Les fourgons-pompes de l`Etat chez les sapeurs

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Les fourgons-pompes de l`Etat chez les sapeurs
Les fourgons-pompes de l'Etat
chez les sapeurs-pompiers de Lyon
1914 - 1918
Pendant la Première Guerre mondiale, pour
permettre d'assurer toutes les missions du
service d'incendie de la Place, les autorités
militaires facilitèrent le retour au corps de
sapeurs-pompiers professionnels et l'affectation
de nombreux sapeurs auxiliaires. Elles agirent de
même en ce qui concerne les matériels.
Certainement avec l’accord des autorités
militaires, bien qu'officiellement destiné à la
Poudrerie de Saint-Fons, le fourgon-pompe n° 5
resta au Quartier-central. Plus puissant et plus
rapide que les précédents engins, il pouvait plus
sûrement assurer le service d'incendie pour les
nombreuses usines qui, dans Lyon même et sur
tout le territoire du camp retranché, travaillaient
pour la défense nationale. Après avoir reçu son
armement, il assura, semble-t-il, sa première
intervention le 24 avril 1916 pour un feu de
baraquements dans les mines de Communay en
Isère4.
Avec quatre fourgons-pompes seulement, la
Compagnie active ne disposait pas d’un nombre
suffisant de véhicules pour armer la caserne
centrale et plusieurs postes excentrés. Dans le
même temps où fut décidé la création d’un
poste d'incendie pour la protection de la
Poudrerie nationale de Saint-Fons, l’achat d’un
fourgon-pompe par l’État fut validé. Le 12 mai
1915, le capitaine Pégoud demanda des
renseignements à la maison parisienne Delahaye
pour la fourniture d'un fourgon-pompe destiné à
la poudrerie1. Celle-ci ne pouvait probablement
pas honorer rapidement cette fourniture, car,
finalement, ce véhicule fut commandé le 25
juillet chez le constructeur lyonnais Berliet. Le
chef de corps lui demanda de faire toute
diligence pour le livrer dans les plus brefs délais2.
Le nouveau fourgon-pompe n°5 fut pris en essai
du 20 octobre 1915 au 17 janvier 19163. Il
s’agissait d’un Berliet CBA 5 (5 tonnes) muni
d’une pompe Drouville du type A à quatre
pistons disposés en croix.
Avec l’arrivée de ce nouveau fourgon-pompe, les
sapeurs-pompiers
lyonnais
avaient
définitivement fait le choix de n'utiliser
désormais que des pompes à pistons.
Contrairement aux pompes centrifuges, celles-ci
ne nécessitaient pas de système d'amorçage
auxiliaire. À l'époque ces derniers étaient
souvent défectueux et peu sûr. Les pompes à
pistons s'amorçaient directement et rapidement
ce qui donnait la possibilité aux pompiers de
Lyon de s'alimenter en eau dans les deux fleuves,
ou d'autres pièces d'eau, sans difficulté et dans
les meilleurs délais. Ce choix technique perdura
jusqu'à 1938.
Un deuxième fourgon-pompe Berliet CBA
identique fut acquis par l'État au cours de
l'année 1916. Le 10 mai, le jour même où le
commandant Pégoud proposa d'ouvrir un autre
poste d'incendie à l'usine de Neuville-sur-Saône,
l'officier écrivit au directeur de la Poudrerie de
Saint-Fons en vue de faire acheter un fourgonpompe pour Neuville5. Le fourgon-pompe n°6 fut
mis à l’essai le 28 octobre 19166. Sa mise au
point ne fut pas très longue puisque, dès le 11
décembre, l’adjudant Gibbe partait sur ce
véhicule pour un début de feu rue Tête d’Or qui
fut jugulé à l’aide d’une pompe à main. Comme
Un CBA devant le quartier central, 1915
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fourgon-pompe fut, semble-t-il, livré le 1er juin
1918. Sa mise au point fut laborieuse et il ne put
être mis en service pendant la guerre. Pendant
quelques mois, il resta en réserve, inutilisé, au
Quartier-central. Au mois d'octobre 1918, le
fourgon-pompe Berliet CAK, datant de 1913, fut
détruit lors de l'explosion de l'atelier de
chargement d'obus de Vénissieux. Pour
remplacer ce véhicule, le dernier fourgonpompe Berliet CBA acheté par l'État fut offert à
la ville de Lyon à titre de dédommagement. Le 9
juillet 1919, le président du Conseil, ministre de
la Guerre, confirma officiellement cette
donation. Ce véhicule reprit le n°6 au nouveau
répertoire matricule des matériels roulants
ouvert en 1919, alors que l'ex n°6, acheté en
1917, devenait le n°5. Ainsi trois fourgonspompes Berliet CBA portèrent successivement le
matricule n°6 !
son prédécesseur, quoique officiellement
destiné au poste de Neuville-sur-Saône, ce
fourgon-pompe resta lui aussi au Quartiercentral. Il devait intervenir sur toute
l’agglomération où se trouvait disséminé un
grand nombre d’établissements travaillant pour
les armées. Après la destruction de l'usine de
Neuville, en février 1917, les autorités militaires
ordonnèrent d'envoyer ce fourgon à la
Poudrerie nationale de Saint-Chamas dans les
Bouches-du-Rhône, au bord de l'étang de Berre.
Le 25 avril 1917, le téléphoniste de jour nota
qu'à 13 h 45 le fourgon-pompe n°6 avait quitté
le Quartier-central pour ne plus y revenir7. De
nouveau, les sapeurs-pompiers lyonnais de
retrouvaient armés de cinq fourgons-pompes
seulement.
Nous pouvons noter que le fourgon-pompe n°6,
celui offert par l’État en 1918, se trouve dans la
collection du Musée des sapeurs-pompiers LyonRhône. Compte tenu de son ancienneté et de
son histoire, c’est une pièce très précieuse pour
le musée.
Un CBA devant le quartier central, 1914-1918
Afin de remplacer le véhicule devant partir à
Saint-Chamas, dès le 31 mars 1917, le
commandant Pégoud demanda l'achat d'un
nouveau fourgon-pompe, cette fois clairement
destiné à la protection générale de tous les
établissements militaires de la Place de Lyon. Le
5 juillet 1917, lors d'une réunion dans les locaux
de la chefferie du génie, quai Gailleton à Lyon, il
fut décidé de commander un autre fourgonpompe chez Berliet8. Ce véhicule fut livré au
Quartier-central le 15 décembre 1917. Sa
réception définitive fut prononcée le 5 avril
1918. Il reprit le matricule n°6 du précédent
fourgon.
Défilé des fourgons-pompes de Lyon le 14/07/1918
Rédigé par Jacques Périer, référent histoire pour le
musée des sapeurs-pompiers Lyon-Rhône.
Sources : Archives municipales de Lyon
Photographies : Archives du département du Rhône
et de la métropole de Lyon et collection privée.
Enfin, en 1918, un quatrième fourgon-pompe
Berliet CBA fut encore acquis par l'État suivant
un marché signé le 3 février. Ce nouveau
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