Apollo 9 et Apollo 10 À deux pas du premier pas

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Apollo 9 et Apollo 10 À deux pas du premier pas
Société Astronomique du Valais Romand
Et ta soeur, elle lance aussi des trucs sur la Lune ? (13)
par Pascal Reichler
Apollo 9 et Apollo 10
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À deux pas du premier pas...
Le succès d’Apollo 8 bouleverse la donne dans la course à
la Lune. Américains et Russes savent maintenant que Saturn V est fiable et apte à lancer les 40 tonnes du module
lunaire (LM) et du module de commande (CSM) jusqu’à
la banlieue sélène. Les USA et l’URSS savent également
que le bras de fer qui les oppose a passé son acmé, et que
les premiers êtres humains qui fouleront le sol lunaire ne
décolleront pas de Baikhonour. Les Soviétiques se retirent de la compétition. Dès lors, les techniciens la NASA
ne travailleront plus sous la pression malsaine qui prévalait jusque là et les avait menés à des prises de risque affolantes. Ils réalisent deux missions moins médiatisées
mais qui ont la nécessité anonyme des humbles foulées
précédant l’enjambée glorieuse du sommet. On dirait de
l’Apollo Coello…
Apollo 9 (du 3 au 13 mars 1969)
Apollo 9 a pour objectif principal de tester le module lunaire (LM) en situation. On se souvient que de nombreux
défauts constatés avaient retardé la livraison de ce LM et
obligé les techniciens d’Apollo 8 à inclure au vol une
sorte de module « pour beurre », afin que la masse propulsée soit correspondante à celle qui devrait atteindre la
Lune. Cette fois, il s’agit d’une fabuleuse séance de Mécano, boîte complète, offerte aux trois astronautes embarqués : James McDivitt : commandant ; David Scott : pilote du module de commande et Russell Schweickart : pilote du module lunaire.
Une manoeuvre importante testée lors du vol Apollo 9 : Le
retournement du module de commande qui vient s'arrimer
au module lunaire et l'extraire du troisième étage de la fusée Saturne V. Le vaisseau Apollo est ainsi configuré pour
sa mission lunaire.
ment les trois astronautes. En dix jours, ces derniers
pratiquent et répètent les manœuvres liées à l’alunissage : placement en orbite de tous des éléments du puzzle, séparation du LM et du CSM et ré-amarrage. Scott
et Schweickart effectuent plusieurs sorties dans l’espace.
Schweickart en profite pour mettre à l’épreuve la combinaison autonome qui doit permettre de se mouvoir à la
surface de la Lune. La combinaison semble plus solide
que l’astronaute, puisque ce dernier doit cesser les tests
alors qu’il est en proie au mal de l’espace.
Même dans une mission à priori moins spectaculaire
qu’Apollo 8, il faut bien une première pour faire rêver le
L'équipage d'Apollo 9 : McDivitt, Scott et Schweickart
La mission Apollo 9 dure une dizaine de jours et se déroule en orbite basse autour de la Terre. Tous les éléments
nécessaires et suffisants sont enfin lancés ensemble. Par
ordre d’élévation vers la voûte céleste :
La fusée Saturn V, le module lunaire LM (baptisé Spider), le module de contrôle CSM (Gumdrop) et naturelle-
Au cours de la mission Apollo 9 , le LM est testé en orbite
terrestre : séparation du CSM, vol autonome, larguage de
l'étage de descente du LM, manoeuvre de rendez-vous
avec le CSM et amarrage. Le LM est ici photographié par
Scott, resté seul à bord du CSM.
Chapitre 13, page 2
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Et ta sœur, elle lance aussi des trucs sur la Lune ?
chaland. Ainsi les astronautes d’Apollo 9
chargent, avant de l’abandonner, le module lunaire de tous les déchets
(organiques et autres) produits durant les
dix jours de vol, faisant du LM « Spider »
la première poubelle ménagère en orbite
héliocentrique. La conquête de l’espace
n’est-elle pas source pérenne de ravissement ?
La séparation du LM et du CSM et leur
arrimage en orbite reste assurément la
plus spectaculaire des manœuvres de cette
mission. On utilise le moteur de descente
du LM pour l’éloigner à près de 180 kilomètres du CSM et son moteur d’ascension afin de le ramener sur une orbite
commune.
Le 13 mars la capsule Apollo amerrit sans
anicroches, ratant cependant de 290 kilomètres les plages somptueuses des Bahamas.
Apollo 10 (18 au 26 mai 1969)
La mission Apollo 10 est la dernière mission d’essai précédant le débarquement
tant attendu de l’homme sur la Lune. Il
s’agit de répéter en orbite sélène cette fois
Le lancement d'Apollo 10
chera cependant à 15,3 kilomètres de la
surface lunaire d’où il permettra une observation détaillée du site d’alunissage
prévu pour Apollo11, dans la Mer de la
Tranquillité. Son radar et son moteur d’ascension sont testés avec succès. Ce vol est
l’occasion d’une première télédiffusion directe et en couleur depuis l’espace. Le ballet se déroule en 31 révolutions de deux
heures et quinze minutes chacune.
Lors de la séparation du module lunaire
d’avec son étage de descente, alors que le
LM se trouve en phase ascensionnelle, un
incident nous offre une première de
choix : un vrai et intègre juron spatial,
tout micro ouvert : « Son of a bitch ! » que
les âmes élégantes et sensibles, les fins lettrés anglophiles traduiront par« garçon de
plage » dans ces belles soirées de lecture
où nos familles se recueillent autour du
bulletin de la Savar …. Suite à une erreur
de commande, le LM se met quelques secondes en rotation incontrôlée avant que
Cernan n’en reprenne le contrôle tout en
perdant le sien.
A l’heure du retour, les astronautes embarqués dans le CSM placent le LM sur
une orbite héliocentrique, où il se trouve
encore, seul module lunaire aujourd’hui
intact. Les visites sont libres et gratuites,
la NASA n’offre cependant aucun service
de transport.
Enfin, plages pour plages, Apollo 9 choisit
celles des îles Samoa pour amerrir, 192
heures après son envol.
Tout est en place, le rideau peut se lever
sur la mission Apollo11.
à suivre...
L'équipage d'Apollo 10 : Stafford, Youg et Cernan. Young sera plus tard commandant de la mission Apollo 16 et Cernan de la dernière mission lunaire :
Apollo 17.
toutes les manœuvres précédant directement la dépose du LM.
L’équipage se compose de Thomas Stafford : commandant ; de
John W. Young : pilote du module de commande et d’Eugene
Cernan : pilote du module lunaire.
L’ « équipage mécanique » comprend : le lanceur Saturn V, le
module de commande/service « Charlie Brown » (C/SM-106, 28
834 kg) et le module lunaire : LM-4 « Snoopy » (13 941 kg) .
Dès la sortie de l’atmosphère terrestre, le CSM se sépare du
troisième étage de Saturn V, pivote sur lui-même et vient s’arrimer à la pointe du LM. L’ensemble se détache alors de la fusée
porteuse et, propulsé par les moteurs du CSM voyage vers le
Lune. Dans la banlieue de notre satellite Young se retrouve seul
aux commandes du CSM (Charly Brown), alors que ses deux
camarades, (heu, pardon, je me trompe de bloc politique…), ses
deux collègues prennent place dans le module lunaire. Ce dernier, surnommé Snoopy n’est pas destiné à se poser ; il s’appro-
Test de rendez-vous en orbite lunaire lors
de la mission Apollo 10. Le module de
montée de "Snoopy" est ici photographié
au travers d'un hublot de "Charlie Brown"

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