le contexte historique - Le portail des conseils économiques et
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Le 2 avril 2003, M. Gilles de ROBIEN, Ministre de l’Equipement, décidait d’organiser le débat public sur le projet de liaison autoroutière Amiens - Lille - Belgique. Ainsi, un projet très ancien revenait dans l’actualité. LE CONTEXTE HISTORIQUE Dès le début des années 1970 est apparu l’intérêt de dédoubler l’autoroute A 1 (Paris-Lille) dont on prévoyait la saturation. Le projet était alors « A 16 - A 1 bis ». L’idée fut relancée, dans le cadre du plan routier Picardie de décembre 1985, largement lié aux trafics nouveaux escomptés par le lien fixe Transmanche. La liaison Amiens - Lille - Belgique figurait dans le schéma directeur routier national de 1992. Le projet se heurtait alors à diverses oppositions écologiques sur la Région Nord– Pas-de-Calais. A l’automne 2000 la liaison est évoquée dans le Schéma de Services collectifs « en privilégiant, chaque fois que possible, l’aménagement de routes nationales existantes, afin de soulager l’axe autoroutier A 1 ». L’A 24 figure comme « projet potentiellement réalisable entre 2010 et 2020 » dans l’audit de février 2003 réalisé par l’Inspection générale des Finances et le Conseil général des Ponts et Chaussées. Le double objectif est : • d’assurer un doublement d’itinéraires saturés ; • de s’inscrire dans une logique européenne des réseaux de transports. Le CESR de Picardie confirme son attachement à la réalisation de l’A 24. Il avait fortement appuyé le projet lors de la discussion du Plan Routier Picardie de 1985, puis souligné son importance dans le Schéma de Services Collectifs en 2000. 2 UN ROLE STRUCTURANT IMPORTANT L’A 24 figure dans les projets de la Société des Autoroutes du Nord et de l’Est de la France, à plus d’un titre : • C’est d’abord le doublement, tant attendu de l’A1, Paris - Amiens - Belgique (itinéraire A 16 puis A 24) ; • C’est ensuite un maillage complémentaire nord-sud entre l’A 1 (Paris - Lille) et l’A 16 (Paris - Calais), croisant les maillages Est-Ouest des autoroutes A 28 / A 29 (Le Havre - Amiens - Saint-Quentin), A 26 (Calais - Reims) et A 25 / A 2 (Dunkerque - Lille - Belgique) (cf. carte ci-dessous) ; • C’est enfin, le débouché de l’A 29 en provenance du Havre et de Rouen vers le Nord sans devoir rejoindre l’A 1. NB : SANEF : Société des Autoroutes du Nord et de l’Est de la France SAPN : Société des Autoroutes Paris Normandie Le CESR de Picardie estime qu’Amiens, capitale régionale, bénéficiera ainsi d’un carrefour autoroutier de premier ordre. 3 LES TRACES Les études préliminaires ont abouti à la présentation de quatre tracés : Sources : Direction Régionale de l’Equipement du Nord-Pas de Calais, site internet www.équipement.gouv.fr ou directement sur le site dédié à l’A24 www.concertation-a24.fr En ce qui concerne la Picardie, seule la famille de tracés 1 ne dessert pas convenablement une zone d’emploi. La présence d’un échangeur ne se justifie pas dans ce cas. Les trois autres familles passent à proximité de Doullens et, grâce à un diffuseur1, offrent une belle opportunité de développement pour cette ville et sa zone d’emploi en difficulté. 1 Un diffuseur autoroutier, appelé injustement échangeur, met en relation une autoroute avec une route nationale ou départementale. Un échangeur permet de passer d’une autoroute à une autre. Comme pour les échangeurs, les diffuseurs peuvent être complets ou "demi- diffuseur". 4 UN ACTE D’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE AU ROLE ECONOMIQUE MAJEUR Amiens se trouve au carrefour des autoroutes A 16 (Paris - Calais) et A 28 / 29 (Rouen - Saint-Quentin). Il manque à la capitale régionale un débouché vers le Nord de la France et, plus encore, vers la Belgique et les Pays-Bas. Aménagement du Nord-Ouest européen A l’évidence, un nouvel axe Belgique – Ile-de-France doit être réalisé. Il permettra, dans une logique européenne des réseaux de transports, d’assurer une liaison entre l’Europe du Nord et la Péninsule ibérique par un contournement Ouest du Bassin Parisien. Par ailleurs, il offrira au Nord-Pas-de-Calais une ouverture vers l’Ouest de la France. Aménagement local En plus d’être une liaison directe Picardie - Belgique, l’A 24 peut apporter beaucoup en matière d’aménagement et de rééquilibrage du territoire picard. Il est particulièrement important que le nord de la région puisse se développer, eu égard aux difficultés que cette zone traverse depuis plusieurs décennies. L’A 24 sera un facteur déterminant si un diffuseur est implanté dans la zone de Doullens, à égale distance d’Amiens et d’Arras L’effet dynamisant d’un échangeur ou diffuseur sur l’économie locale doit être souligné. Il n’est pas inutile de rappeler l’impact largement positif de celui de Flixecourt (sur l’A 16) pour la vallée de la Nièvre (cf. note en annexe n°1 sur la ZAC de Flixecourt). Si un échangeur ou diffuseur n’est pas suffisant pour assurer à lui seul le développement économique, il en est cependant l’une des conditions nécessaires, accompagné de mesures incitatives et d’une volonté de tous les acteurs locaux pour exploiter au mieux le nouvel équipement. Ainsi, le CESR de Picardie estime que l’A 24 contribuera au développement économique du nord de la Région, à condition qu’un diffuseur soit construit près de Doullens. 5 DES OPPOSITIONS DIVERSES L’A 24 a rencontré par le passé des oppositions dans la Région Nord-Pas-de-Calais: • De principe, contre toute infrastructure autoroutière nouvelle, voulant privilégier autant que possible l’aménagement 2x2 voies, jugé moins consommateur d’espace ; • Plus techniques vis-à-vis d’un tracé forcément coûteux, dans le bassin minier lensois ou dans l’agglomération lilloise, du fait d’une forte urbanisation. Actuellement les inquiétudes écologiques demeurent et sont renforcées par la raréfaction à terme des énergies fossiles. Par ailleurs, pour l’agglomération lilloise des interrogations demeurent quant au tracé final vers Courtrai (tracé historique) ou par le pont du Badou. Jusqu‘à récemment, l’A 24 rencontrait peu d’échos sur son débouché en Belgique. Aucune position des autorités fédérale et régionales belges pour le prolongement de l’A 24 vers Courtrai et Bruxelles ou vers Ostende n’était connue. Toutefois, dans l’interview qu’il a donné le 24 février 2006 au De Strandaard, Yves Leterme, Ministre-Président du gouvernement flamand, a précisé qu’il ne souhaitait pas un débouché de l’A 24 vers Poperinge et Ypres pour des raisons environnementales et le peu d’intérêt d’un trafic de transit sur son territoire. Pour le CESR de Picardie, il ne faudrait pas que de nouvelles réticences ou des divergences dans les positions des autorités fédérale et régionales belges sur le débouché de l’A 24 en Belgique - vers Courtai et Bruxelles ou vers Ostende – conduisent, aujourd’hui encore, à la non prise de décision par l’Etat. Le CESR de Picardie estime qu’au-delà de l’intérêt des Belges et des réticences légitimes des populations le projet A 24 est essentiel pour le développement du Nord de la Picardie. 6 LA RN 25 NE DOIT PAS ETRE OUBLIEE La RN 25 (Amiens - Doullens - Arras) a bénéficié de peu d’investissements dans les années passées. En dehors de crédits obtenus dans le PRAS (Plan Régional d’Aménagement et de Sécurité), la RN 25, réputée particulièrement « accidentogène », n’a fait l’objet d’aucune mise en 2x2 voies, de création de créneaux de dépassement ou de déviation d’agglomération. Les chiffres de la DDE (trafic total de 10000 véhicules par jour), ne traduisent pas le « sentiment d’insécurité » largement ressenti par les usagers et les riverains. La proportion de poids lourds (11%), la topographie des lieux et la traversée de nombreux villages expliquent largement ce sentiment. Le projet de future A 24 a toujours été la motivation d’un statu quo sur cet axe qui a été rajouté sur la liste des routes nationales non transférées au département de la Somme. Le CESR de Picardie estime que la réalisation de l’A 24 à l’horizon 2015 - 2020 ne doit pas être encore le prétexte du maintien en l’état de la RN 25. Un aménagement de cette voie doit être rapidement mis en œuvre, eu égard aux déplacements quotidiens domicile - travail ou école travail, nombreux sur ce tronçon vers Amiens comme vers Arras. 7 COHERENCE DES PROJETS D’INFRASTRUCTURE TRAVERSANT LA PICARDIE Deux autres projets d’infrastructure de grande ampleur sont à l’étude (cf. carte en annexe n°2) : - - le canal Seine - Nord - Europe, ou canal à grand gabarit (convois de 6500 tonnes), destiné à relier la Seine et particulièrement le port du Havre au réseau des canaux aménagés pour les grands gabarits du Nord de l’Europe (Escaut…) le corridor fret, ligne modernisée de chemin de fer destinée à acheminer, depuis Le Havre, les marchandises vers le Nord, puis après Reims, vers l’Est (Metz) ou le Sud (Dijon). Ces trois projets offrent une alternative au transport routier et constituent dans la même région des axes majeurs de transport de fret. A chaque croisement, des reports modaux peuvent s’opérer à condition que les aménagements de plates-formes multimodales soient intégrés aux projets d’infrastructures. Ces équipements doivent également faire l’objet d’une politique volontariste de développement alliant les avantages des moyens de locomotion en en limitant au mieux les nuisances. L’A 24 croise ces équipements en devenir dans la région d’Amiens pour le corridor fret et dans l’Est de la Somme pour le canal Seine - Nord - Europe. Elle passe à proximité d’autres infrastructures qui pourraient également supporter un report modal. Le CESR de Picardie rappelle que dans le cadre des grandes infrastructures de transport à vocation internationale le développement local est une chance. A cet effet, le CESR de Picardie demande la création d’un diffuseur autoroutier à hauteur de la ville de Doullens. Le CESR de Picardie propose une étude d’opportunité pour l’implantation d’une ou plusieurs plates-formes multimodales de taille suffisante pour assurer un rôle déterminant. Liste des annexes 1 – Note sur la ZAC de Flixecourt 2 – Carte des trois projets d’infrastructures en cours en Picardie (réalisée par le service cartographie du Conseil Régional de Picardie) 8 ANNEXE 1 : L’IMPACT DU DIFFUSEUR DE FLIXECOURT La construction d’un diffuseur sur l’A 16 a été déterminante pour l’implantation et le développement de la zone d’activités de Flixecourt, la ZAC des Hauts du Val de Nièvre. De 28 hectares en 1995, la zone est composée aujourd’hui d’une réserve d’environ 160 hectares. Le nombre de salariés a été multiplié par plus de 5 en 10 ans pour atteindre 620 salariés en 2005. Superficie totale de la ZAC (ha) Surface viabilisée (ha) Surface commercialisée (ha) Nombre d’entreprises Nombre de salariés 1995 28 1996 28 1997 28 1998 28 1999 65 2000 65 2001 65 2002 65 2005 65 16 16 22 22 31 31 31 65 65 13 15 15 15 15 18 18 30 61 8 10 10 10 10 10 12 12 17 115 140 140 140 295 300 365 365 620 Les entreprises déjà implantées sur la zone ou dans la ville de Flixecourt profitent des retombées de ce développement, que ce soit les commerces plus au centre ou les entreprises des alentours. On peut également noter que la ville a gagné des habitants (3185 au dernier recensement) et que les constructions de logement se sont intensifiées sur le territoire intercommunal depuis l’aménagement (5 lotissements nouveaux ont été bâtis et un programme de construction de 600 logements est en cours). Toutefois, il est très difficile d’imputer directement aux seuls aménagements routiers la croissance des indicateurs retenus. Un diffuseur est une condition nécessaire mais pas suffisante du développement économique. Les aménagements doivent être complétés par des actions volontaristes de la collectivité. Les premières implantations sur la zone sont en fait des relocalisations d’usines implantées dans la Somme auparavant comme le groupe Defial, d’Ailly-sur-Somme et les transports Leleu de Domart. Par la suite de nouvelles entreprises se sont implantées. La création de la ZAC a permis d’accompagner le changement de nature de l’emploi qui est passé d’une quasi monoactivité dans l’industrie textile à une offre d’emplois plus diversifiée dans d’autres industries ou dans les commerces et services. De nouvelles entreprises de ces secteurs se sont implantées sur la communauté de communes. Sources : Informations de la Communauté de communes du Val de Nièvre, mars 2006 Informations du Comité d’expansion de la Somme Etude de la DRE Picardie : « les effets des infrastructures de communication sur le territoire du Grand Amiénois », 2004, pp. 46 et suivantes sur la zone de Flixecourt. 9 NORD - PICARDIE Fuseaux du projet A24/LALB Réseau routier principal type autoroutier Infrastructures Principales infrastructures en projet liaison principale Fuseau du projet de canal Seine-Nord Voies navigables à grand gabarit Rocade de contournement nord de Paris (RTEFF Europe) Réseau ferroviaire principal Lille TGV Voie normale Lens Arras Amiens Péronne St Quentin Noyon Le Havre Rouen Compiègne Reims Sources : CETE Nord-Picardie, IGN route 120 Réalisation : Conseil Régional de Picardie, carte 2658, le 22/03/2006