careme 2007 - CCFD

Transcription

careme 2007 - CCFD
Vivre le
2007
Carême
L’encyclique
POPULORUM
PROGRESSIO
40 ANS DÉJÀ
Préparer Pâques
Partager
COMITÉ CATHOLIQUE CONTRE LA FAIM ET POUR LE DÉVELOPPEMENT
Sommaire
Populorum progressio, 40 ans déjà !
Populorum progressio,
un don d’espérance pour la mondialisation ..................................................................................07
Albert Longchamp, jésuite, Développement et Civilisations, Centre Lebret-Irfed
De Populorum progressio à Deus caritas est .............................................................................13
François Boëdec, jésuite, rédacteur en chef de Croire Aujourd’hui
Populorum progressio à travers les projets du CCFD :
• le Centre Antonio de Montesinos au Mexique ......................................................................................15
• l’Association d’aide à la scolarisation des enfants tsiganes de la Manche ...................17
Préparer Pâques
40 ans, 40 jours ..................................................................................................................................................................21
Père Jacques Turck, aumônier général du CCFD
Vivre le Carême comme un chemin d’espérance
Du mercredi des cendres à la résurrection ........................................................................................................24
Délégations diocésaines CCFD d’Amiens, des Ardennes, de Lille, d’Arras et de Cambrai
Partager ce que l’on a, ce que l’on est
Vers une éthique du don..........................................................................................................................................33
Christiane Vanvincq, chargée du lien CCFD / Congrégations
Partager nos convictions
• Une animation (Aumôneries de l’Enseignement public et CCFD dans le diocèse de Nanterre).............36
• Les élections 2007. Questions d’actualité ...............................................................................................38
LETTRE AUX COMMUNAUTÉS
À toutes les communautés chrétiennes,
à chacune et à chacun
Le
Photo CCFD / J.-F. Cambianica (« Bouge ta planète », Mont de Marsan 2006)
Comité catholique contre la faim et
pour le développement vous invite dès à
présent à penser et à prendre un chemin vers Pâques. Le chemin de la solidarité internationale nous ouvre à l’humanité la plus vulnérable
pour rejoindre le Christ.
Les textes de la première partie de ce livret nous
invitent à la réflexion et la nourrissent.
Pâques 1967 : le pape Paul VI présentait au monde son encyclique Populorum progressio (Le développement des peuples). 40 ans déjà ! Célébrons
ensemble cet anniversaire en faisant nôtre, ce message d’espérance qui nous implique très concrètement aujourd’hui encore.
Benoît XVI, dans sa première encyclique, nous
invite à la Charité. L’Amour s’apprend aussi en
connaissant toujours mieux nos frères de tous les
pays.
Des groupes de femmes au Mexique aux enfants
tsiganes, par les actions menées par les associations, partenaires du CCFD, nous percevons les
fruits actuels de la résurrection du Christ.
4
Vous êtes prêtre, doyen ou curé, religieux, religieuse, laïc responsable ou membre d’une équipe
d’animation pastorale, d’une équipe liturgique,
vous êtes paroissien, paroissienne sensible aux
enjeux de la solidarité…
Vous trouverez aussi, ci-après, des propositions pour
les célébrations, du mercredi des Cendres à Pâques.
Un visuel évolutif pourra suggérer, au chœur de nos
églises, la marche des chrétiens vers une fraternité
universelle.
Vous êtes catéchiste, animateur, animatrice d’aumônerie, de mouvements…
Vous trouverez, en plus, des idées pour permettre de
réfléchir au partage des richesses et des convictions
avec les personnes que vous accompagnez.
DE LA CHARTE DE LA SOLIDARITÉ,
ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DES ÉVÊQUES DE FRANCE, LOURDES, 28 OCTOBRE 1988.
Dans le domaine de la solidarité, l’Église catholique, qui veut agir dans la logique de sa foi,
ne s’attribue aucun monopole. Elle agit par ses propres organisations, tout en offrant sa collaboration
aux autres Églises chrétiennes, comme aux autres religions et aux sociétés civiles. Mais elle veille
à ce que sa liberté reste entière pour assurer sa contribution originale aux tâches de solidarité réalisées
par tous. (…) L’interdépendance entre les peuples et les régions du monde est de mieux en mieux
perçue. C’est un appel à la responsabilité de tous envers tous. De ce fait, la solidarité ne peut être
ni sentimentale ni utilitaire. Elle requiert d’être effective, désintéressée et indivisible. (…)
La solidarité devient un enjeu déterminant pour l’avenir de l’humanité et la diffusion de l’Évangile.
Elle est un chemin indispensable de la paix et du développement. Elle constitue l’un des éléments
actuels de l’authentique charité chrétienne.
Vous êtes membre du relais solidarité de
votre paroisse…
Vous êtes membre d’une Équipe locale ou
relais CCFD…
Vous avez en main une formule renouvelée de la
Plaquette de Carême que nous avons réalisée en
tenant compte de toutes vos suggestions. Elle ne se
substitue pas aux outils plus spécifiques liés aux
réflexions sur nos thèmes en cours. Vous disposez
de beaucoup d’autres documents pour proposer des
animations, des débats autour d’expos et de vidéos
pour permettre aux chrétiens d’échanger sur le droit
à l’alimentation pour tous, la place des institutions
financières internationales, l’accès aux ressources,
les discriminations liées aux droits humains fondamentaux.
Vous trouverez, dans les textes du présent document, les mots pour affiner, renforcer vos convictions et pouvoir mieux les partager. Soyez force de
propositions, d’animations et de réflexions avec les
communautés chrétiennes, sans oublier les Mouvements et Services d’Église.
Ensemble nous pourrons porter à la connaissance du plus grand nombre, la rage de vivre des
hommes et des femmes du Sud et de l’Est qui se
mettent debout malgré toutes les difficultés. Ils donnent aujourd’hui chair à cette pensée de saint
Irénée(1) : La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant.
VOUS AVEZ ENVIE D’EN SAVOIR PLUS,
DE CREUSER UNE DES PROPOSITIONS
SUGGÉRÉES DANS CE DOSSIER…
Des dossiers thématiques, des affiches,
des enveloppes d’appel au don et bien
d’autres documents sont à votre disposition
dans chaque Délégation diocésaine du CCFD.
On pourra également vous y mettre en relation
avec le relais ou l’Équipe locale CCFD la plus
proche s’il n’y en a pas dans votre paroisse !
Dans les plaquettes de Carême des trois
années précédentes, vous trouverez
de nombreuses idées d’animations de soirées
de partage pour vivre le Carême en
communautés paroissiales ou en mouvement.
Le CCFD est composé de 28 Mouvements
et Services d’Église :
Action catholique des enfants (ACE) • Action
catholique générale féminine (ACGF) • Action
Document imprimé sur du papier ISO 14001 et EMAS, contribue à la norme environnementale.
Ce document sera une occasion d’explorer et d’accroître la place faite aux pauvres, aux boiteux, aux
aveugles…, à tous ceux qui espèrent une autre économie, un autre droit, un monde plus juste.
catholique des milieux indépendants (ACI) •
Action catholique des membres de l’enseignement chrétien (ACMEC) • Action catholique
ouvrière (ACO) • Chrétiens dans le monde rural
(CMR) • Coopération missionnaire (OPM) •
Christiane, Françoise, Henriette, Philippe, Stéphane
et Vincent, qui ont préparé pour vous ce dossier.
Équipes enseignantes • Jeunesse étudiante
chrétienne (JEC) • Jeunesse mariale (JM) •
Jeunesse indépendante chrétienne (JIC) • Jeunesse indépendante chrétienne féminine (JICF)
Cette plaquette est éditée par le Comité catholique
contre la faim et pour le développement (CCFD)
Adresse : 4, rue Jean Lantier 75001 Paris
Tél. : 01 44 82 80 00 / Site web : www.ccfd.asso.fr
Courrier électronique : [email protected]
Directeur de publication : Jean-Marie Fardeau
Coordination rédactionnelle : Stéphane Duclos
Comité de rédaction : Henriette Daoud, Stéphane Duclos,
Vincent Grossemy, Philippe Guérif, Françoise Schwartz,
Jacques Turck (Aumônier général du CCFD), Christiane Vanvincq
Contributions : Chargés de missions Amérique latine
et Europe Migrants du CCFD ; Délégations diocésaines
de la région Nord Pas-de-Calais Picardie Champagne Ardennes.
Secrétaire de rédaction : Koute Gnoyere
Relecture (propositions liturgiques) : Bénédicte Ducatel (CNPL)
Responsable de production : Pierre Ropars
Fabrication : Florence Ramaheriarison
Recherche iconographique : Stéphane Duclos
Conception graphique : Claire Robert
Imprimerie : La Fertoise
Photo de couverture : Godong
Dépôt légal : octobre 2006 / Réf. : 5710106
• Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC/JOCF) •
Mouvement des cadres et dirigeants chrétiens
(MCC) • Mouvement chrétien des retraités
(MCR) • Mouvement eucharistique des jeunes
(MEJ) • Mission étudiante catholique de France
• Mission de la mer • Mouvement du Nid • Mouvement rural de jeunesse chrétienne (MRJC) •
Pax Christi • Scouts et Guides de France •
Secrétariat national des Aumôneries de l’Enseignement public (SNAEP) • Secrétariat général de l’Enseignement catholique (SGEC) •
Société de Saint-Vincent de Paul (SVP) • Union
nationale des centres d’études et d’actions
sociales (UNCEAS) • Vivre ensemble l’Évangile
aujourd’hui (VEA) • Voir ensemble
5
Populorum
progressio :
Photo S. Lehr
40 ans déjà !
UN DON D’ESPÉRANCE POUR LA MONDIALISATION
Par Albert Longchamp, jésuite, Développement et Civilisations, Centre Lebret-Irfed
D
atée du 26 mars 1967, jour de Pâques, l’encyclique de Paul VI se voulait explicitement un don d’espérance. Dans la présentation que le pape en fit luimême lors de son message pascal, il insistait : son encyclique sur Le développement des peuples était un appel concret à l’espérance.
Le document de Paul VI, très imprégné
par la pensée du Père Lebret*, dominicain
qui avait joué un rôle majeur dans sa rédaction,
fut salué par l’économiste François Perroux
comme l’un des plus grands textes de l’humanité.
En effet, soulignait l’auteur, cette lettre encyclique rayonne d’une sorte d’évidence rationnelle,
morale et religieuse. Elle dénonce sans ménagement l’échec actuel des économies, des sociétés et
des civilisations considérées à l’échelle de la planète.
Trop optimiste ?
L’opinion publique, non sans raison, a surtout
retenu de Populorum progressio son épilogue
pathétique, titré Le développement est le nouveau
nom de la paix. On en retiendra l’une des phrases
les plus ardentes : Combattre la misère et lutter
contre l’injustice, c’est promouvoir, avec le mieuxêtre, le progrès humain et spirituel de tous, et donc
le bien commun de l’humanité. Quelques lignes
plus loin, le pape renouvelle l’invitation qu’il
* Voir note p. 12
7
avait adressée à l’Assemblée des Nations unies à
New York, à savoir la nécessité d’instaurer une
autorité mondiale en mesure d’agir efficacement
sur le plan juridique et politique.
Au cours des années et à cause des événements qui ont bouleversé la planète, dont la crise
du Moyen-Orient, l'encyclique de Pâques 1967
fut traitée de vision « optimiste », voire idéaliste,
de l’histoire. En la relisant aujourd’hui, il est difficile de souscrire à un tel jugement. Le développement est une exigence totale et un enjeu mondial : Le fait majeur dont chacun doit prendre
conscience est que la question sociale est devenue
mondiale, lit-on dès l’introduction de l’encyclique. Populorum progressio, en quelque sorte, précède et prévoit la mondialisation du développement et de l’économie. L’Église, par la plume de
Paul VI, quitte la réflexion sociale pour entrer
dans la pensée politique, elle-même fondée sur
le socle des références éthiques. Dans Populorum progressio, relève René Coste* dans un article publié pour le vingtième anniversaire de l’encyclique dans la Nouvelle Revue Théologique,
nous sommes dans le monde des hommes et non
des choses.
Pour un humanisme intégral
Les peuples sont au cœur du développement,
et tous doivent se convaincre de l’urgence d’une
action solidaire dans le cadre d’un horizon planétaire. L’encyclique de Paul VI se présente ainsi
comme une prise de conscience de ce qui adviendra avec la mondialisation. Elle n’est pas
optimiste, elle est en avance sur son temps qui,
lui, croyait encore aux lendemains qui chantent… N’oublions pas : la lettre Populorum progressio paraît un an avant un certain Mai 68 ! Des
deux événements, lequel est vraiment le plus
idéaliste ou le plus passéiste ?
Paul VI révèle à travers son espérance les inspirateurs de sa pensée ; outre Lebret, déjà cité, il
faut mentionner Maritain* et son « humanisme
intégral », François Perroux*, et, plus discrètement, Henri de Lubac*, auteur du Drame de l’humanisme athée, ouvrage qui a marqué la génération de l’immédiat après-guerre.
Le développement, affirme Paul VI, doit être
intégral, c’est-à-dire, selon la formule désormais
célèbre, promouvoir tout homme et tout l’homme.
Ces mots traduisent l’aspiration profonde de
l’humanité. La croissance, oui, mais pas seulement en tant qu’un degré toujours plus élevé
d’accumulation du capital et de forte productivité. La croissance est un problème de qualité de
vie. Il s’agit d’une croissance d’humanité, d’humanisation et non seulement d’enrichissement ;
il s'agit d’« être plus » au lieu du simple « avoir
plus ». L’encyclique est sévère à l’égard d’un
développement réduit à la cupidité : L’avarice des
personnes, des familles et des nations peut gagner
les moins pourvus comme les plus riches et susciter
chez les uns et les autres un matérialisme étouffant.
La recherche exclusive, envahissante, obsédante, de l’avoir, est un obstacle à la vraie grandeur de l’être, l’avarice est la forme la plus évidente
du sous-développement moral.
* Voir note p. 12
FOCUS
La trilogie
faim, développement, libération
Le développement intégral de l’homme
Photo CCFD
Résoudre le problème de la faim
suppose davantage qu’une simple
intervention matérielle ponctuelle.
C’est pourquoi l’action du CCFD
est à triple dimension : matérielle,
politique, spirituelle. Matérielle :
à travers les projets que le CCFD
soutient à l’étranger ; politique :
pour permettre un changement
en profondeur qui s’attaque aux causes
structurelles du problème (exemple :
campagne contre la dette) ; spirituelle :
notre engagement découle
d’un engagement évangélique
8
qui s’enracine dans la foi chrétienne ;
par notre action nous faisons œuvre
d’évangélisation.
Mais, désormais, les initiatives
locales et individuelles ne suffisent
plus. La situation présente du monde
exige une action d’ensemble à partir
d’une claire vision de tous les aspects
économiques, sociaux, culturels
et spirituels. (PP N° 13)
Il ne s’agit pas seulement de vaincre
la faim mais de construire un monde
où tout homme puisse vivre une vie
humaine. (PP N° 47)
Ainsi le problème de la faim s’inscrit
dans une problématique beaucoup plus
large qui est celle du développement.
Un développement qui ne se limite plus
à une seule dimension – économique –
mais qui tient compte de l’homme
et des hommes dans toute leur
complexité.
Le développement ne se réduit pas
à la simple croissance économique.
Pour être authentique, il doit être
intégral, c'est-à-dire promouvoir
tout homme et tout l’homme.
(PP N° 14).
Libérer l’homme de ses servitudes
L’humanisme de Populorum progressio n’est
cependant pas une copie des humanismes libéraux ou marxistes. D’une part, il se réfère toujours à la transcendance des valeurs que l’Église
tient du Christ, à savoir d'une part une vision globale de l’histoire de l’humanité qui n’est pas
enfermée dans son horizon terrestre, d’autre part
une conception très clairement solidaire du développement. En effet, précise l’encyclique, le
monde est malade. Son mal réside moins dans la
stérilisation des ressources ou leur accaparement
par quelques-uns, que dans le manque de fraternité entre les hommes et entre les peuples. La finalité première d’un monde renouvelé selon l’authentique développement est une croissance dans
la qualité de vie, une croissance dans l’être. Pour
Paul VI, tout programme, fait pour augmenter la
production, n’a en définitive de raison d’être qu’au
service de la personne. Il est là pour réduire les
inégalités, combattre les discriminations, libérer
l’homme de ses servitudes, le rendre capable d’être
lui-même l’agent responsable de son mieux-être
matériel, de son progrès moral et de son épanouissement spirituel. (…) Économie et technique n’ont
de sens que par l’homme qu’elles doivent servir.
Le travail est peine et création
En fait, devant les réalités complexes et instables de l’économie, la position de l’Église, depuis
Léon XIII, a été d’affirmer constamment les deux
principes complémentaires de la subsidiarité* et
de la solidarité, seuls capables, à ses yeux, de
rétablir une juste conception de l’homme sur les
deux questions de l’économie et du développement. La croissance n’est pas reniée, le marché
n’est pas condamné en soi, la liberté d’entreprise
n’est pas un péché, aussi longtemps que l’activité
économique se base sur le développement responsable de tous et par tous, afin que nul ne
puisse être mis à l’écart délibérément. Parallèlement, tous les agents économiques, institutions ou particuliers, sont appelés à modifier
leurs comportements dans le sens de l’action
pour le bien commun. En d’autres termes, la
pensée sociale de l’Église entend sortir du cadre
étriqué et normatif de la relation consommateurproducteur qui forme le noyau du jeu économique, et elle entend replacer la personne humaine
au centre de l’économie à partir de la théorie
classique des facteurs de productions (terre, capital, travail). La terre est reçue comme un don,
et elle a été donnée à tous les hommes, donc la
destination de ses biens doit être universelle et
non pas réduite aux seuls propriétaires.
De la même manière, ce don est fait à toutes
les générations, et pas seulement à la nôtre,
donc nous sommes responsables de l’écologie de
l’économie, nous avons pour devoir essentiel
la préservation du patrimoine autant que son
exploitation. Le capital, quant à lui, apparaît
comme le fruit du capital historique du travail
*LE « PRINCIPE
DE SUBSIDIARITÉ »
Son origine : liée à la publication
des encycliques sociales. Dans Quadragesimo anno, Pie XI écrit (1931),
à propos de la réforme des institutions
et des rapports entre individus et État :
De même qu'on ne peut enlever
aux particuliers, pour les transférer
à la communauté, les attributions dont
ils sont capables de s'acquitter de leur
seule initiative et par leurs propres
moyens, ainsi ce serait commettre
une injustice, en même temps que troubler
d'une manière très dommageable l'ordre
social, que de retirer aux groupements
d'ordre inférieur, pour les confier à une
collectivité plus vaste et d'un rang plus
élevé, les fonctions qu'ils sont en mesure
de remplir eux-mêmes.
Depuis, la référence au principe de subsidiarité – qui vise à assurer une prise de décision
la plus proche possible des personnes,
l'échelon supérieur ne prenant en charge
que les problèmes que l'échelon inférieur
ne peut résoudre – est une constante
dans l'enseignement de l'Église.
humain, de l’expérience et de l’intelligence de
l’homme. Alors que le libéralisme privilégie le
capital par rapport au travail, l’Église renverse le
raisonnement en affirmant que le capital naît du
travail : le premier n’existe que par l’épargne et
la créativité engendrées par le second.
Le travail est peine et création. Il est à l’origine de toute richesse. Mais il permet aussi à
l’homme de s’accomplir comme être social, de
s’intégrer à la société. C’est pourquoi il revient à
l’entreprise non seulement de faire du profit,
mais aussi de réaliser une vocation d’intégration
qui est en quelque sorte sa légitimation sociale.
En raison de cette double finalité, tout acte
économique, toute institution économique représente donc un choix moral : ce choix repose
sur le principe très simple : Il y a un certain dû à
l’homme parce qu’il est homme, dit l’encyclique
de Jean Paul II Centesimus annus (1991), dans le
droit fil d’une évolution de la pensée ecclésiale
allant de Léon XIII à Paul VI. Ce dû, c’est le respect de l’homme pour ce qu’il est : digne (en particulier dans son travail) et responsable de ses
actes, qui ont tous un contenu moral.
En résumé, et pour reprendre la belle expression du théologien réformé Denis Müller : l’économie est précédée par un don, elle est orientée
vers une promesse. Cette perspective, ajoute-t-il,
implique le refus de la fatalité sur la perversité
9
des hommes ou sur les déterminismes des lois et
du système économiques. L’acte économique est
un choix, il implique une visée sur l’homme, il
oriente le futur : voilà pourquoi l’Église se mêle
d’économie, et même de politique, sans vouloir
donner de recettes, mais très certainement en
cherchant à tracer leur balisage éthique.
Après quarante ans
Populorum progressio est un texte écrit une
dizaine d’années après la Conférence de Bandung (1955), qui a forgé l’expression et la conscience d’un tiers monde. Le terme, aujourd’hui,
n’a plus cours. Non point que le développement
ait atteint toutes les nations, loin s’en faut, mais
depuis 1989, il n’existe plus de deuxième monde,
régi selon la stricte doctrine marxiste. Conséquence logique, le tiers monde s’efface, mais non
les réalités que le mot désignait. Du même coup,
l’encyclique de 1967, malgré un environnement
remodelé par la mondialisation, colle toujours à
l’actualité. En janvier 1987, vingt ans après la
publication de Populorum progressio, le Père
Vincent Cosmao, dominicain, ancien compa-
LES ENGAGEMENTS
DU CCFD
À LA LUMIÈRE
DE POPULORUM PROGRESSIO
Paul VI en appelle à une autorité mondiale
en mesure d’agir efficacement sur le plan
juridique et politique (cf. p. 8). Il aurait
aimé une ONU plus musclée et moins
asservie (cf. p. 10). Que ce soit à l’occasion
du thème Paix comme, plus récemment,
dans le cadre du thème Souveraineté
alimentaire, un focus a été proposé
sur la place et le rôle des mécanismes
internationaux.
L’acte économique est un choix ;
il implique une visée sur l’homme,
il oriente le futur : voilà pourquoi l’Église
se mêle d’économie, et même de politique,
sans vouloir donner de recettes, mais très
certainement en cherchant à tracer leur
balisage éthique (cf. p. 10).
D’une campagne à l’autre…
Contre la dette des pays pauvres ;
Jubilé 2000 ; L’Europe plume l’Afrique ;
Assez de paroles, des actes ! ; Le soja
contre la vie ; État d’urgence planétaire…
autant de propositions offertes pour acter
que l’opinion publique est scandalisée
par certaines situations… et qu’elle est prête
à soutenir des évolutions et de nouvelles
attitudes.
10
gnon de Lebret et fondateur de la revue Foi et
Développement, écrivait dans les colonnes de
cette publication que l’une des clés de l’encyclique est incontestablement l’affirmation réitérée de
la nécessité de la programmation ou de la planification pour la construction de la société mondiale.
Autrement dit, Paul VI et ses inspirateurs (surtout
Louis Lebret et François Perroux) avaient compris que l’organisation de l’interdépendance
devait passer par la promotion et le respect des
nations les moins favorisées.
Certes, le débat sur le nouvel ordre économique mondial, auquel Lebret avait apporté sa caution, s’est enlisé. Mais la collaboration internationale à vocation mondiale, envisagée par Paul VI,
est désormais ancrée dans l’histoire. L’ordre juridique universellement reconnu auquel il pensait et
voyait dans une ONU à la fois plus musclée et
moins asservie à la volonté des grandes puissances n’est pas encore l’institution efficace souhaitable. La politique est devenue secondaire, derrière les poids lourds de l’ordre économique.
Néanmoins, l’intuition demeure. La mondialisation, pour s’humaniser, a besoin de structures
référées aux valeurs éthiques. Nous espérons,
écrivait Paul VI, que les organisations multilatérales et internationales trouveront, par une réorganisation nécessaire, les voies qui permettront aux
peuples encore sous-développés (…) de découvrir
eux-mêmes, dans la fidélité à leur génie propre, les
moyens de leur progrès social et humain. L’espoir
de Paul VI est devenu l’espérance des peuples.
Tous, sans exception. Une mesure conforme à la
mondialité du problème. Et compatible avec l’expérience universelle. Aucun marché équitable,
aucune pratique de la justice sociale, ne sont
possibles sans régulation. Trade, no aid !, commençait-on à dire à la fin des années soixante. Le
slogan est plus vrai que jamais.
La mondialisation,
nouveau nom du développement ?
Humanité assiégée, modernité régressive, figures anciennes de la barbarie se faufilant au milieu
des fracas modernistes… Si la pensée moderne tire
aujourd’hui sur l’humanité de l’homme, c’est à
balles réelles… Ces propos, on s’en doute, ne sont
pas tirés de l’encyclique de Paul VI mais d’un
ouvrage de Jean-Claude Guillebaud*, Le Principe
d’humanité (Seuil), un vibrant plaidoyer pour que
l’humanité ne sombre pas dans le désenchantement systématique. La mondialisation n’est pas
le nouveau nom du diable.
La mondialisation, au fond, ne véhicule ni
sentiments ni dogmes moraux ; elle n’a point de
maître à penser ni d’Écriture sainte ; elle s’invente, elle se découvre, elle accomplit l’un des
vœux les plus chers de l’homme : pouvoir investir, sans limite de temps et d’espace, sur l’instant,
un autre point du globe. Elle peut réunir l’humanité, et dans ce sens, c’est une chance. Elle peut
tomber entre les mains d’une poignée de démiurges sans foi ni loi. Sans la solidarité et la régula-
tion des institutions politiques et morales, la
mondialisation devient une machine à broyer les
libertés, à standardiser les cultures, un véritable
danger pour la démocratie. Dans cette double
hypothèse, elle représente un enjeu majeur, dont
le modèle de résolution n’existe encore nulle
part mais dont des documents comme Populorum progressio peuvent inspirer les solutions.
La mondialisation peut être « le nouveau nom
du développement ». Mais si elle n’est pas le
développement de tout homme et de tout l’homme, elle ne sera qu’une nouvelle technique d’asservissement et viendra s’ajouter aux malheurs,
si vastes, qui ont humilié le XXe siècle. N’est-ce
pas lui qui a inventé les guerres « mondiales » ?
La mondialisation est une vision de l’économie, une conception de la société, un projet sur
l’homme. La mondialisation représente donc un
enjeu éthique (l’économie ne peut pas faire n’importe quoi), un défi de société (où va la modernité ? Vers quel type de relations sociales, politiques, culturelles), une représentation de la personne humaine (dans la fusion, la mobilité, la
productivité, que reste-t-il de ce noyau irréductible qu’est la personne ?).
FOCUS
Une unité factice
La mondialisation se présente donc comme
un processus d'universalisation des échanges
entre biens, entre valeurs, entre personnes. On
peut dire que la mondialisation, c'est le dépassement du local et la transgression des frontières.
La mondialisation vise l’avènement du village
Ici et Là-bas
Photo CCFD / C. Marchal
l’interdépendance des peuples
La mondialisation entraîne une interdépendance croissante
des peuples qui forment une seule humanité (nous avons tous
été créés à l’image de Dieu) et qui nécessite une action globale.
Pour changer les choses Là-bas il faut commencer par changer
les choses ici : c’est le sens de l’Éducation au développement
à laquelle travaille le CCFD en France.
Aujourd’hui, le fait majeur dont chacun doit prendre
conscience est que la question sociale est devenue
mondiale. (…) Cet enseignement est grave et son
application urgente. Les peuples de la faim interpellent
aujourd’hui de façon dramatique les peuples de l’opulence.
L’Église tréssaille devant ce cri d’angoisse et appelle chacun
à répondre avec amour à l’appel de son frère. (PP N° 3)
Nous sommes solidairement responsables :
La situation présente du monde exige une action
d’ensemble. (PP N° 13)
global. Ce qui est en jeu dans ce processus, c'est
l'ouverture croissante à une dimension universelle et c'est aussi la constitution d'une certaine
unité de l'humanité.
Quand ont dit : unité de l'humanité, il s’agit
de bien discerner. Cette unité peut être celle qui
existe dans le rapport maître/esclave – car il
s'agit bien là d'un rapport d'unité – mais ce peut
être aussi une unité scellée dans un rapport
d'égalité, tel celui du frère au frère. Bref, l’enjeu
de la mondialisation est de créer soit une unité
de domination, soit une unité de solidarité.
Cet enjeu est mis en exergue dans un très
vieux texte biblique : le mythe de la Tour de
Babel. Le récit commence de façon extrêmement
intéressante si on le lit en s'interrogeant sur la
mondialisation. Il débute ainsi : « La terre entière
se servait de la même langue et des mêmes mots. »
Lorsqu'on lit le récit, on s'aperçoit que l'unité
recherchée est fondée sur la puissance et la démesure et que c'est ce type d'unité-là qui engendre une situation de non-communication.
On peut voir dans ce récit symbolique la mise
à nu d'un processus qui parcourt aussi, de nos
jours, le mouvement de la mondialisation et qui
indique la route à ne pas suivre. La mondialisation produit des replis identitaires, réaction inévitable à l’unité totalitaire. La globalisation des
marchés financiers est la réplique concrète du
mythe de Babel. Elle bâtit une unité factice, sans
fondement dans la société, ou au détriment des
bâtisseurs. Elle devient alors une source de conflits d’une extrême violence. Paul VI, on l’a vu,
s’est bien gardé de parler d’une gouvernance
mondiale. Ce qu’il souhaite est une instance de
concertation et de régulation, qui respecte les
diversités culturelles et les indépendances politiques.
Passion pour Dieu
et engagement pour l’homme
La mondialisation nous pousse à interroger la
Bible sur une autre question qui est celle de la
puissance et du pouvoir. La mondialisation renvoie à une accumulation fabuleuse de pouvoirs
économiques, accumulation placée entre les
mains d'acteurs relativement limités, même si on
a de la peine à les repérer et qui peuvent à eux
seuls semer la perturbation à l'intérieur de l'économie mondiale, et des acteurs, qui, – c'est là
sans doute le point le plus grave – échappent à
tout contrôle démocratique. Nous nous trouvons
devant une concentration de pouvoirs de décision, concentration qui va de pair avec une inégalité croissante et une non-participation de
l'ensemble des citoyens du monde. Une telle
situation produit des victimes dont le signe le
plus évident est celui de la pauvreté mondiale. Ce
sont des victimes de la puissance et du pouvoir.
Ce qui est en jeu, ce n'est pas seulement la question de la richesse, mais c'est la question du pouvoir. Les deux ne sont pas réductibles l'une à
l'autre, même si elles s'entrecroisent.
11
FOCUS
Sur la question des victimes du pouvoir,
l'Évangile a de quoi dire. Dieu en Jésus s'est identifié aux victimes. Il ne s'est pas identifié aux
puissants, ni même aux gens qui réussissent,
mais Il a fini lamentablement sur la croix, expulsé et exclu de la société humaine au terme d'un
procès injuste. Ce que la foi nous dit en lui, c'est
que celui qui a été expulsé et banni de l'histoire
humaine est celui qui est ressuscité. Il est très
important de bien spécifier la résurrection : ce
n'est pas la résurrection de n'importe quel homme, d'un homme en général, c'est la résurrection
d'un homme qui a été expulsé et banni : c'est
sous cet angle-là que la résurrection prend sens
et donne de l’espérance.
Le partenariat
Photo CCFD / J. Gousseland
Considérer l’autre
comme mon égal
Pour soutenir efficacement les populations
du Sud, il ne faut pas les assister mais leur
donner les moyens de s’aider eux-mêmes.
Or, pour cela il faut d’abord les reconnaître
égaux, comme capable de conduire eux-mêmes
leur destin.
Et l'homme n'est vraiment homme
que dans la mesure où, maître de ses actions
et juge de leur valeur, il est lui-même auteur
de son progrès, en conformité avec la nature
que lui a donnée son Créateur
et dont il assume librement les possibilités
et les exigences. (PP N° 34)
Car c'est là qu'il faut en venir.
La solidarité mondiale, toujours plus efficiente,
doit permettre à tous les peuples de devenir
eux-mêmes les artisans de leur destin.
Le passé a été trop souvent marqué
par des rapports de force entre nations :
vienne le jour où les relations internationales
seront marquées au coin du respect mutuel
et de l'amitié, de l'interdépendance dans
la collaboration, et de la promotion commune
sous la responsabilité de chacun. Les peuples
plus jeunes ou plus faibles demandent leur part
active dans la construction d'un monde
meilleur, plus respectueux des droits et de
la vocation de chacun. Cet appel est légitime :
à chacun de l'entendre et d'y répondre ».
(PP N° 65)
12
L’encyclique de la Résurrection
Quand Jésus annonce le sens de son ministère (Lc 4, 16-21), il énumère un ensemble de
signes qui touchent le corps de l'homme, pas
seulement son âme et son esprit. Ce sont des
signes qui consistent à remettre des gens debout
ou en situation meilleure : faire marcher celui qui
boite, guérir celui qui est lépreux, visiter celui qui
est prisonnier. C'est à la fois le monde des corps
et des relations. Jésus se fait aussi reconnaître
par de tels signes lorsque le Baptiste envoie ses
disciples pour savoir s’il est celui qui doit venir. Ce
sont les signes de proximité du Royaume de
Dieu. Populorum progressio a été appelée par
François Perroux l’encyclique de la Résurrection.
Et cela, sans doute, en raison de la date de sa
parution. Mais plus encore en vertu de sa visée
profonde. Elle met en perspective l’avenir des
hommes. Face au désarroi démoralisant ou face
à la force fanatisée, deux tentations auxquelles
nous sommes confrontés en permanence, Paul
VI envisageait une mutation pacifique et raisonnable, la société solidaire. Dira-t-on qu’il s’est
lourdement trompé ? Certes, l’Histoire n’a jamais
été un long fleuve tranquille. Il faut pourtant se
rallier à la conviction d’un Vaclav Havel, l’un des
grands humanistes de notre époque :
Il faut de longues années avant que les valeurs
s’appuyant sur la vérité et l’authenticité morales
s’imposent et l’emportent sur le cynisme : mais, à
la fin, elles sortent victorieuses, toujours. ■
Pour échanger et partager ses réflexions
autour de Populorum progressio, voir animation p.19
Qui sont-ils ?
René Coste
Né en 1922, prêtre de Saint-Sulpice, est professeur
honoraire à la faculté de théologie de l'Institut
catholique de Toulouse, ancien président
de Pax Christi-France et ancien consulteur
du Conseil pontifical Justice et Paix et du Conseil
pontifical pour le dialogue avec les non-croyants.
Henri de Lubac
1896-1991, théologien catholique et prélat français,
auteur notamment de Drame de l’humanisme athée
paru en 1944.
Jean-Claude Guillebaud
Né en 1944, écrivain essayiste et journaliste français
auteur notamment de Principe d’humanité paru
en 2001.
Václav Havel
Né en 1936 à Prague, écrivain et homme politique
tchèque. Président de la République tchèque de 1990
à 2003.
Louis-Joseph Lebret
1887-1966, Dominicain, théologien et économiste,
il participa de façon substantielle à la rédaction
de Populorum progressio.
Jacques Maritain
1882-1973, philosophe français converti
au catholicisme, auteur notamment de Humanisme
intégral paru en 1936.
François Perroux
1903- 1987, économiste français.
Photo Godong / Michel Gounot
De Populorum Progressio
à Deus caritas est
D’UNE ENCYCLIQUE À L’AUTRE
Par François Boëdec, jésuite, rédacteur en chef de Croire Aujourd’hui
L’
année 2007 marque le quarantième anniversaire de l’encyclique Populorum progressio
(Le développement des peuples). C’est l’occasion de relire ce texte très riche qui a marqué
le discours social de l’Église. Cette relecture ne peut faire abstraction de la manière dont
l’Église conçoit et formule aujourd’hui sa tâche. À cet égard, il est intéressant de mettre en
rapport Populorum progressio avec Deus caritas est, la première encyclique de Benoît XVI
(25 janvier 2006).
S’il s’agit de deux encycliques qui, chacune
à leur manière, touchent aux questions sociales, le style et la visée sont différents. L’usage des
termes est intéressant à observer : dans Populorum progressio, il n’est guère question de charité, c’est le mot développement qui s’impose. À
l’inverse, dans Deus caritas est, on voit la charité
revenir en force. Loin de s’opposer, ces deux textes témoignent de contextes mais aussi d’approches bien différentes. À la différence de Populorum progressio, Deus caritas est se veut moins
une analyse de la situation politique et sociale du
monde qui interpelle le chrétien, qu’une méditation spirituelle sur l’amour de Dieu qui conduit
l’homme à en vivre.
Les cris du monde
C’est à Paul VI et à son encyclique Populorum
progressio que le discours social de l’Église doit
son ouverture à une véritable dimension planétaire, bien avant qu’il soit question de mondialisation. Ce texte fort, nouveau, vraiment catholique au sens étymologique du terme, est signé en
la fête de Pâques du 26 mars 1967. À juste titre,
les lecteurs ont retenu de ce texte une perspective de générosité à la fois universelle et singulière puisqu’il s’agit de s’occuper de tout l’homme
et de tous les hommes.
Paul VI part d’une analyse de la situation politique internationale. À cette époque-là, la question du tiers monde est devenue centrale.
13
L’entrée des pays décolonisés à l’ONU bouleverse l’ordre traditionnel. Le débat mondial, jusque-là essentiellement préoccupé par l’antagonisme Est-Ouest, se concentre sur le nécessaire
établissement d’un dialogue Nord-Sud avant que
la cassure ne soit irréparable. Pour Paul VI, le
développement est le nouveau nom de la paix et la
question sociale est devenue mondiale.
Il ne s’agit plus de s’adresser aux seuls peuples catholiques mais à l’humanité tout entière,
aux riches comme aux pauvres : Le monde est
malade. Son mal réside moins dans la stérilisation
des ressources ou leur accaparement par quelquesuns que dans le manque de fraternité entre les
hommes et entre les peuples. Des changements
sont nécessaires, des réformes profondes, indispensables. À relire l’encyclique aujourd’hui, on
mesure le souffle qui l’anime, son caractère universel, la variété de ses destinataires : catholiques, chrétiens, croyants non chrétiens, hommes
de bonne volonté, experts, responsables économiques, sociaux et politiques, etc. Bien sûr, les
laïcs chrétiens, que le concile Vatican II vient de
reconnaître comme des partenaires essentiels
dans l’Église, sont les premiers destinataires de
l’appel, eux qui doivent s’employer résolument à
insuffler l’esprit évangélique.
On retrouve, près de 40 ans après, le même
souci de l’Église pour le monde. Mais avec des
insistances bien différentes.
charité n’est pas la justice. Cette dernière concerne l’ordre politique. La foi peut aider à former
cette justice, mais cela ne dispense pas l’Église
d’un service d’amour, nécessaire à l’homme.
À la différence de Populorum progressio qui
mettait en avant l’action sur les structures, Deus
caritas est insiste davantage sur le don et l’engagement personnel. Le pape entend préciser ainsi
le « profil » des acteurs du caritatif. Les organisations chrétiennes doivent collaborer avec les
autres. À condition de ne pas oublier la spécificité catholique, sans chercher à imposer aux
autres la foi de l’Église. L’action caritative de
l’Église ne doit pas se diluer dans une réorganisation commune d’assistance, en devenant une simple variante. Le professionnalisme ne suffit pas : il
doit y avoir une formation du cœur : L’action
concrète demeure insuffisante si en elle, l’amour
pour l’homme n’est pas perceptible, un amour qui
se nourrit de la rencontre avec le Christ.
La lecture de ces deux superbes textes montre bien que l’Église et le monde ont changé.
Mais une mise en perspective peut nous aider à
rendre bien vivante la tension inhérente à l’identité chrétienne quelles que soient les époques :
une foi qui ne s’engage pas n’est pas une foi
vivante, mais pour que cet engagement ne s’épuise pas et porte un fruit qui rend témoignage,
il doit sans cesse se ressourcer au cœur de
l’amour. ■
Indispensable charité
Dieu est amour. L’affirmation centrale de la
première encyclique de Benoît XVI tient dans ses
premiers mots qui rappellent que tout amour
vient de Dieu et appelle à une charité renouvelée.
Le texte comprend deux parties différentes, l’une
théologique, l’autre pastorale. La première est
consacrée à définir l’amour comme don de Dieu.
On y voit une belle réhabilitation de l’amour
humain, partie intégrante de l’amour de Dieu.
La seconde s’attache à la portée pratique de ce
commandement de l’amour : la charité envers
autrui.
En effet, l’agape ne peut rester individuelle.
L’amour du prochain doit devenir aussi un acte
essentiel de l’Église comme communauté. Toute
la seconde partie de l’encyclique veut donc encourager les chrétiens à mettre en œuvre la
Charité, en fixant une sorte de cadre de l’action
caritative de l’Église. Cette partie se présente
donc comme le volet pratique de la première,
même si – à la différence de Populorum progressio – on n’y trouve ni réflexion prospective ni
vision stratégique sur les domaines où exercer la
charité.
À partir de l’expérience de l’Église primitive,
Benoît XVI fait valoir que le service de la charité
fait partie de l’essence même de l’Église. Cet
engagement dépasse les frontières ecclésiales
pour exprimer l’universalité de l’amour. Mais
pour Benoît XVI, il convient de rappeler que la
14
Pour aller
plus loin,
Croire
Aujourd’hui
Tous les quinze jours, Croire Aujourd’hui, la revue de réflexion chrétienne, est un compagnon de route précieux pour vivre sa foi dans
le monde d’aujourd’hui de manière enracinée, ouverte et engagée.
Comment peut-on croire aujourd’hui ? Comment redire à frais nouveaux les mots de la foi ? Que faire comme chrétien face à telle situation personnelle, familiale, professionnelle, sociale, politique, ecclésiale… ? À travers un dossier central et des rubriques variées et en
partant toujours de la vie des gens et la réalité du monde, la revue
veut proposer des repères pour croire, comprendre et vivre sa foi.
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Retrouvez le témoignage d’un partenaire du CCFD
dans l’un des numéros du mois de mars 2007 de Croire aujourd’hui.
L’ESPRIT DE
POPULORUM PROGRESSIO
DANS LES INITIATIVES DE NOS PARTENAIRES
Photos CAM
Populorum progressio n’est pas nécessairement connue par nos partenaires mais beaucoup de projets
soutenus par le CCFD répondent parfaitement au texte de Paul VI. Nous vous présentons ici deux projets en lien avec les thèmes abordés par le CCFD – la souveraineté alimentaire et les droits économiques, sociaux et culturels des populations rom – dans lesquels nous pouvons retrouver certaines idées
fortes de l’encyclique.
Mexique
Centro de estudios sociales y culturales
Antonio de Montesinos (CAM)
T
raduire la foi en vie : l’accompagnement pastoral et théologique offert par le Centre Antonio
Montesinos (Mexique) a évolué vers une approche de développement humain intégral qui
inclut les dimensions sociale, économique et politique.
Le Centre Antonio de Montesinos, du nom
du religieux dominicain qui défendait la dignité
des populations indigènes lors de la colonisation
espagnole en Amérique, est une association
civile fondée en 1979 réunissant des chrétiens
engagés dans la construction d'une société juste,
solidaire et démocratique. Il est à la fois un centre de réflexion théologique et une organisation
non gouvernementale d'appui à des processus
de développement intégral et de participation
citoyenne. Son objectif est de renforcer le processus d'organisation des femmes et des paysans à travers des formations et de l’accompagnement à des actions de développement social.
Ces actions sont mises en œuvre dans des zones
rurales des États d’Oaxaca et de Veracruz et ont
pour objectif la génération de revenus, l’agriculture biologique et la santé.
Son origine est liée au travail entrepris par de
nombreux chrétiens qui, voulant vivre leur foi,
ont cherché à animer et à accompagner des
communautés ecclésiales de base. C’est à partir
de son offre de formation théologique et pastorale à des chrétiens engagés au plus près des
réalités de pauvreté et d’exclusion frappant les
États du Sud du Mexique, que le Centre Antonio
Montesinos a senti la nécessité de faire évoluer
son travail. Au côté des demandes de formation
sur les sacrements, sur la Bible, sur l’Église, les
communautés accompagnées par le CAM ont
15
FOCUS
sollicité ses membres pour chercher à traduire
dans les faits quotidiens les promesses évangéliques d’une vie en plénitude – et vécues comme
une espérance.
Ainsi, des communautés d’Oaxaca et de
Veracruz ont fait chemin ensemble avec le CAM
pour dessiner les contours de ce qu’on appelle
une Pastorale intégrale. Un travail d’éveil et d’accompagnement de la foi qui inclut les dimensions politique, personnelle, sociale, environnementale, culturelle et économique. Les chrétiens
et chrétiennes accompagnés par le CAM, sujets
de cette Pastorale intégrale, se sont en fait interrogés sur comment rendre réelle la nouvelle vie à
laquelle le Christ invite toutes les personnes. Une
réponse concrète qui correspond parfaitement à
l’appel de Populorum progressio.
Ainsi est né un travail spécifique qui vise la
création d’activités économiques. Cela a requis
de la part du CAM l’acquisition et l’appropriation
de savoirs techniques, dans les domaines du
développement, de l’agro-écologie, de la santé
communautaire, de la médecine traditionnelle et
préventive, etc.
L’expression la plus réussie de ce travail du
CAM est le réseau de femmes « gestionnaires du
développement » dans la municipalité de Catemaco (État de Veracruz). L’organisation et la formation de groupes de femmes, en leur majorité
originaires des communautés ecclésiales de base
et soucieuses de mettre en cohérence leur foi et
leur vie, répondent à un triple défi (dont le diagnostic revient aux femmes elles-mêmes) : la violence à leur égard, l’absence de revenus et la
santé. Malgré toute la résistance culturelle à ce
qu’elles s’organisent (résistance de la part des
hommes, mais aussi de la part de certaines femmes), leur travail permet peu à peu de voir naître
des vrais changements culturels. Le CAM les a
formées et accompagnées dans la création de
cultures de maraîchage. Cette activité a permis
de faire des économies et d’améliorer la qualité
de vie : tout d’abord par l’adoption d’habitudes
alimentaires plus équilibrées. Par ailleurs, n’ayant
plus à acheter leurs légumes au marché, les femmes ont pu ainsi mieux administrer les ressources familiales et les réorienter vers le lancement
d’autres activités économiques : petits élevages
(poules, cochons, lapins).
Les témoignages des femmes qui sont rentrées dans cette démarche sont porteurs d’espérance et signes des changements possibles : Le
travail de formation du groupe de femmes “gestionnaires du développement“, impulsé par le CAM,
nous a permis de nous libérer. Quoique certaines
d’entre nous ne sachent pas encore lire ni écrire,
nous savons que nous avons des droits. On nous
avait amenées à croire que l’école pour les femmes
s’arrêtait à 12 ans. Aujourd’hui, nous n’avons pas
honte de sortir de la maison. Nous apprenons dans
ce processus à être plus solidaires les unes avec les
autres et à prendre soin de notre communauté. ■
L’esprit de Populorum progressio
dans le choix des projets soutenus par le CCFD
Photo CAM
L’action de ces femmes et de CAM
correspond à l’appel de Populorum
progressio à différents niveaux :
16
– Pour une vision globale de l’homme
et de l’humanité. Mais désormais,
les initiatives locales et individuelles
ne suffisent plus. La situation présente
du monde exige une action d'ensemble
à partir d'une claire vision de tous les
aspects économiques, sociaux, culturels
et spirituels. Experte en humanité,
l'Église, sans prétendre aucunement
s'immiscer dans la politique des États,
ne vise qu'un seul but : continuer,
sous l'impulsion de l'Esprit consolateur
l'œuvre même du Christ venu dans
le monde pour rendre témoignage
à la vérité, pour sauver, non pour
condamner, pour servir, non pour être
servi (PP N° 12). Fondée pour instaurer
dès ici-bas le royaume des cieux
et non pour conquérir un pouvoir
terrestre, elle affirme clairement
que les deux domaines sont distincts,
comme sont souverains les deux
pouvoirs ecclésiastique et civil, chacun
dans son ordre (PP N° 13).
Mais, vivant dans l'histoire, elle doit
scruter les signes des temps et les
interpréter à la lumière de l'Évangile
(PP N° 14). Communiant aux meilleures
aspirations des hommes et souffrant
de les voir insatisfaites, elle désire
les aider à atteindre leur plein
épanouissement, et c'est pourquoi
elle leur propose ce qu'elle possède
en propre : une vision globale
de l'homme et de l'humanité. (§ 13)
– Pour la destination universelle
des biens. “Emplissez la terre
et soumettez-la“ (Gen,1,28) : la Bible,
dès sa première page, nous enseigne
que la Création entière est pour
l'homme, à charge pour lui d'appliquer
son effort intelligent à la mettre en
valeur, et, par son travail, la parachever
pour ainsi dire à son service. Si la terre
est faite pour fournir à chacun
les moyens de sa subsistance et les
instruments de son progrès, tout homme
a donc le droit d'y trouver ce qui lui est
nécessaire. Le récent concile l'a rappelé :
Dieu a destiné la terre et tout ce qu'elle
contient à l'usage de tous les hommes
et de tous les peuples, en sorte que
les biens de la Création doivent
équitablement affluer entre les mains
de tous, selon la règle de la justice,
inséparable de la charité (Gaudium et
Spes N° 69, § 1). Tous les autres droits,
quels qu'ils soient, y compris ceux de
propriété et de libre commerce, y sont
subordonnés : ils n'en doivent donc
pas entraver, mais bien au contraire
faciliter la réalisation, et c'est un
devoir social grave et urgent de les
ramener à leur finalité première. (§ 22)
Photo CCFD / J.-M. Delage
Enfants Tsiganes
Association d’aide à la scolarisation
des enfants tsiganes (ASET) de la Manche
C
réée en 2005, cette association est membre de l’ASET nationale créée en 1969. Elle se
compose de onze membres et d’un enseignant bénévole. Elle a pour but, selon ses statuts,
l’aide à la scolarisation des enfants tsiganes et autres jeunes en difficultés par la réalisation et le soutien d’initiatives juridiques, socio-éducatives ou culturelles.
À quelles difficultés l’ASET veut-elle répondre ?
La scolarisation des enfants dont les parents
se déplacent en voiture hippomobile à travers la
Normandie pose de nombreuses difficultés.
Matérielles tout d’abord. Les populations
nomades changent de lieu de vie fréquemment à
cause de la législation* ou par nécessité – pour
trouver du travail par exemple. Il est donc difficile pour des enfants d’aller à l’école des communes où leurs familles stationnent. En effet,
comment s’insérer dans un établissement quand
on n’y reste que quelques jours ? Comment
l’école, de son côté, peut-elle faire face à l’arrivée
d’un groupe d’enfants (10-15 parfois !) d’âges différents et n’ayant suivi aucun parcours ?
Une maman de huit enfants parle de quelques
expériences de scolarisation : Les enfants sont
séparés… Il faudrait qu’ils soient ensembles, frères
et sœurs… On met les grands au collège alors qu’ils
ne sont jamais allés à l’école… Certains maires
refusent les enfants du voyage… d’autres écoles
autorisent deux jours…
Culturelles ensuite. Souvent sur les routes,
ces enfants sont habitués à vivre au grand air et
peuvent difficilement rester enfermés dans un
local. De par leur mode de vie, les enfants du
voyage ont un rythme spécifique, des repères qui
leur sont propres. On peut résumer les choses
ainsi : les structures de scolarisation ne sont pas
adaptées aux enfants tsiganes qui, culturellement, ne peuvent se plier au mode de vie des
sédentaires. Dès lors, soit ces populations, désireuses de conserver leur culture, sont marginalisées et se paupérisent, soit des formes de scolarisation adéquates leur sont proposées. C’est l’objectif de l’ASET.
Avec quels moyens ?
Grâce à l’utilisation d’une antenne mobile
(camion aménagé en salle de classe) l’ASET se
rend sur les lieux de stationnement chaque mercredi et s’adresse aux enfants depuis l’âge de la
maternelle jusqu’aux grands jeunes du collège.
L’enseignant bénévole leur propose un rythme
de travail et une pédagogie adaptés selon les
âges et les niveaux.
Selon quelle méthode ?
L’ASET propose une « école de terrain »,
c'est-à-dire une école qui va sur le terrain culturel des populations tsiganes, respectueuse de
leur mode de vie. En leur donnant accès au
savoir, elle cherche à les ouvrir davantage sur le
monde, sur d’autres mondes. Cette ouverture,
loin de les marginaliser, serait une chance : elle
leur donnerait l’occasion de communiquer leurs
propres richesses, les aiderait à grandir et à faire
grandir leur peuple. Ainsi ce qui est source de
discrimination deviendrait source de développement et de reconnaissance. ■
* Selon les aires d'accueil, la durée de stationnement
est limitée par la loi.
17
FOCUS
L’esprit
de Populorum progressio
dans le choix des projets soutenu par le CCFD
Populorum progressio n’a certes
pas inspiré ce type d’initiative.
On peut se demander quel lien
peut exister entre l’encyclique
de Paul VI et l’action de l’ASET(3).
Pourtant à y regarder de plus près
on constate que ce projet s’inscrit
parfaitement dans l’esprit
de ce texte d’Église.
Photos CCFD / J. M. Delage
Voyons cela ! Tout d’abord
la démarche de l’ASET vise
des populations marginalisées
et laissées de côté par rapport
au reste de la société dans laquelle
elles s’inscrivent : mais chaque
homme est membre de la
société : il appartient à l'humanité
toute entière. Ce n'est pas
seulement tel ou tel homme,
mais tous les hommes qui sont
appelés à ce développement
plénier. (PP N° 17)
De plus, elle consiste à privilégier
l’éducation et particulièrement
l’alphabétisation, sans se limiter
à des perspectives strictement
économiques (PP N° 14).
Et cette promotion de l’éducation
vise avant tout l’insertion
dans la société.
18
L'éducation de base est
le premier objectif d'un plan
de développement. La faim
d'instruction n'est en effet pas
moins déprimante que la faim
d'aliments : un analphabète
est un esprit sous-alimenté.
Savoir lire et écrire, acquérir
une formation professionnelle,
c'est reprendre confiance en soi
et découvrir que l'on peut
progresser avec les autres.
Comme nous le disions dans
notre message au Congrès
de I'Unesco, en 1965, à Téhéran,
l'alphabétisation est pour
l'homme un facteur primordial
d'intégration sociale aussi bien
que d'enrichissement personnel,
pour la société un instrument
privilégié de progrès économique
et de développement. (PP N° 35)
Enfin, la structure d’enseignement
proposée aux enfants tsiganes leur
est adaptée tant d’un point de vue
matériel que d’un point de vue
culturel. Ainsi les membres
de l’ASET proposent une école
mobile susceptible de suivre
la communauté dans ses
déplacements, sans l’obliger
à se sédentariser. Mais elle va
plus loin, elle veut permettre
aux populations concernées
de faire de leur richesse culturelle
un facteur d’intégration
et d’ouverture sur le monde.
Riche ou pauvre, chaque pays
(ou population) possède une
civilisation reçue des ancêtres :
institutions exigées pour la vie
terrestre et manifestations
supérieures – artistiques,
intellectuelles et religieuses –
L’école du voyage
de la vie de l'esprit. Lorsque
celles-ci possèdent de vraies
valeurs humaines, il y aurait
grave erreur à les sacrifier à
celles-là.
Un peuple qui y consentirait
perdrait par là le meilleur
de lui-même. Il sacrifierait,
pour vivre, ses raisons de vivre.
L'enseignement du Christ
vaut aussi pour les peuples :
que servirait à l'homme de
gagner l'univers, s'il vient à
perdre son âme ? (PP N° 40)
C’est donc un mode de
développement pluridimensionnel,
respectueux des différences
que porte l’Association d’aide
à la scolarisation des enfants
tsiganes. Il s’inscrit parfaitement
dans l’idéal de Populorum
progressio résumé dans cette
simple phrase : La solidarité
mondiale, toujours plus efficiente,
doit permettre à tous les peuples
de devenir eux-mêmes les
artisans de leur destin. (PP N° 65)
Animer
une réflexion sur
Populorum progressio
Si le développement est le nouveau nom de la paix, qui
ne voudrait y œuvrer de toutes ses forces ? Nous vous
convions à répondre à notre cri d’angoisse, au nom du
Seigneur. Paul VI
C’est ainsi que se conclut l’encyclique Populorum
progressio. Et tandis qu'en France, le CCFD fait sien cet
appel ainsi que les convictions relayées, dans les années
1960, par les papes Jean XXIII et Paul VI, d’autres
Agences catholiques européennes et nord-américaines
se mobilisent aussi pour le développement et la solidarité. Au point d’imaginer créer entre elles une instance
de coordination.
Durant le concile Vatican II, l'idée fait son chemin et,
en septembre 1967, la Cidse(1) est créée dans le but de
prôner la solidarité internationale et de réaliser une aide
plus efficace dans le Sud.
En 2007, plusieurs Agences de la Cidse dont Cafod en
Angleterre, Cordaid aux Pays bas, Entraide et fraternité en
Belgique, Fastenopfer en Suisse, Sciaf en Écosse et Trocaire en Irlande feront référence au quarantième anniversaire de Populorum progressio.
Faire mémoire d’un texte de 1967 n’est pas régresser
quand c'est pour se projeter dans l’avenir à la relecture
de l’histoire(2). Les textes du magistère nous le rappellent
en s’interpellant ou se complétant souvent les uns les
autres et c’est en se référant à l’enseignement de l’Église
en matière sociale que les quinze organisations membres de la Cidse développent leur mise en commun(3).
Souvenez-vous aussi de la campagne commune de
2005, à l’occasion de l'Action mondiale contre la pauvreté (voir l'encart central de la Plaquette de carême 2006).
(1) Coordonnées : Cidse, 16, rue Stevin - Bruxelles. www.cidse.org
(2) Octobre 2007, la Cidse organisera un colloque pour marquer
son 40e anniversaire ainsi que la référence au document de Paul VI.
(3) Domaines de travail de la Cidse :
– Plaidoyer : Commerce et sécurité alimentaire ; ressources
allouées au développement ; gouvernance mondiale ;
politique de développement de l’UE ; sécurité et développement.
– Programmes : Afrique ; Asie ; Amérique latine ; paix et conflits ;
Droits de l’homme ; Cofinancement.
– Éducation au développement
Démarche d'appropriation personnelle
et collective de l’encyclique(1), à partir du texte
d’Albert Longchamp. (Voir p. 7)
Première proposition
1 – Lecture personnelle (durée : environ 40 mn)
Vous pouvez commencer cette démarche par
une lecture personnelle en utilisant une grille
de questions. Par exemple :
A – Qu'est-ce que je ne comprends pas dans
ce texte, qui me pose problème, qui mériterait
un éclaircissement ?
B – Quel type de mondialisation cette encyclique
invite-t-elle à construire ?
C – En quoi cela vient interroger ou conforter
l'action du CCFD ?
2- Réflexion en groupe sur ces interrogations
personnelles (durée : 1 h, en groupe de 4 à 5
personnes maximum)
En petits groupes, les participants échangent
sur leurs questionnements et sur les éléments
incompris (question A). Ensuite, les participants
reprennent les questions B et C (ces questions
peuvent être adaptées aux participants).
3 – Mise en commun
La mise en commun peut reprendre ce double
questionnement : d’abord en exprimant les points
d’incompréhensions qui subsistent, puis
en présentant des éléments de débat.
Vous pouvez finir cette animation soit
par un débat entre les participants, soit
par une intervention d’une personne qualifiée
(prêtre ou laïc qui a travaillé cette encyclique).
Cette intervention peut aussi se dérouler
lors d’une rencontre suivante, par exemple
en déléguant, dans l'intervalle, à un petit
collectif, le soin de travailler sur l’encyclique.
Deuxième proposition
Pour proposer une réflexion sur Populorum
progressio lors d’une soirée de Carême en
paroisse, vous pouvez choisir des paragraphes
courts que vous écrivez sur des quarts de feuille
pour réaliser un jeu de huit à dix cartes.
Par petits groupes, étaler les cartes pour que
chacun puisse choisir le paragraphe qui lui paraît
le plus pertinent. Le critère de choix varie selon
votre public et les enjeux de votre soirée.
Après une mise en commun, vous pouvez prendre
l’exemple d’un projet CCFD ou faire intervenir une
personne qualifiée, prêtre ou laïc, ayant travaillé
cette encyclique.
(1) On trouve l’encyclique Populorum progression
sur internet : www.vatican.va
19
Photo S. Lehr
Préparer
40 ANS, 40 JOURS
L
Pâques
Par le Père Jacques Turck, aumônier général du CCFD
e Carême 2007 pourrait se trouver enfoui sous de multiples sujets de préoccupation…
au lendemain du VIIe Forum social mondial de Naïrobi (Kenya) et pris dans la tourmente médiatique des échéances électorales françaises.
Au fil du temps…
Pâques, c’est le carrefour entre l’histoire des hommes et le Salut en JésusChrist. En christianisme, les années, les
jours, les heures et les minutes revêtent
une importance cruciale. La liturgie nous
le rappelle à longueur d’année (il y a
même une liturgie pour les heures). Elle
célèbre ce qui est advenu un troisième
jour, le premier de la semaine, le jour de
Pâques, quand Jésus, Fils de Dieu, ressuscita après avoir été mis à mort sous
Ponce Pilate, alors gouverneur de Judée,
Caïphe étant Grand prêtre cette annéelà… Autant d’indices qui confirment l’importance du temps dans notre foi chrétienne.
Ce matin, peut-être, vous avez écrit
une lettre ou signé un chèque. Vous y
avez pratiqué un rite convenu qui est
une liturgie d’inscription de notre histoire dans l’histoire de la révélation chrétienne. Cette « liturgie de la date » a mis
en relation le temps profane et le temps
religieux sans que personne n’y voie une
transgression à l’égard de la laïcité…
Si nous voulions nous y arrêter un instant, il y aurait là une source lumineuse
pour éclairer nos journées.
Relire le temps
Quarante ans d’une encyclique dont
le sujet principal était le « progrès des
peuples » - écrite par l’Église se mêlant
de la situation politique et économique
des peuples en 1967 –, c’est l’occasion de
redire combien temps profane et temps
religieux sont imbriqués. Non pour les
confondre, mais parce que l’Église est du
21
temps présent. Elle ne prétend pas regarder son héritage comme le trésor d’un
passé révolu. Elle se saisit de sa mémoire
comme d’une source puissante d’inspiration pour faire naître des formes et des
styles d’incarnation de l’Évangile dans le
développement des peuples d’aujourd’hui.
Quarante ans d’une encyclique, cela
rime bien avec les quarante années de
traversée du désert vécue par quelques
tribus du peuple d’Israël. Déjà il était
question de la libération de l’esclavage,
d’une terre promise à partager avec des
étrangers. Déjà il était question d’eau et
de source jaillie d’un rocher, de manne et
de nourriture… Déjà il était question
d’alliance entre les peuples et d’alliance
avec Dieu.
Quarante jours de préparation à la
célébration de Pâques et voilà une nouvelle mémoire riche d’un enseignement
nouveau où l’alliance avec Dieu vérifie
son authenticité dans l’alliance avec les
hommes… Si tu veux aimer Dieu, aime
ton frère comme toi-même. Et nous voilà
invités à résister à la chanson du monde
qui vante le chacun pour soi des peuples
riches.
Invités à inventer
Un jour, Jésus pose une question à
ceux qui vivent dans l’opulence : Quel
avantage l’homme a-t-il à gagner le monde
entier, s’il se perd ou se ruine lui-même ?
(Luc 9, 25). Deux petites paraboles couplées viennent illustrer sa réponse : celle
du silo à grain (Luc 12, 16) et celle de la
bataille à gagner (Lc 14, 31). Je vous invite à les relire avant d’embarquer dans
la marche vers Pâques.
Dans les deux cas, Jésus invite à faire
preuve d’intelligence et de cœur. À quoi
cela te sert-il d’amasser un trésor pour
toi-même ? À quoi cela te sert-il de livrer
bataille contre un autre si au bout du
compte ton peuple se trouve décimé, réduit à l’esclavage, obligé d’accepter des
conditions de vie insupportable ? Mieux
vaut s’asseoir tout de suite à la table de
négociation. Comprenons bien : Jésus ne
dit pas Stoppez tout, c’est trop difficile. Il
dit : Inventez, coopérez, créez les conditions pour oser la fraternité sans vous aliéner ce qui est essentiel : l’inscription dans
le projet de Dieu de ce que nous voulons
réussir pour l’humanité. Alors ensemble
vous arriverez au terme de votre projet : les
objectifs du millénaire, le développement
comme nouveau nom de la paix… Là, au
cœur de ce qui vous fait vivre, murmure
le oui de Dieu à nos entreprises d’hommes et de femmes. Jésus renvoie chacun
22
à ce qui est le plus profond de son désir
pour mener à bien ce qui le construit
vraiment. Nous ne sommes pas ici dans
l’ère de l’obligation ou de la prescription.
Mais dans l’ère de l’inscription dans le
temps de Dieu.
Vivre humainement
sa vie spirituelle
De manière symbolique et exemplaire, les quarante jours de Jésus au désert
le montrent comme un résistant à la
chanson du monde pour accomplir sa
mission. Les trois tentations qui illustrent
ces quarante jours montrent comment il
ne cherche pas à vivre le plus spirituellement possible sa vie humaine mais le
plus humainement possible sa vie spirituelle.
– Dans la troisième tentation, Jésus
ne saute pas du pinacle du Temple. Il sait
que s’il saute, il se tuera. Le Christ de notre foi n’a rien d’un oiseau ou d’un ange.
Il refuse d’ignorer la réalité de sa condition humaine. Il accepte l’épreuve du
temps pour réaliser la mission confiée
par le Père et gagner le cœur des hommes.
– Dans la première tentation, Jésus
refuse de satisfaire son appétit pourtant
aiguisé par les jours de jeûne. Il rappelle
que l’homme ne travaille pas pour satisfaire ses appétits de consommation. Il ne
vit pas que de pain et d’opulence… Il
laisse place à l’écoute de la Parole de
Dieu et inscrit son histoire dans une
conversation constante avec le Père.
– Enfin, Jésus refuse de s’allier à la
toute puissance et à l’immédiateté : le
meilleur des mondes, le tout et tout de
suite, la violence qui en découle…
Ce n’est pas de cette efficacité-là
dont il rêve mais d’un développement
qui passe de génération en génération
par une lente gestation de toute la
Création qui gémit dans les souffrances
de l’enfantement. Voilà encore le temps
retrouvé ! (Cf. Mt 4, 1 et suivants).
Aujourd’hui encore comme au temps
de la traversée du désert, les peuples
vont de puits en oasis. Toute une spiritualité du nomadisme se développe en
cette histoire où tant d’hommes et de
femmes acceptent d’émigrer et de vivre
désinstallés avec pour seule espérance
l’inconnu du futur qui repose sur notre
fraternité.
En définitive, au cœur du temps, l’accroissement de la vie des autres ne se
réalise que par le don de notre propre vie
au bénéfice d’autres vies. Tel est le sens
du sacrifice de Jésus en sa passion. Tel
est le sens de l’unique commandement :
Écoute Israël, si tu veux aimer Dieu de tout
cœur et de toutes tes forces, aime les autres comme toi-même ! (Cf. Mc 12, 30).
C’est de cette manière que Paul VI écrivait dans Populorum progressio : L’homme doit rencontrer l’homme, les nations
doivent se rencontrer comme des frères et
sœurs, comme des enfants de Dieu… C’est
le chemin de l’avenir (§ 28).
Il nous rappelle que le temps est
aussi long que la grâce de Dieu… et que,
dans ces quarante jours de préparation à
Pâques, nous sommes invités à nous
abandonner à la grâce du temps. Ne déterrons pas à chaque instant le grain
semé pour voir s’il pousse. Que tu veilles
ou que tu dormes, c’est Dieu qui donne
la croissance. ■
Pèlerin s'associe à la Campagne de Carême menée par le CCFD.
À quelques semaines d'échéances électorales déterminantes
(l'élection d'un nouveau président puis des députés),
le CCFD invite les chrétiens à s'engager davantage pour bâtir
un monde plus juste. En 2007 plus encore que d'habitude,
le Carême sera donc un temps essentiel de jeûne, de prière,
de rencontre, de partage, de gestes d'espérance...
Pèlerin publie une enquête sur ces chrétiens qui revisitent
le sens du Carême.
Vous pourrez trouver ce numéro,
le 22 février 2007 chez votre marchand de journaux.
PRIÈRES
Un peuple de toutes
les nations
Envoie-nous
des fous
Photo Godong / M. Gounot
Qui s’engagent à fond,
Qui aiment autrement qu’en paroles,
Qui se donnent pour de vrai et jusqu’au bout.
Il nous faut des fous,
Des déraisonnables,
Des passionnés,
Capables de sauter dans l’insécurité :
L’inconnu toujours plus béant de la pauvreté.
Il nous faut des fous du présent,
Épris de vie simple, amants de la paix,
Purs de compromission, décidés à ne jamais trahir,
Méprisant leur propre vie,
Capables d’accepter n’importe quelle tâche,
De partir n’importe où :
À la fois libres et obéissants,
Spontanés et tenaces,
Doux et forts.
Ô Dieu envoie-nous des fous.
LOUIS-JOSEPH LEBRET,
« Appels au Seigneur »,
Éditions ouvrières/Éditions de l’Atelier,
1955 (1ère édition), 1967 (2e édition).
Photo CCFD
Ô Dieu, envoie-nous des fous,
Accueil des partenaires du CCFD, campagne de Carême 2003
Vois, Jésus, les peuples des vertes forêts,
peuples aux mains d’ébène.
Dans tes mains, le manioc et le mil
leur donneront faim d’être peuple de frères.
Vois, Jésus, les peuples de l’Océan bleu,
peuples parsemés.
Dans tes mains, le poisson partagé
sera communion pour les îles dispersées.
Vois, Jésus, les peuples
couleur de leurs temples d’or.
Dans tes mains, le riz deviendra
nourriture de vie pour les multitudes.
Vois, Jésus, les peuples aux mains brunes
et ces épis de maïs.
Dans tes mains, ils deviendront
aliment du grand respect du pauvre.
Vois, Jésus, les peuples des grandes plaines de blé
et leurs richesses engrangées.
Dans tes mains, le pain consacré
se transformera en pain partagé avec l’étranger.
Alors, nous, peuples d’Afrique et d’Océanie,
d’Asie, d’Europe et d’Amériques,
nous serons chair de ta chair et sang de ton sang !
Dans Prier n° 275, octobre 2005 et site internet
des Missionnaires de la Consolata (IMC) du Québec.
23
Vivre le Carême
comme un chemin d’espérance
Fiches liturgiques réalisées en collaboration avec des membres des Délégations diocésaines CCFD d’Amiens,
des Ardennes, de Lille, d’Arras et de Cambrai et la contribution du Centre national de pastorale liturgique.
D
ans les pages qui suivent nous vous faisons quelques propositions pour l’animation liturgique du Carême (Année C). Il s’agit de propositions qu’il convient d’adapter localement à la
dynamique choisie pour vivre et célébrer le temps du carême en paroisse. Pour relier entre
elles les différentes célébrations qui nous conduisent à Pâques (voir encadré « Du mercredi
des Cendres… à la Résurrection ! »), nous vous proposons également un visuel évolutif
centré sur la croix. Voici, en quelques mots, l’explication du cheminement.
DU MERCREDI DES CENDRES… À LA RÉSURRECTION !
Une nouveauté, cette année : nous
proposons, à travers une évolution du
visuel « jusqu’à Pâques », un accompagnement de la démarche… jusqu’à son
terme. Parce que l’action de solidarité ne
se limite pas à la collecte. Parce que cette
collecte – qui trouve, certes, son point
« culminant » lors du cinquième dimanche – ouvre à une réalité doublement
capitale :
– Elle est signe de la communion d’une
communauté qui fait corps, qui s’unit
dans le geste du don, forme d’abandon à
la suite du Ressuscité qui nous invite à
donner sens à nos engagements ;
– Elle permet, encourage, amplifie l’action du CCFD tout orientée vers la situation de partenaires qui montrent à qui
veut bien le voir, au cœur d’un monde
tiraillé, souvent violent, trop facilement
injuste, des chemins de vie, des démarches d’espérance, des voies de résurrection.
Le Carême est le temps privilégié
du pèlerinage intérieur vers Celui
qui est la source de la miséricorde.
C’est un pèlerinage au cours duquel
Lui-même nous accompagne
à travers le désert de notre pauvreté,
nous soutenant sur le chemin
vers la joie profonde de Pâques.
1
Un autre monde est possible. Il est
déjà en route avec toutes ces initiatives
qui visent au développement des peuples. François Perroux avait raison d’appeler Populorum progressio l’encyclique
de la résurrection (cf. p. 12).
Proposer la réflexion du CCFD, présenter
la situation d’acteurs au Sud et à l’Est qui
inventent du vrai, du beau, du bon… c’est
contribuer à réhabiliter l’humanité. ■
2
Message de Benoît XVI pour le Carême 2006.
Pensez-y !
Vous pouvez utiliser les oraisons de
la messe votive Pour le développement
des peuples, rédigée à partir
de l’encyclique Populorum progressio.
(Missel romain, p. 954-955)
Extraits :Tu as confié la terre aux hommes
pour qu’elle serve à l’épanouissement de
tous, que chaque peuple ait les moyens de
travailler à sa croissance, dans le respect
des autres et la justice. Par Jésus Christ.
24
6
7
Préparer
Pâques
Le visuel évolutif centré sur la croix
e mettre en marche sur le chemin qui nous mène à Pâques,
c’est accepter de vivre un pèlerinage au cours duquel nous nous reconnaissons pauvre, fragile, petit face à
la croix. Pour beaucoup de personnes, la
CROIX est associée à la souffrance, à
l’échec, à la mort. Pour nous chrétiens, la
croix est aussi le signe de la résurrection
du Christ, de la victoire sur la mort, un
message d’Amour qui dépasse tout refus
d’aimer. Notre présence lors de l’entrée
en carême indique notre volonté de nous
convertir et de croire en la Bonne Nouvelle comme le dit la formule d’imposition des cendres. Le chemin n’est pas facile tous les jours car il n’est pas facile de
vivre d’Amour en vérité, de nous tourner
vers Dieu notre Père et d’aller à la rencontre de nos frères. Nous vous proposons, durant cette célébration, d’installer autour de la croix un TISSU qui représentera le chemin pascal que nous
sommes invités à parcourir ensemble, en
Église au cœur du monde.
Le Carême s’offre comme un temps
privilégié de conversion : non de retour
sur soi dans les larmes et la tristesse,
mais d’ouverture à la rencontre et à l’espérance ! Durant les dimanches du
Carême, nous vous invitons à installer
S
sur ce chemin – symbolisé par le tissu –
des BOUGIES ou LUMIGNONS de toutes les
couleurs : signes des Paroles entendues,
des temps de prières offerts gratuitement, des gestes de solidarité petits et
grands… de tout ce qui est, pour vous et
vos communautés, signe d’espérance
dans l’attente de la lumière de Pâques.
(Une lampe sur mes pas, ta parole, une lumière sur ma route Psaume 118 [119])
Lors du 5e dimanche (jour de la collecte du CCFD), les communautés chrétiennes sont appelées à manifester le
partage et la solidarité internationale. Si
cela convient, on peut installer un GLOBE
TERRESTRE ou un PLANISPHÈRE sur le
chemin, en signe d’ouverture au monde
et plus spécialement aux peuples les plus
défavorisés de notre terre. (Ou déposer
des photos de visages de tous pays, qui
prendront place près des bougies multicolores).
Le dimanche des Rameaux et de la
Passion du Seigneur, des RAMEAUX peuvent être installés au pied de la croix, et
au cours de la nuit pascale, le CIERGE
PASCAL trouvera sa place au côté de la
croix. Le jour de Pâques, des FLEURS placées autour et sur la croix diront que la
Vie et l’Amour sont plus forts que la
mort. ■
Le visuel proposé peut être
prolongé jusqu’au jour de Pâques.
Le dimanche des Rameaux :
1er avril 2007
À la fin de la procession des rameaux,
des branches de buis ou des palmes
peuvent être déposées par quelques
personnes au pied de la croix et/ou
sur le chemin.
8
9
La veillée pascale : 7 avril 2007
La lumière de Pâques illumine notre
chemin. À la fin de la procession
de la lumière, le cierge pascal trouvera
sa place au côté de la croix sur laquelle
on aura changé le tissu de couleur
par un tissu blanc. On veillera à ce que
ce cierge soit placé plus haut que la croix
car il est signe de victoire et symbole
du Christ ressuscité.
10
Le jour de Pâques : 8 avril 2007
Le dimanche de Pâques, nous célébrons
la résurrection du Christ vainqueur
de la mort. En signe d’allégresse,
des fleurs pourraient être accrochées
sur la croix et/ou déposées sur le chemin.
3
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10
25
Distribution
des enveloppes :
appel à la
collecte CCFD
Propositions de texte
à lire aux communautés chrétiennes
Vous recevez aujourd’hui
une enveloppe du Comité
catholique contre la faim
et pour le développement
que vous rapporterez, avec
votre offrande, le jour
de la collecte, le cinquième
dimanche de Carême.
Placée dans un endroit visible
chez vous, cette enveloppe
vous invitera, vous et votre
famille, vos enfants, à ouvrir
votre cœur aux populations
qui souffrent dans le monde,
en vous informant sur elles,
en participant aux rencontres
et aux actions de Carême.
Nous serons tous invités
à remettre cette enveloppe,
le jour de la collecte du CCFD,
dans une démarche communautaire, comme les actes
des Apôtres nous y invite :
Tous les croyants ensemble
mettaient tout en commun.
Le fruit de leurs richesses
était partagé entre tous
selon les besoins de chacun.
21 février 2007
Mercredi des Cendres
Célébration diocésaine d’entrée en Carême
Dans plusieurs diocèses,
des célébrations d’entrée
en Carême sont organisées
(soit le mercredi des Cendres,
soit le premier dimanche de Carême) :
présidées par l’évêque ou un vicaire
épiscopal, ces célébrations
sont proposées à l’ensemble
des chrétiens du diocèse : paroisses,
mouvements, services, groupes
d’Église... et peuvent parfois coïncider
avec l’appel décisif des catéchumènes.
Lors de cette célébration, nous sommes
tels des pèlerins au départ du chemin
qui nous mènera dans l’espérance
à la joie de Pâques. Nous sommes
invités, ce premier jour du Carême,
à reconnaître nos faiblesses
et nos fragilités mais nous sommes
également conviés à nous convertir,
à oser la confiance en Dieu :
Convertissez-vous et croyez
en la Bonne Nouvelle.
(Actes 2, 44-45).
1 2
La croix et le tissu
La croix, installée dans le chœur de l’église, sera mise en valeur
(par exemple, à l’aide d’un projecteur). On pourra, après l’imposition
des cendres, installer le tissu autour de la croix, comme signe
du chemin pascal sur lequel les chrétiens s’engagent.
LECTURES
– Livre de Joël (Jl 2, 12-18)
– Psaume 50 (1-17)
– Deuxième lettre de saint Paul
Apôtre aux Corinthiens
(2 Co 5, 20 à 6, 2)
– Évangile (Mt 6, 1-6.16-18)
PROCESSION D’OUVERTURE
Afin de donner une visibilité diocésaine à
cette célébration, nous pouvons demander aux paroisses et aux différents mouvements et services du diocèse d’accompagner la procession d’entrée, derrière
la croix, avec les fanions des paroisses
(ou avec une carte du diocèse) ainsi que
les logos des mouvements et services.
MOT D’ACCUEIL
Frères et sœurs, au début du Carême,
nous sommes invités à partir au désert,
comme le Christ, mais aussi avec le Christ.
Toute l’Église entre en Carême et pour
nous aujourd’hui cette Église a le visage
de notre diocèse. Le Carême est le temps
favorable pour se faire pénitence et se
convertir. Marqués du désir de vivre dans
la prière, le jeûne et le partage, avançons
avec confiance et conviction en nous
tournant vers Dieu dont l’amour s’est
manifesté en Jésus-Christ mort sur la
croix et ressuscité pour notre vie.
PRÉPARATION PÉNITENTIELLE(1)
Le Christ qui nous rassemble, nous invite
à prendre conscience de ce qui nous tient
éloigné de l’Amour du Père.
1 – Seigneur Jésus, il n’y a pas d’autre
chemin que toi pour aller vers le Père.
Prends pitié de nous.
2 – Ô Christ, tu es venu nous enseigner
l’Évangile de la vie. Prends pitié de nous.
3 – Seigneur, ton amour rassemble tous
les hommes. Prends pitié de nous.
Que Dieu tout-puissant nous fasse miséricorde ; Qu’il nous pardonne nos péchés
et nous conduise à la vie éternelle.
(1)
NB : à la messe où l’on impose les cendres, on omet la préparation pénitentielle
26
Préparer
Pâques
25 février 2007
Premier dimanche
de Carême
PRIÈRE UNIVERSELLE
LECTURES
PRIÈRE UNIVERSELLE
Ces intentions sont à adapter et à compléter par la communauté qui célèbre.
– Livre du Deutéronome
(Dt 26, 4-10)
Ces intentions sont à adapter et à compléter par la communauté qui célèbre.
Nous sommes appelés à vivre ce Carême
en communion avec nos familles, nos
voisins, nos collègues et tous les habitants du monde. Confions au Seigneur
tous les hommes qu’il veut sauver.
– Psaume 90
(1-2, 10-11, 12-13, 14-15ab)
1 – Pour les membres de l’Église et pour
les gouvernants qui sont parfois tentés
par le découragement et le pessimisme
ou par la volonté de puissance et la
gloire ; Seigneur, nous te prions.
Refrain : Entends le cri des hommes monter vers toi, Seigneur.
1 – Père, nos communautés connaissent
des joies mais également des difficultés
pour annoncer ta Parole ; donne à ton
Église de témoigner de ton amour.
Refrain : Seigneur, nous te prions.
2 – Père, sur toute la terre, nous avons
des frères et des sœurs victimes de la
faim, de la guerre, de la misère ; donne
aux membres des associations qui les
soutiennent au quotidien de pouvoir
continuer à œuvrer pour la construction
de ton Royaume.
Refrain : Seigneur, nous te prions.
3 – Père, nous commençons aujourd’hui,
en Église, notre cheminement vers Pâques ; donne-nous d’être les témoins de
ton espérance tout au long de ce chemin.
Refrain : Seigneur, nous te prions.
Écoute, Seigneur, les prières de tous tes
enfants. Donne-leur de recevoir la vie en
abondance, dès maintenant et pour les
siècles des siècles.
CHANTS
– Avec toi nous irons au désert
(G 229, CNA 414 – Servel/Gelineau)
– Lettre de saint Paul Apôtre
aux Romains (Rm 10, 8-13)
– Évangile (Lc 4, 1-13)
MOT D’ACCUEIL
Depuis le mercredi des Cendres, nous
nous sommes mis en route dans le désert
pour recevoir du Père la libération qu’il a
promise. Au cours de cette célébration,
laissons-nous modeler par le silence où
jaillit la Parole de Dieu. Dans les déserts
de nos vies, elle se fait nourriture vivifiante et force dans l’épreuve. Écoutonsla pour qu’elle s’enracine en nous et
nous fasse porter des fruits de vie et
d’amour fraternel.
2 – Pour les malades et pour ceux qui
souffrent : les désespérés, les isolés, les
rejetés, les immigrés, les affamés ; Seigneur, nous te prions.
Refrain : Entends le cri des hommes monter vers toi, Seigneur.
PRÉPARATION PÉNITENTIELLE
3 – Pour nous-mêmes : que nous sachions vaincre en nous l’instinct de
domination et fassions avancer la paix et
la justice dans le monde ; Seigneur, nous
te prions.
Refrain : Entends le cri des hommes monter vers toi, Seigneur.
Avec confiance, tournons-nous vers le
Christ dont la Parole nous sauve.
CHANTS
1 – Seigneur Jésus, venu dans le monde
pour libérer ton peuple. Seigneur, prends
pitié de nous.
2 – Ô Christ, mort sur la croix pour
vaincre en nous toute faiblesse. Ô Christ,
prends pitié de nous.
En plus des chants cités précédemment,
on pensera à :
– Vivons en enfants de lumière
(G 14-57-1, CNA 430 – CFC/Berthier)
3 – Seigneur, ressuscité d’entre les morts
pour nous attirer vers le Père. Seigneur,
prends pitié de nous.
– Changez vos cœurs
(G 162, CNA 415 – Lecot)
– En quel pays de solitude
(G 184, CNA 416 – Akepsimas)
– Peuple de l’Alliance
(G 244, CNA 425
Scouarnec/Akepsimas)
– Si l’espérance t’a fait marcher
(G 213 – Akepsimas)
3
Une première bougie
Apporter une bougie et la placer sur le chemin aussitôt
après la prière d’ouverture qui nous invite à nous ouvrir
à la lumière du Christ.
On pourra retenir un chant qui, de dimanche en dimanche, unifiera tout le
temps du Carême.
27
4 mars 2007
11 mars 2007
Deuxième dimanche
Troisième
dimanche
de Carême
LECTURES
PRIÈRE UNIVERSELLE
– Genèse (Gn 15, 5-12. 17-18 a)
Ces intentions sont à adapter et à compléter par la communauté qui célèbre.
– Psaume 26 (1, 7-8, 9abcd, 13-14)
1 – Pour le pape, les évêques, les prêtres
et les diacres plus spécialement chargés
d’annoncer l’Évangile, ensemble prions.
Refrain : Seigneur notre Dieu, entends nos
prières (A 38)
– Lettre de saint Paul Apôtre
aux Philippiens (Ph 3, 17-21 ; 4, 1)
– Évangile (Luc 9, 28-36)
MOT D’ACCUEIL
Frères et sœurs, en ce deuxième dimanche de Carême, nous sommes rassemblés au nom du Seigneur et comme chaque dimanche, la liturgie nous fait entrer
dans la nuée lumineuse où Dieu nous
attire pour écouter son Fils Bien-aimé.
Aujourd’hui, c’est de manière plus vive
que nous y sommes attirés par la lumière. Ne craignons pas de prendre de la
hauteur par rapport à nos vies pour fixer
notre regard sur la croix que Jésus transfiguré nous donne la force de contempler.
PRÉPARATION PÉNITENTIELLE
Seigneur Jésus, Fils bien-aimé du Père
qui nous fait entendre sa Parole. Prends
pitié de nous.
2 – Pour les exclus, les indigents, les
malades et pour tous ceux qui sont à la
recherche d’une lumière, ensemble prions.
Refrain : Seigneur notre Dieu, entends nos
prières.
3 – Pour notre assemblée qui est appelée
à refléter chaque jour ta lumière, ensemble prions.
Refrain : Seigneur notre Dieu, entends nos
prières.
CHANTS
En plus des chants cités précédemment,
on pensera à :
– Lumière des hommes
(G 128, CNA 422 – Martin/Wackenheim)
de Carême
LECTURES
– Livre de l’Exode (Ex 3, 1-8a. 10. 13-15)
– Psaume 102 (1-2, 3-4, 6-7, 8.11)
– Première lettre de saint Paul Apôtre
aux Corinthiens (1 Co 10, 1-6. 10-12)
– Évangile ( Lc 13, 1-9)
MOT D’ACCUEIL
Frères et sœurs, inlassablement, le Christ
nous appelle à la conversion c’est-à-dire
au retournement, au changement de direction. Depuis le mercredi des Cendres,
nous sommes invités à croire à la Bonne
Nouvelle ; voilà le retournement radical
qui nous fait passer de ce monde sans
Dieu à un monde où Dieu a la première
place. La Bonne Nouvelle jaillit de la
croix, c’est là que Dieu nous dit l’absolu
de son amour. Regardons la croix et tournons nos cœurs vers Celui qui nous
donne sa grâce.
PRÉPARATION PÉNITENTIELLE
Ô Christ transfiguré sur la montagne
pour nous révéler ta gloire. Prends pitié
de nous.
1 – Seigneur Jésus, tu es venu nous
révéler le nom de notre Père qui nous
donne la joie d’être sauvés. Montre-nous
ta grâce.
Seigneur, ressuscité d’entre les morts
pour nous ouvrir à la vie de foi. Prends
pitié de nous.
2 – Ô Christ, envoyé par le Père pour nous
ramener à lui et connaître la joie d’être
sauvés. Montre-nous ta grâce.
3 – Seigneur Jésus, tu ne veux pas la mort
du pécheur mais qu’il vive dans la joie
d’être sauvé. Montre-nous ta grâce.
4
Une deuxième bougie
Comme la semaine dernière, nous pouvons déposer
une bougie de couleur après la prière d’ouverture.
5
28
Une troisième bougie
Une personne pourrait
s’avancer en même temps
que le lecteur de la prière
universelle et rester debout
près de l’ambon en tenant
la troisième bougie
(ou lumignon) qu’elle
pourrait ensuite déposer
sur le tissu représentant
le chemin vers Pâques.
Préparer
Pâques
18 mars 2007
Quatrième dimanche
de Carême
LECTURES
PRIÈRE UNIVERSELLE
– Livre de Josué (Jos 5, 10-12)
Ces intentions sont à adapter et à compléter par la communauté qui célèbre.
PRIÈRE UNIVERSELLE
– Psaume 33 (2-3, 4-5, 6-7)
Ces intentions sont à adapter et à compléter par la communauté qui célèbre.
– Deuxième lettre de saint Paul
Apôtre aux Corinthiens (2 Co 5, 17-21)
Avec confiance, tournons-nous vers le
Dieu de tendresse et de pitié
– Évangile (Lc 15, 1-3. 11-32)
1 – Nous te prions, Dieu notre Père, pour
l’Église répandue dans le monde. Qu’elle
s’ouvre davantage aux cultures de tous
les peuples dont elle partage la vie.
2 – Nous te prions, Dieu notre Père, pour
tous ceux qui tombent sous les coups des
chefs de corvée d’aujourd’hui. Toi qui
vois leur misère et entends leurs cris, fais
lever des hommes capables de prendre
leur défense en travaillant à promouvoir
la justice et la paix.
3 – Nous te prions, Dieu notre Père, pour
les nombreux innocents qui meurent
dans les catastrophes naturelles mais
aussi à cause de la haine des hommes.
Ouvre nos yeux et convertis nos manières
de vivre pour combattre les injustices.
4 – Nous te prions, Dieu notre Père, pour
chacun de nous. Nous exigeons souvent
de nos frères qu’ils produisent beaucoup
de fruits, alors que nous-mêmes sommes
bien souvent des arbres stériles ! Faisnous porter des fruits de patience et de
miséricorde.
MOT D’ACCUEIL
Ce dimanche nous révèle le bonheur qu’il
y a à revenir vers Dieu, à se convertir.
Bonheur des retrouvailles, joie de la réconciliation, bonheur de la tendresse du
Père pour ses enfants, joie de l’amour
retrouvé. Pour que cette célébration fasse de nous les témoins des bienfaits de
Dieu, tournons-nous vers la croix et confessons la miséricorde de Dieu.
PRÉPARATION PÉNITENTIELLE
1 – De ton peuple relevé par ton amour,
Seigneur, prends pitié.
Seigneur, prends pitié de ton peuple.
Seigneur, prends pitié.
2 – De ton peuple libéré par ta Parole,
Ô Christ, prends pitié.
Seigneur, prends pitié de ton peuple.
Seigneur, prends pitié.
3 – De ton peuple transformé par ta miséricorde, Seigneur, prends pitié.
Seigneur, prends pitié de ton peuple.
Seigneur, prends pitié.
1 – Le lendemain de la Pâque,
ils mangèrent les produits de la terre.
Seigneur, éclaire les décisions et les réflexions des hommes afin qu’ils mettent
en œuvre une juste répartition des ressources de la terre.
Refrain : Seigneur, fais de nous des ouvriers de paix. D161
2 – Il mettait dans notre bouche la parole
de réconciliation.
Seigneur, emplit notre cœur de sagesse
et d’amour pour qu’avance le règlement
des conflits et qu’advienne la paix dans
le monde.
Refrain : Seigneur, fais de nous des ouvriers de paix.
3 – Cet homme fait bon accueil aux pêcheurs et il mange avec eux.
Seigneur, donne à nos communautés de
s’ouvrir à toutes les différences raciales,
religieuses, culturelles pour construire
un monde plus fraternel.
Refrain : Seigneur, fais de nous des ouvriers de paix.
CHANTS
En plus des chants cités précédemment,
on pensera à :
– Dieu est en attente
(A 216 – Singer/Kempf)
Regarde, Dieu notre Père, l’assemblée
que nous formons aujourd’hui ; conduisla jusqu’à la joie pascale en lui donnant
la force de se convertir. Par Jésus…
– Avec les enfants de la terre (DY48-81)
– En accueillant l’amour
(DLH 126, CNA 325 – CFC/Sodec)
CHANTS
En plus des chants cités précédemment,
on pensera à :
– Devenez ce que vous recevez
(Communauté Verbe de vie)
– Prenons la main que Dieu nous tend
(T 42-2, CNA 580 – Rimaud/Akepsimas)
– Habitant du désert
(G 27-47,CNA 419 – CFC/Robert)
6
Une quatrième bougie
Après la prière d’ouverture, on pourra apporter une bougie
et la placer sur le chemin : c’est une nouvelle étape
sur ce chemin qui nous mène à Pâques, à la lumière du Christ.
29
25 mars 2007
Cinquième dimanche
de Carême
Au CCFD est confiée une mission
de sensibilisation aux réalités
internationales d’ouverture des cœurs
à une plus grande solidarité
universelle. Nous sommes témoins
du scandale de la misère mais aussi
des voies de résurrection ouvertes
par des milliers d’hommes
et de femmes dans le monde.
LITURGIE DE L’ACCUEIL
MOT D’ACCUEIL
Se convertir, c’est en premier lieu se
tourner vers le Seigneur. Mais la croix
devant laquelle nous sommes placés
nous invite à élargir notre cœur aux
dimensions du monde. C’est dans ce
double mouvement que s’inscrit notre
démarche de Carême. Déjà, il y a quarante ans, l’encyclique Populorum progressio nous montrait, elle aussi, ce chemin. Unis au Christ, nous sommes unis à
tous ceux qui luttent pour changer leurs
conditions de vie. C’est pourquoi, rassemblés pour célébrer Jésus-Christ, nous
lui demandons la force et l’énergie pour
mettre en œuvre le monde nouveau qu’il
a inauguré.
CHANT D’ENTRÉE
Il sera bon de reprendre un des chants
d’entrée choisis depuis de début du Carême, pour marquer l’unité de ce temps.
PRÉPARATION PÉNITENTIELLE
La démarche pénitentielle peut s’articuler
autour des trois thèmes du CCFD traités
les années précédentes : droit à l’alimentation ; les mécanismes internationaux ;
l’accès aux ressources. Nous vous faisons
ici deux propositions de préparation
pénitentielle.
Première proposition
1 – Seigneur, tu t’es fait nourriture pour
tout homme, viens changer nos cœurs et
prends pitié de nous.
2 – Seigneur, tu as voulu que l’homme
ne soit pas seul, mais vive en société,
viens changer nos cœurs et prends pitié de
nous.
3 – Seigneur, aux hommes tu as confié
la terre et ses ressources, viens changer
nos cœurs et prends pitié de nous.
Seconde proposition
1 - Droit à l’alimentation
Tous les hommes ont le droit à une alimentation suffisante. Quand nous négligeons le service d’un développement qui
permette l’alimentation des peuples par
eux-mêmes, Seigneur viens changer nos
cœurs.
Refrain : Changez vos cœurs,
croyez à la Bonne Nouvelle
2 - Mécanismes internationaux
Tous les hommes doivent pouvoir accéder à leur propre développement. Quand
nous restons silencieux face aux conflits
armés face aux décisions parfois incompréhensibles des gouvernements, Seigneur viens changer nos cœurs.
Refrain : Changez vos cœurs,
croyez à la Bonne Nouvelle
3 - Accès aux ressources
Tous les hommes doivent pouvoir accéder aux ressources de base : l’eau, la terre, les semences. Quand nous ne changeons rien à nos comportements, quand
nous nous replions sur nos égoïsmes.
Seigneur viens changer nos cœurs.
Refrain : Changez vos cœurs,
croyez à la Bonne Nouvelle
Tournés vers la croix qui a détruit le péché, recevons la miséricorde de Dieu.
7
LITURGIE DE LA PAROLE
LECTURES
– Livre d’Isaïe (Is 43, 16-21)
Introduction possible : Soyons attentifs
aux images qu’emploie Isaïe pour parler
du monde nouveau inauguré par la résurrection du Christ.
– Psaume 125 (1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6)
Refrain : Sur la terre où l’on peine, germent les cieux nouveaux. (J. Berthier,
Psautier des dimanches, année C)
– Lettre de saint Paul Apôtre
aux Philippiens (Ph 3, 8-14)
Introduction possible : Paul raconte ce
qu’il a compris de la nouveauté apportée
par le Christ. Écoutons-le.
– Acclamation de l’Évangile
Ta parole Seigneur est vérité et ta loi délivrance
– Évangile de Jésus-Christ selon
saint Jean ( Jn 8, 1-11)
QUELQUES PISTES POUR UNE HOMÉLIE
Voici que je fais un monde nouveau.
Jésus par son attitude vis-à-vis de la
femme adultère invite chacun à faire la
vérité sur lui-même et à avoir un regard
neuf sur l’autre. Va et désormais ne pêche
plus mon amour est plus fort que les lois.
L’amour du Christ est la loi qui fait le
monde nouveau. Monde où les plus affamés sont rassasiés, où les écrasés sont
relevés, où le pain est partagé. Paul nous
indique le chemin : communier aux souffrances de la Passion du Christ : Oubliant
ce qui est en arrière, je cours vers le but.
(Ph 3,13) Comme Paul, tout homme qui
cherche à construire le monde nouveau à
la suite du Christ entre dans le combat
quotidien pour la vérité. Il fait un chemin
pascal qui le conduira du Christ à ses frères souffrants. Le pain et le vin sont des
nourritures quotidiennes. Jésus Christ a
Une cinquième bougie, un globe, des photos
Après le mot d’accueil, la dernière bougie ainsi que le globe
ou les photos de visages seront déposés sur le chemin
au pied de la croix tandis que l’on reprendra le chant d’entrée.
30
Préparer
choisi de se faire nourriture : pain et vin
pour la vraie vie. Vie qui est amour du
Père pour tous les hommes, amour qu’il
nous appelle à partager, à reconnaître en
action chez nous et chez les autres, à
déployer pour qu’il grandisse.
PRIÈRE UNIVERSELLE
Sur le chemin qui nous conduit aux fêtes
pascales, prions de façon plus pressante
afin que tous les hommes participent aux
richesses et à la joie du salut.
1 – Sous-développement, guerres, misère, famine organisée et utilisée comme
une arme… autant de fruits amers de la
défense des intérêts des puissants au
détriment des faibles.
Pour tous ceux qui souffrent de ces situations, pour les personnes et les organismes qui s’engagent pour la défense des
droits de l’homme, pour la justice et la
paix. Prions.
Refrain : Apprends-nous Seigneur
à te choisir chaque jour, donne-nous
Seigneur de partager ton amour.
2 – Le pape Benoît XVI, rappelle dans son
encyclique que l’amour est indissociable
de la justice.
Pour que l’Église n’oublie jamais qu’à la
suite du Christ serviteur, elle doit être
signe d’amour en se faisant servante.
Prions.
Refrain : Apprends-nous Seigneur
à te choisir chaque jour, donne-nous
Seigneur de partager ton amour.
3 – La justice, la réconciliation, la libération, l’abondance partagée sont la marque des temps nouveaux inaugurés par
le Christ.
Pour que nous devenions acteurs de la
construction du monde nouveau en nous
rendant proche de ceux qui croisent notre chemin et en nous engageant concrètement à leur service. Prions.
Refrain : Apprends-nous Seigneur
à te choisir chaque jour, donne-nous
Seigneur de partager ton amour.
Dieu qui sait toutes choses, tu vois tous
les besoins des hommes. Accueille les prières de ceux qui croient en toi, exauce les
désirs de ceux qui te prient. Par Jésus…
Pâques
LITURGIE EUCHARISTIQUE
PROCESSION
S’il y a une procession des offrandes, on
pourra y inclure les paniers de la quête
avec la tirelire ou les sacs CCFD.
SANCTUS
Saint le Seigneur de l’univers (louange
eucharistique)
ANAMNÈSE
Ta mort Seigneur nous l’annonçons
(C 230)
NOTRE PÈRE
Récité en se donnant la main.
AGNUS
Agneau de Dieu, Agneau de l’alliance
fidèle, A 240-1, CNA 305.
CHANTS POUR LA COMMUNION
– En mémoire du Seigneur
(D 304, CNA 327 – Rimaud/Gelineau)
– À ce monde que tu fais
(T 146-1, CNA 526 – Rimaud/Berthier)
– Voici le corps et le sang du Seigneur
(D 44-80 – Dannaud)
– Ta nuit sera lumière de midi
(G 212, CNA 589
– Scouarnec/Akepsimas)
LITURGIE DE L’ENVOI
PRIÈRE
Accorde, Seigneur, à ceux qui viennent
de partager le même pain de se sentir
membre d’un même corps. Donne-leur
ton amour afin qu’ils se passionnent pour
le sort de leurs frères et puisque tu as
confié la terre aux hommes pour qu’elle
serve à l’épanouissement de tous, fais
que chaque peuple ait les moyens de travailler à sa croissance, dans le respect et
la justice. Par Jésus-Christ, notre Seigneur.
CHANTS
Si cela convient, pour conclure la célébration, on pensera à :
– N’ayons pas peur de vivre au monde
(T72 – Servel/Akepsimas)
– Aimez-vous comme je vous ai aimés
(D307 – Boldrini)
Invitation
à la collecte
Nous vous proposons de lire ce texte
pour le moment de la collecte
(dès l’accueil ou avant le début
de la quête). Il est à adapter selon
le moment auquel il sera dit.
Dieu nous invite à nous faire
proche des autres hommes
et notamment des petits,
des exclus, des pauvres. Durant
le Carême, et plus précisément
lors du 5e dimanche, chaque
communauté chrétienne
est appelée au partage.
L’Église de France a confié
au CCFD la mise en œuvre
de cette collecte pour le soutien
aux populations les plus
défavorisées des pays du Sud
et de l’Est. Le CCFD ne peut
s’engager dans l’accompagnement de projets de développement qu’avec le soutien
des donateurs. Notre don
permet de financer des actions
de développement en Afrique,
en Amérique latine, en Asie,
en Europe centrale et orientale,
dans le bassin méditerranéen.
Ce don permet de contribuer
concrètement à faire reculer
la pauvreté et la faim, tout en
rendant leur dignité à nos frères
les plus pauvres, les exclus.
Dans cette sollicitation à nous
unir dans l’acte de don, Dieu
nous invite aujourd’hui encore
à nous reconnaître frères
et sœurs et à devenir ensemble
les bâtisseurs du Royaume.
– Bâtissons ensemble la terre
de demain
31
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Photo Godong / P. Lissac
ce que l’on a,
ce que l’on est
VERS UNE ÉTHIQUE DU DON
Par Christiane Vanvincq, chargée du lien CCFD / Congrégations
D
onner est un acte essentiel, une sortie de soi indispensable à notre vie. Que serait
la vie sans don ? Celui qui donne, même peu de chose, se préoccupe des besoins de
l'autre et place la dignité de la vie de chaque être humain au plus haut niveau.
Pourquoi donner ?
Désir de partage ? Solidarité ? Nécessité ? Évidence ? Honte des écarts entre
riches et pauvres ? Culpabilité ? Indignation ? Pitié ? Quoi qu'il en soit de tous
ces sentiments mêlés qui peuvent nous
habiter, donner et recevoir, partager,
échanger, sont des actes difficiles à vivre
que l'on soit du côté de celui qui donne
ou de celui qui reçoit.
Dans les sociétés traditionnelles, le
don est signe d'alliance, de paix, ou de
pouvoir. Les richesses sont, grâce au
don, assez bien réparties et distribuées.
Le don est un facteur d'équilibre social
mais il peut être aussi une humiliation,
devenir source de conflit et entraîner de
la dépendance s'il y a dette.
La première approche du don
prend souvent la forme d’une pièce don-
née au mendiant dans le métro ou dans
la rue : c’est un geste de compassion ou
d’émotion, sans avenir, sans relation, qui
ne prétend rien changer, et ne poursuit
aucune efficacité particulière. Engagement individuel, rencontre fugitive, regards qui se croisent, on ne se reverra jamais… Parfois une relation s’installe, on
passe devant la même personne tous les
dimanches à la sortie de l’église, ou tous
33
les jours en allant travailler. Dans le
meilleur des cas on finit par faire un peu
connaissance comme avec son voisin.
L’aumône devient une « manière de parler » et de se reconnaître de la même humanité…
La solidarité nous fait quitter la
mentalité d’assistance pour entrer dans
un esprit de justice, d’équité, de réciprocité, de partenariat et de fraternité. Dans
l’acte de solidarité, chacun reçoit et donne à la fois. Le donateur se met en position de recevoir et d’apprendre des autres, il perd peu à peu de sa suffisance de
riche. Le geste du don n’est plus un acte
condescendant mais il devient un geste
d’égal à égal, une solidarité quasi familiale.
Le décisif service
que les pays riches
peuvent rendre aux pays
pauvres est de changer
leurs richesses et de leur
offrir d’abord, par leur
exemple, un autre modèle
de développement.
Que les peuples nantis
cessent de faire désirer
aux plus démunis
leur genre de vie
comme le seul avenir
qu’il faille chercher.
Père G. Ndonji, colloque Kinshasa,
mars 2003, La pauvreté religieuse
dans un contexte de misère
DONNER,
Comment donner ?
Dans ses travaux, l'anthropologue
Alain Caillé explique que le don devrait
être proportionnel à la demande et conforme aux possibilités du donateur. Il
parle de l'inconditionnalité conditionnelle.
Dans le cas contraire il serait possible de
refuser de donner ou de recevoir…
S’il y a obligation de donner (inconditionnalité), il y a aussi des règles de proportionnalité à respecter : le don doit
être proportionnel à la demande. Il faut
donc entrer en relation et en confiance.
Prendre le temps d’une relation vraie…
Prendre le temps de connaître l’autre en
lui posant la question : qui es-tu ? Donner de l’argent peut devenir une solution
de facilité. Parfois, mieux vaudrait parler,
donner de bonnes adresses, offrir un réseau de solidarité…
Par définition un don est gratuit : que
ta main gauche ignore ce que fait ta main
droite !, et en même temps on s’interroge
sur les conditions dans lesquelles il serait
possible ou non de donner, on parle de
liens entre partenaires, de suivi et d'évaluation de projets, de responsabilités mutuelles. On se demande aussi combien de
temps, encore, les uns vont-ils donner et
les autres continuer de recevoir ?
Donner, c'est inventer, le ton juste
et trouver le moment opportun. C'est
prendre le temps de la rencontre, du dialogue, pour connaître quel est le vrai besoin des personnes. Ce qui les fera le
plus grandir. Donner n’est pas une solution durable, il faudra aussi chercher dès
le départ comment avancer vers une plus
grande autonomie des personnes et des
groupes. La dynamique de la relation
doit absolument y conduire.
UN PRINCIPE ÉVANGÉLIQUE*
N° 30 Le principe évangélique de donner à manger à celui qui a faim, vêtir
celui qui est nu, visiter le malade et le prisonnier, accueillir l’étranger (Mt 25,
31-46) ne se réduit pas à la pratique d’assistance. Quand on répond uniquement
aux attentes immédiates des pauvres, on court le risque de perpétuer l’inégalité
sociale. La charité évangélique est le fondement de l’agir chrétien et exige
la promotion humaine et la libération intégrale. C’est le geste de celui qui se donne.
De celui qui met au service de l’autre, ses meilleures énergies, son espace,
son influence sociale et politique et non des miettes de temps ou de pouvoir.
N° 43 L’exercice de la solidarité ne doit pas être confondu avec certaines pratiques
d’assistance qui humilient celui qui reçoit. Il faut apprendre la leçon de l’éthique
que donne le peuple de la rue quand il répartit le peu qu’il a, pour que tous survivent.
Cette éthique populaire, avec toute raison, interpelle la société à répartir l’abondance
pour que tous vivent humainement, aujourd’hui et à l’avenir.
*
Exigences évangéliques et éthiques pour surmonter la misère et la faim – Aliment,
don de Dieu, droit de tous, Conférence nationale des évêques brésiliens, 2002.
34
Nous faisons bien souvent l'expérience que donner de l'argent est plus facile que d'entrer en relation… Pour entrer dans une démarche humanisante il
faudra que celui qui donne se prépare à
partager davantage encore : son pouvoir,
son savoir, son temps, ses relations, son
honneur…
Et découvrir ainsi le goût de se donner lui-même en se tenant de manière
désintéressée aux côtés de celui qui souffre, en donnant maintenant de ses propres forces pour que l’autre puisse vivre
et grandir.
Donner de l'argent ne suffit pas ! Il
faudrait aussi que justice soit rendue. Le
don ne peut se passer de la justice à rendre, pas plus d’ailleurs qu’il ne doit excuser les paresses humaines. Travailler sur
les causes structurelles de la pauvreté
est une démarche collective et politique
qui s’impose souvent.
À qui donner ?
Viser l’autonomie de gestion et de
décision des personnes que l'on veut aider est notre objectif au CCFD, et pour
cela nous travaillons avec des associations locales plutôt qu’avec des individus
isolés. Cela permet de déployer les forces
les plus adaptées pour créer, inventer et
initier un développement durable. Cette
vision nous provoque à entrer en relation
de « partenariat » qui implique la disparition progressive de la relation « donateur-bénéficiaire » pour y substituer une
logique d’échange. Ainsi, l’aide n’est plus
seulement transfert d’argent, elle peut
devenir amitié confiante, féconde et durable. Cet échange de don peut ainsi se
faire sans pression, sans obligation de
retour. Un échange qui n'est pas réciprocité du « donnant-donnant ». Échange de
veut dire que celui qui a donné ne reçoit
pas nécessairement l'équivalent, il reçoit
autre chose, autrement…
C'est donc en définitive le financeur qui porte la responsabilité de ce
partenariat au-delà des personnes. Responsabilité qui lui impose de donner
avec justice et d'être en mesure de rendre compte de ses choix. Ainsi, il pourra
arriver que, dans certaines circonstances
nous trouvions préférable et sage de renoncer purement et simplement à donner, tout comme il pourrait être préférable de refuser de recevoir un don : si le
don ne correspond pas à de réels besoins ; si le don oblige (pousse) à improviser une action ; si le don épuise plus
qu’il ne met en route ; si le don est déconnecté de toute relation ; si le don est
contraignant, aliénant ou humiliant.
PARTAGER
LIVRE
Quant au donateur, qui ne sera probablement jamais en relation directe
avec le destinataire du don, il n'est pas
sans responsabilité. Donner son argent
ne le dispense pas de s’intéresser à son
tour à la manière dont le financeur va accomplir sa mission : selon quelle politique ? quelles orientations ? quelles priorités ? quelle cohérence d'action ? quel
partenariat ?
Finalement, la solidité du lien qui unit
les hommes entre eux dans leur vie quotidienne, l'obligation morale qui incite
chacun à être responsable de lui-même
et des autres, la joie engendrée par l'échange et le partage, le plaisir d'être utile
font de la solidarité la manifestation
concrète de la fraternité humaine. Il est
difficile d'échapper aux exigences de cette fraternité comme il est difficile de vivre sans amour. Cette double exigence
donne corps à la notion de solidarité
conçue comme acte de raison et comme
acte d'amour. ■
L’argent
au service de la solidarité
L’argent est souvent considéré comme un sujet tabou. On
dit aussi de lui qu’il corrompt. Mais pouvons-nous en rester
à ce constat ? La Bible a-t-elle quelque chose de nouveau à
nous dire sur ce sujet ?
Dans son livre, L’argent dans la Bible,
Ni riche ni pauvre, Pierre Debergé
répond en parcourant un grand
nombre de textes. Il aborde ainsi divers
thèmes : les richesses, les injustices
sociales, le partage, les béatitudes,
la pauvreté évangélique, le don, etc.
Au fil des pages, l’argent et les
richesses apparaissent sous un regard
nouveau. On peut ainsi prendre
davantage conscience de notre
responsabilité dans la gestion
des biens matériels. Enfin, à l’opposé
de la misère, la pauvreté est réhabilitée
comme une véritable attitude
spirituelle. Cette étude éclaire
tous ceux qui s’interrogent sur la place
de l’argent dans leur propre vie
comme dans la vie de la société.
AU NOM DU CHRIST*
L’Évangile de Marc
au chapitre 8 (6,30 – 8,21) :
Le récit va d’une multiplication
des pains à une autre (…)
il déploie bien la globalité
de l’action de Jésus : son geste
de « charité » prend en compte
les besoins immédiats de la foule
et cherche à y répondre ;
ce faisant, il donne aux disciples,
et à la foule, l’occasion
de découvrir les potentialités
d’un développement solidaire.
La mise en scène de Marc
met l’accent sur plusieurs aspects
fondamentaux de la pratique
missionnaire de Jésus :
Il est attentif à la vie des foules
et à tous leurs besoins. Il n’agit
pas seul. Il cherche quelque
chose, sur place, à multiplier
et à partager. Il sollicite
ce que chacun peut apporter
comme contribution. Il refuse
l’assistanat. Il fait confiance.
*Conseil national de la solidarité
Bayard/Cerf, 2004
Ni pauvre ni riche, tel pourrait
donc être l’idéal de la vie. À moins
que l’on n’écrive cet idéal d’une autre
manière : riche de la capacité du Christ
à nous libérer de nous-mêmes pour
nous faire entrer dans le monde
de l’amour. Riche de sa pauvreté
qui nous apprend chaque jour à nous
désapproprier de nous-mêmes pour
nous recevoir de Dieu. Riche de son
Esprit qui fait de nous les témoins
de ce monde nouveau où l’on est tenu
« pour n’ayant rien, nous qui pourtant
possédons tout » (2 Co 6,10).
Riche donc de notre infinie pauvreté
qui est ouverture à l’infinie richesse
de l’Amour de Dieu. Restera cependant
toujours le scandale de la présence
des pauvres dans un monde qui ne
se construit que trop facilement à leurs
dépens. Cela n’est pas nouveau.
Dès le début de la Bible, une question
était posée : « Qu’as-tu fait de ton
frère ? » (Gen 4,8 ss). Cette interpellation divine ne doit pas donner lieu
à une culpabilité morbide. Elle doit être
constamment reçue par l’humanité
comme une interrogation sur les
L’Argent dans la Bible
Ni riche ni pauvre
Coll. racines. Édition nouvelle cité, 1999.
155 p. (13 euros)
Pierre Debergé est doyen de la faculté
de théologie de l’Institut Catholique
de Toulouse, prêtre du diocèse d’Aire
et Dax, Docteur en théologie
de l’Université pontificale grégorienne
et licencié en sciences bibliques
de l’Institut biblique pontifical.
capacités d’amour et le don
qui sommeillent en elle et qui
ne demandent qu’à être réveillés.
Cette interrogation est surtout un
appel à s’ouvrir à la Toute-puissance
de l’Amour de Dieu, la seule qui puisse
véritablement nous enfanter à la vie
et au bonheur véritables. Ce qui faisait
dire à l’Apôtre Pierre qui venait
de rencontrer un infirme à la porte
du Temple de Jérusalem : « De l’or
ou de l’argent, je n’en ai pas ;
mais ce que j’ai, je te le donne :
au nom de Jésus-Christ, le Nazaréen,
marche ! » (Ac 3,6)
À semer trop peu, on récolte trop peu ;
à semer largement, on récolte largement. Chacun doit donner comme
il a dédié dans son cœur, sans regret
et sans contrainte ; car Dieu aime celui
qui donne joyeusement. (2 Co 9,6)
35
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ANIMATION
Par les Aumôneries de l’Enseignement public et le CCFD dans le diocèse de Nanterre (démarche concertée)
N
ous vous proposons ici une méthode interactive qui tente de faire comprendre ce qu’est
un projet de solidarité internationale. L’animation comprend trois volets que vous pouvez
utiliser en une soirée ou en trois temps séparés, en fonction de vos possibilités et de
votre projet.
11
2
Le lien entre foi et solidarité
Premier temps
Qu’est-ce que la
solidarité ?
Mettre les personnes en petits groupes :
Fournir à chaque groupe une feuille sur
laquelle il y aura l’intitulé d’une action
(différente pour chaque groupe) et une
question (la même pour tous les groupes) :
Exemples d’actions :
– Je recueille du riz
pour l’envoyer en Somalie
– J’échange des lettres
avec une classe du Sénégal
– J’organise un goûter avec
des produits du commerce équitable
– J’organise une quête
pour les Restos du cœur
– J’organise une rencontre
avec un étranger d’un pays pauvre
La question :
Cette action est-elle solidaire ? Si oui,
pourquoi et à quelles conditions ? Sinon, pourquoi ?
Mise en commun :
Montrer, au cours de la mise en commun, que chaque action peut être solidaire. Pour cela, à la lecture de chaque
fiche, poser les questions suivantes :
est-ce que l’action permet :
– de découvrir l’autre ?
– de comprendre ses problèmes ?
– d’aider l’autre à trouver et mettre
en œuvre la solution à son problème ?
En déduire au fur et à mesure ce qu’est
un projet de solidarité : il s’agit de montrer le passage de la simple générosité
à la solidarité. Une action généreuse
est faite pour quelqu’un, une action de
solidarité est faite avec quelqu’un.
36
Deuxième temps
Lors de la recherche d’occasions pour
les jeunes de comprendre concrètement comment la parole du Christ
transforme le monde, il est possible, en
s’appuyant sur l’Écriture, de faire percevoir le lien entre leur vie, leur foi et la
solidarité internationale.
Vous pouvez :
Faire appel à un prêtre de votre paroisse ou du diocèse pour qu’il vienne parler au groupe et entrer en dialogue sur
ces questions ; demander à votre évêque d’écrire aux jeunes à l’occasion de
cette animation ; utiliser les propositions (voir encadré p. 37), en ce qui
concerne le rapport à l’Écriture (Ancien
et Nouveau Testament) et aux textes du
Magistère (Encycliques) ; utiliser les
extraits ci-dessous, de la Lettre à tous
les baptisés du diocèse de Gérard
Daucourt, évêque de Nanterre pour
interpeller vous-mêmes vos invités.
« Je veux te parler des pauvres et de leur
place dans la société et dans l’Église (…)
Je partage ici avec toi quelques points
essentiels, souhaitant qu’ils te permettent d’entrer toi aussi dans une démarche de conversion et d’y entraîner ta
famille et ta communauté chrétienne.
Jésus nous provoque : ce que vous avez
fait aux plus petits d’entre les miens,
c’est à moi que vous l’avez fait. Ces
« petits », il en dresse une liste qu’il faut
terminer par des points de suspension
car, à l’évidence, elle n’est pas exhaustive. Remarque que Jésus n’a pas dit :
« j’étais un chrétien qui avait faim ou
soif », mais j’avais faim et soif. Il n’a pas
dit : « malade croyant », mais malade.
Il n’a pas dit « étranger avec papiers »,
mais étranger…
(…) Si tu te contentes de soutenir moralement et financièrement (les pauvres)
Photo Godong / P. Lissac
convictions
(ce qui n’est déjà pas rien !) si tu crois
que visiter un malade ou aider occasionnellement une personne dans le besoin
est suffisant, réfléchis bien. Vois si tu
n’es pas concerné davantage.
(…) Notre société ne cesse de créer toujours plus d’exclusions et de fractures
sociales, en France et dans le monde :
penses-tu que c’est une fatalité des lois
économiques, ou encore que c’est le
problème des responsables politiques ?
ou bien que, là où tu es, dans tes responsabilités, tu peux participer avec d’autres à la construction d’un monde plus
juste et plus fraternel.
Dans l’Église, dans notre diocèse, dans
nos paroisses, on fait beaucoup pour les
pauvres. Comment ne pas s’en réjouir
aussi ? Mais agir pour les pauvres ce
n’est que la moitié du chemin que la foi
chrétienne nous appelle à parcourir. Le
Christ nous demande d’agir avec les
pauvres. (…) Une personne très pauvre
matériellement ou psychologiquement
ou spirituellement n’est jamais complètement pauvre. Elle a aussi des richesses. Lui permettre de les faire valoir,
c’est la faire vivre. Tu dois aussi accepter
d’être enrichi par elle, car à toi aussi
il manque quelque chose. Toi aussi, tu es
pauvre en certains domaines…
(…) Une dernière remarque très importante : dans l’Église comme dans la
société, nous laissons très souvent l’action pour et avec les pauvres à des spécialistes (…) Le malheur, c’est qu’il y a
trop peu de passerelles entre ces différents secteurs de la vie de l’Église. La
priorité aux pauvres doit s’apprendre,
s’approfondir et se vivre dans la catéchèse des enfants, des jeunes et des
adultes. Elle doit être célébrée dans la
liturgie. Elle doit être vécue dans les
familles, les paroisses, les associations
caritatives, les responsabilités qu’ont les
décideurs chrétiens dans les entreprises, dans l’engagement politique ».
POUR ILLUSTRER LE LIEN À L’ÉCRITURE (ANCIEN & NOUVEAU TESTAMENT)
ET AUX TEXTES DU MAGISTÈRE (ENCYCLIQUES)
Écriture sainte
Le bon samaritain
Lc 10, 29-37
Le jugement dernier
Mt 25, 32-46
La multiplication des pains
Mc 6, 30-44
La parabole du berger
Jn 10, 1-10
Sans les œuvres, ma foi est vide
Jc 2, 14-17
Le levain dans la pâte
Lc 13,18-21
La résurrection de Lazare
Jn 11, 42-44
Dieu créa l’homme à son image
Gn 1, 12-17
Encyclique Sollicitudo
rei socialis
Jean-Paul II – 1987
Vingt ans après Populorum progressio
(26 mars 1967) et à la suite de Gaudium
et Spes (Vatican II – 7 décembre 1965)
Jean-Paul II dresse un bilan pessimiste
après ses nombreux voyages et lance
un appel à la solidarité entre
les hommes : le développement
est la question majeure de cette époque.
Il souligne dans ce texte la nécessité
pour l’Église experte en humanité
de s’exprimer sur les questions sociales
pour redire à la lumière de l’Évangile
son souci de la dignité humaine.
Il insiste sur la solidarité, chemin
de la paix et du développement.
Deus caritas est
Benoît XVI – 2006
La première encyclique du Pape
Benoît XVI oriente vers la découverte
du caractère central de l’amour
dans la foi chrétienne. À l’origine
du fait d’être chrétien il n’y a pas
une décision éthique ou une grande
idée… mais une rencontre :
Nous avons cru à l’amour de Dieu :
c’est ainsi que le chrétien peut
exprimer le choix fondamental
de sa vie. Mais nous ne pouvons pas
seulement nous fier au mot amour
un des plus galvaudés. L’amour
de Dieu n’est pas un amour générique
et abstrait, il requiert mon engagement
concret, ici et maintenant, tourné
vers celui qui est dans le besoin
rencontré par hasard c'est-à-dire
quel qu’il soit (voir la Parabole
du Bon Samaritain). La seconde partie
de l’encyclique a un caractère très
concret. Elle traite de la pratique
en Église du commandement de l’amour
pour le prochain. Benoît XVI indique
lui-même qu’il désire susciter
dans le monde un dynamisme
renouvelé pour l’engagement
dans la réponse humaine à l’amour
de Dieu. La nature profonde
de l’Église s’exprime dans une triple
tâche : l’annonce de la Parole de Dieu,
la célébration des sacrements,
le service de la Charité. Ce sont trois
tâches qui s’appellent l’une l’autre
et qui ne peuvent être séparées
les unes des autres.
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33
Troisième temps
Qui est mon prochain ?
Après avoir disposé au mur une carte
du monde (carte CCFD, projection Peters), distribuer des post-it à tous les
participants.
Demander aux personnes d’y noter les
pays de provenance des vêtements
qu’ils portent et de la nourriture qu’ils
ont mangée la veille ou le jour même.
Les inviter à coller les post-it sur les
pays correspondants sur la carte.
Constater la grande diversité et le
grand nombre des pays concernés :
– expliciter le passage du prochain
« immédiat », membre de ma famille,
voisin de palier, camarade de classe,
etc., au prochain « lointain ».
– je suis le prochain de celui qui a fait
ma chemise : du Malien qui a récolté le
coton, du Thaïlandais qui l’a confectionnée…
Faire prendre conscience de l’interdépendance des pays : la manière dont je
vis « ici » influence la manière dont ils
vivent « là-bas ».
Faire le lien avec l’Écriture. Relire la
parole du Bon Samaritain (Lc 10, 2937) : je ne décide pas qui est mon prochain. L’homme en difficulté, fut-il mon
ennemi ou d’une culture, d’une religion
différente, m’invite à devenir son prochain. L’amour universel se manifestera vis-à-vis de tout homme que Dieu
met sur mon chemin…
LA SOLIDARITÉ
EST UN CHEMIN VERS L’AUTRE
La solidarité n’est pas
de l’activisme ou une réflexion
désincarnée mais une manière
de vivre, de recevoir l’Autre,
de répondre à une Parole vivante
qui envoie. C’est une démarche
avec l’autre qui n’est pas
réductible à une séance.
Une animation autour
de la solidarité s’inscrit dans
un cheminement de réflexion
et d’intériorisation, de partage
et de célébration comportant
trois étapes au minimum :
– Préparer la rencontre ;
– Vivre une rencontre
ou une action ;
– Prendre du recul : relire
et célébrer le chemin parcouru.
La solidarité est une démarche
personnelle et collective, une
occasion de partage à tous âges,
elle se manifeste en fonction
de la capacité de sensibilisation de
chacun selon son environnement.
ÉLECTIONS 2007 :
QUESTIONS D’ACTUALITÉ
N
ous aurons aussi l’occasion, en lien avec l’actualité de 2007 en France, de partager nos convictions autour de ce que doit être une France solidaire.
À l’occasion des élections présidentielles et législatives, des associations de
solidarité internationale, fortes de leur
expérience et pour peser dans le débat
politique, mettront en avant leurs propositions pour construire un monde plus
solidaire. Elles organisent la campagne
État d’urgence planétaire, votons pour
une France solidaire !
Le CCFD est partie prenante de cette
action et s’attachera à sensibiliser sur
trois enjeux : les migrations, le com-
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merce agricole international et l’aide
publique au développement vers l’Afrique. Il proposera, notamment au moment du Carême, des modalités pour
soutenir cette campagne.
Jésus, présent sur le champ social,
n'enseigne pas la bonne politique ; il
annonce le Royaume. Ceci dit, quand la
politique vise à organiser la société pour
qu'il y ait moins de souffrance, elle
devient le champ le plus vaste de la charité comme le disait Pie XI. Il s'agit à
partir de ce qu'expérimentent les partenaires du CCFD au Sud et à l'Est, de faire
connaître des solutions éprouvées et
porteuses d'espérance.. L’enjeu est de
faire prendre en compte, dans les politiques de notre pays, des principes, des
attitudes qui contribuent à l’avènement
d’un monde plus solidaire. ■
PRIÈRE
Notre Père
une prière qui nous aide à agir
Notre Père…
Le premier mot est déjà tout un programme ; ce Notre
n’est pas ambigu : il contient toute l’humanité des enfants
de Dieu, les milliards d’hommes et de femmes créés
par Dieu, qui connaissent – ou non – le nom de Jésus.
Ainsi, quand nous prononçons ces deux mots, nous
sommes solidaires de tous les peuples du monde.
Que ton nom soit sanctifié…
Cela signifie que ton nom soit reconnu, qu’il soit aimé
des hommes… Il s’agit pour nous de porter témoignage
de la Bonne Nouvelle de Jésus qui nous ouvre un incroyable
chemin de vie. Dans bien des cas, ce témoignage auprès
de personnes en souffrance ne peut pas passer
par des mots : il doit d’abord se préparer par des gestes
simples de solidarité.
Que ton règne vienne…
Le règne de Dieu, ce n’est pas nous qui le construisons,
c’est Dieu ; Si le Seigneur ne bâtit la maison
les bâtisseurs travaillent en vain. (Psaume 127 1 Mt 4,4).
Nous ne construisons pas le Royaume de Dieu, mais nous
le servons. Et Dieu n’a que nos mains, notre bonne volonté,
notre liberté pour servir ce Royaume où tout homme vivra
dans la liberté des enfants de Dieu. C’est l’espérance
chrétienne qui nous invite à croire que ce règne viendra ;
préparons-le, en invitant tous les peuples de Dieu à vivre
une vie digne de l’humanité que Dieu a créée.
Que ta volonté soit faite…
Une volonté d’amour, une volonté de service, une volonté
de communion, d’unité. Pas toujours facile d’aimer
comme Dieu aime ; pas toujours facile d’aimer ses voisins,
souvent plus difficile encore d’aimer ses lointains
qui pensent si différemment de nous…
Photo Godong / S. Désarmaux
Donne-nous notre pain de ce jour…
Pardonne-nous nos offenses
comme nous pardonnons aussi…
Cette demande, pas facile à prononcer dans la vie courante,
se révèle difficile dans le cadre de la solidarité
internationale. Car nous nous sentons appelés à aider
parfois des pays que nous ne comprenons pas, voire
que nous n’apprécions pas. Pourtant c’est exactement là
que se situe le cœur de l’exigence chrétienne : donner
des gestes de paix à des personnes qui ne peuvent pas
nous le rendre, voire qui ne veulent pas nous aimer.
Surtout gardons notre énergie d’amour intacte
pour soutenir tous ceux qui gardent cet esprit de paix.
Et ne nous soumets pas à la tentation…
Les tentations se cachent, nombreuses, là où
on ne les attend pas, tentation du repli sur soi, tentation
du ressentiment contre certaines cultures, tentation
de laisser tomber ceux qui n’ont pas de gratitude,
tentation du donnant-donnant, de la puissance
et du pouvoir, tentation de nous croire meilleurs…
Délivre-nous du mal…
Il se glisse partout, le mal, et le CCFD le retrouve sur tous
ses chemins : la malnutrition, la violence, la guerre inutile,
la faiblesse économique, le pillage culturel, le manque
de solidarité sociale, la sur-puissance des richesses,
l’absence de liberté, les méfaits écologiques, la maladie
que l’on ne peut soigner faute d’un minimum de moyens :
que de mal à délivrer !
Amen…
Oui, Amen, Ainsi soit-il : que le CCFD assure son service
du Royaume, hâte à sa façon le règne de Dieu, et nous,
oui, Amen, encourageons-le !
ÉTIENNE BOURDIN,
diacre de Versailles
C’est sans doute la demande du Notre Père qui nous semble
naturellement la plus proche de l’esprit du CCFD,
et en particulier des trois mots contre la faim. Et pourtant,
quand j’entends ces mots Donne-nous notre pain,
je n’y vois pas seulement le pain nourricier, mais j’inclus
également la culture, la liberté, la vie spirituelle, la paix.
L’homme ne vit pas que de pain, mais de toute parole
qui vient de Dieu… Quand nous voulons donner
aux autres de quoi vivre, pensons à toutes ces dimensions.
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Photo Godong / Fred de Noyelle