du 25 au 31 août 2014 – n° 7567

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du 25 au 31 août 2014 – n° 7567
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FOIRE DE CHÂLONS
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DU 8 AU 14 SEPTEMBRE 2014 - N° 7567
Les nouvelles technologies
révolutionnent le monde
Innovation. Les avancées des grandes firmes américaines vont transformer l’économie
mondiale et même l’être humain. Le docteur Laurent Alexandre présente les enjeux
des NBIC : Nano-technologies, Biologie, Informatique et sciences Cognitives.
son absence. « La France crève
de deux choses : sa technophobie et son énarchie qui ne
comprend rien à l’entreprise »,
assène le docteur Laurent
Alexandre (lire encadré) qui
fustige aussi le manque de
philanthropie des riches
Français pour financer la
recherche, contrairement aux
Américains.
P.D.
L’HOMME EST UN PRODUIT
À AMÉLIORER
Laurent Alexandre était l’invité de la CCI sur la Foire de Châlons.
N
ous baignons dans
des
(r)évolutions
technologiques au
quotidien, au point de ne pas
réellement en saisir la portée
et les applications qui en
découlent. Les drones de
livraison d’Amazon vont bouleverser le commerce et la
logistique, la Google Car sans
conducteur et l’application
Uber (réservation de voitures
de tourisme avec chauffeur)
mettront au chômage tous les
taxis, les plates-formes de
réservation en ligne ont pris
le dessus sur les hôteliers... Et
le pouvoir issu de ce savoir
technologique est concentré
dans quelques grandes entreprises que les spécialistes
nomment GAFA : Google,
Apple, Facebook et Amazon
qui, par leur maîtrise des données et leur puissance, menacent aussi d’autres secteurs
traditionnels comme la bancassurance. Si l’Asie, notamment la Chine, est aussi dans
la course, l’Europe brille par
Autre exemple pour illustrer cette nouvelle échelle de
valeur qui nous échappe :
« L’application Whatsapp
(messagerie mobile gratuite,
plus de 450 millions d’utilisateurs, NDLR) a été rachetée
19 milliards de dollars par
Facebook. En quatre ans, une
start-up d’une cinquantaine
de jeunes ingénieurs coûte
plus cher que Peugeot (120 ans
d’existence et 150 000 personnes) ». Il ajoute que dans les
dernières enquêtes de satisfaction clients, Amazon
devance nettement Leclerc
comme enseigne préférée des
Français.
Bien au-delà de l’économie,
ce sont les évolutions dans le
secteur de la santé qui doivent interpeller, car elles vont
transformer l’être humain,
comme le révèle l’énarque
entrepreneur : « La révolution
biotechnologique mériterait
un sommet mondial au moins
autant que le réchauffement
climatique, voire plus. (...) La
génomique et les thérapies
géniques, les cellules souches,
la nano-médecine réparatrice,
l’hybridation entre l’homme
et la machine sont autant de
technologies qui vont bouleverser en quelques générations
tous nos rapports au monde.
Il est ainsi probable que l’espérance de vie doublera, au
minimum au cours de ce siècle. Le recul accéléré de la mort
sera la plus vertigineuse
conséquence de ce que les spécialistes appellent la grande
convergence NBIC, c’est-à-dire
les synergies entre Nano-technologies, Biologie, Informatique et sciences Cognitives ».
LES FRONTIÈRES ÉTHIQUES
SONT REPOUSSÉES
Si Laurent Alexandre
explique que le business n’est
pas la motivation première
des patrons de GAFA, passionnés de transhumanisme
avec la volonté de repousser
les limites humaines, le secteur de la cosmétique,
comme tant d’autres, est
menacé. Dans Le Monde daté
du 2 septembre, il a d’ailleurs
écrit une tribune « Google vat-il tuer L’Oréal ? » car la firme
américaine (par sa filiale
Calico) arrivera, elle, à développer des produits avec de
vrais arguments scientifiques
et non plus seulement marketing. En septembre 2013,
c’est le magazine américain
Time qui titrait en une : « Google peut-il résoudre la mort ? ».
En liant la puissance exponentielle de calcul informa-
tique et les progrès du
séquençage de l’ADN,
l’homme dans sa version
actuelle sera vite dépassé. Sur
le plan médical, ces recherches vont permettre de réparer puis d’améliorer l’individu, sur le plan cérébral et
physique, dans une réalité qui
rattrape la science-fiction et
qui pose de nouvelles questions éthiques. « Les lignes
rouges de la bioéthique sont
des lignes Maginot », ajoute
le scientifique. Il cite l’accouchement sans douleur, la
pilule, l’IVG, la transplantation d’organes, la fécondation
in vitro, les implants cochléaires... et demain la technomaternité et l’eugénisme ?
« Ma génération du papyboom est aussi celle d’Alzheimer... Nous dirons oui aux cellules souches et aux thérapies
géniques pour éviter de
porter des couches ».
Afin de limiter le retard
français, il lui semble
indispensable de totalement
repenser l’éducation des
enfants pour les former à ce
nouveau monde. Ce qui ne
veut pas dire d’arrêter de leur
enseigner l’histoire car il est
primordial d’en tenir compte
pour ne pas succomber aux
risques totalitaristes qui
découlent des progrès technologiques, souligne Laurent
Alexandre qui conclut : « Le
futur se construit loin de chez
nous et peut-être contre nous ».
Un énarque
entrepreneur
Laurent Alexandre est énarque,
chirurgien urologue, créateur
du site doctissimo.com
(revendu en 2008) et expatrié
à Charleroi, en Belgique pour
son entreprise DNA Vision
(rachetée en 2010) spécialisée dans le séquençage ADN
et auteur de plusieurs livres
dont La mort de la mort publié
en 2011 et La défaite du cancer, à paraître mi-octobre.
Dans sa conférence one-man
show* sur la Foire de Châlons,
il n’a pas ménagé les hommes
politiques, se moquant de leur
inaction, de leur incapacité à
se servir d’un ordinateur ou
encore de leur faible niveau
d’anglais. Il réclame d’ailleurs
la suppression de l’ENA pour
changer les élites françaises.
Plus encore que le principe de
précaution français, il dénonce
« l’éco-système européen qui
ne permet pas de créer un
géant mondial ». Un homme,
dont il se déclare proche, trouve
grâce à ses yeux : le nouveau
ministre de l’Economie, Emmanuel Macron « qui comprend les
nouvelles technologies ».
* Voir sa prestation lors de la
conférence TEDX de Paris
2012 : www.tedxparis.com/
talks/laurent-alexandre-lerecul-de-la-mort-vers-uneimmortalite-a-breve-echeance/
Philippe Demoor
« L’homme connecté garde le contrôle »
C
onnecté depuis toujours,
l’homme l’est de plus en plus
à travers son avatar, son moi
numérique, « mais il ne faut pas en
avoir peur », tempère Daniel Nabet,
président du Centre National RFID
qui travaille au développement
objets connectés. Plus connu en
Champagne-Ardenne comme le
directeur régional d’Orange, il reconnaît que l’homme va être capable de
s’augmenter à travers des prothèses
numériques, mais il est convaincu
que « les objets ne sont et ne font que
ce que nous voulons qu’ils soient et
fassent ». Autrement dit, il écarte totalement tout scénario à la Terminator ou à la Matrix où l’humain perd
le contrôle.
Pour autant, Daniel Nabet ne prétend pas que le monde connecté soit
paradisiaque, il comporte des risques
comme le monde réel. Il est notamment indispensable de protéger les
données personnelles des utilisateurs,
ce qui est le but d’une directive euro-
péenne PIA (Privacy Impact. Assessment) qui doit voir le jour en 2015.
Afin de mieux comprendre l’intérêt de ces nouvelles technologies, il
salue la création d’une Cité des objets
connectés l’an prochain à Angers qui
servira à la fois de lieu d’expérimentation et de show-room. L’enjeu est
important car les prévisions prévoient de passer de 3,47 à 6,58 objets
connectés par personne en 2020.
- PETITES
P.D.
AFFICHES
MATOT
P.D.
Daniel Nabet, président du Centre National RFID (IDentification
RadioFréquence), relativise les dangers du monde connecté.
Daniel Nabet est confiant sur l’avenir et la maîtrise des objets connectés.
BRAINE-
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Innovation. En machinisme et robotique, en agronomie, en collecte et analyse des données… l’agriculture est pleinement engagée
dans l’adoption des nouvelles technologies.
Place aux agriculteurs 2.0
«L
es interconnexions
entre le champs et
l’ordinateur sont
de plus en plus fortes. L’agriculture se virtualise, comme tous
les business », présente JeanPaul Hébrard, rédacteur en
chef d’Agriculture et nouvelles technologies et animateur
du débat organisé par la
Chambre d’Agriculture sur
l’innovation. Il cite ainsi de
nombreuses avancées dans
l’agriculture mondiale : « Le
constructeur John Deer va bientôt commercialiser des tracteurs
sans cabine qui seront pilotés
par un seul opérateur qui fera
travailler ce troupeau de tracteurs. L’entreprise lance aussi
une plateforme pour collecter
et transférer les données entre
utilisateurs. Les drones permettent de collecter des données
et de fournir les indications au
tracteurs sur les quantités de
produire à appliquer à tel
endroit. Le semancier Monsanto a investi 1 milliard de
dollars pour acheter Climate
corporation et extrapoler les
données climatologiques et prévoir les rendements futurs dans
9 cas sur 10 ».
Ce qui leur permettra aussi
de proposer des services d’assurance sécheresse aux agriculteurs...
DES INNOVATIONS
DANS TOUS LES CHAMPS
En France aussi, la profession est active, que ce soit au
niveau des entreprises ou des
organismes de recherche. « Les
technologies génétiques permettent de raccourcir le temps.
La génomique est une technologie de rupture », avance ainsi
Bruno Desprez, directeur
général du producteur
de semences Florimond
Desprez.
Pour traiter les plantes des
progrès importants sont aussi
réalisés comme l’explique
Jean-Paul Bordes, directeur
du département R&D d’Arvalis (institut technique céréalier): « Le biocontrôle représente aujourd’hui 3,5 % du
marché de la protection des
plantes. Il s’agit par exemple
d’utiliser le trichogramme qui
est un parasite de la pyrale qui
ravage le maïs. Les bioherbicides permettent le défanage
de la pomme de terre pour qui
l’utilisation d’un biostimulant permet de renforcer les
défenses de la plante et ainsi
de réduire la quantité de fongicide nécessaire pour éviter
le mildiou. L’huile de menthe
sert également à lutter contre
la germination ».
Sur le plan de l’agroéquipement, Jérôme Mestrude,
responsable de la communication de Tecnoma (groupe
Exel Industries) estime que
des améliorations existent
déjà mais qu’elles ne sont pas
encore très répandues,
notamment dans son métier
de la pulvérisation : « Le parc
installé met 10-15 ans à se
renouveler. Des machines plus
précises permettent déjà de
réduire les dérives de pulvérisation de près de 90 % ».
L’AMBITION DE LA FERME 112
Les exemples sont donc
nombreux dans toutes les
composantes de la pratique
agricole. L’enjeu est de permettre de lier innovation écologique (moins d’engrais et de
produits phytosanitaires) et
productivité. C’est justement
la volonté de la Chambre d’A-
Les spécialistes sont unanimes, l’agriculture est en pleine mutation.
griculture et notamment de
son président marnais, Maximin Charpentier, en charge
du projet de Ferme 112 (lire
PAMB n°7566) : « Nous devons
redéfinir notre projet cible pour
demain et mettre les gens en
réseau. La Chambre fait l’interface entre les demandes des
agriculteurs, dont le besoin de
formation, et les attentes sociétales ». Il ajoute que la ferme
expérimentale devra aussi
Témoignages. Nouvelle méthode pour fabriquer, pour se financer ou pour servir ses
clients, les entrepreneurs de Champagne-Ardenne innovent.
De l’industrie au commerce,
l’innovation est partout dans la région
C
e n’est pas à la même échelle
que les projets de Google, Apple,
Facebook et Amazon, mais les
PME de Champagne-Ardenne ont
aussi un savoir-faire innovant. Parmi
eux, l’incontournable Joseph Puzo, pdg
d’Axon’Cable et président du pôle de
compétitivité Materalia qui a présenté
la révolution de la fabrication additive
(l’imprimante 3D) et invite toutes les
entreprises à s’engager dans cette voie.
Timothée Duguit, président de Duguit
Technologies (regroupant les marques
Champagel et Allians Robotics), est lui
un apôtre de la robotique. « C’est un
marché sans limite, le développement
industriel français passe par là ».
L’innovation ne se limite toutefois
pas à l’industrie. Les services sont aussi
concernés par cette quête comme l’explique Samuel Gervaise, président de
Cébios : « Nous sommes une entreprise
de formation en risque qualité, sécurité et environnement. Nous créons des
jeux pédagogiques pour nos clients et
nous remettons en cause nos produits
tous les ans. L’innovation est aussi un
outil de management du personnel ».
SE METTRE AU WEB OU DISPARAÎTRE
Chez les commerçants, Jean-Paul
Hasseler, dirigeant de www.provenancedirecte.com (alcools...) est mobilisé
L’innovation régionale sous toutes ses formes.
sur la formation de ses confrères au ecommerce à la Chambre de Commerce
et d’Industrie. Il estime que 70 % de
son chiffre d’affaires provient désormais de son site. Innover, c’est aussi
se financer autrement, estime Lucile
Mourot qui va ouvrir à la fin du mois
son bar à vins biologiques Aux 3 P’tits
Bouchons, rue Gambetta : « J’ai eu
recours au crowdfunding (financement
participatif ) sur la plate-forme Ulule
- PETITES
où nous avons obtenu plus de 6 000 €
(10 % du projet) par 115 contributeurs,
ce qui m’a aidé ensuite pour aller voir
les banques ». Suivant le montant de
leur participation, les internautes
reçoivent un verre ou plus en contrepartie. Ces clients déjà acquis sont
aussi des relais de communication
pour l’entreprise.
AFFICHES
P.D.
MATOT
BRAINE-
permettre de « vulgariser et de
prouver les résultats pour former les agriculteurs de
demain ».
En conclusion, le président
régional, Régis Jacobé, estime
qu’il était nécessaire que la
profession soit proactive car
« la France n’est plus la première agriculture d’Europe
mais la troisième. Il est temps
de réagir en utilisant ses différentes solutions. Nous nous
préparons à l’agriculture de
demain mais nous irons plus
vite si l’Etat nous en laisse les
moyens… ». Attention toutefois, prévient-il, à ce que l’agriculture conserve le plus
possible de maîtrise de ses
informations et ne soit pas
dépendante de géants de la
collecte et de l’analyse des
données.
Philippe Demoor
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Technologie. Appelé depuis peu Méga Données, le Big Data est un entrepôt de données qui se comptent en milliards. Bien utilisé, il est
un magnifique outil de développement des territoires de demain, pourvu que les données ne se retrouvent pas dans la nature.
Big Data : un outil de développement
L
e Big Data et les territoires de
demain, ce serait une affaire
de mégalopoles ? « Les grandes villes ont un avantage spontané
», explique Philippe Tibi, fondateur
de Pergamon Campus, professeur
d’économie à l’Ecole Polytechnique
et à Sciences Po Paris lors des dialogues de l’économie. Il illustre son
propos en donnant un exemple
concernant la criminalité à NewYork. « Elle a baissé de 80 % grâce
au Big Data. En France, nous comptons 1 200 projets de villes intelligentes dont une grande partie
repose sur des objets connectés ».
Puis il cite d’autres applications
possibles comme la gestion des
flux. « Transport/parkings, déchets,
énergie mais aussi la question des
risques comme la protection des
personnes fragiles, les incendies, les
inondations, les crimes, les pollutions ».
L’enseignant parle aussi d’un
outil au service de la démocratie
locale. « Il permet de mieux impliquer les citoyens dans la vie démocratique et de permettre le libre
accèsaux données publiques. Comprendre le Big Data est indispensable car si vous ne le comprenez pas,
d’autres le feront pour vous. Mais
il ne faut pas faire preuve de béatitude devant la technologie ».
La table ronde qui a suivi cet
exposé montre effectivement tous
les atouts du Big Data. « C’est un
outil intéressant par exemple pour
les transports, pour adapter la desserte régionale. Il faut développer
l’utilisation d’un point de vue collectif », note Patrick Tassin, président du CESER. Catherine Vautrin,
présidente de Reims Métropole,
estime que ce sont des données
extrêmement utiles. « Notre collectivité s’est engagée sur le système de
stockage Roméo, outil nécessaire
pour utiliser l’ensemble des données. Et puisque nous devons réaliser des économies, avec le Big Data,
nous pouvons mieux connaitre les
besoins de nos concitoyens. Mais
rien ne remplace la proximité »,
insiste-t-elle.
UTILISATION PAR LES ENTREPRISES
Directeur qualité, marketing et
communication au Crédit Agricole
du Nord-Est, Emmanuelle Simi utilise cet outil. « Nous disposons de
30 000 données pour un client. Nous
doublons tous les ans. Il y a des données bancaires mais aussi extrabancaires. Nous n’en exploitons que
Le Big Data représente un potentiel intéressant pour les entreprises et les collectivités.
500. Cela nous apporte une efficacité
commerciale et une meilleure
connaissance du client ». Quant à
Jean-Luc Charazain, Orange business service, il explique que des
milliards de données sont stockées
par l’opérateur, notamment de géolocalisation. « Nous travaillons sur
les déplacements de populations
comme la fréquentation des trains
- PETITES
AFFICHES
MATOT
par exemple. Ces données intéressent
les banques, les collectivités locales,
les centres commerciaux ou les chaînes franchisées… ». Spécialiste des
statistiques, Antoine Frachot se méfie
de ces gisements de données. « Dans
l’administration notamment, il y a
des données inexploitables sauf à
garantir qu’elles ne vont pas se retrouver dans la nature ».
BRAINE-
Jean-Marc Durkowski, directeur
régional adjoint du Renseignement
Intérieur, estime « qu’un jour ou
l’autre les données se retrouvent dans
le moteur. Les cybercriminels ont toujours deux ou trois temps d’avance.
Il faut donc renforcer les moyens face
à eux », prévient-il.
Denis Barbier
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Entreprises. Le CRA conseille et suit les cédants et repreneurs d’affaires dans leurs transactions.
L
e marché national de la transmission d'entreprises est
estimé à 185 000 entreprises
dont seulement 15 000 de plus de
dix salariés. « Sur les 3,6 millions
d'entreprises en France, 600 000
d'entre elles ont des dirigeants de
plus de 50 ans », précise Jacques
Cerini administrateur du CRA. De
son côté, le CRA est impliqué dans
300 cessions-reprises chaque
année sur le plan national. « Nous
ne sommes pas présents sur le marché du fonds de commerce de proximité et notre "part de marché" est
de 8 à 10% des entreprises cédées
hors des cessions intrafamiliales et
des reprises par les salariés, soit
entre 3 000 et 4 000 entreprises par
an. Cela représente un enjeu de
750 000 personnes et si les entreprises sont bien reprises, on estime que
cela permettrait de reprendre entre
150 000 et 180 000 emplois », ajoute
Jacques Cerini.
« Avant de regarder quels repreneurs il y a autour, il faut vérifier
qu'il n'y a pas de ressources ou au
moins une personne intéressée en
interne. Il est important d'avoir la
complicité des collaborateurs, sinon
on s'expose au risque que l'un
d'eux puisse vous mettre des bâtons
dans les roues », explique Chantal
Gentilhomme-Daubré déléguée
du CRA régional. « Nos posons la
questions aux cédants et nous les
mettons en garde de ne pas perdre
les cartes qu'ils ont déjà entre leurs
mains ». Un avis partagé par Me
François Drouot du Cabinet Octav :
« Il est très important de vérifier en
interne qu'il n'y a pas quelqu'un
qui s'estime compétent, au risque
de créer une frustration ». Et si ce
dernier rappelle que la présence
d'un avocat dans la transaction
n'est pas indispensable, avoir un
conseil à ses côtés est vivement
recommandé. « Avoir une tierce
personne avec soi permet de dédramatiser la situation et de bénéficier
de conseils d'expérience »,acquiesce
Chantal Gentilhomme-Daubré.
UN PRIX DE VENTE DIFFICILE
À DÉTERMINER
Parmi les conseils à suivre, le
cédant doit préparer à l'avance sa
cession et apprendre, davantage
encore dans les petites entreprises, à rendre l'entreprise « moins
dépendante de lui ».
Enfin, toute cession-reprise est
liée à un aspect incontournable et
parfois source d'incompréhensions ou de blocages : celui du
montant de la transaction. De plus
en plus souvent calculés selon les
critères bancaires, les prix des
entreprises ne doivent pas uniquement être calculées en fonction du
chiffre d'affaires, rappellent les
intervenants. « Nous ne pensions
pas que nous vendrions un jour,
explique Patrick Mazingue, qui a
cédé son entreprise de ferronnerie début 2014. D'ailleurs nous ne
savions même pas qu'elle avait une
valeur et la grande difficulté a été
de calculer cette valeur ! ». Pour Me
Drouot, « il y a aujourd'hui un vrai
problème d'adéquation entre l'acheteur et le vendeur. Il ne suffit pas
de regarder le lien entre le chiffre
d'affaires et le prix de vente, il faut
étudier les bilans. Il faut aussi rappeler que tout n'est pas payable au
comptant, car il peut y avoir des
aménagements comme une clause
- PETITES
AFFICHES
MATOT
B.B.
Cession d’entreprise : anticiper
pour éviter les blocages
Jacques Cerini, administrateur du CRA.
d'intéressement, une prime de
départ, etc. ».
À titre d'exemple, Daniel Cames,
cédant de l'entreprise Nord-Est TP
Canalisations dont l'entreprise a
été reprise par ses lieutenants, a
laissé à ces derniers 10% des
actions comme les textes le lui per-
BRAINE-
mettent.
« Finalement, ce qui fixe le prix
de l'entreprise c'est surtout le montant des possibilités de remboursements de l'acheteur », conclut François Drouot.
Benjamin Busson
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COLLECTIVITÉS
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Châlons, Epernay et Reims
unies face à la réforme
Débat. Quelle place pour la Champagne-Ardenne, et notamment pour sa capitale
administrative, dans le cadre du projet de rattachement à l’Alsace-Lorraine ? Les élus des
trois grandes villes marnaises ont affiché leur unité dans une conférence organisée sur la
Foire de Châlons à laquelle participaient également François Fillon et Pierre Gattaz.
CCRB , le club de basket commun à
Châlons et Reims, a cependant
exprimé l’inquiétude profonde des
patrons face à la réforme et plus globalement face à la situation économique.
Même Jean-Luc Bohl, président
de Metz Métropole, se montre sceptique avec ce projet de « supprimer
le millefeuille pour créer un pudding
territorial » alors même que la Lorraine serait la grande gagnante, car
située au cœur, de la fusion avec la
Champagne-Ardenne et l’Alsace.
P.D.
UNE MÉTHODE QUI NE PASSE PAS
Les élus locaux ont aussi écouté l’exemple du pôle métropolitain du sillon lorrain (Thionville, Metz, Nancy et Epinal) par la voix
de Jean-Luc Bohl, président de Metz Métropole (au micro).
«L
’emploi public représente 50 % de la population active à Châlonsen-Champagne. Nous sommes
parfaitement conscients des menaces de perte démographique et d’emplois en cas de mariage avec
l’Alsace-Lorraine. C’est même
l’ensemble de la Marne et de la
région qui risquent d’être marginalisées », alerte Bruno Bourg-Broc,
président de Cités-en-Champagne,
l’agglomération châlonnaise, déjà
mobilisée pour essayer d’éviter le
départ de 1 200 militaires et de leurs
familles. Il en appelle donc à la
création d’un pôle métropolitain
avec Reims et Epernay. Bruno
Bourg-Broc cite en exemple la formation d’un pôle Nîmes/Montpellier/Alès pour peser face à
Toulouse dans le cadre de la fusion
prévue entre Midi-Pyrénées et le
Languedoc-Roussillon. Déjà membres du G10, les trois villes marnaises sont donc décidées, elles aussi,
à aller plus loin ensemble pour renforcer leur attractivité. « Benoist
Apparu, député-maire de Châlons,
a proposé la fusion des agences
d’urbanisme de Reims et Châlons »,
cite-t-il en exemple.
Franck Leroy, maire d’Epernay,
rappelle que des tentatives de rapprochement ont déjà existé mais
que « c’est la contrainte financière
qui nous commande de le faire
aujourd’hui ». Avec sa casquette de
président du G10, il précise qu’il ne
faut pas oublier Château-Thierry,
Laon et Rethel qui gravitent autour
de Reims.
MONTRER L’EXEMPLE AUX CCI
En attendant d’élargir le cercle,
pour preuve que le G3 marnais se
fait de plus en plus confiance, le
maire de Reims Arnaud Robinet,
François Fillon s’est exprimé sur la
réforme et surtout sur son projet
personnel pour la France.
n’hésite pas à déclarer que sa ville
« n’a pas vocation à devenir la capitale
administrative ni de la ChampagneArdenne, ni de la future région ». Histoire aussi de montrer que Reims
n’est pas une menace pour Châlons.
Il souhaite ainsi accélérer les mutualisations entre les collectivités et
invite les Chambres de Commerce
et d’Industrie de de la Marne
(Reims-Epernay et Châlons/Vitryle-François/Sainte-Ménehdoul) à
se réunir. Une proposition à laquelle
n’a pas répondu Michel Gobillot,
président de la CCI châlonnaise.
Celui qui est aussi président du
Au-delà du contenu de la nouvelle
carte territoriale, tous dénoncent la
méthode du gouvernement. « Quelle
autonomie fiscale pour les collectivités ? », s’interroge d’ailleurs Catherine Vautrin, présidente de Reims
Métropole. L’ancien Premier ministre François Fillon est sur la même
longueur d’onde : « Dans une
période de crise profonde, il est compréhensible que l’Etat demande aux
collectivités de réduire leurs dépenses, mais ce n’est acceptable que si
l’ensemble de l’administration le fait
aussi ». Selon le possible futur candidat à la présidentielle, la réforme
des territoires doit avoir pour but
de réduire les dépenses et la complexité et c’est ce qu’il avait proposé
en envisageant la fusion entre les
Conseils généraux et régionaux.
« Cette réforme a été abrogée au profit d’un big bang territorial sans
concertation », regrette-t-il.
Philippe Demoor
Pierre Gattaz : « Le pacte de responsabilité n’est
pas suffisant, mais on prend »
■■■ « La situation du pays
est catastrophique, c’est un
énorme gâchis. Ce n’est pas
tenable d’avoir 0 % de croissance », s’inquiète Pierre
Gattaz, le président du
Medef. Selon lui, il est impératif de redonner de la
confiance et de la liberté au
patronat pour retrouver de
la compétitivité. « Le pacte
de responsabilité n’est pas
suffisant, mais on prend.
Nous avons un projet France
2020, une France qui gagne
pour donner de la vision au
pays », ajoute celui qui
appelle à l’assouplissement
et à la réduction du code du
travail, à l’acceptation de la
mondialisation. Le patron
des patrons réclame une
accélération du revirement
engagé par le pouvoir exécutif : « Il faut du courage
politique pour aller vite et
fort. Nous devons arrêter les
postures et le dogme ».
LE PROJET DE F. FILLON
POUR RELANCER LA FRANCE
François Fillon se présente
justement sur ce créneau, il
affirme qu’il est nécessaire
de mener des réformes radicales (sortir des 35h, baisser le coût du travail, réduire
le déficit public...) car « la
France est à la limite de la
révolte, excédée par l’immobilisme ».
Il reconnaît sa part de
responsabilité : « nos efforts
- PETITES
de rupture ont été brisés par
la crise de 2008 et nous n’avons pas retrouvé cet élan
réformateur ensuite »,
comme celle de toute la
classe politique depuis
trente ans, mais il compte
s’appuyer sur cette expérience, convaincu que « la
France peut redevenir la première puissance européenne
en dix ans ».
AFFICHES
P.D.
MATOT
BRAINE-
Pierre Gattaz a profité de sa venue sur la Foire de Châlons pour aller à
la rencontre des patrons régionaux.