Critiques de la société de consommation
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Critiques de la société de consommation
Histoire des Arts – Classe de 3ème A – Mme Busset & M David SUJET 5 : Thématique : Arts, créations, cultures Sujet : Critiques de la société de consommation Œuvres : 1- Extrait de Roses à crédit, Elsa Triolet, Gallimard, 1959 (document 1). 2- La Complainte du progrès, chanson de Boris Vian, 1956 (document 2). 3- Supermarket Lady (la ménagère américaine des années 1960), sculpture de Duane Hanson, 1969-1970 (doc 3). Problématique : De quelle façon les artistes critiquent-ils la société de consommation ? Questionnaire de guide : - Présenter les œuvres. - Décrire l’installation (doc 3), raconter la chanson (doc 2) et l’extrait (doc 1). - Quelles sont les critiques de la société de consommation dénoncées par chaque œuvre ? - Par quels moyens ou éléments chaque artiste dénonce-t-il la société de consommation ? - D’après vous, quelle œuvre dénonce le mieux la société de consommation ? Pour aller plus loin : - Logorama, court-métrage de François Alaux, Hervé de Crécy et Ludovic Houplain, 2009 (Oscar 2010 et César 2011 du meileur court-métrage). http://www.youtube.com/watch?v=YJy14gmIVX0 - Je rappe et je zappe, dans l’album Les Tentations (1997) de Passi. http://www.youtube.com/watch?v=gB7V6-SPxaE - Les Choses, dans l’album Chanson pour les pieds (2001) de Jean-Jacques Goldman. http://www.youtube.com/watch?v=7oNV2KIhYko Document 1 : Extrait de Roses à crédit, Elsa Triolet, Gallimard, 1959 Le frigidaire avait apparu dans la cuisine en plein hiver. Il y trônait comme un MontBlanc, beau, encombrant et utile. Martine, avec Mme Denise, Pierre Genesc et Cécile, autour d’une table de bridge, faisait une partie. Daniel, en arrivant, fit se lever tout le monde… il eut le sentiment de déranger. Il y avait des boissons glacées. Ce n’est que le lendemain matin qu’il demanda, incidemment, avec quoi Martine comptait payer ce confort ? - Avec quoi payes-tu tes expériences coûteuses ? - Ton père est pauvre, répondit Martine, insolente, mais quand on a envie de quelque chose, on s’arrange… Et elle ajouta, gentiment : - On m’a augmentée, je le dois à Denise. Ton père ne peut vraiment pas faire mieux ? Daniel s’assit lourdement sur le matelas à ressorts : - Je ne sais pas. Peut-être est-il très riche… Peut-être a-t-il du mal à joindre les deux bouts… Mais je sais que je ne lui demanderai plus rien. Tout cela m’horripile. Je ne veux pas me mettre martel en tête pour boire frais. Mais quand, peu de temps après, la télévision fit son entrée dans la salle à manger, Daniel se fâcha tout rouge. Malgré les facilités de paiement et l’augmentation de Martine, il fallait, tous les mois, courir pour trouver l’argent des échéances… Elles étaient beaucoup trop lourdes. Daniel avait beau crier, il ne pouvait pas laisser Martine dans ses difficultés. Il entreprit la traduction de l’anglais d’un ouvrage scientifique, il y passait ses nuits… Il demanda à M. Donelle une « prime » pour son voyage dans le midi… Pour la dernière échéance du frigidaire, Martine avait été obligé d’aller mendier chez M’man Donzert, et ça n’a pas été tout seul, hein ? - Comment le sombre. sais-tu ? Martine était - Par Cécile, idiote ! Elle m’a téléphoné et elle m’a dit que pour payer ton échéance, M’man Donzert a dû mettre au clou sa chaîne en or… en cachette de son mari. Elle m’a demandé si je ne pourrais pas rembourser, avant qu’il ne s’en soit aperçu… Quand je mange froid, maintenant, ça me glace ! - Et pourquoi n’est-elle pas venue me le dire, à moi ? - Parce que ces femmes t’aiment, imagine-toi, qu’elles ne veulent pas te faire de la peine ! - Alors toi ? Toi, tu me le dis parce que tu ne m’aimes pas ? Martine sur le petit divan du cosy s’était mise à sangloter… Daniel hésita, mais n’y tint pas et la pris dans ses bras… Martine n’était pas une petite femme bébête, incohérente, fantasque, une femme de vaudeville, il fallait Histoire des Arts – Classe de 3ème A – Mme Busset & M David – SUJET 5 – Page 1 Histoire des Arts – Classe de 3ème A – Mme Busset & M David SUJET 5 (suite) Document 1, suite : Suite de l’extrait de Roses à crédit, Elsa Triolet, Gallimard, 1959 qu’elle comprenne, il ne pouvait plus demander d’argent à son père… La rose parfumée ne semblait pas vouloir tenir ce qu’elle promettait, il y avait cette déception, et son père, qui devenait plus compréhensif, allait sûrement à nouveau se durcir, lui reprocher ses extravagances… D’autres hybridations qu’il avait entreprises rattraperaient peut-être ce qu’il avait perdu auprès de lui… D’ailleurs, si cela continuait, il passerait à la recherche pure, aux travaux de génétique, comme cela on lui ficherait la paix ! Mais il y avait cet amour des roses, la passion du créateur…, cela lui faisait mal au cœur de quitter les plantations pour le microscope. Peut-être créerait-il quand même la rose Martine Donelle, qui leur donnerait tout ce que Martine souhaitait, parce que, lui, ne souhaitait qu’une chose : la voir heureuse. Et c’était incompréhensible qu’un bonheur qui dépend d’objets inanimés, que l’on peut simplement acheter, fût disputé à qui que ce soit… Daniel se sentait mesquin, pauvre de générosité. En même temps révolté de voir le bonheur à la merci d’un frigidaire. Qu’est ce qu’il y pouvait ! Que pouvait-il contre l’idéal électroménager de Martine. C’était une sauvage devant les babioles brillantes, apportées par les blancs. Elle adorait le confort comme une païenne, et on lui avait donné le crédit, anneau magique des contes de fées que l’on frotte pour faire apparaître le démon à votre service. Oui, mais le démon qui aurait dû servir Martine l’avait asservie. Crédit malin, enchantement des facilités qui comble les désirs, crédit tout puissant, petite semaine magicienne, providence et esclavage. Daniel se sentait battu, bêtement battu par des objets. Sa Martine-perduedans-les-bois convoitait follement un cosy-corner. Document 2 : La Complainte du progrès, chanson de Boris Vian, 1956 http://www.youtube.com/watch?v=1_zbXYVa04k&feature=related Paroles : Autrefois pour faire sa cour On parlait d'amour Pour mieux prouver son ardeur On offrait son cœur Aujourd'hui, c'est plus pareil Ça change, ça change Pour séduire le cher ange On lui glisse à l'oreille Ah? Gudule! Viens m'embrasser Et je te donnerai.. Autrefois s'il arrivait Que l'on se querelle L'air lugubre on s'en allait En laissant la vaisselle Aujourd'hui, que voulez-vous La vie est si chère On dit: rentre chez ta mère Et l'on se garde tout Ah! Gudule ! Excuse-toi Ou je reprends tout ça… Refrain : Un frigidaire, Un joli scooter Un atomixer, Et du Dunlopillo Une cuisinière, Avec un four en verre Des tas de couverts Et des pell' à gâteaux Une tourniquette Pour fair' la vinaigrette Un bel aérateur Pour bouffer les odeurs Des draps qui chauffent Un pistolet à gaufres Un avion pour deux Et nous serons heureux Refrain : Mon frigidaire, Mon armoire à cuillères Mon évier en fer, Et mon poêl' à mazout Mon cire-godasses Mon repasse-limaces Mon tabouret à glace Et mon chasse-filous La tourniquette A faire la vinaigrette Le ratatine-ordures Et le coupe-friture Et si la belle Se montre encore rebelles On la fiche dehors Pour confier son sort Au frigidaire À l'efface-poussière À la cuisinière Au lit qu'est toujours fait Au chauffe-savates Au canon à patates À l'éventre-tomates À l'écorche-poulet Mais très très vite On reçoit la visite D'une tendre petite Qui vous offre son cœur Alors on cède Car il faut bien qu'on s'entraide Et l'on vit comme ça Jusqu'à la prochaine fois Et l'on vit comme ça Jusqu'à la prochaine fois Et l'on vit comme ça Jusqu'à la prochaine fois Histoire des Arts – Classe de 3ème A – Mme Busset & M David – SUJET 5 – Page 2 Histoire des Arts – Classe de 3ème A – Mme Busset & M David SUJET 5 (suite) Document 3 : Supermarket Lady (la ménagère américaine des années 1960), sculpture de Duane Hanson, 1969-1970, Musée de Budapest Histoire des Arts – Classe de 3ème A – Mme Busset & M David – SUJET 5 – Page 3