UKRAINE ET AGROALIMENTAIRE
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UKRAINE ET AGROALIMENTAIRE
Conseillers du Commerce extérieur de la France Section Ukraine Janvier 2008 UKRAINE ET AGROALIMENTAIRE Opportunités pour les entreprises du secteur Sous la direction de Jean-Jacques Hervé Conseiller auprès du Gouvernement ukrainien pour les questions agricoles Avec les contributions des Conseillers du Commerce extérieurs de la France en Ukraine et de la Mission économique près l’Ambassade de France à Kiev. Les rédacteurs de ce document, en dépit de leur bonne volonté, ne sont pas des spécialistes du sujet. Il se peut donc que quelques coquilles ou expressions inappropriées subsistent. Il en va de même pour l’exactitude des informations chiffrées qui ont été recueillies dans diverses publications. Enfin, les indications d’ordre législatif devront être vérifiées dans chaque cas particulier, compte tenu du caractère évolutif de la réglementation. 1 Sommaire Introduction Le contexte général ukrainien …………………………………………………3 1. Les tendances du secteur agroalimentaire en Ukraine…………………10 2. Les enjeux pour l’agrofourniture……………………………………………21 3. Exporter et importer des produits alimentaires et de consommation….40 4. La création d’entreprises agroalimentaires en Ukraine………………….52 5. L’installation agricole en Ukraine …………………………………………81 6. Guide pratique………………………………………………………………120 7. Quelques conseils pratiques………………………………………………134 8. Questions et idées reçues…………………………………………………135 9. Trois contacts pour démarrer…………………………….………………..138 2 La filière agroalimentaire française dispose en Ukraine d’une remarquable notoriété spontanée. On y apprécie la solidité et la longévité des relations contractuelles entre les acteurs économiques et sociaux, la culture de la qualité des produits alimentaires et la défense des traditions culinaires, la coexistence d’un secteur coopératif et d’un secteur d’entreprises privées, la puissance des outils de financement et de gestion des marchés, l’innovation technologique au service de la production et de l’exportation, la place reconnue au secteur agricole dans la société...Même si cette image positive est à cultiver, elle est logique, cette filière étant par importance, la deuxième au monde et la première en Europe. Cependant, les entreprises françaises du secteur agroalimentaire n’occupent pas en Ukraine une place à la hauteur de cette image. Si nos grands groupes y sont plutôt mieux représentés que ceux d’autres pays, nos PME sont très loin derrière leurs concurrentes européennes, alors que leurs compétences sont au moins équivalentes. Les raisons en sont multiples. La plupart ne sont pas spécifiques à l’Ukraine : difficultés de financement, poids des charges de prospections pour des entreprises trop petites, manque d’habitude pour les acteurs français à jouer groupés, tant entre eux, qu’avec l’Etat, etc. Mais certaines tiennent aussi à une connaissance insuffisante des enjeux et des potentialités offertes par le plus grand pays agricole de l’ex-URSS. L’objectif de ce livret, publié par les Conseillers du Commerce Extérieur de la France en Ukraine, est d’apporter aux exploitants agricoles, aux PME comme aux plus grands groupes, français, francophones ou francophiles, des informations concrètes, et une vision des conditions de développement en Ukraine dans le secteur agroalimentaire au sens large, de la production agricole à la distribution. Il vise quatre grandes situations pour nos entreprises : - Je souhaite exporter en Ukraine des matériels, des équipements et des services dans le secteur de l’agrofourniture - Je souhaite exporter en Ukraine des produits agricoles et alimentaires - J’envisage d’implanter une filiale de production agroalimentaire en Ukraine - Je me propose de créer en Ukraine une exploitation agricole Pour vous aider, vous trouverez également une présentation générale de l’Ukraine, une liste des idées préconçues et souvent fausses, des extraits de documents législatifs et réglementaires sur les droits et obligations des entreprises, et un carnet forcément incomplet d’adresses utiles, pour vos contacts avec ceux qui pourront vous accompagner dans vos démarches juridiques, économiques et financières. Nous espérons que ce livret vous aidera à mieux apprécier les réelles opportunités pour le secteur agroalimentaire français en Ukraine, et vous guidera dans l’analyse la concrétisation le lancement et la réussite de vos projets, ici. Nous vous attendons en Ukraine, et nous vous y accueillerons. 3 Le « drapeau » de l’Ukraine 4 Le contexte général ukrainien : Un pays à fort potentiel Une économie encore en transition Avec un territoire de plus de 600 000 km2 et une population de 46,7 millions d’habitants, l’Ukraine est le plus grand pays d’Europe après la Russie. Son économie, fondée auparavant sur l’agriculture – le grenier à grains de l’URSS – le complexe militaro-industriel et le transit pétrolier et gazier, a connu une grave récession à partir de son indépendance, acquise à l’issue du référendum de 1991, à une écrasante majorité (90%). Mais le jeune Etat indépendant engage tardivement ses réformes, en 1994. Il applique à partir de 1996 une politique macro-économique plus rigoureuse, sous l’égide du FMI. Le pays connaît ses premiers résultats positifs en 1997. Mais il est touche par la crise russe en 1998. De 2000 à 2004, dans un contexte profondément modifié, l’Ukraine accélère son développement avec une croissance moyenne annuelle de 8,4% pendant 5 ans. La «révolution orange», qui a fait suite à des fraudes massives lors des élections présidentielles de fin 2004, en coupant le cordon ombilical avec la Russie et en imposant la démocratie, a ouvert de nouvelles perspectives, avec la volonté affirmée du Président Iouchtchenko d’intégrer son pays dans le commerce mondial et de se rapprocher au plus vite de l’Union européenne. 2005 a connu une croissance moindre (+2,6%), suite à la mise en place de nouvelles équipes, à un climat d’investissement moins favorable en raison des «reprivatisations» et à une balance commerciale devenue déficitaire sous la poussée des importations. Soutenue par les prix de l’acier, par la hausse de revenus de la population et donc de sa consommation, par le crédit à la population, la croissance a renoué avec des rythmes plus soutenus +/- 7% en 2006 et 2007. L’économie a bien absorbé la hausse des prix du gaz jusqu’ici (de USD 50 à 130 USD pour 1000 m³ de fin 2005 fin 2007). Le retour au pouvoir du Parti des Régions en mars 2006, dans un contexte de crise institutionnelle, introduit néanmoins certaines incertitudes quant à la poursuite des réformes structurelles et du mouvement d’intégration internationale entamés par le pouvoir orange. La volonté d’un rapprochement fort avec l’Union européenne, et d’une rapide accession a l’OMC restent cependant largement partagée au sein de l’échiquier politique, plus nuancé sur la question de l’adhésion de l’Ukraine a l’OTAN... Puis, à la suite d’élections anticipées, fin 2007, l’Ukraine retrouve fin 2007 un Gouvernement s’appuyant sur une majorité très faible, qui regroupe les forces « oranges », à priori plus réformatrices… Géographie Le territoire ukrainien se compose de terres fertiles (1316 km d'est en ouest et 893 km du nord au sud), traversées par trois fleuves, le Dniepr, le Dniestr et le Danube. Le pays s'ouvre sur deux mers, la mer Noire et la mer d'Azov. Les Etats voisins sont au sud-ouest, la Roumanie, la Moldavie et la Hongrie, à l'ouest la Slovaquie et la Pologne, au nord-ouest la Biélorussie et à l'est la Russie. Kiev, la capitale, est une agglomération de 3 millions d’habitants, officiellement, au riche patrimoine, qui n’a rien à envier aux métropoles européennes. Les autres grandes villes sont: Kharkov (1,5 M), Dniepropetrovsk (1 M), Odessa (1 M), Donetsk (1 M). Le climat est tempéré à tendance continentale. Les températures moyennes oscillent entre – 6°C en hiver et +20°C en été, l'amplitude maximale sur l'année étant relativement élevée. Les précipitations annuelles varient de 300 à 700 mm. Démographie De plus de 52 millions d'habitants en 1989, l'Ukraine a vu sa population chuter de plus de 5 millions d’habitants en 15 ans pour atteindre aujourd’hui 46,7 millions. Ce chiffre ne cesse de décliner en raison non seulement de l'émigration mais surtout du taux de natalité (9 pour mille en 2005), qui est aujourd'hui deux fois inférieur à celui de la mortalité (16,6 pour mille en 5 2005). A noter cependant en 2007 quelques signes timides de regain de la natalité. En raison des mauvaises conditions sanitaires et d’un fort taux de prévalence du virus du SIDA (le plus élevé d’Europe de l’Est, le taux de croissance le plus fort au monde et donc un enjeu pour l’Europe, voisine de l’Ukraine, d’abord), l’espérance de vie est ramenée à 67 ans. En revanche, le niveau d’éducation reste élevé. La population est constituée à 72% d’Ukrainiens, à 22% de Russes, les autres principales nationalités étant les Polonais, les Hongrois et les Roumains. Une importante minorité tatare est établie en Crimée. La langue officielle est l’ukrainien, tous les documents officiels n'étant publiés que dans cette langue. Toutefois, la majeure partie de la population est bilingue. De manière générale, la langue ukrainienne est dominante dans l'ouest du pays alors que le russe reste largement utilisé à l’Est, au Sud et à Kiev. Population totale du pays en millions d’habitants 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 51,94 52,06 52,24 52,11 51,73 51,30 50,82 50,37 49,92 49,43 2000 48,92 2001 48,46 2002 48,00 2003 47,62 2004 47,28 2005 - 2006 46,63 Source : Goskomstat La population rurale est en légère augmentation, du fait de l’arrivée de retraités qui s’installent sur les lopins familiaux ; un mouvement qui devrait se prolonger parallèlement au départ des jeunes vers les villes. Répartition de la population Population 1er mars 2006 urbaine 31 761 522 rurale 14 853 306 totale 46 614 828 1er mars 2007 31 494 022 14 916 066 46 410 088 différence - 267 500 + 62 760 - 204 740 Source : d’après Goskomstat Données macroéconomiques En valeur absolue le PIB de l’Ukraine a dépassé les USD 100 milliards en 2006, alors que celui de la Russie, dont le sol est riche, et disposant d’une population 3 fois supérieure, dépassait USD 900 milliards. Si, sur le plan du PIB, en USD constants, la Russie est enfin revenue, prix des matières premières aidant, en 2006 au niveau de 1989, ce n’est toujours pas le cas en Ukraine. Le pays a renoué avec la croissance en 2000 (+5,9 %) qui s'est accélérée en 2001 (+9,2 %) et s’est maintenue par la suite à des niveaux élevés pour atteindre 12,1 % en 2004. Cependant, en 2005, la croissance de l’Ukraine a considérablement ralenti (+2,6 %) malgré une hausse de la consommation privée (+16,2 %). Quant à la production industrielle, dans un pays dont la sidérurgie est la 7-ème ou 8-ème du monde, elle n’a augmenté que de 3,1 % et les échanges n’ont cru que de 14,2 %, tirés surtout par les importations. La production industrielle, tirée par la métallurgie (qui représente plus de 1/5 de celle-ci), est à nouveau en hausse forte : 2006 : + 6.2%, 2007 : vers + 10%. Par ailleurs, la croissance est repartie en 2006 : + 7.4 % et devrait être de l’ordre de 7% en 2007, croissance tirée bien sur par les prix de l’acier, mais aussi et surtout par la consommation des ménages dont le revenu disponible a au moins augmenté de 20% /an depuis 2004 jusqu'à courant 2007. L’inflation : sous la barre des 10% depuis 2001, elle avait atteint 12,3% en 2004, en raison de mesures électorales (quasi doublement des retraites, augmentation des salaires) prises pendant 6 la campagne présidentielle de l’automne 2004. En 2005, le taux d’inflation a un peu diminué pour atteindre 10,3 %. L’inflation est restée élevée en 2006 : 11.6%, et devrait être élevée en 2007 : +15%, en raison d’un certain nombre d’ajustements de prix administrés d’une part, de la hausse du prix de l‘énergie, d’autre part, sachant que l’index utilisé pour calculer l’inflation est contesté. 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 Evolution du PIB (en termes réels et en %) +5,9 +9,2 +5,2 +9,4 +12 +2,6 +7.4 Prévu 2007 +7 Inflation (en %) Déficit budgétaire (% du PIB) 25,8 -1,3 6,1 -16,3 -0,6 0,5 +8,2 -1,5 +12,3 -3,1 +10,3 -1,8 +11.6 -2.2 +15 -2 Exportations de biens ou services (Mrds USD) 19.5 21.1 23,3 29 41.3 44.4 49.5 Importations de biens ou services (Mrds USD) 18.1 20.5 21.5 27.7 36 43.7 52.9 Balance des paiements courants (Mrds USD) +1.4 +6 +1.8 +1.3 +5.3 +0.7 -3.1 -4.2 Sources : IFIs, EIU et ME Environnement financier L’Ukraine a restructuré en mars 2000, 2,6 Mrds USD de créances privées dans le cadre du Club de Londres et en juillet 2001, 580 M USD de créances publiques dans le cadre du Club de Paris. La situation s’est nettement améliorée depuis et la dette publique de l’Ukraine qui s’élevait à 61 % du PIB en 1999, a atteint 18,7% du PIB en 2005 (la part de la dette publique extérieure est de 10,5 % du PIB). En 2006 la dette de l’Ukraine représentait 15.7% du PIB, proportion qui reste stable en 2007, la dette publique de l’Ukraine étant donc très faible en % du PIB, y compris, quand comparée aux pays de notation similaire (B et BB) . Les réserves de la Banque Nationale ukrainienne, qui s’élevaient à 6,9 Mrds USD fin 2003, soit plus de 12 semaines d’importations de biens et services ont considérablement augmenté depuis, pour atteindre maintenant fin 2007, plus de USD 33 Mlrd. La monnaie nationale (la hryvnia (UAH), introduite en septembre 1996), s’est stabilisée depuis 2000 par rapport au dollar, s’est meme légèrement appréciée en 2005 et reste pour le moment liée au dollar (1 USD = 5 UAH). Les investissements directs étrangers (IDE) Depuis son indépendance en 1991, l’Ukraine n’a attiré que peu d’IDE. Les événements de fin 2004 et l’arrivée au pouvoir de Victor Yuschenko ont entrainé un regain très net de l’investissement direct de l’étranger, systématiquement depuis 2005 de l’ordre de 5 Mlrd USD et plus par an. Globalement le stock est maintenant de l’ordre de USD 25 Mlrd, la France, avec fin 2007 approximativement un milliard USD d’investissements, est maintenant à la 10ème place, ceci en particulier grâce aux investissements en 2006 de BNPP Paribas et du Crédit Agricole.. 7 Commerce extérieur Les échanges de biens et les services de l’Ukraine avec l’étranger ont brusquement accéléré a partir de 2004, poussés à l’export par la hausse du prix de l’acier et de ses volumes exportés, et à l’import par la hausse du prix de l’énergie et la hausse des revenus disponibles, et donc de la consommation, A noter que l’Ukraine est systématiquement en proficit sur le plan des services, en raison des revenus obtenus pour le transit du gaz. La balance des paiements (biens et services) est donc devenue négative en 2006, et ce déficit devrait croitre en 2007. Globalement cependant, les flux d’investissements étrangers d’une part, ainsi que la capacité des acteurs économiques de l’Ukraine de lever des crédits à l’étranger, rendent cette situation non dangereuse actuellement, les réserves en hausse de la Banque Centrale, ainsi que la stabilité de la monnaie par rapport au dollar en étant la preuve. Si la CEI reste le principal partenaire (en raison de commerce de l’énergie en particulier), la part de l’Union Européenne a cru au fil du temps. L’import / export d’Ukraine (hors services) étant de l’ordre de 100 Milliards USD en 2007, la part de marché de la France en Ukraine reste petite, les échanges globaux France/Ukraine étant de USD 2 Mlrd maximum actuellement. Ces échanges sont en effet largement inferieurs à ceux des principaux concurrents européens de la France : Allemagne, Italie… Perspectives Deux secteurs économiques dominaient autrefois : l’agriculture et le complexe militaroindustriel. Leur reconversion s’accélère actuellement. La place de l’industrie lourde (métallurgie, chimie) reste toujours prépondérante. Grosse consommatrice d’énergie, elle fournit des produits exportés mais reste soumise aux aléas du marché mondial, favorable depuis 2003. La modernisation des équipements est enfin engagée. Parmi les secteurs dont l’avenir semble prometteur figure en particulier l’ensemble de l’industrie agroalimentaire qui se développe. Les raisons de cette expansion sont doubles : la réforme foncière de l’an 2000 et un climat favorable depuis la sècheresse de 2003. L’industrie légère investit, tant dans les secteurs du textile, grâce au travail de perfectionnement passif, que dans celui notamment des meubles, mais sa modernisation n’est pas encore achevée. L’industrie lourde investit en particulier pour diminuer sa consommation d’énergie, la hausse du prix de gaz étant parfois décrite comme une « bénédiction pour l’Ukraine », car la forçant à moderniser ses outils. Les productions permettent la satisfaction de la demande intérieure et le développement d’une nouvelle catégorie de produits à l’exportation. Le processus de privatisation des entreprises devrait s’achever en 2008. Les velléités de reprivatisation de certaines entreprises vendues dans des conditions peu transparentes semblant s’éloigner, l’investissement a repris sérieusement depuis 2006. 8 Comparaison France - Ukraine ANNEE 2006 France Ukraine Données générales Superficie (km2) Population (million) Densité (hab/km2) Population agricole (million) 543 965 63,1 117 1.1 603 700 46,70 78 9.34 1 557 25300 106.5 2280 3% 26 % 71 % 2.2 % Euro 1 = 1,4 $ 17 % 64 % 19 % 11.6 % 1$= 5,05 grivna 29.5 18.4 55% 545 000 41.8 26.6 64% 60100 Economie PIB (milliard Euro) PIB / hab(E) Part du PIB dans Agriculture : Industrie : Services : Inflation Monnaie Agriculture Surface agricole (million d’hectares) Surface arable % surface agricole / surface totale Nombre d’exploitations Sources : statistiques nationales, INSEE et diverses 9 1 Les tendances du secteur agroalimentaire en Ukraine 1-1- Le milieu et ses potentialités - des terres parmi les plus fertiles du monde - un climat continental modéré - Une longue tradition agricole et rurale 1-2 Les entreprises agricoles et alimentaires - les industries agroalimentaires - les structures agraires - les nouvelles entreprises agricoles - intégration verticale amont et aval - exemples de Agroholdings En résumé L’Ukraine a longtemps été le « grenier à blé de l’Union soviétique », après avoir aussi été celui de l’Europe occidentale, déficitaire en blé jusqu’au lendemain de la seconde guerre mondiale. L’Ukraine est par excellence un très grand pays agricole. Elle détient 40 % des terres noires du monde, bénéficiant dans l’ensemble, d’une pluviométrie suffisante. Elle est le débouché maritime naturel des immenses bassins du Dniepr, mais aussi du Don et de la Volga qui drainent le trafic fluviomaritime des céréales russes et kazakhes destinées à l’exportation. L’Ukraine conjugue donc les capacités exportatrices de son territoire agricole de 42 millions d’hectares et l’immense « hinterland » constitué des grands pays producteurs de la Communauté des Etats indépendants. Elle est redevenue, depuis 2000, le cœur des grands marchés céréaliers de la Mer Noire. Depuis son indépendance, en 1991, l’Ukraine a profondément libéralisé son secteur agricole, malgré les aléas de ses interventions sur les marchés à l’exportation. Elle accueille sans limitation les investissements étrangers aussi bien dans le secteur des industries agroalimentaires que dans celui de la production agricole. Les grands noms de l’industrie et du négoce mondiaux y sont présents, et continuent de renforcer leurs positions. Dans un pays qui veut accélérer son « euro-intégration », malgré les divergences qui peuvent opposer les responsables politiques, ces entreprises visent autant la conquête de parts du marché intérieur que la mobilisation des capacités exceptionnelles de production, alors que les grands marchés mondiaux multiplient les signes d’une croissance durable de la demande solvable en produits agricoles et agroalimentaires. L’Ukraine est une des rares parties du monde à posséder une capacité significative d’accroissement de la production de matières premières agricoles, aussi bien pour l’alimentation animale ou humaine que pour les usages industriels en plein développement, avec l’émergence des marchés d’agrocarburants, et, de façon plus générale, de produits — renouvelables et biodégradables— de substitution aux hydrocarbures fossiles. 10 1-1 - Le milieu et ses potentialités L’Ukraine est, comme la France, un grand pays agricole et rural. Les activités rurales y occupent 15 millions d’habitants sur 42 millions d’hectares. 30 millions d’hectares sont consacrés aux terres labourables, soit à peu près la moitié de la superficie totale du pays de 603 700 km². On distingue trois grands ensembles agroclimatiques. La zone dite de la forêt, ou « Poliessié », formant une longue marge au nord du pays à la frontière avec la Biélorussie ; la zone de steppe forestière, ou « Liessostiép », qui s’étend sur toute la partie centrale du pays d’ouest en est, et la zone de steppe herbeuse, appelée simplement « steppe », qui occupe le pourtour de la Mer noire sur une profondeur allant de cent à deux cents kilomètres, et comprenant l’essentiel de la Crimée. A ces trois zones principales, il convient d’ajouter les Carpates, dont le climat rappelle celui du sud de la Pologne, ou du Jura français, et la bordure montagneuse de la Mer Noire. Cette présentation reste schématique ; La tectonique, l’hydrographie et le relief introduisent des variations, parfois importantes dans les aptitudes agricoles des terroirs ukrainiens. L’ensemble du Poliessié est dominé par des sols pauvres (rendzines et sols bruns lessivés), et des formations marécageuses. Sa vocation est surtout forestière (résineux et bouleaux). La Steppe herbeuse, qui tient son nom de l’absence de strate arborée naturelle, était jadis occupée par une prairie permanente de hautes herbes, dans lesquelles se cachaient notamment les cosaques. Elle a connu deux périodes de mise en valeur. Il y a environ deux mille ans, la culture dite « tripilka » (littéralement «culture des « trois champs ») conduisait un assolement triennal avec une jachère annuelle. Depuis le 18ième siècle, et surtout lors de la période soviétique, la steppe a bénéficié de vastes projets d’irrigation, hélas souvent hors d’usage depuis 1991. Elle est dédiée aux grandes cultures, notamment le tournesol et les céréales à paille, avec des rendements moyens plutôt faibles, et des variations interannuelles fortes (sécheresses estivales et orages d’été compromettant les moissons). La steppe forestière, qui tire son nom de la présence spontanée d’une végétation arborée, est la zone la plus propice à l’activité agricole, malgré des risques de sécheresse, souvent compensés par les qualités exceptionnelles de rétention en eau des tchernozems. L’immense potentiel agricole de l’Ukraine résulte de la conjonction de trois composantes : 11 - des terres parmi les plus fertiles du monde Les fameux « Tchernozems » (ou Terres noires) des campagnes ukrainiennes ont été décrits pour la première fois lors des analyses conduites par le savant Dokoutchaev, chargé, à la fin de l’empire tsariste, d’identifier les moyens d’accroître la production agricole de l’Empire...Ce savant, qui a commencé ses travaux dans la région de Poltava (une salle du musée régional en retrace les principales étapes), est le fondateur de l’étude des sols et de l’agronomie moderne. Il a su apprécier les dangers de l’érosion éolienne et a préconisé la plantation les grandes haies brise-vent délimitant les unités de culture, si caractéristiques de l’espace agricole de l’Ukraine et de la Russie. Coupes de sols : A gauche un tchernozem typique et à droite un sol à marronnier Les Tchernozems forment près des deux tiers de la couverture pédologique du pays, dans une longue et large écharpe orientée est-ouest, limitée au nord par les rendzines et les sols pauvres du Poliessié. Au sud, l’irrigation de la steppe herbeuse spontanée, libère le potentiel des terres noires, situées en éventail autour de la Crimée, depuis la mer d’Azov jusqu’à la mer Noire. L’Ukraine détient, avec environ 27 millions d’hectares, entre 35 et 40 % des terres noires mondiales, les autres se situant au Canada (notamment au Saskatchewan où se sont implantés de nombreux migrants ukrainiens à partir de 1917) et en Amérique du Sud (Argentine). La bordure maritime est le domaine de la vigne, des cultures légumières ou florales, du tournesol et du maïs, mais quand l’irrigation n’est plus disponible, l’agriculture se tourne vers les modes d’exploitation extensifs... 12 Répartition des terres par catégorie Type de terre Nom français Nom ukrainien Tchernozium Tchernozem Terres forestières grises Siri Lissovi Sols podzoliques Diernovo Pidzolite Sols châtains à marronnier Kachtanovi Sols marécageux et marais Lougovo bolotni bolotni Sols pierreux Bourozemi Autres inchi Proportion et 60 % 10 % 7% 3% 2% Teneur en matière organique 1,7 à 6,3 % 1,3 à 3,9 % 0,5 à 2,7 % 1,1 à 3,4 % 1,8 à 4 % 2% 16 % 2,3 à 6 % 0,5 à 1,5 % - un climat continental modéré La pluviométrie, satisfaisante dans l’ensemble, se réduit d’ouest en est depuis les hauteurs des Carpates, où elle dépasse 800mm/an, jusqu’aux zones proches de la frontière russe où elle est comprise entre 350 et 450mm/an. Le sud du pays constitue une zone dite « d’agriculture à risque ». Les rendements sont en moyenne assez faibles, aussi bien pour les productions animales que végétales ; mais les moyennes masquent une très grande dispersion, avec parfois des niveaux qui n’ont rien à envier aux meilleurs scores des agricultures les plus intensives. Cartes des précipitations : A gauche de novembre à mars ; A droite d’avril à octobre - une longue tradition agricole et rurale La paysannerie, en dépit de l’image rétrograde qui en est le plus souvent donnée, a de tout temps joué, ici plus qu’ailleurs, un rôle essentiel dans un pays partagé et soumis au pire. Elle a permis à l’Ukraine de survivre au cours des heures les plus noires de son histoire. Le souvenir de la grande famine de 1932-1933 (Holodomor...) est encore présent dans les mémoires. Cet épisode dramatique de la collectivisation forcée, décrit notamment par Vassili Grossman dans « Tout passe », est désormais reconnu par la Loi ukrainienne comme un génocide. Un monument en perpétue la mémoire sur la place Saint Michel à Kiev. La petite paysannerie, privée de moyens techniques et financiers, reste dépositaire des savoirs agricoles qui lui ont permis de maintenir une production alimentaire, alors que l’organisation soviétique ne réussissait pas toujours à coordonner les approvisionnements en semences, en produits de traitements, en engrais et en carburants. Cependant, personne ne semble prêt à s’intéresser à la diversité régionale, encore vivante, de ces pratiques professionnelles, malgré leurs contributions essentielles pour les productions animales. La recherche agronomique, très fortement appauvrie depuis l’indépendance, en 1991, conserve des domaines de compétence remarquables, notamment dans les centres de Kharkov 13 (sciences des sols, génétique, agronomie...) d’Odessa (biotechnologies...) et de Kiev (génétique, environnement et qualité...). L’enseignement supérieur agronomique et vétérinaire peine à s’adapter à la nouvelle demande professionnelle. Plus d’une quinzaine d’Universités agraires réparties sur le territoire forment des étudiants dont une petite part seulement trouve un emploi dans l’agriculture. Ces établissements misent sur les partenariats avec les grandes institutions internationales, notamment américaines et allemandes, pour moderniser leurs cursus. Les diplômés biculturels ainsi formés se révèlent souvent être de talentueux collaborateurs (voir Audesf) 1-2- Les entreprises agricoles et agroalimentaires Le secteur agricole et agroalimentaire est le premier contributeur dans la formation de la valeur ajoutée de l’économie ukrainienne Avec 17 % du PIB, il vient devant le commerce (12,9 %), les transports (8,6 :%), la santé (8,2 %) et la métallurgie (5,1 %). La production agricole, et l’exploitation primaire des ressources forestières génèrent à elles seules 9,2 % de la valeur ajoutée. Les industries agroalimentaires talonnent le secteur des transports avec 7,8 % de la valeur ajoutée, et connaissent un fort développement, qui devrait s’accélérer avec la progression de la grande distribution. - Les industries agroalimentaires L’Ukraine compte environ 22 000 entreprises agroalimentaires, de toutes tailles et dans tous les secteurs de la transformation. Jusque dans les années 95, les industries de produits de base pour l’alimentation humaine et l’agrofourniture dominaient le paysage agroindustriel. Depuis, de nombreuses entreprises ukrainiennes et étrangères se sont développées ou créées dans les secteurs de la confiserie, des boissons, de la restauration, ou de la distribution alimentaire... Le déclin des industries du machinisme se poursuit, tandis que les activités de négoce et de première transformation se concentrent sous l’effet des investissements des grandes références internationales. Depuis 1992, le secteur agroindustriel a mobilisé plus d’un milliard de dollars d’investissements étrangers. Investissements étrangers (en millions de US dollars) 2000 2001 2002 Investissements cumulés croissance annuelle 2003 2004 2005 795,7 808 862 1006,5 1127,6 1169,3 2005 2000 373,6 - 12,3 54 144,5 121,1 41,7 + 47 % vs Les industries agroalimentaires ont rapidement cherché à combler leur retard technologique par rapport à leurs concurrentes occidentales. Plusieurs d’entre-elles ont su créer des relations de confiance avec les équipementiers pour moderniser les maillons déterminants de leurs unités de production. L’importation de machines d’emballage et de conditionnement pour les produits frais a permis de moderniser les laiteries et les fabriques de boissons. Depuis quelques années, les entrepreneurs s’efforcent de moderniser les procédés de fabrication, poussant les pouvoirs publics à adapter la normalisation aux critères internationaux. Plus de 1 500 textes normatifs de base sont en cours de révision pour les rendre conformes aux spécifications admises à l’OMC ou au Codex Alimentarius. L’installation d’entreprises occidentales, comme Coca-Cola en 1999 qui a construit une usine neuve en périphérie de Kiev, ou Lactalis installé depuis douze ans à Nikolaïev, au sud 14 du pays, a très fortement stimulé la dynamique de modernisation, montrant l’importance d’une mise en synergie des méthodes de fabrication et de conditionnement avec des stratégies commerciales ciblées et conçues par les industriels eux-mêmes. Mais les industries alimentaires se heurtent à un déficit en matière première. Les fournitures en lait et en viandes, notamment, sont irrégulières et d’une qualité souvent insuffisante, au regard des normes occidentales. Les principaux chiffres des productions agroalimentaires d’Ukraine. Les industries de transformation des céréales (en milliers de tonnes) 2000 2001 2002 2003 Boulangerie 2464 2450 2358 2332 Pâtes ¨117 111 115 110 Farines 3076 2984 2986 2826 semoules 296 301 296 293 2004 2307 100 2948 335 2005 2264 104 2931 341 2006 2160 108 2650 323 La production de sucre (en milliers de tonnes) 2000 2001 2002 Sucre 1552 1657 1428 2004 1788 2005 1900 2006 2597 2004 1394 2005 1407 2006 1988 292 302 301 2003 579 2004 545 2005 639 2006 762 271 137 332 115 309 120 306 104 173 224 274 216 2003 1456 L’industrie des huiles alimentaires (en milliers de tonnes) 2000 2001 2002 2003 Huiles non 973 935 980 1268 raffinées Margarines 162 198 203 250 Les industries des viandes (en milliers de tonnes) 2000 2001 2002 400 332 457 Viandes (1ere catégorie) charcuterie 175 167 209 Autres 135 158 131 viandes gras 67 105 129 Les industries des boissons Alcools Autres boissons dont Bière Eaux minérales Boissons sans alcool Malt Millions de grivnas Croissance en % milliards de grivnas Croissance en % Millions de décalitres Milliers de tonnes * 1 USD = 5 UAH / grivnas 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 511,6 629,2 604,5 618,1 684,8 891,8 1211,5 - 2006 vs 2000 + 699,9 + 136 2, 3 2,2 2,3 2,7 3,0 3,3 3,5 + 1,2 - -4,3 + 4,3 + 17,3 + 11 + 10,0 + 6,1 + 52,2 107,4 44,6 130,7 55,2 146,8 74,8 169,6 93,0 192,8 102,8 238,0 140,6 267,0 137,9 + 149 % + 209 % 57,0 77,3 105,2 116,6 130,9 162,7 175,4 + 208 % 125 182,3 203,5 193,3 275,4 347,3 381,9 + 205 % 15 - Les nouvelles entreprises agricoles Le mouvement de privatisation des entreprises, lancé dès l’indépendance de l‘Ukraine, aboutit à une structure agricole tri-modale. L’essentiel de la population rurale vit d’une économie agraire de subsistance, dans des fermes très petites, peu ou pas mécanisées. Leur surplus, même modeste, forme la majeure partie des livraisons de produits animaux frais aux IAA et aux marchés. Des nombreuses structures collectives ont opté pour un statut privé, mais sans changer fondamentalement leur système de travail, de gestion et de responsabilité. Anciens kolkhozes, elles conservent une pratique coopérative, assez différente toutefois de la coopération européenne. Enfin de nouvelles entreprises se forment à partir de capitaux externes à l’agriculture, mais parfois issus des industries agroalimentaires ou des activités agricoles dont les grands groupes industriels avaient été obligés de se doter dans les années soixante. Les « paillitsievs », détenteurs d’un droit immatériel sur la terre (une « paille » ou part sociale du capital foncier) donnent en location leur droit foncier à l’entité juridique privée qui gère la ferme, ou, parfois, directement au gestionnaire de la ferme. A ce titre, les « sociétaires » perçoivent un loyer. Ils peuvent aussi recevoir un salaire régulier s’ils sont salariés à temps plein de la ferme, ou percevoir des émoluments pour les missions ponctuelles assurées au cours des pointes de travail (semis et récolte). Les droits des « paillitsievs » sur la terre sont garantis par la Constitution. Ils sont transmissibles aux héritiers. Mais, en application d’un moratoire sur la vente des terres, adopté dans le sillage de la privatisation de l’agriculture, ils ne peuvent, pour le moment, être cédés qu’en location. Les « ventes » de pailles, ou les échanges de biens immobiliers, qui entraîneraient celle du foncier ne sont pas légales, même après enregistrement chez une notaire public ou privé ; le cédant et ses ayants droits conservent la possibilité, illimitée, de contester la légalité et l’équité d’une vente, tant que la loi n’aura pas précisé les conditions dans lesquelles les terres faisant l’objet des pailles pourront être légalement vendues. Depuis que les résultats économiques des entreprises agricoles modernisées sont connus —les marges nettes après impôt sont comprises entre 200 et 800 euros par hectare— et dans la perspective d’une levée du moratoire sur la vente des terres agricoles, l’appétit de terre ne cesse de croître. Alors qu’il était encore possible de réunir quelques milliers d’hectares pour des prix de location faibles et des baux de longue durée, il est devenu presque impossible d’échapper au paiement d’une sorte de pas de porte, pour des durées de bail qui excèdent rarement 5 ans. Cette nouvelle bataille pour la terre est bien sûr nourrie par une forte pression spéculative animée par les notables. Et la bulle explosera, comme dans toutes les spirales spéculatives. Mais il y a, fort heureusement, des entrepreneurs conscients des niveaux de marge réels procurés par l’activité agricole, dans les meilleures conditions de milieu et d’environnement réglementaire. Ils s’opposent à la dérive des prix de location et de cession des droits au bail, afin de maintenir les avantages comparatifs de la production ukrainienne, et de tenir compte des fortes fluctuations climatiques des récoltes, dont ils sont, de fait, euxmêmes, les seuls assureurs1. 1 Voir aussi au chapitre 4 la maîtrise du foncier dans les projets agroalimentaires, et au chapitre 5 les contrats de bail de terres agricoles. 16 - Les structures agraires L’agriculture ukrainienne est donc une agriculture à trois vitesses. D’un coté quelques milliers de Agroholdings et d’ex-fermes collectives privatisées ayant une dynamique d’entreprise ; de l’autre « les fermes de la population », qui réunissent près de 12 millions d’actifs au sein de plus de 5 millions de fermes individuelles ; Entre ces deux groupes, les fermes privées forment une catégorie assez hétérogène. Elles se sont soit stabilisées sur des marchés de niche, soit elles se développent vers le modèle de la grande entreprise. Les statistiques agricoles, qui avaient adoptées ce découpage ternaire dans les années 95, répartissent aujourd’hui, assez logiquement, la production entre deux catégories : les grandes entreprises agricoles et les fermes de la population. Superficie totale 1990 EAF 38705 milliers d’hectares dont terres milliers 31245 labourables d’hectares EP 2162 2001 EAF EP 28414 6998 EAF 21199 EP 11447 375 24361 19354 561 476 2006 EAF : Entreprises agricoles et exploitations fermières EP : Exploitations de la population et autres entreprises - Intégration verticale amont et aval L’intégration désigne le regroupement au sein d’une même unité de gestion d’entreprises complémentaires, les unes alimentant les autres par leurs productions finales. Les grandes entreprises agricoles se rangent en deux catégories selon leur schéma d’intégration. Certaines ont opté pour une intégration verticale amont. Elles contrôlent des sociétés de production et de commercialisation de semences, d’engrais, de produits de traitements ; Elles sont parfois importatrices exclusives de certains équipements agricoles. Elles peuvent « intégrer » des services à l’agriculture, principalement dédiés à leur activité productrice, mais souvent ouverts à une clientèle plus large pour des raisons de rentabilité ou d’équilibre entre les contraintes propres à leurs secteurs d’activités. C’est le cas pour la fourniture de consommables ou pour des activités d’analyses et de conseils agricoles. D’autres entreprises ont opté pour une intégration vers l’aval. Déjà transformatrices de porc ou de volaille, elles veulent garantir leur approvisionnement, réduire leur sensibilité aux fluctuations des règles commerciales, notamment pour l’importation de produits soumis a certificats sanitaires ou à autorisation de mise en vente (génétique animale et végétale, produits vétérinaires et phytopharmaceutiques, conditionneurs, etc.). Productrices de végétaux, elles en assurent la transformation jusqu’à la distribution finale. Ainsi on trouve des groupes possédant des minoteries et des boulangeries industrielles qui contrôlent des domaines agricoles de plusieurs dizaines de milliers d’hectares. Enfin certaines ont opté pour une intégration plus complète, couvrant à la fois leurs secteurs amont et aval. Outre la sécurité des approvisionnements et le contrôle de la valeur ajoutée tout au long de la chaîne de production, ce schéma d’organisation présente un intérêt fiscal, en augmentant l’assiette soumise au régime agricole unifié et bonifié. 17 - Exemples de Agroholding. Agro ATK : ATK est la branche agricole d’un groupe ukrainien d’industries chimiques et d’investissement immobilier commercial. Créé en 1997 par la prise de contrôle de plusieurs anciens kolkhozes en faillite, le groupe agricole ATK loue, avec des baux d’une durée moyenne de 15 ans, une cinquantaine de milliers hectares répartis dans les régions de Jitomir, Poltava, Kirovograd, Borispol et Kiev. Il a également acquis quelques usines alimentaires relevant de ces anciennes fermes collectives : deux usines de conserves de légumes dont une seule est en service au tiers de ses capacités nominales, et deux laiteries de 50t/j l’une fonctionnant, l’autre servant de point de collecte du lait pour sa livraison aux grandes industries laitières. Ces installations ne seront conservées que pendant une phase de transition, exclusivement pour des raisons sociales, liées à la préservation d’emplois ruraux sans coût pour l’investisseur. Le groupe a acheté un silo de 30 000 tonnes dont la capacité sera portée en deux ans à 50 000 puis 80 000 tonnes (matériel GSA et préfinancement américain). La production de maïs en 2005 a atteint 270 000 tonnes. Iouri Drobiazko, le propriétaire du groupe a analysé les systèmes de production par les techniques minimales utilisées en Amérique du Sud et aux Etats-Unis. Il en a transféré les technologies en Ukraine, par l’achat de matériels d’occasion, puissants, révisés et garantis (essentiellement américain). L’absence de systèmes sophistiqués en permet la réparation et l’entretien par les équipes restreintes de ses centres de machinisme. ATK connaît parfaitement l’offre européenne de matériels, notamment de gros matériels (plus de 400 CV), mais les prix et les conditions financières sont moins attractifs que les offres américaines. Grâce à sa base de production chimique, le groupe a accès aux produits de traitement dans des conditions privilégiées, surtout depuis qu’il a installé une unité de production de glyphosate en Chine. Sur les conseils de Cargill, il a créé une unité de production de semences et s’est doté d’un laboratoire agronomique installé par les spécialistes de l’Université agraire du Nebraska (cofinancement Cargill, ATK et Université). Dans la région de Jitomir, ATK produit 8,7 t/ha de maïs et 2,5t/ha de soja. Les temps de travail sont ramenés à moins de 2 heures par hectare. ATK estime que ses coûts totaux de production du maïs ne dépassent pas 54 USD/tonne, pour un investissement hors foncier (location) de 210 USD/ha. ATK a éliminé le tournesol de ses rotations au profit du maïs et du colza, en association avec les céréales à paille. Pour ATK, l’agriculture est un business comme les autres. Il doit être calibré selon des principes de rentabilité des investissements sans autres aides de l’Etat que celle offerte par le cadre législatif qui permet de louer la terre sans avoir à en supporter le coût de capitalisation. ATK est intéressé par les maïs d’origine française. Ouvert pour des contacts avec les semenciers français « s’il ne s’agit pas de jardinage ». Pas complément fermé à des discussions avec les fabricants de gros matériels, s’ils ont une meilleure perception des conditions techniques et financières pour la mécanisation en Ukraine. ATK envisage de développer d’avantage la valeur ajoutée sur les productions végétales éventuellement en association avec des investisseurs pour la transformation bio-industrielle ou l’élevage. STIOMI-Holding Ltd. : Stiomi est un groupe industriel et financier diversifié appartenant à l’homme d’affaires Mykhaylo Stadnik, président de l’Union ukrainienne de la boulangerie industrielle. Pour lui l’agriculture ukrainienne dispose d’un potentiel exceptionnel dans toutes les grandes 18 productions, et se trouve aujourd’hui dans un état de relatif abandon, favorable à une restructuration en profondeur, à l’initiative d’investisseurs avisés. Selon lui, l’affectation par l’Etat d’aides indifférenciées aux semis (100 grivnas par hectare pour les cultures de printemps en 2006) révèle l’absence de vision stratégique du secteur agricole chez les responsables politiques. Il estime que le renouveau agricole passe par des projets agroindustriels cohérents établis sur des superficies de plusieurs dizaines de milliers d’hectares, disponibles du fait du retrait de la plupart des ex-fermes collectives. Dans cette perspective, Stiomi prend le contrôle de 35 000 hectares et se fixe un objectif de 100 000 hectares dans 5 ans. La question centrale pour ce groupe est de doter ce capital foncier d’un capital opérationnel minimum pour en tirer profit. Mais le coût de l’argent pour le financement du capital productif limite son appétit foncier. Le groupe, déjà présent dans la boulangerie industrielle, entend se développer dans le secteur porcin. Le plan de développement consiste à passer par étape de 50 000 têtes/an à 750 000 têtes dans 5 ans, réparties en plusieurs élevages qui alimenteront des ateliers de production certifiés selon les normes européennes de qualité. Stiomi effectue une veille technologique (internet et grands salons professionnels). Il est à la recherche d’une expertise « intégrée », allant de la production à la commercialisation de la viande fraîche et des ses produits de découpe. Lié au réseau de distribution « Fourchette », il estime que la vente de viande fraîche en grande surface doit être moins chère que la vente traditionnelle sur les marchés. Dans la région de Khmelnitski, où il est implanté, le groupe se fixe pour objectif de contrôler le tiers de la consommation de viandes porcines (soit 25 000 tonnes pour une consommation annuelle de 50 kg par habitant et une population de 1,5 millions d’habitants). Roshen Le Confiseur « Roshen », premier producteur de bonbons et de friandises en Ukraine, a intégré dans son périmètre industriel cinq sucreries, et a pris le contrôle d’une demi-douzaine de grandes entreprises agricoles dans la région de Vinnitsa, où il entreprend depuis quelques années de moderniser la production des betteraves avec des résultats positifs (une production de plus de 500 tonnes de betteraves par hectare et un rendement sucrier de 11 à 14 %). Pour la campagne 2006/2007, ce groupe a semé près de 25 000 hectares de betteraves. Il a également passé un contrat avec une entreprise allemande pour la fourniture d’une douzaine de récolteuses adaptées à ses demandes spécifiques. 19 En résumé L’Ukraine est, comme la France, un grand pays agricole et rural. L’Ukraine est une des rares parties du monde à posséder une capacité significative d’accroissement de la production de matières premières agricoles. L’immense potentiel agricole de l’Ukraine résulte de la conjonction de trois composantes : - des terres parmi les plus fertiles du monde. - un climat continental modéré - une longue tradition agricole et rurale L’agriculture est privatisée. Les agroholdings se spécialisent dans les grandes productions végétales ; les fermes de la population assurent les trois quarts des productions animales. Le moratoire suspend la vente des terres agricoles, mais elles peuvent être prises en location longue, y compris par les étrangers et les personnes morales, pour un loyer annuel allant de 20 à 40 USD/ha. Il pourrait être levé en 2008. Les industries alimentaires se modernisent rapidement, mais se heurtent à un déficit en matières premières, très fort pour le lait, les viandes et les fruits et légumes. Les entreprises agricoles modernisées réalisent des marges nettes après impôt comprises entre 200 et 800 euros par hectare ; Pour valoriser son potentiel agricole et agroalimentaire, l’Ukraine est ouverte aux investissements étrangers 20 2- Les enjeux pour l’agrofourniture 2-1- les besoins des entreprises en matériels, en technologie et en savoir-faire - facteurs de croissance des marchés - solutions d’ensemblier - financement - marges d’exploitation et maintenance 2-2- les marchés des équipements agricoles et agroalimentaires - les équipements agricoles - les équipements agroalimentaires 2-3- les spécificités des marchés d’agrofourniture - les grandes cultures - la betterave et le sucre - le secteur laitier - le secteur des semences végétales - le secteur des technologies d’élevage et de transformation des viandes - la gestion des silos et la conservation des grains - l’agrochimie - les biocarburants - les équipements de commercialisation - la filière linière - les industries du machinisme agricole En résumé, comment aborder ces marchés ? ------- J’ai une entreprise d’agrofourniture... ...et je veux exporter des équipements en Ukraine... 2-1- les besoins des entreprises en technologie et en savoir-faire - facteurs de croissance des marchés Les entreprises agricoles et agroalimentaires ukrainiennes ont pris la mesure de l’écart technologique qui les séparait de l’occident. Depuis l’indépendance, elles cherchent à acquérir des technologies et les savoir-faire qui leur permettront de répondre aux normes internationales de qualité, de se positionner dans la concurrence croissante pour la distribution, et de s’ouvrir, à terme, aux marchés à l’exportation. Deux facteurs accélèrent la modernisation des équipements. D’une part, le succès d’entreprises occidentales, comme Lactalis, Nestlé et beaucoup d’autres, démontre que, avec les mêmes matières premières, les méthodes de gestion de la qualité et le recours à des technologies éprouvées donnent un avantage commercial décisif pour une implantation nationale des produits, point de départ de la plupart des stratégies de développement. D’autre part, l’embargo russe sur l’ensemble des produits de l’élevage ukrainien depuis janvier 2006 a été un puissant moteur de modernisation pour diversifier les débouchés au-delà des marchés traditionnels. 21 L’intégration verticale de la majorité des entreprises conduit à une répartition des efforts de modernisation sur l’ensemble des maillons de la chaîne de production. Dans les industries alimentaires, le premier effort porte souvent sur le conditionnement, mais rapidement, après avoir consolidé les avantages commerciaux d’une meilleure présentation des produits, les investissements portent sur les procédés eux-mêmes, puis sur la production de matières premières, plus régulière et de meilleure qualité technologique. - solutions d’ensemblier Très souvent nouveau venu dans son secteur de production, l’investisseur ukrainien ne dispose pas des références technologiques et des méthodes de sélection des investissements répondant au mieux à ses besoins et à son calendrier de montée en puissance. Il démarre une production, ou sa modernisation, à partir d’une structure ancienne, dont il doit d’abord évaluer les performances des différents ateliers. Le diagnostic d’entreprise ou d’un maillon de la production, est une étape essentielle de la relation de confiance qui se construit progressivement entre le fournisseur et le client. Même si un équipementier a pu rencontrer, à l’occasion d’un salon professionnel par exemple, un prospect intéressé par ses matériels, il n’est pas rare que le premier besoin de l’entreprise porte sur d’autres matériels, qui ne figurent pas dans le catalogue du fournisseur. En agissant en ensemblier, il pourra faire appel à un partenaire capable de proposer les matériels requis prioritairement. Notons au passage que cette forme de relations privilégiées entre fournisseurs d’une même filière, leur permet de réduire leurs charges de prospection, ou, pour le même budget, d’être mieux placés sur le marché. Le recours à l’offre d’ensemblier est particulièrement judicieux pour le secteur de l’élevage et de la transformation des produits carnés. L’ouverture d’un atelier de production de porcs ou de volailles n’est relativement simple qu’en apparence. Achat ici de génétique, là de compléments alimentaires, suffisent pour lancer l’atelier. Mais très vite apparaissent les problèmes de maîtrise de la croissance des animaux, puis de transformation des viandes. Le fournisseur est d’autant mieux placé pour y répondre qu’il aura pu présenter une analyse critique du business plan initial, avec des solutions, peut-être rejetées dans un premier temps par le client, mais qu’il saura retrouver le moment venu. L’union fait assurément la force. - financement L’appétit de modernisation est cependant limité par le coût du crédit. Les exportateurs qui réussissent sur le marché ukrainien, lorsqu’ils ne livrent pas des groupes occidentaux qui les ont déjà référencés, sont ceux qui ont su proposer des formules de financement adaptées aux contraintes des investisseurs : Il faut bien comprendre que les clients ukrainiens n’ont aucun doute sur la qualité des matériels proposés par les équipementiers occidentaux. A leurs yeux, les écarts et les différences technologiques, souvent mises en avant par les candidats à l’exportation, ont été validés par la concurrence à laquelle ils étaient soumis. Aussi, les promotions basées sur la mise en valeur des qualités techniques des matériels ne sont- elles jamais décisives2. Le marché appartient à celui qui peut apporter une solution financière, combinant les offres de plusieurs exportateurs, pour une réponse globale —de type ensemblier— comportant 2 Voir aussi au chapitre 6 l’accès au financement. 22 des clauses compatibles avec les garanties qui peuvent être raisonnablement attendues de l’investisseur. - marges d’exploitation et maintenance Quel que soit le secteur, l’Ukraine s’équipe et recherche des matériels innovants, dont les technologies et les performances sont choisies pour répondre au besoin prioritaire d’améliorer la qualité et de maîtriser des coûts de production, en particulier les consommations énergétiques. Les exploitants agricoles modernes, rarement issus du monde agricole traditionnel, jugent les matériels selon deux critères. En véritables hommes d’affaires, ils apprécient leur adaptation à leurs objectifs de marge d’exploitation. La taille du parcellaire conduit à privilégier les matériels de grande dimension et les trains d’outils limitant le nombre des passages. Réalistes, ces chefs d’entreprises sélectionnent les équipements qui peuvent être maintenus par les personnels des ex-fermes collectives, toujours excellents mécaniciens, et rompus à l’art de remettre en état les équipements. Ils rejettent le plus souvent les matériels sophistiqués, faisant trop largement appel à une électronique intégrée ou à des pièces assemblées en usine et regroupant plusieurs fonctionnalités. Dans le secteur des industries alimentaires, les critères de choix des équipements dépendent de la nature des activités, et sont plus largement encore dominés par les stratégies des groupes. Dans le secteur de la transformation laitière et de la fromagerie, les technologies de pointe, comme les réacteurs et les conditionneurs « ultra propres », se sont d’autant plus rapidement imposées qu’il fallait contrecarrer les conséquences d’une dégradation de la qualité des matières premières. Par contre, les sucreries, trop nombreuses et plongées dans un marché mal structuré, repoussent les investissements lourds qu’elles devraient consentir pour réduire par exemple leurs dépenses énergétiques. 2-2- les marchés des équipements agricoles et agroalimentaires - Les équipements agricoles Les marges d’exploitation engrangées dans des entreprises agricoles de plusieurs dizaines de milliers d’hectares, accrues par les bonnes récoltes des dernières années3, leur ont permis d’investir dans du matériel et des intrants de qualité. Les importations de machines agricoles ont plus que doublées entre 2002 et 2005. Evolution des importations de machines agricoles 2002 à 2005 en millions USD 2002 2003 2004 Total 169 201 325 98 56 48 Allemagne 23 16 12 Pays Bas 17 10 10 Etats-Unis 19 14 4 France 4 4 2 Italie 38 27 26 Russie 54 32 21 Biélorussie 72 42 46 Autres 2005 390 86 35 39 25 4 54 71 76 Source : douanes ukrainiennes 3 Même après l’exceptionnelle sécheresse de la campagne 2006/2007, l’Ukraine récolte 28 Mt de grains contre 35 en année moyenne. 23 La Russie et la Biélorussie restent des fournisseurs importants de l’Ukraine. Leurs machines sont souvent achetées pour des questions essentiellement de faible coût au détriment de la qualité. Mais de plus en plus d’exploitants préfèrent acheter du matériel occidental car plus performant et plus rentable (30% à 50% des grandes cultures industrielles sont perdues en raison des insuffisances ou de la mauvaise qualité des matériels de récolte et de transfert). Il existe par ailleurs un marché de seconde main, pour des exploitations qui, manquant de moyens financiers pour acheter du neuf, souhaitent malgré tout avoir accès à la technologie occidentale et choisissent d’investir dans du matériel d’occasion. Il faut noter que les machines tractées de plus de 8 ans d’âge ne peuvent pas être importées pour l’instant (la législation pourrait changer avec l’entrée de l’Ukraine dans l’OMC). Parmi les pays les plus performants on note l’Allemagne qui a presque doublé ses exportations, les Etats-Unis et les Pays-Bas, sans négliger la Suède ou le Danemark. La France est malheureusement encore peu présente même si les importations de machines françaises ont bien progressé. Répartition des exportations françaises vers l’Ukraine en 2006 9% 5% 3% Parties et accessoires 23% autres tracteurs agricoles neufs matériel de travail du sol 6% 25% matériel de semis et plantation matériel de récolte 16% 13% matériel d'élevage matériel agricole divers - Les équipements agroalimentaires Les entreprises agroalimentaires ukrainiennes investissent afin de se mettre aux normes internationales. De plus en plus d’entreprises ont recours aux procédés de fabrication sous HACCP et se mettent aux normes ISO 9001. La demande en matériel performant de haute technologie croît. Par ailleurs, les entreprises ukrainiennes ont pris conscience du problème de l’énergie, avec un coût qui a plus que triplé depuis 2005, et investissent maintenant dans du matériel leur permettant de réaliser des économies dans ce secteur, commençant à mobiliser, pour certaines d’entre-elles, les possibilités offertes par le crédit carbone. Mais la complexité et la nouveauté de ces mécanismes financiers rendent impératif le recours à une expertise externe, attendue du fournisseur. Evolution des importations ukrainiennes d’équipements agroalimentaires en millions USD Origine 2002 2003 2004 2005 231 227 208 183 Total 64 75 59 69 Allemagne 24 35 26 24 Italie 13 8 11 11 Pologne 17 4 11 9 Autriche 14 11 9 57 Pays Bas 6 4 3 4 France 93 90 89 9 Autres Source : douanes ukrainiennes 24 Le principal fournisseur de l’Ukraine est l’Allemagne avec 28 % des importations totales. La part de la France est, comme pour le machinisme agricole, très faible. Les sociétés équipementières françaises suivent les groupes agroalimentaires français installés en Ukraine auprès desquels elles sont déjà référencées en France ou dans d’autres pays étrangers. Elles bénéficient du référencement conféré par l’excellente image des grands groupes. Mais elles ne peuvent pas faire percevoir aux entreprises ukrainiennes leurs capacités de diagnostic et d’offres combinées. En traitant pour les grands groupes, elles se mettent à l’abri des impayés mais se trouvent de fait insuffisamment impliquées dans la recherche de solutions financières adaptées à des clients locaux. Les règles de garantie appliquées par les banques françaises pour accorder des crédits à des clients ukrainiens accroissent l’écart de compétitivité avec leurs concurrentes allemandes, mieux accompagnées, notamment par la banque coopérative autrichienne Raiffeisen, et surtout mieux préparées à l’analyse critique des « business plan » de leurs clients. Aussi, les entreprises françaises sont-elles encore peu présentes sur le marché ukrainien. De nombreux facteurs expliquent les hésitations des entreprises : La petite taille et la spécialisation des PME n’est pas en soi un obstacle, si elles savaient mieux « chasser en meute » en s’associant pour contenir leurs charges de prospection, partageant un distributeur pour démarcher les prospects en parlant leur langue et leur langage professionnel, ou en recrutant un VIE4 à plusieurs. Enfin, pour être utilement plus agressives, elles devraient sans doute mieux mesurer les enjeux et la pression de la concurrence. 2-3-les spécificités des marchés d’agrofourniture - Les grandes cultures La recherche des marges les plus élevées passe par l’adoption des itinéraires techniques de travail minimum du sol, et surtout de non travail du sol (« No Till »), largement promus par les nombreuses « journées des champs » (« Dien Polia ») organisées sur le terrain par les pouvoirs publics ou des agroholdings5, et par les revues agricoles spécialisées (voir plus loin la liste des principales revues). Il faut souligner que ces itinéraires techniques sont aussi bien le fait des promoteurs de l’utilisation des produits phytosanitaires de synthèse (glyphosate notamment) que des tenants d’une agriculture organique. Les agroholdings ont parfois constitué des sociétés spécialisées pour la gestion de leur parc de matériel, ou, à défaut, des ateliers concentrant les fonctions de maintenance et d’organisation de la répartition des engins sur les chantiers. 4 VIE : Volontaire International en Entreprise. Pour connaître les conditions pour bénéficier de cette mesure incitative à l’exportation, s’adresser à Ubifrance ou à la Mission économique 5 Les journées organisées par l’agrofirme « Agro Soyouz » dans la région de Dniepropetrovsk par exemple, réunissent la plupart des fournisseurs de matériels, et donnent lieu à des démonstrations in situ accompagnées de conférences centrées sur la maîtrise des coûts de production. 25 Malgré la taille des parcelles de culture, la gestion des parcs de matériels exige un contrôle attentif des performances. Les entreprises ont donc recours aux techniques de localisation par satellite pour le guidage des trains d’outils, pour l’enregistrement des temps de travail, et, de plus en plus pour le réglage des doses6. Il ne fait pas de doute que les grandes sociétés agricoles adopteront les technologies informatisées couplant l’imagerie satellitaire et les appareils de positionnement pour améliorer l’enregistrement de leurs pratiques culturales, et en analyser les coûts et les performances. Certaines, confrontées aux fluctuations des rendements et des prix, s’en serviront pour apprécier le niveau de couverture qu’elles souscriront auprès des compagnies d’assurances agricoles ou pour définir dans leurs comptes le niveau de provisionnement des pertes probables. Les marchés des matériels agricoles pour les grandes cultures sont organisés en fonction de l’importance des façons culturales déterminantes7. La priorité est donc au semis, aux traitements sanitaires et à la récolte. La régularité du semis direct passe par des semoirs polyvalents de précision, larges, joints à des outils de travail du sol du type chisels, dents, ou broyeurs, et à des « épandeurs de solution fertilisantes », souvent en apport localisé au semis. L’épandage de produits de traitements phytosanitaires fait appel à des asperseurs de grande envergure (18 mètres et plus), dotés de systèmes de contrôle du positionnement par rapport au sol. Ceux-ci sont d’autant plus importants que la platitude de la steppe peut occasionner, à l’échelle des engins, de petites ondulations perturbant fortement l’homogénéité des épandages. Enfin, la maîtrise de la récolte des céréales fait appel à des matériels robustes. Le renouveau des grandes usines russes, notamment de Rostov sur le Don, et biélorusses répond assez bien au besoin des entrepreneurs. On note toutefois une progression des matériels occidentaux, en raison du confort de leur conduite appréciable alors que les moissons sont organisées en journée continue. Plusieurs sociétés agricoles font également appel à l’offre des matériels américains de seconde main et commencent à s’intéresser aux fabrications brésiliennes et chinoises. Les tracteurs de grande puissance sont tantôt pris dans les stocks de matériels hérités de l’industrie soviétique, tantôt acquis auprès des grandes entreprises occidentales (USA, Allemagne, Suède, Finlande...). Pour les matériels de type soviétique, leur robustesse et la très bonne connaissance qu’en ont les tractoristes leur assurent encore un bel avenir. Mais 6 Cela n’est pas en contradiction avec la recherche d’une certaine rusticité dans les équipements de puissance (tracteurs, camions) destinés au transport des récoltes et des consommables. 7 On ne s’achète pas un matériel « parce qu’on peut le payer », mais parce qu’il est indispensable... 26 progressivement, les sociétés agricoles, cherchent à remplacer ces matériels par des engins, également polyvalents, mais moins gourmands en carburant et en huile. - La betterave et le sucre La première cause de fluctuation de la récolte livrée aux sucreries tient aux difficultés d’arrachage et de transport des betteraves dans les champs, en automne, alors que les pluies en ont réduit la portance. Les pertes peuvent atteindre 30 % de la production sur pied, et suffiraient en principe, à assurer un amortissement de l’investissement en moins de deux campagnes. Les chantiers sont organisés sans entreposage intermédiaire en bout de champs, contrairement à la pratique française, et sans pesée géométrique. Les poids sont estimés au champ, puis déterminés à la sucrerie par pesée des camions à l’entrée et la sortie de la cour aux betteraves. Les exploitants cherchent des matériels permettant de réduire le nombre des passages des camions assurant la livraison des sucreries. Ils sont donc très sensibles à la taille des bunkers, et privilégient les modèles automoteurs d’une capacité de stockage intermédiaire de 30 à 40 tonnes. Le coût très élevé de ces matériels n’est supportable qu’avec des solutions de crédit adaptées, même pour les plus grandes entreprises, présentant le plus faible niveau de risque d’impayé (voir plus loin financement). En effet le cours des betteraves est erratique. Il s’abaisse généralement en automne, en période de récolte, et prive les exploitants des recettes qu’ils en attendaient. Les clients les plus fiables sont donc ceux qui intègrent la production de betteraves et la sucrerie, et peuvent ainsi gommer les variations spéculatives sur la matière première. Les principaux fabricants ne s’y sont pas trompés et concentrent sur eux leurs stratégies commerciales. Il y a donc deux points capitaux pour ce marché, l’adaptation à un système de récolte dit « à l’allemande » et la possibilité de proposer un crédit bail, éventuellement garanti par des livraisons de sucre (exportable). Comme pour les autres grandes cultures, le second point clé est la régularité du lit de semences, du semis des graines mono-germes et des traitements phytosanitaires localisés. Ce segment des itinéraires techniques conduit aux mêmes besoins en semoirs de précision et en matériels de préparation des sols avec un travail minimum que pour les autres grandes cultures. Les Agroholdings, seules capables de payer des machines aussi coûteuses, préfèrent les arracheuses avec de grands bunkers L’Ukraine devrait pouvoir doubler, assez facilement, le rendement des betteraves et le rendement sucrier. Mais la dispersion des sucreries sur le territoire et la petite taille de la plupart d’entre-elles freinent leurs capacités de relance de la production. La production 27 nationale est voisine de la consommation intérieure (2 Mt), mais l’émergence d’une filière éthanol, et la demande en sucre des pays voisins, accéléreront la restructuration de ce secteur, avec parallèlement un développement des marchés des matériels de récolte et de préparation des terres. Le marché des équipements industriels est également sous la dépendance d’une inéluctable restructuration du secteur. Ce marché devrait être dominé par les groupes résultant des mouvements de fusion-acquisitions qui interviendront tant à l’initiative de groupes ukrainiens déjà constitués que de groupes étrangers, notamment russes, et, vraisemblablement, européens. Il sera caractérisé par des programmes industriels de grande ampleur, portant sur tous les maillons de la fabrication du sucre, dans la perspective d’une augmentation des capacités journalières et d’une forte diminution des consommations d’énergie par tonne produite. Il est incontestablement utile que les sociétés d’ingénierie et de procès suivent attentivement l’évolution du secteur et anticipent les évolutions prévisibles en analysant les conditions de leur succès commercial. Au cours de ce mouvement, les PME spécialisées dans des équipements spécifiques auront accès aux marchés définis par ces grands programmes. Pour le moment, elles peuvent proposer des améliorations comme l’ont déjà fait certains groupes sucriers (comme le français Sucden en Russie), en sélectionnant d’une part leurs clients, et en constituant des groupements d’entreprises pour couvrir au mieux le spectre des améliorations possibles à moindre frais pour les industriels. Ces groupements devraient ensuite être en bonne position pour bénéficier des commandes induites par les restructurations. - Le secteur laitier L’évolution du troupeau bovin poursuit les tendances des années précédentes, avec une décroissance au rythme de 3 % par an. Les fermes de la population occupent une place déterminante dans les productions animales. Elles détiennent 76 % des vaches laitières, 63 % des porcins et 59 % des volailles. Exprimé en volume, l’écart entre les entreprises et les fermes de la population s’amplifie. Les petites unités familiales assurent près de 81 % de la production laitière, avec seulement 76 % du troupeau. Elles sont donc, en moyenne, plus efficaces que les grands ateliers des entreprises agricoles. Globalement, malgré leur modeste moyenne d’étable, les petites fermes présentent un indice apparent de productivité supérieur de 34 % à celui des ateliers laitiers des grandes entreprises. La collecte de 12,5 milliards de litres de lait est à peine suffisante pour couvrir les besoins. La saisonnalité très marquée de la collecte, avec un fort creux en hiver, oblige les laiteries à fabriquer des poudres en été, et à en importer en hiver. Les inconvénients de cette saisonnalité sont amplifiés au niveau la qualité du lait dont les teneurs en protéine et en matière grasse chutent en hiver tandis que s’accroît le nombre de germes et de cellules. Le point clé de l’évolution du secteur laitier est d’augmenter et de régulariser le volume et la qualité de la collecte laitière. 28 Un élevage laitier modernisé à BilaTserkva L’augmentation des moyennes d’étable ne passe pas d’abord par la génétique, mais par la maîtrise de l’alimentation, notamment hivernale, et l’amélioration de la conduite des élevages. L’effondrement des services techniques jadis proposés aux fermes collectives oblige les laiteries à constituer des services de soutien à la production, installant des tanks à lait financés en leasing, et remboursés par les gains de production et les primes de qualité perçues par ceux qui les utilisent à bon escient, promouvant l’utilisation rationnelle des tanks à lait, installant un local de contrôle même sommaire des laits collectés, recommandant les pratiques (lavage des mains et des pis...), les traitements ou les outils pour lutter contre les mammites, les onglons ou diverses infections, contrôlant les gains de poids, etc. Les équipements de réfrigération à la ferme, adaptés à des exploitations de quelques centaines de laitières, dans les grandes fermes, comme dans les villages, sont plus que jamais requis par les industriels ; la majorité d’entre eux en font l’acquisition pour structurer et fidéliser leurs réseaux de fournisseurs de lait. Le rayon de collecte des grandes entreprises dépasse 500 kilomètres, et la concurrence s’accroît avec l’augmentation des capacités des plus grandes laiteries. Quelques grandes fermes optent pour une production laitière à une échelle industrielle. Elles installent alors des salles de traite perfectionnées avec un suivi informatisé des animaux. Mais ces équipements et les écrans dans les salles de traite ne dispensent pas de « l’œil de l’éleveur », souvent oublié. On peut se demander s’il n’y aurait pas un avenir pour des sociétés privées de service à l’élevage, combinant des prestations de type contrôle laitier, des conseils personnalisés de gestion des troupeaux, de l’alimentation et de l’hygiène, et la formation des personnels... En effet, même si elles semblent mieux en mesure de maîtriser la qualité de la collecte laitière, lorsque leurs gestionnaires ont pris la mesure des pertes et des manque à gagner générés par une hygiène insuffisante, les grandes entreprises peinent à atteindre les résultats obtenus en routine par leurs homologues européennes. 29 Productions animales, toutes espèces, pour les années 2005 et 2006 unités Exploitations toutes catégories Production de viande poids vif, Collecte laitière Œufs toutes volailles Laine Entreprises agricoles Production de viande poids vif, Collecte laitière Œufs toutes volailles Laine Fermes de la population Production de viande poids vif, Collecte laitière Œufs toutes volailles Laine 2005 2006 2006 en % de 2005 Milliers de tonnes Milliers de tonnes Millions d’unités. tonnes 2389,3 13714,4 13045,9 3195 2547,0 13269,8 14228,0 3282 106,6 96,8 109,1 102,7 Milliers de tonnes Milliers de tonnes Millions d’unités tonnes 841,0 2582,5 6458,1 692 1041,0 2452,8 7629,1 709 123,8 95,0 118,1 102,5 Milliers de tonnes Milliers de tonnes Millions d’unités tonnes 1548,3 11131,9 6587,8 2503 1506,0 10817,0 6598,9 2573 97,3 97,2 100,2 102,8 Dans le secteur industriel, les demandes d’équipement sont portées par la modernisation des laiteries à l’occasion des reprises au sein de groupes ou dans des stratégies de croissance et de diversification des productions pour répondre aux besoins de la distribution, et à la nécessité de réduire les coûts et les dépenses énergétiques. Les industriels s’intéressent aux équipements de préparation des laits avant transformation : stérilisateurs, séparateurs, et aux équipements de mesure de la qualité, le plus souvent très sommaires. La recherche de réacteurs polyvalents dotés d’équipements de nettoyage rapide est également d’actualité pour adapter la production aux normes et répondre à la demande du marketing. Il est intéressant de noter que l’Ouest du pays comprend peu de grandes entreprises laitières, mais a une vocation herbagère marquée, susceptible de valoriser des petits équipements semi industriels pour la préparation de fromages frais et de pâtes pressées, pour le conditionnement du lait et de la crème en sachets plastique. - Le secteur des semences végétales Au même titre que la régularité des façons culturales, l’homogénéité des peuplements cultivés est un facteur essentiel de la maîtrise de la production et du contrôle des coûts, et donc des marges. Le recours à des semences végétales de haute qualité s’impose dans les grandes entreprises agricoles, même si certaines ne renouvellent leurs stocks que tous les deux ou trois ans. L’Ukraine est d’autant plus ouverte aux semences certifiées étrangères, nonobstant un système d’enregistrement très lourd, que sa recherche génétique, malgré ses qualités souvent exceptionnelles, peine à transférer ses acquis dans le secteur de la multiplication et de la distribution commerciale. Les besoins sont nets pour les plantes industrielles, comme les orges de brasserie ou les pommes de terre, qui doivent répondre aux cahiers des charges des transformateurs. Les malteurs répondent aux spécifications des grandes brasseries qui rejettent les variétés locales. Les groupes industriels comme Kraft exigent des qualités technologiques pour les pommes de terre destinées à la préparation des chips ou des produits dérivés. Les conserveries sont amenées à anticiper l’évolution des exigences de la grande distribution pour le référencement 30 de leurs assortiments, et elles s’intéressent à des variétés nouvelles de fruits et de légumes (pois, maïs doux...). Pour les grandes cultures, les demandes portent principalement sur les maïs grains et le colza. Les semences françaises de maïs sont particulièrement appréciées pour leur rendement, leur régularité, leur adaptation aux sommes de températures requises pour leur maturité, et leur résistance au stress hydrique. Le marché des semences potagères ne doit pas être négligé, avec deux orientations : le développement des conserveries et le très dynamique secteur des jardins familiaux. Les groupes semenciers français s’implantent en Ukraine. Euralis a acquis une station de semences à Tcherkassy et a créé une marque pour sa production locale de semences de maïs « Cherlis ». Les groupes Maïs-Adour, Limagrain, Agri-obtention, etc. sont représentés et étudient diverses possibilités d’implantation. - Le secteur des technologies d’élevage et de transformation des viandes Le déficit en viande se traduit par un fort recours aux importations, mais dans des conditions toujours très difficiles, où se mêlent les contraintes sanitaires de la certification, les privilèges accordés à des zones prioritaires bénéficiant d’un régime douanier de perfectionnement progressif, étendu bien au delà des volumes destinés à l’exportation après transformation. Malgré le mouvement de reprise de l’élevage porcin , après celui de la volaille dont l’Ukraine est devenu exportatrice8, le pays manque de viandes et doit recourir à des importations de viandes bovine et porcine (principalement pour l’industrie de la charcuterie) pour environ 220 000 tonnes par an... Effectifs, tous animaux (au 1er Janvier 2006 & 2007), en milliers de têtes. Toutes exploitations Bovins dont vaches Porcs Ovins et caprins Volailles Entreprises agricoles Bovins dont vaches Porcs Ovins et caprins Volailles Fermes auxiliaires Bovins dont vaches Porcs Ovins et caprins Volailles 8 2007 6514,1 3635,1 7052,8 1629,5 161993,5 6333,1 3410,4 7688,2 1663,0 167816,9 97,2 93,8 109,0 102,1 103,6 2491,8 866,2 2602,4 270,9 66625,3 2292,3 762,6 3231,7 281,0 72815,0 92,0 88,0 124,2 103,7 109,3 4022,3 2768,9 4450,4 1358,6 95368,2 4040,8 2647,8 4456,5 1382,0 95001,9 100,5 95,6 100,1 101,7 99,6 En raison d’une croissance plus rapide de la production que de la consommation 31 2007 en % de 2006 2006 La relance des élevages suscite un fort développement de la demande en génétique. Au premier semestre 2007, une dizaine de séminaires ont été organisés sur les grandes productions animales : du porc au canard, en passant par la dinde, les volailles de qualité, le lapin, etc... De grands besoins apparaissent. Les nouveaux éleveurs, rarement des professionnels du secteur, mais disposant de ressources financières, veulent accéder à une génétique de qualité, même s’ils n’en mesurent pas toujours les conditions de valorisation. Ils recherchent des performances de croissance et de rendement en viande des carcasses, et veulent s’assurer que les animaux sont indemnes des maladies ou de germes susceptibles de réduire les performances. La plupart des grands fournisseurs de génétique porcine sont présents en Ukraine avec des filiales. Les Danois développent une politique d’accompagnement, basée sur la formation des jeunes vétérinaires chargés des nouveaux élevages, par des stages dans des élevages danois couplés à des cycles de formation professionnelle dans les universités. Le marché de la génétique porcine reste porteur, et les projets industriels se multiplient dans la perspective d’un approvisionnement de la grande distribution. L’accès à ce marché passe par le rapprochement des fournisseurs de génétique avec les entreprises de matériels d’élevage, de produits sanitaires et de méthodes de contrôle de la qualité, notamment pendant les périodes critiques du sevrage et du post sevrage. La cuisine ukrainienne apprécie le gras (fabrication du « Salo9 ») et les transformateurs préfèrent des carcasses lourdes (130 à 150 kg), même si la productivité des aliments est légèrement réduite. Les clients souhaitent inclure dans les contrats commerciaux des actions de formation à la conduite des élevages, et souhaitent généralement aborder simultanément le renouvellement ou la création du cheptel, l’abattage et la transformation. L’importation des porcs reproducteurs est possible, celle des porcelets beaucoup plus difficile et sans doute moins justifiée sur le plan économique. Les importations de reproducteurs ont bondi en 2005 avec 139 000 têtes, principalement en provenance du Danemark, de Pologne et dans une plus faible proportion d’Allemagne et de France. Elles sont retombées à 40 000 têtes en 2006 du fait d’un fléchissement des aides, et des difficultés rencontrées par les éleveurs pour transformer dans de bonnes conditions techniques et financières les carcasses produites grâce aux importations de génétique de l’année précédente. 9 Le « salo », ou lard gras issu de la bardière, et préparé avec de l’ail ou des herbes, parfois fumé. Il est utilisé dans les soupes et pour la cuisson des pommes de terre. 32 Le marché de la génétique bovine est en cours de formation. Dans le domaine laitier, les plus grandes entreprises dont les moyennes d’étable dépassent 4 ou 5 000 litres achètent des laitières disposant d’un potentiel génétique de 7 à 10 000 litres, en association avec des services techniques pour l’alimentation, la gestion des troupeaux, l’automatisation de la traite et, parfois, le suivi individualisé des animaux. Dans les autres structures de production, la génétique n’est pas le principal facteur limitant, et les producteurs ne sont ni prêts ni en mesure de financer un renouvellement de leur cheptel. Pour le secteur de la viande bovine, l’augmentation de la production passera par l’amélioration du troupeau dominé par les races mixtes. Les plus mauvaises laitières seront croisées avec des animaux présentant une bonne conformation, sans être des animaux d’élite, par croisement industriel. Certains entrepreneurs agricoles ont compris cette orientation et sont prêts à créer des troupeaux conduits en race pure de vaches allaitantes. Mais ils reconnaissent la nécessité d’y adjoindre l’expertise dont ils ne disposent pas. Les marchés de génétique bovine pour la production de viande passeront donc par la mise en place d’outils de développement agricole et de conseil aux éleveurs, mais surtout par l’installation d’éleveurs, salariés ou associés de ces entreprises. Les éleveurs canadiens ont bien compris cette situation et préparent des programmes reposant sur l’introduction de Hereford. Les races à viande françaises bénéficient d’une excellente image à valoriser. En aviculture, la demande en génétique reste forte. Des producteurs ukrainiens souhaitent relancer la production d’oie de chair, de canard, de dinde et de pintade. Les grands élevages cherchent à éliminer les souches infectées et corriger la dégénérescence de leurs souches de base. Les grands producteurs de poulet de chair s’intéressent aux souches à pattes jaunes pour anticiper la mise sur le marché de viandes sous label. Certains réfléchissent à l’introduction de labels. En matière d’équipements pour les élevages, seuls les matériels de technologie avancée peuvent être durablement exportés. Les matériels de contention par exemple, les châssis de fenêtre et la plupart des huisseries, sont rapidement copiés par les personnels habiles à souder et disposant facilement des tubes et des matériaux nécessaires. Dans ce secteur la présence sur le marché passe par une production locale protégée par des brevets enregistrés. Par contre les éleveurs sont importateurs d’équipements de conditionnement de l’air (aérateurs, chauffage, systèmes de filtration, composants pour la régulation thermique...) d’abreuvement (systèmes en alimentation continue et consommation à la demande...), et de contrôle de l’alimentation. Mais le point le plus faible de la filière ukrainienne des viandes se situe dans la transformation. Les abattoirs sont en règle générale très en dessous des normes, même locales, et les ateliers de découpe et de conditionnement sont presque partout inexistants. Or, la relance de la production porcine et l’émergence d’une forte demande dans la grande distribution vont très rapidement pousser les « éleveurs » à se positionner sur les métiers de la transformation. Même si la structure des prix de la viande n’y est pas des plus favorables pour le moment (les mesures compensatoires adoptées en 2005 et 2006 ont surtout voulu stimuler la relance des élevages), la réorganisation induite par le référencement dans la distribution modifiera la répartition de la valeur ajoutée au bénéfice du distributeur et de l’industriel. Les marchés des équipements, encore rares actuellement, connaîtront alors une croissance comparable à celle des élevages aujourd’hui. La concentration y sera vraisemblablement moins poussée que dans le secteur des viandes de volaille, où plus des trois quarts du marché sont détenus par les quatre premiers groupes. Dans ce secteur plus que dans d’autres, le recours à des offres d’ensemblier est indispensable. Les méthodes de 33 contrôle de la qualité par les services vétérinaires vont évoluer, avec l’apparition de services privés ayant une fonction de conseil pour l’amélioration de la qualité et des performances. Tous les équipements permettant de garantir la traçabilité trouveront alors leur place sur le marché des équipements. Plus encore que pour les autres secteurs, la production et la transformation des viandes appellent des offres d’ensemblier. La force des concurrents du Nord de l’Europe tient a leur intégration verticale et leur capacité a aborder simultanément des maillons de la chaîne de production, tout en étalant les investissements pour le client. Les sociétés françaises, malgré les avancées de certaines d’entre elles dans la génétique par exemple, auraient avantage à se réunir au sein de « clusters », éventuellement orientés spécifiquement vers les marchés ukrainiens, associant des fournisseurs aptes à travailler ensemble et avec le concours des banques et de bons auditeurs sachant apprécier la pertinence des business plan et les aptitudes des clients à conduire leurs projets. - La gestion des silos et la conservation des grains Dans un pays à forte vocation céréalière, la gestion des récoltes pour leur commercialisation est un enjeu majeur. Les capacités exportatrices de l’Ukraine devraient s’accroître, alors que les négociants rencontrent de réelles difficultés, malgré les progrès accomplis, à disposer de matières premières exemptes de risques sanitaires, et à construire un réseau de silos leur permettant d’approvisionner leurs entreprises ou leurs bases d’exportation. Les marchés potentiels pour les équipements et l’agrofourniture peuvent se définir en suivant la chaîne logistique du champ à l’utilisation finale. Un premier segment de marché est constitué par les outils de manutention, polyvalents dans les fermes, et plus spécialisés dans les silos. Les matériels télescopiques à augets exposés dans les foires ont un réel succès. Plus importants pour la gestion de la qualité, les matériels et les équipements pour le séchage des grains devraient trouver leur place dans les silos locaux d’une capacité comprise entre 5 et 10 000 tonnes. Il s’agit d’équiper soit d’anciens bâtiments abandonnés par l’élevage et reconvertis en silos à plat, soit des silos béton à cellules verticales dans le cadre de leur rénovation (séparation des lots, gestion dynamique des stocks, etc..). Dans la perspective du resserrement des exigences de qualité de la part des acheteurs, il devient nécessaire pour les gestionnaires de silos de disposer de matériels et d’instruments de mesure de la qualité des grains, éventuellement avec des outils de prélèvement automatisé reliés aux stations d’enregistrement des flux. Dans les grandes entreprises agricoles, la maîtrise de la collecte et de la conservation des grains est un atout capital pour contrer la baisse des cours en fin d’été. Ces entreprises, complètent leurs silos à plat ou les reforment et optent le plus souvent pour les silos métalliques, adaptés à l’évolution de la collecte. Malgré le savoir faire des métalliers ukrainiens, l’offre nationale est restreinte en matériels combinant robustesse, longévité et capacité d’adjoindre des outils de contrôle ou de conditionnement. Enfin les grandes entreprises de transformation ou de négoce (malteries, minoteries, boulangeries, complexes portuaires ou ferroviaires...) entreprennent une profonde rénovation de leurs installations avec extension de leurs capacités. Le marché de ces grands équipements est commandé par les stratégies des groupes. La prochaine privatisation d’une partie des silos de la société d’intervention « Pain d’Ukraine » amènera des reprises par des opérateurs ukrainiens et étrangers qui procéderont rapidement à la mise aux normes internationales de 34 leurs nouveaux équipements. Les entreprises intéressées par ces marchés doivent s’efforcer de suivre l’actualité professionnelle, et de signaler leurs intentions aux grands opérateurs avec lesquels elles sont déjà en relation. - L’agrochimie Les marchés de l’agrochimie couvrent les deux domaines de la pharmacie vétérinaire et des produits phytosanitaires. Les premiers sont liés au développement des élevages, avec une forte demande pour les produits d’hygiène et de prophylaxie des maladies bénignes mais ayant de fortes conséquences économiques. La distribution vétérinaire reste largement sous la responsabilité des vétérinaires d’Etat, malgré un mouvement encore timide pour la privatisation de la profession. Cependant, la conquête des parts de marché passe par des relations directes avec les grands élevages et avec les donneurs d’ordre. Les démarches conjointes avec des groupes non concurrents mais travaillant sur les mêmes cibles sont vivement recommandées (alimentation animale, compléments nutritionnels, matériels de contrôle de l’efficacité de l’alimentation dans les élevages industriels...). La situation sur les marchés des phytosanitaires est plus complexe encore. Les services officiels y jouent un rôle déterminant au travers d’une réglementation lourde, mais dans les faits souvent très permissifs. Ces marchés sont très souvent couplés aux marchés des semences de qualité et des pièces détachées pour l’entretien des matériels de semis et de préparation des sols. Sous l’impulsion de quelques sociétés d’agrofourniture ukrainiennes, des produits génériques sont élaborés dans le pays ou en Turquie ou bien encore en Chine. Les conditions de concurrence sont alors très dures pour certaines substances actives. Cependant les grands producteurs sont désormais sensibles aux clauses contractuelles pour l’exportation et veillent à contenir les traitements. Ils sont donc demandeurs d’outils d’aide à la décision pour l’appréciation des risques. - Les biocarburants Le secteur des biocarburants est prometteur. Les premières études effectuées en Allemagne conduisaient à penser que seules quatre oblast ukrainiennes présentaient des caractéristiques pédoclimatiques adaptées à la production du colza (250 graines par fleur); le rendement étant ailleurs plafonné à 1,5 t/ha, en dessous des seuils de rentabilité. Mais la campagne 2006/2007 a conduit à revoir sérieusement les limitations de ces premières approches. L’Ukraine a semé prés d’un million d’hectares de colza, et enregistré en 2007, malgré des conditions climatiques peu favorables dans l’ensemble, des rendements dépassant 2,5, voire 3 tonnes par hectare. La progression des oléagineux est commandée par l’envolée de la demande mondiale de matière première pour respecter les plans nationaux d’incorporation d’agrocarburants dans les essences10. Les négociants11, s’appuyant sur une revue des politiques bioénergétiques du Brésil, des USA et de l’Europe, estiment que ces grands ensembles géographiques feront massivement et durablement appel à l’importation pour couvrir leurs besoins. Pour les « biofuels », la demande devrait s’accroître de 60 Mt de plantes à huile à l’horizon 2010, avec 10 Compte-rendus de la quatrième édition du congrès des céréales de la Mer Noire « Black Sea Grain », 18 et 19 Mars, Kiev, (www.blackseagrain.net), organisée par la société d’analyse de marchés agricoles « UkrAgroConsult » (www.ukragroconsult.com) et «l’agence d’information industrielle « APN » (www.apn.kiev.ua ). 11 « Bünge », « Allseeds Ukraine », « Glencore », « Serna », « Nibulon », « Toepfer », « LDN », « Soufflet », « Cargill »... 35 une amplification de la hausse des cours qui pourraient passer de 450 à 850 USD la tonne. La production de bioéthanol entraînera les mêmes besoins pour les céréales à paille et le maïs. L’US Wheat Association, constate que le recours aux biocarburants aux Etats-Unis déplace l’équilibre entre les productions de maïs et de soja, avec une baisse des capacités d’exportation de maïs. Le marché mondial sera donc ouvert pour de nouveaux volumes d’importation pour cette céréale et pour le soja. Le contexte est donc favorable à l’Ukraine, et aux pays de la Mer Noire, s’ils savent adopter « une politique raisonnable » pour gérer leurs exportations, la hausse des cours à Rouen ou à Chicago leur garantissant une rente que les pays utilisateurs ne pourront pas refuser de payer. Dans ce contexte, les marchés sont ouverts à de nombreux équipements et consommables. Parmi les matériels, le besoin est considérable pour les semoirs de précision adaptés aux très petites graines de colza, et aux matériels d’aspersion de produits de traitement. Pour atteindre une capacité de 500 000 à 700 000 tonnes par an, il faut se doter d’une logistique de récolte de l’ordre de 7 à 10 000 tonnes par jour. Les silos disponibles dans les campagnes ont rarement une capacité supérieure à 3000t/j. Des investissements considérables sont donc nécessaires. Les experts ukrainiens les estiment à 4000 USD par tonne de colza de capacité de production. Les producteurs et les transformateurs sont vivement intéressés par les obtentions françaises, et par les technologies de transformation et d’affinage des agrocarburants à différentes échelles, des petites unités mobiles destinées à la couverture des besoins des villages jusqu’aux unités industrielles de 50 000 tonnes et plus (voir quatrième partie). - Les équipements de commercialisation La montée en puissance des réseaux de distribution et le renforcement constant de la réglementation pour améliorer la chaîne du froid font exploser le marché des matériels de réfrigération et des vitrines réfrigérées, mais aussi de tous les équipements destinés aux selfservices. Plusieurs salons y sont désormais spécifiquement consacrés. Les acheteurs potentiels connaissent parfaitement l’offre internationale présente sur Internet ou exposée dans les grands salons internationaux (SIAL et ANOUGA). Ils ne connaissent pas et ne veulent pas connaître les autres fabrications. Le marché des super marchés, des supérettes et des Prodoukti reste cependant sans doute le plus important. Il paraît indispensable de fabriquer, au moins partiellement, les équipements qui leur seront destinés. - La filière linière Fibre traditionnelle de l’Ukraine, avec le chanvre, la production du lin a souffert du déclin de l’industrie textile de l’Ukraine et des pays voisins. Alors que l’Ukraine comptait plus de 160 000 ha plantés en lin textile à la fin de l’ère soviétique (1992), il n’en reste de nos jours qu’à peine 12 000 ha et une petite dizaine de teillages équipés de matériel très ancien et peu performant de type soviétique. Les deux combinats de filature textile de Rovno et de Jitomir sont désormais fermés. L’Ukraine dispose de variétés intéressantes à fibres longues, peu exigeantes, et généralement bien adaptées aux aléas d’un climat continental. Le gouvernement, à l’instar de celui de la Russie, tente de relancer cette production à l’aide de subventions à la mise en culture qui peuvent être plusieurs fois plus importantes que les compensations payées pour les semis de 36 céréales. Cependant, les difficultés de la transformation et un marché intérieur peu rémunérateur freinent le développement espéré. Les matériels neufs pour le teillage ou les matériels spécifiques pour la récolte du lin n’ont donc pratiquement pas de marché en Ukraine aujourd’hui. Par contre ce secteur pourrait avoir atteint un point bas et trouver prochainement un nouveau souffle dans le cadre de projets liés à l’utilisation du lin dans des tissus modernes mettant en avant sa qualité écologique et son aptitude à être combiné avec des fibres de synthèse. De nouvelles applications pour les fibres techniques (remplacement de la fibre de verre dans l’industrie automobile notamment, ou renforcement de certaines matières plastiques), de nouvelles utilisations des anas pour leur valeur énergétique ou isolante, semblent proposer un nouvel avenir à cette très vieille culture. Pour ces nouveaux développements, la France, leader mondial de la culture du lin textile, pourrait jouer un rôle de premier plan. Les terres ukrainiennes sont adaptées à la culture du lin, que ce soit textile ou oléagineux, qui est reconnu par les agronomes locaux comme une excellente tête de rotation des cultures. Et en Ukraine une armada de vieilles corderies ou de fabriques de para-textile (sacs...) tournent encore et permettent de valoriser facilement même des fibres courtes de moindre qualité. L’activité reste donc présente, à un niveau très bas, et ne demande qu’à redémarrer prochainement pour s’orienter vers les débouchés plus exigeants en qualité, et plus rémunérateurs, qui semblent se dessiner. Les besoins sont donc essentiellement au niveau du matériel spécifique de culture et de récolte (arracheuses, retourneuses, emballeuses spécifiques,...) et du matériel de teillage de type occidental. Aucun de ces matériels n’existe aujourd’hui en Ukraine si ce n’est quelques rares importations de matériels hors d’âge. Il est fort probable qu’il faudra une longue période de reprise progressive de cette culture avant que des cultivateurs ou des teilleurs ukrainiens puissent envisager l’achat de matériels neufs. Mais il y a déjà un véritable appel pour la fourniture de matériels occidentaux d’occasion, qui pourrait bien être une aubaine pour certains liniers français, belges ou hollandais. Dans ce secteur là aussi, il s’agit avant tout de surveiller ce qui se passe et d’être à l’affût pour ne pas manquer la prochaine reprise de cette activité. En Ukraine, tout va très vite et les traders ou transformateurs russes ou même chinois pourraient bien décider d’investir prochainement d’importantes sommes dans le redémarrage de cette filière. - Les industries du machinisme agricole Il ne faut pas négliger les possibilités offertes par le secteur ukrainien du machinisme agricole. Le succès de la JV créée par l’allemand Horsch avec la firme Agro Soyouz a en effet commencé par un simple accord commercial en vue de la fourniture d’outils répondant aux exigences des itinéraires techniques sans travail du sol (No Till). De nombreuses entreprises de matériels agricoles souhaitent acquérir des éléments à incorporer dans leur fabrication ou des modèles spécifiques qu’elles pourraient adjoindre à leur catalogue sans avoir à en supporter les charges de développement et de fabrication. Cette orientation peut être un axe de visite des salons agricoles de Kiev, vers lesquels convergent tous les professionnels. Proches de cette orientation, il existe quelques sociétés de vente de matériels agricoles, qui ont su mettre au point des fichiers des meilleurs clients (solvables et engagés dans un 37 processus de développement) et des accords bancaires avec des banques locales pour réunir les aides à la modernisation (jusqu’à 10 % du coût du crédit) et réduire les coûts de financement. La force de ces entreprises tient à cette stratégie et à leurs méthodes de vente d’ensembles cohérents de matériels et de consommables présentant des niveaux équivalents pour atteindre les performances agronomiques recherchées. Les « packages » associent le plus souvent matériels de travail du sol et de semis, semences sélectionnées et panoplies de produits de traitement certifiés, avec de surcroît des sessions de formation pour les praticiens et un suivi technique dans les exploitations. Une formule appréciée par les agroholdings très sensibles à la qualité des prestations fournies par les négociants en agrofourniture. 38 En résumé, comment aborder ces marchés ? Regarder la réalité de l’Ukraine agricole contemporaine, en se débarrassant des images inexactes véhiculées par des médias avides de sensationnel, et en comprenant la diversité des situations. Comprendre que les marges opérationnelles en grandes productions végétales sont confortables (supérieures à 200 USD/ha) et permettent à des « producteurs orientés agribusiness » de rembourser des crédits consentis. Chasser en meute pour couvrir la chaîne des besoins au regard des technologies impliquées dans la production visée. Créer des groupements d’entreprises pour répondre au spectre de la demande. Cela signifie à la fois la mise en commun de toutes les informations permettant de mieux comprendre les déterminants des marchés, et la recherche de solutions d’ensemblier pour répondre aux besoins, en entrevoyant les étapes futures du développement de ses clients, et en association avec des organismes financiers. Il est très important d’avoir un partenaire en Ukraine. Cela peut être un distributeur ou une représentation. L’essentiel est d’avoir un interlocuteur qui parle la langue du pays et est à même de faire des propositions aussi bien techniques que chiffrées et d’aider à la mise au point d’un plan de financement. Le succès du groupe Kuhn par exemple illustre parfaitement cette règle de base. La certification est obligatoire pour un certain nombre de machines agricoles et d’équipements agroalimentaires. C’est une des premières missions d’un distributeur local. 39 3- Exporter et importer des produits alimentaires et de consommation 3-1- Les produits - Les produits céréaliers : - Les viandes - Les produits laitiers - Vins et alcools - Les conserves - Les fruits et légumes - Les produits de luxe - Autres produits 3-2- Les règles - Certification et enregistrement des produits, - Conditions d’importation et de distribution - Propriété intellectuelle. Les échanges agroalimentaires de l’Ukraine Après avoir contracté ses capacités d’exportation pendant les années suivant son indépendance, l’Ukraine développe nettement ses échanges commerciaux depuis l’an 2000, lorsque les pays occidentaux prennent soudain conscience des capacités agricoles d’un grenier à blé qu’ils croyaient appauvri pour longtemps. Entre 2000 et 2006, le volume des échanges a pratiquement quadruplé, les exportations l’emportant sur les importations qui triplent sur la même période. Le pays offre donc des opportunités pour le négoce mais aussi pour l’exportation de produits et d’ingrédients alimentaires. Echanges agroalimentaires de l’Ukraine (en millions 1995 1996 1997 1998 1999 exportations 3460 3030 2020 1540 1540 importations 1280 1170 1020 1160 990 Echanges 4740 4200 3030 2700 2520 USD) 2000 1580 990 2580 2001 2060 1230 3300 2002 2630 1200 3840 2003 2990 2290 5280 2004 3810 2060 5870 2005 4670 2870 7540 2006 5150 3370 8520 Source : Ministère de la politique agraire d’Ukraine (Min APK) Les exportations sont dominées par les produits végétaux non transformés, qui en assurent plus de la moitie en valeur, avec une répartition égale entre les céréales et les oléagineux. L’Ukraine est devenue en 2005 le premier exportateur mondial de tournesol12. Evolution des exportations agricoles de céréales et de tournesol (en millions de tonnes) 2003 2004 2004 2005 2005 2006 2006 2007 Céréales 2,7 11,1 13,2 8,7 dont orges 1,5 4,3 3,9 3,8 Maïs 1,1 2,2 2,6 0,5 Tournesol 0,9 1,1 3,5 4,5 2007 2008* 2,3 1 3 Source : ministère de la politique agraire d’Ukraine (Min APK) L’explosion de la demande mondiale de matières premières végétales pour les agrocarburants et la croissance durable des prix mondiaux dopent les productions végétales d’exportation. 12 Les chiffres ou les colonnes marquées d’une astérix (*) correspondent aux prévisions. 40 L’arrivée du colza, dont les données statistiques de 2006 ne peuvent pas encore rendre compte, se fait au détriment des céréales à paille et du tournesol. La sole de colza est passée de 500 000 hectares en 2005/20006 à plus d’un million d’hectares en 2006/2007. Les clients de l’Ukraine se répartissent en trois groupes : les pays de la CEI et ceux de l’Union européenne pour environ un tiers chacun (respectivement 30,1 % et 33,1 %), et divers pays notamment du Moyen Orient et d’Afrique (7,9 %). L’Ukraine dirige un peu moins de 1 % de ses exportations vers les USA. La politique agraire ukrainienne encourage une intégration à l’économie mondiale par une amplification des échanges, et surtout un développement des exportations. Elle cherche parallèlement à préserver le niveau des prix intérieurs pour les produits alimentaires de base en introduisant des mesures de régulation des exportations limitant la transmission des signaux du marché mondial sur son territoire. Toutefois les grands producteurs entendent profiter des tendances haussières... Répartition des exportations en 2006 Céréales Graines oléagineuses Huiles végétales (tournesol essentiellement) Sucre et mélasses Produits laitiers Produits carnés Peaux et cuirs Tabac Confiseries et chocolat Autres 26,3 % 5,5 % 18,4 % 2,2 % 6,4 % 0,6 % 4,9 % 2,3 % 5,1 % 28,4 % Principaux produits végétaux 52,4 % Principaux produits animaux 11,9 % 33,8 % Source : Ministère de la politique agraire d’Ukraine (Min APK) Les échanges commerciaux entre la France et l'Ukraine Les échanges commerciaux entre la France et l'Ukraine ont presque doublé entre 2000 et 2006 (+31% contre +29,2% en 2006). Ils poursuivent une progression similaire au cours du premier semestre 2007, et se situent ce semestre-là 661,6 M€, grâce à la forte croissance de l’économie ukrainienne (+/- 7% en 2007 contre 5% en 2006). La croissance des exportations (+ 22.5%) et des importations (+65,5%) conduit à un léger tassement.de l’excédent commercial français. Sur les 6 premiers mois 2007, la France perd une place, au 9ème rang des pays fournisseurs de l'Ukraine (1,09% de part de marché), derrière les pays exportateurs d’hydrocarbures de la CEI (Russie et Turkménistan, Kazakhstan) et après l’Allemagne, la Chine, la Pologne, l’Italie et la Corée du Sud. Le Japon et les Etats-Unis suivent, respectivement en 10ème et 11ème position. Les échanges, malgré une progression soutenue depuis plusieurs années, ne profitent pas pleinement de la forte hausse des importations ukrainiennes (+33% en valeur) et de la croissance exceptionnelle du pays. L’Ukraine devrait connaître en 2007 une troisième année de déficit commercial qui atteint déjà -3,2Mds $ (-2,9 Mrds$ au premier semestre 2006). Les ventes françaises vers l’Ukraine progressent de 22,5% au premier semestre 2007 et s’élèvent à 437,8 M€ (contre 358,5 M€ en 2006). La structure des exportations s'est peu 41 modifiée malgré quelques inflexions. Les biens intermédiaires et les biens d’équipement conservent toujours une place prépondérante Le secteur de l'agroalimentaire représente 36,1 M€, en hausse de 35,8%, et compte désormais pour 8,2% du total de nos exportations contre 7,2% l’an dernier. Les ventes de céréales et de plantes industrielles augmentent de 38,2% (13,1 M€). Vins et Champagne connaissent un regain d’intérêt portant nos ventes à 3,5 M€ (+64%) accompagnées par les bons résultats des ventes de boissons alcooliques distillées françaises sur le marché ukrainien (4,3 M€ / +29%), résultat des ventes de Cognac. Dans l’ensemble, les produits agroalimentaires français font une percée sur le marché ukrainien. Les importations en provenance d’Ukraine, après avoir augmenté en 2006 (+28,7% au 1er semestre), continuent à croître au premier semestre 2007 pour atteindre 223,8 M€ (+65,5%), principalement pour les produits énergétiques. La tendance à la hausse est renforcée par des achats réguliers de produits agroalimentaires ukrainiens, qui ont crû de 67,9% au 1er semestre 2007 à 60 M€. Ils représentent désormais près du tiers (28,68%) des importations françaises. Cette hausse est essentiellement soutenue par la croissance des importations d’huiles brutes et de tourteaux qui viennent en première place avec 50,5 M€ (+43,2%), suivis par les engrais, notamment azotés à 16,5 M€, malgré une baisse significative de 19,6%, qui s’explique en partie par une perte de compétitivité des producteurs ukrainiens sur les prix. Echanges France Ukraine années Exportations françaises Variation Importations françaises Variation Total échanges Variation Valeur En M€ % Valeur En M€ % Valeur En M€ % 288 319 370 442,4 480,3 593,6 792.8 358,5 437.8 +26,2 +10,3 +17,3 +19,9 +8,6 +23,3 + 33.2 +29,4 + 22 ,1 % 150 185 174 187,6 205 246,3 329.1 135,2 223,8 +14,8 +21,8 - 6,2 +5,3 +9,5 +19,1 +35.5 +28,7 + 65,5 % 438 504 544 630 685,3 839,9 1120.9 493.7 661.6 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 6 mois 2006 6 mois 2007 Source :Douanes françaises 42 +15 +7,9 +15,8 +8,8 +22,6 +33.5 +29,2 + 34 % ECHANGES BILATERAUX AU 1er SEMESTRE 2007 : VENTILATION PAR SECTEUR Exportations Répartition sectorielle Agriculture -Agroalimentaire Biens de consommation Industrie automobile Biens d'équipement Biens intermédiaires Energie divers Total M€ 36,2 100,7 57,34 103,13 138,87 1,40 nc 437,8 % du total des exportations 8,2 22,9 13 23,55 31,7 0,3 nc 100 Importations Evolution par rapport au 1er semestre 2006 (%) M€ +35,8 60,1 +19,7 32,74 +51,4 5,03 +7,3 3,92 +13,6 39,72 -47,1 82,3 nc nc +31 223,8 % du total des importations 28,68 14,6 2,24 1,74 17,74 36,75 nc 100 Evolution par rapport au 1er semestre 2006 (%) +67,9 -11,3 +44,4 +61,6 -4,3 +722,8 nc +65,5 Source : Douanes Françaises Pouvoir d’achat Le Goskomstat évalue la croissance des revenus moyens par habitant entre janvier et mai 2007, à 22,2 %, correspondant à une progression du pouvoir d’achat de 10,8 %, compte tenu de l’inflation. Le revenu moyen par habitant était de 740,5 grivnas en mai 2007. Les ukrainiens augmentent également leurs économies. Elles passent de 8 milliards de grivnas en avril à 10,5 milliards en mai. Mais l’homme de la rue ne partage pas vraiment l’opinion positive qui se dégage du calcul des statisticiens. Il constate une dérive de la plupart des prix alimentaires, y compris du pain, de l’essence, et de la plupart des prestations (loyers, charges...). Seul le jeton de métro (à Kiev) reste invariablement fixé à 50 kopeks depuis plusieurs années. Son sentiment est aussi lié sans doute à la progression des achats à crédit. Craignant une poursuite inexorable des prix de l’immobilier, des ménages ont décidé d’opter pour l’achat de leur appartement, en cassant leur tirelire et en s’endettant. La vente des automobiles progresse par les facilités du crédit. Les cartes de fidélité dans certains magasins sont dans les faits des crédits revolving. Ces nouveaux postes de consommation entament ainsi les revenus mensuels et accroissent les écarts de pouvoir d’achat pour l’alimentaire, les vêtements et les loisirs. Le niveau moyen des retraites payées par le Fond de Pension d’Ukraine (PFOu) progresse de 21 % au cours du premier semestre 2007 et atteint 553 grivnas (un peu au dessus de 100 dollars US). La retraite de base gagne 95,5 grivnas depuis le début de l’année, mais l’essentiel de cette augmentation nominale n’intervient que pour les paiements de mai. Le niveau des pensions n’était encore que de 508,42 grivnas au 1er avril. L’Ukraine compte 13,3 millions de retraités dont 600 000 agents des structures de force. En 2006, les recettes du Fond de pension par cotisation étaient de 54,3 milliards de grivnas, pour un budget total de 73 milliards de grivnas. Pour 2007, le Cabinet des ministres et la loi de finance ont arrêté le budget total du PFOu à 90,35 milliards de grivnas, soit une progression en monnaie courante de 20,15 %. Les recettes de cotisation devraient atteindre 67,3 milliards de grivnas. Avec un report de l’an passé de 0,5 milliards, l’Etat devra donc attribuer 22,3 milliards de grivnas pour respecter son engagement. 43 Selon les données du ministère du travail et de la politique sociale, « 2,8 millions d’ukrainiens vivent en dessous du minimum vital », et environ 800 000 personnes percevraient un salaire inférieur au minimum légal. Il n’existe pas de SMIG en Ukraine ; le salaire minimal horaire13 est une unité de comptabilité publique servant à exprimer diverses redevances, automatiquement réévaluées à chaque nouvelle appréciation du salaire minimal. Par le jeu du travail à temps partiel et de prélèvements légaux au bénéfice de divers fonds, il arrive que les salaires effectivement versés soient en dessous des taux minimum des pensions payées aux retraités. Le ministère envisage d’instituer un service social unique pour mieux coordonner les soutiens publics et privés à la personne, en réduisant la pression sur les entreprises, et prépare des expérimentations régionales. Pour encourager les entreprises à accroître les salaires réels, elles bénéficieraient d’une réduction de leur contribution au fond de solidarité sur les salaires, légèrement supérieure à l’augmentation de leur masse salariale. Ecarts de niveau de vie. Les écarts de niveau de vie continuent de se creuser début 2007. La première fortune du pays pèse 12 milliards de dollars et la trentième annonce 177 millions de dollars. 400 000 voitures neuves ont été vendues en 2006, 500 000 et plus le seront en 2007… ! Et à Kiev le parc de voitures de luxe est tout simplement « impressionnant ». Les prix de l’immobilier continuent leur croissance vertigineuse. Des boutiques de luxe se multiplient dans la capitale. La segmentation de la consommation s’intensifie. Des marchés s’ouvrent pour des produits encore rares, notamment dans le domaine alimentaire. Plusieurs entreprises se sont lancées dans la production de foie gras et l’on peut s’attendre à un développement du marché des vins et spiritueux étrangers. 3-1- les produits14 La demande en produits de base et en produits élaborés se diversifie. Mais, en dépit de belles réussites industrielles et commerciales, les besoins ne sont pas encore complètement couverts - Les produits céréaliers Grand pays céréalier, l’Ukraine s’est engagée dans une politique de développement de ses capacités de production et d’exportation. Le mouvement est donné par les grandes exploitations : les ex-kolkhozes bien gérés—même s’ils sont peu nombreux—et surtout les nouvelles Agroholdings. Le pays importe donc peu de céréales. Bilan céréalier (en milliers de tonnes) Campagne 2006 2007 Blé Orge Maïs Production 16 048 11 745 7 057 Intervention 2 100 4 00 6 20 Importation 1 4 11 Consommation 14 280 11530 6720 Dont alimentation 3800 4 600 5 200 animale Semences 1 450 1 150 80 13 Campagne 2007 2008* Blé Orge Maïs 13 168 6 830 7 012 1 768 215 337 600 15 25 10940 6590 6620 2 800 3 600 4 700 1 650 1 200 110 Voir au chapitre 7 le paragraphe consacré aux salaires et aux conditions d’emploi. Voir le chapitre 7 pour les règles concernant la certification et l’enregistrement des produits et la protection des droits intellectuels. 14 44 Utilisation non alimentaire Autoconsommation Industries alimentaires Exportation Pertes et freintes Report 250 400 100 250 350 180 5 900 11400 2 600 280 1 768 300 6 450 5 000 80 215 150 5 530 1 100 90 337 5 950 10 650 6 290 2 228 320 5 470 1 000 120 240 220 5 210 1 300 110 392 Source : Ministère de la politique agraire d’Ukraine (Min APK) Tradition du pain offert aux visiteurs, où les artisans rivalisent d’ingéniosité pour mettre en scène le monde rural Dynamique des exportations (volumes en milliers de tonnes, prix en USD/t) 2003 2004 2004 2005 2005 2006 Volume Prix Volume Prix Volume Prix Blé 50 185 4 321 115 6 481 109 Orge 1 517 134 4 312 101 3 962 131 Maïs 1 124 147 2 230 102 2 610 97 total 2 754 140 1 1061 107 13 208 113 2006 2007* Volume Prix 2 465 138 3 805 134 504 166 6 819 138 Source : Ministère de la politique agraire d’Ukraine (Min APK) En dehors des activités de négoce sur les grains ou le malt, l’Ukraine offre des opportunités de vente pour les ingrédients de panification et de fabrication de produits à base de céréales destinés aux produits alimentaires céréaliers de haute qualité, mais les pâtes italiennes ont su prendre des positions fortes... - Les viandes Un marché gris La consommation annuelle de viande se situe autour de 39 kilogrammes par habitant Ce chiffre, voisin de celui des autres pays de la CEI, est a peu près la moitie de la consommation des années 80. La reprise de la consommation de viandes est lente. Les organisations agricoles demandent avec insistance de « placer sous le contrôle étroit des pouvoirs publics le marché des viandes et de prendre les mesures pour mettre un terme aux schémas illégaux d’importations».). Elles estiment que le marché des viandes se dégrade de façon continue sous l’effet des importations, dont un volume croissant bénéficie illégalement des schémas dit privilégiés : 39 % des viandes entrent au titre du régime de perfectionnement progressif, et 57 % au titre des zones de développement économique prioritaire. Entre 45 optimisme et résignation, elles demandent aux autorités de renforcer le contrôle des pratiques des importateurs, de limiter strictement le régime de perfectionnement progressif aux produits destinés à la réexportation après transformation en Ukraine, et de veiller à ce que les règlements de l’Etat soient effectivement appliqués et reconnus par la justice. Mais, d’un autre côté, elles constatent que les mesures adoptées à la suite de leur précédente intervention ont finalement contribué à dégrader davantage le marché. La majeure partie des viandes et des produits carnés entrent en Ukraine à des prix de dumping. Le volume des importations au cours du premier semestre 2007 est 40 % supérieur à son niveau du premier semestre de 2006. Les pertes pour l’Etat, sont estimées à 500 millions de grivnas (USD 100 millions) en droits de douane et taxes non acquittés, et le manque à gagner pour les éleveurs de 15 à 20 % de leurs recettes, menaçant la survie de nombreux d’entre eux. Structures de la distribution des viandes bovines 55 % Entreprises de transformation Vente directe par les fermes de la population Marchés volants Paiement en nature, notamment de la location des terres autres porcines 61 % de volailles 18 % 4% 3,1 % 16 % 0,8 % 13 % 0,5 % 8,2 % 17 % 16 % 27 % 18,8 % 18 % D’après les données du Ministère de la politique agraire d’Ukraine (Min APK) Les marchés de la viande15 sont donc difficiles à conquérir. Par contre ces mêmes difficultés justifient que les producteurs européens examinent attentivement les conditions d’une implantation, destinée à répondre aux besoins du marché intérieur, en valorisant les coûts locaux d’aliments et de travail16. Les viandes bovines Les prix sont très variables sur le territoire de près de 9 000 grivnas par tonne dans l’ouest à 5 200 grivnas. Les prix plus élevés à l’importation reflètent les achats de laitières ou de vaches mixtes tandis que les prix faibles à l’exportation correspondent à des ventes de « touchenka17 » au Moyen Orient Bilan des viandes et produits carnés d’origine bovine (en tonnes) 2004 2005 Consommation 535 000 554 000 Importations 7 000 41 000 Production 618 000 562 000 Réserves de sécurité 42 000 46 000 Exportations 86 000 58 000 Report pour réserves 46 000 37 000 2006 576 000 20 000 567 000 37 000 16 000 32 000 2007* 586 000 37 000 572 000 32 000 20 000 35 000 Source : Ministère de la politique agraire d’Ukraine (Min APK) 15 Les chiffres fournis en Ukraine doivent souvent être pris avec circonspection ; les quantités provenant des fermes de la population sont assez mal connues, et le marché est considéré comme gris même par les services officiels. 16 Voir chapitres 4 et 5. 17 Bœuf cuit en boite. 46 Prix moyens observés (USD/t) 2004 3589 1060 Importations Exportations 2005 3251 1250 2006 3120 1619 Malgré des difficultés réelles, il est possible de trouver une place sur les marchés de la viande bovine. Certains transformateurs ont besoin de fournisseurs capables de les aider à gérer les fluctuations des achats. La progression de la restauration de qualité et de la grande distribution ainsi que l’augmentation de la communauté expatriée créent des conditions favorables à la fourniture de pièces de viandes correspondant aux normes européennes ou américaines18. Toutefois, ces tendances de la consommation jouent davantage en faveur d’une production locale, comme le font déjà le réseau des McDonald’s ou des fournisseurs de la GMS. Les viandes porcines Avec des importations annuelles de 60 000 tonnes, mais variables d’une année à l’autre, le marché de la viande de porc reste assez dynamique, malgré la création rapide de nouveaux grands élevages et en dépit de prix bas au détail et en gros pour la transformation. L’écart de prix entre le poids vif (6, 3 grivnas par kg) et le prix de la viande découpée (8,5 à 9 grivnas par kg en gros) laisse une faible marge pour le transformateur. Comme pour les viandes bovines, c’est l’intégration, sur place, de la production et de la transformation qui peut permettre une percée significative sur le marché du porc. Bilan des viandes porcines (en tonnes) Consommation Importations Production Réserves de sécurité Exportations Report pour réserves 2004 600 000 60 000 668 000 49 000 16 000 52 000 2005 594 000 102 000 648 000 52 000 8 000 46 000 2006 576 000 50 000 622 000 46 000 1 000 45 000 2007* 661 000 60 000 712 000 45 000 1 000 50 000 Source : Ministère de la politique agraire d’Ukraine (Min APK) Les viandes de volailles Avec une consommation annuelle de 14 kilogramme par habitant, la viande de volaille est largement utilisée dans la cuisine ukrainienne, derrière la viande porcine. Consommation de viande de volaille en kg/habitant/an 2002 2003 2004 8 9 11 2005 14 2006 16 Source : Union des producteurs de volaille d’Ukraine La production s’est rapidement développée et approche 600 000 tonnes par an, avec une forte concentration dans les quatre premiers groupes industriels19.Les prix intérieurs sont marqués par une variation cyclique avec un maximum en hiver (18 grivnas par poulet de chair de 1,5 kg) et un minimum en été (14 à 15 grivnas). Production de poulets de chair en milliers de tonnes de poids vif 2002 2003 2004 138 190 285 2005 396 2006 513* Source : Union des producteurs de volaille d’Ukraine 18 19 La découpe en Ukraine n’est pas anatomique et induit souvent des pertes au cours de la préparation. Voir chapitre 4. 47 La faible progression de la consommation induit une augmentation de stocks pour lesquels les producteurs cherchent des marchés à l’exportation. Ils vont donc concurrencer les producteurs traditionnels, européens et américains sur les marchés du Moyen Orient. Bilan des viandes de volaille (en tonnes) 2004 Consommation 660 000 Importations 298 000 Production 376 000 Réserves de sécurité 42 000 Exportations 8 000 Report pour réserves 48 000 2005 658 000 180 000 497 000 48 000 15 000 52 000 2006 663 000 153 000 581 000 52 000 5 000 126 000 2007* 672 000 120 000 660 000 126 000 10 000 235 000 Source : Ministère de la politique agraire d’Ukraine (Min APK) Autres espèces Les troupeaux de mouton et de chèvres continuent leur déclin. Des élevages dans les zones de steppe, mais aussi dans l’ouest du pays expriment un intérêt pour les ressources génétiques françaises (Charolais et Ile de France) qui pourraient être exportées avec les précautions sanitaires d’usage concernant notamment la tremblante. Quelques laiteries de taille moyenne souhaitent diversifier leurs productions vers les laits et les fromages de chèvre. Effectifs d’ovins et caprins 2005 1 769 500 2006 1 629 500 2007* 1 663 000 Source : Ministère de la politique agraire d’Ukraine (Min APK) - Les produits laitiers La production laitière est saisonalisée. Plus abondante en été, elle oblige les laiteries à fabriquer des concentrés et des poudres de lait, tandis qu’en hiver, avec une alimentation plus rare et souvent déséquilibrée, le lait est moins abondant, et de moindre qualité. Les industriels doivent s’adapter à ce cycle en faisant appel au négoce pour s’assurer d’un niveau quantitatif et qualitatif suffisant en matière première. Le lait est donc rare. Les prix payés au producteur continuent de grimper, malgré le recul induit par l’embargo russe de janvier 2006 contre les produits de l’élevage ukrainien, embargo encore en vigueur, fin 2007, à quelques exceptions près. Les prix poursuivent en 2007 leur croissance. Certaines laiteries achètent près de deux grivnas le litre de lait dont elles ont besoin pour répondre à la demande en produits transformés, tandis que la consommation globale moyenne annuelle évolue peu, autour de 226 kilogrammes par habitant. Prix au détail des produits laitiers (grivnas par kilogramme) Lait frais Beurre de haute qualité 2004 2005 2006 2004 2005 2006 janvier 1 ,57 2,00 2,32 11,61 12,88 14,02 Avril 1,46 1,94 2,18 11,32 12,86 13,62 Juillet 1,19 1,71 1,79 10,80 12,66 12,79 octobre 1,43 1,92 2,02 11,33 12,99 13,35 Source : Ministère de la politique agraire d’Ukraine (Min APK) 48 Fromage, brinzell... 2004 2005 2006 13,51 16,37 19,91 13,60 17,70 20,15 12,60 17,36 18,32 13,99 18,20 18,99 Bilan laitier (en tonnes) Consommation Importations Production Réserves de sécurité Exportations Report pour réserves 2004 12024 000 80 000 13 787 000 532 000 2 126 249 000 2005 11898 000 112 000 13 803 000 249 000 1 901 365 000 2006 12196 000 145 000 13 270 000 365 000 1 250 334 000 2007* 11913 000 190 000 12 852 000 334 000 1 400 63 000 Source : Ministère de la politique agraire d’Ukraine (Min APK) La diversification des produits laitiers entraîne une demande en fruits préparés, en légumes séchés ou lyophilisés que l’industrie nationale ne produit que peu actuellement. - Vins et alcools Le secteur des vins et alcools est dominé par les boissons fortement alcoolisées : vodkas et « koniak ». Le vin, dont l’Ukraine est historiquement un producteur de qualité, occupe une place modeste dans la consommation moyenne annuelle par habitant de boissons alcoolisées. Les distillateurs de « koniaks » et les entreprises de vinicoles manquent de matières premières pour répondre a la demande intérieure et à l’exportation. Elles font largement appel aux moûts en provenance de Moldavie, de Hongrie, mais aussi de divers pays de l’Union européenne20. La classe aisée, et dans une plus faible mesure, la classe moyenne émergente connaissent encore mal le vin. L’Ukraine, contrairement à la Russie voisine ne dispose pas de revue spécialisée, ni de sociétés bachiques assurant la promotion par la découverte des appellations et des terroirs. On peine à imaginer que les propriétaires de somptueuses voitures 4x4, vivant dans des appartements ou des datchas décorées avec luxe, ne soient pas invités à associer à leur consommation les vins les meilleurs. La multiplication des restaurants gastronomiques dans les grandes villes (Kiev, Donetsk, Dniepropetrovsk, Ialta, Odessa...) fait émerger un marché prometteur pour les vins d’appellation si les exportateurs savent rester raisonnables sur les prix et les marges. Peu instruit de l’art de la dégustation, le client ukrainien sera tenté par les vins du nouveau monde, guère plus présents que les vins français et dont on peut s’attendre à la promotion grâce à l’arrivée des revues de langue russe sur le marché ukrainien de la presse. Les produits d’appellation « Champagne » et « Cognac » occupent des segments en progression, malgré la présence des « koniaks » et des « champagnskoye » que les clients ne confondent ni par le prix, ni par leur association au luxe. Le goût ukrainien privilégie les vins moelleux, mais moins fortement que sur le marché russe. La croissance des parts de marché devrait passer par des actions promotionnelles auprès de la grande distribution, et des opérations visant à mieux faire connaître les terroirs et la culture du vin des régions productrices 20 Il faut d’ailleurs noter que les alcools de vin des grandes régions productrices françaises viennent en tête des spiritueux importés, alors qu’ils entrent dans la composition des « koniaks » usurpant l’AOC Cognac... 49 - Les semences Les ressources génétiques locales sont en moyenne bien adaptées aux conditions agronomiques et aux besoins de la boulangerie industrielle. Par contre les brasseurs ne se satisfont pas des variétés locales et leur préfèrent les variétés occidentales d’orge. La progression du maïs, lié notamment à la demande pour l’élevage en Russie et en Europe, fait de plus en plus appel aux variétés françaises, dont le marché devrait continuer de croître au cours des prochaines années. Le marché des semences de colza explose avec le développement de la demande mondiale en agrocarburants. La captation du marché des semences passe par une association avec d’autres agrofournitures au sein de « packages » proposés par les distributeurs à une clientèle sélectionnée. Les responsables des grandes sociétés agricoles programment l’ensemble de leurs achats avec souvent une campagne d’avance et s’assurent de la cohérence du niveau des intrants et des technologies. Les distributeurs proposent donc à ces clients des solutions, non pas « clé en main » mais « compatibles ». Ils vendent une « technologie agricole » et pas seulement des techniques et des fournitures. - Les conserves et les surgelés Le secteur de la conserverie poursuit sa restructuration à l’initiative de groupes ukrainiens ou étrangers. Mais ils ne proposent pas encore la commercialisation de nombreux légumes ou de préparations appréciées dans la distribution. Il y a donc des marchés pour les petits pois, le maïs doux, les légumes assortis, en conserve ou surgelés en sachets. Les industriels ukrainiens se préparent à l’arrivée ou au renforcement des grands groupes internationaux et cherchent à diversifier leur offre, mais peinent à accéder à une distribution sur l’ensemble du territoire. La GMS (Grandes et Moyennes Surfaces) est donc demandeuse de produits de marque. - Les fruits et légumes La production domestique familiale est le premier pourvoyeur de fruits et légumes frais, et avec les fermes de la population, le premier producteur des pommes de terre. Mais la demande industrielle et la distribution s’orientent vers des fruits répondant à des cahiers des charges trop contraignants pour ces productions artisanales. Il y a donc un marché en frais et surtout pour les ingrédients à base de fruits ; comme les purées, les concentrés et les produits lyophilisés pour les industries des soupes, des sauces et des desserts lactés. - Les produits de luxe Les rues de Kiev ou des grandes métropoles ne laissent aucun doute sur l’argent dont disposent les plus aisés et sur le nombre d’entre eux : voitures prestigieuses et personnalisées, souvent bloquées dans des embouteillages de 4x4 ; vêtements et ameublements luxueux, résidences de prestige, développement des galeries d’art, etc. Les produits de luxe ont donc évidemment des marchés en Ukraine. Qu’il s’agisse des vins et spiritueux ou des produits alimentaires. Le foie gras frais que deux producteurs français ont su mettre sur le marché de la GMS ne doit pas rester le seul et il y a la place, à l’instar des plats cuisinés italiens notamment, pour cassoulets, garbures, tripoux et autres secrets de notre artisanat 50 gastronomique. Ces marches de niche relèvent autant des distributeurs locaux que des sociétés occidentales spécialisées qui s’implanteraient en Ukraine. - Autres produits La liste serait longue pour des produits de niche susceptibles d’être exportés sur le marché ukrainien. Les produits de régime, les produits issus de l’agriculture biologique, les produits de l’art de la table, à l’image de Cristal d’Arques— une grande réussite et une présence visible depuis l’indépendance de l’Ukraine— ou des instruments culinaires de Buyer. Sans oublier la pêche et la pisciculture, la chasse et la vénerie, le tourisme rural ou des Relais et Châteaux en France insuffisamment connus contrairement aux offres allemandes et autrichiennes ... Poissons de rivière aux baies d’Obier 51 4 La création d’entreprises agroalimentaires en Ukraine 4-1- Les secteurs porteurs dans l’agroalimentaire -Les industries laitières -La transformation des viandes -Les industries des céréales -La production de semences Lla distribution 4-2- Des clés pour préparer une implantation - Importance des marques commerciales - Analyses préalables - Acheter ou construire - Précautions spécifiques - Sécuriser les approvisionnements - Rachat et modernisation d’un site existant ou création 4-3- Lancer une installation - Maîtriser l’accès au foncier - Maîtriser l’accès à l’énergie et aux réseaux - Constitution de l’entreprise et enregistrement - Recueil des autorisations d’exploitation Les IAA et la grande distribution occupent la seconde place dans les investissements européens en Ukraine. En les regroupant, le secteur agroalimentaire et la distribution occupent la seconde place dans les investissements européens (12% du total) ; Une position qui contraste avec l’image en France d’une Ukraine agricole au bord de la faillite. Certes, les fermes de la population, de loin les plus nombreuses avec plus de 6 millions d’exploitations, vivent très difficilement ; mais le tissu agroindustriel se restructure rapidement. Il entreprend une méthodique recapitalisation combinant le recours aux nouvelles technologies et la création de marques commerciales, nationales et « continentales », préfigurant l’émergence d’un nouveau « système alimentaire » où le consommateur déterminera ses choix par les marques et les prix. Aide technique et Investissements directs (IDF) européens en Ukraine en millions de dollars Investissements Aide technique Total 1995-2005 11 000 2 400 Métallurgie Distribution Finances Agroalimentaire 6 000 745 729 606 Origine des investissements européens Total 1995-2005 Allemagne 11 000 5 500 Autriche 1 400 Grande Bretagne 1 500 Pays Bas 722 Source: Délégation de l’Union européenne en Ukraine. 4-1- Les secteurs porteurs dans l’agroalimentaire - les industries laitières Apres la légère reprise en 2000 et 2001, liée à un bon niveau des productions végétales, la production laitière poursuit son fléchissement. Elle reste très en dessous du niveau de 1990 atteint lorsque les troupeaux étaient gérés dans les fermes collectives. De nouveau la collecte 52 est en baisse depuis le début de 2006, sous le double effet de l’embargo russe contre les produits de l’élevage ukrainien et de la diminution du troupeau. La transformation laitière est répartie presque par moitié entre des grands groupes et des usines régionales, dont aucune n’assure plus de 2 % du marché national. Les trois premiers groupes laitiers d’Ukraine contrôlent 30 % du marché des produits laitiers. Unimilk et Wimm Bill Dann, qui viennent en tête, sont deux groupes d’origine russe ayant acquis des usines en Ukraine. Unimilk a commencé à se développer à partir de l’usine PetMol (Molotchnii Zavod de Saint-Pétersbourg). Le groupe a acquis l’usine de Darnitsa à Kiev, qu’il a rénovée et modernisée, parallèlement à la mise en place d’une politique commerciale plus agressive de développement de ses marques locales. Wimm Bill Dann applique en Ukraine la politique qui lui a réussi en Russie : reprise d’usines, changement de l’encadrement et mise en fabrication des produits du groupe. Lactalis est le premier et le plus ancien groupe laitier étranger en Ukraine avec deux usines (2006) rang 1 2 3 4 5 6 7 8 Nom du groupe Origine Unimilk Wimm Bill Dann Lactalis Zapadnaya Molotchnaia Groupa Fanni Lootsdorf Rainford Molotchnii Kombinat PriDnieprovskii Autres Russie Russie France Ukraine Ukraine Allemagne USA Ukraine Part de marche 14 % 12 % 9% 6% 5% 3% 3% 3% 45 % Source : Association de la branche laitière d’Ukraine Tous les grands groupes laitiers s’appuient sur une stratégie de marque commerciale et cherchent à singulariser leur présentation et leur conditionnement. Les grandes marques ont recours à la publicité télévisée, et à des actions promotionnelles ciblées (écoles, maternités, centres de santé etc.). Les principaux groupes laitiers en Ukraine Nom du groupe Usines Unimilk Galacton (Darnitsa) ; Krementchouk Wimm Bill Dann Molotchnii Zavod n3 ; Kharkovskii M. Z. Lactalis Mykolaiev, Ouman 12 ateliers régionaux Zapadnaya Molotchnaia Grouppa Fanni Marques commerciales Galacton ; Balance ; Bio classic ; Bio Premium ; Divina ; Lienige dien ; Kremets ; Aktalan Slaviantochka ; Vesselig molotchik ; Tchoudo ; Domik v’ derievnie ; Richiss ; Romol Président, Bilosvit, Lactonia Komo ; Gourmandka ; Bikroutas ; Rodina ; Ekonome Fanni ; Biedmiednik Pavlogradskii M, Z, Source : Association de la branche laitière d’Ukraine La concurrence s’intensifie à la fois sur le marché des produits laitiers et sur la collecte laitière. Les volumes de lait qu’aurait pu libérer la baisse des exportations vers la Russie ne se sont pas reportés vers les grandes usines, mais plutôt vers les ateliers régionaux et vers la consommation locale, après transformation à la ferme. L’obligation faite aux groupes de séparer strictement les productions en fonction de l’origine du lait accroît la concurrence pour 53 l’approvisionnement auprès des grandes fermes. La baisse du prix des viandes n’encourage pas les grandes entreprises à renouveler leurs troupeaux, d’autant que, malgré la tension sur ce marché de matière première, les prix du lait payé au producteur restent bas après les baisses du début de l’année 2006 (embargo russe). Les grands groupes laitiers français sont très bien implantés en Ukraine : Lactalis poursuit son développement engagé avec l’achat de l’usine de Nikolaïev (1996), puis celle d’Oumann et plus récemment des usines du groupe Fanny. Danone a acquis l’usine de Kherson en 2006. Bel a repris le fromager Chostka en 2007, et Bongrain poursuit le développement de la fromagerie de Zvenigora. - la transformation des viandes Pour l’aviculture, le développement de la grande distribution entraînera une restructuration des petits producteurs éprouvés par l’embargo russe de 2006, mais dont certains ont su profiter pour croître. Ils ont dû consentir de forts rabais afin d’écouler leur production et maintenir l’emploi. Mais ils ont ainsi compromis leurs capacités d’investissement et ne pourront guère améliorer leurs coûts de production. Dans une concurrence vive certains devront cesser leurs activités, ou les réduire en les concentrant sur les marchés de proximité. Les difficultés de ces producteurs profiteront aux plus gros producteurs, les groupes ukrainiens Mironovski (MKhP), Agromars et Dnieprovski, ou au groupe libanais Ruby rose. Les principaux groupes volaillers en Ukraine (en % de part de marché) MKhP Agromars Ruby Dnieprovski Kourganski Langout Rose 2005 41 22 8 8 5 3 2006 38/39 24/23 8 8 4 2 AgroOukrPrkha Autres 2 2 11 14 Source : agrobusiness n° 41, 9 octobre 2006 On peut penser que les grands groupes français auraient pu trouver un ressort contre la crise qui les frappe en Europe, s’ils avaient investi en Europe orientale. Ils auraient avantage à analyser les perspectives d’une production locale, peut être plus dans la perspective de conserver une offre concurrentielle sur les marchés du Moyen Orient que dans celle d’une présence commerciale sur le marché intérieur. Toutefois 20% environ de la production échappe encore aux leaders du marché ; un pourcentage suffisant pour proposer une production aux normes européennes, confirmée par une marque commerciale bien « marketée », associée aux nouveaux produits alimentaires (pièces découpées, plats préparés pour la maison ou la restauration, etc.). Pour le porc, l’intégration verticale est également un impératif absolu : maîtrise de l’alimentation par celle des surfaces fourragères, choix des souches et des croisements, gestion des élevages, abattage, découpe et transformation, et enfin commercialisation sous une ou des marques commerciales à créer dans le pays. L’installation est donc un investissement lourd dont la rentabilité doit être calculée sur une période de 4 à 6 ans. L’entrepreneur qui s’installerait en Ukraine, trouvera sur place plusieurs des maillons de cette chaîne (génétique, représentant de plusieurs équipementiers, santé animale...) mais il devra trouver des bâtiments ou des terrains industriels à proximité d’un élevage à reprendre et qui servira de point de démarrage au projet. L’entrepreneur aura intérêt à s’associer avec un éleveur de porc européen pour la gestion technique de l’élevage et à confier la direction de la transformation à un cadre expatrié. Il bénéficiera en principe des aides à la production prévue 54 par la loi budgétaire d’Ukraine, dans la limite des ressources financières du « raïon » de son implantation. - les industries des céréales Les entreprises françaises occupent une place de choix dans le secteur des industries des céréales. Les deux premiers malteurs français—le groupe Soufflet et le groupe Malteurop21— produisent à eux seuls en 2006, 2007 plus de 55 % du malt utilisé par la brasserie ukrainienne (150 000 tonnes chacun). Leurs services agricoles en Ukraine animent des réseaux de producteurs, souvent sous contrat, pour leur permettre de produire des orges répondant à leurs cahiers des charges. Les rotations, même simplifiées, conduisent ces groupes à s’intéresser également aux autres productions de l’assolement : blé, orges non brassicoles, colza, maïs, parfois plantes à fibre ou pois. Ils utilisent leurs propres réseaux de commercialisation pour ces productions supplémentaires, mais préféreraient sécuriser ces ventes en approvisionnant des industries de transformation implantées dans leurs bassins de collecte. La couverture des besoins en matière première peut donc être assurée dans de bonnes conditions pour des industries de minoterie ou de boulangerie et de biscuiterie industrielle, ou pour l’amidonnerie. -l’industrie du sucre Malgré la légère amélioration des rendements au cours de ces trois dernières années, l’Ukraine est encore très loin du niveau de sa production avant l’implosion de l’URSS. L’obsolescence des matériels agricoles, les difficultés pour le financement des mises en culture, les retards de paiement par les sucreries les moins performantes font chuter les marges brutes d’exploitation, au point qu’en 2006 de nombreux agriculteurs ont abandonné la betterave au profit de plantes plus simples à cultiver et dégageant de meilleures marges (céréales, tournesol...). Le rendement moyen en Ukraine est légèrement inférieur à 25 tonnes / hectare, mais reparti de façon très inégale puisque certaines exploitations bien équipées arrivent sans problème à atteindre 50 tonnes / hectare et plus. Pour obtenir le rendement moyen, l’investissement des fermes a été en 2005 de 2 782 UAH (550 USD) par hectare. Le coût moyen de production d’une tonne de betterave à sucre pour un producteur ukrainien se situe aux environs de 190 UAH (37 USD), à peu de chose près le coût moyen mondial. Semis en milliers d’hectares Rendement en t/ha Collecte en millions de tonnes 1990 1605.4 1995 1022.1 2000 855.6 2001 970.3 2002 896.6 2003 773.4 2004 732.0 2005 625.5 2006 667.0 27,57 15,63 17,67 18,26 18,93 20,12 23,80 24,97 22,53 44.3 14.1 13.2 15.6 14.5 13.3 16.6 15,6 15,4 Sources : Comité d’Etat aux statistiques et OukragroConsult Les sucreries sont vieillissantes, avec de mauvais rendements énergétiques, et une matière première présentant un faible rendement sucrier. Sur les 190 sucreries traditionnelles que 21 Voir les fiches de ces entreprises en annexe. 55 comptait l’Ukraine, 119 sont encore en activité aujourd’hui. Mais leur capacité journalière de production (moyenne ukrainienne de 2 700 tonnes / jour) et leur durée de campagne moyenne de 61 jours sont inférieures aux seuils de rentabilité et génèrent des écarts de coûts de production élevés. Le secteur sucrier bénéficie d’un large transfert en provenance des consommateurs qui peut être évalué à plus de 2 milliards de grivnas (315 M€), soit une grivna par kilogramme consommé. Ce « prélèvement obligatoire » pèse dans le budget des ménages les plus modestes pour un produit dont la consommation présente une faible élasticité. Et ce transfert ne sert qu’à maintenir en service des outils insuffisamment performants. La modernisation des sucreries trouvera donc sa place dans une politique de maîtrise des prix à la consommation. Calcul du soutien payé par les consommateurs aux producteurs de sucre (ESP) 2004 2005 Consommation intérieure (Mt) Prix intérieur minimum UAH/ t 2.15 2370.00 2.19 2998.41 Prix de référence à la frontière USD/t Taux de change UAH/USD Coûts moyens de transformation UAH/t TVA en % Différentiel de prix de marché UAH/t Soutien des consommateurs au bénéfice des producteurs, en million de grivnas 239.54 5.30 184.21 20.00 625.47 1341.64 261.00 5.05 197.63 20.00 1179.59 2583.30 Source: German Ukrainian agricultural policy dialogue. Working document on the Ukrainian sugar market. La production ukrainienne couvre pratiquement les besoins du pays, mais ne lui permet pas de retrouver sa position historique de pourvoyeur de sucre de l’ex URSS, ni de faire face sans changements structurels à une demande croissante d’éthanol de betterave Bilan sucrier de l’Ukraine, 2002-2005, par campagne, en millions de tonnes 2002/03 Stock de début de 0.14 campagne Production de sucre 1.41 raffiné Importation de sucre 1.34 roux Production de roux 0.74 raffiné Production intérieure 2.15 totale Importations totales 1.72 Fourniture totale 2.67 Exportations totales 0.50 Consommation 0.57 industrielle Consommation des 1.48 ménages Consommation totale 2.05 Stock de fin de 0.12 campagne Source: UkrAgroConsult (2005) 2003/04 2004/05 2005/06 0.12 0.17 0.15 1.44 1. 77 1.91 0.59 0.50 0.45 0.68 0.48 0.21 2.12 2.25 2.12 0.97 2.62 0.33 0.63 0.68 2.32 0.32 0.67 0.60 2.59 0.30 0.73 1.48 1.47 1.47 2.11 0.17 2.14 0.15 2.19 0.10 56 Le marché reste très mal structuré. Les sucreries ukrainiennes sont trop nombreuses, souvent trop petites, peu performantes. Les producteurs indépendants doivent donc livrer des sucreries en mauvaise situation financière et qui n’hésitent pas parfois à dégrader artificiellement les qualités d’entrée des matières premières pour les payer moins cher, et avec des retards importants. Cette situation devrait s’améliorer pour deux raisons principales. La première découle des efforts de l’Ukraine pour accéder à l’OMC. Dans cette perspective, en effet, les sucreries devraient progressivement être libérées de leurs quotas de production, non échangeables aujourd’hui, permettant aux plus actives d’entre elles d’augmenter leurs capacités et d’adopter une stratégie d’achat de matière première plus ouverte22. La seconde tient à la prise de conscience par les industriels de la concurrence croissante sur le marché mondial et des atouts dont dispose l’Ukraine, notamment pour répondre à la demande forte d’un marché russe toujours déficitaire. Les perspectives de développement des agrocarburants, avec une production d’éthanol à partir de la filière blé—betterave à sucre, renforcent la nécessité de moderniser et de concentrer les capacités de transformation. Certains industriels ne veulent pas rater cette opportunité, alors qu’ils n’avaient pas su prendre le virage nécessaire de la modernisation. Il est d’ailleurs à noter que, pour l’instant, tous les groupes leaders mondiaux sont sans doute restés à l’écart du marché sucrier ukrainien, mais que cela aussi pourrait bien changer... Le marché du sucre en Ukraine avant et après son adhésion à l’OMC Source :german-ukrainian agricultural policy dialogue. Working document on the Ukrainian sugar market. Aurthors: Oleg Nivyevskiy, Heinz-Wilhelm Strubenhoff; Lektor: Stephan von Cramon-Taubadel; Date: 3rd May 2005 Le premier diagramme a été établi avec un taux d’importation de 300€/t ; la simulation après adhésion avec un taux de douane de 50%. Les diagrammes correspondent de fait aux coûts moyens des sucreries en fonctionnement. Les entreprises les plus performantes ont une plus grande capacité d’adaptation à un marché mondial fluctuant. La hausse actuelle des cours mondiaux, soutenue par la dynamique de la demande et par la politique brésilienne d’utilisation de son sucre de canne pour l’éthanol favorise la production industrielle ukrainienne même dans le cas où son adhésion à l’OMC l’obligerait à abaisser son tarif douanier. 22 La politique de fixation d’un prix minimum du sucre en Ukraine et la limitation des importations devraient petit à petit s’estomper ce qui devrait inciter les sucreries à investir et se moderniser pour pouvoir affronter la concurrence mondiale. 57 Les industriels ukrainiens du sucre sont donc confrontés à des choix stratégiques. Doivent-ils orienter la politique du pays vers la seule satisfaction des besoins intérieurs, pouvant alors faire appel, si le pays adhère prochainement à l’OMC à une clause de sauvegarde ? Ou bien doivent-ils encourager une politique de restructuration et de croissance leur permettant de répondre aux besoins du marché mondial et à la nouvelle demande en éthanol ? Les capacités propres d’investissement des entreprises ukrainiennes sont sans doute insuffisantes pour leur permettre de conquérir les marchés qui s’ouvrent potentiellement à elles. Il y a donc des opportunités à saisir dans deux directions. La première concerne la reprise de sucreries moyennes dont les dirigeants n’ont ni les ressources financières ni les moyens techniques de lancer des programmes de modernisation et de soutien à la production de betteraves. La seconde porte sur le rachat de grandes sucreries à des groupes sucriers qui veulent réduire leur périmètre industriel afin de retrouver des capacités de financement et entreprendre les modernisations de fond indispensables pour réduire les dépenses énergétiques et les coûts de production et les ramener au plus près, voire en dessous, des coûts mondiaux. Dans leur concurrence sur le marché, les producteurs ukrainiens auront l’avantage des capitaux obtenus par la vente de certains actifs, tandis que les étrangers devront compenser le poids de leurs charges financières par l’avance que leur confèrent leur savoir-faire et leur expérience dans l’adaptation de leur production aux industries alimentaires ou de la distillation. -la production de semences Le renouveau des grandes productions végétales et la promotion des technologies agricoles de précision stimulent le marché des semences certifiées. Les promesses de l’élevage vont multiplier les besoins en maïs, tandis que celles d’agrocarburants renforcent les attentes pour des variétés de tournesol, de colza et de soja productives et résistantes. Mais les ressources génétiques issues de la recherche agronomique soviétique ou ukrainienne, malgré leurs réelles qualités, ne présentent pas les caractéristiques technologiques exigées. L’importation des semences occidentales est relativement complexe (enregistrement au catalogue, inscription sur la liste des plantes cultivables en Ukraine, autorisation d’importation, contrôles divers...). Il est donc intéressant d’assurer la multiplication des semences sur place. Comme, les producteurs agricoles, les multiplicateurs ukrainiens sont donc à la recherche de variétés à haut potentiel. Certains d’entre eux proposent des partenariats à des « obtenteurs » (sélectionneur, propriétaire de la génétique) étrangers pour une production sous licence. La passation d’un contrat de « délégation de multiplication » peut être avantageuse pour amplifier une implantation des variétés. Mais, elle ne peut être qu’une étape. Car, même si l’Ukraine est désormais membre de l’Association internationale pour la protection des obtentions végétales (UPOV), et bien que des lois récentes renforcent les droits de propriété intellectuelle, la pratique reste encore incertaine et peut donner naissance à des conflits sur la détention des droits sur les variétés ou sur les lignées ascendantes. La solution la mieux adaptée à un développement stratégique de long terme est la création d’une unité de multiplication détenue par « l’obtenteur », au centre des zones les plus concernées par ses variétés. Le choix est alors entre une création « en green field » ou le 58 rachat d’une usine de semences existantes. Il est déterminé par les conditions de cession et les perspectives de maîtrise foncière dans le voisinage de l’unité de conditionnement. Le groupe coopératif « Euralis » a récemment opté pour le rachat d’une unité moderne à Tcherkassy, avec création d’une société de droit ukrainien pour la production de semences et d’une marque pour leur commercialisation (« Cherlis »). Mais le terrain ne sera pas saturé par cette implantation, et des perspectives sont encore largement offertes aux « obtenteurs » français, qui pourront depuis l’Ukraine, approvisionner et développer leurs marchés d’Europe centrale et orientale. Enfin il convient de signaler que les organisations françaises de producteurs de semences accompagnent le mouvement par des actions de coopération et de promotion. - la distribution La distribution alimentaire - un marché estimé en 2005 entre 18 et 20 milliards de dollars passe rapidement du monopole des « Prodoukti » et des marchés, où elle était concentrée il y a moins de quatre ans, à une structure diversifiée marquée par des réseaux de superettes supermarchés et d’hypermarchés en forte croissance, bien que leur part actuelle reste encore minime. Le chiffre d’affaires de la grande distribution moderne a progressé de 40% entre 2004 et 2005 et de près de 50% entre 2005 et 2006 ; avec une perspective comparable pour 2007. La croissance de la grande distribution à Kiev et dans les plus grandes villes du pays repose sur deux moteurs principaux : en premier lieu l’augmentation des salaires nets, liée à la concentration urbaine des activités les plus rémunératrices, incite les consommateurs à rechercher une offre diversifiée de produits de qualité à des prix raisonnables. Ensuite, le développement de l’urbanisation dans de vastes quartiers résidentiels et la progression rapide du parc automobile favorisent un comportement nouveau d’achats groupés hebdomadaires. Si le contraste entre les métropoles et le reste du pays reste frappant, il a tendance à s’atténuer avec les projets régionaux des grands réseaux nationaux, et la transformation de nombreux Prodoukti en supermarchés, groupés avec des magasins d’électroménager, de vêtements, de livres, de bijoux et de restauration rapide. Une étude de marché estime que 80% des habitants de la capitale ukrainienne effectueraient leurs achats de nourriture dans la grande distribution. Cette estimation paraît supérieure à une pratique qui laisse encore une place considérable aux achats de proximité. Les marchés et les Prodoukti, ouverts jusqu’au moins 9 heures du soir, ne désemplissent pas. Beaucoup ont adapté leur organisation, avec une ou deux caisses dotées, comme les supermarchés, d’un lecteur de code barre ; la boulangerie et la charcuterie conservant une structure plus traditionnelle pour un service personnalisé, les clients préférant échelonner leurs achats d’une part pour éviter les pertes liées à des délais de conservation, dans les faits, presque toujours inférieurs aux dates indiquées ; et d’autre part pour tenir leurs budgets nourriture qui représente la moitié de leur pouvoir d’achat. 59 Fréquence d’achat dans les réseaux commerciaux ; Enseigne VELYKA KICHENIA SILPO FOURCHETTE FORA EKO KARAVAN MEGAMARKET METRO BILLA SPAR Prodoukti et marchés Source : GFK Ukraine Retail Study 2005, 2005 sur 1000 consommateurs à Kiev. 2003 2004 2005 rang 9,5 14,0 1 21,1 17,7 18,5 2 17,5 26,4 25,0 3 13,4 3,5 4,2 7 0,9 4,0 8 2,3 3,8 9 4,8 4,3 3,6 10 1,6 3,4 6,7 5 7,0 5,1 4,3 6 2,2 1,3 0,7 11 15,0 9,4 4 11,2 publiée par l’hebdomadaire Kyiv Post du 17 août 2006 ; Enquête effectuée en Trois réseaux nationaux viennent en tête pour la fréquence d’achat, ou/et la notoriété. « Velyka Kichenia » et « Silpo » font jeu égal, avec une présence forte aussi bien en centre ville avec de grands supermarchés que dans les périphéries avec la même formule et quelques petits hypermarchés. Metro progresse nettement, avec un doublement annuel, tandis que Billa semble peiner à s’affirmer dans le paysage commercial, peut être en raison d’un aspect trop occidental de son offre et de son style... Les marchés locaux résistent à la poussée de la grande distribution grâce à leur capacité de réponse aux besoins quotidiens des consommateurs, à leur ouverture à des produits frais fournis par les exploitations familiales périurbaines... Le futur paysage de la distribution se dessine assez clairement : poussée des hyper marchés avec les projets en cours de Auchan et peut-être de Tesco, densification des réseaux de supermarchés dans les centres résidentiels et réajustement des structures de proximité, avec modernisation des grands marchés ouverts traditionnels. Les principales enseignes de la grande distribution alimentaire en 2005 Enseigne SILPO FORA Autres (Fozzy, Dnipryanka) VELYKA KICHENIA FOURCHETTE Nombre de magasins 110 52 16 29 Superficie de vente 2005 en m² 54 +/-50 000 Groupe détenteur Site Internet CA 2005 MUSD +/- 770 181 000 FOZZI Group www.fozzy.ua > 65 000 Kviza-Trade Roman Lunin Fourchette Balenko Pakho Corporation [email protected] 277 www.furshet.ua 400 www.pakho.ua 110 www.atbmarket.dp.ua www.metro.ua www.bila.ua NC NC 100 PAKO Cash & Carry 7 32 000 Pakho Vopak, Tam-Tam 25 ATB 148 NC ATB Market METRO 10 150 000 Metro Cash & Carry BILLA 9 20 000 Billa Ukraine Source : Kyiv Post 17 août 2006 ; en italique nom de l’actionnaire de référence. La stratégie des principaux groupes nationaux23 s’articule autour de deux axes. Le premier consiste à accentuer la dimension nationale de leurs réseaux en développant leurs implantations en province, sans cesser de densifier leur présence dans les grandes métropoles. Cet axe est associé à un recours massif à la publicité télévisée, et à des campagnes d’animation et de promotion commerciales. Le second axe porte sur la recherche de solutions nouvelles pour le financement de leur croissance. Plusieurs des plus grands groupes 23 Pour en savoir plus sur la distribution, voir www.retail.net 60 envisagent de faire appel à des capitaux externes en lançant des emprunts obligatoires, des eurocredits et des IPO (Initial Public Offering) avec l’aide des banques occidentales présentes (le plus souvent) en Ukraine. Enfin, à l’instar des grands groupes européens de la distribution, les groupes ukrainiens ont compris l’intérêt de la segmentation de leurs offres. Le groupe Fozzi par exemple densifie son réseau de grands et très grands supermarchés Silpo (180 magasins en 2006 dans 25 agglomérations, soit plus de 65 ouvertures en un an), tout en développant parallèlement des enseignes de proximité (le réseau Fora compte plus de 60 magasins). Les difficultés pour l’acquisition des terrains ralentissent, voire empêchent, la progression des distributeurs étrangers, tandis que les chaînes nationales semblent avoir pu se constituer des réserves foncières importantes, qu’elles espèrent valoriser dans la vive concurrence à venir pour la conquête, ou la défense, des parts de marché. La grande distribution offre encore de réelles opportunités, malgré des difficultés pour l’accès au foncier d’une part et pour garantir l’approvisionnement, principalement en produits frais d’autre part. Le groupe « Auchan » devrait ouvrir son premier hypermarché au début de 2008. Son arrivée est attendue avec une certaine impatience, et sans doute aussi une certaine inquiétude de la part des distributeurs en place qui s’attendent à une forte concurrence et une réduction de leurs marges. Au cours d’un séminaire, organisé en 2006, avec des entreprises françaises, le ministre de l’agriculture avait d’ailleurs encouragé la venue de la grande distribution, en soulignant « son apport à une politique de régulation des prix alimentaires ». A côté des grandes enseignes de la distribution, la structuration de la demande crée des conditions favorables au développement des réseaux spécialisés, par exemple dans les produits issus de l’agriculture biologique. Enfin il faut noter que des réseaux de Prodoukti peuvent être intéressés par les structures commerciales bâties sur le modèle de la franchise, ou par leur savoir-faire logistique. Ce segment peut être attractif pour les réseaux de type coopératif. - les commerces de bouche La restauration rapide Le succès de McDonald’s24 laisse entrevoir les perspectives pour la restauration rapide, même si de nombreuses chaînes ukrainiennes (comme Oukraïnskaya Stravi) ou russoukrainiennes (Kartoplia par exemple) ont su s’implanter dans les centres villes et les centres commerciaux, en proposant des plats bon marché adaptés au grignotage des employés de bureau et de la jeunesse un peu à toute heure. Les chaînes françaises de restauration rapide, et de cuisine d’assemblage pourraient sans doute trouver leur créneau. 24 McDonald’s Ukraine annonce le doublement au cours des cinq prochaines années de la taille de son réseau de restauration rapide. Implantée depuis 1997 en Ukraine, la chaîne multinationale, dont le prix du wimpy est devenu un des indices du coût de la vie dans de nombreux pays, gère actuellement 57 restaurants situés dans les 16 principales villes ukrainiennes. L’investissement cumulé atteint 93 MUSD. Quatre nouvelles adresses seront ouvertes en 2007 et cinq en 2008. Le coût d’un restaurant est d’environ 1,5 MUSD. MacDonald’s a investi en propre dans ses premiers restaurants, mais a désormais recours à la franchise. La compagnie a passé des accords avec des entreprises agricoles pour la fourniture d’une matière première élaborée selon ses normes. Elle emploie près de 5 000 personnes en Ukraine. 61 Boulangeries pâtisseries Une boulangerie française (Volkonski) a ouvert deux magasins et connaît un réel succès. La multiplication des centres commerciaux, à Kiev et dans d’autres grandes villes, ou le développement du tourisme dans des cités au riche patrimoine historique (Lvov, KamenetsPodilski...) offre des perspectives pour des croissanteries et autres boulangeries proposant des pains de recettes. Restauration : la course aux chefs français. L’Ukraine prépare activement la coupe de l’Europe 2012 de football, en partenariat avec la Pologne. Cet événement entraîne, notamment, un fort développement de l’hôtellerie et des commerces de bouche. Cette dynamique s’ajoute à la création d’hôtels répondant aux meilleures normes internationales (Hyatt, Radisson, Opéra à Kiev et dans le Donbass, Mer Noire à Odessa...). Les managers veulent y offrir une cuisine gastronomique, et font appel, comme en Russie il y a quelques années, à des chefs français. -les agrocarburants Le pays adopte un ensemble de dispositions législatives pour encourager le développement du marché intérieur des agrocarburants25. L’Assemblée d’Ukraine a adopté un projet de loi (N°3158) pour le développement des agrocarburants pour la période 2007-2010. La loi fait obligation aux villes de plus de 500 000 habitants de modifier rapidement leur parc de véhicules de service. Fin 2008, 50 % des moteurs de ces voitures de service devront pouvoir utiliser les agrocarburants, et la totalité des flottes publiques devra être agro compatible fin 2009. Le projet a été vivement soutenu par le groupe de travail parlementaire créé il y a quelques mois et par le cabinet des ministres. Les députés ukrainiens se sont inspirés des dispositions adoptées en Europe, aux Etats-Unis, et surtout au Brésil, souvent pris comme modèle d’une politique de promotion des agrocarburants. La loi connaîtra vraisemblablement des difficultés d’application, tant les délais impartis aux villes sont courts. Certains estiment que cette pression devrait convaincre les motoristes ukrainiens de l’intérêt d’une adaptation de leur offre vers les moteurs de type flexfuel. Pour Valéry Drobot, directeur de la prévision au ministère de la politique agraire et secrétaire du groupe de travail parlementaire sur les agrocarburants, l’essentiel est d’avoir fait adopter un dispositif qui mobilise les flottes captives sans lesquelles les projets industriels de grande taille ne pourront pas voir le jour. Le Cabinet des ministres a adopté, fin juin 2007, un programme de développement de la production de diester. Le projet prévoit la construction de 20 unités de production d’une capacité allant de 5 000 tonnes à 100 000 tonnes par an. Des aides à l’investissement pourraient être attribuées aux investisseurs. Mais le projet budgétaire ne sera examiné qu’après l’adoption par la Rada d’une loi fixant une niveau obligatoire d’incorporation d’agrocarburants dans les essences. Les perspectives de croissance des prix de l’énergie, devraient permettre de rentabiliser, d’ici quelques années, le recours aux agrocarburants. La capacité de production pour le marché intérieur pourrait atteindre 632 000 tonnes en 2010. Parmi les projets en cours de réalisation figurent l’usine ATP 11231 à Dniepropetrovsk d’une capacité de 12 000 tonnes par an et celle de Kherson avec une capacité de 10 000 tonnes par an. Le coût de production d’un litre de biodiesel serait actuellement d’environ un dollar le 25 Incorporation obligatoire dans les flottes captives, appui à l’utilisation du biodiesel dans le secteur agricole, etc. 62 litre en Ukraine, un prix trop élevé, disent les industriels, pour un développement massif de cette filière. Mais Serguei Martinenko, président de l’association « énergies alternatives », estime cependant que l’Ukraine s’est déjà dotée d’une capacité de production qu’il évalue à 200 000 tonnes, essentiellement dans de petites unités rurales Les responsables politiques voient dans la production de biocarburants une perspective positive pour l’agriculture et l’économie ukrainienne, avec dans un premier temps l’exportation des grains pour couvrir les besoins grandissants des pays européens, puis à échéance de 5 et 8 ans la mise sur pied de filières opérationnelles par les grands triturateurs. L’adoption de la loi sur les biocarburants par la Rada devrait donner un nouveau souffle aux très nombreuses distilleries d’Ukraine qui sont loin de valoriser leurs capacités de production. Les industriels ukrainiens se déclarent prêts à des partenariats avec des co-investisseurs qui comprendraient l’intérêt d’une prise de participation dans la constitution du capital nécessaire au démarrage de l’activité de production de biocarburants sur des bases solides. -les produits spéciaux Les ressources naturelles et environnementales de l’Ukraine offrent des opportunités très nombreuses. Le territoire compte de nombreuses tourbières exploitables et des gisements de Sapropèles26 propices à la création de centre de soins ou de conditionnement pour l’industrie des cosmétiques. La pisciculture, abondante, qui gagnerait à faire appel à des méthodes moins polluantes des milieux aquatiques, est encore faiblement structurée alors qu’elle présente un fort potentiel de production (sandre, brochet, carpe, écrevisses...). Le secteur des eaux embouteillées continue de progresser, car la remise en état des stations de traitement et des réseaux d’adduction d’eau prendra du temps. Si les perspectives pour les eaux de source semblent limitées en raison de dispositions réglementaires, celui des eaux de table pourrait vraisemblablement être valorisé pour satisfaire une demande forte dans les grandes villes et dans les régions touristiques de la Mer Noire, faiblement pourvues en ressources hydrauliques. La viticulture Si le marché des spiritueux français est en expansion, les flux d’importation mettent en évidence une progression des achats d’eaux de vie de vin destinées à la préparation des « koniaks » et des moûts pour la fabrication des vins « champanskoїe ». Ne serait il pas plus judicieux pour des groupes dont les appellations sont usurpées de prendre le contrôle d’usine de spiritueux ou d’en créer, comme l’a fait avec succès le groupe Pernod Ricard en Arménie ou dans des pays désormais membres de l’Union européenne ? Les emballages Porté par la distribution et ses exigences de qualité, ainsi que par la mise en concurrence des fournisseurs sur le marché des produits alimentaires, le secteur de l’emballage va poursuivre sa croissance. Il concerne les industries du verre, de la boite de conserve, des films multicouches à usage alimentaires, des boites et cartons ainsi que la palettisation. 26 Boues organiques à diatomées ; connues des géologues comme matériau primaire de la formation des pétroles. 63 - Le bois et les produits de sciage. L’Ukraine dispose d’un bon potentiel forestier avec des essences de qualité pour la menuiserie et la construction. La région de Poliessié offre des ressources en bois blanc et en résineux pour les sciages et l’emballage. L’ouest du pays, et principalement la région des Carpates dispose de forêts de feuillus de très bonne qualité permettant la fabrication de meubles massifs et des huisseries, le tranchage pour des placages d’ébénisterie. Un Plan forestier national vise à améliorer la gestion financière des ressources publiques, de l’Etat et des collectivités locales, à lutter contre les exploitations sauvages et à encourager les replantations. Plusieurs entreprises françaises se sont implantées pour valoriser les ressources forestières dans la fabrication de caisses d’emballage, de meubles et sciages divers. -les services L’explosion attendue des capacités de productions agricoles de l’Ukraine, crée un besoin grandissant de services, les uns à caractère technique, la plupart relevant de la gestion et du financement. Les assurances agricoles Les mécanismes de régulation des marchés agricoles demeurent faiblement efficaces, en dépit de l’activité des organismes publics d’intervention27. Or, la production, déjà soumise aux aléas climatiques, marqués dans cette région d’Europe orientale, continuera de les subir avec une amplitude accrue par la progression des rendements. Les entrepreneurs agricoles cherchent donc à se prémunir contre les variations fortes des cours et de leurs récoltes. Un programme européen sur les assurances agricoles propose les bases d’un système moderne, reposant sur une mutualisation des risques au sein d’organismes privés ou coopératifs. La dizaine de compagnie d’assurances ukrainiennes proposant déjà des polices agricoles28 (garantie des risques climatiques sur les rendements) peine à bénéficier de la confiance des producteurs. Les plus gros d’entre eux optent, au sein de leur groupe, pour la création de réserves financières durant les bonnes années. Si l’explosion des cours mondiaux des céréales à tendance à faire oublier l’importance des aléas, il n’en reste pas moins que la mobilisation de lourds investissements dans la production, et la multiplication des contrats avec des négociants ou des industriels, laissent un large terrain de développement pour les assurances. Même si la Commission européenne encourage l’étude des assurances agricoles, les compagnies américaines servent souvent de modèle, et pourraient constituer une concurrence, à côté des compagnies ukrainiennes, dans le développement de sociétés européennes. Un autre domaine d’activité, très mal couvert en Ukraine, est celui de la couverture des risques personnels (accidents du travail, dommages...). Les agroholdings auxquelles on reproche de ne pas s’intéresser aux populations rurales, auront avantage à proposer à leurs agents une couverture convenable, portant sur les risques d’accidents mais aussi, de façon plus générale, sur la santé, en les incluant dans leur politique sociale. Elles devraient d’autant 27 On notera par exemple que le prix du sucre est resté pendant plusieurs semaines, au cours de la campagne 2006/2007, en dessous du prix minimum fixé par une décision législative, ou que le prix du lait a plongé après l’embargo de janvier 2006 au-delà de l’effet induit par la réduction des ventes... 28 Voir chapitre 6 du guide pratique 64 plus apprécier le savoir-faire des assurances mutualistes que celles-ci proposeront un meilleur retour sur cotisations29. Le crédit coopératif Depuis l’indépendance, l’Ukraine tente de mettre en place un système de crédit agricole coopératif, mais les essais ne sont pas concluants. La principale raison tient à ce que la pression spéculative a empêché l’adoption d’un système réglementaire permettant aux caisses locales de mobiliser l’épargne, même modeste, des populations rurales. Dès lors la création d’une caisse de crédit coopératif se heurte à l’absence de ressources propres pour consentir des prêts aux porteurs de projets. Les initiatives passées ont en commun de reposer sur une dotation initiale en capital accordée par l’Etat ou le budget régional, mais qui ne peut entraîner un mécanisme d’adhésion plus large. Les quelques coopératives de crédit qui ont dépassé un stade strictement local, ont dû faire appel à des ressources empruntées aux taux moyens des dépôts (dépôts rémunérés entre 17 et 20 % par an), et ne sont donc pas en mesure de proposer des prêts avantageux. Un développement du crédit coopératif est pourtant essentiel pour les structures de production petites et moyennes. Il y aurait avantage à promouvoir l’expérience des caisses européennes de crédit agricole (comme le Crédit Agricole en France, Raiffeisen en Autriche ou Rabobank aux Pays Bas). Pas celle qui a marqué les trente glorieuses, au cours des années soixante lors du plein développement de l’agriculture européenne, mais celle de la formation des caisses de crédit agricole, un siècle auparavant, précisément au moment de la divergence entre les pays européens et les pays communistes. Les projets Tacis ont surtout porté sur les mécanismes de gestion bancaire, sans insister suffisamment sur les principes de la coopération en matière de crédit: accorder un privilège de collecte de l’épargne, à un taux modéré avec une compensation par l’Etat payable à moyen terme, au sein d’un territoire exclusif, en contrepartie de l’obligation de financer des projets et des emprunteurs locaux fiables. On peut penser que les grandes institutions coopératives européennes, désormais au premier rang des grandes institutions bancaires, se concentrent sur des opérations ordinaires, en oubliant leur origine et l’importance de la solidarité et de la responsabilité locale dans leur propre succès. Alors qu’elles disposent de très importantes ressources, sauront elles en consacrer une infime part au lancement de coopératives utiles au développement des fermes ukrainiennes, et de celles que souhaitent y installer certains de leurs sociétaires français ? Le suivi et la gestion de l’entreprise agricole La formation des grandes unités d’exploitation accroît le besoin d’enregistrement et de traitement des données techniques et comptables agricoles. Le marché ukrainien devrait être ouvert à des outils d’assistance pour la gestion agronomique (appréciation des risques, choix des traitements sanitaires, choix des intrants, etc.) et pour le suivi économique et stratégique des entreprises. Le recours aux appareils de positionnement par satellite, l’utilisation des instruments de suivi informatique des troupeaux génèrent déjà une énorme quantité de données à traiter. Quelques sociétés françaises assurent une assistance à l’installation d’exploitation et semblent sollicitées pour des services de suivi personnalisé par une clientèle potentielle plus large. 29 Les dédommagements sont de l’ordre de 20 % des cotisations. 65 Les transports (wagons, frigorifiques, etc.) Le réseau ferroviaire ukrainien est bien structuré pour le transport des pondéreux dont l’agriculture est un des deux premiers clients du fret. Mais le système ferroviaire a vieilli et le parc des wagons est à peine en mesure de répondre à la demande actuelle. Si l’Ukraine double ses capacités de production agricole dans les prochaines années, il sera notoirement insuffisant. Pour le fret, les opérateurs n’exigent pas des performances en vitesse, mais en capacité de transfert dans des délais compatibles avec les contraintes d’exportation et de livraison aux usines de transformation. Il y a donc un besoin à couvrir dans la perspective d’un marché en formation. Les compagnies financières de wagons céréaliers auraient avantage à analyser les perspectives offertes par l’Ukraine, à la fois pour le transport de sa production propre et pour celui des céréales et des produits agricoles des pays de la CEI dont elle est le point de passage obligé pour l’accès aux marchés de la Méditerranée. Cette possibilité s’étend aux wagons frigorifiques ou conditionnés pour le transport des produits frais, fruits et légumes, viandes, et peut-être produits laitiers, dont les bassins de production ne coïncident pas avec les zones de consommation. L’agrotourisme Le patrimoine rural d’Ukraine est tout à fait remarquable et pourrait justifier un fort développement du tourisme vert. Les régions de l’Ouest du pays, notamment les Carpates sont les plus concernées. Les associations allemandes d’agrotourisme s’y sont implantées depuis plusieurs années. Leur éloignement des grands aéroports limite les possibilités de « séjour découverte » associés à la visite de Kiev ou de métropoles particulièrement réputées comme Odessa ou Yalta. Les activités d’agrotourisme pourraient compléter les offres des organisateurs de chasse et de pêche. Les pouvoirs publics sont conscients de l’intérêt de l’agrotourisme pour diversifier les activités et les sources d’emploi des villages. Ils prennent aussi la mesure de l’importance des investissements nécessaires pour apporter le confort et les services requis. Les investisseurs ukrainiens semblent préférer la modernisation du réseau hôtelier urbain. Le terrain est donc relativement ouvert pour d’autres projets. Cela peut intéresser des candidats à l’installation agricole en Ukraine mais aussi des associations d’échange entre jeunes ruraux, tout en valorisant les nombreux parcs et réserves naturelles du pays. 4-2- Des clés pour préparer et réussir une implantation - Importance des marques commerciales L’Ukraine a subi le poids de la normalisation soviétique, sans avoir jamais hérité d’une culture sur les indications géographiques d’origine. Elle se tourne donc délibérément vers la création des marques commerciales et accroît progressivement leur protection. La norme Gost, issue de la période socialiste fixe simultanément les obligations de moyen et de résultat, et décrit fréquemment le procédé de fabrication lui-même. De ce fait elle contredit un principe de la liberté d’entreprise dans une économie de marché. La plupart de ces normes sont en révision pour les accorder ou les harmoniser avec les normes internationales. Les entreprises ukrainiennes ont rapidement compris l’intérêt des marques commerciales pour étendre 66 leurs réseaux de vente, concurrencer les productions génériques, et, surtout consolider leur valeur. La détention de marques commerciales pèse dans l’estimation de la valeur capitalisée de l’entreprise, alors que ses premiers bilans, souvent élaborés à partir des données de la comptabilité soviétique sous estiment notablement les fonds propres. Cette utilisation des marques commerciales dans la structuration des actifs est particulièrement nette pour les entreprises agro alimentaires. Les pouvoirs publics, conscients des freins à l’évolution de la normalisation30, encouragent l’adoption des méthodes modernes (HACCP, auto certification, etc.) et ont créé un laboratoire national de la qualité au sein de l’Université agraire d’Etat de Kiev pour diffuser les méthodes modernes concourant à l’amélioration constante de la qualité et des performances de gestion. Cette évolution vers des normes volontaires avec préservation des savoir-faire ne peut pas être aussi rapide que beaucoup le souhaiteraient, mais elle est inéluctable. Des cabinets spécialisés, comme VERITAS ou SGS, se sont implantés avec succès sur ce marché nouveau. Il reste que la formation ou la reprise d’une entreprise par des investisseurs étrangers en Ukraine passe par la création de marques commerciales, dûment enregistrées. Même des secteurs de production qui n’en bénéficient pas sur le marché français ont intérêt à créer des marques pour leurs produits. Cela concerne aussi bien les produits laitiers de base (lait, beurre...) que les produits de transformation de viandes31. - Analyses préalables La création d’une activité de production de biens ou de services en Ukraine doit faire l’objet d’une analyse préalable détaillée et entreprise avec un délai suffisant pour recueillir et vérifier les données nécessaires. Il s’agit en premier lieu des études de marchés (volume potentiel, conditions d’accès au marché, concurrence entre production locale et importations, etc.) puis des audits techniques et financiers (actionnariat des entreprises à racheter ou dont on souhaite acquérir une part significative du capital, recherche et estimation des dettes hors bilan, appréciation des causes de l’échec de partenariats tentés antérieurement, etc.) Une première règle d’or est de ne pas bâcler ces phases essentielles de calage des projets sous la pression des partenaires locaux toujours pressés de bâtir et de démarrer des projets, en comptant sur les ressources — il est vrai remarquables — du système D. Mais il ne faut pas non plus les prolonger au-delà du nécessaire, sans quoi le partenaire suspectera au moins de l’indécision, et peut être un projet parallèle inamical. La seconde règle d’or est de parler de son projet à tous les conseils susceptibles de pouvoir être mobilisés, sans qu’ils concurrencent son déroulement. Il s’agit notamment des conseillers du Commerce extérieur de la France qui ont cette mission dans leurs statuts, des experts des services de la mission économique, des entrepreneurs connus et ayant effectué des projets en Ukraine, de fournisseurs occidentaux de l’entreprise partenaire potentiel, etc. On conseille la lecture des lettres et notes d’information sur le pays, rédigées par des organismes français ou étrangers (missions économiques, ambassades, Banques Européenne de 30 La certification de conformité aux normes Gost est une source de revenu pour les instituts certificateurs, parfois pour leurs cadres. Et beaucoup redoutent que l’auto certification par les entreprises compromette leurs recettes... 31 Voir par exemple le succès des steaks « Angus » ou des produits aviaires de la marque « Foie gras » issus de la fabrication en Ukraine par un entrepreneur français (voir fiches d’entreprises en fin de recueil). 67 Reconstruction et de Développement, PNUE, Banque Mondiale, délégation de la Commission de l’Union européenne, etc.32) - sécuriser ses approvisionnements et ses ventes Un projet de production agroalimentaire doit avoir sécurisé les ventes de l’entreprise avant de poser la première pierre ou le premier équipement. Le flux des recettes se situe à la distribution de détail. Il faut donc s’en rapprocher le plus possible. Les relations avec des réseaux de distribution, étrangers ou ukrainiens, doivent être précisées, contractualisées, et suivies presque quotidiennement lorsque la production a commencé. Cette règle ne vaut pas que pour des produits frais soumis à des dates limites de mise à la consommation (DLC), elle s’applique à toutes les productions agroalimentaires. Les transformateurs de céréales ont de nombreux exemples de fournisseurs qui ont préféré un acheteur de passage, leur offrant quelques centimes de mieux que le contrat passé avec le transformateur plusieurs mois auparavant et qui avait permis de pré financer la mise en culture. Pour des produits à DLC courte, le producteur installé en Ukraine a intérêt à avoir la possibilité d’amortir les variations imprévues de la demande instantanée, pour éviter de se trouver à court, avec la perte des commandes ultérieures, ou en surcharge avec des stocks invendables et perdus. La sécurisation des intrants est également capitale, pour les mêmes raisons. La tension sur les moyens de transport est parfois très forte. Par exemple, il est presque impossible de trouver des camions en période de récolte des betteraves, car tous sont mobilisés (comme camion ou comme réserve de pièces de rechange...). Cela concerne les matières premières mais aussi parfois les services d’eau ou d’énergie. Les entreprises sensibles aux ruptures de tension électrique ou des réseaux de chaleur ont avantage à inclure dans leur programme d’investissement des stations de secours, et d’en obtenir la certification de conformité aux normes en vigueur. - Acheter ou construire, deux voies possibles L’évolution économique des différentes sociétés agroalimentaires en Ukraine au cours des 15 dernières années montre que l’impact le plus significatif est obtenu par celles qui ont procédé au rachat d’un opérateur dans le pays et modernisé cet outil de production. Les principaux avantages liés au rachat sont: - Gain de temps grâce à l’obtention immédiate de parts de marchés. - Accès à un réseau de distribution et aux outils de commercialisation. - Eviter l’imbroglio administratif lié au transfert de terrains agricoles en terrains industriels. (Il y a peu de terrains industriels nus disponibles). - Rachat de compétences professionnelles dans les fonctions administratives de l’entreprise avec leurs connexions déjà établies auprès des services administratifs de la région d’implantation. Mais le rachat d’une entité existante n’est pas sans risques. : - Vous devez acheter la totalité des actions (les actionnaires minoritaires peuvent avoir une capacité de nuisance considérable). - Il convient de vérifier le passé judiciaire, la plupart des entreprises ont des antécédents judiciaires dus aux conflits avec les autorités fiscales. 32 Voir les adresses dans le chapitre 8, « Contacts utiles ». 68 Les avantages de la construction par rapport au rachat : - Le coût de construction est moins élevé qu’en France et vous bénéficiez de main d’œuvre bon marché et qualifiée. - Vous pouvez utiliser vos standards de qualité qui sont en général plus élevés que ceux que vous trouverez si vous rachetez une entreprise locale. L’exemple de Nestlé en Ukraine 1994 - Ouverture d’un bureau de représentation pour la commercialisation des marques internationales (NESCAFE, NESTLE, MAGGI…) à travers des importateurs. Pas de force de vente, pas d’outil de production. 1998 - Rachat de la majorité des actions de l’entreprise de confiserie SVITOCH (chocolats, biscuits et bonbons). Accès à un réseau de distributeurs, force de vente, entrepôts de stockage et outil de production. 2003 - Rachat de la totalité des actions de l’entreprise de culinaire TORCHYN (mayonnaise, Ketchup, sauces froides et bases pour soupe). Accès a un deuxième réseau de distributeurs, capacité additionnelle de stockage et outil de production. 2003 – Création de la société Nestlé Ukraine. - Faut-il investir avec un partenaire local ? Les avis sont partagés sur la question de savoir si un partenaire local est nécessaire ou non. Les grandes entreprises parviennent à s’implanter seules avec l’appui d’un ou de plusieurs cabinets juridiques expérimentés. Une PME peut avoir intérêt à s’associer avec un partenaire ukrainien qu’elle aura choisi avec soin. Celui-ci sera mieux à même de se débrouiller dans les méandres de l’administration locale. Mais ce n’est pas indispensable. Un collaborateur salarié fiable, sachant contrôler le processus, peut offrir les mêmes avantages et n’exigera pas de participer au capital, surtout s’il bénéficie d’un intéressement sur la progression des bénéfices. La connaissance de la langue33 est un atout indéniable pour mieux comprendre et anticiper les difficultés. Quel que soit le choix effectué, il est recommandé d’échanger avec d’autres entreprises les expériences, et ne pas hésiter à solliciter des avis variés avant de se décider. 33 L’ukrainien en premier, mais le russe fait aussi l’affaire car tous les Ukrainiens ayant fait des études secondaires ont appris le russe, et l’apprennent encore du fait de la dualité des langues au sein des familles 69 Le succès de Malteurop en Ukraine Notre installation a connu des moments positifs et d’autres plus négatifs. Entre 2002 et 2004, nous avons investi environ 20 millions d'euros à Kharkov, pour la construction d'une nouvelle malterie. Premier problème rencontré, comme dans beaucoup de pays en développement : obtenir les permis de construire. Les lois ne sont ni toujours très claires ni même complètes et cohérentes, ce qui laisse aux responsables locaux beaucoup de flexibilité pour bloquer, en s’appuyant surtout sur les petits détails. Dès lors, il est presque impossible de respecter toutes les demandes et d’accepter toutes les « exigences ». La solution consiste à trouver un bon équilibre entre « être correct » et « être bien préparé », de mobiliser la pression de l'Ambassade ou d’autres partenaires privilégiés, et, parfois, oui, d'accepter les « exigences » de temps en temps. Deuxième problème : Il tenait au fait que le Gouvernement ne remboursait pas le crédit de TVA accumulé par l’entreprise pendant la phase d’investissement. Le régime fiscal avait été rendu plus attractif pour l’investissement dans cette région déclarée zone franche. Mais la décision a été reportée, avec un effet rétroactif qui a pu être partiellement contesté dans le cadre du programme global de financement des investissements par Malteurop. Une difficulté d’autant plus surprenante que Kharkov était le chef-lieu de la région du Premier ministre, où l’on s’attendait à ce que les cadres administratifs connaissent parfaitement les possibilités ouvertes par le Gouvernement... Troisième problème : Les inspections fiscales. La taxation en Ukraine est complexe et les textes de référence souvent confus, prêtant à des interprétations contraires. Malteurop a entrepris des discussions serrées, puis a dû se résoudre à saisir la justice, qui a finalement rendu des jugements favorables pour l’entreprise. Ces discussions nous ont montré l'importance attribuée aux entreprises étrangères faisant des investissements significatifs. Un mot d'avis sur les zones franches économiques: En s’installant à Kharkov, Malteurop a bénéficié, par contrat signé d’une réduction de taxes pendant une période de 6 ans. Le contrat a été invalidé par un changement de la loi avant que nous n’en ayons jamais profité. Mais, heureusement, nos business plans avaient été établis sans compter sur cette mesure. Il est parfois bien utile d’être prudent. Malteurop ne doute pas qu’il y aura encore beaucoup de difficultés, pressenties ou encore inconnues. Il est donc important de se rappeler qu’un homme averti en vaut deux... En dépit de ces difficultés: "Si c'était à refaire?" La réponse de Malteurop est sans ambiguïté : "Oui" - Précautions spécifiques : l’intégration verticale Pour la plupart des projets agroalimentaires, l’intégration verticale sera la solution pour sécuriser les approvisionnements. Il en découle quelques précautions spécifiques auxquelles il faut veiller, comme à une composante essentielle du projet. Un atelier de transformation de viande ne peut se concevoir sans le contrôle très rapproché, si ce n’est la dépendance totale, 70 des élevages de porc ou de volailles, ceux-ci entraînant à leur tour la prise de contrôle des superficies fourragères nécessaires. Lorsque le niveau de production devient élevé, l’intégration verticale n’est plus compatible avec la gestion de l’entreprise et avec ses fonctions de base. Mais la contrainte de la sécurisation des approvisionnements demeure: culture ou productions animales sous contrat, suivi des contrats, relations constantes avec les contractants sont à budgéter. Aucune activité ne peut échapper à cette nécessité, qu’il s’agisse de la laiterie ou des salaisons, de la production de semences ou de plantes aromatiques, de la fabrication de machines et d’équipements agroalimentaires ou de matériaux d’emballage. 4-3- Lancer une installation - les points clés de l’installation Maîtriser l’accès au foncier La loi ukrainienne autorise la propriété des terrains et des bâtiments industriels, à l’exclusion des terrains agricoles. Le foncier à construire peut être acquis auprès d’un vendeur ou auprès des détenteurs publics qui organisent des cessions à l’amiable ou par vente aux enchères. Il est possible d’acheter des bâtiments et de prendre en location le terrain qui les porte. Les collectivités territoriales (régions, villes) procèdent régulièrement à des reclassements des sols pour en modifier la destination. Les prix du foncier dans les grandes villes et leurs proches banlieues connaissent une envolée spectaculaire. Autour de Kiev, l’hectare de terre constructible a vu son prix multiplié par 50 en moins de dix ans ; les transactions se négocient actuellement jusqu’à 8 MUSD l’hectare. L’entrepreneur n’a donc généralement aucun intérêt à chercher un emplacement aussi convoité et préférera s’installer dans une région où seront réunis les critères de réussite de son projet (bassin de matières premières, proximité des voies de communication...). Lors de la recherche d’un terrain ou d’une installation existante, l’entreprise doit penser aux agrandissements et aux transformations ultérieures qui exigeront des superficies complémentaires. Autant que possible, il est souhaitable de maîtriser le foncier des extensions ultérieures dès le départ, éventuellement par location. Il est souvent préférable de commencer par l’achat d’une installation existante, même obsolète, qui outre l’apport immédiat de l’ensemble des autorisations d’exploitation, est fréquemment dotée d’une réserve foncière qu’il faut alors inclure dans les contrats de vente ou de location. Contacter les responsables publics locaux L’acquisition d’une entreprise est une affaire de grande importance pour les responsables publics locaux. Les contacts avec le chef du Raïon, et le gouvernorat ne sont pas de simples formalités ou des visites de courtoisie. Véritable maître des lieux, le chef du Raïon couvre tous les aspects de la vie publique : il suit les entreprises et l’emploi, la politique sociale, la santé, l’éducation, la modernisation des équipements publics, les services pour l’habitat, etc. L’arrivée d’une entreprise est une grande affaire. Elle pourra créer des emplois, mais aussi souvent en détruire pour accroître la productivité. Elle fera grimper les consommations d’eau, de chaleur et d’électricité ; elle pourra soulever des questions d’environnement... Tous les impacts possibles devront être examinés et présentés au chef de Raïon et à ses collaborateurs pour amorcer des discussions sur la façon dont l’entreprise accompagnera son projet. Ces négociations sont dans l’esprit comparable à celles qui se déroulent en France pour la création d’une zone d’aménagement concerté. Les décisions ne doivent pas être prises à la légère par 71 l’entreprise, car elles formeront le cadre conventionnel de ses obligations. Il est souvent nécessaire de faire montre de pédagogie, par exemple dans le cas où l’entreprise proposerait de doter ses collaborateurs d’une véritable assurance santé dont il faudra détailler les avantages et les faire obtenir réellement lorsque les premiers cas se présenteront. Les négociations peuvent porter sur des opérations d’aménagement urbain (par exemple modifier un réseau de chaleur ou d’eau à l’occasion de travaux sur le site de l’entreprise). Avant d’accepter, il ne faut hésiter à entreprendre une rapide étude préalable pour estimer le coût et les difficultés potentielles. Confirmer ses relations amont aval Préparés avec soin dans les phases de recherche et de négociation, les contrats de fourniture et d’approvisionnement se négociant parallèlement à l’acquisition du site de production. - Les étapes de mise en œuvre d’une construction ou d’un projet de rénovation Phase 1 : obtention des autorisations préliminaires : Le propriétaire fait une demande au bureau architectural central et aux différents services pour l’obtention de l’APZ (autorisation d’exploitation) et des conditions techniques. Il conviendra de faire des calculs préliminaires afin de déterminer les besoins techniques du bâtiment (Calcul de charge et détermination de la puissance électrique nécessaire, besoin en capacité thermique, eau chaude et froide, téléphone, incendie). Ces conditions techniques vont définir le dimensionnement du bâtiment qui sera fourni aux différentes régies ou organismes municipaux correspondants (Oblenergo qui donnera une évaluation de capacité électrique avec conditions associées, Vodokanal, services d’inspection incendie, Ukrtelecom, services des égouts-SEZ-). Toutes ces autorisations préalables et l’APZ permettent l’établissement du projet. Phase 2: Etablissement du projet « phase P » pour autorisation Le projet est un document qui contient tous les lots (structure, réseau eau chaude et froide, réseau de chauffage, réseau électrique, téléphone, réseau d’égouts, système incendie…) et qui est établi sur la base de toutes conditions techniques et de l’APZ obtenus. Il doit être établi par des bureaux d’études ayant les licences correspondantes, et prendre en compte les données obtenues lors de la phase préliminaire. Phase 3: Autorisations 1. Soumission du projet au «Gradosoviet» Avant le démarrage des demandes d’autorisations proprement dites, le projet doit être soumis au conseil du bureau architectural central appelé «Gradosoviet ». Ce conseil vérifie si les solutions architecturales proposées sont conformes aux normes et ne s’opposent pas au concept général de développement de la ville en général et de l’environnement où est situé le bâtiment en particulier. C’est en quelque sorte une première expertise du projet. Ce n’est qu’après cette étape que le projet peut être soumis à tous les autres organismes. 72 2. Autorisation La phase d’autorisation officielle auprès des différents organismes peut démarrer. Après avoir obtenu l’autorisation de chacun de ces services officiels, le projet doit revenir au bureau architectural. Le bureau architectural central « Gradosoviet » met son approbation sur le projet et l’enregistre. Le permis de construire peut alors être validé par le bureau architectural central. 3. Permis de construire Après le visa du bureau architectural central, le projet est transmis à la direction d’Etat de contrôle auprès du bureau central architectural qui délivre le permis de construire. Phase 4: Démarrage des travaux Les travaux ne peuvent en théorie démarrer qu’après l’obtention du permis de construire et l’établissement d’un projet détaillé, appelé projet d’exécution des travaux. Les sociétés qui réalisent ces travaux doivent avoir les licences correspondantes. Phase 5: Réception des travaux et mise en exploitation du bâtiment : Les entreprises établissent un dossier appelé dossier de recollement. Ce dossier est le projet mis à jour tel que les travaux ont été réalisés on tenant compte de toutes les modifications pendant la durée des travaux. Ce dossier, avec tous les actes préliminaires de réception signés par toutes les parties (le représentant du client, l’architecte, les entreprises) est transmis à chacun des services ayant fourni une autorisation lors de la réception finale des travaux. Ces services vérifient la conformité entre l’autorisation fournie, le projet et la réalité sur le terrain. Une liste de réserves est établie en cas de non-conformité. Apres la levée des réserves, les services signent l’acte final de mise en exploitation du bâtiment. Phase de clôture : Enregistrement au Bureau Central d’Inventaire (BTI). Sur la base de l’acte ou des actes de mise en exploitation, BTI vérifie de son côté la conformité des documents et fournit le passeport technique du bâtiment. Remarque : Pour le cas de l’électricité, le processus peut être en partie mené en parallèle. Le bureau d’étude assure une responsabilité particulière car il doit s’assurer de la conformité aux normes locales et satisfaire les conditions spécifiées par la société d’électricité : l’Oblenergo. L’Oblenergo a un pouvoir de spécification fort car la charge du client impacte plus ou moins fortement le réseau. Il peut être amené à demander des contreparties (parfois enlevée) dans des investissements complémentaires si l’impact sur le réseau est significatif. Le calcul de charge, et la décision d’allocation d’une capacité par l’Oblenergo à un utilisateur servent de référence au tarif de base de l’utilisateur. 73 En résumé : créer une filiale et s’implanter Le développement de la distribution en Ukraine ouvre des opportunités pour la plupart des industries alimentaires, notamment pour les produits frais (viandes, produits laitiers, fruits et légumes...) mais aussi pour les conserves et les plats préparés. Le rachat d’une unité de production existante est généralement la formule la plus rapide et la plus sûre pour bénéficier d’une première structure d’approvisionnement et de commercialisation. La création d’une entreprise agroalimentaire doit répondre à un besoin du marché intérieur. La création de marques commerciales locales renforce la position de l’entreprise et la prépare à son référencement dans la distribution. L’installation d’une filiale, ou la création d’une JV permettent de mettre les flux commerciaux à l’abri des mesures sanitaires aux frontières et d’accroître la compétitivité en économisant sur les frais d’importation. Tous les secteurs d’activité sont ouverts, de la production aux services. 74 TABLEAU COMPARATIF «SA – SARL» Société Anonyme (SA) Types de société Durée de la société Société à responsabilité limitée (SARL) SA de type ouvert (actions librement négociables) SA de type fermé (actions cessibles qu’avec l’agrément des actionnaires). Durée indéterminée (sauf stipulations particulières dans les statuts). Actionnaires/associés – personnes physiques ou morales 1 associé au minimum Actionnaires Capital social 1 actionnaire au minimum (le nombre maximum d’actionnaires n’est pas limité) (peut être créée par un associé unique (filiale 100%) à condition que la société étrangère ne soit pas elle-même créée par un associé unique) Minimum 1250 fois le montant du salaire mensuel minimum*, soit 500 000 UAH (environ 76 220 EUR) Minimum 100 fois le montant du salaire mensuel minimum*, soit 40 000 UAH (environ 6 100 EUR). Les actions peuvent être ordinaires ou privilégiées, en conformité avec les restrictions établies Les associés ne peuvent souscrire qu’à un seul type de parts. Les apports en nature sont autorisés. * le salaire mensuel minimum est de 420 Uah à compter du 1er juillet 2007 Délais de libération des apports Au moins 50% du capital social (30% pour les SA de type ouvert) doit être libéré avant la date de la tenue de l’assemblée constitutive de la société et le solde dans l’année suivant l’enregistrement. 75 Au moins 50% du capital social doit être libéré avant l’enregistrement de la société et le solde dans l’année suivant l’enregistrement. ~ 25% du capital social Fonds de réserve Affectations annuelles – 5% du bénéfice net. Organes de gestion et compétence Organe suprême Principe général de vote : proportionnellement aux parts de capital détenues par chacun des associés. Principe général de vote : une voix par action. Assemblée Générale (AG). Prise de décisions L’AG statue à la majorité des 3/4 des voix des actionnaires présents ou représentés, sur les questions importantes: - la modification des statuts, - la liquidation de la société. Les décisions sont prises à la majorité simple des voix pour les questions moins importantes. L’AG statue à la majorité simple des voix des actionnaires présents ou représentés à l’exception des décisions qui sont prises à la majorité absolue des voix (donc plus de 50%) dont disposent tous les associés de la société, qu’ils soient présents (représentés) ou non à l’AG: ► définition des grandes options de l’activité de la société, aux plans et aux rapports s’y rapportant, ► modifications des statuts de la société et du montant du capital social, ► exclusion de l’un des associés. Le transfert des parts est généralement soumis au droit d’option. Conseil de surveillance Organe facultatif si moins de 50 actionnaires. -- Direction Conseil d'Administration (CA) / Direction / Directeur (à membre unique ou collégial) Gestion courante de la société. Gestion courante de la 76 Direction / Directeur unique société. Pouvoirs Direction de la Le Président du Conseil d'Administration a des pouvoirs* très étendus pour représenter la Société Le Directeur a des pouvoirs* très étendus pour représenter la Société (*Les pouvoirs peuvent être limités dans les statuts) Commission de révision Organe interne, composé des actionnaires ou de leurs représentants: Contrôle l’activité financière et les comptes de la société. Les membres sont nommés par les associés en AG. Droits et responsabilités des actionnaires / associés Les actionnaires minoritaires ont le droit de: ► exiger la convocation d’une AG extraordinaire (à condition de détenir au moins 10% des droits de vote); ► inscrire une question à l’ordre du jour (à condition de détenir au moins 10% des droits de vote) … Audit comptes Obligatoire annuel des Approbation des comptes annuels Facultatif Les comptes annuels doivent être approuvés par l’AG. ► ► ► Liquidation de la société La responsabilité des associés est limitée au montant de leurs apports. Les associés peuvent en toute hypothèse quitter la société. ► Fin du délai pour lequel la société a été créée Sur décision de l'organe suprême de la société En vertu de décisions judiciaires Conformément aux dispositions statutaires de la société. Lors de la liquidation d’une société, une commission de liquidation est nommée par l’organe qui ordonne la liquidation. Les investisseurs étrangers doivent enregistrer leurs investissements pour bénéficier des garanties et de la protection des investissements étrangers. Investissements étrangers Compte courant Associé Une société ukrainienne est considérée comme étant à participation étrangère dès lors que les investissements étrangers représentent au moins 10% du capital social. Les investissements étrangers peuvent être réalisés sans limitation dans beaucoup de secteurs d’activités. Le contrôle des changes en vigueur ne permet pas aux associés de mettre librement des fonds à disposition de sa filiale en dehors des relations commerciales ordinaires (acompte, paiement échelonné pour des articles, travaux ou services par exemple). Il est possible de mettre en place un prêt entre un résident et 77 un non-résident avec l’accord préalable de la Banque Nationale ukrainienne. Délai – environ 10 jours. Principaux impôts et taxes applicables aux entreprises commerciales Les bénéfices des sociétés à participation étrangère sont imposés aux mêmes taux que les autres : 25%. Impôt sur les bénéfices Impôt sur les dividendes Les entreprises agricoles peuvent bénéficier de l’impôt agricole à condition de remplir les critères légaux en la matière. Les dividendes perçus et rapatriés par les investisseurs étrangers sont soumis à l’impôt sur le rapatriement à hauteur 15% pour les personnes morales, sauf dispositions particulières de convention internationale (voir Convention Franco-ukrainienne). Droits de douane et Droits d’accises – variable en fonction du type de produit TVA – 20% taux de droit commun, 0% pour l’export de biens. Impôts indirects Une réglementation spécifique s’applique en matière de TVA aux entreprises agricoles qui répondent aux critères requis. La TVA est en principe exigible sur les équipements apportés au capital social d’une société. Taxe communale : moins d’1 euro/ par employé/mois Cotisations sociales: ► à la charge de l’employeur: environ 37% du salaire brut, ► à la charge de l’employé: 3,5% du salaire brut, dont 2% environ au fonds de retraite* Impôts directs *Depuis le 1er janvier 2007, les cotisations au fonds de retraite sont calculées comme suit: un taux de 0,5% est applicable sur le montant du salaire inférieur au minimum vital officiel, et 2% - sur le montant global du salaire déduction faite du montant du minimum vital officiel. Montant du minimum vital: 561 UAH – à partir du 1er avril 2007, 568 UAH – à partir du 1er octobre 2007. Le salaire est actuellement taxé dans la limite de 8415 UAH/mois/employé. *Ce montant sera porté à 8520 UAH à compter du 1er octobre 2007. Impôt sur le revenu des personnes physiques 15% pour les résidents ukrainiens, 30% pour les non-résidents ukrainiens. 78 Principales étapes et procédures liées à la création d’une société (SARL) en Ukraine: I. Etape préliminaire: Préparation des documents concernant le fondateur de la Société dont notamment : Kbis (pour les sociétés françaises), pouvoir pour le représentant habilité, statuts pour les personnes morales de droit étranger. Rédaction des documents de la Société en formation (ci-après – «Société») et finalisation des traductions. II. Procédures d'enregistrement: 1. Signature des Statuts et du PV (comportant notamment la décision relative à la création de la Société et à la nomination du directeur) devant le notaire (1 jour). 2. Ouverture du compte provisoire auprès de l’établissement bancaire choisi, en vue de la libération (50% au minimum) du capital social de la Société (2 jours) Après l’enregistrement de la Société, il sera possible d’opérer avec plusieurs établissements bancaires. 3. Enregistrements de la Société en formation Auprès de l’Administration locale (10 jours environ) Documents à fournir: Statuts de la Société en formation Procès verbal de l'assemblée constitutive des associés de la Société Justificatif de l’adresse juridique (Contrat de location) Code d’identification du directeur Documents relatifs au fondateur étranger (y compris les traductions) Justificatif du paiement des droits d’enregistrements Justificatif de la libération du capital social (délivré par l’établissement bancaire) Divers enregistrements sont requis après l’enregistrement auprès de l’Administration locale. La mise en place d’un «guichet unique» est pratiquement en vigueur dans toutes les régions ukrainiennes. Ainsi, les enregistrements (Ministère des Statistiques, inspection fiscale et fonds sociaux) à opérer pendant la création de la Société sont progressivement gérés en « interne » par l’Administration locale. Ceci devrait permettre de diminuer les délais globaux de création d’une Société. Dans la pratique, le système n’est pas encore complètement rodé. 4. Obtention de l’autorisation en vue de l’élaboration du cachet de la Société et réalisation du cachet (3 jours environ). 5. Certification par notaire des signatures sur les cartes de signatures bancaires en vue de l’ouverture des comptes courants de la Société, ouverture des comptes courants et notification relative à l'ouverture des comptes de la Société à l'inspection fiscale (3 jours environ). III. Procédures complémentaires: 1. Accréditation de la Société auprès des douanes (une dizaine de jours) 2. Obtention du permis de travail du personnel étranger de la Société si nécessaire (un mois environ) 3. Certification des produits et obtention des licences liées aux activités de la Société 79 5 L’installation agricole en Ukraine - Créer une entreprise agricole en Ukraine ? - Pourquoi s’installer ? - L’accès au foncier -Possibilité de rachat des terres prises en location -Conséquences pour l’installation agricole -Sécuriser l’amont et l’aval -Contrôler -Je m’installe en grande culture -les conditions générales -les cultures céréalières - les oléagineux -la betterave à sucre -Je m’installe pour produire du lait -déficit en lait, irrégularité de la collecte -quel modèle laitier ? -le projet d’installation -Je m’installe pour produire de la viande -viande porcine -viande bovine -aviculture -Je m’installe pour produire du vin -Je m’installe pour produire des fruits et légumes Créer une entreprise agricole en Ukraine ? Il y a de nombreuses raisons, vu de France, pour envisager la création d’une entreprise agricole en Ukraine. Les unes tiennent à l’avenir de la politique agricole commune au-delà de 2009/2013, et à l’évolution de la compétition internationale sur les marchés de produits agricoles, les autres à des questions plus personnelles par exemple la succession de l’entreprise familiale... Les agriculteurs français ont le pressentiment d’une inéluctable diminution des aides apportées par l’Union européenne à la production agricole, au-delà de l’accord, dit de Berlin, qui gèle le système actuel jusqu’en 2009. Ils comprennent que le climat n’est pas à la hausse de ces aides, alors que le nombre de bénéficiaires augmente avec l’arrivée des nouveaux Etats membres, et que la révision de la PAC intervient sous la pression des négociations de l’OMC. L’embellie des cours mondiaux nuance leur pronostic pessimiste, mais ne semble pas en mesure de compenser le tassement du revenu net de leur entreprise, si leurs exploitations ne pouvant s’agrandir, ce qui entrainerait mécaniquement une nouvelle diminution du nombre des exploitants. Ils voient également se profiler la concurrence de grands pays producteurs, disposant d’avantages comparatifs incontestables, et n’apportant pas ou très peu d’aides à leurs agriculteurs. Le signal a été donné par l’arrivée des blés de la Mer Noire sur les marchés de la Méditerranée au tournant du 21ème siècle. L’Italie, l’Espagne, et aussi les coopératives françaises, dont ils sont membres, n’ont pu résister à des prix attractifs pour des produits 80 reconnus de bonne qualité par les instituts techniques nationaux. Ils ont alors commencé à prendre la mesure des évolutions en cours à l’Est. Des groupes d’exploitants agricoles ont visité la Bulgarie, la Roumanie, la Russie et l’Ukraine. Tous ont été ébahis par la qualité des terres noires, et par la structuration géométrique du parcellaire, pour accroître les capacités d’exploitation rationnelle du riche potentiel agronomique. Dans cet ensemble géographique, l’Ukraine bénéficie d’une appréciation particulière. La pluviométrie, même si elle reste modeste et variable, est bien adaptée aux productions céréalières ; les risques climatiques y semblent moins élevés qu’en Russie voisine. Mais, surtout, les ukrainiens ont quelque chose des Gaulois qui résistent aux romains ; ils ont des traits de caractères qui les rendent, comme leur pays tout entier, proche de la France. La découverte d’une culture fortement marquée par ses origines agricoles et rurales, où l’on aime se réunir, manger, trinquer, pêcher ensemble, est une invitation à rester et à s’installer. La découverte des agroholdings fait passer de cette approche sentimentale à une appréciation plus rationnelle de la situation agricole. En travaillant bien, avec un capital d’exploitation contenu au strict minimum, les productions céréalières peuvent procurer des marges nettes allant en 2006 de 300 à plus de 800 euros par hectare ; et ce sans subvention… Alors qu’ils se demandent comment poursuivre leur métier, comment valoriser leurs compétences, dans le cadre sécurisé mais limité de la Politique agricole commune (PAC), des agriculteurs européens regardent donc à l’étranger, vers ces terres noires d’Ukraine, présentant des potentialités encore peu exploitées. Pour les Français, cette attitude n’est pas nouvelle. Les viticulteurs l’avaient adoptée, il y a une cinquantaine d’années, lorsqu’ils comprirent que les limitations de production des vins d’AOC amputeraient les possibilités d’agrandissement de leurs vignobles. Beaucoup sont alors partis pour le « nouveau monde », avec leur savoir faire et y ont implanté des domaines, aujourd’hui source d’une sérieuse concurrence pour les vins français. Ce qui est nouveau aujourd’hui, c’est que ce mouvement touche les producteurs céréaliers, les éleveurs et leurs organisations économiques de producteurs. A ces motifs s’ajoutent les réflexions sur la reprise d’une exploitation familiale. Tantôt, le chef de famille, encore loin de la retraite, se demande comment maintenir ses enfants sur l’exploitation sans pouvoir l’agrandir, tantôt un des enfants se demande comment il pourra reprendre la succession paternelle, conserver un revenu convenable et payer à ses frères et sœurs leurs parts d’héritage. La création d’une nouvelle entité de production, dans un autre cadre géographique peut alors s’imposer comme un moyen d’accroître la taille de l’entreprise familiale, à superficie égale en France. Le raisonnement n’est pas sensiblement différent de celui d’une entreprise agroalimentaire installant une filiale de production dans un pays étranger pour y développer son marché en y valorisant son expertise. La création d’une exploitation agricole en Ukraine n’est donc pas forcement une délocalisation mais, croyons-nous, plutôt une extension du périmètre de l’entreprise. Elle permettra à l’entreprise agricole d’être armée pour affronter les marchés en ayant d’un coté des productions bénéficiant de la Politique agricole commune de l’Union européenne, et de l’autre des productions également rémunératrices, mais relevant d’une dynamique plus libérale des échanges. L’investissement dans une entreprise ukrainienne ne se fait pas au détriment des ukrainiens. Dans les nombreuses petites « fermes de la population », les ruraux âgés le plus souvent, n’ont ni les moyens, ni surtout l’envie de se lancer dans la constitution d’une plus 81 grande entreprise agricole. Ils en avaient eu la possibilité dès l’indépendance de l’Ukraine en 1991 ; ceux qui en avaient alors la volonté et la capacité ont pu constituer des entreprises remarquables. Certaines très grandes, avec plusieurs dizaines de milliers d’hectares, d’autres de taille moyenne — quelques centaines d’hectares — et des productions de niche ou à plus forte valeur ajoutée. Finalement, en installant une entreprise agricole en Ukraine, l’entreprise agricole française pourrait accroitre sa valorisation, tout en contribuant au développement économique et social des potentialités de l’Ukraine. Des patrons d’Agroholdings, conscients de la valeur des savoir faire un capital immatériel de l’entreprise agricole, sont également demandeurs de l’installation de producteurs occidentaux, pour pouvoir développer, seuls ou en association avec eux, des productions encore balbutiantes, mais promises à un bel avenir. Pourquoi s’installer ? Pour un entrepreneur agricole, il est sans doute important de se poser la question : pourquoi ne s’installerait-on pas ? En effet, les visions de la plaine ukrainienne et de ses riches tchernozioms bien irrigués naturellement meublent, sans nul doute, les rêves de bien des agriculteurs ouest-européens. De plus, le pays est agréable et généralement accueillant, les agronomes et travailleurs agricoles ukrainiens souvent qualifies et expérimentés, et le climat plus raisonnable que sous bien d’autres latitudes. Il y a certes un dépaysement, mais on peut faire (depuis Kiev) l’aller et retour de France même dans la journée, si cela était nécessaire. Alors pourquoi ne pas s’installer ? Bien sûr, il y a la hantise de la corruption, des tracasseries administratives effectivement omniprésentes, mais finalement « gérables » ; il y a la peur d’être volé dans un pays qui n’a pas toujours bonne réputation de ce coté-là (mais les moyens de contrôle existent et ne sont pas hors de portée) ; il y a les exemples, dont on a entendu parler, de tel ou tel qui y a déjà été, sans doute d’ailleurs trop tôt, voyant trop grand, et qui en est revenu bredouille après y avoir laisse quelques plumes. Mais les choses changent, et de plus pourquoi y aller tout seul alors que les agriculteurs français savent travailler en coopératives organisées ... alors pourquoi ne pas en parler au sein de votre coopérative ou s’appuyer sur des expériences et schémas similaires en Ukraine. D’ailleurs, les investissements dans l’agriculture ukrainienne ont été en 2007 plus forts et importants que jamais. Les choses bougent. C’est, croyons-nous, le moment pour ceux qui voudraient prendre le bon wagon du bon train. L’accès au foncier. Un des grands avantages offerts aujourd’hui (mais pour combien de temps encore ?) par l’agriculture ukrainienne est un accès au foncier assez facile, rapide, et encore peu onéreux. Bien sûr ce, n’est plus le cas partout en Ukraine, car les meilleurs tchernozioms sont souvent déjà occupes, mais c’est encore vrai de façon générale et sur des terres de très bonne qualité moyenne. Le système actuel est assez simple. Les terres agricoles ne pouvant être vendues, ni aux étrangers ni entre Ukrainiens, des droits sur leur exploitation ont été donnés après la liquidation des kolkhozes en l’an 2000 à chaque ancien « kolkhozien ». Ces droits, appelés «pailles », sont mentionnés dans un acte ayant tous les aspects d’un titre de propriété, mais 82 limité, par l’interdiction de vendre, à un droit d’exploiter la parcelle attribuée34. Le droit d’exploitation est cessible au moyen d’un contrat de location, d’une durée maximale de 49 ans. Il peut donner lieu à sous-location, à l’initiative du premier locataire, avec l’accord de l’attributaire. Il est relativement facile pour un agriculteur européen après avoir constitué sa propre société, personne morale en Ukraine, de signer des contrats de location de terre à l’endroit qu’il aura choisi comme propice aux cultures qu’il veut conduire. Avant de démarcher les attributaires de pailles, le premier pas consiste à aller voir le chef du village local (« Golova ») et le chef de l’administration du district (« RayDerjAdministratie »), et leur entourage, dans n’importe quel ordre car ils ne peuvent décider qu’ensemble. En effet, le « Golova », tel le maire d’un village français, représente les intérêts de ses administrés ; et le chef du Raïon (« RaïDerjAdministratsii ») représente l’Administration Centrale qui gère encore beaucoup de terres d’Etat, ainsi que les parcelles non attribuées ou relevant de la succession d’attributaires décédés ou disparus. Les parcelles étant entremêlées, il est important que les deux responsables locaux s’entendent pour confier l’exploitation au demandeur étranger. Mais un projet bien conçu, permettant d’accroître la production, respectueux des droits des habitants, et générateur de développement local, reçoit assez facilement l’accord des deux parties. Il faut toutefois prendre le temps de comprendre leurs intérêts croisés. Et il faut bien savoir que, même si théoriquement un responsable administratif n’a pas le droit de gérer une activité commerciale, rien ne l’interdit aux membres de sa famille… Ensuite, il faut préparer les contrats pour chaque « paille » (le plus souvent conformes au contrat-type en vigueur). Il faut en réunir environ un millier pour cultiver 3,000 hectares. Le contrat-type35, offre plusieurs options : durée du bail (théoriquement possible jusqu’a 49 ans, mais pratiquement accepté pour une dizaine d’années sur les terres moyennes, et souvent pour trois ans sur les très bonnes terres les plus courtisées) ; qui paye les taxes foncières (bien sûr, l’administration insistera pour que vous les preniez en charge de façon a s’assurer du bon paiement de redevances, faibles, mais qui restent souvent impayées par les détenteurs des droits d’exploitation), possibilité de sous-location ou non, enregistrement devant un notaire ou non, etc. Le loyer annuel est généralement fixé au minimum légal, soit 1,5% de la valeur vénale attribuée à ces terres selon les classements effectués lors de l’attribution et de l’enregistrement des pailles. En pratique, il est compris entre 20 et 35 USD par hectare, payable annuellement après la récolte pour les privés (éventuellement en nature), et mensuellement pour les terres d’Etat. Si les terres n’ont pas été travaillées depuis longtemps, il est possible d’obtenir une progressivité sur 2 ou 3 ans du paiement de ce loyer annuel (par exemple 35% la première année, 70% la seconde et 100% la troisième)36. 34 Les terres qui n’ont pas été attribuées en « paille » à des paysans restent la propriété de l’Etat (GosKomReserv) ou des collectivités. L’usage agricole des terres peut être modifié dans des conditions particulières, notamment pour la construction de bâtiments d’exploitation industrielle ou de logements. L’aliénation de terres du domaine de l’Etat relève d’une décision du GosKomReserv avec accord de la Rada et du Cabinet des ministres. 35 Voir le modèle de bail en annexe. Il faut être attentif aux travaux d’améliorations foncières effectués par un locataire sortant qui pourrait en exiger une compensation par une soulte à discuter. 36 83 Le candidat à la création d’une entreprise agricole en Ukraine doit impérativement avoir recours à une expertise juridique pour que son projet réponde aux exigences et la technicité du droit foncier agricole ukrainien Possibilité de rachat des terres prises en location Même si c’est un sujet tabou, à tel point qu’il est interdit de l’évoquer dans la rédaction du contrat de location sous peine de son annulation, le rachat des terres louées est sur toutes les lèvres. On peut penser que le titulaire d’un contrat de location de longue durée sera le mieux à même de racheter les terres lorsque leur « privatisation » en sera rendue possible. La Loi sur la Privatisation des Terres Agricoles, votée par la Rada peu de temps après l’indépendance, reporte en effet la possibilité de les vendre à l’expiration d’un moratoire, plusieurs fois prorogé, et dont le terme est actuellement fixé au 31 décembre 2007. Mais la suppression du moratoire, pourtant votée par la Rada fin 2006, ne fait pas l’unanimité. Plus l’échéance se rapproche, et plus les « Landerneau » locaux s’agitent sur cette question. Déjà, la possibilité d’une prochaine ouverture du marché des terres agricoles rend les contrats de location de très longue durée plus difficiles à conclure. Beaucoup se demandent si l’Ukraine est vraiment prête pour un tel changement ; si elle pourra en supporter les conséquences sociales encore mal appréhendées, avec un inévitable bradage de la terre aux gros investisseurs et une amplification de l’exode rural au delà des capacités d’emploi urbain. De nombreux entrepreneurs agricoles ukrainiens s’opposent à une levée rapide du moratoire, en estimant prioritaire de mobiliser les ressources disponibles en capital, alors que le crédit est peu adapté et cher, pour reconstituer les bases techniques d’une mise en valeur rationnelle du potentiel agricole. Ils ajoutent que le nombre des bons gestionnaires, à cette échelle d’exploitation, est limité et ne permettra ni la mise en place de crédits hypothécaires fonciers, ni le développement d’un marché plus « vertueux » que celui des locations. D’autres au contraire, souhaitent sortir rapidement du moratoire pour encourager une économie libérale de l’acquisition foncière. La perspective d’une libéralisation foncière, est à l’origine d’une véritable « ruée vers l’or vert » de la part des nouveaux entrepreneurs agricoles ou des spéculateurs ukrainiens, mais aussi de nombreux agriculteurs occidentaux qui cherchent à louer des terres et à venir travailler en Ukraine. La « question de la terre » mobilisera les députés de la Rada, élus le 30 septembre 2007, car on estime que l’Ukraine devrait adopter une bonne trentaine de lois complexes pour permettre de lever le moratoire en vigueur. Certaines porteront sur l’enregistrement des baux et le fonctionnement d’un véritable cadastre37, d’autres sur la légalisation des échanges qui ont pu permettre certaines appropriations38. Les spéculateurs espèrent revendre beaucoup plus cher les terres bradées par les détenteurs de pailles, une population vieillissante et peu payée, qui pourrait être sensible aux quelques centaines de dollars procurés par la cession définitive de leurs droits, même si leurs héritiers ont des points de vue différents. 37 Il existe un embryon de cadastre agricole en Ukraine. Mais les cartographies des pailles et des « pailles » n’ont pas encore un véritable statut cadastral. La pratique des baux qui prévaut depuis l’indépendance devrait conduire à un enregistrement du type livre foncier, comme en Alsace Lorraine ou dans d’autres pays européens 38 La loi ukrainienne permet d’échanger des pailles contre d’autres biens immobiliers. Le législateur devra décider de la légalité des opérations effectuées par les sociétés constituées pour tirer parti de cette disposition 84 Enfin, il n’est pas exclu que le législateur s’inspire des dispositions de la loi foncière de la Fédération de Russie. La culture populaire considère la terre comme un « don de Dieu fait aux hommes pour qu’ils l’exploitent ». La libéralisation du marche foncier, une des réformes les plus emblématiques du passage à une économie libérale, pourrait s’accompagner d’une déclaration solennelle de la valeur patrimoniale de la terre d’Ukraine, de son statut de première ressource et richesse du pays, avec en corollaire, une interdiction faite aux étrangers d’être propriétaires agricoles. Conséquences pour l’installation agricole Pour le foncier, le régime est donc celui de la location, tandis que pour le capital d’exploitation, hors foncier, c’est celui de la pleine propriété. Les baux présentent une réelle garantie pour l’utilisation de la terre. Les détenteurs des pailles savent qu’ils ne pourront pas facilement la vendre, s’ils ont contracté un bail avec un exploitant agricole. C’est une des raisons pour lesquelles ils ne veulent plus aujourd’hui consentir des baux à dix ou quinze ans comme ils le faisaient il y a encore peu de temps. Il est frappant pour un observateur occidental de constater que les débats, souvent passionnés sur la vente des terres agricoles ne sont pas argumentés par une vision, à la fois économique, politique et sociale, de l’évolution de la démographie agricole et des structures agraires, susceptible de dégager un revenu convenable. La taille des structures agricoles ne se définit que par les logiques d’entreprise, avec leurs capacités d’investissement comme premier facteur déterminant. La première conséquence de cette situation pour un candidat à l’installation est donc qu’il devra concevoir un projet d’emblée rentable, sans aides externes, rémunérant l’investissement et prévoyant la mise de fonds pour assurer le fonctionnement de l’entreprise pendant l’année qui sépare les premières façons culturales de la première vente des récoltes. Les difficultés et les incertitudes sur la levée du moratoire ne sont pas rédhibitoires. « En Ukraine on trouve des solutions à tout ». C’est une autre similitude avec la France, presque la traduction de l’expression « impossible n’est pas français ». Même si les conditions finales précises de la privatisation foncière excluaient la propriété directe par des étrangers, il est peu probable que leurs baux soient contestés, et il pourrait leur être possible de faire acquérir les titres de propriété par leurs sociétés de droit ukrainien. L’investissement agricole restera donc intéressant pour les investisseurs étrangers. Sécuriser l’amont et l’aval L’exploitant nouvellement implanté a tout intérêt à passer des contrats de production avec les grands groupes occidentaux implantés en Ukraine. Il fera l’économie d’un temps sérieux et recevra des intrants de qualité, au bon moment, avec généralement un préfinancement jusqu’à la récolte. Le montant des avances en culture en serait déduit de la valeur de la livraison. Ces contrats peuvent être exclusifs pour la totalité de la production espérée, mais peuvent aussi porter sur une partie de la récolte, le surplus pouvant être librement commercialisé auprès des opérateurs locaux, également à la recherche de matières premières. 85 Contrôler L’agriculteur français implanté en Ukraine devra, comme tous les autres entrepreneurs, comme les ukrainiens eux-mêmes, contrôler systématiquement toutes les opérations de gestion techniques et comptables. C’est un art délicat : Il ne faut en aucun cas mettre en doute la confiance dans les relations de travail avec les cadres et les personnels locaux. Mais il faut, dès le début des opérations, instituer des procédures de vérification de l’exécution des tâches, avec tout le détail nécessaire pour éviter le coulage et les approximations et pour avoir une parfaite connaissance des solutions dictées par le système D, auxquelles il est souvent nécessaire d’avoir recours. Il faut réduire au maximum les possibilités de vol, dans les stocks en particulier, en équipant de serrures tous les dépôts de matériel, de consommables ou de stockage des récoltes, et en instituant des procédures d’accès aux clés et d’enregistrement des mouvements. Il faut être intransigeant en cas de vol, de fraude, de non respect des règles établies et expliquées, avec avertissement solennel et menace de renvoi, ou renvoi avec mention du motif sur la carte de travail. En contrepartie, l’exploitant mettra en place une politique sociale, souvent inexistante, et en expliquera le fonctionnement et les avantages. Cette vigilance s’applique en premier lieu au personnel de l’exploitation mais aussi aux sociétés de service (Laboratoire, acheteurs et fournisseurs...). Quant aux relations avec les responsables publics, elles doivent d’abord être centrées sur la réglementation, et il n’est pas inconvenant de demander la fourniture des textes au nom desquels ils réclament des paiements complémentaires. Les parcelles bien cultivées des fermes de la population (ogorod), entourées des grandes parcelles d’une entreprise agricole (photo prise du sommet du silo de la malterie du groupe Soufflet à Slavouta). 86 Je m’installe en grandes cultures Les conditions générales Sur quelle surface faut-il s’installer ? En Ukraine, il faut voir grand. Bien sur, à moins d’être épaulé par une association et/ ou une équipe très sérieuse, il ne faut pas se perdre dans des exploitations de 20,000 ou de 30,000 ha difficiles à contrôler, en tout cas pas de prime abord ; avec un tel accès à la terre, la folie des grandeurs vient vite! Mais si il ne faut pas voir trop grand, il ne faut pas non plus avoir une vision trop limitée et se limiter à comparer les superficies, sans les remettre dans leur contexte : un millier d’hectares parait très grand au regard de la centaine d’hectares des exploitations françaises, mais ne représente que 20 à 30 % de la surface des anciennes fermes collectives. La mise en culture exigera des matériels modernes dont l’amortissement sera d’autant plus rapide qu’ils seront employés sur des surfaces assez grandes, avec des productivités de deux à cinq fois supérieures à celles que permet, en moyenne, le parcellaire français. La nécessité de défricher des terres non cultivées depuis plusieurs années, exigera les matériels puissants accroissant le montant de l’investissement de départ. Le bon compromis dépend de l’orientation donnée à l’exploitation. En production végétale, la superficie sera comprise entre 3 000 ha et 10 000 ha ; la superficie sera inférieure en production laitière, mais comparable pour un élevage porcin. Pour bien gérer un domaine aussi vaste, il sera préférable de se grouper à trois ou quatre agriculteurs amis capables de se relayer plutôt que de se lancer en solitaire. Approvisionnement En amont, l’agriculture ukrainienne moderne réserve plutôt de bonnes surprises : le matériel technique, du plus simple au plus sophistiqué est disponible chez les revendeurs, et peut être importé, neuf ou d’occasion, en respectant les procédures de certification en vigueur39. Toutes les grandes marques d’agroéquipements sont représentées par des distributeurs sérieux et les prix sont voisins de ceux de l’Europe de l’Ouest (avec un avantage lié au niveau record de l’euro face au dollar, monnaie dans laquelle les prix dont généralement exprimés). Les meilleurs semenciers mondiaux sont présents en Ukraine, avec des prix adaptés au marché ukrainien. Les semenciers français sont bien représentés (Limagrain, Euralis et sa filiale ukrainienne Cherlis, Mais Adour, etc.). Les engrais sont abondants40. Toutes les grandes sociétés de produits phytosanitaires (Syngenta, Bayer, Dupont,...) sont représentées en Ukraine et y ont fait enregistrer leurs produits, disponibles parfois sous d’autres appellations avec les mêmes molécules actives. Il y a également un marché en plein développement de produits génériques importés notamment de Chine. 39 Voir le chapitre consacré aux agroéquipements. A noter que les bonnes relations établies avec le Centre technique du machinisme agricole de Doslienistkogo facilitent grandement la certification et le dédouanement. 40 Les prix devraient toutefois se rapprocher des prix pratiqués en Europe en raison du l’alignement progressif sur le cours mondial du prix du gaz russe qui alimente les grands complexes chimiques 87 Mais, à la différence de la situation de sécurité des approvisionnements en France, la couverture des besoins aux dates requises exige une vigilante attention. Il y a très peu de services intégrés de fourniture et livraison des consommables. La maîtrise de la chaîne logistique prend beaucoup de temps, en discussions avec les camionneurs, les revendeurs, etc. Les grands de l’agrofourniture et quelques sociétés (Agrimatko, Amako, Green express, etc.) proposent des prestations complètes, parfois assorties de prêts de campagne. A chaque fois que cela sera possible il est encore plus intéressant de contractualiser ses approvisionnements avec les entreprises occidentales dont les entreprises françaises implantées en Ukraine (Soufflet Agriculture, Desnagrain/ Champagnes Céréales, etc.). Commercialisation A l’aval de la production, la maîtrise de la commercialisation est essentielle car elle sécurise les recettes d’exploitation. Sauf à aimer le risque et le jeu, il est préférable de traiter avec les sociétés occidentales dont c’est le métier. Le choix est finalement vaste, avec les sociétés françaises (Soufflet Négoce, Louis Dreyfus Négoce etc.) et d’autres sociétés occidentales (Cargill, Toepfer, Glencore, Nidera, etc.). Il est également possible de faire confiance au silo local, ou à des opérateurs privés, mais en se donnant le temps d’apprécier la régularité de leurs méthodes de travail. Les cultures céréalières Contractualisation Les deux malteurs français implantés en Ukraine (Soufflet et Malteurop) produiront en 2008 environ 400 000 tonnes de malt, soit plus de 50 % de la consommation par les brasseries et les autres industries alimentaires. Ils recherchent des orges répondant à leurs cahiers des charges, et sont les premiers intéressés à l’installation de producteurs fiables. Malteurop, filiale de Champagne Céréales s’est doté d’une entreprise agricole spécifique (Desnagrain) et monte progressivement, dans un cadre interprofessionnel un fonds de soutien pour l’installation d’exploitants français en Ukraine. Le groupe Soufflet a mis en place en 2007 une filiale Soufflet Agriculture, pour soutenir la production aussi bien d’exploitants locaux qu’étrangers. Soufflet peut mobiliser sa filiale de négoce, et sa nouvelle co-entreprise avec une compagnie australienne (Australian Barley Board) pour écouler sur les marchés d’exportation les grains ne rentrant pas dans sa filière de production de malt. Dans le même but, Champagne Céréales diversifie ses activités et ses contrats de transformation. Ces deux opérateurs, par exemple, par leur taille, leur forte implantation peuvent mettre à la disposition des producteurs agricoles installés en Ukraine un savoir faire, et une expertise des relations professionnelles longue à acquérir, surtout pour un nouvel arrivant, ne maîtrisant pas — encore— la langue et les subtilités ukrainiennes. Choix des variétés Le choix des variétés sera donc dicté par les contrats de production, notamment pour les orges de brasserie, mais aussi pour les blés meuniers, dont la qualité n’est pas aussi bonne que le souhaiterait la majorité des minotiers, des boulangeries industrielles, voire des exportateurs pour répondre plus facilement aux exigences de leurs clients internationaux. Les variétés de maïs des sociétés françaises sont particulièrement réputées pour leur potentiel de rendement, et plusieurs grands obtenteurs et multiplicateurs locaux les proposent, à coté de variétés ukrainiennes qui ne sont pas à rejeter. 88 Techniques culturales Les itinéraires techniques en grande culture sont du type « No Till » (mot devenu désormais ukrainien), ou dans le vocabulaire français « travail minimum du sol ». Dans les terres noires depuis plusieurs années à l’abandon, un labour pourra être envisagé, mais l’utilisation des outils à dents, avec disques et rouleau viendra également à bout des irrégularités de surface et de la suppression de la flore adventice. La lutte contre les mauvaises herbes mobilisera soit les méthodes chimiques (glyphosate) soit les méthodes de l’agriculture organique (traduction du terme anglo-saxon, repris par la langue ukrainienne). Si les premières années de la mise en valeur peuvent appeler un travail de préparation des sols, en routine, la production des grandes cultures passe par le semis direct combiné avec la fertilisation et l’épandage de produits phytosanitaires localisés. Le parc de matériel doit être limité à ces opérations essentielles. La récolte peut faire appel soit aux matériels anciens de l’ancienne ferme collective, après remise en état par les (remarquables) mécaniciens locaux, soit confiés pour partie à l’entreprise, mais en conservant toujours une veille très active sur sa disponibilité au moment voulu. Les oléagineux Contractualisation L’Ukraine, devenu le premier exportateur mondial de graines et d’huile de tournesol, dispose de nombreuses structures pour la contractualisation. Mais l’abondance de la production, malgré la légère baisse enregistrée pour la campagne 2006 2007, ne permet pas la négociation de contrats comme avec les malteurs. Il faut donc plus que pour toute autre culture, être dans le marché et contrôler les coûts et les dates de commercialisation. Choix des variétés Pratiquement toutes les semences de tournesol sont disponibles avec des rendements en huile de plus de 45 %. Pour le soja l’offre nationale est abondante et de qualité (variété Aniouchka par exemple de Sojievii Viek); à noter que les variétés transgéniques de soja bien que leur mise en culture ne soit légalement pas possible, représentent près de 60 % de la sole. Le colza, d’introduction récente en grande culture, est dominé par la génétique étrangère, et il paraît préférable d’y faire appel plutôt que de rechercher dès le début de son installation à valoriser ses propres semences de ferme. Techniques culturales Les itinéraires techniques sont voisins de ceux des autres grandes productions végétales. Dans les terres de steppe faiblement arrosées, l’irrigation est nécessaire pour assurer le rendement. Les matériels d’origine soviétiques du type asperseurs mobile en ligne ou tournant, sont assez facilement remis en état, et peuvent fonctionner avec un petit tracteur de récupération. Il convient de vérifier les droits d’eau et les conditions d’accès à la ressource (alimentation des canaux portés, ou des conduites enterrées) ; la présence de prises d’eau dans les parcelles ne signifiant pas nécessairement qu’elles seront alimentées au moment voulu. 89 La betterave à sucre Contractualisation Le conseil que l’on peut donc donner à l’agriculteur qui souhaiterait s’implanter et cultiver la betterave sucrière en Ukraine est de bien analyser auparavant son marché et s’assurer de la présence pas trop lointaine d’un acheteur d’une certaine qualité. Beaucoup de terres ukrainiennes sont en effet des terres à betterave « idéales », mais le problème est bien plus de savoir à quelle distance pourrait bien se trouver l’acheteur lui aussi « idéal »...Le tableau de l’industrie sucrière esquissé dans la partie précédente laisse penser que les restructurations en cours devraient profondément modifier les relations entre les producteurs de betterave et les usines, à l’instar de la politique menée par le groupe ukrainien Roshen dans la région de Vinnitsa. L’industrie européenne devrait être amenée à se développer en Ukraine en associant le marché du sucre et celui, en cours de formation, de l’éthanol. Variétés et Techniques culturales La science agricole soviétique s’est beaucoup intéressée à la culture betteravière, sans disposer des variétés issues de la sélection génétique occidentale. Il semble raisonnable de prendre connaissance de ces travaux souvent remarquables avant de se lancer dans la production par transposition des méthodes qui ont fait leurs preuves en Europe. Les matériels doivent permettre de maîtriser les deux principales étapes des itinéraires techniques : le semis des petites graines monogermes et l’arrachage, immédiatement suivi du transfert de la récolte à l’usine. Je m’installe pour produire du lait Déficit en lait, irrégularité de la collecte L’Union des entreprises laitières d’Ukraine s’attend à une augmentation du prix du lait. Trois facteurs poussent à la montée des prix. La sécheresse 2007 qui laisse prévoir une alimentation hivernale plus faible, l’amorce de la décroissance saisonnière de la production, et enfin une demande mondiale dynamique pour les produits laitiers. La saisonnalité et le défaut de qualité sont des handicaps pour les industriels mais aussi pour les producteurs dont les recettes manquent de régularité. saisonnalité de la production laitière trimestre production 1 16,6 % 2 30,9 % 3 29,6 % 4 23,9 % supérieure première seconde Non classé 24 ,3 % 67,7 % 6,6 % 1,4 :% Source : Union des industries laitières Qualité du lait Niveau de qualité Source : Union des industries laitières 90 L’Ukraine a le plus grand besoin d’une politique de long terme pour redresser la situation de l’élevage laitier. Un programme en cours de définition vise à porter la collecte de 13,3 millions de tonnes actuellement à 20 millions de tonnes en 2015, avec parallèlement une progression des laits de qualité supérieure de 24,3 % à 80 % de la collecte. Quel modèle laitier ? Les grandes entreprises plaident pour un recours accru aux entreprises agricoles et invitent les pouvoirs publics à leur réserver des moyens financiers incitatifs et les rendre disponibles. L’exploitation « Agro Soyouz », dans la région de Dniepropetrovsk, préconise la création d’un « fleuve de lait » (molotchna reka) sur le modèle industriel qu’elle a mis en place depuis quelques années, en réunissant les technologies de pointe qu’elle diffuse par son centre de formation professionnelle. Le troupeau de 1 800 laitières fournit quotidiennement plus de 35 tonnes de lait et permettrait de dégager une rentabilité nette de 25%. Agro Soyouz préconise une politique commerciale opportuniste pour l’achat au meilleur prix de l’alimentation et des compléments alimentaires, même si cela entraîne la disparition des petites exploitations, plus productives, et surtout indispensables pour la survie —si ce n’est le développement— des villages. Selon certains experts, la taille optimale des troupeaux devrait être comprise entre 400 et 2000 vaches en production. Les représentants des associations de producteurs, comme l’association des fermiers privés, réclament une politique moins ultra libérale, et suggèrent de constituer des coopératives de collecte et d’élevage, ou de renforcer les partenariats contractuels entre les laiteries et les producteurs. Les industriels laitiers—ukrainiens et occidentaux—sont très préoccupés par la rareté du lait et par sa faible qualité. Ils ont déjà mis en place des politiques d’amélioration de la collecte, avec l’installation de tanks réfrigérés, la rémunération d’un agent chargé d’effectuer les premiers contrôles d’hygiène et de qualité. Certains industriels ont repris des laiteries locales pour les transformer en point de collecte. Mais sur un marché tendu, les prix payés aux producteurs sont en hausse sans que cela entraîne un accroissement sensible de la collecte et de la qualité. Les laiteries sont donc prêtes à accompagner l’installation de producteurs de lait expérimentés. Le projet d’installation Le projet d’installation d’une exploitation laitière peut donc trouver auprès des industriels laitiers une sécurisation de ses ventes. L’exploitant nouvellement installé pourra se concentrer sur l’amélioration des productions fourragères, en ayant notamment recours à l’association Ray Grass trèfle blanc, mais aussi au maïs et éventuellement à la luzerne. Il est raisonnable de viser une moyenne d’étable de 6 à 7 000 litres, générant une recette annuelle de l’ordre de 10 000 grivnas par tête (1 500 euros). Le chargement doit pouvoir atteindre 0,6 UGB/ha. Avec des charges de mise en culture oscillant entre 250 et 300 euros par hectare, et en comptant 2 UGB/laitière en production, la marge d’exploitation est comprise entre 150 et 250 euros par hectare. Ainsi, en 2007, une exploitation d’un millier d’hectares et de 300 laitières doit pouvoir dégager une marge annuelle de 200 à 250 000 euros41. 41 Cette approche grossière est destinée à donner un ordre de grandeur des coûts et des recettes. Un projet doit évidemment faire l’objet d’une étude économique complète, en passant en revue tous les postes de dépenses et les conditions d’accès aux intrants 91 Le prix rendu en Ukraine d’une laitière à haute performance est de l’ordre de 3 000 euros (achat, frais de transports, de quarantaine, de certification et de contrôle sanitaire, etc.). Le prix peut sans doute être abaissé par des éleveurs en utilisant leur propre troupeau français pour constituer leur cheptel. Avec le matériel nécessaire, l’investissement de démarrage est de l’ordre de 1 à 1,5 millions d’euros, récupéré en 4 ou 5 ans. Il est également possible, et préférable pour réduire la mise de fonds initiale, de démarrer avec des laitières locales. Un éleveur expérimenté saura sélectionner les animaux et les mettre rapidement dans de meilleures conditions d’élevage (contrôle sanitaire et entretien des animaux, rééquilibrage des rations alimentaires, allotement par niveau de performance, introduction de semences bovines pour l’amélioration génétique...). L’installation laitière pourrait passer par une collaboration avec l’un des quatre groupes laitiers français implantés en Ukraine. Ils sont ouverts pour participer à la mise au point de plans d’installation et de développement. Selon les cas, ils pourront apporter des garanties d’achat, faciliter la mise en place des équipements de traite et de réfrigération, soutenir la constitution ou le renouvellement du troupeau... Une bonne formule pour l’installation consiste à se réunir à trois ou quatre exploitants pour créer un élevage laitier sur deux ou trois mille hectares, afin d’assurer, par rotation entre associés, la présence constante d’un producteur expérimenté. Le respect des rotations conduira à la production de céréales (blé, orge) et de crucifères (surtout colza) dont la vente pourra être contractualisée avec les grands groupes occidentaux céréaliers et de négoce, notamment les français bien représentés. Je m’installe pour produire de la viande La rentabilité de la production de viande est plus difficile à cerner. Le marché des viandes reste « gris », avec des flux d’importations complexes. Les besoins sont importants avec un déficit national de l’ordre de 170 000 tonnes, toutes viandes confondues, sans anticiper sur une reprise de la consommation que pourrait induire la croissance du PIB. Les situations au regard d’une installation agricole sont différentes selon les productions. Viande porcine : Les importations importantes de reproducteurs en 2005 et 2006 ont accentué le déséquilibre entre les capacités de transformation et celles des élevages42. La maîtrise de l’élevage est loin d’être satisfaisante, malgré les indéniables progrès liés à la diffusion des méthodes européennes (danoises, allemandes, néerlandaises et françaises). L’efficience alimentaire, notamment au cours des phases critiques du sevrage et du post sevrage, pâtit des faiblesses de l’industrie de l’alimentation animale et de l’absence de structures techniques et de conseil. Mais le maillon le plus faible de la chaîne porcine est sans doute la découpe, la transformation et le conditionnement pour la distribution ou l’exportation. Le système de soutien à la production porcine privilégie l’élevage au détriment de l’aval, dont les capacités de financement sont limitées. Contrairement aux grandes productions végétales ou la contractualisation est largement offerte aux candidats à l’installation, le secteur des viandes porcines impose une intégration verticale avec un transformateur disposant d’un accès 42 Il n’y pas d’importateur de porcelets malgré la baisse des cours européens consécutive à la hausse des céréales. 92 privilégié à la distribution. Deux possibilités s’offrent ainsi aux éleveurs étrangers intéressés par ce secteur. Ils peuvent intégrer une groupe ukrainien (ou russo-ukrainien) à la recherche de spécialistes de haut niveau, ayant une expérience professionnelle de plusieurs années dans la production industrielle de porcs (bonne connaissance de sa conduite, du contrôle de l’alimentation, de la gestion des maternités et des phases critiques de la mise à l’engrais...). Le contrat peut, soit se limiter à une embauche avec un statut de salarié, soit prévoir un système d’intéressement aux résultats, et éventuellement une participation au capital en formation. Ils peuvent s’inscrire dans les projets de certains groupes alimentaires français ou autres, préparant une implantation industrielle et qui sont dans l’obligation de sécuriser leurs approvisionnements, en volume et en qualité. Ces investisseurs ont donc besoin d’élevages bien maîtrisés, pouvant faire la preuve du respect des normes en vigueur dans l’Union européenne afin de proposer au marché ukrainien de la distribution ou du « cattering » des produits pouvant engager leurs marques commerciales. Malgré ces contraintes, il faut souligner aussi que tous les intrants de la filière porcine française sont disponibles ou représentés en Ukraine (Glon-Sanders, Evialis, Cooperl, IMV, Couedic-Madoré, etc.). Dans le contexte actuel, il est déconseillé d’envisager toute installation individuelle, sans l’une ou l’autre de ces deux formes d’association ou d’intégration. Viande bovine : L’Ukraine procédera inéluctablement à une relance de sa production de viande bovine. Sa consommation, même si elle est principalement faite de charcuteries et de viandes bouillies peu exigeantes en matière de découpe, devrait s’affiner avec les grillades, dans la tradition des « chachliks », brochettes de viandes marinées. Il peut donc y avoir un intérêt à anticiper cette évolution de la consommation, en préparant des projets dont les premiers résultats prendront les trois ou quatre ans qui séparent, biologiquement, la mise en place d’un troupeau et la vente des premiers broutards. Mais la charge financière est lourde et il est peu probable qu’un projet puisse s’autofinancer, sauf sur des marchés de niche, relativement limités, et déjà partiellement occupés (Production de bœuf Angus pour la restauration et l’épicerie fine, production des viandes des réseaux de restauration rapide). Pour réduire l’apport initial de capitaux, le développement d’une production de viande bovine passe par la valorisation des sous produits de l’élevage laitier. Les plus médiocres des races mixtes utilisées dans la production laitière devraient être converties en mère pour un croisement avec des races à viande de bon potentiel, sans être des animaux d’élite. Il faut imaginer la mise en place d’un noyau de vaches allaitantes, conduit en race pure pour accroître rapidement le nombre des mères de bonne conformation, et disposer de jeunes mâles pour l’insémination naturelle des vaches de race locale. En terme de production, le même résultat pourrait vraisemblablement être obtenu en substituant au troupeau, en totalité ou partiellement, des animaux de race mixte, la Montbéliarde par exemple, mais avec un coût capitalistique accessible uniquement à des entreprises déjà bien installées et donc locales 93 (c’est un créneau pour l’exportation des entreprises ukrainiennes, mais pas pour l’installation d’exploitants étrangers), sauf dans le cadre d’une production à développer après une installation laitière réussie. Pour préparer une production de viande, il paraît donc préférable d’associer à un groupe de producteurs laitiers, comme évoqué plus haut, un éleveur de vaches allaitantes, qui préparera une arrivée progressive sur le marché, en travaillant les veaux mâles du troupeau laitier pour améliorer leur rendement de carcasse, et en initiant des croisements industriels par insémination artificielle des laitières aux plus faibles performances. Aviculture : La production du poulet de chair ordinaire sature le marché ukrainien. L’analyse des opportunités dans ce secteur est comparable à celle qui s’applique à la production porcine : création d’une entreprise à forte intégration verticale, proposant des produits sous ses marques commerciales, nouvelles ou déjà utilisées sur ses marchés européens, avec la double possibilité de concurrencer les producteurs locaux grâce à une plus grande efficience, et de maintenir ses parts sur les marchés du Moyen Orient, où l’industrie ukrainienne envisage de commercialiser ses excédents. C’est donc d’abord une opportunité pour les grands groupes avicoles européens qui pourraient y trouver pour partie une solution à la crise structurelle dans laquelle ils sont depuis plusieurs années. Il existe toutefois des marchés de niche accessibles à des producteurs individuels. La production de foie gras approche la saturation si l’on tient compte des rythmes de croissance des quelques unités de production en place en Ukraine (Foie Gras, groupe Mironovski...). La segmentation du marché des produits carnés à base de volaille va induire des possibilités de développement pour les produits sous label (mais l’Ukraine n’a pas encore de législation et de réglementation dans ce domaine), ou pour les productions assurées par les petites fermes et qui devraient décliner avec la baisse des actifs agricoles, comme la dinde, la pintade, les canards (mulard et Barbarie), le faisan, la perdrix...Mais pour réussir, ces produits devront être élaborés, prêts à cuire, voire précuits ou incorporés dans des plats sous vide (ou éventuellement congelés). Je m’installe pour produire du vin Même si le vin n’est qu’une « goutte d’eau dans l’océan des alcools forts », l’Ukraine est un pays de tradition viticole. Elle compte trois zones principales de production. La Crimée, la région qui s’étend d’Odessa au Danube, et enfin les Carpates, chacune ayant ses typicités : les vins de dessert pour la première, le vins de table pour la seconde et enfin des vins rappelant ceux de Hongrie pour la dernière. Mais ces caractères régionaux sont masqués par la diversité des gammes élaborées par les usines de vin (vinniy zavod), implantées dans ces régions ou dans des régions non viticoles, et travaillant des moûts provenant des vignes ukrainiennes et surtout de l’importation en provenance de Moldavie ou de l’Union européenne. Au-delà de la lancinante question de l’usurpation des appellations, les pratiques industrielles valorisent peu les terroirs et le consommateur doute de la qualité. Une enquête effectuée fin 2006 par un institut (crédible) avançait un taux de « falsification » de l’ordre de 75 %. Plusieurs groupes cherchent à restaurer la production de raisin pour contrer cette mauvaise 94 image, sécuriser leur production, et écarter le risque de limitation de leurs exportations vers la Russie, dont les règles sanitaires interdisent de nombreux produits et matières premières moldaves ou géorgiennes. Cette tendance se traduit par un marché de plants de vignes dynamique, dans différents cépages. Les obtenteurs français pourraient sans doute trouver en Ukraine une localisation intéressante pour la multiplication et la distribution de leurs clones variétaux sur les marchés de la Mer Noire. Quelques viticulteurs français se sont installés sur la Mer Noire et commencent à y produire des vins de cépage ou des vins de table, avant d’envisager des vins de terroir. La spécificité de la viticulture, et du marché du vin en Ukraine, appellent une approche distincte, qu’il serait trop long de développer ici. Mais les principes généraux à toute activité agricole s’appliquent à un projet d’installation viticole. Avant toute installation, il convient de définir un programme de commercialisation. Deux voies semblent possibles. Le viticulteur peut se constituer un réseau de clients auxquels il fera connaître ses vins, protégés par un dépôt de marque commerciale. Les banques, les restaurants, de grandes compagnies peuvent être intéressées par des produits à forte typicité, avec éventuellement des cuvées réservées. Il peut aussi contractualiser sa production avec une « usine de vin », mais elle entraînera la perte d’une bonne partie de la valeur ajoutée. Il peut enfin se rapprocher des grands groupes viticoles français qui pourraient être amenés à s’intéresser à une implantation en Ukraine. Je m’installe pour produire des fruits et légumes Les besoins du pays sont immenses pour un spectre étendu des fruits et légumes, destinés à la consommation, ou à la transformation par l’industrie en restructuration des conserves et des sauces. Des besoins nouveaux apparaissent également pour approvisionner l’industrie des desserts et des plats préparés en purée, en jus, en sirops ou en pâtes déshydratées de fruits et légumes. La pomme de terre, est un peu comme le lait, une production très largement assurée par les petites exploitations familiales (elles assurent près de 90 % de la collecte totale du pays). La culture reste traditionnelle, et ne fait pratiquement pas appel aux techniques modernes, ni aux plants garantis. Les importations sont très faibles (22 000 tonnes en 2006) ; les exportations dépendent essentiellement de la récolte dans les entreprises ; elles n’ont jamais dépassé 7 000 tonnes au cours des dix dernières années. Production de pommes de terre Fermes de la population Entreprises agricoles Superficie (ha) Collecte (Mt) Rendement (t/ha) Superficie (ha) Collecte (Mt) Rendement (t/ha) Collecte totale 2004 1 537 100 20,49 13,33 19 300 0,27 14,15 20,76 Source : ministère de la politique agraire d’Ukraine 95 2005 1 499 700 19,22 12,82 16 200 0,24 14,78 19,46 2006 1 445 100 19,19 13,28 16 400 0,27 16,78 19,47 Les rendements sont très légèrement supérieurs dans les entreprises, mais la rentabilité, telle qu’elle est calculée en Ukraine est relativement faible, sauf dans la zone de steppe où la pomme de terre est cultivée sur les terres noires, avec des méthodes semi industrielles. Rendement en pommes de terre dans les entreprises agricoles, selon les régions Zone de production Superficie en hectares Rendement moyen en 2005 (t/ha) Steppe 3 197 12,06 Steppe forestière 6 265 16,88 Poliessié 6 755 14,11 Ukraine 16 233 14,78 rentabilité 29,3 % 17,8 % 12,5 % 17,8 % Source : ministère de la politique agraire d’Ukraine Les grandes entreprises agricoles découvrent les possibilités offertes par la génétique des plants d’importation, pour une production de pommes de terre plus abondante, plus régulière tout en conservant des coûts de production faibles. Cette orientation est induite en partie par les besoins de l’industrie des pommes frites (quasi monopole de Kraft en pommes chips depuis 2000, et arrivée envisagée d’autres groupes), mais aussi de l’amidon que plusieurs groupes envisageraient de produire. Il y a donc un marché émergent des plants de pomme de terre, convoité par les obtenteurs néerlandais, qui multiplient les essais et les promotions commerciales. Comme pour les semences de maïs, il est vraisemblablement intéressant de prévoir une multiplication sur place. Pour la production des petits pois et du maïs doux, une installation ne peut sans doute se faire qu’en liaison avec un groupe de transformation occidental. Aucun n’est pour le moment installé en Ukraine. *** En conclusion, l’Ukraine n’est pas fermée, loin de là, à la création d’entreprises agricoles par des étrangers. - L’installation se fait par rachat d’une structure de production (bâtiments, équipements, stocks et troupeau) et prise en location des droits sur la terre attribués aux salariés des anciennes fermes collectives (pailles). - L’exploitant agricole s’installant en Ukraine, tout en s’assurant qu’il s’organise pour contrôler son exploitation, doit chercher à sécuriser ses approvisionnements et la commercialisation de sa production, en privilégiant les contrats avec des groupes agroalimentaires occidentaux, souvent français, déjà implantés en Ukraine, et à la recherche de matières premières. - Si l’exploitant sait montrer son savoir faire, sans mépriser celui des agriculteurs et des ruraux locaux, il trouvera sa place dans les campagnes ukrainiennes 96 Vous envisagez d’installer une exploitation agricole en Ukraine Pour vous aider à vous décider : Vous vous installerez plutôt facilement, vous trouverez en Ukraine des interlocuteurs compétents, vous pourrez travailler autant que vous en aurez envie et vous exprimer en toute liberté ; Mais ne rêvez pas : - les banques ne vous feront pas facilement crédit ; - vous devrez travailler sans les filets dont vous bénéficiez en France (peu ou pas de subventions, assurances balbutiantes, pas de mécanisme compensatoire...) ; - vous devrez financer votre installation et souvent ses besoins en fonds de roulement. Et, il ne faut pas venir tout seul : Mais au contraire inscrire le projet dans un cadre économique et commercial en relation avec des entreprises agroindustrielles occidentales déjà implantées, Et avec d’autres agriculteurs, collègues dans les mêmes structures privées du négoce, ou adhérents de la même coopérative, afin de reproduire en Ukraine une méthode qui marche en France. 97 LISTE DES AUTORISATIONS PREVUES PAR LA LEGISLATION UKRAINIENNE EN VUE D’EXERCER UNE ACTIVITE AGRICOLE: Loi sur les grains et le marché des grains en Ukraine: Certificat de conformité aux règles correspondantes et aux conditions techniques pour la conservation des grains et de leurs produits dérivés Certificat de qualité des grains et de leurs produits dérivés (est obligatoire lors des opérations d'export/import des produis agricoles, en particulier des grains et de leurs produits dérivés et/ou leur déplacement dans les limites du territoire ukrainien) Conclusion sur la possibilité d'utilisation ultérieure ou de destruction de grains et de leurs produits dérivés Conclusion sur la conformité aux exigences à la prestation des services de conclusion des contrats de bourse sur l'achat-vente des grains et de leurs produits dérives Certificat de cautionnement et extrait de stockage (donne le droit de disposer des grains) Loi sur les pesticides et les produits chimiques agricoles: Autorisation sur l'import et l’utilisation des pesticides et des produits chimiques agricoles non enregistrés, ainsi que des autorisations sur la fabrication et l'utilisation de lots expérimentaux de pesticides et de produits chimiques agricoles de fabrication nationale; Autorisation d’importer sur le territoire douanier ukrainien les pesticides et les produits chimiques agricoles utilisés pour les essais et les études scientifiques Loi sur les semences et les matériaux de jardinage: Autorisation sur l’import ou l’export des semences et des matériaux de jardinage. Loi sur le monde végétal: Autorisation pour le brûlage des végétations sèches et de ses résidus Autorisation spéciale pour l'utilisation des ressources végétales à valeur locale Autorisation spéciale pour l'utilisation des ressources végétales à valeur nationale Loi sur la régulation nationale de la production et de la vente du sucre Autorisation (licence) pour la commercialisation du sucre en Ukraine Loi sur l'amélioration des terres Autorisation pour l'utilisation spéciale de l’eau pour les besoins d'amélioration des terres en cas d’utilisation de l’eau des ressources hydriques à valeur nationale Autorisation pour la construction des systèmes d'amélioration et d'autres objets de l’infrastructure technique Conclusion sur l’octroi et l'exclusion des parcelles de terre améliorées selon le mode prévu par la législation, effectuées par les organes exécutifs et les autorités locales Coordination préalable du projet d’exécution dans les zones de fonctionnement des systèmes d’amélioration et des objets de l’infrastructure technique, ainsi que sur les territoires adjacents, de tous travaux qui pourraient influencer l’état technique et le régime d’exploitation de ces systèmes et objets de l’infrastructure technique Coordination de l’irrigation des biens agricoles par les eaux résiduaires Loi sur le poisson, autres ressources aquatiques vivantes et les produits alimentaires à partir de ces derniers: Autorisations pour le traitement des produits de pêche (délivrées par le service national de contrôle sanitaire et épidémiologique et par le service national de médecine vétérinaire) Conclusion positive vétérinaire et sanitaire de l’état des objets hydriques (effectuée par le service national de médecine vétérinaire), dont la possession permet de cultiver les poissons et autres ressources aquatiques vivantes dans les pêcheries (leurs parties) et sur le plateau continental ukrainien. Loi sur l’élevage: Autorisation pour l'utilisation des ressources génétiques animales. 98 Loi «Sur le bail de la terre»* №161-XIV du 6 octobre 1998 (nouvelle rédaction - la loi N1211-IV du 2 octobre 2003) Source : M.Nublat Chapitre I. Généralités Article 1. Bail de la terre Le bail de la terre est la possession et la jouissance d’un terrain (moyennant paiement et pour un temps déterminé) nécessaire au preneur pour réaliser une activité entrepreneuriale ou autre, formalisées de façon contractuelle. Article 2. Bases juridiques du bail de la terre Les relations en rapport avec le bail de la terre sont régies par le Code foncier, le Code civil ukrainiens, la présente Loi, d’autres lois ukrainiennes ou actes normatifs s’y rapportant, ainsi que par le Contrat de bail. Les relations en rapport avec le bail de terrains ou de complexes intégrés de biens appartenant à des entreprises, des institutions ou des organisations étatiques ou relevant de la propriété communale ainsi que ceux qui dépendent de la République autonome de Crimée ou de ses subdivisions, sont régies par la présente loi, en tenant compte des particularités prévues par la loi ukrainienne « Sur le bail des biens de l’Etat et de la propriété communale ». Article 3. Objets du bail de la terre Les objets du bail sont les terrains qui appartiennent à des citoyens, des personnes morales ou qui relèvent de la propriété communale ou de l’Etat. Les terrains donnés à bail peuvent comprendre ou non sur leur surface des zones vertes, des édifices, des bâtiments ou des bassins d’eau. Article 4. Bailleurs de terre Sont considérés bailleurs de terrains les citoyens et les personnes morales, propriétaires des terrains, ou leurs représentants. Les bailleurs de terrains appartenant à la municipalité sont les organes de l’administration autonome locale : les Radas (сonseils municipaux) de village, de bourg ou de ville dans la limite de la compétence qui leur est conférée par la loi. Les bailleurs de terrains appartenant aux communautés territoriales sont les Radas régionales, d’oblast (région) et la Verkhovna Rada (le Parlement) de la République Autonome de Crimée, dans la limite de la compétence qui leur est conférée par la loi. Les bailleurs de terrains appartenant à l’Etat sont les administrations régionales d’oblast, celles de Kiev et de Sébastopol, le Conseil des Ministres de la République autonome de Crimée et le Cabinet des Ministres ukrainien, dans la limite de la compétence qui leur est conférée par la loi. Article 5. Preneurs de terre Les preneurs de terre sont les personnes morales ou physiques qui, en vertu du contrat de bail, ont le droit de possession et de jouissance du terrain. 99 Les preneurs de terre peuvent être : a) les administrations régionales, des oblasts, celles de Kiev et de Sébastopol, le Conseil des Ministres de la République autonome de Crimée et le Cabinet des Ministres ukrainien dans la limite de la compétence qui leur est conférée par la loi; b) les organes de l’administration autonome locale : les Radas de village, de bourg ou de ville dans la limite de la compétence qui leur est conférée par la loi; c) les citoyens et les personnes morales ukrainiens, les personnes physiques étrangères ou les apatrides, les personnes morales étrangères, les associations et les organisations internationales, ainsi que les Etats étrangers. Article 6. Droit au bail Les preneurs acquièrent le droit au bail du terrain selon le mode et la procédure stipulés par les Codes foncier, civil et économique ukrainiens, la présente loi et toutes autres lois ukrainiennes ainsi que conformément au contrat du bail de la terre. En cas d’acquisition du droit au bail du terrain sur une base concurrentielle, le contrat de bail sera conclu en fonction des résultats de la vente aux enchères ou du concours. En cas de résiliation anticipée du contrat de bail à l’initiative du bailleur du terrain, pour lequel le droit au bail a été acquis sur la base des résultats d’une vente aux enchères (concours), le bailleur doit compenser au preneur, dans le délai stipulé dans le contrat ou dans le délai légal, les frais liés à son acquisition ainsi que les pertes subies par le preneur suite à la résiliation anticipée du contrat de bail, sauf convention stipulée dans le contrat de bail. Un terrain nanti peut être donné à bail avec l’accord du créancier hypothécaire. Article 7. Transfert du droit au bail Après la mort du preneur (personne physique) et sauf convention stipulée dans le contrat de bail, le droit au bail sera transféré à ses héritiers ou, en cas de refus des héritiers de devenir preneurs, ou en cas d’absence d’héritiers – aux personnes qui utilisaient le terrain ensemble avec le preneur et qui auraient exprimé le souhait de devenir preneurs, si cela n’est pas en contradiction avec les exigences du Code foncier ukrainien et de la présente loi. En cas de condamnation du preneur à une privation de liberté ou à une restriction de sa capacité en vertu d’une décision judiciaire, le droit au bail du terrain sera transféré à l’un des membres de sa famille qui a exprimé le souhait et qui peut, conformément aux lois, devenir preneur, ou en cas de refus des membres de sa famille de devenir preneurs ou d’absence de parents, aux personnes qui utilisaient le terrain ensemble avec le preneur et qui auraient exprimé le souhait de devenir preneurs, si cela n’est pas en contradiction avec les exigences du Code foncier ukrainien et de la présente loi. Article 8. Sous-location des terrains Un terrain pris à bail ou une partie de ce terrain peut être transmis par le preneur en souslocation à un tiers sans changer sa destination, si cela est prévu par le Contrat de bail, ou avec l’accord écrit du bailleur. Si le bailleur ne notifie pas par écrit son accord ou son refus dans un délai d’un mois, le terrain pris à bail ou une partie de ce terrain peut être transmis en souslocation. 100 Les conditions du contrat de sous-location du terrain doivent être déterminées dans le contrat de bail du terrain et ne sauraient le contredire. La durée de la sous-location ne saurait être supérieure au délai de validité du contrat de bail du terrain. En cas d’interruption ou de rupture du contrat de bail, le contrat de sous-location est interrompu. Le contrat de sous-location du terrain est soumis à un enregistrement d’Etat. D’un commun accord des parties, le contrat de sous-location peut être certifié devant notaire. La sous-location de terrains sur lesquels sont situés des complexes intégrés de biens d’entreprises, d’institutions ou d’organisations appartenant à l’Etat ou relevant de la propriété communale de même que ceux qui dépendent de la République autonome de la Crimée et de leurs subdivisions, est interdite. Pendant la durée du contrat de bail les preneurs de terrains à usage agricole ont le droit de procéder à l’échange de leurs droits de jouissance sur les terrains en concluant des contrats de sous-location avec d’autres preneurs, à condition que cela soit prévu par le contrat de bail ou avec l’accord écrit du bailleur. Article 9. Prérogative du preneur d’obtenir la propriété du terrain pris à bail En cas de vente du terrain pris à bail, tout preneur qui, conformément à la loi, a le droit d’en être propriétaire, a un droit de préemption sur l’acquisition du terrain pris à bail moyennant le paiement de son prix de vente. En cas de vente aux enchères (concours), le preneur aura le droit de préemption, à condition que sa proposition de prix soit égale à la plus élevée parmi les participants au concours (vente aux enchères). Le bailleur est tenu d’informer le preneur, par écrit, de son intention de vendre le terrain à un tiers, avec mention de son prix et autres conditions de vente. Article 10. Droits des tiers sur le terrain pris à bail Le bail du terrain ne saurait justifier l’interruption ou la modification des droits des tiers à l’égard du terrain. Article 11. Risque d’une détérioration fortuite ou d’une destruction de l’objet du bail Le risque d’une détérioration fortuite ou d’une destruction de l’objet du bail est supporté par le bailleur sauf convention stipulée dans le contrat de bail. En cas de non-respect par le bailleur ou le preneur des délais du transfert de l’objet du bail établis par le contrat de bail, le risque de sa détérioration fortuite ou d’une destruction durant cette période est supporté par la partie responsable du retard du transfert. Article 12. Assurance de l’objet du bail L’objet pris à bail peut être assuré pour la durée de validité du contrat de bail par accord mutuel des parties conformément au mode établi par la législation ukrainienne. 101 En cas de non-respect de son engagement par la partie qui devait assurer l’objet du bail conformément au contrat de bail, l’autre partie peut l’assurer à ses frais et demander à l’autre partie la compensation des frais d’assurance. Chapitre II CONTRAT DE BAIL Article 13. Définition du contrat de bail Le contrat de bail est un contrat sur la base duquel le bailleur transmet, moyennant paiement au preneur, le droit de posséder et de jouir d’un terrain pour un délai spécifique et le preneur doit utiliser le terrain conformément aux conditions stipulées dans le contrat de bail et aux exigences de la législation foncière. Article 14. Forme du contrat de bail Le contrat de bail du terrain sera établi par écrit et pourra être certifié par notaire à la demande de l’une des parties. Le contrat de bail type est approuvé par le Cabinet des Ministres de l’Ukraine. Article 15. Conditions du contrat de bail Les principales conditions du contrat de bail sont les suivantes : • l’objet du bail (emplacement et dimensions du terrain) ; • la durée du contrat de bail ; • le loyer (montant, indexation, formes de paiement, délais et mode de paiement et de révision et responsabilité pour le non paiement) ; • les conditions de jouissance et la définition du type d’usage spécifique du terrain pris à bail ; • la qualité de l’objet de bail ; • les conditions et les délais du transfert du terrain au preneur ; • les conditions de reprise du terrain par le bailleur ; • les restrictions existantes quant à l’utilisation du terrain ; • la définition de la partie (bailleur ou preneur) supportant le risque d’une détérioration fortuite ou d’une destruction de l’objet du bail ou de sa partie ; • la responsabilité des parties. L’absence dans le contrat de bail de l’une des conditions principales stipulées dans le présent article ou la violation des exigences des articles 4 - 6, 11, 17, 19 de la présente Loi est un motif pour refuser l’enregistrement par l’Etat du contrat de bail et rendre le contrat caduc conformément à la loi. Par accord entre les parties, d’autres conditions, telles que la qualité des terrains, le mode de réalisation des engagements des parties, d’assurance de l’objet du bail, de remboursement des frais liés à la prise de mesures de protection et d’amélioration de l’objet du bail, la réalisation des travaux d’amélioration et aussi les circonstances qui peuvent entraîner une modification ou l’interruption du contrat de bail pourront être stipulées dans le contrat. 102 Sont partie intégrante du contrat de bail : • le plan (schéma) du terrain donné à bail ; • le plan du cadastre du terrain reflétant les restrictions (encombrements) relatives à son utilisation et les servitudes foncières existantes ; • l’acte de définition des limites du terrain en nature (sur le terrain); • l’acte de réception/transmission de l’objet du bail; • le projet de délimitation du terrain dans les cas prévus par la présente Loi. Dans le cas où le contrat de bail prévoirait des mesures spécifiques liées à la protection et l’amélioration de l’objet du bail, un accord de remboursement des dépenses y étant rattachées au preneur sera joint au contrat. Article 16. Mode de conclusion d’un contrat de bail Toute personne désirant prendre à bail un terrain relevant des terres appartenant à l’Etat ou des terres municipales doit déposer une demande (requête) à l’organe correspondant du pouvoir exécutif ou de l’administration autonome locale. L’examen de la demande (requête) ainsi que l’octroi à bail du terrain seront réalisés selon le mode établi par le Code foncier. Si le bailleur accepte de céder un terrain à bail, les parties concluent un contrat de bail conformément aux exigences de la présente Loi. La transmission d’un terrain donné à bail dont les limites sont définies en nature (sur le terrain) sans modification de son usage spécifique, ne requiert pas l’élaboration d’un plan de délimitation. En cas de modification de la destination spécifique du terrain, le bail du terrain sera octroyé sur la base d’un projet de délimitation du terrain selon le mode établi par la loi. En cas de réception de deux demandes de bail, ou plus, du même terrain, appartenant à l’Etat ou à une municipalité, les organes correspondants du pouvoir exécutif ou de l’administration autonome locale mettent le droit au bail aux enchères (concours), sauf si la loi établit une procédure spéciale. Le mode de tenue du concours ou de la vente aux enchères ainsi que la procédure d’acquisition du droit au bail du terrain sur une base concurrentielle sont définis par la législation. Article 17. Transmission de l’objet du bail La transmission de l’objet du bail au preneur est effectuée par le bailleur conformément aux délais et aux conditions définis dans le contrat de bail, selon un acte de réception / transmission. Article 18. Validité du contrat de bail de la terre Le contrat de bail du terrain entre en vigueur après son enregistrement par l’Etat. Article 19. Durée du contrat de bail de la terre La durée du contrat de bail du terrain est déterminée par accord entre les parties, mais ne saurait excéder cinquante ans. 103 Lors du transfert à bail de terres agricoles pour la production de produits agricoles, la durée de validité du contrat de bail des terrains sera définie compte tenu de la période de rotation de l’assolement principal, conformément aux projets d’arpentage. Lors du transfert à bail de terres agricoles situées dans les limites d’un terrain minier mis à disposition pour l’exploitation de gisements de pétrole ou de gaz, la durée de validité du contrat de bail des terrains sera définie en tenant compte des délais du début de la construction des puits et des ouvrages de production, liés à leur exploitation, sur le terrain (sur une partie du terrain) pris à bail. Article 20. Enregistrement d’Etat du contrat de bail de la terre Le contrat de bail du terrain conclu est soumis à un enregistrement d’Etat. L’enregistrement d’Etat des contrats de bail de la terre est effectué selon le mode prévu par la loi. Chapitre III LOYER Article 21. Loyer Le loyer est le paiement que le preneur verse au bailleur pour l’usage du terrain. Le montant, la forme et les délais de paiement du loyer sont déterminés par les parties dans le contrat de bail (à l’exception des délais de paiement du loyer pour les terrains appartenant à l’État ou à la municipalité qui sont déterminés conformément à la Loi sur le paiement pour la terre). Le montant du loyer sera indexé sur l’indice de l’inflation, sauf convention stipulée dans le contrat de bail. Le loyer annuel pour les terrains appartenant à l’Etat ou à la municipalité, est centralisé sur des comptes budgétaires spéciaux, réparti et utilisé conformément à la loi et ne saurait être inférieur au montant de l’impôt foncier fixé par la Loi sur le paiement pour la terre ni excéder 10 pour cent de leur estimation normative. Si le preneur a été choisi sur des bases concurrentielles, un loyer plus élevé pourra être établi. En cas d’invalidation du contrat en vertu d’une décision judiciaire, le loyer correspondant à la durée réelle perçu par le bailleur ne sera pas remboursé. Le loyer versé pour la sous-location des terrains appartenant à l’Etat ou aux municipalités ne saurait excéder le montant du loyer. (Le point 4 de l’article 21 concernant la centralisation des loyers versés pour les terrains appartenant à l’Etat ou aux municipalités sur des comptes budgétaires spéciaux ainsi que leur répartition et utilisation n’est pas applicable en 2004 conformément à la loi ukrainienne № 1344-IV du 27.11.2003 et conformément aux lois ukrainiennes № 2285-IV du 23.12.2004, № 2505-IV du 25.03.2005 pour 2005, ainsi que conformément aux lois ukrainiennes № 3235IV du 20.12.2005 pour 2006 et № 489-V du 19.12.2006 pour 2007) 104 Article 22. Formes du loyer Le loyer peut être versé sous les formes suivantes : • en numéraire ; • en nature ; • en travail (prestations rendues au bailleur). Les parties peuvent prévoir dans le contrat de bail un mélange des diverses formes de paiement du loyer. Le loyer au titre des terrains appartenant à l’Etat ou à une municipalité sera versé exclusivement en numéraire. Le versement du loyer sera constaté par écrit, à l’exception du cas de transfert des sommes par l’intermédiaire des établissements financiers. Article 23. Modification de loyer Le montant du loyer pour les terrains appartenant à l’Etat ou à une municipalité, pris à bail pour usage agricole, peut être révisé une fois tous les trois ans, selon le mode élaboré par la loi ou le contrat de bail. Le montant du loyer des terrains appartenant à des personnes physiques ou morales peut être révisé par accord entre les parties. Le preneur a le droit d’exiger une réduction appropriée du loyer si l’état du terrain s’est détérioré et si cette détérioration n’est pas le fait du preneur ou de son inaction. Chapitre IV DROITS ET OBLIGATIONS DES BAILLEURS ET DES PRENEURS, PROTECTION DE LEURS DROITS Article 24. Droits et obligations du bailleur Le bailleur a le droit d’exiger du preneur de: • employer le terrain conformément à l’usage spécifique stipulé dans le contrat de bail. • assurer la sauvegarde écologique dans l’occupation des sols et de préserver la fertilité du sol, respecter les standards d’Etat, les normes et les règles, ainsi que les règles locales en matière de construction des localités. • respecter le régime d’utilisation des zones d’eau sauvegardées, des bandes côtières de protection, des zones sanitaires protégées, des zones ayant un régime particulier d’utilisation des terres et des sites protégés. • verser le loyer dans les délais prescrits. Le bailleur s’engage à : • transmettre le terrain dans un état qui correspond aux conditions du contrat de bail ; • faire valoir, conformément à la loi, les droits des tiers sur le terrain lors de la transmission du terrain à bail ; • ne pas entreprendre d’actes qui empêcheraient l’utilisation du terrain par le preneur ; • rembourser au preneur les gros frais liés à l’amélioration de l’état de l’objet du bail, réalisés par le preneur avec l’accord du bailleur; 105 • informer le preneur sur les particularités et les défauts du terrain qui, lors de l’utilisation, peuvent avoir des conséquences écologiques nuisibles pour l’environnement ou la dégradation de l’état de l’objet du bail. Les organes exécutifs et les administrations autonomes locales signataires de contrats de bail sont tenues de déposer la liste des preneurs qui sont les contractants pour l’année courante à l’organe compétent de l’Administration fiscale de la région où est situé le terrain avant le 1er février et de l’informer de la conclusion de nouveaux contrats, ainsi que des avenants aux contrats de bail existants ou de leur résiliation avant le premier jour du mois qui suit le mois durant lequel ces modifications ont été apportées. Article 25. Droits et obligations du preneur Le preneur a le droit de : • mener une activité économique sur la terre en toute liberté conformément aux conditions du contrat de bail; • construire, avec l’accord écrit du bailleur et conformément au mode établi par la législation, des édifices et des bâtiments à caractère résidentiel, industriel, culturel et social et autres, mais aussi d’implanter des plantations vivaces ; • récolter sa production et en percevoir les recettes ; • réaliser, avec l’accord écrit du bailleur et conformément au mode établi par la législation, la construction d’installations destinées à l’économie d’eau ainsi que des systèmes de bonification. Le preneur est tenu de : • commencer l’usage du terrain dans les délais prescrits par le contrat de bail et après son enregistrement selon le mode établi par la loi ; • respecter les restrictions existantes quant à l’objet du bail dans les limites prévues par la loi ou le contrat de bail ; • respecter le régime d’exploitation des sols en vue de la protection de la nature, de l’amélioration de la santé, ou du caractère récréatif, historique et culturel ; • déposer, sous un délai de cinq jours à compter de l’enregistrement d’Etat du contrat de bail pour les terrains appartenant à l’Etat ou relevant de la propriété communale, une copie du contrat auprès de l’organe concerné du service fiscal de l’Etat. Article 26. Frais du preneur liés à l’utilisation des biens immobiliers Dans le cas où le contrat de bail du terrain prévoirait l’utilisation des biens immobiliers se trouvant sur le terrain, les frais y étant rattachés seront à la charge du preneur, sauf convention stipulée dans le contrat de bail. Article 27. Protection des droits du preneur et du bailleur du terrain La loi garantit au preneur le même niveau de protection de ses droits sur le terrain pris à bail que pour la propriété sur un terrain. Le preneur a le droit de protester, selon le mode établi par la loi, contre toute possession ou usage illégal du terrain pris à bail, d’éliminer tout empêchement à cet usage, de demander compensation des pertes causées par des citoyens ou des personnes morales ukrainiens, des 106 étrangers, des apatrides, des personnes morales étrangères, y compris par des associations ou des organisations internationales. Le montant du remboursement à effectuer par le bailleur au preneur pour les pertes causées devra être diminué, si l’augmentation des montants des pertes a été causée par le preneur volontairement ou par imprudence suite à la non-exécution ou l’exécution inadéquate par le bailleur des conditions contractuelles ou si le preneur n’a pas pris de mesures en vue de leur diminution. Article 28. Remboursement des pertes causées au preneur Le preneur a le droit à la compensation des pertes qu’il a supportées suite à la non-exécution par le bailleur des conditions définies par le contrat de bail de la terre. Sont considérées comme pertes: • les frais réels supportés par le preneur suite à la non-exécution ou l’exécution inadéquate des conditions contractuelles par le bailleur, ainsi que les frais réalisés par le preneur ou que le preneur devra réaliser pour renouveler son droit violé ; • les revenus que le preneur aurait pu percevoir si le bailleur avait rempli ses engagements contractuels de façon adéquate. Le montant des pertes réelles du preneur sera estimé en fonction des pièces justificatives. Le bailleur ne sera pas tenu de rembourser les frais liés à la réalisation par le preneur de tout acte, non prévu au contrat de bail, ayant entraîné une modification de l’état du terrain. Sauf convention stipulée dans le contrat de bail, en cas de réalisation par le preneur, et à ses frais, d’amélioration de l’état du terrain pris à bail avec l’accord écrit du bailleur, ce dernier est tenu de compenser les frais engagés au preneur. Les frais liés à des travaux d’amélioration du terrain pris à bail, réalisés par le preneur sans l’accord du bailleur et qui ne pourront pas être séparés sans endommager le terrain, ne sont pas remboursés. Le preneur a le droit de préserver les avantages obtenus suite à la réalisation, à ses frais, de l’amélioration du terrain pris à bail, si ces améliorations peuvent être séparées sans endommager le terrain. Article 29. Remboursement des pertes suite à une modification de l’état du terrain pris à bail En cas de détérioration par le preneur du terrain pris à bail, suite à une modification de son état, le bailleur a droit à la compensation des pertes. Les pertes causées à des tiers, suite à l’utilisation par le preneur du terrain, sont remboursables par le preneur, conformément aux conditions générales. Le montant des pertes sera défini par les parties du contrat de bail. Dans le cas où les parties ne peuvent pas s’entendre sur le montant des pertes à rembourser, le litige sera tranché par une instance judiciaire. 107 Chapitre V MODIFICATION, INTERRUPTION ET RENOUVELLEMENT DU CONTRAT DE BAIL DE LA TERRE Article 30. Modification des conditions du contrat de bail de la terre Par accord entre les parties, les conditions du contrat de bail pourront être modifiées. Dans le cas où les parties ne peuvent s’entendre sur les modifications des conditions du contrat de bail, le litige sera tranché par une instance judiciaire. Article 31. Interruption du contrat de bail de la terre Le contrat de bail peut être interrompu dans les cas suivants : • expiration du terme fixé par le contrat ; • reprise du terrain pour des besoins d’ordre social ou aliénation forcée du terrain pour une nécessité d’ordre public selon le mode établi par la loi ; • fusion en une même personne du propriétaire du terrain et du preneur ; • décès de la personne physique-preneur, sa condamnation à une privation de liberté ou refus des personnes mentionnées à l’article 7 de la présente loi d’exécuter le contrat de bail conclu ; • liquidation du preneur comme personne morale. Le contrat de bail peut être interrompu dans d’autres cas prévus par la loi. Le contrat de bail peut être résilié par accord des parties. A la demande de l’une des parties et conformément à une décision judiciaire le contrat de bail peut être résilié avant terme selon le mode établi par la loi. Le contrat de bail ne pourra pas être résilié unilatéralement, sauf dispositions spécifiques de la loi ou du présent contrat. Article 32. Interruption du contrat de bail par voie de résiliation A la demande de l’une des parties et conformément à une décision judiciaire, le contrat de bail peut être résilié avant terme en cas de non-exécution par les parties des engagements stipulés dans les articles 24 et 25 de la présente loi et dans le contrat, en cas de destruction ou de détérioration de l’objet du bail qui empêche substantiellement l’usage du terrain, mais aussi dans les cas stipulés par le Code foncier ou autres lois ukrainiennes. En cas de résiliation du contrat de bail à l’initiative du preneur, le bailleur a le droit de percevoir le loyer pour les terres à destination agricole équivalent à six mois de location et à un an pour les terres à destination non-agricole. Si au cours de la période mentionnée aucune proposition n’est parvenue de la part de tiers en vue de la conclusion d’un contrat de bail du même terrain aux mêmes conditions, à l’exception des cas de la résiliation du contrat conditionnée par la non-exécution ou une exécution inadéquate par le bailleur de ses engagements contractuels. En cas de résiliation du contrat de bail par accord mutuel des parties, chacune des parties a le droit de requérir la compensation par l’autre partie des pertes subies conformément à la loi. 108 Le transfert du droit de propriété à un tiers ou la réorganisation d’une personne morale (preneur) ne justifie pas la modification des conditions du contrat de bail ou sa résiliation, sauf dispositions spécifiques dans le contrat de bail de la terre. Article 33. Renouvellement du contrat de bail de la terre A l’expiration du délai pour lequel le contrat a été conclu, le preneur qui a dûment rempli ses engagements conformément aux conditions contractuelles a un droit préférentiel sur le renouvellement du contrat. En cas de renouvellement du contrat de bail pour une nouvelle période, les conditions contractuelles peuvent être modifiées par accord entre les parties. Si le preneur continue à utiliser le terrain après le délai de validité du contrat de bail et en l’absence d’objections formulées par écrit du bailleur au cours du mois suivant la date de fin de validité du contrat, ce dernier sera renouvelé pour la même période et aux mêmes conditions prévues. Tout refus sera formulé par écrit et adressé par une lettre recommandée. Article 34. Conséquences de l’interruption ou de la résiliation du contrat de bail En cas d’interruption ou de résiliation du contrat de bail de la terre, le preneur est tenu de rendre le terrain au bailleur conformément aux conditions stipulées par le contrat de bail. Le preneur n’a pas le droit de retenir le terrain comme moyen pour obtenir satisfaction de ses exigences envers le bailleur. En cas de non-respect par le preneur de l’obligation de rendre le terrain au bailleur, le preneur est tenu d’indemniser le bailleur. Chapitre VI EXAMEN DES LITIGES ET RESPONSABILITE DES PARTIES POUR MANQUEMENT A LEURS ENGAGEMENTS CONTRACTUELS Article 35. Examen des litiges liés au bail de la terre Les litiges liés à la location de terre sont tranchés par une instance judiciaire. Article 36. Responsabilité des parties pour manquement à leurs engagements contractuels En cas de manquement à leurs obligations en vertu du contrat de bail de la terre, les parties sont responsables conformément à la loi. Le bailleur est responsable des défauts du terrain transmis à bail qui n’étaient pas spécifiés dans le contrat de bail et qui empêchent l’usage du terrain conformément au contrat. En cas d’apparition de tels défauts le preneur a le droit de demander : • la diminution du prix du loyer ou le remboursement des frais liés à l’élimination des défauts; • de soustraire du montant du loyer le montant correspondant aux frais encourus en vue de l’élimination de ces défauts, après la notification préalable au bailleur de cette décision; • la résiliation anticipée du contrat. Le bailleur ne sera pas responsable des conséquences liées aux défauts du terrain si ces derniers ont été stipulés dans le contrat de bail. 109 Chapitre VII CONVENTIONS INTERNATIONALES Article 37. Conventions internationales Si une convention internationale, ratifiée par la Verkhovna Rada, établit des règles différentes de celles contenues dans la présente loi, les règles de la convention internationale priment. Chapitre VIII DISPOSITIONS FINALES 1. La présente Loi prend effet le jour de sa publication. Les paragraphes deux, trois et quatre de l’article 4 prendront effet après le bornage des terres appartenant aux municipalités et à l’Etat conformément à la loi. Avant le bornage, conformément à la loi, des terres appartenant aux municipalités et à l’Etat, les bailleurs des terrains dans les limites des localités (à l’exception des terres transmises en propriété privée) sont les Radas de village, de bourg ou de ville, et en dehors des localités – les organes correspondants du pouvoir exécutif dans la limite de leur compétence respective définie par le Code foncier ukrainien. 2. Dans un délai d’un mois à compter de l’entrée en vigueur de la présente loi, le Cabinet des Ministres : • mettra ses actes normatifs et juridiques en conformité avec la présente loi ; • élaborera et approuvera le contrat-type de bail de la terre ; • assurera la révision et l’annulation (par les ministères et tout autre organe central du pouvoir exécutif) des actes normatifs et juridiques en contradiction avec la présente loi. Chapitre IX. DISPOSITIONS TRANSITOIRES Avant l’affectation en nature (sur le terrain) des terrains à leurs noms, les citoyens, propriétaires de certificats justifiant de leur droit sur une part de terre, ont le droit, en vertu de ces certificats de conclure des contrats de bail de terres à destination agricole dont l’emplacement sera défini compte tenu des exigences de l’organisation rationnelle du territoire et de la compacité de l’occupation des sols, conformément aux exigences de la présente loi. Après l’affectation en nature (sur le terrain) des terrains à leurs propriétaires, le contrat de bail sera renouvelé en vertu de l’acte d’Etat justifiant le droit de propriété sur le terrain aux mêmes conditions que celui conclu précédemment. Ce contrat pourra être modifié uniquement avec l’accord des parties. La rupture de la validité du contrat de bail est autorisée uniquement dans les cas définis par la présente loi. L. Koutchma, Président ukrainien Kiev, le 2 octobre 2003 №1211-IV *Traduction non officielle de la loi «Sur le bail de la terre» 110 MODELE DE CONTRAT DE LOCATION DE TERRE AGRICOLE CONTRAT DE LOCATION DE LA TERRE № _______ Fait à__________ „___” _____ 200__ Le Loueur, _________________, contribuable de l'impôt sur le revenu aux conditions générales, d'une part, et Locataire, SARL «__________», représente par le Directeur de la Société______________, agissant en vertu des statuts et contribuable de l'impôt sur le revenu aux conditions générales, d'autre part, ci-après dénommés ensemble «Parties» et séparément «Partie», ont conclu le présent Contrat de location de la terre, ci-après dénommé «Contrat», sur ce qui suit : 1. Objet du Contrat 1.1. Le Loueur loue et le Locataire prend en jouissance temporaire payante (location) la parcelle de terre pour gestion de la production agricole de marchandises, qui se trouve sur le territoire (lieu d'emplacement) _________________ et qui appartient au Loueur à titre de propriété privée sur la base de l'Acte d'Etat sur le droit de la propriété sur la parcelle de terre série ___ №_________ délivré «___» _______ 200__ par l’administration régionale des ressources foncières, ci-après dénommée «Parcelle de terre». Les limites de la Parcelle de terre sont reportées en nature (sur le terrain) et sont indiquées sur le plan, qui fait partie intégrante du présent Contrat. 2. Objet de la location 2.1. La location concerne la Parcelle de terre de surface totale de ___________ ha, y compris : - terre labourée __________ha, - fenaison_____________ ha, - pâturage ____________ha, - plantes pluriannuelles____________ ha. 2.2. Aucun bien immobilier ne se trouve sur la Parcelle de terre. / Préciser les biens immobiliers qui se trouvent sur la Parcelle de Terre. 2.3. Estimation pécuniaire normative de la Parcelle de terre, conformément à la Conclusion d'expert sur la valeur estimée de la Parcelle de terre du «__» _____ 200__ et au Certificat d'estimation pécuniaire de la Parcelle de terre du «__» _______ 200__, s’élève à ________________ UAH. 2.4. La Parcelle de terre n'a aucun défaut qui pourrait empêcher son utilisation efficace. / Préciser si la Parcelle de Terre a des défauts qui pourrait empêcher son utilisation efficace. 2.5. La Parcelle de terre n'a aucune particularité, sauf celles indiquées dans le présent Contrat, qui pourrait influencer sur les rapports en matière de location entre les Parties. / Préciser les particularités de la Parcelle de Terre. 3. Période de validité du Contrat 3.1. Le Contrat est conclu pour __ (_____) ans. Après la fin de la période de validité du Contrat, le Locataire a le droit prioritaire de le reconduire pour une nouvelle période. Dans ce cas, le Locataire doit, au cours des ___ (________) jours avant la fin de la période de validité du Contrat, informer par écrit le Loueur de son intention 111 de reconduire le Contrat, et le Loueur s'engage à prendre toutes les mesures nécessaires de son côté en vue de reconduire le Contrat. 4. Prix de location 4.1. Le montant du loyer est versé par le Locataire en espèces à hauteur de 1,5% de l’estimation pécuniaire de la Parcelle de terre pour l’année courante de location. Le calcul du loyer court à compter du jour de l'enregistrement étatique du Contrat. 4.2. Le calcul du montant du loyer de la terre est effectué compte tenu du coefficient d'indexation de l’estimation normative pécuniaire de la terre. L'indexation du montant du loyer est effectuée par le Loueur. 4.3. Le montant du loyer pour l'année courante de location est versé au début de chaque année courante avant le «31» décembre du mois de l’année courante. 4.4. Le loyer peut s’effectuer en nature / en numéraire (préciser). Si les Parties se mettent d’accord sur le versement du paiement de loyer en nature elles concluent un accord supplémentaire ou elles fixent toutes les conditions impératives de versement du paiement en nature, y compris le type de production et sa quantité qui correspondent au montant du loyer et le mode de transfert. 4.5. Le montant du loyer sera revu chaque année et pourra être modifié avec l'accord des Parties en cas de: - Changement des conditions d’exploitation, prévues par le Contrat; - Changement des taux de l’impôt foncier, hausse des prix, tarifs, y compris suite à l’inflation; - Dégradation de l’état de la Parcelle de terre louée dont le Locataire n'est pas responsable, ceci étant justifié par des documents correspondants; - Dans d'autres cas prévus par la législation. Le changement de l'estimation pécuniaire de la Parcelle de terre ou son indexation sera effectué sans apporter des modifications ou amendements au présent Contrat selon le mode et dans les cas prévus par la législation ukrainienne. 4.6. En cas de non-paiement par Locataire du montant du loyer dans les délais prévus par le présent Contrat, une amende à hauteur de 0,1% du montant non-payé sera infligée au Locataire pour chaque jour de retard. Ce montant ne saurait être supérieur au double taux d'escompte de la Banque Nationale de l'Ukraine. 4.7. Le paiement de l'impôt foncier est l’obligation du Loueur, qui s’engage à apporter l'impôt foncier en tant que propriétaire de la Parcelle de terre dans la mesure et aux délais établit par la législation en vigueur. 5. Conditions d’utilisation de la Parcelle de terre 5.1. La Parcelle de terre est louée pour la production de marchandise agricole. 5.2. La Parcelle de terre est destinée à la réalisation de la production de produits agricoles. 5.3. Les conditions du maintien de l'état de la Parcelle de terre sont définies par la législation ukrainienne en vigueur. 6. Conditions et délais de location de la Parcelle de terre 6.1. La location de la Parcelle de terre est réalisée sans projet de mise à disposition élaboré spécifiquement. 6.2. Avec la location de la Parcelle de terre le Locataire acquiert le droit de sa sous-location. 6.3. Le transfert de la Parcelle de terre au Locataire est réalisé sur la base de l'acte de réception-transmission de la Parcelle de terre dans un délai de 3 jours qui suivent l'enregistrement étatique du présent Contrat. 112 7. Conditions de restitution de la Parcelle de terre 7.1. A l'échéance du Contrat, le Locataire retourne au Loueur la Parcelle de terre dans un état qui ne saurait être pire que celui dans lequel il l’avait reçu en location. Le retour de la Parcelle de terre au Loueur est réalisé selon le mode établi par la législation ukrainienne. 7.2. Le Loueur, en cas de détériorations des qualités utiles de la Parcelle de terre louée liées au changement de son état, aurait droit au remboursement des pertes pour la valeur définie par les Parties. Si les Parties ne parviennent pas à un accord sur le montant de remboursement des dommages, le litige sera réglé par voie judiciaire. 7.3. Les dépenses entreprises par le Locataire sans consentement du Loueur, en vue de l'amélioration de l’état de la Parcelle de terre louée qui ne peuvent pas être séparées sans endommager cette Parcelle de terre, ne seront pas remboursées. 7.4. Les améliorations de l’état de la Parcelle de terre, réalisées par le Locataire avec l'accord écrit du Loueur seront remboursables. Les conditions, volumes et délais du remboursement au Locataire des dépenses sur les améliorations de l'état de la Parcelle de terre qu'il a réalisées, seront définies dans un accord supplémentaire entre les Parties. 7.5. Le Locataire a le droit au remboursement des pertes, causées suite à l'inexécution par le Loueur des obligations, prévues par le présent Contrat. Sont estimés comme pertes: - pertes réelles subies par le Locataire en rapport avec l'inexécution ou l'exécution inadéquate des dispositions du Contrat par le Loueur, ainsi que les dépenses réalisées ou à réaliser par le Locataire en vue de restituer son droit violé; - bénéfices que le Locataire aurait pu réellement obtenir si les conditions du Contrat avaient été respectées par le Loueur. 7.6. Le montant des dépenses réelles du Locataire sera établi sur la base des données confirmées par les justificatifs correspondants. 8. Restrictions (accablements) relatives à l’utilisation de la Parcelle de terre 8.1. La Parcelle de terre louée ne fait l'objet d'aucune restriction ou accablement, aucun tiers n'a le droit sur cette Parcelle de terre. Conformément au registre électronique unique, la Parcelle de terre ne fait objet d'aucun accablement. 9. Autres droits et obligations des Parties 9.1. Droits du Loueur: 9.1.1. Exiger du Locataire d’utiliser la Parcelle de terre conformément à sa destination, de respecter la sécurité écologique, le régime des zones de protection des eaux, des zones de protection côtière, de préserver la fertilité des terres, de payer le loyer dans les délais. 9.1.2. Résilier le Contrat de manière unilatérale en cas de retard de paiement du loyer de plus de 3 (trois) mois à l'issue du délai établi par le présent Contrat. 9.2. Obligations du Loueur: 9.2.1. Le Loueur est tenu de n'entreprendre aucune action qui pourrait empêcher la jouissance de la Parcelle de terre par le Locataire, de transférer la Parcelle de terre au Locataire dans l’état qui correspond aux conditions du Contrat, ceci au plus tard 5 (cinq) jours qui suivent l’entrée en vigueur du présent Contrat, notifier les droits des tiers sur la Parcelle de terre. 9.3. Droits du Locataire: 9.3.1. Le Locataire possède le droit de propriété exclusif sur les produits cultivés sur la Parcelle de terre, ainsi que le droit sur les bénéfices obtenus de l'activité économique réalisée en utilisant la Parcelle de terre. 113 9.3.2. Résilier le Contrat unilatéralement en cas de détérioration de la qualité de la Parcelle de terre, si ceci rend impossible son utilisation conformément à sa destination. 9.3.3. Le Locataire a le droit prioritaire sur l'acquisition de la Parcelle de terre. 9.4. Obligations du Locataire: 9.4.1. Respecter les restrictions établies pour la Parcelle de terre dans les limites prévues par la législation ou par le présent Contrat. 9.4.2. Garantir l’utilisation de la Parcelle de terre à sa destination. 9.4.3. Payer le loyer intégralement et dans les délais, suivant le mode et dans la forme prévue par le présent Contrat. 9.4.4. Respecter le régime d'utilisation des terres appartenant au domaine naturel préservé, d'assainissement, de récréation, historico-culturel et à d'autres domaines de la protection de l'environnement. 9.4.5. Ne construire sur la Parcelle de terre sans consentement écrit du Loueur aucun bâtiment ou construction et ne réaliser aucune plantation pluriannuelle. 9.4.6. Ne violer les droits des propriétaires et des usagers des parcelles de terre voisines. 9.4.7. Augmenter la fertilité des terrains et assurer la conservation des ressources minérales. 10. Risque de destruction ou d'endommagement accidentel de la Parcelle de terre ou de sa partie 10.1. Le risque de destruction ou d'endommagement accidentel de la Parcelle de terre ou de sa patrie fait partie de la responsabilité du Loueur. 11. Assurance de la Parcelle de terre 11. Selon le présent Contrat la Parcelle de terre ne doit pas être assurée. 12. Changement des conditions du Contrat et sa résiliation 12.1. Toute modification des conditions du Contrat doit être réalisée par écrit avec l’accord mutuel des Parties. En cas de l'impossibilité de parvenir à un accord sur la modification des conditions du Contrat, le litige sera résolu par voie judiciaire. 12.2. Le Contrat prend fin en cas de: fin de la période pour laquelle il a été conclu; achat en propriété de la Parcelle de terre par le Locataire; rachat de la Parcelle de terre pour des besoins publics ou pour l'aliénation obligatoire de la Parcelle de terre pour de besoins publics, selon le mode établi par la législation. liquidation du Locataire. dans d'autres cas prévus par la législation. 12.3. Le Contrat prend fin par voie de résiliation: - avec l’accord commun des Parties; - sur décision judiciaire à la demande de l'une des Parties, suite à l'inexécution par l'autre Partie de ses obligations prévues par le Contrat, ou suite à une destruction, détérioration occasionnelle de la Parcelle de terre louée qui empêche d'une manière importante son utilisation, ainsi que pour d'autres raisons prévues par la législation. 12.4. La résiliation unilatérale du Contrat n'est possible que dans les cas prévus par la législation ukrainienne en vigueur. 12.5. Le transfert du droit de propriété sur la Parcelle de terre louée à un tiers, ainsi que la réorganisation du Locataire ne saurait être un motif valable pour modifier ou résilier le Contrat. 114 13. Responsabilité des Parties pour l'inexécution et/ou l'exécution inadéquate du Contrat 13.1. Pour l'inexécution et/ou l'exécution inadéquate du Contrat les Parties portent la responsabilité conformément à la législation ukrainienne en vigueur et aux dispositions du présent Contrat. 13.1. La Partie ayant violé ses obligations, sera dégagée de toute responsabilité si elle prouve ne pas être en faute pour cette violation. 14. Règlement des litiges 14.1. Les Parties s'efforceront de résoudre à l'amiable tout désaccord qui pourrait survenir en rapport avec l'exécution du présent Contrat. En cas d'impossibilité de résoudre le litige survenu en rapport avec l'exécution du Contrat par voie de négociations, ce litige sera soumis à la résolution par le tribunal économique ukrainien compétent. 15. Dispositions finales 15.1. Le présent Contrat entrera en vigueur à la date de sa signature par les Parties et son enregistrement étatique. 15.2. Tous rapports ayant lieu entre les Parties au Contrat au cours de son exécution et n’étant pas réglementés par le présent Contrat, sont réglementés par les normes de la législation ukrainienne en vigueur. 15.3. Après la signature du présent Contrat toutes les négociations précédentes, la correspondance, les protocoles d’intentions relatifs au présent Contrat, deviennent caducs, mais peuvent être pris en considération lors de l’interprétation du présent Contrat. 15.4. Les Parties assument la responsabilité de la justesse des coordonnés indiquées dans le présent Contrat et s’engagent à notifier l’autre Partie par écrit de tout sous un délai de 10 jours, faute de quoi les Parties portent le risque de l'arrivée des conséquences défavorables. 15.5. La cession du droit de créance et (ou) la reprise de la dette selon le présent Contrat par une des Parties envers des tiers est admise exceptionnellement à condition de l’accord mutuel écrit des Parties. 15.6. Tous changements et compléments au présent Contrat, accords complémentaires et annexes au présent Contrat étant la partie intégrante du présent Contrat ont la force juridique à condition qu’ils soient établis par écrit, contresignés par les représentants des Parties et que les cachets des sociétés y soient apposés. 15.7. Les frais de certification notariale du présent Contrat sont à la charge du Locataire (préciser). 15.8. Le présent Contrat est fait en 3 exemplaires en ukrainien et en français, ayant une même force juridique, un exemplaire pour le Locataire, un exemplaire – pour le Loueur et le troisième – pour le service qui a effectué son enregistrement étatique__________________. En cas de divergences dans l'interprétation des textes ukrainien et français du Contrat, le texte ukrainien sera prépondérant. 15.9. Les parties intégrantes du Contrat sont : - Plan ou schéma de la Parcelle de terre; - Cadastre de la Parcelle de terre avec indication des restrictions ou accablements de son utilisation et des servitudes foncières établies (si elles existent) - Acte de définition des limites de la Parcelle de terre en nature (sur le terrain); - Acte de réception-transmission de la Parcelle de terre 115 Coordonnées des Parties Loueur: _____________________________________ Passeport: série ____ N° ________ (si personne physique) Adresse/siège social: ______________________________________ _______________________________________ ______________________________________ Code d'identification fiscale: N° __________________ ou Certificat d'enregistrement étatique: N° ________________________________ ___________________________________ Coordonnées bancaires: C/c: ________________________________ ______________________________________ ______________________________________ ______________________________________ ______________________________________ Locataire: ______________________________________ Passeport série ____ N° ________ (si personne physique) Adresse/siège social: ______________________________________ _______________________________________ ______________________________________ Code d'identification fiscale: N° __________________ ou Certificat d'enregistrement étatique: N° ________________________________ ___________________________________ Coordonnées bancaires: C/c: ________________________________ ______________________________________ ______________________________________ ______________________________________ ______________________________________ Signatures des Parties Loueur: ____________________________________ /Lieu du cachet/ 116 Locataire: _____________________________________ /Lieu du cachet/ Le Contrat est enregistré dans le Département du rayon de __________________ de la filiale régionale du «Centre DZK», ce qui est enregistré dans le Registre étatique des terres le «___» _________ 200__ sous le N° _________. /Lieu du cachet/ ________________ (Cachet), /_____________________/ (Signature de la personne qui a enregistré le Contrat) 117 Liste non-exhaustive des activités du secteur agricole/agroalimentaire dont l’exercice est soumis à l’obtention préalable d’une licence 1) Production et commerce en gros et au détail des médicaments et des préparations vétérinaires; 2) Pratique vétérinaire; Organisme compétent en matière de la délivrance de licences («organisme compétent»): Département d'Etat de la médecine vétérinaire. 3) Production et commerce en gros et au détail de pesticides et produits chimiques agricoles (uniquement les régulateurs de croissance des plantes); 4) Culture, utilisation des plantes narcotiques à des fins industrielles; 5) Activité liée à la pêche industrielle dans les bassins poissonniers, à l'exception des bassins (étangs) d’exploitation interne; 6) Commerce en gros de grains; 7) Production, conservation et commercialisation des ressources génétiques animales, expertise génétique de l'origine et des anomalies chez les animaux; 8) Désinfection par fumigation des objets de la régulation déterminés par la Loi de l'Ukraine "Sur la quarantaine des plantes", qui traversent la frontière ukrainienne et les zones de quarantaine; Organisme compétent : Ministère de la politique agraire, ainsi que le Ministère de la politique industrielle pour la production des pesticides et produits chimiques agricoles 9) Travaux de réglementation de l'exploitation des terres, d’estimation et ventes foncières rurales; Organisme compétent : Comité national des ressources agricoles 10) Projet de construction et construction nouvelle, ainsi que la reconstruction des systèmes existants d’amélioration; Organisme compétent : Comité national de l’économie d’eau 118 6 Guide pratique L’accès au financement Les banques françaises et leurs filiales en Ukraine : Le secteur bancaire connaît une croissance très rapide en Ukraine, en quelques années, l’ensemble du secteur a ainsi atteint un niveau élevé par rapport au PNB de l’Ukraine. Au 1er janvier 2007, le secteur bancaire comprenait 169 banques en exercice en Ukraine, avec un total des actifs équivalent à 52,3 milliards d’Euros ou 68% du PNB ukrainien. Cette croissance est portée par les achats de banques ukrainiennes par des banques étrangères, en particulier par les banques françaises comme BNP Paribas qui a racheté 51% du capital d’UkrSibBank – 3ème banque ukrainienne par le total de son bilan – et Crédit Agricole qui a racheté IndexBank en 2006, toutes deux banques de détail présentes dans toute l’Ukraine. N’oublions pas Calyon (du groupe Crédit Agricole) qui s’est établi en 1994 tant que première banque étrangère après l’indépendance de l’Ukraine, mais dont l’activité est tournée plutôt vers les entreprises internationales et les grandes entreprises locales. Cette croissance très rapide s’explique par le développement du secteur de la banque de détail et de la banque des PME depuis 2001. En effet, ce secteur n’existait quasiment pas auparavant alors que l’Ukraine faisait face aux graves problèmes posés par l’éclatement de l’URSS et la transition vers une économie de marché. Néanmoins, la réglementation bancaire ukrainienne édictée par la Banque Nationale d’Ukraine (BNU) reste particulièrement stricte et extrêmement bureaucratique, et décourage les prêts non sécurisés par des hypothèques, gages ou nantissements divers. Par ailleurs, les opérations en devises étrangères sont strictement contrôlées et il n’existe presque aucun système de couverture de change en Ukraine. Alors que les taux moyens des prêts restent élevés par rapport aux taux européens : 15-17% en UAH, 12-13%, leurs durées sont plus restreintes qu’en Europe : ce n’est que depuis fin 2005 que le portefeuille de crédit des banques est en majorité à plus d’un an. Les prêts au secteur agricole restent exceptionnels. En effet, leur développement supposerait que deux obstacles fondamentaux soient levés : - il n’y a aujourd’hui aucune assurance étatique contre les calamités naturelles : en particulier, aucune assurance n’existe contre les aléas climatiques ou hydrographiques. - les terres agricoles ne pouvant être vendues tant que le moratoire sur la vente des terres est maintenu, les terres ne peuvent pas servir de gage à l’obtention d’un prêt. Certains grands acteurs du secteur agro-industriel ont commencé timidement à fournir des crédits de campagne à quelques agriculteurs triés sur le volet, mais leur expérience est malheureusement encore émaillée de beaucoup trop d’incidents de paiement. Financement : Solutions intégrées, techniques et financières Quelques réseaux de distribution de matériels agricoles proposent à leurs clients des offres financières attractives : 30% de prépaiement à la commande et 70% de prêt en grivnas, remboursable après les récoltes, avec un taux allant de 11% à 16% et sur lequel le client peut bénéficier d’une aide publique à l’investissement représentant 10% de l’emprunt. Cette aide publique est accordée par l’administration régionale dans la limite de ses enveloppes budgétaires. Les sociétés qui proposent ces solutions se sont dotées d’un solide réseau de 119 terrain pour identifier les capacités techniques du client et surtout ses aptitudes de gestionnaire. Après l’établissement du projet de vente, le business plan et le schéma de financement sont esquissés en commun, avant transmission à la banque. Dès l’accord du prêt, le client verse le prépaiement convenu. La banque verse à son tour les 70% restant au distributeur, alors en mesure de régler ses fournisseurs. Le prêt est remboursable quelques semaines après la récolte, « sécurisée » par le réseau commercial du distributeur (suivi, conseils, SAV). Le coût financier réel pour le client est donc ramené très en dessous du niveau de l’inflation. Un de ces fournisseurs propose un financement à 1% ! Ces accords de partenariat avec les banques ukrainiennes reposent sur la très bonne connaissance que les distributeurs ont de leurs clients. Ils apportent une sécurité à la Banque bien supérieure aux garanties scripturales. Les distributeurs répercutent sur leurs clients les économies de prospection et de garantie de paiement qu’ils font faire à leurs fournisseurs et disposent ainsi d’une marge de négociation avec le banquier. Les offres globales « intégrées » (génétique, matériels, consommables) s’imposent loin devant les ventes de matériels spécialisés. Cette réalité est liée à l’identité des principaux clients dont un nombre très faible est issu du monde agricole. Ils se méfient des explications des organismes technologiques nationaux, et font de fait d’abord confiance aux performances des matériels des pays occidentaux, largement établies par les résultats de leurs secteurs agricoles. Les distributeurs ne cherchent donc pas à vendre à tout prix mais à rester dans le cadre de ce qui est utile et accessible à leurs clients. Ils privilégient les matériels entrant dans des chaînes cohérentes d’amélioration et de diversification des productions végétales (progression du colza, du maïs, du tournesol, du soja...). Les sociétés de leasing : Le leasing reste un outil de financement peu développé en Ukraine, au 1er octobre 2006, le total des actifs des 111 sociétés de financement – leasing, affacturage, crédit à la consommation et autres confondues – ne représentait que 600 millions d’Euros, soit moins de 1% du PNB de l’Ukraine. Le développement du leasing se heurte à deux problèmes : - les modalités d’amortissement fiscal sont les mêmes tous secteurs confondus, alors qu’elles sont souvent accélérées par utilisation du leasing, ailleurs en Europe ; - les acquisitions d’équipements et les loyers de leasing sont soumis à la TVA (20% à ce jour), et les entreprises de leasing éprouvent en se développant des difficultés à se faire rembourser la TVA selon les délais prévus par la loi. Cependant, un certain nombre de vendeurs de matériels agricoles et de sociétés de leasing ont commencé à offrir des débuts de solutions de financement pour des tracteurs et autres matériels agricoles lourds. La Société d’Etat UkrAgroLeasing en particulier offre des solutions de financement en leasing de matériels agricoles. Les informations sur son site Internet sont disponibles uniquement en ukrainien (www.ukragroleasing.com.ua). A noter aussi, le développement rapide de certaines sociétés de leasing affiliées à des groupes occidentaux. Les Institutions Financières Internationales: De nombreuses institutions financières internationales et autres organisations multilatérales de développement travaillent en Ukraine. Les sociétés privées qui souhaitent emprunter auprès 120 de ces institutions doivent bien appréhender leurs missions, statuts et méthodes de fonctionnement pour pouvoir espérer être éligibles à leurs financements. Ces institutions peuvent prêter soit en direct, soit par l’intermédiaire de l’Etat ou de banques locales qui habituellement sont appelés à garantir ces institutions vis-à-vis des emprunteurs finaux. Ces institutions publient également nombres d’études ou de rapports sur l’économie ukrainienne très utiles afin de mieux comprendre comment travailler dans ce pays. Le F.M.I. et la Banque Mondiale ont été fondés en 1944 à la Conférence de Bretton Woods. Le F.M.I. [site en français : http://www.imf.org/external/fra/index.asp] concentre son action sur le court et le moyen terme (1 à 3 ans) et la bonne gestion des finances de l’Etat tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, afin de créer ou d’assurer les conditions de stabilité permettant une croissance économique. Par ce biais, il influence la politique économique et financière des Etats. Le F.M.I. publie sur son site des analyses concernant les pays où il travaille (« Country Report » lorsque le pays est emprunteur, « Article IV consultation » lorsque le pays n’est pas emprunteur.), qui présentent son point de vue et celui des gouvernements des pays analysés sur leur politique économique et financière. Lorsqu'un pays emprunte au FMI, son gouvernement prend des engagements à l'égard des politiques économiques et financières — dispositions qui sont connues sous le nom de «conditionnalité». La conditionnalité permet au FMI de vérifier que l'argent prêté est bien utilisé pour résoudre les difficultés économiques de l'emprunteur, de sorte que le pays soit en mesure de le rembourser rapidement et que les fonds soient ainsi disponibles pour les autres pays qui en ont besoin. La Banque Mondiale [site en français : http://www.banquemondiale.org] regroupe en fait cinq institutions : - la Banque internationale pour la reconstruction et le développement [BIRD] communément appelée Banque Mondiale ; - l'Association internationale de développement [IDA] créée en 1960 qui travaille dans les pays les plus pauvres de la planète ; - la Société financière internationale (en anglais International Finance Corporation [SFI ou IFC] [site en français : http://www.ifc.org/french]) créée en 1956, est l’institution du Groupe de la Banque Mondiale chargée des opérations avec le secteur privé ; - l’Agence Multilatérale de Garantie des Investissements (MIGA en anglais) [site : www.miga.org] créée en 1988, permet de souscrire des contrats d’assurance du risque politique dans les pays où sont réalisés les investissements ; - le Centre International pour le Règlement des Différents relatifs aux Investissements (en anglais International Centre for Settlements of Investment Disputes [ICSID]) créé en 1966 est en quelque sorte un centre d’arbitrage international. Tout pays membre du FMI peut devenir membre de la BIRD, préalable avant de devenir membre de l’IDA, de la SFI ou de MIGA. La BIRD accorde deux principaux types de prêts et de crédits : - des prêts/crédits d’investissements accordés aux pays pour financer des fournitures, travaux et services à l’appui de projets de développement économique et social dans des secteurs divers. - des prêts/crédits à l’appui des politiques de développement (anciennement appelés prêts/crédits d'ajustement) fournissent un financement extérieur à décaissement rapide pour aider les pays à réorienter l’action publique et à réaliser des réformes institutionnelles. 121 La SFI est la seule société du groupe Banque Mondiale qui finance les projets privés en Ukraine, vous pouvez consulter leur action en Ukraine sur leur site internet [http://www.ifc.org/ifcext/eca.nsf/Content/UkraineHome], et découvrir les projets que la SFI finance dans ce pays en cliquant alors sur « Table of Selected Investment Projects ». Outre les financements faits directement, la SFI octroie des lignes de refinancement à un certain nombre de banques locales destinées en priorité aux PME. La Banque Européenne de Reconstruction et de Développement (BERD ou en anglais EBRD) [site en français : http://www.ebrd.org/fr/index.htm] est une institution financière internationale créée en 1991. Son rôle est de favoriser la transition vers une économie de marché dans les anciens pays socialistes ou communistes en Europe et en Asie Centrale. Son action n’est rendue possible selon le traité qui l’a constituée que si ces pays s'engagent à respecter et à mettre en pratique les principes de la démocratie, du pluralisme et de l'économie de marché, et d’y promouvoir l'initiative privée et l'esprit d'entreprise. La BERD encourage le cofinancement – elle ne peut financer plus de 35% d’un projet – et les investissements étrangers directs provenant des secteurs public et privé, aide à mobiliser des capitaux locaux et fournit une coopération technique dans les domaines relevant de son mandat. Elle finance tant des projets publics que des projets privés dans les pays membres, classés selon dix secteurs d’activités. Elle publie sur son site les opérations étudiées ou financées dans chacun des pays où elle opère (Ukraine : http://www.ebrd.org/projects/psd/coutry/ukraine.htm et http://www.ebrd.org/country/country/ukraine/sign.pdf). Outre les financements faits directement, la BERD octroie des lignes de refinancement à un certain nombre de banques locales destinées en priorité aux PME. La BERD est un gros intervenant financier en Ukraine (financements « engagés » en 2007 : presque USD 1 Million). La Banque de la mer Noire pour le Développement et le Commerce (en anglais : BSTDB) [site en français : http://www.bstdb.org], est une institution financière internationale créée en 1999 par l’Albanie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Bulgarie, la Géorgie, la Grèce, la Moldavie, la Roumanie, la Russie, la Turquie et l’Ukraine. En quelque sorte, c’est une petite sœur de la BERD pour les pays de la Mer Noire. Comme la BERD, elle finance tant des projets publics que des projets privés dans les pays membres. Elle publie sur son site des opérations financées dans ces pays (Ukraine : http://www.bstdb.org/sumsigcukrtxt.htm). Comme la BERD ou la SFI, outre les financements faits directement, la BSTDB octroie des lignes de refinancement à un certain nombre de banques locales destinées en priorité aux PME. Pour mémoire : L'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (la FAO en anglais) a été créée en 1945 [site en français : http://www.fao.org/index_fr.htm], et joue un rôle de chef de file dans les efforts internationaux de lutte contre la faim. C’est une tribune neutre de négociations et d’échanges de vue sur les politiques agricoles, ainsi qu’une source de savoir et d'informations. Elle aide les pays en développement et les pays en transition à moderniser et à améliorer les pratiques agricoles, forestières et halieutiques, et à garantir une bonne nutrition pour tous. Depuis sa création en 1945, elle a consacré une attention particulière au développement des zones rurales, où vivent 70 pour cent des populations pauvres et affamées de la planète. Les quatre grands domaines d'activité de la FAO sont 1/ mettre l'information à la portée de tous ; 2/ partager l'expertise en matière de politiques ; 3/ servir de lieu de rencontre pour les Etats ; et 4/ porter les connaissances sur le terrain. 122 La FAO publie sur son site toutes une série d’études sur le secteur agricole en Ukraine ainsi que la traduction en anglais d’un certain nombre de lois ukrainiennes et de décisions ministérielles sur le portail « International Portal on Food Safety, Animal & Plant Health ». L’Organisation de Coopération et de Développement Economiques [site en français : http://www.oecd.org] est issue du Plan Marshall et a été établie en 1948 en tant que OECE qu’elle remplace en 1961. Elle a pour mission d’aider les gouvernements à réaliser une croissance durable de l’économie et de l’emploi, ainsi qu’une progression du niveau de vie dans les pays membres, tout en maintenant la stabilité financière, et à favoriser ainsi le développement de l’économie mondiale. L’OCDE regroupe 30 pays qui partagent les mêmes idées : être attaché aux principes de l’économie de marché et de la démocratie pluraliste. L’Organisation partage ses compétences et échange des idées sur des questions d’intérêt commun avec plus de 70 pays dans le monde. Sa Direction du Développement coordonne les activités de coopération avec les pays non membres, dont l’Ukraine. L’OCDE a financé de nombreuses études et rapports concernant l’Ukraine, dont des analyses sectorielles ou régionales. L’Agence Internationale de l’Energie (en anglais : International Energy Agency) [site : http://www.iea.org] créée pendant la crise pétrolière de 1973-74, avait pour mission dans un premier temps de coordonner les mesures à prendre en temps de crise des approvisionnements pétroliers. Aujourd’hui, l’AIE dispense des conseils de politique énergétique à ses 26 pays membres qui s’emploient à assurer pour leurs citoyens des approvisionnements en énergie fiables, propres et à des prix abordables et coopère avec les pays non membres. L’AIE a publie en 2006 une analyse de la politique énergétique de l’Ukraine. La Charte de l’Energie (en anglais : Energy Charter) [site : http://www.energycharter.org] créée par le traité de 1994, a commencé ses opérations en 1998. Elle a pour but de promouvoir le commerce libre de l’énergie et de protéger les investissements à l’étranger dans ce domaine. L’Ukraine a adhéré à la Charte de l’Energie. La Banque du Conseil de l’Europe [site en français : http://www.coebank.org] créée en 1956, a pour mission de financer des projets sociaux visant à l’amélioration des conditions de vie et de la cohésion sociale dans les pays européens membres. Ces prêts sont accordés ou garantis par les Etats membres, mais peuvent être accordés également à des personnes morales si celles-ci peuvent accorder des garanties suffisantes. L’Ukraine ne compte pas encore parmi ses membres. 123 Le régime fiscal Le cadre fiscal a beaucoup évolué depuis l’indépendance de l’Ukraine. Un projet de Code fiscal fait l’objet de discussions depuis de nombreuses années. Ce Code qui permettrait d’harmoniser les règles et les pratiques en matière de fiscalité devrait être finalement soumis au Parlement prochainement. A ce jour, les principales règles sont les suivantes: Les droits et impôts indirects Il existe en Ukraine trois types de taxes indirectes: les droits de douanes, les droits d’accise et la taxe sur la valeur ajoutée (ci-après TVA). Les droits de douane L’Ukraine applique aux frontières différents taux de droits de douanes en fonction du pays d’origine des marchandises et du type de marchandises importées. Pour plus de précisions, il convient de consulter le code douanier. La taxe sur la valeur ajoutée Le taux de droit commun est de 20%, et s’applique à l’ensemble des transactions internes en Ukraine. Un taux de 0% est appliqué pour l’exportation de biens qui seront utilisés hors du territoire ukrainien. Le matériel apporté au capital social d’une société est soumis à la TVA. Une exonération spécifique de TVA est accordée aux entreprises agricoles qui remplissent les conditions requises. Les droits d’accise Ces droits concernent notamment l’importation de marchandises comme les cigarettes et les alcools mais ne sont pas applicables aux matériaux et produits agricoles. Les principaux impôts directs L’impôt sur le profit des entreprises Le taux de droit commun est de 25%. Toutefois, les sociétés, notamment les entreprises agricoles qui répondent aux critères définis par la loi, peuvent bénéficier d’un système spécifique d’imposition ayant au préalable opté pour le paiement de l’impôt agricole fixe. L’impôt unique Les PME qui ne répondent pas aux critères pour bénéficier de l’impôt fixe agricole peuvent choisir le système d’imposition basé sur le chiffre d’affaires de la société. Ce système est réservé aux sociétés dont le chiffre d’affaires annuel (y compris TVA) ne dépasse l’équivalent de 140 300 EUR. Deux options sont possibles : - 10% du chiffre d’affaires si la société ne présente pas une déclaration de TVA séparée ou - 6% du chiffre d’affaires dès lors que la société comptabilise et verse séparément la TVA. 124 L’impôt agricole fixe Cet impôt s’applique aux entreprises dont le résultat de l’activité de production agricole et/ou de la transformation de produits agricoles est supérieur à 75% des recettes globales de l’entreprise. L’impôt est fixé en fonction de l’étendue des terres agricoles dont l’entreprise est propriétaire ou locataire. Le taux d’imposition est un pourcentage du prix de l’hectare de terrain défini par le Cabinet des Ministres. La définition du pourcentage appliqué dépend du type de terres exploitées. La taxe perçue sur les véhicules Un impôt doit être acquitté par toutes les personnes détentrices de véhicules automobiles. Le montant de cette taxe est évalué en fonction de la cylindrée du moteur de la voiture. Les retenues à la source Un versement des dividendes, un paiement d’intérêts, de royalties, ou d’un gain en capital en faveur d’un non résident fait l’objet d’une retenue à la source / d’un prélèvement de 15% (conditions générales). Toutefois, ce taux peux être réduit au cas ou l’Ukraine et le pays du bénéficiaire ont conclu et fait approuver par leurs parlements un traite de non-double imposition. Dans le cas spécifique de la France, par exemple, la retenue à la source est : - pour le paiement d’un dividende : de 15%, si la part détenue par le « Français » est de moins de 5%, de 5 % si cette part est entre 5 et 50% et de 0% au-dessus de 50% ; - pour le paiement d’intérêts en faveur d’une compagnie : 10%, en faveur d’une banque en France : 2%. Impôts et taxes spécifiques aux entreprises agricoles L’impôt sur la terre Un impôt sur la terre doit être acquitté par tous les propriétaires de certificat de propriété. Le montant de cet impôt dépend du type et de la situation géographique des terres. La taxe sur l’environnement Cette taxe se traduit pour les entreprises agricoles par le paiement d’une taxe qui dépend de la quantité de carburant consommé par les véhicules à caractère agricole notamment les tracteurs, les moissonneuses et les camions. La consommation de carburant est enregistrée par l’entreprise et communiquée aux services fiscaux qui définissent le montant dû par l’entreprise La taxe sur les ressources naturelles Un impôt sur l’utilisation des ressources naturelles, comme l’eau, doit être acquitté par tous les utilisateurs. Cette taxe est basée sur le volume consommé qui est systématiquement enregistré et déclaré aux services fiscaux. 125 Certification des matériels Pour pouvoir utiliser les matériels étrangers en Ukraine, la majorité des équipements doit être certifiée. Les principaux organismes de certification sont le DERJSTANDARD (Vassilkovskogo Rion, Khlevakha tel ;(8044 71) 3 29 20) et l’institut de certification de Bila Tserkva (Doslienitskogo. tel 8 0 44 71 3 39 54, et 3 39 83, ou 3 41 91 ; fax 3 34 30). De plus, les sociétés qui importent du matériel (neuf ou d’occasion) doivent s’acquitter des droits et des taxes lors de l’importation des matériels en Ukraine. A ces droits viendra s’ajouter une TVA de 20%. Le dédouanement implique également des frais liés aux formalités douanières dont le coût varie en fonction du montant des matériels importés : - 5 USD pour les équipements dont le montant est inférieur à 1000 USD, - 0,2% de la valeur douanière des équipements dont le montant est supérieur à 1000 USD. Le montant des frais est plafonné à 1000 USD. Principaux droits de douane pour l’importation de matériels agricoles neufs Matériel Charrues Herses Cultivateurs Tracteurs Moissonneuses Semoirs Droits (%) 10 10 10 5 à10 en fonction de la puissance du moteur 10 0 Réglementation Certification obligatoire pour ces matériels, sauf pour les gros tracteurs. Il est important de préciser par ailleurs qu’il est interdit d’importer en Ukraine du matériel de traction (voiture, tracteur, moissonneuse) de plus de huit ans. Même si l’importation du matériel d’occasion depuis la France ou d’autres pays de l’Union européenne peut être fastidieux du fait des formalités administratives et des délais de passage en douane, il reste tout de même intéressant car moins onéreux que du matériel neuf étranger, et certainement plus performant que du matériel neuf local. Un grand nombre de distributeurs proposent du matériel d’occasion sous garantie, par exemple Agrimatko, Amaco, GreenExpress, Stiomi, etc. 126 Main d’œuvre disponible Qualification et coût de la main d’œuvre agricole Une main d’œuvre efficace mais à surveiller La main d’œuvre agricole est qualifiée sur le plan technique et fait preuve d’ingéniosité pour l’entretien et la réparation du matériel agricole, tout faisant preuve de fortes capacités de travail. Cependant pour être efficace, cette main d’œuvre doit être rigoureusement encadrée et surveillée. Il faut être extrêmement vigilant quant au vol et à l’alcoolisme, deux phénomènes courants, hérités de l’époque soviétique et qui peuvent engendrer quelques difficultés. Le coût de la main d’œuvre agricole en Ukraine reste relativement faible mais augmente régulièrement. Le salaire brut moyen d’un tractoriste, tel qu’il résulte d’enquêtes sur le terrain, est d’environ 200 €. Le coût de la main d’œuvre varie sensiblement en fonction de la situation géographique de l’entreprise et du type de matériel mis à disposition de l’employé Il est fréquent de négocier des bonus saisonniers. Les charges patronales et salariales Les entreprises doivent s’acquitter des charges patronales qui s’élèvent à environ 37% du salaire versé au salarié, dont une taxe sur les maladies professionnelles et accidents du travail qui varie en fonction du domaine d’activité de la société. Les cotisations sociales à la charge de l’employé s’élèvent à environ 3,5% du salaire brut, dont 2% environ au fonds de retraite (un taux de 0,5% est applicable sur le montant du salaire inférieur au minimum vital officiel et 2% - sur le montant global du salaire déduction faite du montant du minimum vital officiel). Le montant du minimum vital s’élève depuis le 1er octobre 2007 à 568 UAH. Le salaire est actuellement taxé dans la limite de 8520 UAH /mois/employé, c'est-à-dire que la portion éventuelle, au-dessus de ce niveau, n’est pas l’objet de prélèvement de charges patronales. Impôt sur le revenu des personnes physiques (résidents fiscaux en Ukraine) : 15% depuis le 1er janvier 2007. Lors d’un entretien d’embauche, il est fréquent que le candidat présente ses prétentions salariales en net et en USD. 127 Les assurances en Ukraine L’Etat assurait tout jusqu'à l’indépendance de l’Ukraine en 1991. En 2006, 411 compagnies d’assurance, dont 55 en Assurance Vie et 356 en Assurance IARD, se sont partagées UAH 13.8 mlrd de primes (USD 2.7mlrd). Une moitié ( ?) de ces primes ne concerne pas une assurance réelle, l’ « assurance » étant encore utilisée à des fins fiscales, de par le régime spécifique dont elle bénéficie. La réassurance est aussi souvent utilisée à des fins d’évasion de capitaux. Ces 411 compagnies se partageaient des actifs d’USD 4.7 Mrd fin 2006, les réserves investies n’étant que de 1.2 Mrd. Les grands courtiers internationaux sont présents depuis longtemps : Marsh, Aon, Willis. Les assureurs occidentaux commencent à venir. En IARD : QBE /Australie en 1999, AIG/USA en 2004, Allianz (via Rosno) en 2006, PZU /Pologne (2006), Generali (en 2006, en prenant 51% de Garant)… et sous peu Axa (fin 2007). En assurance Vie, une toute petite activité : AIG Life (2005), Alliance (Rosno, 2006), Grawe (2006), PZU (2006) et en 2007 Cardif, Fortis, Generali… Une loi sur les assurances est en discussion depuis le début 2007, mais non encore votée fin 2007. L’assurance est parfois obligatoire en Ukraine, comme par exemple, en automobile pour couvrir la Responsabilité Civile. Il est toutefois moins cher de soudoyer un agent de police plusieurs fois que de payer une assurance…et donc cette obligation n’est pas toujours respectée. Les banques dans leur activité de crédits aux entreprises (parfois) et/ou à la consommation (systématiquement pour les voitures, par exemple) obligent l’emprunteur à s’assurer. Dans le secteur agricole l’Etat a prévu d’obliger toute entreprise agricole qui bénéficie de subsides de la part de l’Etat à être assurée. Il y a même un fonds auquel une partie des primes reçues devrait être transférée, fonds qui devrait redistribuer aux assurés une partie de ces recettes en cas de sinistre … mais tout cela n’est pas au point et donc les autorités ne réclament que rarement que des assurances soient prises lorsqu’elles versent des subsides (en bonifiant des crédits par exemple). Les silos qui sont certifiés doivent s’assurer. Mais les négociants qui achètent les récoltes, mais ne les préfinancent pas, ne demandent donc pas d’assurance à leurs fournisseurs. Sur le plan de l’assurance Santé, un système de sécurité sociale administrativement lourd et peu efficace existe. Certains employeurs, occidentaux surtout, proposent à leur personnel des assurances privées qui fournissent un service très convenable, ces assurances coutant par employé et par an à Kiev +/- 300 EUR (en 2006). Globalement donc il est souhaitable et possible de s’assurer en Ukraine, essentiellement en le faisant auprès des compagnies étrangères locales, et/ou par l’intermédiaire de courtiers qui permettront de vous assurer à l’étranger. Ces firmes occidentales traitent les sinistres de façon variable, mais plus occidentale de toute façon. 128 Accession de l’Ukraine à l’OMC L'Ukraine est en phase de négociation pour son accession au GATT puis à l'OMC depuis 1993. C'est un des rares pays de taille importante, avec la Russie, à ne pas être encore membre de cette organisation. Pendant ces 15 ans, l'Ukraine a mis en conformité sa législation avec les règles de l'OMC. Elle a adopté un code douanier et un code foncier, établi un régime de protection de la propriété intellectuelle, a avancé dans l'harmonisation des systèmes de standardisation et de normes, des règles sanitaires et phytosanitaires et des méthodes de gouvernement. Les négociations d'adhésion sont actuellement presque terminées. L'Ukraine faisait fin 2007 toutefois face à deux blocages de la part de la Kirghizie et de l'Union Européenne. Le différent avec la Kirghizie porte techniquement sur l'apurement des dettes soviétiques entre l'Ukraine et ce pays. Il est en réalité de nature politique, le blocage kirghize, suscité par la Russie, permettant à cette dernière de retarder l'entrée de l'Ukraine dans l'OMC jusqu'à la sienne. Le litige avec l'Union Européenne est de nature commerciale, les Etats Membres étant préoccupés par le maintien par l'Ukraine de taxes à l'exportation sur un certain nombre de produits dont les ferrailles, cet instrument étant un moyen de subvention indirecte à ses producteurs. Une entrée de l'Ukraine dans l'OMC est toutefois souhaitable et souhaitée par l'UE. Elle faciliterait, pour nos entreprises, la levée les entraves aux échanges qui persistent, elle encadrerait les pratiques des "raiders" visant, avec la complicité de la justice ukrainienne, à spolier les investissements des entreprises étrangères. Enfin, tant que l'Ukraine n'est pas dans l'OMC, la négociation du volet libre échange du nouvel accord renforcé de voisinage avec l'Union ne peut être lancée. En tout état de cause, l’Ukraine cherche à rapprocher sa législation des usages internationaux et à la rendre « OMC compatible » avec une série de lois adoptée récemment. Les deux blocages susmentionnés étant « règles » début 2008, il est vraisemblablement que l’Ukraine rejoigne l’OMC en 2008 … avant la Russie. Lois de portée économique générale. Amendements au Code douanier du 16.11.2006. №359-V relatifs au renforcement de la protection des droits de propriété intellectuelle. Cette loi, entrée en vigueur en février 2007, oblige l’administration douanière à contribuer à la défense des droits de propriété intellectuelle attachés aux marchandises rentrant en Ukraine et prévoit la création d’un Registre des biens bénéficiant de droits de propriété intellectuelle. Ce registre devrait être relié au Registre douanier et assurer la correspondance avec la nomenclature du code douanier international43. 43 La loi précise qu’en cas de découverte d’une atteinte au respect de la propriété intellectuelle, l’administration douanière pourra surseoir au dédouanement des biens suspects, pendant un délai de 15 à 30 jours, avec conservation dans des entrepôts temporaires ou des entrepôts sous douane. L’administration douanière sera dans l’obligation d’informer le titulaire des droits intellectuels et le déclarant en douane. Dans un délai de 15 jours après réception de l’avis des douanes, le titulaire des droits de propriété intellectuelle pourra informer par écrit l’administration douanière de ses démarches en justice, et demander une prolongation de la durée du dépôt en joignant à sa demande une attestation motivée établie par un agent assermenté (avoué, 129 Loi sur l’activité économique extérieure. Cette loi modifie le texte de 1992 en introduisant notamment des procédures nouvelles de licences automatiques et non automatiques. La procédure automatique s’appliquera à toutes les opérations commerciales disposant de l’ensemble des documents d’exportation et d’importation, et ne faisant l’objet d’aucune restriction légale, telle que la limitation des flux par des quotas, des mesures spéciales de contingentement ou des mesures relatives à la sécurité sanitaire44. Loi sur les banques et l’activité bancaire. Cette loi autorise les banques étrangères à créer des succursales en Ukraine. La modification de l’article 2 de la loi introduit un nouveau terme dans le vocabulaire du droit financier45. Les banques auront le droit d’ouvrir des succursales et de créer des représentations dans le pays si elles respectent les dispositions normatives définies par la Banque Nationale d’Ukraine (NBU) et lui transmettent les données légales pour le registre national bancaire. La création de succursales de banques étrangères est soumise à leur engagement à lutter contre le blanchiment de l’argent sale (Accord GAFI/FATF) et contre les actions terroristes. Leur pays d’origine devra être partie à l’accord bancaire de Bâle. Le « capital » de la succursale au moment de son immatriculation devra être supérieur à 10 millions d’euros. L’exigence en matière du montant minimum du capital de la succursale au moment de son immatriculation, ainsi que comme toutes les autres modifications apportées à la loi sur les banques et l’activité bancaire par la loi №358-V, du 16.11.2006, entreront en vigueur dès l’adhésion de l’Ukraine à l’OMC. Loi sur les médicaments La loi sur les médicaments étend la protection des préparations pharmaceutiques, avec l’impossibilité, pendant les 5 années suivant l’enregistrement en Ukraine de toute substance pharmaceutique, de procéder à l’enregistrement d’une autre préparation utilisant les informations de l’enregistrement initial. L’enregistrement est de la compétence du ministère de la santé publique ou des organismes publics placés sous sa tutelle46. Le ministère de la huissier...). Le titulaire des droits de propriété intellectuelle, propriétaire des biens, devra déposer auprès de l’administration douanière une avance, ou toute autre garantie équivalente, destinée à couvrir les pertes (dépenses des douanes) Le délai de dépôt en douane devrait être automatiquement accordé sur présentation d’une décision constatant le non respect des droits intellectuels, qu’elle ait été prise par un juge ou par toute autre instance officielle de l’Etat. En l’absence de ces décisions, le dédouanement sera engagé par l’administration douanière, et les frais seront facturés au propriétaire des biens. 44 La Rada a également approuvé une loi modifiant le vocabulaire de la Loi sur l’activité économique extérieure pour en retirer tous les termes non-conformes aux définitions de l’OMC. 45 Le « capital d’immatriculation » («Pripisnoï kapital») est le montant numéraire, exprimé en unités monétaires convertibles, apporté par la Banque étrangère pour l’accréditation de sa succursale. La banque Nationale d’Ukraine pourra refuser l’attribution d’une licence si les documents fournis, les équipements bancaires ainsi que les compétences du dirigeant et du comptable ne répondent pas aux normes nationales. La Banque Nationale pourra également refuser l’enregistrement d’une succursale si la situation financière de la société mère est de nature à compromettre les droits des clients ou des clients potentiels de la filiale. 46 La loi établit la liste des données à fournir pour un dossier d’enregistrement : nom et adresse du producteur ; dénomination du produit pharmaceutique, dénomination commerciale, et dénomination d’agent actif (en latin), synonymes ; formes de production, composition complète, liste des indications et des contre-indications, dosages, conditions de prescription et d’administration ; durée et conditions de conservation ; informations sur l’emballage et le conditionnement et les données relative à l’enregistrement du médicament dans d’autres pays. Le dossier doit également comporter les résultats des essais cliniques et des expertises. L’organe d’enregistrement doit prendre sa décision dans un délai d’un mois. Celle-ci doit indiquer l’article de la pharmacopée auquel il est rattaché, et les méthodes de contrôle de qualité, répondant aux normes en vigueur ou aux technologies de production. 130 santé publique et ses établissements publics sont soumis à une stricte obligation de confidentialité pour toutes les informations reçues dans le cadre d’une demande d’enregistrement. La divulgation ou l’utilisation incorrecte des informations fournies pour l’enregistrement des médicaments exposera leurs auteurs à des poursuites disciplinaires et administratives, et le cas échéant à des poursuites pénales. Lois pour le secteur agricole. Loi sur les droits de douane (taxes à l’exportation) des bovins vivants et des cuirs. La loi prévoit la mise en place d’un système de taux combinés de droits de douane pour l’exportation des bovins, des ovins, des cuirs, etc. selon un barème ad valorem compris entre 30% et 75%. L’Ukraine s’engage à faire baisser ces taux de 5% chaque année à compter de sa pleine accession à l’OMC ; sans cependant aller en deçà de 10% ou 20% pour certains produits, dont la liste sera établie par la loi, après les négociations d’accession. Loi sur la production et de circulation de l’alcool éthylique, du cognac, des alcools de fruit et des boissons alcoolisées et du tabac Un amendement de la loi №374-V a ramené le prix des licences de production et de commercialisation de l’alcool éthylique, des boissons alcoolisées et du tabac à 780 hryvnias. Le coût de la licence de vente en gros de l’alcool éthylique, des boissons alcoolisées et du tabac s’élève à 500 000 hryvnias. Il est possible que les droits d’accises, qui n’entrent pas dans les droits contrôlés par l’OMC, soient revus à la hausse… Loi sur la médecine vétérinaire La loi s’efforce de prendre en compte les réglementations internationales notamment dans l’appréciation et l’estimation des risques sanitaires, désormais bien distincte de la gestion des situations de risque. Les dispositions de la loi confirment le rôle de l’administration vétérinaire de la sécurité sanitaire du pays, notamment par les contrôles effectués aux frontières sur les flux d’animaux vivants et de produits carnés. Son rôle est précisé dans l’agrément des méthodes, l’enregistrement des médicaments et des préparations vétérinaires, et dans la mise en œuvre des mesures épidémiologiques. Loi sur les pesticides et l’agrochimie La loi garantit les droits des entreprises ayant enregistré des produits en Ukraine. Pendant un délai de 10 ans, à compter de la date d’enregistrement, il est interdit d’utiliser l’information contenue dans les dossiers d’enregistrement sans l’autorisation préalable du détenteur des droits afférents au produit enregistré. Loi sur les produits portant mention d’origine géographique Le 23 novembre 2006, le président Iouchtchenko a promulgué la loi, adoptée par la Rada le 2 novembre, sur la protection des produits ayant une dénomination d’origine. Cette loi prévoit que la protection des produits étrangers bénéficiant d’une indication d’origine géographique ne sera acquise en Ukraine que dans la mesure où la protection de leur droit est bien en vigueur dans leur pays d’origine. Loi sur la protection des variétés végétales La loi sur la protection des variétés végétales a été promulguée par le Président Iouchtchenko le 23 novembre 2006, après avoir été adoptée par la Rada le 02.11.2006, №311-V. Elle porte sur l’exercice et la protection des droits de propriété intellectuelle, privés et non privés, attachés à la découverte et à la distribution d’espèces végétales. Elle définit le conservateur 131 d’une variété végétale (« sort »), comme toute personne physique qui concourt à la préservation des variétés dans les différentes étapes de leur mise en circulation à des fins agricoles. 132 7 Quelques conseils pratiques pour aborder le contexte ukrainien Cette liste, non exhaustive, de recommandations est le fruit des retours d’expérience de différents acteurs installés en Ukraine depuis plusieurs années : Avant tout posséder un esprit de pionnier, pragmatique, motivé et pugnace. Être très patient, très organisé et très strict. Avoir de bonnes qualités de manager. Être prêt à vivre en Ukraine, à y venir et y revenir. Même si plusieurs associés peuvent se relayer sur l’exploitation, un responsable de culture doit être en permanence présent sur le site pour gérer le quotidien, exercer un contrôle serré. Réussir son intégration. Il ne suffit pas de s’imposer en tant qu’étranger. Il faut faire connaissance avec les responsables administratifs et agricoles de la région d’implantation, ne pas hésiter à sponsoriser des projets locaux afin de se construire une image positive auprès des populations locales, d’être connu et reconnu. Se positionner comme un partenaire européen tout en apprenant l’ukrainien. Bien être conscient que c’est au porteur de projet de s’adapter au contexte ukrainien et que dans aucun cas ce sera le contexte qui s’adaptera à lui. Choisir sa zone d’implantation en fonction des spécialités agricoles des régions, des voies de communication des villes importantes, mais aussi en fonction de la présence et du comportement des oligarques locaux. Pour réussir, il est souvent nécessaire de se constituer ou d’intégrer une filière et rechercher l’intégration verticale totale. Organiser son indépendance en terme d’approvisionnement et de commercialisation (contrats souvent non respectés), ou livrer à une entreprise occidentale qui produit /exporte, dans le cadre d’une relation contractuelle. Outre la présence française ou occidentale, ne pas hésiter à recruter du personnel local jeune qui sera formé au sein de l’entreprise pour les postes à moindre responsabilité. Ne pas sous-estimer l’importance d’un comptable local expérimenté au sein de la société. Etre prêt à investir sur du long terme et supporter une à trois années difficiles au niveau des résultats. Les premières années sont bien souvent consacrées à la remise en état des sols et des structures sans dégager de bénéfices. De plus, les banques ne vous aideront que très marginalement, à des coûts qui pourraient être élevés : votre risque est plein, mais les retours sont en rapport. Savoir profiter de l’expérience du terrain des acteurs déjà installés et ne pas hésiter à s’implanter dans une région déjà investie par des étrangers. S’entourer d’avis multiples et variés avant de se lancer, et une fois lancé. Enfin, ne jamais céder à la corruption. Sur le long terme, cela se révèle une bien meilleure stratégie qui engendre le respect de vos interlocuteurs. Cela permet aussi de ne pas accepter le vol, d’être défendu par nos diplomates avec succè. 133 8 Questions et idées reçues Tchernobyl et le phosphore. Un environnement pollue ? L’image de l’Ukraine reste marquée par la catastrophe de Tchernobyl. La radioactivité y serait dangereuse et le risque nucléaire persisterait. Pourtant, le troisième réacteur de la centrale de Tchernobyl, a été arrêté le 15 Décembre 2000. Il n’y a plus de réacteur du type RBMK en fonctionnement en Ukraine. Les réacteurs en activité sont des réacteurs du type VVER plus modernes et plus sûrs. Le contrat pour la construction d’un nouveau sarcophage sur le quatrième réacteur accidenté est signe et sa construction devrait être achevée en 2010. De nombreuses études sont engagées sur les zones interdites autour de la centrale, ou la diversité écologique croit, au point qu’une spécialiste américaine réputée y voit un renouveau de la nature. Un recueil très complet des études et des bilans a été publie pour le vingtième anniversaire en 2006 de la catastrophe. Plus récemment en 2007 des wagons comportant du phosphore jaune pulvérulent ont déraillé et pris feu dans la région de Lvov. L’accident n’a pas, et de loin la dimension de l’explosion d’une centrale nucléaire ; mais il a été amplifie par les joutes politiques, à quelques semaines des élections législatives anticipées de septembre 2007. Il révèle, comme de nombreux autres incidents sur les voies ferrées, le vieillissement des infrastructures, très largement utilisées pour le transport, lent, mais en général très sûr, des passagers et des marchandises. L’Ukraine hérite, comme l’ensemble des pays de la CEI, des pollutions de la période soviétique: il reste encore beaucoup à faire pour améliorer la qualité des rivières et de l’air pollués par les déchets industriels, les poussières de charbon (dans la région de Donetsk, par exemple). Mais l’Ukraine dispose aussi, à l’inverse de nombreuses réserves biologiques et parcs naturels qui sont plutôt bien défendus par le ministère de l’environnement et par les associations de protection de la nature, qui s’opposent a l’exploitation abusive des forêts, dans les Carpates ou en Crimée. Un pays mais pas encore un Etat de droit ? L’idée que l’Ukraine n’est pas un Etat de droit est couramment répandue. La justice reste, il faut le reconnaître largement sous influence ; et la partialité des juges est dénoncée autant par les occidentaux que par les ukrainiens eux-mêmes. Dans leur majorité, les ukrainiens, attachés à leur territoire et à leur culture, regrettent vivement que les gouvernements issus de la Révolution orange ne se soient pas prioritairement attaqués à la reforme de l’appareil judiciaire pour garantir, comme le promettaient les slogans de Maidan, une loi unique pour tous. Le risque politique est considéré comme élevé. Mais il n’y a pas eu, en 16 ans, d’exemple d’entreprises empêchées sans raison de rapatrier leurs capitaux. La législation, parfois doublée d’accords bilatéraux, garantit la sécurité des investissements étrangers. Par exemple, l’accord du 3 Mai 1994 entre la France et l’Ukraine sur l’encouragement et la protection réciproque des investissements apporte une garantie supplémentaire aux investisseurs, mais ne les dispense pas d’être prudents dans la sélection de leurs partenaires et dans la préparation des documents statutaires et comptables. 134 Les abus d’autorité ont été effectivement nombreux, et le sont encore. Des difficultés réelles subsistent, malgré les progrès réalisés, dans le domaine fiscal. Les exportateurs, notamment les négociants en céréales, ne réussissent pas à obtenir le remboursement de leur crédit de TVA, qui s’élèvent, pour certains groupes, à plusieurs centaines de millions de dollars. En dépit d’améliorations apportées aux délais et aux conditions de dédouanements, certains marchés restent marqués par un niveau élevé de corruption. C’est notamment le cas du marché des viandes, où le régime des zones spéciales introduit des passe droits qui freinent l’activité normale dans d’autres régions, ou des marchés des vins et spiritueux où les exigences des services de contrôle et de la certification permettent de se constituer des caves par des prélèvements excessifs aux fins d’analyse. La règlementation sur la protection de la propriété intellectuelle a progressé même si, dans la pratique, des problèmes se posent encore. Une corruption forte, peut-on y échapper? Selon une étude de l’Institut d’études sociologiques « Gorchenine » effectuée en février 2007 auprès de 2000 personnes réparties sur le territoire ukrainien, la corruption est endémique. Sans surprise, la Milice et la Justice viennent en tête du palmarès des plus corrompus pour plus de 50 % des personnes interrogées. La Rada occupe la troisième place (39 %), suivi par la procurature générale (38 %), les douanes (36 %) et l’administration territoriale locale (32 %). Le Cabinet des ministres n’échappe pas à la suspicion de corruption (19 %) pas plus que l’administration présidentielle (15 %). Moins de 1% des personnes interrogées pensent que les structures publiques ne sont pas corrompues. Ils sont 67 % à estimer que les décisions des juges sont vénales, et 32 % pensent qu’un mandat de député à la Rada s’obtient par l’argent. Ils sont moins de 2 % à estimer que les hautes fonctions publiques sont attribuées sans payer. Près de 60 % ne s’attendent pas à une lutte efficace contre la corruption publique, contre 14 % qui la jugent possible. Les deux tiers des personnes interrogées se refuseraient à voter pour un parti ou un candidat dont ils sauraient avec certitude qu’il a trempé dans des affaires de corruption. Enfin le sondage classe les fonctions pour lesquelles les personnes interrogées souhaitent des titulaires non corrompus. Le Président vient en première position (63 %), puis les juges (59 %), les députés (52 %), les ministres (45 %), les enseignants (43 %), les chefs de services locaux (30 %). On peut bien sûr contester ce sondage, dont la taille de l’échantillon reste modeste, mais il ne surprend personne. On peut d’ailleurs noter qu’au plus près de leurs préoccupations quotidiennes, les personnes interrogées sont moins exigeantes : confirmation de ce qu’elles doivent composer avec la corruption de base pour régler leurs problèmes. Mais la corruption n’est pas incontournable. Un nombre croissant d’investisseurs étrangers parviennent à travailler en Ukraine sans céder au chantage. Cela implique toutefois de savoir prendre son temps, voire beaucoup de temps, pour venir à bout de toutes les formalités et lenteurs administratives. Le pouvoir est, en effet, diffus d’où la difficulté à résoudre les problèmes. Mais c’est possible, sans verser de bakchich. Et les représentants officiels de nos pays sont là pour vous aider. La grande criminalité ne concerne quasiment pas les PME. Il reste quelques secteurs où la contrefaçon et la criminalité sont importantes : l’alcool, les cigarettes, les CD et, quoique à un moindre degré actuellement, les voitures d’occasion. 135 La mafia « économique » est issue d’anciens dirigeants de grandes entreprises qui se sont attribuées les biens qu’ils ont dévoyés. Nombre d’entre eux sont blanchis à l’heure actuelle. Leur préoccupation maintenant est de devenir suffisamment « présentables » pour se fondre dans le nouvel environnement. Cette évolution est naturellement différente suivant les secteurs. Faut-il maîtriser la langue ? Bien sur il est préférable de disposer d’une bonne connaissance de l’ukrainien ou du russe, les deux langues maternelles de la très grande majorité de la population et de la totalité de ceux qui ont fait des études supérieures. Mais on peut quand même réussir en s’appuyant sur les aptitudes de ses collaborateurs. Dans de nombreuses sociétés, y compris françaises, la langue de travail est très souvent l’anglais. Les groupes internationaux ont en effet une politique de mobilité de leurs cadres et l’anglais est la langue commune au plus grand nombre. Il ne faut pas négliger le fait que les cadres les plus jeunes qui arrivent célibataires, souvent se marient localement, et apprennent, très rapidement, le russe ou l’ukrainien. Trouve-t-on tous les services pour la vie quotidienne en famille? Kiev est maintenant une ville ou l’expatriation n’est plus vraiment un problème, sauf peut-être sur le plan médical. Kiev est à considérer comme une capitale internationale disposant de tous les services classiques sont des écoles internationales, des écoles francophones étant adaptées jusqu’au niveau du collège. La disponibilité de services équivalents dans les grandes métropoles de province est naturellement moindre et d’abord pour les écoles. A noter enfin que la sécurité pour un occidental en Ukraine est forte et sans doute supérieure à celle des grandes villes occidentales. Quel accueil par la communauté francophone ? Une petite communauté mais qui croit avec le développement des projets. Surtout concentrée à Kiev, mais avec présence significative dans les régions grâce aux Centres culturels français ou aux alliances françaises et dans une population plutôt francophile. 136 9 Trois contacts pour démarrer : 1. Poste d’Expansion Economique de France à l’Ambassade de France en Ukraine Tel : (38 044) 590 22 00 Site web: www.dree.org/ukraine 2. ACFAU (Association de la Communauté Française en Ukraine) Tél / fax : (38 044) 270 73 34 E-mail: [email protected] Site web : http://acfau.com.ua 3. Les Conseillers Economiques du Commerce Extérieur de la France/ Section Ukraine Tél : (38 044) 490 14 28 E-mail : [email protected] 137