En attendant le Petit Poucet - le blog du Théâtre Massalia

Transcription

En attendant le Petit Poucet - le blog du Théâtre Massalia
En attendant
le Petit Poucet
© M. Bonfils
de Philippe Dorin
spectacle tout public (à partir de 6 ans)
En attendant le Petit Poucet
Compagnie L’ARPENTEUR
de Philippe Dorin
durée : 50 mn / spectacle tout public à partir de 6 ans
la Petite : Alice Huet
le Grand : Carlos Martins
et un petit caillou blanc
mise en scène : Hélène Arnaud
lumières : Léo Grosperrin
univers sonore : éric Vinagre
régie son : Guillaume Rouan
costumes, accessoires et régie plateau : Claire Simonian
création graphique : Sébastien Sarrazin
Cette création a reçu le soutien de la Ville de Marseille (aide à la création) et du Conseil
Général des Bouches du Rhône (aide à la création et à la diffusion).
La Cie L’ARPENTEUR est soutenue par Archipel Nouvelle Vague (accompagnement à
l’administration culturelle).
Les photographies de ce dossier ont été réalisées par Mathieu Bonfils et Amath Magnan.
En attendant le Petit Poucet de Philippe Dorin est publié aux Ed. L’Ecole des Loisirs.
Page 1
inventons le monde
Il s’appelle le Grand, il est seul.
Elle s’appelle la Petite, elle est seule aussi.
Ils viennent d’un pays où c’était que des morts partout.
Où les oiseaux tombaient comme des pierres.
Voilà qu’en semant des cailloux, ils se rencontrent
et deviennent frère et soeur.
Ensemble, ils s’inventent des histoires…
Et l’histoire s’écrit :
Ils croisent des grenouilles, ramassent des étoiles, sont chassés d’une ville,
font revenir leur mère, et se retrouvent devant la maison d’un écrivain
qui cherche... désespérément une histoire !
Dans l’espace vide du théâtre pareil à celui d’une page blanche, le Grand
et la Petite accompagnés d’un petit caillou blanc partent à la recherche
d’un petit coin vu en rêve.
Ils réinventent le monde, au gré de leur imagination et s’interrogent …
Comment donner un sens à leur histoire ?
Page 2
ce qui est dit, existe
Avec quelques cailloux, un morceau de bois, une craie et des boulettes
de papier, les comédiens écrivent l’histoire sous nos yeux,
construisant et déconstruisant l’architecture de la scène.
Ils entrent et sortent de la page blanche
Comme on va à la ligne
C’est une écriture en marche
Une scène sans cesse recommencée
Un tour du monde en quelques pages.
Ici, le théâtre est apparition et disparition, s’inventant sans cesse
comme un jeu.
Ce tandem de grands enfants jouent, à travers un langage scénique
épuré, avec les mots empreints de rêve et de fantaisie de Philippe Dorin.
Jusqu’à faire résonner les silences et bondir les pensées.
Il suffit de nommer pour que la chose advienne.
Ce qui est dit, existe. Les mots se succèdent et avec eux naissent des
situations, des couleurs et des sons, des idées claires et des pensées
sombres… P. Dorin
Page 3
1 idée
- 1 mot
+ 1 silence
1 histoire
il était une fois
Philippe Dorin raconte avec des mots simples.
Les contes sont pour
Il nous invite à entrer dans un univers rempli d’humour, de poésie et
d’étrangeté, qui dit l’enfance et son imaginaire, où réel et irréel ne font
qu’un, au plus près du «partage des enfances sincères1 .»
moi un modèle, car
il sont arrivés à un
tel état d’épure,
Et cette écriture qui convoque l’étrange et le merveilleux, est éminemment
théâtrale.
Parce qu’elle se vit au présent.
Parce que le Grand et la Petite se disent frère et soeur, ils le sont.
C’est la magie des mots.
Comme Hansel et Gretel, le Grand et la Petite errent sur un chemin. Ils
sèment les mots comme ils sèment des cailloux, à la recherche d’un sens
à donner à leur histoire.
Chaque mot devient alors une histoire.
Le temps qui passe devient lui-même pré-texte à jouer : comme on tire
à la courte-paille, le Grand et la Petite font la pluie et le beau temps.
1
expression empruntée à Jean Claude LALLIAS
Page 4
de limpidité, de
simplicité,
que tout le monde
peut les entendre.
P. Dorin
Page 5
quand il n’y a plus d’R dans les mots...
Derrière les jeux que le Grand et la Petite inventent, apparaissent leurs
peurs : la nuit, l’abandon, la disparition... qui rappellent l’inquiétante
étrangeté des contes.
Et ils ont, commente l’auteur, cette façon très triviale qu’ont les enfants
de dire tout haut et trop fort des choses qu’on ne doit pas dire, en
tout cas pas comme ça ou pas à ce moment là, et qui mettent dans
l’embarras, qui laissent sans voix.
Passant d’une chose légère à une chose grave, d’un jeu à un autre, le
Grand et la Petite sont dans le seul instant où les choses sont dites, et
jouent à être morts juste le temps de... trouver un autre jeu qui leur fera
moins mal aux bras !
Parce que dire juste, c’est juste le dire.
Et c’est sans doute ce qui rend le mieux cette idée d’enfance sur
scène. P. Dorin
Page 6
écrire
créer
c ’e s t
le
fait
pour
silence.
interview de Phillippe Dorin (extrait)
propos recueillis par Olivier Bailly pour l’Ecole des lettres des collèges
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Page 7
f ait
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v ide.
la fabrique du spectacle
Effacer. Soustraire
Pour trouver l’essentiel
Et être au plus près de l’écriture
Ce spectacle s’écrit en cinq tableaux dialogués, ponctués de
cinq intermèdes animés.
Les intermèdes sont les didascalies livrées par l’auteur dans
son texte, le mystérieux parcours d’un petit chariot.
Nous avons choisi de traiter ces didascalies sous forme de jeux
typographiques projetées entre chaque tableau sur un écran.
Ces intermèdes ludiques sont des respirations. Le temps de
reprendre son souffle avant de poursuivre le chemin avec nos
personnages...
Dans chaque tableau, les comédiens traversent l’espace
scénique entièrement dépouillé de jardin à cour.
Ce mouvement écrit le sens du texte et l’espace.
Et devient un jeu métonymique pour créer, comme dirait
Derrida, une archi-écriture, une lecture incluant l’écriture.
Le mouvement du monde comme jeu.
L’histoire se déroule sous les yeux du spectateur comme on
lirait un texte.
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Les comédiens apparaissent. Et disparaissent.
Les spectateurs deviennent complices de ce jeu et éprouvent
physiquement leur absence quand ceux-ci disparaissent
pour laisser la scène vide.
Chaque scène devient alors un instantané de vie.
Les répliques surgissent. Brutes.
Et les silences qui trouent le texte de Dorin laissent aux
pensées du spectateur la place de rebondir.
Mais si les personnages sont des enfants, il ne s’agit nullement
de les singer ou les représenter, mais bien de chercher d’où
part la parole. Et c’est dans la notion même du jeu que nous
pourrons en mesurer la justesse, révélant par là même la
force poétique du texte.
Inutile donc de surcharger le texte d’images ou d’intentions.
Inutile également d’en cacher les ficelles.
Bien au contraire, nous en montrerons les mécanismes et les
coulisses et jouerons avec la théâtralité.
article paru dans La Marseillaise - samedi 30 octobre 2010
Théâtre / jeune public. Une subtile variation autour du «Petit Poucet» signée Philippe Dorin, portée à la scène avec malice par
Hélène Arnaud et un tandem de grands enfants.
Vie et mort de petits cailloux
Il y a parfois, sur les plateaux des théâtres, de
petites magies, toutes simples mais en cela
rassérénantes. En attendant le Petit Poucet, que
présente Hélène Arnaud, ce week-end sous les
belles voûtes du Daki Ling est de cette trempelà ; le public de la première, hier après-midi, en
fut la preuve : une attention d’une qualité rare
et un sourire tendre qui ne quitte
pas les visages une heure durant.
En attendant le Petit Poucet, c’est
d’abord un texte, ciselé par Philippe
Dorin, ludique et plein d’invention,
sur un sujet pourtant grave : frères
de coeur du héros de Perrault,
« le grand » et «la petite» viennent
d’un pays dévasté, survivants
d’un monde en ruine « avec plein
de morts partout ». La mort est
omniprésente dans le périple des
deux orphelins, qui s’imaginent frère
et soeur, se réinventent une maman,
et courent sans cesse de grenouilles
en étoiles, suivis par un petit caillou
blanc, en quête d’un lieu où se
reposer. Enfin.
Page 9
Et en dépit du titre, référence au
Godo de Beckett, ce Didi et ce Gogolà n’attendent pas mais au contraire
s’agitent.
Réunis par Hélène Arnaud au
fil des séquences simplement
entrecoupées de projections
ludiques sur le parcours d’un «petit
chariot», les comédiens Alice Huet
et Carlos Martins, aussi beaux
que bons, ne cessent de traverser
le plateau, de jardin à cour, dans
un passionnant panoramique.
Et transmettent avec drôlerie et
sensibilité cette fable qui, si elle
parle frontalement du deuil, se
révèle au final pleine de vie.
Denis Bonneville
quelques mots sur...
l’auteur
la compagnie
Toutes les histoires du monde sont dans la matière.
Nous ne cherchons pas à créer des illusions mais à inventer
le(s) réel(s).
Philippe Dorin écrit des pièces de théâtre pour les enfants
depuis 25 ans mais aussi des contes, des romans pour la
jeunesse ainsi que des textes radiophoniques mis en ondes
sur Radio France.
Il écrit également des histoires qui ne tiennent pas dans les
livres, à partir de boulettes de papier et de petits cailloux
blancs.
Philippe Dorin élabore une oeuvre poétique où la matière
(le papier, la pierre, le sel, le sable, l’encre bleue) tient une
place importante et où les silences de l’écriture laissent
toute la place aux vagabondages de l’imaginaire du lecteur.
Figure majeure de l’écriture jeune public, Philippe Dorin
s’est vu récompensé par le Molière 2008 du théâtre jeune
public pour sa pièce L’hiver quatre chiens mordent mes
pieds et mes mains mis en scène par Sylviane Fortuny (Cie
Pour Ainsi dire).
Ses pièces sont publiées à L’École des Loisirs, chez Les
Solitaires Intempestifs et aux Éditions La Fontaine.
Née en 2005 à Marseille, la compagnie L’ARPENTEUR met
au centre de ses préoccupations l’acteur et l’écriture. En
mêlant et confrontant différentes pratiques artistiques sur
un plateau de théâtre, la Cie L’ARPENTEUR s’amuse à travers
la recherche d’un langage plastique et poétique, avec la
notion de représentation.
Créations :
L’Enfer c’est moi de Stéphane Tsanev 2004 Mon Père est un loup, pièce pour danseuse seule 2006
Barbe-Bleue espoir des femmes de Dea Loher 2008 En attendant le Petit Poucet de Philippe Dorin 2010
Page 10
et c’est aussi.../...
Hélène Arnaud fondatrice de la compagnie
l’ARPENTEUR est une amoureuse des
mots. Lettres, musique, théâtre et danse
composent sa formation.
C’est avec En attendant le Petit Poucet
créé en 2010 qu’elle rencontre le jeune
public.
Depuis, elle a adapté pour la scène
différents contes populaires ou issus de
la tradition orale aux côtés de la conteuse
Claire Pantel (Cie L’Air de dire) dans Les
petites Epopées qui retracent en 3 volets les
étapes de la vie de l’enfant (Au tout début
ou la naissance ; Mon Arbre ou grandir et
Mon petit bonhomme de chemin ou les
possibles).
Elle a traversé l’oeuvre de l’illustratrice
Kveta Pacovska dans un spectacle de
poupées de papier et à livres ouverts
qu’elle a coécrit : Un roi, une fleur... et
d’autres couleurs.
Dans sa relation de travail avec les acteurs,
comme avec les spectateurs petits ou
grands, Hélène n’est jamais dans la
complaisance. Et cherche à se surprendre...
Alice Huet joue pour la première fois un
spectacle destiné aux jeunes spectateurs,
Tic Tac Alice... aux côtés de Carlos Martins
alors qu’elle est au Conservatoire d’Art
Dramatique de Marseille.
De cette rencontre naît un réel désir
d’actrice, celui de continuer à explorer cet
endroit de la parole. Alice rêve d’un théâtre
qui parle aux enfants, avec sa part de
magie, d’émerveillement mais aussi sa part
de cruauté, de violence. Un théâre qui parle
sans complaisance des questions que se
posent les enfants.
Alors elle sème ses petits cailloux blancs,
histoire de ne pas perdre son chemin. ..
En 2008, elle travaille avec Marion Aicart
sur Pays de rien de N. Papin.
En 2009, elle rencontre HélèneArnaud et
retrouve son ami Carlos sur Barbe-Bleue,
espoir des femmes de D. Loher et En attendant le Petit Poucet de P. Dorin.
Dernièrement, elle a joué pour la Cie
Vainamoinen dans l’adaptation de la Reine
des neiges d’Andersen.
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Carlos Martins était sans doute impatient
de se lancer dans des aventures théâtrales.
Parce qu’il n’attendra pas la fin de
sa formation au Conservatoire d’art
dramatique de Marseille pour jouer dans
Froid de L. Norén mis en scène par RenaudMarie Leblanc en 2006.
C’est à sa sortie du conservatoire qu’un
lien de travail fort se crée avec la Cie
L’Arpenteur et Hélène Arnaud.
Depuis, différentes rencontres tracent son
chemin d’acteur :
Catherine Marnas, Akel Akian, Frédérique
Fuzibet, Alexandra Tobelaim (La part du
Colibri) et Julien Duval (Alpenstock de R. De
Vos, également en tournée cette saison).
Et devant la caméra : Jean-Laurent Xynidis,
Vincent Monet, Laurence Katrian, Fréderic
Balkdjian et Olivier Barroux.
Carlos a également mis en scène des
formes courtes au théâtre : Tic Tac Alice
d’après L. Caroll ; Tremblements d’après
J. Pommerat et Euripide ainsi qu’ Ulysse à
Gaza de G.Evron.
extrait I
extrait II
LE GRAND
Comment tu t’appelles ?
LA PETITE
Pierre.
LE GRAND
T’es un garçon ?
LA PETITE
Non, une fille.
LE GRAND
Ce sont les garçons qui s’appellent Pierre.
LA PETITE
Non ! Pour un garçon, on dit caillou.
LA PETITE
été, automne, hiver, printemps, été,
automne, hiver, printemps, été, automne,
hiver...
LE GRAND
Stop !
Il s’arrête de se boucher les oreilles.
LE GRAND
Alors ?
LA PETITE
Hiver !
LE GRAND
Encore ?
LA PETITE
Pas de chance.
LE GRAND
Quel sale temps ! On n’en finira jamais !
LA PETITE
Peut-être la prochaine fois !
Ils disparaissent.
Page 12
LE GRAND
Tu triches ! Je suis sûr que tu triches.
LA PETITE
Non, je triche pas.
LE GRAND
Menteuse !
LA PETITE
Juré !
LE GRAND
Allez, viens !
Ils disparaissent.
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