TH2009_Joly_Laure (pdf - fr - 2954 ko) - ED 52
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N° d’ordre : 85-2009 Année 2009 THESE DE L‘UNIVERSITE DE LYON Délivrée par L’UNIVERSITE CLAUDE BERNARD LYON 1 Ecole Doctorale de Physique et Astrophysique pour l'obtention du DIPLOME DE DOCTORAT (arrêté du 7 août 2006) présentée et soutenue publiquement le 29 juin 2009 par Laure JOLY Couplage spectroscopie optique / spectrométrie de masse : Propriétés optiques et photofragmentation de biomolécules Directeur de thèse : Philippe DUGOURD JURY : Mme Julia CHAMOT-ROOKE, rapporteur M. Philippe DUGOURD, directeur de thèse M. Jérôme LEMOINE, examinateur M. Michel MONS, rapporteur Mme Jeanine TORTAJADA, président du Jury M. Yury TSYBIN, examinateur N° d’ordre : 85-2009 Année 2009 THESE DE L‘UNIVERSITE DE LYON Délivrée par L’UNIVERSITE CLAUDE BERNARD LYON 1 Ecole Doctorale de Physique et Astrophysique pour l'obtention du DIPLOME DE DOCTORAT (arrêté du 7 août 2006) présentée et soutenue publiquement le 29 juin 2009 par Laure JOLY Couplage spectroscopie optique / spectrométrie de masse : Propriétés optiques et photofragmentation de biomolécules Directeur de thèse : Philippe DUGOURD JURY : Mme Julia CHAMOT-ROOKE, rapporteur M. Philippe DUGOURD, directeur de thèse M. Jérôme LEMOINE, examinateur M. Michel MONS, rapporteur Mme Jeanine TORTAJADA, président du Jury M. Yury TSYBIN, examinateur UNIVERSITE CLAUDE BERNARD - LYON 1 Président de l’Université M. le Professeur L. Collet Vice-président du Conseil Scientifique M. le Professeur J.F. Mornex Vice-président du Conseil d’Administration M. le Professeur G. Annat Vice-président du Conseil des Etudes et de la Vie Universitaire M. le Professeur D. Simon Secrétaire Général M. G. Gay UFR SANTE Composantes UFR de Médecine Lyon R.T.H. Laënnec Directeur : M. le Professeur P. Cochat UFR de Médecine Lyon Grange-Blanche Directeur : M. le Professeur X. Martin UFR de Médecine Lyon-Nord Directeur : M. le Professeur J. Etienne UFR de Médecine Lyon-Sud Directeur : M. le Professeur F.N. Gilly UFR d’Odontologie Directeur : M. le Professeur D. Bourgeois Institut des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques Directeur : M. le Professeur F. Locher Institut Techniques de Réadaptation Directeur : M. le Professeur Y. Matillon Département de Formation et Centre de Recherche en Biologie Humaine Directeur : M. le Professeur P. Farge Composantes UFR SCIENCES ET TECHNOLOGIE UFR de Physique Directeur : Mme. la Professeure S. Fleck UFR de Biologie Directeur : M. le Professeur H. Pinon UFR de Mécanique Directeur : M. le Professeur H. Ben Hadid UFR de Génie Electrique et des Procédés Directeur : M. le Professeur G. Clerc UFR Sciences de la Terre Directeur : M. le Professeur P. Hantzpergue UFR de Mathématiques Directeur : M. le Professeur A. Goldman UFR d’Informatique Directeur : M. le Professeur S. Akkouche UFR de Chimie Biochimie Directeur : Mme. la Professeure H. Parrot UFR Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives Directeur : M. C. Collignon Observatoire de Lyon Directeur : M. le Professeur R. Bacon Institut des Sciences et des Techniques de l’Ingénieur de Lyon Directeur : M. le Professeur J. Lieto Institut Universitaire de Technologie A Directeur : M. le Professeur M. C. Coulet Institut Universitaire de Technologie B Directeur : M. le Professeur R. Lamartine Institut de Science Financière et d'Assurance Directeur : M. le Professeur J.C. Augros Remerciements Ce travail de thèse a été réalisé au Laboratoire de Spectrométrie Ionique et Moléculaire de l’Université Claude Bernard de Lyon dirigé par Christian Bordas. Je le remercie de m'avoir accueillie au laboratoire. Je tiens à remercier Philippe Dugourd qui m'a ouvert les portes de son équipe. Je le remercie de m'avoir fait profiter de son immense culture scientifique et de ses remarques pertinentes tout au long de ces trois années. Mais je le remercie surtout pour ses qualités humaines, sa disponibilité, sa gentillesse, son honnêteté. Mes remerciements sont tout particulièrement adressés à Rodolphe Antoine qui a grandement contribué à la réussite de ce travail. Je le remercie pour sa patience à m’expliquer la partie obscure de l’expérience, ses excellents conseils mais aussi pour son enthousiasme lors des manips. Ce fut un réel plaisir de travailler avec lui. Toute ma gratitude va aux membres du jury pour leurs lectures critiques et pour leurs remarques constructives lors de ma soutenance de thèse. Et tout particulièrement à Jeanine Tortajada qui m’a fait l’honneur de présider ma soutenance de thèse ainsi qu’à Julia Chamot Rooke et Michel Mons qui ont accepté de rapporter ce travail. Je tiens également à remercier Yury Tsybin pour sa participation à mon jury de thèse et ses conseils. J’aimerais remercier également tous les autres membres de l’équipe : Michel Broyer, Driss Rayane, Isabelle Compagnon, Fabien Chirot pour leurs discussions et critiques utiles. Mais aussi, tous les doctorants du groupe : Pierre, Thibault, Amandine, Renaud et Florian pour leur soutien dans les moments difficiles et pour les bons moments partagés. Je remercie Abdul Rahman Allouche qui a complété mon travail expérimental par des calculs mais qui m’a aussi généreusement accordé son temps pour partager une partie de ses connaissances avec moi. Je remercie Jérôme Lemoine du Laboratoire des Sciences Analytiques pour la collaboration très vivante entre nos deux équipes qui a permis de concrétiser ce travail de recherche. Je suis aussi reconnaissante au Professeur Manfred Kappes de l’Université de Karlsruhe de m’avoir accueillie dans son laboratoire et à Katja pour tous les moments partagés lors des expériences de spectroscopie de photoélectron. Je remercie chaleureusement tous les membres du laboratoire qui ont contribué à ce travail par leurs diverses compétences. Je remercie plus particulièrement pour leur bonne humeur et leurs encouragements en toutes circonstances : Francisco, Xavier, Sad, Christian, Jacques, Jean, Estelle, Frank, Julien, Myriam, Nadia et Cyril. Je dois aussi beaucoup à tous mes amis qui ont été d’un grand réconfort moral au cours de ces trois années et plus particulièrement à Claire, Junior, Cédric, Nicos, Théo et Pierre pour tous les bons moments passés ensemble et leur soutien inconditionnel lors des moments de doute. Un grand merci à ma famille d’avoir eu la gentillesse de venir assister à ma soutenance mais aussi de m’avoir soutenue pendant ces trois années. Et plus particulièrement à ma mère pour ses relectures des différents chapitres. Je remercie par avance tous ceux qui liront une partie des deux cent autres pages de mon mémoire. Table des matières INTRODUCTION.................................................................................................................... 3 BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................................. 11 CHAPITRE 1 : TECHNIQUES INSTRUMENTALES ..................................................... 17 1.1 SPECTROMETRIE DE MASSE ......................................................................................................... 17 1.1.1 Appareils de l'équipe LCQ et LTQ ..................................................................................................... 18 1.1.2 Source electrospray ............................................................................................................................ 18 1.1.3 Piège ionique ...................................................................................................................................... 22 1.2 COUPLAGE LASER - SPECTROMETRIE DE MASSE ......................................................................... 28 1.2.1 Différents lasers utilisés ..................................................................................................................... 28 1.2.2 Couplage ............................................................................................................................................ 30 1.2.3 Différents types de mesure.................................................................................................................. 33 1.3 PREPARATION D'ECHANTILLONS ................................................................................................. 38 1.4 METHODES OPTIQUES EN SOLUTION ........................................................................................... 41 1.4.1 Spectrophotométrie d'absorption en solution ..................................................................................... 41 1.4.2 Dichroïsme circulaire......................................................................................................................... 42 1.5 METHODES THEORIQUES ............................................................................................................. 46 1.6 BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................................................... 47 CHAPITRE 2 : PHOTODETACHEMENT D'ELECTRON : PRINCIPE, MECANISMES ET ENERGETIQUE.... ............................................................................. 51 2.1 PHOTODETACHEMENT D'ELECTRON ............................................................................................ 52 2.1.1 Principe du photodétachement d'électron sur des peptides anioniques ............................................. 52 2.1.2 Evolution de l'efficacité de photodétachement d'électron................................................................... 55 2.1.3 Mécanismes du photodétachement d'électron .................................................................................... 62 2.2 SPECTROSCOPIE DE PHOTOELECTRON ......................................................................................... 74 2.2.1 Montage expérimental ........................................................................................................................ 74 2.2.2 Informations obtenues à partir de spectre de PES ............................................................................. 77 2.2.3 Etude de la position des charges, estimation du point de départ de l’électron et déduction de la distance entre les charges............................................................................................................................ 86 2.3 BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................................................... 91 1 CHAPITRE 3 : PHOTODETACHEMENT D'ELECTRON ET PHOTODISSOCIATION UV ASPECTS CINETIQUE ET ANALYTIQUE.................. 95 3.1 DISSOCIATION PAR PHOTODÉTACHEMENT D'ÉLECTRON (EPD), ASPECT CINÉTIQUE .................. 96 3.1.1 Première étape A o B ..................................................................................................................... 97 3.1.2 Deuxième étape B o C ..................................................................................................................... 99 3.2 FRAGMENTATION DES RADICAUX PAR ACTIVATION COLLISIONNELLE ..................................... 105 3.2.1 Application à des peptides ................................................................................................................ 106 3.2.2 Fragmentation des radicaux............................................................................................................. 109 3.3 APPLICATION AUX PHOSPHOPEPTIDES ...................................................................................... 111 3.3.1 EPD sur des phosphopeptides .......................................................................................................... 111 3.3.2 UVPD sur des phosphopeptides ....................................................................................................... 113 3.4 BIBLIOGRAPHIE ......................................................................................................................... 120 CHAPITRE 4 : SPECTROSCOPIE UV DE PEPTIDES ET PROTEINES EN PHASE GAZEUSE............................................................................................................................. 123 4.1 PRINCIPE DE LA SPECTROSCOPIE UV PAR SPECTROSCOPIE D'ACTION DE PHOTODETACHEMENT D'ELECTRON .................................................................................................................................... 124 4.2 PEPTIDE SANS CHROMOPHORE .................................................................................................. 130 4.3 PEPTIDES CONTENANT UNE TYROSINE ...................................................................................... 131 4.3.1 Angiotensine ..................................................................................................................................... 131 4.3.2 Une protéine : Insuline ..................................................................................................................... 135 4.4 PEPTIDES CONTENANT UN TRYPTOPHANE ................................................................................. 140 4.4.1 WVVVV et VVVVW ........................................................................................................................... 140 4.4.2 Tryptophane radicalaire................................................................................................................... 144 4.5 CHANGEMENT DE LA CONFORMATION ...................................................................................... 152 4.6 BIBLIOGRAPHIE ......................................................................................................................... 159 CONCLUSION ET PERSPECTIVES ............................................................................... 163 ANNEXE A ........................................................................................................................... 165 ANNEXE B ........................................................................................................................... 173 ANNEXE C ........................................................................................................................... 183 2 Introduction Les peptides et les protéines sont des polymères linéaires composés d'un enchaînement d'acides aminés spécifiques parmi les 20 acides aminés naturels existants. Ce sont les protéines qui assurent les différentes fonctions des organismes : elles ont par exemple des rôles structurels, catalytiques, de régulateurs, de reconnaissance, de transport. Les protéines sont synthétisées par les ribosomes à partir du code génétique porté par l'ADN. Elles subissent aussi, après leurs synthèses, des modifications chimiques appelées modifications post traductionnelles (comme la phosphorylation ou la glycosylation). Les expériences de spectroscopie sur ces peptides et protéines sont réalisées grâce au couplage de lasers accordables en longueur d'onde avec un spectromètre de masse de type piège à ions. La spectrométrie de masse est une méthode analytique qui permet de déterminer le rapport masse moléculaire / charge de l'ion. L'intérêt de cette technique réside dans sa sensibilité (pico voir femto molaire), sa rapidité d’analyse (permettant le couplage avec des techniques chromatographiques), la résolution des analyseurs (supérieure à un million pour les FT-ICR (fourier transform ion cyclotron resonance [1]), mais surtout sa polyvalence. Le développement des sources de spectrométrie de masse à ionisation douce (ESI, electrospray source ionisation [2], MALDI, matrix assisted laser desorption ionisation [3,4]) dans les années 80, a rendu possible la mise en phase gazeuse des systèmes de haut poids moléculaire (ADN, protéines, complexes). Pour identifier ou déterminer la structure de ces molécules biologiques une fois mises en phase gazeuse, la mesure de leur masse moléculaire ne suffit pas et des techniques de fragmentation (MS/MS) ont été développées. Ces techniques consistent notamment à fragmenter les peptides issus de la digestion peptidique (approche "bottom up") ou les protéines entières (approche "top down") et de remonter, à partir des fragments obtenus, à la séquence en acide aminé de la protéine, c'est-à-dire à sa structure primaire. De nombreuses méthodes de fragmentation sont utilisées à ce jour. Elles peuvent être différenciées en deux groupes selon leur processus d'excitation : excitation vibrationnelle ou excitation électronique. 3 La méthode d'activation vibrationnelle par chauffage la plus connue est la CID (collision induced dissociation) : elle existe en routine sur la plupart des spectromètres de masse. Cette technique utilise la collision entre le peptide et un gaz neutre pour chauffer et fragmenter le peptide [5-7]. Avec cette méthode, l'excitation des ions est principalement de nature vibrationnelle et l'énergie transférée pour un petit peptide est typiquement comprise entre un et quelques dizaines d'eV. D'autres méthodes d'excitation vibrationnelle ont été développées, notamment l'IRMPD (infrared multiphoton dissociation) [8-10] qui consiste à exciter vibrationnellement les molécules avec un laser IR. Un des avantages de cette technique est qu'elle ne nécessite pas d'injection de gaz et est donc particulièrement adaptée au FT-ICR qui travaille sous vide poussé. Avec cette méthode, l'énergie d'un photon est faible ~ 0.1 eV et la fragmentation est due à un processus fortement multiphotonique. Les méthodes d'activation électronique se sont développées plus tard avec l'objectif de résoudre le problème du peu de fragmentation de certains peptides lors de l’utilisation des méthodes par chauffage. En effet, lorsqu’un canal de fragmentation est beaucoup plus bas en énergie que les autres, la fragmentation par chauffage qui est un processus statistique conduit principalement à l'observation de ce canal de fragmentation et donc à une fragmentation peu informative du point de vue structurel. Deux méthodes de collision avec des électrons ont été développées en mode positif, l’ECD (electron capture dissociation) par Mc Lafferty et ses collaborateurs en 1998 [11] et l’ETD (electron transfer dissociation) par Hunt et ses collaborateurs en 2004 [12,13]. Ces deux techniques très proches sont basées sur la capture d'un électron par un ion positif multichargé par bombardement d'électron thermique pour l'ECD et par transfert de charges entre deux ions pour l'ETD. La capture est exothermique et est suivie d'une fragmentation non statistique permettant d’accéder à des fragments différents de ceux obtenus en CID et d'augmenter la couverture de séquence de peptides, en particulier de peptides contenant des modifications post-traductionnelles [14]. La CID haute énergie (keV) peut aussi conduire à une fragmentation plus rapide que la redistribution d'énergie et donc à l'observation de nouveaux fragments [15]. Les méthodes par activation électronique ont aussi été développées en mode négatif, là où les méthodes par chauffage donnent les moins bons résultats. Le mode négatif est utile pour les molécules pouvant porter facilement des charges négatives, c’est le cas des peptides acides comme ceux ayant subi des modifications post-traductionnelles de type phosphorylation ou de l’ADN. Le groupe de Zubarev a mis au point la dissociation par détachement d'électron (EDD electron detachment dissociation) en 2001 [16,17] qui consiste à détacher un électron de 4 Introduction l'anion grâce à un bombardement d'électron thermique de la molécule anionique. Des expériences de "reverse ETD" ont aussi été réalisées sur des peptides anioniques [18]. Une autre voie qui permet d'exciter électroniquement des peptides et des protéines est l’excitation optique. Les lasers UV sont particulièrement intéressants puisque l'UV lointain (150 – 200 nm) permet d'exciter les liaisons amides du squelette peptidique et l'UV proche (200 - 350 nm) permet d'exciter les sites aromatiques des acides aminés chromophores. La photodissociation dans le VUV (vacuum ultraviolet) a surtout été réalisée en mode positif avec les lasers excimer ArF (193 nm, 6.4 eV) [19-22] et F2 (157 nm, 7.9 eV) [23]. Le groupe de Reilly a comparé la photodissociation obtenue sur des peptides avec ces deux lasers et avec le mode CID. L'excitation UV (en particulier à 157 nm) donne accès à des fragments v et w non observés en CID [24,25]. Concernant l'UV proche, la plupart des expériences ont été réalisées avec des YAG triplés (355 nm) ou quadruplés (266 nm). La longueur d'onde 266 nm permet une excitation des chromophores et peut conduire à la fragmentation des séquences peptidiques [26,27]. Des études ont aussi été réalisées à 355 nm en marquant les peptides avec un chromophore qui absorbe à cette longueur d'onde. Cette étape chimique supplémentaire permet d'exciter des peptides sans acides aminés aromatiques sur la séquence peptidique [28]. Avec une démarche similaire, le groupe de Julian a mis au point une méthode pour connaître précisément la position des résidus phosphorylés. Cette méthode comporte un marquage chimique des résidus phosphorylés suivi d'une irradiation laser à 266 nm qui fragmente le peptide spécifiquement au niveau de ces résidus [29]. C'est dans ce contexte qu'a été développé dans notre laboratoire, le couplage entre un piège quadripolaire et un laser UV [30]. La particularité de notre équipe est d'utiliser un laser accordable en énergie et donc de pouvoir faire varier le site et l'énergie d'excitation. Les études réalisées lors de ce travail de thèse portent principalement sur des peptides négativement chargés. Nous verrons que l'irradiation laser de molécules chargées négativement conduit à une espèce radicalaire par photodétachement d'électron (EPD). La fragmentation de cette espèce radicalaire apporte un bon recouvrement de séquences pour différentes espèces : peptides et phosphopeptides, des protéines entières, des oligosaccharides, de l’ADN ainsi que différents complexes. 5 La spectrométrie de masse est une technique qui permet de sonder efficacement la structure primaire d'une protéine ou d'un peptide. Cependant, la fonction des protéines n'est pas seulement déterminée par l'enchaînement d'acides aminés, la structure tridimensionnelle joue un rôle fondamental. A titre d'exemple, dans les pathologies comme la maladie d'Alzheimer ou de Creutzfeldt-Jacob, la forme pathogène est due à un réarrangement tridimensionnel de la protéine prion : la protéine est présente sous sa forme saine et soluble dans les organismes sains mais se réarrange spatialement pour devenir insoluble dans les organismes atteints. Différentes techniques existent pour étudier les structures tridimensionnelles des protéines. La RMN en solution et la cristallographie par rayon X sont les techniques les plus performantes actuellement. Une bibliothèque (PDB, protein data bank) regroupant toutes les structures tridimensionnelles est accessible sur Internet (http://www.rcsb.org). Cependant, la cristallographie nécessite la formation d'un cristal (ce qui n’est pas toujours possible avec les protéines) et la RMN peut difficilement étudier des molécules de taille supérieure à 25 kDa. De plus, ces techniques requièrent des quantités importantes d'échantillon pur et nécessitent un temps d'analyse long. Ces techniques sont aussi limitées par la flexibilité de la conformation des différents systèmes. Les spectroscopies optiques en solution ont généralement une vitesse d'analyse beaucoup plus rapide mais donnent accès à une information globale de la conformation ou bien au contraire à l'environnement proche d'un groupe sondé et sont donc moins complètes que les techniques de RMN ou de Rayon X. Citons comme exemple, la spectroscopie vibrationnelle (infra rouge et Raman) qui permet d'obtenir des informations sur les groupes fonctionnels présents dans des molécules ou le dichroïsme circulaire qui permet de connaître les changements cumulatifs de la structure secondaire des protéines [31,32]. Parallèlement à ces approches en solution ou en cristal, la spectrométrie de masse permet d'étudier des protéines qui proviennent de solutions diluées ou d'échantillon biologique. De plus, l'étude des systèmes moléculaires biologiques en phase gazeuse permet de s'affranchir des interactions avec le solvant, voire de contrôler l'environnement. La phase gazeuse permet donc d'étudier les propriétés intrinsèques de la molécule, et a l'avantage de pouvoir être comparée facilement avec les calculs théoriques. On assiste depuis plusieurs années au développement de différentes méthodes, qui couplées à la spectrométrie de masse, permettent d'aller au-delà de la simple mesure de masse et de la détermination de la structure. 6 Introduction Les propriétés étudiées le plus couramment sont les structures secondaires et tertiaires, les interactions non covalentes, la dynamique de repliement ou de fragmentation. Les méthodes qui existent actuellement pour sonder les structures des biomolécules en phase gazeuse sont notamment l'échange isotopique hydrogène/deutérium, la mobilité ionique, le BIRD (blackbody infrared radiative dissociation) et la spectroscopie optique. L’échange isotopique hydrogène/deutérium permet l’étude de la conformation et du repliement des protéines. En effet, la vitesse d’échange hydrogène/deutérium est directement liée à l’exposition des atomes d’hydrogènes au solvant deutéré, c'est-à-dire que la vitesse d’échange est liée à l’accessibilité des atomes d’hydrogènes donc à la conformation de la protéine. L'échange hydrogène/deutérium s'effectue généralement en solution [33,34] mais peut aussi s'effectuer directement en phase gazeuse pour obtenir d'autres types d'informations [35]. La mobilité ionique (IMS, ion-mobility spectrometry) [36-40] consiste à mesurer la vitesse des ions entraînés par un champ électrique dans un tube de mobilité en présence d'un gaz inerte. La vitesse de dérive des ions dans le tube va dépendre de leurs structures géométriques. Le temps de dérive peut être relié à la section efficace de collision entre l'ion et le gaz inerte. Cette technique permet, entre autres, de séparer les isomères et de déterminer des structures par comparaison avec les études théoriques [41,42]. Le BIRD [43,44], est une technique remarquable pour étudier les énergies de seuil de dissociation et les cinétiques de dissociation d'un ion. Cette technique repose sur la dissociation unimoléculaire de l'ion suite à l'absorption de radiations infrarouges dues au rayonnement de la cellule dans laquelle sont piégés les ions (corps noir). Pour cela, la pression dans le piège doit être basse (<10-6 torr) et la fenêtre de temps d'observation longue (de l'ordre de la seconde). La technique est donc particulièrement adaptée aux FT-ICR. Les premiers résultats de diffraction électronique en phase gazeuse obtenus sur des agrégats inorganiques ou de métaux sont extrêmement prometteurs [45-47]. Les méthodes spectroscopiques permettent d’étudier les interactions des systèmes biologiques avec les photons : elles vont donner des informations sur les propriétés optiques des protéines en phase gazeuse. La difficulté d’étudier les molécules biologiques en phase gazeuse par spectroscopie provient de leur faible densité dans ce milieu contrairement à la solution ou au solide. Excepté pour de rares cas ([48,49]) où la pression de vapeur saturante d'un acide aminé dans une cellule est suffisante, l’enregistrement de l’absorption d'un peptide ou d'une protéine en phase 7 gazeuse ne peut pas se faire directement. La solution consiste à détecter un phénomène résultant de cette absorption de photon : la fluorescence en collectant les photons réémis, la fragmentation par spectrométrie de masse, l’absorption d’un second photon conduisant à la formation d’une espèce ionisée (plus facilement détectable) si on part d'un neutre par exemple. La spectroscopie résolue en fréquence permet d’enregistrer grâce aux lasers OPO (optical parametric oscillator), le spectre optique de molécule dans une gamme de longueur d’onde. Selon la gamme choisie, le spectre donnera des informations sur les transitions rotationnelles et l'orientation du dipôle permanent (spectroscopie micro onde), sur les transitions vibrationnelles (spectroscopie infra rouge) ou sur les transitions électroniques (spectroscopie visible et ultraviolette) [50]. La spectroscopie résolue en temps enregistre le temps de réponse à une excitation donnée et permet d’accéder aux dynamiques de formation, de relaxation ou de réarrangement des molécules étudiées. Cette technique nécessite l’utilisation de deux lasers (pompe et sonde) synchronisés. Enfin, signalons que la spectroscopie d'électron permet de déterminer l'affinité électronique d’une molécule et de remonter aux barrières conduisant au détachement d’un électron. L'étude des transitions vibrationnelles sensibles à la conformation des biomolécules en phase gazeuse nécessite l'utilisation de lasers puissants et accordables dans le domaine de l'infra rouge. Les sources lumineuses les plus intenses sont les lasers à électrons libres (FEL, free electron laser) utilisant le rayonnement synchrotron, comme ceux d'Orsay (CLIO [51]) et des Pays Bas (FELIX) (gamme de fréquence 100 - 3000 cm-1). L'utilisation d'OPO infrarouge est une alternative de plus en plus utilisée grâce aux progrès réalisés sur ces systèmes (2000 – 4000 cm-1). La spectroscopie IR couplée à des simulations permet de déterminer les fréquences de vibrations des liaisons (liaison hydrogène, NH, OH,…) [52] et de remonter à la structure des molécules en comparant le spectre expérimental aux spectres calculés pour différentes structures moléculaires. La coexistence de plusieurs isomères est un réel problème dans ce type d'expérience. Pour diminuer le nombre d'isomères, ces expériences sont réalisées soit en jets supersoniques [53,54] qui créent des espèces neutres très froides soit en pièges ioniques refroidis [55]. La spectroscopie IR est souvent couplée avec un laser UV : le laser UV permettant de sélectionner une transition électronique spécifique d'un conformère donné [56]. Ces expériences de type pompe sonde permettent de déterminer le nombre de conformères formé en phase gazeuse ainsi que les spectres IR de ces différents conformères. La plupart des résultats obtenus en spectroscopie IR et IR/UV l'ont été sur des petits systèmes (bases de l'ADN [54], acides aminés [57], petits peptides [58,59], sucres [60]). Quelques 8 Introduction résultats ont cependant été obtenus sur de plus grands systèmes, comme sur les différentes formes de la gramicidine [61] ou de l'ubiquitine [62]. La spectroscopie visible et ultraviolet permet d'étudier les excitations électroniques des molécules, et plus particulièrement celles des chromophores des acides aminés aromatiques entre 220 et 400 nm. Malgré des premières expériences dans les années 1985-1995 par Levy et ses collaborateurs sur des acides aminés neutres [63,64] et des petits peptides [65], peu de résultats sont disponibles dans la littérature sur des polypeptides. En effet, ces techniques ont été peu développées par la suite sur de gros systèmes pour lesquels il n'est pas possible d'obtenir les spectres résolus vibrationnellement. Par contre, de nombreux résultats sur des acides aminés [66-68] ou des peptides [69] sont disponibles dans la littérature. Les travaux portent sur la spectroscopie infra rouge avec des molécules froides qui permet d'obtenir une bonne résolution des raies vibrationnelles et donc d'obtenir des informations sur la structure locale des molécules étudiées. De plus, les expériences de photofragmentation sont de plus en plus difficiles lorsque la taille du système grandit. Durant mon travail de thèse, nous allons montrer la possibilité de produire des spectres UV-visible de gros systèmes et de sonder les propriétés électroniques globales de la molécule. Cela nous permettra d'obtenir des informations sur la structure globale des molécules. Cette étude a été réalisée sur des molécules à grand nombre de degrés de liberté comme des peptides, des protéines et des complexes métal / peptide. Une autre méthode utilisant la fluorescence induite par laser en piège est le FRET (fluorescence resonant energy transfer). Des chromophores sont attachés de manière chimique à la molécule. La distance entre deux chromophores et donc le changement structural peuvent être suivis en temps réel [70,71]. Lorsque les chromophores sont proches, un transfert radiatif résonant d'un chromophore donneur A préalablement excité vers un chromophore accepteur B est observé. Lorsque les chromophores sont éloignés, l'énergie ne peut plus être transférée d'un chromophore à l'autre, la fluorescence émise par le chromophore A est alors observée. 9 En résumé, l'originalité de ce mémoire de thèse vient du couplage laser UV – Visible / spectromètre de masse, mais vient aussi du fait qu'il a été réalisé sur des molécules chargées négativement de haut poids moléculaire. L'irradiation laser de molécules chargées négativement entraîne l'émission d'électron par photodétachement d'électron. Ce canal de fragmentation principal a l'avantage de produire un anion radicalaire, dont la réactivité peut être utilisée pour avoir accès à la fragmentation de l'espèce. La mesure du taux de photodétachement en fonction de la longueur d'onde du laser permet de mesurer les spectres optiques de ces systèmes. Avant mon arrivée à Lyon, l’équipe avait modifié un spectromètre de masse de type piège ionique quadripolaire de manière à introduire un faisceau laser au centre du piège. Durant ma thèse, un deuxième spectromètre de masse a été modifié et l’équipe a aussi fait l’acquisition de nouveaux lasers : un laser UV-visible accordable en longueur d’onde et un laser infra rouge à CO2. La partie expérimentale concernant ces pièges, ces lasers et leurs couplages sera développée dans le premier chapitre de mon mémoire de thèse. Le deuxième chapitre de ce travail est consacré à l'étude de la relaxation de molécules polyanioniques après excitation laser et notamment aux mécanismes conduisant à la perte d'électron. Les expériences de photodétachement réalisées à Lyon ont été complétées par des expériences de spectroscopie de photoélectron effectuées à Karlsruhe (Pr. Kappes). Ces expériences ont permis notamment d'avoir un accès direct à l'énergie de la barrière coulombienne. Ce sont les premières expériences de ce type réalisées sur des peptides. La production d'anions radicalaires a un potentiel analytique important qui fera l'objet de mon troisième chapitre. En effet, l'un des objectifs de ce travail de thèse a été d'étudier la réactivité de ces ions radicalaires et de montrer l'intérêt de leur fragmentation pour l'analyse structurelle de peptides. Cette étude a été réalisée sur des peptides et des phosphopeptides. Une étude complémentaire réalisée en mode positif sur des peptides contenant une phosphotyrosine complétera ce chapitre. L'autre objectif était de sonder les propriétés électroniques de protéines et de peptides en phase gazeuse. Pour cela, le taux de détachement d'électron a été enregistré en fonction de la longueur d'onde du laser. Nous avons notamment pu déterminer des signatures optiques pour des chromophores neutres, déprotonés ou radicalaires au sein des protéines. Ces résultats ont 10 Introduction été comparés à des calculs théoriques (TD DFT). La sensibilité de la réponse optique au changement de conformation d'une protéine sera présentée dans le chapitre quatre. Enfin, trois articles en annexe viendront compléter ce mémoire de thèse. L'annexe A est un article paru dans Journal of Mass Spectrometry qui concerne la photodissociation UV spécifique des peptides contenant une tyrosine. L'article en annexe B concerne les propriétés optiques et structurales du complexe oxytocine-cuivre dicationique en phase gazeuse. Il vient d'être publié dans The Journal of physical chemistry B. Un troisième article en annexe C (publié dans The Journal of physical chemistry A), rapporte les effets de l'ionisation, de la réduction et de la complexation du cuivre sur les propriétés optiques de l'hormone oxytocine chargée négativement. 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Puis nous détaillerons son couplage avec les lasers utilisant différentes lignes optiques. Dans une troisième partie, nous décrirons le mode opératoire utilisé lors de la préparation d'échantillons. Enfin nous expliquerons les méthodes auxquelles nous avons comparé notre travail, les méthodes optiques en solution dans la partie 4 et les méthodes théoriques dans la partie 5. 1.1 La spectrométrie de masse La spectrométrie de masse est une technique d'analyse des molécules ionisées par mesure de leur masse (ou plus exactement de leur rapport m/z). L'échantillon est tout d'abord ionisé et mis en phase gazeuse dans une source. Puis un analyseur sépare les ions ainsi produits en fonction de leur rapport masse sur charge (m/z) et ensuite un détecteur compte les ions et amplifie le signal. La capacité de ces appareils à étudier des molécules de haut poids moléculaire, leurs résolutions, leurs sensibilités et leurs précisions en masse en font des outils particulièrement adaptés à l'analyse des protéines. 17 1.1.1 Appareils de l'équipe L'équipe possède un spectromètre de masse de type piège quadripolaire ionique 3D LCQDuo (avec option MSn (Thermo Electron, San Jose, CA, USA). Ce piège est décrit sur la Figure 1-1a. La collaboration de l'équipe avec celle de Jérôme Lemoine (Institut des Sciences Analytiques) m'a permis d'effectuer une partie de mes expériences sur un autre piège, linéaire celui-ci (LTQ Thermo Electron, San Jose, CA, USA), décrit sur la Figure 1-1b. Ces deux spectromètres ont la particularité d'avoir une source electrospray et un analyseur de type piège ionique quadripolaire 3D pour le LCQ et linéaire pour le LTQ dont nous allons expliquer brièvement le fonctionnement. Nous verrons aussi les caractéristiques propres de chacun de ces deux appareils. Electrospray Capillaire 1 Capillaire 2 de transfert Lentilles détection piège Octapôles électrode électrode Détecteur centrale chapeau Dynode, multiplicateur + a) Guidage tube lens _ skimmer lentille 760 torr 1 torr 1.5 *10-3 torr 2 *10-5 torr 1.5 *10-3 torr b) Piège et Electrospray Capillaire 1 détection Guidage Capillaire 2 de transfert Quadripôle carré Quadripôle carré Lentilles Octapôle Piège linéaire (3 parties) tube lens skimmer 760 torr 1 torr 50*10-3 torr 10-3 torr 2 *10-5 torr Détecteurs radiaux Dynodes de conversion Figure 1-1. Schéma du piège 3D LCQ (a) et schéma du piège linéaire LTQ (b) 1.1.2 Source electrospray Pour étudier des molécules par spectrométrie de masse, il faut d'abord les ioniser et les mettre en phase gazeuse. Le premier spectromètre de masse commercialisé date de 1942 [1], 18 Chapitre 1 : Techniques instrumentales mais il faut cependant attendre 1981 et le FAB (fast atom bombardment) [2] pour qu'une source permette l'ionisation de molécules d'intérêt biologique (peptide). Puis, peu de temps après deux nouvelles techniques dites "d'ionisation douce" ont vu le jour, l'ESI (electrospray ionisation source) en 1984 [3] et le MALDI (matrix assisted laser desorption ionisation) en 1987 [4]. J.B. Fenn et K. Tanaka obtiennent le prix Nobel de chimie en 2002 pour leurs travaux sur ces sources. Dès 1988, des articles sur l'étude de molécules à haut poids moléculaire d'intérêt biologique sont publiés (protéines [5,6], brins d'ADN, complexes non covalents). Avec ces deux techniques, l'énergie n'est plus directement absorbée par l'analyte mais transmise à travers un partenaire d'ionisation : une matrice pour le MALDI et une gouttelette de solvant pour l'ESI. Les molécules passent alors en phase gazeuse sans se fragmenter et peuvent conserver aussi leurs liaisons non covalentes telles que les liaisons hydrogène responsables de l'organisation spatiale et de l'appariement. Dans le cas d'une source electrospray, les ions "M" obtenus sont fréquemment multichargés et de la forme [M+nH]n+ en ionisation positive et [M-nH]n- en ionisation négative. Le fonctionnement de l'ESI, qui a été utilisée durant mon travail de thèse, est décrit en détail dans les paragraphes qui suivent. ¾ Principe d'une source electrospray Dans la source electrospray, l'ionisation des molécules se déroule à pression atmosphérique. Le composé à analyser est dissous dans un solvant puis injecté à vitesse constante à l'aide d'une seringue de débit quelques µL.min-1 dans la source par l'intermédiaire d'un capillaire d'environ 100 µm de diamètre, capillaire 1 sur la Figure 1-2. Le principe du fonctionnement d'une source electrospray peut être décomposé en trois étapes : (i) production de gouttelettes chargées, (ii) désolvatation et réduction des gouttelettes chargées, (iii) formation d'ions en phase gazeuse [7]. ¾ Production de gouttelettes chargées L'application d'une différence de potentiel de quelques kV entre le capillaire 1 et la contre électrode, formée par le capillaire 2 crée une accumulation de charges à la pointe du capillaire 1. A l'interface de la partie métallisée du capillaire 1 et du fluide, une réaction d'oxydation va se produire, favorisant l'échange de charges et la formation d'ions. Sous l'effet du champ et de la forte densité de charge, le ménisque va se déformer et optimiser sa surface en prenant la forme du cône de Taylor [8]. Puis la pointe du cône de Taylor va elle aussi se déformer jusqu'à rupture de l'équilibre entre les tensions de surface du fluide et les forces dues aux 19 répulsions de charges. De cette manière, de fines gouttelettes chargées de quelques µm de diamètre vont être libérées. électrons capillaire 2 760 torr + N2 solution venant de la seringue vers l’octapôle 1 torr capillaire 1 Formation du spray : Cône de Taylor Réduction et désolvatation des gouttelettes Formation des ions en phase gazeuse Figure 1-2. Schéma d'une source electrospray expliquant le mécanisme de formation des ions ¾ Désolvatation et réduction des gouttelettes chargées Une fois que les gouttelettes chargées sont formées [9], elles vont migrer vers la contre électrode sous l'effet du champ électrique mais aussi par aspiration au voisinage du capillaire 2. En effet, il y a un gradient de pression entre la partie electrospray qui est à pression atmosphérique (760 torr) et la partie suivante qui est à une pression de l'ordre du torr. Pendant ce déplacement, les charges présentes dans les gouttelettes vont se répartir à la surface (répulsion électrostatique). Les gouttelettes de quelques micromètres de diamètre diminuent progressivement de taille, par perte de molécules de solvant sous l'effet du chauffage (200250°C) et du contact avec le gaz séchant (N2). Lorsque la tension superficielle, qui maintient la gouttelette en état, devient plus petite que la répulsion électrostatique (due à la présence des charges), la limite de Rayleigh [8] est atteinte : il y a fission asymétrique de la gouttelette, c'est l'explosion coulombienne. Cette fission produit une gouttelette principale et quelques dizaines de gouttelettes secondaires qui se répartissent environ 15% de la charge initiale avec environ 2% de la masse. La production de ces petites gouttelettes proche de la limite de Rayleigh va accélérer le processus de fission. Ce processus d'évaporation et d'explosion se répète plusieurs fois, il y a ainsi une réduction massive et rapide de la taille des gouttelettes. 20 Chapitre 1 : Techniques instrumentales ¾ Formation d'ions en phase gazeuse Cette dernière étape du processus est la plus polémique. Deux mécanismes tentent d'expliquer à ce jour la formation d'ions. Dans le modèle de l’évaporation ionique (Figure 1-3a) (Iribarne et Thomson 1976) [10], les ions en phase gazeuse sont directement extraits à partir de la surface de la gouttelette lorsque le diamètre de celle ci est suffisamment petit (<10 nm). Dans le modèle de la charge résiduelle (Dole 1968) [11] (Figure 1-3b), le schéma évaporation-fission de la gouttelette se poursuit jusqu’à obtention d’une gouttelette fille d'environ 1 nm ne contenant plus qu’un seul ion. La validité du modèle dépend également de la nature de l'ion (ion atomique inorganique, molécule multiprotonée, etc..). a) Ion moléculaire ~10 nm b) Figure 1-3. Schéma des mécanismes expliquant la formation des ions en phase gazeuse ¾ Source microspray et nanospray En microspray, le composé à analyser est dissous dans un solvant à une concentration de l’ordre de 10-4 à 10-6 M puis injecté à la vitesse constante de quelques µL.min-1 dans le capillaire. Le principal problème des études concernant les biomolécules est la faible quantité d’échantillon disponible pour l’analyse. Cette difficulté a conduit à la miniaturisation des sources : les sources nanospray qui permettent de réduire le débit à environ quelques dizaines de nL.min-1 (aiguilles Proxéon réf. ES380). Cette source est constituée d’un capillaire en quartz métallisé d’environ 1 mm de diamètre interne terminé par une pointe de diamètre interne inférieur à 100 µm et dans lequel est introduit 5 à 10 µL d’échantillon. Avec cette source, les différences de potentiel imposées entre le capillaire et la contre-électrode varient de 800 à 1500 V. 21 Durant ce travail de thèse, la plupart des expériences ont été effectuées avec une source microspray. Cependant lorsque la quantité d'échantillon était faible, une source nanospray (d'utilisation plus délicate cependant) a été couplée au LTQ. Après avoir produit les ions, il faut les séparer, c'est ce qui fera l'objet de la partie suivante. 1.1.3 Piège ionique Le principe général de ces pièges consiste à utiliser des potentiels quadripolaires radiofréquences pour confiner la trajectoire des ions dans un volume fini et ainsi les piéger en deux dimensions (piège linéaire) ou en trois dimensions (piège 3D). ¾ Description des pièges Le piège 3D [12,13] est constitué d'une électrode centrale circulaire et de deux électrodes chapeaux adjacentes quasi hyperboliques. Le piège linéaire [14-16] est constitué de quatre barres d'un quadripôle fermées par des électrodes d'entrée et de sortie permettant de repousser les ions vers l'intérieur du quadripôle (cf. Figure 1-4). Afin d'optimiser le piégeage des ions, le quadripôle du LTQ est coupé en trois parties. Une partie centrale où les ions seront confinés, éjectés et détectés et deux parties latérales plus courtes où le rebroussement des trajectoires des ions a lieu. a) b) éjection des ions Électrode annulaire Partie centrale injection des ions éjection des ions injection des ions Électrodes « chapeaux » Partie de derrière Partie de devant Figure 1-4. Schéma des pièges 3D (a) et linéaire (b) 22 Chapitre 1 : Techniques instrumentales ¾ L’injection des ions Les ions créés par la source electrospray sont injectés à l’aide d’une optique de guidage d’ions dans le piège. Dans les deux appareils, une lentille et un écorceur situés derrière le capillaire 2 permettent l'injection des ions dans les deux octapôles pour le LCQ et dans une série de quadripôles carrés et octapôles pour le LTQ. Ces systèmes de guide d'ions de type multipôle permettent de transporter les ions de manière efficace dans une région de vide médiocre (environ 10-1-10-2 torr). La dernière lentille située avant les pièges sert à contrôler la quantité d'ions admis dans les pièges (cf. Figure 1-1) et à contrôler leur énergie. Deux étages de pompage et les chambres intermédiaires permettent de passer d'une pression de 760 torr dans la source à quelques 10-5 torr au niveau des détecteurs. La pression d'hélium (gaz présent dans le piège sous quelques millitorrs) dans le piège est importante. Outre son utilisation comme gaz de collision (en CID), les collisions avec l’hélium réduisent l’énergie cinétique des ions incidents lors de l'injection. Leur trajectoire est alors refocalisée au centre du piège ce qui augmente l’efficacité du piégeage. De plus cette pression d'hélium permet une rethermalisation rapide des ions dans le piégeage (T~300K). ¾ Piégeage des ions Dans le piège 3D, une tension radiofréquence de type U r V cos(Zt ) est appliquée sur l'électrode centrale : elle assure le piégeage des ions en créant un champ quadripolaire oscillant. La superposition de tensions alternatives et continues permet de garder les ions captifs sur une trajectoire formant une sorte de huit en trois dimensions (figure de Lissajous). Dans le piège linéaire, une tension radiofréquence est appliquée sur les barres des quadripôles, les ions ont une trajectoire oscillante selon le plan xy et se meuvent librement selon l'axe z (cf. Figure 1-5). Des tensions continues sont appliquées aux électrodes d'entrée et de sortie et imposent aux ions de rester dans le quadripôle. 23 a) b) y z x r z c) 4 r (unité arb.) y x 2 z 0 -2 -4 -6 -4 -2 0 2 4 6 z (unité arb.) Figure 1-5. Simulations Simion des lignes de potentiels dans le LCQ (a) et le LTQ selon deux plans (b), Mouvement des ions dans un piège quadripolaire trois dimensions (c) Principe physique : pour piéger des ions, il faut construire un appareil électrostatique dont la géométrie produirait un minimum de potentiel en un point. Mais l'équation de Laplace ( 'I 0 ) interdit un minimum de potentiel dans une zone vide de l'espace. Par exemple avec un potentiel quadripolaire : I I0 2 0 r (Or 2 Jz 2 ) avec r 2 x2 y 2 , [1-1] on s'aperçoit que si les potentiels sont statiques, on aura un potentiel piégeant dans une des deux directions et éjectant dans la direction perpendiculaire. 'I 0 impose Ȝ = -Ȗ à un instant t donné le potentiel est par exemple minimum dans la direction r mais présente un maximum sur la direction z : il piège donc sur la direction r mais est éjectant sur la direction z (cf. Figure 1-6a). Si l'on retourne le potentiel lorsque l'ion s'éloigne sur la direction z, on le ramène au centre : à t+Ȧ le potentiel piège sur la direction z mais devient éjectant sur la direction r (cf. Figure 1-6b). On crée ainsi un pseudo puits de potentiel. 24 Chapitre 1 : Techniques instrumentales a) b) Figure 1-6. Potentiel piégeant suivant l'axe r à l'instant t (a) et suivant l'axe z à t+Ȧ (b) [17] L’idée de W. Paul (Prix Nobel 1989) [18] fut d’utiliser des potentiels radiofréquences de type I 0 U V cos(Zt ) . Ainsi, les trajectoires des ions sous certaines conditions (U, V, Z et géométrie du piège) seront stables et les ions pourront être piégés (cf. Figure 1-7). Ces trajectoires sont obtenues en résolvant les équations de Mathieu [19]. Pour résoudre ces équations, on effectue le changement de variable indiqué sur la Figure 1-7 . On montre ensuite qu'il y a des zones de l'espace (az, qz) pour lesquelles les trajectoires des ions sont stables : ce sont des domaines pour lesquels les ions sont piégés (zone hachurée de la Figure 1-7). En dehors de ces domaines les trajectoires sont instables. En pratique on travaille sur l'axe az = 0 (U = 0V) et à qz = 0.25. Pour le piège quadripolaire 3D, les ions présentant un qz<0.908 ont une trajectoire stable c'est à dire que tous les ions ayant une masse supérieure à 50 Da seront piégés. Le principal inconvénient du piège tridimensionnel est sa faible capacité de stockage des ions. En effet pour augmenter la sensibilité, il faut augmenter le nombre d'ions dans le piège. Cela entraîne un effet de charge d'espace c'est-à-dire qu'il y a modification du champ ressenti par un ion du fait des ions qui l'entourent. Ceci change les conditions de piégeage, modifie la résolution et la calibration en masse de l'instrument. Le piège 3D a un fonctionnement AGC (Automatic Gain Control) qui mesure le nombre d'ions produits et règle en conséquence, grâce à la lentille entre les deux octapôles, le nombre d'ions injectés dans le piège. Les pièges linéaires ont un volume de stockage des ions beaucoup plus important que les pièges 3D et la focalisation des ions se fait suivant l'axe z et non autour d'un point central. Ils peuvent donc accepter beaucoup plus d'ions que les pièges 3D avant de subir les limitations dues aux effets de charge d'espace. 25 a) az b) INSTABLE 0.2 INSTABLE 0.0 ST qz LE AB -0.2 1 STABLE -0.4 -0.6 INSTABLE -0.8 az c) I0 8eU mr02Z2 U V cos ( Z t ) qz 4eV mr02Z2 Figure 1-7. Diagramme de stabilité des ions dans le piège 3D (a) et linéaire (b), les paramètres az et qz utilisés pour résoudre les équations de Mathieu (c) ¾ Isolation et activation Pour les analyses de spectrométrie de masse en tandem (MS/MS), l’isolation d’un ion spécifique M de masse m et de charge z s’effectue en éjectant tous les autres ions du piège. Deux techniques sont employées pour l'éjection. La première consiste à varier la valeur de V afin de déstabiliser les ions ayant un m/z inférieur à celui de l'ion à isoler. Elle utilise le fait qu'un ion dans un piège oscille à une fréquence RF propre à son rapport m/z (tension de stockage). Mais une tension RF résonnante peut aussi être appliquée sur les électrodes chapeaux de manière à éjecter les ions choisis. L’isolation sélective peut être suivie d’une étape d’activation au cours de laquelle de l’énergie cinétique est communiquée aux ions précurseurs. Pour cela les ions sont accélérés à l'aide d'une RF résonnante avec la RF des ions précurseurs, et entrent en collision avec les atomes d’hélium présents dans le piège. Si les collisions sont efficaces, elles induisent une augmentation de leur énergie interne et à terme la dissociation des ions précurseurs en ions fragments appelés ions fils. Ce processus en deux étapes (isolation et fragmentation) peut se répéter maintes fois (MS/MS/MS…/MS ou MSn) et s’avère utile lors de l’élucidation structurale de composés. Notons que durant l’étape d’activation, l’apport d’énergie aux ions piégés peut se faire par l’absorption de photons sous l’effet d’irradiation d’un laser au centre du piège. On remarque que l'hélium a un rôle important dans un piège, il sert à la fois à la focalisation et à la thermalisation des ions et peut être utilisé comme un gaz de collision. 26 Chapitre 1 : Techniques instrumentales ¾ Ejection et détection Les ions sont éjectés sélectivement du piège 3D en appliquant une rampe de tension RF sur la radiofréquence et sont détectés à l’aide d’une dynode de conversion couplée à un multiplicateur d’électrons. Pour le piège linéaire, l'éjection est radiale, à travers des fentes situées dans les barres du quadripôle. L'utilisation de deux détecteurs permet d'exploiter tous les ions éjectés (contrairement au LCQ où seulement 50 % sont utilisés). La transmission globale est de 50 à 70 % contre 5 % pour le piège 3D [1]. ¾ Caractéristiques Les principaux paramètres caractérisant un analyseur sont sa vitesse d'analyse (vitesse de balayage), sa transmission (rapport entre le nombre d'ions arrivant au détecteur et celui entrant dans l'analyseur), son exactitude en masse (précision), sa gamme de masse étudiée (valeurs limites haute et basse en m/z) et sa résolution (M/ǻM). LCQ (3D) LTQ (linéaire) vitesse d'analyse (uma/s) NormalScan 5500 NormalScan 1000 transmission 5% 50-70% exactitude en masse (Da) 0.2 0.1 gamme de masse 50-2000 50-4000 résolution (m/z = 1000) 4000 30000 Capacité piégeage 500 20000 Tableau 1-1. Caractéristiques principales des deux spectromètres de masse utilisés Les pièges, notamment 3D, outre leur fonction d'analyseur, sont donc aussi capables de confiner les ions dans un espace réduit de quelques millimètres pendant plusieurs secondes, fonction qui va se révéler très utile lors d'analyse couplant la spectrométrie de masse avec un laser. 27 1.2 Couplage laser- spectrométrie de masse 1.2.1 Différents lasers utilisés Nous avons utilisé trois lasers UV-visible et un laser infra rouge. ¾ OPO, Continuum, 2001 et 2008 Les deux lasers principalement utilisés lors de ce travail de thèse, sont des lasers accordables en longueur d'onde, composés d'un oscillateur paramétrique optique (OPO) pompé par un laser Nd3+ : YAG (grenat d'yttrium aluminium dopé au néodyme Y3Al5O12). Celui disponible depuis 2001 est pompé par un laser PowerLiteTM 8000 de fréquence 20 Hz, celui de 2008 est pompé par un laser Surelite II de fréquence 10 Hz. Ces lasers pompes sont composés d'un oscillateur et d'un amplificateur, chacun comportant un cristal et une lampe flash fournissant des impulsions laser à 1064 nm de 5 ns. Le faisceau passe ensuite dans un doubleur et un tripleur, composés de cristaux BBO (bêta borate de baryum) et l'on obtient un faisceau à 355 nm, d'une énergie par impulsion de 150 mJ (160 mJ pour le laser de 2008) et d'une largeur d'impulsion de 5 ns (cf. Figure 1-8). miroir fond de cavité miroir dichroïque 1064 cellule de Pockels flash Oscillateur cristal YAG flash 532 OPO cristal YAG 1064 355 doubleur tripleur Amplificateur cristal BBO Figure 1-8. Laser de pompe : cristal YAG pompé par flash Ce faisceau à 355 nm (Ȝpompe) est ensuite injecté dans l'OPO PantherTM pour le laser de 2001 et dans l'OPO PantherTMEx pour celui de 2008. Dans ces OPO, un premier cristal BBO 28 Chapitre 1 : Techniques instrumentales permet de balayer les longueurs d'onde de 410 à 710 nm pour Ȝsignal et de 710 à 2200 nm pour Ȝidler, par la conversion d'un photon en deux photons : 1 1 O pompe O signal 1 [1-2] Oidler Un deuxième cristal BBO placé sur le chemin optique permet d'obtenir en doublant Ȝsignal les longueurs d'onde de 215 à 355 nm et en doublant Ȝidler celles de 355 à 410 nm. Les rendements de conversion et les trajets optiques étant différents selon la longueur d'onde utilisée, l'énergie par impulsion variera elle aussi en fonction de la longueur d'onde (cf. Figure 1-9c). a) Opompe = 355 nm BBO doubleur 25 c) Nd3+ YAG photon IR photon visible energie / mJ 20 b) BBO accord de phase photon 355 nm O signal doublé = 215 -355 nm O Idler = 710 -2200 nm BBO accord de phase prisme O signal = 410 -710 nm - O signal = 410 -710 nm BBO Doubleur photon visible photon visible 15 10 5 photon UV 0 300 600 900 2450 Longueur d'onde / nm Figure 1-9. OPO : production du faisceau UV (a), conversion de fréquence des BBO (b), énergie des différentes longueurs d'ondes en sortie d'OPO (c) Le nouveau laser Continuum possède aussi un quadrupleur PantherTM sur un trajet issu du doubleur du laser de pompe qui fournit la longueur d'onde 266 nm avec une puissance beaucoup plus importante (80 mJ) que celle provenant du chemin passant à travers les deux cristaux BBO (8 - 10 mJ). Les caractéristiques du faisceau laser produit sont une largeur d'impulsion d'environ 5 à 10 ns au niveau du 355 nm et un diamètre de faisceau de 7 mm avec une divergence inférieure à 2 mrad pour les deux lasers OPO. Notons que les formes des faisceaux lasers OPO sont également différentes : rectangulaire (2001), quasi circulaire (2008). Le faisceau de l'OPO de 2001 est divergent dans 29 une seule direction, à 1 m, il fait une tache ellipsoïdale de 8 mm sur le grand axe et de 3 mm sur le petit axe. Le faisceau de l'OPO de 2008 est encore quasisphérique à 1m où il fait une tache de 5 – 6 mm. ¾ Brillant B, Quantel Ce laser, acquis en 1998, est un oscillateur Nd : YAG pulsé de haute énergie ayant des modules pouvant générer des harmoniques jusqu'à 5 Ȧ. A partir de la cavité YAG, des impulsions laser à 1064 nm d'une durée de 6.3 ns sont produits à une fréquence de 20 Hz. Ensuite un doubleur (2 Ȧ) et quadrupleur (4 Ȧ) de fréquence permettent d'obtenir respectivement les faisceaux à 532 nm et 266 nm. Ce faisceau à 266 nm de fréquence 20 Hz a été utilisé pour faire les expériences pompe sonde. Son énergie en sortie de laser est de 60 mJ/impulsion, sa largeur de raie de 0.8 cm-1 et le diamètre du faisceau est d'environ 9 mm. ¾ Laser IR, série48, Synrad Ce laser à CO2, acheté en 2008, a une puissance de 25 W. Le diamètre du faisceau est de 3.5 mm avec une divergence de faisceau de 4 mrad et sa longueur d'onde se situe entre 10.57 et 10.63 µm. C'est un laser pseudo continu. Trois paramètres sont importants et peuvent être réglés à l'aide de la commande de contrôle : l'amplitude du signal, la fréquence de base et la largeur de modulation de l'impulsion. L'amplitude du courant continu peut varier entre 3.5 et 10 V avec un optimum d'utilisation à 5 V. La gamme de fréquence s'étend de 0 à 20 kHz, la position standard se situant à 5 kHz, ce qui correspond à une période de 200 µs. La durée de l'impulsion laser est comprise entre 0 µs (0% du cycle) et 200 µs (100% du cycle). La période utilisée est 190 µs soit 95% du cycle. 1.2.2 Couplage ¾ Avec le LCQ Le piège ionique a été modifié [20] de manière à pouvoir réaliser de la photodissociation sur les ions piégés. Pour cela, l’électrode annulaire a été percée pour permettre l’introduction du rayon laser. Cette modification apportée au piège ne modifie en rien les spécifications de mesure de masse et de piégeage de l’appareil. En effet les trous réalisés sur l’électrode centrale sont de faible diamètre (3 mm) et modifient peu en première approximation le champ 30 Chapitre 1 : Techniques instrumentales quadripolaire au centre du piège. De plus, ces trous sont scellés par des fenêtres en saphir ce qui permet de préserver l’étanchéité du piège et de maintenir la pression à 5 mtorr à l’intérieur du piège. Une lentille cylindrique convergente de 500 mm, placée sur le chemin optique, permet de corriger la forme rectangulaire déformée (1 m après l'OPO) du faisceau et de le focaliser (dans une dimension) au centre du piège. Une procédure d’alignement utilisant un laser Hélium/Néon couplé à des fibres optiques permet de régler la position du laser UV au centre du piège, le réglage fin se fait de manière qualitative à l'aide d'un calibrant. Le faisceau d'ion (volume d'environ 3 mm3) et le faisceau laser (diamètre de 1 mm) ont des tailles peu importante, leur recouvrement est très facilement reproductible. La fenêtre en quartz à l'entrée du piège laisse passer 90 % de l'intensité lumineuse et en réfléchit 10 % sur un mesureur de puissance. Obturateur électromécanique OPO Laser Laser HeNe Lentille cylindrique +500mm Fibre optique Mesureur de puissance Fenêtre de quartz Synchronisation RF Générateur de délais Fenêtre en saphir Détecteur d’ion Source ESI Piège ionique Figure 1-10. Couplage LCQ-laser ¾ Avec LTQ Ici, le rayon laser est introduit par l’arrière de l’appareil directement sur l’axe central du piège linéaire (cf. Figure 1-1b) [21]. Une fenêtre en quartz aménagée sur la plaque arrière scellée du LTQ permet également de préserver l’étanchéité du spectromètre. 31 Avant l'arrivée du faisceau dans le piège, celui-ci passe à travers une série de lentilles (cf. Figure 1-11) et des diaphragmes. +200mm -100mm +500mm LTQ 8cm 16cm Figure 1-11. Association de lentilles permettant une injection optimale du faisceau laser dans le LTQ L’axe du laser n’étant pas le même que l’axe d'injection du spray, le réglage du positionnement du laser est délicat et directement optimisé à l’aide d’un calibrant. La longueur de recouvrement entre le faisceau d'ions et le laser est ici plus importante que pour le LCQ. La fragmentation, lorsque le réglage optimal est obtenu, sera donc meilleure. Mais comme le piège est linéaire, le faisceau d'ions a une forme allongée, et le recouvrement de toute la surface avec le rayon laser est donc plus complexe, les deux faisceaux devant être pour cela bien parallèles. En IRMPD (couplage du spectromètre de masse avec le laser infra rouge), il n'y pas de lentille ni de diaphragme sur le chemin optique, le faisceau est directement injecté dans le piège à l'aide de deux miroirs à CO2 et de diaphragmes d'alignement. ¾ Synchronisation Dans ces montages, un obturateur électromécanique est placé sur le trajet du laser. Il est commandé par un générateur de délais qui permet la synchronisation entre l'arrivée du faisceau laser et l'arrivée des ions dans le spectromètre de masse. L’irradiation a lieu pendant la période d’activation, moment où l’espèce à étudier a été isolée dans le piège et dure de 50 à 2000 ms. Le temps de déclenchement de l'obturateur est de l'ordre de la milliseconde, ce qui est suffisamment rapide devant les différents temps de l'expérience. La durée d'ouverture de l'obturateur est choisie de manière à sélectionner un nombre d'impulsions laser données (par exemple, pour le laser à 20 Hz, 250 ms correspondent à 5 impulsions laser). La commande de l'obturateur est obtenue à partir du spectromètre de masse ajoutant une séquence de CID avec une énergie de collision nulle. 32 Chapitre 1 : Techniques instrumentales ¾ Contrôle de la puissance laser Pour étudier les propriétés optiques linéaires d'un ion, il faut que l'absorption soit monophotonique. Nous vérifions cela en prenant différents spectres à une même longueur d'onde tout en faisant varier la puissance du laser comme montré sur le dispositif de la Figure 1-12. Une lame demi onde et un cube polariseur sont placés sur le chemin optique entre la sortie de l'OPO et l'entrée du piège. La lumière produite par le laser est cohérente, monochromatique, rectiligne et polarisée linéairement (verticalement ou horizontalement). Son passage à travers une lame demi-onde provoque le changement de la direction de polarisation de façon symétrique par rapport à son axe rapide : la composante selon l'axe lent a changé de sens. Lors du passage de cette onde dans le cube polariseur, celui ci sépare le faisceau en deux faisceaux de polarisations différentes perpendiculaires entre elles. En faisant varier l'angle ș que fait l'onde laser avec l'axe de polarisation de la lame demi onde, nous pouvons atténuer progressivement l'intensité de l'onde sortant du polariseur. Cette intensité varie selon la loi de Malus (cf Figure 1-12) : I Ȝ/220° I 0 cos 2 T [1-3] Cube polariseur I / I0 1.0 0.8 0.6 0.4 0.2 0.0 0 Ȝ/245° 20 40 60 80 ș° Figure 1-12. Atténuation de l'intensité par le dispositif Ȝ /2 + cube polariseur (gauche). Courbe d'évolution de l'intensité transmise en fonction de l'angle de polarisation (droite) 1.2.3 Différents types de mesure ¾ Mesures de spectre de photofragmentation Ces mesures consistent à irradier avec un laser les ions piégés puis à étudier la fragmentation obtenue. On cherche donc à avoir une fragmentation maximale, pour cela le recouvrement entre le faisceau laser et le nuage d'ions doit être le plus important possible. 33 Nous cherchons aussi à avoir un gain de temps en diminuant les temps d'activation tout en gardant une bonne fragmentation. Entre les deux appareils à notre disposition, le LTQ est plus intéressant pour ce type d'expérience. Le piège linéaire contient plus d'ions que le piège 3D et de plus la longueur de recouvrement du faisceau laser et du nuage d'ions est plus importante pour le LTQ. Ce qui fait du LTQ le candidat idéal pour ce type d'analyse. ¾ Mesures de spectres optiques Lors de ce type d'expériences, nous sondons la réponse des molécules soumises à chaque longueur d'onde d'une gamme d'énergie UV et/ou visible par pas de 2 à 10 nm. Nous regardons leur fragmentation due à l'absorption de la lumière pour cette gamme de longueur d'onde, nous réalisons des spectres d'action. La somme de toutes les intensités d'un spectre de masse est notée I0 (cf. Figure 1-13), elle correspond à la somme de l'intensité du pic parent (I = Iparent) et de celles de tous les pics fragments ( ¦ I fragments ) : I parent ¦ I fragments I0 [1-4] ¦I b) I0 ¦ I I0 " parent ¦ fragments" fragments " parent " i fragments I parent 100 Intensité relative % a) 50 0 300 " ¦ fragments" 600 900 m/z I0 i Figure 1-13. Schéma des différentes intensités (a), spectre de masse (peptide YLGEEYVK) représentant aussi ces intensités De plus, la loi de Beer Lambert, qui s'applique aux molécules en solution diluée, peut aussi s'appliquer en phase gazeuse : I I0 e V f I [1-5] donc : ln I0 I VfI [1-6] 34 Chapitre 1 : Techniques instrumentales et ıf la section efficace peut être donnée sous la forme suivante : 1 Vf I ln I0 I [1-7] avec I le flux laser qui peut s'écrire sous la forme I Pl X l u 1 EhQ Pl X u l Ol [1-8] hc avec Pl, la puissance laser, ȣl, la fréquence du laser et Ȝl, la longueur d'onde du laser. La fréquence du laser, h et c sont des constantes donc : I v P l u Ol [1-9] et l'expression de la section efficace de fragmentation ı devient : Vf ªI º ln « 0 » ¬I ¼ Pl u Ol ª I parent ¦ I fragments º ln « » I parent «¬ »¼ Pl u Ol [1-10] Lors du tracé de spectre optique, la reproductibilité des mesures lorsque l'on change de longueur d'onde est le facteur le plus important. Le LCQ donne des meilleurs résultats, l'injection du laser et le recouvrement du faisceau laser avec le nuage d'ions étant plus facile à contrôler que dans le LTQ. ¾ Mesures pompe sonde Le dernier type de mesures réalisées consiste en des expériences pompe sonde. Dans ces expériences, un premier laser permet d'exciter les ions A présents dans le piège. Après relaxation, il y a création de nouveaux ions B. Un deuxième laser va sonder les propriétés optiques des ions B obtenus, selon le schéma suivant : Ions A hX1 Ions B hX2 Fragments Ces expériences permettent d'obtenir des informations sur le temps d'une réaction et d'étudier les propriétés optiques des ions B produits par le premier laser. Nous avons accès au temps de formation des ions B en faisant varier le délai entre les deux lasers. Dispositif expérimental Il faut donc créer un dispositif expérimental où les impulsions optiques se recouvreront spatialement et temporellement. Pour le recouvrement temporel, les lasers sont synchronisés 35 (cf. Synchronisation), pour le recouvrement spatial, une lame séparatrice est utilisée (cf. Figure 1-14 ci-dessous). Comme dans les montages précédents, une lentille cylindrique convergente permet de rectifier la forme du faisceau laser issu de l'OPO, un obturateur électromécanique permet la synchronisation de l'injection avec le temps d'activation du piège (cf. Synchronisation) et un mesureur de puissance (non représenté sur le schéma) est utilisé. Enfin, un cube polariseur et une lame demi onde (Ȝ/2) sont utilisés pour ajuster l'intensité lumineuse du laser Brillant B. Photodiode rapide 490nm PR1 Laser OPO Continuum Visible 490nm Lame séparatrice à 266nm oscilloscope Lentille cylindrique convergente 500mm Obturateur électromécanique Piège ionique LCQ Diaphragme Cube polariseur à 266nm Ȝ/2 à 266nm Laser Quantel Brillant B 4Ȧĺ266nm PR1 Photodiode rapide 266nm Lame séparatrice PR2 PR2 oscilloscope temps oscilloscope Figure 1-14. Dispositif expérimental de l'expérience pompe sonde Synchronisation Lors d'expériences pompe sonde, les deux lasers utilisés doivent se déclencher de manière à être synchronisés au moment de leur arrivée dans le piège. Le délai entre les lampes flash et le Q-switch du laser Brillant B est de 240 µs, celui entre les lampes flash et le Qswitch du laser OPO est de 216 µs. Ici le déclenchement des lampes Flash du laser Brillant B a été choisi comme temps de départ. Le déclenchement du Q-switch du Brillant B se fait en interne alors que le déclenchement des lampes flash et du Q-switch de l'OPO se fait en externe à partir du temps de déclenchement des lampes flash du Brillant B.(cf. Figure 1-15 et Figure 1-16). 36 Chapitre 1 : Techniques instrumentales Flash Lamp 1 Q-Switch 1 240μs Brillant B Déclenchement interne Laser 1 240μs ± ǻt OPO continuum 24μs± ǻt Déclenchement externe 216μs Laser 2 Flash Lamp 2 Q-Switch 2 Figure 1-15.Schéma des délais de synchronisation entre les deux lasers, ǻt correspond à un délai temporel ajustable entre le laser pompe (Brillant B) et le laser sonde (OPO) Flash Lamp synchro Horloge, 20 Hz in out YAG Brillant B TTL Carte de délais numériques MI660 Retard variable Entrées Sorties 1 Trigg 2 Sorties trigg externes Boîte de Q-Switch TTL OPO Continuum Boîte CU601 Q-Switch in External Flash Lamp Figure 1-16 Schéma électronique de l'expérience pompe sonde (TTL : transistor-transistorlogic) Délai pompe sonde Le délai entre les deux lasers peut être ajusté pour faire des expériences pompe sonde et peut varier entre 240-1 µs et 240+1 µs par pas de 25 ns. Le contrôle du délai entre les lasers est effectué à l'aide de deux photodiodes. La fluctuation temporelle (ou jitter) du signal est de ±20 ns. 37 1.3 Préparation des échantillons La plupart des études réalisées lors de cette thèse ont été faites à partir de peptides et protéines achetés sous forme de poudre. La quantité d'échantillon n'a donc pas été un frein à la qualité des mesures effectuées. Pour injecter ces échantillons dans la source electrospray, il faut tout d'abord les solubiliser, ce qui fera l'objet de cette partie. L'intensité du signal mais aussi la distribution en état de charge obtenues sont directement influencées par les conditions opératoires de la source electrospray comme le débit de la solution, la température du capillaire, le pourcentage de gaz séchant (cf. Source electrospray) mais aussi par la qualité du transfert des ions en phase gazeuse qui dépend des caractéristiques de la solution. Nous constatons que l'efficacité du spray formé par le cône de Taylor dépend de la taille du capillaire 1 (plus le rayon du capillaire est petit, plus le potentiel nécessaire pour le spray est faible). La nature du solvant influence aussi les caractéristiques du spray : une tension de surface importante augmente le voltage à appliquer pour former le cône de Taylor, une viscosité importante augmente la taille des gouttelettes émises à la pointe du cône de Taylor et les solvants les plus polaires stabilisent les charges élevées. La tension superficielle à l'interface solvant/air du méthanol (Ȗ=22.1 mN.m-1 à 25°C) ou de l'acétonitrile (Ȗ=28.7 mN.m1 ), est beaucoup plus faible que celle de l'eau (Ȗ H O =72.0 mN.m-1 toujours à 25°C). 2 Les particules chargées sont sous forme de gouttelettes et se déplacent d'une électrode à une autre sous l'action du champ électrique. De la Mora [22] a réussi à déterminer à partir de résultats expérimentaux des formules permettant d'avoir le courant, le rayon et la charge des gouttelettes les plus appropriés, cependant le choix du mélange de solvant est souvent déterminé de manière empirique. Il faut en effet trouver le meilleur compromis entre solvant volatil et solvant dans lequel le soluté est soluble (solvant polaire). ¾ Solutions pour le mode négatif La plupart des études effectuées, ont été réalisées en mode négatif puisque le phénomène généralement étudié ici (le photodétachement d'électron) n'est pas observé en mode positif, où seule la fragmentation est visible. Pour voir cet événement, il faut produire des polyanions. Le détachement à partir d'un monoanion conduisant à une espèce n'est pas observé. Les peptides sont dissous dans des solutions où ils sont solubles et avec lesquelles la production d'ions négatifs multidéprotonés est possible. Les études de peptides en mode négatif sont plus rares 38 Chapitre 1 : Techniques instrumentales qu'en mode positif. En effet la plupart des peptides s'ionisent un peu mieux en mode positif qu'en mode négatif mais l'on obtient surtout une fragmentation souvent plus informative en mode positif [23]. Lors de ces travaux, le solvant utilisé est en général un mélange 1/1 eau/acétonitrile, mélange utilisé dans la plupart des articles de spectrométrie de masse en mode négatif. Le méthanol, solvant polaire lui aussi, très utilisé en mode positif l'est beaucoup moins en mode négatif (cependant, les différences de spectres obtenus par l'utilisation d'un de ces deux solvants ne sont pas flagrantes). 1% d'une base est ensuite ajoutée à la solution de manière à obtenir un pH de la solution de 8-9. Dans la littérature NH4OH, NaOH et KOH sont utilisées indifféremment. Cet ajout permet d'augmenter le signal de manière conséquente. Peng Pan et ses collaborateurs [24] ont montré que le pH optimum était d'environ cinq unités de plus que le point isoélectrique (pI) de la protéine. Les tampons généralement utilisés pour solubiliser les protéines comme le tampon tris, diminuent fortement le signal electrospray. C'est pour cela qu'ils sont en général remplacés par des sels d'ammonium plus volatils comme l'acétate d'ammonium ou le bicarbonate d'ammonium. ¾ Solutions pour le mode positif Les seules expériences qui ont été réalisées en mode positif durant ce travail concernent les complexes métaux/protéines. Les conditions expérimentales optimales sont un mélange méthanol/eau 1/1 avec 1% d'acide acétique. L'acide sert à augmenter la production des ions. L'acide acétique et l'acide formique sont généralement préférés aux autres acides car ils n'ont pas de contre-ions gênants (contrairement à HCl, H2SO4) et ce sont des acides faibles (risque de surtension dans la source si le pH de la solution est très faible). mode négatif Eau/Acétonitrile 1/1 base : KOH, NH4OH 1% pH=8-9 mode positif Eau/Méthanol 1/1 acide acétique 1% pH=2-3 Tableau 1-2. Les solutions types en mode négatif et en mode positif Des concentrations de 50 à 100 µM ont permis de bonnes conditions de travail. Ces concentrations peuvent sembler élevées. Mais elles sont nécessaires puisque la plupart des spectres sont faits en mode MSn et qu'une partie des ions est perdue lors des différentes étapes d'éjection/isolation de ce mode. De plus, les spectres optiques sont obtenus en comparant des 39 rapports d'intensité. Donc plus le rapport intensité sur bruit de fond est grand, plus les résultats seront précis. ¾ Réduction des ponts disulfures La chaîne latérale des acides aminés cystéines se termine par un groupement SH dont le pKa est environ 9.0-9.5. Des ponts reliant deux groupements thiols au sein de la même protéine se forment lors de la maturation de celle-ci. Ces ponts reliant les deux atomes de soufre sont des liaisons covalentes relativement stables qui maintiennent la protéine repliée sur elle-même dans une conformation donnée. La formation de cette liaison se fait spontanément en condition oxydante en présence d'O2. Cette liaison peut cependant être réduite en utilisant du B-mercaptoéthanol ou du dithiothréitol (DTT) [25], son isomère le dithioérythritol donnant de moins bons résultats. Au cours de ce travail nous avons utilisé le DTT pour réduire les ponts disulfures. Pour cela, il faut placer les protéines en solution à pH~7 (tampon acétate d'ammonium) et en excès de DTT pendant 12 heures. Nous n'avons pas utilisé de condition dénaturante (addition d'urée, etc…) car le site à réduire était accessible (petit peptide de masse molaire égale à 1000). 40 1.4 Méthodes optiques en solution Nos expériences en phase gazeuse peuvent être comparées à des expériences en solution. En effet, les spectres d'absorption en solution permettent d'avoir des informations sur l'absorbance des espèces présentes et ceux de dichroïsme circulaire sur la conformation des protéines. 1.4.1 Spectrophotométrie d'absorption en solution L'absorption en solution peut être utilisée comme une méthode d'identification de composé ou comme une méthode de dosage. ¾ Principe Cette méthode repose sur l’absorption de lumière par l'échantillon. Les spectrophotomètres les plus généralement utilisés recouvrent la gamme de longueur d'onde de l'UV et du visible, ces longueurs d'ondes correspondent aux transitions électroniques des molécules. Le nombre de photons absorbés entraine une diminution de l'intensité du rayonnement transmis. Cette diminution se traduit par la loi de Beer-Lambert : AO I 0O log IO HO l C [1-11] L'absorbance mesurée AȜ est définie comme le logarithme du rapport de la quantité de lumière incidente I°Ȝ par rapport à celle sortante de l'échantillon IȜ. Solution de concentration C Intensité du faisceau incident IoȜ Intensité du faisceau transmis IȜ Lampe Longueur de la cuve l Figure 1-17. Schéma de l'absorption en solution 41 Détecteur L'absorbance AȜ donne accès à la concentration de la molécule C si celle ci est seule en solution à Ȝ donnée. En effet connaissant İ, le coefficient d'absorption propre à chaque molécule et l la longueur du trajet optique, la concentration C peut être déduite. ¾ Analyse de spectre d'absorbance de protéine Lors de ce travail, nous avons surtout utilisé les spectres d'absorbance en solution pour les comparer aux spectres optiques obtenus en phase gazeuse. En effet, dans les deux dispositifs, les informations sont obtenues à partir des transitions électroniques dues à l'absorption de photons par la molécule. Dans une protéine, ce sont principalement les chaînes latérales des acides aminés chromophores et les liaisons peptidiques qui absorbent dans l' UV (cf. Tableau 1-3). Ȝmax Absorbance molaire / nm / mol.L-1.cm-1 Phénylalanine 257.4 197 Tyrosine 274.6 1420 Tryptophane 279.8 5600 Tableau 1-3. Propriétés spectroscopiques des acides aminés aromatiques à pH neutre [26] ¾ Matériel utilisé Les spectres d'absorption ont été obtenus avec un spectrophotomètre AvaSpec2048 (Avantes) couplé à une lampe deutérium deep-UV et une lampe halogène. Cet appareil permet d'obtenir des spectres de 230 à 800 nm en utilisant des cuves en quartz adaptées pour le rayonnement UV. 1.4.2 Dichroïsme circulaire Le dichroïsme circulaire permet d'étudier la structure secondaire des protéines. Avec cette méthode, on peut observer les changements structuraux induits par les variations de milieu (pH, température, solvants…) mais aussi étudier le repliement des protéines. ¾ Principe En dichroïsme circulaire, on mesure la différence d'absorbance d'un échantillon chiral soumis à un faisceau polarisé circulairement à droite et à gauche. 42 Chapitre 1 : Techniques instrumentales Avant le passage dans l'échantillon, les deux vecteurs d'onde polarisée circulairement dans un sens et dans l'autre sens, ED et EG, sont en phase et de même amplitude E. Leur résultante est polarisée linéairement. Lorsqu'un échantillon chiral absorbe une onde polarisée circulaire, cette absorption est différente pour une onde polarisée circulaire droite ou circulaire gauche. Après le passage de l'onde dans un échantillon optiquement actif, les deux vecteurs d'onde polarisée circulairement ED et EG, ont des amplitudes différentes et sont déphasés. Leur résultante est donc une onde polarisée elliptiquement. L'ellipticité ș mesurée par les spectromètres de dichroïsme circulaire est de la forme : tan(T ) ( E D EG ) /( E D EG ) [1-12] Solution de concentration C EG ED EG ED Longueur de la cuve l Figure 1-18. Principe des mesures par dichroïsme circulaire ¾ Mesure du dichroïsme circulaire de protéines En dichroïsme circulaire, on mesure la différence d'absorption ǻA d'un échantillon chiral entre une lumière polarisée circulairement à gauche et à droite. Cette différence est inférieure à moins de 1% de l'absorbance totale de l'échantillon. 'A AG AD [1-13] A partir de cette valeur, si l'on connaît la concentration C en mol.L-1de l'échantillon et la longueur du trajet optique l en cm, on peut remonter au pouvoir dichroïque molaire İ en mol.L-1.cm-1 : 'H HG H D 'A lC [1-14] Historiquement, les spectres de dichroïsme circulaire étaient mesurés en ellipticité ș : 43 T 33'A [1-15] La mesure du dichroïsme circulaire de protéine est basée sur l'absorption du groupement amide de la liaison peptidique en dessous de 250 nm, dans l'environnement asymétrique du carbone Į. Comme les angles des liaisons formant le squelette peptidique dépendent de la structure secondaire, on peut avoir accès à celle-ci grâce au dichroïsme circulaire. Dans l'UV lointain, 180 - 250 nm, les groupements amides ont deux transitions : la transition ʌĺʌ* des électrons du groupe carbonyle (C=O) est centrée à 190 nm et celle nĺʌ* des électrons libres de l'oxygène (_O_) est observée à 210 – 220 nm. Dans l'UV proche, 250 – 300 nm, les électrons ʌ des acides aminés aromatiques (Phe, Tyr et Trp) ont des transitions ʌĺʌ* qui sont sensibles à l'environnement des chaînes latérales et donc à la structure tertiaire mais les intensités sont très faibles [27]. C'est pourquoi, ces transitions sont très peu utilisées en dichroïsme circulaire. ¾ Analyse de spectre de dichroïsme circulaire de protéine Les profils des spectres de dichroïsme circulaire obtenus sont caractéristiques de structures secondaires [28]: - Hélice Į : bande positive à 192 nm (transition ʌĺʌ* des C=O), bande négative à 208 nm (transition nĺʌ* des _O_) et bande négative à 222 nm (transition nĺʌ* des _ O_). - Feuillet ȕ : bande positive à 198 nm (transition ʌĺʌ* des C=O), bande négative à 175 nm (transition ʌĺʌ* des C=O) et bande négative à 215 nm (transition nĺʌ* des _ O_). - Apériodique : bande négative à 195 nm (transition ʌĺʌ* des C=O) et bande positive à 212 nm (transition nĺʌ* des _O_). Grâce aux spectres de dichroïsme circulaire, une approximation rapide du pourcentage IJ en hélice Į d'une protéine peut être faite : W% [T ] 222 nm u 100 39000 u (1 2.57 / n) avec [ș] l'ellipticité par résidu et n le nombre de résidus. 44 [1-16] Chapitre 1 : Techniques instrumentales hélice D feuillet E aléatoire Figure 1-19. Profils de dichroïsme circulaire pour différentes structures secondaires : hélice Į, feuillet ȕ et aléatoire [29] Pour passer du spectre de dichroïsme circulaire à la structure secondaire, il faut passer par des méthodes empiriques où le spectre de dichroïsme circulaire d'une protéine est pris comme étant une combinaison linéaire des spectres élémentaires décrits ci-dessus (hélice, feuillet, apériodique). Lors de l'utilisation de ces méthodes de déconvolution, la concentration doit préalablement être connue avec précision. ¾ Matériel utilisé Les spectres de dichroïsme circulaire ont été réalisés à l'Institut de Biologie et Chimie des Protéines de Lyon (responsable R. Montserret) avec l'appareil Chirascan (Applied Photophysics Ltd). Cet appareil a été utilisé pour étudier le repliement de l'ubiquitine dans des mélanges de solvants de différentes proportions. 45 1.5 Méthodes théoriques Les calculs fait au cours de ce travail de thèse ont permis la détermination de structures des systèmes mais aussi de leur réponse optique. Lorsque l'on détermine la structure d'un système, on cherche tout d'abord à calculer l'énergie potentielle associée aux différentes conformations possibles. Puis on détermine la conformation la plus stable, c'est-à-dire celle de plus basse énergie. Pour cela plusieurs méthodes sont envisageables, elles ne sont pas équivalentes en temps de calcul, ni en approximations préalables. Ici nous avons utilisé selon la taille des systèmes, la méthode par champs de force [30], la méthode DFT [31] ou des méthodes hybrides de type QM/MM [32]. Certains types de calcul donnent accès en plus de la structure, aux spectres d'absorption et aux transitions caractéristiques associées. Durant ce travail nous avons utilisé la méthode TDDFT [33] pour obtenir ce type d'information. Ces calculs ont été réalisés dans leur majorité par Abdul-Rahman Allouche (équipe physico chimie théorique du laboratoire). Les calculs de dynamique moléculaire ont été fait par Rodolphe Antoine et une partie de ceux sur le complexe oxytocine / cuivre par le groupe du Professeur Bonacic Koutecky à Berlin. Molécules Tyrosine Tyrosinate méthodes fonctionnelle B3LYP TD-DFT base aug-cc-pvdz Tryptophane tryptophane déprotoné fonctionnelle B3LYP TD-DFT base aug-cc-pvdz radical indolyl N-méthylacétamide DFT B3LYP / base aug-cc-pvdz 2-aminoéthanol Ab initio MP2 / base aug-cc-pvdz Dynamique programme TINKER moléculaire champ de force Amber avec parm99 Ubiquitine QM/MM résidu tyrosine QM / protéine MM Oxytocin/ Cuivre TD-DFT SDRGDGG DRVYVHPF EGVNDNEEGFFSAR fonctionnelle B3LYP base aug-cc-pvdz Tableau 1-4. Systèmes et méthodes théoriques utilisés 46 Chapitre 1 : Techniques instrumentales 1.6 Bibliographie [1] De Hoffmann E, Stroobant V, Spectrométrie de masse, Dunod ed. Liège: sciences sup. (2005) [2] Barber M, Bordoli RS, Sedgwick RD, Tyler AN, Fast atom bombardment of solids as an ion source in mass spectrometry. Nature 1981, 293, 270. [3] Yamashita M, Fenn JB, Electrospray ion source. Another variation on the free-jet theme. The Journal of Physical Chemistry 1984, 88, 4451. 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International Journal of Quantum Chemistry 1998, 70, 933. 49 Chapitre 2 : Photodétachement d'électron : principe, mécanismes et énergétique Sommaire 2.1 PHOTODETACHEMENT D'ELECTRON ............................................................................................ 52 2.1.1 Principe du photodétachement d'électron sur des peptides anioniques ............................................. 52 2.1.2 Evolution de l'efficacité de photodétachement d'électron................................................................... 55 2.1.3 Mécanismes du photodétachement d'électron .................................................................................... 62 2.2 SPECTROSCOPIE DE PHOTOELECTRON ......................................................................................... 74 2.2.1 Montage expérimental ........................................................................................................................ 74 2.2.2 Informations obtenues à partir de spectre de PES ............................................................................. 77 2.2.3 Etude de la position des charges, estimation du point de départ de l’électron et déduction de la distance entre les charges............................................................................................................................ 86 2.3 BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................................................... 91 Le couplage spectrométrie de masse / spectroscopie laser, montage décrit dans le chapitre précédent, a été principalement utilisé durant ma thèse pour étudier des peptides chargés négativement. Lorsqu'un peptide (ou une protéine) multidéprotoné est irradié avec un laser, cela entraîne le détachement d'un ou plusieurs électrons. L'objectif du travail décrit dans ce chapitre est de mieux comprendre les mécanismes donnant lieu à ce détachement d'électron. Pour cela nous aurons plusieurs approches. Dans un premier temps, nous nous intéresserons à la formation de l'espèce radicalaire obtenue par photodétachement d'électron. Nous discuterons notamment de l'intensité du signal de ce radical photogénéré en fonction de différents paramètres et aussi du mécanisme donnant lieu à ce radical. Dans un deuxième temps, nous regarderons les propriétés de l'électron émis. Pour cela, nous avons complété nos études spectroscopiques avec de la spectroscopie de photoélectron réalisée dans le groupe du Professeur M. Kappes (Université de Karlsruhe). Cette dernière approche nous a notamment renseigné sur l'énergétique mise en jeu dans le photodétachement d'électron. 51 2.1 Le photodétachement d'électron 2.1.1 Principe du photodétachement d'électron sur des peptides anioniques Aux énergies que nous utilisons, le photodétachement d'électron est un mode de fragmentation particulier aux molécules chargées négativement. Ce processus est observé de manière générale avec toutes les biomolécules polyanioniques : peptides, protéines, ADN. Ici nous détaillerons les résultats obtenus avec des dianions de peptides (peptides doublement déprotonés). ¾ Propriétés des acides aminés Les systèmes étudiés lors de ce travail sont des peptides et des protéines. Ces éléments sont constitués d'un enchaînement linéaire d'acides aminés liés entre eux par des liaisons peptidiques. Les fonctions dépendent bien sûr de l'enchaînement des acides aminés (structure primaire) mais aussi de leur agencement dans l'espace (structures secondaire, tertiaire et quaternaire). Propriétés ioniques Comme nous l'avons vu dans le premier chapitre, les mesures par spectrométrie de masse ne peuvent se faire que sur des systèmes chargés. Dans un peptide, l'amine (NH2) du côté Nterminal peut se charger positivement (cf. pKa2 dans le Tableau 2-1) et l'acide (COOH) du côté C-terminal négativement (cf. pKa1 dans le Tableau 2-1). De plus, les vingt acides aminés naturels ont des chaînes latérales possédant des groupes fonctionnels qui les différencient. Celles-ci, selon le groupe fonctionnel qui les compose, peuvent aussi se protonner (lysine, arginine mais aussi histidine) ou se déprotonner (aspartate, glutamate mais aussi tyrosine et cystéine), cf. pKa R dans le Tableau 2-1. A partir de ces données, les sites préférentiels pour la position des charges peuvent être prévus, en solution, selon le pH observé. Ces sites préférentiels peuvent être extrapolés à la phase gazeuse. 52 1( C O OH ) co d eà 1 l ett re co d eà 3 l ett res Ma ss e (g. mola m ol- ire 1) p iso oin t é l e ctr i (pI que ) pK a H2 ) pK a 2( N Tableau 2-1. Les propriétés des 20 acides aminés [1] 53 A Ala 89.09 6.11 2.35 9.87 7.86 R Arg 174.2 10.76 1.82 8.99 12.48 5.39 N Asn 132.12 5.41 2.14 8.72 4.15 D Asp 133.1 2.85 1.99 9.9 3.9 5.34 C Cys 121.16 5.05 1.92 10.7 8.2-9.5 1.51 E Glu 147.13 3.15 2.1 9.47 4.07 6.66 Q Gln 146.15 5.65 2.17 9.13 3.95 G Gly 75.07 6.06 2.35 9.78 6.94 H His 155.16 7.6 1.8 9.33 6.04 2.29 I Ile 131.17 6.05 2.32 9.76 5.91 L Leu 131.17 6.01 2.33 9.74 9.64 K Lys 146.19 9.6 2.16 9.06 10.54 5.93 M Met 149.21 5.74 2.13 9.28 2.37 F Phe 165.19 5.49 2.2 9.31 3.97 P Pro 115.13 6.3 1.95 10.64 4.81 S Ser 105.09 5.68 2.19 9.21 6.83 T Thr 119.12 5.6 2.09 9.1 5.41 W Trp 204.23 5.89 2.46 9.41 1.14 Y Tyr 181.19 5.64 2.2 9.21 10.46 3.04 V Val 117.15 6 2.39 9.74 6.73 Ƅ possibilité formation pont disulfure entre deux cystéines Ƈ aromatique ƅ contrainte conformationnelle Alanine Arginine Asparagine Aspartate Cystéine Glutamate Glutamine Glycine Histidine Isoleucine Leucine Lysine Méthionine Phénylalanine Proline Sérine Thréonine Tryptophane Tyrosine Valine Nom 1.8 -4.5 -3.5 -3.5 2.5 -3.5 -3.5 -0.4 -3.2 4.5 3.8 -3.9 1.9 2.8 -1.6 -0.8 -0.7 -0.9 -1.3 4.2 alkyle amino amino carboxyle thiol carboxyle amino alkyle amino alkyle alkyle amino thiol alkyle amino hydroxyle hydroxyle amino hydroxyle alkyle Ƈ Ƈ Ƈ ƅ Ƈ Ƅ pK a R (R ) Ab on r d e l at anc e le iv e s pr dan ot s é i ne s hy Inde d r op x h o bic ité gr fon oupe cti o n ne l inf o ad rma d itio tion n n ell e Propriétés optiques Certains acides aminés, ayant des groupes fonctionnels aromatiques (tryptophane, tyrosine, phénylalanine), possèdent aussi des propriétés optiques. Ils peuvent absorber des photons par l'excitation des liaisons ʌ possédant des électrons fortement délocalisés. La liaison amide du squelette peptidique peut aussi absorber des photons mais à plus courte énergie (cf. Tableau 2-2). Il faut noter que deux cystéines peuvent former des ponts disulfures entre elles et que ceux-ci ont une absorption non négligeable à 250 nm [2]. Résidus İ (L.mol-1.cm-1) à 260 nm İ (L.mol-1.cm-1) à 220 nm Phénylalanine 144 710 Tyrosine (OH) 612 4312 Tyrosinate (O-) 1750 4850 Tryptophane 3765 12872 Liaison peptidique 0 425 Tableau 2-2. Coefficient d'extinction molaire en solution (İ) à 260 et 220 nm [3-5] ¾ Principe du photodétachement Le piège à ions permet d'isoler un peptide en phase gazeuse. Ensuite, lorsque le laser UV ou visible irradie le peptide, celui-ci absorbe un photon ce qui conduit à une excitation électronique des électrons ʌ du peptide. Cet apport d'énergie est suivi d'une désexcitation. Plusieurs voies sont possibles : la fluorescence, la conversion interne puis la redistribution interne de l'énergie vibrationnelle (CI + IVR) ou/et la fragmentation. La fluorescence ne peut pas être détectée dans notre piège. Par contre, la spectrométrie de masse permet d'étudier la fragmentation résultant de cette irradiation laser. Dans le cas de dianions, la "fragmentation" suit un canal majoritaire, le photodétachement d'électron comme montré dans le schéma suivant : [ M – 2H ]2- hQ [ M – 2H ]1- . + e- Pour illustrer ce phénomène, les spectres de masse du peptide angiotensine (NRVYVHPF) ont été enregistrés avec et sans irradiation laser. Sur la Figure 2-1a, on observe le spectre de masse de l'angiotensine lorsque l'on isole, pendant 500 ms, cette espèce chargée deux fois négativement dans le piège. Le spectre de masse de la même espèce après 54 Chapitre 2 :Photodétachement d'électron : principe, mécanismes et énergétique une irradiation laser à 260 nm pendant 500 ms soit 10 impulsions laser est montré sur la Figure 2-1b. L'irradiation laser de l'espèce [M-2H]2- (m/z = 514) génère principalement et en grande quantité l'espèce [M-2H]1-ƒ (m/z = 1028) par photodétachement d'un électron. Ce phénomène, intense en comparaison des fragmentations dues au laser en mode positif, a été observé pour tous les peptides étudiés mais aussi de façon plus générale pour tous les polyanions (ADN [6], protéines [7], sucres). 100 a) NRVYVHPF Laser off [M-2H]2- Intensité 50 0 100 b) NRVYVHPF Laser on [M-2H]2- [M-2H]-. 50 -44 0 300 600 m/z 900 1200 Figure 2-1. Spectres de masse de l'angiotensine doublement déprotonée isolée et piégée pendant 500 ms (a) et après une irradiation laser de 10 impulsions (500 ms) avec le laser OPO à 20Hz (b) On remarque ici la présence d'un deuxième fragment à m/z = 984 correspondant à la perte de 44 Da à partir du pic [M-2H]-ƒ : le mécanisme conduisant à ce type de fragment résulte d'une recombinaison radicalaire et sera discuté dans le chapitre suivant. 2.1.2 Evolution de l'efficacité de photodétachement d'électron Nous avons vu précédemment que le détachement de l'électron du peptide est le canal de relaxation majoritairement observé en mode négatif pour des polyanions. Quelles sont les conditions expérimentales qui influencent le détachement d'électron et de quelles manières font elles varier son intensité? 55 Pour répondre à ces questions nous avons choisi d'étudier l'influence de la puissance du laser, des acides aminés présents dans les séquences peptidiques et de la longueur d'onde du laser sur l'efficacité de photodétachement d'électron d'un échantillon de peptides. ¾ Influence de la puissance du laser Nous avons regardé l'influence de la puissance du laser sur l'efficacité de détachement d'électron. Pour cela, on peut soit varier directement la puissance du laser à nombre d'impulsions constantes (Figure 2-2), soit varier le nombre d'impulsion laser arrivant dans le piège, en variant le temps d'irradiation (Figure 2-3). Variation de la puissance du laser à nombre d'impulsions constantes L'efficacité de détachement d'électron en fonction de la puissance du laser est tracée sur la Figure 2-2 pour le peptide angiotensine (DRVYVHPF, peptide P8 dans le Tableau 2-3). efficacité de détachement d'électron (unité arbitraire) Ce spectre est obtenu à 260 nm avec un temps d'irradiation de 500 ms soit 10 coups laser. 0.3 0.2 0.1 0.0 0 50 100 150 200 250 300 puissance du laser (PW) Figure 2-2. Efficacité de détachement d'électron (Iphotodétaché / Iparent) en fonction de la puissance laser pour le peptide angiotensine à 260 nm L'efficacité de détachement d'électron évolue linéairement lorsque la puissance du laser augmente (dans la limite des faibles puissances lasers), le processus de photodétachement d'électron est donc un processus à un photon. Un processus multiphotonique conduirait à une croissance non linéaire du taux de photodétachement en fonction de la puissance laser [8]. La linéarité au photodétachement a été vérifiée pour l'ensemble des peptides et protéines étudiés durant ma thèse. 56 Chapitre 2 :Photodétachement d'électron : principe, mécanismes et énergétique Variation du temps d'irradiation L'efficacité de détachement d'électron est maintenant tracée en fonction du temps d'irradiation du laser, c'est-à-dire en fonction du nombre de coups laser, ici entre 1 et 20. Cette expérience est menée à 220 nm (8.5 mW) et 260 nm (11.5 mW) sur trois peptides : DYKDDDDK, angiotensine et oxytocine respectivement nommés P7, P8 et P10 dans le Tableau 2-3. a) efficacité de détachement d'électron (unité arbitraire) efficacité de détachement d'électron (unité arbitraire) b) P7: DYKDDDDK P8: angiotensine P10: oxytocine 0.5 0.0 0 5 10 15 P7: DYKDDDDK P8: angiotensine P10: oxytocine 1.0 0.5 0.0 20 0 nombre de coups laserlaser nombre de coup 5 10 15 20 nombre de de coup laserlaser nombre coups Figure 2-3. Efficacité de détachement d'électron (Iphotodétaché / Iparent) en fonction du nombre d'impulsions laser pour P7, P8, P10 à 220 nm (a) et à 260 nm (b), les peptides sont définis dans le tableau de la page suivante Cette expérience est en faveur d'un processus de photodétachement d'électron à un photon. Durant le temps passé par les peptides dans le piège entre deux impulsions lasers, il peut y avoir de la désexcitation par relaxation lumineuse (fluorescence) ou par collision avec l'hélium. Ce résultat montre aussi que les processus induits par des impulsions successives sont indépendants. Par la suite, afin d'augmenter le taux de fragmentation, nous allons travailler avec des impulsions successives plutôt qu'avec une seule impulsion. ¾ Influence de la séquence peptidique à 260 et 220 nm Echantillon de peptide Pour faire cette étude, nous avons pris un ensemble de peptides contenant de 5 à 15 acides aminés. Ceux-ci sont listés dans le tableau ci-dessous. Certains de ces peptides comme P1, P2, P3 (cf. Tableau 2-3) ne contiennent pas d'acides aminés chromophores, les autres en contiennent de 1 à 4 (P13). Notons que les deux cystéines de l'oxytocine (P10) forment un pont disulfure. 57 notation P1 P2 P3 P4 P5 P6 P7 P8 P9 Séquence SDRGDGG RRRADDSDDDDD RGDSPASSKP EGVNDNEEGFFSAR RPPGFSPFR RPKPQQFFGLM-NH2 DYKDDDDK DRVYVHPF pyro-ELYENKPRRPYIL (q = pyro) CYIQNCPLG-NH2 P10 Boc-b-AWMDF-NH2 WYGGWYGGWY formyl-VGALAVVVWLWLWLW-ethanolamine (u = formyl et v = ethanolamine) P11 P12 P13 Nom Taxinomie fibrinopeptide B humain substance P angiotensine II [val5] neurotensin humain oxytocine pentagastrine gramicidine A Bacillis brevis Tableau 2-3. Séquence des peptides étudiés Principe de l'étude Dans ce paragraphe, nous allons comparer l'absorption d'un photon en phase gazeuse et le photodétachement d'électron pour la série de peptide du Tableau 2-3 à 220 et 260 nm. Nous allons observer comment la séquence peptidique influence l'efficacité de photodétachement d'électron. Le photodétachement d'électron, qui correspond ici au taux de fragmentation, est défini à une longueur d'onde donnée (cf. Chapitre 1) comme étant : EPD avec ¦I fragments ª I parent ¦ I fragments º ln « » I parent ¬« ¼» [2-1] correspondant à la somme de tous les fragments visibles sur le spectre MS2, cf. Figure 2-1b. En phase gazeuse, le détachement d'électron fait suite à l'absorption i , le coefficient d'un photon par le peptide. Cette absorbance peut être approchée par H Opeptide d'extinction du peptide à la longueur d'onde Ȝi. A 260 nm, l'absorption optique d'un peptide est donnée principalement par l'absorption des acides aminés aromatiques et le coefficient d'extinction du peptide peut être approximé par : 260 nm H peptide Trp , Tyr , Phe 260 nm i i ¦H 58 [2-2] Chapitre 2 :Photodétachement d'électron : principe, mécanismes et énergétique Sur la Figure 2-4, le taux de photodétachement d'électron (EPD) est comparé avec les 260 nm (listées dans le Tableau 2-2). Dans propriétés d'absorbance estimées des peptides H peptide l'ensemble, un bon accord est observé entre les deux (excepté pour l'oxytocine P10). Les peptides sans chromophore ne détachent pas ou presque pas et lorsque le nombre de 0.8 Absorbance (Unité arb.) Absorbance 1-expV (arb. I) Unit) abs Taux EPD EPD yield 0.6 absorbance 0.4 0.2 0.0 R R SD R AD RG D DG S EG RG DD G D VN S DD D PA D N EE SS G KP R FF PP S R PK GF AR P Q SP Q FR F DY FG KD L M D qL DR DD YE VY K V N KP HP F R R C YI PY Q uv N IL uV W CP W G AL YG MD LG AV G F-N VV W Y H W GG 2 LW W LW Y LW v Photodetachment Yield (Unité (arb. unit) Taux de photodétachement arb.) chromophores augmente, l'efficacité de photodétachement aussi. Figure 2-4. Comparaison du taux de photodétachement (colonne) avec l'absorbance (Ŷ) donnée par la formule [2-2] pour les treizes peptides à 260 nm Le pont disulfure entre les deux cystéines de l'oxytocine a une absorption non négligeable à 260 nm [2] qui n'est pas prise en compte dans l'équation précédente et qui pourrait expliquer en partie le fort désaccord entre l'absorbance et l'EPD. A 220 nm, l'absorption optique des peptides est due aux transitions ʌ-ʌ* des acides aminés aromatiques (comme observé précédemment) mais aussi aux transitions n-ʌ* et ʌ-ʌ* du squelette peptidique : 220 nm H peptide 220 nm nH liaison peptidique où n est le nombre de liaison peptidique. 59 Trp , Tyr , Phe 220 nm i i ¦H [2-3] Sur la Figure 2-5, le taux de photodétachement EPD est comparé avec les propriétés 220 nm (listés dans le Tableau 2-2). A cette longueur d'absorption estimées des peptides H peptide absorbance Absorbance Absorbance (Unité (arb.IUnit) 1-expV )arb.) abs Taux EPD EPD yield SD uv RG W D M G G D F D R -NH VY 2 V D YK HP R DD F PP D R GF DK G W DS SP YG P FR G ASS W Y KP C GG Y R PK IQN W Y C P R R QQ PL R AD FF G qL D G L Y S uV EG EN DD M G VN KP DD AL D D AV NE RR P E VV G Y W FF IL LW S A LW R LW v Taux de photodétachement arb.) Photodetachment Yield (Unité (arb. unit) d'onde, nous n'observons pas de relation directe entre l'EPD et l'absorbance. Figure 2-5. Comparaison du taux de photodétachement (colonne) avec l'absorbance (Ŷ) donnée par la formule [2-3] pour les treizes peptides à 220 nm Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce désaccord entre les courbes. Ce désaccord peut être dû soit à la mauvaise estimation de l'absorbance des peptides et/ou soit à la différence entre l'absorbance et le photodétachement d'électron autour de 220 nm. Un premier point est que le coefficient d'extinction dépend fortement des structures secondaires en solution [9]. Cette fluctuation n'a pas été prise en compte dans la relation de l'estimation de l'absorbance. Un deuxième point est que les courbes d'absorbance en solution et de photodétachement en phase gazeuse sont légèrement décalées (cf. Figure 2-6) et à 220 nm un petit décalage peut entraîner une forte variation de l'absorption. Enfin à haute énergie (220 nm), comme on le verra dans ce chapitre, il existe une ionisation directe qui n'a aucun lien avec le coefficient d'absorption du peptide. En résumé, à 260 nm, la présence d'acides aminés aromatiques dans la séquence peptidique influence l'efficacité de photodétachement d'électron : le taux de photodétachement suit l'efficacité d'absorption donnée par les coefficients d'extinction (déduits des données en 60 Chapitre 2 :Photodétachement d'électron : principe, mécanismes et énergétique solution). Le photodétachement est dû aux excitations ʌ-ʌ* des acides aminés aromatiques. Tandis qu'à 220 nm, l'efficacité de photodétachement d'électron l'influence ne dépend pas des seuls acides aminés présents dans la séquence peptidique. ¾ Influence de la longueur d'onde du laser Comparaison avec l'absorbance en solution Dans un troisième temps, nous avons regardé l'influence de la longueur d'onde du laser entre 220 et 320 nm. Sur la figure ci-dessous, sont représentés le détachement d'électron de trois peptides (P13, P7 et P2) à différentes longueurs d'onde (Ŷ et traits pointillés) mais aussi l'absorbance en solution de ces trois peptides en traits pleins. On remarque que ces deux types de courbe ont des comportements similaires pour les trois peptides. Le léger décalage observé entre les deux courbes est dû à l'environnement différent des peptides en phase gazeuse et en 0.8 P13 0.8 0.6 0.6 0.4 0.4 0.2 0.2 0.0 220 240 260 280 300 O (nm) (nm) Wawelength 320 1.0 0.0 340 1.0 DYKDDDDK 0.8 0.8 P7 0.6 0.6 0.4 0.4 0.2 0.2 0.0 c) 1.0 1.0 0.8 RRRADDSDDDDD 0.8 0.6 P2 0.6 0.4 0.4 0.2 0.2 0.0 Absorbance 1.0 Electron detachement yield Taux de détachement d’électron gramicidin absorbance 1.0 Absorbance b) detachement yield Taux Electron de détachement d’électron a) Taux de détachement d’électron Electron detachement yield solution (solvatochromisme). 0.0 220 240 260 280 300 320 340 Wawelength (nm) O (nm) 0.0 220 240 260 280 300 320 Wawelength O (nm) (nm) Figure 2-6. Taux de détachement d'électron en fonction de la longueur d'onde en phase gazeuse (Ŷ) pour les peptides doublement déprotonés P13 (a), P7 (b) et P2 (c) avec un temps d'irradiation de 500 ms. L'absorption en solution de ces peptides est représentée en ligne pleine. L'absorbance et le taux de détachement d'électron sont en unités arbitraires sur les 3 graphiques 61 Importance des acides aminés aromatiques Pour les trois peptides, le détachement d'électron varie de manière importante selon la longueur d'onde. Lorsque le peptide contient des acides aminés aromatiques, l'efficacité de détachement d'électron est importante dans la région 260 - 310 nm (P7 et P13). Lorsque le peptide ne contient aucun acide aminé aromatique, il n'y a pas d'absorbance dans cette région (P2). On peut en déduire que, de la même manière qu'en solution, cette zone correspond aux transitions ʌ-ʌ* des acides aminés aromatiques [1]. Le peptide P2 ne contient pas d'acide aminé aromatique et pourtant on observe sur la Figure 2-6c, un fort taux de détachement d'électron pour les longueurs d'onde inférieure à 240 nm. Le détachement dans cette zone est d'ailleurs intense pour les trois peptides. Le détachement d'électron correspond ici entre autres aux transitions n-ʌ* et ʌ-ʌ* du squelette peptidique [9]. Les résultats obtenus dans cette partie ont permis de comprendre les paramètres auxquels le détachement d'électron était sensible. En particulier la présence d'acides aminés aromatiques dans la séquence peptidique et la caractéristique monophotonique du détachement. Dans la partie suivante, nous allons utiliser ces résultats pour élucider le mécanisme du photodétachement d'électron. 2.1.3 Mécanismes du photodétachement d'électron ¾ 1er étape excitation électronique résonnante du chromophore Nous avons vu précédemment que l'on peut corréler les spectres de détachement en phase gazeuse avec ceux de l'absorption en solution (cf. Figure 2-6). Les bandes observées en absorption en solution correspondent aux transitions ʌʌ* des cycles aromatiques et cela suggère que celles observées en phase gazeuse correspondent aux mêmes excitations. Le mécanisme du photodétachement d'électron passe par une première étape impliquant une excitation électronique résonnante (1) sur la Figure 2-7 et où : hQ EA EX [2-4] avec EA, l'énergie de l'état électronique A et EX, l'énergie de l'état fondamental X. Si le détachement était un processus direct (2), il n'y aurait pas de passage par des états électroniques excités et le taux de photodétachement d'électron ne ferait qu'augmenter lorsque 62 Chapitre 2 :Photodétachement d'électron : principe, mécanismes et énergétique la quantité d'énergie fournie au système augmente (cf insert de la Figure 2-7). En effet, l'augmentation de l'énergie du laser induit une augmentation du nombre de transitions possibles et l'énergie en excès peut toujours être emportée par l'électron (Ecinétique de l'électron). Cependant, le fait qu'une partie de l'excitation se dissipe par un mécanisme d'éjection direct n'est pas à exclure (surtout à haute énergie). 1 Excitation vers états électroniques excités Taux de détachement B A Energie Taux de détachement 2 Excitation directe vers le continuum États électroniques excités Energie 1 [M-2H]2-* continuum [M-2H] -ƒ + e1 2 État fondamental X [M-2H]2- Figure 2-7. Transitions possibles des électrons dans un dianion lors de l'excitation : (1) détachement par excitation résonnante de l'ion précurseur, (2) détachement par ionisation de l'ion précurseur (transition vers le continuum de l'ion [M-2H]-ƒ+e¾ 2eme étape croisement d'un état autoionisant et détachement d'un électron Lorsque le système a atteint un des états électroniques excités, plusieurs voies de désexcitation sont possibles : la fluorescence (processus radiatif), la conversion interne (non radiative) ou le croisement avec des états dissociatifs (processus non radiatif) (cf. Figure 2-8). Lors de la fluorescence (a), les molécules réémettent un photon pour redescendre à l'état fondamental. Ce mode de désexcitation n'est pas quantifiable avec notre montage. Lorsque des molécules sont dans l'état électronique excité, leurs électrons ont cependant une probabilité forte de subir une réorganisation conduisant à une conversion interne en un autre état si celui-ci croise le premier : cette conversion interne se produit spontanément au point d'intersection de deux états (intersection conique). Si le deuxième état est un état 63 dissociatif (b), (c) alors il y a rupture de la liaison, sauf si cet état dissociatif recroise l'état fondamental. On parlera ici d'intersection conique entre l'état dissociatif et l'état fondamental. Il y a conversion interne de l'énergie électronique en énergie vibrationnelle (e). Cette énergie peut ensuite être redistribuée sur les 3n-6 modes de vibration (n=nombre d'atomes) de l'état fondamental (IVR : intramolecular vibrational relaxation) et peut donner lieu à diverses voies de fragmentation. Les temps caractéristiques associés à cette dissociation statistique dépendant de la taille des peptides et peuvent être long (> 100 ms). B 1 Excitation vers états électroniques excités a Fluorescence A b État dissociatif croisant l’état fondamental États électroniques excités c État dissociatif d État autoionisant [M-2H]2-* c e Conversion interne et IVR dans l’état fondamental d a continuum b [M-2H] -ƒ +e- 1 État fondamental X e [M-2H]2- Figure 2-8. Les différentes voies de désexcitation possible Dans le cas (c), il y a une fragmentation directe à partir de l'état excité, ce mode de désexcitation est parfois observé avec notre montage en mode négatif et en mode positif. Par exemple, en mode positif, on observe des pertes d'hydrogène et de chaîne latérales [10]. 64 Chapitre 2 :Photodétachement d'électron : principe, mécanismes et énergétique Dans le cas (d), il y a détachement d'un électron, l'état électronique excité croise un état autoionisant qui va vers le continuum constitué de l'ion [M-2H]-ƒ et d'un électron. Le continuum correspond à une infinité d'états où l'électron n'est pas lié. L'énergie est égale à : hQ E[ M 2 H ]x E X E Cinétique [2-5] de l 'électron avec E[M-2H]-ƒ, l'énergie de l'ion produit (énergie électronique + énergie vibrationnelle). L'énergie cinétique de l'électron peut prendre toutes les valeurs entre 0 et hQ E[ M 2 H ]x E X cela signifie que l'excès d'énergie est laissé dans l'énergie cinétique de l'électron. Il faut au minimum pour que ce processus ait lieu que hȞ > BE où BE est l'énergie de liaison de l'électron le moins lié sur [M-2H]2-. Il faut remarquer que pour les anions, cet état du continuum est beaucoup plus bas en énergie donc beaucoup plus favorable que pour une molécule protonée ou neutre (cf. Figure 2-9). En effet, généralement pour les peptides, l'énergie de liaison d'un système chargé négativement est très inférieure au potentiel d'ionisation (IP) (énergie qu'il convient de fournir à un peptide pour lui arracher un électron). Anions Neutre (et Cations) 2 [M-2H]2-* [M-2H] -ƒ + e- 2 continuum 1 1’ X 1 X [M-2H]2- [M]* A BE : -énergie de liaison A IP : potentiel d’ionisation [M]+ + e- [M] Figure 2-9. Comparaison de l'énergie à fournir pour atteindre le continuum dans le cas de molécules anioniques et neutres 65 ¾ Estimation de l'énergie minimum à fournir au peptide pour observer de l'EPD Dans le cas d'un monoanion, l'énergie nécessaire pour détacher un électron est l'énergie de liaison de l'électron (BE), comme indiqué dans le schéma ci-dessous : M BE M- Figure 2-10. L'énergie nécessaire pour détacher un électron d'un monoanion est l'énergie de liaison de l'électron (BE) Dans le cas d'un multianion, il existe une interaction répulsive entre l'électron (e-) émis et l'ion fils ([M-nH](n-1)-) comme montré dans le schéma ci-dessous : RCB M(n-1)BE Mnd (Mn-1, e-) Figure 2-11. L'énergie nécessaire pour détacher un électron d'un multianion correspond à la somme de l'énergie de liaison de l'électron (BE) et de la barrière de répulsion coulombienne (RCB) Cette interaction à longue distance (égale à e2/r) crée une barrière à l'émission d'un électron [11]. Cette barrière est appelée barrière de répulsion coulombienne (Repulsive coulomb Barrier, RCB). Si l'on néglige le passage par effet tunnel à travers cette barrière, l'énergie nécessaire pour détacher un électron d'un multianion est : E BE RCB [2-6] Dans les paragraphes suivants, nous allons estimer la quantité minimum d'énergie à fournir à un polypeptide pour observer le détachement d'électron. Pour cela, il suffit de déterminer l'énergie minimum que doit apporter le laser dans l'étape (1), celle de l'excitation 66 Chapitre 2 :Photodétachement d'électron : principe, mécanismes et énergétique électronique du chromophore. Cette énergie doit être supérieure à la somme de l'énergie de liaison de l'électron (BE) et de la barrière de Coulomb (RCB) qui résulte de la répulsion entre les charges, Figure 2-12. Nous allons donc dans ce paragraphe essayer d'estimer la somme de ces deux paramètres. Dans le cas des dianions, lorsqu'il y a éjection d'un électron, l'énergie de liaison de l'électron est aussi appelée seconde affinité électronique (EA2). B 2 A RCB 1 [M-2H]-ƒ + e- hȞ BE2 X [M-2H]2- Figure 2-12. Résumé du mécanisme de photodétachement d'électron (étapes (1) et (2)) et estimation de l'énergie à fournir pour détacher un électron (BE+RCB) Dans les peptides anioniques, les charges négatives sont localisées sur les sites ayant le pKa le plus faible, cf. Tableau 2-1. Leur positionnement sur les groupements carboxylates (COO-) du C-terminal et des chaînes latérales des acides aspartiques et glutamiques est donc favorisé. Avant d'estimer la somme de l'énergie de liaison et de la barrière de Coulomb dans les peptides, nous allons d'abord introduire ces concepts sur des carboxylates dans des chaînes carbonées. Energie de liaison (BE1) pour un carboxylate mono chargé L'énergie de liaison de l'électron sur un groupement carboxylique a été mesurée par spectroscopie de photoélectron par Wang et ses collaborateurs [12]. Cette énergie de liaison sur le monoanion CH 3 COO est évaluée à 3.49 eV. L'énergie de liaison de l'électron ou affinité électronique a aussi été mesurée sur HCOO par Neumark et ses collaborateurs [13] par spectroscopie de photoélectron, la valeur obtenue est de 3.498 ± 0.015 eV. 67 Energie de liaison BE2 pour un carboxylate dichargé L'énergie de liaison de l'électron du site anionique du carboxylate est modifiée d'une manière prédictible par la présence du second électron (anions multichargés). Pour le dianion OOC (CH 2 )10 COO , Wang et ses collaborateurs ont mesuré une énergie de liaison de l'électron (BE2) de 2.1 eV [12] (cf. Figure 2-13b), ce qui est beaucoup moins important que la valeur obtenue pour CH 3 COO . Origine de la différence de stabilité entre le mono et le dicarboxylate Pour comprendre l'origine du changement dans la stabilité électronique entre le monoanion et le dianion, nous allons utiliser un modèle simple de charges localisées [14]. Pour le monoanion, l'état fondamental est un état lié d'une profondeur de 3.49 eV en dessous de CH 3 COO x e . Ce potentiel reflète ce qui est appelé l'énergie "intrinsèque" de liaison de l'électron au groupement COOƒ. a) b) RCB1 BE1 = 3.49 eV 3.49eV CH 3 COO x +e- r OOC (CH 2 )10 COO x +e- BE2 = 2.1 eV CH 3 COO r OOC (CH 2 )10 COO Figure 2-13. Potentiel de liaison de l'électron pour un monoanion (a) et un dianion (b) entre la molécule et l'électron, r étant la distance entre les deux Par opposition, le potentiel associé avec le dianion OOC (CH 2 )10 COO provient de deux contributions, l'une attractive, l'affinité électronique de l'électron, exactement comme dans le monoanion, et l'autre purement répulsive provenant de la répulsion coulombienne causée par le second site chargé négativement dans le dianion. La combinaison de ces deux parties produit un potentiel total de la forme montrée dans la Figure 2-13b. Il est important de voir que la répulsion coulombienne exercée par le second site négatif a deux effets : 68 Chapitre 2 :Photodétachement d'électron : principe, mécanismes et énergétique - l'énergie de liaison de l'électron dans le dianion OOC (CH 2 )10 COO va diminuer par rapport à CH 3 COO . Cela est dû à la répulsion qui existe entre les deux charges qui va favoriser le départ de l'électron. Cette énergie du dianion va être diminuée par rapport au monoanion d'une valeur qui peut être estimée en terme de distance entre les deux sites anioniques (r): e2 r (qq' eV ) * 1 4SH 0 [r (Å)] (14.4 eV ) [r (Å)] [2-7] - mais la répulsion coulombienne entre les deux charges produit aussi une barrière au départ de l'électron dont la hauteur est en première approximation d'exactement cette même valeur e 2 r . Dans le cas de OOC (CH 2 ) 10 COO , cela signifie que même si ce dianion a une énergie de liaison inférieure à celle du monoanion, il doit quand même recevoir le même apport d'énergie pour détacher un électron (cf. Figure 2-14), en d'autres termes, RCB1 BE 2 . BE1 Influence de la distance entre les deux sites négativement chargés (Wang et ses collaborateurs [12,15,16]) Ces auteurs ont aussi obtenu des spectres de spectroscopie de photoélectron sur des dicarboxylates de type : OOC (CH 2 ) n COO avec n= 3-10. Et ils ont remarqué que RCB1 BE 2 cste quelle que soit la longueur de la chaîne carbonée entre les deux groupements carboxyliques. Ils ont aussi remarqué que RCB1 BE 2 cste était proche de l'énergie de liaison de CH 3 COO , soit ~3.5 eV. Ces résultats vérifient l'équation [2-5] et valident donc les approximations ci-dessus. Influence du nombre de sites négativement chargés sur la hauteur de la barrière Plus généralement, il est admis que l'énergie de liaison de l'électron va être réduit x de ¦ i 2 e2 , x correspondant au nombre de charges de la molécule [14,15,17]. Par exemple, sur ri ,1 la Figure 2-14, on observe que l'énergie de liaison de l'électron à la molécule diminue lorsque le nombre de charges de la molécule augmente : BE1 ! BE 2 ! BE 3 [2-8] Mais dans un même temps, la barrière coulombienne (RCB) va augmenter quand le nombre de charges présentes sur la molécule augmente, cette augmentation va être égale 69 e2 ঠ. La RCB varie donc dans le sens opposé à BE, on observe sur la Figure 2-14 que i 2 ri ,1 x RCB1<RCB2. L'énergie à fournir pour détacher un électron est en première approximation la même pour les trois systèmes de la Figure 2-14. Il est également possible de trouver des systèmes pour lesquels RCBn ! BE1 , dans ce cas BE n 0 [18], c'est-à-dire que l'énergie de liaison des polyanions devient négative et que ces polyanions sont métastables. a) b) c) [M-H]ƒ + eRCB1 RCB2 BE1 [M-2H]-ƒ + BECOO-~3.5eV e- BE2 BE3 [M-H]- [M-2H]2- [M-3H]3r/2 r - [M-3H]2-ƒ + e- r/2 - - - - RCB1 § e2/r RCB2 § e2/r/2 + e2/r BE2 § 3.5 - e2/r BE2 § 3.5 - 2e2/r - e2/r Figure 2-14. Diagramme d'énergie dans le cas d'un peptide monoanionique (a), dianionique (b), trianionique (c) [19] Extrapolation de ces résultats à des peptides Pour détacher un électron d'un peptide déprotoné en C-terminal ou sur un groupe carboxylate (Asp, Glu), l'énergie à fournir sera en première approximation la même que pour décrocher un électron d'un carboxylate d'une chaîne carbonée et ne dépendra pas du nombre de charge sur la molécule puisque la somme de RCB et de BE sera toujours environ équivalente à l'énergie de liaison de l'électron sur le monoanion. Finalement l'énergie nécessaire pour détacher un électron d'un carboxylate sera donnée par BE + RCB § 3.5 eV. 70 Chapitre 2 :Photodétachement d'électron : principe, mécanismes et énergétique ¾ Estimation de BE et RCB Pour obtenir une estimation énergétique de BE et de RCB, des calculs de dynamique moléculaire (RCB) et de chimie quantique (BE) ont été réalisés par l'équipe. Simulation de dynamique moléculaire Ces calculs vont permettre d'estimer la distance entre les charges mais aussi les interactions de Coulomb entre les deux charges. Ils ont été effectués avec le programme DYNAMICS du logiciel TINKER en utilisant le champ de force Amber avec parm99 [20] et la méthode Berendsen de faible couplage [21]. Ils ont été réalisés entre autres sur le peptide P1 S D RGDGG . Les charges négatives ont été localisées sur le peptide sur les groupes carboxyles du C-terminal et de Asp2 (selon les valeurs des pKa, cf.Tableau 2-1). Ces simulations ont été réalisées avec différentes structures étendues initiales qui conduisent toutes à des résultats sensiblement similaires. Les simulations sont effectuées dans le vide avec une constante diélectrique de 2 [22] et une température de 350 K. Les structures initiales sont soumises à une courte minimisation pour enlever les contacts stériques incorrects et sont ensuite thermalisées pendant 50 ps. La durée de la simulation est de 1500 ps par pas de 1 fs. L'énergie de répulsion coulombienne ( e 2 r ) est enregistrée tous les 0.1 ps (100 pas). Un histogramme des valeurs de répulsion de Coulomb entre les charges prises par le système au cours de la simulation est obtenu. Estimation de RCB On observe sur la Figure 2-15, que l'exploration conformationelle du peptide à 300 K donne lieu à une fluctuation étendue de RCB. On observe que la distribution de l'énergie de répulsion coulombienne est comprise entre 1.0 et 2.2 eV avec un maximum à environ 1.8 eV pour ce peptide. Cette fluctuation de la distribution de l'énergie résulte du changement de la distance entre les deux sites porteurs des charges provenant des changements de conformation. 71 peptide P1 nombre de coups 500 250 0 1 2 Energie (eV) 3 Figure 2-15. Distribution de l'énergie de répulsion coulombienne entre les deux sites déprotonés pour le peptide P1 (SDRGDGG) Estimation énergétique de BE Ces fluctuations de RCB suggèrent que l'énergie de liaison dépend de la conformation du peptide puisque BE1 | RCB BE 2 BE1 RCBmax BE 2 BE1 RCBmin 3.5 2.2 BE 2 3.5 1.0 [2-9] 1.3 BE 2 2.5 On peut aussi remarquer que la probabilité pour que l'énergie de la barrière coulombienne soit au dessus de 3.5 eV (énergie de liaison du monoanion) est très faible : BE1 | RCB BE 2 BE 2 | BE1 RCBmax | 3.5 2.2 ! 0 [2-10] Ce qui signifie que les peptides dichargés possèdent une énergie de liaison positive et sont donc stables. Effet tunnel L'excitation UV dans la gamme 220 - 330 nm correspond à une gamme d'énergie de 3.76- 5.64 eV. Cette gamme est au dessus de BE2 + RCB : [3.76 5.64] eV t RCB BE 2 | BE1 | 3.5 eV [2-11] Donc le détachement d'électron ne devrait pas impliquer de passage par effet tunnel à travers la RCB et les fluctuations de conformation devraient avoir une faible influence sur le 72 Chapitre 2 :Photodétachement d'électron : principe, mécanismes et énergétique détachement d'électron. Il faut cependant rester prudent sur cette conclusion puisque le détachement d'électron dans les peptides se fait suite à une redescente en énergie dans les états autoionisants. L'énergie dans ces états ionisants est inférieure à celle du laser et l'on pourrait avoir dans certains cas ionisation par effet tunnel à travers la barrière de répulsion coulombienne. Conclusion Nous avons vu dans cette partie que le photodétachement d'un électron d'un peptide est un processus qui dépend de la puissance du laser, de la longueur d'onde du laser mais aussi de la séquence peptidique [23]. Ce processus est monophotonique et résulte de deux étapes : la première est l'excitation électronique résonnante du chromophore et la seconde est le croisement de l'état électronique excité avec un état ionisant suivi du détachement d'un électron. Nous avons aussi pu estimer la valeur de liaison de cet électron au peptide ainsi que les barrières coulombiennes correspondantes. Ces résultats ont été obtenus à partir de données d'autres groupes qui ont réalisé des expériences de spectroscopie de photoélectron sur des chaînes aliphatiques. Obtenir des valeurs de BE et RCB directement sur un peptide chargé négativement pourrait confirmer ces approximations et donner des informations sur sa stabilité. Nous avons pu faire de la spectroscopie de photoélectron sur un peptide entier dans le groupe du Pr. M. Kappes à Karlsruhe et obtenir des valeurs de BE et RCB directement à partir des énergies cinétiques des électrons d'un peptide. Ces expériences font l'objet de la partie suivante. 73 2.2 Spectroscopie de photoélectron Dans cette partie, nous présenterons les expériences de spectroscopie de photoélectron. Elles ont été conduites à Karlsruhe en collaboration avec l'équipe du Pr. M. Kappes, plus étroitement avec Katerina Matheis et Oli Ehrler. Ces expériences ont été réalisées sur un peptide : la gramicidine A. Dans une première partie, nous décrirons le montage expérimental. Dans une deuxième, nous montrerons les spectres de photoélectron obtenus. Ces spectres nous permettront d'obtenir des informations sur les valeurs de l'affinité électronique de l'électron et la barrière coulombienne. Nous verrons que la forme des courbes nous renseignera également sur le processus d'émission de l'électron. Enfin dans la troisième partie, nous comparerons les valeurs expérimentales de l'énergie de détachement d'électron avec celles obtenues à l'aide de calculs théoriques. Dans ce dernier paragraphe, nous examinerons aussi la position des charges sur le peptide, ce qui permettra ensuite d'estimer la distance entre les charges en phase gazeuse. 2.2.1 Montage expérimental On peut décomposer l'expérience de spectroscopie de photoélectron couplée à une source d'ionisation en trois parties [24]: - une source electrospray et un spectromètre de masse pour produire les ions et mesurer leur masse, - un laser produisant différentes longueurs d'ondes pour irradier les ions et détacher les électrons, - une bouteille magnétique pour collecter les électrons et mesurer leur énergie cinétique. Nous allons voir ces différentes composantes les une après les autres. ¾ Spectromètre de masse Tout d’abord, la gramicidine est dissoute à une concentration de 250 µM dans un mélange eau / méthanol 20/80 auquel a été ajouté 0.1 M de KOH. Cette solution est ensuite introduite à l’aide d’une seringue de débit d'environ 2 µL/mn dans la source electrospray (Analytica of Branford). Les paramètres de la source sont réglés de manière à obtenir des anions multichargés, un flux de gaz séchant (N2) à une température de 100°C permet 74 Chapitre 2 :Photodétachement d'électron : principe, mécanismes et énergétique d'améliorer l'évaporation des solvants. Puis, ces anions sont transmis à travers un funnel d'ions électrodynamiques [25] afin d'être refocalisés et sont ensuite accumulés dans un piège à ions hexapolaire pendant 33 ms (1/30 s). Les paquets d'ions formés dans le piège sont extraits et focalisés dans la région d'injection de l'analyseur par un système de lentilles électrostatiques. Cet analyseur pulsé est un temps de vol avec réflectron (RE-TOF) placé perpendiculairement au système d'ionisation cf. Figure 2-16b. Après le passage à travers le réflectron, les ions de masse sélectionnés sont décélérés avant d'entrer dans la région perpendiculaire à la bouteille magnétique. Pour cela, les ions sont d'abord accélérés dans le RE-TOF avec un potentiel de départ de 485 V dans un temps approprié après l'extraction par impulsion du piège, puis décélérés à ~ 30 eV. Détecteur de photoélectrons a) Bobine magnétique z y Tube en cuivre drift tube Avec un champ magnétique de guidage Ions Aimants en SmCo Optiques de décélération ions hȞ b) x acceleration region Détecteur MCPMCP hv y magnetic (PES) Bouteille bottle magnétique Optiques ion opticsde guidage d’ions hexapole trap Piège à ion ion hexapolaire ion funnel Funnel d’ions reflectron réflectron Temps de vol flight tube Source ESI électrospray Ion source Figure 2-16. Schéma du spectromètre de photoélectron, vue selon l'axe yz (a) et selon l'axe xy (b) 75 ¾ Laser Les ions décélérés sont irradiés avec les différentes harmoniques d'un laser Nd:YAG (Spectra Physics, Quanta RAY series, LAB 150-30) cadencé à 30 Hz. Les énergies de ces différentes harmoniques sont 3.49 eV pour la troisième (355 nm), 4.66 eV pour la quatrième (266 nm) et 5.83 eV pour la cinquième (213 nm). La durée d'une impulsion laser est de 5-6 ns avec une densité d'énergie de 30, 15 et 1 mJ/cm2 pour respectivement les énergies de photons 3.49, 4.66 et 5.83 eV. ¾ Bouteille magnétique Les photoélectrons sont collectés avec une efficacité proche de 100% grâce à des miroirs magnétiques appliquant un champ magnétique inhomogène. Ce champ permet de faire passer les électrons selon leur énergie cinétique dans le drift tube de 1,68 m avec un guidage par un faible champ magnétique. Les distributions des temps d'arrivée des électrons émis sont mesurées sur un détecteur de galettes à microcanaux. Le temps d'arrivée est converti en énergie cinétique afin d'obtenir la distribution d'énergie cinétique des électrons émis. La résolution des mesures d'énergie cinétique est de 'E cin E cin 5% pour une énergie cinétique de 1 eV. L'axe des énergies est calibré avec le spectre de photoélectron de I- à 355 et 266 nm. b) 15 Hz on ln (nombre d’électron) ln (nombre d’électron) a) 15 Hz off KE KE Figure 2-17. Les mesures effectuées en spectroscopie de photoélectron sont la soustraction du spectre off (a) au spectre on (b) La distribution en énergie cinétique (KE) peut être transformée en distribution d'énergie de liaison (BE) à partir de l'équation suivante : hQ BE KE [2-12] 76 Chapitre 2 :Photodétachement d'électron : principe, mécanismes et énergétique Les spectres sont accumulés pendant 105 impulsions car, comme on peut le voir sur la Figure 2-17, les spectres obtenus en spectroscopie de photoélectron sont enregistrés en mode cadencé on/off pour s'affranchir des électrons émis par des processus différents de celui de détachement des peptides particulièrement important dans l'UV (hȞ > 4 eV). C'est en soustrayant le spectre off (a) au spectre on (b) que ces spectres sont corrigés du bruit de fond dû aux interactions laser/plaques, au vide résiduel, aux fenêtres, à l'ionisation multiphotonique du gaz, du bruit électronique, etc. La plupart des électrons collectés font partie du bruit et l'on remarque qu'un léger écart du nombre d'électrons détectés entre les spectres on et off va entraîner une bande importante sur la partie gauche des spectres (électrons de faible énergie cinétique). ¾ Echantillons Nous avons voulu faire de la spectroscopie de photoélectron avec différents peptides et protéines déjà testés avec notre montage à Lyon, mais la production d’anions multichargés s’est révélée délicate avec la source electrospray Analytica of Branford. De plus, le photodétachement d’électron à partir de peptides est faible et donne un signal très peu intense, plus particulièrement avec les peptides dont le chromophore est la tyrosine. Le choix le plus judicieux pour faire de la spectroscopie de photoélectron sur des peptides [26] s’est révélé être celui de peptides contenant des tryptophanes. La gramicidine A chargée deux fois (gramicidine 2-) et trois fois (gramicidine 3-) négativement, dont la séquence est la suivante : formyl-VGALAVVVWLWLWLW-éthanolamine, a donc été choisie comme peptide d'étude. 2.2.2 Informations obtenues à partir de spectre de PES Les spectres de photoélectron ont été obtenus avec différentes longueurs d'onde : 355, 266 et 213 nm. ¾ Cas de la gramicidine 2- Détermination de BE et RCB Sur la Figure 2-18 sont représentés les spectres de photoélectron obtenus pour ces différentes longueurs d'ondes pour la gramicidine 2-. Ces spectres sont tracés en fonction de l'énergie de liaison de l'électron. 77 On peut remarquer sur les spectres à 355 nm (a) et 266 nm (b) la présence d'un pic à EBE égale respectivement à 2.82 et à 4.04 eV. Sur le spectre à 213 nm (c), on observe une large bande entre 4 et 5 eV. L'extrapolation linéaire de la pente gauche de ces pics permet d'estimer Rendement de photoélectron (Unit. Arb.) la valeur de la BE2 à 2.35 ± 0.15 eV pour la gramicidine 2-. 4000 a) 355 nm BE2 2000 0 10000 b) 266 nm 5000 x 20 0 6000 4000 c) 213 nm 2000 x 20 0 0 1 2 3 EBE (eV) 4 5 6 Figure 2-18. Spectre de photoélectron de la gramicidine 2- en fonction de l'énergie de liaison de l'électron à 355 (a), 266 (b), 213 (c) nm On peut aussi regarder les spectres en fonction de l'énergie cinétique de l'électron (cf. Figure 2-20). Sur les spectres de PES tracés en fonction de l'énergie cinétique, les bandes observées précédemment pour les longueurs d'onde 355 et 266 nm apparaissent maintenant presque à la même position. Les extinctions de ces courbes aux basses énergies cinétiques (partie gauche du spectre) sont donc indépendantes de l'énergie du photon utilisé pour extraire l'électron. Contrairement au cas d'un monoanion, on ne détecte "pas" d'électron d'énergie cinétique nulle. L'énergie minimum (~ 0.50 ± 0.15 eV) des électrons détectés est égale à la barrière de 78 Chapitre 2 :Photodétachement d'électron : principe, mécanismes et énergétique répulsion coulombienne, cf. Figure 2-19. C'est l'énergie coulombienne regagnée par l'électron lorsqu'il s'éloigne de l'ion produit. RCB KE minimum M(n-1)- hQ BE Mnd (Mn-1, e-) Rendement de photoélectron Arb.) Photoelectron Yield /(Unit. A.Units Figure 2-19. L'énergie cinétique minimum des électrons est égale à la barrière de répulsion coulombienne RCB a) hQ=3.49 eV RCB b) hQ=4.66 eV RCB 0 c) hQ=5.83 eV 1 2 3 4 5 EKE / eV Figure 2-20. Spectre de photoélectron de la gramicidine 2- en fonction de l'énergie cinétique de l'électron à 355 (a), 266 (b), 213 (c) nm Cependant, pour pouvoir extraire des valeurs de ces spectres, il faut qu'ils soient monophotoniques. Nous avons vérifié cela par des expériences en fonction de la puissance 79 laser à 266 et 355 nm (cf. Figure 2-21). On observe sur cette figure que le rendement de photoélectron est linéaire en fonction de la puissance laser. Par conséquent, ce processus est 25000 20000 a) 266 nm 15000 10000 5000 0 0 50 100 150 200 250 Puissance laser (mW) Rendement de photoélectron (Unit. Arb.) Rendement de photoélectron (Unit. Arb.) bien monophotonique. 12000 b) 355 nm 10000 8000 6000 4000 2000 0 0 200 400 600 Puissance laser (mW) Figure 2-21. Rendement de photoélectron en fonction de la puissance laser pour la gramicidine 2- à 266 (a) et 355 (b) nm Déduction à partir de la forme de la courbe du processus d'émission de l'électron Pour la gramicidine 2-, on observe que la position des bandes n’est pas commune sur les spectres de la Figure 2-18 c'est-à-dire lorsque le rendement de photoélectron est tracé en fonction de l’énergie de liaison de l’électron (EBE). Ces observations laissent penser que ces bandes peuvent difficilement être reliées à une transition donnée du système. Si ces bandes correspondent à des transitions d'un état électronique A de l'ion précurseur vers un état électronique A' de l'ion produit, elles devraient se trouver sur la même position quelle que soit l'énergie du photon, cf. Figure 2-22 [11]. 80 Chapitre 2 :Photodétachement d'électron : principe, mécanismes et énergétique KE1 hȞ1 KE2 hȞ2 A’ [M-2H]-ƒ + e- A’ [M-2H]-ƒ + e- BEA ĺ A’ BEA ĺ A’ A A [M-2H]2- [M-2H]2- BEA ĺ A’ = hQ1 – KE1 = hQ2 – KE2 = hQ3 – KE3 =… hȞ3 hȞ2 hȞ1 EBE Figure 2-22.Les bandes correspondent à des transitions d'un état électronique A de l'ion précurseur vers un état électronique A' de l'ion produit. Elles se trouvent toutes sur la même position quelle que soit l'énergie du photon. En revanche, lorsque l'on trace le rendement de photoélectron en fonction de l’énergie cinétique de l’électron (EKE), les bandes apparaissent à la même énergie pour les spectres à 355 et 266 nm, (cf. Figure 2-20) à l'exception des spectres à 213 nm. La forme de ces bandes avec une décroissance exponentielle aux hautes énergies cinétiques et l'observation de la même bande à la même EKE pour différentes énergies de photon, suggèrent l'observation d'émission retardée (ou émission thermoionique), bien que ce type d’émission n’ait jamais été mesuré sur des polyanions. Ces observations d’émission retardée peuvent être reproduites à partir de simulations faites à partir de la loi statistique de Weisskopf modifiée : P (H ) A(H RCB )e º ª« H RCB k BT »¼ ¬ [2-13] A étant une constante. Cette loi statistique de Weisskopf modifiée est représentée par les courbes en rouge sur les spectres de la Figure 2-20 [27]. Ces simulations reproduisent parfaitement les spectres obtenus à 266 et 355 nm. 81 Sur le spectre à 213 nm de la Figure 2-20, la forme de la bande ainsi que les structures observées sur cette bande montrent que l'émission retardée n'est pas le seul mécanisme responsable de l'émission d'électron. D'ailleurs, la loi de Weisskopf ne peut pas reproduire la forme du spectre observé. A cette haute énergie du photon, la multitude d’états excités sur le monoanion devient accessible, augmentant la section efficace du détachement direct. Nous pensons donc que, à cette énergie de photon, il y a compétition entre l'émission d'électron résonnante et l'émission directe. Nous avons donc montré que l'émission retardée était en compétition avec un processus direct de détachement d'électron dans les polypeptides. Cette théorie est appuyée par le fait que dans le cas des clusters de carbone négativement chargés, un spectre contenant un mélange très similaire composé d'émission directe et retardée a déjà été observé [28]. La compétition entre ces différents processus serait intéressante à explorer de manière à approfondir la connaissance sur la dynamique de l'émission d'électron. La spectrométrie d'imagerie résolue en temps devrait nous aider à démêler la part de chacun de ces mécanismes. Une telle expérience couplée d'une source electrospray est en cours de test dans notre laboratoire. Correspondance entre les taux de photodétachement d'électron et de photoélectron La Figure 2-23 compare les taux de détachement d'électron mesurés à Lyon à partir de la mesure de l'intensité des ions produits et le taux de détachement mesuré à Karlsruhe à partir de la mesure du nombre d'électrons émis. On vérifie ici que ces deux mesures complémentaires sont en bon accord. En utilisant notre montage décrit dans le premier chapitre (piège quadripolaire couplé à un laser accordable en longueur d'onde), nous avons aussi enregistré le rendement de détachement total en fonction de la longueur d'onde entre 210 et 330 nm pour la gramicidine (comme expliqué dans la première partie de ce chapitre) (cf. Figure 2-23). Comme nous l’avons vu précédemment dans le paragraphe 2.1.2, le détachement d'électron est majoritairement un processus en deux étapes, le rendement de détachement d'électron dépendant de l'absorption de l'ion précurseur. L'émission retardée confirme ce processus en deux étapes. Notons que l’électron peut partir soit d'un état excité à longue durée de vie [16] ou soit après conversion interne conduisant à l'émission dans l'état fondamental [27]. Dans le deuxième cas, une partie de la quantité d'énergie est redistribuée dans les degrés de liberté vibrationnels de la molécule. Mais cela peut aussi conduire à une 82 Chapitre 2 :Photodétachement d'électron : principe, mécanismes et énergétique forte augmentation locale de la température qui est alors suivie partiellement par le 200 Rendement total de photoélectron (Unit. Arb.) Taux de photodetachement d'électron (Unit. Arb.) détachement d'un électron. Il est difficile de trancher entre ces deux mécanismes. 250 300 350 Longueur d'onde du laser (nm) Figure 2-23. Spectre d’absorption en solution de la gramicidine (ligne noire), spectre du taux de photodétachement d’électron en phase gazeuse pour la gramicidine 2- (ligne bleue) et points à 213, 266 et 355 nm de rendement de photoélectron pour la gramicidine 2- (rond rouge), le spectre de rendement de photoélectron a été mis à la même échelle à 260 nm que celui du taux de photodétachement d'électron pour la gramicidine 2¾ Cas de la gramicidine 3Nous avons ensuite réalisé le même type d'expérience sur la gramicidine 3-, cf. Figure 2-24. Des spectres diffus mais structurés sont observés pour toutes les puissances lasers. BE3 pour la gramicidine 3- est trouvé approximativement à 1.45 ± 0.30 eV. Cette valeur est plus faible que pour le dianion, ce qui est en accord avec la partie 2.1 de ce chapitre : lorsque le nombre de charges augmente, l'énergie de liaison de l'électron diminue. 83 Rendement de photoélectron (Unit. Arb.) c) 213 nm BE3 b) 266 nm a) 355 nm 0 1 2 3 4 EBE (eV) Figure 2-24. Spectre de photoélectron de la gramicidine 3- en fonction de l'énergie de liaison de l'électron à 355 (a), 266 (b), 213 (c) nm Pour la gramicidine 3-, nous avons aussi tracé le rendement de photoélectron en fonction de l'énergie cinétique Figure 2-25 : nous obtenons une valeur de RCB de 1.35 ± 0.30 eV. Cette valeur est aussi en accord avec la partie 2.1.2. puisque RCBGramicidine 3 ! RCBGramicidine 2 . Sur les différents spectres de la gramicidine 3-, on observe sur la gauche du spectre (tracé en fonction de l’énergie cinétique, Figure 2-25) que la pente des bandes est moins raide que pour la gramicidine 2-. Ces profils légèrement différents suggèrent un détachement d’électron par passage par effet tunnel, un mécanisme multiphotonique ou le départ de l'électron de différents sites. Les spectres mesurés en PES ne permettent pas d'aller plus loin dans l'interprétation des processus. 84 Chapitre 2 :Photodétachement d'électron : principe, mécanismes et énergétique Rendement de photoélectron (Unit. Arb.) c) 213 nm RCB 0 1 2 b) 266 nm a) 355 nm 3 4 EKE (eV) Figure 2-25. Spectre de photoélectron de la gramicidine 3- en fonction de l'énergie cinétique de l'électron à 532 (a), 355 (b), 266 (c), 213 (d) nm (avec les FIT?) Si comme nous l'avons montré dans le paragraphe 2.1.3., les énergies des barrières à franchir pour arracher un électron sont égales à l'énergie de liaison de l'électron du monoanion, quelque soit le nombre de charges de l'anion de départ, le résultat suivant devrait être vérifié : BE 2 Gramicidine 2 RCBGramicidine 2 | BE3 2.35 0.5 | | 2.85 Gramicidine 3 1.45 RCBGramicidine 3 1.35 [2-14] 2.80 Notons que les valeurs de RCB et BE sur la gramicidine 3- sont extraites avec des incertitudes plus importante que celles de la gramicidine 2-. Ces valeurs sont discutées dans le paragraphe suivant. 85 2.2.3 Etude de la position des charges, estimation du point de départ de l’électron et déduction de la distance entre les charges Dans le paragraphe précédent nous nous sommes intéressés aux spectres de photoélectron et aux différents modes d’émission de l’électron. Maintenant nous allons essayer d’aller plus loin dans l’interprétation de ces spectres. Pour cela nous allons dans un premier temps, localiser les sites qui portent les charges sur le peptide, puis ensuite faire des calculs théoriques sur l’énergie de l’électron lorsqu’il part de ces différents sites et enfin nous comparerons ces résultats avec ceux déduits des spectres expérimentaux. La dernière partie sera consacrée à l’estimation de la distance entre les charges, ce qui permettra aussi d’évaluer la longueur du peptide et sa conformation en phase gazeuse et de comparer ces résultats avec ceux qui ont été obtenus par d’autres groupes en solution. ¾ Sites porteurs de charges sur le peptide Positionnement des charges à l’aide des pKa Lorsque nous regardons la séquence peptidique de la gramicidine A, le positionnement de charges négatives peut sembler difficile, cependant ce peptide a bien été observé déprotoné deux ou trois fois en phase gazeuse. La gramicidine A possède une fonction alcool du coté Cterminal, nous pouvons localiser une charge négative sur ce site (pKa ~ 16). Plusieurs autres sites peuvent potentiellement être, bien que difficilement, déprotonés : l'atome d'azote sur la chaîne latérale du tryptophane (pKa ~ 22 (DMSO)) mais aussi les fonctions amide du squelette peptidique (pKa ~ 23 (DMSO)). La différence entre ces deux pKa étant trop faible, elle ne nous permet pas de choisir entre ces deux sites. Positionnement des charges à l’aide de la spectroscopie UV en phase gazeuse Pour savoir si l’atome d’azote déprotoné se situe sur la chaîne latérale d’un tryptophane ou sur une fonction amide du squelette peptidique, nous avons enregistré le spectre d'action de [M-2H]2- et [M-3H]3-, c'est-à-dire le spectre du taux de détachement d’électron en fonction de la longueur d’onde, cf. Figure 2-26a. Comme montré dans la première partie avec l’angiotensine, le principal fragment observé sur le spectre de masse après irradiation laser correspond aux espèces oxydées : [M-2H]-ƒ et [M-3H]2-ƒ résultant de la perte d'un électron (non montré ici). 86 - gramicidine 2 gramicidine 3 250 300 b) 350 Force d'oscillateur (Unit. Arb.) a) Taux de photodetachement d'électron (Unit. Arb.) Chapitre 2 :Photodétachement d'électron : principe, mécanismes et énergétique [Trp] - [Trp-H] 250 300 350 400 Longueur d'onde du laser (nm) Longueur d'onde du laser (nm) Figure 2-26. Spectres d’actions de la gramicidine 2- (Ŷ) et 3- (Ɣ) (a) et spectres de TD-DFT du tryptophane neutre (en haut) et déprotoné (en bas) (b) Sur la Figure 2-26a, on observe une large bande centrée à 290 nm pour les spectres d'action de la gramicidine 2- et 3-. Ces bandes sont dues à l'excitation des liaisons ʌʌ* de l'indole des tryptophanes (cf. paragraphe 2.1.2). Cette position de la bande montre que les cycles indoliques des différents tryptophanes ne sont pas déprotonés. Effectivement, lorsque l’on compare ces deux spectres obtenus à ceux réalisés avec un calcul par TD-DFT sur le tryptophane neutre ou déprotoné, on voit que ces deux spectres ont la même forme que celui du tryptophane neutre, cf. Figure 2-26b. La déprotonation de l'indole induirait un déplacement des bandes vers les plus grandes longueurs d'onde (bathochromisme). Pour plus d’explication et de détails à ce sujet, se reporter au chapitre 4 qui traite spécifiquement de ces effets de bathochromisme. Ici, on retiendra que la seconde et la troisième déprotonation se trouvent être sur un azote d’un amide du squelette peptidique. Pour la gramicidine 2-, le deuxième site de déprotonation utilisé pour tous les résultats qui suivront sera celui qui est le plus éloigné de la fonction alcool qui porte la première charge (répulsion entre les charges). On remarque cependant pour la gramicidine 3-, que l'absorption est non nulle dans la zone supérieure à 300 nm donc que la présence de conformations pour lesquelles un tryptophane est déprotoné sur la gramicidine 3- n'est pas à exclure. Pour la gramicidine 3-, nous n’irons pas plus loin dans les explications puisque le positionnement des charges rencontre déjà beaucoup d'incertitudes. 87 ¾ Estimation de l'énergie de détachement d'un électron à partir de ces différents sites Calcul théoriques de VDE et ADE Pour estimer l'énergie de détachement d'un électron de ces différents sites, A.R. Allouche a calculé l'énergie de détachement vertical (VDE) et l’énergie de détachement adiabatique (ADE) pour chacune des deux molécules mimiques : CH3CONHCH3 (amide du squelette peptidique) et éthanolamine NH2CH2CH2O, cf. Tableau 2-4. La géométrie des molécules est optimisée pour les molécules chargées négativement. L’énergie de détachement verticale d’un électron correspond à la différence d’énergie entre le plus bas niveau de l’état fondamental et celui lui correspondant à la même géométrie sur la surface de potentiel de la molécule neutre. Puis la géométrie est optimisée pour les molécules neutres. L’énergie de détachement adiabatique d’un électron correspond à la différence d’énergie entre le plus bas niveau de l’état fondamental et celui de plus bas niveau dans l’état fondamental correspondant à géométrie optimisée de la molécule neutre. État fondamental neutre E M Optimisation de la géométrie de M Ea VDE = E – E- Calcul de Ea ADE = Ea – E- MÉtat fondamental anion Optimisation de la géométrie de MCalcul de ECalcul de E E- Figure 2-27. Energie de détachement vertical (VDE) et énergie de détachement adiabatique (ADE) Les géométries de ces deux mimiques sont optimisées pour les molécules anioniques et neutres par des calculs de DFT hybrides de type B3LYP/aug-cc-pvdz [29]. Les affinités 88 Chapitre 2 :Photodétachement d'électron : principe, mécanismes et énergétique électroniques calculées sur l'amide déprotoné isolé et sur la fonction éthanolamine sont respectivement 2.48 et 1.90 eV. Cependant il est connu que l’optimisation B3LYP donne généralement des géométries précises, mais que cette méthode est moins optimale du point de vue énergétique [30]. Pour cette raison, A.R. Allouche a aussi calculé, à partir des géométries optimisées par B3LYP, les énergies en utilisant cette fois la méthode post Hartree-Fock MP2/aug-cc-pvdz [31,32]. Les valeurs de l'ADE obtenues pour ces deux mimiques sont cette fois de respectivement 2.67 et 2.11 eV pour l'amide déprotoné isolé et pour la fonction éthanolamine. Les résultats obtenus avec les deux méthodes de calcul différentes sont en bon accord. Molécules Structures déprotonnées N-methylacetamide 2-aminoethanol B3LYP MP2 VDE (eV) 2.81 2.98 ADE (eV) 2.48 2.67 VDE (eV) 2.15 2.38 ADE (eV) 1.90 2.11 BE +RCB (eV) Gramicidine 2- 2.85 ± 0.3 expérimental Tableau 2-4. Energie de détachement vertical (VDE) et énergie de détachement adiabatique (ADE) pour chacune des deux molécules mimiques : CH3CONHCH3 (amide du squelette peptidique) et éthanolamine NH2CH2CH2O Comparaison entre les valeurs théoriques et les valeurs expérimentales Ces différents calculs de la valeur de l'énergie de liaison de l’électron ne doivent pas être comparés directement à la valeur de la seconde affinité électronique (2.35 eV) mais doivent être comparés à la somme de la seconde affinité électronique et de la barrière coulombienne, c'est-à-dire à 2.85 (2.35 + 0.5) eV. Les valeurs de VDE (2.98 eV) et ADE (2.67 eV) calculées avec la mimique de l’amide déprotoné encadrent la valeur expérimentale (2.85 eV) tandis que les valeurs de VDE (2.38 eV) et ADE (2.11 eV) calculées avec la mimique de l’éthanolamine 89 ne l’encadrent pas. Ces calculs théoriques sont donc en faveur d'un électron émis principalement à partir de l'amide déprotoné du squelette peptidique. ¾ Estimation de la distance entre les charges et déduction de la structure Distance entre les charges La distance entre les charges est estimée à partir de l'estimation de la valeur de la RCB (0.5 eV) et en utilisant cette formule (cf. paragraphe 2.1.2) e2/İr avec İ = 2. Pour une simulation dans le vide, il faudrait logiquement prendre İ0 comme constante diélectrique (İ0 = 1). Cependant, la gramicidine est une molécule organique de taille conséquente et les interactions entre les deux charges sont partiellement écrantées par les atomes du peptide. On prend donc usuellement des valeurs comprises entre 2 et 5 pour la constante diélectrique [22]. Ce procédé permet de prendre en compte de manière "ad hoc" la polarisabilité des atomes dans les peptides et les protéines. On peut en déduire que la distance r entre les deux charges qui se trouvent à chaque extrémité du peptide est d'environ 14 Å en phase gazeuse pour la gramicidine chargée 2-. Comparaison avec les valeurs de RMN en solution En solution, la valeur trouvée pour la distance entre le premier atome d'azote et la fonction alcool du C-terminal est 12.6 Å pour la gramicidine en hélice Į [33]. Cela suggère donc que la structure de [M-2H]2- est plus allongée en phase gazeuse qu'en solution. Une structure possible pourrait être une hélice Į avec une partie dépliée sur la fin qui serait induite par la répulsion entre les deux charges. Le dépliement partiel dû à la répulsion entre les charges a, par exemple, déjà été observé sur des oligonucléotides multidéprotonés [34]. Notons cependant que ces calculs sont réalisés en prenant arbitrairement deux charges aux extrémités du polypeptide. Conclusion Dans cette partie, nous avons utilisé la spectroscopie de photoélectron sur des peptides pour notre compréhension sur le mécanisme de détachement d’électron expliqué dans la partie précédente. Mais nous avons aussi pu estimer la distance entre les charges sur la gramicidine puisque nous avions un accès direct à la RCB avec cette méthode. Les mesures mettent également en évidence une émission retardée des électrons ce qui est en accord avec notre modèle d'émission électronique en deux étapes : excitation résonnante puis autoionisation. Dans ce chapitre, nous nous sommes intéressés au mécanisme de détachement de l'électron, ainsi qu'à son énergie à l'aide de deux montages expérimentaux. Celui de Lyon 90 Chapitre 2 :Photodétachement d'électron : principe, mécanismes et énergétique permet d'obtenir des informations sur la localisation de la charge et sur l'énergie globale qu'il faut fournir pour obtenir cette perte d'électron et celui de Karlsruhe permet d'avoir des informations plus précises sur la barrière énergétique ainsi que sur le mode d'émission de l'électron. Dans le chapitre suivant nous allons nous intéresser à l’espèce radicalaire oxydée produite par ce détachement d'électron et utiliser les propriétés réactives de cette espèce pour accéder à la séquence peptidique. 2.3 Bibliographie [1] Creighton TE, Proteins. New York: W.H. Freeman and Company. (1993) [2] Beychok S, Breslow E, Circular dichroism of oxytocin and several oxytocin analogues. The Journal of biological Chemistry 1968, 243, 151. [3] Shugar D, The ultraviolet absorption spectrum of ribonuclease. Biochemical journal 1952, 52, 142. [4] Goldfarb AR, Absorption spectrum of the peptide bond. 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Celle-ci a pour vocation d'identifier les protéines extraites d'une culture cellulaire, d'un tissu biologique ou bien de connaître leurs localisations, leurs maturations, ainsi que leurs concentrations. Des stratégies ont été mises au point pour identifier un toujours plus grand nombre de protéines dans un mélange complexe contenant des concentrations extrêmement variables de protéines [2]. A cet effet, le couplage avec des méthodes séparatives, l'analyse en mode MS2 par dissociation induite par collision (CID) et la spectrométrie de masse haute résolution avec les FT-ICR sont des outils essentiels. Cependant, de nombreuses limitations existent : intégration, sensibilité, gamme de masse des spectromètres de masse, rapport de la quantité d'information / quantité de fragmentation. Ces limitations ont ouvert la voie au développement de multiples stratégies d'analyse, et notamment à des techniques de fragmentation complémentaires. Récemment, de nouvelles méthodes de dissociation ont émergés, en particulier celles liées à la formation de radicaux comme l'ECD (electron capture dissociation) [3,4], l'EDD 95 (electron detachment dissociation) [4-7] ou l'ETD (electron transfer dissociation) [8,9]. Dans ce chapitre nous allons montrer que l'utilisation d'un laser permet aussi de former des radicaux. En effet, l'irradiation laser est généralement suivie de l'émission d'un électron. Nous montrerons le développement d'une nouvelle méthode l'EPD (electron photodetachment) et son intérêt analytique [10,11]. Dans une première partie de ce chapitre 3, nous allons détailler un modèle cinétique pour décrire la formation de certains fragments observés par EPD (espèce oxydée et perte de CO2). Dans une deuxième partie, nous allons nous intéresser à la fragmentation de ces peptides radicalaires après réexcitation collisionnelle. Dans une troisième partie, nous allons appliquer cette approche à des phosphopeptides. Une autre stratégie utilisant la photodissociation UV (UVPD) en mode positif sera discutée et permettra entre autre d'identifier les phosphotyrosines. Tous les spectres réalisés dans ce chapitre ont été obtenus avec le LTQ. 3.1 Dissociation par photodétachement d'électron (EPD), aspect cinétique Comme nous l'avons vu dans le chapitre précédent, l'irradiation laser d'un peptide isolé en phase gazeuse peut conduire à la formation d'une espèce oxydée par photodétachement d'un électron. Dans le cas de dianions, la désexcitation observée suit un canal principal, le photodétachement d'électron. Cette espèce n'est cependant pas la seule visible dans un spectre MS2, d'autres types de fragments peuvent aussi apparaître. Dans cette première partie, nous allons nous intéresser à la cinétique du détachement d'électron et à l'apparition des fragments visibles sur le spectre autres que l'espèce oxydée [M-2H]-ƒ. Peptides modèles Pour illustrer ce phénomène, nous avons choisi d'étudier deux variants de l'angiotensine II : [Asp1, Val5]-Angio et [Asn1, Val5]-Angio (cf. Figure 3-1). 96 Chapitre 3 : Photodétachement d'électron et photodissociation UV Aspects cinétique et analytique a) [asp1, val5]-angio b) [asn1, val5]-angio Figure 3-1. En haut le variant [Asp1, Val5]-Angio et en bas le variant [Asn1, Val5]-Angio Dans [Asp1, Val5]-Angio, les charges sont portées par l'acide carboxylique terminal et celui de la chaîne latérale de l'acide aspartique. Mais dans [Asn1, Val5]-Angio, l'acide aspartique est remplacé par une asparagine (fonction amide sur la chaîne latérale), les charges sont donc portées par l'acide carboxylique terminal et la chaîne latérale de la tyrosine. 3.1.1 Première étape A o B Les spectres de masse de ces deux peptides angiotensine chargés deux fois négativement ont été enregistrés après irradiation laser à 260 nm pendant 500 ms soit 10 impulsions laser, cf. Figure 3-2. Sur la Figure 3-2a, l'irradiation laser de l'espèce [M-2H]2- (m/z = 514.5 pour [Asp1, Val5]-Angio et m/z = 514 pour [Asn1, Val5]-Angio) génère principalement et en grande quantité l'espèce [M-2H]-ƒ (m/z = 1029 pour [Asp1, Val5]-Angio et m/z = 1028 pour [Asn1, Val5]-Angio) par photodétachement d'un électron. On remarque ici la présence d'un deuxième fragment à respectivement m/z = 984 et m/z = 985 correspondant à la perte de 44 Da à partir du pic [M-2H]-ƒ. 97 b) a) [M-2H]2- [Asn1, Val5]-Angiotensin II 2[M-2H]2- [Val5]-Angiotensin II 80 [asp1, val5]-angio >B@ >A@ 40 . -- [M-2H] Ɣ [M-2H] Relative Intensité Intensity relative Relative Intensity Intensité relative [M-2H] [asn1, val5]-angio 80 [M-2H]-Ɣ 40 -44 -44 0 300 600 900 0 300 1200 600 900 m/z 1200 m/z Figure 3-2. Spectres de masse obtenus après irradiation laser (Ȝ = 260 nm, 500 ms) de [Asp1, Val5]-Angio (a) et de [Asn1, Val5]-Angio (b) En résumé, les canaux de fragmentation obtenus après irradiation laser de l'ion précurseur ([M-2H]2- (A) sont les mêmes pour les 2 espèces : photodétaché ([M-2H]-ƒ (B) et perte de CO2 à partir de l'espèce oxydée (C). Nous voulons discuter ici du mécanisme conduisant à ces différents types de fragment. [ M – 2H ]1-. + [ M – 2H ]2- (A) Autres fragments dont [M-2H-CO2]-ƒ e- (B) La première étape Ao B (C) a longuement été discutée dans le chapitre précédent. Comme nous pouvons le voir sur la Figure 3-3 (ainsi que sur les figures de la partie 2.1.2 du chapitre précédent), l'évolution de >B @ > A@ est linéaire en fonction de la puissance laser pour les deux peptides. Nous allons confirmer que cette évolution linéaire est reliée à l'aspect monophotonique de l'irradiation. a) >B@>A@ >B@>A@ 0.04 5]-Angio 1 5 [asp[Val , val ]-angio 0.00 0 500 b) 0.6 0.08 1000 1500 2000 0.4 0.2 0.0 2500 ]-Angio [Asn [asn11, ,Val val5]-angio 0 500 1000 1500 2000 2500 laser power (PW) Puissance laser (μW) laser power (P(μW) W) Puissance laser Figure 3-3. Intensité du détachement d'électron (rapport [B]/[A] = I[M-2H]-ƒ / I[M-2H]2-) en fonction de la puissance laser pour [Asp1, Val5]-Angio (a) et [Asn1, Val5]-Angio (b) 98 Chapitre 3 : Photodétachement d'électron et photodissociation UV Aspects cinétique et analytique 3.1.2 Deuxième étape B o C ¾ Deux chemins possibles La première question que l'on peut se poser est : cette deuxième fragmentation est-elle due à l'absorption d'un deuxième photon par la molécule ou est-elle due à la dissociation thermique? Pour cela il faut répondre à la question : est ce que le processus est monophotonique (chemin II) ou multiphotonique (chemin I)? V I 2 1 I A V o B o C V1 I "hot " A o B o C Chemin I, processus 2 photons Chemin II, processus "hot" Avec ici, A l'ion précurseur [M-2H]2-, B le photodétaché [M-2H]-ƒ, C les fragments représentés par la perte de CO2, ı la section efficace de photodissociation et I le flux laser (le nombre de photons v P u O ). Chemin I, processus 2 photons V I 2 1 I A V o B o C [3-1] S'il n' y pas d'autres fragments que A, B et C, alors : >A@ >B@ >C @ A0 [3-2] (avec A0 la concentration initiale de l'ion précurseur A). La variation des concentrations des différents réactifs d >A@ , d >B @ et d >C @ pour le chemin I peut être exprimée en fonction de la variation du flux du laser dI (équations cinétiques de réactions successives) : d > A@ V 1 > A@dI d >B @ V 1 > A@dI V 2 >B @dI d >C @ V 2 >B @dI [3-3] [3-4] [3-5] L'intégration de ces équations permet de tracer l'intensité des différents ions en fonction de la densité de flux du laser : >A@ A0 >B@ A0 >C @ A0 e V 1I [3-6] > V1 e V 2 I e V 1I V1 V 2 > @ [3-7] @ ª º V1 V1I e V 2I e V1I » «1 e V1 V 2 ¬ ¼ 99 [3-8] Dans un régime à basse densité de flux laser ( V 1I 1 et V 2 I 1 ), ce qui est notre cas, on peut faire un développement limité à l'ordre 1 : e VI | 1 VI [3-9] les différents taux de fragmentation sont alors donnés par : >B@ | V I >A@ 1 >C @ | V1 >2V V @I 2 >A@ 2 1 2 >C @ | 1 >2V V @I >B@ 2 1 2 [3-10] [3-11] [3-12] En d'autres termes, les rapports [ B ] [ A] et [C ] [ B ] évoluent linéairement en fonction du flux laser, tandis que le rapport [C ] [ A] évolue de manière quadratique en fonction du flux laser. Chemin II, processus "hot" hot " 1 I A V o B " o C [3-13] L'équation cinétique du chemin II est différente. Le fragment C est supposé être généré directement à partir du fragment B chaud sans avoir besoin de passer par l'absorption d'un second photon. Nous supposons donc qu'une proportion Ȝ d'ions B qui se forme, dissocie spontanément en fragments C. La variation des concentrations des différents réactifs d >A@ , d >B @ et d >C @ pour le chemin II exprimée en fonction de la variation du flux du laser dI évolue selon les équations suivantes (équations cinétiques de réactions compétitives) : d > A@ V 1 > A@dI [3-14] d >B@ (1 O )V1 >A@dI [3-15] d >C @ OV1 >A@dI [3-16] L'intégration de ces équations permet de tracer l'intensité des différents ions en fonction de la densité de flux du laser : >A@ A0 >B@ A0 e V 1I [3-17] > (1 O )1 e V 1I 100 @ [3-18] Chapitre 3 : Photodétachement d'électron et photodissociation UV Aspects cinétique et analytique >C @ A0 > O 1 e V 1I @ [3-19] Avec les mêmes approximations aux faibles flux que précédemment, on peut déterminer l'évolution des taux de fragmentation de la manière suivante : >B@ | (1 O )V I 1 >A@ >C @ | OV I 1 >A@ >C @ | O >B@ (1 O ) [3-20] [3-21] [3-22] En d'autres termes, avec le chemin II, les rapports [ B ] [ A] et [C ] [ A] évoluent linéairement en fonction du flux laser, tandis qu'il est constant pour [C ] [ B ] . Nous voulons insister sur le fait que la différence de production du fragment C entre les deux chemins se traduit par : - un ratio [C ] [ A] qui augmente linéairement pour le chemin II (processus 2 photons), tandis qu'il augmente quadratiquement avec la puissance laser dans le chemin I (processus "hot"), - un ratio [C ] [ B ] constant pour le chemin II, tandis qu'il augmente linéairement avec la puissance laser dans le chemin I. ¾ Les deux variants de l'angiotensine Nous voulons savoir quel type de chemin suit la fragmentation de [Asp1, Val5]-Angio et [Asn1, Val5]-Angio. Pour cela, nous avons tracé le taux de fragmentation de l'intensité de la perte de CO2 ([M-2H-CO2]-ƒ) sur l'intensité du parent [M-2H]2- en fonction de la puissance laser à 260 nm pendant 500 ms. C'est-à-dire le rapport [C ] [ A] . 101 a) [asp1, val5]-angio b) [asn1, val5]-angio c) d) >C@>A@ 0.02 >C@>A@ 0.02 0.00 0 500 1000 1500 2000 0.00 2500 0 laser power (P(μW) W) Puissance laser 500 1000 1500 2000 2500 laser power (PW) Puissance laser (μW) Figure 3-4. Intensité de la perte de CO2 (rapport [C]/[A] = I[M-2H-CO2]-ƒ / I[M-2H]2-) en fonction de la puissance laser pour [Asp1, Val5]-Angio (a) et [Asn1, Val5]-Angio (b) Sur la Figure 3-4, les courbes en rouge représentent la loi de puissance y D x E avec laquelle les courbes ont été ajustées. On voit que le rapport >C @ >A@ est quasiment linéaire pour [Asp1, Val5]-Angio (ȕ = 1.2) alors que l'augmentation est pratiquement quadratique pour [Asn1, Val5]-Angio (ȕ = 1.8). Cette différence entre les peptides indique que la perte de la molécule de CO2 est un processus différent pour les deux peptides. Pour [Asp1, Val5]-Angio, le rapport >C @ >A@ est quasiment linéaire, ce qui indique majoritairement un processus monophotonique, selon l'équation 3-21 du chemin II. Alors que pour [Asn1, Val5]-Angio, le rapport >C @ > A@ est pratiquement quadratique, ce qui laisse penser essentiellement à un processus à deux photons, du type de celui observé dans l'équation 3-11 du chemin I. En d’autres termes, la perte de CO2 est due à une dissociation thermique à partir de la forme oxydée [M-2H]-ƒ pour [Asp1, Val5]-Angio tandis qu'elle requiert l'absorption d'un deuxième photon à partir de la forme oxydée pour [Asn1, Val5]-Angio. Une autre manière de sonder le caractère multiphotonique d'un processus est de regarder le ratio >B @ >C @ en fonction de la puissance laser, cf. Figure 3-5. Le rapport >B @ >C @ est quasiment constant en fonction de la puissance laser pour [Asp1, Val5]-Angio tandis qu'il augmente de manière linéaire pour [Asn1, Val5]-Angio. Cette évolution du ratio >B @ >C @ confirme un processus à deux photons pour la perte de CO2 dans le peptide [Asn1, Val5]Angio (cf. équation 3-22 du chemin II) et un processus à un photon dans le peptide [Asp1, Val5]-Angio (cf. équation 3-12 du chemin I). 102 Chapitre 3 : Photodétachement d'électron et photodissociation UV Aspects cinétique et analytique 1 , val5]-angio a) [asp e) 0.03 >C@>B@ >C@>B@ 0.30 0.15 0.00 b) [asn1, val5]-angio f) 0 500 1000 1500 2000 laser power (PW) Puissance laser (μW) 0.01 0.00 2500 0 500 1000 1500 2000 2500 laser powerlaser (PW)(μW) Puissance Figure 3-5. Intensité de la perte de CO2 (rapport [C]/[B] = I[M-2H-CO2]-ƒ / I[M-2H]-ƒ) en fonction de la puissance laser pour [Asp1, Val5]-Angio (a) et [Asn1, Val5]-Angio (b) Cette différence observée dans la perte de CO2 entre les deux peptides peut être corrélée à la position initiale du radical. En effet, si l'électron est éjecté à partir du groupement acide carboxylique de [Asp1, Val5]-Angio (lequel correspond à la plus faible liaison électronique), le radical devrait être créé sur l'atome d'oxygène du groupement CO2. Dans ce cas, la recombinaison du radical est suivie de la perte de la molécule de CO2 et peut directement se produire sans migration du radical. L'énergie interne de l'ion radicalaire est suffisante pour déclencher la recombinaison sans absorption d'un second photon (processus "hot"). D'un autre coté, pour [Asn1, Val5]-Angio, si l'électron est éjecté à partir du groupe tyrosylate (électron le plus faiblement lié dans ce variant), le radical est créé sur l'atome d'oxygène du groupement phénoxy de la tyrosine. La perte de CO2 requiert dans un premier temps le mouvement du radical du groupement phénoxy de la tyrosine au groupement carboxylique en position C-terminal. L'absorption d'un second photon semble être requise pour passer au dessus de la barrière correspondant à ce mouvement (processus 2 photons). Les différences observées dans les représentations de la perte de CO2 en fonction de la puissance laser sur les Figure 3-4 et Figure 3-5 sont donc des sondes indirectes de la localisation de l'éjection de l'électron [12]. Cependant, il existe sûrement une compétition partielle entre les deux chemins dans les deux peptides. Ces mesures cinétiques de fragmentation permettent de sonder de manière indirecte la recombinaison radicalaire et pour aller plus loin des mesures d'expériences résolues en temps ou modèles théoriques sont nécessaires. Un récent article paru dans Physical Review E s'est intéressé aux chemins de dissociation des deux variants étudiés avec l'expérience ELISA d'Aahrus [13]. Les expériences décrites 103 consistent à étudier la dynamique de photodissociation, en particulier les temps de dissociation. Le montage expérimental exposé comprend, outre un anneau de stockage électrostatique, un empilement d'électrodes créant une région comprenant un champ électrique dans lequel les anions sont décélérés. Suite à une excitation laser, la position et donc le temps de dissociation sont ensuite récoltés par un spectromètre à temps de vol. Les mêmes peptides ont été utilisés et cet article confirme ces résultats : processus à deux photons pour [Asn1, Val5]-Angio et à un photon pour [Asp1, Val5]-Angio. L'analyse des profils des temps d'arrivées (TOF) des fragments neutres semble indiquer des processus de dissociation rapide (< 100 ns). 104 Chapitre 3 : Photodétachement d'électron et photodissociation UV Aspects cinétique et analytique 3.2 Fragmentation des radicaux par activation collisionnelle La fragmentation que nous observons directement après irradiation d'un peptide [M-2H]2avec un laser UV (à faible puissance) est faible avec principalement deux fragments [M-2H]-ƒ et [M-2H-CO2]-ƒ. En fait, l'énergie en excès restant sur le radical après photodétachement est faible ( hQ BE ~ 1eV ). Afin d'obtenir une fragmentation plus importante, l'espèce radicalaire peut être réactivée par activation collisionnelle avec le gaz tampon. Dans cette partie, nous allons voir deux exemples de fragmentation obtenue par réactivation de cette espèce oxydée : le premier sur un peptide et le deuxième sur un phosphopeptide. Ensuite, nous comparerons le type de fragments obtenus avec d'autres méthodes de fragmentation de peptides en mode négatif. Nomenclature La fragmentation des peptides peut se produire au niveau du squelette peptidique ou au niveau des chaînes latérales. Les fragmentations les plus informatives au niveau structurel sont celles de la chaîne peptidique et sont définies par la nomenclature suivante : a, b et c du coté N-terminal et x, y et z du coté C-terminal [14,15]. La fragmentation des chaînes latérales des acides aminés conduit le plus souvent à des pertes de molécules neutres comme H2O, NH3 ou CO2, par exemple. En spectrométrie de masse, on ne détecte bien sûr que les fragments chargés (positivement ou négativement). Figure 3-6. Nomenclature de la fragmentation d'un squelette peptidique [14,15] 105 3.2.1 Application à des peptides Dans cette partie, nous allons montrer les résultats obtenus avec [Asn1, Val5]-Angio (NRVYVHPF). Nous avons, dans un premier temps, isolé le peptide [M-2H]2-, puis nous l'avons irradié avec le laser à 260 nm pendant 2 s. De cette manière, nous avons obtenu l'espèce radicalaire [M-2H]-ƒ que nous avons isolée puis activée par collision avec le gaz tampon, comme résumé dans le schéma (a) suivant. Le spectre obtenu après ces deux étapes est montré sur la Figure 3-7a. Nous avons aussi isolé l'espèce monochargée [M-H]- que nous avons directement activée par CID comme montré dans le schéma (b) ci dessous. Le spectre obtenu par dissociation induite par collision de l'espèce [M-H]- est montré sur la Figure 3-7b. a) hȞ [ M – 2H ]2- ESI [ M – 2H ]1-. + e - isolation CID [ M – 2H ]1-. hȞ = 260 nm MS2 b) Fragments neutres, y, a-ƒ et x- Energie collision = 30 % MS3 CID [ M – H ] 1- ESI Fragments neutres, y Energie collision = 30 % MS2 a) [M-2H] -ƒ b) [M-H] 4 5 6 7 a -17 N7R V Y V H P F x 7 NRVYVHPF 4 N 7R V Y V H P F 4 5 6 a 7 y7 40 -106 -17 x4 0 a4 400 a5 a6 600 -106 -44 a7 800 x7 . [M-2H]- Relative intensity Relative intensity x y 80 -44 y 7 80 m/z 6 y 5 40 -34 -42 [M-H]- y7 0 1000 7 y5 400 y6 600 800 1000 m/z Figure 3-7. Spectre de [Asn1, Val5]-Angio : spectre MS3 de [M-2H]-ƒ, avec CID pendant 30 ms et énergie de collision de 30 %, ([M-2H]-ƒ est obtenu par irradiation laser pendant 2 s à 260 nm) (a), spectre MS2 de [M-H]-avec CID pendant 30 ms et énergie de collision de 30 % (b) 106 Chapitre 3 : Photodétachement d'électron et photodissociation UV Aspects cinétique et analytique Sur la Figure 3-7a, lors de la dissociation de l'espèce radicalaire de [Asn1, Val5]-Angio, on remarque deux intenses pertes de neutre de 106 et 44 Daltons. Sur la Figure 3-7b, bien qu'il y ait des pertes de neutre (-17, -34, -42), les pertes de 44 et 106 Da de la Figure 3-7a ne sont pas observées. Les pertes de -44 (b) et -106 (a) sont liées à la recombinaison radicalaire comme proposé dans les schémas suivants : ... a) ... ... O ... C CH C R + O O O NH H2C ... O b) . CH ... C NH CH . + O C O R O La fragmentation de la chaîne peptidique par CID de l'anion [M-H]- est peu efficace dans ce cas, comme on peut le remarquer sur la Figure 3-7b, où seulement trois fragments "y" correspondant à la rupture de la chaîne carbonée sont visibles. En revanche, on observe des pertes de neutre intenses : -17 (NH3), -34 (2*NH3), -42 (non attribuée). Sur la Figure 3-7a, on observe pour l'espèce radicalaire [M-2H]-ƒ une série de fragments de type x, a et y qui correspondent à la rupture du squelette peptidique. Les fragmentations de type a et x correspondent plus particulièrement à la rupture de la liaison CĮ-C. Notons que ce schéma de fragmentation avec des pertes de a et x a semble général et que nous l'avons observé dans d'autres peptides lors du même type d'activation [10]. La richesse des fragmentations observées suggère une migration rapide des radicaux sur la séquence. Le chemin de fragmentation principal avec l'obtention de fragments aƒ- et x- (les ions non radicalaires sont majoritaires mais des espèces avec différents atomes d'hydrogène sont aussi présentes) peut être expliqué par une recombinaison radicalaire comme proposé dans le schéma sur la page suivante [10]. 107 O O H Rn N H O O N O O Photodétachement d'électron O CH3 H Rn N H O O migration O N OH O Rn O N H CH3 N . O CH3 O fragmentation O O O Rn N H a . CH . ou + O C N O CH3 x Ces résultats montrent que l'utilisation du radical et la réactivation de celui-ci permettent d’avoir une meilleure fragmentation le long de la chaîne peptidique. L’intérêt est aussi d’avoir une fragmentation différente de celle observée en CID. En effet, si on additionne les deux types de fragments obtenus cela permet d’être plus informatif sur la séquence peptidique. Pour augmenter la fragmentation des radicaux obtenus, une autre méthode est d'augmenter le temps d'irradiation des peptides dans le piège. Un exemple de fragmentation obtenue en variant le temps d'irradiation est montré sur la Figure 3-8 avec le peptide DYKDDDDK. Les spectres correspondent à des temps d'irradiation de 50, 100, 500, 1000 et 3000 ms. On remarque que la fragmentation du peptide augmente lorsque le temps d'irradiation augmente. C'est l'augmentation de l'énergie interne du radical par réabsorption de photons (hȞ = 4.6 eV) qui entraîne la fragmentation. La fragmentation du peptide correspond essentiellement à des pertes d'H2O et de CO2 successives, cela est dû à la très grande acidité du peptide. 108 Chapitre 3 : Photodétachement d'électron et photodissociation UV Aspects cinétique et analytique Intensité relative 3000 ms 1000 ms 500 ms 100 ms 50 ms [M-2H]2- [M-2H]-ƒ (e) (d) (c) (b) 0 (a) 200 400 600 800 1000 m/z Figure 3-8. Spectres de fragmentation obtenus après une irradiation laser à 262 nm pour le peptide DYKDDDDK avec des temps d'irradiation de 50 (a), 100 (b), 500 (c), 1000 (d) et 3000 (e) ms 3.2.2 Fragmentation des radicaux Le type de fragmentation observé en EPD est similaire à celui observé avec d'autres méthodes comme l'EDD (electron detachment dissociation) ou le "reverse ETD" (electron transfer dissociation). Toutes ces méthodes de fragmentation sont en mode négatif et sont initiées par la formation d'un radical. En EDD [4-7], le radical est produit par un faisceau d'électron d'énergie supérieur à 10 eV. La collision de l'électron avec l'anion entraîne la perte d'un électron et laisse à l'ion produit suffisamment d'énergie pour qu'il se dissocie spontanément selon le schéma suivant : [M-nH]n- + e[M-nH] ( n – 1 ) -ƒ * + 2 efragments + 2 eLes fragments produits proviennent du clivage de la liaison CĮ-C et sont donc des fragments aƒ- et x-. L'énergie laissée par EDD sur la molécule est estimée à environ 5 eV [5] ( IPpeptide EACOO ~ 8 3.5 ~ 5 eV ). 109 En "reverse ETD"[8,9], le radical est créé par réaction entre l'anion étudié et un cation Pn+, souvent Xe+. La réaction observée dans ce cas est : [M-nH]n- + Pn+ [M-nH] ( n – 1 ) -ƒ + P(n-1)+ ƒ- fragments - Avec ce type de réaction ion / ion, les fragments a et x sont prédominants sur les spectres, quelques fragments c et z peuvent aussi être observés. L'énergie laissée par "Reverse ETD"sur la molécule est estimée à environ 6 eV [9], rappelons que en EPD (cf. Chapitre 2), l'énergie laissé sur le peptide est d'environ 1.1 eV (Elaser - ECOO- = 4.6 eV – 3.5 eV). Le clivage de type a et x n'a pour l'instant été observé qu'avec ces trois modes de fragmentation (EDD, "Reverse ETD"et EPD). Dans les trois modes, les pertes de neutres sont dominées par la perte de 44 (CO2). Cependant d'autres voies de fragmentation de type c et z ne sont pas à exclure. En conclusion, la fragmentation des radicaux est spécifique avec des fragments de type a et x. De plus, le type de fragmentation ne semble pas dépendre de la méthode de production des radicaux. 110 Chapitre 3 : Photodétachement d'électron et photodissociation UV Aspects cinétique et analytique 3.3 Application aux phosphopeptides Des expériences similaires ont été conduites sur un peptide contenant un groupement phosphate. La phosphorylation des acides aminés contenant un groupement alcool (Ser, Tyr, Thr) fait partie des modifications post traductionnelles les plus courantes sur les deux centaines décrites à ce jour [16]. Ce type de modification joue un rôle important dans de nombreux événements essentiels en biologie, comme la transcription, la transduction du signal ou l'apoptose [17]. Il a été montré que la phosphorylation peut être induite par des facteurs de croissance [18] et que la mise en évidence des voies de signalisation des facteurs de croissance constitue une piste pour montrer de nouvelles cibles thérapeutiques dans la recherche contre les cancers par exemple [19]. Des méthodes pour enrichir un échantillon en protéines ou en peptides phosphorylés tirent partie des propriétés particulières du phosphate (immunoréactivité, charge et réactivité chimique). Les anticorps anti-phosphotyrosine sont très efficaces pour enrichir les peptides en phosphotyrosine. Cette approche a permis par exemple l'identification de cibles de la signalisation de l'insuline [20] et de la thrombine [21]. Les anticorps spécifiques des sérines et des thréonines phosphorylés seules ne sont pas, quant à eux, faciles à produire. Le problème est que la phosphorylation rend les peptides plus acides et donc plus difficilement protonables. La phosphorylation les rend donc, comme beaucoup de modifications post traductionnelles, plus difficiles à identifier de manière classique (CID en mode positif). Des spectres CID en mode négatif de peptides déprotonés ont été réalisés mais sont souvent difficiles à interpréter car ils sont dominés par des clivages internes, des pertes de chaînes latérales ainsi que des pertes de neutres successives (H3PO4, par exemple) [22,23]. 3.3.1 EPD sur des phosphopeptides Nous avons étudié à titre d'exemple le phosphopeptide (de masse 1862 Da) suivant : Ac V Y K pS P V V S G D T S P R H L NH 2 Le spectre obtenu après irradiation laser à 262 nm pendant 2 s de ce peptide chargé deux fois négativement [M-2H]2- est montré sur la Figure 3-9a. Les fragments obtenus sont l’espèce radicalaire oxydée [M-2H]-ƒ mais aussi des pertes de neutre et des fragments de type a et x (non marqué sur le spectre). Ces fragments sont obtenus suite à l'absorption d'un second photon par le radical, mécanisme observé ici en raison du long temps d'irradiation (2 s). 111 L’espèce radicalaire oxydée est ensuite isolée et réactivée par CID avec une énergie de collision à 20 %, le spectre obtenu est celui de la Figure 3-9b. Les deux principales pertes de neutre observées sont une perte de 44 (CO2) et une perte d’acide phosphorique (-98, H3PO4). Des fragments de type a-ƒ (9 fragments) et de type x- (3 fragments) sont aussi visibles sur ce spectre. Nous pouvons remarquer que tous ces fragments ont gardé le groupement phosphate, ce qui permet dans ce cas de le localiser sur la sérine 4. [M-2H]2- a) Intensité relative [M-2H]-. 0 14 13 11 x a15-. Ac-V Y K pS P V V S G D T S P R H L-NH2 a b) 6 a6-. 7 a7-. 8 10 11 12 13 14 15 a8-. -. a10-. a11 a12-. x11- a13-. x13- -98 [M-2H]-. -44 a14-. x14- a15-.-98 500 750 1000 1250 1500 1750 m/z Figure 3-9. Spectre de masse du phosphopeptide ( Ac VYKpSPVVSGDTSPRHL NH 2 ) après irradiation laser de 2s à 262 nm de [M-2H]2- (a) l'espèce [M-2H]-ƒ produite dans le spectre (a) est ensuite réactivée par CID à 20 % d'énergie de collision pendant 30 ms (b) Le spectre CID obtenu du même phosphopeptide chargé une fois [M-H]- est montré sur la Figure 3-10. Dans ce spectre CID, quatre fragments de type a sont détectés mais les autres fragments visibles sur le spectre ne sont pas des fragments de type a, b,c ,x, y ou z. Ces fragments peuvent être des fragments internes ou des pertes de neutres. Ce spectre qui est riche en fragments générés ne permet pas d'identifier les acides aminés du phosphopeptide, ni de localiser la modification post traductionnelle. 112 Chapitre 3 : Photodétachement d'électron et photodissociation UV Aspects cinétique et analytique -49 Intensité relative -H2O -HPO3 -63 -31 -H3PO4 a7 -37 a8 a12 a13 [M-H]- 0 600 900 1200 1500 1800 m/z Figure 3-10. Spectre de masse du phosphopeptide ( Ac VYKpSPVVSGDTSPRHL NH 2 ) après CID avec une énergie de collision de 25 % pendant 30 ms Conclusion La réactivation par CID des radicaux obtenus par EPD présente un potentiel certain du point de vue analytique. Son intérêt réside surtout dans l’amélioration du séquençage de peptide contenant des modifications post traductionnelles acides. En effet la CID en mode positif sur des peptides n'ayant pas subi de modification est très efficace. Nous avons commencé une étude plus systématique de ces effets avec des expériences sur des peptides contenant des modifications post traductionnelles sur d’autres acides aminés. 3.3.2 UVPD sur des phosphopeptides En complément des expériences réalisées sur les ions négativement chargés, nous avons évalué les potentialités de l'UVPD pour identifier la présence de phosphorylation, en particulier des phosphotyrosines. Nous voulons mettre en évidence la présence ou l'absence de phosphorylation sur les tyrosines d'un peptide par un moyen simple. C'est pourquoi nous avons réalisé une étude comparative en mode positif de différents phosphopeptides et peptides non phosphorylés. Le but de cette étude est dans un premier temps d'explorer la fragmentation 113 des phosphopeptides par laser et dans un deuxième temps de mettre en place une méthode pour différencier les peptides phosphorylés des peptides non phosphorylés. Pour faire cette étude, nous avons choisi la série de peptides A1, B3, B5, C3, et C6 et leurs phosphopeptides (phosphorylé sur la tyrosine) respectifs A2, B4, B6, C4 et C6 : A1:TTAVEIDYDSLK B3:TTAVAIDYDSLK B5:TTAVAIAYASLK C 3:TTAVRIRYDSLK A2 :TTAVEIDpYDSLK B 4 :TTAVAIDpYDSLK B6 :TTAVAIApYASLK C 4 :TTAVRIRpYDSLK C 5:TTAVRIRYRSLK C 6 :TTAVRIRpYRSLK ¾ Voies de fragmentation des phosphopeptides en mode positif Des tests préliminaires ont permis de déterminer que la longueur d'onde la plus efficace pour fragmenter ces peptides est 220 nm et que la fragmentation était plus informative sur les peptides chargés deux fois positivement. Les spectres ont été enregistrés avec le LTQ pour les 5 phosphopeptides avec des temps d'irradiation de 200 ms et 500 ms (2 et 5 coups laser). Le spectre du phosphopeptide A2 après irradiation laser pendant 500 ms de [M+2H]2+ est présenté sur la Figure 3-11a. Le spectre CID avec une énergie de collision de 11 % pendant 30 ms est présenté en comparaison sur la Figure 3-11b. Sur ces deux spectres, les pertes de neutre successives à un clivage du squelette peptidique ne sont pas annotées pour ne pas surcharger les spectres bien qu'elles aient été attribuées. Les stratégies de fragmentation sont expliquées sur le schéma suivant, nous voulons savoir si ces deux méthodes apportent des informations et si elles sont complémentaires. [M+2H]2+ [M+2H]2+ CID fragments UVPD fragments 114 Chapitre 3 : Photodétachement d'électron et photodissociation UV Aspects cinétique et analytique 1.0 a) UVPD 220 nm 500 ms parent(2+) b3 EI-CO intensité relative 0.5 -H2O(2+) b3-H2O b4/x3 y3 a5 y4 b5 y11(2+)/-H3PO4 y5 -CO2(2+) b7 a6 b6 a7 y8 b10 y6 y7 x8/b9 y9 a8 b8 c9 0.0 y11 b11 parent(2+) -H2O(2+) 1.0 y10 x9 b) CID 11 % 30 ms b11 y5 0.5 y7 b7 b5 b4 b3 y4 y8 y6 b6 y10 -2*H2O(2+) y9 y3 b9 b10 0.0 200 400 600 800 1000 1200 1400 m/z Figure 3-11. Spectre UVPD du phosphopeptide A22+ à 220 nm pendant 500 ms d'irradiation (a) et spectre CID du phosphopeptide A22+ avec une énergie de collision de 11 % pendant 30 ms (b) Les fragments attribués sur le spectre UVPD (Figure 3-11a), sont majoritairement de type b et y mais quelques fragments a, c et x sont aussi présents. Par contre, sur le spectre CID, tous les fragments sont de type b et y. Les deux méthodes d'activation (CID et UVPD) permettent de remonter à la séquence du phosphopeptide A2. La première ligne de la Figure 3-12 résume les fragments obtenus avec les deux méthodes d'activation pour le phosphopeptide A2. Les résultats obtenus avec les autres phosphopeptides sont aussi présentés pour les deux méthodes d'activation (CID, colonne de gauche et UVPD, colonne de droite). 115 CID 10 9 8 7 UVPD 220nm 6 5 4 b 3 4 5 112 102 6 7 7 6 9 b a c 10 11 y 5 b a c 4 5 6 7 5 8 8 112 7 7 6 4 4 5 3 3 b a b 3 4 112 5 6 7 8 9 y b a c C6 6 6 7 3 4 9 5 7 7 6 6 6 7 7 8 2 3 4 4 5 x y 3 3 4 8 8 5 9 10 11 9 4 y 3 11 7 6 5 3 3 4 6 6 7 8 9 8 2 x y 10 11 x y 3 3 3 4 4 5 5 y 92 5 T T A V R I R pY D S L K 91,2 102 111,2 b 5 5 8 112 T T A V R I R pY D S L K C4 6 T T A V A I A pY A S L K b a 10 11 3 4 9 10 T T A V A I A pY A S L K B6 2 x y 2 7 T T A V A I D pY D S L K 11 9 7 3 112 10 T T A V A I D pY D S L K B4 8 8 T T A V E I D pY D S L K T T A V E I D pY D S L K A2 9 9 111,210 y 3 6 6 6 7 T T A V R I R pY R S L K 72 7 91,2 111,2 8 4 4 x y T T A V R I R pY R S L K b c 3 5 6 Figure 3-12. Résumé des fragments obtenus avec les phosphopeptides A2, B4, B6, C4 et C6 par CID (colonne de droite) et UVPD (colonne de gauche). Les exposants correspondent à l'état de charge du fragment, lorsqu'il n'y pas d'état de charge indiqué, il est de 1 On remarque que les fragments obtenus en CID sont majoritairement de type y et b, avec de rares fragments a, c et x (colonne de gauche de la Figure 3-12). Avec la photodissociation UV, les principaux fragments obtenus sont majoritairement de type y et b mais on trouve aussi un nombre conséquent de fragments de type a, c, x. L'UVPD est plus informative que la CID, en particulier pour le phosphopeptide C4. On constate aussi que les phosphopeptides les plus acides (A2 : trois acides aminés acides, B4 : deux acides aminés acides) fragmentent généralement mieux que les phosphopeptides les plus basiques (C4 : deux acides aminés basiques et un acide aminé acide, C6 : trois acides aminés basiques). La fragmentation est moins efficace lorsque le proton est très localisé (peptide basique). ¾ Mise en évidence des tyrosines phosphorylées dans des peptides Pour différencier les peptides phosphorylés des peptides non phosphorylés, une solution possible est de connaître un fragment spécifique qui n'apparaît soit que sur les spectres des peptides phosphorylés soit que sur ceux des peptides non phosphorylés. Il semble logique que 116 Chapitre 3 : Photodétachement d'électron et photodissociation UV Aspects cinétique et analytique ce ou ces fragments soit(ent) un fragment provenant d'une perte de neutre plutôt que du squelette peptidique. Nous nous sommes intéressés aux différentes pertes pouvant provenir de la phosphorylation : pertes de H3PO4 (-98 Da), HPO3 (-80 Da), chaîne latérale de la tyrosine phosphorylée (-187 Da). La perte de la chaîne latérale de la tyrosine (-106 Da) est quant à elle présente sur les spectres des peptides non phosphorylés. a) A1 b) A2 A12+ A22+ 0.6 Intensité Intensité 0.6 -Y-2H2O -Y-H2O 0.3 0.3 -Y (106/2) 0.0 580 600 620 640 m/z -[H3PO4+Y+H2O] 660 680 700 m/z 0.0 600 -[H3PO4+Y] (187/2) -H3PO4 (98/2) 620 640 660 680 700 720 740 m/z m/z Figure 3-13. Spectre du peptide A12+ (a) et du phosphopeptide A22+ (b) après irradiation laser à 220 nm pendant 500 ms soit 5 coups laser (Y, correspond à la chaîne latérale de la tyrosine) Sur le spectre (a) de la Figure 3-13, la perte de la chaîne latérale de la tyrosine (-106/2) est visible pour le peptide A12+. Sur le spectre (b), des pertes de H3PO4 (-98/2) et de la chaîne latérale de la tyrosine phosphorylée (-187/2) sont observées pour le phosphopeptide A22+. Nous allons maintenant comparer l'intensité de la perte de 98 et de celle de 106 pour les 10 peptides. L'aire sous la courbe des fragments -98 et -106 divisée par celle du parent est tracée avec une largeur d'isolation des pics de 1 Da. Ces expériences ont été réalisées avec une irradiation laser de 200 ms, cf. Figure 3-14. On remarque que la perte de 98 (H3PO4) est intense pour les phosphopeptides (A2, B4, B6, C4, C6) et proche de zéro pour les peptides non phosphorylés (A1, B3, B5, C3, C5). Le fragment y11 correspond à une perte de 98 Da par rapport à la masse du parent pour ces différents peptides. Inversement, la perte de 106 (Chaîne latérale de la tyrosine) est importante pour les peptides non phosphorylés (A1, B3, B5, C3, C5) et pratiquement nulle pour les phosphopeptides (A2, B4, B6, C4, C6). 117 0.06 a) Perte 98 0.06 Ifragment / Iparent Ifragment / Iparent 0.05 0.04 0.03 0.02 0.01 b) Perte 106 0.05 0.04 0.03 0.02 0.01 0.00 0.00 A1 A2 B3 B4 B5 B6 C3 C4 C5 C6 A1 A2 B3 B4 B5 B6 C3 C4 C5 C6 peptides peptides Figure 3-14. Le rapport Ifragment/Iparent est tracé pour les 10 peptides étudiés avec une irradiation laser de 200 ms et une largeur d'isolation des pics de 1 Da, avec Ifragment = perte de 98, H3PO4 (a) et Ifragment = perte de 106, chaîne latérale de la tyrosine (b) La séparation entre les peptides (chiffres impairs) et les phosphopeptides (chiffres pairs) semble être bonne avec les deux méthodes. On remarque en effet que le rapport Ifragment/Iparent pour les peptides est négligeable pour la perte de 98 Da (A1, B3, B5, C3, C5) et de la même manière, le rapport Ifragment/Iparent pour les phosphopeptides est négligeable pour la perte de 106 Da (A2, B4, B6, C4, C6). Les mêmes graphiques ont été tracés en activant les peptides par CID, cf. Figure 3-15. Les points obtenus sur la Figure 3-15 (a) et (b) ne permettent pas de savoir si le peptide contient ou non une tyrosine phosphorylée. La connaissance de la présence d'une phoshotyrosine ne peut pas se faire avec cette méthode d'activation. Ifragment / Iparent Ifragment / Iparent 4 3.0 a) Perte 98 3 2 1 b) Perte 106 2.5 0.4 0.3 0.2 0.1 0 0.0 A1 A2 B3 B4 B5 B6 C3 C4 C5 C6 peptides A1 A2 B3 B4 B5 B6 C3 C4 C5 C6 peptides Figure 3-15. Le rapport Ifragment/Iparent est tracé pour les 10 peptides étudiés avec une énergie de collision de 11 % et une largeur d'isolation des pics de 1 Da, avec Ifragment = perte de 98, H3PO4 (a) et Ifragment = perte de 106, chaîne latérale de la tyrosine (b) 118 Chapitre 3 : Photodétachement d'électron et photodissociation UV Aspects cinétique et analytique Les résultats obtenus en irradiant les peptides dichargés avec le laser pendant 200 ms soit deux coups laser sont prometteurs. Des résultats semblables ont été obtenus avec un temps d'irradiation de 500 ms ainsi que sur les monochargés. Une autre façon de présenter les résultats est de tracer Ip98/Ip106, cf. Figure 3-16. Pour les phosphopeptides, Ip98/Ip106 est supérieur à 1 (A2, B4, B6, C4, C6) et pour les peptides non phosphorylés, Ip98/Ip106 est inférieur à 1 (A1, B3, B5, C3, C5). Un seuil égal à 1 peut être fixé perte H PO (98) / perte Y (-106) 3 4 et permet de séparer les peptides non phosphorylés (seuil<1) des phosphopeptides (seuil>1). 25 A2 20 15 C4 C6 C3 C5 10 B6 5 B4 0 1 B5 B3 A1 2 3 4 5 Figure 3-16. Ip98/Ip106 est tracé pour les différents peptides. La ligne en pointillée correspond au seuil = 1. Ouverture : échantillon biologique L'étape suivante serait de transposer la stratégie à l’étude de la régulation de la phosphorylation des tyrosines associée à l’activation mitogénique (mécanisme qui aboutit à la division d’une cellule) par les facteurs de croissance. Cette phosphorylation des résidus tyrosyl du récepteur membranaire intervient immédiatement après la fixation du facteur de croissance à son récepteur et constitue l’effecteur principal des voies de signalisation aval à cette stimulation. Cette modification post-traductionnelle des protéines qui contrôle de manière très fine la prolifération des cellules est fortement perturbée dans le cas de la transformation tumorale des cellules. Connaître le répertoire de l’ensemble des protéines régulées par cette modification est donc essentiel à une meilleure compréhension des mécanismes qui aboutissent au phénotype cancéreux. 119 L’objectif serait de mener une étude différentielle de l’état de phosphorylation de cellules tumorales humaines selon qu’elles sont stimulées ou non par les facteurs de croissance. Pour réaliser cela, un des lots de cellules subit au préalable un marquage métabolique des protéines en introduisant dans le milieu de culture cellulaire de la tyrosine 13C [20]. Il est alors possible de détecter simultanément l’état de phosphorylation d’une même protéine selon qu’elle est issue du pool de cellules stimulées ou non stimulées. Conclusion Nous avons détaillé un modèle cinétique permettant de décrire la formation de certains fragments observés par EPD (espèce oxydée et perte de CO2) et nous avons vu que ces mesures cinétiques sont des sondes indirectes de la localisation de l'éjection de l'électron. Nous nous sommes aussi intéressés à la fragmentation des peptides radicalaires créée par photodétachement d'électron. Pour cela nous avons activé les radicaux par excitation collisionnelle. Le clivage obtenu en EPD, de type a et x, est semblable à celui des autres méthodes ayant un intermédiaire radicalaire (EDD, ETD). Du point de vue analytique, nous avons utilisé cette méthode de dissociation sur des phosphopeptides. Et nous avons aussi mis en place une stratégie utilisant la photodissociation UV (UVPD) en mode positif pour identifier les phosphotyrosines dans des peptides. 3.4 Bibliographie [1] Aebersold R, Mann M, Mass spectrometry-based proteomics. Nature 2003, 422, 198. [2] Anderson LN, Anderson NG, The Human Plasma Proteome: History, Character, and Diagnostic Prospects. Molecular Cellular Proteomics 2002, 1, 845. [3] Zubarev RA, Kelleher NL, McLafferty FW, Electron Capture Dissociation of Multiply Charged Protein Cations. A Nonergodic Process. Journal of the American Chemical Society 1998, 120, 3265. [4] Zubarev RA, Reactions of polypeptide ions with electrons in the gas phase. Mass Spectrometry Reviews 2003, 22, 57. [5] Budnik BA, Haselmann KF, Zubarev RA, Electron detachment dissociation of peptide dianions: an electron-hole recombination phenomenon. Chemical Physics Letters 2001, 342, 299. 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Journal of the American Society for Mass Spectrometry 1990, 1, 288. 122 Chapitre 4 : Spectroscopie UV de peptides et protéines en phase gazeuse Sommaire 4.1 PRINCIPE DE LA SPECTROSCOPIE UV PAR SPECTROSCOPIE D'ACTION DE PHOTODETACHEMENT D'ELECTRON .................................................................................................................................... 124 4.2 PEPTIDE SANS CHROMOPHORE .................................................................................................. 130 4.3 PEPTIDES CONTENANT UNE TYROSINE ...................................................................................... 131 4.3.1 Angiotensine ..................................................................................................................................... 131 4.3.2 Une protéine : Insuline ..................................................................................................................... 135 4.4 PEPTIDES CONTENANT UN TRYPTOPHANE ................................................................................. 140 4.4.1 WVVVV et VVVVW ........................................................................................................................... 140 4.4.2 Tryptophane radicalaire................................................................................................................... 144 4.5 CHANGEMENT DE LA CONFORMATION ...................................................................................... 152 4.6 BIBLIOGRAPHIE ......................................................................................................................... 159 Dans le chapitre 2, nous avons montré que l'excitation UV de polypeptides anioniques induit une excitation électronique des ions qui est suivie par un détachement d'électron. Le taux de détachement électronique dépend directement de l'absorption de l'ion précurseur et peut donc être utilisé pour réaliser une spectroscopie d'action et ainsi sonder les propriétés optiques de biomolécules isolées. La région UV correspond aux excitations électroniques et notamment à l'excitation des électrons de valence des acides aminés aromatiques. En excitant ces molécules avec un laser UV, nous allons donc sonder les propriétés électroniques des acides aminés chromophores (tryptophane, tyrosine, phénylalanine) contenus dans les peptides étudiés. Nous allons obtenir des informations sur la position des états électroniques excités de ces molécules et, en particulier sur la transition HOMO-LUMO. Ces états électroniques sont extrêmement sensibles à l'état de charge du chromophore (neutre, déprotoné, radicalaire). L'un des principaux résultats de ma thèse est l'obtention de signature optique pour ces différents états de charge [1,2]. D'autres systèmes auxquels je me suis intéressée et qui constituent un des axes forts de l'équipe sont les systèmes hybrides métal-peptide. Dans ces systèmes, la spectroscopie UV permet de mettre en évidence des excitations de type transfert de charges entre les deux parties [3,4]. Les résultats concernant les transferts de charge et l'état 123 d'ionisation de la tyrosine dans le complexe oxytocine-cuivre seront montrés sous forme de deux articles en annexe de cette thèse. Dans une première partie, nous allons expliquer le principe de la spectroscopie UV en abordant notamment les différents paramètres pouvant influencer les résultats obtenus. Dans la deuxième partie, le peptide ne contiendra pas de chromophore. Dans la troisième partie, les peptides et la protéine étudiés contiendront au moins une tyrosine qui pourra être neutre ou déprotonée. Dans la quatrième partie les peptides contiendront au moins un tryptophane qui pourra être neutre, déprotoné ou radicalaire. Dans la cinquième et dernière partie de ce chapitre, nous allons essayer d'évaluer la potentialité de la spectroscopie pour étudier le changement de conformation d'une protéine en phase gazeuse. Nous comparerons les spectres optiques obtenus pour la protéine ubiquitine en solution native et dénaturante. Les spectres réalisés dans ce chapitre, ont été obtenus avec le LCQ mais des spectres similaires ont été obtenus récemment avec le LTQ. 4.1 Principe de la spectroscopie UV par spectroscopie d'action de photodétachement d'électron En solution, l'absorption d'un échantillon peut être mesurée directement en mesurant l'intensité lumineuse avant et après échantillon (spectroscopie d'absorption). De la même manière que la spectroscopie UV-visible en solution permet de déterminer l'absorbance d'un peptide, nous allons montrer que la spectroscopie UV en phase gazeuse va permettre de déterminer les propriétés d'absorption d'un peptide. Comme déjà mentionné, en phase gazeuse, l'extinction lumineuse ne peut pas être mesurée directement, le nombre d'ions dans le piège étant trop faible. Néanmoins, à l'aide d'un spectromètre de masse, nous pouvons mesurer la fragmentation due à l'absorption de lumière par la molécule et réaliser un spectre d'action. Le principe de la spectroscopie d'action consiste à isoler un ion dans le piège, l'irradier avec le laser et mesurer le taux de fragmentation obtenu. Cette technique est développée avec succès depuis des années sur des ions moléculaires et de petites molécules biomimétiques neutres ou chargées positivement [5,6]. Toutefois, lorsque la taille du système grandit, les taux de fragmentation deviennent très faibles. En effet, dans un système complexe après excitation électronique, la conversion interne vers l'état fondamental est l'une des voies de relaxation principale. Or pour un système 124 Chapitre 4 : Spectroscopie UV de peptides et protéines en phase gazeuse à grand nombre de degrés de liberté, l'absorption d'un photon conduit, après conversion interne et redistribution vibrationnelle, à une très faible élévation de la température et donc à une fragmentation quasi nulle dans la fenêtre de temps d'isolation du spectromètre, cf. Tableau 4-1. Angiotensine Tryptophane Insuline Ubiquitine NRVYVHPF n (nombre d'atome) 27 144 783 1234 hȞ 4.6 eV 4.6 eV 4.6 eV 4.6 eV ǻT = hȞ / (3n-6) 711.8 K 125.3 K 22.8 K 14.4 K Tableau 4-1. Tableau regroupant le nombre d'atome (n), l'énergie du photon (hȞ) et l'augmentation de température (ǻT = hȞ / (3n-6)) associés lors de l'absorption d'un photon pour différents systèmes Pour augmenter la fragmentation sur un spectre il est possible d'augmenter la puissance afin de réaliser une excitation multiphotonique, comme en infra rouge (spectroscopie IRMPD) [7]. Mais ici, nous nous intéressons aux propriétés optiques linéaires (déjà difficilement modélisables) et ne pouvons donc pas utiliser cette approche. L'utilisation d'un messager faiblement lié à la molécule est une autre technique qui a été utilisée avec succès en infra rouge [8]. Les inconvénients sont ici la possible modification des propriétés de la molécule par le messager. De plus sur un très gros système, l'énergie d'un photon UV conduit à une élévation de la température ǻT plus faible que l'énergie thermique, cf. Tableau 4-1. Un messager trop faiblement lié ne tiendra pas à la molécule alors qu"un messager lié ne partira pas après absorption d'un seul photon. La méthode mise au point durant ma thèse consiste à travailler sur des peptides et des protéines chargés négativement et à obtenir un spectre d'action en mesurant le taux de détachement d'électron en fonction de la longueur d'onde. Le détachement d'électron est un phénomène plus rapide que la redistribution de l'énergie vibrationnelle et, comme montré dans le chapitre 3, c'est un processus monophotonique extrêmement efficace, même sur des très gros systèmes. Nous avons montré que ce détachement était un processus en deux étapes dont l'efficacité dépend principalement de l'absorption de l'ion précurseur (cf. chapitre 2). Nous admettons que la mesure du taux de détachement d'électron est proportionnelle à la mesure de l'absorption de la lumière par le peptide en phase gazeuse. 125 ¾ Spectres optiques et fragments pris en compte dans la formule du taux de photodétachement Nous allons donc mesurer en fonction de la longueur d'onde du laser pour différentes longueurs d'onde comprises entre 220 et 330 nm le taux de détachement d'électron. Le spectre d'action obtenu donnant le détachement d'électron obtenu pour chaque longueur d'onde sondée sera nommé spectre optique. La Figure 4-1 montre un spectre obtenu sur l'angiotensine après une excitation à 260 nm, (spectre identique à la Figure 3-2b). Relative Intensité Intensity relative b) [M-2H]2- [Asn1, Val5]-Angiotensin II 80 [M-2H]-Ɣ 40 -44 0 300 600 900 1200 m/z Figure 4-1. Spectre de masse obtenu après irradiation laser (Ȝ = 260 nm, 500 ms) du peptide [Asn1, Val5]-Angio (NRVYVHPF) Comme nous l'avons vu dans le chapitre précédent, le parent [M-2H]2- et l'espèce oxydée [M-2H]-ƒ ne sont pas les seules espèces visibles sur le spectre MS2 obtenu après irradiation laser, cf. Figure 4-1. D'autres fragments, en particulier les pertes de CO2 et de la chaîne latérale de la tyrosine peuvent être visibles. Le spectre d'action peut être obtenu par le taux de détachement d'électron seul : >ln> parent espèce oxydée parent @@ / O * Pl [4-1] soit par le taux de fragmentation totale observé : >ln> parent total fragments parent @@ / O * Pl avec Ȝ, la longueur d'onde et Pl la puissance laser. 126 [4-2] Chapitre 4 : Spectroscopie UV de peptides et protéines en phase gazeuse Nous avons tracé sur la Figure 4-2 ces deux taux pour le peptide [Asn1, Val5]-angio (NRVYVHPF) après une irradiation longue de 2000 ms. Une irradiation longue va augmenter la quantité des fragments (autre que l'espèce oxydée) présents sur le spectre, (cf. partie 3.2.1 du chapitre 3). Dans la suite de ce chapitre, l'irradiation laser sera de 500 ms soit dix coups laser sur tous les spectres optiques montrés sauf indication contraire. Taux de détachement (unité arb.) >ln> parent total fragments parent @@ / O * Pl >ln> parent espèce oxydée parent @@/ O * Pl 0.00000 220 240 260 280 300 320 340 O (nm) Figure 4-2. Taux de photodétachement en fonction de la longueur d'onde pour [Asn1, Val5]angio avec une irradiation laser de 2000 ms, les taux de fragmentation reportés sur le graphique correspondent à (ǻ) et à >ln> parent espèce oxydée parent @@ / O * Pl >ln> parent total fragments parent @@ / O * Pl ( ) Nous remarquons que les deux spectres optiques se superposent, en particulier sur la plage 235 – 310 nm. Le léger décalage observé dans la zone 220 – 235 nm peut être expliqué par une augmentation de la fragmentation dans cette zone avec l'ouverture potentielle de nouveaux canaux de dissociation. Cette zone est aussi celle où la puissance laser est faible et où les fluctuations de puissance sont les plus importantes. Nous pouvons conclure que tracer le taux de détachement d'électron ou le taux de fragmentation total n'entraînera pas de variation sur la position des bandes observées en spectroscopie UV. 127 ¾ Répétabilité Nous avons tracé le spectre optique du peptide [Asp1, Val5]-angio tous les 5 nm le 16 février 2007 et tous les 2.5 nm le 22 février 2007, cf. Figure 4-3. Ces deux spectres obtenus à une semaine d'intervalle montrent une très bonne répétabilité de la mesure. En effet, on remarque un parfait recouvrement entre les deux courbes entre 235 et 330 nm. De légères variations existent cependant dans la région entre 220 et 235 nm. Ces variations sont dues aux oscillations du faisceau laser aux faibles puissances et aux fluctuations du laser encore une Taux de photodétachement (unité arb.) Puissance sur le détecteur (~10 % de l'intensité du laser au centre du piège) (μW) fois. 450 le 16 février 2007 le 22 février 2007 400 350 300 250 200 150 100 50 0 220 240 260 280 300 320 340 O (nm) 16 fevrier 2007 22 février 2007 0.0000000 220 240 260 280 300 320 340 O (nm) Figure 4-3. Taux de photodétachement en fonction de la longueur d'onde pour [asp1, Val5]angio, spectres du 16 février (Ŷ) et du 22 février (ǻ) 2007. Insert : courbe de puissance du laser OPO en fonction de la longueur d'onde pour les deux jours : le 16 et le 22 février 2007 ¾ Variation du temps d'irradiation Nous avons aussi fait varier le temps d'irradiation du peptide [M-2H]2- de 500 à 2000 ms. Les spectres de la Figure 4-4 montrent les résultats obtenus avec les peptides [Asp1, Val5]angio. Sur cette figure, le taux de photodétachement pour un temps d'irradiation de 500 ms a été multiplié par 4. On remarque qu'aux faibles puissances lasers, le taux de photodétachement est proportionnel au temps d'irradiation pour toutes les longueurs d'onde. 128 Taux de photodétachement (unité arb.) Chapitre 4 : Spectroscopie UV de peptides et protéines en phase gazeuse taux de photodétachement avec 2000 ms d'irradiation (taux de photodétachement avec 500 ms d'irradiation) * 4 0.0000000 220 240 260 280 300 320 340 O(nm) Figure 4-4. Taux de photodétachement en fonction de la longueur d'onde pour [Asp1, Val5]angio à 2000 ms (Ŷ) et 500 ms (ǻ). Le taux de photodétachement pour le temps d'irradiation de 500 ms a été multiplié par 4 129 4.2 Peptide sans chromophore Un spectre optique a été enregistré sur un peptide ne contenant pas de chromophore : le peptide RRADDSDDDDD (peptide P2 dans le tableau 2-3 du chapitre 2), cf. Figure 4-5. Ce peptide qui ne contient aucun acide aminé aromatique, n'absorbe pas dans la région 260 - 310 nm. On peut en déduire que, de la même manière qu'en solution, cette zone ne contient aucune transition optique pour ce peptide. Par contre, on observe un détachement dans la région inférieure à 240 nm. Le détachement d'électron correspond ici à l'émergence des Taux de détachement (unité arb.) transitions nʌ* et ʌʌ* du squelette peptidique. 0.000 220 240 260 280 300 320 O (nm) Figure 4-5. Taux de photodétachement en fonction de la longueur d'onde en phase gazeuse pour l'état de charge 2- du peptide RRADDSDDDDD 130 Chapitre 4 : Spectroscopie UV de peptides et protéines en phase gazeuse 4.3 Peptides contenant une tyrosine Nous allons exposer dans cette partie les résultats obtenus avec des peptides contenant une tyrosine. Dans un premier temps, les résultats avec les deux variants de l'angiotensine [Asp1, Val5]-angio et [Asn1, Val5]-angio seront présentés. Ces peptides diffèrent par l'acide aminé N-terminal. Puis nous montrerons les résultats obtenus pour différents états de charge de l'insuline. 4.3.1 Angiotensine Dans le chapitre précédent, nous avons localisé les charges par extrapolation des pKa connus en solution à la phase gazeuse. Avec cette méthode, on en déduit que [Asp1, Val5]angio est déprotoné sur le groupement carboxylique en C-terminal et sur la chaîne latérale du résidu Asp1, cf. Figure 4-6. Le remplacement de l'acide aspartique Asp1 dans [Asp1, Val5]angio par l'asparagine Asn1 dans [Asn1, Val5]-angio induit un changement de la localisation de la charge dans [Asn1, Val5]-angio. La seconde déprotonation dans [Asn1, Val5]-angio est localisée sur la chaîne latérale de la Tyr4, plus exactement sur le groupement tyrosilate, Figure 4-6. a) [asp1, val5]-angio b) [asn1, val5]-angio Figure 4-6. Localisation des charges pour [Asp1, Val5]-angio (a) et [Asn1, Val5]-angio (b) ¾ Spectroscopie UV de 2 variants Nous avons enregistré les spectres optiques pour ces deux variants de l'angiotensine, cf. Figure 4-7. Nous obtenons des spectres optiques totalement différents pour ces deux peptides. Pour [Asp1, Val5]-angio, l'absorption se produit en dessous de 300 nm, avec une bande entre 260 et 300 nm due aux excitations ʌ de la tyrosine (chromophore). Pour [Asn1, Val5]-angio, une modification du spectre optique est observée avec une première bande entre 290 et 330 nm et une deuxième entre 250 et 280 nm. La bande entre 290 et 330 nm est attribuée au résidu 131 tyrosine ionisé. On observe donc un bathochromisme des deux bandes entre ces deux spectres Taux de photodétachement (unité arb.) dû à l'ionisation de la tyrosine dans le variant [Asn1, Val5]-angio [1]. [[asn1, val5]-angio]2[[asp1, val5]-angio]2- 0 225 250 275 300 325 O (nm) Figure 4-7. Taux de photodétachement en fonction de la longueur d'onde pour [Asp1, Val5]angio (Ƒ) et pour [Asn1, Val5]-angio ( ) Le bathochromisme dû à l'ionisation du groupement phénolate des tyrosines est connu depuis longtemps en solution [9]. Les premières valeurs de pKa des tyrosines ont été calculées avec cette méthode (pKa ~ 9.90) [9]. De plus, des déplacements de bande ont déjà été observés en solution pour différents solvants [10,11]. ¾ Comparaison avec l'absorbance en solution Nous avons donc enregistré des spectres d'absorption en solution de ces deux variants à pH 5.3 et pH 13, cf. Figure 4-8. Le but était de comparer les résultats obtenus en phase gazeuse avec ceux obtenus en solution. A pH 5.3, le groupe tyrosyl est neutre pour les deux variants, l'absorption en solution des deux variants est représentée en trait pointillé sur la Figure 4-8. A pH 13, le groupement tyrosyl est déprotoné pour les deux variants, l'absorption en solution des deux variants est représentée en trait plein sur la Figure 4-8. 132 Chapitre 4 : Spectroscopie UV de peptides et protéines en phase gazeuse Absorbance (unité arb.) 0.6 1 5 [asn , val ]-angio, pH = 13 1 5 [asn , val ]-angio, pH = 5.3 1 5 [asp , val ]-angio, pH = 5.3 1 5 [asp , val ]-angio, pH = 13 0.4 0.2 0.0 225 250 275 300 325 O (nm) Figure 4-8. Spectres d'absorption en solution des deux variants angiotensine ([Asn1, Val5]angio et [Asp1, Val5]-angio) à pH 5.3 et pH 13 Lorsque le groupement tyrosyl est neutre (pH 5.3), on observe une seule bande entre 260 et 290 nm. Lorsque le groupement tyrosyl est déprotoné (pH 13), on observe deux bandes, une entre 225 et 260 nm et l'autre entre 275 et 315 nm. Pour conclure, on observe un déplacement vers le rouge des spectres d'absorption en solution des deux variants lorsque l'on passe de pH 5.3 à pH 13, c'est-à-dire lorsque la tyrosine passe de l'état neutre à l'état déprotoné. Les résultats obtenus en solution sont en bon accord avec ceux obtenus en phase gazeuse. Ces résultats en solution confirment que le déplacement des bandes vers le rouge est dû à la déprotonation de la chaîne latérale de la tyrosine. Le léger décalage entre la phase gazeuse et la solution peut s'expliquer par l'influence de l'environnement de la tyrosine, en particulier, la présence de solvant en solution (solvatochromisme). ¾ Comparaison avec des calculs de TD DFT Pour permettre d'étayer nos résultats expérimentaux, Abdul-Rahman Allouche a fait des calculs de TD-DFT (time-dependent density-functional theory). Ces calculs ont été réalisés sur l'acide aminé tyrosine. Cette approche théorique n'a pas pu être accomplie sur le peptide entier puisque des calculs TD - DFT avec une grande base sur environ 150 atomes ne serait 133 pas réalisables dans notre laboratoire. Même si l'environnement peptidique n'est pas reproduit, nous espérons voir les principaux effets de la déprotonation. A. R. Allouche a dans un premier temps déterminé les propriétés structurales des formes neutre et déprotonée de l'acide aminé tyrosine en utilisant la DFT (density functional theory) avec la fonctionnelle hybride B3LYP et la base aug-cc-pvdz. Puis il a ensuite obtenu les spectres d'absorption par TD-DFT en utilisant aussi la fonctionnelle hybride B3LYP et la base aug-cc-pvdz. Les spectres obtenus sont montrés sur la Figure 4-9. Le nombre d'états inclus dans les calculs est de 30 pour la forme neutre et 40 pour la forme déprotonée de la tyrosine. b) 0.1 Force d’oscillateur 0.50 Oscillator stregnth (fe) Force d’oscillateur Oscillator stregnth (fe) a) 0.25 - 0.0 0.00 200 250 300 350 400 450 500 550 600 200 250 300 350 400 450 500 550 600 (nm) OO(nm) (nm) OO(nm) Figure 4-9. Calculs de TD-DFT des transitions optiques permises et des forces d'oscillateur associées pour la tyrosine neutre (a) et la tyrosine déprotonée (b). Ces calculs sont effectués avec la fonctionnelle hybride B3LYP et la base aug-cc-pvdz. L'élargissement des bandes est simulé par une fonction lorentzienne avec une largeur de 9 nm. Les principales différences entre les deux spectres UV expérimentaux des peptides sont reproduites par les calculs de TD-TFT sur les espèces isolées de la tyrosine et du tyrosinate. L'absence de photodétachement après 300 nm pour [Asp1, Val5]-angio, et les bandes entre 225 et 260 nm et entre 275 et 315 nm pour [Asn1, Val5]-angio, en particulier, sont bien reproduites. 134 Chapitre 4 : Spectroscopie UV de peptides et protéines en phase gazeuse a) b) Figure 4-10. Dessins des orbitales impliquées dans la transition à 327 nm du tyrosinate (excitation ʌ (a) ĺʌ* (b)) Pour le tyrosinate, la principale transition à 269 nm est due à une transition ʌʌ* provenant de la liaison carbonyle vers la chaîne latérale de la tyrosine. L'autre transition à 327 nm est due à une transition ʌʌ*, cf. Figure 4-10, provenant du cycle benzyl. Ce déplacement vers le rouge reflète la déstabilisation des orbitales due à la présence de la charge négative sur l’oxygène du groupe tyrosylate conduisant à la diminution de l’écart entre les HOMOs et LUMOs dans la tyrosine déprotonée comparé à la tyrosine neutre [12]. Les principaux effets visibles sur les spectres expérimentaux des peptides sont donc reproduits par les calculs de TD-DFT effectués sur les tyrosines neutre et déprotonée bien que l'environnement protéique ne soit pas reproduit. Cela montre que les effets visibles sur les peptides sont bien dus au changement d'ionisation de la tyrosine et non pas à un changement de la conformation du peptide. Les deux bandes observées entre 225 et 260 nm et entre 275 et 315 nm sont une signature optique de la déprotonation de l'acide aminé tyrosine. Depuis, L. H. Andersen et ses collaborateurs ont étudié à Aahrus les deux même variants de l'angiotensine en phase gazeuse. Les expériences réalisées avec l'anneau de stockage électrostatique ELISA (décrites dans la partie 3.1 du chapitre 3) ont permis de compléter les propriétés d'absorption dans l'UV de ces peptides [13]. 4.3.2 Une protéine : Insuline Dans cette partie, nous allons comparer la réponse optique de différents états de charge de l'insuline du pancreas bovin. 135 L'insuline est une protéine de poids moléculaire 5729.5 Da, composée de 51 acides aminés, avec une chaîne A (21 acides aminés) et une chaîne B (30 acides aminés) reliées par 2 ponts disulfures. Un troisième pont disulfure relie entre elles deux cystéines de la chaîne A. Elle contient quatre résidus acide glutamique (pKa ~ 4.1) et deux acides carboxyliques en position C-terminal (pKa ~ 2.0) donc six positions préférentielles pour la charge négative, cf. Figure 4-11. Cette protéine contient quatre tyrosines (pKa ~ 10.1), cf. Figure 4-11. NH2 glu val phe asn val ala Site de déprotonation pKa en solution COO- terminal 2.1 Chaîne latérale Glu (COO-) 4.1 gln leu arg glu gly cys val leu tyr leu O phe -O C asn cys NH2 gly ser gly cys glu gln cys cys leu ser leu ile val tyr phe his his gly ala asn glu tyr thr pro lys thr C Chaîne latérale Tyr (COO-) ser leu gln tyr cys val 10.1 O O- Figure 4-11. Séquence de l'insuline Le spectre de masse de cette protéine en mode négatif est montré sur la Figure 4-12. Les états 3, 4, 5, 6 et 7 fois chargés négativement sont visibles sur ce spectre. [M-4H]4- Intensité relative 100 [M-5H]580 60 [M-6H]640 [M-3H]3- 20 [M-7H]70 750 1000 1250 1500 1750 2000 m/z Figure 4-12. Spectre de masse de l'insuline en mode négatif (full MS) dans des conditions dénaturantes 136 Chapitre 4 : Spectroscopie UV de peptides et protéines en phase gazeuse ¾ Spectroscopie UV de 2 états de charge Nous avons enregistré les spectres optiques pour les états de charge 4- ([M-4H]4-) et 6([M-6H]6-), cf. Figure 4-13. Comme pour les deux variants de l'angiotensine, nous obtenons deux spectres différents. Pour l'espèce [M-4H]4-, on observe une seule bande entre 260 et 300 nm et pas d'absorption pour la région supérieure à 300 nm. Cette unique bande indique que les Taux de photodetachement (unité arb.) tyrosines de l'espèce [M-4H]4- sont toutes sous forme neutre. >0+@ >0+@ 0 250 275 300 325 O (nm) Figure 4-13. Taux de photodétachement en fonction de la longueur d'onde en phase gazeuse pour les états de charge 4 et 6 de l'insuline : [M-4H]4- (Ƒ) et [M-6H]6-(Ÿ) Pour l'espèce [M-6H]6-, on observe deux bandes, l'une centrée à 265 nm et l'autre entre 300 et 330 nm. Ces deux bandes révèlent l'ionisation d'au moins une tyrosine sur l'espèce [M6H]6-. Une tyrosine se déprotonne donc avant un acide carboxylique. La structure pdb 3D de l'insuline (Figure 4-14) montre qu'une tyrosine (Tyr16 de la chaîne B, en jaune sur la Figure 4-14) est à proximité des résidus acides Glu13 et Glu21 de la chaîne B. On peut penser que la déprotonation des résidus Glu13 et Glu21 est en compétition avec celle de Tyr16. On remarque cependant que sur les spectres optiques de l'insuline [M-6H]6- et du variant de l'angiotensine [[Asn1, Val5]-angio]2-, les intensités des deux bandes observées aux me^me positions sont différentes. L'insuline chargée six fois négativement contient une tyrosine déprotonée mais aussi trois tyrosines neutres tandis que [Asn1, Val5]-angio chargé deux fois négativement ne contient qu'une seule tyrosine qui est déprotonée [1]. De plus, 137 l'environnement protéique proche de la tyrosine déprotonée peut aussi modifier la position et l'intensité des transitions optiques dans la partie rouge du spectre. Figure 4-14. Structure pdb de l'insuline, en jaune Tyr16, les acides Glu13 et Glu21 sont entourés en rouge ¾ Spectroscopie à 305 nm Sur le spectre obtenu précédemment contenant seulement des tyrosines neutres, il n'y avait pas d'absorption dans la région supérieure à 300 nm. Par contre, dès que la protéine contient une tyrosine déprotonée, l'absorption était visible dans cette région. La Figure 4-15 montre l'évolution du taux de détachement d'électron selon l'état de charge de l'insuline à 305 nm. Le taux de photodétachement est proche de zéro pour les états de charges 4- et 5-. Pour ces deux espèces, la déprotonation se produit seulement sur les groupements carboxyliques des chaînes latérales des résidus acides et sur ceux en C-terminal. Pour les états de charges 6-, 7- et 8-, un détachement est observé à 305 nm et ce taux augmente lorsque l'état de charge augmente. Cette augmentation du taux de photodétachement à 305 nm peut être interprétée comme la conséquence de l'ionisation d'un nombre croissant de résidus tyrosine. 138 Taux de photodétachement (unité arb.) Chapitre 4 : Spectroscopie UV de peptides et protéines en phase gazeuse 3.00 2.25 1.50 0.75 0.00 4 5 6 7 8 nEtat de charge >0n+@ Figure 4-15. Taux de photodétachement mesuré à 305 nm en fonction de l'état de charge n de l'insuline [M-nH]n- Grâce au détachement d'électron, on peut donc effectuer de la spectroscopie optique sur des peptides et des protéines et cela quellle que soit leur taille. C'est le premier exemple de spectre optique UV mesuré pour une protéine en phase gazeuse. Pour finir, notons qu'un spectre optique similaire à celui de [Asp1, Val5]-angio a été obtenu pour le peptide P7 (DYKDDDDK) qui contient aussi une tyrosine sous forme neutre. 139 4.4 Peptides contenant un tryptophane Le tryptophane est l'acide aminé qui absorbe le plus en solution [14]. Le tryptophane est un acide aminé dont le cycle indolique est difficilement déprotonable en solution (pKa ~ 21 dans le DMSO [15]). Nous avons cependant réussi à déprotonner l'azote du cycle indolique en étudiant l'espèce doublement déprotonée du peptide WVVVV. Dans un premier temps, nous allons regarder l'influence de la déprotonation du tryptophane sur la position des bandes observées dans un spectre optique. Pour cela, nous comparerons les résultats obtenus pour deux peptides WVVVV et VVVVW. 4.4.1 WVVVV et VVVVW Les peptides WVVVV et VVVVW semblent difficilement doublement déprotonables, pourtant les espèces [WVVVV]2- et [VVVVW]2- ont été observées par spectrométrie de masse. Les spectres de masse obtenus après une irradiation laser à 262 nm des espèces [WVVVV]2- et [VVVVW]2- sont montrés respectivement sur la Figure 4-16a et b. a) WVVVV [M-2H] -ƒ 100 100 [M-2H]2Intensité relative Intenisité relative b) VVVVW 80 60 40 -44 20 [M-2H]2- 80 60 [M-2H] -ƒ 40 -44 20 -129 0 0 100 200 300 400 500 600 100 200 300 400 500 600 m/z m/z Figure 4-16. Spectre de masse MS2 après irradiation laser à 262 nm pendant 500 ms des peptides [WVVVV]2- (a) et [VVVVW]2- (b) Dans les deux spectres de la Figure 4-16, le principal fragment observé correspond à l'espèce [M-2H]-ƒ. Cette espèce est générée par détachement d'électron à partir de l'ion précurseur [M-2H]2-. Des pertes de neutre sont aussi observées, pertes de CO2 (-44) et de la chaîne latérale du tryptophane (-129) pour [WVVVV]2- et perte de CO2 (-44) pour [VVVVW]2-. 140 Chapitre 4 : Spectroscopie UV de peptides et protéines en phase gazeuse Nous allons maintenant déterminer les sites de déprotonation de ces espèces. Le premier site de déprotonation de ces deux espèces est sans ambiguïté le groupement carboxylique du C-terminal (pKa ~ 2.3). Le deuxième site de déprotonation est plus difficile à déterminer puisqu'il n'y a pas d'autres résidus acides. En effet, la seconde déprotonation peut avoir lieu soit sur les amides du squelette peptidique (pKa ~ 26 dans le DMSO pour CH3-CO-NH-CH3 [16]) soit sur l'azote du cycle indolique(pKa ~ 21 dans le DMSO [15]). La déprotonation d'un amide du squelette peptidique est possible puisque l'espèce VVVVV a aussi été observée chargée deux fois négativement (spectre non montré). Pour le peptide VVVVW, la deuxième déprotonation semble être plus probable sur le squelette peptidique que sur la chaîne latérale du tryptophane qui est proche de la charge en C-terminal. Par opposition, pour le peptide WVVVV, la deuxième déprotonation peut être envisagée sur l'azote du cycle indolique. La perte de la chaîne latérale du tryptophane déprotonée (-129), qui est observée sur le spectre MS2 de [WVVVV]2- et pas sur celui de [VVVVW]2- étaye cette hypothèse. Pour trancher entre ces deux hypothèses pour chacun des peptides, nous avons enregistré le spectre du taux de détachement de [M-2H]2- en fonction de la longueur d'onde du laser entre 220 et 330 nm. ¾ Signature de l'état de charge du tryptophane Nous avons tracé le spectre du taux de détachement de [WVVVV]2- et [VVVVW]2- en fonction de la longueur d'onde du laser entre 220 et 330 nm avec un temps d'irradiation de 500 ms. 141 Taux de photodétachement (unité arb.) WVVVV VVVVW 0 200 225 250 275 300 325 350 O (nm) Figure 4-17. Taux de photodétachement en fonction de la longueur d'onde en phase gazeuse pour les peptides WVVVV ( ) et VVVVW (Ŷ) Les spectres obtenus pour les deux peptides sont différents. Sur le spectre de WVVVV on observe deux bandes, l'une centrée à 240 nm et l'autre entre 275 et 325 nm. Pour le peptide VVVVW, une bande entre 260 et 310 nm est observée ainsi qu'une remontée pour les longueurs d'onde inférieures à 240 nm. Nous allons maintenant comparer ces spectres avec les calculs théoriques pour connaître l'état d'ionisation du tryptophane dans les deux peptides. ¾ Comparaison avec des calculs de TD DFT Abdul-Rahman Allouche a fait des calculs de TD DFT sur le tryptophane neutre et sur le tryptophane déprotoné. Comme précédemment, il a dans un premier temps déterminé les propriétés structurales des formes neutre et déprotonée de l'acide aminé tryptophane en utilisant la DFT avec la fonctionnelle hybride B3LYP et la base aug-cc-pvdz. Puis il a ensuite obtenu les spectres d'absorption par TD-DFT en utilisant aussi la fonctionnelle hybride B3LYP et la base aug-cc-pvdz. Le nombre d'états inclus dans les calculs est de 40 pour les deux formes. Les spectres théoriques obtenus sont montrés sur la Figure 4-18. 142 Force d'oscillateur (unité arb.) Chapitre 4 : Spectroscopie UV de peptides et protéines en phase gazeuse 0.5 a) [Trp] 0.4 0.3 0.2 0.1 b) [Trp-H] 0.0 0.08 - 0.06 - 0.04 0.02 0.00 225 250 275 300 325 350 O(nm) Figure 4-18. Calculs de TD-DFT des transitions optiques permises et les forces d'oscillateur associées pour le tryptophane neutre (a) et le tryptophane déprotoné (b). Ces calculs sont effectués avec la fonctionnelle hybride B3LYP et la base aug-cc-pvdz. L'élargissement des bandes est simulé par une fonction lorentzienne avec une largeur de 9 nm Les spectres théoriques obtenus pour le tryptophane neutre et le tryptophane déprotoné sont aussi très différents. Sur le spectre du [Trp], une seule bande centrée à 280 nm est observée tandis que sur le spectre du [Trp-H]-, deux bandes sont observées, l'une centrée à 260 nm et l'autre entre 310 et 350 nm. La redescente de la courbe sur la gauche du spectre (b) est seulement due à un manque d'état initial dans le calcul et n'a pas de sens physique. La comparaison des spectres théoriques de la Figure 4-18 et des spectres expérimentaux de la Figure 4-17 montre que le cycle indolique du tryptophane est déprotoné dans [WVVVV]2-, et qu'il est neutre dans [VVVVW]2-. La deuxième charge négative dans le peptide [VVVVW]2est sûrement localisée sur un azote d'une amide du squelette peptidique. Un mélange de plusieurs localisations de la charge dans les deux peptides étudiés n'est cependant pas à exclure. Nous avons réalisé des spectres sur d'autres peptides. Un spectre similaire à celui de [VVVVW]2- a été obtenu avec la pentagastrine, peptide P11 (Boc-ȕ-AWMDF-NH2). Les spectres de la gramicidine 2- et 3- montrés dans le chapitre 2 (2.2.3) sont aussi semblables à 143 celui de [VVVVW]2- [17]. Le (ou les) tryptophane(s) ne semblent donc pas déprotonés sur ces peptides. 4.4.2 Tryptophane radicalaire Dans cette partie, nous allons montrer les résultats obtenus avec le tryptophane radicalaire. Tout d'abord, nous expliquerons comment nous avons formé cette espèce. Ensuite, nous regarderons le temps de vie de l'espèce radicalaire. Puis, nous nous intéresserons à la spectroscopie visible de ce radical. Et, pour finir, nous comparerons nos résultats avec des calculs théoriques et des expériences réalisées en solution. ¾ Formation du radical L'irradiation laser de l'espèce isolée [WVVVV]2- avec un laser à 266 nm (laser pompe) entraîne la formation d'une espèce avec un indole radicalaire, cf. Figure 4-19a par détachement d'un électron. Lorsque l'on irradie cette espèce [M-2H]-ƒ avec un deuxième laser (laser sonde) à Ȝ = 490 nm (le tryptophane absorbant en solution dans le visible), on obtient le spectre de masse de la Figure 4-19b, selon le schéma suivant : O = 266 nm [M-2H]2- 't = 616 ns [M-2H] -ƒ 144 O = 490 nm [M-129]- Chapitre 4 : Spectroscopie UV de peptides et protéines en phase gazeuse a) MS2, 266 nm ( Intensité 1.0 ) 2- [M-2H] 0.5 . - [M-2H] 0.0 200 300 400 b) MS2, 266 nm + 490 nm 500 600 ( + ) x4 Intensité 1.0 2- [M-2H] . - [M-2H] 0.5 -129 Da 0.0 200 300 400 500 600 m/z Figure 4-19. Spectre MS2 de [WVVVV]2-, obtenu après irradiation laser à 266 nm (a) et après irradiation laser à 266 + 490 nm avec ǻt = 616 ns (b), temps d'irradiation un coup laser (50 ms) Sur les spectres de la Figure 4-19, l'irradiation correspond à deux impulsions pompe et sonde synchronisées (1 coup à 266 nm + 1 coup à 490 nm). On observe la formation du photodétaché ([M-2H]-ƒ) et de la perte successive de 129 Da (chaîne latérale du tryptophane). Cette perte de 129 est beaucoup plus faible lorsque [WVVVV]2-est irradié par le laser pompe seul (Figure 4-19a) que lorsque [WVVVV]2-est irradié par le laser pompe et le laser sonde (266 + 490 nm), cf. Figure 4-19b. Cette perte de 129 Da est donc une sonde de l'absorption du photon à 490 nm par la molécule, comme montré sur la Figure 4-20. 145 - N N a) hQ = 260 nm, MS2 NH ... + NH O = 266 nm ... ... OC e- ... OC N ... OC b) CH NH hQ = 490 nm, MS3 NH ... ... O = 490 nm N ... + H2C 129 Da OC Figure 4-20. Mécanisme du détachement d'électron lors de l'irradiation laser à 266 nm (a) et mécanisme de fragmentation conduisant à la perte de la perte de 129 après une irradiation laser à 490 nm de l'espèce radicalaire produite en (a) (b) ¾ Temps de formation et durée de vie du radical Nous allons maintenant nous intéresser au temps de formation et à la durée de vie du radical. Pour cela, nous allons mesurer le taux de la perte de 129 Da en fonction du délai entre le laser pompe et le laser sonde. Nous allons mesurer I[M-129]-/(I[M-129]- + I[M-2H]2- + I[M-2H]-ƒ), c'est-à-dire l'intensité de la perte de 129 Da sur l'intensité totale du spectre. Le résultat est montré sur la Figure 4-21. L'erreur sur l'axe des abscisses est estimée à ± 20 ns, cette erreur correspond à la fluctuation temporelle (jitter) de la synchronisation entre les deux lasers. L'erreur sur l'axe des ordonnées correspond à deux fois l'écart type mesuré sur les intensités. Le mode opératoire mis en œuvre pour faire cette expérience fait l'objet de la partie pompe sonde du chapitre expérimental (partie 1.2.3 dans le chapitre 1). 146 Perte de 129 normalisée (unité arb.) Chapitre 4 : Spectroscopie UV de peptides et protéines en phase gazeuse 1.6 1.4 1.2 1.0 0.8 0.6 0.4 -500 0 500 1000 20000 40000 't (ns) Figure 4-21. Perte de 129 Da (I[M-129]-/(I[M-129]- + I[M-2H]2- + I[M-2H]-ƒ)) mesurée après irradiation laser à 266 nm (laser pompe) + 490 nm (laser sonde). La droite en pointillé correspond à la perte de 129 Da observée avec le laser pompe seulement (266 nm) Sur la Figure 4-21, la droite en pointillé correspond au taux de perte de 129 Da observée en irradiant la molécule avec le laser pompe seulement (266 nm). Pour les délais négatifs, quand le laser sonde (490nm) est injecté avant le laser pompe (266 nm), aucun effet de ce laser n'est observé. Ce laser n'est pas absorbé par l'ion précurseur (ion non radicalaire). Pour les délais positifs, une augmentation de la perte de 129 Da est observée. Cela est dû à l'absorption de la lumière visible du laser sonde par l'espèce radicalaire produite par le laser pompe (266 nm). La dynamique observée sur cette figure montre que la perte d'un électron conduisant à la formation du radical est rapide. Elle est inférieure à 50 ns qui est la limite de résolution temporelle de notre expérience [2]. On remarque aussi que le radical photogénéré est stable pendant une longue période : au moins 40 µs. En fait ce radical peut être isolé pendant plusieurs dizaines de millisecondes, des spectres MS3 en réisolant ce radical peuvent donc être effectués. Le spectre obtenu dans la partie suivante a été effectué en réisolant le radical avant l'excitation par le laser visible (deuxième laser). 147 ¾ Signature de l'état radicalaire du tryptophane, spectroscopie visible du radical Dans cette seconde série d'expériences, comme précédemment, l'irradiation laser de l'espèce isolée [WVVVV]2- avec un laser à 266 nm (laser pompe) entraîne la formation d'une espèce comportant le cycle indolique radicalaire. Puis, ce radical à long temps de vie est réisolé et après isolation, irradié avec le laser OPO accordable en longueur d'onde entre 430 et 590 nm (expérience MS3), comme montré sur la Figure 4-22 et dans le schéma suivant : ESI isolation [ M – 2H ]2- hȞ hȞ = 260 nm Intensité relative MS2 1.0 isolation [ M – 2H ]1-. + e - [ M – 2H ]1-. hȞ [M-129]- hȞ = 430-590 nm MS3 a MS2, 266 nm (1. ) 2- [M-2H] 0.5 -. [M-2H] 0.0 200 Intensité relative 1.0 400 b MS3, 490 nm 600 -. [M-2H] (1. ,2. ) 0.5 -129 Da 0.0 200 400 600 m/z Figure 4-22. Spectre MS2 de [WVVVV]2-, obtenu après irradiation laser à 266 nm pendant 5 coups laser 250 ms (a) et spectre MS3 obtenu après isolation de l'espèce [WVVVV]-ƒ (crée par le laser à 266 nm) et irradiation laser à une longueur d'onde comprise entre 430 et 590 nm pendant 3 coups laser soit 150 ms (b) 148 Chapitre 4 : Spectroscopie UV de peptides et protéines en phase gazeuse Le spectre de fragmentation de ce radical [WVVVV]-ƒ a été enregistré en fonction de la longueur d'onde du second laser, c'est à dire entre 430 et 590 nm. Le spectre de photofragmentation de ce radical est montré sur la Figure 4-23. Sur ce spectre, une seule bande d'absorption est visible avec un maximum à 473 nm et une largeur à mi hauteur de 82 Taux de photodétachement (unité arb.) nm. 425 450 475 500 525 550 575 600 O (nm) Figure 4-23. Taux de photodétachement du pentapeptide radicalaire [WVVVV-2H]-ƒ entre 430 et 590 nm ¾ Comparaison avec des calculs de TD-DFT et la solution Nous avons comparé le spectre expérimental obtenu (Figure 4-23) avec le spectre d'absorption calculé pour le radical indolyl neutre (Figure 4-25). Le spectre calculé révèle une transition à 474.4 nm. Le calcul théorique est donc en bon accord avec le spectre expérimental de photodissociation (bande avec un maximum à 473 nm). 149 a) b) Figure 4-24. Dessins des orbitales impliquées dans la transition visible du radical indolyl neutre (excitation ʌ-3 (a)ĺʌ0 (b)) Cette bande correspond à la transition d'une orbitale ʌ interne vers l'orbitale ʌ HOMO occupée par un électron célibataire [18], cf. Figure 4-24. Le bon accord entre le spectre de photofragmentation expérimental et le spectre d'absorption calculé indique que le reste du Force d'oscillateur (unité arb.) peptide a une faible influence sur les propriétés optiques du radical. 0.04 0.02 0.00 400 425 450 475 500 525 550 575 600 O (nm) Figure 4-25. Calculs de TD-DFT des transitions optiques permises et les forces d'oscillateur associées pour l'indole radicalaire. Ces calculs sont effectués avec la fonctionnelle hybride B3LYP et la base aug-cc-pvdz. L'élargissement des bandes est simulé par une fonction Lorentzian avec une largeur de 9 nm Le spectre optique du tryptophane radicalaire en phase gazeuse est déplacé de 25 nm vers le bleu en comparaison du spectre obtenu pour le tryptophane radicalaire et le radical indolyl 150 Chapitre 4 : Spectroscopie UV de peptides et protéines en phase gazeuse en solution dans l'eau [19,20]. Pour le tryptophane, les spectres du radical concernant les formes protonées ou déprotonées en solution sont obtenus avec des expériences de radiolyse [19-21]. Ces spectres sont généralement utilisés comme spectre de référence pour caractériser les tryptophanes radicalaires dans les protéines [22,23]. De tels écarts entre la solution et la phase gazeuse peuvent s'expliquer par le changement relatif de la densité de charge négative sur l'azote radicalaire lors de l'hydratation comme observé pour les phénols et les molécules octopolaires [24,25]. De plus, le spectre d'absorption du tryptophane radicalaire photogénéré dans un environnement structurellement défini par une protéine présente un motif avec une double bande avec des maximums à 512 et 536 nm [26] tandis qu'une seule bande est observée ici. Cela confirme la grande sensibilité des transitions du tryptophane radicalaire à son environnement local. Dans les premières parties de ce chapitre, nous avons utilisé le taux de détachement d'électron pour tracer des spectres d'actions. Les spectres électroniques des peptides et des protéines donnent accès aux structures électroniques des chromophores. Avec cette méthode, nous avons obtenu une signature de l'état d'ionisation des chromophores (neutre, radicalaire ou déprotoné). Dans la partie suivante, nous allons étudier la sensibilité de ces spectres vis-à-vis du changement de conformation d'une protéine en sondant la réponse optique d'un chromophore naturel présent dans la protéine. 151 4.5 Changement de la conformation Dans cette partie, nous allons nous intéresser à l'ubiquitine équine, une molécule de 8565 Da comportant 76 acides aminés. Nous avons choisi d'étudier cette protéine car elle ne contient qu'un seul acide aminé chromophore : une tyrosine en position 59. La structure de cette protéine est partiellement en hélice Į (des acides aminés de 23 à 34, de 38 à 40 et de 57 à 59) et en feuillet ȕ (des acides aminés de 2 à 6, de 12 à 16, de 42 à 45 et de 66 à 70) [27] dans son état natif. a) b) MQIFVKTLTG KTITLEVEPS DTIENVKAKI QDKEGIPPDQ QRLIFAGKQL EDGRTLSDYN IQKESTLHLV LRLRGG Figure 4-26. Structure tridimensionnelle de l'ubiquitine, la flèche indique la position de la tyrosine (a) et séquence de l'ubiquitine, les acides aminés comportant un groupement carboxylique sont soulignés (b) La structure native de cette protéine est stable même dans des conditions de pH extrême ou lors d'ajout de solvant organique comme le méthanol [28]. Pour déplier cette protéine, il faut combiner les effets du méthanol et d'un pH acide. Par exemple, les spectres de dichroïsme circulaire obtenus par Katta et Chait montrent que l'ubiquitine est sous forme native pour les conditions suivantes : H2O (pH 2.3, ajout HCl), H2O (pH 4.8, ajout HCl), H2O/MeOH 1/1 (pH 4.8, ajout HCl) mais qu'elle est sous forme dénaturée avec H2O/MeOH 1/1 (pH 2.3, ajout HCl) [28]. Ces résultats sont confirmés par des expériences d'échange hydrogène / deutérium [28]. 152 Chapitre 4 : Spectroscopie UV de peptides et protéines en phase gazeuse Un autre état bien connu de cette protéine est "l'état A" correspondant à un dépliement partiel de la protéine. Cet état est riche en structures secondaires en particulier en hélice Į (acides aminés de 23 à 34 et de 39 à 72) mais aussi en feuillet ȕ (acides aminés de1 à 7 et de 10 à 17), cf. Figure 4-27. Cet état est obtenu en solution dans un mélange H2O/MeOH 40/60 (pH 2, ajout d'acide acétique) [29-31]. Figure 4-27. Structure tridimensionnelle de "l'état A" de l'ubiquitine [29] Des spectres de dichroïsme circulaire réalisés à pH 2.0 par Jourdan et Searle confirment qu'à partir de 40 % de méthanol dans la solution, l'ubiquitine passe de l'état natif à "l'état A". En effet, à partir de cette limite, la quantité d'hélice Į ne fait qu'augmenter lors de l'augmentation de la concentration de méthanol (jusqu'à 100 %) [30]. ¾ Spectrométrie de masse En spectrométrie de masse, en mode positif, lorsqu'une protéine est "repliée", peu d'états de charge sont visibles sur le spectre de masse, de plus ces états de charge sont faibles. Par contre, lorsqu'une protéine est "dépliée" beaucoup d'états de charge sont visibles sur le spectre de masse (plus de sites protonables sont accessibles) et ces états de charge sont généralement élevés [28,32,33]. 153 Par exemple, Babu et ses collaborateurs ont montré que dans une solution aqueuse à pH 2.0 (acide acétique), les états de charge prédominants pour l'ubiquitine sont [M+5H]5+ et [M+6H]6+ avec H2O = 100 %, et sont [M+7H]7+ à [M+11H]11+ pour H2O/MeOH 40/60 [34]. Konermann et Douglas ont quant à eux décrit leurs résultats obtenus avec une solution (H2O/MeOH 40/60), à partir de laquelle, ils ont fait varier les conditions de pH par addition de NH4OH (pH 11.7), HCl (pH 2.0) et CH3COONH4 (pH 7.2) [35]. Les spectres de dichroïsme circulaire obtenus montrent que la solution à pH 7.2 est sous forme native, celle à pH 2.0 est sous forme "dépliée" hélice Į ("état A") et celle à pH 11.7 est sous une forme intermédiaire des deux précédentes. Les spectres de masse en mode positif sont : - pour la solution à pH 7.2 : peu d'états de charge avec un maximum d'intensité pour le [M+6H]6+, - pour la solution à pH 11.7 : beaucoup d'états de charge avec un maximum d'intensité pour le [M+8H]8+ et - pour la solution à pH 2.0 : beaucoup d'états de charge avec un maximum d'intensité pour le [M+11H]11+. Cependant les spectres qui sont obtenus à ces trois pH différents en mode négatif sont similaires : un seul état de charge : [M-5H]5-. ¾ Préparation des solutions Nous avons préparé deux solutions différentes d'ubiquitine afin d'obtenir dans une solution l'ubiquitine "repliée" (ou native) et dans l'autre solution l'ubiquitine "dépliée" (ou dénaturée ou dans "l'état A"). Dans ces deux solutions, l'ubiquitine est dissoute dans un mélange 60/40 méthanol/eau. Dans la solution contenant l'ubiquitine dite "repliée", la phase aqueuse est composée de tampon acétate d'ammonium 10 mM à pH 6.5. Dans la solution contenant l'ubiquitine dite "dépliée", la phase aqueuse est composée d'acide chlorhydrique 6 mM portant le pH de cette phase à 2.5. Dans un premier temps, nous avons vérifié par dichroïsme circulaire que nous obtenions pour l'ubiquitine contenue dans les deux solutions, des proportions différentes d'hélice Į. Les spectres de dichroïsme circulaire obtenus à 20 °C pour l'ubiquitine à une concentration de 10 µM sont présentés sur la Figure 4-28. 154 8 Ubiquitine "dépliée" Ubiquitine "repliée" 6 4 -3 2 -1 Ellipticité molaire (*10 deg.cm .dmol ) Chapitre 4 : Spectroscopie UV de peptides et protéines en phase gazeuse 2 0 -2 -4 190 200 210 220 230 240 250 O (nm) Figure 4-28. Spectre de dichroïsme circulaire de l'ubiquitine "dépliée" (trait noir, mélange 60 / 40 eau / méthanol, pH 2.5) et de l'ubiquitine "repliée" (trait rouge, mélange 60 / 40 eau / méthanol, pH 6.5) Les spectres de dichroïsme circulaire obtenus sont en bon accord avec la littérature [35] : nous observons que notre solution d'ubiquitine à pH 2.5 a une quantité beaucoup plus importante d'hélice Į que celle à pH 6.5. L'ubiquitine dans la solution à pH 2.5 semble donc bien dans "l'état A" et celle dans la solution à pH 6.5 dans l'état natif. Nous avons aussi réalisé les spectres de masse de l'ubiquitine en mode positif et en mode négatif pour les deux solutions, cf. Figure 4-29. En mode positif, pour la solution à pH 6.5, peu d'états de charge sont visibles sur le spectre et le pic [M+6H]6+ est le plus intense (c). Pour la solution à pH 2.0, beaucoup d'états de charge sont visibles et le pic [M+11H]11+ est le plus intense (d). Ces spectres de masse correspondent bien aux spectres de masse attendus pour une protéine native et "dépliée". En mode négatif, le pic de l'état de charge [M-5H]5- est le plus intense, on observe cependant un autre pic [M-6H]6-(a,b). Nos spectres de masse sont là aussi en bon accord avec la littérature [30,35]. Nous n'avons pas d'explication claire pour la différence observée entre les modes positifs et négatifs. Une explication possible est la plus forte mobilité des porteurs de charge (proton) dans le cas du mode positif que du mode négatif. Il se peut aussi que les conformations obtenues en mode positif et négatif soient différentes ou bien qu'une réorganisation conformationelle ait lieu en mode négatif de la forme "dépliée" vers la forme "repliée". 155 100 5- [M-5H] a) 5- [M-5H] b) 80 intensité relative 60 40 6- [M-6H] 6- [M-6H] 20 0 100 c) d) 6+ [M+6H] 11+ [M+11H] 80 5+ [M+5H] 60 6+ 40 [M+6H] 20 0 500 750 1000 1250 1500 1750 2000 500 m/z 750 1000 1250 1500 1750 2000 m/z Figure 4-29. Spectres de masse de l'ubiquitine "repliée" (pH 6.5) en mode négatif (a), "dépliée" (pH 2.5) en mode négatif (b), "repliée" (pH 6.5) en mode positif (c) et "dépliée" (pH 2.5) en mode positif (d) ¾ Spectroscopie UV Les spectres optiques de l'ubiquitine enregistrés à partir des deux solution ont été tracés. Pour cela, les états de charge [M-6H]6- ont été isolés et irradiés pendant 500 ms par le laser UV entre 220 et 320 nm. Le photodétaché correspond donc au pic [M-6H]5-ƒ. Les spectres optiques obtenus sont montrés sur la Figure 4-30. 156 Taux de photodétachement (Unité arb.) Chapitre 4 : Spectroscopie UV de peptides et protéines en phase gazeuse Ubiquitine "repliée" Ubiquitine "dépliée" 0.00 220 240 260 280 300 320 O (nm) Figure 4-30. Spectres optiques de l'ubiquitine "repliée", pH 6.5 ( ) et "dépliée", pH 2.5 (Ƒ) On remarque que les deux spectres optiques correspondent à ceux de protéines ayant une tyrosine neutre (cf. partie 4.3). Le décalage attendu pour un changement de conformation est beaucoup moins important que pour un changement d'état d'ionisation. Les spectres obtenus sont en effet très similaires. Néanmoins, des différences semblent avoir lieu dans deux régions, celle entre 215 et 230 nm et celle entre 250 et 305 nm. Nous avons refait des spectres pour ces deux régions particulières, Figure 4-31, en effectuant successivement à chaque longueur d'onde les mesures pour les deux solutions. Ceci permet de s'affranchir au maximum b) 0.0000 Taux de photodétachement (Unité arb.) a) Taux de photodétachement (Unité arb.) des fluctuations du laser. 0.000 216 218 220 222 224 226 228 250 260 270 280 290 300 310 O (nm) O (nm) Figure 4-31. Spectres optiques de l'ubiquitine "repliée", pH 6.5 ( ) et "dépliée", pH 2.5 (Ƒ) entre 215 et 230 nm (a) et entre 250 et 305 nm (b) 157 Sur la Figure 4-31, les spectres optiques de l'ubiquitine "repliée" et "dépliée" sont superposables pour les deux régions, aucun déplacement de bande n'est observé entre les deux conformations de l'ubiquitine. Plusieurs pistes peuvent expliquer cette absence de déplacement de bande. La première explication est que les déplacements de bande des spectres optiques pour les changements de conformations sont inférieurs à la résolution expérimentale (< 10 nm). Toutefois, des calculs de type ONIOM (Our owN n-layered Integrated molecular Orbital + molecular mechanics Method) ont été effectués par A.R. Allouche sur la structure native de l'ubiquitine (Figure 4-32a) et aussi sur une structure "dépliée" (Figure 4-32b). Cette structure dépliée a été obtenue par dynamique moléculaire avec le champ de force Amber 99. La méthode ONIOM consiste à calculer le spectre optique du chromophore par une méthode de TD DFT dans un environnement protéique dont la conformation et la distribution de charge sont obtenues avec le champ de force Amber 99. Les résultats obtenus montrent que des changements de spectres seront difficilement détectables avec la résolution de nos expériences. Notons cependant que ce type de calcul n'a pas été réalisé sur "l'état A" de l'ubiquitine puisque la structure tridimensionnelle de cet état n'est pas dans PDB (protein data bank). intensité a) 244 nm O (nm) intensité b) 248 nm O (nm) Figure 4-32. Calculs ONIOM des transitions optiques permises pour la conformation de l'ubiquitine native (a) et pour une conformation "dépliée" de l'ubiquitine (b) 158 Chapitre 4 : Spectroscopie UV de peptides et protéines en phase gazeuse Une autre explication serait que la tyrosine soit dans un environnement semblable dans les deux conformations et notamment à l'extérieur du squelette peptidique (cf. structures de l'état natif et de "l'état A"). La tyrosine serait donc peu sensible aux changements de conformations. En effet, un réarrangement peut, peut être, avoir lieu pendant le passage de la protéine en phase gazeuse en mode négatif. Effectivement, en mode négatif, les mêmes états de charges sont observés pour des solutions à différents pH. Conclusion et perspectives Dans ce chapitre, nous avons utilisé le taux de détachement d'électron pour sonder les propriétés électroniques de peptides et de protéines en phase gazeuse. Nous avons montré que la réponse optique des peptides est modifiée par l'état de charge du chromophore (neutre, déprotoné ou radicalaire). Par contre, nous n'avons pas réussi à sonder l'effet du changement de conformation d'une protéine en sondant sa réponse optique. Cependant, différents projets sont en cours de réalisation afin d'interpréter ces expériences et de conclure sur la sensibilité des spectres optiques vis-à-vis de la conformation. En perspective, des expériences sont en cours pour savoir si les spectres optiques de peptide contenant un chromophore sont sensibles à l'environnement. Nous allons augmenter la taille d'un peptide acide aminé par acide aminé, en commençant par un acide aminé tryptophane sur lequel on greffera des alanines. Nous tracerons les spectres optiques de ces différents peptides. Et nous verrons de cette manière, si un changement de spectre optique dû à l'environnement peptidique du tryptophane est visible. Des expériences de mobilité ionique en mode positif et en mode négatif permettront de voir si des différences de repliement existent entre ces deux formes en phase gazeuse. Des expériences de mobilité sur l'ubiquitine en mode positif montrent que plusieurs conformères existent en phase gazeuse [36,37]. 4.6 Bibliographie [1] Joly L, Antoine R, Allouche A-R, Broyer M, Lemoine J, Dugourd P, Ultraviolet Spectroscopy of Peptide and Protein Polyanions in Vacuo: Signature of the Ionization State of Tyrosine. Journal of the American Chemical Society 2007, 129, 8428. [2] Joly L, Antoine R, Allouche A-R, Dugourd P, Formation and Spectroscopy of a Tryptophan Radical Containing Peptide in the Gas Phase. Journal of the American Chemical Society 2008, 130, 13832. 159 [3] Joly L, Antoine R, Albrieux F, et al, Optical and structural properties of copper-oxytocin dications in the gas phase. Journal of physical chemistry B 2009, soumis. 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Le couplage spectroscopie optique / spectrométrie de masse a été développé entre des lasers OPO UV visible et deux spectromètres de masse : un piège linéaire et un piège 3D. Dans les expériences présentées dans ce manuscrit, les molécules sont isolées en phase gazeuse au centre du piège puis irradiées par le faisceau laser. Pour les molécules polyanioniques, le canal de relaxation principal après excitation laser est l'émission d'électron. Cette perte d'un électron conduit à la formation d'un ion radicalaire. Une partie de ce travail a été consacrée à l'étude de la relaxation des molécules polyanioniques après excitation laser et notamment aux mécanismes conduisant à la perte d'électron. Ces expériences montrent un processus monophotonique en deux étapes. La première est une excitation électronique résonnante et la deuxième est le croisement de l'état électronique excité avec un état ionisant suivi du détachement d'électron. Ces expériences de photodétachement réalisées à Lyon ont été complétées par des expériences de spectroscopie de photoélectron effectuées à Karlsruhe (Pr. Kappes) qui permettent notamment une mesure de l'énergie de liaison des électrons. Des expériences sur des protéines très chargées devraient être réalisées prochainement à Karlsruhe. Ces expériences permettraient de comprendre l'évolution des énergies de liaisons et des barrières coulombiennes avec l'état de charge dans un système fortement chargé et donc de comprendre la relation entre l'état de charge de la molécule et sa conformation. L'un des objectifs de ce travail de thèse a été d'étudier la réactivité des ions radicalaires formés par photodétachement d'électron. Nous avons vu que les mesures cinétiques peuvent être des sondes indirectes de la localisation de l'éjection de l'électron. Nous avons aussi montré que la fragmentation des radicaux est spécifique avec des fragments de type a et x et que d'un point de vue structurale, elle est souvent plus informative que la CID. Cette méthode de dissociation a été utilisée sur des phosphopeptides avec succès et des expériences sont en 163 cours sur des peptides contenant des modifications post traductionnelles sur d’autres acides aminés que la tyrosine. Une des perspectives de ce travail est également l'analyse top-down de protéines par EPD. En parallèle, nous avons aussi mis en place une stratégie utilisant la photodissociation UV (UVPD) en mode positif pour identifier les phosphotyrosines dans des peptides. Ici, l’objectif à plus long terme, serait de mener une étude différentielle de l’état de phosphorylation de cellules tumorales humaines selon qu’elles seraient stimulées ou non par des facteurs de croissance. Un autre objectif de mon travail de thèse était d'évaluer la possibilité de réaliser des expériences de spectroscopie sur des systèmes de grande taille en phase gazeuse. Nous avons montré que les spectres obtenus pouvaient, malgré l'absence de résolution rotationnelle et vibrationnelle, être informatif d'un point de vue de la structure et des propriétés électroniques des ions piégés. Pour cela, nous avons travaillé sur des polyanions et le taux de détachement d'électron a été enregistré en fonction de la longueur d'onde du laser. De cette manière, nous avons réussi à enregistrer des spectres sur des peptides et des protéines et obtenu des signatures optiques de l'état de charge des chromophore présent dans la séquence (neutre, déprotoné ou radicalaire). Ces résultats ont été comparés à des calculs théoriques (TD DFT). Par contre, nous n'avons pas réussi à étudier le changement de conformation d'une protéine en sondant sa réponse optique. Les expériences de spectroscopie devront être réalisées en parallèle avec des mesures de mobilité. De plus, nous sommes en train de réaliser des expériences de spectroscopie sur des peptides TrpAlan. 164 Annexe A Specific UV photodissociation of tyrosyl-containing peptides in multistage mass spectrometry Laure Jolya, Rodolphe Antoinea, Michel Broyera, Philippe Dugourda, and Jérôme Lemoineb aUniversité de Lyon, F-69622, Lyon, France; Université Lyon 1, Villeurbanne; CNRS, UMR5579, LASIM ; bUMR 5180, Sciences Analytiques; 165 JOURNAL OF MASS SPECTROMETRY J. Mass Spectrom. 2007; 42: 818–824 Published online 18 May 2007 in Wiley InterScience (www.interscience.wiley.com) DOI: 10.1002/jms.1222 Specific UV photodissociation of tyrosyl-containing peptides in multistage mass spectrometry Laure Joly,1 Rodolphe Antoine,1∗ Michel Broyer,1 Philippe Dugourd1 and Jérôme Lemoine2 1 2 Université Lyon 1; CNRS; LASIM, UMR 5579, bât. A. Kastler, 69622 Villeurbanne cedex, France Université Lyon 1; CNRS; Sciences Analytiques, UMR 5180, 69622 Villeurbanne cedex, France Received 24 November 2006; Accepted 29 March 2007 UV photodissociation (UVPD) at 262 nm has been carried out on protonated tyrosyl-containing peptides formed by trypsin digestion of apo-transferrin. Under UVPD, the main event is the fragmentation of the Ca –Cb bond of the tyrosyl residues leading to a radical ion 107 Da below the precursor ion. The dissociation rate of this specific cleavage appears to be strongly dependent on the peptide sequence and is more prominent on the singly protonated species than on the doubly protonated state. The fragmentation spectra resulting from collisional activation of the protonated even-electron native peptides and of the oddelectron radical species prepared by UVPD are dominated by y-type backbone cleavages. A comparison of their respective y-ion pattern shows complementarities since the combination of both increases the sequence coverage of the peptide sequence. The specific detection of the neutral loss of 107 Da from peptides witnesses the content of at least one tyrosyl residue and, though preliminary, is proposed as a potential new filtering strategy during protein database searching. Copyright © 2007 John Wiley & Sons, Ltd. KEYWORDS: UV photodissociation; multistage mass spectrometry; tryptic digest; protein database searching; quadrupole ion trap INTRODUCTION Fragmentation of peptides by mass spectrometry, with the aim of determining their amino acid sequence, plays a crucial role in protein identification.1 Most often, the fragmentation technique uses vibrational excitation through collision activation with a gas (i.e. CAD). In this case, the peptide ion is excited in a multistep process and dissociates into fragments by cleavage of the weakest bonds, i.e. beside the C(O)–N peptide bond.2 Other fragmentation techniques use electronic excitation, and are thought to induce nonergodic cleavages which are not observed by CAD. For example, electron capture dissociation (ECD)3 generally induces cleavage of the C˛ –N backbone bond leading to c- and z-type fragment ions. These fragments can alternatively be produced in a quadripole ion trap device by the electron transfer dissociation (ETD)4,5 technique. Recently, electron detachment dissociation (EDD)6,7 has also emerged as a powerful technique to dissociate negatively charged peptides. The use of these complementary fragmentation techniques can therefore improve the sequence coverage as well as protein identification scores.8,9 Similarly, UV-laser-induced dissociation of either protonated or deprotonated peptide ions involves electronic excitation of the peptides and provides Ł Correspondence to: Rodolphe Antoine, Laboratoire de Spectrométrie Ionique et Moléculaire, UMR 5579 Université de Lyon 1 et CNRS, 43 Bd. du 11 Novembre 1918, 69622 Villeurbanne cedex, France. E-mail: [email protected] Copyright © 2007 John Wiley & Sons, Ltd. fragmentation patterns different from those obtained by CAD experiments.10 – 16 Irradiation around 260 nm leads to an excitation of the –electrons of the aromatic residues. Following this excitation, specific fragmentations, i.e. H atom losses and C˛ –Cˇ side-chain cleavage of the aromatic amino acid residues (i.e. Phe, Tyr and Trp), were observed.15 These fragmentations lead to the formation of radical cations that can be further activated (UVPD/CAD MS3 ).15,17 In the present work, a more systematic comparison of the sequence coverage deduced either from CAD-MS2 or from UVPD/CAD-MS3 experiments was carried out on a mixture of apo-transferin (TRFE) tryptic peptides. For this purpose, the gas-phase fragmentation patterns of even-electron [M C H]C and [M C 2H]2C ions and their odd-electron [M 107 C H]CÐ and [M 107 C 2H]2CÐ counterparts coming from UVPD-induced tyrosine side-chain loss were compared. Moreover, the interest of the specific loss of 107 Da as a discriminating factor during database search was also evaluated. EXPERIMENTAL Chemicals Apo-transferrin human (TRFE) protein (½97%), salts, buffers, dithiothreitol (DTT), guanidine hydrochloride and trishydrochloride were obtained from Sigma-Aldrich (SaintQuentin Fallavier, France). Sequencing-grade trypsin was purchased from Promega (Madison, WI). A mixture of UVPD of tyrosyl-containing peptides Figure 1. Schematic diagram of the experimental set up used for UVPD in a linear quadrupole ion trap. tryptic digest peptides from TRFE was prepared in solution using the Promega-supplied protocol. Briefly, 10 μg of TRFE was dissolved in 6 M guanidine HCl, 50 mM Tris-HCl and 2.5 mM DTT. The pH was adjusted to 8 with 1 M HCl. Protein denaturation was carried out at 60 ° C for 60 min, and then the guanidine HCl concentration was reduced to 1M by addition of 50 mM NH4 HCO3 buffer. After addition of 200 ng of trypsin, the digestion was allowed at 37 ° C overnight and then stopped by lowering the pH to 4 with formic acid. The peptides were finally purified on a C18 cartridge and the fraction eluted by H2 O/CH3 CN/HCOOH 7 : 3:0.1 directly was submitted to nanospray mass spectrometry analysis. at least one tyrosyl residues’ (see below), the line ‘comp (Ł [Y])’ was added to the Mascot sequence query. RESULTS AND DISCUSSION Figure 2 displays the full nanospray MS spectrum of the peptide digest of apo-transferrin human (TRFE) protein Apparatus The experimental setup is presented in Fig. 1. CAD and UVPD experiments were performed using a linear quadrupole ion trap mass spectrometer (LTQ, Thermo Electron, San Jose, CA, USA) equipped with a nanospray source. A quartz window was fitted on the rear of the LTQ chamber to allow the introduction of a UV laser beam. We used the fourth harmonic ( D 262 nm) of a diode-pumped Q-switched Nd : YLF laser (CrystaLaser, Reno, NV). The dimensions of the laser head were 5 ð 18.5 ð 3.6 cm and the output power at 262 nm was ¾10 mW at a repetition rate of 3 kHz. The laser was located ¾20 cm at the rear of the LTQ and directly injected on the axis of the linear trap. For UVPD experiments, a transistor–transistor logic voltage from the LTQ electronic board was used to synchronize the laser injection and the trapping of the ions. Mascot queries of the experimental peptide mass fingerprint Mascot18,19 search using the peptide mass fingerprint of apo-transferrin human was performed with the following parameters: one maximum allowed miscleavage; possible oxidation of methionine as variable modification; no fixed modification; and a peptide mass tolerance of š0.2 Da (experimental mass accuracy of the ion trap); taxonomy mammalians. The search was done on singly charged monoistopic peptide ions and was performed against the Swiss-Prot database.20 For peptides identified as ‘containing Copyright © 2007 John Wiley & Sons, Ltd. Figure 2. Nanospray MS spectrum of the peptides mixture formed by apo-transferrin digestion by trypsine. Instrumental settings were optimized to produce mainly singly charged (a) or doubly charged (b) ions. The squares (triangles) label the singly (doubly) charged tyrosyl-containing peptides. J. Mass Spectrom. 2007; 42: 818–824 DOI: 10.1002/jms 819 820 L. Joly et al. obtained with the source parameters optimized for singly (Fig. 2(a)) and multiply protonated (Fig. 2(b)) ions. In Fig. 2(a), among the peaks attributed to TRFE, seven contain at least one tyrosyl residue ( labeled peaks). The spectrum in Fig. 2(b) exhibits mainly doubly protonated peptide ions together with a few singly protonated species. In this latter condition, the seven peptides containing the tyrosyl residues are observed concomitantly as singly ( labeled peaks) and doubly charged (1 labeled peaks) species. We then systematically recorded UVPD spectra for the seven tyrosyl-containing peptides for both the singly and doubly protonated species. As an example, Fig. 3 presents the UVPD spectrum obtained for the singly protonated tryptic peptide at m/z 1284 (EGYYGYTGAFR). The UVPD spectrum is dominated by a loss of 107 Da which originates from the specific fragmentation of the C˛ –Cˇ bond of the tyrosyl residues according to Scheme 1. Hence, the UVPD gives rise to a fragment ion corresponding to an odd-electron species noted [My C nH]nC . Rate of Ca –Cb tyrosyl side-chain cleavage towards charge state the dynamics of proton transfer that occurs just after the excitation of the peptide and by differences in the secondary structure between differentially charges peptides.21 UVPD/CAD MS3 vs CAD MS2 spectra All the radical ions (singly charged [My C H]CÐ and doubly charged [My C 2H]2CÐ ) formed by the tyrosyl sidechain cleavage under UVPD at 262 nm were isolated and then fragmented by collisional activation (UVPD/CAD-MS3 experiment). The fragmentation patterns were compared to those obtained by CAD carried out on the even-electron protonated precursor ion. Figure 5 displays the CAD-MS2 spectra of singly (m/z 1578) and doubly protonated (m/z 789.5) MYLGYEYVTAIR peptide (Fig. 5(b) and (d)) and UVPD/CAD-MS3 spectra of their corresponding radical species at m/z 1471 and m/z 736 (Fig. 5(a) and (c)). As expected, the CAD-MS2 spectra are dominated by y-type fragment ions,22 which is correlated to the preferred localization of a proton at the arginine at lysine residues, leading mainly to C-terminal fragment ions. A similar behavior is observed in the fragmentation pattern of both radical species ([My C H]CÐ or [My C 2H]2CÐ ). This feature was observed for Figure 4 displays the dissociation rate of the tyrosyl side chain calculated for the seven tyrosyl-containing peptide ions after isolation of their singly and doubly protonated precursor ions. The dissociation rate is strongly chargeand sequence-dependent. For singly protonated peptides, it tends to decrease as the size of the peptide increases. The addition of a second proton globally lowers the rate of tyrosyl side-chain cleavage. This was already observed for a model pentapeptide (AGWLK) and was explained by Figure 3. UVPD mass spectrum ( D 262 nm) of isolated singly protonated peptide 2 using an irradiation time of 3500 ms. Figure 4. Yield of the tyrosyl side-chain loss induced by UVPD ( D 262 nm) as a function of the charge state for the seven tyrosyl-containing peptides formed by apo-transferrin digestion by trypsine. The intensity of the UVPD radical fragment ion originating from the neutral loss of 107 Da was normalized relative to the signal intensity of the molecular ion. The irradiation time for UVPD at D 262 nm was 3500 ms. Scheme 1. Specific fragmentation of the C˛ –Cˇ bond of the tyrosyl residues. Copyright © 2007 John Wiley & Sons, Ltd. J. Mass Spectrom. 2007; 42: 818–824 DOI: 10.1002/jms UVPD of tyrosyl-containing peptides (a) (b) (c) (d) Figure 5. Comparison of the dissociation spectra acquired in UVPD/CAD-MS3 and in CAD-MS2 mode on peptide 3. (a) CAD on the singly protonated odd-electron [My C H]CÐ vs (b) CAD on the even-electron [M C H]C precursor ions. (c) CAD on the doubly protonated odd-electron [My C 2H]2CÐ vs (d) CAD on the even-electron [M C 2H]2C precursor ions. The irradiation time for UVPD at D 262 nm was 3500 ms. the seven tyrosyl-containing peptides as presented in Table 1. Note that the fragment ions labeled yy correspond to species whose sequence includes the site where the tyrosyl side chain has been cleaved. For peptide 3, the y-fragment ion series restricts unambiguously the UVPD of tyrosyl side chain at position 2. In contrast, the study of peptide 1 dissociation pathway indicates that the two tyrosyl residues are subjected to laser fragmentation. A striking difference in the dissociation behavior is noticed when peptides contain one missed cleavage (i.e. YLGEEYVKAVGNLR and MDAKMYLGYEYVTAIR). Neutral losses (i.e. H2 O and NH3 ) but few informative y-fragments are observed in CAD-MS2 , as illustrated in Fig. 6(b)). This is likely due to the preferential localization of the protons at the arginine and lysine residues.23,24 On the other hand, CAD of the doubly charged radical cation [My C 2H]2CÐ generates a more complete pattern of y-ions. This feature might be the consequence of a decrease in the activation energy barriers associated with ytype cleavages induced by the presence of a reactive radical site on the peptide backbone. The sequence coverage deduced from the pattern of ytype ions was calculated for the seven peptides containing a tyrosyl residue for both dissociation techniques (Fig. 7). On average, the sequence coverages reach respectively 59 and 61% for the singly and doubly charged ions in CAD-MS2 conditions, while UVPD/CAD-MS3 leads to 52 and 60%. Interestingly, a complementarity between the two dissociation techniques has to be noted since some yfragment ions are specific to each of them. Thus, combining the two patterns of the y-type ion, the sequence coverages increase to respectively 65 and 74%. Tyrosine content filter for protein database search The specific 107 neutral losses from peptides due to fragmentation of the C˛ –Cˇ bond of the tyrosyl residues Copyright © 2007 John Wiley & Sons, Ltd. (Scheme 1) might also be used as complementary information when the peptide sequence deduced from the previous dissociation is aimed at protein identification by database search. A total of 32 ion peaks was extracted from the full-scan MS shown in Fig. 2(a) and served as the input data for protein database search based on the peptide mass fingerprint approach using the Mascot search. TRFE is found at the first rank with a score of 165 using the Mascot search engine (Fig. 8(a)). When the search is driven considering only the seven peptides that contain at least one tyrosyl residue (in this case, all the tyrosyl-containing peptides present in the peptide mass fingerprint were annotated ‘comp(*[Y])’ in the Mascot sequence query), a significant high score of 132 is obtained with TRFE still at the first rank (Fig. 8(b)). This result shows that the specific detection of a tyrosyl residue within a peptide might be used as a complementary and useful constraint when the protein database search is based on peptide sequence information. CONCLUSIONS In this work, specific cleavage of the C˛ –Cˇ bond of tyrosyl residue under UV photodissociation was obtained on a linear quadrupole ion trap. The rate of this dissociation was measured on a peptide digest, which showed dependence on both the peptide sequence and the protonation state of the ions. Complementary y-type ion series were obtained between the CAD spectra recorded either on the native peptide ions or on the radical species created by UVPD. The crossing over of the two y-fragment patterns resulted in an increase of the peptide sequence coverage, on average, of 14%. Interestingly, a preliminary test indicated that the specific detection of peptides containing at least one tyrosyl residue among a peptide mixture might constitute an efficient J. Mass Spectrom. 2007; 42: 818–824 DOI: 10.1002/jms 821 Copyright © 2007 John Wiley & Sons, Ltd. Peptide number 1 2 3 4 5 6 7 Peptide sequence YLGEEYVK EGYYGYTGAFR MYLGYEYVTAIR TAGWNIPMGLLYNK YLGEEYVKAVGNLR EDPQTFYYAVAVVK MDAKMYLGYEYVTAIR y15 ; y12 y13 ; y12 ; y11 ; y10 ; y9 ; y8 ; y7 ; y6 ; y5 ; y4 y13 ; y8 y13 ; y12 ; y9 ; y8 ; y7 ; y6 ; y5 y11 ; y10 ; y9 ; y8 ; y6 y7 ; y6 ; y5 ; y4 ; y3 y10 ; y9 ; y8 ; y7 ; y6 ; y5 ; y4 ; y3 1C 2C y12 ; y11 ; y10 ; y9 ; y8 ; y7 ; y6 ; y5 ; y4 ; y3 ; y2 – y12 ; y10 ; y9 ; y8 ; y7 ; y6 ; y5 ; y4 ; y3 ; y2 – y10 ; y9 ; y8 ; y7 ; y6 ; y5 ; y4 ; y3 ; y2 y7 ; y6 ; y5 ; y4 ; y3 ; y2 ; y1 y9 ; y8 ; y7 ; y6 ; y5 ; y4 ; y3 ; y2 CAD (MS2 ) y 1C y y y y15 y ; y11 y ; y9 y y13 ; y12 y y13 y ; y12 y ; y11 y ; y9 y ; y7 ; y6 y13 y ; y12 y ; y11 y ; y8 y ; y7 y ; y6 y y7 ; y7 ; y6 , y6 ; y5 ; y4 ; y4 ; y3 y10 y ; y9 y ; y8 y , y7 y ; y7 ; y6 y ; y5 ; y4 ; y3 y11 y ; y10 ; y8 , y6 ; y5 ; y4 y y 2C y12 ; y11 ; y8 ; y6 ; y4 ; y3 y12 y ; y11 y ; y10 y ; y9 y ; y8 y ; y7 y ; y6 ; y5 ; y4 ; y3 ; y2 y10 ; y10 y ; y9 y ; y7 y ; y7 ; y6 y11 y ; y10 ; y9 ; y8 ; y7 ; y6 ; y5 ; y4 ; y3 ; y2 y12 y ; y11 y ; y10 y ; y9 y ; y8 y ; y6 y y y7 ; y6 ; y6 ; y5 ; y4 y ; y3 ; y2 ; y1 y10 y ; y10 y y UVPD/CAD (MS3 ) Table 1. Patterns of y-type fragment ions observed on the CAD-MS2 and UVPD/CAD-MS3 fragmentation spectra recorded on the singly and doubly protonated ions of the seven tyrosyl-containing peptides formed by apo-transferrin digestion by trypsine. For UVPD/CAD-MS3 fragmentation spectra, the fragment ions labelled yy correspond to species whose sequence includes the site where the tyrosyl side chain has been cleaved 822 L. Joly et al. J. Mass Spectrom. 2007; 42: 818–824 DOI: 10.1002/jms UVPD of tyrosyl-containing peptides Figure 6. Comparison of the dissociation spectra acquired in UVPD/CAD-MS3 and in CAD-MS2 mode on peptide 5 which contains one missed cleavage. (a) CAD on the singly protonated odd-electron [My C H]CÐ vs (b) CAD on the even-electron [M C H]C precursor ions. The irradiation time for UVPD at D 262 nm was 3500 ms. Figure 7. Pie charts of the average peptide sequence covered by the y-type fragment ions deduced from the CAD-MS2 , UVPD/CAD-MS3 or combination of both experiments, recorded on (a) singly protonated or (b) doubly protonated precursor ions. filter to identify the protein by a database search. The question arises now whether UVPD and UVPD/CAD-MS3 might be implemented during the coupling of liquid chromatography to mass spectrometry with a range of sensitivity that would makes this strategy an alternative for proteomic analysis. The irradiation time used for the present study was 3500 ms. With this duration, the characteristic neutral loss of 107 Da is observed for every tyrosyl-containing peptide with dissociation rates significantly well above the background noise. This irradiation time is, however, obviously still too long for on-line analysis of complex peptide mixtures. However, it may be shortened by using a higher power UV laser to enhance the dissociation rates. Hence, single-shot irradiation and activation times shorter than to microseconds may be achieved. Finally, the seven peptides containing at least one tyrosyl residue were isolated and fragmented starting from a solution concentration of about 50 fmoles/μl. This range of sensitivity is intrinsically sufficient for on-line analysis of peptides provided a higher power UV laser is available. As a consequence, the UVPD/CAD-MS3 experiment might be applied to gel-free proteomic analysis. The advantage of MS3 driven only on the tyrosyl-containing peptides lies in its efficient database-filtering together with the dramatic decrease of CAD-MS2 fragmentation spectra to compute during the classical approach. Figure 8. Mascot search scores obtained using (a) the peptide mass fingerprint (32 monoisotopic masses) extracted from the spectrum in Fig. 2(a) or (b) considering only the masses of the seven peptides that contain at least one tyrosyl residue. Copyright © 2007 John Wiley & Sons, Ltd. J. Mass Spectrom. 2007; 42: 818–824 DOI: 10.1002/jms 823 824 L. Joly et al. Acknowledgements The authors wish to thank CNRS, Université Lyon 1 and EZUS-Lyon 1 for financial support. REFERENCES 1. Kinter M, Sherman NE. Protein Sequencing and Identification Using Tandem Mass Spectrometry. Wiley-Interscience: New York, 2000. 2. Papayannopoulos IA. The interpretation of collision-induced dissociation tandem mass spectra of peptides. Mass Spectrometry Reviews 1995; 14: 49 DOI:10.1002/mas.1280140104. 3. Zubarev RA, Kelleher NL, Mclafferty FW. Electron capture dissociation of multiply charged protein cations. A nonergotic process. Journal of the American Chemical Society 1998; 120: 3265. 4. Coon JJ, Shabanowitz J, Hunt DF, Syka JEP. Electron transfer dissociation of peptide anions. Journal of the American Society for Mass Spectrometry 2005; 16: 880 DOI:10.16/j.jasms.2005.01.015. 5. Syka JEP, Coon JJ, Schroeder MJ, Shabanowitz J, Hunt DF. 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Mass Spectrom. 2007; 42: 818–824 DOI: 10.1002/jms Annexe B Optical and structural properties of copper-oxytocin dications in the gas phase Laure Jolya, Rodolphe Antoinea, Florian Albrieuxa, Renaud Balliviana, Michel Broyera, Fabien Chirotb, Jérôme Lemoineb, and Philippe Dugourda Claudio Grecoc, Roland Mitricd, and Vlasta Bonacic-Kouteckyc a Université de Lyon, F-69622, Lyon, France; Université Lyon 1, Villeurbanne; CNRS, UMR5579, LASIM ; bUMR 5180, Sciences Analytiques; c Insitut für Chemie, Humboldt-Universität zu Berlin, Brook-Taylor-Straße 2, 12489 Berlin, Germany; d Fachbereich Physik, Freie Universität Berlin, Arnimallee, 14, D-14195 Berlin ,Germany 173 J. Phys. Chem. B 2009, 113, 11293–11300 11293 Optical and Structural Properties of Copper-Oxytocin Dications in the Gas Phase Laure Joly,† Rodolphe Antoine,*,† Florian Albrieux,† Renaud Ballivian,‡ Michel Broyer,† Fabien Chirot,‡ Jérôme Lemoine,‡ Philippe Dugourd,† Claudio Greco,§ Roland Mitrić,| and Vlasta Bonačić-Koutecký§ UniVersité de Lyon, F-69622, Lyon, France, Laboratoire de Spectrométrie Ionique et Moléculaire (UMR 5579) and Sciences Analytiques (UMR 5180), CNRS, UniVersité Lyon 1, F-69622 Villeurbanne, France, Insitut für Chemie, Humboldt-UniVersität zu Berlin, Brook-Taylor-Strasse 2, 12489 Berlin, Germany, and Fachbereich Physik, Freie UniVersität Berlin, Arnimallee, 14, D-14195 Berlin, Germany Downloaded by UNIV CLAUDE BERNARD LYON 1 on September 18, 2009 | http://pubs.acs.org Publication Date (Web): July 21, 2009 | doi: 10.1021/jp9037478 ReceiVed: April 23, 2009; ReVised Manuscript ReceiVed: June 16, 2009 We present a joint experimental and theoretical investigation of the structural and optical properties of copper-oxytocin dications in the gas phase. Ion mobility and UV photodissociation experiments were performed, allowing the investigation of the influence of the Cu2+ ion on the structural and optical properties of oxytocin. Density functional theory calculations were performed to find low energy structures for the bare and complexed peptide and to characterize optical spectral features. Copper complexation induces a drastic change in the structure of the oxytocin peptide. In particular, we predict a 4N chelation of the copper cation which leads to a contraction of the oxytocin ring. The gas phase lowest-energy structures are compared with the X-ray crystal structure of the oxytocin molecule bound to its receptor protein. The optical spectrum of oxytocin complexed with the copper cation displays a global enhancement of the photofragmentation yield as compared to the one recorded for the doubly protonated oxytocin. Moreover, experimental and calculated optical spectra of protonated tyrosine have also been determined, since its leading features are present in oxytocin as well. I. Introduction The complexation of metal ions with proteins plays crucial physiological roles.1,2 In particular, metal ions can enhance the structural stability of a protein in the conformation required for biological activity. They take part in catalytic processes of enzymes and can also influence optical properties of proteins.3,4 The structure, optical properties, and biological function of the complex are directly related to the binding between the metal and the protein and may also involve electronic excited states of the embedded metal. Metal-oxytocin (OT) complexes have been investigated intensively as suitable model systems for studying the influence of metal ions on a peptide conformation. The biological activity of peptide hormones depends on their structural and conformational properties.5-9 The crystal structure of the OT hormone complexed with its receptor protein neurophysin has been determined,10 which has permitted the elucidation of the key residues that are involved in the hormone-receptor recognition. Moreover, it was shown that the presence of a divalent transition metal ion dramatically enhances the binding properties of OT to its cellular receptor.11 Following this observation, numerous investigations, in particular potentiometric and photospectrometric studies, were performed on the metal-OT complexes.12-16 The drawback of these experiments is that it is difficult to characterize the structure, in particular the stoichiometry, of the complexes which properties are measured and to evaluate the role of surrounding ions and solvent molecules. * E-mail: [email protected]. † Université de Lyon; LASIM (UMR 5579), CNRS. ‡ Université de Lyon; Sciences Analytiques (UMR 5180), CNRS. § Humboldt-Universität zu Berlin. | Freie Universität Berlin. Intrinsic chemical interactions can be investigated either theoretically by using first principle calculations or experimentally by using gas-phase approaches. Mass spectrometry based techniques have been successively used to transfer transition metal-OT complexes to the gas phase.17-19 A fundamental understanding of the structural changes induced in OT by divalent metal ion coordination has been obtained by coupling mass spectrometry and ion mobility techniques.20,21 Recently, we used gas phase UV spectroscopy to evaluate the influence of copper complexation on the optical spectra of OT peptide dianions.22 In particular, UV spectra provided a direct diagnostic of the ionization state of the tyrosine residue in the complex.23 In recent years, density functional theory (DFT) calculations have provided a reliable description of structural and dynamical properties of the ground state of different complexes of copper ions and proteins.24-26 Implementation of the time-dependent density functional theory (TDDFT) enabled the determination of absorption properties for fairly large molecules. Alternative approaches for calculating the ground state electronic structure and the optical response for metal-protein systems include semiempirical approaches and the hybrid quantum mechanics/ molecular mechanics (QM/MM) method, with TDDFT for the QM part.3,27 In the present work, we have performed a joint experimental and theoretical investigation of both structural and optical properties of doubly protonated OT and OT complexed with Cu(II) ions. We used ion mobility measurements and UV photodissociation experiments. These experimental approaches permit the investigation of the influence of the Cu2+ ion on the structural and optical properties of OT. DFT calculations were performed to find how metal ions affect the peptide conformation. In the example of TyrH+, which is the aromatic amino acid present in OT, we compared three different theoretical 10.1021/jp9037478 CCC: $40.75 © 2009 American Chemical Society Published on Web 07/21/2009 11294 J. Phys. Chem. B, Vol. 113, No. 32, 2009 Joly et al. SCHEME 1: Chemical Structure of OT (Amino Acid Sequence Cys-Tyr-Ile-Gln-Asn-Cys-Pro-Leu-GlyNH2) Downloaded by UNIV CLAUDE BERNARD LYON 1 on September 18, 2009 | http://pubs.acs.org Publication Date (Web): July 21, 2009 | doi: 10.1021/jp9037478 approaches for the determination of absorption spectra: the ab initio approximate resolution-of-the-identity second order coupled cluster (RI-CC2),28,29 the Semiempirical ab initio Model 1 (SAM1),30,31 and the density functional linear response TDDFT approach.32 II. Methods Sample Preparation. OT, which sequence is given in Scheme 1, was purchased from Sigma-Aldrich (St. Quentin Fallavier, France). Copper chloride (CuCl2) is high-purity crystal grade, and solvents are HPLC grade. The electrospray solution was prepared by dissolving the peptides (50 μM) and the copper chloride (200 μM) in a 1:1 mixture of water and acetonitrile. The addition of 1.5% acetic acid yielded a pH of 3-4. With these conditions, the [OT + H]+ and [OT - H + Cu]+ monocations and the [OT + 2H]2+ and [OT + Cu]2+ dications were observed in the positive ion electrospray mass spectrum. Mass Spectrometry and Laser Irradiation of Trapped Ions. The experimental setup33 consists of a commercial LCQ Duo quadrupole ion trap mass spectrometer (Thermo Scientific, San Jose, CA) coupled to a PantherTM optical parametric oscillator laser pumped by a 355 nm Nd:YAG PowerLiteTM 8000 (5 ns pulse width, 20 Hz repetition rate). Scanning was performed in the 230-315 nm UV range after frequency doubling. The vacuum chamber and the central ring electrode of the mass spectrometer were modified to allow the injection of the light at the center of the trap. An electromechanical shutter triggered on the radio frequency (RF) signal of the ion trap synchronizes the laser irradiation with the trapping of the ions. The ions are injected into the trap, mass selected, and then laser irradiated for 60 laser shots. Fragmentation spectra are systematically recorded as a function of the laser wavelength. The photofragmentation yield is given by ln((parent + fragment)/ parent)/λ/Pl where λ is the laser wavelength and Pl is the laser power. Ion Mobility Experiments. We used a custom-built ion mobility mass spectrometer to measure collision cross sections. Briefly, ions are formed by electrospray ionization (ESI) and transferred to the drift tube through an ion funnel and a RF cylindrical ion trap (CIT). The CIT is used to convert the continuous beam of ions provided by the source into short pulses of bunched ions. The ion packets are periodically injected into a 1 m long drift cell filled with 11.6 Torr of helium and maintained at 293 K. Ions are pulled through the cell under the influence of a weak direct current (DC) electric field. A second ion funnel is used to focus the diffuse ion packet at the exit of the drift tube. Ions exit this second ion funnel into a vacuum chamber through a 0.7 mm diameter aperture and are conveyed into the quadrupole time-of-flight mass spectrometer (micrOTOFQ, Bruker) by a series of two ion funnels and detected as a function of their arrival time. The ion mobility and ion-helium collision cross section are deduced from the ion arrival time distributions (ATDs) recorded at different drift cell voltages. Experiments were calibrated using the published cross section value for bradykinin ions.34 The experimental precision on the cross section is estimated to ∼2%. The width of ATDs was in agreement with the width expected for a single averaged ion structure35 and led to a resolving power of t/Δt ) 25 (where t is the drift time and Δt is the width of the peak at half height). Experimental drift time was in the order of 44 ms for a drift voltage of 820 V. Computational Methods. The search for geometries of doubly protonated OT [OT + 2H]2+ and its complex with copper [OT + Cu]2+ has been carried out using simulated annealing in the framework of semiempirical molecular dynamics (MD) simulations. The standard AM1 parametrization36 has been used for the organic part, while for copper the AM1d set of parameters has been employed.37 The annealing procedure has been carried out starting at T ) 1500 K and gradually cooling the system down to T ) 300 K. The structures obtained in this way were subsequently reoptimized at the DFT level using the BP86 functional38,39 and TZVP atomic basis sets.40 The character of stationary points has been checked by the analytic frequency calculations. The absorption spectra have been calculated using TDDFT employing the 6-31G** basis set and the hybrid B3LYP exchange-correlation functional.41,42 Since TyrH+, [OT + 2H]2+, and [OT + Cu]2+ are extended systems in which longrange charge transfer (CT) excitations can take place, we have checked the reliability of the TDDFT results by calculating the Λ-index introduced by Helgaker et al.43 This parameter probes the modulus of the spatial overlap between occupied and virtual orbitals involved in the given electronic transition. Small Λ-values indicate a low overlap and therefore large long-range CT character. According to the test calculations, in these cases the transition energies are significantly underestimated indicating the failure of the TDDFT. To illustrate this, we calculated absorption patterns for TyrH+ using the RI-CC2 and SAM1 methods and compared them with the TDDFT results. III. Results A. Structural Properties. We present in Figure 1 the three lowest energy structures for (a) [OT + 2H]2+ and (b) [OT + Cu]2+ obtained from DFT calculations together with a schematic presentation allowing for the discussion of structural properties. The dihedral angles diagram of the peptide backbone for all three structures of [OT + 2H]2+ and [OT + Cu]2+ shown in Figure 2 permits the identification of the relative structural differences between the structures of both species as well as differences introduced by copper complexation. For [OT + 2H]2+, the three structures differ mainly by the relative orientations of residue side chains such as Tyr2, Ile3, and Asn5 as well as by the position of CONH2 group in the Gly9 residue, as can be depicted from Figure 1a. The changes of the backbone in different structures of [OT + 2H]2+ can be seen from the left side of Figure 2. For example, differences in the dihedral angles of Pro7 and Asn5 are more pronounced than for the other J. Phys. Chem. B, Vol. 113, No. 32, 2009 11295 Downloaded by UNIV CLAUDE BERNARD LYON 1 on September 18, 2009 | http://pubs.acs.org Publication Date (Web): July 21, 2009 | doi: 10.1021/jp9037478 Copper-Oxytocin Dications Figure 1. Lowest energy structures obtained from DFT calculations (upper half) and schematic structural presentation (lower half) for (a) [OT + 2H]2+ and (b) [OT + Cu]2+. The relative stabilities of the structures are given in eV in brackets. In the schematic presentation, the legend with color codes for the residues is given. Bonds defining the 20 member OT ring are represented by thicker lines. Dashed red lines label hydrogen bonds in (a). Blue dashed lines label the coordination with the copper atom in (b). residues. The hydrogen bonding patterns of [OT + 2H]2+ structures are very similar since the binding to the same residues in the OT ring occurs (compare Figure 1a). In fact, three conserved hydrogen bonds arise among Tyr2, Ile3, Asn5, and Cys6. Notice that the second and third structures of [OT + 2H]2+ contain an additional hydrogen bond between the protonated amine group of Pro7 and the amidated C-terminus of the peptide. For all of the three structures, the side chain of Tyr2 points away from the hormone ring. Dramatic change in the conformation of OT occurs by coordination to Cu(II), as can be seen from Figure 1b. For the three lowest energy structures, the Cu2+ ion is found to be chelated by the backbone carbonyl oxygen of the OT ring. For structure I, the Cu2+ is found to be chelated by three carbonyl oxygens, while in two other structures (II and III) it is chelated by four carbonyl oxygens. In structure II, the Cu2+ ion forms a distorted trigonal bypiramidal complex with four oxygens of the backbone carbonyls which belong to Tyr2, Ile3, Cys6, and Downloaded by UNIV CLAUDE BERNARD LYON 1 on September 18, 2009 | http://pubs.acs.org Publication Date (Web): July 21, 2009 | doi: 10.1021/jp9037478 11296 J. Phys. Chem. B, Vol. 113, No. 32, 2009 Joly et al. Figure 2. Superimposed plot of backbone dihedral angles Φ and Ψ for three structures of [OT + 2H]2+ (left) and for the [OT + Cu]2+ complex (right). The areas connecting the three structures for each residue are shown using the color code of the legend. Gly9 and with the N-atom of Cys6 at the distance of 2.43 Å, indicating weaker interaction. The average of the Cu-O distance is 2.07 Å which compares well with the sum of copper and oxygen ionic radii, which is 2.14 Å. The “five-fold” coordination of Cu2+ with OT in structure II induces closer vicinity of side chains of Ile3, Gln4, and Asn5 to form a cohesive, contracted 20-member disulfide-containing ring, as can be depicted from Figure 1b. Because of the key position of Tyr2,10 special attention has been paid to its side chain orientation relative to the OT ring. For structures I and III, the side chain of Tyr2 points away from the hormone ring, while for structure II, the aromatic ring of Tyr2 moves closer toward the top of the OT ring. Furthermore, for structures II and III the acylic CONH2terminal tripeptide moiety points toward the Cu2+ chelated ring. This enhances the structural compactness of Cu complexes with respect to diprotonated OT. The differences in structural properties of three OT-Cu complexes can be easily seen from the dihedral angles diagram on the right side of Figure 2. The main differences are found for Tyr2 and Asn5, while smaller deviations occur for Gln4. Comparison of the dihedral angle plots of [OT + 2H]2+ with [OT + Cu]2+ shows that only the conformations of the Cys6, Pro7, and Ile3 residues do not undergo considerable changes due to complexation with copper. In contrast to [OT + Cu]2+ structures, the previously reported [OT + Zn]2+ structures21 contain octahedrally coordinated Zn2+ ions. Moreover, in [OT + Zn]2+ the N-terminal amine group behaves as a competitive ligand, while in [OT + Cu]2+ this group is never coordinated to the copper center. However, nitrogen-metal bonding interaction also takes place in structure II of [OT + Cu]2+, but in this case the nitrogen atom of Cys6 is involved in the copper coordination by a weak interaction as described above. We calculated the average value of the collision cross sections for the series of structures obtained during MD runs at 300 K starting from the lowest-energy structures of [OT + 2H]2+ and [OT + Cu]2+. Structures were extracted every 100 steps. The average values correspond to panels of 100 (50) structures for [OT + 2H]2+ ([OT + Cu]2) along the MD trajectory. For the cross-section calculation, we used the projection approximation (PA)44 which treats the atoms as hard spheres. We used 3.5 Å for the Cu2+ collision radius. Experimental and calculated cross TABLE 1: Comparison of Experimental and Calculated Cross Sectionsa peptide exp. cross section Ωexp (Å2) calc. cross section Ωcalc (Å2) [OT + 2H]2+ [OT + Cu]2+ 246 ( 5 235 ( 5 251.7 234.3 a See text for details. sections for [OT + 2H]2+ and [OT + Cu]2+ ions are given in Table 1. A good agreement between experimental and calculated values is observed. It can be seen that the cross section of [OT + Cu]2+ is lower than the one measured for [OT + 2H]2+. This decrease in the cross section, well-reproduced by the calculations, arises mainly from the contracted structure induced by the chelation of the copper by the OT ring in OT. Notice also that the experimental cross section for [OT + Cu]2+ is very close to the one measured for [OT + Zn]2+ (232 ( 3 Å2),21 indicating that, in the gas phase, both complexes adopt compact structures with a high coordination of the OT ring. B. Optical Properties. As already mentioned, OT is a nonapeptide that possesses a tyrosine residue. Tyrosine is an aromatic amino acid with optical absorption in the near UV range. The optical properties of [OT + Cu]2+ are the result of several contributions including transitions localized on the tyrosine residue, on the “embedded” copper, and of CT excitations among copper, the peptide backbone, and the tyrosine. Thus, before addressing the optical properties of the OT peptide with or without complexation with copper, we wish to present the experimental and theoretical investigations of the optical properties of protonated tyrosine [TyrH]+. This permits the testing of the robustness of different theoretical approaches such as ab initio and semiempirical wave function based methods (RI-CC2 and SAM1) as well as TDDFT calculations to describe the electronic transitions in the aromatic amino acid. a. Optical Properties of [TyrH]+. We first recorded the photofragmentation yields of protonated tyrosine [TyrH]+ as a function of the laser wavelength (see Figure 3). The spectrum for [TyrH]+ is dominated by one band at 275 nm and the emergence of a second band below 250 nm. The present gas phase spectrum is very similar to the one recorded in solution45 and in the gas phase for cold protonated tyrosine molecules.46 J. Phys. Chem. B, Vol. 113, No. 32, 2009 11297 Downloaded by UNIV CLAUDE BERNARD LYON 1 on September 18, 2009 | http://pubs.acs.org Publication Date (Web): July 21, 2009 | doi: 10.1021/jp9037478 Copper-Oxytocin Dications Figure 3. Calculated absorption spectra for TyrH+ using (a) RI-CC2, (b) TDDFT, and (c) SAM1 methods. The structure is given in insert of (a). The molecular orbitals involved in leading excitations for transitions at a given wavelength are plotted. The broadening of the lines is simulated by a Lorentzian function with the width of 10 nm (blue lines). The experimentally recorded photodissociation spectrum of [TyrH]+ is compared with the calculated absorption spectra at the RI-CC2, TDDFT, and SAM1 levels of theory (Figure 3a-c). For calculations, the tyrosine molecule was protonated on the NH2 group. The three methods give rise to a transition around 258 nm (RI-CC2), 253 nm (TDDFT), and 251 nm (SAM1), respectively, characterized by π-π* excitations and short-range CT. The deviation from the experiment is in all three cases ∼20 nm. For the transition at 253 nm obtained from TDDFT the calculated Λ-index is 0.6, indicating that the overlap between the occupied and the virtual orbitals involved in excitations is reasonably large, and thus only a short-range CT contribution is present. The TDDFT transition at 271 nm is in agreement with the wavelength of the experimental band. However, the Λ-index for this transition is 0.38, indicating a weak overlap and CT transfer with long-range character (which we have drawn in the middle part of Figure 3b). Thus, regarding Λ-index value, a significant underestimation of the transition energy is expected 11298 J. Phys. Chem. B, Vol. 113, No. 32, 2009 Downloaded by UNIV CLAUDE BERNARD LYON 1 on September 18, 2009 | http://pubs.acs.org Publication Date (Web): July 21, 2009 | doi: 10.1021/jp9037478 Figure 4. Experimental fragmentation yields of [OT + 2H]2+ and [OT + Cu]2+ ions measured as a function of the laser wavelength. to occur for this excitation. RI-CC2 should give most reliable results and is in close agreement with the recent theoretical work performed for the protonated tyrosine47 but fails to reproduce accurately the experimental spectra. The semiempirical SAM1 method is obviously missing some states between 200 and 240 nm and fails to reproduce the experimental spectrum, in particular the emergence of the second band below 250 nm. b. Optical Properties of [OT + 2H]2+ and [OT + Cu]2+. The experimental photofragmentation yields of [OT + 2H]2+ and [OT + Cu]2+ as a function of the wavelength are presented in Figure 4. The experimental spectrum for [OT + 2H]2+ is dominated by one band at 275 nm and the emergence of a second band below 250 nm. The experimental spectrum for [OT + 2H]2+ is very similar to the one observed for the protonated tyrosine (see Figure 3). This similarity in optical spectra indicates that the optical properties of [OT + 2H]2+ are mainly driven by the aromatic tyrosine side chain in the nonapeptide and that the phenol optical properties in OT are weakly influenced by the peptide backbone. The fact that the tyrosine side chain in [OT + 2H]2+ points away from the hormone ring may prevent strong coupling with the peptide backbone. The experimental spectrum for [OT + Cu]2+ is dominated by a monotone increase in the photofragmentation yield below 300 nm. In the 230-300 nm range, the photofragmentation yield of [OT + Cu]2+ is higher than the one recorded for [OT + 2H]2+. The theoretical spectra of [OT + 2H]2+ and [OT + Cu]2+ Joly et al. obtained from TDDFT suffer from low lying long-range CT transitions. In the case of [OT + 2H]2+, since the structure is less compact than in the complex with copper, the long-range CT character of transitions is expected to be more pronounced. Therefore, a reliable comparison of the TDDFT results with the experiment is not possible. This has been confirmed by an extensive analysis of electronic transitions (not shown) for which the calculated Λ-index values are not in the validity range of the TDDFT calculations. On the other hand, the semiempirical SAM1 method also does not give rise to the appropriate description due to the minimal basis set used and the significantly reduced number of transitions in the region of interest. Notice that unfortunately the calculation of optical properties of [OT + 2H]2+ and [OT + Cu]2+ is presently beyond the reach of the RI-CC2 method. IV. Discussion The present results show that the structural properties of OT are strongly affected by the presence of copper. An important issue concerns the relevance of the structural changes induced by Cu2+ on the biological activity of OT and in particular on its binding properties to its receptor protein. To obtain better insight into this biological relevance, we have compared the structures obtained for the [OT + 2H]2+ and [OT + Cu]2+ with the X-ray crystal structure of the neurophysin-OT complex, called bound OT (PDB code: 1NPO).10 Figure 5 presents the superposition of the [OT + 2H]2+ structure I (left) and [OT + Cu]2+ structure II (right) with those of the OT bound to neurophysin. The superposition gives root-mean-square (rms) deviations ranging from 2.00 to 2.19 Å for [OT + 2H]2+ and from 3.17 to 3.72 Å for [OT + Cu]2+, thus showing much larger deviation due to copper complexation. In Figure 6, we plotted the dihedral angles diagram of the peptide backbone for the X-ray 1NPO OT structure. From the rms values and the comparison of the dihedral angles diagram between bound OT (Figure 6) and [OT + 2H]2+ and [OT + Cu]2+ (left and right side of Figure 2, respectively), it is evident that the dihedral angles of the OT ring are closer to the OT structure for the [OT + 2H]2+ than for the [OT + Cu]2+ structure. However, the complexation with the copper induces changes in the Figure 5. CR-based superposition of the OT X-ray structure (green, PDB code: 1NPO) with the calculated structure I of [OT + 2H]2+ (left) and structure II of [OT + Cu]2+ (right), in which standard colors for atoms have been used (N, blue; O, red; S, yellow; C, white). Thicker lines label bonds building the 20-member OT ring. Copper-Oxytocin Dications J. Phys. Chem. B, Vol. 113, No. 32, 2009 11299 oscillator strength. The copper dication may also induce shifts in the electronic transitions, leading to the increase in absorption in the 230-310 nm range. V. Concluding Remarks Downloaded by UNIV CLAUDE BERNARD LYON 1 on September 18, 2009 | http://pubs.acs.org Publication Date (Web): July 21, 2009 | doi: 10.1021/jp9037478 Copper complexation induces a drastic change in the structure of the OT peptide. In particular, we predict that Cu2+ ion is chelated by the carbonyl oxygen of the OT ring, which leads to a contraction of the OT ring. Furthermore, the Tyr2 side chain residue points away from the ring, and thus tyrosine orientation is little affected by the presence of the copper. These structural changes are well-characterized by the combination of ion mobility experiments and DFT calculations. Acknowledgment. We acknowledge the financial support from the Région Rhône-Alpes (CIBLE 07 016857 01) and the Humboldt foundation. One of us (M.B.) is a senior professor at the Institut Universitaire de France. Figure 6. Plot of backbone dihedral angles Φ and Ψ for the bound OT X-ray structure together with the color code legend for the seven residues. dihedral angles for Asn5 and Tyr2 residues, which are related to a modification of the orientation of the side chain of these residues. These two residues also undergo drastic dihedral angles and side chain changes between free OT and OT bound to neurophysin.10 In conclusion, copper induces a reorientation of the Tyr2 and Asn5 side chains. These two residues are key residues involved in the neurophysin-hormone recognition. This type of reorientation might explain the increase in the binding properties in presence of metal dications. Concerning optical properties (Figure 4), the position of the bands in the action spectra is weakly affected by the complexation with the copper cation. A global enhancement of the photofragmentation yield is the main change upon complexation with Cu(ΙΙ). A direct interaction between the metal cation and the chromophore would induce a strong shift in the absorption spectrum as recently observed for silver peptide complexes48 and as predicted by calculations (not shown). This confirms that the tyrosine side chain in OT is almost always away from the ring (see Figure 1) and thus is not very sensitive to the presence of copper. The global enhancement observed for the fragmentation yield of [OT + Cu]2+ is not completely understood because of the lack of quantitative theoretical description of the optical absorption. Several different processes may explain this enhancement. First, we wish to emphasize that, in the gas phase, we record photofragmentation spectra and not absorption spectra. A first explanation may be a different relation between absorption and fragmentation in the two systems. The rigidity imposed by the presence of the copper cation to the global structure of OT and the nature of charges (metal cation versus protons) may affect the position of and the intersection between the potential surfaces of the different electronic states and the dynamics of relaxation. The analysis of the photofragment peaks in mass spectra shows that the fragments corresponding to the peptide bond cleavage between Tyr2 and Ile3 (y7 and y7-17 fragments) are intense and only observed for [OT + Cu]2+. This difference in relaxation pathways may explain the different fragmentation yields. The second possible explanation is a modification of the optical absorption of OT due to the presence of a chelated divalent metal ion. Indeed, the presence of the Cu(II) cation increases the overall References and Notes (1) Glusker, J. R. AdV. Protein Chem. 1996, 42, 1. (2) The Biological Chemistry of the Elements; Clarendon Press: Oxford, 1991. (3) Cascella, M.; Cuendet, M. 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Ionization, reduction and copper complexation effects Laure Joly1, Rodolphe Antoine1, Abdul-Rahman Allouche,1 Michel Broyer1, Jérôme Lemoine2, and Philippe Dugourd1 (1) Université de Lyon, F-69622, Lyon, France; Université Lyon 1, Villeurbanne; CNRS, UMR5579, LASIM (2) Université de Lyon, F-69622, Lyon, France; Université Lyon 1, Villeurbanne; CNRS, UMR 5180, Sciences Analytiques 183 J. Phys. Chem. A 2009, 113, 6607–6611 6607 Optical Properties of Isolated Hormone Oxytocin Dianions: Ionization, Reduction, and Copper Complexation Effects Laure Joly,† Rodolphe Antoine,*,† Abdul-Rahman Allouche,† Michel Broyer,† Jérôme Lemoine,‡ and Philippe Dugourd† LASIM, UMR 5579, and Sciences Analytiques, UMR 5180, CNRS et UniVersité Lyon 1, UniVersité de Lyon, Villeurbanne, F-69622 Lyon, France Downloaded by UNIV CLAUDE BERNARD LYON 1 on September 18, 2009 | http://pubs.acs.org Publication Date (Web): May 21, 2009 | doi: 10.1021/jp810342s ReceiVed: NoVember 25, 2008; ReVised Manuscript ReceiVed: April 23, 2009 Trapped oxytocin (OT) peptide dianions and copper-oxytocin complex dianions are subjected to electron detachment when irradiated by a UV light. Electron photodetachment experiments as a function of the laser wavelength were performed on the native disulfide-containing ring oxytocin, the reduced dithiol oxytocin, and the CuII-oxytocin complex. The electron detachment yield was used to monitor the excited electronic spectrum of the trapped ions. The spectra can be used as a fingerprint of the ionization state of the tyrosine chromophore under different structural environments. In gas-phase oxytocin dianion [OT-2H]2-, the tyrosine is deprotonated while it is neutral for the reduced form of oxytocin [OTSH-2H]2-. Optical spectra for the copper complex dianion [OT-4H+Cu]2- are in favor of a neutral tyrosine in the complex. A structure with the metal cation chelated to four deprotonated amide groups is proposed for this complex. I. Introduction Oxytocin (OT) is an important peptide hormone involved in reproductive functions, the primary physiological action of which is to elicit smooth muscle contraction, and thereby milk ejection and uterine contraction in mammals.1 It has interesting structural features including a 20-member disulfide-containing ring and an acylic CONH2-terminal tripeptide moiety (see Scheme 1). The biological activity of peptide hormones depends on their structural and conformational properties.1-5 In the case of oxytocin, conformational studies have been combined with activity studies to obtain better insight into the relationship between structure and activity.6 The crystal structure of the oxytocin hormone complexed with its receptor neurophysin protein has been determined, which has permitted elucidation of the key residues that are involved in hormone-receptor recognition.7 Moreover, it was shown that the presence of a divalent transition-metal ion (usually Zn2+, Ni2+, and Co2+) dramatically enhances the binding properties of oxytocin to its cellular receptor.8 Following this observation, numerous studies, in particular, potentiometric and photospectrometric studies, were performed on metal-OT complexes.9-13 The drawback of these experiments is that it is difficult to characterize the exact structure, in particular, the stoichiometry of the complexes whose properties are measured. By bringing such complexes to the gas phase, it is possible to study complexes with a defined stoichiometry. Electrospray ionization mass spectrometry has been successfully used for transfer to the gas-phase transition-metal ions with oxytocin complexes.14-16 A deep understanding of the structural changes induced in OT by divalent metal ion coordination has recently been obtained by coupling mass spectrometry and ion mobility techniques.17,18 The formation of a square-planar complex in * To whom correspondence should be addressed. E-mail: rantoine@ lasim.univ-lyon1.fr. † LASIM, UMR 5579. ‡ Sciences Analytiques, UMR 5180. which the transition-metal ion is bound to the neutral N-terminal amino group and to three deprotonated amide groups (4N chelation) was proposed. In this contribution, we use gas-phase optical spectroscopy to evaluate the influence of the sulfide reduction and of the copper complexation on the structure of oxytocin peptide dianions. Trapped oxytocin peptide dianions and copper-oxytocin complex dianions are subjected to electron detachment when irradiated by a UV light. The electron detachment yield was used to monitor the excited electronic spectrum of the trapped ions. The UV spectra provide a direct diagnostic of the ionization state of chromophores,19,20 in particular, of the tyrosine residue.21 II. Methods Sample Preparation. Oxytocin was purchased from SigmaAldrich (St. Quentin Fallavier, France). Copper salt (CuCl2) is high-purity crystal grade and solvents are high-performance liquid chromatography grade. Reduced and Nonreduced OT Solutions. The electrospray solution for OT was prepared by dissolving the peptide (100 μM) in a 1:1 mixture of water and acetonitrile. The reduction of the disulfide bridge of OT, leading to the formation of a dithiol (OT dithiol), was obtained by adding 10 mM dithiothreitol to OT (2 mM) aqueous solution and keeping at room temperature for 12 h. The electrospray solution for the reduced form of oxytocin (OTSH) was then prepared by dissolving the OTSH peptides (100 μM) in a 1:1 mixture of water and acetonitrile. KOH was added to obtain a final solution at pH 5-6. With these conditions, dianions of the form [OT-2H]2or [OTSH-2H]2- were observed in the negative ion electrospray mass spectrum. Copper-OT Complexes. The electrospray solution was prepared following ref 17 by dissolving the peptides (50 μM) and the copper salt (50 μM) in a 1:1 mixture of water and acetonitrile. The addition of 1% NH4OH yielded a pH of 9-10. With these conditions, both the monoanion [OT-3H+Cu]- and the dianion [OT-4H+Cu]2- were observed in the negative ion electrospray mass spectrum. 10.1021/jp810342s CCC: $40.75 © 2009 American Chemical Society Published on Web 05/21/2009 6608 J. Phys. Chem. A, Vol. 113, No. 24, 2009 Joly et al. Downloaded by UNIV CLAUDE BERNARD LYON 1 on September 18, 2009 | http://pubs.acs.org Publication Date (Web): May 21, 2009 | doi: 10.1021/jp810342s SCHEME 1: Chemical Structure of Oxytocin (amino-acid sequence Cys-Tyr-Ile-Gln-Asn-Cys-Pro-Leu-GlyNH2) Mass Spectrometry, Laser Irradiation of Trapped Ions. The experimental setup22 consists of a commercial LCQ Duo quadrupole ion trap mass spectrometer (ThermoFinnigan, San Jose, CA) coupled to a Panther OPO laser pumped by a 355 nm Nd: YAG PowerLite 8000 (5 ns pulse width, 20 Hz repetition rate). Frequency doubling allows scanning in the 215-330 nm range. The vacuum chamber and the central ring electrode of the mass spectrometer were modified to allow the injection at the center of the trap of UV and visible lights. An electromechanical shutter triggered on the RF signal of the ion trap synchronizes the laser irradiation with the trapping of the ions. The ions are injected into the trap, mass-selected, and then laser-irradiated for 10 laser shots. Fragmentation spectra are systematically recorded as a function of the laser wavelength. The photodetachment yield is given by ln((parent + fragment)/parent)/λ/Pl where λ is the laser wavelength and Pl is the laser power. However, we want to emphasize that the characteristic loss of 106 Da, which is a signature of the presence of a tyrosil radical,29 is inhibited when the oxytocin disulfide bridge is reduced. These differences in neutral loss channels, between OT and OTSH, may reflect the initial position of the radical that is obtained after electron loss and may thus be related to different initial charge location in the peptide (as discussed below). For OTCu, no additional fragment corresponding to neutral losses is observed. This inhibition of fragmentation following electron photodetachment is probably due to an increase in the dissociation energies caused by a strong coordination of the copper cation to the peptide. Electron Photodetachment Yields of the Reduced and Nonreduced Forms of Oxytocin. Signature of the Ionization State of Tyrosine. The electron detachment yields measured for the [OT-2H]2- and [OTSH-2H]2- dianions as a function of III. Results and Discussion Photofragmentation Mass Spectra: Electron Photodetachment and Neutral Losses. The mass spectra obtained following the laser irradiation at 255 nm of the oxytocin dianions in the nonreduced form [OT-2H]2-, the reduced form [OTSH-2H]2-, and that complexed with copper [OT-4H+Cu]2- are displayed in Figure 1. The main fragment observed corresponds to the radical oxidized ion generated by electron detachment from the precursor ion. This photoinduced charge reduction from the precursor ion is the main fragment channel observed for the three dianions. Electron loss was already observed as the main fragmentation channel after UV excitation in polypeptides and DNA polyanions mass spectra.23-25 In the near UV, the main electron detachment mechanism is a twostep mechanism. The first step is a resonant electronic excitation of the precursor ion,25-27 which is followed by a delayed electron emission.28 At 255 nm, the electronic excitation is mainly due to the ππ* excitations in oxytocin. For OT and OTSH dianions, some minor fragments are also observed in the mass spectra (in the m/z range 850-1000 Da). These fragments correspond to neutral losses arising from the fragmentation of the oxidized anion. Neutral losses are due to bond rearrangement processes that follow the photogeneration of the radical oxidized ion.29 The nature of the neutral losses depends on the state of reduction of oxytocin. For OT, losses of 33, 65, and 106 Da are observed, whereas losses of 44 and 70 Da are observed for the reduced form of oxytocin OTSH. The loss of 106 Da arises from the recombination of the radical oxygen of the tyrosine side chain residue. The losses of 33 and 65 Da might correspond to the losses of SH• and SSH• radicals, as also observed in electron capture dissociation experiments.14 We have no clear interpretation for the losses observed for the reduced form OTSH. The loss of 44 Da might correspond to the elimination of a •CONH2 radical, for example, by involving in a first step a hydrogen transfer between the CR5 and a radical site initially located on the S atom of Cys6, and followed by a β-γ cleavage of an Asn5 side chain. Figure 1. Mass spectra obtained after laser irradiation (λ ) 255 nm) of (a) the doubly deprotonated oxytocin (OT) peptide, (b) the doubly deprotonated reduced dithiol oxytocin (OTSH) peptide, and (c) the copper-oxytocin [M-4H+Cu]2- complex (OTCu). The irradiation time was 500 ms (10 laser shots), and the laser power was (a) 6.2 mW, (b) 3 mW, and (c) 3.3 mW. Optical Properties of Gas-Phase Oxytocin Downloaded by UNIV CLAUDE BERNARD LYON 1 on September 18, 2009 | http://pubs.acs.org Publication Date (Web): May 21, 2009 | doi: 10.1021/jp810342s Figure 2. Photodetachment yield measured as a function of the laser wavelength for the doubly deprotonated oxytocin (OT) peptide and the doubly deprotonated reduced dithiol oxytocin (OTSH) peptide. Dashed curves are smoothed curves of the experimental data. The irradiation time was 500 ms (10 laser shots). the laser wavelength in the 220-325 nm range are shown in Figure 2. For OTSH, the spectrum displays a monotone increase in the absorption from around 315-220 nm, with a shoulder centered around 284 nm. For OT, a different optical spectrum is obtained. A bathochromic shift is observed with an onset of the electron detachment yield occurring at 325 nm. Two bands centered at around 310 and 258 nm are observed. The bathochromic shift, observed between OTSH and OT spectra, is characteristic of the phenolic-OH deprotonation of the tyrosine residue in [OT-2H]2- dianions, as already observed for angiotensin dianions21 and as confirmed by time-dependent density functional theory (TDDFT) calculations.21 The strong bathochromism is due to the destabilization of tyrosine π molecular orbitals caused by the negative charge on the hydroxyl oxygen. According to TDDFT calculations, the band at 258 nm is mainly due to a π-π* excitation of the carbonyl bond and the one at 310 nm is mainly due to a π-π* excitation of the benzyl ring. The disulfide bridge also contributes to the absorption around 280 and 240 nm.30 For the reduced form of oxytocin, the resonant electronic excitation above 220 nm is mainly due to a π-π* excitation of the benzyl ring. Oxytocin is a peptide without carboxyl groups. The most acidic group in OT is the Tyr2 side chain.11 The first deprotonation site is then expected to be the OH group of Tyr2. As discussed above, this is in agreement with the optical spectrum displayed in Figure 2. The other potential proton donor groups, the -CONH- backbone amides, the -CONH2 amides of Gln4, Asn5, and Gly9, and the N-terminal -NH2 amino group, have significantly higher pKa values. The pKa value of the terminal amino group is significantly lowered as compared to those of the other groups31 because of the close vicinity of the disulfide group. The second deprotonation may then occur at the terminal amino group. Concerning the reduced form of oxytocin, the presence of the dithiol renders the OTSH peptide more acidic. Indeed, pKa values for thiols in peptides range from 9.0 to 9.5.32 Thus, deprotonation of the thiol groups in OTSH comes into competition with the deprotonation of the phenolic-OH group. The optical spectrum (see Figure 2) shows that the tyrosine is neutral in OTSH. The depronations may thus occur on the two thiol groups, as shown in the following schemes (Schemes 2 and 3). To summarize, the deprotonations in [OT-2H]2- occur on the phenolic-OH and probably on the terminal amino group, whereas for [OTSH-2H]2- they occur on the two thiol groups. Electron Photodetachment Yield of the Copper MetalOxytocin Dianion. The electron detachment yields measured for the [OT-4H+Cu]2- dianions as a function of the laser J. Phys. Chem. A, Vol. 113, No. 24, 2009 6609 wavelength in the 220-325 nm range is shown in Figure 3. The spectrum displays a monotone increase in the absorption from around 310 to 220 nm, with shoulder patterns centered around 280 nm and to a lesser extent around 300 nm. The optical spectrum of the copper-oxytocin complex is very similar to the one reported for OTSH dianions (see Figure 2). This similarity may indicate that the tyrosine residue in the [OT-4H+Cu]2dianions is neutral (see next section). The conformation of the disulfide bridged peptide hormone oxytocin is ideally suited for metal ion coordination via deprotonated amide nitrogens.10 It was presently reported that CuII and NiII form unusually stable square planar complexes with oxytocin and analogues, with four N coordination (4N complexes) at pH greater than 6.9,11,12 In these complexes the metal ion is bound to the neutral N-terminal amino group and to the nitrogen atoms of three deprotonated amide groups (4N chelation). A combination of ion mobility and collision induced dissociation experiments has recently confirmed the formation of 4N complexes in the gas phase.17 For [OT-3H+Cu]-, structures with a quasi-square planar Cu2+ center and a tetradentate ligand (deprotonated amide nitrogen atoms of the C-terminal residues Cys6, Leu8, and Gly9 along with the N-terminal amino group) has been proposed. For [OT4H+Cu]2- dianions, a similar 4N chelation structure with a deprotonated tyrosine would be a possible structure. However, the present reported optical spectrum for this complex seems to be in favor of a neutral tyrosine. This suggests an alternative structure with the metal cations bound to four deprotonated amide groups as shown in Scheme 4. This type of structure has already been observed in the bis-biuret complex.33,34 It is stabilized by electrostatic forces between the cations and deprotonated amide groups and by the delocalization of the negative charges on the peptide bonds over the disulfidecontaining ring. Theoretical Investigation of the Optical Properties of GlyTyrGlyGlyGly Pentapeptide Complexed with Cu2+. Obviously, not only deprotonation of the tyrosine residue but also the presence of the copper cation and of the four negative charges may affect the optical properties of the oxytocin peptide. Unfortunately, computation of copper oxytocin complex excited states is still out of reach. To probe these effects at a high level of theory (TDDFT), we chose a simplified 4N chelation complex composed of a mimic peptide (GlyTyrGlyGlyGly pentapeptide) complexed with Cu2+. In the GYGGGCu_A complex, the tyrosine is deprotonated and three amide nitrogen atoms are deprotonated. In the GYGGGCu_B complex, the tyrosine is neutral and four amide nitrogen atoms are deprotonated. The structures of these two complexes are displayed as insets in Figure 4. Trial 4N chelation structures were first optimized for both complexes, at the MM+ force field level. The lowest energy structures were then reoptimized using the semiempirical PM6 calculations.35 Single-point calculations were then performed for the GYGGGCu_A and GYGGGCu_B complexes, at the density functional method (DFT) with the B3LYP hybrid functional and the 6-31++G** basis set. The GYGGGCu_A complex is found to be slightly more stable by 44 meV compared to the GYGGGCu_B complex. Absorption spectra were obtained from the TDDFT method using B3LYP with 6-31++G** basis set. Although of moderate size, the 6-31++G** basis set contains diffuse functions and usually enables an appropriate description of excited states. For the two complexes, numerous bands with non-negligible oscillator strength are present in the 240-500 nm range. In fact, the presence of both the copper cation and the four deprotonations add some 6610 J. Phys. Chem. A, Vol. 113, No. 24, 2009 Joly et al. SCHEME 2: Proposed Structure for [OT-2H]2- Downloaded by UNIV CLAUDE BERNARD LYON 1 on September 18, 2009 | http://pubs.acs.org Publication Date (Web): May 21, 2009 | doi: 10.1021/jp810342s SCHEME 3: Proposed Structure for [OTSH-2H]2- contributions to the optical spectra. In particular, the analysis of orbitals responsible for the transition in the 300-400 nm range indicates that the calculated transitions are mainly due to the 4N chelation ring structure and involve orbitals localized on the copper atom. The analysis of the leading excitations between occupied and virtual Kohn-Sham orbitals participating in the intense transition at 367 nm show that excitation occurs within the 4N chelation structures for the GYGGGCu_B complex. On the other hand, for the GYGGGCu_A complex, the analysis of the intense transition at 349 nm shows that the excitation is mainly due to a charge transfer between the deprotonated tyrosine and the 4N chelation complex. The GYGGGCu_A complex with the deprotonated tyrosine displays stronger oscillator strengths in the 300-400 nm range than the GYGGGCu_B complex with the neutral tyrosine. In particular, for the GYGGGCu_A mimic complex, no decrease in the absorption is expected between 300 and 350 nm. Experimentally, we do not observe a significant absorption in the 300-325 nm range (see Figure 3) with almost no fragmentation above 310 nm. However, it is difficult to directly compare the calculated spectra of the mimic peptide copper complexes with the experimental spectrum of the OTCu complex. It should also be pointed out that the transition energies for the states with a long-range charge-transfer character are systematically too low in the framework of the TDDFT approach.36 Furthermore, calculations were performed by including only 400 transitions. This Figure 3. Photodetachment yield measured as a function of the laser wavelength for the copper-oxytocin [M-4H+Cu]2- complex (OTCu). The dashed curve is a smoothed curve of the experimental data. The irradiation time was 500 ms (10 laser shots). SCHEME 4: Proposed Structure for the OTCu Complex Figure 4. TDDFT calculation of the optically allowed transitions λ (in nanometers) and oscillator strengths (fe) for the GYGGGCu_A (a) and the GYGGGCu_B (b) complexes. The number of transitions (doublet states) included in the calculation is 400. Broadening of the lines is simulated by Lorentzian functions with a width of 7 nm. The lowest energy structures at the DFT level of theory are displayed in the insets. Optical Properties of Gas-Phase Oxytocin truncation leads to an underestimation of the total oscillator strength below 250 nm. With these reserves, the calculated spectra confirm that the weak absorption observed for the complex above 300 nm is in favor of a neutral tyrosine residue in the copper-oxytocin complex. Downloaded by UNIV CLAUDE BERNARD LYON 1 on September 18, 2009 | http://pubs.acs.org Publication Date (Web): May 21, 2009 | doi: 10.1021/jp810342s IV. Conclusion We used electron detachment to report the gas-phase electronic excitation spectra of oxytocin dianions under different structural environments. Experiments provide a clear signature of the ionization state of the tyrosyl group. For the native disulfide-containing ring oxytocin, the phenolic-OH group of tyrosine is deprotonated whereas for the reduced dithiol oxytocin, this group is neutral. The optical spectrum for the CuII-oxytocin complex dianion is in favor of a neutral tyrosine. A structure, different from the 4N solution structure, with four deprotonated amide groups might be adopted by this complex. This last result highlights the specificity and richness of the chemistry in the gas phase for metal-ligand systems.37,38 This new type of chelated structures should now be confirmed by calculations or further experiments. References and Notes (1) Gimpl, G.; Fahrenholz, F. Physiol. ReV. 2001, 81, 629. (2) Breslow, E. Annu. ReV. Biochem. 1978, 48, 251. 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JP810342S ___________________________________________________________________________ TITRE COUPLAGE SPECTROSCOPIE OPTIQUE / SPECTROMETRIE DE MASSE : PROPRIETES OPTIQUES ET PHOTOFRAGMENTATION DE BIOMOLECULES RESUME Cette thèse présente une étude des propriétés optiques et de la photofragmentation de biomolécules en phase gazeuse. Les expériences sont effectuées sur un piège ionique quadripolaire couplé avec des lasers UV-Visible accordables en longueur d'onde. Les molécules sont isolées en phase gazeuse au centre du piège puis irradiées par le faisceau laser. Pour les molécules polyanioniques, le canal de relaxation principal après excitation laser est l'émission d'électron. Cette perte d'un électron conduit à la formation d'un ion radicalaire. Une partie de ce travail est consacrée à l'étude de la relaxation de molécules polyanioniques après excitation laser et notamment aux mécanismes conduisant à la perte d'électron. Les expériences de photodétachement réalisées à Lyon ont été complétées par des expériences de spectroscopie de photoélectron effectuées à Karlsruhe (Pr. Kappes). La production d'anions radicalaires a un potentiel analytique important. L'un des objectifs de ce travail de thèse a été d'étudier la réactivité de ces ions radicalaires et de montrer l'intérêt de leur fragmentation pour l'analyse structurelle de peptides. L'autre objectif était de sonder les propriétés électroniques de protéines et de peptides en phase gazeuse. Pour cela, le taux de détachement d'électron a été enregistré en fonction de la longueur d'onde du laser. Nous avons notamment pu déterminer des signatures optiques pour des chromophores neutres, déprotonnés ou radicalaires au sein des protéines. Ces résultats ont été comparés à des calculs théoriques (TD DFT). MOTS-CLES Spectrométrie de masse, photofragmentation, photodétachement d'électrons, spectroscopie optique, laser UV, protéine, peptide, TDDFT ___________________________________________________________________________ TITLE OPTICAL SPECTROSCOPY / MASS SPECTROMETRY COUPLING: OPTICAL PROPERTIES AND PHOTOFRAGMENTATION OF BIOMOLECULES ABSTRACT This manuscript discusses optical properties and photofragmentation of gas phase biomolecules. These experiments are performed with a quadrupolar ion trap coupled to a UV-visible tunable laser. Molecules are isolated at the center of the trap, and irradiated by the laser beam. The most intense relaxation channel observed for multiply negatively charged ions is electron emission. This loss of one electron leads to radical anion formation. The first part of this manuscript is dedicated to the study of the mechanisms leading to the electron loss. Photodetachment experiments performed in Lyon were completed by photoelectron spectroscopy experiments performed in Karlsruhe (Pr. Kappes). The radical anion production has an important analytical potential. One of the main objectives of this work was to study the reactivity of this radical anion and to show the interest of radical fragmentation for the structural analysis of peptides. An other objective was to probe electronical properties of gas phase peptides and proteins. The electron detachment yield is recorded as a function of laser wavelength. We have determinated optical fingerprints for neutral, deprotonated and radical chromophores localized in the heart of proteins. These results are compared to computational methods (TD DFT). ___________________________________________________________________________ DISCIPLINE Physique moléculaire __________________________________________________________________________ ADRESSE DU LABORATOIRE Laboratoire de Spectrométrie Ionique et Moléculaire Unité Mixte de Recherche (UMR 5579) CNRS / UCBL Domaine Scientifique de la Doua – Université Claude Bernard Lyon1 Bâtiment Alfred Kastler, 43, Bd du 11 Novembre 1918 69622 Villeurbanne, FRANCE