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Lettre de Félicien Rops à Victor [Hallaux]. Paris, 1890/12/02.
Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, III/215/11/38
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[1r° : 1]
Paris 2 Décembre 1890.
Mon Vieux,
Il en sera comme tu voudras, et je me tiens à ta disposition entière pour ta deuxième «
machinette » comme tu dis. Seulement, j’espère que tu n’as pas fait graver une vieille peinture
de moi (comme le vieux croquis en couleur de la Chronique dont tu avais parlé à Liesse.) Je
ne te le pardonnais pas. Je sais Kistemaecker ou plutôt « Tristemacaire » comme on l’appelle
ici, assez Jean foutre pour te conseiller de me jouer un mauvais tour, avec un certain plaisir.
Il faut que je te dise qu’un jour cet ancien commis de je ne sais quel bourdeau d’Anvers est
venu me demander pour Cladel un cuivre que je lui ai fait gratis. Il m’en a récompensé en le
faisant servir une 2 fois en tête des Poésies de Théodore Hannon avec une ineptie anversoise,
(de l’esprit d’Anvers !!) sous la planche en épigraphe. Ici, c’est un bonhomme tout à fait «
exécuté » : – Il a été pris la main dans le sac, faisant faire des tirages supplémentaires, au
tirage qu’il annonçait, au détriment des auteurs. C’est un bon et volontaire Cocu, voilà tout. Il
n’a jamais su ce que c’était qu’un livre. Le bouquin de Dom était cochonné comme tout ce qui
sort de chez lui. Il
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s’imagine que lorsqu’il a flanqué du rouge & du bleu dans ses typographies, il a fait de la «
bibliophilie » ! Donc : attention Mon Vieux pas de polissonneries à la Tristemacaire je te prie.
Dis-moi si Jasinski habite Paris, comme je te l’ai demandé, et quel prix il demande pour
une gravure comme celle que tu lui fais faire. Ceci entre nous bien entendu. – absolument.
Ta flèche Parthéenne ne porte pas : le frontispice de la Jeune Belgique est sur cuivre depuis
novembre 1887. C’est tellement ancien, (et nous en avons tiré des états), que je n’ai pas même
songé dans le contrat Dentu à le faire figurer sur la liste des travaux qui étaient en dehors de
nos conventions. – Et j’ai eu tort, car je pourrais être embêté avec cela. On ne sait jamais !
Je compâtis à tes peines,….. très précieux que tu es, mais avoue que tu banquettes un peu
trop ! – Tu as le système du Père de Francken, qui prétendait que c’était les pommes de terre
& le Bordeaux qui donnait la goutte. Crois-moi : en Juillet prochain fais-moi signe, et nous
irons avec Verwée et le poète Edmond Haraucourt faire signer nos infirmités la bàs par le bon
docteur Debout d’Estrées. Il te racontera comment sa femme l’a fait cocu aussi, c’est dans le
traitement ; et il te donnera une photographie de la main du baron de Rosée, un Namurois – la
gloire de la province ! – qui passe
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pour être le plus beau goutteux du continent, car on ne lutte pas avec l’Angleterre !! – Moi,
je vais chaque année à Contrexeville, depuis ma première attaque. On s’y embête, il n’y a là
qu’un tas de vieilles femmes à lombes défoncés, par un abus des virilités trop imposantes de
leurs contemporains, mais on s’y guérit. Essaie !
À toi
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Lettre de Félicien Rops à Victor [Hallaux]. Paris, 1890/12/02.
Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, III/215/11/38
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Ton vieux
Fély
P.S. Tu as raison de librairifier un peu, – fais des livres joyeux, on n’en fait plus ! Et tu as
tout ce qu’il faut pour cela ! et mets-y de l’esprit, puisque tu en as sur toi. – Donc Mon Vieux
pas de mauvaise farce hein ? Pas de F. Rops gravé par Jasinski et pas de « Tristamacairie » !
Je t’offre de faire un dessin qui pourrait être gravé, fin du mois, ce n’est pas pour que tu me
joues une farce que, en raison de notre vieille amitié, je ne pourrais te pardonner. Écris moi un
mot à ce sujet et à propos du Jasinski aussi.
Et n’oublie pas Contrexeville, que vis a vis des dames nous appelons : Trexeville,
pudiquement.
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Et belles amitiés à la bonne Joséphine et à la belle Mélanie, car elle l’est toujours ! Et malgré
mes fautes n’oublie pas de m’envoyer ton volume, « à l’infâme Fely ». – Je réparerai tout cela
Mon Vieil ami. Nous ne sommes pas encore morts, sacredié ! –
Pour commencer, dans une quinzaine, quand je retournerai à la Campagne, je détacherai
une étude de mon atelier de là bas, & je l’enverrai à mon amie Joséphine Hallaux en
reconnaissance éternelle des œufs sur le plat & du délicieux café qu’elle a eu la complaisance
de me faire tant de fois, lorsque je lâchais Namur pour Bruxelles. au temps heureux de
l’Uylenspiegel, deuxième année ! grand format !
F. R
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Lettre de Félicien Rops à Victor [Hallaux]. Paris, 1890/12/02.
Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, III/215/11/38
Nom - expéditeur:
Nom - destinataire:
Lieu - de rédaction:
Date:
Rops Félicien
[Hallaux] Victor
Paris
1890/12/02
Type de document:
Lieu de conservation:
Collection / Département:
N° d'inventaire:
Mesures:
Apostille:
Lettre
Bibliothèque royale de Belgique
Cabinet des Manuscrits
III/215/11/38
177mm x 225mm
à Hallaux
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