Et si on en parlait Journée d`étude

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Et si on en parlait Journée d`étude
Et si on en parlait Journée d’étude« Marionnettes, automates et robots : miroirs de l’Homme ? » Petit théâtre des Musées Gadagne, 1 place du Petit Collège, Lyon 5e Entrée libre et gratuite, ouvert à tous, à partir de 18 ans. Programme 1 JOURNEE : Samedi 12 octobre – 10h/17h 3 CONFERENCES‐DEBATS ‐ Quelles relations entretenons‐nous avec nos objets techniques? ‐ Quelle place joue l’anthropomorphisme dans notre attachement aux robots ? ‐ Comment la création artistique questionne nos relations aux robots et aux êtres humanoïdes ? 8EXPERTS INVITES Roland Auzet, metteur en scène, directeur de théâtre Jean‐François Ballay,chercheur en arts du spectacle Jean‐Gabriel Ganascia, chercheur en intelligence artificielle et sciences cognitives Naly Gérard, journaliste culturelle Agnès Giard, journaliste et anthropologue Emmanuel Grimaud, anthropologue Lucile Haute, plasticienne, performeuse et chercheuse Gilles Montègre, historien des sciences Journée d’étude proposée par l’Université de Lyon dans le cadre des rencontres sur le thème « Métamorphoses : de l’Homme augmenté au robot humanoïde » dans le cycle Et si on en parlait Introduction par Maria‐Anne Privat‐Savigny, directrice des Musées Gadagne Animation de la journée par Béatrice Korc, récemment responsable du service Science et Société de l’Université de Lyon, désormais directrice de la culture scientifique à la Métropole de Toulouse Retour des échanges de la journée sur le blog http://etsionenparlait.hypotheses.org Site web : www.universite‐lyon/etsionenparlait Présentation du thème Alors que les robots humanoïdes font doucement leur place sur les marchés économiques mondialisés, cette journée proposera des pistes pour mieux saisir les origines culturelles, sociales et spirituelles dans lesquelles s’enracinent nos relations aux marionnettes, aux automates et aux robots parfois créés à notre ressemblance. Historiens, anthropologues, spécialistes du théâtre et des marionnettes et artistes exploreront les relations très diverses entretenues avec ces « créatures techniques », au Japon et en Europe. D’hier à aujourd’hui, pourquoi fabriquons‐nous des êtres à notre image ? Quelles visions de l’humain, du corps et de la nature reflètent‐ils ? Quel rôle est alors assigné à la technologie ? Quels usages laissons‐
nous à ces artefacts qui nous ressemblent ?Chercheurs et experts lanceront des réflexions à partager avec l’audience, sans apporter d’opinion définitive à ces enjeux en mouvance. Les conférences seront suivies d’échanges avec le public. Une visite de l’exposition est programmée en début d’après‐midi. Cette journée est proposée en partenariat avec les musées Gadagne, dans le cadre de la Biennale d’Art contemporain et de la carte blanche à Zaven Paré >>Les rendez‐vous. 10H‐>12H. Conférence débat. Quelles relations entretenons‐nous avec nos objets techniques ? Retour sur les ancrages historiques, culturels et spirituels. Les évolutions techniques ont toujours accompagné un contexte historique, culturel et religieux. Quels discours se sont alors construits autour des marionnettes et des automates dans chacun de ces contextes ? Lorsque les automates ont été le reflet de l’Homme, la nécessité d’un dieu a‐t‐elle été écartée ? En tirant les ficelles des cultures et des époques, nous verrons les rapports qu’entretient depuis longtemps l’humain avec ces objets mécaniques. Gilles Montègreesthistorien, maître de conférences à l’Université de Grenoble – Alpes, où il enseigne l’Histoire des sciences et des savoirs de la Renaissance au siècle des Lumières. Il reviendra sur le contexte social et culturel de l’époque des Lumières, favorable à ce que l’opinion publique, et pas seulement le monde de la Cour, porte un intérêt particulier aux théories de La Mettrie et aux travaux de Vaucanson sur l’automatisme. Auteur de La Rome des Français au temps des Lumières, Gilles Montègre a collaboré à plusieurs ouvrages, parmi lesquels : L’Automate. Modèle Métaphore Machine Merveille, sous la direction d’Aurélia Gaillard, Jean‐Yves Goffi, Bernard Roukhomovsky et Sophie Roux (Presses universitaires de Bordeaux, 2013). Naly Gérard, journaliste spécialiste des arts de la scène, et notamment des marionnettes (Revue Mouvement, Les cahiers de l’Orcca, Alternatives théâtrales), ouvrira la question du lien au culte qu’entretiennent ces objets scéniques et nous expliquera pourquoi, selon elle, ils peuvent être considérés comme anthropomorphes mais pas humanoïdes. Elle portera enfin un regard critique sur l’arrivé des nouvelles technologies dans les théâtres de marionnettes. Car une question ne peut être évitée : les robots, sur scène, sont‐ils une représentation du réel ou le réel lui‐même ? Et dans cette course technique, peut‐être oublie‐t‐on parfois de poser la question du rôle de l’art. Emmanuel Grimaud est anthropologue, chargé de recherche au CNRS. Il partage la réalité des théâtres de divinités de Bombay qui associent les effets spéciaux des studios de Bollywood à des automates‐Dieux. C’est avec lui l’occasion de revenir sur des enjeux qui l’animent dans son ouvrage Dieux et robots (L’Archange Minautore,2008) : Comment cette « robotisation » des dieux s’est‐ opérée ? Ces machines divines et ces mythologies machinées qui fascinent les spectateurs par leurs lents mouvements hypnotiques toujours recommencés, auraient‐elles en retour des implications sur les croyances, la vie même des habitants de Bombay ? Il avait consacré un premier ouvrage aux studios de Bombay après y avoir travaillé comme assistant de réalisation : Bollywood Film Studio (CNRS Editions, 2004). Echanges avec la salle. >>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>> 12H‐> 14H. Pause‐déjeuner libre 14H‐> 14H30. Visite libre des collections de marionnettes Bunraku (en présence d’une médiatrice) et des œuvres de Zaven Paré (en présence d’Emmanuel Grimaud).
14H30‐>15H45. Conférence débat Quelle place joue l’anthropomorphisme dans notre attachement aux robots ? S’agit‐il d’un piège ou d’un pacte ? Un des premiers objets que l’on adresse à un enfant, c’est un poupon, à son image. D’où vient ce besoin d’avoir des objets, des robots qui nous ressemblent? Quels désirs affectifs et fonctionnels viennent‐ils combler ? L’humain est‐il vraiment libre dans ce rapport ? A l’heure où les Japonais ont dépassé une certaine méfiance pour les objets humanoïdes, leur prêtant un caractère presque sacré, une question tombe : Va‐t‐on bientôt remplacer l’humain ? Emmanuel Grimaud, rencontré le matin sur les automates‐Dieux en Inde, ilintervient ici sur la notion d’« inquiétante étrangeté » (« uncannyvalley »), ce stade où une ressemblance très forte de l’objet à l’humain produit le dégoût, notamment en Occident où les roboticiens évitent de donner à leurs créations un visage humain. Au Japon, la réaction serait différente. L’anthropologue reviendra sur le travail du roboticien Hiroshi Ishiguro qui a créé le Geminoïd à son image, le robot le plus réaliste jamais conçu, en 2006. Que gagne‐t‐
on à cultiver la confusion entre l'homme et la machine ou comment faire pour la dépasser ? Le chercheur collabore avec l’artiste Zaven Paré avec qui il a écritLe jour où les robots mangeront des pommes : conversations avec un geminoïd(éditions Pétra,2011) où tous les deux décryptentle phénomène du geminoïd autant à travers les arts que les sciences. Agnès Giard,journaliste et anthropologue, s’intéresse aux êtres de substitution au Japon. Elle enquête depuis plus de dix ans sur les laboratoires qui, dans ce pays, accouchent de corps humains étrangement irréalistes. Elle présentera le résultat de ses dernières recherches de terrain : les Japonais perfectionnent des systèmes de « vie artificielle » sous la forme de poupées nommées « Ai‐
dolls »,« poupées d’amour », des femmes de substitution qui procurent l’illusion d’un lien affectif à des êtres que l’âge, le deuil ou le célibat condamnent à la solitude. Leurs créateurs engagent non seulement un savoir‐faire technique mais un discours marketing qui s’inscrit dans le cadre d’une culture marquée par la croyance en l’âme des choses. Pour convier cette âme à descendre dans le corps d’une poupée, des rituels étranges entourent la fabrication et la mise en vente des ai‐dolls. Jean‐Gabriel Ganascia est professeur à l’Université Pierre et Marie Curie (Paris VI) en informatique, intelligence artificielle et sciences cognitives et participe à la Commission de réflexion sur l’éthique de la recherche en sciences et technologies du numérique d’Allistene (Cerna). Ilproposera un état des lieux de la recherche scientifique. Si dupliquer l’Homme n’est, selon lui, pas d’actualité, cette course vers la production de notre identique nous invite à mieux nous comprendre. Avec cette perspective, le chercheur reviendra sur la traditioncabaliste et les golems, les pratiques médiévales, les enjeux des automates du 18e siècle. Il abordera, dans la continuité, les réalités de la robotique industrielle, médicale, militaire ou domestique et les questions de responsabilité qui restent béantes. Echanges avec la salle. >>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>> 15H45>17H. Conférence débat Comment la création artistique questionne nos relations aux robots et aux êtres humanoïdes ? Alors que l’arrivée de robots humanoïdes inquiète et fascine, la scène demeure un espace où se jouent des actions, où des hommes figurent ou sont figurés en un lieu, un temps, dans un rapport fort avec un public. La création, et a fortiori le théâtre, nous éclaire sur cette nouvelle page de l’histoire où se nouent des relations entre les humains et leurs créations technologiques. Lucile Hauteest plasticienne et performeuse, doctorante en Arts plastiques à l’Université Jean‐Monnet, à Saint‐Etienne (3LA/CIEREC) et rattachée à l’Ecole nationale supérieure des Arts Décoratifs à Paris (EnsadLab). Elle a travaillé autour de l’avatar, des représentations hyperréalistes ou, au contraire, des êtres non anthropomorphes, et des rapports (identification, empathie, affection) que nous tissons avec eux. En arts plastiques, arts vivants et design, ses recherchent se positionnent dans une zone entre le vivant et le réifié, l’inerte et l’animé. Jean‐François Ballay, chercheuren Arts du spectacle à l’Université Sorbonne Nouvelle (Paris III) et artiste travaille sur le théâtre, les arts de l’image et du son, les rapports entre le corps, la technologie, et sur les interactions avec le spectateur. Il posera ici son regard sur le robot et le numérique au théâtre et creusera la question de l’interaction sur scène entre les comédiens et les robots, entre l’Homme et la machine. Roland Auzet, directeur général et artistique du théâtre de la Renaissance à Oullins (Rhône), il est metteur en scène et l’auteur de nombreuses créations scéniques. De formation pluridisciplinaire, grâce à son parcours au Conservatoire National supérieur de musique et à l’Ecole de Cirque Fratellini, il se définit lui‐même comme « écrivain de plateau » et artiste polymorphe. Echanges avec la salle. DERNIERE PAGE – page 4 // Des mots pour réfléchir… Animisme : philosophie qui associe une âme à toutes vies, aux éléments naturels, comme le vent ou le feu, et aux objets. Anthropomorphisme : attribution des comportements ou des apparences humaines à d’autres entités comme des animaux, des objets, des phénomènes ou des idées. Automate : machine qui exécute des gestes de manière automatique et ne nécessitant pas l’intervention directe d’un humain pour fonctionner. Bunraku : spectacle traditionnel japonais de marionnettes de grande taille. Chaque marionnetteest animée par trois marionnettistes qui apparaissent, certains masqués, à la vue du public. Un seul marionnettiste chante tous les rôles et le spectacle peut s’étaler sur une journée entière. Golem : être artificiel dans la mystique puis la mythologie juives, généralement humanoïde, fait d’argile, incapable de parole et dépourvu de libre‐arbitre façonné afin d’assister ou défendre son créateur. Humanoïde :qui évoque la forme humaine, avec des bras, des jambes, un tronc et une tête. « Inquiétante étrangeté » : Expression tirée d’un texte de 1970 du roboticien japonais MasahiroMoridans lequel il explique que, dans un premier temps, plus les objets ressemblent aux humains, plus ils peuvent nous sembler familiers et aimables. Jusqu’au point où une ressemblance très forte – comme celle des cadavres ou d’une prothèse de la main serrée sans s’y attendre – produit l’horreur ou le dégoût. Intelligence artificielle (IA) : recherche de moyens, par le biais de programmes informatiques, pour donner à un robot les possibilités d’effectuer des tâches accomplies par des humains demandant un apprentissage, une organisation de la mémoire et un raisonnement. Intelligence augmentée : usage des technologies de l’information pour augmenter l’intelligence humaine. Le concept a été proposé dès les années 1950 par les pionniers de l’informatique. L’expression marque la fusion entre l’humain et la machine. La Mettrie (de) Julien Jean Offray : (18e siècle) médecin et philosophe, il défend des thèses matérialistes provoquant un scandale qui lui fait perdre sa place de médecin des Gardes‐Françaises. Plus tard, il développe sa vision de la capacité de l’Homme à créer un homme artificiel dans L’Homme‐machine, en 1747. Marionnette : Figure représentant une personne ou un animal, articulée ou non, actionnée à la main ou à l’aide de fils. En français, au Moyen Âge, les diminutifs à l’origine de ce mot signifiaient « petite Marie chérie », ce qui a servi très vite à désigner la Vierge Marie et ses représentations plastiques. À partir du 16e siècle, l’usage s’est élargi à des figurines de bois, sacrées ou profanes ou à des poupées utilisées en sorcellerie. Robot : dispositifalliant mécanique, électronique et informatique permettant d’accomplir automatiquement différentes tâches. Le mot « robot » a été inventé dans les années 1920 par l’auteur tchèque Karel Capek, dans son spectacle intitulé R.U.R. (Rossum’sUniversal Robots), sachant que son origine est alors « robota », travail forcé. Le terme de robotique, lui, est apparu en 1942 dans le cycle Les robots, rédigé par Isaac Asimov. Sciences cognitives : discipline scientifique destinées à décrire, expliquer, et parfois simuler, des mécanismes de la pensée humaine, animale ou artificielle. Elles mêlent plusieurs sciences, comme l’anthropologie, la psychologie, laphilosophie, l’informatique, les neurosciences etla linguistique. Vaucanson Jacques : (18e Siècle) mécanicien et inventeur grenoblois de plusieurs automates. Son automate le plus sophistiqué est un « canard digérateur », exposé en 1744 au Palais‐Royal, qui peut manger et digérer, cancaner et simuler la nage. <<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<<< >>Carte blanche à Zaven Paré aux musées Gadagne. Dans le cadre de la 12e Biennale de Lyon – Résonance / Focus Du 12 septembre 2013 au 4 janvier 2014 Pionnier dans l’utilisation de la robotique pour raconter des histoires, Zaven Paré s’inscrit naturellement dans la thématique de l’édition 2013 de la Biennale d’art contemporain de Lyon, Structures narratives. Ses machines, à mi‐chemin entre le monde des marionnettes, des automates et des robots, sont parfois un mélange de mécanique, d’optique, et d’électronique analogique ou digitale. Zaven Paré a parfois proposé ces œuvres pour la scène, dans le rôle de marionnettes, ou sous forme d’installations d’art contemporain.Sa création s’inspire à la fois de la littérature, des théâtres traditionnels du monde entier, des réflexions philosophiques et anthropologiques, enrichie des études récentes sur la robotique et la science comportementale. Samedi 12 octobre, de 14h à 14h30 : Visite de l’exposition en présence d’Emmanuel Grimaud. Visite libre jusqu’au 4 janvier 2014, avec billet d'entrée du musée des marionnettes du monde (tarifs disponibles à l’accueil du musée et sur www.gadagne.musees.lyon.fr).