Association amicale des anciens élèves du lycée Montesquieu Le

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Association amicale des anciens élèves du lycée Montesquieu Le
Association amicale des anciens
élèves du lycée Montesquieu
LETTRE D’INFORMATION N° 38 – 1er JANVIER 2014
Le lycée du Mans pendant la Première guerre mondiale!
par Didier BÉOUTIS, président de l’association amicale
Le Premier conflit mondial, qui, d’août 1914 à novembre 1918, soit pendant cinquante-deux mois, fit les ravages
que l’on sait -1.350.000 morts, de très nombreux blessés, mutilés, des veuves et des orphelins, des régions et des
bâtiments dévastés-, eut aussi des conséquences sur le lycée de garçons du Mans, même si, heureusement, le
territoire de la Sarthe fut épargnée par les combats !
Ce fut tout d’abord la mobilisation en masse ! Dès les premiers mois du conflit, ce furent dix-sept enseignants qui
furent mobilisés ! Le lycée dut faire appel à des enseignants venus de l’école normale d’instituteurs, du lycée de
jeunes filles ou d’établissements de zones de conflits. C’est ainsi que notre lycée accueillit, pour la première fois
dans son histoire, trois femmes enseignantes : Mlle Ménard pour les mathématiques ; Mlle Roux, du lycée de
jeunes filles pour l’allemand ; Mme Dauven, arrivée de Charleville, avec son mari, pour y enseigner l’anglais !
Puis ce fut, dès l’été de 1914, la réquisition d’une partie des bâtiments pour l’organisation d’un hôpital auxiliaire
n°201, destinée aux soldats blessés et malades, confiée à l’Association des Dames françaises, une œuvre
humanitaire créée en 1879. En application d’un arrêté du ministre de l’instruction publique en date du 11 août
1914 faisant appel à « l’entier dévouement des professeurs non mobilisés », ceux de notre lycée s’employèrent
bénévolement et utilement comme brancardiers, infirmiers ou secrétaires dans les hôpitaux auxiliaires ou les
diverses administrations. Le 17 août 1914, réunie sous la présidence du proviseur Achille Galland, l’assemblée
des professeurs avait décidé une participation aux Œuvres de guerre, sous la forme, pendant la durée de la guerre,
de prélèvements sur les rémunérations : 5, 10 et 15% suivant trois tranches de revenus.
Cinq enseignants allaient laisser leur vie pour la France : Paul Hébert, surveillant d’externat, tué à l’ennemi le 27
septembre 1915 à Suippes (Marne) ; René Gautier, professeur d’anglais, mort de ses blessures à l’hôpital de
Cambrai, le 6 mars 1916 ; Lucien Lécureux, professeur de Troisième, tué à l’ennemi le 4 juin 1918 à Moulinssous-Touvent (Oise) ; Henri Bony, professeur d’histoire, mort au Mans des suites de ses blessures, le 6 octobre
1918 ; Paul Viple, professeur de mathématiques, mort, le 18 novembre 1918, à l’ambulance de Tuperly (Marne),
des suites de blessures de guerre.
Cent-soixante anciens élèves ont été répertoriés comme étant morts pour la France ! Leurs noms figurent sur le
monument aux morts, inauguré en novembre 1922. De 1914 à 1918, sur tous les fronts, officiers, sous-officiers,
soldats, du sous-lieutenant Pierre Ajam, tué à l’ennemi à Andechy (Somme), le 7 octobre 1914, à Jean Rouveure,
tué en Belgique le 18 octobre 1918, en passant par André Silvestre, fils de l’ancien proviseur, tué, le 17 février
1917, lors du torpillage, au large de Malte, par le sous-marin allemand U-65, du paquebot « l’Athos »,
réquisitionné par les messageries maritimes, tous ont laissé leur vie à la patrie ! Notre équipe effectue
actuellement un travail de vérifications et de recherches sur cette liste de « morts pour la France » ! Merci à ceux
qui ont eu un parent ancien élève du lycée mort pour la France de prendre contact avec nous à cet effet !
Dans cette attente, nous présentons, à chacun d’entre vous, nos vœux les plus chaleureux pour l’année 2014, en
espérant le faire de vive voix, le samedi 25 janvier, lors de notre traditionnelle « galette des rois » !
Le lycée pendant la guerre, et l’équipe de l’hôpital auxiliaire n° 201
LA VIE DE L’ASSOCIATION
Nécrologie : Robert CADIC (1920-2013), élève du lycée de 1934 à 1939, instituteur, pâtissier,
journaliste
C’est avec tristesse que nous annonçons
le décès de Robert Cadic, survenu, le 3
juillet dernier à Huelgoat (Finistère) où
il résidait depuis 1947.
Robert et Geneviève : une union de 66 ans !
Robert Cadic était né, le 1er octobre
1920 à Sablé-sur-Sarthe, où son père y
exerçait la profession d’employé aux
chemins de fer. La famille était
originaire du Finistère (Quimperlé et
Mellac). C’est à Sablé que le jeune
Robert fera ses études primaires et
secondaires, avant de les poursuivre, en
1934, comme pensionnaire au lycée de
garçons du Mans, en classe de 3ème
moderne. Il est alors le camarade de classe notamment de Gilles Dalimier, Clément Fauré, Jacques Graffin,
Emmanuel Maire, Charles Met, Jean Raguideau. En 1939, alors élève de Jean Elliès, obtenant de bons résultats
en chimie et dessin graphique, il obtient, en 1939, son baccalauréat de mathématiques. Suivant l’exemple familial,
Robert entre à la S.N.C.F. En 1940, il est victime d’un bombardement : alors que tous ses collègues, réfugiés dans
le même abri, seront tués, il échappe à la mort. Blessé à la jambe, il parviendra à éviter l’amputation !
Dans la France occupée, Robert Cadic trouve prudent de quitter la S.N.C.F. pour occuper un emploi d’instituteur,
à Asnières-sur-Vègre, puis à La Ferté-Bernard. Il réussit à échapper au S.T.O.
La guerre terminée, il répondra à l’invitation d’un ami, François Bourlès, à venir à Huelgoat (Finistère) à
l’occasion du « grand pardon des cieux ». Il y rencontre, à la boulangerie de Mme Guézennec, la fille de celle-ci,
Geneviève. Le coup de foudre sera immédiat : Robert et Geneviève se marient, à la mairie d’Huelgoat, le 24 avril
1947. Le court séjour de Robert à Huelgoat se prolongera durant 63 ans… Geneviève rappelait souvent que,
malgré la canne qu’il portait alors à la suite de ses blessures, Rober avait su, par son charme, sa culture et son
amour de la poésie, évincer les autres prétendants… Pour rester à Huelgoat et aider au commerce de sa bellemère, Robert apprendra le métier de pâtissier qu’il exercera durant 28 années, de 1948 à 1976. Toutefois, à l’âge
de 41 ans il reprendra le chemin de l’école afin d’obtenir sa titularisation dans l’enseignement. Il mènera alors, de
front, deux activités : instituteur et pâtissier ! Robert et Geneviève auront trois enfants : Alain (qui décédera en
1993), Françoise et Annie, puis trois petits-enfants, et un arrière petit enfant.
À sa retraite, toujours actif, aimant contacts et rencontres, Robert Cadic se dirige alors vers le journalisme local,
devenant ainsi correspondant du quotidien « Ouest-France », durant dix-huit ans, de 1982 à 2000. Parallèlement,
il accepte des responsabilités ; trésorier du syndicat d’initiatives ; formateur de plusieurs guides en faisant revivre
les légendes de la forêt ; participant au développement du cinéma associatif d’Huelgoat, « Arthus-ciné » ;
animateur du club de scrabble, utilisant sa connaissance de la langue allemande pour les échanges entre Huelgoat
et sa ville jumelée de Waldkapel, dans le land de Hesse.
Son désir de toujours apprendre et partager fit qu’on allait le consulter pour évoquer le peintre breton Paul Marzin,
l’écrivain et archéologue Victor Ségalen -mort à Huelgoat-, l’écrivain et poète américain Jack Kerouac, le peintre
morlaisien Paul Sérusier…
Toutes ces activités contribueront à maintenir intactes les facultés intellectuelles de Robert Cadic, qui décède à
l’approche de ses 93 ans. À sa demande, sur son avis de décès, ne sera mentionnée qu’une activité : « instituteur
en retraite », tant il avait apprécié cette profession !
Nécrologie : Paul BIGNON (1919-2013), élève entre 1927 et 1939 : la passion de l’automobile
Nous avons eu le regret d’apprendre le décès, survenu le 10 décembre dernier - jour anniversaire de ses 94 ans- à
Nice, où il s’était retiré, de Paul Bignon.
Paul, Henri, Joseph Bignon était né à La Flèche, le 10 décembre 1919, troisième enfant de René Bignon, notaire,
titulaire de la croix de guerre 1914-18, et de son épouse Madeleine, d’une fratrie qui allait en comporter six.
Comme des deux frères aînés André et Jacques, comme ses deux frères cadets Pierre et Jean et sa sœur
Marguerite, Paul allait faire ses études au lycée de garçons du Mans, entrant en 1927-28, dans la classe de « 2ème
année préparatoire » (équivalent de la 9ème ou du cours élémentaire 2ème année), alors assurée par Albert Loyau.
Paul Bignon, qui fut notamment l’élève de Roger Bouvet, René Couqueberg, Jean Elliès, Charles Bouzat, passera
avec succès son baccalauréat de mathématiques en 1939. Dans sa promotion, figurèrent notamment Maxime
Benoist, Robert Cadic, André Chotard, Jean Daroux, Jean Garczynski, Jean Le Coz, et Claude Rattier. Ses
passions sont alors la lecture et notamment la poésie, la pratique du bridge, tous les sports et tout particulièrement
la compétition automobile. Sa passion de la poésie conduira Paul Bignon à fréquenter, à la fin des années 40, la
Société littéraire du Maine, présidée par Jeanne Blin-Lefebvre, déclamant des poèmes lors de plusieurs réunions.
N’ayant pu, du fait de la guerre, entamer des études
supérieures, Paul Bignon fit sa carrière dans les
services commerciaux de la Régie Renault. Tout
d’abord secrétaire commercial de la succursale Renault
du Mans, il fut nommé chef des ventes de la succursale
Renault de Nantes. De là, il fut appelé aux fonctions
de directeur commercial de la société Sambron à
Pontchâteau (Loire-Atlantique), fabriquant de pièces
de rechange, notamment pour Renault. Il termina sa
carrière dans l’Aveyron comme directeur de la
concession Renault à Rodez. Paul Bignon fut, à Rodez,
un membre tès actif du Lions club, dont il assura la présidence. Il se retira ensuite à Nice. Marié au Mans, le 4
septembre 1946, avec Mlle Monique Lenain, Paul Bignon était père de deux enfants, grand-père de trois petitsenfants, et arrière-grand-père de deux arrière-petits-enfants.
Paul Bignon en 1ère (1938), math’élem (1939), et quelques années plus tard !
Nécrologie : Guy PÉRAUDEAU (1935-2013), élève du lycée de 1946 à 1955
Fils d’un couple d’instituteurs en poste à Beaufay, d’origine nantaise par son père et
mancelle par sa mère, Guy Péraudeau, né au Mans, le 31 janvier 1935, avait fait toute sa
scolarité secondaire dans notre lycée, obtenant le baccalauréat « philo » en 1955. Marié, retiré à en 1954, élève de philo
Barbâtre, sur l’île de Noirmoutier (Vendée), fidèle adhérent de notre amicale, il est décédé en décembre, à l’âge de
78 ans.
LES ACTIVITÉS DE L’AMICALE
Lundi 11 novembre : hommage aux morts pour la France et cérémonie interconfessionnelle
et spirituelle pour la paix
La « Journée de la victoire et de la paix », fixée au 11 novembre en souvenir de l’armistice de 1918 qui mit fin à
un conflit de plus de quatre ans, est une occasion de commémorer non seulement les « morts pour la France »
durant la Grande guerre, mais aussi l’ensemble des morts au champ d’honneur de tous les autres conflits.
Comme les années précédentes, le passage au lycée a fait partie intégrante du programme officiel des
manifestations, avec, à 15 heures, dans la chapelle de l’Oratoire, la « cérémonie interconfessionnelle et spirituelle
pour la paix », en présence des autorités civiles (préfet, maire, inspecteur d’académie), militaires et religieuses,
comprenant lectures de textes pour la paix, entrecoupées d’intermèdes musicaux. Succédant à M. le proviseur
Hervé Gateau qui ouvrit la séance, notre président Didier
Béoutis a évoqué le lycée durant la Grande guerre, et
durant l’année 1943, en rappelant le souvenir de deux
anciens élèves morts pour la France cette année-là :
Robert Venard, capitaine à la Légion étrangère, mort à
l’ennemi le 29 avril 1943, à 35 ans, au cours de la
campagne de Tunisie ; Emmanuel Maire, poète de talent,
requis du S.T.O., mort d’une pneumonie à Sttettin, le 21
novembre 1943, à quelques jours de ses 23 ans.
Intervention de M. Gateau, proviseur
La cérémonie fut suivie par des dépôts de gerbes, par le
préfet Pascal Lelarge et Didier Béoutis devant le
monument aux morts du lycée ; puis, dans la cour des
Oratoriens, devant les plaques en l’honneur des
professeurs Roger Bouvet et Paul Marchal, résistants
morts en déportation, en présence notamment du maire du Mans Jean-Claude Boulard.
Vendredi 22 novembre : conférence sur la famille Échivard, par Didier Béoutis
Dans le cadre des conférences organisées par l’Université du temps libre (U.T.L), notre président a présenté, le 22
novembre, la « saga » de la famille Échivard, en évoquant le père Albert (1866-1939), maître-verrier et écrivain,
le fils aîné Maxime, mort pour la France en 1914, les deux cadets, anciens élèves du lycée, Michel, engagé dans le
corps-franc Pommiès en 1944-45, et Jean-Julien (1921-1942), engagé dans les Forces aériennes de la France libre,
mort lors d’un vol d’entraînement en Grande-Bretagne.
Samedi 23 novembre : déjeuner parisien, avec Louis Mermaz
C’est dans le nouveau
cadre du restaurant, avec
vue sur la place de
l’Odéon, « le
Relais
Odéon »,
au
132,
boulevard Saint-Germain,
Paris 6ème, qu’a été
organisé, le samedi 23
novembre, le traditionnel
banquet de notre section
de l’Île-de-France. Notre
invité d’honneur était M.
Louis Mermaz, ancien
ministre, ancien président
de l’Assemblée nationale,
agrégé d’histoire, qui
débuta
sa
carrière
d’enseignant dans notre lycée où il resta deux ans, de 1961 à 1963. Louis Mermaz, qui avait déjà été l’invité
d’honneur de notre banquet parisien, le 2 avril 2011, a évoqué ses souvenirs du lycée puis son parcours politique,
dans l’Orne, l’Isère et à Paris, retracés dans le livre de mémoires qu’il vient de publier : « Il faut que je vous dise »
(éd. Odile Jacob). Plusieurs anciens élèves de Louis Mermaz, comme François Marzorati, André Vivet, René
Pineau, avaient fait le déplacement, ce dernier venu pour l’occasion du Lot où il réside désormais !
Devant la baie vitrée, de gauche à droite, on reconnaît notamment Louis Mermaz, Didier Béoutis, François Marzorati (de
dos), Pierre Letessier, René Pineau (de dos), André Vivet ; tout à gauche, Pierre Pellissier, Geneviève Cimaz, Roland Grard,
Philippe Fragu
NOS PROCHAINS RENDEZ-VOUS
Galette des rois, samedi 25 janvier, à 11 heures, dans la bibliothèque des Oratoriens
Notre amicale recevra ses adhérents et amis pour la traditionnelle cérémonie de vœux, le samedi 25 janvier, à 11
heures, dans la bibliothèque des Oratoriens. Un moment convivial pour se retrouver et évoquer les projets !
LA VIE DU LYCÉE ET LES NOUVELLES DES ANCIENS
Séance du conseil d’administration, lundi 23 novembre
La séance du lundi 23 novembre -la deuxième de l’année scolaire- a été marquée par les sujets suivants :
. approbation de « sorties pédagogiques » et de « voyages pédagogiques » pour 2014 : Comédie française (Mme
Pézeril, 26 février) ; Amboise (M. Sourty, 11 avril) ; Chaumont (Mme Saussereau, 21 mai) ; Museum d’histoire
naturelle (M. Cormier, 12 et 13 juin) ; Malaga (Mme Asmar, 17 au 22 mars) ; Berlin (M. Kunde, Mme Le
Fournis, 6 au 13 avril) ; Londres (M. Chevalier, 27 février au 6 mars) Venise (Mme Croustallas, 19 au 25 avril).
. approbation du projet de budget pour 2014, par 13 voix « pour », 7 voix « contre » et 6 abstentions. Les
principales critiques portent sur le fait que, malgré l’engagement de la Région d’aider les lycées en difficulté,
aucune suite favorable n’a été donnée au dossier déposé en ce sens par le lycée ; sur la fusion du budget des
lettres et de l’histoire ; sur le caractère, estimé insincère, des dépenses de viabilisation.
Réunions d’information sur l’entrée en seconde et en classes préparatoires, et site Internet
Le lycée organise deux réunions « Journées portes ouvertes » : pour les classes préparatoires, le samedi 15
février, de 9 à 16 heures; pour les classes de Seconde, le samedi 22 mars, de 9 à 12 heures 30.
Un site internet cpge.lyc-montesquieu-72.fr a été créé, qui donne d’utiles informations sur les classes
préparatoires du lycée ; présentation de chacune des classes, résultats aux différents concours ; informations
pratiques ; témoignages d’anciens élèves étudiants ou dans la vie active.
Jean-Claude Brosse, président pour la Sarthe de la Société des membres de la Légion d’honneur
Jean-Claude Brosse a été élu président de la section sarthoise de la Société des membres de la Légion d’honneur.
Jean-Claude Brosse, qui fut élève du lycée de 1950 à 1958, puis docteur ès sciences, fit sa carrière à l’université
du Maine comme professeur des universités en chimie. Il a été fait chevalier dans l’ordre de la Légion d’honneur
par décret du 31 décembre 2008, au titre du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche.
DES NOUVELLES DES ANCIENS
Publication : «Philibert, l’évêque libertin du Mans», par Henri Périssé
Né en 1617, Philibert-Emmanuel de Beaumanoir de Lavardin fut évêque du Mans de 1648
à 1671. Il croisa la route des plus grandes figures de son époque, Madame de Sévigné,
Louis XIII, le cardinal de Retz, Saint Vincent de Paul, Mazarin, Anne d'Autriche. Il fut à
l'origine d'un scandale retentissant qui secoua l'Église de France et qui trouva un
rebondissement inattendu plusieurs décennies après sa mort. Voici l'histoire de Philibert «
l'évêque libertin », qui se lit comme un roman, racontée par Henri Périssé, qui fut
professeur de sciences économiques et sociales (SES) dans notre lycée (éd. « Mon petit éditeur, 100 p.).
Publication : «Madame Dupin», par Jean Buon
Né au Mans, en 1932, Jean Buon a fréquenté notre lycée de 1946 à 1950 (3ème à
Math’élem), avant de réussir, en 1953, le difficile concours de l’École normale
supérieure de la rue d’Ulm, puis l’agrégation de sciences physiques. Il fit sa carrière à
l’université de Paris XI-Orsay, comme professeur au laboratoire de l’accélérateur
linéaire. Après de nombreuses publications d’articles scientifiques, Jean Buon s’est
tourné avec bonheur, vers l’histoire, en publiant, en décembre, une biographie de
Louise de Fontaine, épouse Dupin (1706-1799), une femme qui tint un brillant salon
littéraire et scientifique à Paris et au château de Chenonceau durant, que fréquentèrent notamment
Buffon, Voltaire, Rousseau, Montesquieu et les auteurs du « siècle des lumières » (240 p ; 24 €, éditions
« la Simarre » www.lasimarre.com)
Publication : «La Vie mancelle et sarthoise» n° 432 (décembre 2013)
Dans son numéro 432, « la Vie mancelle et sarthoise », dirigée par Daniel Levoyer et
Jean-Pierre Delaperrelle, propose plusieurs articles rédigés par d’anciens élèves de notre
lycée ou portant sur des anciens élèves ou professeurs du lycée. On lira notamment,
rédigé par J-P Delaperrelle, sous le titre « Hervé Aumaille, charcutier-traiteur, 8, rue du
pré », la présentation d’un commerce plus que cent-cinquantenaire, ouvert en 1847, et, dû
à la plume de Roger Crétois, sous le titre « Le parchemin, tradition et modernité », une
présentation du Centre du parchemin de Vaujoubert, à Rouillon. Jacques Chaussumier
évoque « La fête foraine des Jacobins » qu’il a bien connue et fréquentée à la fin des
années trente. Quant à Didier Béoutis, il est l’auteur de trois articles présentant
respectivement : «Léon Beck (1875-1939), un Sarthois proviseur du lycée Henri IV », qui
vient de faire l’objet d’un livre ; « Victor Rivé, physicien et poète », dans la rubrique
« Sarthe, terre de poètes », et « Soixante-dix années d’enseignement juridique au Mans », qui rappelle
l’implantation, en décembre 1944, au Mans d’une annexe de la faculté de droit de Caen, et les trente premières
années de cet enseignement dans notre ville.
Des nouvelles du site http://montesquieu.lemans.free.fr:
Une photo nous arrive de loin, un siècle... La classe de Maths en 1912-1913. Henri Sentilhes édite les lettres de
son père, Henri Sentilhes, ancien élève du lycée, adressées du front, de février 1915 à avril 1916, à ses parents.
La machine de Ramsden est réparée!
3 nouvelles et magnifiques photos du début du 20e siècle: classe enfantine en 1912-13, les communions de 1914
et de 1918. De Denis Moissenet.
L'amicale des anciens a fait refaire sa banderole. Également, elle a fait plastifier les deux plans de la
chapelle, avant et après restauration.
À noter la parution de l'ouvrage "Les lycéens, mémoires d'élèves et de professeurs - 1880/1980." De MarieHélène Westphalen, éditions Les Arènes. Illustré de quelques documents du site. Un exemplaire envoyé
gracieusement par l'éditeur (Julie Deffontaines) sera disponible à la consultation dans la bibliothèque.
Jean-Pierre Drans (49-58) m'envoie 5 photos des années 50. En fin du dossier "Élèves des années 50 »
Deux photos et une vidéo des cérémonies du 11 novembre 2013 au lycée.
Une nouvelle photo, la 5ème de l'annexe du Ronceray en 63-64. De Jacky Bouvet. 3 nouvelles photos, celles de
René Pineau : 6A3 en 54-55, 1ères en 27-28 et Terminales en 28-29. Le repas parisien du 23 novembre.
Les photos de profs et d'élèves de René Pineau (professeurs en fin des années 50, les élèves en 1958-59).
La restauration et les reliures des ouvrages de Descartes sont commencées.
Un gros travail de recherche sur la liste des anciens disparus en 1914-18 a débuté. Les bonnes volontés sont
les bienvenues (généalogie, recherches sur internet, etc.)
Arsène LEROUX (1852-1909)
professeur de 5è au lycée du Mans de1881à 1909
un exemple de « hussard noir » enseignant en lycée !
par Didier BÉOUTIS
« Nos jeunes maîtres étaient beaux comme des hussards noirs. Sveltes ; sévères ; sanglés. Sérieux, et un peu
tremblants de leur précoce, de leur soudaine omnipotence. Un long pantalon noir, mais, je pense, avec un liséré
violet. Le violet n’est pas seulement la couleur des évêques, il est aussi la couleur de l’enseignement primaire. Un
gilet noir. Une longue redingote noire, bien droite, bien tombante, mais deux croisements de palmes violettes aux
revers. Une casquette plate, noire, mais un croisement de palmes violettes au-dessus du front. Cet uniforme civil
était une sorte d’uniforme militaire encore plus sévère, encore plus militaire, étant un uniforme civique. Quelque
chose, je pense, comme le fameux cadre noir de Saumur. Rien n’est beau comme un bel uniforme noir parmi les
uniformes militaires. C’est la ligne elle-même. Et la sévérité. Porté par ces gamins qui étaient vraiment les
enfants de la République. Par ces jeunes hussards de la République (…) ». C’est par ces mots, devenus célèbres,
que Charles Péguy, le 16 février 1913, avait défini les instituteurs de la IIIème République !
On pourrait aussi associer à cette définition les professeurs des classes de grammaire, chargés d’inculquer les
rudiments du français, du latin et parfois du grec aux élèves des classes de 6è, 5è, 4è, et 3è des lycées. Certains
réussissaient l’agrégation de grammaire, d’autres en restaient au stade de la licence ès lettres, mais tous
s’appliquaient à enseigner la grammaire française, les déclinaisons latines et à faire aimer à leurs élèves les
grands auteurs classiques, de Rabelais à Racine ! Le parcours du modeste Arsène Leroux nous a paru intéressant
à évoquer : il symbolise ces enseignants discrets mais efficaces, comme le seront, plus tard, Henri Berger ou Jean
Audouy, s’attachant, par la suite, comme on le verra, une profonde reconnaissance de leurs anciens élèves !
Un jeune Percheron passionné par les lettres classiques
Saint-Maurice-Saint-Germain est une petite commune de quelques trois cents habitants située en Eure-et-Loir, au
nord-est de La Loupe, aux portes du Perche. C’est dans cette commune qu’est né, le 5 décembre 1852, trois jours
après le plébiscite rétablissant l’Empire -mais sans rapport avec cet évènement-, Lubin, Arsène, Célestin Leroux,
fils de Lubin, Stanislas Leroux, exerçant la profession de maçon !
D’aspect plutôt chétif, le jeune Arsène -tel sera son prénom usuel- est davantage porté sur les travaux intellectuels
que sur les efforts manuels ! Ses parents lui permettront de faire des études secondaires, effectuées au petit
séminaire de Sées, et sanctionnées par l’obtention du baccalauréat ès lettres, en 1870, délivré par l’académie de
Caen. Passionné par les lettres classiques, Arsène s’oriente vers la préparation de la licence ès lettres. Mais, la
famille étant peu fortunée, Arsène Le Roux devra, comme tant d’autres étudiants de sa génération, accepter des
fonctions de répétiteurs, précaires et dans des villes éloignées de sa faculté, située à Rennes ! En mars 1873,
Arsène Leroux est nommé maître d’études au collège de Saumur, puis, en novembre de la même année, il est
affecté, en qualité d’aspirant-répétiteur au lycée de Laval où il passera trois années, étant promu sur place maître
répétiteur ! Ce n’est, en effet, qu’au bout de trois ans, en novembre 1876 qu’il obtiendra sa mutation comme
maître répétiteur au lycée de Rennes, la ville où il est inscrit en faculté ! En juillet 1877, à l’âge de 24 ans et demi,
il obtient sa licence ès lettres délivrée par la faculté de Rennes. Arsène Leroux peut donc prétendre à un poste de
« chargé de cours » dans un établissement secondaire ! Arsène Leroux fera, ainsi, ses premières armes
d’enseignant sur la chaire de rhétorique au collège de Quimper, chargé de préparer ses élèves à la première partie
du baccalauréat ! Il est chargé des mêmes fonctions, l’année suivante au lycée de Pontivy, où il prend en charge sa
mère, veuve, sans ressources et malade. Mais il souhaite de rapprocher de sa région d’origine, et sollicite une
classe de grammaire au lycée du Mans ! Dans cette attente, il accepte, en septembre 1880, la chaire de 3ème du
lycée de Vendôme.
Professeur de 5ème au lycée du Mans pendant 28 ans –la moitié de sa vie !Mais la chaire de 5ème du lycée du Mans se trouve vacante à la rentrée de janvier 1881, son titulaire, le normand
du Cotentin Wilfrid Marie-Cardine étant nommé sur une même chaire au lycée de Brest ! La candidature d’Arsène
Leroux sera acceptée, et il reprendra donc, au début du deuxième trimestre, la classe de M. Marie-Cardine !
Désireux de se stabiliser, âgé de 28 ans et demi, Arsène Leroux restera sur sa chaire de 5ème au lycée du Mans
pendant 28 ans et demi, accueillant les élèves de l’érudit Didier Rebut, le professeur de 6 ème, consolidant leurs
savoirs en latin, les accompagnant dans leurs initiations en grec ancien, leur permettant ainsi de faire une bonne
4ème avec le normand Émile Pirou ! Ayant abandonné la préparation de l’agrégation, en raison de son état de santé,
consacrant tous ses efforts à son métier d’enseignant, particulièrement apprécié pour son enseignement du grec,
Arsène Leroux bénéficiera, encore jeune, des distinctions honorifiques accordées aux bons enseignants : officier
d’académie (janvier 1889) à 36 ans, puis officier de l’instruction publique (juillet 1900), âgé de 47 ans. Il serait
resté encore trois années au lycée du Mans, jusqu’à l’âge de la retraite, s’il n’était décédé subitement, le 7 août
1909, alors qu’il entrait à l’établissement des bains-douches de la rue Gambetta ! La mort d’Arsène Leroux, alors
qu’il n’avait pas encore 57 ans, consterna la communauté lycéenne ! Son successeur fut un homonyme, le breton
Pierre-Marie Le Roux (1874-1975), agrégé de grammaire, venu du lycée d’Alençon, qui ne restera au Mans que le
temps d’une année scolaire.
Une photographie et deux importants témoignages d’estime
Que nous reste-t-il du modeste Arsène Leroux, resté célibataire et occupant visiblement un logement dépourvu
d’une salle de bains ? Son portrait, conservé par Étienne Bouton, sur la photographie officielle des enseignants du
lycée en juin 1882, alors qu’il finissait sa deuxième année d’enseignement. Assis au premier rang, tout à droite,
Habillé comme ses pairs, il est le seul des enseignants assis qui ne tourne pas son regard vers le proviseur Joseph
Fringnet, semblant être quelque peu étranger à cet aréopage !
Il reste un dossier administratif sur lequel figurent de flatteuses appréciations, dont nous extrayons celle de
novembre 1901 : « Il n’y a que du bien à dire de M. Leroux. C’est un maître accompli sans contrainte, sans
rigueurs. Il sait obtenir de ses petits élèves de l’attention et du travail. Il leur rend les choses claires, et, par
conséquent, faciles. Il leur donne de bonnes habitudes d’esprit, parce qu’il procède toujours avec méthode. Il les
intéresse parce qu’il sait être méthodique sans monotonie ». Dans ces années, Arsène Leroux était d’ailleurs
considéré comme « le meilleur professeur de grammaire » et un des tout meilleurs enseignants du lycée !
Il nous reste aussi deux témoignages d’anciens élèves délivrés après 40 ans et plus! Lors de deux banquets de
l’amicale, en 1936 puis 1939, Paul Chevallier, devenu un éminent professeur de médecine des hôpitaux de Paris,
et Émile Jacquier, alors important industriel sarthois en conserveries alimentaires, ont, tous deux, rendu de
vibrants hommages à leur ancien professeur de 5ème. Donnons-leur la parole :
Paul Chevallier (banquet, 19 janvier 1936), élève de 5ème en 1896-97 : « En 5ème, il y avait un homme menu, qui
marchait à petit pas, ne voyait pas sans lorgnon, parlait bas et semblait toujours honteux d’être quelqu’un. Nous
l’appelions le père Leroux. Mes parents lui demandèrent de me donner des répétitions. Il refusa : lorsqu’un
professeur s’occupe de ses élèves, disait-il, aucun n’a besoin de leçons particulières. Leroux était un admirable
pédagogue. Il savait enseigner ; il aimait enseigner ; il donnait à son enseignement tout son temps, toute son
activité, toute son intelligence, toute son âme. Il aimait les enfants, non pas comme Jean-Jacques Rousseau, en
théorie, mais en chair vivante. Il aimait chaque enfant avec ses défauts et ses qualités personnels, avec les défauts
et les qualités de son âge. On nous parle de saints. De loin, les saints paraissent des êtres extraordinaires, sur
lesquels les foules devaient se retourner. Eh non ! Lors de leur vie, les saints passent inaperçus tant ils sont
modestes et font simplement leur devoir de chaque jour. Des saints ? Il en existe encore. Nous en coudoyons plus
souvent que nous ne l’imaginons. Nous, qui avons été les élèves de Leroux, nous savons que, pendant dix mois,
nous vécûmes avec un saint, sous la tutelle d’un saint. Et s’il existe en nous quelques parcelles de sainteté, c’est
lui sans doute qui nous les a léguées. Oui, mes chers camarades, lorsqu’on me parle d’un saint, je sais, grâce au
lycée, ce qu’est un saint : je vois le bon sourire, la patience, le zèle, la bienveillance et l’intelligence de notre cher
« père Le Roux » : un saint et un grand professeur ! »
Émile Jacquier (banquet, 29 janvier 1939) élève de 5ème en 1894-95 : « Le Roux, ce remarquable maître qui
m’apporta, six semaines durant, chaque jour, devoirs et leçons, alors que, blessé à la jambe, j’étais immobilisé
chez moi, corrigeant et expliquant, et qui se refusa à recevoir de mes parents les moindres honoraires ».
Ces hommages se passent de commentaires, et si nous, qui n’avons pas connu Arsène Leroux, nous nous
attachons à le sortir de l’oubli, nous n’aurons sans doute pas failli à notre mission de gardiens et de propagateurs
de la mémoire du lycée !
Pierre-Marie LE ROUX (1874-1975)
professeur de 5è au lycée du Mans en 1909-1910,
puis professeur de langues et littérature celtique à l’université de Rennes
auteur de « l’Atlas linguistique de la Basse-Bretagne » !
par Didier BÉOUTIS
Lorsque les élèves de 5ème du lycée de garçons du Mans firent leur rentrée le 1er octobre 1909, ils apprirent que
leur professeur de français et latin serait M. Le Roux. Mais, le professeur titulaire du poste depuis 1881, Arsène
Leroux, était décédé le 7 août précédent ! Il n’y avait pas d’erreur : le successeur de M. Leroux s’appelait bien
M. Le Roux ! Hormis l’homonymie, il y avait peu de choses en commun entre le dévoué et modeste Arsène Leroux,
et le jeune agrégé de 35 ans Pierre-Marie Le Roux, un breton bretonnant passionné par la langue et la littérature
celtique. Apprécié de ses élèves et de sa hiérarchie, Pierre-Marie Le Roux ne resta qu’une année au lycée du
Mans, avant de rejoindre la faculté des lettres de Rennes, où il fit un fructueux parcours, marqué par la rédaction
du monumental « Atlas linguistique de la Basse-Bretagne ». Portrait d’un brillant universitaire, qui se refusa,
durant l’occupation, à frayer avec les Allemands friands de relations avec les autonomistes bretons, et qui
termina sa carrière comme doyen de la faculté des lettres de Rennes, avant de mourir, ayant passé le cap de ses
cent un ans !
Un jeune Breton des Côtes du nord passionné par la langue de ses ancêtres
Pierre-Marie Le Roux est né le 27 février 1874, à Plouëc-du-Trieux, une commune qui comptait alors un peu plus
de 2.000 habitants, située dans la partie ouest des Côtes-du-nord, au nord de Guingamp, à quelques kilomètres de
la mer. Son père, Pierre-Gabriel, âgé de 50 ans, y est instituteur, et sa mère Marie-Perrine née Le Brouster tient la
maison. La famille s’installe ensuite à Pleubian, où son père est nommé, tout au nord du département, à l’ouest de
l’île de Bréhat.
Très jeune, Pierre-Marie entend parler breton et se passionne pour la langue de ses ancêtres. Il fait aussi de
fréquents séjours au sud du département, où vit sa sœur aînée, ce qui lui permet de connaître le dialecte local. Il a
le malheur de perdre son père lorsqu’il est âgé de 12 ans. Grâce à une bourse, le jeune Pierre-Marie pourra
pousser ses études secondaires, faites au collège de Dinan, puis au lycée de Rennes, jusqu’à un double
baccalauréat, celui de philosophie en 1891 et celui de mathématiques en 1892, diplômes délivrés par l’académie
de Rennes. À l’aise aussi bien dans les disciplines littéraires que dans les disciplines scientifiques, Pierre-Marie a
gardé la passion de sa langue maternelle et de son terroir. Il obtient une bourse de licence qui lui permet de mener
à bien des études supérieures à la faculté des lettres de Rennes, sanctionnée par la licence ès lettres, en 1896. Ses
bons résultats lui feront obtenir à nouveau une bourse d’études pour poursuivre ses études à Rennes. Il commence
déjà, à publier dans des revues celtiques. En 1898, il est admis comme pensionnaire de la déjà prestigieuse
Fondation Thiers, créée cinq ans plus tôt, ce qui lui permet de bénéficier d’une bourse d’études pendant une
période de trois années. Il réside alors en région parisienne, ce qui lui permet de retrouver son cousin Théodule
Ribot (1839-1916), alors professeur titulaire de la chaire de psychologie expérimentale et comparée au Collège de
France, et de fréquenter les milieux celtiques installés dans la capitale, de suivre les cours de celtique d’Henri
Gaidoz et d’Henri d’Arbois de Jubainville. Il devient, en 1901, secrétaire de la « Revue celtique ». La même
année, alors âgé de 27 ans, il épouse Mlle Marie-Clémentine Le François, fille d’Achille Le François, caissier
principal de la préfecture de police de Paris, chevalier de la Légion d’honneur, décédé en 1890. Le couple, qui
s’installe à Fontenay-sous-bois, n’aura pas d’enfant.
Tout en écrivant, en assurant le secrétariat de la Revue celtique, tout en donnant quelques cours, Pierre-Marie le
Roux prépare activement, par les leçons de la Sorbonne qu’il suit en étudiant libre, l’agrégation de grammaire,
voie qui lui permettrait de rentrer dans l’enseignement, tout en continuant à se consacrer à sa passion.
Agrégé de grammaire, professeur aux lycées de Guéret, Alençon, Le Mans
Une première tentative, en 1903, sera encourageante. Sur les 100 candidats, 26 sont déclarés admissibles. PierreMarie, classé 24ème, échouera à l’oral, n’arrivant pas à remonter son retard, à l’écrit et à figurer parmi les 12
admis. Mais, il fait néanmoins bonne impression sur le jury qui notera : « Ce candidat a fait sur le jury une assez
bonne impression. Il a de la tenue, il parle net, il ne manque ni de sens, ni de suite dans les idées. Ce sera
certainement un bon professeur ; demande à être chargé de remplacements à Paris ou des établissements voisins
de Paris ». 1904 sera la bonne année : il y a moins de candidats -90- mais aussi moins de places ouvertes -10-.
Pierre-Marie est classé 6ème sur les 22 admissibles. Il conserve son avantage, étant classé à la 8 ème place à
l’admission ! Le jury l’apprécie de la façon suivante : « Ce nouvel agrégé promet un excellent professeur, sérieux
d’esprit, ferme de caractère, capable de communiquer son savoir. On peut l’envoyer, faute de mieux, faire des
débuts dans la 5ème de Guéret. Je serais bien étonné s’il n’y donnait pas toute satisfaction ».
Les lycées sont encore peu nombreux à l’époque –un par département- et les vacances de chaires de grammaire
peu fréquentes. Le Breton de Paris Pierre-Marie Le Roux se voit donc amené à aller faire ses débuts d’enseignant
dans le lycée du chef-lieu de la Creuse !
Le nouvel agrégé n’en prend pas moins ses fonctions au sérieux ! Dès sa première année d’enseignement, à l’hiver
1905, le proviseur note : « M. Le Roux est exact et consciencieux. Il s’intéresse vivement aux élèves, à leur travail
et à leurs progrès. Il obtient des résultats très sérieux. Il fera, je crois, un bon professeur ». L’inspecteur général
Adrien Dupuy, en visite au printemps de 1905, écrira : « C’est un homme de mérite qui promet d’être, à bref
délai, un bon professeur. Il se trouve dépaysé, et comme exilé à Guéret. Il y aurait avantage à le changer, en le
rapprochant de la Bretagne ». En février 1907, Pierre-Marie Le Roux acceptera de reprendre, à la volée, la chaire
de 4ème, devenue vacante.
Pierre-Marie Le Roux devra attendre trois années, avant d’obtenir, en octobre 1908, sa mutation sur la chaire de
5ème du lycée d’Alençon, une étape vers une prochaine affectation dans un lycée de Bretagne ! Là encore, il
donnera satisfaction, l’inspecteur d’académie notant, en février 1909 : « J’ai assisté, chez M. Le Roux, à une
excellente classe de latin, méthodique et claire. Les élèves répondent bien. On voit qu’ils travaillent ».
Visiblement, Pierre Le Roux remplit les conditions de sérieux et les qualités pédagogiques qui font les bons
enseignants !
Le décès, au mois d’août 1909, d’Arsène Leroux, professeur de 5ème au lycée du Mans, conduira l’administration à
proposer cette chaire devenue subitement vacante à Pierre Le Roux. Avec le décès d’Arsène Leroux et le départ
en retraite de Didier Rebut, le lycée du Mans doit renouveler ses professeurs de grammaire de 5 ème et de 6ème, les
chaires de 4ème et de 3ème restant attribuées respectivement à Émile Pirou, en poste depuis 1884, et au talentueux
Camille Sourdille. La chaire de 6ème est confiée à Albert Riemann, un agrégé de la même promotion que Le Roux,
qui avait fait ses débuts au lycée de Douai.
Les deux classes de 5ème du lycée du Mans ne sont pas pléthoriques : 20 élèves pour la 5ème A, à laquelle le
professeur doit un service de 10 heures (français et latin) ; 9 élèves pour la 5è B, pour un service de français de 5
heures, soit en tout 15 heures hebdomadaires. Comme il l’avait fait à Guéret, puis à Alençon, Le Roux s’attache à
rendre les meilleurs services. Le proviseur Émile Burnouf en sera fort satisfait, l’appréciant de la façon suivante :
« Ancien boursier de licence, puis d’études, ancien pensionnaire de la Fondation Thiers, M. Le Roux, âgé de 35
ans, n’a que cinq ans de services. Il a trouvé au Mans, en arrivant, deux classes mal préparées par l’ancien
professeur de 6ème. Aussi éprouve-t-il quelque peine à élever à un niveau convenable des classes sortant de mains
débiles. M. Le Roux est d’esprit pondéré, méthodique, de caractère calme et sérieux. Il donne un enseignement
simple et sûr. Quant à l’inspecteur d’académie, il note, en mars : « M. Le Roux s’est immédiatement posé comme
un professeur intelligent, instruit, consciencieux, très méthodique, et les résultats obtenus sont très satisfaisants ».
Pierre-Marie Le Roux aurait pu prospérer dans un enseignement fructueux dans les classes de grammaire de
lycées, mais son ambition est tout autre : enseigner et étudier les langues et cultures de son pays natal. Une
magnifique opportunité se déclare en 1910 : la chaire de langues et littérature celtiques de la faculté des lettres de
Rennes va se trouver vacante, du fait de la création, au Collège de France, d’une même chaire que va occuper
Joseph Loth ! C’est le professeur de 3ème du lycée d’Alençon, Emmanuel Boulay, qui allait succéder à Pierre Le
Roux sur la chaire de 5ème du lycée du Mans.
Enseignant de langue et littérature celtique à la faculté de Rennes
La création d’une chaire de langues et littérature celtiques, demandée par la faculté de Rennes, n’était pas allée de
soi dans la République centralisatrice du début du XXème siècle, qui prônait l’assimilation linguistique ! Le
ministère n’avait pas voulu la financer, mais n’était pas opposée à sa création, à condition que la faculté de
Rennes trouve elle-même son financement. Cette chaire « fondation d’Université » avait été créée en 1903, avec
les apports financiers des conseils généraux de l’Ille-et-Vilaine et du Finistère !
Compte tenu du départ de Joseph Loth, la seule personne qui s’imposait pour prendre sa succession était PierreMarie Le Roux ! Mais, simple agrégé de grammaire, et non docteur ès lettres, Le Roux ne pouvait prétendre à
obtenir cette chaire. Un arrangement fut toutefois trouvé : l’helléniste Henri-Georges Dottin était en théorie
installé sur la chaire celtique, tout en continuant à enseigner la langue et la littérature grecques, ce qui permettait
de recruter Le Roux comme « chargé de l’enseignement de la chaire de langue et littérature celtique ».
Allaient alors commencer, pour Pierre-Marie Le Roux, hormis les années de guerre, trente-cinq années
d’enseignement et de recherches exclusivement consacrées à l’enseignement et à la recherche sur les langues et la
littérature celtiques ! Pierre-Marie Le Roux avait un service hebdomadaire de quinze heures comme agrégé de
grammaire au lycée du Mans ; il aura désormais un service de trois heures comme chargé de chaire à la faculté de
Rennes. Il avait charge de 20 élèves au lycée du Mans ; ses étudiants à Rennes ne dépassèrent pas la dizaine,
auxquels s’ajouteront, il est vrai, des auditeurs libres passionnés de breton !
Ainsi, lors de l’année universitaire 1911-12, Le Roux dispensera-t-il trois cours publics, d’une heure
hebdomadaire chacun, à 9 élèves inscrits : l’étude pratique du breton moderne ; l’explication de textes bretons des
différents dialectes ; les éléments de grammaire comparée des langues classiques et celtiques. L’année suivante,
renouvelant son enseignement, il organise ses trois cours autour des sujets suivants : éléments de grammaire
galloise : exercices pratiques ; grammaire du breton moderne : comparaison des dialectes ; explication de textes
bretons (moyen breton, breton moderne). En 1913-14, les trois cours porteront respectivement sur l’irlandais
moyen ; le breton moderne ; le gallois moderne.
Le chargé de cours fait l’objet d’appréciations élogieuses ; ainsi en 1911-12 : « Savant qui s’occupe avec zèle de
dresser l’atlas linguistique de la Bretagne et qui a réussi à intéresser un groupe d’auditeurs fidèles à l’étude du
breton ». En 1912, Le Roux sera fait officier d’académie.
Auteur de « l’Atlas linguistique de la Basse-Bretagne »
Au-delà de son enseignement, Le Roux entreprend un travail très important que lui a suggéré Georges Dottin :
recueillir auprès des populations bretonnantes les expressions employées afin d’établir un « l’atlas linguistique de
la Basse-Bretagne ». Il s’inspire, pour cela, de l’ « atlas linguistique de la France » de Gillérion et Edmont, publié
de 1902 à 1912. Sans beaucoup de moyens financiers, Le Roux enfourche sa bicyclette et, pendant les congés des
été 1911 à 1913, sillonnera la Basse-Bretagne, interrogeant, cahier à la main, sur la base d’un questionnaire, les
personnes rencontrées sur 77 localités répertoriées, pour transcrire des mots et des expressions en voie de
disparition, au moment où l’école de la IIIème République emploie tous ses efforts à proscrire l’usage des dialectes
locaux et à imposer l’usage du français, et ce, en l’absence de tout moyen d’enregistrement perfectionné … Ce
que Le Roux appelle la « Basse-Bretagne » est le territoire à l’ouest d’une ligne Saint-Brieuc-Vannes
(département du Finistère, parties occidentales des départements des Côtes-du-Nord et du Morbihan. Sa méthode
consiste à établir, pour chaque mot du vocabulaire courant (noms communs, verbes conjugués, adjectifs,
nombres…), une carte recensant la prononciation sur chacun des 77 sites choisis.
Cette belle entreprise sera provisoirement stoppée par la guerre et la mobilisation ! L’intérêt que porte ce fils
d’instituteur passionné par la Bretagne ne lui fera pas oublier ses devoirs patriotiques.
Une belle et courageuse guerre
Mobilisé le 4 décembre 1914 -il est alors âgé de 40 ans-, et d’abord affecté à des unités territoriales chargées de la
surveillance hors la zone des combats, Le Roux est versé, le 11 septembre 1915, dans une unité combattante, le
262ème régiment d’infanterie, constitué de Bretons et basé à Lorient ! Le sous-lieutenant Le Roux se bat avec
courage, sur le front de la Somme, en 1916, et sur celui de l’Aisne, en 1917. Le 16 mai 1917, il est grièvement
blessé à son poste de combat : plaie par éclat de grenade à l’épaule gauche ; perforation du tympan ! Il fait l’objet
d’une citation à l’ordre du 37ème corps d’armée, par le général Émile Taufflieb, le 24 mai 1917 : « Pierre Le Roux,
sous-lieutenant à la 18è compagnie du 262ème régiment d’infanterie, chef de section dans un régiment actif,
quoiqu’appartenant par son âge, à la réserve de l’armée territoriale. Le 15 mai 1917, sa section ayant été
fortement contre-attaquée, a réussi, grâce à son énergie, sous un violent bombardement, à se maintenir dans une
position difficile, en repoussant l’ennemi à la grenade. Blessé le lendemain 16, pendant l’attaque ennemie ». Il
reçoit la croix de guerre. Cet état de service héroïque prend encore plus de sens quand on sait, qu’au même
moment, le général Taufflieb avait dû faire face à une importante mutinerie au sein du 37ème corps d’armée !
Après un an d’hôpital, puis de convalescence, Pierre-Marie Le Roux revient sous les drapeaux, du 16 mai au 22
septembre, puis est maintenu dans la zone des armées, du 23 septembre jusqu’au 23 janvier 1919.
Retour à l’enseignement, publication de l’Atlas, et docteur ès lettres
Pierre-Marie Le Roux peut alors reprendre son enseignement, et malgré le handicap que lui cause son tympan
perforé, poursuivre ses enquêtes linguistiques à travers la Bretagne, en 1919 et 1920. En 1924, il publie le premier
tome de « l’atlas linguistique de la Basse-Bretagne », comprenant les cartes pour cent termes (loup, charrue,
connaître, il y a…), suivi, en 1927, d’un deuxième tome, lui aussi fort de cent mots ! Présentant le premier tome
dans les « Annales de Bretagne » en 1924, Georges Dottin écrira notamment : « (…) Ce qui n’était pas moins
méritoire que d’avoir entrepris, il y a quatorze ans, ce pénible travail, c’est d’avoir, au retour d’une campagne où
il récolta fatigues et blessures, repris tranquillement sa tâche, comme si rien ne s’était passé ! On ne saura
jamais, car la modestie de l’auteur ne le révélera pas, ce qui lui a fallu de méthode, d’esprit critique, d’énergie
physique et intellectuelle pour ne pas se laisser arrêter par les difficultés qu’il rencontrait sans cesse (…)
L’essentiel était d’aboutir et de donner un tableau d’ensemble de la variété des dialectes breton. Ce tableau est
tracé de main de maître, et il faut espérer que les linguistes sauront gré à M. Le Roux de cette grande œuvre qui
marque une date décisive pour les études de grammaire bretonne. J’ajoute qu’il est à souhaiter que
l’administration universitaire n’oublie pas que, pour mener à bien de travail universitaire, M. Le Roux a dû
retarder des travaux personnels plus profitables à son avancement ». Il est vrai que ces suites de cartes, pour
utiles qu’elles soient, ne présentent pas les canons d’un texte rédigé en vue d’une thèse de doctorat !
En même temps qu’il travaille à son atlas, Pierre-Marie Le Roux s’attache à préparer une thèse de doctorat qu’il
présentera, le 7 mars 1931, alors âgé de 57 ans !
Le 7 mars 1931 donc, Pierre-Marie Le Roux soutient, devant la faculté des lettres de l’Université de Paris, une
thèse de doctorat ès lettres. Le jury, présidé par le linguiste et celtologue Joseph Vendryès, est composé des
professeurs Roques, Loth, Esnault, et de Mlle Marie-Louise Sjoestedt, tous d’éminents celtologues. La thèse
principale porte sur le verbe breton (étude historique du développement du verbe breton par opposition au verbe
cornique et au verbe gallois (le breton, le cornique et le gallois étant trois dialectes brittoniques remontant à un
original commun). Quant à la thèse complémentaire, elle n’est autre que l’Atlas linguistique de la Basse-Bretagne
qui a coûté à Le Roux de longues années de travail !
.
Soixante-dix-sept façons de prononcer, dans la « Basse-Bretagne », les mots « cordonnier », « goutte » ou le présent du
verbe « être » à la troisième personne.- L’index, qui fera son apparition lors du 3ème tome de l’Atlas !
Le jury note : « M. Le Roux a fait deux excellents exposés qui ont favorablement impressionné le jury. Il
s’exprime avec aisance et clarté ; ses réponses aux questions posées ont toujours été pertinentes. Breton
bretonnant de naissance, il est tout à fait maître de son sujet. Les critiques qu’il a encourues tenaient beaucoup
moins de sa part à un défaut de connaissance qu’à une certaine nonchalance dans l’utilisation de ce qu’il sait ».
Pierre-Marie Le Roux est donc reçu docteur ès lettres, avec mention « très honorable ».
Désormais docteur ès lettres, Le Roux peut prétendre à une chaire d’université. Henri-Georges Dottin, l’helléniste
qui occupait la chaire de langue et littérature celte, est parti à la retraite. Il est donc maintenant possible d’attribuer
cette chaire à un universitaire celtologue ! La chaire est déclarée officiellement vacante. Deux universitaires font
acte de candidature : Pierre-Marie Le Roux et A. Le Moy. Le 17 mars 1932, sous la présidence du doyen de la
faculté des lettres de Rennes, le géographe René Musset, et à l’unanimité des 10 votants, Le Roux est proposé, en
première ligne pour occuper la chaire de celtique, et Le Moy en seconde ligne. Désormais, Pierre Le Roux
poursuivra ses activités universitaires avec le titre de professeur titulaire de la chaire de langue et littérature
celtique de l’Université de Rennes ! Il publiera, en 1937, le troisième tome, puis, en 1945, le quatrième tome de
l’Atlas linguistique de la Basse-Bretagne, pourvu de deux améliorations : un index des mots français et des
principaux mots bretons, et une carte mobile sur papier transparent donnant les noms de lieux, pouvant ainsi se
superposées sur les cartes des mots !
Le Roux sera amené à prendre des responsabilités administratives au sein de la faculté des lettres : le 28 mai 1940,
il est nommé assesseur du doyen Georges Collas, professeur de langue et littérature française.
Une attitude irréprochable durant l’occupation allemande ; une fin de carrière comme doyen !
Pendant l’occupation allemande, un universitaire allemand celtologue, Leo Weisberger, dirige, au titre de la
Propagandastaffel, la Radio Rennes-Bretagne, et y diffuse, avec le militant autonomiste breton Roparz Hémon, les
premières émissions radiophoniques en langue bretonne, ce que jamais aucun gouvernement français n’avait
autorisé jusqu’alors ! Après avoir organisé à Rennes, une « semaine celtique », Weisberger crée même, en octobre
1941, un Institut d’études celtique dont la présidence est confiée à Roparz Hémon, et auquel participeront
plusieurs écrivains bretons ! Malgré cela, Le Roux, grand patriote, refusera toute collaboration avec Weisberger !
Le 3 juin 1944, alors qu’il a passé depuis trois mois le cap de ses 70 ans, Pierre Le Roux fait l’objet d’un arrêté de
départ à la retraite… Une retraite qui ne durera que quatre jours ! En effet, le 7 juin, le doyen Lucien Wolff,
professeur de langue et littérature française, est arrêté par la police allemande. Fort de son rayonnement et des
refus qu’il a toujours opposé aux autorités d’occupation, Pierre Le Roux assure l’intérim du doyen !
Après la libération, Le Roux apparaît comme l’homme indispensable pour remettre d’aplomb une faculté
malmenée par les évènements ! Le 5 septembre 1944, le conseil de la faculté des lettres de Rennes adopte une
délibération qui « demande le maintien de M. Le Roux pour qu’il puisse jouer, dans toute la région bretonne, le
rôle très important qui lui incombera, en raison de sa réputation scientifique, de sa grande influence de
Bretonnant, de sa modération et du parfait équilibre de son jugement dans toutes les questions très délicates
d’ordre linguistique et culturel qui devront être réglées au cours des quelques mois prochains. M. Le Roux
accomplirait sa tâche en un sens destiné à apporter l’apaisement des esprits et des cœurs dans une province où la
propagande ennemie a jeté beaucoup de trouble en utilisant à fond tous les moyens de propagande dont elle
disposait ».
L’arrêté portant mise à la retraite du professeur est rapporté, et un autre arrêté, en date du 2 octobre 1944 le
maintien en fonctions jusqu’au 30 septembre 1945. Un autre arrêté du ministre René Capitant, du 2 janvier 1945,
confirme Le Roux dans ses fonctions de doyen jusqu’à la fin de l’année universitaire. Insatiable, Le Roux
reprendra du service en 1946-47 pour suppléer son successeur, le chanoine François Falc’Hun, arrêté pour
maladie ! La chaire celtique de Rennes sera transférée à Brest, en 1967, et l’Etat finira par la prendre en charge
financièrement !
S’ouvrira, dès lors, à partir de 1947, une période de longue retraite pour le professeur émérite Pierre-Marie Le
Roux, fait chevalier de la Légion d’honneur, occupée à poursuivre ses recherches et publications (les cinquième et
sixième tomes de l’Atlas paraîtront respectivement en 1953 et 1963). Au total, les six tomes contiendront 600
cartes, chacune donnant la prononciation d’un mot et ses dérivés. Retiré à Paramé, commune rattachée en 1967 à
Saint-Malo, dans la « Basse-Bretagne » à laquelle il aura consacré sa vie, Pierre Le Roux, devenu veuf, y
décèdera, le 3 septembre 1975, alors âgé de cent-un ans et six mois !
Le travail de Pierre Le Roux a été repris et actualisé par l’universitaire Jean Le Dû qui a publié, en 2001, un
« Nouvel atlas linguistique de la Basse-Bretagne », par de nouvelle enquêtes touchant 187 localités (au lieu de
77), soit pratiquement une commune de Basse-Bretagne sur trois, et prenant en compte les obstacles naturels
(rivières, hauteurs), ainsi que les situations géographiques particulières (îles, presqu'îles).
L'Atlas Linguistique de la Basse-Bretagne est consultable sur: http://sbahuaud.free.fr/ALBB/
BULLETIN D’ADHÉSION À L’ASSOCIATION DES ANCIENS ÉLÈVES DU LYCÉE « MONTESQUIEU »
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Signature : ………………….
À adresser SVP à M. André VIVET, 7, rue de Sicile, 72000 LE MANS.
Nous espérons que vous aurez pris intérêt à la lecture de ce numéro. Vous pourrez consulter le site d’archives géré par
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contributions qui pourront être publiées, observations et suggestions. Tout courrier doit être adressé, pour la lettre, à Didier
BÉOUTIS, 11, rue Pierre Belon, 72000 LE MANS, [email protected] et, pour les archives et adhésions, à André
VIVET, 7, rue de Sicile, 72000 LE MANS, [email protected]. Prochaine lettre le 1e mars.
Association amicale des anciens élèves du lycée Montesquieu, 1, rue Montesquieu, 72008 LE MANS Cedex 1
Président : Didier BÉOUTIS; Vice-Présidents : Claude JEAN et Jean LAMARE ;
secrétaire-archiviste : André VIVET; secrétaire-adjoint : Paul COTTIN ; trésorier : François BARTHOMEUF.
Directeur de la publication : Didier BÉOUTIS

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