du 25 au 31 août 2014 – n° 7567
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du 25 au 31 août 2014 – n° 7567
4 FOIRE DE CHÂLONS www.forumeco.com DU 8 AU 14 SEPTEMBRE 2014 - N° 7567 Les nouvelles technologies révolutionnent le monde Innovation. Les avancées des grandes firmes américaines vont transformer l’économie mondiale et même l’être humain. Le docteur Laurent Alexandre présente les enjeux des NBIC : Nano-technologies, Biologie, Informatique et sciences Cognitives. son absence. « La France crève de deux choses : sa technophobie et son énarchie qui ne comprend rien à l’entreprise », assène le docteur Laurent Alexandre (lire encadré) qui fustige aussi le manque de philanthropie des riches Français pour financer la recherche, contrairement aux Américains. P.D. L’HOMME EST UN PRODUIT À AMÉLIORER Laurent Alexandre était l’invité de la CCI sur la Foire de Châlons. N ous baignons dans des (r)évolutions technologiques au quotidien, au point de ne pas réellement en saisir la portée et les applications qui en découlent. Les drones de livraison d’Amazon vont bouleverser le commerce et la logistique, la Google Car sans conducteur et l’application Uber (réservation de voitures de tourisme avec chauffeur) mettront au chômage tous les taxis, les plates-formes de réservation en ligne ont pris le dessus sur les hôteliers... Et le pouvoir issu de ce savoir technologique est concentré dans quelques grandes entreprises que les spécialistes nomment GAFA : Google, Apple, Facebook et Amazon qui, par leur maîtrise des données et leur puissance, menacent aussi d’autres secteurs traditionnels comme la bancassurance. Si l’Asie, notamment la Chine, est aussi dans la course, l’Europe brille par Autre exemple pour illustrer cette nouvelle échelle de valeur qui nous échappe : « L’application Whatsapp (messagerie mobile gratuite, plus de 450 millions d’utilisateurs, NDLR) a été rachetée 19 milliards de dollars par Facebook. En quatre ans, une start-up d’une cinquantaine de jeunes ingénieurs coûte plus cher que Peugeot (120 ans d’existence et 150 000 personnes) ». Il ajoute que dans les dernières enquêtes de satisfaction clients, Amazon devance nettement Leclerc comme enseigne préférée des Français. Bien au-delà de l’économie, ce sont les évolutions dans le secteur de la santé qui doivent interpeller, car elles vont transformer l’être humain, comme le révèle l’énarque entrepreneur : « La révolution biotechnologique mériterait un sommet mondial au moins autant que le réchauffement climatique, voire plus. (...) La génomique et les thérapies géniques, les cellules souches, la nano-médecine réparatrice, l’hybridation entre l’homme et la machine sont autant de technologies qui vont bouleverser en quelques générations tous nos rapports au monde. Il est ainsi probable que l’espérance de vie doublera, au minimum au cours de ce siècle. Le recul accéléré de la mort sera la plus vertigineuse conséquence de ce que les spécialistes appellent la grande convergence NBIC, c’est-à-dire les synergies entre Nano-technologies, Biologie, Informatique et sciences Cognitives ». LES FRONTIÈRES ÉTHIQUES SONT REPOUSSÉES Si Laurent Alexandre explique que le business n’est pas la motivation première des patrons de GAFA, passionnés de transhumanisme avec la volonté de repousser les limites humaines, le secteur de la cosmétique, comme tant d’autres, est menacé. Dans Le Monde daté du 2 septembre, il a d’ailleurs écrit une tribune « Google vat-il tuer L’Oréal ? » car la firme américaine (par sa filiale Calico) arrivera, elle, à développer des produits avec de vrais arguments scientifiques et non plus seulement marketing. En septembre 2013, c’est le magazine américain Time qui titrait en une : « Google peut-il résoudre la mort ? ». En liant la puissance exponentielle de calcul informa- tique et les progrès du séquençage de l’ADN, l’homme dans sa version actuelle sera vite dépassé. Sur le plan médical, ces recherches vont permettre de réparer puis d’améliorer l’individu, sur le plan cérébral et physique, dans une réalité qui rattrape la science-fiction et qui pose de nouvelles questions éthiques. « Les lignes rouges de la bioéthique sont des lignes Maginot », ajoute le scientifique. Il cite l’accouchement sans douleur, la pilule, l’IVG, la transplantation d’organes, la fécondation in vitro, les implants cochléaires... et demain la technomaternité et l’eugénisme ? « Ma génération du papyboom est aussi celle d’Alzheimer... Nous dirons oui aux cellules souches et aux thérapies géniques pour éviter de porter des couches ». Afin de limiter le retard français, il lui semble indispensable de totalement repenser l’éducation des enfants pour les former à ce nouveau monde. Ce qui ne veut pas dire d’arrêter de leur enseigner l’histoire car il est primordial d’en tenir compte pour ne pas succomber aux risques totalitaristes qui découlent des progrès technologiques, souligne Laurent Alexandre qui conclut : « Le futur se construit loin de chez nous et peut-être contre nous ». Un énarque entrepreneur Laurent Alexandre est énarque, chirurgien urologue, créateur du site doctissimo.com (revendu en 2008) et expatrié à Charleroi, en Belgique pour son entreprise DNA Vision (rachetée en 2010) spécialisée dans le séquençage ADN et auteur de plusieurs livres dont La mort de la mort publié en 2011 et La défaite du cancer, à paraître mi-octobre. Dans sa conférence one-man show* sur la Foire de Châlons, il n’a pas ménagé les hommes politiques, se moquant de leur inaction, de leur incapacité à se servir d’un ordinateur ou encore de leur faible niveau d’anglais. Il réclame d’ailleurs la suppression de l’ENA pour changer les élites françaises. Plus encore que le principe de précaution français, il dénonce « l’éco-système européen qui ne permet pas de créer un géant mondial ». Un homme, dont il se déclare proche, trouve grâce à ses yeux : le nouveau ministre de l’Economie, Emmanuel Macron « qui comprend les nouvelles technologies ». * Voir sa prestation lors de la conférence TEDX de Paris 2012 : www.tedxparis.com/ talks/laurent-alexandre-lerecul-de-la-mort-vers-uneimmortalite-a-breve-echeance/ Philippe Demoor « L’homme connecté garde le contrôle » C onnecté depuis toujours, l’homme l’est de plus en plus à travers son avatar, son moi numérique, « mais il ne faut pas en avoir peur », tempère Daniel Nabet, président du Centre National RFID qui travaille au développement objets connectés. Plus connu en Champagne-Ardenne comme le directeur régional d’Orange, il reconnaît que l’homme va être capable de s’augmenter à travers des prothèses numériques, mais il est convaincu que « les objets ne sont et ne font que ce que nous voulons qu’ils soient et fassent ». Autrement dit, il écarte totalement tout scénario à la Terminator ou à la Matrix où l’humain perd le contrôle. Pour autant, Daniel Nabet ne prétend pas que le monde connecté soit paradisiaque, il comporte des risques comme le monde réel. Il est notamment indispensable de protéger les données personnelles des utilisateurs, ce qui est le but d’une directive euro- péenne PIA (Privacy Impact. Assessment) qui doit voir le jour en 2015. Afin de mieux comprendre l’intérêt de ces nouvelles technologies, il salue la création d’une Cité des objets connectés l’an prochain à Angers qui servira à la fois de lieu d’expérimentation et de show-room. L’enjeu est important car les prévisions prévoient de passer de 3,47 à 6,58 objets connectés par personne en 2020. - PETITES P.D. AFFICHES MATOT P.D. Daniel Nabet, président du Centre National RFID (IDentification RadioFréquence), relativise les dangers du monde connecté. Daniel Nabet est confiant sur l’avenir et la maîtrise des objets connectés. BRAINE- DU 8 AU 14 SEPTEMBRE 2014 - N° 7567 FOIRE DE CHÂLONS www.forumeco.com 5 Innovation. En machinisme et robotique, en agronomie, en collecte et analyse des données… l’agriculture est pleinement engagée dans l’adoption des nouvelles technologies. Place aux agriculteurs 2.0 «L es interconnexions entre le champs et l’ordinateur sont de plus en plus fortes. L’agriculture se virtualise, comme tous les business », présente JeanPaul Hébrard, rédacteur en chef d’Agriculture et nouvelles technologies et animateur du débat organisé par la Chambre d’Agriculture sur l’innovation. Il cite ainsi de nombreuses avancées dans l’agriculture mondiale : « Le constructeur John Deer va bientôt commercialiser des tracteurs sans cabine qui seront pilotés par un seul opérateur qui fera travailler ce troupeau de tracteurs. L’entreprise lance aussi une plateforme pour collecter et transférer les données entre utilisateurs. Les drones permettent de collecter des données et de fournir les indications au tracteurs sur les quantités de produire à appliquer à tel endroit. Le semancier Monsanto a investi 1 milliard de dollars pour acheter Climate corporation et extrapoler les données climatologiques et prévoir les rendements futurs dans 9 cas sur 10 ». Ce qui leur permettra aussi de proposer des services d’assurance sécheresse aux agriculteurs... DES INNOVATIONS DANS TOUS LES CHAMPS En France aussi, la profession est active, que ce soit au niveau des entreprises ou des organismes de recherche. « Les technologies génétiques permettent de raccourcir le temps. La génomique est une technologie de rupture », avance ainsi Bruno Desprez, directeur général du producteur de semences Florimond Desprez. Pour traiter les plantes des progrès importants sont aussi réalisés comme l’explique Jean-Paul Bordes, directeur du département R&D d’Arvalis (institut technique céréalier): « Le biocontrôle représente aujourd’hui 3,5 % du marché de la protection des plantes. Il s’agit par exemple d’utiliser le trichogramme qui est un parasite de la pyrale qui ravage le maïs. Les bioherbicides permettent le défanage de la pomme de terre pour qui l’utilisation d’un biostimulant permet de renforcer les défenses de la plante et ainsi de réduire la quantité de fongicide nécessaire pour éviter le mildiou. L’huile de menthe sert également à lutter contre la germination ». Sur le plan de l’agroéquipement, Jérôme Mestrude, responsable de la communication de Tecnoma (groupe Exel Industries) estime que des améliorations existent déjà mais qu’elles ne sont pas encore très répandues, notamment dans son métier de la pulvérisation : « Le parc installé met 10-15 ans à se renouveler. Des machines plus précises permettent déjà de réduire les dérives de pulvérisation de près de 90 % ». L’AMBITION DE LA FERME 112 Les exemples sont donc nombreux dans toutes les composantes de la pratique agricole. L’enjeu est de permettre de lier innovation écologique (moins d’engrais et de produits phytosanitaires) et productivité. C’est justement la volonté de la Chambre d’A- Les spécialistes sont unanimes, l’agriculture est en pleine mutation. griculture et notamment de son président marnais, Maximin Charpentier, en charge du projet de Ferme 112 (lire PAMB n°7566) : « Nous devons redéfinir notre projet cible pour demain et mettre les gens en réseau. La Chambre fait l’interface entre les demandes des agriculteurs, dont le besoin de formation, et les attentes sociétales ». Il ajoute que la ferme expérimentale devra aussi Témoignages. Nouvelle méthode pour fabriquer, pour se financer ou pour servir ses clients, les entrepreneurs de Champagne-Ardenne innovent. De l’industrie au commerce, l’innovation est partout dans la région C e n’est pas à la même échelle que les projets de Google, Apple, Facebook et Amazon, mais les PME de Champagne-Ardenne ont aussi un savoir-faire innovant. Parmi eux, l’incontournable Joseph Puzo, pdg d’Axon’Cable et président du pôle de compétitivité Materalia qui a présenté la révolution de la fabrication additive (l’imprimante 3D) et invite toutes les entreprises à s’engager dans cette voie. Timothée Duguit, président de Duguit Technologies (regroupant les marques Champagel et Allians Robotics), est lui un apôtre de la robotique. « C’est un marché sans limite, le développement industriel français passe par là ». L’innovation ne se limite toutefois pas à l’industrie. Les services sont aussi concernés par cette quête comme l’explique Samuel Gervaise, président de Cébios : « Nous sommes une entreprise de formation en risque qualité, sécurité et environnement. Nous créons des jeux pédagogiques pour nos clients et nous remettons en cause nos produits tous les ans. L’innovation est aussi un outil de management du personnel ». SE METTRE AU WEB OU DISPARAÎTRE Chez les commerçants, Jean-Paul Hasseler, dirigeant de www.provenancedirecte.com (alcools...) est mobilisé L’innovation régionale sous toutes ses formes. sur la formation de ses confrères au ecommerce à la Chambre de Commerce et d’Industrie. Il estime que 70 % de son chiffre d’affaires provient désormais de son site. Innover, c’est aussi se financer autrement, estime Lucile Mourot qui va ouvrir à la fin du mois son bar à vins biologiques Aux 3 P’tits Bouchons, rue Gambetta : « J’ai eu recours au crowdfunding (financement participatif ) sur la plate-forme Ulule - PETITES où nous avons obtenu plus de 6 000 € (10 % du projet) par 115 contributeurs, ce qui m’a aidé ensuite pour aller voir les banques ». Suivant le montant de leur participation, les internautes reçoivent un verre ou plus en contrepartie. Ces clients déjà acquis sont aussi des relais de communication pour l’entreprise. AFFICHES P.D. MATOT BRAINE- permettre de « vulgariser et de prouver les résultats pour former les agriculteurs de demain ». En conclusion, le président régional, Régis Jacobé, estime qu’il était nécessaire que la profession soit proactive car « la France n’est plus la première agriculture d’Europe mais la troisième. Il est temps de réagir en utilisant ses différentes solutions. Nous nous préparons à l’agriculture de demain mais nous irons plus vite si l’Etat nous en laisse les moyens… ». Attention toutefois, prévient-il, à ce que l’agriculture conserve le plus possible de maîtrise de ses informations et ne soit pas dépendante de géants de la collecte et de l’analyse des données. Philippe Demoor 6 FOIRE DE CHÂLONS www.forumeco.com DU 8 AU 14 SEPTEMBRE 2014 - N° 7567 Technologie. Appelé depuis peu Méga Données, le Big Data est un entrepôt de données qui se comptent en milliards. Bien utilisé, il est un magnifique outil de développement des territoires de demain, pourvu que les données ne se retrouvent pas dans la nature. Big Data : un outil de développement L e Big Data et les territoires de demain, ce serait une affaire de mégalopoles ? « Les grandes villes ont un avantage spontané », explique Philippe Tibi, fondateur de Pergamon Campus, professeur d’économie à l’Ecole Polytechnique et à Sciences Po Paris lors des dialogues de l’économie. Il illustre son propos en donnant un exemple concernant la criminalité à NewYork. « Elle a baissé de 80 % grâce au Big Data. En France, nous comptons 1 200 projets de villes intelligentes dont une grande partie repose sur des objets connectés ». Puis il cite d’autres applications possibles comme la gestion des flux. « Transport/parkings, déchets, énergie mais aussi la question des risques comme la protection des personnes fragiles, les incendies, les inondations, les crimes, les pollutions ». L’enseignant parle aussi d’un outil au service de la démocratie locale. « Il permet de mieux impliquer les citoyens dans la vie démocratique et de permettre le libre accèsaux données publiques. Comprendre le Big Data est indispensable car si vous ne le comprenez pas, d’autres le feront pour vous. Mais il ne faut pas faire preuve de béatitude devant la technologie ». La table ronde qui a suivi cet exposé montre effectivement tous les atouts du Big Data. « C’est un outil intéressant par exemple pour les transports, pour adapter la desserte régionale. Il faut développer l’utilisation d’un point de vue collectif », note Patrick Tassin, président du CESER. Catherine Vautrin, présidente de Reims Métropole, estime que ce sont des données extrêmement utiles. « Notre collectivité s’est engagée sur le système de stockage Roméo, outil nécessaire pour utiliser l’ensemble des données. Et puisque nous devons réaliser des économies, avec le Big Data, nous pouvons mieux connaitre les besoins de nos concitoyens. Mais rien ne remplace la proximité », insiste-t-elle. UTILISATION PAR LES ENTREPRISES Directeur qualité, marketing et communication au Crédit Agricole du Nord-Est, Emmanuelle Simi utilise cet outil. « Nous disposons de 30 000 données pour un client. Nous doublons tous les ans. Il y a des données bancaires mais aussi extrabancaires. Nous n’en exploitons que Le Big Data représente un potentiel intéressant pour les entreprises et les collectivités. 500. Cela nous apporte une efficacité commerciale et une meilleure connaissance du client ». Quant à Jean-Luc Charazain, Orange business service, il explique que des milliards de données sont stockées par l’opérateur, notamment de géolocalisation. « Nous travaillons sur les déplacements de populations comme la fréquentation des trains - PETITES AFFICHES MATOT par exemple. Ces données intéressent les banques, les collectivités locales, les centres commerciaux ou les chaînes franchisées… ». Spécialiste des statistiques, Antoine Frachot se méfie de ces gisements de données. « Dans l’administration notamment, il y a des données inexploitables sauf à garantir qu’elles ne vont pas se retrouver dans la nature ». BRAINE- Jean-Marc Durkowski, directeur régional adjoint du Renseignement Intérieur, estime « qu’un jour ou l’autre les données se retrouvent dans le moteur. Les cybercriminels ont toujours deux ou trois temps d’avance. Il faut donc renforcer les moyens face à eux », prévient-il. Denis Barbier 8 FOIRE DE CHÂLONS www.forumeco.com DU 8 AU 14 SEPTEMBRE 2014 - N° 7567 Entreprises. Le CRA conseille et suit les cédants et repreneurs d’affaires dans leurs transactions. L e marché national de la transmission d'entreprises est estimé à 185 000 entreprises dont seulement 15 000 de plus de dix salariés. « Sur les 3,6 millions d'entreprises en France, 600 000 d'entre elles ont des dirigeants de plus de 50 ans », précise Jacques Cerini administrateur du CRA. De son côté, le CRA est impliqué dans 300 cessions-reprises chaque année sur le plan national. « Nous ne sommes pas présents sur le marché du fonds de commerce de proximité et notre "part de marché" est de 8 à 10% des entreprises cédées hors des cessions intrafamiliales et des reprises par les salariés, soit entre 3 000 et 4 000 entreprises par an. Cela représente un enjeu de 750 000 personnes et si les entreprises sont bien reprises, on estime que cela permettrait de reprendre entre 150 000 et 180 000 emplois », ajoute Jacques Cerini. « Avant de regarder quels repreneurs il y a autour, il faut vérifier qu'il n'y a pas de ressources ou au moins une personne intéressée en interne. Il est important d'avoir la complicité des collaborateurs, sinon on s'expose au risque que l'un d'eux puisse vous mettre des bâtons dans les roues », explique Chantal Gentilhomme-Daubré déléguée du CRA régional. « Nos posons la questions aux cédants et nous les mettons en garde de ne pas perdre les cartes qu'ils ont déjà entre leurs mains ». Un avis partagé par Me François Drouot du Cabinet Octav : « Il est très important de vérifier en interne qu'il n'y a pas quelqu'un qui s'estime compétent, au risque de créer une frustration ». Et si ce dernier rappelle que la présence d'un avocat dans la transaction n'est pas indispensable, avoir un conseil à ses côtés est vivement recommandé. « Avoir une tierce personne avec soi permet de dédramatiser la situation et de bénéficier de conseils d'expérience »,acquiesce Chantal Gentilhomme-Daubré. UN PRIX DE VENTE DIFFICILE À DÉTERMINER Parmi les conseils à suivre, le cédant doit préparer à l'avance sa cession et apprendre, davantage encore dans les petites entreprises, à rendre l'entreprise « moins dépendante de lui ». Enfin, toute cession-reprise est liée à un aspect incontournable et parfois source d'incompréhensions ou de blocages : celui du montant de la transaction. De plus en plus souvent calculés selon les critères bancaires, les prix des entreprises ne doivent pas uniquement être calculées en fonction du chiffre d'affaires, rappellent les intervenants. « Nous ne pensions pas que nous vendrions un jour, explique Patrick Mazingue, qui a cédé son entreprise de ferronnerie début 2014. D'ailleurs nous ne savions même pas qu'elle avait une valeur et la grande difficulté a été de calculer cette valeur ! ». Pour Me Drouot, « il y a aujourd'hui un vrai problème d'adéquation entre l'acheteur et le vendeur. Il ne suffit pas de regarder le lien entre le chiffre d'affaires et le prix de vente, il faut étudier les bilans. Il faut aussi rappeler que tout n'est pas payable au comptant, car il peut y avoir des aménagements comme une clause - PETITES AFFICHES MATOT B.B. Cession d’entreprise : anticiper pour éviter les blocages Jacques Cerini, administrateur du CRA. d'intéressement, une prime de départ, etc. ». À titre d'exemple, Daniel Cames, cédant de l'entreprise Nord-Est TP Canalisations dont l'entreprise a été reprise par ses lieutenants, a laissé à ces derniers 10% des actions comme les textes le lui per- BRAINE- mettent. « Finalement, ce qui fixe le prix de l'entreprise c'est surtout le montant des possibilités de remboursements de l'acheteur », conclut François Drouot. Benjamin Busson DU 8 AU 14 SEPTEMBRE 2014 - N° 7567 COLLECTIVITÉS www.forumeco.com 13 Châlons, Epernay et Reims unies face à la réforme Débat. Quelle place pour la Champagne-Ardenne, et notamment pour sa capitale administrative, dans le cadre du projet de rattachement à l’Alsace-Lorraine ? Les élus des trois grandes villes marnaises ont affiché leur unité dans une conférence organisée sur la Foire de Châlons à laquelle participaient également François Fillon et Pierre Gattaz. CCRB , le club de basket commun à Châlons et Reims, a cependant exprimé l’inquiétude profonde des patrons face à la réforme et plus globalement face à la situation économique. Même Jean-Luc Bohl, président de Metz Métropole, se montre sceptique avec ce projet de « supprimer le millefeuille pour créer un pudding territorial » alors même que la Lorraine serait la grande gagnante, car située au cœur, de la fusion avec la Champagne-Ardenne et l’Alsace. P.D. UNE MÉTHODE QUI NE PASSE PAS Les élus locaux ont aussi écouté l’exemple du pôle métropolitain du sillon lorrain (Thionville, Metz, Nancy et Epinal) par la voix de Jean-Luc Bohl, président de Metz Métropole (au micro). «L ’emploi public représente 50 % de la population active à Châlonsen-Champagne. Nous sommes parfaitement conscients des menaces de perte démographique et d’emplois en cas de mariage avec l’Alsace-Lorraine. C’est même l’ensemble de la Marne et de la région qui risquent d’être marginalisées », alerte Bruno Bourg-Broc, président de Cités-en-Champagne, l’agglomération châlonnaise, déjà mobilisée pour essayer d’éviter le départ de 1 200 militaires et de leurs familles. Il en appelle donc à la création d’un pôle métropolitain avec Reims et Epernay. Bruno Bourg-Broc cite en exemple la formation d’un pôle Nîmes/Montpellier/Alès pour peser face à Toulouse dans le cadre de la fusion prévue entre Midi-Pyrénées et le Languedoc-Roussillon. Déjà membres du G10, les trois villes marnaises sont donc décidées, elles aussi, à aller plus loin ensemble pour renforcer leur attractivité. « Benoist Apparu, député-maire de Châlons, a proposé la fusion des agences d’urbanisme de Reims et Châlons », cite-t-il en exemple. Franck Leroy, maire d’Epernay, rappelle que des tentatives de rapprochement ont déjà existé mais que « c’est la contrainte financière qui nous commande de le faire aujourd’hui ». Avec sa casquette de président du G10, il précise qu’il ne faut pas oublier Château-Thierry, Laon et Rethel qui gravitent autour de Reims. MONTRER L’EXEMPLE AUX CCI En attendant d’élargir le cercle, pour preuve que le G3 marnais se fait de plus en plus confiance, le maire de Reims Arnaud Robinet, François Fillon s’est exprimé sur la réforme et surtout sur son projet personnel pour la France. n’hésite pas à déclarer que sa ville « n’a pas vocation à devenir la capitale administrative ni de la ChampagneArdenne, ni de la future région ». Histoire aussi de montrer que Reims n’est pas une menace pour Châlons. Il souhaite ainsi accélérer les mutualisations entre les collectivités et invite les Chambres de Commerce et d’Industrie de de la Marne (Reims-Epernay et Châlons/Vitryle-François/Sainte-Ménehdoul) à se réunir. Une proposition à laquelle n’a pas répondu Michel Gobillot, président de la CCI châlonnaise. Celui qui est aussi président du Au-delà du contenu de la nouvelle carte territoriale, tous dénoncent la méthode du gouvernement. « Quelle autonomie fiscale pour les collectivités ? », s’interroge d’ailleurs Catherine Vautrin, présidente de Reims Métropole. L’ancien Premier ministre François Fillon est sur la même longueur d’onde : « Dans une période de crise profonde, il est compréhensible que l’Etat demande aux collectivités de réduire leurs dépenses, mais ce n’est acceptable que si l’ensemble de l’administration le fait aussi ». Selon le possible futur candidat à la présidentielle, la réforme des territoires doit avoir pour but de réduire les dépenses et la complexité et c’est ce qu’il avait proposé en envisageant la fusion entre les Conseils généraux et régionaux. « Cette réforme a été abrogée au profit d’un big bang territorial sans concertation », regrette-t-il. Philippe Demoor Pierre Gattaz : « Le pacte de responsabilité n’est pas suffisant, mais on prend » ■■■ « La situation du pays est catastrophique, c’est un énorme gâchis. Ce n’est pas tenable d’avoir 0 % de croissance », s’inquiète Pierre Gattaz, le président du Medef. Selon lui, il est impératif de redonner de la confiance et de la liberté au patronat pour retrouver de la compétitivité. « Le pacte de responsabilité n’est pas suffisant, mais on prend. Nous avons un projet France 2020, une France qui gagne pour donner de la vision au pays », ajoute celui qui appelle à l’assouplissement et à la réduction du code du travail, à l’acceptation de la mondialisation. Le patron des patrons réclame une accélération du revirement engagé par le pouvoir exécutif : « Il faut du courage politique pour aller vite et fort. Nous devons arrêter les postures et le dogme ». LE PROJET DE F. FILLON POUR RELANCER LA FRANCE François Fillon se présente justement sur ce créneau, il affirme qu’il est nécessaire de mener des réformes radicales (sortir des 35h, baisser le coût du travail, réduire le déficit public...) car « la France est à la limite de la révolte, excédée par l’immobilisme ». Il reconnaît sa part de responsabilité : « nos efforts - PETITES de rupture ont été brisés par la crise de 2008 et nous n’avons pas retrouvé cet élan réformateur ensuite », comme celle de toute la classe politique depuis trente ans, mais il compte s’appuyer sur cette expérience, convaincu que « la France peut redevenir la première puissance européenne en dix ans ». AFFICHES P.D. MATOT BRAINE- Pierre Gattaz a profité de sa venue sur la Foire de Châlons pour aller à la rencontre des patrons régionaux.