ST 18 "La science politique face aux objets complexes"

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ST 18 "La science politique face aux objets complexes"
ST 18 – La science politique face aux objets complexes
Carole Clavier, Université du Québec à Montréal, [email protected]
Aurélien Evrard, Université Sorbonne-Nouvelle (Paris 3), [email protected]
Maya Jegen, Université du Québec à Montréal, [email protected]
La santé publique et l’énergie posent des défis majeurs à nos sociétés. Ceux-ci sont parfois abordés
comme des wicked problems, c’est-à-dire des enjeux complexes, instables, transversaux à plusieurs
secteurs d’action publique et qui mobilisent une diversité de savoirs et d’acteurs. Ces enjeux
interpellent l’étude des politiques publiques d’au moins deux manières. D’un côté, la recherche
spécialisée dans le domaine de l’énergie ou de la santé publique vise à identifier des solutions
politiques concrètes (policy). De l’autre, des chercheurs en analyse des politiques publiques
priorisent moins la résolution de problèmes en soi et mettent davantage l’accent sur la
compréhension des rapports de force entre les acteurs dans l’élaboration de ces politiques publiques
(politics). Cette tension entre résolution de problème et compréhension d’un enjeu particulier dans
le contexte de l’action publique n’est pas nouvelle et renvoie aux tensions qui ont historiquement
traversé la science politique. Toutefois, elle se pose de façon plus aigue dans ces domaines
fortement interdisciplinaires et donc plus autonomes de la science politique.
Cette section thématique prend la tension entre la résolution de problèmes et la compréhension de la
dimension politique (politics) de l’action publique comme point de départ et s’interroge sur les défis
que rencontrent les chercheurs de science politique qui s’intéressent aux domaines de l’énergie et de
la santé publique. Parmi ces défis, nous en soulevons trois, en lien avec les attentes, les
connaissances et les institutions de la recherche. Le premier défi est celui de la tension – rarement
explicite – entre les attentes du domaine de spécialité et les attentes des chercheurs en politiques
publiques. Comment concilier les attentes empiriques des uns et les attentes théoriques des autres ?
Faut-il – et comment – répondre aux attentes fonctionnalistes des spécialistes qui, bien souvent,
recherchent des modèles ou des modes d’emploi pour influencer l’action publique ? Comment cela
influence-t-il la formulation des questions de recherche et des protocoles de recherche ?
Le deuxième défi est celui de la production de connaissances pertinentes aussi bien pour l’ambition
concrète de la résolution de problèmes que pour l’ambition d’abstraction conceptuelle de l’analyse
des politiques publiques. Jusqu’à quel point le chercheur a-t-il besoin d’atteindre un niveau fin de
connaissances spécialisées ? Pourrait-il avoir à la fois la reconnaissance de ses pairs et des
spécialistes ou faut-il choisir un camp ? À quel public s’adresse-t-on et comment (revues,
conférences, rapports, etc.) ? En quoi cela entraine-t-il une hybridation des cadres théoriques pour
les adapter à la spécificité des domaines de l’énergie et de la santé publique?
Enfin, la double tension susmentionnée se répercute aussi sur le plan du financement de la
recherche. La plupart des pays disposent d’organismes subventionnaires spécifiques pour la santé
(par exemple, les Instituts de recherche en santé du Canada) ou mettent l’accent sur des thèmes (par
exemple, le programme national de recherche PNR 71 sur l’énergie en Suisse) qui sont jugés
pertinents du point de vue sociétal. Ces organismes reprennent souvent les attentes des domaines
spécialisés, une posture de résolution de problèmes et de fortes incitations à mettre en place des
projets de recherche interdisciplinaires. Comment les chercheurs en politiques publiques s’ajustentils à ces obligations institutionnelles ? En quoi est-ce que cela affecte la manière de faire de la
recherche (seul ou en partenariat avec les milieux de pratique ?) et de diffuser les connaissances
ainsi produites ? Cela laisse-t-il encore une place à des recherches à l’ambition d’abstraction
conceptuelle ?
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Cette section thématique vise les objectifs suivants : premièrement, établir un état des lieux des
expériences des chercheurs œuvrant à l’intersection de la science politique et des domaines
complexes et interdisciplinaires (tel que, mais pas exclusivement, la santé publique et l’énergie);
deuxièmement, identifier les obstacles dans la collaboration entre politologues et spécialistes des
domaines complexes et réfléchir aux arrimages éventuels de logiques de recherche différentes;
troisièmement, envisager des stratégies d’adaptation à l’évolution des contraintes de financement.
Elle encourage la présentation de réflexions ancrées dans des expériences personnelles de recherche
aussi bien que des études de cas de pratiques de recherche à l’interface entre l’étude des politiques
publiques et les domaines complexes.
Les propositions de communications devront être envoyées d’ici le 1er septembre 2014.

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