careme 2007 - CCFD
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careme 2007 - CCFD
Vivre le 2007 Carême L’encyclique POPULORUM PROGRESSIO 40 ANS DÉJÀ Préparer Pâques Partager COMITÉ CATHOLIQUE CONTRE LA FAIM ET POUR LE DÉVELOPPEMENT Sommaire Populorum progressio, 40 ans déjà ! Populorum progressio, un don d’espérance pour la mondialisation ..................................................................................07 Albert Longchamp, jésuite, Développement et Civilisations, Centre Lebret-Irfed De Populorum progressio à Deus caritas est .............................................................................13 François Boëdec, jésuite, rédacteur en chef de Croire Aujourd’hui Populorum progressio à travers les projets du CCFD : • le Centre Antonio de Montesinos au Mexique ......................................................................................15 • l’Association d’aide à la scolarisation des enfants tsiganes de la Manche ...................17 Préparer Pâques 40 ans, 40 jours ..................................................................................................................................................................21 Père Jacques Turck, aumônier général du CCFD Vivre le Carême comme un chemin d’espérance Du mercredi des cendres à la résurrection ........................................................................................................24 Délégations diocésaines CCFD d’Amiens, des Ardennes, de Lille, d’Arras et de Cambrai Partager ce que l’on a, ce que l’on est Vers une éthique du don..........................................................................................................................................33 Christiane Vanvincq, chargée du lien CCFD / Congrégations Partager nos convictions • Une animation (Aumôneries de l’Enseignement public et CCFD dans le diocèse de Nanterre).............36 • Les élections 2007. Questions d’actualité ...............................................................................................38 LETTRE AUX COMMUNAUTÉS À toutes les communautés chrétiennes, à chacune et à chacun Le Photo CCFD / J.-F. Cambianica (« Bouge ta planète », Mont de Marsan 2006) Comité catholique contre la faim et pour le développement vous invite dès à présent à penser et à prendre un chemin vers Pâques. Le chemin de la solidarité internationale nous ouvre à l’humanité la plus vulnérable pour rejoindre le Christ. Les textes de la première partie de ce livret nous invitent à la réflexion et la nourrissent. Pâques 1967 : le pape Paul VI présentait au monde son encyclique Populorum progressio (Le développement des peuples). 40 ans déjà ! Célébrons ensemble cet anniversaire en faisant nôtre, ce message d’espérance qui nous implique très concrètement aujourd’hui encore. Benoît XVI, dans sa première encyclique, nous invite à la Charité. L’Amour s’apprend aussi en connaissant toujours mieux nos frères de tous les pays. Des groupes de femmes au Mexique aux enfants tsiganes, par les actions menées par les associations, partenaires du CCFD, nous percevons les fruits actuels de la résurrection du Christ. 4 Vous êtes prêtre, doyen ou curé, religieux, religieuse, laïc responsable ou membre d’une équipe d’animation pastorale, d’une équipe liturgique, vous êtes paroissien, paroissienne sensible aux enjeux de la solidarité… Vous trouverez aussi, ci-après, des propositions pour les célébrations, du mercredi des Cendres à Pâques. Un visuel évolutif pourra suggérer, au chœur de nos églises, la marche des chrétiens vers une fraternité universelle. Vous êtes catéchiste, animateur, animatrice d’aumônerie, de mouvements… Vous trouverez, en plus, des idées pour permettre de réfléchir au partage des richesses et des convictions avec les personnes que vous accompagnez. DE LA CHARTE DE LA SOLIDARITÉ, ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DES ÉVÊQUES DE FRANCE, LOURDES, 28 OCTOBRE 1988. Dans le domaine de la solidarité, l’Église catholique, qui veut agir dans la logique de sa foi, ne s’attribue aucun monopole. Elle agit par ses propres organisations, tout en offrant sa collaboration aux autres Églises chrétiennes, comme aux autres religions et aux sociétés civiles. Mais elle veille à ce que sa liberté reste entière pour assurer sa contribution originale aux tâches de solidarité réalisées par tous. (…) L’interdépendance entre les peuples et les régions du monde est de mieux en mieux perçue. C’est un appel à la responsabilité de tous envers tous. De ce fait, la solidarité ne peut être ni sentimentale ni utilitaire. Elle requiert d’être effective, désintéressée et indivisible. (…) La solidarité devient un enjeu déterminant pour l’avenir de l’humanité et la diffusion de l’Évangile. Elle est un chemin indispensable de la paix et du développement. Elle constitue l’un des éléments actuels de l’authentique charité chrétienne. Vous êtes membre du relais solidarité de votre paroisse… Vous êtes membre d’une Équipe locale ou relais CCFD… Vous avez en main une formule renouvelée de la Plaquette de Carême que nous avons réalisée en tenant compte de toutes vos suggestions. Elle ne se substitue pas aux outils plus spécifiques liés aux réflexions sur nos thèmes en cours. Vous disposez de beaucoup d’autres documents pour proposer des animations, des débats autour d’expos et de vidéos pour permettre aux chrétiens d’échanger sur le droit à l’alimentation pour tous, la place des institutions financières internationales, l’accès aux ressources, les discriminations liées aux droits humains fondamentaux. Vous trouverez, dans les textes du présent document, les mots pour affiner, renforcer vos convictions et pouvoir mieux les partager. Soyez force de propositions, d’animations et de réflexions avec les communautés chrétiennes, sans oublier les Mouvements et Services d’Église. Ensemble nous pourrons porter à la connaissance du plus grand nombre, la rage de vivre des hommes et des femmes du Sud et de l’Est qui se mettent debout malgré toutes les difficultés. Ils donnent aujourd’hui chair à cette pensée de saint Irénée(1) : La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant. VOUS AVEZ ENVIE D’EN SAVOIR PLUS, DE CREUSER UNE DES PROPOSITIONS SUGGÉRÉES DANS CE DOSSIER… Des dossiers thématiques, des affiches, des enveloppes d’appel au don et bien d’autres documents sont à votre disposition dans chaque Délégation diocésaine du CCFD. On pourra également vous y mettre en relation avec le relais ou l’Équipe locale CCFD la plus proche s’il n’y en a pas dans votre paroisse ! Dans les plaquettes de Carême des trois années précédentes, vous trouverez de nombreuses idées d’animations de soirées de partage pour vivre le Carême en communautés paroissiales ou en mouvement. Le CCFD est composé de 28 Mouvements et Services d’Église : Action catholique des enfants (ACE) • Action catholique générale féminine (ACGF) • Action Document imprimé sur du papier ISO 14001 et EMAS, contribue à la norme environnementale. Ce document sera une occasion d’explorer et d’accroître la place faite aux pauvres, aux boiteux, aux aveugles…, à tous ceux qui espèrent une autre économie, un autre droit, un monde plus juste. catholique des milieux indépendants (ACI) • Action catholique des membres de l’enseignement chrétien (ACMEC) • Action catholique ouvrière (ACO) • Chrétiens dans le monde rural (CMR) • Coopération missionnaire (OPM) • Christiane, Françoise, Henriette, Philippe, Stéphane et Vincent, qui ont préparé pour vous ce dossier. Équipes enseignantes • Jeunesse étudiante chrétienne (JEC) • Jeunesse mariale (JM) • Jeunesse indépendante chrétienne (JIC) • Jeunesse indépendante chrétienne féminine (JICF) Cette plaquette est éditée par le Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD) Adresse : 4, rue Jean Lantier 75001 Paris Tél. : 01 44 82 80 00 / Site web : www.ccfd.asso.fr Courrier électronique : [email protected] Directeur de publication : Jean-Marie Fardeau Coordination rédactionnelle : Stéphane Duclos Comité de rédaction : Henriette Daoud, Stéphane Duclos, Vincent Grossemy, Philippe Guérif, Françoise Schwartz, Jacques Turck (Aumônier général du CCFD), Christiane Vanvincq Contributions : Chargés de missions Amérique latine et Europe Migrants du CCFD ; Délégations diocésaines de la région Nord Pas-de-Calais Picardie Champagne Ardennes. Secrétaire de rédaction : Koute Gnoyere Relecture (propositions liturgiques) : Bénédicte Ducatel (CNPL) Responsable de production : Pierre Ropars Fabrication : Florence Ramaheriarison Recherche iconographique : Stéphane Duclos Conception graphique : Claire Robert Imprimerie : La Fertoise Photo de couverture : Godong Dépôt légal : octobre 2006 / Réf. : 5710106 • Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC/JOCF) • Mouvement des cadres et dirigeants chrétiens (MCC) • Mouvement chrétien des retraités (MCR) • Mouvement eucharistique des jeunes (MEJ) • Mission étudiante catholique de France • Mission de la mer • Mouvement du Nid • Mouvement rural de jeunesse chrétienne (MRJC) • Pax Christi • Scouts et Guides de France • Secrétariat national des Aumôneries de l’Enseignement public (SNAEP) • Secrétariat général de l’Enseignement catholique (SGEC) • Société de Saint-Vincent de Paul (SVP) • Union nationale des centres d’études et d’actions sociales (UNCEAS) • Vivre ensemble l’Évangile aujourd’hui (VEA) • Voir ensemble 5 Populorum progressio : Photo S. Lehr 40 ans déjà ! UN DON D’ESPÉRANCE POUR LA MONDIALISATION Par Albert Longchamp, jésuite, Développement et Civilisations, Centre Lebret-Irfed D atée du 26 mars 1967, jour de Pâques, l’encyclique de Paul VI se voulait explicitement un don d’espérance. Dans la présentation que le pape en fit luimême lors de son message pascal, il insistait : son encyclique sur Le développement des peuples était un appel concret à l’espérance. Le document de Paul VI, très imprégné par la pensée du Père Lebret*, dominicain qui avait joué un rôle majeur dans sa rédaction, fut salué par l’économiste François Perroux comme l’un des plus grands textes de l’humanité. En effet, soulignait l’auteur, cette lettre encyclique rayonne d’une sorte d’évidence rationnelle, morale et religieuse. Elle dénonce sans ménagement l’échec actuel des économies, des sociétés et des civilisations considérées à l’échelle de la planète. Trop optimiste ? L’opinion publique, non sans raison, a surtout retenu de Populorum progressio son épilogue pathétique, titré Le développement est le nouveau nom de la paix. On en retiendra l’une des phrases les plus ardentes : Combattre la misère et lutter contre l’injustice, c’est promouvoir, avec le mieuxêtre, le progrès humain et spirituel de tous, et donc le bien commun de l’humanité. Quelques lignes plus loin, le pape renouvelle l’invitation qu’il * Voir note p. 12 7 avait adressée à l’Assemblée des Nations unies à New York, à savoir la nécessité d’instaurer une autorité mondiale en mesure d’agir efficacement sur le plan juridique et politique. Au cours des années et à cause des événements qui ont bouleversé la planète, dont la crise du Moyen-Orient, l'encyclique de Pâques 1967 fut traitée de vision « optimiste », voire idéaliste, de l’histoire. En la relisant aujourd’hui, il est difficile de souscrire à un tel jugement. Le développement est une exigence totale et un enjeu mondial : Le fait majeur dont chacun doit prendre conscience est que la question sociale est devenue mondiale, lit-on dès l’introduction de l’encyclique. Populorum progressio, en quelque sorte, précède et prévoit la mondialisation du développement et de l’économie. L’Église, par la plume de Paul VI, quitte la réflexion sociale pour entrer dans la pensée politique, elle-même fondée sur le socle des références éthiques. Dans Populorum progressio, relève René Coste* dans un article publié pour le vingtième anniversaire de l’encyclique dans la Nouvelle Revue Théologique, nous sommes dans le monde des hommes et non des choses. Pour un humanisme intégral Les peuples sont au cœur du développement, et tous doivent se convaincre de l’urgence d’une action solidaire dans le cadre d’un horizon planétaire. L’encyclique de Paul VI se présente ainsi comme une prise de conscience de ce qui adviendra avec la mondialisation. Elle n’est pas optimiste, elle est en avance sur son temps qui, lui, croyait encore aux lendemains qui chantent… N’oublions pas : la lettre Populorum progressio paraît un an avant un certain Mai 68 ! Des deux événements, lequel est vraiment le plus idéaliste ou le plus passéiste ? Paul VI révèle à travers son espérance les inspirateurs de sa pensée ; outre Lebret, déjà cité, il faut mentionner Maritain* et son « humanisme intégral », François Perroux*, et, plus discrètement, Henri de Lubac*, auteur du Drame de l’humanisme athée, ouvrage qui a marqué la génération de l’immédiat après-guerre. Le développement, affirme Paul VI, doit être intégral, c’est-à-dire, selon la formule désormais célèbre, promouvoir tout homme et tout l’homme. Ces mots traduisent l’aspiration profonde de l’humanité. La croissance, oui, mais pas seulement en tant qu’un degré toujours plus élevé d’accumulation du capital et de forte productivité. La croissance est un problème de qualité de vie. Il s’agit d’une croissance d’humanité, d’humanisation et non seulement d’enrichissement ; il s'agit d’« être plus » au lieu du simple « avoir plus ». L’encyclique est sévère à l’égard d’un développement réduit à la cupidité : L’avarice des personnes, des familles et des nations peut gagner les moins pourvus comme les plus riches et susciter chez les uns et les autres un matérialisme étouffant. La recherche exclusive, envahissante, obsédante, de l’avoir, est un obstacle à la vraie grandeur de l’être, l’avarice est la forme la plus évidente du sous-développement moral. * Voir note p. 12 FOCUS La trilogie faim, développement, libération Le développement intégral de l’homme Photo CCFD Résoudre le problème de la faim suppose davantage qu’une simple intervention matérielle ponctuelle. C’est pourquoi l’action du CCFD est à triple dimension : matérielle, politique, spirituelle. Matérielle : à travers les projets que le CCFD soutient à l’étranger ; politique : pour permettre un changement en profondeur qui s’attaque aux causes structurelles du problème (exemple : campagne contre la dette) ; spirituelle : notre engagement découle d’un engagement évangélique 8 qui s’enracine dans la foi chrétienne ; par notre action nous faisons œuvre d’évangélisation. Mais, désormais, les initiatives locales et individuelles ne suffisent plus. La situation présente du monde exige une action d’ensemble à partir d’une claire vision de tous les aspects économiques, sociaux, culturels et spirituels. (PP N° 13) Il ne s’agit pas seulement de vaincre la faim mais de construire un monde où tout homme puisse vivre une vie humaine. (PP N° 47) Ainsi le problème de la faim s’inscrit dans une problématique beaucoup plus large qui est celle du développement. Un développement qui ne se limite plus à une seule dimension – économique – mais qui tient compte de l’homme et des hommes dans toute leur complexité. Le développement ne se réduit pas à la simple croissance économique. Pour être authentique, il doit être intégral, c'est-à-dire promouvoir tout homme et tout l’homme. (PP N° 14). Libérer l’homme de ses servitudes L’humanisme de Populorum progressio n’est cependant pas une copie des humanismes libéraux ou marxistes. D’une part, il se réfère toujours à la transcendance des valeurs que l’Église tient du Christ, à savoir d'une part une vision globale de l’histoire de l’humanité qui n’est pas enfermée dans son horizon terrestre, d’autre part une conception très clairement solidaire du développement. En effet, précise l’encyclique, le monde est malade. Son mal réside moins dans la stérilisation des ressources ou leur accaparement par quelques-uns, que dans le manque de fraternité entre les hommes et entre les peuples. La finalité première d’un monde renouvelé selon l’authentique développement est une croissance dans la qualité de vie, une croissance dans l’être. Pour Paul VI, tout programme, fait pour augmenter la production, n’a en définitive de raison d’être qu’au service de la personne. Il est là pour réduire les inégalités, combattre les discriminations, libérer l’homme de ses servitudes, le rendre capable d’être lui-même l’agent responsable de son mieux-être matériel, de son progrès moral et de son épanouissement spirituel. (…) Économie et technique n’ont de sens que par l’homme qu’elles doivent servir. Le travail est peine et création En fait, devant les réalités complexes et instables de l’économie, la position de l’Église, depuis Léon XIII, a été d’affirmer constamment les deux principes complémentaires de la subsidiarité* et de la solidarité, seuls capables, à ses yeux, de rétablir une juste conception de l’homme sur les deux questions de l’économie et du développement. La croissance n’est pas reniée, le marché n’est pas condamné en soi, la liberté d’entreprise n’est pas un péché, aussi longtemps que l’activité économique se base sur le développement responsable de tous et par tous, afin que nul ne puisse être mis à l’écart délibérément. Parallèlement, tous les agents économiques, institutions ou particuliers, sont appelés à modifier leurs comportements dans le sens de l’action pour le bien commun. En d’autres termes, la pensée sociale de l’Église entend sortir du cadre étriqué et normatif de la relation consommateurproducteur qui forme le noyau du jeu économique, et elle entend replacer la personne humaine au centre de l’économie à partir de la théorie classique des facteurs de productions (terre, capital, travail). La terre est reçue comme un don, et elle a été donnée à tous les hommes, donc la destination de ses biens doit être universelle et non pas réduite aux seuls propriétaires. De la même manière, ce don est fait à toutes les générations, et pas seulement à la nôtre, donc nous sommes responsables de l’écologie de l’économie, nous avons pour devoir essentiel la préservation du patrimoine autant que son exploitation. Le capital, quant à lui, apparaît comme le fruit du capital historique du travail *LE « PRINCIPE DE SUBSIDIARITÉ » Son origine : liée à la publication des encycliques sociales. Dans Quadragesimo anno, Pie XI écrit (1931), à propos de la réforme des institutions et des rapports entre individus et État : De même qu'on ne peut enlever aux particuliers, pour les transférer à la communauté, les attributions dont ils sont capables de s'acquitter de leur seule initiative et par leurs propres moyens, ainsi ce serait commettre une injustice, en même temps que troubler d'une manière très dommageable l'ordre social, que de retirer aux groupements d'ordre inférieur, pour les confier à une collectivité plus vaste et d'un rang plus élevé, les fonctions qu'ils sont en mesure de remplir eux-mêmes. Depuis, la référence au principe de subsidiarité – qui vise à assurer une prise de décision la plus proche possible des personnes, l'échelon supérieur ne prenant en charge que les problèmes que l'échelon inférieur ne peut résoudre – est une constante dans l'enseignement de l'Église. humain, de l’expérience et de l’intelligence de l’homme. Alors que le libéralisme privilégie le capital par rapport au travail, l’Église renverse le raisonnement en affirmant que le capital naît du travail : le premier n’existe que par l’épargne et la créativité engendrées par le second. Le travail est peine et création. Il est à l’origine de toute richesse. Mais il permet aussi à l’homme de s’accomplir comme être social, de s’intégrer à la société. C’est pourquoi il revient à l’entreprise non seulement de faire du profit, mais aussi de réaliser une vocation d’intégration qui est en quelque sorte sa légitimation sociale. En raison de cette double finalité, tout acte économique, toute institution économique représente donc un choix moral : ce choix repose sur le principe très simple : Il y a un certain dû à l’homme parce qu’il est homme, dit l’encyclique de Jean Paul II Centesimus annus (1991), dans le droit fil d’une évolution de la pensée ecclésiale allant de Léon XIII à Paul VI. Ce dû, c’est le respect de l’homme pour ce qu’il est : digne (en particulier dans son travail) et responsable de ses actes, qui ont tous un contenu moral. En résumé, et pour reprendre la belle expression du théologien réformé Denis Müller : l’économie est précédée par un don, elle est orientée vers une promesse. Cette perspective, ajoute-t-il, implique le refus de la fatalité sur la perversité 9 des hommes ou sur les déterminismes des lois et du système économiques. L’acte économique est un choix, il implique une visée sur l’homme, il oriente le futur : voilà pourquoi l’Église se mêle d’économie, et même de politique, sans vouloir donner de recettes, mais très certainement en cherchant à tracer leur balisage éthique. Après quarante ans Populorum progressio est un texte écrit une dizaine d’années après la Conférence de Bandung (1955), qui a forgé l’expression et la conscience d’un tiers monde. Le terme, aujourd’hui, n’a plus cours. Non point que le développement ait atteint toutes les nations, loin s’en faut, mais depuis 1989, il n’existe plus de deuxième monde, régi selon la stricte doctrine marxiste. Conséquence logique, le tiers monde s’efface, mais non les réalités que le mot désignait. Du même coup, l’encyclique de 1967, malgré un environnement remodelé par la mondialisation, colle toujours à l’actualité. En janvier 1987, vingt ans après la publication de Populorum progressio, le Père Vincent Cosmao, dominicain, ancien compa- LES ENGAGEMENTS DU CCFD À LA LUMIÈRE DE POPULORUM PROGRESSIO Paul VI en appelle à une autorité mondiale en mesure d’agir efficacement sur le plan juridique et politique (cf. p. 8). Il aurait aimé une ONU plus musclée et moins asservie (cf. p. 10). Que ce soit à l’occasion du thème Paix comme, plus récemment, dans le cadre du thème Souveraineté alimentaire, un focus a été proposé sur la place et le rôle des mécanismes internationaux. L’acte économique est un choix ; il implique une visée sur l’homme, il oriente le futur : voilà pourquoi l’Église se mêle d’économie, et même de politique, sans vouloir donner de recettes, mais très certainement en cherchant à tracer leur balisage éthique (cf. p. 10). D’une campagne à l’autre… Contre la dette des pays pauvres ; Jubilé 2000 ; L’Europe plume l’Afrique ; Assez de paroles, des actes ! ; Le soja contre la vie ; État d’urgence planétaire… autant de propositions offertes pour acter que l’opinion publique est scandalisée par certaines situations… et qu’elle est prête à soutenir des évolutions et de nouvelles attitudes. 10 gnon de Lebret et fondateur de la revue Foi et Développement, écrivait dans les colonnes de cette publication que l’une des clés de l’encyclique est incontestablement l’affirmation réitérée de la nécessité de la programmation ou de la planification pour la construction de la société mondiale. Autrement dit, Paul VI et ses inspirateurs (surtout Louis Lebret et François Perroux) avaient compris que l’organisation de l’interdépendance devait passer par la promotion et le respect des nations les moins favorisées. Certes, le débat sur le nouvel ordre économique mondial, auquel Lebret avait apporté sa caution, s’est enlisé. Mais la collaboration internationale à vocation mondiale, envisagée par Paul VI, est désormais ancrée dans l’histoire. L’ordre juridique universellement reconnu auquel il pensait et voyait dans une ONU à la fois plus musclée et moins asservie à la volonté des grandes puissances n’est pas encore l’institution efficace souhaitable. La politique est devenue secondaire, derrière les poids lourds de l’ordre économique. Néanmoins, l’intuition demeure. La mondialisation, pour s’humaniser, a besoin de structures référées aux valeurs éthiques. Nous espérons, écrivait Paul VI, que les organisations multilatérales et internationales trouveront, par une réorganisation nécessaire, les voies qui permettront aux peuples encore sous-développés (…) de découvrir eux-mêmes, dans la fidélité à leur génie propre, les moyens de leur progrès social et humain. L’espoir de Paul VI est devenu l’espérance des peuples. Tous, sans exception. Une mesure conforme à la mondialité du problème. Et compatible avec l’expérience universelle. Aucun marché équitable, aucune pratique de la justice sociale, ne sont possibles sans régulation. Trade, no aid !, commençait-on à dire à la fin des années soixante. Le slogan est plus vrai que jamais. La mondialisation, nouveau nom du développement ? Humanité assiégée, modernité régressive, figures anciennes de la barbarie se faufilant au milieu des fracas modernistes… Si la pensée moderne tire aujourd’hui sur l’humanité de l’homme, c’est à balles réelles… Ces propos, on s’en doute, ne sont pas tirés de l’encyclique de Paul VI mais d’un ouvrage de Jean-Claude Guillebaud*, Le Principe d’humanité (Seuil), un vibrant plaidoyer pour que l’humanité ne sombre pas dans le désenchantement systématique. La mondialisation n’est pas le nouveau nom du diable. La mondialisation, au fond, ne véhicule ni sentiments ni dogmes moraux ; elle n’a point de maître à penser ni d’Écriture sainte ; elle s’invente, elle se découvre, elle accomplit l’un des vœux les plus chers de l’homme : pouvoir investir, sans limite de temps et d’espace, sur l’instant, un autre point du globe. Elle peut réunir l’humanité, et dans ce sens, c’est une chance. Elle peut tomber entre les mains d’une poignée de démiurges sans foi ni loi. Sans la solidarité et la régula- tion des institutions politiques et morales, la mondialisation devient une machine à broyer les libertés, à standardiser les cultures, un véritable danger pour la démocratie. Dans cette double hypothèse, elle représente un enjeu majeur, dont le modèle de résolution n’existe encore nulle part mais dont des documents comme Populorum progressio peuvent inspirer les solutions. La mondialisation peut être « le nouveau nom du développement ». Mais si elle n’est pas le développement de tout homme et de tout l’homme, elle ne sera qu’une nouvelle technique d’asservissement et viendra s’ajouter aux malheurs, si vastes, qui ont humilié le XXe siècle. N’est-ce pas lui qui a inventé les guerres « mondiales » ? La mondialisation est une vision de l’économie, une conception de la société, un projet sur l’homme. La mondialisation représente donc un enjeu éthique (l’économie ne peut pas faire n’importe quoi), un défi de société (où va la modernité ? Vers quel type de relations sociales, politiques, culturelles), une représentation de la personne humaine (dans la fusion, la mobilité, la productivité, que reste-t-il de ce noyau irréductible qu’est la personne ?). FOCUS Une unité factice La mondialisation se présente donc comme un processus d'universalisation des échanges entre biens, entre valeurs, entre personnes. On peut dire que la mondialisation, c'est le dépassement du local et la transgression des frontières. La mondialisation vise l’avènement du village Ici et Là-bas Photo CCFD / C. Marchal l’interdépendance des peuples La mondialisation entraîne une interdépendance croissante des peuples qui forment une seule humanité (nous avons tous été créés à l’image de Dieu) et qui nécessite une action globale. Pour changer les choses Là-bas il faut commencer par changer les choses ici : c’est le sens de l’Éducation au développement à laquelle travaille le CCFD en France. Aujourd’hui, le fait majeur dont chacun doit prendre conscience est que la question sociale est devenue mondiale. (…) Cet enseignement est grave et son application urgente. Les peuples de la faim interpellent aujourd’hui de façon dramatique les peuples de l’opulence. L’Église tréssaille devant ce cri d’angoisse et appelle chacun à répondre avec amour à l’appel de son frère. (PP N° 3) Nous sommes solidairement responsables : La situation présente du monde exige une action d’ensemble. (PP N° 13) global. Ce qui est en jeu dans ce processus, c'est l'ouverture croissante à une dimension universelle et c'est aussi la constitution d'une certaine unité de l'humanité. Quand ont dit : unité de l'humanité, il s’agit de bien discerner. Cette unité peut être celle qui existe dans le rapport maître/esclave – car il s'agit bien là d'un rapport d'unité – mais ce peut être aussi une unité scellée dans un rapport d'égalité, tel celui du frère au frère. Bref, l’enjeu de la mondialisation est de créer soit une unité de domination, soit une unité de solidarité. Cet enjeu est mis en exergue dans un très vieux texte biblique : le mythe de la Tour de Babel. Le récit commence de façon extrêmement intéressante si on le lit en s'interrogeant sur la mondialisation. Il débute ainsi : « La terre entière se servait de la même langue et des mêmes mots. » Lorsqu'on lit le récit, on s'aperçoit que l'unité recherchée est fondée sur la puissance et la démesure et que c'est ce type d'unité-là qui engendre une situation de non-communication. On peut voir dans ce récit symbolique la mise à nu d'un processus qui parcourt aussi, de nos jours, le mouvement de la mondialisation et qui indique la route à ne pas suivre. La mondialisation produit des replis identitaires, réaction inévitable à l’unité totalitaire. La globalisation des marchés financiers est la réplique concrète du mythe de Babel. Elle bâtit une unité factice, sans fondement dans la société, ou au détriment des bâtisseurs. Elle devient alors une source de conflits d’une extrême violence. Paul VI, on l’a vu, s’est bien gardé de parler d’une gouvernance mondiale. Ce qu’il souhaite est une instance de concertation et de régulation, qui respecte les diversités culturelles et les indépendances politiques. Passion pour Dieu et engagement pour l’homme La mondialisation nous pousse à interroger la Bible sur une autre question qui est celle de la puissance et du pouvoir. La mondialisation renvoie à une accumulation fabuleuse de pouvoirs économiques, accumulation placée entre les mains d'acteurs relativement limités, même si on a de la peine à les repérer et qui peuvent à eux seuls semer la perturbation à l'intérieur de l'économie mondiale, et des acteurs, qui, – c'est là sans doute le point le plus grave – échappent à tout contrôle démocratique. Nous nous trouvons devant une concentration de pouvoirs de décision, concentration qui va de pair avec une inégalité croissante et une non-participation de l'ensemble des citoyens du monde. Une telle situation produit des victimes dont le signe le plus évident est celui de la pauvreté mondiale. Ce sont des victimes de la puissance et du pouvoir. Ce qui est en jeu, ce n'est pas seulement la question de la richesse, mais c'est la question du pouvoir. Les deux ne sont pas réductibles l'une à l'autre, même si elles s'entrecroisent. 11 FOCUS Sur la question des victimes du pouvoir, l'Évangile a de quoi dire. Dieu en Jésus s'est identifié aux victimes. Il ne s'est pas identifié aux puissants, ni même aux gens qui réussissent, mais Il a fini lamentablement sur la croix, expulsé et exclu de la société humaine au terme d'un procès injuste. Ce que la foi nous dit en lui, c'est que celui qui a été expulsé et banni de l'histoire humaine est celui qui est ressuscité. Il est très important de bien spécifier la résurrection : ce n'est pas la résurrection de n'importe quel homme, d'un homme en général, c'est la résurrection d'un homme qui a été expulsé et banni : c'est sous cet angle-là que la résurrection prend sens et donne de l’espérance. Le partenariat Photo CCFD / J. Gousseland Considérer l’autre comme mon égal Pour soutenir efficacement les populations du Sud, il ne faut pas les assister mais leur donner les moyens de s’aider eux-mêmes. Or, pour cela il faut d’abord les reconnaître égaux, comme capable de conduire eux-mêmes leur destin. Et l'homme n'est vraiment homme que dans la mesure où, maître de ses actions et juge de leur valeur, il est lui-même auteur de son progrès, en conformité avec la nature que lui a donnée son Créateur et dont il assume librement les possibilités et les exigences. (PP N° 34) Car c'est là qu'il faut en venir. La solidarité mondiale, toujours plus efficiente, doit permettre à tous les peuples de devenir eux-mêmes les artisans de leur destin. Le passé a été trop souvent marqué par des rapports de force entre nations : vienne le jour où les relations internationales seront marquées au coin du respect mutuel et de l'amitié, de l'interdépendance dans la collaboration, et de la promotion commune sous la responsabilité de chacun. Les peuples plus jeunes ou plus faibles demandent leur part active dans la construction d'un monde meilleur, plus respectueux des droits et de la vocation de chacun. Cet appel est légitime : à chacun de l'entendre et d'y répondre ». (PP N° 65) 12 L’encyclique de la Résurrection Quand Jésus annonce le sens de son ministère (Lc 4, 16-21), il énumère un ensemble de signes qui touchent le corps de l'homme, pas seulement son âme et son esprit. Ce sont des signes qui consistent à remettre des gens debout ou en situation meilleure : faire marcher celui qui boite, guérir celui qui est lépreux, visiter celui qui est prisonnier. C'est à la fois le monde des corps et des relations. Jésus se fait aussi reconnaître par de tels signes lorsque le Baptiste envoie ses disciples pour savoir s’il est celui qui doit venir. Ce sont les signes de proximité du Royaume de Dieu. Populorum progressio a été appelée par François Perroux l’encyclique de la Résurrection. Et cela, sans doute, en raison de la date de sa parution. Mais plus encore en vertu de sa visée profonde. Elle met en perspective l’avenir des hommes. Face au désarroi démoralisant ou face à la force fanatisée, deux tentations auxquelles nous sommes confrontés en permanence, Paul VI envisageait une mutation pacifique et raisonnable, la société solidaire. Dira-t-on qu’il s’est lourdement trompé ? Certes, l’Histoire n’a jamais été un long fleuve tranquille. Il faut pourtant se rallier à la conviction d’un Vaclav Havel, l’un des grands humanistes de notre époque : Il faut de longues années avant que les valeurs s’appuyant sur la vérité et l’authenticité morales s’imposent et l’emportent sur le cynisme : mais, à la fin, elles sortent victorieuses, toujours. ■ Pour échanger et partager ses réflexions autour de Populorum progressio, voir animation p.19 Qui sont-ils ? René Coste Né en 1922, prêtre de Saint-Sulpice, est professeur honoraire à la faculté de théologie de l'Institut catholique de Toulouse, ancien président de Pax Christi-France et ancien consulteur du Conseil pontifical Justice et Paix et du Conseil pontifical pour le dialogue avec les non-croyants. Henri de Lubac 1896-1991, théologien catholique et prélat français, auteur notamment de Drame de l’humanisme athée paru en 1944. Jean-Claude Guillebaud Né en 1944, écrivain essayiste et journaliste français auteur notamment de Principe d’humanité paru en 2001. Václav Havel Né en 1936 à Prague, écrivain et homme politique tchèque. Président de la République tchèque de 1990 à 2003. Louis-Joseph Lebret 1887-1966, Dominicain, théologien et économiste, il participa de façon substantielle à la rédaction de Populorum progressio. Jacques Maritain 1882-1973, philosophe français converti au catholicisme, auteur notamment de Humanisme intégral paru en 1936. François Perroux 1903- 1987, économiste français. Photo Godong / Michel Gounot De Populorum Progressio à Deus caritas est D’UNE ENCYCLIQUE À L’AUTRE Par François Boëdec, jésuite, rédacteur en chef de Croire Aujourd’hui L’ année 2007 marque le quarantième anniversaire de l’encyclique Populorum progressio (Le développement des peuples). C’est l’occasion de relire ce texte très riche qui a marqué le discours social de l’Église. Cette relecture ne peut faire abstraction de la manière dont l’Église conçoit et formule aujourd’hui sa tâche. À cet égard, il est intéressant de mettre en rapport Populorum progressio avec Deus caritas est, la première encyclique de Benoît XVI (25 janvier 2006). S’il s’agit de deux encycliques qui, chacune à leur manière, touchent aux questions sociales, le style et la visée sont différents. L’usage des termes est intéressant à observer : dans Populorum progressio, il n’est guère question de charité, c’est le mot développement qui s’impose. À l’inverse, dans Deus caritas est, on voit la charité revenir en force. Loin de s’opposer, ces deux textes témoignent de contextes mais aussi d’approches bien différentes. À la différence de Populorum progressio, Deus caritas est se veut moins une analyse de la situation politique et sociale du monde qui interpelle le chrétien, qu’une méditation spirituelle sur l’amour de Dieu qui conduit l’homme à en vivre. Les cris du monde C’est à Paul VI et à son encyclique Populorum progressio que le discours social de l’Église doit son ouverture à une véritable dimension planétaire, bien avant qu’il soit question de mondialisation. Ce texte fort, nouveau, vraiment catholique au sens étymologique du terme, est signé en la fête de Pâques du 26 mars 1967. À juste titre, les lecteurs ont retenu de ce texte une perspective de générosité à la fois universelle et singulière puisqu’il s’agit de s’occuper de tout l’homme et de tous les hommes. Paul VI part d’une analyse de la situation politique internationale. À cette époque-là, la question du tiers monde est devenue centrale. 13 L’entrée des pays décolonisés à l’ONU bouleverse l’ordre traditionnel. Le débat mondial, jusque-là essentiellement préoccupé par l’antagonisme Est-Ouest, se concentre sur le nécessaire établissement d’un dialogue Nord-Sud avant que la cassure ne soit irréparable. Pour Paul VI, le développement est le nouveau nom de la paix et la question sociale est devenue mondiale. Il ne s’agit plus de s’adresser aux seuls peuples catholiques mais à l’humanité tout entière, aux riches comme aux pauvres : Le monde est malade. Son mal réside moins dans la stérilisation des ressources ou leur accaparement par quelquesuns que dans le manque de fraternité entre les hommes et entre les peuples. Des changements sont nécessaires, des réformes profondes, indispensables. À relire l’encyclique aujourd’hui, on mesure le souffle qui l’anime, son caractère universel, la variété de ses destinataires : catholiques, chrétiens, croyants non chrétiens, hommes de bonne volonté, experts, responsables économiques, sociaux et politiques, etc. Bien sûr, les laïcs chrétiens, que le concile Vatican II vient de reconnaître comme des partenaires essentiels dans l’Église, sont les premiers destinataires de l’appel, eux qui doivent s’employer résolument à insuffler l’esprit évangélique. On retrouve, près de 40 ans après, le même souci de l’Église pour le monde. Mais avec des insistances bien différentes. charité n’est pas la justice. Cette dernière concerne l’ordre politique. La foi peut aider à former cette justice, mais cela ne dispense pas l’Église d’un service d’amour, nécessaire à l’homme. À la différence de Populorum progressio qui mettait en avant l’action sur les structures, Deus caritas est insiste davantage sur le don et l’engagement personnel. Le pape entend préciser ainsi le « profil » des acteurs du caritatif. Les organisations chrétiennes doivent collaborer avec les autres. À condition de ne pas oublier la spécificité catholique, sans chercher à imposer aux autres la foi de l’Église. L’action caritative de l’Église ne doit pas se diluer dans une réorganisation commune d’assistance, en devenant une simple variante. Le professionnalisme ne suffit pas : il doit y avoir une formation du cœur : L’action concrète demeure insuffisante si en elle, l’amour pour l’homme n’est pas perceptible, un amour qui se nourrit de la rencontre avec le Christ. La lecture de ces deux superbes textes montre bien que l’Église et le monde ont changé. Mais une mise en perspective peut nous aider à rendre bien vivante la tension inhérente à l’identité chrétienne quelles que soient les époques : une foi qui ne s’engage pas n’est pas une foi vivante, mais pour que cet engagement ne s’épuise pas et porte un fruit qui rend témoignage, il doit sans cesse se ressourcer au cœur de l’amour. ■ Indispensable charité Dieu est amour. L’affirmation centrale de la première encyclique de Benoît XVI tient dans ses premiers mots qui rappellent que tout amour vient de Dieu et appelle à une charité renouvelée. Le texte comprend deux parties différentes, l’une théologique, l’autre pastorale. La première est consacrée à définir l’amour comme don de Dieu. On y voit une belle réhabilitation de l’amour humain, partie intégrante de l’amour de Dieu. La seconde s’attache à la portée pratique de ce commandement de l’amour : la charité envers autrui. En effet, l’agape ne peut rester individuelle. L’amour du prochain doit devenir aussi un acte essentiel de l’Église comme communauté. Toute la seconde partie de l’encyclique veut donc encourager les chrétiens à mettre en œuvre la Charité, en fixant une sorte de cadre de l’action caritative de l’Église. Cette partie se présente donc comme le volet pratique de la première, même si – à la différence de Populorum progressio – on n’y trouve ni réflexion prospective ni vision stratégique sur les domaines où exercer la charité. À partir de l’expérience de l’Église primitive, Benoît XVI fait valoir que le service de la charité fait partie de l’essence même de l’Église. Cet engagement dépasse les frontières ecclésiales pour exprimer l’universalité de l’amour. Mais pour Benoît XVI, il convient de rappeler que la 14 Pour aller plus loin, Croire Aujourd’hui Tous les quinze jours, Croire Aujourd’hui, la revue de réflexion chrétienne, est un compagnon de route précieux pour vivre sa foi dans le monde d’aujourd’hui de manière enracinée, ouverte et engagée. Comment peut-on croire aujourd’hui ? Comment redire à frais nouveaux les mots de la foi ? Que faire comme chrétien face à telle situation personnelle, familiale, professionnelle, sociale, politique, ecclésiale… ? À travers un dossier central et des rubriques variées et en partant toujours de la vie des gens et la réalité du monde, la revue veut proposer des repères pour croire, comprendre et vivre sa foi. Croire Aujourd’hui, la foi dans la vie [email protected] En vente en librairie religieuse ou 3-5, rue Bayard – 75393 Paris cedex 08 Abonnement : 0825 825 831 (0,15 euro/mn) Retrouvez le témoignage d’un partenaire du CCFD dans l’un des numéros du mois de mars 2007 de Croire aujourd’hui. L’ESPRIT DE POPULORUM PROGRESSIO DANS LES INITIATIVES DE NOS PARTENAIRES Photos CAM Populorum progressio n’est pas nécessairement connue par nos partenaires mais beaucoup de projets soutenus par le CCFD répondent parfaitement au texte de Paul VI. Nous vous présentons ici deux projets en lien avec les thèmes abordés par le CCFD – la souveraineté alimentaire et les droits économiques, sociaux et culturels des populations rom – dans lesquels nous pouvons retrouver certaines idées fortes de l’encyclique. Mexique Centro de estudios sociales y culturales Antonio de Montesinos (CAM) T raduire la foi en vie : l’accompagnement pastoral et théologique offert par le Centre Antonio Montesinos (Mexique) a évolué vers une approche de développement humain intégral qui inclut les dimensions sociale, économique et politique. Le Centre Antonio de Montesinos, du nom du religieux dominicain qui défendait la dignité des populations indigènes lors de la colonisation espagnole en Amérique, est une association civile fondée en 1979 réunissant des chrétiens engagés dans la construction d'une société juste, solidaire et démocratique. Il est à la fois un centre de réflexion théologique et une organisation non gouvernementale d'appui à des processus de développement intégral et de participation citoyenne. Son objectif est de renforcer le processus d'organisation des femmes et des paysans à travers des formations et de l’accompagnement à des actions de développement social. Ces actions sont mises en œuvre dans des zones rurales des États d’Oaxaca et de Veracruz et ont pour objectif la génération de revenus, l’agriculture biologique et la santé. Son origine est liée au travail entrepris par de nombreux chrétiens qui, voulant vivre leur foi, ont cherché à animer et à accompagner des communautés ecclésiales de base. C’est à partir de son offre de formation théologique et pastorale à des chrétiens engagés au plus près des réalités de pauvreté et d’exclusion frappant les États du Sud du Mexique, que le Centre Antonio Montesinos a senti la nécessité de faire évoluer son travail. Au côté des demandes de formation sur les sacrements, sur la Bible, sur l’Église, les communautés accompagnées par le CAM ont 15 FOCUS sollicité ses membres pour chercher à traduire dans les faits quotidiens les promesses évangéliques d’une vie en plénitude – et vécues comme une espérance. Ainsi, des communautés d’Oaxaca et de Veracruz ont fait chemin ensemble avec le CAM pour dessiner les contours de ce qu’on appelle une Pastorale intégrale. Un travail d’éveil et d’accompagnement de la foi qui inclut les dimensions politique, personnelle, sociale, environnementale, culturelle et économique. Les chrétiens et chrétiennes accompagnés par le CAM, sujets de cette Pastorale intégrale, se sont en fait interrogés sur comment rendre réelle la nouvelle vie à laquelle le Christ invite toutes les personnes. Une réponse concrète qui correspond parfaitement à l’appel de Populorum progressio. Ainsi est né un travail spécifique qui vise la création d’activités économiques. Cela a requis de la part du CAM l’acquisition et l’appropriation de savoirs techniques, dans les domaines du développement, de l’agro-écologie, de la santé communautaire, de la médecine traditionnelle et préventive, etc. L’expression la plus réussie de ce travail du CAM est le réseau de femmes « gestionnaires du développement » dans la municipalité de Catemaco (État de Veracruz). L’organisation et la formation de groupes de femmes, en leur majorité originaires des communautés ecclésiales de base et soucieuses de mettre en cohérence leur foi et leur vie, répondent à un triple défi (dont le diagnostic revient aux femmes elles-mêmes) : la violence à leur égard, l’absence de revenus et la santé. Malgré toute la résistance culturelle à ce qu’elles s’organisent (résistance de la part des hommes, mais aussi de la part de certaines femmes), leur travail permet peu à peu de voir naître des vrais changements culturels. Le CAM les a formées et accompagnées dans la création de cultures de maraîchage. Cette activité a permis de faire des économies et d’améliorer la qualité de vie : tout d’abord par l’adoption d’habitudes alimentaires plus équilibrées. Par ailleurs, n’ayant plus à acheter leurs légumes au marché, les femmes ont pu ainsi mieux administrer les ressources familiales et les réorienter vers le lancement d’autres activités économiques : petits élevages (poules, cochons, lapins). Les témoignages des femmes qui sont rentrées dans cette démarche sont porteurs d’espérance et signes des changements possibles : Le travail de formation du groupe de femmes “gestionnaires du développement“, impulsé par le CAM, nous a permis de nous libérer. Quoique certaines d’entre nous ne sachent pas encore lire ni écrire, nous savons que nous avons des droits. On nous avait amenées à croire que l’école pour les femmes s’arrêtait à 12 ans. Aujourd’hui, nous n’avons pas honte de sortir de la maison. Nous apprenons dans ce processus à être plus solidaires les unes avec les autres et à prendre soin de notre communauté. ■ L’esprit de Populorum progressio dans le choix des projets soutenus par le CCFD Photo CAM L’action de ces femmes et de CAM correspond à l’appel de Populorum progressio à différents niveaux : 16 – Pour une vision globale de l’homme et de l’humanité. Mais désormais, les initiatives locales et individuelles ne suffisent plus. La situation présente du monde exige une action d'ensemble à partir d'une claire vision de tous les aspects économiques, sociaux, culturels et spirituels. Experte en humanité, l'Église, sans prétendre aucunement s'immiscer dans la politique des États, ne vise qu'un seul but : continuer, sous l'impulsion de l'Esprit consolateur l'œuvre même du Christ venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité, pour sauver, non pour condamner, pour servir, non pour être servi (PP N° 12). Fondée pour instaurer dès ici-bas le royaume des cieux et non pour conquérir un pouvoir terrestre, elle affirme clairement que les deux domaines sont distincts, comme sont souverains les deux pouvoirs ecclésiastique et civil, chacun dans son ordre (PP N° 13). Mais, vivant dans l'histoire, elle doit scruter les signes des temps et les interpréter à la lumière de l'Évangile (PP N° 14). Communiant aux meilleures aspirations des hommes et souffrant de les voir insatisfaites, elle désire les aider à atteindre leur plein épanouissement, et c'est pourquoi elle leur propose ce qu'elle possède en propre : une vision globale de l'homme et de l'humanité. (§ 13) – Pour la destination universelle des biens. “Emplissez la terre et soumettez-la“ (Gen,1,28) : la Bible, dès sa première page, nous enseigne que la Création entière est pour l'homme, à charge pour lui d'appliquer son effort intelligent à la mettre en valeur, et, par son travail, la parachever pour ainsi dire à son service. Si la terre est faite pour fournir à chacun les moyens de sa subsistance et les instruments de son progrès, tout homme a donc le droit d'y trouver ce qui lui est nécessaire. Le récent concile l'a rappelé : Dieu a destiné la terre et tout ce qu'elle contient à l'usage de tous les hommes et de tous les peuples, en sorte que les biens de la Création doivent équitablement affluer entre les mains de tous, selon la règle de la justice, inséparable de la charité (Gaudium et Spes N° 69, § 1). Tous les autres droits, quels qu'ils soient, y compris ceux de propriété et de libre commerce, y sont subordonnés : ils n'en doivent donc pas entraver, mais bien au contraire faciliter la réalisation, et c'est un devoir social grave et urgent de les ramener à leur finalité première. (§ 22) Photo CCFD / J.-M. Delage Enfants Tsiganes Association d’aide à la scolarisation des enfants tsiganes (ASET) de la Manche C réée en 2005, cette association est membre de l’ASET nationale créée en 1969. Elle se compose de onze membres et d’un enseignant bénévole. Elle a pour but, selon ses statuts, l’aide à la scolarisation des enfants tsiganes et autres jeunes en difficultés par la réalisation et le soutien d’initiatives juridiques, socio-éducatives ou culturelles. À quelles difficultés l’ASET veut-elle répondre ? La scolarisation des enfants dont les parents se déplacent en voiture hippomobile à travers la Normandie pose de nombreuses difficultés. Matérielles tout d’abord. Les populations nomades changent de lieu de vie fréquemment à cause de la législation* ou par nécessité – pour trouver du travail par exemple. Il est donc difficile pour des enfants d’aller à l’école des communes où leurs familles stationnent. En effet, comment s’insérer dans un établissement quand on n’y reste que quelques jours ? Comment l’école, de son côté, peut-elle faire face à l’arrivée d’un groupe d’enfants (10-15 parfois !) d’âges différents et n’ayant suivi aucun parcours ? Une maman de huit enfants parle de quelques expériences de scolarisation : Les enfants sont séparés… Il faudrait qu’ils soient ensembles, frères et sœurs… On met les grands au collège alors qu’ils ne sont jamais allés à l’école… Certains maires refusent les enfants du voyage… d’autres écoles autorisent deux jours… Culturelles ensuite. Souvent sur les routes, ces enfants sont habitués à vivre au grand air et peuvent difficilement rester enfermés dans un local. De par leur mode de vie, les enfants du voyage ont un rythme spécifique, des repères qui leur sont propres. On peut résumer les choses ainsi : les structures de scolarisation ne sont pas adaptées aux enfants tsiganes qui, culturellement, ne peuvent se plier au mode de vie des sédentaires. Dès lors, soit ces populations, désireuses de conserver leur culture, sont marginalisées et se paupérisent, soit des formes de scolarisation adéquates leur sont proposées. C’est l’objectif de l’ASET. Avec quels moyens ? Grâce à l’utilisation d’une antenne mobile (camion aménagé en salle de classe) l’ASET se rend sur les lieux de stationnement chaque mercredi et s’adresse aux enfants depuis l’âge de la maternelle jusqu’aux grands jeunes du collège. L’enseignant bénévole leur propose un rythme de travail et une pédagogie adaptés selon les âges et les niveaux. Selon quelle méthode ? L’ASET propose une « école de terrain », c'est-à-dire une école qui va sur le terrain culturel des populations tsiganes, respectueuse de leur mode de vie. En leur donnant accès au savoir, elle cherche à les ouvrir davantage sur le monde, sur d’autres mondes. Cette ouverture, loin de les marginaliser, serait une chance : elle leur donnerait l’occasion de communiquer leurs propres richesses, les aiderait à grandir et à faire grandir leur peuple. Ainsi ce qui est source de discrimination deviendrait source de développement et de reconnaissance. ■ * Selon les aires d'accueil, la durée de stationnement est limitée par la loi. 17 FOCUS L’esprit de Populorum progressio dans le choix des projets soutenu par le CCFD Populorum progressio n’a certes pas inspiré ce type d’initiative. On peut se demander quel lien peut exister entre l’encyclique de Paul VI et l’action de l’ASET(3). Pourtant à y regarder de plus près on constate que ce projet s’inscrit parfaitement dans l’esprit de ce texte d’Église. Photos CCFD / J. M. Delage Voyons cela ! Tout d’abord la démarche de l’ASET vise des populations marginalisées et laissées de côté par rapport au reste de la société dans laquelle elles s’inscrivent : mais chaque homme est membre de la société : il appartient à l'humanité toute entière. Ce n'est pas seulement tel ou tel homme, mais tous les hommes qui sont appelés à ce développement plénier. (PP N° 17) De plus, elle consiste à privilégier l’éducation et particulièrement l’alphabétisation, sans se limiter à des perspectives strictement économiques (PP N° 14). Et cette promotion de l’éducation vise avant tout l’insertion dans la société. 18 L'éducation de base est le premier objectif d'un plan de développement. La faim d'instruction n'est en effet pas moins déprimante que la faim d'aliments : un analphabète est un esprit sous-alimenté. Savoir lire et écrire, acquérir une formation professionnelle, c'est reprendre confiance en soi et découvrir que l'on peut progresser avec les autres. Comme nous le disions dans notre message au Congrès de I'Unesco, en 1965, à Téhéran, l'alphabétisation est pour l'homme un facteur primordial d'intégration sociale aussi bien que d'enrichissement personnel, pour la société un instrument privilégié de progrès économique et de développement. (PP N° 35) Enfin, la structure d’enseignement proposée aux enfants tsiganes leur est adaptée tant d’un point de vue matériel que d’un point de vue culturel. Ainsi les membres de l’ASET proposent une école mobile susceptible de suivre la communauté dans ses déplacements, sans l’obliger à se sédentariser. Mais elle va plus loin, elle veut permettre aux populations concernées de faire de leur richesse culturelle un facteur d’intégration et d’ouverture sur le monde. Riche ou pauvre, chaque pays (ou population) possède une civilisation reçue des ancêtres : institutions exigées pour la vie terrestre et manifestations supérieures – artistiques, intellectuelles et religieuses – L’école du voyage de la vie de l'esprit. Lorsque celles-ci possèdent de vraies valeurs humaines, il y aurait grave erreur à les sacrifier à celles-là. Un peuple qui y consentirait perdrait par là le meilleur de lui-même. Il sacrifierait, pour vivre, ses raisons de vivre. L'enseignement du Christ vaut aussi pour les peuples : que servirait à l'homme de gagner l'univers, s'il vient à perdre son âme ? (PP N° 40) C’est donc un mode de développement pluridimensionnel, respectueux des différences que porte l’Association d’aide à la scolarisation des enfants tsiganes. Il s’inscrit parfaitement dans l’idéal de Populorum progressio résumé dans cette simple phrase : La solidarité mondiale, toujours plus efficiente, doit permettre à tous les peuples de devenir eux-mêmes les artisans de leur destin. (PP N° 65) Animer une réflexion sur Populorum progressio Si le développement est le nouveau nom de la paix, qui ne voudrait y œuvrer de toutes ses forces ? Nous vous convions à répondre à notre cri d’angoisse, au nom du Seigneur. Paul VI C’est ainsi que se conclut l’encyclique Populorum progressio. Et tandis qu'en France, le CCFD fait sien cet appel ainsi que les convictions relayées, dans les années 1960, par les papes Jean XXIII et Paul VI, d’autres Agences catholiques européennes et nord-américaines se mobilisent aussi pour le développement et la solidarité. Au point d’imaginer créer entre elles une instance de coordination. Durant le concile Vatican II, l'idée fait son chemin et, en septembre 1967, la Cidse(1) est créée dans le but de prôner la solidarité internationale et de réaliser une aide plus efficace dans le Sud. En 2007, plusieurs Agences de la Cidse dont Cafod en Angleterre, Cordaid aux Pays bas, Entraide et fraternité en Belgique, Fastenopfer en Suisse, Sciaf en Écosse et Trocaire en Irlande feront référence au quarantième anniversaire de Populorum progressio. Faire mémoire d’un texte de 1967 n’est pas régresser quand c'est pour se projeter dans l’avenir à la relecture de l’histoire(2). Les textes du magistère nous le rappellent en s’interpellant ou se complétant souvent les uns les autres et c’est en se référant à l’enseignement de l’Église en matière sociale que les quinze organisations membres de la Cidse développent leur mise en commun(3). Souvenez-vous aussi de la campagne commune de 2005, à l’occasion de l'Action mondiale contre la pauvreté (voir l'encart central de la Plaquette de carême 2006). (1) Coordonnées : Cidse, 16, rue Stevin - Bruxelles. www.cidse.org (2) Octobre 2007, la Cidse organisera un colloque pour marquer son 40e anniversaire ainsi que la référence au document de Paul VI. (3) Domaines de travail de la Cidse : – Plaidoyer : Commerce et sécurité alimentaire ; ressources allouées au développement ; gouvernance mondiale ; politique de développement de l’UE ; sécurité et développement. – Programmes : Afrique ; Asie ; Amérique latine ; paix et conflits ; Droits de l’homme ; Cofinancement. – Éducation au développement Démarche d'appropriation personnelle et collective de l’encyclique(1), à partir du texte d’Albert Longchamp. (Voir p. 7) Première proposition 1 – Lecture personnelle (durée : environ 40 mn) Vous pouvez commencer cette démarche par une lecture personnelle en utilisant une grille de questions. Par exemple : A – Qu'est-ce que je ne comprends pas dans ce texte, qui me pose problème, qui mériterait un éclaircissement ? B – Quel type de mondialisation cette encyclique invite-t-elle à construire ? C – En quoi cela vient interroger ou conforter l'action du CCFD ? 2- Réflexion en groupe sur ces interrogations personnelles (durée : 1 h, en groupe de 4 à 5 personnes maximum) En petits groupes, les participants échangent sur leurs questionnements et sur les éléments incompris (question A). Ensuite, les participants reprennent les questions B et C (ces questions peuvent être adaptées aux participants). 3 – Mise en commun La mise en commun peut reprendre ce double questionnement : d’abord en exprimant les points d’incompréhensions qui subsistent, puis en présentant des éléments de débat. Vous pouvez finir cette animation soit par un débat entre les participants, soit par une intervention d’une personne qualifiée (prêtre ou laïc qui a travaillé cette encyclique). Cette intervention peut aussi se dérouler lors d’une rencontre suivante, par exemple en déléguant, dans l'intervalle, à un petit collectif, le soin de travailler sur l’encyclique. Deuxième proposition Pour proposer une réflexion sur Populorum progressio lors d’une soirée de Carême en paroisse, vous pouvez choisir des paragraphes courts que vous écrivez sur des quarts de feuille pour réaliser un jeu de huit à dix cartes. Par petits groupes, étaler les cartes pour que chacun puisse choisir le paragraphe qui lui paraît le plus pertinent. Le critère de choix varie selon votre public et les enjeux de votre soirée. Après une mise en commun, vous pouvez prendre l’exemple d’un projet CCFD ou faire intervenir une personne qualifiée, prêtre ou laïc, ayant travaillé cette encyclique. (1) On trouve l’encyclique Populorum progression sur internet : www.vatican.va 19 Photo S. Lehr Préparer 40 ANS, 40 JOURS L Pâques Par le Père Jacques Turck, aumônier général du CCFD e Carême 2007 pourrait se trouver enfoui sous de multiples sujets de préoccupation… au lendemain du VIIe Forum social mondial de Naïrobi (Kenya) et pris dans la tourmente médiatique des échéances électorales françaises. Au fil du temps… Pâques, c’est le carrefour entre l’histoire des hommes et le Salut en JésusChrist. En christianisme, les années, les jours, les heures et les minutes revêtent une importance cruciale. La liturgie nous le rappelle à longueur d’année (il y a même une liturgie pour les heures). Elle célèbre ce qui est advenu un troisième jour, le premier de la semaine, le jour de Pâques, quand Jésus, Fils de Dieu, ressuscita après avoir été mis à mort sous Ponce Pilate, alors gouverneur de Judée, Caïphe étant Grand prêtre cette annéelà… Autant d’indices qui confirment l’importance du temps dans notre foi chrétienne. Ce matin, peut-être, vous avez écrit une lettre ou signé un chèque. Vous y avez pratiqué un rite convenu qui est une liturgie d’inscription de notre histoire dans l’histoire de la révélation chrétienne. Cette « liturgie de la date » a mis en relation le temps profane et le temps religieux sans que personne n’y voie une transgression à l’égard de la laïcité… Si nous voulions nous y arrêter un instant, il y aurait là une source lumineuse pour éclairer nos journées. Relire le temps Quarante ans d’une encyclique dont le sujet principal était le « progrès des peuples » - écrite par l’Église se mêlant de la situation politique et économique des peuples en 1967 –, c’est l’occasion de redire combien temps profane et temps religieux sont imbriqués. Non pour les confondre, mais parce que l’Église est du 21 temps présent. Elle ne prétend pas regarder son héritage comme le trésor d’un passé révolu. Elle se saisit de sa mémoire comme d’une source puissante d’inspiration pour faire naître des formes et des styles d’incarnation de l’Évangile dans le développement des peuples d’aujourd’hui. Quarante ans d’une encyclique, cela rime bien avec les quarante années de traversée du désert vécue par quelques tribus du peuple d’Israël. Déjà il était question de la libération de l’esclavage, d’une terre promise à partager avec des étrangers. Déjà il était question d’eau et de source jaillie d’un rocher, de manne et de nourriture… Déjà il était question d’alliance entre les peuples et d’alliance avec Dieu. Quarante jours de préparation à la célébration de Pâques et voilà une nouvelle mémoire riche d’un enseignement nouveau où l’alliance avec Dieu vérifie son authenticité dans l’alliance avec les hommes… Si tu veux aimer Dieu, aime ton frère comme toi-même. Et nous voilà invités à résister à la chanson du monde qui vante le chacun pour soi des peuples riches. Invités à inventer Un jour, Jésus pose une question à ceux qui vivent dans l’opulence : Quel avantage l’homme a-t-il à gagner le monde entier, s’il se perd ou se ruine lui-même ? (Luc 9, 25). Deux petites paraboles couplées viennent illustrer sa réponse : celle du silo à grain (Luc 12, 16) et celle de la bataille à gagner (Lc 14, 31). Je vous invite à les relire avant d’embarquer dans la marche vers Pâques. Dans les deux cas, Jésus invite à faire preuve d’intelligence et de cœur. À quoi cela te sert-il d’amasser un trésor pour toi-même ? À quoi cela te sert-il de livrer bataille contre un autre si au bout du compte ton peuple se trouve décimé, réduit à l’esclavage, obligé d’accepter des conditions de vie insupportable ? Mieux vaut s’asseoir tout de suite à la table de négociation. Comprenons bien : Jésus ne dit pas Stoppez tout, c’est trop difficile. Il dit : Inventez, coopérez, créez les conditions pour oser la fraternité sans vous aliéner ce qui est essentiel : l’inscription dans le projet de Dieu de ce que nous voulons réussir pour l’humanité. Alors ensemble vous arriverez au terme de votre projet : les objectifs du millénaire, le développement comme nouveau nom de la paix… Là, au cœur de ce qui vous fait vivre, murmure le oui de Dieu à nos entreprises d’hommes et de femmes. Jésus renvoie chacun 22 à ce qui est le plus profond de son désir pour mener à bien ce qui le construit vraiment. Nous ne sommes pas ici dans l’ère de l’obligation ou de la prescription. Mais dans l’ère de l’inscription dans le temps de Dieu. Vivre humainement sa vie spirituelle De manière symbolique et exemplaire, les quarante jours de Jésus au désert le montrent comme un résistant à la chanson du monde pour accomplir sa mission. Les trois tentations qui illustrent ces quarante jours montrent comment il ne cherche pas à vivre le plus spirituellement possible sa vie humaine mais le plus humainement possible sa vie spirituelle. – Dans la troisième tentation, Jésus ne saute pas du pinacle du Temple. Il sait que s’il saute, il se tuera. Le Christ de notre foi n’a rien d’un oiseau ou d’un ange. Il refuse d’ignorer la réalité de sa condition humaine. Il accepte l’épreuve du temps pour réaliser la mission confiée par le Père et gagner le cœur des hommes. – Dans la première tentation, Jésus refuse de satisfaire son appétit pourtant aiguisé par les jours de jeûne. Il rappelle que l’homme ne travaille pas pour satisfaire ses appétits de consommation. Il ne vit pas que de pain et d’opulence… Il laisse place à l’écoute de la Parole de Dieu et inscrit son histoire dans une conversation constante avec le Père. – Enfin, Jésus refuse de s’allier à la toute puissance et à l’immédiateté : le meilleur des mondes, le tout et tout de suite, la violence qui en découle… Ce n’est pas de cette efficacité-là dont il rêve mais d’un développement qui passe de génération en génération par une lente gestation de toute la Création qui gémit dans les souffrances de l’enfantement. Voilà encore le temps retrouvé ! (Cf. Mt 4, 1 et suivants). Aujourd’hui encore comme au temps de la traversée du désert, les peuples vont de puits en oasis. Toute une spiritualité du nomadisme se développe en cette histoire où tant d’hommes et de femmes acceptent d’émigrer et de vivre désinstallés avec pour seule espérance l’inconnu du futur qui repose sur notre fraternité. En définitive, au cœur du temps, l’accroissement de la vie des autres ne se réalise que par le don de notre propre vie au bénéfice d’autres vies. Tel est le sens du sacrifice de Jésus en sa passion. Tel est le sens de l’unique commandement : Écoute Israël, si tu veux aimer Dieu de tout cœur et de toutes tes forces, aime les autres comme toi-même ! (Cf. Mc 12, 30). C’est de cette manière que Paul VI écrivait dans Populorum progressio : L’homme doit rencontrer l’homme, les nations doivent se rencontrer comme des frères et sœurs, comme des enfants de Dieu… C’est le chemin de l’avenir (§ 28). Il nous rappelle que le temps est aussi long que la grâce de Dieu… et que, dans ces quarante jours de préparation à Pâques, nous sommes invités à nous abandonner à la grâce du temps. Ne déterrons pas à chaque instant le grain semé pour voir s’il pousse. Que tu veilles ou que tu dormes, c’est Dieu qui donne la croissance. ■ Pèlerin s'associe à la Campagne de Carême menée par le CCFD. À quelques semaines d'échéances électorales déterminantes (l'élection d'un nouveau président puis des députés), le CCFD invite les chrétiens à s'engager davantage pour bâtir un monde plus juste. En 2007 plus encore que d'habitude, le Carême sera donc un temps essentiel de jeûne, de prière, de rencontre, de partage, de gestes d'espérance... Pèlerin publie une enquête sur ces chrétiens qui revisitent le sens du Carême. Vous pourrez trouver ce numéro, le 22 février 2007 chez votre marchand de journaux. PRIÈRES Un peuple de toutes les nations Envoie-nous des fous Photo Godong / M. Gounot Qui s’engagent à fond, Qui aiment autrement qu’en paroles, Qui se donnent pour de vrai et jusqu’au bout. Il nous faut des fous, Des déraisonnables, Des passionnés, Capables de sauter dans l’insécurité : L’inconnu toujours plus béant de la pauvreté. Il nous faut des fous du présent, Épris de vie simple, amants de la paix, Purs de compromission, décidés à ne jamais trahir, Méprisant leur propre vie, Capables d’accepter n’importe quelle tâche, De partir n’importe où : À la fois libres et obéissants, Spontanés et tenaces, Doux et forts. Ô Dieu envoie-nous des fous. LOUIS-JOSEPH LEBRET, « Appels au Seigneur », Éditions ouvrières/Éditions de l’Atelier, 1955 (1ère édition), 1967 (2e édition). Photo CCFD Ô Dieu, envoie-nous des fous, Accueil des partenaires du CCFD, campagne de Carême 2003 Vois, Jésus, les peuples des vertes forêts, peuples aux mains d’ébène. Dans tes mains, le manioc et le mil leur donneront faim d’être peuple de frères. Vois, Jésus, les peuples de l’Océan bleu, peuples parsemés. Dans tes mains, le poisson partagé sera communion pour les îles dispersées. Vois, Jésus, les peuples couleur de leurs temples d’or. Dans tes mains, le riz deviendra nourriture de vie pour les multitudes. Vois, Jésus, les peuples aux mains brunes et ces épis de maïs. Dans tes mains, ils deviendront aliment du grand respect du pauvre. Vois, Jésus, les peuples des grandes plaines de blé et leurs richesses engrangées. Dans tes mains, le pain consacré se transformera en pain partagé avec l’étranger. Alors, nous, peuples d’Afrique et d’Océanie, d’Asie, d’Europe et d’Amériques, nous serons chair de ta chair et sang de ton sang ! Dans Prier n° 275, octobre 2005 et site internet des Missionnaires de la Consolata (IMC) du Québec. 23 Vivre le Carême comme un chemin d’espérance Fiches liturgiques réalisées en collaboration avec des membres des Délégations diocésaines CCFD d’Amiens, des Ardennes, de Lille, d’Arras et de Cambrai et la contribution du Centre national de pastorale liturgique. D ans les pages qui suivent nous vous faisons quelques propositions pour l’animation liturgique du Carême (Année C). Il s’agit de propositions qu’il convient d’adapter localement à la dynamique choisie pour vivre et célébrer le temps du carême en paroisse. Pour relier entre elles les différentes célébrations qui nous conduisent à Pâques (voir encadré « Du mercredi des Cendres… à la Résurrection ! »), nous vous proposons également un visuel évolutif centré sur la croix. Voici, en quelques mots, l’explication du cheminement. DU MERCREDI DES CENDRES… À LA RÉSURRECTION ! Une nouveauté, cette année : nous proposons, à travers une évolution du visuel « jusqu’à Pâques », un accompagnement de la démarche… jusqu’à son terme. Parce que l’action de solidarité ne se limite pas à la collecte. Parce que cette collecte – qui trouve, certes, son point « culminant » lors du cinquième dimanche – ouvre à une réalité doublement capitale : – Elle est signe de la communion d’une communauté qui fait corps, qui s’unit dans le geste du don, forme d’abandon à la suite du Ressuscité qui nous invite à donner sens à nos engagements ; – Elle permet, encourage, amplifie l’action du CCFD tout orientée vers la situation de partenaires qui montrent à qui veut bien le voir, au cœur d’un monde tiraillé, souvent violent, trop facilement injuste, des chemins de vie, des démarches d’espérance, des voies de résurrection. Le Carême est le temps privilégié du pèlerinage intérieur vers Celui qui est la source de la miséricorde. C’est un pèlerinage au cours duquel Lui-même nous accompagne à travers le désert de notre pauvreté, nous soutenant sur le chemin vers la joie profonde de Pâques. 1 Un autre monde est possible. Il est déjà en route avec toutes ces initiatives qui visent au développement des peuples. François Perroux avait raison d’appeler Populorum progressio l’encyclique de la résurrection (cf. p. 12). Proposer la réflexion du CCFD, présenter la situation d’acteurs au Sud et à l’Est qui inventent du vrai, du beau, du bon… c’est contribuer à réhabiliter l’humanité. ■ 2 Message de Benoît XVI pour le Carême 2006. Pensez-y ! Vous pouvez utiliser les oraisons de la messe votive Pour le développement des peuples, rédigée à partir de l’encyclique Populorum progressio. (Missel romain, p. 954-955) Extraits :Tu as confié la terre aux hommes pour qu’elle serve à l’épanouissement de tous, que chaque peuple ait les moyens de travailler à sa croissance, dans le respect des autres et la justice. Par Jésus Christ. 24 6 7 Préparer Pâques Le visuel évolutif centré sur la croix e mettre en marche sur le chemin qui nous mène à Pâques, c’est accepter de vivre un pèlerinage au cours duquel nous nous reconnaissons pauvre, fragile, petit face à la croix. Pour beaucoup de personnes, la CROIX est associée à la souffrance, à l’échec, à la mort. Pour nous chrétiens, la croix est aussi le signe de la résurrection du Christ, de la victoire sur la mort, un message d’Amour qui dépasse tout refus d’aimer. Notre présence lors de l’entrée en carême indique notre volonté de nous convertir et de croire en la Bonne Nouvelle comme le dit la formule d’imposition des cendres. Le chemin n’est pas facile tous les jours car il n’est pas facile de vivre d’Amour en vérité, de nous tourner vers Dieu notre Père et d’aller à la rencontre de nos frères. Nous vous proposons, durant cette célébration, d’installer autour de la croix un TISSU qui représentera le chemin pascal que nous sommes invités à parcourir ensemble, en Église au cœur du monde. Le Carême s’offre comme un temps privilégié de conversion : non de retour sur soi dans les larmes et la tristesse, mais d’ouverture à la rencontre et à l’espérance ! Durant les dimanches du Carême, nous vous invitons à installer S sur ce chemin – symbolisé par le tissu – des BOUGIES ou LUMIGNONS de toutes les couleurs : signes des Paroles entendues, des temps de prières offerts gratuitement, des gestes de solidarité petits et grands… de tout ce qui est, pour vous et vos communautés, signe d’espérance dans l’attente de la lumière de Pâques. (Une lampe sur mes pas, ta parole, une lumière sur ma route Psaume 118 [119]) Lors du 5e dimanche (jour de la collecte du CCFD), les communautés chrétiennes sont appelées à manifester le partage et la solidarité internationale. Si cela convient, on peut installer un GLOBE TERRESTRE ou un PLANISPHÈRE sur le chemin, en signe d’ouverture au monde et plus spécialement aux peuples les plus défavorisés de notre terre. (Ou déposer des photos de visages de tous pays, qui prendront place près des bougies multicolores). Le dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur, des RAMEAUX peuvent être installés au pied de la croix, et au cours de la nuit pascale, le CIERGE PASCAL trouvera sa place au côté de la croix. Le jour de Pâques, des FLEURS placées autour et sur la croix diront que la Vie et l’Amour sont plus forts que la mort. ■ Le visuel proposé peut être prolongé jusqu’au jour de Pâques. Le dimanche des Rameaux : 1er avril 2007 À la fin de la procession des rameaux, des branches de buis ou des palmes peuvent être déposées par quelques personnes au pied de la croix et/ou sur le chemin. 8 9 La veillée pascale : 7 avril 2007 La lumière de Pâques illumine notre chemin. À la fin de la procession de la lumière, le cierge pascal trouvera sa place au côté de la croix sur laquelle on aura changé le tissu de couleur par un tissu blanc. On veillera à ce que ce cierge soit placé plus haut que la croix car il est signe de victoire et symbole du Christ ressuscité. 10 Le jour de Pâques : 8 avril 2007 Le dimanche de Pâques, nous célébrons la résurrection du Christ vainqueur de la mort. En signe d’allégresse, des fleurs pourraient être accrochées sur la croix et/ou déposées sur le chemin. 3 4 5 8 9 10 25 Distribution des enveloppes : appel à la collecte CCFD Propositions de texte à lire aux communautés chrétiennes Vous recevez aujourd’hui une enveloppe du Comité catholique contre la faim et pour le développement que vous rapporterez, avec votre offrande, le jour de la collecte, le cinquième dimanche de Carême. Placée dans un endroit visible chez vous, cette enveloppe vous invitera, vous et votre famille, vos enfants, à ouvrir votre cœur aux populations qui souffrent dans le monde, en vous informant sur elles, en participant aux rencontres et aux actions de Carême. Nous serons tous invités à remettre cette enveloppe, le jour de la collecte du CCFD, dans une démarche communautaire, comme les actes des Apôtres nous y invite : Tous les croyants ensemble mettaient tout en commun. Le fruit de leurs richesses était partagé entre tous selon les besoins de chacun. 21 février 2007 Mercredi des Cendres Célébration diocésaine d’entrée en Carême Dans plusieurs diocèses, des célébrations d’entrée en Carême sont organisées (soit le mercredi des Cendres, soit le premier dimanche de Carême) : présidées par l’évêque ou un vicaire épiscopal, ces célébrations sont proposées à l’ensemble des chrétiens du diocèse : paroisses, mouvements, services, groupes d’Église... et peuvent parfois coïncider avec l’appel décisif des catéchumènes. Lors de cette célébration, nous sommes tels des pèlerins au départ du chemin qui nous mènera dans l’espérance à la joie de Pâques. Nous sommes invités, ce premier jour du Carême, à reconnaître nos faiblesses et nos fragilités mais nous sommes également conviés à nous convertir, à oser la confiance en Dieu : Convertissez-vous et croyez en la Bonne Nouvelle. (Actes 2, 44-45). 1 2 La croix et le tissu La croix, installée dans le chœur de l’église, sera mise en valeur (par exemple, à l’aide d’un projecteur). On pourra, après l’imposition des cendres, installer le tissu autour de la croix, comme signe du chemin pascal sur lequel les chrétiens s’engagent. LECTURES – Livre de Joël (Jl 2, 12-18) – Psaume 50 (1-17) – Deuxième lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens (2 Co 5, 20 à 6, 2) – Évangile (Mt 6, 1-6.16-18) PROCESSION D’OUVERTURE Afin de donner une visibilité diocésaine à cette célébration, nous pouvons demander aux paroisses et aux différents mouvements et services du diocèse d’accompagner la procession d’entrée, derrière la croix, avec les fanions des paroisses (ou avec une carte du diocèse) ainsi que les logos des mouvements et services. MOT D’ACCUEIL Frères et sœurs, au début du Carême, nous sommes invités à partir au désert, comme le Christ, mais aussi avec le Christ. Toute l’Église entre en Carême et pour nous aujourd’hui cette Église a le visage de notre diocèse. Le Carême est le temps favorable pour se faire pénitence et se convertir. Marqués du désir de vivre dans la prière, le jeûne et le partage, avançons avec confiance et conviction en nous tournant vers Dieu dont l’amour s’est manifesté en Jésus-Christ mort sur la croix et ressuscité pour notre vie. PRÉPARATION PÉNITENTIELLE(1) Le Christ qui nous rassemble, nous invite à prendre conscience de ce qui nous tient éloigné de l’Amour du Père. 1 – Seigneur Jésus, il n’y a pas d’autre chemin que toi pour aller vers le Père. Prends pitié de nous. 2 – Ô Christ, tu es venu nous enseigner l’Évangile de la vie. Prends pitié de nous. 3 – Seigneur, ton amour rassemble tous les hommes. Prends pitié de nous. Que Dieu tout-puissant nous fasse miséricorde ; Qu’il nous pardonne nos péchés et nous conduise à la vie éternelle. (1) NB : à la messe où l’on impose les cendres, on omet la préparation pénitentielle 26 Préparer Pâques 25 février 2007 Premier dimanche de Carême PRIÈRE UNIVERSELLE LECTURES PRIÈRE UNIVERSELLE Ces intentions sont à adapter et à compléter par la communauté qui célèbre. – Livre du Deutéronome (Dt 26, 4-10) Ces intentions sont à adapter et à compléter par la communauté qui célèbre. Nous sommes appelés à vivre ce Carême en communion avec nos familles, nos voisins, nos collègues et tous les habitants du monde. Confions au Seigneur tous les hommes qu’il veut sauver. – Psaume 90 (1-2, 10-11, 12-13, 14-15ab) 1 – Pour les membres de l’Église et pour les gouvernants qui sont parfois tentés par le découragement et le pessimisme ou par la volonté de puissance et la gloire ; Seigneur, nous te prions. Refrain : Entends le cri des hommes monter vers toi, Seigneur. 1 – Père, nos communautés connaissent des joies mais également des difficultés pour annoncer ta Parole ; donne à ton Église de témoigner de ton amour. Refrain : Seigneur, nous te prions. 2 – Père, sur toute la terre, nous avons des frères et des sœurs victimes de la faim, de la guerre, de la misère ; donne aux membres des associations qui les soutiennent au quotidien de pouvoir continuer à œuvrer pour la construction de ton Royaume. Refrain : Seigneur, nous te prions. 3 – Père, nous commençons aujourd’hui, en Église, notre cheminement vers Pâques ; donne-nous d’être les témoins de ton espérance tout au long de ce chemin. Refrain : Seigneur, nous te prions. Écoute, Seigneur, les prières de tous tes enfants. Donne-leur de recevoir la vie en abondance, dès maintenant et pour les siècles des siècles. CHANTS – Avec toi nous irons au désert (G 229, CNA 414 – Servel/Gelineau) – Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (Rm 10, 8-13) – Évangile (Lc 4, 1-13) MOT D’ACCUEIL Depuis le mercredi des Cendres, nous nous sommes mis en route dans le désert pour recevoir du Père la libération qu’il a promise. Au cours de cette célébration, laissons-nous modeler par le silence où jaillit la Parole de Dieu. Dans les déserts de nos vies, elle se fait nourriture vivifiante et force dans l’épreuve. Écoutonsla pour qu’elle s’enracine en nous et nous fasse porter des fruits de vie et d’amour fraternel. 2 – Pour les malades et pour ceux qui souffrent : les désespérés, les isolés, les rejetés, les immigrés, les affamés ; Seigneur, nous te prions. Refrain : Entends le cri des hommes monter vers toi, Seigneur. PRÉPARATION PÉNITENTIELLE 3 – Pour nous-mêmes : que nous sachions vaincre en nous l’instinct de domination et fassions avancer la paix et la justice dans le monde ; Seigneur, nous te prions. Refrain : Entends le cri des hommes monter vers toi, Seigneur. Avec confiance, tournons-nous vers le Christ dont la Parole nous sauve. CHANTS 1 – Seigneur Jésus, venu dans le monde pour libérer ton peuple. Seigneur, prends pitié de nous. 2 – Ô Christ, mort sur la croix pour vaincre en nous toute faiblesse. Ô Christ, prends pitié de nous. En plus des chants cités précédemment, on pensera à : – Vivons en enfants de lumière (G 14-57-1, CNA 430 – CFC/Berthier) 3 – Seigneur, ressuscité d’entre les morts pour nous attirer vers le Père. Seigneur, prends pitié de nous. – Changez vos cœurs (G 162, CNA 415 – Lecot) – En quel pays de solitude (G 184, CNA 416 – Akepsimas) – Peuple de l’Alliance (G 244, CNA 425 Scouarnec/Akepsimas) – Si l’espérance t’a fait marcher (G 213 – Akepsimas) 3 Une première bougie Apporter une bougie et la placer sur le chemin aussitôt après la prière d’ouverture qui nous invite à nous ouvrir à la lumière du Christ. On pourra retenir un chant qui, de dimanche en dimanche, unifiera tout le temps du Carême. 27 4 mars 2007 11 mars 2007 Deuxième dimanche Troisième dimanche de Carême LECTURES PRIÈRE UNIVERSELLE – Genèse (Gn 15, 5-12. 17-18 a) Ces intentions sont à adapter et à compléter par la communauté qui célèbre. – Psaume 26 (1, 7-8, 9abcd, 13-14) 1 – Pour le pape, les évêques, les prêtres et les diacres plus spécialement chargés d’annoncer l’Évangile, ensemble prions. Refrain : Seigneur notre Dieu, entends nos prières (A 38) – Lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens (Ph 3, 17-21 ; 4, 1) – Évangile (Luc 9, 28-36) MOT D’ACCUEIL Frères et sœurs, en ce deuxième dimanche de Carême, nous sommes rassemblés au nom du Seigneur et comme chaque dimanche, la liturgie nous fait entrer dans la nuée lumineuse où Dieu nous attire pour écouter son Fils Bien-aimé. Aujourd’hui, c’est de manière plus vive que nous y sommes attirés par la lumière. Ne craignons pas de prendre de la hauteur par rapport à nos vies pour fixer notre regard sur la croix que Jésus transfiguré nous donne la force de contempler. PRÉPARATION PÉNITENTIELLE Seigneur Jésus, Fils bien-aimé du Père qui nous fait entendre sa Parole. Prends pitié de nous. 2 – Pour les exclus, les indigents, les malades et pour tous ceux qui sont à la recherche d’une lumière, ensemble prions. Refrain : Seigneur notre Dieu, entends nos prières. 3 – Pour notre assemblée qui est appelée à refléter chaque jour ta lumière, ensemble prions. Refrain : Seigneur notre Dieu, entends nos prières. CHANTS En plus des chants cités précédemment, on pensera à : – Lumière des hommes (G 128, CNA 422 – Martin/Wackenheim) de Carême LECTURES – Livre de l’Exode (Ex 3, 1-8a. 10. 13-15) – Psaume 102 (1-2, 3-4, 6-7, 8.11) – Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens (1 Co 10, 1-6. 10-12) – Évangile ( Lc 13, 1-9) MOT D’ACCUEIL Frères et sœurs, inlassablement, le Christ nous appelle à la conversion c’est-à-dire au retournement, au changement de direction. Depuis le mercredi des Cendres, nous sommes invités à croire à la Bonne Nouvelle ; voilà le retournement radical qui nous fait passer de ce monde sans Dieu à un monde où Dieu a la première place. La Bonne Nouvelle jaillit de la croix, c’est là que Dieu nous dit l’absolu de son amour. Regardons la croix et tournons nos cœurs vers Celui qui nous donne sa grâce. PRÉPARATION PÉNITENTIELLE Ô Christ transfiguré sur la montagne pour nous révéler ta gloire. Prends pitié de nous. 1 – Seigneur Jésus, tu es venu nous révéler le nom de notre Père qui nous donne la joie d’être sauvés. Montre-nous ta grâce. Seigneur, ressuscité d’entre les morts pour nous ouvrir à la vie de foi. Prends pitié de nous. 2 – Ô Christ, envoyé par le Père pour nous ramener à lui et connaître la joie d’être sauvés. Montre-nous ta grâce. 3 – Seigneur Jésus, tu ne veux pas la mort du pécheur mais qu’il vive dans la joie d’être sauvé. Montre-nous ta grâce. 4 Une deuxième bougie Comme la semaine dernière, nous pouvons déposer une bougie de couleur après la prière d’ouverture. 5 28 Une troisième bougie Une personne pourrait s’avancer en même temps que le lecteur de la prière universelle et rester debout près de l’ambon en tenant la troisième bougie (ou lumignon) qu’elle pourrait ensuite déposer sur le tissu représentant le chemin vers Pâques. Préparer Pâques 18 mars 2007 Quatrième dimanche de Carême LECTURES PRIÈRE UNIVERSELLE – Livre de Josué (Jos 5, 10-12) Ces intentions sont à adapter et à compléter par la communauté qui célèbre. PRIÈRE UNIVERSELLE – Psaume 33 (2-3, 4-5, 6-7) Ces intentions sont à adapter et à compléter par la communauté qui célèbre. – Deuxième lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens (2 Co 5, 17-21) Avec confiance, tournons-nous vers le Dieu de tendresse et de pitié – Évangile (Lc 15, 1-3. 11-32) 1 – Nous te prions, Dieu notre Père, pour l’Église répandue dans le monde. Qu’elle s’ouvre davantage aux cultures de tous les peuples dont elle partage la vie. 2 – Nous te prions, Dieu notre Père, pour tous ceux qui tombent sous les coups des chefs de corvée d’aujourd’hui. Toi qui vois leur misère et entends leurs cris, fais lever des hommes capables de prendre leur défense en travaillant à promouvoir la justice et la paix. 3 – Nous te prions, Dieu notre Père, pour les nombreux innocents qui meurent dans les catastrophes naturelles mais aussi à cause de la haine des hommes. Ouvre nos yeux et convertis nos manières de vivre pour combattre les injustices. 4 – Nous te prions, Dieu notre Père, pour chacun de nous. Nous exigeons souvent de nos frères qu’ils produisent beaucoup de fruits, alors que nous-mêmes sommes bien souvent des arbres stériles ! Faisnous porter des fruits de patience et de miséricorde. MOT D’ACCUEIL Ce dimanche nous révèle le bonheur qu’il y a à revenir vers Dieu, à se convertir. Bonheur des retrouvailles, joie de la réconciliation, bonheur de la tendresse du Père pour ses enfants, joie de l’amour retrouvé. Pour que cette célébration fasse de nous les témoins des bienfaits de Dieu, tournons-nous vers la croix et confessons la miséricorde de Dieu. PRÉPARATION PÉNITENTIELLE 1 – De ton peuple relevé par ton amour, Seigneur, prends pitié. Seigneur, prends pitié de ton peuple. Seigneur, prends pitié. 2 – De ton peuple libéré par ta Parole, Ô Christ, prends pitié. Seigneur, prends pitié de ton peuple. Seigneur, prends pitié. 3 – De ton peuple transformé par ta miséricorde, Seigneur, prends pitié. Seigneur, prends pitié de ton peuple. Seigneur, prends pitié. 1 – Le lendemain de la Pâque, ils mangèrent les produits de la terre. Seigneur, éclaire les décisions et les réflexions des hommes afin qu’ils mettent en œuvre une juste répartition des ressources de la terre. Refrain : Seigneur, fais de nous des ouvriers de paix. D161 2 – Il mettait dans notre bouche la parole de réconciliation. Seigneur, emplit notre cœur de sagesse et d’amour pour qu’avance le règlement des conflits et qu’advienne la paix dans le monde. Refrain : Seigneur, fais de nous des ouvriers de paix. 3 – Cet homme fait bon accueil aux pêcheurs et il mange avec eux. Seigneur, donne à nos communautés de s’ouvrir à toutes les différences raciales, religieuses, culturelles pour construire un monde plus fraternel. Refrain : Seigneur, fais de nous des ouvriers de paix. CHANTS En plus des chants cités précédemment, on pensera à : – Dieu est en attente (A 216 – Singer/Kempf) Regarde, Dieu notre Père, l’assemblée que nous formons aujourd’hui ; conduisla jusqu’à la joie pascale en lui donnant la force de se convertir. Par Jésus… – Avec les enfants de la terre (DY48-81) – En accueillant l’amour (DLH 126, CNA 325 – CFC/Sodec) CHANTS En plus des chants cités précédemment, on pensera à : – Devenez ce que vous recevez (Communauté Verbe de vie) – Prenons la main que Dieu nous tend (T 42-2, CNA 580 – Rimaud/Akepsimas) – Habitant du désert (G 27-47,CNA 419 – CFC/Robert) 6 Une quatrième bougie Après la prière d’ouverture, on pourra apporter une bougie et la placer sur le chemin : c’est une nouvelle étape sur ce chemin qui nous mène à Pâques, à la lumière du Christ. 29 25 mars 2007 Cinquième dimanche de Carême Au CCFD est confiée une mission de sensibilisation aux réalités internationales d’ouverture des cœurs à une plus grande solidarité universelle. Nous sommes témoins du scandale de la misère mais aussi des voies de résurrection ouvertes par des milliers d’hommes et de femmes dans le monde. LITURGIE DE L’ACCUEIL MOT D’ACCUEIL Se convertir, c’est en premier lieu se tourner vers le Seigneur. Mais la croix devant laquelle nous sommes placés nous invite à élargir notre cœur aux dimensions du monde. C’est dans ce double mouvement que s’inscrit notre démarche de Carême. Déjà, il y a quarante ans, l’encyclique Populorum progressio nous montrait, elle aussi, ce chemin. Unis au Christ, nous sommes unis à tous ceux qui luttent pour changer leurs conditions de vie. C’est pourquoi, rassemblés pour célébrer Jésus-Christ, nous lui demandons la force et l’énergie pour mettre en œuvre le monde nouveau qu’il a inauguré. CHANT D’ENTRÉE Il sera bon de reprendre un des chants d’entrée choisis depuis de début du Carême, pour marquer l’unité de ce temps. PRÉPARATION PÉNITENTIELLE La démarche pénitentielle peut s’articuler autour des trois thèmes du CCFD traités les années précédentes : droit à l’alimentation ; les mécanismes internationaux ; l’accès aux ressources. Nous vous faisons ici deux propositions de préparation pénitentielle. Première proposition 1 – Seigneur, tu t’es fait nourriture pour tout homme, viens changer nos cœurs et prends pitié de nous. 2 – Seigneur, tu as voulu que l’homme ne soit pas seul, mais vive en société, viens changer nos cœurs et prends pitié de nous. 3 – Seigneur, aux hommes tu as confié la terre et ses ressources, viens changer nos cœurs et prends pitié de nous. Seconde proposition 1 - Droit à l’alimentation Tous les hommes ont le droit à une alimentation suffisante. Quand nous négligeons le service d’un développement qui permette l’alimentation des peuples par eux-mêmes, Seigneur viens changer nos cœurs. Refrain : Changez vos cœurs, croyez à la Bonne Nouvelle 2 - Mécanismes internationaux Tous les hommes doivent pouvoir accéder à leur propre développement. Quand nous restons silencieux face aux conflits armés face aux décisions parfois incompréhensibles des gouvernements, Seigneur viens changer nos cœurs. Refrain : Changez vos cœurs, croyez à la Bonne Nouvelle 3 - Accès aux ressources Tous les hommes doivent pouvoir accéder aux ressources de base : l’eau, la terre, les semences. Quand nous ne changeons rien à nos comportements, quand nous nous replions sur nos égoïsmes. Seigneur viens changer nos cœurs. Refrain : Changez vos cœurs, croyez à la Bonne Nouvelle Tournés vers la croix qui a détruit le péché, recevons la miséricorde de Dieu. 7 LITURGIE DE LA PAROLE LECTURES – Livre d’Isaïe (Is 43, 16-21) Introduction possible : Soyons attentifs aux images qu’emploie Isaïe pour parler du monde nouveau inauguré par la résurrection du Christ. – Psaume 125 (1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6) Refrain : Sur la terre où l’on peine, germent les cieux nouveaux. (J. Berthier, Psautier des dimanches, année C) – Lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens (Ph 3, 8-14) Introduction possible : Paul raconte ce qu’il a compris de la nouveauté apportée par le Christ. Écoutons-le. – Acclamation de l’Évangile Ta parole Seigneur est vérité et ta loi délivrance – Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean ( Jn 8, 1-11) QUELQUES PISTES POUR UNE HOMÉLIE Voici que je fais un monde nouveau. Jésus par son attitude vis-à-vis de la femme adultère invite chacun à faire la vérité sur lui-même et à avoir un regard neuf sur l’autre. Va et désormais ne pêche plus mon amour est plus fort que les lois. L’amour du Christ est la loi qui fait le monde nouveau. Monde où les plus affamés sont rassasiés, où les écrasés sont relevés, où le pain est partagé. Paul nous indique le chemin : communier aux souffrances de la Passion du Christ : Oubliant ce qui est en arrière, je cours vers le but. (Ph 3,13) Comme Paul, tout homme qui cherche à construire le monde nouveau à la suite du Christ entre dans le combat quotidien pour la vérité. Il fait un chemin pascal qui le conduira du Christ à ses frères souffrants. Le pain et le vin sont des nourritures quotidiennes. Jésus Christ a Une cinquième bougie, un globe, des photos Après le mot d’accueil, la dernière bougie ainsi que le globe ou les photos de visages seront déposés sur le chemin au pied de la croix tandis que l’on reprendra le chant d’entrée. 30 Préparer choisi de se faire nourriture : pain et vin pour la vraie vie. Vie qui est amour du Père pour tous les hommes, amour qu’il nous appelle à partager, à reconnaître en action chez nous et chez les autres, à déployer pour qu’il grandisse. PRIÈRE UNIVERSELLE Sur le chemin qui nous conduit aux fêtes pascales, prions de façon plus pressante afin que tous les hommes participent aux richesses et à la joie du salut. 1 – Sous-développement, guerres, misère, famine organisée et utilisée comme une arme… autant de fruits amers de la défense des intérêts des puissants au détriment des faibles. Pour tous ceux qui souffrent de ces situations, pour les personnes et les organismes qui s’engagent pour la défense des droits de l’homme, pour la justice et la paix. Prions. Refrain : Apprends-nous Seigneur à te choisir chaque jour, donne-nous Seigneur de partager ton amour. 2 – Le pape Benoît XVI, rappelle dans son encyclique que l’amour est indissociable de la justice. Pour que l’Église n’oublie jamais qu’à la suite du Christ serviteur, elle doit être signe d’amour en se faisant servante. Prions. Refrain : Apprends-nous Seigneur à te choisir chaque jour, donne-nous Seigneur de partager ton amour. 3 – La justice, la réconciliation, la libération, l’abondance partagée sont la marque des temps nouveaux inaugurés par le Christ. Pour que nous devenions acteurs de la construction du monde nouveau en nous rendant proche de ceux qui croisent notre chemin et en nous engageant concrètement à leur service. Prions. Refrain : Apprends-nous Seigneur à te choisir chaque jour, donne-nous Seigneur de partager ton amour. Dieu qui sait toutes choses, tu vois tous les besoins des hommes. Accueille les prières de ceux qui croient en toi, exauce les désirs de ceux qui te prient. Par Jésus… Pâques LITURGIE EUCHARISTIQUE PROCESSION S’il y a une procession des offrandes, on pourra y inclure les paniers de la quête avec la tirelire ou les sacs CCFD. SANCTUS Saint le Seigneur de l’univers (louange eucharistique) ANAMNÈSE Ta mort Seigneur nous l’annonçons (C 230) NOTRE PÈRE Récité en se donnant la main. AGNUS Agneau de Dieu, Agneau de l’alliance fidèle, A 240-1, CNA 305. CHANTS POUR LA COMMUNION – En mémoire du Seigneur (D 304, CNA 327 – Rimaud/Gelineau) – À ce monde que tu fais (T 146-1, CNA 526 – Rimaud/Berthier) – Voici le corps et le sang du Seigneur (D 44-80 – Dannaud) – Ta nuit sera lumière de midi (G 212, CNA 589 – Scouarnec/Akepsimas) LITURGIE DE L’ENVOI PRIÈRE Accorde, Seigneur, à ceux qui viennent de partager le même pain de se sentir membre d’un même corps. Donne-leur ton amour afin qu’ils se passionnent pour le sort de leurs frères et puisque tu as confié la terre aux hommes pour qu’elle serve à l’épanouissement de tous, fais que chaque peuple ait les moyens de travailler à sa croissance, dans le respect et la justice. Par Jésus-Christ, notre Seigneur. CHANTS Si cela convient, pour conclure la célébration, on pensera à : – N’ayons pas peur de vivre au monde (T72 – Servel/Akepsimas) – Aimez-vous comme je vous ai aimés (D307 – Boldrini) Invitation à la collecte Nous vous proposons de lire ce texte pour le moment de la collecte (dès l’accueil ou avant le début de la quête). Il est à adapter selon le moment auquel il sera dit. Dieu nous invite à nous faire proche des autres hommes et notamment des petits, des exclus, des pauvres. Durant le Carême, et plus précisément lors du 5e dimanche, chaque communauté chrétienne est appelée au partage. L’Église de France a confié au CCFD la mise en œuvre de cette collecte pour le soutien aux populations les plus défavorisées des pays du Sud et de l’Est. Le CCFD ne peut s’engager dans l’accompagnement de projets de développement qu’avec le soutien des donateurs. Notre don permet de financer des actions de développement en Afrique, en Amérique latine, en Asie, en Europe centrale et orientale, dans le bassin méditerranéen. Ce don permet de contribuer concrètement à faire reculer la pauvreté et la faim, tout en rendant leur dignité à nos frères les plus pauvres, les exclus. Dans cette sollicitation à nous unir dans l’acte de don, Dieu nous invite aujourd’hui encore à nous reconnaître frères et sœurs et à devenir ensemble les bâtisseurs du Royaume. – Bâtissons ensemble la terre de demain 31 Partager Photo Godong / P. Lissac ce que l’on a, ce que l’on est VERS UNE ÉTHIQUE DU DON Par Christiane Vanvincq, chargée du lien CCFD / Congrégations D onner est un acte essentiel, une sortie de soi indispensable à notre vie. Que serait la vie sans don ? Celui qui donne, même peu de chose, se préoccupe des besoins de l'autre et place la dignité de la vie de chaque être humain au plus haut niveau. Pourquoi donner ? Désir de partage ? Solidarité ? Nécessité ? Évidence ? Honte des écarts entre riches et pauvres ? Culpabilité ? Indignation ? Pitié ? Quoi qu'il en soit de tous ces sentiments mêlés qui peuvent nous habiter, donner et recevoir, partager, échanger, sont des actes difficiles à vivre que l'on soit du côté de celui qui donne ou de celui qui reçoit. Dans les sociétés traditionnelles, le don est signe d'alliance, de paix, ou de pouvoir. Les richesses sont, grâce au don, assez bien réparties et distribuées. Le don est un facteur d'équilibre social mais il peut être aussi une humiliation, devenir source de conflit et entraîner de la dépendance s'il y a dette. La première approche du don prend souvent la forme d’une pièce don- née au mendiant dans le métro ou dans la rue : c’est un geste de compassion ou d’émotion, sans avenir, sans relation, qui ne prétend rien changer, et ne poursuit aucune efficacité particulière. Engagement individuel, rencontre fugitive, regards qui se croisent, on ne se reverra jamais… Parfois une relation s’installe, on passe devant la même personne tous les dimanches à la sortie de l’église, ou tous 33 les jours en allant travailler. Dans le meilleur des cas on finit par faire un peu connaissance comme avec son voisin. L’aumône devient une « manière de parler » et de se reconnaître de la même humanité… La solidarité nous fait quitter la mentalité d’assistance pour entrer dans un esprit de justice, d’équité, de réciprocité, de partenariat et de fraternité. Dans l’acte de solidarité, chacun reçoit et donne à la fois. Le donateur se met en position de recevoir et d’apprendre des autres, il perd peu à peu de sa suffisance de riche. Le geste du don n’est plus un acte condescendant mais il devient un geste d’égal à égal, une solidarité quasi familiale. Le décisif service que les pays riches peuvent rendre aux pays pauvres est de changer leurs richesses et de leur offrir d’abord, par leur exemple, un autre modèle de développement. Que les peuples nantis cessent de faire désirer aux plus démunis leur genre de vie comme le seul avenir qu’il faille chercher. Père G. Ndonji, colloque Kinshasa, mars 2003, La pauvreté religieuse dans un contexte de misère DONNER, Comment donner ? Dans ses travaux, l'anthropologue Alain Caillé explique que le don devrait être proportionnel à la demande et conforme aux possibilités du donateur. Il parle de l'inconditionnalité conditionnelle. Dans le cas contraire il serait possible de refuser de donner ou de recevoir… S’il y a obligation de donner (inconditionnalité), il y a aussi des règles de proportionnalité à respecter : le don doit être proportionnel à la demande. Il faut donc entrer en relation et en confiance. Prendre le temps d’une relation vraie… Prendre le temps de connaître l’autre en lui posant la question : qui es-tu ? Donner de l’argent peut devenir une solution de facilité. Parfois, mieux vaudrait parler, donner de bonnes adresses, offrir un réseau de solidarité… Par définition un don est gratuit : que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite !, et en même temps on s’interroge sur les conditions dans lesquelles il serait possible ou non de donner, on parle de liens entre partenaires, de suivi et d'évaluation de projets, de responsabilités mutuelles. On se demande aussi combien de temps, encore, les uns vont-ils donner et les autres continuer de recevoir ? Donner, c'est inventer, le ton juste et trouver le moment opportun. C'est prendre le temps de la rencontre, du dialogue, pour connaître quel est le vrai besoin des personnes. Ce qui les fera le plus grandir. Donner n’est pas une solution durable, il faudra aussi chercher dès le départ comment avancer vers une plus grande autonomie des personnes et des groupes. La dynamique de la relation doit absolument y conduire. UN PRINCIPE ÉVANGÉLIQUE* N° 30 Le principe évangélique de donner à manger à celui qui a faim, vêtir celui qui est nu, visiter le malade et le prisonnier, accueillir l’étranger (Mt 25, 31-46) ne se réduit pas à la pratique d’assistance. Quand on répond uniquement aux attentes immédiates des pauvres, on court le risque de perpétuer l’inégalité sociale. La charité évangélique est le fondement de l’agir chrétien et exige la promotion humaine et la libération intégrale. C’est le geste de celui qui se donne. De celui qui met au service de l’autre, ses meilleures énergies, son espace, son influence sociale et politique et non des miettes de temps ou de pouvoir. N° 43 L’exercice de la solidarité ne doit pas être confondu avec certaines pratiques d’assistance qui humilient celui qui reçoit. Il faut apprendre la leçon de l’éthique que donne le peuple de la rue quand il répartit le peu qu’il a, pour que tous survivent. Cette éthique populaire, avec toute raison, interpelle la société à répartir l’abondance pour que tous vivent humainement, aujourd’hui et à l’avenir. * Exigences évangéliques et éthiques pour surmonter la misère et la faim – Aliment, don de Dieu, droit de tous, Conférence nationale des évêques brésiliens, 2002. 34 Nous faisons bien souvent l'expérience que donner de l'argent est plus facile que d'entrer en relation… Pour entrer dans une démarche humanisante il faudra que celui qui donne se prépare à partager davantage encore : son pouvoir, son savoir, son temps, ses relations, son honneur… Et découvrir ainsi le goût de se donner lui-même en se tenant de manière désintéressée aux côtés de celui qui souffre, en donnant maintenant de ses propres forces pour que l’autre puisse vivre et grandir. Donner de l'argent ne suffit pas ! Il faudrait aussi que justice soit rendue. Le don ne peut se passer de la justice à rendre, pas plus d’ailleurs qu’il ne doit excuser les paresses humaines. Travailler sur les causes structurelles de la pauvreté est une démarche collective et politique qui s’impose souvent. À qui donner ? Viser l’autonomie de gestion et de décision des personnes que l'on veut aider est notre objectif au CCFD, et pour cela nous travaillons avec des associations locales plutôt qu’avec des individus isolés. Cela permet de déployer les forces les plus adaptées pour créer, inventer et initier un développement durable. Cette vision nous provoque à entrer en relation de « partenariat » qui implique la disparition progressive de la relation « donateur-bénéficiaire » pour y substituer une logique d’échange. Ainsi, l’aide n’est plus seulement transfert d’argent, elle peut devenir amitié confiante, féconde et durable. Cet échange de don peut ainsi se faire sans pression, sans obligation de retour. Un échange qui n'est pas réciprocité du « donnant-donnant ». Échange de veut dire que celui qui a donné ne reçoit pas nécessairement l'équivalent, il reçoit autre chose, autrement… C'est donc en définitive le financeur qui porte la responsabilité de ce partenariat au-delà des personnes. Responsabilité qui lui impose de donner avec justice et d'être en mesure de rendre compte de ses choix. Ainsi, il pourra arriver que, dans certaines circonstances nous trouvions préférable et sage de renoncer purement et simplement à donner, tout comme il pourrait être préférable de refuser de recevoir un don : si le don ne correspond pas à de réels besoins ; si le don oblige (pousse) à improviser une action ; si le don épuise plus qu’il ne met en route ; si le don est déconnecté de toute relation ; si le don est contraignant, aliénant ou humiliant. PARTAGER LIVRE Quant au donateur, qui ne sera probablement jamais en relation directe avec le destinataire du don, il n'est pas sans responsabilité. Donner son argent ne le dispense pas de s’intéresser à son tour à la manière dont le financeur va accomplir sa mission : selon quelle politique ? quelles orientations ? quelles priorités ? quelle cohérence d'action ? quel partenariat ? Finalement, la solidité du lien qui unit les hommes entre eux dans leur vie quotidienne, l'obligation morale qui incite chacun à être responsable de lui-même et des autres, la joie engendrée par l'échange et le partage, le plaisir d'être utile font de la solidarité la manifestation concrète de la fraternité humaine. Il est difficile d'échapper aux exigences de cette fraternité comme il est difficile de vivre sans amour. Cette double exigence donne corps à la notion de solidarité conçue comme acte de raison et comme acte d'amour. ■ L’argent au service de la solidarité L’argent est souvent considéré comme un sujet tabou. On dit aussi de lui qu’il corrompt. Mais pouvons-nous en rester à ce constat ? La Bible a-t-elle quelque chose de nouveau à nous dire sur ce sujet ? Dans son livre, L’argent dans la Bible, Ni riche ni pauvre, Pierre Debergé répond en parcourant un grand nombre de textes. Il aborde ainsi divers thèmes : les richesses, les injustices sociales, le partage, les béatitudes, la pauvreté évangélique, le don, etc. Au fil des pages, l’argent et les richesses apparaissent sous un regard nouveau. On peut ainsi prendre davantage conscience de notre responsabilité dans la gestion des biens matériels. Enfin, à l’opposé de la misère, la pauvreté est réhabilitée comme une véritable attitude spirituelle. Cette étude éclaire tous ceux qui s’interrogent sur la place de l’argent dans leur propre vie comme dans la vie de la société. AU NOM DU CHRIST* L’Évangile de Marc au chapitre 8 (6,30 – 8,21) : Le récit va d’une multiplication des pains à une autre (…) il déploie bien la globalité de l’action de Jésus : son geste de « charité » prend en compte les besoins immédiats de la foule et cherche à y répondre ; ce faisant, il donne aux disciples, et à la foule, l’occasion de découvrir les potentialités d’un développement solidaire. La mise en scène de Marc met l’accent sur plusieurs aspects fondamentaux de la pratique missionnaire de Jésus : Il est attentif à la vie des foules et à tous leurs besoins. Il n’agit pas seul. Il cherche quelque chose, sur place, à multiplier et à partager. Il sollicite ce que chacun peut apporter comme contribution. Il refuse l’assistanat. Il fait confiance. *Conseil national de la solidarité Bayard/Cerf, 2004 Ni pauvre ni riche, tel pourrait donc être l’idéal de la vie. À moins que l’on n’écrive cet idéal d’une autre manière : riche de la capacité du Christ à nous libérer de nous-mêmes pour nous faire entrer dans le monde de l’amour. Riche de sa pauvreté qui nous apprend chaque jour à nous désapproprier de nous-mêmes pour nous recevoir de Dieu. Riche de son Esprit qui fait de nous les témoins de ce monde nouveau où l’on est tenu « pour n’ayant rien, nous qui pourtant possédons tout » (2 Co 6,10). Riche donc de notre infinie pauvreté qui est ouverture à l’infinie richesse de l’Amour de Dieu. Restera cependant toujours le scandale de la présence des pauvres dans un monde qui ne se construit que trop facilement à leurs dépens. Cela n’est pas nouveau. Dès le début de la Bible, une question était posée : « Qu’as-tu fait de ton frère ? » (Gen 4,8 ss). Cette interpellation divine ne doit pas donner lieu à une culpabilité morbide. Elle doit être constamment reçue par l’humanité comme une interrogation sur les L’Argent dans la Bible Ni riche ni pauvre Coll. racines. Édition nouvelle cité, 1999. 155 p. (13 euros) Pierre Debergé est doyen de la faculté de théologie de l’Institut Catholique de Toulouse, prêtre du diocèse d’Aire et Dax, Docteur en théologie de l’Université pontificale grégorienne et licencié en sciences bibliques de l’Institut biblique pontifical. capacités d’amour et le don qui sommeillent en elle et qui ne demandent qu’à être réveillés. Cette interrogation est surtout un appel à s’ouvrir à la Toute-puissance de l’Amour de Dieu, la seule qui puisse véritablement nous enfanter à la vie et au bonheur véritables. Ce qui faisait dire à l’Apôtre Pierre qui venait de rencontrer un infirme à la porte du Temple de Jérusalem : « De l’or ou de l’argent, je n’en ai pas ; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus-Christ, le Nazaréen, marche ! » (Ac 3,6) À semer trop peu, on récolte trop peu ; à semer largement, on récolte largement. Chacun doit donner comme il a dédié dans son cœur, sans regret et sans contrainte ; car Dieu aime celui qui donne joyeusement. (2 Co 9,6) 35 Partager nos ANIMATION Par les Aumôneries de l’Enseignement public et le CCFD dans le diocèse de Nanterre (démarche concertée) N ous vous proposons ici une méthode interactive qui tente de faire comprendre ce qu’est un projet de solidarité internationale. L’animation comprend trois volets que vous pouvez utiliser en une soirée ou en trois temps séparés, en fonction de vos possibilités et de votre projet. 11 2 Le lien entre foi et solidarité Premier temps Qu’est-ce que la solidarité ? Mettre les personnes en petits groupes : Fournir à chaque groupe une feuille sur laquelle il y aura l’intitulé d’une action (différente pour chaque groupe) et une question (la même pour tous les groupes) : Exemples d’actions : – Je recueille du riz pour l’envoyer en Somalie – J’échange des lettres avec une classe du Sénégal – J’organise un goûter avec des produits du commerce équitable – J’organise une quête pour les Restos du cœur – J’organise une rencontre avec un étranger d’un pays pauvre La question : Cette action est-elle solidaire ? Si oui, pourquoi et à quelles conditions ? Sinon, pourquoi ? Mise en commun : Montrer, au cours de la mise en commun, que chaque action peut être solidaire. Pour cela, à la lecture de chaque fiche, poser les questions suivantes : est-ce que l’action permet : – de découvrir l’autre ? – de comprendre ses problèmes ? – d’aider l’autre à trouver et mettre en œuvre la solution à son problème ? En déduire au fur et à mesure ce qu’est un projet de solidarité : il s’agit de montrer le passage de la simple générosité à la solidarité. Une action généreuse est faite pour quelqu’un, une action de solidarité est faite avec quelqu’un. 36 Deuxième temps Lors de la recherche d’occasions pour les jeunes de comprendre concrètement comment la parole du Christ transforme le monde, il est possible, en s’appuyant sur l’Écriture, de faire percevoir le lien entre leur vie, leur foi et la solidarité internationale. Vous pouvez : Faire appel à un prêtre de votre paroisse ou du diocèse pour qu’il vienne parler au groupe et entrer en dialogue sur ces questions ; demander à votre évêque d’écrire aux jeunes à l’occasion de cette animation ; utiliser les propositions (voir encadré p. 37), en ce qui concerne le rapport à l’Écriture (Ancien et Nouveau Testament) et aux textes du Magistère (Encycliques) ; utiliser les extraits ci-dessous, de la Lettre à tous les baptisés du diocèse de Gérard Daucourt, évêque de Nanterre pour interpeller vous-mêmes vos invités. « Je veux te parler des pauvres et de leur place dans la société et dans l’Église (…) Je partage ici avec toi quelques points essentiels, souhaitant qu’ils te permettent d’entrer toi aussi dans une démarche de conversion et d’y entraîner ta famille et ta communauté chrétienne. Jésus nous provoque : ce que vous avez fait aux plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait. Ces « petits », il en dresse une liste qu’il faut terminer par des points de suspension car, à l’évidence, elle n’est pas exhaustive. Remarque que Jésus n’a pas dit : « j’étais un chrétien qui avait faim ou soif », mais j’avais faim et soif. Il n’a pas dit : « malade croyant », mais malade. Il n’a pas dit « étranger avec papiers », mais étranger… (…) Si tu te contentes de soutenir moralement et financièrement (les pauvres) Photo Godong / P. Lissac convictions (ce qui n’est déjà pas rien !) si tu crois que visiter un malade ou aider occasionnellement une personne dans le besoin est suffisant, réfléchis bien. Vois si tu n’es pas concerné davantage. (…) Notre société ne cesse de créer toujours plus d’exclusions et de fractures sociales, en France et dans le monde : penses-tu que c’est une fatalité des lois économiques, ou encore que c’est le problème des responsables politiques ? ou bien que, là où tu es, dans tes responsabilités, tu peux participer avec d’autres à la construction d’un monde plus juste et plus fraternel. Dans l’Église, dans notre diocèse, dans nos paroisses, on fait beaucoup pour les pauvres. Comment ne pas s’en réjouir aussi ? Mais agir pour les pauvres ce n’est que la moitié du chemin que la foi chrétienne nous appelle à parcourir. Le Christ nous demande d’agir avec les pauvres. (…) Une personne très pauvre matériellement ou psychologiquement ou spirituellement n’est jamais complètement pauvre. Elle a aussi des richesses. Lui permettre de les faire valoir, c’est la faire vivre. Tu dois aussi accepter d’être enrichi par elle, car à toi aussi il manque quelque chose. Toi aussi, tu es pauvre en certains domaines… (…) Une dernière remarque très importante : dans l’Église comme dans la société, nous laissons très souvent l’action pour et avec les pauvres à des spécialistes (…) Le malheur, c’est qu’il y a trop peu de passerelles entre ces différents secteurs de la vie de l’Église. La priorité aux pauvres doit s’apprendre, s’approfondir et se vivre dans la catéchèse des enfants, des jeunes et des adultes. Elle doit être célébrée dans la liturgie. Elle doit être vécue dans les familles, les paroisses, les associations caritatives, les responsabilités qu’ont les décideurs chrétiens dans les entreprises, dans l’engagement politique ». POUR ILLUSTRER LE LIEN À L’ÉCRITURE (ANCIEN & NOUVEAU TESTAMENT) ET AUX TEXTES DU MAGISTÈRE (ENCYCLIQUES) Écriture sainte Le bon samaritain Lc 10, 29-37 Le jugement dernier Mt 25, 32-46 La multiplication des pains Mc 6, 30-44 La parabole du berger Jn 10, 1-10 Sans les œuvres, ma foi est vide Jc 2, 14-17 Le levain dans la pâte Lc 13,18-21 La résurrection de Lazare Jn 11, 42-44 Dieu créa l’homme à son image Gn 1, 12-17 Encyclique Sollicitudo rei socialis Jean-Paul II – 1987 Vingt ans après Populorum progressio (26 mars 1967) et à la suite de Gaudium et Spes (Vatican II – 7 décembre 1965) Jean-Paul II dresse un bilan pessimiste après ses nombreux voyages et lance un appel à la solidarité entre les hommes : le développement est la question majeure de cette époque. Il souligne dans ce texte la nécessité pour l’Église experte en humanité de s’exprimer sur les questions sociales pour redire à la lumière de l’Évangile son souci de la dignité humaine. Il insiste sur la solidarité, chemin de la paix et du développement. Deus caritas est Benoît XVI – 2006 La première encyclique du Pape Benoît XVI oriente vers la découverte du caractère central de l’amour dans la foi chrétienne. À l’origine du fait d’être chrétien il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée… mais une rencontre : Nous avons cru à l’amour de Dieu : c’est ainsi que le chrétien peut exprimer le choix fondamental de sa vie. Mais nous ne pouvons pas seulement nous fier au mot amour un des plus galvaudés. L’amour de Dieu n’est pas un amour générique et abstrait, il requiert mon engagement concret, ici et maintenant, tourné vers celui qui est dans le besoin rencontré par hasard c'est-à-dire quel qu’il soit (voir la Parabole du Bon Samaritain). La seconde partie de l’encyclique a un caractère très concret. Elle traite de la pratique en Église du commandement de l’amour pour le prochain. Benoît XVI indique lui-même qu’il désire susciter dans le monde un dynamisme renouvelé pour l’engagement dans la réponse humaine à l’amour de Dieu. La nature profonde de l’Église s’exprime dans une triple tâche : l’annonce de la Parole de Dieu, la célébration des sacrements, le service de la Charité. Ce sont trois tâches qui s’appellent l’une l’autre et qui ne peuvent être séparées les unes des autres. 37 33 Troisième temps Qui est mon prochain ? Après avoir disposé au mur une carte du monde (carte CCFD, projection Peters), distribuer des post-it à tous les participants. Demander aux personnes d’y noter les pays de provenance des vêtements qu’ils portent et de la nourriture qu’ils ont mangée la veille ou le jour même. Les inviter à coller les post-it sur les pays correspondants sur la carte. Constater la grande diversité et le grand nombre des pays concernés : – expliciter le passage du prochain « immédiat », membre de ma famille, voisin de palier, camarade de classe, etc., au prochain « lointain ». – je suis le prochain de celui qui a fait ma chemise : du Malien qui a récolté le coton, du Thaïlandais qui l’a confectionnée… Faire prendre conscience de l’interdépendance des pays : la manière dont je vis « ici » influence la manière dont ils vivent « là-bas ». Faire le lien avec l’Écriture. Relire la parole du Bon Samaritain (Lc 10, 2937) : je ne décide pas qui est mon prochain. L’homme en difficulté, fut-il mon ennemi ou d’une culture, d’une religion différente, m’invite à devenir son prochain. L’amour universel se manifestera vis-à-vis de tout homme que Dieu met sur mon chemin… LA SOLIDARITÉ EST UN CHEMIN VERS L’AUTRE La solidarité n’est pas de l’activisme ou une réflexion désincarnée mais une manière de vivre, de recevoir l’Autre, de répondre à une Parole vivante qui envoie. C’est une démarche avec l’autre qui n’est pas réductible à une séance. Une animation autour de la solidarité s’inscrit dans un cheminement de réflexion et d’intériorisation, de partage et de célébration comportant trois étapes au minimum : – Préparer la rencontre ; – Vivre une rencontre ou une action ; – Prendre du recul : relire et célébrer le chemin parcouru. La solidarité est une démarche personnelle et collective, une occasion de partage à tous âges, elle se manifeste en fonction de la capacité de sensibilisation de chacun selon son environnement. ÉLECTIONS 2007 : QUESTIONS D’ACTUALITÉ N ous aurons aussi l’occasion, en lien avec l’actualité de 2007 en France, de partager nos convictions autour de ce que doit être une France solidaire. À l’occasion des élections présidentielles et législatives, des associations de solidarité internationale, fortes de leur expérience et pour peser dans le débat politique, mettront en avant leurs propositions pour construire un monde plus solidaire. Elles organisent la campagne État d’urgence planétaire, votons pour une France solidaire ! Le CCFD est partie prenante de cette action et s’attachera à sensibiliser sur trois enjeux : les migrations, le com- 38 merce agricole international et l’aide publique au développement vers l’Afrique. Il proposera, notamment au moment du Carême, des modalités pour soutenir cette campagne. Jésus, présent sur le champ social, n'enseigne pas la bonne politique ; il annonce le Royaume. Ceci dit, quand la politique vise à organiser la société pour qu'il y ait moins de souffrance, elle devient le champ le plus vaste de la charité comme le disait Pie XI. Il s'agit à partir de ce qu'expérimentent les partenaires du CCFD au Sud et à l'Est, de faire connaître des solutions éprouvées et porteuses d'espérance.. L’enjeu est de faire prendre en compte, dans les politiques de notre pays, des principes, des attitudes qui contribuent à l’avènement d’un monde plus solidaire. ■ PRIÈRE Notre Père une prière qui nous aide à agir Notre Père… Le premier mot est déjà tout un programme ; ce Notre n’est pas ambigu : il contient toute l’humanité des enfants de Dieu, les milliards d’hommes et de femmes créés par Dieu, qui connaissent – ou non – le nom de Jésus. Ainsi, quand nous prononçons ces deux mots, nous sommes solidaires de tous les peuples du monde. Que ton nom soit sanctifié… Cela signifie que ton nom soit reconnu, qu’il soit aimé des hommes… Il s’agit pour nous de porter témoignage de la Bonne Nouvelle de Jésus qui nous ouvre un incroyable chemin de vie. Dans bien des cas, ce témoignage auprès de personnes en souffrance ne peut pas passer par des mots : il doit d’abord se préparer par des gestes simples de solidarité. Que ton règne vienne… Le règne de Dieu, ce n’est pas nous qui le construisons, c’est Dieu ; Si le Seigneur ne bâtit la maison les bâtisseurs travaillent en vain. (Psaume 127 1 Mt 4,4). Nous ne construisons pas le Royaume de Dieu, mais nous le servons. Et Dieu n’a que nos mains, notre bonne volonté, notre liberté pour servir ce Royaume où tout homme vivra dans la liberté des enfants de Dieu. C’est l’espérance chrétienne qui nous invite à croire que ce règne viendra ; préparons-le, en invitant tous les peuples de Dieu à vivre une vie digne de l’humanité que Dieu a créée. Que ta volonté soit faite… Une volonté d’amour, une volonté de service, une volonté de communion, d’unité. Pas toujours facile d’aimer comme Dieu aime ; pas toujours facile d’aimer ses voisins, souvent plus difficile encore d’aimer ses lointains qui pensent si différemment de nous… Photo Godong / S. Désarmaux Donne-nous notre pain de ce jour… Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi… Cette demande, pas facile à prononcer dans la vie courante, se révèle difficile dans le cadre de la solidarité internationale. Car nous nous sentons appelés à aider parfois des pays que nous ne comprenons pas, voire que nous n’apprécions pas. Pourtant c’est exactement là que se situe le cœur de l’exigence chrétienne : donner des gestes de paix à des personnes qui ne peuvent pas nous le rendre, voire qui ne veulent pas nous aimer. Surtout gardons notre énergie d’amour intacte pour soutenir tous ceux qui gardent cet esprit de paix. Et ne nous soumets pas à la tentation… Les tentations se cachent, nombreuses, là où on ne les attend pas, tentation du repli sur soi, tentation du ressentiment contre certaines cultures, tentation de laisser tomber ceux qui n’ont pas de gratitude, tentation du donnant-donnant, de la puissance et du pouvoir, tentation de nous croire meilleurs… Délivre-nous du mal… Il se glisse partout, le mal, et le CCFD le retrouve sur tous ses chemins : la malnutrition, la violence, la guerre inutile, la faiblesse économique, le pillage culturel, le manque de solidarité sociale, la sur-puissance des richesses, l’absence de liberté, les méfaits écologiques, la maladie que l’on ne peut soigner faute d’un minimum de moyens : que de mal à délivrer ! Amen… Oui, Amen, Ainsi soit-il : que le CCFD assure son service du Royaume, hâte à sa façon le règne de Dieu, et nous, oui, Amen, encourageons-le ! ÉTIENNE BOURDIN, diacre de Versailles C’est sans doute la demande du Notre Père qui nous semble naturellement la plus proche de l’esprit du CCFD, et en particulier des trois mots contre la faim. Et pourtant, quand j’entends ces mots Donne-nous notre pain, je n’y vois pas seulement le pain nourricier, mais j’inclus également la culture, la liberté, la vie spirituelle, la paix. L’homme ne vit pas que de pain, mais de toute parole qui vient de Dieu… Quand nous voulons donner aux autres de quoi vivre, pensons à toutes ces dimensions. 39 Photo Godong / Fred de Noyelle