Blabla initial
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Blabla initial
Blabla initial Cette pièce de théâtre est sous Licence Art Libre Ce qui signifie (entre autres) qu'un quelconque groupe de gens peut la jouer n'importe où, n'importe quand. Les modifications de texte, personnages, mise en scène, etc. sont possibles. Les seules contraintes sont de préciser l'auteur (c'est moi), et de laisser cette oeuvre "libre". Plein d'autres bêêêêtises sur mon blog : http://recher.wordpress.com Réchèr Loft Liberté Les personnages Les lofteurs Didier : le gros lourd qui fait des blagues pourries. Cendrillon : la fille qui croit qu'elle est moche alors qu'elle ne l'est pas, qui chiale à la moindre vanne. Kenza : la beurette agressive Zeus : le pédé. Nicollette : la chaudasse de la foufasse, qui drague tout le monde. Jean-Claude : le mec qui se cherche une fille à tout prix. Delphine : la fille gentille et mignonne mais qui parle tout le temps tout le temps Arnold : le mec obsédé par ses muscles, son corps, ses fringues... Kate : la droguée Les professeurs de chorégraphie publicitaire Anaïs : La prof hargneuse, qui s'énerve contre tous les lofteurs. Clement-Mathieu : Le prof de style artiste-sensible-tapette Les beaufs qui regardent la télé Roger : le beauf Clarisse : la beaufette Les autres Le mec de la pub Orangina Rouge : la guest star toute décrépie qui vient rendre visite aux lofteurs. Smith : le méchant producteur qui veut ramasser plein de sous et contrôler le monde entier. Daniel : le sous-fifre du méchant producteur. Marlène : la sous-fifrette du méchant producteur, et la présentatrice de l'émission. Scène 0 Marlène : Bonjour cher téléspectateurs, bienvenue dans la nouvelle émission de téléréalité qui vous permettra d'exercer votre droit au divertissement. Surtout pensez à bien gardez vos téléphones portables allumés, pour pouvoir voter ! voter ! voter ! pour le lofteur que vous souhaitez descendre en flammes. Mettez vos cerveaux en position veille, vos yeux en position voraces, et goinfrez-vous ! Tableau 1 : le loft - Scène 1 Les 8 lofteurs sont sur scène (Didier, Cendrillon, Kenza, Nicollette, Jean-Claude, Delphine, Arnold, Kate). Il n'y a pas l'homosexuel. Ils ont tous un sourire crispé Kate : Vous croyez qu'ils nous regardent ? Nicollette : J'espère qu'ils sont nombreux. Je tiens à ce que mon charme rayonne sur le monde. Kenza : Pourquoi, t'es chef de rayon dans un sex shop ? Nicollette : Comme tu es vulgaire !! J'ai horreur de la vulgarité. (Kenza s'en va.) Kate : Je vais voir s'il n'y a pas du whisky. Du Label 5 Kate sort Jean-Claude (à Nicollette) : La belle ? Je crois qu'elle est à côté de moi. Cendrillon se précipite à côté de Jean-Claude. Jean-Claude la regarde bizarrement. Cendrillon s'en va, déçue. Delphine : En tout cas, j'espère qu'on va tous bien s'entendre dans cette formidable aventure humaine. On est ici pour apprendre à devenir des acteurs-stars de spots publicitaires, nous nous devons d'être à la hauteur. Didier : Toi j'te vois bien faire de la pub pour des tampons hygiéniques péteurs de farces et attrapes. il rigole tout seul de sa blague, et sort Didier : De marque Vania les tampons ! Delphine : Non mais c'est vrai, c'est important. Moi mes amis, ils m'ont beaucoup encouragée pour que je travaille le casting et ils ont tous été très fier de moi quand ils ont appris que j'avais été reçue. Et ma maman avait fait un gâteau aux framboises parce que les framboises c'est bon pour le teint et on m'a dit qu'il fallait toujours avoir un bon teint de peau quand... (Tout le monde sort, sauf Nicollette et Arnold) Delphine : Eh vous allez où ? (Delphine s'en va, en essayant de les rattraper.) Nicollette : Il paraît qu'on est pas encore au complet Arnold : Ouais, y'a un dernier lofteur qui va bientôt arriver. Son prénom c'est Zeus. Nicollette : Oh. Avec un prénom comme ça il doit être beau et viril comme un Dieu. J'adore la virilité. Zeus entre. Zeus : Salut les éphèbes! Hello beau gosse. Nicollette s'en va, dégoutée. Arnold : Salut, moi c'est Arnold. Et je suis plus musclé que toi. chaque personnage vient saluer Zeus, et sort juste après. Didier : Moi c'est Didier. Zeus : Enchanté. Je m'appelle Zeus-Prométhée, mais tu peux m'appeler Zeus. Didier : OK, je t'appellerais Prométhée. Hahahaha! Kenza : Moi c'est Kenza. Cendrillon : Je m'appelle Cendrillon. Nicollette : Et moi je m'appelle pas! N'essaye même pas de me parler. J'ai rien contre la libération sexuelle, mais y'a des limites. Là c'est vraiment gâcher la marchandise. Delphine : Moi c'est Delphine, j'espère qu'on va bien s'entendre. Tu m'as l'air d'un gars qui a beaucoup de conversation. Zeus sort Jean-Claude (à Delphine) : Je suis Jean-Claude. Je... Tu... Delphine attend un peu, et sort. Scène 2 Kate, Jean-Claude Kate (Elle revient avec une bouteille de whisky) : Tiens, il est plus là, l'autre mec ? Jean-Claude : si on peut appeler ça comme ça, ouais. Kate boit un coup Jean-Claude : Mais qu'est-ce que t'as à oublier, pour avoir besoin de te rendre saoule comme ça ? Kate : J'boirais pas tant si on avait de la vraie drogue ici ! Jean-Claude : Ma pauvre pitchinounette en sucre. Il te manque quelqu'un dans ta vie ? Kate : Ouais, un dealer. Qui m'vendrait d'la pure ! Jean-Claude : Non ce que je voulais dire, c’est que peut-être il te manque un ami. Comme l'ami Ricoré, l'ami du petit déjeuner. Kate : Oh, contente-toi de te transformer en éléphant rose et de la boucler ! Jean-Claude : Tu te fais du mal ma pauvre. C'est mal de se faire du mal. Kate : J'ai le droit de m'auto-détruire si j'en ai envie. Je suis libre. Elle sort Scène 3 Kenza, Cendrillon, Jean-Claude Entrée de Kenza et Cendrillon, si possible chacune par un côté Cendrillon : Et tu fais quoi dans la vie ? Kenza : Je vend des Rolex dans les soirées people-et-cocaïne organisées par Massimo Gargia. Le genre de job que tu pourrais pas faire avec la gueule que t'as. Cendrillon : C'est un métier de cruchasse. Moi je suis formatrice pour le logiciel Open Office. C'est quand même un peu plus sérieux. Jean-Claude : Ah ouais, alors t'es open d'office !! Allez, montre tes seins ! [ NDLA : Je sais pas si ça passe, un gag aussi débile. C'est un peu une blague d'informaticien ] Kenza : Mais c'est qui ce vilain pouillleux ! Ton métier à toi, c'est petit travailleur orphelin et handicapé dans une mine de charbon, c'est ça ? Sale pauvre verruqueux. Jean-Claude : Non, moi j'aimerais embrasser la carrière de gros porc de boîte de nuit. C'est un mec riche, gras et moche, en costard, qui arrive en boîte entouré de petites greluches prépubères. Il commande du champagne, il met les filles sur ses genoux, leur pelote les cuisses et leur roule des grosses pelles bien baveuses, tout en faisant Ha! Ha! Ha! Ha! Kenza (en parlant de Cendrillon) : En ce qui concerne les greluches, tu peux déjà commencer avec celle-là. Je suis sûre que tu peux racheter son pucelage pour pas cher. Cendrillon : Eh ! C'est celui qui le dit qu'y est ! Kenza : C'est celui qui dit "C'est celui qui le dit qu'y est" qu'y est. Cendrillon : C'est celui qui dit "C'est celui qui dit "C'est celui qui le dit... Jean-Claude : Rhhhaaaaaaa!!!!! Kenza : T'entend ce qu'on te dit ? Dégage, la traumatisée ! Va te faire attoucher sexuellement par ton grand-père ! Cendrillon sort en pleurant. Jean-Claude s'appproche de Kenza, mouille son doigt et le frotte sur sa chemise. Jean-Claude : Eh mignonne. Si on allait changer ces vêtements tout mouillés ? Kenza : Va dire à ta mère qu'elle dise à son père qu'il lui nique sa mère, ça te fera un oncle. (Elle sort) Scène 4 Jean-Claude Jean-Claude : Et voilà. Rateau. J'en ai assez d'être un humain. De par notre nature animale, nous avons des pulsions sexuelles, mais de par notre nature sociale, nous devons les inhiber. Si seulement je n'étais pas emprisonné dans cette psychologie dévastée, qui me force à vouloir trouver à baiser à tout prix. Je me sentirais libre. Je regarderais les belles filles comme on regarde un beau paysage, sans aucune arrière-pensée. En plus il paraît que les filles sont attirées par les mecs calmes et naturels, qui cherchent pas systématiquement du sexe. Alors je pourrais me taper plein de gonzesses cochonnes. J'aimerais tant ne pas avoir envie de me taper plein de gonzesses cochonnes (il s'en va.) Scène 5 Arnold, Nicollette, Zeus Arnold arrive et commence à faire des pompes. Nicollette et Zeus arrivent après. Arnold commence à compter quand il voit que Nicollette le regarde. Arnold : 2048, 2049, 2050, ... Nicollette (aguicheuse) : J'aimerais bien être en dessous. Arnold : Tu veux tâter mes muscles, jeune péronelle ? Nicollette : Y'en a bien un que je tâterais. A condition qu'il soit droit comme un I. Arnold : T'inquiète ma jolie, je suis pas un tordu. Je fait toujours l'amour dans les règles. Nicollette : Quoi ? Dans les règles ! Mais c’est dégoûtant !! Immonde porc ! Vampire !! Nicollette sort Zeus : Tu sais, avec un homme, tu pourrais faire l'amour dans bien d'autres choses, beau gosse. Arnold : Non. Je suis quelqu'un de normal. Je n'effectue pas ces actes contre nature. Zeus : Oh mais si tu préfères que nous le fassions dans la nature, aucun problème. Il y a de jolis buissons dans le jardin, et aussi une piscine. Arnold : Nous n'avons pas les mêmes valeurs, monsieur l'inverti. Zeus : Bien sûr... Roooaaaarrrr Arnold recommence à faire ses pompes. Didier et Cendrillon entrent. Didier : Salut Terminator. Tiens au fait, j'avais lu dans un FHM que les mecs vraiment musclés, ils font caca de l’huile. C'est vrai ? Arnold : Tu peux me laisser ? J'ai encore beaucoup d'exercices à faire. Didier : Pas d'erreur. C'est d'la sueur. Arnold : Mais y'a pas moyen d'être tranquille ici ! Didier : Eh détend-toi. Sérieux, pourquoi t'as autant besoin de te montrer comme ça ? T'as du mal à t'assumer ? Arnold : Si on ne se maintient pas en forme, on finit vieux et grabataire dès 60 ans, à se pisser dessus dans un fauteuil roulant, en attendant la mort. Je veux rester libre, je ne veux pas être prisonnier de mon propre corps quand il vieillira. La liberté c'est la santé, tout simplement. Didier : Super. (A Cendrillon) Et toi ? Qu'est-ce que tu fiches là, toi ? Cendrillon : Je sais pas. Je suis ici à titre purement décoratif. Didier : Ouais bah la déco elle est à chier ! Cendrillon : J'en ai marre que tout le monde se moque de moi et fasse jamais attention à ce que ressens. Je pourrais crever, personne s'en apercevrait. (elle pleure) Didier : Oh ben si tout de même. Au bout d'un moment, avec l'odeur... Cendrillon pleure encore plus. Tableau 2 : les deux beaufs qui regardent la télé - Scène 6 Clarisse et Roger. Roger : Il reste du Pepsi ? Clarisse : Non. On a tout bu hier pendant la rétrospective du Bigdil. Roger : Tiens zappe un coup, y'a la nouvelle émission de téléréalité. Clarisse (elle zappe) : Ah, y'a une pimbêche qu'est en train de chouiner comme une petite incontinente. Roger : Allez vas-y la moche ! Chiale ! Mais chiale ! Donne tout ce que t'as ! On veut te voir aussi desséchée qu'une octogénaire un jour de canicule tellement que t'auras chialé ! Plus fort que ça poufiasse ! On entend rien ! Clarisse : Ah tiens ils font une chorégraphie publicitaire maintenant. Roger : Cool. (silence et regard de bovin des deux beaufs) Clarisse : Au fait, faudrait voter pour savoir qui on vire. Roger : Oh oui ! C'est si délicieux cette sensation que nous apporte la démocratie télévisuelle. Pouvoir voter, c'est la liberté. La liberté, c'est le choix. Clarisse : Comme tu as raison ! On choisit qui ? (re-silence et intense réflexion) Roger : Oh qui tu veux, ça n'a pas vraiment d'importance, de toutes façons ils sont tous débiles. Clarisse : Bon, euh, au hasard, Kenza. On vote combien de fois ? Roger : Je dirais cinquante, au moins. Pour exprimer son opinion et utiliser son droit à l'expression, il faut y mettre les moyens. Passe-moi ton téléphone. Clarisse : Ca va coûter cher en SMS. Roger : La liberté, ça coûte cher ma chérie. T'auras qu'à revendre ton violon. De toutes façons tu n'en fais plus depuis longtemps. Clarisse : Ah oui. Au fait, il va bientôt y avoir le prime. J'aimerais bien y assister. Roger : Tu veux dire, sortir dehors, se déplacer jusque là-bas ? Tu crois qu'on trouvera le temps ? Clarisse : Eh, on est au chômage. Roger : Ah oui. Tableau 3 : le loft - Scène 7 Tous les lofteurs, Anaïs, Clement-Mathieu Clement-Mathieu : Allez-y, les filles. Tous les lofteurs filles (en bougeant la tête comme dans la pub) : Loréal, parce que je le vaux bien. Clement-Mathieu : Et maintenant, les garçons. Tous les lofteurs garçons (en chantant de manière convaincue) : Gillette, la perfection au masculin. Anaïs : OK. Maintenant, répétition de la chorégraphie. Tous ensemble. Tous les lofteurs (en faisant une chorégraphie débile, le début est sur l'air de « sous le soleil des tropiques ») : J'ai du soleil dans mes frites, j'ai dans le ventre un gros steack, J'ai dans la tête un ptit clown, Qui me dit tout haut : Mac Donald, Mmmmmmmmhh c'est tout ce que j'aime. Anaïs (en désignant Cendrillon): Mouais bof... Euh... Machine. J'aimerais que tu sois un peu plus dans le ton. Didier : Elle peut pas être dans le ton. C'est elle le thon ! (Cendrillon peut éventuellement se mettre à chouiner un peu) Anaïs : Bon, le comique, il sort des rangs ! Tout ceci est sérieux mon jeune ami. (Didier va se mettre dans un coin) Tous les lofteurs (même jeu, sauf Didier qui singe les mouvements) : J'ai du soleil dans mes frites, j'ai dans le ventre un gros steack, J'ai dans la tête un ptit clown, Qui me dit tout haut : Mac Donald, Mmmmmmmmhh c'est tout ce que j'aime. Anaïs (en réagissant de manière peu naturelle) : Mais c'est nul ! C'est horrible ! Vous ressemblez à des autistes tétraplégiques atteints d'une maladie osseuse de la mucoviscidose ! Mais y' a à peine cinquante ans de ça, on vous aurait déjà tous balancés dans un four crématoire ! J'ai besoin d'une pause. Je vais me cherchez un Coca Cola ! Toujours Coca Cola ! (elle sort) Clement-Mathieu : Franchement, vous me troublez ! Vous avez la chance d'être des fleurons de la culture télévisuelle française, et vous, vous faites les méchants et les insensibles. A quoi ça sert qu'on se décarcasse! On reprend dans cinq minutes, je vais boire un Tropico. Quand c'est trop, c'est Tropico ! (il sort) (Les lofteurs se détendent un peu. Jean-Claude met une claque sur les fesses de Nicollette. Cendrillon se rapproche de Arnold. Kate sort une bouteille de sa poche et commence à boire) (Anaïs rerentre, suivi par Clement-Mathieu) Anaïs : Au fait, il est où notre quota d'immigré ? (elle s'approche de Kenza) Ah ici. Les premiers votes du public sont tombés, ça sent le roussi pour toi ma belle. Un conseil, fais-toi une décoloration, comme Michael Jackson. Ou lance-toi dans le seul débouché possible pour les gens de ton origine : humoriste. (ils ressortent) Scène 8 Tous les lofteurs. (Kenza tape sur la tête de Zeus) Zeus : Mais Aïeu ! Kenza : J'en avais envie. (s'adressant au public). Eh les poulpes ! Vous avez rien de mieux à faire que nous regarder ? Ca vous excite tant que ça de nous voir nous trémousser ? Sortez de chez vous ! Faites quelques chose de vos soirées ! Merde ! Zeus : Va falloir que tu retournes dans ton Tiers-Monde ma pauvre. Dans le pays où la vie est moins chère. (Kenza sort) Zeus : Allez, va chercher Lycos ! Didier : Eh vous savez pourquoi les musulmanes dansent de travers ? Parce qu'elles sont voilées ! Hahahaha ! Mais si, comme les roues de vélo. Quand on dit qu'elles sont voilées, c'est qu'elles sont un peu tordues. Alors ça fait rouler de travers. Mais si ! Vous connaissez pas l'expression ? Nicollette : On a compris, mais t'es juste pas drôle. Delphine : On fait quoi. Ca vous dirait une partie de cartes ? Arnold : On n'a pas de jeu de cartes. Delphine : Bon alors un tournoi d'échec. Et si on a pas de jeu on peut toujours utiliser des petits bouts de mie de pain pour faire les pièces, et un tissu quadrillé pour faire l'échiquier. Arnold : Tu te prends pour le Joueur d'échecs de Stefan Zweig ? Nicollette : De toutes façons j'ai horreur des échecs. J'ai toujours trouvé ça bizarre, des tours qui se déplacent. Delphine : Ben je sais pas moi. On fait une bataille navale ? C'est super simple. Zeus (en touchant les fesses de Arnold) : Touché ! Cendrillon (en se collant à Arnold) : Collé ! Nicollette : Eh ben moi ça m'a donné envie d'aller dans la piscine. Je vous laisse. (elle sort. Tous les mecs la suivent) Delphine : Eh attendez-moi ! (elle sort aussi, ne reste que Cendrillon et Kate. Kate boit un grand coup et s'écroule à terre. Personne ne la remarque) Cendrillon : Eh ben moi je vais en profiter pour utiliser mes 10 minutes de téléphone quotidiennes pour appeler ma mère. (elle prend un téléphone) Cendrillon : Bonjour Maman. Oui je vais bien. Non j'ai pas encore réussi à trouver chaussure à mon pied... Si ! y'a des gars bien... Oh non pas lui, il a tellement mauvaise haleine que sa bouche, on dirait une bouche d'égout... Mais je sais pas. Je n'arrive jamais à me comporter normalement quand un mec est avec moi... Des tas de pensées m'assaillent, et empêtrent mon esprit. J'ai l'impression d'être prisonnière de moi-même... Justement, je ne sais pas comment faire pour prendre confiance en moi. Je ne me sens jamais libre avec les autres... Elle a de la chance ma soeur de s'être trouvé un mec . J'aimerais tellement être comme elle, si forte, si tranquille... Oui, je sais, c'est à moimême de trouver ma voix vers le bien-être, la liberté, et tout ça. N'empêche, je me suis toujours demandé pourquoi elle avait tant réussi sa vie, et pas moi. (Didier entre. En maillot de bain, ou alors juste avec une bouée-canard qu'il est en train de gonfler) Didier : c'est ta petite môman ? Cendrillon : Oui. Laisse-moi tranquille, s'il te plaît. Didier : Dis-y qu'elle se mette à poil et qu'elle se frotte le téléphone contre le clithoris. (il fait mine de s'en aller. Cendrillon commence à pleurer) Didier : Et je veux entendre crisser les poils ! (il sort. Cendrillon part elle aussi de son côté) Tableau 4 : les producteurs du loft - Scène 9 Les trois gérants du loft : Smith, Daniel, Marlène Daniel : Ca s'annonce plutôt bien. Kate a commencé par prononcer la marque « Label 5 », ce qui devrait nous rapporter 250 000 euros. Didier a prononcé la marque « Vania », pour 300 000 euros, et « l’ami Ricoré » de Jean-Claude nous rapportera 400 000. Smith : Très bon ça, très très bon. Tiens va nous chercher du café Pucelia. Marlène : Je m'appelle Marlène Smith (n'ayant rien écouté de ce qu'elle a dit) : Oui excellent, génial. Bonne idée. Bon la suite. (Marlène sort) Daniel : Les professeurs ont également bien assuré. Anaïs a parlé de Coca Cola, et ClementMathieu de Tropico, ce qui nous fera gagner 500 000 pour chacune des deux marques. Smith : Hmmmm. C'est bon ça ! oui ! Encore ! Encore ! Daniel : Et pour finir, si on ajoute tous les slogans, prononcés dans leurs formes plus ou moins originales, on obtient 800 000 euros supplémentaires. Smith (En donnant l’impression de jouir) : AAAaaaahh !! Oui ! Oui ! Daniel : Ah, j'oubliais, Kenza a prononcé Massimo. Smith : Et alors ? Depuis quand les gérontophiles ça rapporte de l'argent ? Daniel : Massimo. C'est une marque. (Marlène revient avec des cafés) Marlène : Voilà les cafés. Fait avec de bonnes capsules Tassimo. Smith (en regardant Daniel) : T'as pété les plombs toi. T'as plus la lumière à tous les étages. Daniel : Désolé Monsieur. C'est... tout cette pression. Smith : J'ten foutrais de la pression. Orgasmine, ramène une bière pour cette lopette qui tient pas le café. (Marlène sort) Daniel : Merci monsieur. Smith : Bon, on en était où ? Daniel : Il faut décider quel lofteur ont doit supprimer. Les votes indiquent... Smith : Rien à carrer des votes. Virez la chieuse là, Delpine ou je sais pas quoi. Elle parle trop et n'a cité aucune marque ! Elle sert à rien. Daniel : Ce sera fait Monsieur. Smith : Et je veux qu'on rapatrie dans l'émission une vedette d'un vieux spot publicitaire oublié. Ca devrait impressionner tous ces tocards, et puis c'est toujours bon de recycler des stars décrépies, ça coûte pas bien cher. Daniel : A quel genre de vedettes pensez-vous Monsieur ? Smith : N'importe quoi, on s'en cogne ! Monsieur Propre, le géant vert, l'alsacienne avec ces grandes esgourdes. Ou pourquoi pas l'ami Ricoré, puisqu’on en parlait. Daniel : Mais ce sont des personnages qui n'existent pas Monsieur. Smith : Pas mon problème. Déterrez-moi un zombi de ce genre, fourrez-lui des paillettes brillantes sous les aisselles, et balancez-le dans la cage à puceaux. Et fissa ! (Smith s'en va) Daniel : Je ne sais pas si j'ai d'autres buts dans ma vie que de travailler ici. Je pourrais travailler ailleurs, mais qu'est-ce que ça changerait ? Les gens sont les mêmes partout et vous donnent des ordres. Je pourrais aussi arrêter de travailler. Je serais libre, mais pauvre. Seulement, la liberté sans but réel, c’est inutile. A quoi ça me servirais d'avoir le pouvoir de faire des choix si je n'ai rien à choisir ? (Marlène revient avec une bière) Marlène : Au moins, vous avez fait de vous-même le choix de perdre votre liberté, et de l'échanger contre du confort. Daniel : Merci Marlène. Marlène : Il ne fallait pas vous sentir obligé de vous souvenir de mon prénom. Daniel : Vous semblez plus courageuse que moi. Alors pourquoi travaillez-vous ici ? Marlène : Je veux fouiller la médiocrité de l'être humain. Retourner toute la fange poisseuse que génèrent les hommes qui sont pourris par trop de richesses. Je me programme ma petite descente personnelle aux enfers. Peut être qu'une fois tout en bas, un miracle se produira. Ou peut-être que je mourrais comme la plupart des gens. Daniel : Quel est l'intérêt ? Marlène : Ce n'est que lorsqu'on a tout perdu qu'on est libre de faire ce qu'on veut. Je vais abandonner ma jeunesse, ma dignité, mes amis, ma personne, ma vie. La liberté finale, c'est tout simplement la mort. Daniel : Si vous êtes morte, vous ne pourrez pas profiter de votre liberté. Marlène : Je verrais bien ce qu'il va se passer après. De toutes façons, je déteste ce monde. Il est absurdement et inutilement méchant. Mais pourquoi est-il aussi méchant ? Daniel (en ayant une idée soudaine) : Merci Marlène ! (Daniel sort en courant, tout heureux) Marlène : Si la résurrection existe, j'aimerais devenir une étoile de mer. Ou à la rigueur, un petit lutin du Père Noël. Tableau 5 : retour dans le loft - Scène 10 Clement-Mathieu, Anaïs, Kate, Didier (Kate est toujours évanouie sur scène. Clement-Mathieu et Anaïs entrent) Clement-Mathieu : Ca alors, ils sont tous partis. Anaïs : Fichue vermine paresseuse. On devrait leur enfoncer une lime dans la gorge, pour râper leurs petites cordes vocales malformées. Clement-Mathieu : Ca va, ils ne vous entendent pas. Vous n'êtes plus forcée de faire le professeur hargneux et sadique. Anaïs : Je n'en peux plus Clement-Mathieu, j'en ai assez de ce rôle de méchante que la production m'a obligée à prendre. Clement-Mathieu : Alors pourquoi l'avez-vous accepté ? Anaïs : Ca reste un métier extrêmement bien payés. Et j'ai extrêmement besoin d'argent. Je dois acheter un foie à une petite fille du Darfour pour sauver mon fils. Clement-Mathieu : C'est légal, ce type de pratique ? Anaïs : Non. Mais je suis libre de transgresser toute les lois quand il s'agit de sauver la vie d'un être qui m'est cher. Clement-Mathieu : Mais en contrepartie, vous allez tuer cette pauvre petite fille du Darfour. Anaïs : De toutes façons elle va mourir. Je ne la connais pas mais l'organisation qui s'occupe de ce genre de commerce m'a assuré qu'elle avait la tuberculose. Clement-Mathieu : Avec votre argent vous pourriez aider les pays du Tiers-Monde, ou donner pour la lutte contre la tuberculose. Vous sauveriez des milliers de vie, au lieu d'une seule. Anaïs : S'il y a bien une chose qui est libre dans ce monde, c'est l'argent. Je fait ce que je veux de mon compte en banque. Clement-Mathieu : Exact. Mais si vous voulez mon avis, j'ai toujours trouvé que le monde était vraiment mal optimisé. Les richesses pourraient être beaucoup mieux réparties. Est-ce que la liberté implique forcément l'inégalité ? Anaïs : Peux m'importe. Je veux sauver mon fils. Je veux le rendre heureux. Clement-Mathieu : Avec Darfour, je positive. Anaïs : Très drôle. Pourquoi croyez-vous qu'il faille aider son prochain ? Clement-Mathieu : Je n'en sais rien. Anaïs : Parce que les autres sont trop loin. Et puis zut, je ne suis pas Jésus, non plus ! Clement-Mathieu (remarquant Kate couché par terre) : A propos de prochain. Ce ne serait pas elle qu'on ferait mieux de virer ? Anaïs : Oh la pauvre ! Qu'est-ce qui lui est arrivé ? Clement-Mathieu : En tout cas, c'est pas auprès d'elle que vous pourrez récupérez un foie digne de ce nom. Anaïs : Je vous en prie. Tout ceci est sérieux. Elle est peut-être en danger. (Didier revient, bouée canard et éventuellement maillot de bain) Didier : Oh ! Elle est morte ? C'est cette petite peste de Kenza qui l'a tué. Elle veut tous nous éliminer un par un. Ou alors c'est le colonel Moutarde avec le chandelier. Anaïs (reprenant son rôle de méchant professeur) : On se calme l'avorton ! Tu vas gentiment nous chercher toute la petite bande d'adolescents décérébrés. Je découvrirais qui a fait ça, même si je dois tous vous interroger avec un fer à souder. Didier : Ca me fait penser à une blague hyper poilante. Alors c'est un taliban, un myopathe et un nécrophile qui vont dans un bar à putes et... Clement-Mathieu : Je vous en prie. Tout ceci est sérieux. Avoir l'outrecuidance de rire en pareil situation, vous êtes vraiment une brute sans âme ! Allez donc ! Vous m'importunez ! Didier : Ca va, je sais bien que je ne peux pas plaisanter sur les sujets « délicats ». Je n'ai pas encore été validé par un public conséquent. Alors que des célébrités comme 50Cent ou Michel Houellebecq peuvent se permettre d’être violents, mysogines, et tout ce qu'ils veulent. Car plus votre notoriété grandit, plus vous étendez votre marge de créativité et votre droit à choquer les gens. La liberté, c'est la célébrité. Peut-être un jour serait-je suffisamment connu pour avoir le droit de parler de la mort, ou même des viols. Qu'en penses-tu ma petite caille ? Anaïs : Que vous mériteriez des claques. Didier (s'énervant d'un seul coup) : Ah oui ? Ah oui ? Eh bien, moi, j'aime bien les filles avec des gros seins ! Voilà ! Maintenant vous connaissez tous mon terrible secret ! Nichons ! Anaïs : Je ne crois pas avoir encore d'autre chose à vous dire. Didier : Bon d'accord. Je vais chercher les autres. (Didier sort. Clement-Mathieu et Anaïs s'approchent de Kate) Clement-Mathieu : Quelqu'un a dû mettre du poison dans sa bouteille. Anaïs : Ne touchez à rien, elle est sûrement toute pleine d'empreintes digitales. Clement-Mathieu : C'est du travail de pro. Anaïs : Bon sang, on est à la télé. Où est passé l'inspecteur Maigret ? Clement-Mathieu : La marque Knorr, elle fait du très bon magret de canard en poudre . Scène 11 Clement-Mathieu, Anaïs, tous les lofteurs (Tous les lofteurs reviennent, avec Didier) Anaïs : Très bien bande de psychopathes schizoïdes. Quelqu'un a sauvagement assassiné cette fille. C'est forcément l'un d'entre vous. Clement-Mathieu : Franchement, votre attitude est inadmissible. On vous enferme tous ensemble dans un même endroit, on vous filme, et tout ce que vous trouvez à faire, c'est d'exécuter des actes inhumains. Vous m'interloquez ! Didier : Et en avant les histoires ! C'est Kenza, j'en suis sûr. Kenza : Mais va te faire vitrifier, sale gamin ! Poison ! (Les lofteurs se mettent tous à parler en même temps et à s'engueuler.) Anaïs : Taisez-vous ! Personne ne sortira d'ici tant qu'on n'aura pas découvert le meurtrier. Si quelqu'un a quelque chose d'un tant soit peu intéressant à dire, qu'il fasse un pas en avant. (Kate se lève, la tête complètement dans le pâté) Kate : Ca me fait toujours cet effet là, l'absinthe. Nicollette : Ah bah c'est parfait, elle va pouvoir nous dire qui l'a tué. Kate : Oh je vous vois venir avec votre morale. L'alcool va me tuer, blablabla... Didier : Un mars, et ça repart. Bon on y va dans cette piscine ? (tout le monde s'en va, sauf Kate, Anaïs et Clement-Mathieu) Clement-Mathieu : Franchement, vous me déstabilisez ! Vous avez rien de mieux à faire que boire ? Kate : On est dans un loft. (Et elle re-boit un coup) Clement-Mathieu : En attendant, ce soir, c'est le prime. Alors dites à vos démons intérieurs de la dépendance droguiale de se tenir tranquille, au moins pour quelques heures. Tableau 6 : les producteurs du loft - Scène 12 Smith, Daniel, le mec de la pub Orangina Rouge (Smith est tout seul au début) Smith : Ma liberté s'arrête là où commence celle des autres. Si je réduis la liberté des autres à néant, je suis totalement et éternellement libre. C'est ce que je veux. La liberté c'est le pouvoir. Mais pas le pouvoir politique, qui n'est rien qu'un appareillage archaïque, un vestige de nos monarchies. Dans notre société contemporaine ultra-communicante, le véritable pouvoir est celui des médias, il permet de malaxer à loisir les cerveaux des gens. Et après, j'étendrais ma main-mise sur Internet. (Daniel et Orangina Rouge arrivent) Daniel : Monsieur, j'ai trouvé l'homme idéal. Smith : L'homme idéal ? J'ignorais que vous étiez de ce bord là. Bon après tout, je m'en fiche. Mais évitez d'employer des expressions aussi ridicules. Daniel : Je parle de l'invité pour notre émission. C'est lui. (Smith le regarde comme un animal. le tâte, regarde ses dents) Smith : Bien. Il a l'air complètement décati. Ca me va. Il a été quoi ? Daniel : Il faisait la pub d'Orangina Rouge. Vous savez, avec le déguisement en bouteille. Smith : Ah oui quand même ! Et vous en êtes sûr ? Daniel : Oui. Attendez, je vous montre. (s'adressant à Orangina Rouge) Mais pourquoi est-il aussi méchant ? Orangina Rouge (d'un air désabusé et fatigué) : Paaaaaaaarce queeeeeee. Smith : Parfait. Vous pouvez l'injecter dans la cage à puceaux dès aujourd'hui. Mais avant, faites-lui un ravalement de façade. Pour la télévision, il faut toujours avoir un faciès acceptable. Ce n'est qu'au théâtre, où les gens se voient de loin, qu’on peut se permettre d’exhiber les pire sales gueules du show-biz. Daniel : Ce sera fait monsieur. A plus tard monsieur. (à Orangina rouge). Viens par ici toi. [ NDLA : Le passage suivant est débile et il sert à rien. Mais ça peut être marrant ] Smith : Eh ! ... Beau travail. Daniel : Eh ! ... Merci beaucoup monsieur. Smith : Eh ! ... De rien Daniel : Eh ! ... Euh... Non rien en fait. Tableau 7 : le prime - Scène 13 tous les lofteurs, Anaïs, Clement-Mathieu, Marlène, Smith, les beaufs. Si possible, les beaufs sont assis devant, dans le public. Ou sinon ils sont dans les allées. Marlène : Bonjour public fidèle. Le prime de ce soir est garni à ras la gueule d'émotions foisonnantes et de sensations floconnantes. On vous a prévu un cocktail magique de chorégraphies, d'invité surprise et de suspense défloustiflant. Des sachets plastiques sont à votre disposition à l'entrée, pour ceux qui seraient venus avec leur cerveaux. Et tout de suite, hurlements hystériques !! Les beaufs hurlent hystériquement Marlène : Je n'ai pas bien entendu. Hystérie magnitude 17 !!! Les beaufs recommencent, mais encore plus fort. Marlène : Surtout, continuez à voter ! voter ! voter ! pour le loser ou la loseuse que vous voulez bazarder du loft. Tout de suite nous accueillons la troupe, et leurs deux professeurs de publicitologie. Les lofteurs entrent, avec les deux profs. Anaïs (au public) : Salut les agneaux prépubères post-coïtaux ! On va faire dégouliner du rêve jusque dans vos calbuth ! Clement-Mathieu : (aux lofteurs) Faisez péter la foutrique ! Les lofteurs effectuent leurs chorégraphie, mais n'importe comment. Ils se trompent dans les paroles, font une cacophonie monstrueuse. Marlène (les arrêtant brusquement) : Mais là ils sont un peu stressés du string. Je propose qu'on mette fin à ce génocide musical. Anaïs : Tout à fait Marlène. Réservons ce genre de désastre culturel aux intermittents du spectacle, qui sont pauvres, qui sont malades, qui ont le cancer et qui doivent vendre du crack pour pouvoir survivre. Eventuellement, les beaufs applaudissent Marlène : Nous vous proposons maintenant de vous pâmer devant une personnalité qui a daigné nous honorer de sa présence. Je vous présente une grande star-souvenir : l'acteur de la publicité Orangina Rouge ! Entrée de Orangina Rouge Marlène : A vous l'honneur Clement-Mathieu. Clement-Mathieu : Mais pourquoi est-il aussi méchant ? Orangina Rouge (toujours aussi désabusé) : Paaaaaaaarce queeeeee. Marlène : Monsieur Orangina Rouge a eu une carrière d'artiste exemplaire. Anaïs : Durant son enfance, sa famille proche l'a bien évidemment humilié. Il s’est donc construit un monde intérieur pour s'y réfugier. Marlène : Il a ensuite reproduit le même type de relation avec ses amis. Et se faisait donc humilier à nouveau. Anaïs : A l'âge de 16 ans, il tenta de publier quelques histoires dans une revue littéraire déprimante, mais ce fut un échec total. Marlène : Il finit par entamer une carrière désastreuse de chanteur de chanson paillardes, mais ne réussit qu'à récolter claques et remontrances. Anaïs : C'est alors qu'un producteur en quête de chair fraîche et modulable le remarqua. Orangina Rouge découvrit alors le monde fabuleux du cinéma publicitaire. Marlène : Un endroit merveilleux où il pouvait laisser libre cours à ses folies et hurler autant qu'il le voulait. La publicité venait de le sauver. Anaïs : Le couronnement de sa carrière fut donc ses oeuvres dédiées aux boissons gazeuses, leur bon goût, leur côté jeune, leur pulpe, leur sens de la fête, leur branchitude. Marlène : Il est ici pour vous parler de ses expériences, de son parcours, et de ses blessures secrètes. Les lofteurs regardent Orangina Rouge sans rien oser faire. Orangina Rouge reste planté, les yeux dans le vague. Marlène : OK. Je vois qu'on est tous un peu intimidé. Je vais prendre deux personnes du public au hasard. (Désignant les deux beaufs) Vous, et vous. Allez-y, grimpez sur le plateau et venez rejoindre l'Olympe ! Les deux beaufs montent sur scène Clarisse : Comme la vue est amusante d'ici. Ils sont tous tout petit. Si on fait coucou, ils répondent ? Marlène : Ne faites surtout pas ça. Ils doivent économiser leur mains pour voter avec leurs téléphones. Clarisse : Oui bien sûr, je comprends. Marlène : Mais dans notre grande bonté, nous vous laissons saluer un de vos proches. N'hésitez pas à inventer des amis imaginaires. Nous savons que la solitude est une maladie qui s'assume avec difficulté. Roger : Je voudrais saluer ma grand-mère, qui me regarde depuis son lit d'hôpital. Clement-Mathieu : Elle n'est pas trop sourde ? J'ose espérer qu'elle est encore capable de vous entendre. Roger : Elle entend, par contre elle ne me reconnaîtra pas. Elle a la maladie d'Alzheimer, c'est ça qui est drôle. Clement-Mathieu : Dans ce cas, on peut parler affaire. Elle en a pour combien de temps ? Roger : Plus qu'une ou deux canicules. Clement-Mathieu : Ahah ! Bientôt l'héritage, félicitations ! Roger : Merci. Marlène : On dit tous bonjour à la grand-mère à Machin ! Tous les lofteurs : Bonjour mère-grand !!! Clement-Mathieu : Ah ben pour une fois, vous étiez tous dans le ton. Didier (en chantant l'air du slogan) : Grand-mère sait faire un bon café. Sauf que elle a tout oublié. Marlène : Super. Je suis sûre que nos deux futurs héritiers ont une foule de question qui leur trotte dans la euh... tête. Roger : Oui, le numéro de téléphone pour voter, c'est possible de le faire avec moins de chiffre ? C'est compliqué de les taper tous dans l'ordre à chaque fois. Marlène : Rassurez-vous, nous sommes en partenariat avec Samsung. Ils vont sortir un téléphone spécial téléréalité, vous aurez juste une seule touche à appuyer. Roger : Génial ! On l'achètera dès sa sortie ! Clarisse : Et moi je voulais savoir, il se passe quoi si jamais un lofteur prononce un nom de marque qui n'existe pas ? Marlène : Nous gagnons de l'argent qui n'existe pas. Et nous virons le lofteur qui devient inexistant lui aussi. Roger : et sinon, nous on vous regarde avec la télé branché sur la freebox, et des fois vous êtes tout saccadé, ou alors vous apparaissez avec des petits carrés. Vous pourriez nous montrer comment vous faites ? Marlène le regarde bizarrement. Clarisse : Et donc, là vous êtes en trois dimensions ? Ah c'est chouette. Roger : Et la TNT, c'est dangereux ? Ca peut exploser ? Clarisse : Et est-ce que « prime », c'est un vrai mot ? Marlène : Super. On me prévient dans l'oreillette que les votes sont terminées. J'ai le plaisir de vous annoncer que nous avons une perdante ! Les lofteurs + les beaufs : Nous avons une perdante ! Marlène : Je n'ai pas bien entendu. Nous avons une perdante ! Les lofteurs + les beaufs (encore plus fort) : Nous avons une perdante ! Kenza : Si c'est moi qui me fait virer, je brûle tout. Jean-Claude : Tu m'as l'air énervée. T'as mangé trop de Kellogs ? Le tigre est en toi ? Nicollette : Tu vas prendre, espèce de harpie poilue. Zeus : arrêtez de vous chamailler comme ça. On a tous à gagner à être solidaire, il faut se serrer les coudes si on veut que ça mousse. Arnold : Tu te serres toutes les parties du corps que tu veux, mais tout seul, OK ? Delphine : Chut ! Marlène : Le producteur de l'émission vient nous rejoindre avec l'enveloppe contenant le nom de la perdante. Prosternez-vous. Smith entre. Il adresse un sourire forcé au public. Les lofteurs, les beaufs et les profs se mettent à genoux. Smith donne l'enveloppe à Marlène et ressort. Marlène : Que ressentez-vous en cette instant solennelesque, mes chers petits amis ? Etes-vous en train de stresser ? Faites-nous part, devant les caméras, de toutes les pensées de peur qui envahissent votre esprit. Arnold : pipi. Kate : soif. Jean-Claude : Je voudrais tant découvrir l'amour. Avec des gros seins si possible. Didier : Ah, toi aussi tu es fan ? On devrait monter une association. Jean-Claude : Ouais j’aime bien les seins. Les produits laitiers, des sensations pures. Marlène : Donnez des détails sur vos sentiments. Lâchez-vous bon sang ! On a un quota obligatoire d'émotions à générer ! Didier : Si l'enveloppe ne s'ouvre pas bientôt, je vais manger les premières fesses féminines que je vois. Kate : Le sage Lao Tseu a dit : « La patience est une vertu naturelle. Les fruits du cacahuétier cosmique ont mûri pendant plusieurs siècles avant de pouvoir devenir des M&M's. » Marlène : Bon, ça devrait convenir. Allons-y, 1... 2... 3... (eventuellement, roulement de tambour et lumières qui font peur) Marlène : Attendez, je n'arrive pas à déchirer cette satanée enveloppe. Grrr... (L'enveloppe se craque complètement en deux) Oups!! Bon aucune importance, de toutes façons c'est Delphine qui sort. Voilà, je vous laisse faire vos adieux, devant les caméras, comme il se doit. Jean-Claude : Bon ben salut Delphine. C'était chouette de t'avoir rencontré. Arnold : Ouais, à un de ces 4. Tu vas beaucoup nous manquer. Nicollette : Tu seras une femme Barbara Gould. Une femme qu'on n'oublie pas. Marlène : Mais lâchez-vous enfin ! Serrez-là dans vos bras ! Soyez tristes ! Mouchez-vous dans sa robe ! Chialez, mais chialez tous bordel ! Epoustouflez-nous ! Du haut de ces paraboles, 40 millions de lobotomisés vous contemplent ! (Tout le monde se met à faire semblant de pleurer pendant quelques secondes, et s'arrêtent instantanément) Delphine : Bon ben au revoir tout le monde. J'espère qu'on se reverra parce que voyez-vous je vous aime tous beaucoup et c'est très important l'amour entre les gens et c'est ce qui fait de nous des humains et ça nous rend libre et c'est si beau ce qu'on a pu construire ensemble et ma grand-mère elle trouve que l'herbe est plus verte quand... Marlène : OK c'est suffisant. Est-ce que chacun a ses petits cailloux ? En avant ! lapidation ! Delphine sort, les autres lofteurs et les beaufs lui jettent des boulettes de papier et la huent. Marlène : C'est fini pour aujourd'hui. On va laisser nos petits artistes retourner dans leur clapier, car ils doivent travailler dur. Les personne du public qui sont venus avec leurs cerveaux, vous pouvez les récupérez en partant. Mais si vous préférez nous les laisser, n'hésitez pas, nous en prendrons soin. Tableau 8 :retour dans le loft - Scène 14 Orangina Rouge, Clement-Mathieu, Didier, Kenza Orangina Rouge est à côté de Clement-Mathieu, mais ne dit rien. Clement-Mathieu : Monsieur. Vous avez été tellement mauvais hier soir que vous m'avez éberlué en négatif. Je désire reprendre tout depuis le début. Didier : Vous préférez pas que je vous raconte la blague des oeufs qui chauffent dans une poêle ? Clement-Mathieu : Il suffit ! Kenza entre. Kenza : Alors, ça barde pour ton petit fion, mon mecton ? Didier : Qu'est-ce t'as toi ? Kenza : C'que t'as pas. Du talent. Didier : T'inquiète ma cochonasse, y'a d'autres activités où je suis talentueux. Kenza : Je vais piétiner ta petite gueule jusqu'à ce que tes yeux éclatent, résidu de fausse-couche de cafard. Didier : Oh oui, et tu t'assoiras sur moi et je double-cliquerais sur ta petite souris avec ma langue. Kenza : Abject petit pourceau baveux. Tu mériterais que je coupe tes petites couilles et que je me les monte en boucles d'oreilles. Didier : Oui bonne idée, mes couilles sur ton nez, ça te ferait une belle paire de ray-ban. Kenza : T'as un bel anus. Je crois que je vais m'en servir pour ranger mon balai. Didier : Et toi t'as de belles lèvres. Ca ferait un beau collier autour de mon pénis. Kenza : Dis-moi t'as mangé un clown ce matin. T'en as encore beaucoup des blagues comme ça ? Didier : Autant qu'il en faudra pour te faire rire ma belle. Femme qui rit, Femme qui veut avaler de ma sauce au kiri. Kenza : Je vais te manger tout cru, grand con, tu vas voir. Didier : Oui, vas-y, je suis comme un petit chewing-gum Airwaves entre tes dents. Mâchez, respirez. Kenza : Je te lie, je te fouette et je te passe à la casserole. Didier : Miam ! (Ils s'embrassent fougueusement) Clement-Mathieu : Mais... et la chorégraphie? Je fais quoi moi ? Didier : Toi, tu tiens la chandelle. Ils sortent tous les deux Clement-Mathieu : Saleté de jeunesse. (il commence à sortir, Orangina Rouge le suit) Et vous cessez de me suivre partout ! Vous m'horripilez ! ils sortent chacun d'un côté Scène 15 Arnold et Zeus, puis Cendrillon (Arnold est en train de faire des abdos. Zeus entre) Zeus : Alors, encore en train de fuir le temps et la vieillesse ? Arnold : Moi, au moins, je respecte l'intégrité de tout mes organes. Ce n'est pas le cas de tout le monde. Zeus : Et moi je respecte l'intégrité de tout mes désirs. Arnold : Oui, mais c'est contre nature. Zeus : Contre nature ? Mon pauvre chou, il y a des tas d'animaux qui ont des comportements homosexuels. Les dauphins, les bonobos, ... Arnold : Les quoi ? Zeus : Bonobos. Ce sont des singes. Ils ont un ADN très proche des humains, et ils font rien qu'à partouzer, tous ensemble, tout le temps. Arnold : Et alors, qu'est-ce que ça peut me faire. C'est que des animaux. Zeus : Justement. Qu'est-ce qu'il y a de plus naturel que les animaux ? Arnold : Les bonobos et les dauphins, c'est que des détraqués. En plus ils sont tous zoophiles. Zeus : Je dirais « évolués » plutôt que « détraqués ». Les espèces animales ayant acquis un certain niveau de raisonnement accèdent à l'envie de goûter à d'autres plaisirs. La liberté c'est l'intelligence, la capacité à prendre des chemins différents. C'est ce qu'Adam et Eve ont commencé à faire avec le premier péché. Arnold : C'était pas un pommier ? Zeus : Ou peut-être... un bananier. Roooaaarrrrr... (Cendrillon entre) Cendrillon : Ah vous êtes là. (à Arnold) Il ne t'as pas capturé dans ses filets j'espère ? Arnold : Non, y'a pas de risques. Je ne mange pas de ce pain là. Cendrillon (en essayant de le draguer) : Ca tombe bien. J'ai d'autres miches à te proposer. Arnold : J'aime pas les miches moches. Cendrillon : Eh ! Scène 16 Arnold, Zeus, Cendrillon, Orangina Rouge, puis Kate (Orangina rouge entre. Il se pose quelque part sans rien dire. Les lofteurs le regardent avec curiosité, comme si c'était un animal de cirque) Zeus : Il est passé où son costume de bouteille ? Cendrillon : Vous croyez qu'il a un vrai nom ? Arnold : Est-ce qu'il sait dire autre chose que « paaaarce queeeee » ? Zeus : Il a pas vraiment l'air méchant en fait. Cendrillon : A votre avis il a fait quoi comme étude pour déboucher ici ? Arnold : Je me demande s'il aime les boissons gazeuses. Cendrillon : Hou hou. Monsieur. M'entendez-vous ? (Kate entre avec une bouteille. Se met à côté d'Orangina Rouge, et lui sert un verre. Ils trinquent ensemble et boivent cul sec. Orangina Rouge prend la bouteille, sert un verre à Kate. Ils retrinquent et re-boivent. Ainsi de suite, plusieurs fois. Sans se parler.) Orangina Rouge (Au moment où Kate allait lui resservir un verre) : Non merci, je vais faire une petite pause. Kate : Qu'est-ce qui vous arrive ? Vous n'êtes pas en forme ? Orangina Rouge : Je ne suis encore qu'un néophyte dans l'alcoolisme. Mais je le travaille, j'augmente les doses petit à petit. Kate : A ce sujet, quel est votre plan de carrière à long terme ? Orangina Rouge : Une fuite en avant. Accélérer mon vieillissement grâce aux drogues. Jusqu'à oublier ces miettes de gloire qui m'ont été donnée, car je n'en aurais plus jamais. L'amnésie. Kate : C'est amusant, pour moi ce serait un retour plutôt qu'une fuite. Retrouver la sensation des premières doses. Je voyais que chaque petite molécule était à sa place. La beauté, libre de ne pas être belle, mais qui choisit spontanément de l'être. Les origines. Arnold : Parce que ces produits chimiques vous ont montré un semblant d'aperçu de la vraie liberté, ils vous ont rendu prisonnier, dépendants. Kate : Et les chasseurs sont dépendants de leur désir de tuer, et les philatélistes sont dépendants de leur collection de timbres. La drogue est une activité comme une autre. Orangina Rouge : il semble que l'être humain ne se sente libre qu'aux extrémités de sa vie : durant son enfance, et quand sa fin est très proche. Il n'a alors conscience de rien. Heureux les simples d'esprit. La liberté, c’est l’ignorance. Zeus : Vous n'en feriez pas un peu trop ? Moi, je suis très content d'être là, et je suis au milieu de ma vie. Orangina Rouge : Vous avez conscience qu'une fois sorti d'ici vous ne vous appartiendrez plus ? Vous aurez vendu votre nom au public. Vous ne serez plus Zeus ou Cendrillon. Mais Zeus du loft, Cendrillon du loft, etc. Zeus : Nous le faisons pour l'aventure humaine. Pour expérimenter les diverses façons dont les gens s'accordent en société. Kate : Tu déconnes ? Moi je fais ça pour l'argent. Arnold : L'argent ça a pas mal de valeur. Mais moi je le fais surtout pour la célébrité. Pour pouvoir sarcer de la gueuse par bottes de douze. Orangina Rouge : L'aventure humaine tu aurais pu la faire avec tes vrais amis. Ceux que tu n'auras plus en sortant d'ici. L'argent disparaîtra très vite, car vous ne savez pas gérer d'aussi grosses sommes. La célébrité durera très peu de temps. A notre époque la téléréalité est une usine, débitant les people à la chaîne. Vous serez oublié et remplacé dans le coeur des gens d'ici 2 semaines. Zeus : Alors nous n'aurons rien de plus qu'au départ. Mais au moins nous serons tout aussi libre. Orangina Rouge : Vos amis d'avant n'oseront plus vous approcher. Ils vous trouveront ridicules, ou bien ils penseront que vous n'êtes plus du même monde qu'eux. Si vous êtes seul au monde, vous êtes forcément libre, mais ça ne vous sert plus à rien. Vous allez perdre votre vie. Arnold : La vie. La vraie. Cendrillon : Peut-être devrions-nous tout arrêter, avant qu'il ne soit trop tard. Orangina Rouge : Ca me semble difficile. Vous ne contrôlez rien d'ici. Vous êtes enfermés. Cendrillon : Au contraire, c'est la situation idéale. Tout le monde nous regarde ! Liberté ! Liberté ! Orangina Rouge (se levant de son siège) : Après tout, je n'ai plus rien à perdre. Kate : Ouais ! Révolution ! Arnold : Ouais ! J'ai rien compris mais je suis avec vous ! (Ils sortent tous, en hurlant « Révolution ! Révolution ! ») Tableau 9 : les beaufs devant leur télés - Scène 17 Roger, Clarisse, puis Delphine Roger : Tiens va me chercher un Pepsi s'il te plaît. Clarisse : On a tout bu avant-hier pendant la rétrospective du Bigdil. Roger : Faudra en racheter. C'est important de ne pas perturber le cycle des bulles. Clarisse : C'était bien ce prime, hein ? Roger : Ouais. Dommage qu'on l'ait pas enregistré. Ca nous aurait fait un vrai souvenir. Clarisse : Ta grand-mère a pas pensé à le faire pour nous ? Roger se met à rire Clarisse : Bon OK, elle était facile. Tiens, regarde-les ! Ils essaient de bouger ! Ils crient « Révolution ». Roger : Oh comme ils sont drôles. C'est sûrement un jeu prévu dans l'émission. Clarisse : Pas forcément. Peut-être qu'il est en train de se passer quelque chose de réel dans la téléréalité ? Roger : Non, c'est du chiqué. Ils peuvent pas se révolter. Ca servirait à rien. Ils ont tout. (Delphine arrive) Delphine : c'est vous qui avez tout. Roger : Qu'est-ce que vous faites ici vous ? Delphine : Je me suis faite virer. Je suis libre d'aller où je veux. Je peut être ici, ou là-bas, pour vous, pour demain. Clarisse : Pardon ? Delphine : Désolé. C'est devenu une sorte de déformation professionnelle. Roger : En attendant, vous êtes chez nous. C'est une atteinte à notre vie privée. Delphine : Si on peut appeler ça une vie. Clarisse : Oui bon mais quand même ! Delphine : Et puis, vous aviez bien l'intention de vous repaître de ma vie privée à moi. Roger : Vous l'aviez accepté en entrant dans le loft. Vous avez été choisie par casting. On aurait aimé avoir eu cette chance. Delphine : Ouais, un casting de mes orifices. J'ai dû faire une pipe au miel au producteur, et me prendre une sodomie au beurre par le directeur. (Petit silence d'interloquitude) Clarisse : Avec du miel ? Delphine : Ce n'est pas ce qui compte. Le plus important ce n'est pas moi, c'est vous, et votre vie que vous n’êtes pas en train de vivre. Vous n'êtes pas les mutants qui se trémoussent à l'intérieur de la télé. Clarisse : Mais enfin, on fait bien ce qu'on veut ! On est libre ! Delphine : Bien sûr. Et c'est ce qui fait de vous les gens les plus prisonniers que je connaisse. Votre porte est ouverte et vous ne vous échappez pas. Les mystères du monde s'offre à vous, et vous restez enfermés devant ce paysage vitré. Roger : C'est notre divertissement. Nous regardons ces émissions pour nous détendre, après une dure journée de travail. On y a droit ! Delphine : Eh oh, vous êtes au chômage. Roger : Comment le savez-vous ? Delphine : Vous êtes comme tout le monde. Roger : Ben ouais. Delphine : Et je vous propose de changer cela. [ NDLA : « Sécurité routière. Changeons. » ] Tableau 10 : le loft - Scène 18 Didier, Kenza, Anaïs, Clement-Mathieu, puis tous les autres lofteurs Anaïs : Vous allez me la faire correctement cette chorégraphie. Et ne vous avisez pas de vous embrasser, ou je remplis vos bouches avec des mégots de cigarettes ... des Marlboros ! Didier (en donnant un coup de fesse coquin à Kenza) : Oh, excuse-moi je t'ai bousculé. Kenza (en lui touchant l'entrejambe) : Oh pardon, ma main a glissé. Clement-Mathieu : Mais ma parole vous êtes des animaux. J'aimerais un peu plus d'activité intellectuelle de votre part. Vous m'émoustillez ! (Les autres lofteurs et Orangina Rouge entrent, avec des panneaux sur lesquels sont écrits des slogans, du style : « On n'est pas des bêtes », « nos poils sont à nous », « Matez vos fesses », « Gâchez vos vies, pas la nôtre », « Zut et prout ») Zeus : téléspectateurs, producteurs de l'émission, nous ne souhaitons plus être de petits singes générateurs de publicité. Cendrillon : Nous désirons tous arrêter l'émission et sortir du loft. En attendant, nous resterons couchés sur nos lits. Nous ne chanterons plus, nous ne parlerons plus, nous ne bougerons plus, nous ne baiserons plus, vous n'aurez plus rien à regarder. Anaïs : Qu'ils sont mignons avec leur piaillements plaintifs ! Eh bien allez-y, faites votre sit-in de collégiens rebelles. Dans cinq minutes on reprend le travail, je vais vous faire danser moi ! Jean-Claude : Si ça t'excite tant que ça de voir des corps s’agiter, je peux m'en occuper, ma mignonne. Anaïs : Je ne tiens pas à me faire renvoyer. Faites votre pseudo-manifestation si vous voulez, mais sans moi. Jean-Claude : Vous n'auriez pas plutôt envie de passer votre main sur mon torse poilu ? De vous faire masser votre petit dos tout stressé ? Anaïs : Ne me tentez pas. J'ai besoin de ce salaire. Je dois acheter un foie pour sauver mon fils. Jean-Claude : Je pourrais lui prêter des morceaux du mien. Je peux bien me passer de quelques bouts d'organes. Anaïs : Vous feriez cela ? Jean-Claude : Par amour pour vous, ma poulette. (Ils s'embrassent) Clement-Mathieu : Anaïs, vous ne pouvez pas faire ça ! Et l'art de la publicité ? Et l'intellectualitude de l'émission ? Vous ... Vous me lâchez ? Nicollette (en s'approchant de lui) : Oui. Lâche tout, mon mignon. Laisse-toi aller. Clement-Mathieu : Mademoiselle, je vous prie de me laisser. Je ne suis pas celui que vous croyez ! Nicollette : T'inquiète beau gosse. Mes mains expertes vont te faire croître. Clement-Mathieu : Mais en voilà des manières ! Vous me draguez ? Nicollette : Oh oui, viens lécher ma petite dragée. Clement-Mathieu : Non mademoiselle. Vous ne me ferez pas fléchir. Nicollette : Cesse donc de réfléchir tout le temps. Clement-Mathieu (l'air d'avoir eu une illumination) : Oh, des hormones. Plein d'hormones qui déferlent de partout. Nicollette : J'ai très envie de me faire chatouiller par tes hormones, mon superbe ours viril. Clement-Mathieu : Hmmmm… Aaaahh. Je les sens qui envahissent tout mon corps. Nicollette : Oui. Sors de tes pensées, mon gros arbre à spermatozoïdes. Réveille ton cerveau reptilien ! Clement-Mathieu : Viens ça, belle viande à trous ! Je vais te faire part de ma grosse intelligence. Ils s'embrassent. Cendrillon : [ Charal, la viande devrait toujours être aussi bonne que ça. ] Clement-Mathieu sort son téléphone portable. Clement-Mathieu : Allo chérie ? Oui en fait tu m'as jamais vraiment excité. T'as pas de fesses, pas de cuisses, pas de seins, pas d'épaules, pas de ventre, et pas de hanches. Alors du coup je te quitte … Comment ça tu le sais déjà ? Ah tu me regardes à la télé ! Parfait. Bon, salut. N'hésite pas à casser un peu de vaisselle et à embarquer du mobilier, si ça peut te soulager. Cendrillon : Je peux utiliser votre téléphone s'il vous plaît ? Clement-Mathieu : Oui bien sûr. Cendrillon (au téléphone) : Coucou maman. Je voulais te dire, si ma soeur se sent aussi bien dans sa peau, et pas moi, c'est parce qu'elle a affirmé sa personnalité en écrasant la mienne. Je ne m'en rend compte que maintenant, car, comme toujours, celui qui est torturé psychologiquement ne peut s'empêcher d'admirer son tortionnaire. Je ne vous aime plus. Adieu. Clement-Mathieu : Joli coup. Cendrillon : Merci. Scène 19 Tout le monde (Daniel et Marlène entrent) Daniel : Mesdemoiselles, messieurs. Vous sortez des rôles que l'on vous a attribués dans cette émission ! Marlène : Orangina Rouge, que faites-vous de votre descente aux enfers ? Vous l'aviez si bien démarrée ! Arnold (s'approchant de Marlène) : Ca vous dirait pas plutôt une descente à la cave ? Marlène : De quoi est-ce que vous me parlez ? Arnold : De mes muscles. Ceux de ma langue sont méchamment développés. Marlène : C'est tout ce que vous avez ? Arnold : Eh oh, je m'entraîne 25 heures par jour. Marlène : Vous faire des muscles. Vous n'avez que ça dans votre vie ? Mais c'est fabuleux. Moi qui voulais explorer le vide de l'esprit humain, plonger tout au fond... Arnold : Oui, plonger tout au fond, ça c’est une bonne idée. Ma jolie, je suis peut-être vide, mais je te remplirais bien. Marlène : Mon héros. Mon cobaye. Ma vacuité. Ma descente. (Ils s'embrassent) Daniel : Marlène ! Ca ne se fait pas ! J'aimerais un peu plus d'ordre ici ! Zeus (s'approchant de Daniel) : Laissez. Celui-là, il est pour moi. Daniel : Quoi ? Zeus : C'est Noël, c'est la fête à tes fesses ! Daniel : Qu'est-ce que vous me voulez ? Zeus : Va y avoir du transit intestinal inversé, mon joli. C'est journée porte ouvertes dans ton anus! Daniel : Mais je ne vous permet pas ! Zeus : T'inquiète, ça va te plaire, je vais renouveler ton corps de l'intérieur ! (Ils s'embrassent) Didier : Vous connaissez la différence entre une fourchette et un homosexuel ? Avec une fourchette on pousse le repas de midi, et avec un homosexuel on pousse le repas de la veille. (Tout le monde rigole. Smith entre peu après) Smith : Qu'est-ce que c'est que cette mascarade ? Cendrillon : Nous voulons quitter l'émission. Nous arrêtons ce jeu malsain. Smith : Qu'est-ce que vous croyez bande de petits moineaux serviles ? Vous n'êtes pas ici parce que vous êtes libre, vous êtes ici parce que vous ne l'êtes pas. Cendrillon : Nous ne ferons plus rien tant que vous ne nous laisserez pas sortir. Plus de chorégraphie, plus de dialogue, plus de citations de marque publicitaire. Smith : Je vous couperais les vivres. Rien à manger ! Cela devrait intéresser les téléspectateurs de vous voir vous battre pour grappiller des morceaux de viande sur les cadavres de ceux qui seront morts en premier. Cendrillon : Vous ne pouvez pas faire ça. Il y a des lois. Smith : Il y a de très bons avocats, et je les ai achetés depuis longtemps. (Delphine et les deux beaufs entrent) Delphine : Non. Smith : Tu repasseras plus tard chérie. Je n'ai plus de miel. Clarisse : Non. Smith : Rentrez dans vos cages petites fourmis. Je possède vos esprits, je vais les gaver. Clarisse : Aussi étrange que cela puisse paraître, il nous reste quelques fragments de libre arbitre, pour être capable de nous intéresser à d'autres choses que ce loft. Smith : Parfait. De toutes façons je contrôle tout le paysage télévisuel. Je le submergerais par des litres de vomis abrutissant. Clarisse : Nous tournerons notre regard vers d'autres formes de culture. Smith : J'achète les théâtres, les festivals, les galeries d'art, les éditeurs, les graphistes, les studios d'enregistrement, les cirques, les blogs stupides, les mendiants joueurs de musiques ! Vous ne pourrez échapper à ce que je vous enfoncerais dans les yeux et les oreilles, car il n'y aura plus rien d'autre. Clarisse : Voyons monsieur. S'il y a bien une chose qui est libre dans ce monde, c'est la créativité. Nous pourrons toujours imaginer nos propres récits, et les partager avec d'autres. Smith : Vous ne pouvez lutter contre moi, vous êtes tous tout petit. Clarisse : Exactement, nous sommes tous. Nous ne lutterons pas. Mais nous construirons de la culture différente, à côté de la vôtre. Smith : Je vous robotiserais jusqu'aux orteils ! Clarisse : Vous n'y arriverez jamais complètement et vous le savez. Smith : La culture, la liberté, ce ne sont que des mots. On ne peut pas fabriquer de pouvoir ou d'argent avec. Peuh ! Ca ne m'intéresse même pas. Clarisse : Tant mieux. Bonne chance avec votre monde de merde. Au revoir. Smith : Oui ! Un nouveau monde, le mien ! (Tout le monde s'en va, sauf Smith) Smith : Je ne me lasserais jamais des humains. C'est si drôle de les voir s'auto-décorer de nobles idéaux quand ils ne possèdent rien. A la moindre opportunité, ils glisseront sans même s'en rendre compte vers des jouissances plus matérielles. Si tout se déroule comme prévu, ils utiliseront la haine qu'ils ont contre moi pour développer un embryon de sens artistique. Et quand ils auront créé quelque chose, qu'ils auront acquis une once de valeur personnelle, ils seront tout heureux de se faire racheter par moi. Moi ! Moi ! Moi ! RIDEAU, poil au dos