans le domaine de respect de l'environnement et l’énergie nucléaire. Avec le rapprochement de Westinghouse la lutte pour la et Toshiba et celui de General Electric et Hitachi, trois réduction des acteurs de poids, comportant chacun un industriel japonais émissions de se partagent dorénavant le marché mondial. gaz à effet de serre, le nucléaire est incontestablement l'énergie la plus propre, les centrales à charbon propre n'existant pas encore. Sur le critère de la sécurité d'approvisionnement, le gaz doit composer avec des risques politiques réels, car il provient de Russie ou du Proche et Moyen-Orient. Il donne ainsi l'avantage au nucléaire. Enfin, le dernier critère est celui de la compétitivité sur laquelle le nucléaire, indépendamment de toute taxation des émissions de CO2, s'avère être le mieux placé, même si le coût relevé du mégawatt est variable selon les études économiques publiées. Il dépend notamment du choix de la période d'amortissement des investissements de départ très lourds, mais il a le grand avantage d'une moindre dépendance aux variations du prix de la matière première. Ainsi, si le coût du gaz est multiplié par deux, le coût du MWh à l'arrivée augmente de 60 %, alors que si l'uranium naturel voit son coût multiplier par deux, le coût final du MWh n'augmentera que de 5%. Le nucléaire offre donc une visibilité très forte et une prédiction très juste de l'avenir. De fait l'Agence internationale de l'énergie, dans sa dernière publication de 2006, préconise une forte croissance du nucléaire. De son côté, Areva escompte un minimum de 200 gigawatts nucléaires à construire d'ici 2030. Il faut cependant garder en mémoire que les processus industriels dans le nucléaire prennent du temps : il s'écoule au moins dix ans entre la réflexion sur un projet et son raccordement effectif au réseau. Le nucléaire n'est pas un produit classique. Areva est très attachée à la notion de « public acceptance » et met un point d'honneur à satisfaire la demande toujours plus grande de sûreté nucléaire. La question du retraitement des combustibles usés est également centrale. Aussi faut-il garder une vision globale du système. Areva développe une approche mondiale du marché. Quelles sont les zones géographiques considérées comme stratégiques ? Plusieurs zones sont stratégiques pour notre groupe. En commençant par l'Asie, il y a bien sûr la Chine, pays pour lequel nous sommes candidats à un appel d'offre pour quatre réacteurs de nouvelle génération, en concurrence avec Westinghouse. On ne dispose toutefois que de peu de visibilité sur l'aboutissement de cette procédure. Areva propose également à ses clients chinois des équipements pour leurs réacteurs de génération actuelle, dits de « duplication ». L'Inde est un pays dont le potentiel nous intéresse. Nous y possédons une solide implantation industrielle au travers de notre filiale de transmission et distribution d'électricité. Notre groupe attend que le pays se mette en conformité avec les règles internationales de non-prolifération pour s'y développer dans le nucléaire. Le Japon demeure un marché attrayant pour Areva. Le programme nucléaire va perdurer dans l'archipel, avec une possibilité de développer des réacteurs de plus faible capacité. Enfin, nous sommes attentifs à la péninsule indochinoise, notamment le Vietnam. Les autres continents stratégiques pour notre groupe sont l'Amérique du Nord et l'Europe. Le retard en termes de génération de puissance est d'ailleurs probant dans plusieurs pays européens, 5 Interview Guillaume Dureau, Areva NP Photo : Jetro Paris 6 ce qui devrait donc se traduire par de nouveaux projets de centrales. Je pense en premier lieu au RoyaumeUni où des décisions d'investissements sont imminentes. Après la naissance de Toshiba-Westinghouse, Areva et Mitsubishi Heavy Industry (MHI) ont annoncé leur alliance. Pensezvous que ce secteur va poursuivre sa restructuration? Je pense qu'il serait plus judicieux de parler de structuration plutôt que de restructuration. L'alliance Toshiba-Westinghouse est un véritable mouvement de concentration (Toshiba reprend Westinghouse), contrairement à notre partenariat avec MHI pour lequel aucun échange de capital n'est prévu. Le secteur assiste à l'arrivée de nouveaux acteurs, notamment asiatiques, susceptibles de le faire évoluer. Les SudCoréens sont de plus en plus présents sur le marché, de même que les Chinois. Ces derniers ont cependant en tête une autre stratégie : ils désirent créer leur propre filière sur leur territoire. Pourriez-vous nous expliquer le projet de coopération entre Areva et MHI ? Il s'agit d'une collaboration pour créer un nouveau réacteur de troisième génération d'une puissance de 1 000 mégawatts électriques. L'EPR que nous construisons en Finlande est de 1 600 mégawatts. MHI dispose d'un design de 1 700 mégawatts. Nous pensons qu'il existe un marché potentiel pour un réacteur de taille intermédiaire. Nous souhaitons ainsi développer une gamme, une complémentarité en mettant sur le marché plusieurs types de réacteurs en fonction des besoins des clients. Nous nous unissons pour mettre à profit le meilleur de chacun de nos produits respectifs. Le plan de développement de ce réacteur avancé par MHI est ambitieux puisqu'il table sur une période de 4-5 ans. Nous espérons que cette alliance n'est qu'un premier pas vers une coopération plus profonde. Nous avions déjà travaillé ensemble, par exemple pour la réalisation de l'usine de retraitement de Rokkasho-Mura. La presse japonaise s'est faite l'écho de discussions en cours entre MHI et General Electric. Elles portent en réalité sur l'ensemble des activités de notre partenaire, et pas sur le nucléaire. De notre côté, si le réacteur de 1 000 mégawatts est un succès, nous avons déjà des idées pour la suite à donner et pour compléter la gamme. Propos recueillis par Caroline Artus NOUVEAUX PROGRAMMES D’INVITATION DE JETRO Jetro a mis en place un programme d'invitation (« Jetro Investment Mission ») à destination des entreprises étrangères ayant un fort potentiel sur le marché japonais. Ce programme, d'une durée d'une semaine au Japon, leur permettra de mieux appréhender l'environnement des investissements, ainsi que le tissu industriel régional. Le séjour comprend des réunions et entretiens avec des entreprises japonaises, des visites de bureaux, sites industriels ou centres de R&D à même de permettre aux participants d'obtenir les informations qui les aideront à choisir leur lieu d'implantation au Japon. Les frais de voyage, d'hébergement et de déplacement à l'intérieur du pays sont pris en charge par Jetro. La maîtrise de l'anglais est impérative. Les programmes en cours pour l'année 2006-2007 concernent l'équipement médical dans les régions de Saitama, Shizuoka et Kobe (du 3 au 9 décembre), les pièces automobiles (du 5 au 10 février 2007) à Hiroshima et Nagoya. Deux entreprises françaises participent au programme sur l'équipement médical : la première se positionne dans le marché du diagnostic « in vitro » et propose ses produits dans quatre secteurs (hématologie, immunologie, biologie chimique et coagulation), la seconde conçoit et développe des logiciels pour la radiologie numérique. Il est d'ores et déjà prévu en mars 2007 (dates exactes à définir) un programme consacré à l'industrie du tourisme. Les candidats peuvent se faire connaître auprès de Jetro Paris auprès de Patricia Cohen ([email protected]). Plus de détails sur le site http://ww/jetro.go.jp/en/invest/investmentservices/event/program/invitation/index.html Isabelle Comtet Le journal de Jetro Paris / 4e trimestre 2006 INVESTIR Animation : des studios japonais à la rencontre de la création française Dans le cadre d'un programme « Local to Local », une délégation regroupant une dizaine de studios d'animation japonais est venue en France début novembre 2006 pour rencontrer des homologues franciliens. Un colloque a été organisé pour présenter l'importance de l'animation et de son secteur, mais aussi la richesse que pourraient engendrer des coopérations entre les deux pays, connus pour leur talent en termes de création d'images et d'écriture de scénarios. La ville de Nerima, située dans l'agglomération de Tokyo, est le ber- moyenne environ 300 heures de productions de séries de 26 épisodes ceau de l'animation japonaise depuis cinquante ans. Les studios de de 26 mn par an. En 2005, 24,7 millions d'euros d'aides ont été accor- Toei Animation y ont débuté en 1956, de même qu'Osamu Tezuka en dés, ce qui représente environ 16 % des devis présentés. Cependant, 1962, avec la création de Mushi Production. L'association Nerima une chaîne de télévision française doit être engagée dans une pro- regroupe aujourd'hui plus de 80 entreprises dans le domaine du ciné- duction pour que le CNC puisse intervenir. Les chaînes participent ma d'animation. pour 25,6 % des devis, avec en tête TF1 (67 heures de production) Du 6 au 9 novembre, l’association a accompagné le déplacement à et France 3 (65 heures). Paris de dix studios japonais. L'importance de l'animation au Japon Le système de soutien du CNC permet la co-production étrangère, le n'est plus à rappeler, mais notons que 60 % de l'animation produite Canada étant dans ce domaine le partenaire historique de la France. dans le monde est japonaise. La présence de Nerima et son action Pour bénéficier du soutien du CNC, la coopération doit réunir quator- dans cette opération confirment son souci de renforcer les liens fran- ze points sur les vingt-et-un répertoriés par le système. Il faut notam- co-japonais pour développer des coopérations fructueuses. ment que 30 % du budget de l'opération soit français et que 30 % des dépenses au moins soient effectuées en France. Le soutien à la création Les aides à la création en amont concernent l'écriture, le pilote, l'équipement studio, l'innovation technologique, l'édition vidéo et la Un colloque organisé par l'Agence de développement de Paris-Ile-deFrance et Jetro Paris à l'occasion de la mission Nerima a permis dans un premier temps de faire le point sur les structures françaises de soutien à l'animation. Les co-productions avec des entreprises étrangères ne sont pas exclues de leur champ d'action. L'association française pour le cinéma d'animation (AFCA) s'est impliquée dans la rencontre des studios français et japonais. Lors du colloque, Olivier Catherin, son co-directeur, est venu présenter ses activités. L'Afca est née en 1971 pour promouvoir le cinéma d'animation auprès du public en France et à l'étranger et compte aujourd'hui près de 250 membres (professionnels, étudiants et amateurs de cinéma d'animation). Elle propose des projections régulières de films d'animation à Paris, coordonne la Fête du cinéma d'animation et organise le Festival national du film d'animation à Auch tous les deux ans. L'association accompagne également les écoles d'animation, soutient les diffuseurs et joue un rôle de relais avec les meilleurs interlocuteurs dans le milieu. Le CNC - Centre National de la Cinématographie - apporte quant à lui un soutien capital à la création de films cinématographiques, notamment de films d'animation. Selon Valérie Bourgoin, venue présenter l'activité du CNC en matière d'animation, le centre consacrera 251 millions d'euros au cinéma et 221 millions à l'audiovisuel en 2006. Treize projets de long métrage d'animation ont bénéficié de son soutien en 2005, mais l'essentiel de l'animation en France relève de l'audiovisuel. Les aides dites automatiques sont les plus importantes. Il existe en France 43 sociétés de production d'animation dont neuf sont à l'origine de 50 % des volumes produits. En 2005, cinq nouvelles sociétés d'animation ont été créées. Le CNC dénombre en MISSION «LL» Les programmes « Local to Local », initiés par Jetro, ont pour objectif la promotion de la coopération économique et industrielle entre une région japonaise et une région étrangère. Dans le cas présent, l'association Nerima souhaitait établir des liens avec des studios français, dans l'optique de co-productions. La mission Nerima a débuté en avril 2006. En juillet, une étude préalable a été conduite sur le marché de l'animation en France. Début novembre, une délégation japonaise, regroupant une dizaine de studios, est venue à Paris, où des contacts avaient été préalablement établis avec des studios d'animation franciliens, via Jetro Paris et l'Agence de développement de Paris-Ile-de-France. Le premier jour a été consacré au colloque, le deuxième à des visites (école de l'image des Gobelins à Paris XIIIe, studios d'animation et France 3) et le dernier jour à des entretiens individuels. Plusieurs projets ont été mis sur pied et des studios français se rendront au Japon en mars 2007 à l'occasion du Tokyo International Anime Fair. La délégation japonaise envisage de poursuivre le programme LL et de revenir pour le festival international d'animation à Annecy en juin. Isabelle Comtet 7 Animation: des studios japonais à la rencontre de la création française promotion du savoir-faire français à l'étranger. Patrick Cocquet, délé- 6-12 ans que se positionne la création japonaise. Un épisode d'ani- gué général du pôle de compétitivité Cap Digital un des seize pôles mation au Japon coûte en moyenne entre 12 et 14 millions de yens labellisés par le gouvernement en 2005, a présenté son activité dans (environ 80 000 euros). Il n'existe pas de financement public pour les contenus et la connaissance. En réponse à l'appel à projet du gou- aider à la réalisation de films d'animation dans l'audiovisuel. vernement, plus de 300 acteurs économiques et laboratoires de recherche se sont mobilisés afin de proposer un pôle centré sur les nouveaux marchés des contenus dans six domaines stratégiques Des publics différents d'activités : contenus numériques, jeux vidéos, éducation numérique, Les difficultés des co-productions franco-japonaises dans le domaine patrimoine numérique, ingénierie de la connaissance, nouveaux usa- de l'animation sont multiples. La répartition du travail et le partage ges mobiles. L'Ile-de-France des responsabilités sont délicats à représente en effet 80 % de mettre en place. D'ailleurs, Les Films l'activité du secteur de l'anima- de la Perrine ont tenté une co-pro- tion, estimée à environ 12 duction qui n'a pas abouti pour cette milliards d'euros. raison. De plus, très souvent les Français désirent contrôler la co-production, ce que la partie japonaise Vers des co-productions franco-japonaises ? 8 peut ne pas accepter facilement. Il s'avère exceptionnel que les partenai- La suite du colloque a donné res soient tous les deux gagnants car lieu à une présentation du mar- souvent le dessin animé est un succès ché japonais et des possibilités sur un marché, par exemple le fran- de collaboration. Il existe une çais, mais pas sur l'autre, d'où l'idée dizaine de chaînes de télévision émise durant le colloque de prévoir sur le créneau de l'animation au que le partenaire, japonais dans notre Japon. Les chaînes ne réalisent exemple, puisse aussi tirer profit du pas d'achats actifs d'œuvres marché français où l'œuvre a trouvé étrangères. Une exception parmi son public. En fait, la demande des d'autres est la série française consommateurs est différente selon « Totally Spies » diffusée sur les pays. Le public japonais apprécie une chaîne de Tokyo. Cette série des personnages aux grands yeux et est un succès mondial : elle a grande bouche, avec une touche de été vendue à plus de cent pays violence, alors que le français souhai- et la cinquième saison est en te moins de violence, plus d'images préparation. Une autre surprise pour un effet de mouvement plus est venue de la série « Prudence fluide. Le partenaire japonais doit petit-pas » qui a été vendue il y dans ce cas accepter un surcoût dû à a quatre ans à la chaîne nationale japonaise NHK. En revanche, le des- un plus grand nombre d'images et prendre le risque de moins plaire à sin animé « Oban Star-Racers », une coproduction franco-japonaise, son public japonais. n'a pas encore trouvé de chaîne hertzienne japonaise pour sa diffusion. Jusqu'à présent les co-productions étaient généralement été Une session du colloque a été consacrée à la présentation individuel- perçues dans l'archipel, marché encore peu ouvert car presque auto- le des studios invités. Il s'agissait côté japonais de Broccoli, Dogakobo, suffisant, comme étant des œuvres étrangères. Depuis quelques Mebius, Mushi, Office Prion, Rikuentai, des studios Cats, Hibari et années, il devient cependant de plus en plus américain et de moins en Kuma, de Zaendo et Tokyo Kisd. Côté français étaient présents Mac moins japonais. Guff, venu présenter son dernier dessin animé « Azur et Asmar » Côté français, le stock de films d'animation était très faible à l'époque actuellement à l'affiche, puis Bibo Films, Alphanim, Amrathon, de la privatisation de TF1 en 1987. Il a donc fallu acheter à l'étranger Ellipsanime, Millimages, Def2Shoot, Moonscoop et Sip Animation. des séries et notamment au Japon, où l'animation disponible à ce Certains studios japonais sont venus avec des propositions de coopé- moment-là n'était pas destinée aux jeunes enfants. Le mouvement de ration sur des animations déjà ébauchées, l'un d'eux a également pré- censure qui a sévit en France pendant une dizaine d'années était donc senté un projet de construction d'un studio 3D à Nerima. La volonté prévisible face à cette vague de dessins animés japonais. est là, les projets aussi et malgré les difficultés soulevées lors de cette rencontre, les Japonais et les Français désirent aller plus loin. Trois tranches d'âges sont communément différenciées : les pré-sco- Quoiqu'il en soit, une admiration réciproque est née et des premiers laires, les 6-9 ans, les 9-12 ans. Dans la première tranche, les jeunes contacts ont été établis. Une nouvelle rencontre est prévue au prin- Japonais sont peu présents, notamment pour des questions démogra- temps : cette fois-ci plusieurs entreprises françaises se rendront à phiques, et au-delà de 12 ans, il n'y a plus d'offre d'animation, mal- Nerima à l'occasion de la « Tokyo International Anime Fair ». gré la présence d'un vrai public. C'est essentiellement sur la tranche Caroline Artus Le journal de Jetro Paris / 4e trimestre 2006 INNOVER Relancer la coopération industrielle franco-japonaise : les hautes technologies en première ligne Le 29 septembre dernier, la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris (CCIP) et le journal japonais Nikkei ont organisé - sous le patronage de Jetro Paris - un séminaire sur le thème de la « Nouvelle collaboration industrielle franco-japonaise après la reprise économique au Japon ». Quelque 120 dirigeants de sociétés franco-japonaises étaient réunis pour discuter de l'avenir de coopération industrielle entre les deux pays. Faisant dans un premier temps le point sur l'économie japonaise, Florence Astier, économiste à la Société Générale a expliqué : « Le Japon a renoué avec une forte croissance économique en reduisant sa surcapacité de production et en assainissant le secteur bancaire ». Naoaki Okabe, éditorialiste en chef du journal Nikkei, a exposé pour sa part que grâce à la mondialisation, les entreprises ont bien tiré profit de la forte et rapide croissance des pays asiatiques, notamment de la Chine. Forte reprise de l'économie japonaise Les deux spécialistes se sont montrés optimistes sur l'avenir de l'économie japonaise, Florence Astier assurant que même si le pays connaissait une diminution de sa population active liée à la baisse de taux de fécondité et au vieillissement de la population, la forte hausse de la productivité due à la mécanisation et le dynamisme des exportations des produits de haute technologie lui permettraient de soutenir une croissance stable. Tout en soulignant la pérennité de la relance économique au Japon, Naoaki Okabe a expliqué que pour rehausser le taux de croissance potentielle, « il faudrait propager les nouvelles technologies de l'information et de la communication dans le secteur tertiaire, favoriser les investissements de R&D, faciliter l'investissement des entreprises étrangères au Japon et enfin renforcer l'intégration en Asie de l'Est. » Sur le dernier point, il a plaidé pour l'accélération du processus non seulement par une dépendance économique de facto, mais aussi par une réelle volonté politique dans la region. Il a précisé tout de même que du point de vue politique, la construction d'une monnaie unique en Asie de l'Est ne se réaliserait pas dans un proche avenir. Relancer la coopération industrielle Sur le terrain des relations bilatérales, Masami Wada, directeur exécutif du journal Nikkei a déclaré : « La forte reprise de l'économie japonaise donne une occasion unique de relancer des relations industrielles franco-japonaises, notamment dans le secteur de nouvelles technologies ». Appuyant cette déclaration, Michèle Boccoz, directrice des affaires internationales à l'Institut Pasteur, a témoigné d'une coopération dynamique entre les deux pays dans le secteur de la haute technologie. « Malgré l'absence de son propre établissement dans l'Archipel, l'Institut Pasteur a le plus grand nombre de projets de recherche conjoints avec le Japon dans la zone AsiePacifique », a-t-elle expliqué. Thierry Desroy, président de Yappa Europe, a quant à lui indiqué qu'en exploitant la nouvelle technique d'imagerie 3D dont Yappa possède la propriété intellectuelle, sa société collabore avec de grandes entreprises européennes dans le secteur automobile afin de concevoir des nouveaux modèles. RÉCENTES COLLABORATIONS FRANCO -JAPONAISES Entreprises Secteur Areva - MHI Nucléaire Guerber - Terumo Pdts pharmaceutiques Thomson Grass ValleyCanopus Technologies de l’information Nelson FinancesFirst Retailing Dassault SystèmesZuken Thomson Funai Electric Mode Technologies de l’information Technologies de l’information Date Octobre 2006 Mars 2006 Décembre 2005 Mai 2005 Février 2005 Janvier 2005 En conclusion du séminaire, Laurent Trupin, directeur général de l'AFII (Agence française pour les investissements internationaux) et Hiroshi Tsukamoto, président de Jetro, ont tour à tour plaidé pour un renforcement des investissements entre les deux pays en détaillant les attractivités franco-japonaises. « Le marché français est très ouvert pour les investisseurs étrangers » a commencé Laurent Trupin. Il a précisé qu'un Français sur sept travaillait dans une entreprise internationale et que 46 % du CAC 40 était détenu par des entreprises etrangères. Quelque 400 entreprises d'origine japonaise sont déjà installées en France et plus de 60 000 personnes travaillent pour elles en France. Hiroshi Tsukamoto a rappelé de grands avantages du Japon, deuxième marché Hiroshi Tsukamoto (Photo : Jetro Paris) mondial où les consommateurs, sophistiqués, ont au pouvoir d'achat élevé. Le Japon a incontestablement un haut niveau de R&D, les entreprises accordent traditionnellement beaucoup d'importance aux partenariats et c'est un pays à envisager comme une base stratégique efficace en Asie Aki Yamasaki 9 J E T R O B i z m a t c h @ C E AT E C J a p a n 2 0 0 6 Jetro Bizmatch@CEATEC Japan 2006 En marge de la 7e édition de CEATEC, la plus importante manifestation en Asie dans le secteur des technologies de l'information qui s'est tenue du 3 au 7 octobre, Jetro a organisé trois journées de rencontres personnalisées. CEATEC attire chaque année près de 800 exposants et plus de 200 000 visiteurs avides de découvrir les nouveaux produits, technologies et services qui défient les frontières entre image, information et communication. En 2005, le Jetro Bizmatch@CEATEC Photo : CEATEC Japan 2006 a permis environ 240 rencontres pré-arrangées entre entreprises étrangères et partenaires potentiels japonais. Pour participer aux sessions de « business-matching », les entreprises doivent avoir un intérêt marqué par un développement sur le marché japonais et ne pas avoir pas de filiale au Japon, l'objectif étant de les aider dans leur recherche d'un partenaire dans l'Archipel. Parmi les six participants français, Systar, leader du marché du « Business Process Performance Management » (BPPM), fournit aux directions informatiques des solutions améliorant l'efficacité et la rentabilité. Présent en Europe et aux Etats-Unis, Systar souhaiterait créer un réseau au Japon via des partenariats couvrant tous les secteurs d'activités. Axway Ltd., qui propose des solutions informatiques pour synchroniser les échanges internes et externes d'une entreprise, est déjà présent en Asie à travers des bureaux à Hong Kong, en Chine, à Singapour, ainsi qu'en Malaisie et en Corée du Sud. La société envisage aujourd'hui un développement au Japon. Les PME ne sont pas en reste à l'exemple d'AtomiZ ou d'Apach Network. La première est un éditeur de solution logiciels, alors que la seconde se place sur le marché du traitement numérique des données audio-video et recherche un partenaire japonais, idéalement un portail Internet ou un moteur de recherche souhaitant se développer dans le secteur musical. « Cette édition s'est très bien déroulée », a déclaré Naonori Yamada, chargé à Jetro Paris de l'identification des entreprises françaises et du suivi des dossiers. « Mieux encore que l'année précédente. Les entreprises françaises ont eu plusieurs contacts intéressants et nous espérons déjà pour une d'entre elles la signature d'un accord très rapidement. » Isabelle Comtet 10 A VOS AGENDAS DU 11 DÉCEMBRE 2006 AU 31 JANVIER 2007 La région de Gobo (préfecture de Wakayama) expose dans les locaux de Jetro Paris une pièce modulable, agencée autour de tatamis traditionnels produits dans la région. Cette exposition est réalisée dans le cadre de la promotion de la « Japan Brand ». Exposition gratuite, sur rendez-vous. CONTACT : Jetro Paris au 01 42 61 27 27 DU 12 AU 16 MARS 2007 Deux fois par an, au printemps et à l’automne, la « Japan Fashion Week », soutenue par le Meti, donne l’opportunité à l’industrie de la mode japonaise de présenter ses dernières créations. La quatrième édition se déroulera à Tokyo du 12 au 16 mars sous le triple signe de la création, de l’artisanat et du commerce. Les créateurs et acheteurs du monde entier sont attendus aux défilés des nouvelles collections. CONTACT : [email protected] 21 ET 22 DÉCEMBRE 2006 En collaboration avec l’Agence régionale de développement économique d’Auvergne, Jetro Paris organise à Clermont-Ferrand et à Vichy un colloque sur le marché japonais. CONTACT : Patricia Cohen au 01 42 61 59 77 PREMIER TRIMESTRE 2007 Dans le cadre de ses activités de soutien aux entreprises japoanises, Jetro sera présent dans plusieurs salons au cours du premier trimestre : Midem, marché international de la musique du 21 au 25 janvier à Cannes ; Planète Meubles, du 25 au 29 janvier à Paris; Maison & Objet, salon international de la décoration, du 26 au 30 janvier à Paris ; Première Vision, salon mondial des tissus d’habillement, du 20 au 23 février à Paris ; Salon international de l’Agriculture, du 3 au 11 mars à Paris ; Biovision, forum mondial des sciences de la vie, du 11 au 14 mars à Lyon. CONTACT : Jetro Paris au 01 42 61 27 27 Le Centre UE-Japon pour la Coopération industrielle, fondé par la Commission européenne et le Meti avec le soutien de Jetro, organise diverses formations au Japon axées sur la découverte du management et des marchés japonais, de l’organisation et des structures industrielles au Japon. DU 7 MAI AU 1 ER OU 8 JUIN 2007 « HRTP - Japan Industry Insight »: Ce programme (4 ou 5 semaines au Japon) offre une vision approfondie de la structure industrielle et de la pratique des affaires au Japon. Il s’adresse aux cadres européens qui jouent un rôle déterminant dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques de leur entreprise vis-à-vis du Japon, à ceux qui vont être mutés au Japon ou qui souhaitent se former aux méthodes de gestion et aux dernières évolutions technologiques au Japon. Dates de la formation : du 7 mai au 1er ou 8 juin, la 5e semaine étant optionnelle. Date limite de candidature : 16 février 2007 CONTACT : www.eu-japan.eu/europe/hrtp.html Le journal de Jetro Paris / 4e trimestre 2006 Photos : JNTO HORIZONS JAPON Les « konbini » évoluent Commerces de proximité souvent ouverts 24h/24 et 7j/7, les « conve- baptisé Fork Talk, où après avoir commandé le plat qu'il souhaite man- nience stores » couvrent la totalité du pays avec plus de 40 000 maga- ger, le client peut continuer ses courses dans le magasin : un bipeur le sins au Japon. On les trouve à chaque coin de rue dans les grandes préviendra que son repas est prêt. villes et jusque dans les petites villes et les zones rurales. Comme les Seven-Eleven, à l'origine de l'ouverture du premier convenience store supérettes en France, les « konbini » distribuent des produits de à Tokyo en 1974, parie sur la mise en vente de nouvelles marchandi- consommation courante, mais ils proposent aussi de très nombreux ses. Traditionnellement, les konbini vendent des magazines et des services : photocopie, borne Internet, envoi de fax, réservation de mangas, mais pas de livres reliés. Dans plus d'une centaine de maga- spectacles ou d'hôtels, relais de sociétés de vente par correspondan- sins (sur quelque 11 000 détenus par la chaîne), Seven-Eleven a mis ce. On peut également y payer la plupart des factures : eau, gaz, élec- en vente des romans et essais économiques, dès leur parution. A cause tricité, téléphone, télévision… Selon une enquête de Nikkei du développement d'Internet, les librairies sont en perte de vitesse au Marketing Journal, le chiffre d'affaires global des chaînes de konbini Japon, qui en cinq ans a perdu plus de 3 000 points de vente et comp- est estimé à environ 52 millions d'euros pour l'année fiscale 2005, te aujourd'hui 17 500 librairies. Les éditeurs ont demandé au distribu- Malgré des multiples produits et services qu'ils proposent, les konbini teur Tohan de défendre le marché en vendant les nouvelles parutions font face à une baisse de leurs ventes depuis 2004. La concurrence est via les convenience stores. Si cet essai est validé, la vente des livres au acharnée entre les tenants du marché (Seven Eleven, Lawson et Japon pourrait être révolutionnée. Family Mart) qui annoncent des programmes d'ouverture de magasins Dans douze de ses magasins, Lawson a choisi de chouchouter ses très actifs, mais la lutte se situe aussi sur le plan de l'innovation. clients les plus âgés en aménageant les accès, en abaissant la hau- Comment attirer de nouveaux clients ? Les stratégies diffèrent, mais teur des rayons, en grossissant l'affichage des prix, en proposant des reste un point commun, à savoir ne pas hésiter à modifier l'identité, et produits spécifiques et même en installant des bancs et des tables l'uniformité, de l'enseigne et proposer de nouveaux produits et servi- devant les magasins afin de permettre à ses clients seniors de passer ces en fonction de la clientèle des différents points de vente. un moment ensemble. Dans le futur, Lawson envisage de convertir Ministop, chaîne affiliée à Aeon Co., propose désormais dans certains ainsi 30 % de ses magasins. magasins des plats chauds, des pâtisseries et des onigiri préparés sur De son côté, Family-Mart a ouvert en avril un magasin dans un cam- place à la demande. Dès 7 heures du matin, étudiants et cols blancs pus universitaire où il vend des bento pour le déjeuner, des sandwichs s'y pressent sur le chemin de la faculté ou du bureau. Ceux qui restent et de la papeterie. Le magasin n'est qu’une heure et demie par jour, tard au bureau y trouvent également de quoi dîner. La clientèle fémi- avant le début des cours et à l'heure du déjeuner, mais il draine autant nine représente 40 % des clients de ce nouveau type de magasins, de clients que la moyenne des convenience stores. L'idée de la chaîne contre seulement 20 % pour les Ministop classiques. Circle K Sunkus, est d'ouvrir d'autres magasins dédiés dans des écoles, des hôpitaux ou qui compte plus de 5 000 points de vente dans le pays, ce qui le place des ensembles d’immeubles d’habitation. au quatrième rang des chaînes, a ouvert un nouveau type de konbini, Isabelle Comtet 11 LAURIERS À L’Auvergne à l’heure japonaise 12 Née des volcans, l'Auvergne est une l'aéronautique. Aux côtés de grands depuis longtemps des contacts commer- terre d'eau et de feu qui conjugue toutes noms de l'industrie, parmi lesquels ciaux avec le Japon. Celui-ci sait en effet les énergies. Energie de la terre qui a Michelin, Danone, l'Oréal, Alcan, Sagem apprécier à sa juste valeur le savoir-faire permis le développement de grandes et Louis Vuitton, tout un réseau de des hommes et la qualité des produits cultures dans les plaines de la Limagne PME-PMI, dont certaines leaders sur proposés par l'Auvergne. Pour accentuer et d'un élevage de qualité dans les pâtu- leur marché, apporte sa vitalité au tissu cette synergie, l'Agence régionale de rages. Energie des sources souterraines économique. Deux universités, sept développement économique s'est rap- qui a suscité la création de stations ther- grandes écoles, des équipes de recherche prochée de Jetro. Ce partenariat a per- males réputées, telles Vichy ou Châtel- renommées et des centres de transfert mis l'organisation à Kumamoto, en juin Guyon, et l'exploitation d'eaux de technologies spécialisés créent un 2006, de rencontres d'affaires auxquelles minérales, telles Volvic ou Arvie. Energie environnement particulièrement favora- des entreprises d'Auvergne ont pris part, enfin des hommes qui ont su bâtir un ble à l'implantation et au développement notamment la coutellerie Dassaud, fabri- En étroite collaboration avec l’ARDE d’Auvergne, Jetro Paris organise les 21 et 22 d é c e m b r e à C l e r m o n t- F e r r a n d e t V i c h y u n c o l l o q u e c o n s a c r é a u m a r c h é j a p o n a i s , suivi d’entretiens individuels ouverts aux entreprises de la région. cant de couteaux professionnels pour la découpe de bovins et savoir-faire dans de nombreux domaines. des entreprises. Cette alliance réussie du volailles, Alt-partners /Babymoov, spé- Aujourd'hui, l'Auvergne offre de multi- potentiel de recherche et du dynamisme cialiste des articles de puériculture, la ples compétences dans les secteurs de des acteurs économiques de l'Auvergne scierie des Combrailles, les Cannes Fayet, l'agroalimentaire, de la nutrition humai- se retrouve dans les trois pôles de com- leader en France des cannes haut de ne et de la santé, des matériaux et de pétitivité attribués à la région : Cérales gamme, et Rochias, entreprise de Photo : DR Vallée, pour l'innovation dans les transformation industrielle d'ail, d'oi- céréales, InnoViandes, pour la gnons et d'échalottes. D'autres rendez- viande et les produits carnés, vous de ce type devraient se dérouler ViaMéca, pour la mécanique. Les au cours de l'année 2007.J entreprises d'Auvergne ont noué J.-P. Maillot, Directeur de l'ARDE Auvergne Directeur de la publication : Tsuyoshi Nakai. Rédacteur en chef : Daisuke Yamaguchi. Rédaction/publication : Isabelle Comtet ([email protected]).. Les articles expriment les opinions des rédacteurs et ne reflètent pas nécessairement l’opinion de Jetro. Dépôt légal : 4e trimestre 2006. N° ISSN : 1254-6666. Publication Jetro Paris - Organisation japonaise du commerce extérieur 2, place du Palais-Royal 75044 Paris cedex 01. Tél. : 01 42 61 27 27. Internet : http : //www.jetro.go.jp/france/paris