FOFO MAGAZINE N°14 - Février 2011 - 2000 exemplaires

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FOFO MAGAZINE N°14 - Février 2011 - 2000 exemplaires
FOFO MAGAZINE N°14 - Février 2011 - 2000 exemplaires - GRATUIT
La population du Niger se caractérise par son extrême jeunesse.
Les filles et les garçons de moins de 25 ans représentent 66% de
cette population.
Les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) ne
peuvent être atteints sans une prise en compte des besoins et
aspirations des jeunes filles et garçons dans les Politiques et Programmes de développement. En effet, les jeunes filles et garçons constituent un des groupes les plus exposés aux Infections
Sexuellement Transmissibles et au VIH/Sida et nécessitent une
attention particulière.
Pour assurer un développement durable, mobilisons nous pour
assurer aux jeunes filles et garçons :
• L’accès aux services et produits de prévention des IST /VIH/Sida
(Information, sensibilisation, dépistage du VIH, prise en charge
des IST);
• L’accès aux soins et au traitement du VIH et des IST;
• Le soutien psychosocial et économique aux jeunes filles et garçons concernés.
Le Fonds des Nations Unies pour la Population
(UNFPA)
un partenaire du Niger pour le développement
de la Jeunesse !
La photo du mois:
Clôture de la Caravane Hip Hop 2009
Place Toumo, 23 Janvier 2009
S.E Bernadette M. Allen (Ambassadeur des Etats Unis au
Niger) entourée de Mr Stephen Posivak (directeur du CCA)
et de Madame Marie Adji (présidente de FOFO)
SOMMAIRE
8. Patrimoine
Zoom sur le patrimoine Nigérien
10. Black and Famous
Rosa Parks
11.LaArts
et Traditions
cordonnerie
4. Théâtre
Aminatou Issaka
5. Littérature
Alfred Dogbé
6.Baraka
Mode- Kadja Fashion
12. Hip Hop
Mdm - Oneens
Djaff - L’Homme Maiga
16. Cinéma
Sani Magori - Hassia
Aïcha Issa Hamidou
FOFO MAGAZINE
est une publication bimestrielle
de l’Association FOFO
Arrêté n° 0330/MI/SP/D/DGAPJ/DLP
Association FOFO
BP 10120 Niamey - Niger
E-mail: [email protected]
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envoyez vos articles à:
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Directrice de publication:
Marie Adji
--Rédacteur en chef:
Walter Issaka
lement joué ‘Diner avec un quart de blanc’ et ‘Salle D apostrophe’. Ensuite en 2006 j’ai intégré la compagnie Arène
Théâtre d’Alfred Dogbé avec laquelle j’ai joué ‘Boucan et
cancan’, ‘Aléatoire’ et ‘Bureaucratie’. En 2009 j’ai séjourné
en France avec les Tréteaux du Niger, on s’est formé au
Kapouchnik avec la compagnie française de l’Unité avant
de présenter cette forme de théâtre au Niger en 2010. Fin
2010 j’ai été à Zinder pour une résidence de création de
trois semaines avec des comédiens de la région au CCFN
de Zinder. Au Niger il n’y a pas d’école de théâtre. Lorsque
Laurent Clavel était directeur du CCFN il a fait venir beaucoup de formateurs tels qu’Antoine Kobé, Eva Doumbia,
Monique Luca, … Je me suis également formée dans la
sous-région et en France.
AMINATOU ISSAKA
Aminatou Issaka Assoumane est née le 19 décembre
1979 à Niamey. Comédienne, directrice du festival ‘Paroles de Femmes’, diplômée en communication des
entreprises elle est linguiste et communicatrice de
formation.
FOFO: Parles-nous de ton parcours artistique.
AMINATOU: J’ai toujours voulu faire de l’art. La comédie
m’a toujours passionnée mais je ne savais pas qu’il y avait
ce genre de théâtre au Niger jusqu’à ce que je découvre
la compagnie Kassaï sur la scène du CCFN en 2002.
C’est avec cette troupe, dirigée par Edouard Lampo, que
j’ai fait mes débuts sur les planches. Ma toute première
pièce c’était ‘Fils de la Nation’ en 2002. Avec eux j’ai éga-
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FOFO: Et ‘Paroles de Femmes’ ?
AMINATOU: ‘Paroles de femmes’ c’est une volonté de
faire bouger les artistes femmes du Niger. De les rassembler afin de créer un cadre d’échange, de formation, de
diffusion et de circulation de spectacles. L’objectif c’est
de donner une autre image de la femme, de contribuer
à l’amélioration de la condition de la femme, à inciter les
femmes et les jeunes filles à avoir confiance en elles dans
les activités qu’elles mènent! C’est en 2005 alors que je
prenais part à un chantier panafricain de création dramatique des femmes en Côte d’Ivoire que ce projet m’est
venu en tête. J’ai réalisé la première édition du festival
en 2006, on a eu des problèmes financiers mais ensuite
on a trouvé des partenaires tels que le CCFN, l’UEMOA,
l’Ambassade d’Espagne, … qui ont soutenus les éditions
suivantes. Cependant, produire ce festival chaque année
c’est vraiment compliqué pour moi. D’un coté il y a le festival, de l’autre il y’a mon métier de comédienne et au milieu
il y a la femme que je suis, il me faut trouver un temps pour
ces trois facettes de ma vie.
FOFO: Quelle est la place du théâtre au Niger ?
AMINATOU: Le théâtre que je pratique n’est pas connu de
la population. Les nigériens connaissent plutôt le théâtre
populaire, le notre a un public précis, instruit. Ca fait très
peu de temps que nous allons à la rencontre d’un nouveau public, notamment au niveau des centres de jeunes.
Le théâtre est assez mal vu au Niger c’est pourquoi je ne
m’arrête pas qu’à ça, j’ai ainsi eu plusieurs contrats pour
des campagnes publicitaires audio et visuelles.
FOFO: Que t’a apporté le théâtre aujourd’hui ?
AMINATOU: La comédie m’a tout apporté car elle m’a ouvert des portes. Grâce au théâtre j’ai beaucoup voyagé,
j’ai fait de merveilleuses rencontres. La comédie fait aujourd’hui entièrement partie de ma vie.
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Né le 9 septembre 1962 à Niamey, Alfred Dogbé est un
artiste aux multiples facettes: dramaturge, écrivain,
journaliste, metteur en scène, réalisateur et scénariste.
La passion d’Alfred Dogbé pour les mots commence à
l’école primaire un matin lorque l’un de ses enseignants
emmène sa classe au centre culturel franco-nigérien de
Niamey pour inscrire ses élèves à la bibliothéque. A partir
de ce jour Alfred Dogbé dévore tous les livres qui lui tombent dans les mains et se lance le défi de faire la même
chose que tous ces auteurs. En 1981 après des études
de Lettres à la faculté, Alfred Dogbé devient professeur de
Lettres dans différents collèges et lycées, publics et privés, de Niamey et de l’intérieur du Niger avant de devenir
chargé de cours de critique littéraire à la FLSH de Niamey
de 1997 à 1999. A partir de cette date Alfred Dogbé fait
le choix de se consacrer à plein temps à l’art. Il écrit des
fictions, des romans, des pièces de théâtre, des articles
journalistiques, dirige la compagnie Arène Théâtre, anime
des ateliers d’écriture et réalise des films.
Mêlant humanité et cynisme, son écriture reflète les travers
et les espoirs de la société nigérienne et plus globalement
de la société africaine.
En 1994 il décroche le 1er Prix du concours national de
littérature (AEN) avec son recueil de nouvelles ‘Réveil’, et
le 2ème Prix du concours de nouvelles du CCFN Niamey
avec ‘Monsieur l’inspecteur’.
En 1997 il bénéficie d’une Bourse du Centre National du
Livre et est accueilli en résidence d’écriture pour le 14ème
Festival International des Francophonies de Limoges.
Il publie la même année son premier livre chez l’éditeur
Lansman dans la collection ‘Nouvelles et récits d’Afrique’
un recueil intitulé ‘Bon voyage, Don Quichotte et autres
textes’.
Au théâtre, il a adapté et mis en scène ses propres pièces
‘Tiens bon Bonkano’, ‘La Geste de Zalbarou’, ‘Du gombo
pour deux légumes’ ou encore ‘A l’étroit’. Il adaptera également Shakespeare avec l’adaptation ‘Richard III/Africa’
mis en scène par la suissesse Barbara Liebster et présenté au Festival Récréâtrales de 2004 à Ouagadougou,
au Festival Afrique Noire à Berne en Suisse et au Théâtre
Varia en Belgique en 2005.
Depuis ses débuts Alfred Dogbé a publié une douzaine
d’oeuvres littéraires et mis en scène une dizaine de pièces
avec sa compagnie.
ALFRED DOGBE
Depuis dix ans il s’intéresse également au cinéma. Il débute dans le septième art avec l’adaptation du court métrage ‘le cadeau’ en 2001. Alfred Dogbé est également le
scénariste de la série burkinabé ‘Commisariat de Tampi’
réalisée et produite par Fasofilms en 2005. En 2008 il est
scénariste du court métrage ‘Un casting pour un mariage’
avant de réaliser sa première série ‘Soueba’, une série
télévisée de 12 épisodes de 26 minutes la même année.
«Il faut réapprendre à croire en l’Afrique, ses
terres, ses ressources. Mais c’est un énorme
chantier.»
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Mannequin, hôtesse, coiffeuse et esthéticienne. A tout juste
24 ans Baraka Nassirou Manzo dirige un salon de beauté et
une agence d’hôtesses et de mannequins à Niamey.
FOFO: Quand as-tu débuté dans la mode ?
BARAKA: C’était en 2005. J’ai défilé à Ouagadougou pour le
styliste Salif Djakité alors que j’étais au Burkina Faso dans le
cadre de mes études. C’était mon voisin.
FOFO: Qu’est-ce qui t’a poussé dans ce domaine ?
BARAKA: J’ai fait des études d’esthétique pendant 2 ans parce
que j’aime rendre la femme belle. En fait si j’ai décidé de devenir
mannequin c’est beaucoup à cause d’une amie de classe qui
n’arrêtait pas de me bousculer lorsque nous étions sur le terrain
de hand-ball en me disant ‘Et toi Baraka, tu serais mieux en
mannequin que dans ce sport !’. Ensuite dès que notre école recherchait des filles pour différents spectacles je postulais, c’est
parti comme ça. Etre mannequin c’est devenu une passion,
j’aime ce métier même si il ne me rapporte rien. De toute façon
ici au Niger c’est un métier qui passe inaperçu et il y a très peu
d’opportunités. J’ai quand même défilé pour plusieurs stylistes
nigériens : Khadja, Sambo, Adamou, … j’ai aussi fait des photos pour le magazine ‘Miss Niger’. Dona Zara, la directrice de
l’agence Koubeyni m’a également beaucoup encouragée dans
cette voie. C’est une femme battante et pleine de courage. Je
suis restée à ses côtés de 2007 à 2008 avant son départ pour
Bamako et j’ai acquis beaucoup d’expérience avec elle. Après
son départ j’ai initié l’élection ‘Miss Sahel’ en février 2010 et
monté mon agence qui s’appelle ‘Etoile du Sahel’.
FOFO: Comment a réagi ta famille quand tu as débuté ce métier ?
BARAKA: Au départ elle était vraiment opposée mais avec le
temps elle s’est habituée !
FOFO: Quelles sont tes projets pour cette année ?
BARAKA: Grâce à mes relations mon agence marche plutôt
bien et on est sur l’organisation de la deuxième édition de
l’élection ‘Miss Sahel’. Dans un tout autre domaine j’envisage
de mettre sur pied un festival national 100% Hip Hop. J’aimerais aussi beaucoup être sélectionnée pour le prochain FIMA,
c’est un festival que j’adore, c’est le seul événement qui nourrit
les mannequins dans ce pays et hormis l’argent il y a surtout les
prises de contact avec tous les stylistes, mannequins, artistes
venus du monde entier. Je tire vraiment mon chapeau à Alphadi
le directeur de ce festival !
BARAKA
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FOFO: Le mot de la fin ?
BARAKA: Je souhaites que le Niger mette en avant sa culture
car pour moi un pays sans culture est un pays en retard. Je souhaite aussi beaucoup de courage à mes sœurs mannequins !
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Titulaire d’un diplôme de technicienne supérieur
en stylisme et modélisme obtenu en 2008 en Algérie, Kadiatou Moussa dirige l’atelier de couture
Khadja Fashion à Niamey.
Récemment entrée dans la mode nigérienne, Khadja
n’en n’est pas moins déjà une pièce maîtresse avec
notamment la création du festival annuel ‘Surbajo’
depuis 2009. Un festival qui fait la promotion de la
femme et au cours duquel en 2010 elle a dispensé
une formation en couture à 16 jeunes filles désœuvrées grâce à l’appui du Fonds d’Appui à la Formation Professionnelle continue et à l’Apprentissage
(FAFPCA).
C’est un projet qui devrait se poursuivre afin de
contribuer à l’insertion professionnelle des jeunes
filles.
En 2009 Khadja Fashion est sélectionnée pour le
défilé des jeunes créateurs du FIMA (Festival International de la Mode Africaine).
« J’ai ressenti une grande émotion en voyant mes
créations sur le podium du FIMA ! C’est un festival que j’aime beaucoup car c’est un brassage de
culture et qu’il permet de faire connaître le Niger à
l’extérieur. »
A ceux qui accusent la mode de tous les maux la
jeune femme rétorque que les mannequins qui défilent pour elle portent toujours des tenues decentes et
qu’elle réalise son travail en accord avec la religion
et son pays. Elle invite les jeunes stylistes nigériens
à continuer à se battre et à croire en ce qu’ils font
afin de modifier l’image de la mode au Niger auprès
des populations.
KHADJA FASHION
www.fofomag.com
le premier site culturel du Niger!
Retrouvez toute l’actualité culturelle nigérienne
des infos, des vidéos, de la musique
8 années d’archives culturelles nigérienne!
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En collaboration
avec
L’Ambassade d’Espagne
au Niger
Du Nouveau, du Nouveau !
Venez à la découverte de
votre patrimoine culturel!
Depuis le 15 Janvier 2011 le Centre Culturel Oumarou Ganda, le Centre des Jeunes
de Karadjé et le Centre des Jeunes de
Taladjé en partenariat avec l’Ambassade
d’Espagne au Niger vous invite à suivre
la programmation régulière de chaque
centre.
Au programme:
des activités culturelles
deux fois par semaine!
Mosquée d’Agadez
-Projections de cinéma
-Projections de dessins animés
-Projections de documentaires
-Concerts
-Spectacles de théâtre
-Spectacles de danse
-Spectacles de marionnettes
-Spectacles de contes
-Fabrication d’instruments traditionnels
-Ateliers d’arts plastiques.
VENEZ NOMBREUX ASSITER
À CES ACTIVITÉS ET NE VOUS
FAITES PAS RACONTER !
Dinosaures au Musée National de Niamey
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FOFO MAGAZINE N° 14 - Février 2011
En collaboration
avec
L’Ambassade d’Espagne
au Niger
Sultanat de Zinder
Le patrimoine culturel nigérien est très
riche et varié en témoignent la beauté
de ses monuments et sites, la valeur de
ses traditions, des arts et autres expressions culturelles.
Par patrimoine culturel il faut comprendre
que c’est l’ensemble des biens tangibles et
intangibles qu’on a hérité de nos ancêtres.
C’est donc des biens appartenant à un individu, à un groupe, à une communauté ou
à une société. Il détermine l’identité d’un
groupe et consolide l’unité, les liens de fraternité entre les individus, c’est le cas du
cousinage à plaisanterie au Niger.
Au Niger, le patrimoine est constitué d’éléments matériels comme les objets historiques exposés au Musée National, des
monuments comme la Mosquée d’Agadez,
des sites dont les tombaux de Madarounfa. Il englobe aussi des biens immatériels
représentés par les fêtes traditionnelles
cas de Guerouwel, de Gossi, les chansons
et danses traditionnelles tels que le ballet
Mariatou, les instruments de musique tradi-
tionnelle comme l’Algaita, le Biram, les Jeux
Traditionnels cas de la lutte traditionnelle ou
de la course de pirogues.
A titre illustratif, on peut citer quelques éléments représentatifs à savoir: la Mosquée
d’Agadez, les palais des sultanats d’Agadez, de Dosso et de Zinder, les tenues traditionnelles touareg ou peulh bororo, la croix
d’Agadez, le Bianou, le Hotungo, la lutte traditionnelle, la danse des bouchers, le Gossi,
le Yenendi pour ne citer que ceux là.
Toutes ces richesses ont été transmises de
génération en génération, de père en fils.
Elles constituent le témoin, l’identité culturelle de tout un peuple, c’est à dire qui différencie chaque groupe social, chaque société, chaque peuple d’un autre.
Le patrimoine culturel considéré comme un
socle de tout développement, mérite d’être
connu, protégé, conservé et valorisé et ce
pour le bonheur de tous.
Pour ce faire nous devrons tous lutter
(hommes, femmes, jeunes) afin d’empêcher
sa dégradation, sa destruction mais aussi
son exportation à des destinations inconnues. C’est un droit pour chaque individu en
particulier chaque jeune de connaître son
passé, son héritage culturel en vue de le
préserver et de le promouvoir en tant que
richesse importante et irremplaçable. Le Ministère de la Culture à travers la Direction du
Patrimoine Culturel donne des informations
concernant le patrimoine culturel.
Par Danladi Adamou
Directeur du Patrimoine Culturel / Niger
Contact : 20 72 60 64
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ROSA PARKS
Rosa Parks, née le 4 février 1913 aux Etats-Unis est
devenue une figure emblématique de la lutte contre la
ségrégation raciale aux États-Unis lorsque le 1er décembre 1955, à Montgomery elle refuse de céder sa
place à un passager blanc dans un bus.
Toute sa jeunesse Rosa Parks subit les affronts du racisme. L’école quelle fréquente est brûlée à deux reprises
par le Ku Klux Klan. Les autobus sont un bon exemple
de cette ségrégation au quotidien. Il n’y avait certes pas
de bus ou de trains différents, mais des sections réservées aux Blancs et aux Noirs. Cependant les transports
scolaires étaient interdits aux enfants jaunes et noirs. Pour
aller à l’école les enfants blancs prenaient le bus alors que
les autres y allaient à pied...
10
En 1932, elle épouse Raymond Parks, un barbier militant
de la cause des droits civiques, membre de l’Association
pour l’avancement des gens de couleur (NAACP). Son
mari l’encourage à finir ses études secondaires à une
époque où seulement 7% des Noirs obtiennent ce niveau
d’étude. Après son diplôme Rosa Parks travaille en tant
que couturière mais fait aussi d’autres petits métiers.
En décembre 1943 Rosa Parks adhère au mouvement
pour les droits civiques (American Civil Rights Movement)
et travaille en tant que secrétaire à Montgomery pour la
section du NAACP, présidé par Edgar Nixon. Elle est aussi
femme de ménage pour un couple libéral, Clifford et Virginia Durr, qui sympathisent avec elle et l’encouragent à
suivre une formation sur les droits des travailleurs et l’égalité raciale.
Le 1er décembre 1955 après son arrestation et son inculpation aux motifs de ‘désordre public et violation des lois
locales’, l’avocat blanc, Clifford Durr, accepte de la représenter et de contester la loi sur la ségrégation dont Rosa
Parks est la victime.
La nuit suivante, des dirigeants de la communauté afroaméricaine, emmenés par un jeune pasteur peu connu à
l’époque, Martin Luther King, décident de démarrer une
campagne de protestation et de boycott contre la compagnie de bus qui dura 381 jours. Pendant plus d’un an
la plupart des Noirs marchent à pied, des taxis conduits
par des Noirs font des courses au tarif du bus et peu à
peu, grâce à l’écho international du mouvement, des fonds
commencent à arriver, permettant la mise en place d’un
service d’autobus parallèle. Durant cette période des actes
violents sont perpétrés, notamment le dynamitage des domiciles de Martin Luther King et d’Edgar Nixon.
Par la suite, Rosa Parks devient une icône pour le mouvement des droits civiques. Sous la pression de ses proches
inquiets pour sa sécurité, elle déménage à Détroit. Elle y
travaille en tant que couturière, jusqu’à ce qu’elle se joigne
à l’équipe du représentant démocrate du Michigan, l’AfroAméricain John Conyers pour lequel elle travailla de 1965
jusqu’à sa retraite le 30 septembre 1988.
Rosa Parks est décédée le 24 octobre 2005 à Détroit. Le
président américain décrète la mise en berne de tous les
drapeaux le jour de son enterrement.
«Elle s’est assise pour que nous puissions nous lever. Paradoxalement, son emprisonnement ouvrit les
portes de notre longue marche vers la liberté.»
Révérend Jesse Jackson, le 25/10/2005
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Rencontre avec Mahamadou Moussa, cordonnier
au Musée National.
«J’ai 22 ans, je suis cordonnier depuis dix ans. C’est
mon père qui m’a appris et après je me suis perfectionné à la coopérative des métiers du cuir en face
de la nouvelle cité EAMAC de 2008 à 2009 avec un
formateur français qui s’appelait Claude.
Je fabrique des chaussures, des portefeuilles et des
porte-clés. J’utilise la peau de mouton que j’achète à
la tannerie de Niamey. Selon la taille une peau coûte
de 1.000 fcfa à 2.000 fcfa. Par mois j’en achète deux
lots, ça fait 20 peaux. La tannerie marche bien, il n’y
a quasiment jamais de pénurie. La peau est blanche,
c’est dans mon atelier que je lui donne la couleur que
je veux.
Je gagne ma vie avec ce métier. J’ai souvent un bénéfice de 5.000 fcfa par jour mais c’est vrai qu’il y a
des jours où je ne gagne rien du tout… Heureusement avant je ne payais rien pour l’atelier et l’électricité, c’était pris en charge par le Musée National
mais avec l’arrivée du nouveau directeur les artisans
payent maintenant un forfait annuel de 12.000 Fcfa.
Je me suis également inscrit à la coopérative du Musée pour qu’elle vende mes produits. Ca coûte 5.000
fcfa par an.
Mon rêve c’est d’aller exposer à l’extérieur, je n’ai
pas encore eu cette chance.»
Au Niger la plupart des populations pratiquent l’élevage, ce qui explique une abondance des cheptels et du travail du
cuir. Sacs de harnachement, poufs, coussins, chaussures, sandales, ceintures, chapeaux, boîtes et coffrets, sacoches,
sacs à main, cartables, portefeuilles, porte-documents, porte-clés, autant d’objets portés et utilisés par tout le monde.
Chaque région a sa spécialité. Par exemple la région de Maradi est réputée pour le cuir de sa chèvre rousse, celle de
Zinder pour sa maroquinerie fine et tressée.
Les motifs et les compositions sont généralement géométriques. Lignes parallèles, damiers, losanges, triangles, toujours en rythme serré et harmonieux. Les couleurs dominantes sont souvent le rouge, le noir et le jaune. Le vert traditionnel, dit « Vert de Kano », est souvent utilisé par les Touaregs pour sa valeur noble et protectrice.
Au sens premier le cordonnier est l’artisan qui fabrique des souliers, bottes, mules et pantoufles en cuir. Le mot ‘cordonnier’ vient du mot corde, car les premiers cordonniers utilisaient des cordes pour fabriquer des chaussures. Mais ce mot
viendrait aussi de cordouanier, les artisans de Cordoue (Espagne) qui ont été les premiers occidentaux à avoir reçu des
marocains le secret de la maroquinerie (l’art du travail du cuir).
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Près de 10 ans qu’il est parti s’installer aux États Unis.
Djaffar nous raconte les début de Lakal Kaney.
«Au début c’était juste for fun, on écoutait des rappeurs de
France et des US des années 90, 95. Moi personnellement
j’étais fan de NTM bien que notre musique n’a rien à voir
avec ce groupe. On répétait un peu partout, chez moi en
passant par chez And One, au CFPM, au CCFN, au CCOG,
à la MJC. Des fois on partait en brousse loin de la ville,
c’était vraiment cool !
Point de vu matos, on utilisait celui du CFPM ou mon petit
poste radio. La musique c’était notre vie.
On avait l’avantage d’être des potes de quartier, donc on se
voyait tout le temps sauf Sanfou lui qui était à Banifandou.
Moi, And One, Soul Mady et Kantou on vivait dans le même
coin.
Quand on a commencé, les autres rappeurs avaient du mal
à comprendre notre musique car elle n’avait rien avoir avec
le genre qu’ils écoutaient ou qu’ils faisaient. Vers 1997,
1998 avec l’aide du CFPM et de son directeur Mamane
Garba on a eu la chance de prendre des cours en théorie
musical, solfège, technique d’enregistrement avec pas mal
de software de l’époque, et le plus important les conseils
des autres artistes, surtout sur le comportement scénique.
Notre 1er album était un truc genre ‘On vas voir ce que ça
va donner’ mais ça a été un grand succès, on ne pouvait
même plus sortir dans la rue sans qu’on nous interpelle,
ça nous a vraiment dérangé. Les autres groupes ont commencé à nous apporter leur sympathie comme TOD ONE,
WASSIKA OPSEK, etc.
‘POUR SAVOIR OU TU VAS, REGARDE D’OU TU VIENS’
On a fait notre premier concert chez moi avec les voisins et
les membres de la famille comme spectateur… Ca a bien
changé après!
Aujourd’hui pour ceux qui se posent la question je continue
toujours la musique! Là, je suis presque a la fin de mon 1er
album solo avec une douzaine de titres dont un des sons
‘Wath’s up’ que j’ai fait avec le rappeur américain JAYPI et
NASTY de WASSWONG est déjà sur les ondes à Niamey.
Cet album est auto-produit entre mon ‘home studio’ et ‘Roland professional record’. Ca a pris un peu de temps pour le
finir mais le travail de la musique l’exige car il faut toujours
se voir soi même comme l’ultime adversaire et se surpasser
tout le temps.... C’est une invitation pour partager les mots
d’ un capitaine Djaff qui n’a pas sa langue dans un coffre par
rapport aux problèmes du monde, l’Afrique et particulièrement le Niger.
Je termine avec un BIG UP à fofomag et à tout ceux qui se
donnent de la peine pour garder le mouvement vivant.»
Flash Back
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FOFO MAGAZINE N° 14 - Février 2011
Créé en 2002, le groupe de rap MDM
(Méthode de la Morale) est constitué de
deux frères originaires d’Agadez: Barké
Souleymane né le 7 juillet 1984 et Barké
Zaberou né le 4 novembre 1986.
FOFO: Qu’est ce qui vous a poussé à
rapper ?
MDM: Les problèmes de société nous ont
poussé vers le rap. On a enregistré notre
premier titre en 2003, ça s’appelait ‘Make in
jump’. Il nous a fallu 5 ans pour sortir notre
premier album intitulé ‘Enfants du bloc’, un
opus de 14 titres. Malheureusement on n’a
pas fait assez de promo et le vernissage n’a
pas donné. Cependant au fil du temps les
titres de l’album ont cartonné sur les ondes,
notamment le titre de l’album et le feat avec
Vaïb. En 2011 on travaille sur notre second
album. Il sera enregistré à Accra au Ghana
et s’appellera ‘Seul et Unique’.
FOFO: Que pensez-vous du mouvement Hip
Hop de Niamey ?
MDM: On a de bons rapports avec les autres
rappeurs même si c’est vrai on ne les côtoie
pas beaucoup. Je pense que le Hip Hop nigérien évolue, je trouve qu’il est plus riche
que ce qui se faisait avant. Le blocage que
l’on constate est dû à nos dirigeants et surtout aux promoteurs qui noient ce mouvement. Ils veulent toujours gagner sur le dos
des rappeurs. De notre côté, nous les rappeurs on ne sait pas ce que nous voulons.
Pour faire avancer ce mouvement je pense
qu’il faut miser sur l’extérieur, miser beaucoup d’argent pour produire de bons trucs.
Regardez, nous sommes toujours bloqués
ici à Niamey. Jusqu’ici on a aucun rappeur
international !
FOFO: Quel serait votre appel aux rappeurs
nigériens ?
MDM : L’appel que l’on lance à l’endroit des
artistes c’est d’éviter la dislocation, de mettre
l’argent de côté et de se mettre à travailler. »
MDM Crew
Zoom sur Tahoua
Né en 1989, Ibrahim Saidou Alfarouck
alias PA-PELA débute le rap alors qu’il
n’a que 12 ans.
Avec des amis il forme le groupe R.S
Clan et ils enregistrent le premier single
rap de la région de Tahoua : ‘Dédicace’.
En 2008 il participe au concours Scène
Ouverte Rap avec son ami Basta sous le
nom ‘Les Barons de l’Ader’. Ce concours
leur permet d’enregistrer un single intitulé ‘Fayadingue’. PA-PELA poursuit en
solo et rebaptise le groupe ‘Le Baron de
l’Ader’. Soutenu par sa mère il enregistre
un son ‘Tous pour le show’ et parallèlement s’engage dans le syndicat des étudiants de son établissement scolaire. Il
devient animateur sur la radio Saraounia
de Tahoua avec une émission qui cartonne ‘H-H Box’ et en 2009 il est l’un des
pères fondateur de l’Association ‘Ader
Rap’ dont il devient le secrétaire général.
Depuis un an il vit à Niamey pour préparer le bac et en a profité pour enregistrer deux sons ‘zuglu dance’ et ‘prise de
conscience’.
FOFO MAGAZINE N° 14 - Février 2011
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Issoufou Oumarou, alias L’Homme Maïga est
né le 5 juin 1981 à Niamey. Directeur des programmes, cameraman, monteur et animateur
à la radio Touraki FM, ce fan de ‘50 cent’ est
entré dans le rap depuis une dizaine d’année.
L’Homme MAIGA
FOFO: Comment ça a commencé le rap pour toi ?
MAIGA: Au début je voulais intégrer le groupe NEP mais ils ne m’ont pas ouvert leur porte, c’était en 2002, c’est ce qui
m’a motivé à faire une carrière solo. J’ai sorti mon premier titre ‘Ir ma kambe dan’ en 2003, c’était un feat avec Angel. Trois
ans après en 2006 j’ai présenté mon premier album au CCFN mais le vernissage ne s’est pas passé comme je l’espérais.
FOFO: Parles nous de ton dernier titre…
MAIGA: J’ai sorti ‘Sai dey haouchi’ (on ne peut rien contre la volonté de dieu) en février 2010, ça a été une vrai bombe, ce
son a été classé meilleur titre de l’année au Wassa Hip Hop et il a été premier sur le Hit de Canal 3. J’ai écrit ce son parce
que avec mon style et mes vêtements de rappeur américain, il y a des gars qui sont jaloux et qui m’en veulent pour rien.
J’ai dédié ce son à tous ceux là… Ca sera le nom de mon second album qui va bientôt sortir. Je suis entrain de préparer
le vernissage, c’est un album de 9 titres dont je suis auteur et compositeur.
FOFO: Qui t’a aidé dans ta carrière ?
MAIGA: Seule ma mère et ma grande sœur m’ont appuyé dans ce que je fais, je les remercie infiniment. Pour cet album
j’ai déposé 13 demandes de sponsoring qui n’ont abouti à rien… Le mouvement hip hop nigérien est vraiment naze, il n
y a rien dedans, ni sponsor, ni rien du tout…On n’a pas de promoteurs et de représentant à l’extérieur, c’est ce qui freine
tout !
FOFO: Ton plus beau souvenir d’artiste ?
MAIGA: Au spectacle Baby Fiesta organisé au Musée National l’année passée. Les 4000 enfants devant moi m’accompagnant sur le refrain de ‘Say dey haouchi’, c’était un moment incroyable.
FOFO: Un conseil aux rappeurs ?
MAIGA: Le seul conseil que je peux leur donner c’est de se trouver un boulot parallèlement à la musique. »
FOFO : Ton rêve ?
MAIGA : Mon rêve… Un feat avec Curtis James Jackson, alias ‘50 Cent’ !
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FOFO MAGAZINE N° 14 - Février 2011
C’est en 2003 que Rocksim et
Freygaz fondent le groupe ONEENS
(On est ensemble).
En 2006 le groupe est vice-champion de la NAR (Nescafé African
Revelation) à Bamako. Le 27 février
2010 il est la révélation du festival
Hip Hop Kampké de Cotonou.
Après ‘Irto’ sorti en 2005
et ‘De l’Ordre’ en 2009,
enregistrés à Ouaga, le
troisième album qui s’intitulera ‘Abrakunda’ sera
enregistré entre le Gabon, le Bénin, le Nigéria
et le Niger. Leur ambition
pour 2011: un album et
des clips aux normes
internationales
diffusable sur les chaînes du
monde entier et notamment Trace TV.
FOFO: Le rap c’est quoi pour vous ?
ONEENS: Une passion musicale, devenue un travail.
Notre détermination c’est que notre musique œuvre à
améliorer notre société, du bas jusqu’au sommet. On écrit
nos textes nous-même, on parle de ce que vivent les nigériens et on parle de ce que l’on ressent. Un jour viendra on
ferra appel à des compositeurs car c’est toujours un plus
l’apport d’autrui pour un travail mais au Niger on n’est pas
encore à ce stade…
FOFO: Votre vision du rap nigérien ?
ONEENS: Le mouvement évolue en dent-de-scie car on va
de beaux moments en périodes sombres. Les gens parlent
souvent de la mort du rap nigérien mais on est convaincu
qu’il ne mourra jamais car de nouveaux talents arrivent
pour assurer la relève. Il faut que les aînés s’adonnent à
faire du bon travail afin d’inspirer les jeunes frères à travers
leurs textes et leurs comportements. A l’époque des Lakal
Kaney, Kaidan Gaskia, Djoro G, Wass-Wong, … l’engouement du public pour le rap était impressionnant. Il faut noter aussi qu’à cette époque les jeunes groupes émergeant
faisaient preuve de véritable inspiration. Et puis les fans de
rap sont devenus de ‘soi-disant’ rappeurs, ils ont pris les
commandes du mouvement ce qui a amorcé l’agonie du
rap nigérien. La politique culturelle n’était également pas
adaptée à ce mouvement, de plus les dirigeants trouvaient
ONEENS
le rap agressif et minimisaient les idéaux que l’on défendait. Il faut que les véritables artistes soient appuyés, là
on ne parle pas de tous ceux qui ne font ça que pour se
faire voir mais de ceux qui ont de vrais choses à dire. Il
faut que les sociétés de la place mettent la main à la pâte
pour soutenir des rappeurs avec des idéaux à défendre.
On s’adresse aussi à tous ces promoteurs de spectacle de
la place qui veulent véritablement être respectés en tant
que tel de faire un geste patriotique et d’arrêter de toujours
miser sur les artistes de l’extérieur, d’amener souvent des
gens qui sont moins bon que nous et d’investir dans les
artistes nigériens. Il y a de bons groupes ici, ensemble
promoteurs, entreprises, ministères doivent s’atteler à
l’émergence de la musique nigérienne et au rap qui en est
devenu aujourd’hui l’un de ses piliers clé ! Il faut que le
public nous suive aussi, qu’il soutienne nos concerts.
FOFO: Quels sont vos rapports avec les autres groupes
de la place ?
ONEENS: C’est opé-opé comme on dit à Ouaga, c’est à
dire qu’on entretien de très bonnes relations avec tous.
FOFO: Un message pour les rappeurs ?
ONEENS: Travailler à fond, y croire car à cœur vaillant rien
d’impossible! La lumière est toujours au bout du tunnel.
Pour qui vivra, verra, Dieu nous guidera.
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SANI MAGORI
A 40 ans, le réalisateur nigérien Sani Elhadj Magori
vient de terminer la réalisation de son troisième film
documentaire: ‘Le cri de la tourterelle’, présenté en décembre 2009 au Forum Africain du Film Documentaire
(FAFD) de Niamey.
la culture de l’oignon, et de ses 400 000 tonnes de production qui irriguent l’Ouest africain. Le réalisateur nous donne
à voir le cauchemar de l’oignon, à travers le mariage d’une
jeune fille sans cesse retardé parce que la récolte de son
père ne rapporte jamais assez.
Après avoir passé son bac d’Ingénieur d’Etat en agronomie en Algérie, Sani Magori travaille comme journaliste
pour différents magazines et journaux, français et nigériens.
‘Pour le meilleur et pour l’oignon’, reçoit le Prix Jean Rouch
au Forum africain du film documentaire de Niamey en
2008 et fait le tour des festivals du monde entier où il accumule les prix au fil de sa tournée (New York, Guangzhou,
Munich...) et offre à Sani Magori l’opportunité de fouler le
mythique tapis rouge du Festival de Cannes (France) en
mai 2009.
En 2008 il achève un Master 2 en réalisation documentaire
de création à l’Université Gaston Berger de Saint Louis
(Sénégal) au cours duquel il réalise son premier documentaire ‘Notre Pain Capital’ qui suit la chaîne alimentaire du
pain dans les rues de St Louis.
Son diplôme en poche il se lance très activement dans
la réalisation et la formation en supervisant la formation
continue en réalisation documentaire du FAFD.
Véritable road movie, ‘Le cri de la Tourterelle’ ou ‘Koukan
Kourcia’, le troisième documentaire de Sani Magori suit
Hussey, une ancienne cantatrice nigérienne, qui dans les
années 70 encourageait les jeunes à s’exiler dans les pays
côtiers ouest africains pour aller faire fortune à travers ses
chansons.
En 2008, il réalise son deuxième documentaire qui met en
lumière la précarité des cultivateurs de l’oignon de Galmi,
véritable parabole de la mondialisation. Aux mains des
spéculateurs, les habitants du village vivent au rythme de
Avec une nouvelle chanson composée à cette fin la cantatrice prend la route d’Abidjan pour tenter de convaincre
son père, parti sur la côte il y a une quinzaine d’année, de
rentrer au Niger...
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FOFO MAGAZINE N° 14 - Février 2011
C’est au lycée Mariama de Niamey qu’elle se forme à la
comédie au sein de la troupe de théâtre de l’école. Chaque
année ils mettent en scène des pièces pour les rencontres
culturelles inter-établissement qui se déroulent au CCFN.
En 2001 la pièce du lycée Mariama décroche la première
place des rencontres et Aïcha celle de meilleure actrice.
Elle reçoit alors une bourse de formation de 3 semaines
à Ouagadougou.
Aïcha participe à la formation organisée par Jovial Production entourée d’actrices telles que Kadi Joli. En 2002
elle rencontre Djingarey Maïga au CCFN. Celui-ci l’avait
repérée lors des rencontres culturelles. Il lui propose de
jouer dans son prochain film et la jeune actrice accepte
sans hésitation. Djingarey Maïga lui fait alors bien comprendre que les conditions de travail au Niger ne sont pas
comparables à celle qu’elle avait connu au Burkina Faso et
que ça sera difficile. La famille de Aïcha l’encourage durant
le tournage qui durera près de 3 ans (de 2002 à 2005) en
raison de problèmes financiers.
Après le tournage elle poursuit ses études à Bamako puis
se marie en 2007 et se rend à Lomé pour finir ses études.
De ce film, Aïcha garde d’excellents souvenirs et se réjouit
des réactions du public à son égard. « Des gens m’interpellent sans cesse en me disant ‘c’était bien ce que vous
avez joué’, d’autres me disent ‘Hé Koda (son nom dans
le film) ou est Kola ? (le nom de son fiancé dans le film).
Récemment à Lomé des jeunes en m’apercevant ont crié
‘Koda, Koda, …’, ils avaient suivi le film sur une chaîne camerounaise ou quelque chose comme ça…» Pour elle le
cinéma nigérien à l’instar des autres formes d’art du pays
manque cruellement de financement. « Le peuple ignore
les conditions dans lesquelles se tournent un film au Niger
et le nombre d’années que ça prend. Avec ce manque de
soutien financier il faut avoir le courage de Djingarey pour
réaliser des films au pays. J’encourage quand même les
jeunes acteurs nigériens à persévérer et je veux qu’ils sachent que si comme moi ils décident d’arrêter un jour, ils
n’auront pas tourné pour rien. Aujourd’hui quand je suis
‘4ème nuit noire’ je me sens très fière parce que je sais
qu’au moins j’ai réalisé quelque chose dans ma vie ! »
Aujourd’hui la jeune femme vient d’obtenir un DESS en
droit des affaires et de la fiscalité. Loin du cinéma elle souhaite se consacrer à sa carrière professionnelle en décrochant un bon travail à Niamey. La porte du septième art
reste cependant ouverte lorsque Aïcha susurre :
« Djingarey est mon papa, nous formons une vraie famille
aujourd’hui, alors si un jour il fait appel à moi pour tourner
et bien je le ferai ! ».
AICHA
Actrice principale du dernier long métrage de Djingarey Maïga, ‘4ème nuit noire’, Madame Bachir Aïcha
Issa Hamidou est juriste de formation.
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C’était en décembre passé, dans un CCOG archi
comble qu’était projeté en grande première, un long
métrage de fiction intitulé HASSIA.
Ce film de 70 minutes inspiré d’une histoire vraie est réalisé par un jeune cinéaste et producteur nommé Moussa
Mahamadou Djingarey.
Ce film annonce le retour du Niger à la compétition officielle du célèbre Fespaco.
La dernière participation du Niger à une compétition officielle de cette rencontre internationale de cinéma date
de 2001. Notre pays était représenté par un film du grand
vétéran Djingarey Maiga. Ce grand retour du Niger au Fespaco se fait dans la compétition fiction long métrage TV.
Cette sélection doit davantage interpeller nos autorités,
sur les appuis conséquents qu’ils doivent accorder aux
cinéastes nigériens, jeunes et pionniers.
Nous en profitons pour vous informer de la mise en place
des membres du Conseils d’Administration du CNC, le
Centre National de Cinématographie, présidé par Monsieur Mai Moustapha Fernand et composé entre autre
de Zalika Souley et Saguirou Malan. Bon vent au cinéma
Nigérien !
Par Omar Kadry Koda
HASSIA
Le pari du Forum Africain du film Documentaire (FAFD)
est en passe d’être gagné avec la sortie fin 2009 de la
collection ‘Lumières du Niger’, dix films courts métrages
réalisés par les stagiaires de la formation continue mis
en oeuvre par le forum. Créés dans la perspective d’assurer la relève des pionniers du cinéma nigérien, ces
ateliers de formation constituent une formation non
académique qui s’adresse à de jeunes gens déjà actifs
ou universitaires. Lors de la cinquième édition du FAFD
cette collection a reçu le prix ‘Jean Rouch’ de la première
oeuvre.
Trois de ces documentaires ont été récompensés individuellement à travers le Prix Oumarou Ganda, il s’agit
dans l’ordre de mérite de ‘Rouga’ réalisé par Soumaila
Harouna relatant l’investiture d’un berger peulh; ‘Nanou’
de Garba Mamoudou Nouhou traitant des bienfaits de
l’allaitement maternel et enfin de ‘Les sons de cloche’ de
Moustapha Sahirou Yakouba sur l’importance de l’école.
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FOFO MAGAZINE N° 14 - Février 2011
La Nouvelle Imprimerie
du Niger
soutient la culture
et la jeunesse nigérienne
FOFO MAGAZINE N°14 - Janvier 2011 - 2000 exemplaires - GRATUIT
Prochain numéro en mars 2010

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