L`argumentation, du classicisme aux Lumières
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L`argumentation, du classicisme aux Lumières
chapitre 1 SÉQUENCE L’argumentation, du classicisme aux Lumières 7 L es pouvoirs du discours D e l’avocat romain Cicéron à l’avocat français Robert Badinter, les différents genres de discours (sermons, plaidoyers…) ont considérablement évolué, tout en visant constamment à susciter l’attention de l’auditoire et à emporter son adhésion. S O M M A I R E O B J E C T I F Analyser, au fil des siècles, les thèmes et les moyens rhétoriques mis en oeuvre dans différentes sortes de discours. RESSOURCE COMPLÉMENTAIRE Bossuet, Sermon du mauvais riche (1662).. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 00 Texte 1 D’UN Texte À L’AUTRE V. Hugo, Discours sur la misère (1849).. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 00 Voltaire, Candide, « Le Nègre de Surinam » (1759).. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 00 Texte 2 D’UN Texte À L’AUTRE A. Césaire, Discours sur le colonialisme (1950). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 00 ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE D’UN Voltaire, Candide (1759). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 00 Beccaria, Des Délits et des peines (1764).. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 00 Texte 3 Texte À L’AUTRE R. Badinter, Discours à l’Assemblée Nationale (1981). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 00 Image W. Ronis, Grève chez Citroën-Javel à Paris (1938). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 00 Analyse d’ SYNTHÈSE L’art oratoire à travers les siècles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 00 Histoire des arts Les maîtres du discours dans la sculpture. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 00 Exercices d’approfondissement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 00 Notions et activités legende à venir 000 2 ➜ p. 000 : L’ÉNONCIATION, LA COMMUNICATION ET LA MODALISATION Les connotations ➜ p. 000 : L’HISTOIRE ET LE SENS DES MOTS Métaphores, antithèses, anaphores… ➜ p. 000 : LES FIGURES DE RHÉTORIQUE Questions rhétoriques, types de phrase… ➜ p. 000 : LA SYNTAXE Réécrire en utilisant l’antithèse ➜ p. 000 : RÉÉCRIRE Prouver à l’aide d’arguments développés ➜ p. 000 : JUSTIFIER À L’AIDE D’ARGUMENTS Rédiger tout ou partie d’un commentaire ➜ p. 000 : RÉDIGER UN COMMENTAIRE LITTÉRAIRE Rédiger un discours ou un récit comportant des arguments ➜ p. 000 : INVENTER ET ARGUMENTER Séquence 5 Fables et paraboles 000 Séquence 6 Contes et romans philosophiques 000 Séquence 7 Les pouvoirs du discours 000 Séquence 8 Textes polémiques des Lumières Liens avec la partie II Pronoms personnels, modalisateurs… Liens avec la partie III 3 Séquence 1 x Les mythes dans la tragédie Texte 2 LECTURE ANALYTIQUE VOLTAIRE Candide (1759) Biographie p. 000 Premiers pas Chassé du château allemand du baron Thunder-ten-tronckh en raison de sa liaison avec la fille du maître, Cunégonde, le jeune Candide voyage et explore le monde. Après un long périple en Europe puis dans la nouvelle Amérique où il vient de découvrir le pays d’Eldorado, il pénètre au Surinam où, accompagné de Cacambo, il rencontre un homme mutilé qui lui expose les raisons de son handicap. 5 1. Nom hollandais fantaisiste qui signifie « de la dent dure ». 10 2. Nom générique pour désigner les populations noires jusqu’au XXe siècle. 3. De Patagonie, province alors sous domination espagnole (actuellement en Argentine). 15 4. Pays d’Afrique occidentale. 5. Terme désignant normalement un objet auquel on attribue un pouvoir surnaturel. 20 – Est-ce M. Vanderdendur1, dit Candide, qui t’a traité ainsi ? – Oui, monsieur, dit le nègre2, c’est l’usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l’année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons3 sur la côte de Guinée4, elle me disait : “Mon cher enfant, bénis nos fétiches5, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux ; tu as l’honneur d’être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère.” Hélas ! je ne sais pas si j’ai fait leur fortune, mais ils n’ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous ; les fétiches hollandais qui m’ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d’Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m’avouerez qu’on ne peut pas en user avec ses parents d’une manière plus horrible. – Ô Pangloss ! s’écria Candide, tu n’avais pas deviné cette abomination ; c’en est fait, il faudra qu’à la fin je renonce à ton optimisme. – Qu’est-ce qu’optimisme ? disait Cacambo. – Hélas ! dit Candide, c’est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal » ; et il versait des larmes en regardant son nègre ; et en pleurant, il entra dans Surinam. 1. a . Remettez dans l’ordre chronologique les événements vécus par le nègre de Surinam. b. Commentez leur évolution. 2. En quels termes Candide réagit-il à ce discours ? Quelle image donne-t-il donc de lui ? Mise au point ➜ p. 000 : LA SYNTAXE Question de synthèse 8. Pourquoi peut-on considérer le nègre de Surinam comme un orateur habile ? ➜ p. 000 : L’ART ORATOIRE 3. Quand il évoque des animaux, quelle figure de rhétorique le supplicié emploie-t-il ? Dans quel but ? ➜ p. 000 : LES FIGURES DE RHÉTORIQUE Analyse 4. Quels pronoms le personnage emploie-t-il pour évoquer les mauvais traitements qu’il a subis ? Qui désignent-ils, et quelle est leur valeur ? ➜ p. 000 : CLASSE ET FONCTION GRAMMATICALES ➜ p. 000 : L’ÉNONCIATION, LA COMMUNICATION ET LA MODALISATION 5. a. Relevez la phrase la plus directement accusatrice ; commentez sa construction. b. S’agit-il de la seule accusation explicite ? Justifiez. ➜ p. 000 : LA SYNTAXE 6. Comment les représentants religieux sont-ils désignés ? Quelle image en est-il donné ? Pour aller plus loin 9. Recherche. Relevez dans le texte tous les éléments rappelant le système du commerce triangulaire, puis utilisez une encyclopédie ou un livre d’histoire pour proposer une définition plus précise de cette réalité économique du XVIIIe siècle. 10. Rédaction argumentée. Le sort du nègre de Surinam peut-il encore nous émouvoir aujourd’hui ? Répondez dans un développement de deux paragraphes au minimum, en vous fondant sur des faits d’actualité, des films et des livres abordant la question de l’esclavage. ➜ p. 000 : JUSTIFIER À L’AIDE D’ARGUMENTS Texte 2 AIMÉ CÉSAIRE D’UN À L’AUTRE Discours sur le colonialisme (1950) Biographie p. 000 Trois ans après le début de la décolonisation, d’abord en Inde, puis dans la plupart des pays asiatiques et africains, le poète martiniquais Aimé Césaire rédige un vigoureux pamphlet qui définit et dénonce le colonialisme. Après avoir étudié les aspects les plus violents de la conquête espagnole dès la fin du XVe siècle, il attaque violemment la présence française en Afrique amorcée au milieu du XIXe siècle. Extrait du chapitre XIX. 1. Partie conquérante la plus avancée. 4 5 Légende splendida porro at occulti 7. a. En quoi la référence au généalogiste (l.00) peutelle surprendre ? b. De qui le nègre devient-il donc le porte-parole ? 2. L’occasion. 10 Colonisation : tête de pont1 dans une civilisation de la barbarie d’où, à n’importe quel moment, peut déboucher la négation pure et simple de la civilisation. J’ai relevé dans l’histoire des expéditions coloniales quelques traits que j’ai cités ailleurs tout à loisir. Cela n’a pas eu l’heur2 de plaire à tout le monde. Il paraît que c’est tirer de vieux squelettes du placard. Voire ! Était-il inutile de citer le colonel de Montagnac, un des conquérants de l’Algérie : « Pour chasser les idées qui m’assiègent quelquefois, je fais couper des têtes, non pas des têtes d’artichauts, mais bien des têtes d’hommes. » Convenait-il de refuser la parole au comte d’Hérisson [« actif » aussi en Tunisie] : « Il est vrai que nous rapportons un plein baril d’oreilles récoltées, paire à paire, sur les prisonniers, amis ou ennemis. » 5 Séquence 1 x Les mythes dans la tragédie 20 25 30 35 40 3. Envahisseurs du Moyen Âge. 4. Ville malgache. 5. Plaisirs. 6. Romancier du début du XXe siècle, friand d’exotisme, qui a voyagé dans les pays nouvellement colonisés par les Français. 7. Habitants de l’Annam, actuellement le centre du Vietnam. 8. Affreuses. 45 50 Fallait-il refuser à Saint-Arnaud [Général Achille le Roy dit Saint-Arnaud qui assura le commandement de la Division de Constantine, en 1837 avec le grade de capitaine, il dirige le « siège de Constantine »] le droit de faire sa profession de foi barbare : « On ravage, on brûle, on pille, on détruit les maisons et les arbres. » Fallait-il empêcher le maréchal Bugeaud [gouverneur général de l’Algérie de 1840 à 1847 ; il dirigea la conquête du Maroc] de systématiser tout cela dans une théorie audacieuse et de se revendiquer des grands ancêtres : « Il faut une grande invasion en Afrique qui ressemble à ce que faisaient les Francs3, à ce que faisaient les Goths3. » Fallait-il rejeter dans les ténèbres de l’oubli le fait d’armes mémorable du commandant Gérard [qui organisa la répression féroce du soulèvement populaire à Madagascar] et se taire sur la prise d’Ambike4, une ville qui, à vrai dire, n’avait jamais songé à se défendre : « Les tirailleurs n’avaient ordre de tuer que les hommes, mais on ne les retint pas ; enivrés de l’odeur du sang, ils n’épargnèrent pas une femme, pas un enfant… À la fin de l’après-midi, sous l’action de la chaleur, un petit brouillard s’éleva : c’était le sang des cinq mille victimes, l’ombre de la ville, qui s’évaporait au soleil couchant. » Oui ou non, ces faits sont-ils vrais ? Et les voluptés5 sadiques, les innombrables jouissances qui vous frisselisent la carcasse de Loti6 quand il tient au bout de sa lorgnette d’officier un bon massacre d’Annamites7 ? Vrai ou pas vrai ? Et si ces faits sont vrais, comme il n’est au pouvoir de personne de le nier, dira-ton, pour les minimiser, que ces cadavres ne prouvent rien ? Pour ma part, si j’ai rappelé quelques détails de ces hideuses8 boucheries, ce n’est point par délectation morose, c’est parce que je pense que ces têtes d’hommes, ces récoltes d’oreilles, ces maisons brûlées, ces invasions gothiques, ce sang qui fume, ces villes qui s’évaporent au tranchant du glaive, on ne s’en débarrassera pas à si bon compte. Ils prouvent que la colonisation, je le répète, déshumanise l’homme même le plus civilisé ; que l’action coloniale, l’entreprise coloniale, la conquête coloniale, fondée sur le mépris de l’homme indigène et justifiée par ce mépris, tend inévitablement à modifier celui qui l’entreprend ; que le colonisateur, qui, pour se donner bonne conscience, s’habitue à voir dans l’autre la bête, s’entraîne à le traiter en bête, tend objectivement à se transformer lui-même en bête. C’est cette action, ce choc en retour de la colonisation qu’il importait de signaler.– Ô Pangloss ! s’écria Candide, tu n’avais pas deviné cette abomination ; c’en est fait, il faudra qu’à la fin je renonce à ton optimisme. – Qu’est-ce qu’optimisme ? disait Cacambo. – Hélas ! dit Candide, c’est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal » ; et il versait des larmes en regardant son nègre ; et en pleurant, il entra dans Surinam. Chapitre « Colonisation et civilisation » (extrait), © Présence africaine. Légende splendida porro at occulti QUESTIONS 1. Qu’a de particulièrement original le ton employé par l’orateur ? Expliquez. 2. À quel genre de texte le premier paragraphe ressemble-t-il ? Justifiez. 3.Comment l’ensemble du texte est-il structuré ? Qu’est-ce que cela permet, surtout au moment de proposer des exemples ? 4. a. Quelle figure de construction permet de bien relier les différents exemples ? Expliquez. b.Thématiquement, quel est le point commun de ces faits ? Quel effet ont-ils sur le lecteur ? 6 c. Quel groupe nominal les résume dans le dernier paragraphe ? 5. Comment l’orateur apparaît-il personnellement dans son discours ? Dans quel but ? ➜ p. 000 : L’ÉNONCIATION, LA COMMUNICATION ET LA MODALISATION Vis-à-vis : Voltaire et Césaire 6. À la lumière du discours de Césaire, dans quelle mesure peut-on affirmer que la fiction de Candide est finalement vraisemblable ? ➜ p. 000 : LES FIGURES DE RHÉTORIQUE 7 O B J E C T I F ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE Étudier intégralement un conte philosophique, un genre qui allie réflexion et art du récit. V OLTAIRE Candide (1759) Le con tex te L’Europe est en pleine Guerre de Sept ans : avec ses alliés, la France y est opposée à l’Angleterre et à la Prusse pour des raisons de rivalité coloniale. L’au te u r En 1758, année de la rédaction du récit, Voltaire est reconnu pour ses tragédies depuis Œdipe (1718), a déjà écrit d’autres contes philosophiques, tel Zadig (1747) ; il siège à l’Académie française depuis 1746, et il est rentré de son séjour en Prusse auprès de Frédéric II (1750-1753). Le début de la rédaction correspond au début de sa vie à Ferney, près de Genève où il peut fuir rapidement au cas où la censure française deviendrait pressante. Séquence 1 x Les mythes dans la tragédie Analyse W ILLY RONIS (1910-2009) d’image Grève chez Citroën-Javel, à Paris (1938) Le tex te Le voyage de Candide autour du monde met à l’épreuve la leçon de son précepteur Pangloss : tout est au mieux sur terre. Dès 1936, lors des mouvements ouvriers du Front populaire, le jeune photographe Willy Ronis devient reporter pour la revue Regards. Il couvre en particulier les différentes phases de la grève de l’usine Citroën du quai de Javel, à Paris. Il a ainsi l’occasion de saisir l’une des actions de Rose Zehner, syndicaliste qui a défendu les droits de ses camarades ouvrières. Choix d e le ct u r e s an al yt i q u e s E X TRA I TS RESSOURCE COMPLÉMENTAIRE PERSPECT IV ES D ’ ÉT UD E 1. Chapitre 1 intégral : « Comment Candide fut élevé dans un beau château, et comment il fut chassé d’icelui » Présentation des personnages : jeu ironique avec les stéréotypes du conte 2. Début du chapitre 3 : « Comment Candide se sauva d’entre les Bulgares, et ce qu’il devint », de Rien n’était si beau… à … pour les beaux yeux de mademoiselle Cunégonde Narration aussi épique qu’ironique de la guerre entre les Bulgares et les Abares 3. Chapitre 8 intégral : « Histoire de Cunégonde » Perspectives satiriques d’un récit rétrospectif 4. Extrait du chapitre 19 : « Ce qui leur arriva à Surinam, et comment Candide fit connaissance avec Martin » Témoignage subversif d’une victime de l’esclavage ➜ TEXTE 2, P. 000 5. Extrait du chapitre 30 : « Conclusion », de Pendant cette conversation, la nouvelle s’était répandue… à la fin du récit Implications morales du conte Vue s d ’e n s e m b l e Un récit de voyage. 1. Sur un planisphère vierge, tracez l’itinéraire de Candide. Commentez l’aspect de ce voyage. 2. Déterminez le temps passé dans chaque lieu ; déduisez-en les effets de pause ou d’accélération narrative. Que mettent-ils en évidence ? ➜ p. 000 : LE TEMPS ET L’ESPACE DANS UN RÉCIT Un récit de formation. 3. Relevez cinq passages où Candide juge son propre parcours ; à qui parle-t-il ? En quels termes ? 4. Quels commentaires le narrateur en fait-il ? Commentez. ➜ p. 000 : LE NARRATEUR Un récit ironique. 5. Relevez et analysez un passage pointant l’ironie du narrateur au sujet de chacun de ces domaines : la religion, le pouvoir, le bonheur. ➜ p. 000 : LE REGISTRE POLÉMIQUE ET L’IRONIE 6. En quoi le narrateur est-il le double de l’auteur Voltaire ? 8 QUESTIONS Premiers pas 1. Énumérez tous les éléments de la photographie qui évoquent une grève. 2. Sur quoi notre attention se concentre-t-elle ? Pour quelle raison ? Analyse Tra vau x d ’é cr i t u r e 1. Entraînement au commentaire. Chapitre 22, de À peine Candide fut-il dans son auberge… à …et Martin ne s’en étonnait pas : commentez cet extrait en insistant sur l’ironie féroce du narrateur. Légende splendida porro at occulti 2. Entraînement à l’art oratoire. À la fin du récit, Candide s’exclame : il faut cultiver notre jardin. Rédigez un discours d’une vingtaine de lignes sur un sujet de votre choix, qui se terminera sur la phrase de Candide et qui en dévoilera votre interprétation personnelle. 3. a. De quelle manière la composition du cliché montre-t-elle Rose Zehner ? Où apparaît-elle dans le cadre de l’image ? b. Quelle échelle de plan a été adoptée ? Dans quel but ? 4. Observez son bras levé : quelles lignes de force permettent de souligner ce geste ? 5. a. Découpez les plans qui permettent d’accéder jusqu’à Rose Zehner. Observez en particulier ce que l’on aperçoit au tout premier plan. b. Quelle impression le photographe cherche-t-il à créer en disposant ainsi les plans ? ➜ p. 000 : LES FIGURES DE RHÉTORIQUE Question de synthèse 6. Willy Ronis se rattache au mouvement de la photographie humaniste. Aidez-vous de vos réponses précédentes afin de justifier l’emploi du qualificatif humaniste. 9 SYNTHÈSE L’art oratoire à travers les siècles 1 L’art oratoire à Rome La carrière de Cicéron À Rome, c’est avec Cicéron (106-43 av. J.- C.) que le discours acquiert ses lettres de noblesse. D’abord avocat, il fut l’assistant du gouverneur sicilien Verrès dont il critiqua les malversations dans une harangue, un discours en forme d‘attaque. Plus tard, en tant que consul, il s’attaqua au conjuré Catilina dans quatre discours énergiques d’une telle prouesse que le terme catilinaire est devenu synonyme de réquisitoire violent ➜ EXERCICE 1. Mais il est aussi l’auteur de plaidoyers, tel le Pro Archia défendant un poète grec naturalisé attaqué par la noblesse. Fénelon, élève de Bossuet, subit quant à lui les foudres de Louis XIV, en raison de ses sermons visant la monarchie absolue. l La structure oratoire Ses discours se caractérisent par leur construction rigoureuse : – un exorde : introduction vive ; – une narration : exposé imagé des circonstances de l’affaire ; – une réfutation : attaque des arguments adverses ; – un développement : exposé d’arguments personnels ; – une péroraison : conclusion énergique. Même quand ce canevas est bouleversé, comme dans Les Catilinaires, Cicéron y mêle les trois genres de l’éloquence antique : l’épidictique (blâme ou éloge), le judiciaire (intervention dans une affaire) et le délibératif (arguments pour et contre, pesés pendant le discours). l 2 Le sermon au XVIIe siècle Au Moyen Âge et a fortiori à la Renaissance, le latin, langue savante de référence, fait de Cicéron l’orateur modèle. l Au XVIIe siècle, le sermon est un exposé oral vif prêchant les vertus catholiques, à l’image du sermon sur la montagne de Jésus : François de Sales, auteur de l’Introduction à la vie dévote (1608), représente cette puissance de la parole chrétienne qui s’accommode de la vie mondaine. Mais c’est l’ecclésiastique Bossuet qui l’incarne : son Sermon du mauvais riche, en 1862 ➜ TEXTE 1, forge sa réputation de prédicateur emportant l’adhésion de ses auditeurs. Certes, il défend le gallicanisme, conception qui vise à faire du Roi de France le représentant de la religion catholique au détriment du pape, mais ce sermon prononcé en plein carême accuse explicitement les puissants qui ont oublié les pauvres. l au discours politique Dans son épopée Les Métamorphoses (Ier siècle av. J.-C.), le poète latin Ovide raconte l’histoire du sculpteur Pygmalion : seul dans son atelier, il se console en modelant le corps d’une femme aux formes sublimes. Vénus, afin de récompenser sa piété, fait de l’œuvre de cire une femme de chair. Ce mythe fait du sculpteur l’artiste plasticien par excellence : il modèle, taille, polit ou soude en trois dimensions une représentation d’être ou d’objet qui peut devenir visible dans l’espace public, associée à l’idée de monument ou de commémoration ; c’est ce que prouve la représentation des grands orateurs. L'art oratoire des Lumières Au XVIIIe siècle, le débat philosophique engendre des discours critiques à l’égard du pouvoir royal, du fanatisme religieux, ou des réalités socio-économiques injustes. En Italie, la liberté de ton du traité de Beccaria, Des Délits et des peines (1764) ➜ TEXTE 3, emprunte beaucoup aux techniques oratoires en dénonçant l’arbitraire, influençant durablement les philosophes français. En France, en raison de la censure, le discours subversif rejoint la fiction : les personnages des contes philosophiques, tel le nègre de Surinam dans Candide ➜ TEXTE 2, sont les porte-parole de Voltaire. Diderot, dans ses dialogues fictifs, comme Le Supplément au voyage de Bougainville, glisse des discours enflammés, tel celui du vieux Tahitien visant l’esprit de conquête des Européens ➜ SÉQUENCE 8, TEXTE 3. l Des discours révolutionnaires à nos jours Pendant la Révolution, l’ardeur du discours s’exprime plus ouvertement, même si des orateurs violents comme Saint-Just ➜ EXERCICE 2 subissent les conséquences de leurs propos extrémistes. l Sous la République, l’écrivain engagé Victor Hugo, dans son Discours sur la misère à l’Assemblée, en 1851 ➜ D’UN TEXTE À L’AUTRE 1, met son talent d’orateur au service des plus faibles. l Au XXe siècle, le poète Aimé Césaire, dans le Discours sur le colonialisme (1950) ➜ D’UN TEXTE À L’AUTRE 2, participe aux débats les plus virulents de son époque. D’autres, comme l’avocat Robert Badinter, auteur du projet de loi abolissant la peine de mort, font évoluer la société française dans des discours attentifs à la thèse adverse, sans se départir de leur idéal ➜ D’UN TEXTE À L’AUTRE 3. Sans avoir cette fougue, des romanciers actuels pointent les contradictions du monde intellectuel occidental qui s’adresse aux plus forts sans pouvoir se faire écouter des plus humbles, comme le souligne le discours de Stockholm de Le Clézio en 2008 ➜ EXERCICE 3. l ➜ p. 000 arts Les maîtres du discours en sculpture 3 Du dialogue philosophique Biographies des auteurs 10 Histoire des 1 Polyeuctos, Herma de Démosthène(partie supérieure), IIIe siècle av. J.-C.,Glypthotekh, Munich 1 Les orateurs de l’Antiquité Au IVe siècle av. J.C., l’orateur grec Démosthène s’opposa aux visées expansionnistes de Philippe II de Macédoine ; les sculpteurs immortalisèrent cet homme audacieux, véritable mythe vivant de la parole politique, auréolé de légendes, telle celle de combattre ses difficultés d’élocution en parlant avec du gravier dans la bouche. Au IIIe siècle av. J.-C., la place du marché d’Athènes était significativement ornée d’une herma de Démosthène 1 : ce buste en marbre du sculpteur Polyeuctos surmonte un pilier, honorant le modèle à la façon du dieu Hermès, patron du commerce. Ainsi célébré, le grand homme n’apparaît pas vraiment comme un orateur : le front soucieux et ridé, les yeux concentrés, la barbe et le cheveu ondulés, il a plutôt l’allure d’un philosophe. C’est à Rome que l’art oratoire trouve en sculpture des représentations explicites. À Florence, la sculpture en ronde-bosse et en bronze d’un orateur romain donne une image précise de la façon dont on percevait l’art du discours à l’époque d’Auguste. Certes, de nombreux bustes avaient représenté la figure de Cicéron aux traits soucieux et concentrés, telle l’herma de Démosthène à Athènes, mais cette œuvre innove en montrant un orateur en pied, le bras droit levé, et la tête volontaire, dans un souci de représentation dynamique et réaliste 2 . 2 Artiste inconnu, Orateur, bronze, Ier siècle av. J.-C., Musée archéologique, Florence 11 Histoire des 3 Honoré Daumier, Buste d’Auguste Hilarion de Kératry, député (1832), terre crue peinte à l’huile, Musée d’Orsay, Paris arts Un mouvement artistique : l’impressionnisme LEXIQUE Ronde-bosse : autour de laquelle on peut se déplacer, à la différence du haut-relief ou du bas-relief, sculptés sur un fond. L’impressionnisme est un mouvement pictural figuratif du xixe siècle qui prolonge le réalisme. Comme le réalisme, il rompt avec la peinture académique, mais en accordant la primauté à la couleur et aux impressions ressenties, ce qui donne un aspect « non fini », choquant pour l’époque. En pied : représenté entièrement, de la tête au pied, contrairement au portrait en buste. Allégoriques : représentatifs d’une institution, d’une réalité supérieure. Par exemple, Marianne est l’allégorie de la République française. Art officiel : art de commande au service des gouvernants, des États. 1 L’impressionnisme, une rupture avec la peinture académique 2 La statuaire des grands orateurs au XIXe siècle Au XVIIe siècle, l’importance du sermon se traduit surtout en peinture : Bossuet est peint en pied dans des tableaux essentiellement allégoriques, tradition qui se poursuit jusqu’au XIXe siècle. C’est seulement en 1904 que l’évêque sera représenté au sommet d’un immense monument d’Ernest Dubois, placé dans la cathédrale de Meaux. C’est sous la Troisième République que se développe l’art de la statuaire dédiée aux grands hommes, en particulier les orateurs de la Révolution. La statue de Danton au Carrefour de l’Odéon à Paris 4 en est l’illustration ; fondue par Auguste Paris, élève du grand sculpteur Falguière, elle s’élève depuis 1889 à Histoire des arts p.000 En 1863, Edouard Manet fait scandale avec son Déjeuner sur l’herbe, une toile qui représente deux femmes nues au milieu d’un groupe d’hommes habillés. La luminosité et le sujet audacieux ouvrent la voie à une nouvelle génération de peintres. En 1873 se constitue un groupe de peintres dont les œuvres sont systématiquement refusées au Salon officiel : Claude Monet, Paul Cézanne, Alfred Sisley, Camille Pissarro, Auguste Renoir et Berthe Morisot, seule femme du groupe. En 1874, ils exposent dans l’atelier du photographe Nadar. Cette première exposition est perçue comme une déclaration de guerre à la beauté, tant les tableaux apparaissent comme confus et inachevés. D’abord qualifiés de naturalistes, parce qu’ils installaient leur chevalet en pleine nature, ils sont alors rebaptisés impressionnistes par un journaliste ironique, en référence à une toile de Monet : Impression, Soleil levant. Les impressionnistes remettent en cause la primauté du dessin sur la couleur. Ils rejettent le beau idéal et intemporel défini par les classiques ➜ LE CLASSICISME, P. 000. Monet, avec ses trente toiles peintes de la cathédrale de Rouen 1 , 2 et 3 , à différents moments de la journée, s’attaque à un symbole de permanence, pour affirmer la relativité des perceptions. l’endroit où résidait Danton. Il s’agit d’un groupe sculpté où l’homme de la Terreur apparaît comme un orateur fougueux, ralliant deux citoyens volontaires à ses pieds. Si l’allure générale, avec le bras droit levé, rappelle la statuaire romaine, la bouche ouverte, le mouvement du vêtement et le dynamisme des figures d’hommes qui l’accompagnent, donnent à Danton un élan tout révolutionnaire, peu prisé des historiens de l’art qui y voient avant tout de l’art officiel. 1 , 2 et 3 , Claude Monet, trois vues de la cathédrale de Rouen entre 1892 et 1894 (Paris, musée d’Orsay). 4 12 Auguste Paris, Monument à Danton (1889), bronze, Carrefour de l’Odéon, Paris VIe 13 2 Thèmes et techniques impressionnistes ◗ Les thèmes impressionnistes Les impressionnistes sont les peintres de la vie moderne qu’ils embellissent et poétisent. Le monde urbain occupe une place privilégiée dans leurs œuvres, tel le tableau de Monet, Les Déchargeurs de charbon, qui représente le pont en fer d’Asnières ➜ P. 000. Le travail et la vie quotidienne, les gares, les cafés, les bals, les loisirs nautiques du dimanche les inspirent tout particulièrement. La Grenouillère, lieu emblématique des bords de Seine, est célébrée par Monet, mais aussi par Renoir. Ces artistes quittent leur atelier pour peindre en extérieur, profitant de l’invention des tubes souples de peinture. Ils travaillent sur la lumière et ses effets sur les objets et la nature, à différentes heures, par temps de pluie ou de neige, sur les phénomènes mouvants : fumée, brume, nuage, reflets dans l’eau… Dans La Grenouillère de Renoir 4 , les robes sont des taches claires qui se mêlent au paysage, et l’on ne distingue plus l’eau de la verdure ; même les baigneurs se fondent dans les reflets de l’eau. Les peintres procèdent par touches de couleur fragmentées ; par exemple, un orange est obtenu par la juxtaposition de deux couleurs primaires : le jaune et le rouge. Les touches de couleur permettent d’obtenir des effets de forme et de volume, et la matière picturale est mise en évidence par le travail marqué de l’épaisseur du trait. ◗ La technique impressionniste Perspective et traitement rationnel des sujets sont refusés, au profit de la dissolution des formes et de la représentation subtile des couleurs. Les réalités de la perception optique l’emportent : les silhouettes s’estompent, le flou s’impose. 4 Auguste Renoir, La Grenouillère, 1869 (Stockholm, Musée national). 3 L’influence des impressionnistes sur la littérature et la musique Les peintres impressionnistes trouvent le soutien de quelques écrivains naturalistes. Certes, Manet, en 1868, peint un portrait d’Émile Zola qui consacre l’union entre le naturalisme et la nouvelle peinture, mais Manet est dans une voie médiane qui mêle réalisme et impressionnisme. Son ami Zola n’a eu de cesse d’encenser Manet, mais de considérer Monet ou Renoir comme des peintres de l’inachevé, ayant encore bien 14 des progrès à effectuer. Il n’en demeure pas moins que les personnages de peintres occupent une place importante dans les romans de Zola : Laurent dans Thérèse Raquin ➜ ŒUVRE INTÉGRALE, P. 000 ou Claude Lantier (transposition littéraire de Cézanne et de Manet) dans L’Œuvre. Mais l’influence des impressionnistes se fait surtout ressentir dans le style d’écriture : les romanciers naturalistes privilégient une écriture visuelle par impressions juxtaposées appelée écriture artiste. À partir de 1887, des musiciens préoccupés par la perception subjective des couleurs sonores et des rythmes, comme Claude Debussy, Maurice Ravel et Erik Satie, sont qualifiés d’impressionnistes. Séquence 2 x Comédie antique, comédie classique Exercices d’approfondissement Revoir 1 30 Rhétorique et accusation 1. Comment repérez-vous le destinataire de ce discours ? Enumérez les procédés grammaticaux qui permettent de l’identifier. 35 2. Quels termes Cicéron utilise-t-il pour désigner ce dont il l’accuse ? Quelles sont les connotations de ce vocabulaire ? 3. Quel type de phrase est majoritairement employé ? Dans quel but ? ➜ p. 000 : L’ART ORATOIRE 5. a. Cherchez le sens du mot harangue. b. En quoi ce discours correspond-il à cette définition ? En 63 avant J.-C., le consul romain Cicéron prononça quatre discours à l’encontre de Catilina, un noble ruiné qui avait tenté deux ans plus tôt d’assassiner les consuls dont il briguait le poste. Que peux-tu donc, Catilina, espérer encore, si les ténèbres de la nuit n’ont pas caché à nos yeux tes assemblées criminelles, si les murs d’une maison n’ont pas étouffé la voix de ta conjuration1 ? 5 si tout est mis au jour, si tout éclate ? Renonce à tes desseins, crois-moi ; ne songe plus au meurtre et à l’incendie. Tu es enveloppé de toutes parts ; tous tes projets sont pour nous plus clairs que le jour ; tu peux même les rappeler avec moi à ton 10 souvenir. Te souvient-il que, le douzième jour avant les calendes de novembre2, je dis dans le sénat qu’à jour fixe, dans six jours, Mallius prendrait les armes, Mallius le satellite et le ministre3 de ton audace ? 15 Me suis-je trompé, Catilina, non seulement sur un fait si important, si criminel, si incroyable, mais, ce qui est plus étonnant, me suis-je trompé sur le jour ? J’annonçai de plus au sénat que tu avais fixé le massacre des principaux citoyens au cinquième 4 20 jour avant les mêmes calendes , jour où plusieurs d’entre eux sortirent de Rome, moins pour sauver leur vie que pour faire échouer tes complots. Peuxtu nier que ce jour même, environné de gardes placés par ma vigilance, il te fut impossible de rien 25 tenter contre la république, et que tu dis, pour te consoler du départ des autres, que, puisque j’étais resté, ma mort te suffisait ? Eh quoi ! lorsque, le 1er novembre, tu comp- 16 20 25 1. Ton complot. 2. Douze jours avant le début du mois de novembre, les Romains partageant le mois en calendes, nones et ides (début, milieu et fin du mois). 3. Le plus proche et l’exécutant. 4. Cinq jours avant novembre. 5. Ville de Latium, non loin de Rome. ➜ p. 000 : L’HISTOIRE ET LE SENS DES MOTS 4. Relevez toutes les énumérations : quelle est leur fonction oratoire ? tais t’emparer de Préneste5 à la faveur de la nuit, ne t’es-tu pas aperçu que cette colonie se trouvait sous la protection de postes et de gardes que mes ordres y avaient placés ? Il n’est pas une de tes actions, pas un de tes projets, pas une de tes pensées, non seulement dont on ne m’instruise, mais encore que je ne voie, que je ne connaisse à fond. Cicéron, Première Catilinaire, III, traduction de Thibault, © Hachette (1863). ➜ p. 000 : L’ÉNONCIATION, LA COMMUNICATION ET LA MODALISATION ➜ p. 000 : LA SYNTAXE 15 Approfondir 2 Rhétorique et Révolution 1. De quelle manière le roi est-il évoqué ? Comment l’orateur considère-t-il donc cette autorité ? 2. Quelle notion Saint-Just fait-il valoir dans le premier paragraphe ? Quelle figure de rhétorique permet de la valoriser ? ➜ p. 000 : LES FIGURES DE RHÉTORIQUE 3. a. Quels sont les pronoms personnels utilisés dans le deuxième paragraphe ? Qui désignent-ils ? b. Quelle est leur fonction oratoire ? ➜ p. 000 : CLASSE ET FONCTION GRAMMATICALES Saint-Just, Discours à la Convention, 13 novembre 1792 (extrait). 3 2. a. Quel exemple l’auteur développe-t-il le plus longuement ? b. Quel paradoxe permet-il de souligner ? 3. Quel usage l’orateur fait-il ici des questions rhétoriques ? Commentez deux exemples significatifs. ➜ p. 000 : L’ART ORATOIRE 4. En quoi ce discours illustre-t-il le sentiment de crise du monde intellectuel ? Lors de sa réception à l’Académie suédoise pour la remise du Prix Nobel de littérature, l’écrivain Le Clézio cita le romancier Stig Dagerman qui avait mis l’accent sur un paradoxe : les écrivains abordent la vie des exclus, de ceux qui ne pourront jamais les lire. 5. Quelle phrase rappelle les prises de position extrêmes de Saint-Just ? Comment est-elle construite ? ➜ p. 000 : LA SYNTAXE 10 Jean-Marie Gustave Le Clézio, « Dans la forêt des paradoxes », discours du Prix Nobel, Stockholm, novembre 2008, © Fondation Nobel (2008). ➜ p. 000 : L’HISTOIRE ET LE SENS DES MOTS ➜ p. 000 : LA SYNTAXE 5 pas d’hier. François Rabelais, le plus grand écrivain de langue française, partit jadis en guerre contre le pédantisme3 des gens de la Sorbonne en jetant à leur face les mots saisis dans la langue populaire. Parlait-il pour ceux qui ont faim ? Déborde4 25 ments, ivresses, ripailles . Il mettait en mots l’extraordinaire appétit de ceux qui se nourrissaient de la maigreur des paysans et des ouvriers, pour le temps d’une mascarade5, d’un monde à l’envers. Le paradoxe de la révolution, comme l’épique che30 vauchée du chevalier à la triste figure, vit dans la conscience de l’écrivain. S’il y a une vertu indispensable à sa plume, c’est qu’elle ne doive jamais servir à la louange des puissants, fût-ce du plus léger chatouillis. Et pourtant, même dans la pra35 tique de cette vertu, l’artiste ne doit pas se sentir lavé de tout soupçon. Sa révolte, son refus, ses imprécations restent d’un certain côté de la barrière, du côté de la langue des puissants. 20 ➜ p. 000 : LES FIGURES DE RHÉTORIQUE 4. Par quel argument l’orateur fait-il valoir la nécessité de condamner l’accusé ? Le pacte est un contrat entre les citoyens, et non point avec le gouvernement : on n’est pour rien dans un contrat où l’on ne s’est point obligé. Conséquemment, Louis, qui ne s’était pas obligé, ne peut pas être jugé civilement. Ce contrat était tellement oppressif, qu’il obligeait les citoyens, et non le roi : un tel contrat était nécessairement nul, car rien n’est légitime de ce qui manque de sanction dans la morale et dans la nature. Outre ces motifs, qui tous vous portent à ne pas juger Louis comme citoyen, mais à le juger comme rebelle, de quel droit réclamerait-il, pour être jugé civilement, l’engagement que nous avons pris avec Rhétorique et prix littéraires 1. Quelle métaphore l’auteur utilise-t-il pour évoquer le partage des références littéraires ? Quelle est sa connotation ? ➜ p. 000 : L’ART ORATOIRE Le discours du député montagnard Saint-Just est une condamnation sans appel de Louis XVI. Cette adresse aux représentants du peuple français relève d’une rhétorique révolutionnaire violente. lui, lorsqu’il est clair qu’il a violé le seul qu’il avait pris envers nous, celui de nous conserver ? Quel serait cet acte dernier de la tyrannie que de prétendre être jugé par des lois qu’il a détruites ? Et, Citoyens, si nous lui accordions de le juger civilement, c’est-àdire suivant les lois, c’est-à-dire en citoyen, à ce titre il nous jugerait, il jugerait le peuple même. Pour moi, je ne vois point de milieu : cet homme doit régner ou mourir. Il vous prouvera que tout ce qu’il a fait, il l’a fait pour soutenir le dépôt qui lui était confié ; car, en engageant avec lui cette discussion, vous ne lui pouvez demander compte de sa malignité cachée ; il vous perdra dans le cercle vicieux que vous tracez vous-mêmes pour l’accuser. 5 10 15 […] Que la littérature soit le luxe d’une classe dominante, qu’elle se nourrisse d’idées et d’images étrangères au plus grand nombre, cela est à l’origine du malaise que chacun de nous éprouve – je m’adresse à ceux qui lisent et écrivent. L’on pourrait être tenté de porter cette parole à ceux qui en sont exclus, les inviter généreusement au banquet de la culture. Pourquoi est-ce si difficile ? Les peuples sans écriture, comme les anthropologues se sont plu à les nommer, sont parvenus à inventer une communication totale, au moyen des chants et des mythes. Pourquoi est-ce devenu aujourd’hui impossible dans notre société industrialisée ? Fautil réinventer la culture ? Faut-il revenir à une communication immédiate, directe ? On serait tenté de croire que le cinéma joue ce rôle aujourd’hui, ou bien la chanson populaire, rythmée, rimée, dansée. Le jazz peut-être, ou sous d’autres cieux, le calypso1, le maloya, le sega2. Le paradoxe ne date 1. Danse jamaïcaine. 2. Musiques réunionnaises. 3. L’étalage culturel. 4. Excès de nourriture. 5. D’un carnaval. Écrire 4 Rhétorique et poésie 1. À partir de quel vers le lecteur est-il plongé dans un univers qui sort de la logique rationnelle ? Grâce à quelle image ? Expliquez. ➜ p. 000 : LES FIGURES DE RHÉTORIQUE 2. Relevez l’antithèse des tout derniers vers : quelle image donne-t-elle du « discours sur la paix » ? ➜ p. 000 : LES FIGURES DE RHÉTORIQUE 3. a. Pourquoi pourrait-on parler d’une pointe (comme dans un sonnet) au sujet du vers final ? ➜ p. 000 : LES FORMES POÉTIQUES TRADITIONNELLES b. Quel est le sens critique de ce texte ? Écriture d’invention 2. Dans un récit maniant le discours direct, imaginez les arguments formulés par l’orateur, tout en respectant le ton du poème de Prévert. ➜ p. 000 : INVENTER ET ARGUMENTER Le poète Jacques Prévert est connu pour ses textes audacieux. Antimilitariste et tenté par l’anarchisme, il a imaginé une mise en scène de discours. « Le Discours sur la paix » Vers la fin d’un discours extrêmement important Le grand homme d’État trébuchant sur une belle phrase creuse tombe dedans 17