Comprendre - Astrojuniors

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Comprendre - Astrojuniors
Comprendre
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Les phénomènes célestes observés depuis le ciel
Nous vous proposons ici de vous évader pour un instant et d'imaginer à quoi pourrait ressembler
l'éclipse de Lune du 3 mars prochain vue de l'espace… Ca y est, vous y êtes, alors faisons une
brève remontée dans le temps.
Les éclipses :
La première observation d'une éclipse totale de Soleil à l'occasion d'un vol spatial
habité remonte au 12 novembre 1966, il y a bientôt 35 ans. A cette époque, les
Américains ne disposaient que d'étroites cabines biplaces Gemini. Lors de la dixième
et dernière mission de ce programme, l'équipage composé de Jim Lovell et
Edwin Aldrin fut invité à modifier son plan de vol et régler très précisément
l'orbite du vaisseau. Sur Terre, l'éclipse était visible du Nord de Lima au
Pérou jusqu'au Sud du Brésil. Les deux hommes purent en observer
13 secondes de totalité ! " En plein dans le mille !" (" Right on the money !")
se sont alors écrié les astronautes de Gemini 12.
Plus chanceux encore ont été les occupants du module de commande Yankee Clipper
trois ans plus tard, alors qu'ils achevaient leur voyage de retour depuis la Lune
(mission Apollo 12, du 14 au 24 novembre 1969) : Alan Bean, Pete Conrad et Richard
Gordon devenaient les premiers humains à assister à l'occultation de notre étoile…
par la Terre !
Une splendide photographie noir et blanc est reproduite dans le livre Pleine Lune
(éditions La Martinière, 1999). Celle que nous vous présentons est tirée du film 16 mm réalisé par les
astronautes.
Plus préméditée fut l'expérience tentée par des Français trois ans
plus tard à l'aide du prototype Concorde n°001 à l'occasion de
l'éclipse totale de Soleil visible au-dessus du Tchad le 30 juin
1973. Il ne s'agissait pas de la première observation du phénomène
depuis un aéronef -les Canadiens dès 1945 avaient utilisé l'avion
pour suivre l'éclipse du 9 juillet qui se déroulait au-dessus de
leur territoire- mais celle de 1973 demeure la plus populaire, du
fait de l'affrètement du mythique supersonique franco-anglais.
Impulsé par l'astrophysicien Pierre Léna, de l'observatoire de
Paris-Meudon, le projet reçut le soutien de l'Aérospatiale de Toulouse (l'un des constructeurs de l'avion), du
CNRS, du DGRST et du CNES. Le célèbre pilote d'essais André Turcat aux commandes, Concorde suivit
l'éclipse durant 74 minutes, malgré des conditions et de température peu favorables, à une altitude variant
entre 16 200 et 17 600 m et à la vitesse de Mach 2,05 !
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Les phénomènes célestes observés depuis le ciel
Mais l'éclipse de juin 1973 n'a pas été suivie " d'en haut " que par les passagers du Concorde ; au même
moment, trois astronautes américains -Pete Conrad, Joseph Kerwin et Paul Weitz- séjournaient à bord
de la première station orbitale de la NASA, Skylab (le laboratoire du ciel). Ce mastodonte de plus de
70 tonnes, affranchi de l'écran atmosphérique, était notamment destiné à des expériences d'astrophysique
et de physique… solaire. L'éclipse fut en particulier l'occasion de corriger l'effet parasite d'instruments
d'étalonnage du coronographe de la station, qui permettait de réaliser régulièrement des éclipses artificielles
de Soleil.
Le 11 août 1999, la fameuse éclipse totale a été observée par 30 millions
de Français. Cependant, l'un d'entre eux, Jean-Pierre Haigneré, ne
regardait pas vers le haut mais vers le bas puisqu'il séjournait depuis
bientôt six mois à bord de la station Mir en compagnie des Russes
Sergueï Avdeïev et Viktor Afanassiev dans le cadre de la mission
Perseus. Elle a survolé à deux reprises l'ombre de la Lune qui filait
sur le sol à une vitesse dix fois moindre : au-dessus de l'Europe
recouverte de nuages tout d'abord (au niveau de Cherbourg) puis trois
heures plus tard près du Pakistan. Le Français ne conserve en tous
cas pas un souvenir agréable du phénomène, comparant l'ombre de la
Lune sur la couverture nuageuse à " la trace qu'un doigt souillé de cambouis aurait laissée sur la robe d'une
jolie dame au niveau de ses rondeurs. " Heureusement, la "disgrâce laissée sur la surface de notre planète
n'était que passagère " ; " En moins de deux minutes, elle avait disparu en
nous laissant un certain malaise " (Le Figaro du 17 août 1999).
Tandis que la station Mir jouait au chat et à la souris avec l'ombre de la Lune
sur une mer de nuages, le satellite de météorologie européen Météosat,
telle une sentinelle placée sur un mirador haut de 36 000 km (paraissant
immobile par rapport au sol), observait méthodiquement le spectacle et
renvoyait au sol des images également inédites.
Les aurores boréales
Skylab fut occupé à trois reprises entre le 25 mai 1973 et le 8 février 1974, pour des durées de plus en
plus longues (28, 59 et 84 jours). Ses habitants réalisèrent quantité d'autres observations astronomiques
et d'innombrables images de la Terre. Outre l'éclipse de juin 1973 vécue par le premier équipage, nous
retiendrons les images d'aurores polaires réalisées par l'équipage suivant -Alan Bean, Owen Garrriott et
Jack Lousma- et celles de la comète Kohoutek par le dernier équipage -Gerald Carr, Edward Gibson et
WilliamPogue-, en août et en décembre de la même année.
Les aurores polaires sont des phénomènes atmosphériques lumineux aussi impressionnants qu'esthétiques.
Ils sont provoqués par le vent solaire lorsqu'il entre en contact avec le champ magnétique terrestre. Dans
les régions proches des pôles et parfois bien au-delà (jusqu'en Europe méridionale pour l'hémisphère Nord),
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Les phénomènes célestes observés depuis le ciel
le ciel nocturne est alors illuminé de filaments bleu-vert
ou jaunes ou de draperies rougeâtres qui s'étirent. On parle
d'aurores boréales pour l'hémisphère Nord (aux abords de
l'Arctique) et australes pour l'hémisphère Sud (aux abords de
l'Antarctique).
Les années 80 virent l'avènement de la navette spatiale
américaine (inaugurée le 12 avril 1981 avec Columbia). A
l'occasion de nombreux vols, des images saisissantes d'aurores boréales et australes furent réalisées par les
équipages, véritablement médusés par la beauté du spectacle.
Pour finir, revenons-en aux éclipses
Animations montrant ce que pourrait être une éclipse de Soleil en partant de l'autre côté du Soleil, ou en
se situant juste au-dessus de l'Atlantique ; éclipse de Lune observée depuis l'espace : voilà sur le site de
l'observatoire de Lyon de quoi imaginer des phénomènes astronomiques depuis d'autres points de vues !
http://www-obs.univ-lyon1.fr/~ga/eclipses.html
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