La Lettre du Bénin n°10

Transcription

La Lettre du Bénin n°10
Publica on mensuelle de l’Ambassade de France au Bénin – n° 10 / Juillet 2014
Sommaire
A la Une – p 2
L’Actualité en image — p 3
Actualités — p 4
« Lumière sur... » — p 7
Bloc Note et Agenda — p 9
rités de même que le sou&en au Bénin dans l’aBeinte
des objec&fs du millénaire pour le développement, en
La célébra&on de la fête ma&ère de santé et d’éduca&on notamment.
na&onale française est
Avec la sec on consulaire, une stratégie « visa » a été
toujours un temps fort à
élaborée, dans le souci d’améliorer l’accueil et les délais
Cotonou, pour la comde délivrance, de permeBre un accès plus facile aux vimunauté
française
sas de circula&on pour nos partenaires et d’accorder une
comme pour nos parteaBen&on par&culière aux visas étudiants, dès l’amont de
naires béninois qui ont répondu présents en grand
la procédure d’inscrip&on avec l’appui de Camus France.
nombre à la récep&on offerte à la résidence de France.
Le 14 Juillet avait ceBe année une résonnance par&cuAvec le Ministre du Développement, de l’analyse écono- lière. 2014 est pour la France une année de commémomique et de la prospec&ve, M. Marcel de Souza, nous ra on collec ve ; nous célébrons le centenaire de la preavons de concert célébré l’excellence du partenariat mière guerre mondiale, qui a fait tant de vic&mes, et qui
franco-béninois, jalonné par les contacts suivis et ami- pour la première fois a vu des Africains se baBre côte à
caux entre les présidents Hollande et Boni Yayi.
côte avec leurs frères français. Nous célébrons égaleème
Ce fut l’occasion pour moi, après un an de séjour au Bé- ment le 70 anniversaire de la libéra&on. Entre 1939 et
nin, de jeter un regard sur l’année écoulée et de tracer 1944, près de 140 000 Africains ont combaBu pour la
France ; près de 24 000 sont morts au combat.
quelques perspec&ves pour l’ac&on de l’Ambassade.
Ainsi, en ma ère de coopéra on, la réflexion a été profondément renouvelée. En novembre 2013, a été signé
un document cadre de partenariat (DCP) contractualisant de nouveaux axes de travail et un engagement de
100 M€ de nouveaux crédits sur la période 2014-2017.
Notre coopéra&on évolue pour s’adapter aux besoins de
nos partenaires béninois, par exemple pour répondre à
leur demande - fortement exprimée lors de la Table
ronde de Paris - sur le secteur énergé&que ou sur une
meilleure adéqua&on entre les forma&ons universitaires
et le marché du travail. L’appui au programme de réformes du Bénin visant à former les cadres de demain et
à assurer la relève des généra&ons est au cœur des prio-
Le Bénin compte plusieurs anciens comba3ants qui ont
par cipé à ces combats, en Afrique du Nord, en Méditerranée, en France et jusqu’en Allemagne, certains y
ont même été grièvement blessés. Ils ont été à l’honneur lors de la récep&on du 14 Juillet. Mais quoi de plus
éloquent que leur témoignage pour nous faire partager
leurs souvenirs –dont la vivacité est pour l’essen&el intacte– de ceBe période difficile de notre histoire commune. Nous avons voulu leur dédier ce numéro de la
LeBre du Bénin, en recueillant le témoignage de l’un
d’entre eux.
Bonne lecture !
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1
Célébra&on du 14 Juillet: l’ami&é franco-béninoise au beau fixe
A l’occasion de la fête na&onale française, une récep&on a été donnée
dans le jardin de la Résidence de France, à l’inten&on des partenaires de
l’Ambassade. Plus de 700 invités étaient présents. La déléga&on officielle,
comprenant une dizaine de membres du gouvernement et plusieurs présidents d’ins&tu&ons, était conduite par le Ministre du Développement, de
l’analyse économique et de la prospec&ve, M. Marcel de Souza.
Les représentants des ONG béninoises partenaires de l’Ambassade dans les domaines du développement
et de la gouvernance étaient par&culièrement bien représentés, de même que ceux du milieu culturel et
des médias.
Le secteur privé béninois était également à l’honneur, ainsi que les sociétés françaises, partenaires de
l’évènement (Air France, Allianz, Bolloré, Colas, Lafarge, Société Générale, Sogea-Satom, Bureau Veritas,
Novotel, groupe Castel, Erevan...) qui ont apporté leur sou&en à l’organisa&on de la récep&on.
L’Ambassadrice a mis en valeur l’excellence des rela&ons unissant le Bénin et la France, sur les plans poli&ques et de la coopéra&on. Dans le
cadre de la célébra&on du 70ème anniversaire de la Libéra&on, elle a rendu hommage à deux anciens combaBants béninois de la Seconde Guerre
Mondiale, MM. Komaté et N’&a, dont les faits d'armes ont été mis en
valeur.
Le Ministre de Souza a pour sa part souligné la densité de la coopéra&on entre la France et le Bénin, dans de nombreux domaines
(gouvernance, développement durable, éduca&on, santé, etc.). Il
s’est félicité de l’implica&on de la France auprès de ses partenaires
africains pour garan&r la paix et la sécurité au Mali, dans la zone sahélo-saharienne et en République centrafricaine. Les convives ont
ensuite procédé à la coupure du tradi&onnel gâteau et porté un toast
à l’ami&é franco-béninoise.
Comme l’an dernier, l’Ambassade a pu compter sur la fanfare des forces armées béninoises pour une par&e du programme musical, ainsi que les hymnes na&onaux. Et « cerise sur le gâteau », une tour Eiffel en
nouga&ne du plus bel effet à cheval sur les drapeaux béninois et français
du tradi&onnel gâteau confec&onné gracieusement par la pâ&sserie béninoise « la Gerbe d’Or ».
En seconde par&e de soirée, un bal populaire a été donné à l’Ins&tut
français pour l’ensemble de la communauté française résidente ou de
passage.
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2
DECORATIONS | 14 juillet
Décora&on de cinq personnalités béninoises à l’occasion de la
célébra&on de la Fête Na&onale: le Général de Brigade Moumouni Zankaro a été fait Chevalier de la Légion d’Honneur ; le
Capitaine de Frégate Albert Badou a été décoré du grade de
Chevalier dans l’Ordre Na&onal du Mérite ; M. Arsène Adiffon,
Directeur de l’ONG Racines (luBe contre le VIH/Sida) a été fait
Chevalier dans l’Ordre Na&onal du Mérite ; Mme Béatrice
Gbado, auteure et fondatrice des édi&ons Ruisseaux d'Afrique
et M. Toussaint Yaovi Tchitchi, Directeur du Centre Na&onal de
Linguis&que Appliquée ont, quant à eux, été faits Chevalier des
Arts et des LeBres.
COOPERATION DE SECURITE | 29 juillet
Réunion de travail à la Résidence avec le Ministre de
l’Intérieur, de la Sécurité publique et des Cultes M. François Houessou et son équipe, dans le cadre de la programma&on des ac&ons de coopéra&on pour la sécurité intérieure en 2015.
RECOMPENSE | 4 Août
Les représentants de la Junior Chamber Interna&onal au
Bénin sont venus présenter à l’Ambassadrice le prix reçu lors de la conférence JCI de la zone Afrique MoyenOrient qui s’est tenue à Lomé au Togo au mois de Juillet.
Ce prix a récompensé leur campagne « NOTHING BUT
NETS » pour luBer contre le paludisme qui avait été soutenue par l’Ambassade de France et l’Ins&tut Français au
travers de la RAT RACE, une collecte de fond sur trois
mois pour financer la campagne.
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Appui au secteur privé:
Signature d’une conven on de financement de près de 7 Mds FCFA
avec le Ministère de l’Economie et des Finances
Le 5 août 2014, s’est déroulée dans les locaux du Ministère de l’économie et des finances la cérémonie de signature de la conven&on de financement du Projet
d’Appui au Renforcement des Acteurs du Secteur Privé,
entre la République du Bénin et l’Agence Française de
Développement.
CeBe conven&on de financement octroie à la République du Bénin une subven&on de dix millions six cent
quarante mille euros, soit l’équivalent de plus de six milliards neuf cent soixante dix neuf millions de FCFA, des&née à financer des ac&vités en faveur du développement du secteur privé béninois.
CeBe subven&on est financée à hauteur de 9,6 millions d’euros par l’Union Européenne et par une contribu&on de L’AFD qui cofinance le projet à hauteur de 1,04 millions d’euros.
Le projet s’envisage comme un appui aux dynamiques existantes permeBant d’accompagner le Bénin
dans ses choix concernant sa poli&que rela&ve au développement du secteur privé. Il s’inscrit dans le Document Cadre de Partenariat signé entre la France et le Bénin le 29 novembre 2013, dans lequel l’Appui
au secteur privé est rappelé comme étant un élément moteur du développement économique.
Agence Française de Développement: bilan très posi f de l’exposi on
« Les agricultures familiales, une chance pour la planète »
Dans le cadre de l’Année Interna&onale de l’Agriculture Familiale, l’Agence Française de Développement de Cotonou a organisé du 24 juin au 5 juillet à l’Ins&tut Français du Bénin la présenta&on de l’exposi&on « les agricultures familiales, une chance pour la planète… » réalisée par le CIRAD et l’AFD en
partenariat avec le MAE, l’IRD et l’Ins&tut Français.
Lors du vernissage, la Ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et
de la Pêche, Mme Fatouma Djibril a souligné la nécessité d’accompagner les exploita&ons familiales et a salué la collabora&on de l’AFD pour accompagner le gouvernement du Bénin
dans ceBe dynamique. Environ 70 personnes, de divers horizons (chercheurs, universitaires, représentants de producteurs, agents de l’Etat et grand public) ont assisté aux projec&ons-débats organisées en parallèle, l’une sur le thème « le
monde paysan s’organise » et l’autre « l’agriculture d’aujour- Fatoumata DJIBRIL, Ministre de l’Agriculture de
d’hui pour nourrir le monde demain ».
l’Elevage et de la Pêche du Bénin et Catherine
BONNAUD, directrice de l’AFD Cotonou , lors du
vernissage de l’exposi&on.
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Fond Social de développement : appui à l’inser on socio-professionnelle et économique
Le 30 juillet, l'Ambassadrice s'est rendue à Abomey à l’invita&on
de l'Evêque du diocèse, Mgr Eugène Houndekon et de l’ONG Caritas Bénin d'Abomey pour l'inaugura&on du projet "inser&on socio
-professionnelle et économique de la jeune fille et du jeune garçon en fin d'appren&ssage de mé&er dans le Zou". Elle était accompagnée de Mme Elyda Mey, Chargée de coopéra&on gouvernance et Mme Emmanuelle Bertrand, Volontaire Interna&onale
chargée d'appui à la Maison de la Société Civile.
La déléga&on a ainsi pu par&ciper au lancement officiel de ce projet, qui bénéficie d'un financement du
Fonds Social de Développement au &tre de l'année 2013 d'un montant de 19 800 000 FCFA, et visiter les
trois centres d'incuba&on des&nés à permeBre aux jeunes appren&s en fin de parcours de se spécialiser
davantage en ges&on et de s'autonomiser afin de lancer leur propre commerce. Ce projet vise à accélérer
l'autonomisa&on des jeunes filles et des jeunes garçons en fin de forma&on professionnelle par le renforcement de leurs capacités économiques ; ces derniers bénéficient durant un an d'un accès aux ou&ls de
produc&on, d'un système d'épargne et de micro assurance santé ainsi que de forma&ons en ges&on, en
entrepreneuriat ou encore en français fondamental. Il s'agit d'un projet pilote autour des mé&ers du &ssage, de la couture, de la coiffure, la menuiserie et la mécanique ayant voca&on à être étendu et répliqué
pour permeBre aux jeunes d'avoir les moyens de s'installer convenablement dans la vie professionnelle
suite à leur forma&on.
Coopéra on universitaire : appui au renforcement des offres de forma on de l’Ecole naonale supérieure d’aménagement et de ges on des aires protégées (ENSAGAP).
Dans le cadre de son sou&en à l’extension de la carte universitaire et
à la professionnalisa&on des forma&ons supérieures, la coopéra&on
française a appuyé l’organisa&on d’un atelier d’évalua&on et de valida&on des offres de forma&on de l’Ecole na&onale supérieure d’aménagement et de ges&on des aires protégées (ENSAGAP). Implanté à
Kandi, dans le Nord du pays, l’ENSAGAP, raBaché à l’Université de
Parakou, a démarré ses ac&vités pédagogiques en 2013 et délivre des
licences professionnelles.
Il s’agit de former des spécialistes des sciences et techniques de ges&on de la faune et de la flore ainsi que
des aspects socio-économiques et anthropologiques de l’aménagement et de la ges&on des aires protégées tels que parcs na&onaux, réserves naturelles, ou forêts sacrées. L’atelier, qui s’est déroulé à DassaZoumé les 1er et 2 juillet 2014, a réuni une vingtaine de par&cipants, autour de l’équipe pédagogique et
administra&ve de l’ENSAGAP : enseignants-chercheurs de l’Université d’Abomey-Calavi, de l’Université de
Parakou et de l’Université d’agriculture de Kétou, ainsi que des professionnels du secteur (le directeur du
Parc de la Pendjari, des opérateurs touris&ques, des acteurs associa&fs gérant des sites naturels) afin de
prendre en compte les besoins des structures publiques ou privées suscep&bles de recruter les futurs diplômés.Au cours de cet atelier, les par&cipants ont travaillé sur la per&nence des programmes de forma&on des trois années et sur leur mise en conformité avec le format LMD (Licence-Master-Doctorat). Les
échanges ont permis aussi de renforcer ou d’ini&er des partenariats entre l’ENSAGAP et d’autres établissements de forma&on ainsi qu’avec les organismes publics, privés et associa&fs représentés en vue de la
mobilisa&on d‘intervenants ou de l’accueil des étudiants en stage.
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Coopéra on universitaire — Forma on sur la communica on scien fique
L’Ins tut français du Bénin (IFB) a appuyé la Direc on na onale de la recherche scien fique et technologique (DNRST-Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scien fique) dans la concep on et l’organisa on à l’a)en on des chercheurs béninois d’un atelier de forma on à la communica on scien fique qui s’est déroulé à Possotomé du 8 au 10 juillet 2014.
Partant du constat d’une réelle difficulté des scien&fiques à communiquer sur leurs recherches, l’objec&f de ceBe forma&on était de renforcer leurs capacités en communica&on scien&fique. Il s’agissait de
doter les chercheurs de stratégies et d’ou&ls efficaces et adaptés au contexte béninois leur permeBant
de communiquer sur leurs travaux et leurs résultats de recherche, notamment dans la presse ou par le biais d’opéra&ons de culture scien&fique.
Cet atelier a réuni une quinzaine de scien&fiques, issus des
universités et organismes de recherche béninois, sélec&onnés suite à un appel à candidatures fructueux (plus de 100
dossiers reçus) effectuant des recherches dans les secteurs
de la santé, de l’agronomie ou des sciences humaines.
Cinq journalistes, spécialistes de la science et de l’innova&on, avaient également été iden&fiés pour prendre part à
la forma&on, au côté des cadres de la DNRST.
La forma&on a été assurée par Cristelle Duos, responsable
des rela&ons avec les médias à la Direc&on de l’informa&on et de la culture scien&fiques pour le sud de l’Ins&tut
de recherche pour le développement (IRD), dont le siège
est à Marseille.
Présenta&ons théoriques, études de cas, retours d’expériences et exercices pra&ques ont alterné autour de trois
axes : comment communiquer sur ses travaux et résultats
de recherche (en recourant aux ou&ls tradi&onnels de vulgarisa&on et aux nouveaux supports) ; comment se préparer et répondre à une interview (avec exercices en condi&ons réelles d’interviews radio et télé) ; comment les disposi&fs de culture scien&fique et technique
peuvent être des ou&ls per&nents de communica&on scien&fique.
Les échanges francs entre scien&fiques et journalistes ont permis de lever les incompréhensions réciproques et d’appréhender les contraintes et les spécificités de chaque mé&er afin de renforcer les collabora&ons.
La qualité de la forma&on, l’implica&on des par&cipants et la bonne ambiance qui a prévalu durant ces
trois jours ont contribué au grand succès de ceBe forma&on, dont le caractère modélisant pour de futures ac&vités auprès de la communauté scien&fique béninoise a été reconnu par les organisateurs et
par&cipants.
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M. Issa KOMATE, Ancien CombaBant,
Régiment des &railleurs sénégalais du Dahomey
Incorporé en 1938, le railleur Issa Komaté est blessé durant la campagne de France en
1940, dans l’Oise. Rapatrié en 1941, il est réengagé dans le même régiment. En 1943, il rejoint le 43ème Régiment d’Infanterie Coloniale au Maroc. Rapatrié en 1946, il est affecté à
la réserve du Bataillon Autonome du Dahomey, puis est finalement dégagé de ses obligaons militaires en 1962. Cité à l’ordre du régiment et est décoré de la croix de guerre 39-45
avec étoile de bronze, il est fait chevalier de la Légion d‘Honneur en août 2004.
LdB: M. Komaté bonjour. Quand avez-vous rejoint l’armée ?
J’ai rejoint l’armée le 12 décembre 1938, j’avais 18 ans. J’ai maintenant 93
ans.
Ça m’a plu à l’époque. J’étais à l’OCBN [Organisa&on Commune Bénin-Niger
des chemins de fer et des transports, ndlr] et c’était le moment du recrutement. Après un avis posi&f du docteur, j’ai demandé moi-même à rejoindre
l’armée. Je suis un engagé volontaire.
Quel est votre souvenir de la guerre ?
C’était une guerre meurtrière. Elle a décimé beaucoup de combaBants.
Nous avons fait un effort peut-être vain parce que l’ennemi l’a emporté sur
nous. J’ai perdu beaucoup de mes hommes. S’il vous faut vous relater les histoires de ceBe guerre
comme je les conçois, c’est triste. C’est les histoires du passé.
Nous avons aBaqué les ennemis dans la Somme. Ils étaient déjà installés. Nous sommes par&s en combat offensif. Ce combat offensif se déroulait sur un terrain nu. Ils étaient déjà dans les tranchées, camouflés. Nous n’avons fait aucune tranchée. Ils avaient des fusils, des armes automa&ques, qui &rent
250 cartouches. Et quand ils meBent la main sur la gâcheBe, c’est pour vider la bande. Ils ne &ennent
pas compte des pertes qu’ils créent. Pendant ce temps, on avait seulement 48 cartouches par homme.
Nous avions des fusils 7-15, et des fusils 36, ce sont des fusils ordinaires, qui &rent coup par coup. Nous
avons progressé jusqu’à 150 mètres d’eux.
Sur ce terrain, on ne peut pas lever la tête. Vous levez la tête vous êtes mort. Au-dessus de tout cela, il y
a les avions. Les avions qui viennent par vague. La première bombarde, la deuxième mitraille, et la troisième incendie.
Dans ce contexte-là, on ne peut plus bouger. On est resté comme ça jusqu’à 17h.
Tous mes combaBants sont morts sur place, sur leur posi&on. Dès que je me suis levé à 17h, j’ai reçu
une balle dans le ventre et une dans le pied. La balle dans le pied m’a cassé le pied. J’ai aBendu la nuit
profonde pour ramper. Dans l’obscurité, j’ai essayé de baBre en retraite. Des brancardiers m’ont trouvé. Ils m’ont conduit à l’hôpital de secours Beauvais, puis à Cholet, puis à Niort, et de Niort à Toulouse.
J’ai été envoyé dans les Pyrénées ensuite en aBendant d’être rapatrié. On nous a embarqués à des&na&on de notre pays d’origine.
La bataille de la Somme va être l’une des batailles qui m’a le plus marqué. Ce qui s’est passé dans la
Somme… Il y a eu des ravages, il y a eu beaucoup de morts.
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Que s’est-il passé avant la bataille ?
Nous n’avons eu aucune prépara&on. Une fois débarqué du train,
nous avons pris la route, sans aucune prépara&on. Il ne faisait pas
froid. Le temps était beau. La peur disparaît parce que les détona&ons sont comme de la musique. On n’a pas vu une seule tête d’Allemand. On voit leur ac&on, on voit leurs &rs, avec leurs fusils, leurs
250 cartouches. Tous les combaBants installés en première ligne, en
baBerie, ils ne se sont plus levés. Moi j’ai survécu, j’étais au poste
radio, j’étais un peu en arrière. Les vrais combaBants sont un peu en
avant. Le capitaine, l’adjudant-chef, tous ils sont restés couchés.
Les anciens combaBants Issa Komaté et Baguidi Avant de par&r de la garnison de Perpignan, nous avons laissé toutes
N’&a à la cérémonie du 8 mai 2014 à Cotonou
nos affaires dans le magasin du bataillon. Maintenant, au retour, tout
le monde n’est pas revenu. Il y avait tellement de valises. On te dit,
prends en une, c’est à toi, ce n’est pas la &enne, mais le combaBant est resté au champ d’honneur. Vous prenez
une valise, si ça ne vous convient pas, c’est comme ça, vous prenez une valise. J’ai pris la valise d’un autre, et tout
ce que j’ai trouvé ne m’allait pas. J’ai été obligé de laisser la valise. Ma valise au départ, il y avait mes habits, les
chaussures, les pantalons, les chemises, pour porter au pays. J’avais même un accordéon. Je voulais apprendre à
jouer. J’ai vu un monsieur à l’un des repas qui venait s’asseoir pour jouer de son accordéon. Et ça m’a plu, je me
suis dit, cet appareil il faut l’acheter. C’est un autre qui va apprendre l’accordéon...
Que pouvez-vous dire sur les dégâts de la guerre ?
Les dégâts on n’en parle pas. Trop de dégâts. C’est les avions qui bombardent.
Quand nous é&ons dans le train entre Perpignan et l’Alsace-Lorraine, nous avions installé des camions an&-char
dans le train. Les avions allemands sont passés, et ils ont bombardé la voie. Ils ont coupé les rails. Ils voulaient nous
aBaquer. Mais il y avait parmi nous un bon &reur. Il a u&lisé son canon an&-aérien, il descendait les avions. Ce &reur a descendu plus de 6 avions.
A la fin de guerre, qu’avez-vous ressen ?
Il y avait de quoi être très content. Il y avait vraiment eu de la casse. Ca faisait pi&é. Trop de casse.
Quelle est la raison derrière la guerre selon vous ?
Nous n’avions pas beaucoup d’informa&on. Souvent, je ne sais pas pourquoi on l’a fait. Je n’ai pas trouvé d’écrits
convaincants. Nous sommes des exécutants. Comme le règlement militaire dit : l’exécu&on avant les réclama&ons.
On marche les yeux fermés.
Les gens sont-ils reconnaissant de vos services ?
Oui, la France est reconnaissante à l’Afrique pour les services rendus. C’est important. Ça nous rend grands.
Après la guerre, qu’avez-vous fait ?
Avant d’aller en guerre, j’étais mécanicien des cheminots, je conduisais la locomo&ve. Après la guerre, je suis devenu radio télégraphiste. Et, à ma retraite de l’armée, j’ai pris service auprès de l’avia&on. J’ai fait de la protec&on
aérienne à Cotonou. Je me suis marié aussi et j’ai eu 7 enfants. Quant à mes blessures, la blessure au pied con&nue. La blessure au ventre s’est cicatrisée après mon opéra&on à Beauvais pour re&rer la balle.
Vous avez des regrets ?
Je ne regreBe pas. J’ai vu beaucoup de bonnes choses et mauvaises choses.
Parmi les bonnes choses ?
Je n’ai pas été oublié. J’ai été reconnu pour ce que j’ai fait. Parmi les décora&ons, j’ai la légion d’Honneur, la médaille militaire pour un travail parfaitement bien fait. La croix de guerre avec étoile pour combaBant de guerre. La
médaille combaBante. Celle de blessé de guerre et la médaille commémora&ve.
Et la retraite, que faites-vous maintenant ?
C’est le repos. J’aime les construc&ons et je fais de la maçonnerie.
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AU-REVOIRS | Récep&ons d’au-revoir pour plusieurs agents de l’Ambassade quiBant leur poste après
plusieurs années de service au Bénin : à la Chancellerie (Emilie Bême, Alexis Bitaudeau, Catherine Giry);
au Consulat (Anne-Marie Monville, Jean-François Pena) ; au Service Commun de Ges&on (Chris&ne Binan) ; à la sécurité (Gendarme Noël Cousi) ; au Service de Coopéra&on et d’Ac&on Culturelle
(Emmanuelle Bertrand, Elise Daubelcourt, Pascal MarnoBe, Dominique Marsteau, Cédric Mayrargue,
Tristan Rou&er) ; à l’Ins&tut Français et Campus France (Herveline Brousse, Héloïse Cuillier, Laura Ollivier) et à l’Ins&tut de Recherche pour le Développement (MaBhieu Dorel, Alessandro Pisano).
Nous leur souhaitons bonne route à tous!
15 AOÛT 2014— 70e anniversaire du débarquement de Provence
A ceBe occasion, SE Boni Yayi, Président de la République du Bénin, fera le
déplacement pour assister aux célébra&ons organisées en mémoire du débarquement de Provence.
25-30 AOÛT 2014—XXI Conférence des Ambassadeurs
Comme chaque année, la conférence des ambassadeurs aura lieu à
Paris à la fin du mois d’Août. Chose inédite ceBe année, la journée du
25 Août sera ouverte au public avec des ateliers théma&ques qui seront l’occasion d’échanger avec les ambassadeurs sur leur mé&er et
leurs expériences personnelles.
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