Un siècle de pratiques sportives (1906-2009)
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Un siècle de pratiques sportives (1906-2009)
Collection Histoire et Patrimoine de La Courneuve Un siècle de pratiques sportives (1906-2009) Service de la Culture - septembre 2009 Le mot de l’élue Avec Gilles Poux, notre maire et Eugène-Henri Moré, adjoint à la jeunesse et aux sports, nous sommes très heureux de vous proposer cette exposition et cette brochure qui retracent l’histoire sportive de la ville, de ses habitants et de ses clubs. D’autres aspects de l’histoire et du patrimoine de la ville ont déjà été présentés aux courneuviens par le passé mais un renouvellement s’opère depuis quelques années. Un indispensable travail de mémoire et d’histoire de notre ville est en cours. La parole se libère, les documents sont découverts et analysés par les historiens. Après l’histoire des bidonvilles, celle de l’industrie, celle de la naissance des nouveaux quartiers, c’est un nouveau pan de l’histoire communale qui est mis en lumière. Nous savions que notre ville était sportive mais vous découvrirez au cours de ces pages comment elle l’est devenue, au fil du temps, grâce à l’investissement de nombreux acteurs. Les liens qui existent entre les différents éléments de l’identité courneuvienne et le sport seront dévoilés. Le foot est arrivé avec les usines et les ouvriers au début du XXe siècle. La compétition a fait rage entre les différentes équipes des usines. Puis les équipements des entreprises sont devenus ceux de la collectivité. Chaque quartier s’est doté d’un club de boules et d’un terrain. Il n’y a pas plus universel que le jeu de boules, à La Courneuve comme dans tout le département ! La croissance démographique de la ville s’est nourrie de tous les courants migratoires et cette population extrêmement diverse s’est retrouvée sur les terrains de sport, hier pour jouer au foot ou au rugby, aujourd’hui pour pratiquer le cricket. Certains migrants ont pu dire qu’ils n’avaient pas quitté la dureté de leur pays pour voir leurs enfants taper dans un ballon à longueur de journée mais certains y ont excellé et en ont fait leur profession. D’innombrables champions sont sortis des clubs de notre ville. Plusieurs générations d’encadrants ont œuvré, ont donné du sens à leur action et se sont succédés dans les associations sportives. Ils trouveront le récit de ce qu’ils ont aidé à construire : une ville sportive et citoyenne. Qu’ils soient remerciés de leur investissement qui fait la richesse de notre ville. Soumya Bourouaha, adjointe au maire, déléguée à l’accès à la culture, à la lecture publique, au patrimoine et au tourisme. Un siècle de pratiques sportives à La Courneuve 1906-2009 « Finale de l’Eurobowl 2009 à Insbruck, Le Flash contre les Raiders », 11 juillet 2009, photographie de Gérard Vidal. « Rayon de sport féminin, patronage féminin de Saint-Yves en 1946 », Fonds ethnographique, Service documentation archives, collection Delahaye 1946. « Pyramide en 1954 », Service documentation-archives, 3fi 1. « Etudier l’histoire du sport est un outil pour comprendre notre société » Philippe Liottard, 1999. C ela fait un siècle que les pratiques sportives se démocratisent à La Courneuve, grâce à la construction d’équipements et à la constitution d’associationssportives.Leterritoiredelavilleestparseméd’équipements, stades, gymnases, piscines, dojos, parc inter-départemental des sports et cela depuis des décennies. L’emprise du sport s’est manifestée par l’organisation de grandes fêtes sportives, par la tenue de compétitions nationales, par la constitution d’équipes, dans les entreprises industrielles, dans les syndicats, les partis politiques, les patronages laïcs ou ecclésiastiques, les nouveaux quartiers et quelquefois d’équipes par nationalité. De ces pratiques et de ces rencontres sont parfois nées des amitiés et des solidarités : « des amis pour la vie » ! Quelques grands noms ont émaillé cette histoire : des joueurs du COC, Grizzetti, Tellechéa, Ben Emar, Nuevo, Labalette, Kula, etc., des boxeurs, Eldo Cotti, Jean-Baptiste Mendy, depuis 25 ans le Flash, ou encore le club de moto et Pierre Cascarino. Témoignages, documents d’archives et photographies offrent des regards croisés sur ce siècle de pratiques sportives où nous suivrons tour à tour, le sport et les sportifs, les équipes, les associations et les équipements nécessaires aux pratiques, les stades, gymnases etc. « La Courneuve : c’est un concentré de l’histoire du sport ! » « Les amis », Fonds ethnographique, Service documentation archives, collection Coussinet 1950. « Tournois de foot inter-quartiers à Clairefontaine », Fonds iconographique du magazine Regards, année 1999, Stéphane Kovalsky. 1) « Diplôme de champion de France militaire 1939 », Fonds ethnographique, Service documentation archives, collection Cotti. 2) Fonds ethnographique, Service documentation archives, collection Bost, 1945. 3) Fonds ethnographique, Service documentation archives, collection Coussinet 1945. 4) « Licence professionnelle de boxe 1935 », Fonds ethnographique, Service documentation archives, collection Cotti. 1 2 4 3 Exposition : Service de la Culture, septembre 2009 / Conception : Jean-Michel Roy, attaché de conservation du patrimoine, Service Culture, mairie de La Courneuve / Réalisation : Pierre Cliquet / Textes de Jean-Michel Roy, sauf les panneaux 6, 14 et 19 de Yann Lalande, Service Communication, mairie de La Courneuve / Recherches documentaires : Jean-Michel Roy, Fabienne Bouveau et Laurent Magre, Service documentation-archives, mairie de La Courneuve Service de la Culture 2009 1 Les sportifs et le sport Les effectifs des sportifs « Basketteuses du COC », Fonds ethnographique municipal, Service documentation-archives, collection Bost, 1944. Carte postale du Red Star Courneuvien 1907, Service documentation-archives, 8fi 290. A u début du XXe siècle, le sportif est principalement un homme. La plus ancienne photographie de sportifs à La Courneuve est celle montrant les joueurs du Red Star Courneuvien ; elle date de 1907. On y voit une douzaine de jeunes hommes en short blanc et tunique, bleue ou verte, décorée d’une étoile rouge. Ils sont entourés des patrons d’usines et des forces de l’ordre. Le coût des équipements freine la démocratisation du sport au début du siècle. Mais peu à peu, ce dernier se démocratise et se féminise. Dans les années 1930, un véritable engouement populaire conduit à la multiplication des associations sportives. Près d’un millier de courneuviens pratiquent une activité sportive à la veille de la Seconde guerre mondiale, soit 6 à 7% de la population. Après la Guerre, le mouvement de professionnalisation du sport, interrompu par le gouvernement de Vichy, reprend et sa médiatisation sert de locomotive à l’élargissement des effectifs de sportifs. Dès lors, le nombre de sportifs ne cessera globalement de croître, passant de moins de 2000 à la fin des années 1960, à plus de 3500 dans les années 80, grâce à une politique volontariste de la municipalité. Il y a 5300 pratiquants en 1996 et 6000 en 2003, soit 16% de la population. Plus de la moitié des sportifs sont des jeunes qui pratiquent dans le cadre scolaire ou péri-scolaire. Le mois du sport : « Témoin de la richesse et de la diversité des pratiques sportives qui allient sport de masse, sport de compétition, pratique de quartier, le mois du sport constitue un événement dans la ville. » Regards, 6 mai 1988 Fonds iconographique du magazine Regards, 1975. Fonds ethnographique municipal, Service documentation-archives, collection Martin, années 50. Service de la Culture 2009 2 Les sportifs et le sport L’école : de l’éducation physique et sportive au sport Fonds ethnographique municipal, Service documentation-archives, collection Bost 1943. L a naissance du sport en France, à la fin du XIXe siècle, est étroitement liée au milieu scolaire puisque ce sont les lycéens des grands établissements parisiens qui créent les premiers clubs et associations de sport. Mais avant les années 1960, le sport n’a pas droit de cité à l’école. On y pratique l’éducation physique qui s’adresse à tous et surtout doit permettre un développement harmonieux des plus faibles. Le gymnase de la rue Pluchet sert de cadre à ces enseignements de « dressage » du corps et de « façonnage » de l’esprit, principalement à travers la gymnastique. La terrasse du troisième étage de l’école Poincaré est dévolue à la « culture physique ». Le sport est pratiqué, en dehors du temps scolaire, par les enfants, le jeudi après-midi, avec les patronages ou les associations sportives. En 1938, plus de 200 enfants pratiquent football et basket-ball, à Saint-Yves et à SaintLucien. Durant le Front Populaire, en 1938, l’Office du Sport Scolaire et Universitaire (O.S.S.U.) est créé par Jean Zay et Léo Lagrange et les professeurs d’éducation physique développent le sport scolaire. En 1950, ce sont 3 heures hebdomadaires qui sont instituées, en même temps que l’Association Sportive (A.S.). En marge du sport scolaire, en 1965, la municipalité lance l’opération « Sport-jeudi », puis en 1969, l’Ecole Municipale de l’Education Physique et Sportive (E.M.E.P.S.). En 1982, 10 disciplines sont enseignées, tous les mercredis, par 18 professeurs qui délivrent 105 heures d’enseignement hebdomadaire s’adressant à 1100 enfants. L’éducation physique et sportive se manifeste, à l’école, jusque dans les années 1960, par l’organisation de grandes fêtes sportives. De vastes manifestations sont aussi organisées chaque année par l’EMEPS qui regroupent des milliers d’enfants. En 1929, on peut lire : « l’éducation physique ne doit pas être faite au détriment des autres matières générales ». Service documentation-archives, Série 4R. Service documentation-archives, Série 4R. Fonds iconographique du magazine Regards, années 70-90. Service de la Culture 2009 3 Les sportifs et le sport Qu’est-ce que le sport ? Fonds iconographique du magazine Regards 1980. L e sport se pratique principalement dans des cadres institutionnels (école, entreprise, association, etc…). Il nécessite des règles et de l’organisation. Son invention est très certainement le résultat de l’invention des lois du jeu, des arbitres et des règles. La compétition sportive suppose la mesure, la comptabilité, un classement, etc. La notion même de record n’existe qu’à travers l’ensemble de ces facteurs. Selon le sociologue Norbert Elias, le sport sert à maîtriser la violence. Même les sports de combat les plus violents ont des règles. Laouf Amani, entraîneur de boxe française de l’EMEPS déclarait, en 2004, à Regards : « la boxe française est un sport éducatif très codifié, avec des règles. On leur apprend surtout le respect d’autrui ». Dès le plus jeune âge, les règles s’apprennent même en dehors d’associations ou de clubs. « On n’avait rien » se souvient Jean Tellechéa dont le père, originaire de Bilbao était arrivé en France en 1923. « On rentrait de l’école, on jetait le cartable et on filait jouer au ballon ; on avait un ballon pour 20 gamins ». Ce jeu passionne les sept garçons de Jean qui jouent ensuite au club de foot, dans l’équipe qui est entraînée par Antoine, l’aîné des frères Tellechéa. Dans les années 1990, l’installation de paniers de basket sur les aires de jeux, conjuguée avec l’effet produit par le jeu de rêve de la Dream team de Michaël Jordan, lors des Jeux Olympiques de Barcelone, en 1992, conduit de nombreux jeunes à adhérer au club local. Ils apprennent à lancer le ballon à l’école et dans les rues, puis ils viennent jouer au Basket Club Courneuvien. Ils gagnent en s’amusant. Les grands sportifs ont un rôle d’entraînement et servent de modèles aux plus jeunes. « Le judo est plus qu’un sport, c’est une philosophie avec des codes moraux comme la modestie et la maîtrise de soi et des codes de discipline comme par exemple, saluer l’adversaire au début et à la fin d’un combat » Sophie, Regards, 02-2004 « Philippe Tellechéa à droite », Fonds ethnographique municipal, Service documentation-archives, collection Coussinet, années 1950. Fonds iconographique du magazine Regards 1993. Fonds iconographique du magazine Regards, années 70-90. Service de la Culture 2009 4 Les sportifs et le sport Champions et exploits sportifs Gwladys Epangue, médaillée de Bronze de Taekwondo aux Jeux Olympiques 2008, photographiée à La Courneuve le 2 avril 2009 par Gérard Vidal. à l’issue de la Seconde guerre, de nombreux brillants jeunes joueurs de l’équipe de football du COC connaissent une carrière de joueurs professionnels : Angelo et Gérard Grizzetti, Edouard Kula, Jo Ben Amar, Santiago Bravo, Victor Rivero, Manuel Esteban, José Lopez, José Pardo, Justo et Marcel Nuevo. Deux frères, Joseph et Raphaël Tellechéa, ainsi que Christian Labalette, deviennent même internationaux. Plus récemment, Matt Moussillou ou Yoan Gouffran sont, eux aussi, devenus joueurs professionnels. En Boxe, Eldo Cotti, ami de Marcel Cerdan et de Georges Carpentier, a échoué, sur blessure, au 3e round, dans sa conquête du titre de champion du monde des poids coq 1937, face à l’espagnol Baltazar Sangchilli. Plus près de nous, Jean-Baptiste Mendy, surnommé « le diamant noir », a été champion du monde de boxe WBC et WBA, en 1996 et 1998. En boxe thaï, le Derek Boxing est mondialement connu et Khaled Hebieb est double champion du monde, sans oublier Abdoul Karim Touré, Lahcenne Brigui et Grégory Choplin, sportif de l’année 2009. Gwladys Epangue, dite Glad, est vice championne du monde de Taekwondo et médaille de bronze des derniers Jeux Olympiques. Le club de Canoë-Kayak a été le meilleur club français, dans les années 1980, avec 3 champions de France. Le club de natation a compté une championne de France. De véritables exploits sportifs ont aussi été réalisés. En 1984, Thierry Cossu et Fabrice Boissard, membres fondateurs de la section de Canoë-Kayak, ont effectué une première mondiale, en reliant Marseille à Alger en canoë. De 1985 à 1987, Robert Laponce et Dominique Valadon, membres du Moto Sport Courneuvien, ont participé à l’épreuve du Paris-Dakar. En 1992, 8 membres du Club Courneuvien de Cyclisme ont effectué leur « Campagne de Russie » en reliant à vélo, La Courneuve à Moscou, soit 6500 kilomètres. Fonds ethnographique municipal, Service documentation-archives, collection Cotti 1937. « Caricature parue dans la presse sportive en 1937 », Fonds ethnographique municipal, Service documentation-archives, collection Cotti. Fonds ethnographique municipal, Service documentation-archives, collection Cotti 1937. Fonds iconographique du magazine Regards, années 80. Service de la Culture 2009 5 Les sportifs et le sport Les sportifs : des amis pour la vie « Galette des rois », Fonds iconographique du magazine Regards 1980, photographie Robert Laponce. « Les amis du COC », Fonds ethnographique municipal, Service documentation-archives, collection Dholandre années 60. L es relations humaines qui se nouent, dans le cadre sportif, notamment pour les sports collectifs ou lors d’exploits, sont extrêmement fortes et contribuent parfois à souder les pratiquants « à la vie, à la mort ». Les groupes ont souvent leur mythologie avec un événement fondateur qui sert de lien et auquel ils peuvent se référer. Ce sont les actes de naissance des grandes équipes ! L’âge d’or du COC et la passion de Pierre Coussinet pour le foot sont contenus dans l’album de photographies que son épouse Solange a confectionné, avec comme point d’orgue, la victoire de la Coupe de Paris des anciens en 1960. La vie de Solange et de Pierre a tourné autour du football durant 30 ans. L’album contient des photos de déplacements et de voyages organisés par le club ; photos rendant inoubliables les moments que passent les ami(e)s, dans le train, devant les monuments, à la terrasse des cafés ou lors des repas. Des moments ritualisés sanctionnent ces relations et des photos immortalisent les banquets. Le parcours footbalistique des frères Tellechéa est contenu dans un cahier que détient l’un des frères. La carrière d’Eldo Cotti est retracée dans un album de photos comprenant aussi les coupures de presse de l’époque, une affiche, une licence et un diplôme. Les souvenirs, immortalisés par des photos et conservés dans des albums, relient les sportifs entre eux ainsi qu’avec l’encadrement. L’entraîneur de l’équipe de basket-ball féminin, Léon Gloméron raconte, en 1988, dans un article du journal Regards, la défaite de son équipe féminine en finale de la coupe de France, face à Nanterre : « la tension était telle que ce soir-là j’ai cru que j’allais mourir… A la fin du match, j’ai vu mes filles s’écrouler par terre et pleurer ». Lorsque ses filles, qu’il appelle affectueusement les grandes, se sont mariées, il a été invité à toutes les noces. Page d’album de photographies, Fonds ethnographique municipal, Service documentation-archives, collection Coussinet, années 50. Fonds ethnographique municipal, Service documentation-archives, collection Coussinet, années 50. Service de la Culture 2009 6 Les sportifs et le sport Le sport et les sportifs aujourd’hui Grégory Choplin, champion du monde de boxe thaï, juin 2009, photographie Gérard Vidal. S i le sport et les sportifs ont leurs logiques propres, ils n’évoluent pas en marge de la société, tendant à cette dernière un miroir, tour à tour inquiétant ou réjouissant. La violence verbale ou physique, en dépit des efforts fournis pour l’endiguer, est une réalité sur et autour des terrains de football, sport de toutes les passions et de tous les débordements. L’appât du gain et les rêves de professionnalisme brouillent parfois le message du sport amateur chez les plus jeunes. La mondialisation est une réalité pour les champions courneuviens. Sydney Gavignet, brillant skippeur a fait le choix de s’installer à La Courneuve par souci de commodité, lui qui navigue le plus souvent dans les mers du Sud. Diandra Tchatchouang, l’une des basketteuse les plus prometteuses de la planète, vient de décider de poursuivre son apprentissage dans l’Université américaine de Maryland. Sous l’influence des modes ou de l’arrivée de nouvelles populations, on pratique de nouveaux sports. Depuis peu, les Courneuviens s’adonnent à la capoeira ou au jujitsu brésilien. On croise dans les squares ou au Parc départemental des joueurs de cricket originaires du sous-continent indien. Les établissements scolaires s’ouvrent sur l’extérieur et établissent des partenariats avec les clubs. Le lycée Denis Papin a ouvert une section judo. Depuis la rentrée, au collège Jean Vilar, une classe flag (variante du football américain) et anglais est née. Sous l’effet de ces dynamiques, bien difficile d’imaginer le paysage sportif de 2030 ! Démonstration de capoeira devant le Judo Club Courneuvien, Regards, 04-12-2008, photographie Gérard Vidal. Diandra Tchatchouang en juin 2005 avant son départ pour l’I.N.S.E.P.», Regards, photographie Gérard Vidal. Joueurs de cricket dans le parc départemental et dans le département de Seine-Saint-Denis, photographies Silvia Colato, 2009. Service de la Culture 2009 7 Les équipes et les associations L’esprit militaire des premières associations sportives à La Courneuve Service documentation-archives, Nouvelles acquisitions, Le Pélerin, 1925. L ’Union des Tireurs de La Courneuve est fondée en 1907 par M. Selle, comptable de l’entreprise Babcock. Elle enseigne le tir et la préparation militaire. Elle participe au mouvement de militarisation des pratiques sportives, depuis la défaite de la guerre Franco-Prussienne, à Sedan. Elle compte plus de 80 adhérents et cesse ses activités en 1940. C’est principalement à travers la gymnastique que se traduit cette conception du sport, afin de former physiquement de nouveaux combattants. Une salle de gymnastique est construite en 1906 dans l’école de la rue Pluchet sur les plans de l’architecte Mathieu. Durant la Première guerre, cette salle est aménagée pour accueillir deux classes. La Société Athlétique et Sportive de La Courneuve créée après guerre, dispense des cours de gymnastique auprès des élèves des écoles primaires et des cours de gymnastique, de boxe et de canne, aux jeunes gens. Ce sont des sous-officiers du 5e régiment d’infanterie qui servent de moniteurs aux enfants, dans les années 1920. La gymnastique, proche du pouvoir politique, assure un rôle dans l’embrigadement de la jeunesse et dans la formation d’un esprit nationaliste. Les fêtes de gymnastique sont au cœur du processus de formation idéologique de la jeunesse et sont organisées annuellement. Gymnase de la rue Pluchet, Service documentation-archives, 3fi 1, 1956. Service documentation-archives, Nouvelles acquisitions, Le Pélerin, 1925. Papier à en-tête, Service documentation-archives, 4R 2, 1925. Service documentation-archives, 3fi 1, 1954. Service de la Culture 2009 8 Les équipes et les associations Les clubs d’usines ou le corporatisme sportif Fonds ethnographique municipal, Service documentation-archives, collection Coussinet, années 50. Fonds ethnographique municipal, Service documentation-archives, collection Coussinet, années 50. L a carte postale du « Red Star Courneuvien » de 1907 indique que le football était pratiqué dès le début du siècle, à La Courneuve, sous l’égide des patrons d’entreprises qui posent avec les joueurs, sans doute les ouvriers des premières usines. En 1911, les usines Babcock et Wilcox déclarent leur équipe de foot. En 1913, lors de la fête d’automne du quartier de la Gare et Pasteur, la municipalité organise une rencontre de football avec le « Belleville amical club ». A partir des années 1920, les entreprises de la ville, Nord Paris, Babcock, Ferbois, Norton, S.I.M.B., la Société Générale de Construction Mécanique et la SATAM, créent leurs propres équipes et surtout leurs équipements, tout en profitant également des équipements publics. Les chefs d’entreprise poursuivent plusieurs buts : avoir des employés en bonne forme physique, assurer la cohésion du personnel et rivaliser avec les autres entreprises. Ce mouvement dénommé généralement « corporatisme sportif », conduit parfois les chefs d’entreprises à recruter des jeunes joueurs de bon niveau parmi leurs employés, afin de remporter les tournois organisés. Les présidents des autres clubs regrettent ce phénomène et ne manquent pas de le dénoncer, dans leurs bulletins : « le sport corporatif ne doit pas tuer la jeunesse ». Les clubs sont affiliés aux fédérations et ligues de sport amateur, notamment le football. De nouveaux clubs naissent des grèves de 1936, le club Rateau et l’Union Sportive Courneuvienne, au nom du comité local du rassemblement populaire. Ce dernier club adhère à la FSGT, Fédération sportive et gymnique du travail née, dans la mouvance du Front Populaire, qui regroupe 4300 associations locales de sport et de loisir, jusqu’à sa dissolution, en 1940 par le gouvernement de Vichy. Les clubs participent aux fêtes de la ville et aux tournois qu’ils organisent. Dans les années 70-90, il existe une dizaine de clubs corporatifs qui regroupent près d’un millier de sportifs. Collection de papiers à en-tête, Service documentation-archives, 4R et 12W. « Le sport corporatif ne doit pas tuer la jeunesse » Fonds ethnographique municipal, Service documentation-archives, collection Coussinet, années 50. Service de la Culture 2009 9 Les équipes et les associations Nouveaux quartiers et création d’associations sportives : « l’esprit clubiste» Vue aérienne du nord du quartier des Quatre Routes, « l’avenir parisien » en 1926, Collection Service culture. Bulletin du COC, Service documentation-archives, 4R 1. à partir de la fin du XIXe siècle, de nouveaux quartiers sortent de terre ; le quartier de la gare et du boulevard Pasteur, le « quartier neuf » en 1901, le quartier de la route de Flandre dit des « Quatre-Routes », avant la Première guerre mondiale, etc... Dans les années 20, la population du quartier des « Quatre Routes » explose littéralement et passe à plus de 3000 habitants. Des associations sportives naissent dans ce quartier éloigné du centre ville. La société « L’éclair de La Courneuve », club colombophile, est créée en 1925 ; son siège est situé à l’Auberge Vaillant des « Quatre Routes ». Des clubs de boules se constituent dans tous les quartiers. C’est aussi la création du COC : « c’est en 1933, le 15 août pour être précis, que furent jetées les premières bases, pour la création d’un club aux quatre Routes, et en ce jour d’assomption, une épreuve de marche fut organisée de toute main par nos amis de toujours : Carton, Gontier, Lacombe, Figeac, Palais et quelques autres. Cette épreuve fut des plus amusantes et les résultats sportifs, furent empressons-nous de le dire, négatifs, elle ressembla plutôt à un défilé de carnaval en saison avancée ». Durant les années 1930, c’est l’avènement du sport de masse et du sport événement, Championnat de France de foot, Jeux Olympiques, Tour de France, etc. En 1938, les dirigeants du COC qui voient la population de la ville croître, veulent faire de La Courneuve, une ville sportive et du COC « le plus grand club régional ». Devise du COC : « Aimer votre club n’oblige pas à détester les autres » Bulletin du COC, Service documentation-archives, 4R 1. Affiche, Service documentation-archives, 4R 1. Affiche, Service documentation-archives, 4R 1. « L’équipe du COC composée de joueurs seniors et juniors », fin années 1930 - début 40, Fonds ethnographique municipal, Service documentation-archives, collection Coussinet. « L’espoir courneuvien », Fonds ethnographique municipal, Service documentation-archives, collection Coussinet, années 40. Service de la Culture 2009 10 Les équipes et les associations Les patronages laïcs et religieux et les clubs affinitaires « L’équipe de foot des Hirondelles de Saint-Lucien », cliché de A. Bienvenu, Fonds ethnographique municipal, service documentation-archives, collection Lemoine, années 20. L ’église assure par le biais des patronages locaux un encadrement moral rigoureux des jeunes gens au début du XXe siècle. Comme à l’école publique, les filles et les garçons sont séparés pour les activités sportives et culturelles. Danse et gymnastique sont proposées aux filles alors que les garçons peuvent pratiquer le football ou le rugby. L’Avant Garde de SaintLucien est créée en 1926 et encadre l’équipe de football des « Hirondelles de Saint-Lucien » ainsi que les activités féminines. En 1932, alors que se construit l’église Saint-Yves, la Société des Yvoniens, patronage de l’église, est créée et s’occupe comme à Saint-Lucien de plusieurs centaines d’enfants. Affilié à la fédération des œuvres laïques, un patronage laïc voit aussi le jour en 1930 et propose de nombreuses activités sportives (football, ping-pong, basket-ball et natation) ainsi que des colonies, à Dry, dans le Loiret, pour les garçons et à Molay, dans l’Yonne, pour les filles. Des associations culturelles et sportives regroupent aussi des immigrés de fraîche date. Les espagnols se retrouvent autour de leurs équipes de foot, soit le Deportivo Español, qui dépend du patronato de Saint-Denis ou soit, l’Atlético Español d’Aubervilliers. Le Deportivo Español a son stade, rue Anatole France, jusqu’en 1938, ainsi qu’un terrain au Parc des Sports. Page d’album de photographies, Fonds ethnographique municipal, Service documentation-archives, collection Delahaye, 1946. « L’équipe de Basket de Saint-Lucien », Fonds ethnographique municipal, Service documentation-archives, collection Lemoine, années 20. Service de la Culture 2009 11 Les équipes et les associations L’organisation des activités sportives : le Cartel des Sports et l’Office Municipal des Sports « Les boulistes », Fonds ethnographique municipal, Service documentation-archives, collection Martin, années 1930. L a prolifération d’associations et de clubs sportifs dans les années 192030 amène quatre clubs à se regrouper dans un « Cartel des Sports » en 1936 (Club Olympique Courneuvien, Club S.A.T.A.M., Club Sportif Populaire et l’Union Sportive). La municipalité reprend le concept et créé, en février 1937, un Office Municipal des Sports, dont le président est le maire de la commune, M. Dumay. L’office comprend, en plus des 4 clubs du cartel, La Courneuvienne et une section de badminton. En cette période de forte politisation de l’espace public, l’office se veut « sans nuance politique » et diffuse ses publicités dans la presse de droite comme de gauche. Le but de l’office est « d’initier les pratiquants, de développer le sport et organiser les loisirs ». Il ne souhaite pas encourager le développement de multiples sociétés et il écrit : « encourager le sport, oui ! Mais pas de division des masses sportives ». Les sociétés sont invitées à ne plus se scinder et même à se regrouper si elles pratiquent la même activité. Il se situe dans la droite ligne d’éducation populaire de Léo Lagrange et organise, dès 1937, les sessions du brevet sportif populaire. Des sorties collectives sont organisées avec « visites de musées, d’usines, de monuments historiques, de l’aéroport du Bourget, rallye pédestre, conférences », dans le but d’éduquer les jeunes sportifs. Le président charge l’ingénieur-voyer de trouver un terrain « répondant au désir de l’ensemble des sociétés et apte à servir pour la construction d’un stade ». La création et la gestion des équipements sportifs est l’essentiel du travail de l’institution. Elle reprend aussi les missions du comité des fêtes et organise de grandes fêtes sportives en 1937 et 1938, notamment une fête « sport et art ». « Les jeunes du COC à la fin des années 30 », Fonds ethnographique municipal, Service documentation-archives, collection Dholandre, années 1930. Service documentation-archives, 4R 3. «Encourager le sport, oui ! Mais pas de division des masses sportives » Bilan du mandat de Jules Dupoisot en 1936, s.l.n.d., Service documentation-archives. Service de la Culture 2009 12 Les équipes et les associations Clubs et associations après 1945 « Défilé FSGT à La Courneuve durant les années 1950 », Service documentation-archives, 3fi 1. à l’issue de la Seconde guerre mondiale, une recomposition du paysage sportif s’opère dans la ville avec le renouvellement des dirigeants, principalement sur des bases politiques. Des clubs disparaissent et d’autres sont créés : les Jeunesses Sportives Courneuviennes (J.S.C.) en 1945, le Club Cycliste Courneuvien et l’Etoile Bouliste Courneuvienne, en 1949, le Boxing-club Courneuvien en 1950, le Club Pasteur, amicale des boulistes en 1955, etc... Le JSC est un véritable club omnisport. « Nous mettrons tout en œuvre pour que demain le JSC soit la plus forte association de notre commune. Notre municipalité nous a compris et apporte une aide efficace à la réalisation de nos projets » écrit le secrétaire Leduc, en 1946. Le JSC organise les championnats de France de gymnastique en 1954. Dans les années 60, des dissensions éclatent à l’intérieur du club qui conduisent au départ de nombreuses disciplines, notamment la natation, le rugby, puis le tennis. De nouveaux clubs naissent de cet éclatement. Il est même favorisé par la construction du grand ensemble des « 4000 » et Raimond Héliou peut écrire en terme de constat en 1966 : « la présence dans notre commune, notamment au grand ensemble, d’une nombreuse population adolescente inorganisée et disponible. L’activité d’organisations sportives en « marge » développée au Grand ensemble ». Au-delà des dissensions de tous ordres (politique, pédagogique ou philosophique) qui existent entre les dirigeants, une refonte du paysage sportif s’opère à la fin des années 60 et n’a, dès lors, cessé de se modifier constamment. Le rêve d’un grand club omnisport s’évanouit avec les années 70, même après la refonte du JSC en AJSC en 1967. Il existe 28 clubs sportifs aujourd’hui. Appel aux sportifs, Journal d’Aubervilliers, le 1 MAI 1948 « Le sport ne peut progresser qu’au travers du dévouement des dirigeants de club, nous leur devons au moins, aide, estime et respect » J. Burnet, Cercle des Nageurs Courneuviens, 1974. « Lou Mézière », Service documentation-archives, 3fi 1, 1954. Le jeunesse sportive courneuvienne, qui a vu le jour en 1945 groupe actuellement plus de 300 adhérents, ce qui prouve sa vitalité malgré toutes les difficultés rencontrées, en particulier du fait de l’ancien secrétaire Leduc, exclu par notre assemblée générale du 5-11-1947 et radié de la FSGT. Un nouveau bureau composé d’éléments expérimentés et de jeunes, impulse dans la bonne voie notre club. La section de gymnastique est de plus en plus florissante, de jeunes athlètes de valeur se distinguent : la section féminine est des plus actives. La lutte compte une très forte représentation : deux lutteurs de classe, Girollet et Martig ont obtenu des titres de champions de Paris. Le basket-ball a depuis quelques temps pris son essor chez les femmes et chez les hommes ainsi que le volley-ball. Le football, bien parti un certain moment, a marqué un temps d’arrêt mais sous l’impulsion de nouveaux éléments qui se dévouent à leur tâche, deux équipes, deux équipes senior et cadet vont de nouveau s’ébattre sur les stades. L’athlétisme et la natation viennent de prendre un bon départ. Toutes ces sections sont guidées par des moniteurs compétents et actifs. C’est pourquoi nous faisons appel aux jeunes courneuviens attirés par le sport et les incitons à venir au seul club sportif local qui développe le sport pour le sport : la jeunesse sportive courneuvienne (renseignements et adhésions les mardi et vendredi à partir de 20h30. La Courneuve, ville ou l’élément jeune et dynamique domine ne se désintéressera pas du sport, et à la faveur du Rassemblement sportif International qui se déroulera du 9 au 17 mai, organisé par la F.S.G.T. avec le concours de l’Office municipal des sports groupant toutes les sociétés sportives d’entreprises et la J.S.C., à l’exception du C.O.C. (nous n’incriminons pas les joueurs du C.O.C. qui doivent être navrés de la décision de leurs dirigeants) ainsi que de toutes les organisations démocratiques. Nous ferons connaître la valeur de nos sportifs, aux cours de grandes rencontres qui opposeront des sélections courneuviennes aux équipes des grandes villes, telles que Marseille, Strasbourg, Tours, Delle, etc… Bientôt, nous vous communiquerons le programme complet de la plus grande manifestation sportive qui ait eu pour cadre notre commune. Service documentation-archives, 3fi 1, années 1950. Service de la Culture 2009 13 Les équipes et les associations « Sport pour tous et toutes » « Vingtième anniversaire de l’EMEPS », Fonds iconographique du magazine Regards 1979, photographie Albert Bourse. U ne prise de conscience générale a lieu à la fin des années 1960 sur la place du sport dans la société. Des congrès, des assises nationales et locales sont organisés. Un nouvel Office Municipal des Sport est créé en 1969 et a pour ambition de mettre un peu d’ordre dans le milieu sportif, d’en renforcer la cohésion et d’assurer des missions de coordination et ses statuts sont clairs à ce sujet : article 2 « soutenir, encourager, provoquer tous efforts et toutes initiatives tendant à répandre et à développer la pratique de l’éducation physique et le contrôle médico-sportif. Faciliter dans les mêmes domaines une coordination des efforts et le plein et meilleur emploi des installations, du personnel permanent et des animateurs bénévoles existant dans la commune ». La collectivité met en place « Sport Jeudi », en 1965, puis l’Ecole Municipale d’éducation Physique et Sportive (EMEPS), en 1969, afin de toucher un large public d’enfants, obtenir du personnel qualifié, permettre un travail de qualité, avoir un large éventail d’activités sportives permettant le choix et une participation plus active des enfants et enfin, de renforcer les clubs locaux. En 1971, l’EMEPS est la plus importante école de Seine-Saint-Denis et les clubs profitent pleinement de l’investissement. Au début des années 70, il y a moins de 2000 licenciés et il y en a 1500 de plus une décennie plus tard. L’effort communal est sans doute sans précédent, notamment en matière d’investissement dans des infrastructures. Si des subventions permettent la réalisation d’équipements, les dépenses de fonctionnement incombent entièrement au budget communal (en 1982 l’activité sportive représente 6,14% du budget municipal de fonctionnement). « Le sport pour tous et toutes et la possibilité à chacun de parvenir au plus haut niveau » Congrès d’Amiens 1968, repris lors des Assises nationales de l’éducation physique du sport et des activités de pleine nature, 1970. Tract du CNC, 1974, dossier documentaire natation, Service documentation-archives. Dessin humoristique années 1980, dossier documentaire natation, Service documentation-archives.tion-archives. « Cyclisme à la fin des années 1950 », Service documentation-archives, 3fi 1. Service de la Culture 2009 14 Les équipes et les associations Les grands clubs ne sont pas éternels ! « Le Flash champion de France en 2009 », 20 juin 2009, Regards, photographie Gérard Vidal. L a formule consacrée, veut que « les grandes équipes ne meurent jamais. » Le football courneuvien la fait mentir. Le glorieux COC a disparu dans les années 70 et ses successeurs ont bien du mal à prendre la relève, au point que l’ASC, après plusieurs relégations, a décidé de ne pas inscrire d’équipe seniors en championnat cette saison. Malgré tout, La Courneuve héberge toujours de grandes équipes. En 2006 et 2007, les Aigles du Mali, ont reçu le Congo et la Lituanie, en amical au Stade de Marville, pour le plus grand bonheur de la communauté malienne. C’est ce même Stade de Marville qui a accueilli des rencontres de la Coupe de l’Outre-Mer. Marville toujours, qui a hébergé provisoirement le Red Star (en CFA), le Paris Football Club (en National) ou Drancy (coupe de France) ces 10 dernières années. Pendant longtemps La Courneuve s’est surtout distinguée sur les circuits de moto grâce au Moto Sport Courneuvien et ses bolides frappés du 93. Mais depuis l’avènement du nouveau millénaire, pour le haut niveau français, c’est sur les terrains de football… américain que ça se passe, avec le Flash. Depuis 12 ans, cette grande équipe-là semble en effet invulnérable. Pour le reste, certains clubs disparaissent (rugby), handball, s’éclipsent momentanément le temps de travaux (Le Cercle des Nageurs), manquent depuis toujours à l’appel (tennis de table) se divisent en plusieurs entités (les arts martiaux), souffrent du manque de pratiquants (cyclisme) ou apparaissent, comme le petit dernier en 2003, l’Association Sportive des chevaliers de l’Athlétisme Courneuvien. Papier à en-tête du COC, Service documentation-archives. « Tournoi d’outre-mer à La Courneuve », 23 septembre 2006, photographie Gérard Vidal. «Match de rugby à La Courneuve dans les années 1980», Fonds iconographique du magazine Regards. Match du Flash le 20 juin 2009, photographies Gérard Vidal Service de la Culture 2009 15 Les équipements Les premiers équipements de la ville « Cour de danse dans le Gymnase de la rue Pluchet », Fonds iconographique du magazine Regards, années 70. « Gymnase de la rue Pluchet », Service documentation-archives, 3fi 1, 1956. L e premier équipement sportif de la ville est le gymnase de la rue Pluchet construit en 1906. Un stade existe à la même époque et accueille les matchs de foot du Red Star Courneuvien, de l’équipe de Babcock, de celle des « Hirondelles de Saint-Lucien », etc. Il est situé, rue du Chevalier de la Barre, jusqu’en 1929. Il laisse ensuite la place au prolongement de la rue de la République et à la construction de l’Ecole Poincaré, en 1933. Un hippodrome, en projet, depuis 1909, est construit, à Marville, en 1921, et est reconverti en cynodrome, par le Greyhound Club de France, en 1928. Mais ni aucune course de chevaux, ni de chiens d’ailleurs, ne s’y déroule. Par contre, l’hippodrome accueille des Cross Country, en 1922, et les fêtes régionales de gymnastique, à partir de 1924. La Fédération Française d’Athlétisme projette, en 1922, de quitter Colombes et de s’installer à l’hippodrome, mais à la condition que les moyens de transport permettent à 18 000 personnes d’assister à des rencontres sportives, chaque week-end. En mars 1922, l’Excelsior se fait l’écho de l’existence d’un grand complexe sportif, à La Courneuve, et de la possibilité d’y organiser, en partie, les Jeux Olympiques de 1924. L’avenir de la ville en aurait été sans doute profondément marqué ! Les jeux se sont déroulés à Colombes où Jean Guimier s’est distingué. Le département de la Seine, propriétaire des terrains, aménage un parc des sports « modèle », à partir de 1930. Le parc est ouvert, en novembre 1932, et reçoit durant l’année 1933, 17 900 « joueurs et joueuses ». 28 clubs, principalement de Paris, mais aussi d’Aubervilliers, Pierrefitte, Saint-Denis et La Courneuve s’inscrivent pour utiliser les équipements de foot, rugby, hockey, pelote basque, tennis, basket, tir à l’arc, tir à armes à feu et athlétisme. « Fête gymnatique », Service documentation-archives, 3fi 1, 1950. « Fête gymnatique », Service documentation-archives, 3fi 1, 1950. Basket au Stade Jean Boin, « Hirondelles » contre club local, Fonds ethnographique municipal, Service documentation-archives, collection Lemoine, 1930. Service de la Culture 2009 16 Les équipements Les stades d’entreprises et les projets municipaux des années 1930-40 « Match du COC », Photographie A. Bienvenu, Fonds ethnographique municipal, Service documentation-archives, collection Coussinet, années 1950. C ’est aux entreprises que reviennent les initiatives d’installer des équipements sportifs dans la ville durant les années 1920-30 : le stade Garnier pour l’association sportive de la Société Générale de Construction Mécanique, 30 rue de la Gare ; le stade Rateau, pour l’association sportive du stade Rateau, rue Rateau ; le terrain de football de l’Etincelle sport (ex Norton Sport), 178 route de Flandre ; le stade Palmers, de la biscuiterie Huntley & Palmers, rue Jean Jaurès, etc. et nombre d’autres stades et équipements privés. Durant les années 30, la collectivité investit dans tous les secteurs de la ville, logements, santé, éducation, commerce, etc. et n’arrive pas à répondre à la demande croissante en équipements des associations et des clubs. Elle construit le collège Poincaré sur le stade municipal de la rue du Chevalier de la Barre et elle installe provisoirement le stade municipal rue Beaufils. L’ancienne école, rue Pluchet, doit devenir en 1936 le « centre sportif de la ville ». Aux « Quatre Routes », la collectivité aménage le terrain de football des « 7 arbres » qui reçoit le COC, dès 1937. Pédro Lopez, futur joueur de foot du COC, dépose, en 1928, un permis de construire afin d’aménager un stade et d’édifier les vestiaires du « Stade international » au lieu-dit, la « Fontaine-aux-Bretons », sous les actuels « 4000 ». L’Office municipal des sports est chargé de trouver des terrains et de proposer un équipement. En 1942, l’architecte Marcel Lods, présente un projet de Centre d’éducation physique et sportive à l’emplacement du stade Palmers, rue Jean Jaurès. Ce projet, ainsi que celui d’une maison de la jeunesse aux « Quatre Routes », ne seront pas menés à bien durant la guerre mais repris, à la fin des années 1950. L’effort national de reconstruction, l’effort municipal en faveur de l’enfance (acquisition de centres de colonies de vacances) et la réponse au besoin de logement, feront passer les investissements sportifs au second plan. Plan de permis de construire de Pédro Lopez, Service documentation-archives, 3T 2120, 1928. «L’équipe du COC », Fonds ethnographique municipal, Service documentation-archives, collection Coussinet, années 1940. Les quatre stades industriels de la ville en 1949, photographie aérienne IGN, collection départementale. Service de la Culture 2009 17 Les équipements Les stades et équipements contemporains « Dessin du projet de stade Géo André en 1996 », dossier documentaire Géo André, Service documentation-archives. D ès 1937, la municipalité sollicite toutes les entreprises afin qu’elles prêtent leurs équipements aux clubs. Faute de trouver des emprises foncières importantes, compatibles aux impératifs sportifs, la collectivité va acquérir et transformer les stades d’entreprises en équipements municipaux. Ainsi, en 1961, le stade Palmers et les terrains avoisinants deviennent le stade Géo André, du nom d’un athlète, héros de la Seconde Guerre. A l’emplacement du stade Garnier, le gymnase Antonin Magne est inauguré, le 27 février 1982. Le stade Rateau est acquis en 1970. Le gymnase Anatole France est construit en 1961-62. Le centre sportif Langevin-Wallon est inauguré en mai 1973 ; le gymnase Jean Guimier, en janvier 1977 et le stade Mandela, en octobre 1986. Ces trois décennies 1960-80 auront vu la ville se couvrir d’équipements sportifs. Les stades deviennent des lieux de fête avec la vocation de transformer les spectateurs en acteurs du spectacle et d’agir sur eux. Jean Deroche, l’architecte des 4000, travaille même, en 1967, à un projet de Palais des Sports aux Quatre Routes. Cet édifice comprenant parkings, marché alimentaire et Palais des Sports aurait regroupé, s’il avait été construit, trois fonctions urbaines essentielles. « La glorieuse incertitude du sport », discours prononcé lors de l’inauguration du stade Géo André « Dans un cadre sans précédent des athlètes, des gymnastes, des danseuses, des judokas, des footballeurs, des basketteurs, des boulistes, des volleyeurs etc. montreront que s’ils croient tous à la « glorieuse incertitude du sport », ils n’en font pas moins la démonstration éclatante d’une fraternité qui effaçant des divergences de pensées, ne laisse place qu’à un esprit de compétition pacifique... » « Dessin du projet de gymnase Antonin Magne », publié dans Bulletin Municipal, juin 1978, dossier documentaire Antonin Magne, Service documentation-archives. Service documentation-archives, 3fi 1, 1960. Carte postale éditée lors de l’inauguration du Centre sportif Langevin Wallon en 1973, Service documentation-archives, 8fi 333. Fonds ethnographique municipal, Service documentation-archives, collection Lemoine, 1961. Service de la Culture 2009 18 Les équipements Les équipements particuliers : terrains de boules, piscines et dojo « Championnat de France de boules en 1954 », Fonds ethnographique, Service documentation archives, collection Martin, 1954. « Les champions de judo FSGT en 1959 », Service documentation-archives, 3fi 1. L ’équipement le plus répandu dans la ville et dans le département est le terrain de boules. Il serait fastidieux de les énoncer tous. Les jeux de boules tiennent le haut de l’affiche et sont parmi les plus populaires, les plus ludiques et les plus accessibles. Dès les années 1930, deux espaces sont voués aux jeux d’eau, dans le parc de la mairie et le square Paul Doumer. Ces « bacs » accueillent des centaines d’enfants jusqu’aux années 1950. En 1942, Marcel Lods dresse les plans d’une piscine qui doit être construite dans le quartier des Quatre Routes, avec l’école du Montfort mais il n’y est pas donné suite. Le projet de la construction d’une piscine dans la ville hante les discussions municipales durant trois décennies, avant que la piscine et le centre sportif Langevin-Wallon ne voient le jour et soient inaugurés, en mai 1973. La section de natation du JSC fréquentait les piscines des villes voisines, principalement celle de Drancy, ainsi que le cercle des nageurs courneuviens après sa création en 1972. Le Judo Club Courneuvien est créé, en 1952, par Robert Carronge et organise sa première coupe de Judo, Grand prix de la municipalité, le 26 mars 1954. La discipline attire de nombreux courneuviens (plus de 300 dans les années 1970) et le Conseil Municipal décide de transformer les bains douches en Dojo Municipal. C’est un exemple assez rare de reconversion d’établissement sanitaire en équipement sportif et qui montre le potentiel patrimonial de la ville. « Les piscines connaissent le succès. La municipalité, soucieuse de bien-être des enfants qui n’ont pu partir en vacances a permis l’accès des enfants aux bassins d’eau du square de la Marie et des Quatre Routes. Ces piscines miniatures ont connu un véritable succès, et c’est un plaisir de voir la joie de nos petits s’ébattant dans l’eau fraîche. Nous rappelons que l’accès de ces bassins n’est permis qu’aux enfants de moins de 13 ans. La Municipalité compte sur la compréhension de tous pour éviter de souiller l’eau par l’immersion d’objets divers, bicyclettes par exemple. Elle rappelle qu’il est également interdit d’y baigner des chiens. Ceci dans l’intérêt de nos bambins » Journal d’Aubervilliers, 04-09-1953. « Projet de piscine et de groupe scolaire du Montfort », plan de Marcel Lods, 1942-47, Service documentation-archives, 4M 28. Carte postale de la mairie, Service documentation archives, 8fi 212. « Nageurs », Fonds iconographique du magazine Regards, 1990, Stéphane Kovalsky. Fonds iconographique du magazine Regards, années 70-80, Maurice Cantacuzene, Robert Laponce. Service de la Culture 2009 19 Les équipements Les équipements aujourd’hui « Le complexe sportif Béatrice Hess le 17 avril 2009 », photographie Gérard Vidal. L es sportifs courneuviens ne manquent pas d’équipements. Le patrimoine de la ville, en la matière, est conséquent et réclame d’ailleurs beaucoup d’attention. La municipalité n’a de cesse d’améliorer les outils à disposition des sportifs. La piste d’athlétisme de Mandela après 15 ans de bons et loyaux services a été changée en 2007, en même temps qu’une pelouse synthétique était posée sur le terrain de football. La même année, Géo-André s’est vu doté d’une maison des sports. Le vieillissant gymnase Langevin Wallon a fait peau neuve au printemps pour laisser place au complexe sportif Béatrice Hess. La ville ne se contente pas d’améliorer les équipements existants, elle répond aux nouveaux besoins des sportifs en bâtissant ici un dojo (Docteur Justice), là des équipements sportifs de proximité, les fameux « City stade » dédiés à une pratique autonome. Le Parc des sports de Marville est aussi amené à évoluer. Un projet à long terme y prévoit l’installation de centres d’entraînement nationaux pour le hockey sur glace et le beach volley, ainsi que la rénovation du grand stade. En attendant, le plus grand terrain de jeu courneuvien demeure le Parc départemental où quatre tee-shirts et un ballon suffisent pour organiser le match de l’année. « Cour de judo au Dojo Docteur Justice, le 3 octobre 2007 », photographie Gérard Vidal. « Match de foot sur l’équipement sportif de proximité des Clos », août 2009, photographie Jean-Michel Roy « La Courneuve-Plage : un équipement sportif saisonnier », août 2009, photographie Jean-Michel Roy « La Courneuve-Plage : un équipement sportif saisonnier », août 2009, photographie Jean-Michel Roy « Les équipements sportifs de la ville aujourd’hui en août 2009 », photographies Jean-Michel Roy Service de la Culture 2009 Crédits photographiques Malgré tout le soin apporté à l’identification des photographes, de nombreuses photographies du fonds du magazine Regards ne sont pas datées ni identifiées. Couverture Photographies du Flash, Gérard Vidal, 2009 Introduction - Le Flash, Gérard Vidal, 2009 Tournois inter-quartier, Stéphane Kovalsky, 1999 4 - Gwladys Epangue, Gérard Vidal, 2008 5 - Galette des rois, Robert Laponce, 1980 6-G régory Choplin, Gérard Vidal, 2009 Capoeira, Gérard Vidal, 2008 Diandra Tchatchouang, Gérard Vidal, 2005 Joueurs de criket, Silvia Colato, 2009 13 - EMEPS, Albert Bourse 1979 14 - Le Flash, Gérard Vidal, 2009 Foot, Gérard Vidal, 2006 16 - Match du COC, A Bienvenu 18 - Nageurs, Stéphane Kovalsky, 1990 Frise du bas, Maurice Cantacuzenne et Robert Laponce 19 - B éatrice Hess, Gérard Vidal, 2009 Judo, foot, La Courneuve Plage, équipements sportifs, Jean-Michel Roy, 2009 Supplément au journal Regards n° 294 (du 17 septembre au 1er octobre 2009) Édité par le service Communication de la ville de La Courneuve 33, avenue Gabriel-Péri 93120 La Courneuve & 01 49 92 61 40 - www.ville-la-courneuve.fr Directeur de la publication : Gilles Poux – Directeur de la Communication : Philippe Caro Conception graphique et maquette : Pierre Cliquet - Impression : LNI Service de la Culture - septembre 2009 Cette brochure accompagne une exposition conçue pour les Journées Européennes du Patrimoine 2009, réalisée par le service de la Culture en septembre 2009 Conception de l’exposition et de la brochure : Jean-Michel Roy, docteur en histoire, attaché de conservation du patrimoine, service Culture, mairie de La Courneuve Réalisation de l’exposition et de la brochure : Pierre Cliquet Textes écrits par Jean-Michel Roy sauf les panneaux (6,14,19) par Yann Lalande, service Communication, mairie de La Courneuve Recherches documentaires : Jean-Michel Roy, Fabienne Bouveau et Laurent Magre, Service Documentation-archives, mairie de La Courneuve Relecture et conseils : Dovinia Angeli, Fabienne Compagnon, Jésus de Carlos, Christian Gaborieau, Olga Guedes, François Taillade, Nathalie Vasseur Nous remercions toutes les personnes qui nous permettent d’éditer les photographies qu’ils nous ont confiées. Si vous êtes en possession de photographies concernant l’histoire du sport de la ville ou de tout autre thème, vous pouvez nous contacter au service de la culture au : Tél.: 01-49-92-60-00 poste 6533 E-mail : [email protected]