Décembre 2014 - Mutualité chrétienne

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Décembre 2014 - Mutualité chrétienne
MC-Informations
Analyses et points de vue
258
Périodique trimestriel de l’Alliance nationale des Mutualités chrétiennes
décembre 2014
Vieillissement et soins aux personnes âgées
Evolution de la part des plus de 80 ans dans la population
totale (2013-2060)
12,0%
Bilan des connaissances des
Belges en matière de santé
10,0%
Dimensions de la « health literacy »
8,0%
Accéder
Capacité de rechercher des informations en
matière de santé
Comprendre
Capacité de comprendre les informations
disponibles en matière de santé
Évaluer
Capacité d’interpréter, de filtrer, de juger et
d’évaluer les informations disponibles
Appliquer
Capacité d’utiliser ces informations afin de
prendre une décision en matière de soins
de santé, de prévention des maladies,
de promotion de la santé de manière à
maintenir ou améliorer la santé.
6,0%
4,0%
2,0%
0,0%
2013 2020 2025 2030 2035 2040 2045 2050 2055 2060
Belgique
Région wallonne
Bruxelles
Région flamande
e-Health
La PAQS,
un nouvel acteur
L’échange électronique des données de santé,
eHealth en abrégé, a également démarré dans
notre pays.
Les compétences émotionnelles, un facteur à
prendre en compte
L'interaction entre le niveau de formation et les CE sur le nombre de
journées d’hospitalisation (hôpital général)
1,4
Nombre de journées dans les hôpitaux généraux
(en base annuelle)
1,26
formation faible
1,2
formation élevée
1,0
0,8
Les Initiatives de Qualité qui
avaient commencé comme
quelques projets interhospitaliers, font maintenant partie d’un
mouvement qui regroupe tous les
acteurs significatifs du secteur
et qui s’est récemment structuré
au sein d’une asbl, dénommée
Plateforme pour l’Amélioration
continue de la Qualité des soins
et de la Sécurité des patients.
0,84
0,65
0,62
0,6
0,4
MUTU
ALITE
CHRE
TIENN
E
0,2
0,0
CE faibles
CE élevées
La solidarité, c’est bon pour la santé.
Éditorial
Les soins de santé sont en pleine évolution et font l’objet de
nombreux changements. Non seulement en raison des progrès
technologiques, mais aussi grâce à de nouvelles approches
des traitements et de la manière dont nous considérons la
maladie, la santé et le vieillissement. Dans le présent numéro,
nous abordons les différentes facettes de cette évolution.
Pour qu’un prestataire de soins puisse offrir partout et tout
le temps des soins de qualité, même à un patient qu’il voit
pour la première fois, il est essentiel qu’il puisse disposer de
toutes les informations médicales pertinentes à son sujet. Elles
sont nécessaires pour pouvoir établir un diagnostic correct
et démarrer un traitement adéquat, mais aussi pour éviter
de répéter des examens qui ont déjà été effectués ailleurs.
Les informations des collègues prestataires de soins sont
importantes, mais également celles des travailleurs du secteur
du bien-être, ainsi que celles fournies par le patient en personne.
Chacun contribue ainsi au réseau qui se met en place autour du
patient et avec ce dernier. Précédemment, nous nous heurtions
à l’obstacle selon lequel cette information était fragmentée
dans des dossiers que les prestataires de soins ne pouvaient
pas s’échanger entre eux. Maintenant, il existe heureusement
la plate-forme eHealth, qui offre des services de base pour
pouvoir échanger cette information de manière sécurisée, sous
forme électronique. De nombreux projets concrets s’y sont
déjà rattachés, émanant tant des autorités fédérales que des
communautés et des prestataires de soins. Le citoyen y sera de
plus en plus souvent confronté et il conviendra de l’informer et
de le former concernant la manière dont il pourra retrouver tout
cela auprès d’un seul partenaire.
Échanger et partager des données transparentes est également
essentiel pour le suivi de la qualité et de la sécurité des soins.
Plusieurs initiatives ont vu le jour en la matière. Pour la première
fois, les mutualités ont publié conjointement des chiffres sur le
nombre d’interventions par hôpital pour le cancer du pancréas
et de l’œsophage, parce que le centre d’expertise (KCE) a
clairement constaté qu’un nombre accru d’interventions mène
à une meilleure qualité. En Flandre, le projet des indicateurs de
qualité VIP² arrive à sa vitesse de croisière, où la qualité des
hôpitaux pourra être comparée pour divers traitements. Nous
discuterons aussi de la Plate-forme d’amélioration continue
de la qualité (PACQS) récemment créée en Wallonie. Outre
les prestataires de soins et les universités, les mutualités
y jouent un rôle majeur. Une information sur l’accréditation
des hôpitaux, la formation, la coordination et un plan d’action
annuel, notamment, rendra tout cela concret. La plupart des
2
initiatives s’adressent actuellement aux hôpitaux, mais les
soins de première ligne sont également de plus en plus attentifs
au suivi de la qualité.
Le vieillissement et les soins croissants aux personnes âgées
qui en découlent constituent un défi pour tous les acteurs des
soins de santé. La situation est mise en lumière par un article
qui décrit les nouvelles compétences des communautés
et les divers dispositifs de soins. Ici aussi, les évolutions
technologiques apportent leur lot de changements. Le suivi et le
monitoring à distance, via de nouveaux appareils d’assistance,
permettra aux personnes âgées de rester plus longtemps dans
leur environnement familier. L’engagement des aidants proches
et des bénévoles, que l’on qualifie de socialisation des soins,
restera un pilier fondamental. Au Danemark, par exemple, un
citoyen ne peut recevoir des soins du système social que s’il
a lui-même prodigué des soins à d’autres personnes. Voilà
matière à réflexion…
On sait déjà que notre santé peut s’améliorer grâce à un style
de vie sain. Traditionnellement, nous pensons à une activité
physique suffisante (10 000 pas /jour), une alimentation saine et
à suffisamment de sommeil. Mais les facteurs psychologiques
tels que le stress jouent également un rôle. Une étude de la
MC a révélé que la manière dont nous gérons nos propres
émotions et celles des autres, ainsi que la façon dont nous les
comprenons, les identifions, les régulons et les utilisons a une
influence sur la santé et peut constituer un déterminant de la
consommation des soins de santé. Il s’agit de la première étude
qui démontre cet effet. Fort heureusement, cette compétence
émotionnelle s’apprend et peut être renforcée.
Pour terminer, nous avons répertorié les « compétences en
matière de santé » ou « health literacy » des Belges. Il en
ressort que 4 Belges sur 10 ont des compétences insuffisantes
en matière de santé que pour pouvoir mener une vie saine.
La formation, le sexe, l’âge et la région jouent un rôle dans ce
contexte. Nos résultats sont au même niveau que de nombreux
autres pays, mais les Pays-Bas sont parvenus à améliorer ces
compétences au sein de leur population. Les mutualités en
Belgique veulent également s’engager pleinement à propos de
cette thématique
Dr. Michiel Callens
Directeur R&D
MC-Informations 258 • décembre 2014
eHealth en Belgique
Dr Michiel Callens
Directeur R&D, Alliance nationale des Mutualités chrétiennes ; membre du conseil d’administration et du comité de concertation
eHealth ; membre du groupe de pilotage ICT Vitalink Synthèse
L’échange électronique des données de santé, eHealth en abrégé, a également démarré dans notre pays.
La plateforme eHealth propose gratuitement une série de services de base, qui offrent les garanties
nécessaires en termes de sécurité des informations, de protection de la vie privée du patient et du praticien
et de respect du secret médical. Cet organisme fédéral respecte, stimule, coordonne et soutient les initiatives
locales et régionales, telles que les hubs et métahubs, Vitalink (Flandre) et le Réseau Santé Wallon/Inter-Med
(Wallonie et Bruxelles).
Les hôpitaux échangent d’ores et déjà des données électroniques entre eux et avec les médecins généralistes
par le biais des hubs et métahubs. Depuis cette année, les médecins généralistes et pédiatres sont obligés
d’enregistrer les vaccinations dans le système d’enregistrement électronique Vaccinnet. Le citoyen a déjà
accès à l’enregistrement de ses vaccinations – et pourra prochainement consulter d’autres types de données
enregistrées dans Vitalink – via le Patient Health Viewer. Pour partager ces données en première ligne et
avec le patient, la Wallonie/Bruxelles auront recours à la plateforme « Inter-Med ». De nombreux autres
projets, tels que le dossier pharmaceutique partagé, sont déjà d’actualité ou en chantier.
Dans tous les cas, l’échange des données de santé est subordonné à l’accord du patient. Par ailleurs, seuls
les praticiens qui traitent le patient ont accès aux informations dont ils ont besoin pour s’acquitter de leur
tâche.
Tous les intervenants se sont accordés sur les objectifs à atteindre en 2018. Il en a résulté la roadmap eHealth,
qui a été intégrée dans l’actuel accord de gouvernement. L’eHealth offre de nombreuses possibilités, compte
tenu de l’accroissement du nombre de maladies chroniques, des éventuelles pénuries de prestataires de
soins pour en assurer le suivi, du souhait de rester plus longtemps chez soi. La possibilité d’échanger des
données de santé par voie électronique permettra également au patient/citoyen de se profiler comme un
véritable partenaire dans l’approche de sa maladie et de sa santé.
Mots-clés : échange électronique, données de santé, Vitalink, Réseau Santé Wallon, télémédecine.
1Introduction
Après l’industrie, le secteur bancaire, la déclaration fiscale,
tout est prêt aujourd’hui dans le domaine des soins de
santé pour échanger des données électroniques en toute
sécurité. L’échange électronique de données médicales
entre prestataires de soins revêt une importance capitale.
Chaque praticien traitant sera ainsi informé à tout moment
des maladies pour lesquelles vous êtes traité(e), les examens
que vous avez déjà subis, les médicaments que vous prenez
ou les vaccins qui vous ont été administrés antérieurement.
Cet échange est important notamment lors d’un contact
avec le médecin généraliste de garde ou en cas d’admission
dans un service d’urgence où les médecins ne disposent
généralement d’aucune donnée médicale vous concernant.
Il évite également les examens redondants et inutiles ou une
surcharge administrative due à la multiplication des données
identiques à compléter.
Cet échange suppose évidemment un certain nombre
d’exigences techniques et de s’accorder sur qui peut accéder
à quoi concernant qui et à quelles conditions. C’est pourquoi
MC-Informations 258 • décembre 2014
3
les plateformes nécessaires ont été mises en place, tant au
niveau fédéral que régional, pour mener ce projet à bien. Sans
se perdre dans les détails techniques, le présent article donne
un aperçu des plateformes eHealth, Vitalink et Réseau Santé
Wallon.
2 La plateforme eHealth
2.1 Un organisme public fédéral
L’eHealth est un terme international qui fait référence à
l’échange électronique de données de santé. Toutefois, lorsque
l’on parle d’« eHealth » en Belgique, il est davantage question
de la plateforme eHealth (www.ehealth.fgov.be). La première
condition pour pouvoir échanger des données en toute sécurité
dans le domaine des soins de santé est en effet l’existence
d’une plateforme technique permettant cet échange. À cet
effet, la plateforme eHealth a été instituée en Belgique par la
Loi du 21 août 2008 relative à l’institution et à l’organisation de la
plateforme eHealth et portant dispositions diverses (Moniteur
belge du 13 octobre 2008)1.
La plateforme eHealth, un organisme public fédéral, s’adresse
à tous les acteurs des soins de santé : praticiens et établissements de soins, patients, mutualités, organismes publics,
régions et communautés. Elle est gérée par un Comité de
gestion, soutenu par un Comité de concertation auquel les
partenaires susmentionnés participent.
Cette plateforme propose gratuitement une série de services de
base, qui offrent les garanties nécessaires en termes de sécurité
des informations, de protection de la vie privée du patient et du
prestataire de soins et de respect du secret médical. Lors de
l’échange des données à caractère personnel, il est essentiel
que l’expéditeur et le destinataire soient absolument certains
qu’il s’agisse de la même personne. Dans le cas contraire, des
décisions risquent d’être prises, ou des soins administrés sur la
base de données concernant une autre personne, et qui sont
même parfois susceptibles de mettre sa vie en danger. C’est
pourquoi l’utilisation du numéro d’identification de la sécurité
sociale (NISS) a été rendue obligatoire par la loi e-Health en cas
d’échange de données à caractère personnel via la plateforme
eHealth. Ce NISS permet en effet d’identifier de manière unique
toutes les personnes résidant en Belgique.
2.2 Pas de « Big brother »
Des mesures structurelles sont prévues pour éviter que les
données puissent être couplées ou utilisées à mauvais escient.
La plateforme eHealth ne constitue en aucun cas le « Big
brother » de la santé.
1
4
Tout d’abord, la loi relative à la plateforme eHealth ne prévoit pas
un enregistrement centralisé des données de santé à caractère
personnel. Ces données ne sont pas enregistrées par eHealth,
mais conservées de manière décentralisée et distribuées en
premier lieu auprès des praticiens et des établissements de
soins.
Tout échange de données à caractère personnel relatives à
la santé via la plateforme eHealth doit en outre être autorisé
par la loi, par le Département Santé du Comité sectoriel au
sein de la Commission de la protection de la vie privée (CPVP,
mieux connue sous le nom de « privacy commission ») ou par
le patient. Dans le cas contraire, cet échange n’est pas légal
et peut être passible de sanctions sévères. Ce département
se compose de six membres : 2 représentants de la CPVP et
quatre médecins indépendants, désignés par la Chambre des
Représentants.
L’accès aux données à caractère personnel via la plateforme
eHealth n’est possible que si le patient a donné son
consentement à cet effet.
Les données de santé à caractère personnel échangées entre
l’expéditeur et le destinataire sont en outre cryptées, afin que
personne d’autre, pas même la plateforme eHealth, ne puisse
les lire.
Enfin, l’accès à la plateforme eHealth repose sur un système
sophistiqué de gestion des utilisateurs et des accès, qui
requiert de l’utilisateur qu’il s’identifie à l’aide de sa carte
d’identité électronique ou d’un moyen similaire. Des banques
de données fiables (sources authentiques) vérifient s’il dispose
des qualités et des habilitations appropriées (comme une
relation thérapeutique).
Enfin, l’échange des données de santé à caractère personnel
(non pas les données à caractère personnel échangées en tant
que telles !) est consigné (enregistré) dans un journal, afin que
toute (tentative d’) utilisation abusive puisse être identifiée par
la suite. Ces loggings pourront être consultés à terme par le
patient pour vérifier qui a échangé des données à caractère
personnel le concernant.
2.3 Normes techniques
Dans le cadre d’un échange électronique, il est en outre
important que chacun utilise les mêmes normes, que les
systèmes puissent se parler (interopérabilité) et utilisent la
même langue (nécessité d’une terminologie uniforme). eHealth
fixe les normes, les règles, les spécifications fonctionnelles et
techniques ainsi que l’architecture de base en matière de TIC.
Il veille à l’enregistrement du logiciel de gestion des dossiers
électroniques des patients.
Modifiée par la Loi du 19 mars 2013 (Moniteur belge du 29 mars 2013) et par la Loi du 10 avril 2014 (Moniteur belge du 30 avril 2014).
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La plateforme eHealth vise en outre à permettre aux initiatives
de collaboration locales et régionales de se concentrer sur les
aspects de contenu de la collaboration et propose à cet effet
une série de services de base généralisés, interopérables et qui
développent des normes en matière de TIC. Les praticiens, les
établissements de soins et les patients pourront ainsi accéder
aux données personnelles pertinentes qu’ils sont autorisés à
consulter, quelle que soit l’initiative locale ou régionale.
2.4 Objectifs et services de la plateforme eHealth
Le but n’est pas de modifier la répartition concrète des
tâches entre les différents acteurs des soins de santé. La
plateforme eHealth vise uniquement à améliorer la qualité des
soins de santé et la sécurité du patient et à alléger la charge
administrative des praticiens, des établissements de soins et
des citoyens, tout en soutenant adéquatement la politique en
matière de santé par la génération de statistiques et données
de gestion anonymes ou codées sur demande.
À l’heure actuelle, eHealth propose gratuitement les services
de base suivants :
• Coordination des processus partiels électroniques
• Environnement portail (https://www.ehealth.fgov.be)
• Gestion intégrée des utilisateurs et des accès
• Gestion des loggings
• Système de cryptage end-to-end
• Boîte aux lettres électronique personnelle pour chaque
prestataire de soins (eHealthBox)
• Datation électronique (timestamping)
• Codage et anonymisation
• Consultation du Registre national et des registres de la
Banque Carrefour de la sécurité sociale
• Répertoire des références (= métahub)
Outre les services de base développés, la plateforme eHealth
est un partenaire dans le cadre des services à valeur ajoutée.
En voici quelques exemples :
• Encodage et consultation :
- du Registre du cancer
- du registre des prothèses de la hanche et du genou
(Orthopride)
- des registres relatifs aux prestations de soins en matière
d’implants cardiaques (Qermid)
- du dossier électronique partagé concernant l’arthrite, ainsi
que des processus électroniques de remboursement des
médicaments anti-TNF (Safe)2
• PROCARE RX qui permet aux radiologues de charger
et d’envoyer des radiographies et les informations
correspondantes à des experts en vue d’une révision ou d’un
second avis
2
• Gestion des services de garde de médecins généralistes et
de dentistes (Medega)
• Rapport sur les interventions du SMUR
• Communication électronique de rapports de garde par les
médecins de garde au détenteur d’un DMG
• Resident Assessment Instrument (BelRAI)
• Consultation électronique de l’assurabilité dans l’assurance
maladie et transmission électronique de factures tiers payant
aux mutualités (MyCarenet)
• Plateforme pour l’échange de données entre la Vlaams Agentschap voor Zorg en Gezondheid et les services reconnus par
celle-ci (VESTA)
• Soutien de la prescription électronique de soins interne dans
les hôpitaux
• Déclaration électronique des naissances - eBirth
• Consultation des déclarations anticipées en matière d’euthanasie
• Encodage et consultation électroniques de l’évaluation des
personnes handicapées dans le système d’information du
SPF Sécurité sociale (Medic-e)
• Système d’enregistrement en ligne pour les établissements
privés du secteur de l’aide spéciale à la jeunesse en Flandre
• Projet Recip-e : prescription électronique de médicaments
2.5 Le consentement éclairé
Seules les données médicales nécessaires pour votre santé
ou vos traitements sont échangées via eHealth. Le comité
de concertation des utilisateurs d’eHealth en assure la
coordination. Le comité sectoriel de la santé au sein de la
privacy commission doit également approuver les nouveaux
échanges de données de santé. En outre, les données
ne peuvent être échangées que si vous donnez votre
consentement à cet effet. On parle de consentement éclairé,
informed consent, eHealth consent. Le consentement peut être
enregistré en ligne directement par le citoyen, par le biais d’une
application accessible via https://www.ehealth.fgov.be. Vous
trouverez facilement ce lien sur les sites Web des mutualités,
des associations de patients, de Vitalink, de RSW, d’Abrumet,
etc. Vous pouvez également donner votre consentement par
le biais de votre carte d’identité électronique lors d’un contact
avec le médecin, le pharmacien et le personnel administratif
d’un hôpital ou d’une mutualité. Vous pouvez à tout moment
retirer votre autorisation de la même manière.
L’autorisation s’applique en revanche à toutes les données
échangées via les plateformes et constitue un consentement
unique. À l’heure actuelle, elle s’applique notamment au
partage du dossier hospitalier établi durant une hospitalisation,
au dossier pharmaceutique partagé, aux différentes données
présentes dans Vitalink (voir infra), à la consultation des
accords relatifs au chapitre IV-médicaments. Dans les mois/
années à venir, de nouvelles données s’ajouteront, comme un
TNF provient de l'anglais : tumor necrosis factor. En français : facteur de nécrose tumorale
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5
résumé de votre dossier chez le médecin généraliste (SUMEHR
= summary electronic health record).
Toutes ces informations permettent d’établir une collaboration
entre le prestataire de soins et vous-même et d’optimiser les
soins dispensés. Elles permettent également d’annuler des
examens superflus, qui ont notamment déjà été effectués dans
le cadre de l’imagerie médicale, afin d’éviter une exposition
inutile aux radiations. Sachez que sans informations complètes
et exactes, il est parfois difficile pour un prestataire de soins
de vous traiter correctement. Vous pouvez toutefois demander
à votre praticien de ne pas échanger certains documents.
L’application de RSW permet au patient de bloquer des
documents en ligne qu’il ne souhaite pas échanger. Vitalink et
les autres hubs ne prévoient pas ces possibilités.
Des dispositions légales spécifiques définissent évidemment
les cas où l’échange de certaines données médicales ne
requiert pas le consentement du patient. La loi eHealth ne
modifie rien au contenu en la matière. La loi relative aux droits
des patients et aux obligations déontologiques (entre autres,
le secret professionnel) des praticiens reste intégralement
d’application.
2.6 La relation thérapeutique
Seuls les prestataires de soins qui entretiennent une relation
thérapeutique (qui traitent le patient) ont accès aux informations
dont ils ont besoin pour s’acquitter de leur tâche. Tous les
praticiens n’ont donc pas accès à l’ensemble des informations.
Le comité de concertation d’eHealth définit qui peut accéder à
quoi. Une relation thérapeutique se crée du fait :
• du médecin généraliste qui gère votre dossier médical global ;
• des médecins qui vous traitent pendant une hospitalisation ;
• des spécialistes et autres médecins que vous consultez : un
prestataire de soins peut enregistrer une relation thérapeutique après avoir lu votre carte d’identité électronique ;
• des pharmaciens qui vous délivrent des médicaments :
enregistrement de la relation thérapeutique via eID.
Un citoyen peut à tout moment enregistrer ou retirer une relation
thérapeutique avec un praticien et consulter l’ensemble de
ses relations thérapeutiques. Ainsi, la même application
de consentement éclairé (voir lien ci-dessus) lui permet
d’interdire à un certain nombre de praticiens spécifiques
d’accéder à ses données de santé (pour les échanges de
données qui nécessitent ce consentement) et ce, même s’il
existait déjà une relation thérapeutique automatique (p. ex.
avec le médecin généraliste qui gère votre dossier médical
global). Cette fonctionnalité n’est accessible qu’au citoyen
lui-même. L’exclusion s’effectue sur la base du numéro INAMI
du prestataire de soins. L’application prévoit une fonction
permettant de rechercher un praticien en spécifiant son nom et
son prénom comme critères. Si le patient saisit son code PIN,
le praticien peut en outre, à la demande du patient, enregistrer,
6
retirer ou consulter les relations thérapeutiques entre ce
patient et les autres praticiens.
3 L’échange de données entre hôpitaux via « hubs
et métahubs »
Un « hub » est une association d’hôpitaux qui s’efforcent de
donner à votre prestataire de soins le meilleur accès possible
aux données médicales importantes dans le cadre de votre
traitement. « Hub » signifie « moyeu » en anglais. Il s’agit du
centre, de la « boîte de répartition » d’un réseau, qui régit
les contacts et le transport de données entre les serveurs et
les postes de travail. Les documents médicaux émis par les
hôpitaux, les laboratoires et les établissements de soins restent
conservés à l’endroit où ils ont été établis et sont mis à la
disposition des médecins dans et hors des hôpitaux. Différents
réseaux électroniques (hubs) ont été créés dans le passé
pour permettre aux hôpitaux d’échanger ces informations
avec les médecins de la région. Ces hubs sont au nombre de
5 : le Vlaams ziekenhuisnetwerk Leuven, la Cozo (Collaboratief
zorgplatform regio Gent), le hub régional anversois, le Réseau
Santé Wallon (RSW) en Wallonie et Abrumet à Bruxelles. Les
dossiers restent dans les hôpitaux et il n’existe donc aucun
dossier central physique. Par ailleurs, un « métahub » actualise
les données disponibles concernant un patient donné dans les
différents hubs. Le « métahub », parfois dénommé « Répertoire
de références » ou index, permet d’identifier l’hôpital qui
dispose d’informations concernant le patient, afin de pouvoir
ensuite les consulter directement par la voie électronique dans
l’hôpital en question.
Concrètement, la procédure est la suivante :
• Les documents établis dans un hôpital restent dans cet
établissement et font partie du dossier médical local qu’il
est tenu légalement de conserver. Cet hôpital enregistre
dans l’index les documents qu’il tient à disposition. Il
s’agit spécifiquement de documents qui seraient envoyés
traditionnellement par la poste à un médecin externe.
• Les prestataires de soins compétents peuvent consulter
l’index pour identifier les documents disponibles
concernant leur patient.
• Ils peuvent donc également consulter les documents
pertinents pour le traitement (immédiatement auprès de
l’établissement qui gère ces documents).
• Des accords généraux en matière de sécurité et de droit
d’accès sont prévus.
Le métahub ne contient donc aucune information médicale à
caractère personnel. Les informations figurant dans l’index
des hubs distincts sont considérées comme des informations
médicales à caractère personnel sensibles (même si cet index
ne contient que des données générales sur le document et
non sur son contenu). Les établissements de soins tels que
les hôpitaux ont donc l’obligation et les moyens d’assurer la
confidentialité de ces informations.
MC-Informations 258 • décembre 2014
4 L’échange de données en première ligne
Les documents médicaux émis par les hôpitaux restent donc
conservés à l’endroit où ils ont été établis. Néanmoins,
les acteurs de la première ligne (par exemple, le médecin
généraliste) ne disposent pas toujours d’un serveur afin
de conserver les données. Le prestataire de soins externe,
l’assistant social ou le patient ne peut donc pas accéder à ces
données 24 h/24, 7 j/7, puisque les données sont enregistrées
dans l’ordinateur local qui n’est pas toujours accessible. La
conservation et le partage des données de la première ligne
sont organisés par des plateformes régionales, telles que
Vitalink (Flandre), Inter-Med qui fait partie du Réseau Santé
Wallon (Wallonie) et Abrumet (Bruxelles).
Pour faire face à tous ces défis, les autorités flamandes
investissent dans une large mesure dans la « socialisation des
soins » : une intégration de plus en plus grande des soins dans
le réseau social familier des gens. L’usager de soins préfère
habiter le plus longtemps possible de manière autonome et
recevoir des soins et un accompagnement à domicile. Pour
intégrer efficacement les soins dans le cadre de vie personnel,
il faut toutefois disposer des instruments – et des informations
– appropriés. Dans ce contexte, une bonne interaction entre
le prestataire de soins professionnel, l’aidant proche et le
patient (autogestion et autonomisation) est cruciale. Le rôle du
citoyen/patient et du travailleur social en tant que partenaire
actif est un aspect sur lequel Vitalink insiste largement. Vitalink
a été spécialement conçu pour permettre la collaboration
multidisciplinaire dans le cadre des soins du patient par le biais
de l’échange électronique d’informations.
4.1Vitalink
En plus d’être synonyme de soins qualitatifs via le partage
de données, Vitalink (www.vitalink.be) se veut un modèle
d’efficacité. L’échange électronique de données et l’accès
aux bases de données des pouvoirs publics peuvent en effet
aussi réduire la charge administrative des utilisateurs, des
prestataires de soins et des établissements. Dans la mesure
du possible, les flux de papier feront partie de l’histoire et les
données générées par le soignant ou le praticien pourront être
réutilisées dans un contexte administratif. En effet, l’utilisateur
qui demande une aide et des soins, et qui dans ce cadre souhaite
souvent faire valoir différents droits et exonérations, ne devra
pas chaque fois passer par la machinerie administrative pour
des questions déjà enregistrées dans différentes bases de
données. Les prestataires de soins y trouveront également
leur intérêt : l’échange et la réutilisation des données peuvent
rendre les infrastructures et procédures superflues et donc
améliorer leur qualité de travail. Vitalink est un pas important
dans le secteur des soins de santé et du bien-être flamand
et est ‑ à maints égards ‑ unique en Flandre, en Belgique et
ailleurs.
Contrairement aux autres systèmes, Vitalink ne se limite pas à un
secteur particulier (comme les hôpitaux) ou à certains groupes
professionnels (comme les médecins ou les pharmaciens).
Vitalink est actuellement la seule plateforme qui se concentre
sur l’ensemble des soins de santé de première ligne et qui
vise à permettre la collaboration entre les prestataires de
soins, les assistants sociaux et le patient. Egalement les
prestataires de soins de 2de ligne peuvent consulter les
données de Vitalink lorsqu'il y a une relation thérapeutique.
Des voix s’élèvent pour remplacer le terme « patient », qui a
une connotation « passive », par un mot plus actif/assertif, tel
que « client ». Pour leur permettre d’accéder aux données de
Vitalink, les mutualités ont développé le « patientviewer ». Il
s’agit d’un logiciel téléchargeable gratuitement via les sites
des mutualités, qui vous permet de consulter vos données
personnelles dans Vitalink. Une carte d’identité électronique
et le code PIN correspondant suffisent pour l’installer une fois
pour toutes. Les médecins qui ne sont pas encore en mesure de
se connecter via leur logiciel Vitalink peuvent provisoirement
aussi utiliser le patientviewer.
4.1.2 Quelles données ?
4.1.1 Le patient au cœur des préoccupations
a. Vaccinations
Vitalink a été créé pour le patient, afin qu’il bénéficie des
meilleurs soins possibles, où qu’il réside. Les données en matière
de soins et de bien-être qui le concernent sont partagées entre
ses prestataires de soins. Ce partage s’effectue de manière
extrêmement sécurisée, dans le respect total de la vie privée,
et uniquement s’il l’autorise. Grâce à Vitalink, le citoyen peut,
pour la première fois, consulter ses données, afin qu’il puisse
participer aux décisions relatives à ses soins. Ce rôle central
du patient est un point auquel Vitalink accorde une très grande
attention. Les patients deviennent de plus en plus critiques
et assertifs et ont un avis bien tranché sur ce que de « bons
soins » signifient. Ils se comportent également de plus en plus
comme des consommateurs sur le « marché de la santé » et
réclament volontiers une emprise plus grande sur leur dossier
médical. On note une aspiration à des soins de santé qui
accordent une place centrale au patient – non à la maladie.
Depuis quelques années, les médecins peuvent consigner les
vaccins qu’ils administrent à leurs patients dans le système
d’enregistrement électronique Vaccinnet. Ce système contient
les données suivantes :
• vaccins administrés à partir de 1997 et enregistrés dans
Vaccinnet ;
• vaccins administrés à partir de septembre 2005 par les
médecins du PMS (centre d’encadrement des élèves) ;
• vaccins administrés à partir de 2006 durant les consultations
de Kind & Gezin.
Depuis cette année, les médecins généralistes et les pédiatres
sont obligés d’enregistrer les vaccinations dans Vaccinnet. Vu
que cet enregistrement n’était pas obligatoire avant 2014, il y a de
fortes chances que Vitalink n’affiche pas toutes les vaccinations
MC-Informations 258 • décembre 2014
7
via le patientviewer. Le médecin généraliste peut toutefois
compléter les vaccinations antérieures dans Vaccinnet.
Par vaccination, apparaissent : la date d’administration, le nom
officiel du vaccin et la maladie traitée par le vaccin. Les données
des enfants de plus de six ans peuvent être consultées en se
connectant à l’aide de leur kids-ID ou eID.
Les données de vaccination des enfants plus jeunes ne peuvent
être consultées à l’heure actuelle. Vous devez vous adresser à
cet effet à votre médecin généraliste ou à Kind & Gezin.
Les avantages sont évidents :
• Vous pouvez suivre facilement la date de votre dernière
vaccination. Ceci peut s’avérer utile, par exemple, lorsqu’il est
demandé de communiquer la date de la dernière vaccination
contre le tétanos dans le cadre d’un camp de vacances.
• Vous ne devez plus tenir à jour les carnets ou cartes de
vaccination. Vous pouvez en effet imprimer une liste
récapitulative.
• Vos données de vaccination peuvent être consultées par
les praticiens qui vous traitent. Ceci peut s’avérer utile
notamment en cas d’examen dans un poste de garde ou un
service d’urgence. Le praticien peut ainsi poser un meilleur
diagnostic, éviter les doubles vaccinations et limiter le risque
de réactions allergiques.
b. Médicaments
Il est probable que d’ici fin 2014 vous puissiez consulter
votre schéma de médication via Vitalink, plus précisément
les médicaments que vous devez prendre, pendant combien
de temps, à quel moment et en quelle quantité. Ces données
sont très utiles pour les personnes atteintes d’une maladie
chronique, qui doivent prendre différents médicaments
pendant une longue période. Vu que différents prestataires de
soins peuvent prescrire des médicaments, cet instrument peut
leur être utile pour avoir un aperçu les médicaments que vous
prenez.
Quelques exemples des compétences des différents
intervenants :
• Les médecins habilités à prescrire et les pharmaciens
peuvent consulter et adapter le schéma de médication.
• Les infirmiers peuvent consulter le schéma de médication et
le modifier moyennant l’autorisation du prescripteur.
• Les prestataires de soins et assistants sociaux travaillant
dans des structures ont la possibilité de consulter le schéma
de médication.
• En tant que patient, vous pouvez consulter votre schéma de
médication s’il est complété et partagé par le prestataire de
soins.
c. Dossier du médecin généraliste, examens préventifs…
D’autres projets, comme l’échange d’un résumé de votre dossier
chez le médecin généraliste (SUMEHR = summary electronic
health record), des données relatives aux examens préventifs
8
en vue du dépistage du cancer (données relatives au dépistage
du cancer de l’utérus, du sein et du côlon), certaines données
utiles du dossier de Kind & Gezin, un journal susceptible de
remplacer les cahiers de communication, etc. sont sur la table.
4.2 Inter-Med (Réseau Santé Wallon - RSW)
Inter-Med est le pendant de Vitalink en Wallonie. Il est géré
par le RSW (Wallonie) et Abrumet (Bruxelles). Le RSW et
Abrumet font partie des hubs qui échangent des informations
hospitalières mais ils ont créé la plateforme de première ligne
appelée « Inter-Med », le pendant de Vitalink. Il est souvent
fait référence au RSW (www.reseausantewallon.be) pour
désigner en fait le service à valeur ajoutée Inter-Med, vu que le
RSW gère Inter-Med. Le projet Inter-Med est dirigé par le FAG
(Forum des Associations de Généralistes)​. Contrairement à
Vitalink, le patient doit s’inscrire au RSW, une procédure certes
gratuite.
Inter-Med contient actuellement les documents suivants :
• Le « SUMEHR », le résumé du dossier médical électronique, qui
mentionne les médicaments, la liste actuelle des problèmes,
les antécédents, les facteurs de risque et les vaccinations.
Ces données sont échangées entre les prestataires de
soins, qui peuvent décider d’en donner l’accès au patient.
Pour le moment, c'est en phase pilote, de sorte que c'est le
prestataire de soins qui décide si le patient y a également
accès.
• Les données relatives aux trajets de soins pour le diabète et
l’insuffisance rénale.
• Les notes que les patients établissent eux-mêmes dans le
cadre de certaines maladies.
Les documents du service intégré de soins à domicile (SISD) et
des réseaux locaux multidisciplinaires (RLM) seront également
ajoutés à l’avenir.
À terme, le patient pourra lui-même consulter le RSW pour
d’autres services, comme se référer au carnet de vaccination
(Vaccinnet), obtenir une aide dans le cadre de la gestion des
trajets de soins pour le diabète, etc. Si le patient est autorisé
à accéder à certaines données, il pourra les consulter via son
eID et son code PIN. L’installation d’un « patientviewer » ne
sera pas nécessaire.
À l’heure actuelle, le patient peut exécuter les actions suivantes
via son compte privé :
• enregistrer ou rompre la relation thérapeutique avec un
médecin ;
• interdire l’accès à son dossier médical à un ou plusieurs
médecins ;
• consulter la liste des documents médicaux enregistrés (sans
pouvoir en consulter le contenu) ;
• gérer le droit d’accès aux documents ;
• consulter l’historique de l’accès à un dossier ou document.
MC-Informations 258 • décembre 2014
5 Conditions préalables
5.2Patient/client
5.1
L’eHealth ouvre de nombreuses possibilités pour intéresser
activement le patient à sa santé et à son processus de soins.
Ceci nécessite naturellement des explications concernant
le fonctionnement du système. D’abord et surtout sur la
manière de donner un consentement et de gérer les relations
thérapeutiques. Ensuite, sur ce que le patient peut voir et,
plus tard, sur ce qu’il pourra actualiser et partager. Ceci devra
être « enseigné » et faire partie des compétences de base
en matière de santé (« health literacy ») de la population. Le
vote électronique, l’utilisation du GSM et du GPS, la banque
électronique, la fiche d’impôts en ligne ou la TV numérique
ont eux aussi connu une courbe d’apprentissage avant
d’être adoptés massivement. La communication ne devra pas
s’effectuer ponctuellement, mais devra être permanente et
s’organiser à chaque nouvelle application.
Prestataires de soins
On peut mettre sur pied un système d’échange électronique de
données sécurisé et très performant, mais si les prestataires
de soins n’y encodent/téléchargent aucune donnée, il n’y a rien
à partager.
Les hôpitaux disposent pratiquement toujours d’un dossier
électronique contenant des données qu’ils peuvent partager.
Il devrait en être de même pour les médecins généralistes. Ils
perçoivent presque tous une prime informatique chaque année.
Ils sont en outre rémunérés pour la mise à jour du dossier
médical global. Il serait probablement plus efficace de lier ces
rémunérations à l’encodage/l’échange électronique effectif
de données. Par ailleurs, les patients peuvent contribuer à
inciter le prestataire de soins à compléter les données car elles
peuvent également leur être utiles. De plus, les patients peuvent
toujours demander à leurs prestataires de soins d'ajouter des
informations spécifiques à leur dossier de patient.
Certains prestataires de soins craignent que la transparence,
certainement à l’égard du patient, ne génère davantage de
dossiers de responsabilité professionnelle en raison de la
facilité d’accès à des données écrites par voie électronique.
Mais le grand avantage de l’eHealth réside précisément
dans l’écartement des erreurs médicales. Prenons l’exemple
de Recip-e, les prescriptions électroniques. Les fautes
d’orthographe ou de dosage seront nettement moins
fréquentes, vu que le logiciel peut effectuer des vérifications.
Le médecin peut aujourd’hui établir facilement des liens avec
les connaissances scientifiques les plus récentes (p.ex. via
EBMpracticeNet, htpps://www.ebmpracticenet.be). La loi
sur les droits des patients prévoit par ailleurs que les notes
personnelles, par exemple, ne doivent pas être échangées.
Seules les données utiles pour les tiers doivent être échangées
(p. ex. rapports d’examens, traitements/affections antérieurs
en cours ou importants, médicaments, allergies, etc.).
La charge de travail n’augmentera pas, vu que les données
structurées partagées peuvent généralement être extraites
automatiquement du dossier par de bons logiciels. Le comité
de concertation des utilisateurs d’eHealth régit ce qui peut
précisément être partagé avec le patient de manière structurée.
Une des questions qui se pose est de savoir si p. ex. les rapports
psychiatriques établis par le psychiatre doivent être partagés
avec le patient. Il arrive parfois qu’une personne ne veuille
pas directement voir les résultats des examens/rapports.
D’autres pays ont résolu la question en prévoyant notamment
un intervalle de 15 jours entre l’établissement du rapport ou des
examens et son envoi.
Les détracteurs disent qu’il en résultera un système à deux
vitesses. Certes, tout le monde ne dispose pas de l’Internet,
mais plus de 80 % des habitants en sont équipés en Belgique.
Tout le monde connaît pratiquement quelqu’un qui dispose
de l’Internet. Aux États-Unis (Kaiser Permanente), 70 % des
assurés reçoivent des données médicales électroniques et
les échangent avec les praticiens. Il sera veillé en particulier
à la convivialité des applications. Quoi qu’il en soit, l’eHealth
ne deviendra jamais le moyen exclusif d’échanger des
informations médicales. Vous pouvez par exemple aussi
imprimer le schéma de médication pour le patient. Il se peut
également que la télévision numérique joue un rôle à l’avenir,
etc. Il n’est pas indispensable de posséder un PC pour
donner son consentement éclairé et pour gérer les relations
thérapeutiques. L’enregistrement ou la gestion peut aussi
s’effectuer directement (eID) chez le médecin, le pharmacien,
lors d’une hospitalisation ou auprès de la mutualité.
À l’heure actuelle, les praticiens disposent presque tous des
logiciels nécessaires pour actualiser et échanger des données
médicales de manière structurée. Le patient n’en dispose pas
encore pour le moment. Nous pouvons y remédier en fournissant
également au patient le logiciel nécessaire pour y parvenir. Au
niveau international, on parle d’un « personal health record »
ou PHR. Ce système est important surtout pour le suivi des
maladies chroniques où l’autogestion du patient joue un rôle
prépondérant. L’actualisation/échange électronique via des
journaux de paramètres de données, par exemple, des données
de mesure en cas de diabète, d’hypertension, de défaillances
cardiaques chroniques, de BPCO (bronchopneumopathie
chronique obstructive), de migraine, de troubles du sommeil,
etc. en constituent quelques exemples. Par ailleurs, il pourrait
être demandé au patient de compléter des questionnaires
préalablement à une hospitalisation et à certaines consultations,
ce qui permettrait de mieux les préparer et permettrait au
médecin de gagner du temps.
MC-Informations 258 • décembre 2014
9
6Télémédecine
L’échange électronique de données va enregistrer une
évolution considérable. Aux Pays-Bas, le médecin généraliste
envoie d’ores et déjà au dermatologue des photos de lésions
cutanées dont il ne peut définir avec certitude la cause. Celui-ci
peut, dans la plupart des cas, poser un diagnostic à distance ou
le mettre sur la voie. Le dermatologue peut facturer un montant
à l’assurance maladie pour l’analyse de la photo. Les images
médicales, coupes d’anatomie pathologique etc. peuvent
aujourd’hui déjà être transmises par la voie numérique pour être
évaluées à distance. Tout cela modifiera radicalement la façon
de travailler et de rémunérer à terme. Cet aspect de l’eHealth
est appelé la « télémédecine ». Le coaching « numérique »
à distance (« disease management ») est appelé plutôt
« télémonitoring », bien que les termes se chevauchent. Ce
système permet, par exemple, de surveiller le patient à domicile
et de transmettre les données aux prestataires de soins, qui
peuvent alors adapter le traitement à distance, si nécessaire. Il
permet aussi, par exemple, d’éviter les hospitalisations en cas
de défaillance cardiaque, de suivre correctement un diabète,
de garder une personne dans un centre de soins résidentiel
sans devoir la transporter à l’hôpital pour certains examens,
etc. Toutefois, vu les coûts élevés de ce suivi, il y aura lieu de
convenir de critères clairs concernant les patients susceptibles
d’être intégrés dans ces programmes de télémonitoring.
7Conclusion
L’eHealth permettra d’améliorer la qualité et l’efficacité des
soins de santé en Belgique grâce à l’échange électronique de
données pertinentes entre les intervenants. En outre, l’échange
de données de santé permettra également au patient/citoyen
de se profiler comme un véritable partenaire dans l’approche
de sa maladie et de sa santé. Il pourra assumer une partie
des décisions dans le cadre de l’autogestion. Ceci s’inscrit
également parfaitement dans le cadre de l’évolution vers une
collaboration en réseau concernant le patient et avec celuici. L’eHealth offre de nombreuses possibilités, compte tenu
de l’accroissement du nombre de maladies chroniques, des
éventuelles pénuries de prestataires de soins pour en assurer
le suivi, du souhait de rester plus longtemps chez soi. Si les
partenaires se font confiance et acceptent que le partage et
l’échange de données entre eux constituent la pierre angulaire
de soins de santé qualitatifs, l’eHealth pourra faire la différence
dans les années à venir.
Pour veiller à ce que ce projet ne se limite pas à un beau rêve,
l’ensemble des intervenants se sont accordés sur les objectifs
à atteindre d’ici 2018. Il en a résulté la roadmap eHealth, dont
les objectifs concrets ont été intégrés dans l’actuel accord de
gouvernement (voir encadré).
10
Quel est l’objectif à atteindre d’ici 2018 ?
•Chaque titulaire d’un Dossier Médical Global (DMG)
gère un dossier relatif au patient concerné, actualise
les données pertinentes dans un SUMEHR (résumé du
dossier électronique) qu’il partage via Vitalink/InterMed.
•Chaque hôpital dispose d’un dossier électronique
structuré du patient.
• Les documents hospitaliers sont partagés de manière
généralisée via le système hub-métahub.
• Les résultats de laboratoire intramuros et extramuros
ainsi que les rapports d’imagerie médicale sont
partagés via le système hub-métahub ou via Vitalink/
Inter-Med.
• Les données relatives aux médicaments délivrés et au
schéma de médication sont partagées par voie électronique.
-Dossier pharmaceutique partagé comme source
authentique des médicaments délivrés
- Vitalink et Inter-Med comme sources authentiques
pour le schéma de médication
•La prescription électronique ambulatoire de médicaments est généralisée et étendue aux autres prescriptions (kinésithérapie, soins infirmiers, examens de laboratoire, imagerie médicale).
• Le contenu minimal du dossier électronique d’un patient
est fixé par profession de santé.
•Utilisation généralisée de l’eHealthBox (boîte aux
lettres électronique sécurisée entre praticiens).
• Traçabilité des implants.
• Développement d’une politique de terminologie nationale (nécessaire afin que chacun utilise une terminologie/des codes identiques pour les mêmes maladies/
traitements).
•Extension du système de hub-métahub aux hôpitaux
psychiatriques et maisons de repos.
•Évolution de BelRAI comme instrument d’évaluation
(échange électronique sur le degré de perte d'autonomie).
•Débat social sur la modularité éventuelle des droits
d’accès aux données des patients.
• Organisation de l’accès du patient à ses données.
• Modification de la réglementation et du financement
pour inciter à l’utilisation des TIC.
•Intégration de l’e-santé dans la formation des
prestataires de soins.
•Lancement des services MyCarenet (facturation
électronique tiers payant, consultation électronique
assurabilité, échange électronique entre hôpital et
mutualité en cas d’hospitalisation…).
MC-Informations 258 • décembre 2014
La PAQS, un nouvel acteur
La Plateforme d’Amélioration continue de la Qualité
des soins et de la Sécurité du patient : les fondations
sont posées.
Xavier de Béthune1 & Denis Herbaux 2
1. Introduction
En quinze ans, le travail de Solimut et de l’ANMC dans le
domaine de la qualité des soins et de la sécurité du patient
a rencontré les attentes d’un nombre croissant d’acteurs du
système hospitalier belge. Les Initiatives de Qualité qui avaient
commencé comme quelques projets interhospitaliers, font
maintenant partie d’un mouvement qui regroupe tous les acteurs
significatifs du secteur et qui s’est récemment structuré au sein
d’une asbl, dénommée Plateforme pour l’Amélioration continue
de la Qualité des soins et de la Sécurité des patients. Avant de
décrire la PAQS, nous retracerons l’historique de ces quinze
dernières années et nous terminerons par les perspectives
encourageantes qui se développent aujourd’hui.
2. Le Contexte
Quand, en 2000, Solimut et l’ANMC ont lancé les Initiatives
de Qualité (IdQ), ces organisations répondaient à une vague
d’attention qui se développait aussi bien outre-Atlantique que
chez nous. Dès 1997 en effet, la Communauté flamande avait
publié son premier Kwaliteitsdecreet et au niveau fédéral, les
Collèges de Médecins avaient été mis en place.
Au niveau international, c’est surtout la publication du rapport
de l’Institute of Medicine américain ‘To err is human’3 en 1999
qui a créé la lame de fond en faveur de la qualité des soins et
de la sécurité du patient en milieu hospitalier.
Les hôpitaux ont rapidement montré de l’intérêt pour les IdQ et
en 2002, celles-ci mettaient en place un exercice exploratoire
d’accréditation sur la gestion des risques4 , suivi en 2004 par
le lancement de l’aile francophone du Netwerk Klinische Paden-Réseau Itinéraire Clinique5.
L’année 2002 fut d’ailleurs une année innovatrice pour la
qualité des soins en Belgique avec la mise en place du Kenniscentrum-Centre d’expertise des soins de santé6, l’Agence
Intermutualiste7, le Conseil National pour la Promotion de la
Qualité8 au sein de l’INAMI et le Centre for Evidence Based Medicine9 avec sa bibliothèque virtuelle10. Tout aussi significative
du changement sociétal sous-jacent, la même année, la loi sur
les droits des patients11 a été promulguée.
En 2003, une première révision du Vlaams Kwaliteitsdecreet
confirme la volonté de la communauté flamande de poursuivre
l’investissement dans la qualité et la sécurité.
L’année 2007 voit les autorités fédérales donner un grand coup
d’accélérateur. C’est en effet cette année-là que le SPF Santé
Publique, Sécurité de la Chaîne Alimentaire et Environnement
(SPF SP) invite pour la première fois les hôpitaux à participer
aux contrats qualité-sécurité12. La réponse est importante et
1
Coordinateur des Initiatives de Qualité, Alliance Nationale des Mutualités Chrétiennes
2
Directeur de la PAQS
3
https://www.iom.edu/~/media/Files/Report%20Files/1999/To-Err-is-Human/To%20Err%20is%20Human%201999%20%20report%20brief.pdf
4
de Béthune X, Segouin C, Mertens R & Dusauchoit T (2007) Premiers pas de l’accréditation hospitalière en Belgique : l’évaluation d’un exercice exploratoire.
Journal d’Economie Médicale, 25, 239-249.
5
http://www.uclouvain.be/ric.html et www.nkp.be
6
http://kce.fgov.be/
7
www.aim-ima.be
8
http://www.riziv.be/care/fr/doctors/promotion-quality/cnpqnrkp/index.htm
9
www.cebam.be
10 www.cdlh.be
11 http://www.ejustice.just.fgov.be/cgi_loi/change_lg.pl?language=fr&la=F&table_name=loi&cn=2002082245
12 www.patient-safety.be
MC-Informations 258 • décembre 2014
11
pendant cinq ans, la toute grande majorité des hôpitaux du
pays va développer un système de gestion de la sécurité et
améliorer un ensemble de processus, le tout soutenu par un
financement toutefois très réduit par rapport à l’ampleur des
activités développées. Les IdQ de la MC s’inscrivent dès le départ dans le soutien des hôpitaux à la réalisation des objectifs
des contrats.
Le Conseil Fédéral pour la Qualité de l’Activité Infirmière
(CFQAI)13 du SPF SP va aussi entamer ses travaux cette
année-là, en se focalisant sur la production et la comparaison
d’indicateurs qui reflètent principalement les soins infirmiers.
En Flandre, la déclaration de politique régionale de 200914 jette
les bases pour une nouvelle collaboration entre les autorités
et le secteur hospitalier. Trois piliers sont développés en
collaboration étroite avec les fédérations hospitalières Icuro et
Zorgnet :
1. Les hôpitaux sont encouragés – sans financement – à s’engager dans une démarche permanente d’accréditation.
Celle-ci correspond à une évaluation de la gestion de la
qualité par une agence externe, qui fait appel à des pairs
plutôt qu’à des auditeurs professionnels.
2. La collaboration des stakeholders du système de santé
au sein du ‘Vlaams Indicatorproject voor Professionals en
Patiënten’ (VIPP ou VIP²)15 sera officiellement lancée en
2011. Ce projet élabore et produit des jeux d’indicateurs
avec des représentants des spécialités médicales, pour permettre aux hôpitaux de se comparer entre eux, d’améliorer
la qualité et finalement, de rendre publics leurs résultats.
3. L’inspection par les autorités évolue et se focalise sur des
trajets de soins spécifiques, qui sont évalués dans tous les
hôpitaux. L’inspection générale préexistante se limite dorénavant aux hôpitaux qui ne se sont pas inscrits dans une
démarche d’accréditation.
En 2010, se met en place le Partenariat Sécurité Qualité Solidaris-Santhea. Ce partenariat lance un nombre de projets collaboratifs entre les hôpitaux. Citons notamment la mesure de
la satisfaction des patients, la gestion des événements indésirables ou encore l’organisation d’une structure qualité au sein
de l’hôpital. L’accent porte dès 2012 sur l’évaluation externe de
la qualité des soins, principalement à travers un projet conduit
en collaboration avec la Solvay Brussels School of Economics
and Management. Ce projet visait à évaluer, au sein de quatre
institutions volontaires, la conformité des pratiques avec les
exigences des agences d’accréditation à travers cinq critères.
D’autres acteurs ne sont pas en reste. L’association de consommateurs Test-Achats obtient du Conseil d’Etat en 2011 l’accès
aux résultats de la dernière campagne hospitalière d’hygiène
des mains. Ce précédent important influencera certainement le
déroulement de la nouvelle campagne qui est actuellement en
cours dans les hôpitaux.
Le Fonds des Accidents Médicaux16 se met également en place
en 2012. Il est clairement trop tôt pour en évaluer l’impact.
En 2012, le SPF SP lance un nouveau cycle quinquennal de
contrats Qualité-Sécurité17. Un des objectifs prioritaires est
de préparer les hôpitaux à l’accréditation. Ici aussi, la subsidiarité est construite dans les exigences : l’accréditation est
prioritaire. Les hôpitaux en cours d’accréditation sont encouragés à mettre en évidence le travail réalisé dans ce cadre-là. La
presque totalité des hôpitaux signe les contrats. Les priorités
d’action concernent la sécurité au bloc opératoire, les médicaments à hauts risques, l’identification correcte des patients et
des matériels et l’organisation des soins ‘transmuraux’, et donc,
au minimum, l’admission et la sortie des patients. Pour soutenir ses plans pluriannuels, le SPF a initié des cycles de formations-action avec les départements académiques concernés
et certains hôpitaux et a développé deux réseaux interhospitaliers, un pour les hôpitaux aigus et un pour les hôpitaux psychiatriques.
En dehors des plans qualité-sécurité, le SPF SP propose aux hôpitaux des projets comme p. ex. l’hémovigilance, la sécurité au
bloc opératoire, le care bundle de prévention des pneumonies
sous ventilation assistée et organise des concertations comme
le réseau des comités médico-pharmaceutiques. L’intégration
de ces activités, ainsi que celles de la plateforme fédérale d’hygiène hospitalière18 est un sujet permanent de réflexion au sein
du SPF SP.
Autre acteur intéressant à mentionner, le Mouvement Wallon
pour la Qualité19 organise tous les deux ans le Prix Wallon Qualité, dont plusieurs hôpitaux ont été lauréats, parfois à plusieurs
reprises. Lors de la dernière édition, quatre hôpitaux ont participé au prix, dans le cadre d’une IdQ de la MC20. Un de ces
hôpitaux, la Clinique Notre Dame de Gosselies, a remporté deux
prix.
C’est dans ce contexte très dense, dynamique et évolutif, que
les acteurs francophones du pays lancent au début de 2013 une
concertation pour aboutir à une plateforme de collaboration. La
13 http://health.belgium.be/eportal/Healthcare/healthcareprofessions/Nursingpractitioners/CouncilsandCommissions/FederalCouncilonthequalityofth/18080837_
FR?ie2Term=verpleegkunde?&fodnlang=fr
14 http://www.vlaanderen.be/sites/default/files/documents/21_wvg_2009_2014.pdf
15 https://www.zorg-en-gezondheid.be/kwaliteitsindicatorenziekenhuizen/
16 http://www.fam.fgov.be/
17 http://www.health.belgium.be/eportal/Healthcare/Healthcarefacilities/Patientsafety/Pluriannualprogramma2013-2017/index.htm
18 www.hicplatform.be
19 www.mwq.be
20 X. de Béthune et al. (2014) L’éveil à l’Excellence : Aussi pour les hôpitaux ? Congrès de l’ALASS, Grenade, 4-6/9/2014. (www.alass.org)
12
MC-Informations 258 • décembre 2014
Plateforme pour l’Amélioration continue de la Qualité des soins
et de la Sécurité du patient (PAQS)21 est présentée officiellement le 11 décembre 2013 à 250 représentants du secteur et ses
statuts sont déposés en juin 2014.
Le gouvernement wallon a entretemps adopté le 29 août 2013
le plan wallon pour la qualité des soins hospitaliers. Ce plan
reprend les axes désormais classiques de l’accréditation, des
indicateurs et de l’évolution nécessaire des normes d’agrément
et des structures d’inspection. Le plan propose aussi de réfléchir aux conditions optimales de publication d’indicateurs de
performance et de qualité hospitaliers.
La Belgique évolue donc à grands pas dans les domaines de
la qualité des soins et de la sécurité des patients à l’hôpital.
Elle ne le fait pas nécessairement comme pionnière, mais accompagne les changements internationaux de pays comme les
Etats-Unis, l’Australie ou plus proches, la France, les Pays-Bas,
les pays scandinaves et le Royaume Uni.
La liste dans l’encadré 1 donne une idée non exhaustive de la
multiplicité des modèles, outils et initiatives qui existent dans le
domaine de la qualité. Certaines de ces approches sont génériques, comme le Lean Management ou la certification ISO ou
EFQM. D’autres sont spécifiques, comme principalement l’accréditation, les itinéraires cliniques et le benchmarking d’indicateurs de la qualité des soins.
Encadré 1 : Modèles, outils et initiatives de
qualité
•Modèles
- Triade de Donabedian : Ressources – Processus –
Résultats
- Cycle de Deming : Plan – Do – study – Act
- Model for Improvement de l’IHI
• Gestion de processus et de projets
- Lean management
- Itinéraires de soins
- Six sigma
- Bundles of care
-Checklists
- PRINCE2, COSO,…
• Evaluations externes
-Accréditation
- Benchmarking, registres et transparence
- ISO, EFQM,…
• Incitants financiers
- Financement all-in
- Pay 4 Performance
- Preferred Provider Organisations
- Diagnostic Based Costing
Le contexte est donc riche et varié, fait d’un grand nombre
d’activités nationales et internationales. Il sert de source d’inspiration pour la PAQS et ses membres.
21 www.paqs.be
MC-Informations 258 • décembre 2014
13
2. La PAQS
Commençons par l’extrait le plus significatif des statuts approuvés par le premier conseil d’administration en juin 2014 :
« L’association a pour but, à l’exclusion de tout but de
lucre, de promouvoir, de soutenir et d’organiser le développement et la mise en œuvre de démarches d’amélioration continue de la qualité et de la sécurité dans les
institutions de soins de santé en Wallonie et à Bruxelles.
Afin de réaliser son but, l’association
1° développe et entretient un réseau rassemblant les acteurs actifs dans le domaine de la qualité et de la sécurité dans les soins de santé ;
2° est à l’écoute des besoins du secteur afin de proposer
une offre de services globale, cohérente et efficiente
visant à répondre à ces besoins ;
3° promeut l’articulation et la mise en cohérence des
initiatives développées par les acteurs actifs dans le
domaine de la qualité et de la sécurité dans les soins
de santé ;
4° se positionne comme un interlocuteur privilégié des
instances privées et des autorités ou organismes publics régionaux, communautaires, fédéraux et internationaux pour toutes les matières concernant le domaine de la qualité et de la sécurité dans les soins de
santé. »
Pour atteindre ces buts, la PAQS a cherché à réunir l’ensemble
des acteurs pertinents autour de la table. Dès le début, les organismes assureurs et les fédérations hospitalières wallonnes
et bruxelloises se sont toutes positionnées en faveur d’une
collaboration. Comme garants scientifiques, les facultés et services académiques concernés par la gestion hospitalière et la
qualité des soins ont rapidement rejoint les discussions. Ces
trois partenaires représentaient d’emblée les piliers de la plateforme. S’y sont ajoutés progressivement des représentants des
autorités et de certaines catégories de professionnels.
A ce jour, la PAQS est constituée de 9 membres fondateurs :
toutes les fédérations d’institutions de soins actives en Wallonie et à Bruxelles, les sociétés mutualistes ou les organismes
assureurs (MC-Assure, l’Union Nationale des Mutualités Socialistes, l’Union Nationale des Mutualités Libres), et l’association francophone des médecins chefs. Par ailleurs, la faculté
de santé publique de l’UCL et l’école de santé publique de l’ULB
ont déjà été admises comme membres effectifs. Plusieurs demandes d’adhésion ont été reçues et seront examinées par le
prochain conseil d’administration.
14
2.1.Structure
En dehors des groupes de travail thématiques existants ou à
créer, la structure comprend classiquement un conseil d’administration et une assemblée générale. Par ailleurs, un Conseil
Qualité-Sécurité comprend des représentants des membres
fondateurs, effectifs et adhérents et fait office de comité scientifique de l’organisation. Il a en charge le développement et le
suivi des activités proposées aux établissements de soins. Enfin, la gestion journalière repose sur une direction qui s’entourera prochainement d’une équipe afin de rendre les différents
projets opérationnels.
2.2. Développement progressif
Retournons quelques mois en arrière. Le développement de la
PAQS a donné lieu à de nombreuses discussions et activités qui
se sont concentrées autour de trois axes :
1. La structuration en ASBL :
• La structure de la plateforme a surtout été définie lors
des discussions pour l’élaboration de ses statuts. Ceux-ci
contiennent d’abord la mission et les objectifs de la PAQS,
dont nous avons déjà parlé. Ils parlent évidemment aussi des membres et des organes de décision. Ils précisent
surtout les mécanismes de décision au sein des organes.
• Les relations avec les autorités sont un des points d’attention continue. La plateforme se situe en effet à cheval
sur les deux régions de la fédération Wallonie-Bruxelles.
La région de Bruxelles-Capitale est par ailleurs bi-communautaire, avec ses spécificités. Il est primordial de
construire une relation forte et durable avec les différentes autorités pour assurer la légitimité de la Plateforme
vis-à-vis de tous les acteurs.
• Le financement de la PAQS est le dernier aspect structurel. Une diversité de sources de financement doit être
approchée, tandis qu’un éventail correspondant de bénéficiaires doit être déployé. A ce stade-ci, les principaux
bailleurs de la PAQS sont les autorités et les organismes
assureurs. Les activités ont été exécutées principalement
par les fédérations hospitalières et les institutions académiques.
MC-Informations 258 • décembre 2014
2. Rendre la PAQS visible
En dehors de ses activités propres, la visibilité de la PAQS a
reposé principalement sur la journée de lancement qui a eu
lieu à Namur le 11/12/2013, sur la mise en place de son site
web, sur la diffusion de trois newsletters et sur la consolidation d’une mailing list rassemblant plus de 600 adresses.
L’objectif est de s’assurer qu’un maximum de professionnels
soit touché par les informations que la PAQS diffuse.
3. Activités de préparation
Dès 2014, la PAQS a tenu à répondre aux besoins des hôpitaux en réalisant une série d’activités d’information, de formation et de coordination.
• Information
Trente personnes ont assisté à trois séminaires de deux
jours organisés avec les agences d’accréditation intéressées par le ‘marché’ belge. Il s’agit, dans l’ordre alphabétique, d’Accréditation Canada International22 , de la Haute
Autorité en Santé française23 et de la Joint Commission
International américaine24. Ce groupe de trente personnes
s’est engagé à répondre aux questions que les hôpitaux
pourraient se poser à propos de l’accréditation. Plusieurs
demandes ont ensuite été reçues et des réunions sont organisées dans les hôpitaux pour le moment.
•Formations
Trois cycles de formation sont organisés en 2014 :
- Des journées d’éveil à l’accréditation ont été organisées
en mars/avril. Cette phase de sensibilisation visait les
différentes directions des hôpitaux. Dans le cadre d’une
étude réalisée pour la Fédération Wallonie-Bruxelles,
l’école de santé publique de l’ULB et Santhea ont développé une grille d’« accréditabilité » qui doit permettre
aux hôpitaux d’identifier les priorités à réaliser avant de
s’engager dans une démarche complète d’accréditation25. Cette grille a été présentée aux différentes directions des hôpitaux lors de ces journées. Une dernière
journée Opera 5S+ regroupera en novembre les différentes directions de chaque hôpital pour aboutir à une
évaluation multidisciplinaire du degré de préparation de
chaque institution.
- Cinq modules, organisés par la faculté de santé publique
de l’UCL, ont permis de former 25 personnes comme référents ‘Accréditation’ de leurs hôpitaux.
- Une formation à la gestion documentaire organisée par
l’UMons, complètera le volet des formations pendant le
dernier trimestre de 2014.
La gestion correcte de la communication passe comme un
fil rouge à travers les autres formations. Il est fait appel à
l’équipe du CHU du Sart-Tilman pour animer cette partie
de chaque formation.
• Coordination : Groupe de travail des Initiatives de Qualité
Les différents réseaux et projets d’amélioration de la qualité des soins (IdQ des MC et Partenariat Mutualités socialistes-Santhea, Réseau des hôpitaux aigus et Réseau
Qualpsy, Projet Navigator du Réseau Santé Louvain) se
réunissent régulièrement pour partager leurs activités
et calendriers et prévenir les redondances et les conflits
d’agendas. A terme, la plupart de ces activités pourrait
s’offrir à travers la PAQS.
• Plan d’action 2015
Le plan d’action 2015 est en cours d’élaboration. Il devrait
être approuvé avant la fin de l’année. Les éléments suivants sont étudiés comme pistes potentielles :
- L’information et l’accompagnement des hôpitaux sur la
route vers l’accréditation, en favorisant l’échange d’expériences, le travail collaboratif sur des pratiques prioritaires et la mesure répétée des évolutions
- Un focus sur les médicaments à hauts risques26
- La mise à disposition de ressources documentaires pour
les hôpitaux afin de soutenir les démarches entreprises
- Une réflexion sur les indicateurs dans le cadre des démarches d’amélioration continue.
22 www.internationalaccreditation.ca
23 www.has-sante.fr
24 http ://www.jointcommissioninternational.org/
25 L’outil et son mode d’emploi sont disponibles sur : http://www.paqs.be/activites/formations
26 A. Staines (2014) Breakthrough collaboratives et Actions d’amélioration pour la gestion des médicaments : l’expérience suisse. Priorités et résultats.
Workshop sur la gestion des médicaments à hauts risques. Bruxelles, 13/6/2014.
MC-Informations 258 • décembre 2014
15
3. Conclusion : Une vision ancrée dans le futur
La PAQS se voit surtout comme une opportunité et un soutien
pour répondre aux besoins des hôpitaux. Ceux-ci et les patients
qui s’y soignent, représentent les acteurs centraux de la plateforme.
Sur cette base, la PAQS peut renforcer les liens des hôpitaux
entre eux, avec les autorités et avec des partenaires
innovants nationaux et internationaux. Elle s’inscrit dans la
dynamique préexistante du pays. Les études récentes du KCE
sur l’accréditation hospitalière27 ou sur le financement des
hôpitaux28 montrent, tout comme l’étude HPI.be29 sur la place
des indicateurs de qualité ou l’étude annuelle MAHA30 sur
le financement, que cette dynamique est ancrée tant dans
l’évidence scientifique que dans les données du terrain. Ces
études identifient aussi la complexité de la matière à traiter
pour améliorer de façon durable la qualité des soins et la
sécurité du patient.
Par ailleurs, l’avance prise par les pays limitrophes de la
Belgique, et même par la Flandre, démontrent la faisabilité
des options retenues par la PAQS. La multiplication et
l’internationalisation des agences d’accréditation est un autre
facteur qui démontre aux yeux de la PAQS, l’intérêt croissant
porté à la qualité des soins et la sécurité du patient. Enfin,
l’émergence plus récente de plusieurs instituts ou agences
nationaux de la qualité - dont la Haute Autorité en Santé31 et
l’Agence Nationale d’Amélioration de la Performance32 en
France, l’Institute for Healthcare Improvement (IHI)33 aux USA,
NHSIQ34 ou Healthcare Improvement Scotland35 au Royaume
Uni et CBO36 aux Pays-Bas ne sont que quelques exemples
- identifie un potentiel de développement de la plateforme,
à adapter au contexte de notre pays. De la même façon que
le VIP² et le développement récent de nombreuses équipes
académiques en Flandre représentent une source d’inspiration
pour répondre aux mêmes défis.
Enfin, la question d’étendre la PAQS au secteur des personnes
âgées a déjà été posée. La collaboration avec le secteur
ambulatoire (médecine générale, pharmacie d’officine, soins
à domicile, autres professions de santé et la gestion des
échanges électroniques de données) sera à terme une plusvalue importante. Et il faut évidemment s’attendre à ce que le
rôle du patient dans les projets et même au sein de la plateforme
aille en s’accroissant.
Le système de santé et les hôpitaux de demain ne ressembleront pas à ceux que nous connaissons aujourd’hui. Disposer
d’une plateforme comme la PAQS pour impulser la qualité tout
en tenant compte des évolutions envisagées par le secteur
lui-même et ses partenaires prioritaires représente un atout
important pour que les évolutions se fassent au profit de tous et
surtout des patients.
27 de Walcque, C, Seuntjens, B, Vermeyen, K, Peeters, G. & Vinck, I. (2008) Etude comparative des programmes d’accréditation hospitalière en Europe. Health
Services Research (HSR). Bruxelles: Centre fédéral d’expertise du soins de santé (KCE). KCE reports 70B, D/2008/10.273/02 https://kce.fgov.be/fr/publication/
report/etude-comparative-des-programmes-d%E2%80%99accr%C3%A9ditation-hospitali%C3%A8re-en-europe
28 Van De Sande S, De Ryck D, De Gauquier K, Hilderson R, Neyt M, Peeters G, Swartenbroekx N, Tambeur W, Vanden Boer G, Van de Voorde C. (2010) Étude
de faisabilité de l’introduction en Belgique d’un système de financement « all-in » par pathologie. Health Services Research (HSR). Bruxelles: Centre fédéral
d’expertise des soins de santé (KCE).. KCE Reports 121B. D/2010/10.273/02 https://kce.fgov.be/fr/publication/report/%C3%A9tude-de-faisabilit%C3%A9-del%E2%80%99introduction-en-belgique-d%E2%80%99un-syst%C3%A8me-de-financement-ho
29 Lucet C. et al. (2011) HPI.be Hospital Performance Indicators. Indicateurs de performance hospitalière en Belgique. SPF Santé Publique, Bruxelles. http://orbi.
ulg.ac.be/handle/2268/109524
30 Dessoy A & Van Laer J (2014) Analyse sectorielle des hôpitaux généraux sur base du modèle Maha. Belfius, 2/10/2014. https://www.belfius.com/FR/Media/
MAHA2014SlidesFR_tcm_78-81917.pdf
31 www.has-sante.fr
32 www.anap.fr
33 www.ihi.org
34 http://www.nhsiq.nhs.uk/
35 http://www.healthcareimprovementscotland.org/
36 www.cbo.nl
16
MC-Informations 258 • décembre 2014
Vieillissement et soins aux personnes âgées
État des lieux – 1re partie
Naïma Regueras et Rebekka Verniest, Département Recherche et Développement
Synthèse
La population belge vieillit, ce n’est pas nouveau. Entre 2013 et 2030, le pourcentage des personnes de plus
de 65 ans dans la population totale augmentera de quelque 18 % à plus de 22 %. La part de personnes très
âgées croît de manière encore plus sensible, avec un nombre de personnes de 80 ans et plus qui passera
de 5,3 % à 6,3 % de la population. La Flandre affiche une accélération du vieillissement plus marquée que la
moyenne nationale, tandis que Bruxelles, après un rajeunissement les premières années, n’enregistrera un
vieillissement qu’à partir de 2020.
Le vieillissement augmentera le nombre de personnes atteintes de maladies de longue durée et les problèmes
de dépendance, ce qui fera à son tour progresser la demande de soins et d’aide. Un phénomène qui
soulève d’emblée la question de l’accessibilité financière des soins dans le futur. À moins d’un changement
de stratégie, le total des dépenses publiques pour les soins de santé passera en effet de 8,2 % en 2013 à
plus de 10 % à partir de 2030. Il est évident que des choix politiques s’imposent, certainement si l’on veut
maintenir une bonne protection sociale. A cela s’ajoute le défi de la sixième réforme de l’État, qui a étendu
sensiblement les compétences des autorités régionales, notamment au niveau des soins aux personnes
âgées. Les réformes antérieures leur avaient déjà confié la charge desdites matières personnalisables et
une partie des compétences relatives aux maisons de repos. Ces compétences sont dorénavant étendues
notamment au financement des structures d’accueil et à l’organisation de la première ligne. Le centre de
gravité est donc définitivement déplacé vers les autorités régionales, certainement en ce qui concerne l’aide
et les soins aux personnes âgées. En principe, les compétences ont été transférées aux Communautés,
mais par le truchement d’accords mutuels, elle revient en Wallonie à la Région wallonne. Bruxelles, quant à
elle, sera soumise à un système particulier, qui tient compte du régime linguistique de l’établissement pour
définir le siège de compétences. En fonction de la situation, il s’agira de la Communauté flamande, de la
Commission de la Communauté française (COCOF) ou de la Commission communautaire commune (CCC).
Une plus grande homogénéité des compétences devrait, en principe, aboutir à une politique plus cohérente
au niveau régional. Néanmoins, l’autorité fédérale conserve encore une série de compétences, de sorte que
la concertation et la collaboration resteront nécessaires à l’avenir.
L’offre d’aide et de soins est aujourd’hui extrêmement diversifiée, non seulement sous l’effet des réformes
successives de l’État, mais aussi de par le souci de répondre toujours au mieux aux souhaits et aux besoins
spécifiques des bénéficiaires. Les seniors peuvent faire appel à un large éventail de dispositifs et de services,
tant dans le cadre des soins à domicile qu’au niveau des soins (semi-)résidentiels. Des soins médicaux,
paramédicaux et des services d’aide sont prévus dans différents domaines comme les soins aux personnes,
l’aide-ménagère, ou l’assistance générale. Une offre spécifique est également proposée à certains groupes
cibles, comme les personnes atteintes de démence ou de problèmes psychiques ou les patients palliatifs. Ce
morcellement important étant susceptible de nuire à la cohérence des soins et à la continuité, des structures
ont été développées afin d’assurer une meilleure coordination de l’offre, la concertation et la collaboration.
Au niveau des différentes autorités également, des structures ont été prévues pour la concertation commune.
Enfin, le secteur des soins aux personnes âgées a montré un grand dynamisme ces dernières années et a
enregistré de nombreuses initiatives innovantes.
Mots-clés : vieillissement, soins aux personnes âgées, soins à domicile, maisons de repos, réforme de l’État
MC-Informations 258 • décembre 2014
17
1.Introduction
2. Le vieillissement en Belgique : état des lieux
La population vieillit, et notre société fait face aujourd’hui à
des défis majeurs tant au niveau de l’organisation des soins
de santé et de l’aide qu’au niveau financier. Cependant, le
vieillissement n’impacte pas seulement le secteur de la santé,
de très nombreux autres domaines stratégiques, tels que le
logement, l’éducation et l’emploi, subissent également l’impact
d’une population vieillissante.
Dans cette première contribution descriptive, nous illustrerons
le phénomène du vieillissement à l’aide de quelques chiffres.
Nous nous pencherons sur l’évolution démographique,
l’évolution du niveau de dépendance et l’impact sur le total des
dépenses en matière de soins de santé.
Une population vieillissante entraîne indubitablement une
hausse de la demande de soins et d’aide de longue durée.
C’est pourquoi, la troisième partie de cet article se concentrera
sur l’étendue de l’offre de soins et d’aide auxquels les seniors
peuvent faire appel. L’accent reposera sur la diversité, sans
avoir l’ambition d’être exhaustif. Et vu que cette image est
fortement influencée par le partage des compétences en
matière de soins aux personnes âgées, nous reviendrons au
préalable sur les autorités qui y jouent un rôle.
Dans une seconde contribution, qui sera publiée dans un
prochain numéro de MC-Information, nous reviendrons plus en
détail sur quelques défis et enjeux importants que le domaine
des soins et de l’aide aux personnes âgées devra relever dans
les années à venir pour répondre aux besoins d’une population
vieillissante .
2.1. Perspectives démographiques
En 2013, 17,7 % de la population belge était âgée de plus de
65 ans et 5,3 % de plus de 80 ans. D’ici 2030, ces proportions
devraient s’élever à 22,6 % et 6,3 % respectivement. Aujourd’hui
donc, près de 2 millions de belges sont âgés de 65 ans ou plus.
Ce sera le cas pour près de 2,7 millions en 2030 et 3,2 millions en
2060. Si ce seul constat a déjà de quoi affoler les responsables
de notre système de pensions et de soins de santé (qui ont
d’ailleurs déjà décidé de repousser l’âge légal de la retraite à
67 ans), un autre phénomène se produit également sur notre
territoire, celui du vieillissement dans le vieillissement. En effet,
non seulement le nombre de personnes âgées va augmenter
mais celui du nombre de personnes « très âgées » va progresser
proportionnellement plus rapidement. Si aujourd’hui plus de
580.000 belges sont âgés de plus de 80 ans, ce nombre passera
à 770.000 en 2030 et 1,2 millions en 2060.
Cependant, la population âgée ne progresse pas de la même
façon sur l’ensemble du pays. En effet, des trois régions c’est
la Flandre qui sera la plus touchée par le vieillissement de sa
population, juste au-dessus de la Wallonie. A Bruxelles, la
proportion de personnes âgées de plus de 65 ans devrait, au
contraire, diminuer entre aujourd’hui et 2020 avant de croître
progressivement (voir figure 1). Il ressort de ce même graphique
que le phénomène de vieillissement sera particulièrement
soutenu jusqu’en 2040 avant de se stabiliser entre 2040 et 2060.
Conséquence directe de la progression de l’espérance de vie
(78 ans pour les hommes et 81,3 ans pour les femmes en 2013)
et du baby-boom d’après-guerre, la part de la population de
plus de 80 ans augmentera très rapidement à partir de 2025.
Figure 1 : Evolution de la part des plus de 65 ans dans la population totale (2013-2060)
30,0%
25,0%
20,0%
Belgique
Bruxelles
Région wallonne
Région flamande
15,0%
10,0%
5,0%
0,0%
2013 2020 2025 2030 2035 2040 2045 2050 2055 2060
Source : DGSIE – Bureau du Plan
18
MC-Informations 258 • décembre 2014
Figure 2 : Evolution de la part des plus de 80 ans dans la population totale (2013-2060)
12,0%
10,0%
8,0%
Belgique
Bruxelles
Région wallonne
Région flamande
6,0%
4,0%
2,0%
0,0%
2013 2020 2025 2030 2035 2040 2045 2050 2055 2060
Source : DGSIE – Bureau du Plan
C’est à nouveau en Flandre que la proportion devrait croître
le plus rapidement en passant de 5,5 % en 2013 à plus de 8 %
en 2035 et 11,3 % en 2060. La Wallonie suit la même trajectoire
même si la proportion de plus de 80 ans reste inférieure à celle
de la Flandre sur toute la période. A Bruxelles, la proportion
de plus de 80 ans devrait diminuer entre aujourd’hui et 2025.
Cette décroissance ne reflète pas une diminution du nombre
de plus de 80 ans, lequel augmente, mais une croissance
proportionnellement plus rapide des tranches de la population
plus jeunes.
2.2. La dépendance
S'il est généralement admis que dans nos pays, l’augmentation
de l’espérance de vie s’est accompagné d’une hausse de
l’espérance de vie en bonne santé1, l’augmentation du nombre
de personnes âgées entrainera sans aucun doute une hausse
du nombre de personnes dépendantes, si pas en proportion du
moins en valeur absolue. Cependant, aujourd’hui encore, il est
difficile d’évaluer de manière précise le nombre de personnes
en perte d’autonomie et nécessitant de l’aide ou des soins et
ce pour diverses raisons. Tout d’abord parce que les formes
d’aides et de soins existantes sont multiples (infirmières à
domicile, aide familiale, aide-ménagère, garde malade,…)
et que les informations relatives à ces différentes formes de
prises en charge (par exemple le nombre de bénéficiaires) ne
sont pas rassemblées dans une même et seule base de données.
Pour pouvoir les comptabiliser il faudrait donc pouvoir croiser
différentes sources d’informations. Deuxièmement, parce que
toutes les personnes en perte d’autonomie ne font pas appel à
ce type de services pour différentes raisons (manque de moyen,
d’information, elles sont prises en charge par les proches,…).
Cependant, quelques chiffres peuvent nous éclairer sur
l’ampleur de l’utilisation de certains services de soins en
particulier : les soins infirmiers à domicile et les maisons
de repos. Au 31 juin 2011, plus de 122.000 personnes étaient
résidentes dans une maison de repos dont près de 66.000 en
Flandre, plus 42.000 en Wallonie et 13.000 à Bruxelles2. De
manière générale, les femmes sont plus nombreuses en maison
de repos que les hommes, en moyenne trois fois plus. La plupart
des résidentes sont âgées de 85 ans ou plus (62,2% à Bruxelles,
57,8% en Wallonie et 62,7% en Flandre). Au contraire les hommes
institutionnalisés sont souvent plus jeunes (46,5% d’hommes
âgés de plus de 85 ans en Flandre, 47,6% à Bruxelles et 37,4%
en Wallonie). En ce qui concerne les soins infirmiers à domicile,
près de 118.000 personnes de plus de 65 ans en ont bénéficié
en Flandre au 31 juin 2011, plus de 43.000 en Wallonie et plus de
6.000 à Bruxelles, soit un total de plus de 169.000 bénéficiaires3.
De manière générale, les bénéficiaires de soins infirmiers sont
plus jeunes que les résidents de maison de repos (environ 75%
1
Définie comme le nombre d’années vécues en l’absence de limitations d’activités dans les actes de la vie quotidienne et l’absence d’incapacités
2
Etude AIM : «Prise en charge des personnes dépendantes à Bruxelles et en Wallonie: état des lieux et évolution sur la période 2004-2011»
3
Etude AIM : “Transitie naar meer residentiële ouderenvoorziening in het Vlaamse Gewest”.
MC-Informations 258 • décembre 2014
19
des hommes et plus de 60% des femmes sont âgés de moins
de 85 ans).
En ce qui concerne les services d’aides (aide familiale, aideménagère, garde malade), il n’existe pas de base de données
unique reprenant tous les bénéficiaires de ce type de services.
En effet, ces compétences sont actuellement gérées et
subsidiées par les Communautés et Régions et ne font pas
partie des prestations reconnues par l’INAMI. Cependant,
dans son rapport d’activité, la Fédération d’aide et de soins à
domicile (FASD) estime avoir fourni des services d’aides à plus
de 26.000 bénéficiaires en Wallonie et à Bruxelles en 2013. La
même année, l’ASBL Familiehulp a proposé ces services d’aides
à plus de 80.000 personnes en Flandre et à Bruxelles. D’après
l’enquête de santé de 2008, 34 % des belges de plus de 75 ans
ont déclaré avoir eu recours à des services d’aides à domicile
au cours des 12 mois précédent l’enquête4. Ce pourcentage
varie d’une région à l’autre, il est plus élevé en Flandre (près
de 40 % pour les hommes et plus de 45% pour les femmes) et
similaires à Bruxelles et en Wallonie (environ 15 % des hommes
de plus de 75 ans et un peu moins de 25 % des femmes).
Dans de nombreux cas, les personnes en perte d’autonomie
ne font appel à aucun ou a peu de ces services et sont pris
en charge par leur entourage. L’aide informelle est un des
maillons essentiel de la prise en charge de la dépendance.
En effet, au-delà de 80 ans plus de 40 % des hommes et des
femmes reçoivent l’aide d’au moins un proche à Bruxelles et
en Wallonie5. On considère qu’un dixième de la population
est aidant proche, ce qui représente 660.000 personnes en
Région flamande et 440.000 en Fédération Bruxelles-Wallonie6.
Sans les aidants proches de nombreuses personnes en perte
d’autonomie devraient recourir d’avantage aux services
professionnels ou à l’institutionnalisation, aggravant ainsi des
problèmes tels que le manque de main d’œuvre, de moyens
ou d’infrastructures que connaissent déjà les professionnels
du secteur. Reconnaissant les difficultés auxquelles ces aides
informelles peuvent faire face, certaines associations ainsi
que les mutualités ont développé une offre d’aide et de soutien
(information, répit, garde malades…) destinées aux aidants
proches (voir infra).
Figure 3 : Répartition du budget de la Sécurité Sociale entre les différentes branches
50,0%
45,0%
40,0%
35,0%
30,0%
25,0%
20,0%
15,0%
10,0%
5,0%
0,0%
2000
2006
2012
Soins de santé
et idemnités
Chômage
Pensions
Allocations
familiales
Accidents du
travail
et maladies
professionelles
INASTI
(Pensions,
Allocations fam.,
Assurance faillite)
Source : Vade-mecum de la Sécurité Sociale 2014
20
4
L’enquête de santé a été remise à jour en 2013, malheureusement les résultats relatives aux soins à domicile ne seront publié qu’en mars 2015.
5
Source : enquête SHARE 2011
6
Source : Mémorandum ASBL Aidants proches
MC-Informations 258 • décembre 2014
2.3. Impact du vieillissement sur les dépenses de soins de
santé
Ce n’est plus un secret, le vieillissement de la population
aura un impact important sur notre société en général et sur
le financement de notre système de protection sociale en
particulier. Dans ce domaine, les soins de santé représentent,
avec les pensions, le domaine de la sécurité sociale qui sera le
plus touché.
Ces dernières années déjà, les dépenses de santé ont
augmenté rapidement, et représentent aujourd’hui la part du
budget la plus importante de la sécurité sociale (figure 3). Mais,
si jusqu’à aujourd’hui, une part très importante de la croissance
des dépenses a pu s’expliquer par une série de facteurs
non-démographiques (évolution des prix, augmentation des
prestations reconnues par l’INAMI, innovations technologiques
dans le domaine médical, changements de comportement,…)
le « poids » du vieillissement sur les dépenses de santé devrait
s’accroître dans les décennies à venir.
La raison principale est le lien entre le niveau de dépenses
et l’âge des bénéficiaires (figure 4). En effet, les dépenses
de santé ont tendance à augmenter avec l’âge (plus de soins
chroniques, plus d’hospitalisations, de médicaments, …).
Si le nombre de personnes âgées augmente, il est donc logique,
qu’à politique inchangée, les dépenses de santé augmentent.
Les soins de santé représentent actuellement près de 11 %
de notre PIB dont 8,2 % à charge des pouvoirs publics. Selon
les estimations du Bureau du Plan7, cette dernière proportion
devrait passer de 8,2 % en 2013 à 10,1 % en 2030, 10,9 % en 2040
et retomber à 10,3 % en 2060.
De nombreuses questions se posent dès lors. La première
étant de savoir comment, à l’avenir, les pouvoirs publics
pourront continuer à financer des soins de santé de qualité
accessibles pour tous. En particulier, comment assurer la prise
en charge d’un nombre toujours plus important de personnes
dépendantes ?
Concernant la question du financement, il relèvera d’une
véritable volonté politique de trouver les moyens pour continuer
à financer les soins de santé sans tomber dans le piège de la
privatisation. Premièrement, des transferts de moyens au
sein même du budget des soins de santé seront nécessaires
pour mettre en place une politique de santé qui répondent
aux nouveaux besoins de la population (essentiellement
des soins de longue durée et en dehors de l’hôpital le plus
longtemps possible). En effet, notre système de santé repose
Figure 4 : Dépenses de l’assurance maladie-invalidité en fonction de l’âge, membres MC 2013
Dépenses AMI totales et moyennes pour les membres
MC en 2013, selon l'âge et le sexe
F Dépenses totales
F Dépenses moyennes
18.000
16.000
140.000.000
14.000
120.000.000
12.000
100.000.000
10.000
80.000.000
8.000
60.000.000
6.000
40.000.000
4.000
20.000.000
2.000
1
3
5
7
9
11
13
15
17
19
21
23
25
27
29
31
33
35
37
39
41
43
45
47
49
51
53
55
57
59
61
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Dépenses totales (euro)
160.000.000
H Dépenses totales
H Dépenses moyennes
Dépenses moyennes (euro)
180.000.000
0
Age
7
Comité d’étude sur le vieillissement : rapport juillet 2014.
MC-Informations 258 • décembre 2014
21
encore trop largement sur l’offre de soins aigus et coûteux et
les formes alternatives de prise en charge sont encore trop
peu développées (centre de revalidation, de convalescence,
centres d’accueil, court séjour,…). Deuxièmement, au-delà
d’une meilleure allocation des moyens dont nous disposons,
les Mutualités chrétiennes plaident depuis longtemps pour
un élargissement des sources de financement de la Sécurité
Sociale dans son ensemble, à travers, par exemple, la mise
en place du Cotisation Sociale Généralisée prélevée sur
l’ensemble des revenus des contribuables, et pas seulement
sur les revenus du travail.
A ce défi de taille s’ajoutent ceux apportés par la 6e réforme
d’Etat et le transfert de compétences aux Communautés et
Régions. A partir du 1er janvier 20158, une série de compétences
financées jusqu’à présent par l’Etat fédéral et touchant
directement à la politique de santé des ainés seront transférées
aux Communautés et Régions. Dans ce paquet de compétences
transférées on retrouve notamment le secteur des maisons de
repos et de soins, une partie des conventions de revalidation,
des compétences relatives à l’organisation de la première
ligne, de la santé mentale ou encore de la prévention. A l’avenir,
ces compétences ne pourront plus compter sur un financement
fédéral issu d’un modèle basé sur la solidarité entre tous les
belges.
Face à ces enjeux, une solution souvent avancée pour
contrôler la croissance des dépenses est de favoriser le
maintien à domicile des personnes peu dépendantes. Mais
cela est-il aussi simple ? Et cela coûte-t-il réellement moins
cher ? Les données nécessaires à cette évaluation manquent
cruellement. Mais à défaut de se demander si cela coûte
moins cher, nous pouvons affirmer qu’il relève de la volonté
de la plupart des aînés de pouvoir rester le plus longtemps
possible chez soi dans de bonnes conditions. Dès lors, il est
nécessaire de revoir l’organisation de notre système de santé
en l’orientant d’avantage vers le secteur des soins et de l’aide
en ambulatoire. Mais cela est-il possible ? Quels sont les
obstacles que rencontrent déjà aujourd’hui ces secteurs ? La
réponse à cette question fera l’objet de la seconde partie de
cet article qui sera publiée dans le prochain numéro du MCInformations. En attendant, petit tour d’horizon des différentes
formes de prises en charge, à domicile et en (semi-)résidentiel,
qui existent dans notre pays.
8
22
3. Partage des compétences en matière d’aide et
de soins aux personnes âgées
Les prestataires d’aide et de soins tiennent de plus en
plus compte des souhaits et des besoins spécifiques des
personnes dépendantes. Ceci explique en partie l’apparition
d’un éventail particulièrement large de services d’aide et de
soins auxquels les seniors peuvent faire appel, qu’il s’agisse
de soins et d’aide formels ou informels, de soins résidentiels,
semi-résidentiels et de soins et d’aide à domicile, de soins
médicaux et paramédicaux ou diverses autres formes d’aide.
Chaque structure ou service tente, à son niveau, d’apporter
une réponse à un ou plusieurs besoins. Une partie de l’offre
s’adresse spécifiquement aux seniors, d’autres structures
et services sont accessibles à l’ensemble de la population,
mais sont très souvent plébiscités par des personnes âgées.
Une offre spécifique s’adresse également à certains groupes
cibles, comme les patients palliatifs et les personnes atteintes
de démence. Plus loin dans cet article, nous ferons un tour
d’horizon des ces différentes formes de prise en charge.
En l’occurrence, il y a lieu de remarquer que les différences
régionales en termes d’offre sont nombreuses en la matière.
Ces divergences résultent des réformes successives de l’État,
qui ont transféré une partie des compétences du niveau
fédéral vers les Régions et les Communautés. Chaque autorité
régionale peut ainsi fixer ses propres priorités dans le cadre
de la politique des soins aux personnes âgées. C’est pourquoi,
nous tenons, dans un premier temps, à faire le point sur le
partage des compétences en matière de soins et d’aide aux
seniors.
Après une première réforme de l’État timide en 1970, c’est
surtout la seconde réforme de 1980 qui a modifié radicalement
le partage des compétences entre les autorités. Les
Communautés deviennent alors compétentes notamment pour
les « matières personnalisables » et une partie des soins de
santé et l’aide aux personnes tombent sous le giron des entités
fédérées.
En principe, ce sont donc les Communautés qui sont en charge
des matières personnalisables : la Communauté flamande, la
Communauté française et la Communauté germanophone.
La région bilingue de Bruxelles-Capitale est soumise à un
régime particulier. Les Communautés flamande et française
ne sont compétentes que pour lesdits « établissements
unicommunautaires » ou les établissements dans la zone
bilingue de Bruxelles-Capitale qui, en raison de leur organisation,
doivent être considérés comme appartenant exclusivement
à l’une ou à l’autre Communauté. Pour les établissements
bicommunautaires, la compétence revient depuis 1989 à la
Commission communautaire commune (CCC ou COCOM). Il
importe encore d’ajouter que depuis les Accords de la Saint-
En réalité, les Régions et Communautés sont compétentes dans les domaines transférés depuis le 1er juillet 2014 tandis que les budgets y afférant seront,
quant à eux, transférés à partir du 1er janvier 2015.
MC-Informations 258 • décembre 2014
Michel en 1992, une partie des compétences de la Communauté
française a été transférée en 1994 à la Région wallonne et à la
Commission de la communauté française à Bruxelles (COCOF).
Il s’agit notamment de domaines clés de la politique de santé
et du bien-être. Dans le cadre des Accords de la Sainte-Émilie,
les quatre grands partis wallons ont convenu d’appliquer cette
même organisation aux nouvelles compétences transférées.
Après de nouvelles réformes en 1988, 1993 et 2001, c’est essentiellement la sixième et dernière réforme de l’État de 2011-2012,
entrée en vigueur le 1er juillet 2014, qui remanie pour la seconde
fois en profondeur les compétences dans le domaine des soins
de santé. Avec ledit Accord papillon, le centre de gravité est
définitivement déplacé vers les Communautés, notamment
pour les soins aux personnes âgées.
Avant la sixième réforme de l’État, les Communautés étaient
déjà chargées de la politique relative au maintien à domicile
(politique d’aide aux familles). Elles étaient libres d’aménager
des services, de fixer les normes et procédures d’agrément,
de définir la programmation, de régler le subventionnement.
Chaque autorité régionale compétente a donc développé
sa propre réglementation en matière de services d’aide aux
familles.
En ce qui concerne les soins résidentiels et semi-résidentiels,
notamment dans les maisons de repos, les Communautés
étaient déjà compétentes pour les normes d’agrément des maisons de repos pour les personnes âgées (MRPA) ainsi que pour
l’agrément en tant que tel, la fermeture et le subventionnement
des investissements des MRPA et MRS (maisons de repos et
de soins). La récente réforme transfère également le financement des soins dans les MRPA et MRS, les courts séjours et les
soins de jour aux Communautés. Elles sont dorénavant aussi en
charge des normes d’agrément des MRS. Il s’agit en l’occurrence d’un budget de 2,425 milliards EUR.
La récente réforme de l’État prévoit encore différents
transferts de compétences dans le domaine des soins
et de l’aide aux personnes âgées. Les Communautés
acquièrent en effet aussi des compétences en matière
d’allocation d’aide aux personnes âgées (APA), d’aide à
la mobilité des personnes âgées, de reconnaissance des
professions de la santé et d’organisation de la première
ligne (e.a. SISD, RML9 et les réseaux palliatifs). Le secteur
des titres-services, qui prévoit des services d’aide à
domicile, passe également du niveau fédéral aux Régions.
Cette sixième réforme de l’État répond à la demande − qui ne date
pas d’hier − d’une plus grande homogénéité des compétences.
La coexistence des normes de personnel fédérales et
9
régionales, les chevauchements de l’offre, le fractionnement
des compétences relatives aux normes d’agrément, d’une
part, et les agréments d’autre part, sont autant d’aspects qui
empêchaient de mener une politique cohérente dans le passé.
On part aujourd’hui du principe que, grâce au large transfert
de compétences de l’Accord papillon, les autorités régionales
pourront mener une politique plus intégrée concernant les
personnes âgées et pourront mieux harmoniser les différentes
structures et services, compte tenu des caractéristiques
spécifiques de chaque communauté ou région. Le principal
défi pour les autorités régionales consiste donc à intégrer les
compétences nouvellement acquises dans les compétences
existantes. Elles sont effectivement compétentes depuis le
1er juillet 2014, mais une période transitoire est prévue jusque
2017 au plus tard. Jusqu’à cette date, la continuité de l’exercice
des compétences est assurée. Tant qu’une communauté ou
une région ne développe pas sa nouvelle réglementation,
la réglementation existante reste d’application et l’exercice
se poursuit tel que prévu avant le 1er juillet. Les mutualités
poursuivront donc leur mission dans le cadre de l’exécution
de la réglementation des soins aux personnes âgées jusqu’à
nouvel ordre.
Il convient de remarquer que, malgré la nouvelle homogénéisation des compétences en matière de soins aux
personnes âgées, la concertation restera nécessaire entre
les différentes autorités. L’autorité fédérale reste en effet
toujours compétente pour une partie des soins aux personnes
âgées. Tel est le cas notamment de la réglementation
relative aux professions médicales et paramédicales (AR
78), du financement des soins à domicile, des prestations
des médecins généralistes et spécialistes, des prestations
de kinésithérapie dans les MRPA, de la politique en matière
de médicaments et de financement des frais de soins et de
traitement dans les hôpitaux. Par conséquent, la concertation
et la coordination entre les différentes autorités compétentes
resteront nécessaires à l’avenir.
4. Offre d’aide et de soins aux seniors
4.1. Offre d’aide et de soins extramuros ou ambulatoires pour
les seniors
4.1.1. Soins informels ou non professionnels (soins de
proximité ou bénévolat)
Influencée, d’une part, par la tendance générale à la socialisation des soins et, d’autre part, par la volonté des seniors de
rester le plus longtemps possible chez eux, même en cas de
dépendance, la politique a mis l’accent sur les soins et l’aide
Les réseaux multidisciplinaires locaux, créés par les cercles de médecins généralistes, soutiennent les prestataires de soins lors de l'établissement des
trajets de soins.
MC-Informations 258 • décembre 2014
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à domicile au cours de la dernière décennie. Les prestataires
de soins informels ont à ce jour joué un rôle prépondérant dans
le maintien à domicile, qu’il s’agisse de membres du ménage
et de la famille ou de bénévoles, d’amis et de voisins. Chaque
jour, ces personnes assument de nombreuses tâches dans le
cadre des soins et de l’aide aux personnes dépendantes, tant
pour les aspects pratiques qu’administratifs… Il ressort de
certaines études que leur intervention correspond à celle de
nombreux ETP. Des études ont également démontré à maintes
reprises la vulnérabilité de ces aidants, notamment lorsqu’il
s’agit de membres de la famille proches. En effet, un niveau de
dépendance accru entraîne une intensification des soins de
proximité, augmentant ainsi la pression sur ces derniers. Pour
répondre à ce problème, les différentes autorités ont pris des
mesures afin de soutenir les aidants proches, notamment par
le biais de régimes de congé (congés pour soins palliatifs) et
de formes de répit et de soutien. De nombreuses associations
et organisations proposent une offre concrète pour soutenir
les aidants proches et les bénévoles notamment en organisant
des soirées d’informations thématiques, de sessions de
formation, en donnant des conseils concrets, en organisant
des groupes de soutien et de parole ou en proposant une offre
de répit... Cependant, ces dispositifs sont encore très limités
et trop peu connus que ce soit par les aidants proches ou les
professionnels.
L’autorité flamande reconnaît et subventionne certaines
associations d’aidants proches et d’usagers. Ces associations
ont pour mission d’informer et de conseiller en matière d’aide
et de soins à domicile d’une manière générale. On attend
également d’elles qu’elles dressent un inventaire des problèmes
et en réfèrent aux autorités compétentes. Ziekenzorg CM et
Okra sont également agréés à cet effet. Certaines organisations
francophones, telles qu’Enéo et Altéo, assument des missions
similaires, sans qu’un agrément spécifique y soit lié.
En Wallonie, l’ASBL « Aidants proches » a pour mission de
représenter, de soutenir et d’informer les aidants proches.
Au niveau fédéral, les premières démarches ont été entreprises
récemment pour la mise en place du statut d’aidant proche.
Si le texte du projet de loi portant sur « la reconnaissance de
l’aidant proche, aidant une personne en situation de grande
dépendance » a été adopté par la Chambre des représentants
le 25/03/2014, aucun arrêté royal d’application n’a encore été
publié.
4.1.2. Soins de première ligne
Dans le cadre du maintien à domicile de longue durée ou dans
le cadre de situations complexes, le médecin généraliste joue
un rôle central au niveau de l’aide médicale et du suivi général
des soins. De par sa formation en médicine générale et le
lien qu’il entretient avec les patients, il est souvent le premier
interlocuteur en cas de problèmes de santé et peut, en fonction
de certains signaux, agir préventivement.
Différents professionnels de la santé, comme l’infirmier/
infirmière à domicile, le kinésithérapeute, l’ergothérapeute,
24
le logopède, viennent également souvent à domicile… Tous
contribuent, à leur niveau, à améliorer l’autonomie d’une
personne âgée et lui permettent de rester plus longtemps chez
elle dans les meilleures conditions possibles.
4.1.3. Assistance générale
De nombreuses organisations, dont les mutualités et les
CPAS, proposent des services d’assistance générale et
d’accompagnement.
Outre leur mission dans le cadre de l’assurance maladie
obligatoire, les mutualités interviennent également dans l’aide
aux personnes atteintes de maladies graves et de longue durée,
aux personnes dépendantes et à leur entourage. Cette aide se
traduit par l’information, l’organisation des soins à domicile, la
médiation, l’ouverture de droits, l’assistance générale… Cette
mission est assurée par les services sociaux des mutualités
ou des CPAS. En Flandre, les services sociaux des mutualités
sont reconnus par le « Woonzorgdecreet ». En Wallonie et à
Bruxelles, ces derniers tentent de collaborer avec les centres
de coordination d’aide et des soins à domicile (voir infra). Les
mutualités proposent également un certain nombre de services
et d’avantages complémentaires, notamment aux personnes
dépendantes. Chaque mutualité décide de cette offre en toute
autonomie. Dans la pratique, il existe donc parfois de grandes
divergences en termes de nature et de variété de l’offre. Les
MC proposent notamment une offre étendue d’aide et de soins
à domicile, qu’elles organisent en partie elles-mêmes et en
partie en partenariat. L’offre des mutualités se caractérise par
une large répartition géographique et sa facilité d’accès, ce qui
la rend très accessible.
Le législateur a confié une mission sociale très large au centre
public d’aide sociale (CPAS), qui doit veiller à ce que chaque
citoyen puisse bénéficier d’un minimum de bien-être et de
dignité. Le CPAS est chargé notamment de traiter les demandes
de garantie des ressources aux personnes âgées et autres
aides financières. Par ailleurs, chaque habitant de la commune
peut s’adresser au CPAS pour obtenir des informations
et des conseils concernant des questions financières et
psychosociales. De nombreux CPAS proposent par ailleurs un
éventail d’initiatives de services, comme l’aide ménagère, la
distribution de repas chauds à domicile, des services de menus
travaux, des services de garde et des structures d’aide et de
soins, telles que les maisons de repos et les centres de soins
de jour ou les centres de services locaux en Flandre (lokale
dienstencentra).
Toujours en Flandre, les « Centres autonomes pour le Travail
Social » (de autonome Centra Algemeen Welzijnswerk (CAW))
fournissent également de l’aide et des réponses gratuitement
aux personnes rencontrant des problèmes d’ordre sociaux.
Ces centres fournissent de l’informations et des conseils mais
fournissent également de l’aide pratique et peuvent intervenir
en situation de crise.
MC-Informations 258 • décembre 2014
Il existe aussi de nombreuses autres ASBL, notamment des
initiatives religieuses qui proposent une assistance générale,
parfois complétée par un service d’aide concret comme des
repas et des vêtements.
Spécifiquement à Bruxelles, il existe le système des concierges
de quartier, qui aident les précarisés en apportant des
modifications mineures mais radicales à leur habitation :
électricité et sanitaire, élimination des obstacles, entretien
technique, informations. Enfin, il existe des fournisseurs du
marché privé pour la livraison de repas à domicile par exemple.
4.1.4. Aide à domicile
La perte d’autonomie contraint souvent les personnes âgées
à faire appel à des tiers pour de nombreuses activités de la
vie quotidienne. Il peut s’agir de soignants informels, mais
dans de nombreux cas, ces personnes font appel (parfois en
supplément) à des services professionnels.
De nombreuses personnes âgées dépendantes ont alors recours
aux services qui proposent de l’aide aux personnes ou qui
proposent de s’occuper des tâches d'aide à la vie journalière.
Elles reçoivent dans ce cas de l’aide pour se laver et s’habiller,
cuisiner, repasser… Parallèlement, ces services proposent
une aide et un accompagnement psychosocial et pédagogique
général.
Par ailleurs, les personnes dépendantes peuvent également
faire appel à un service d’aide ménagère pour entretenir le
logement, à un service qui apporte les repas à domicile ou qui se
charge de divers petits travaux de réparation dans l’habitation.
Les personnes âgées sont souvent limitées en termes de
mobilité, ce qui peut favoriser l’isolement et constitue un
obstacle à l’obtention d’une aide et d’un soutien. Pour répondre
à ce besoin, une offre de services de transport a été mise en
place, à laquelle les personnes âgées peuvent faire appel,
par exemple, lorsqu'elles veulent faire des courses, doivent
se rendre à l’hôpital ou souhaitent participer à des activités. Il
existe notamment les Centrales des Moins Mobiles des MC et
des initiatives dans le cadre de l’économie sociale.
Pour ces formes d’aide, il existe une offre étendue agréée et
subventionnée par les autorités régionales. La Flandre propose
notamment des services d’aide familiale (aide aux personnes
et aide-ménagère) ainsi que des services d’aide logistique
(service de nettoyage et ouvriers pour petites réparations). Ces
services sont également proposés aux Bruxellois. La Wallonie
et Bruxelles proposent des services d’aide aux familles et aux
aînés qui se déclinent en différents métiers : aide familiale,
aide-ménagère, garde malade, ouvriers polyvalents... L’aide est
attribuée sur demande, en fonction d’une enquête de l’assistant
social. Il est tenu compte notamment du degré de dépendance
ainsi que de la situation familiale et sociale. En outre, il existe
également le système de titres-services, accessible à tout le
monde, pour différentes formes d’aide ménagère (nettoyage
du logement, courses, lessive et repassage…). Ces services
sont souvent prestés par des travailleurs embauchés par des
entreprises et des organisations spécifiquement agréées dans
le cadre du système des titres-services (principalement des
agences d’intérim, des entreprises de nettoyage, des services
d’aide familiale et des agences locales pour l’emploi (ALE)).
Depuis juillet 2014, le système des titres-services relève de la
compétence des régions.
La perte d’autonomie peut être compensée en partie par
l’utilisation de matériel d’aide, tels que des lits spéciaux, des
fauteuils roulants, des ustensiles pour préparer les repas ou
pour manger… Ce matériel d’aide est proposé notamment par
les mutualités via leurs boutiques de soins à domicile (Solival,
Thuiszorgwinkels). Il peut également être obtenu dans les
hôpitaux, les pharmacies…
En l’occurrence, nous tenons à mentionner séparément le
système d’alarme personnel, qui permet à l’utilisateur d’appeler
son (ses) aidant(s) proche(s) ou des professionnels à l’aide en
cas de problèmes graves. Ce dispositif permet d’intervenir
rapidement et d’éviter une aggravation de la situation. La
réglementation relative au système d’alarme personnelle (AP)
relève également de la compétence des autorités régionales,
qui peuvent décider en toute autonomie de son organisation,
de sa programmation et de son subventionnement. En Flandre,
les systèmes d’alarme personnelle sont prêtés par les centres
de services régionaux et locaux (voir infra) qui collaborent
avec la centrale d’alarme de Mutas et les services de la Croix
Jaune et Blanche. En Wallonie et à Bruxelles, ils sont proposés
par les mutualités et les CPAS. Les MC proposent ce service
en collaboration avec Vitatel, via l’ASBL Permanence Soins à
Domicile.
Les fonctions du système AP peuvent aussi être combinées
par exemple à un détecteur de fumées, un détecteur de CO, un
détecteur de chute ou de mouvement.
Prendre en charge une personne très dépendante constitue une
charge complémentaire parfois lourde pour les aidants proches.
C’est pourquoi, il est bon qu’ils puissent souffler de temps en
temps et prendre du temps pour eux. Lorsque la personne
dépendante ne peut rester seule, l’aidant peut faire appel à un
service de garde qui tiendra compagnie au malade et assurera
quelques tâches simples. Ce service peut également être presté
la nuit. Les services de garde sont généralement assurés par
des bénévoles. En Flandre, les services de garde sont souvent
assurés par des bénévoles formés à ce métier. En Wallonie et
à Bruxelles, il n’existe pas encore de reconnaissance de cette
fonction assurée par des professionnels formés et encadrés.
Les mutualités, les services infirmiers, les services d’aide aux
familles et les CPAS notamment ont développé une offre en la
matière. En Flandre, ces prestataires sont reconnus en tant que
Services de garde chargés de coordonner les demandes de
garde et l’offre des bénévoles.
MC-Informations 258 • décembre 2014
25
4.2. Structures de soins résidentiels transmuros pour les
seniors
Au fil des années, un certain nombre de formes intermédiaires
entre les soins à domicile et les maisons de repos sont apparues.
Il s’agit de structures dans lesquelles une personne âgée
peut séjourner jour et nuit, la journée ou la nuit uniquement.
Elles sont complémentaires aux services d’aides et de soins à
domicile et ont pour but d’éviter l’admission dans une maison
de repos ou du moins la reporter le plus longtemps possible.
4.2.1. Résidence-services/logement avec assistance
Une résidence-services ou un logement avec assistance
est une unité de logement individuelle adaptée dans laquelle
une personne âgée peut habiter en toute autonomie. Chaque
habitation se compose au moins d’un salon, d’une kitchenette,
d’une chambre à coucher et de sanitaires. Elle se caractérise
par la présence de services communs auxquels les habitants
peuvent faire appel de manière facultative (p. ex. les repas,
l’entretien du logement, le service de blanchisserie). Un
système d’appel est également prévu. Il existe aussi parfois
des espaces communs dans lesquels les habitants peuvent se
rencontrer. À cet égard, ces résidences-services ou logements
avec assistance constituent une forme intermédiaire entre
la situation familiale classique et le séjour dans un centre de
soins résidentiel.
jour, mieux connus sous le nom de Centres flamands d’accueil
de jour autonomes collectifs (CADO ou Collectieve Autonome
Dagopvang), pour lesquels les services d’aide et de soins à
domicile peuvent obtenir un agrément. Ces centres s’adressent
exclusivement aux personnes qui font également appel à un
service agréé d’aide et de soins à domicile. Ils diffèrent du CSJ
par le fait que l’aide et les soins et l’assistance psychosociale
y sont assurés par le personnel des services d’aides et de
soins à domicile et non par le personnel d’une maison de
repos. Par ailleurs, il existe également des centres de soins
de jour réservés exclusivement aux usagers atteints d’une
maladie chronique spécifique (p. ex. MS, maladie de Korsakov,
maladie de Parkinson). En Wallonie et à Bruxelles, il existe une
distinction entre les centres d’accueil de jour et les centres
de soins de jour. Le centre d’accueil de jour s’adresse surtout
aux personnes âgées en relativement bonne santé et vise
essentiellement à briser l’isolement social. Les centres de soins
de jour s’adressent plutôt aux personnes âgées dépendantes et
proposent également des soins en plus des activités.
4.3. Structures de soins résidentiels intramuros pour les seniors
4.3.1. Soins hospitaliers
Chaque hôpital disposant d’un service G agréé doit proposer
un programme de soins gériatriques. Il s’agit d’un programme
multidisciplinaire qui vise à améliorer le plus possible
l’autonomie et la qualité de vie d’une personne âgée. Il prévoit
les services suivants :
4.2.2. Court séjour et accueil de nuit
Le centre de court séjour, généralement organisé dans une
maison de repos, prévoit pour les personnes âgées la possibilité
d’être accueillies la nuit ou pendant une courte période le jour
et la nuit. En Flandre, les centres de convalescence offrent
également cette possibilité. Le service est grosso modo
identique à celui proposé dans les maisons de repos ou les
centres de convalescence (soins infirmiers et hygiéniques,
aide familiale et aide-ménagère, activation, activités de
détente et contacts sociaux). Le financement dans le cadre de
l’assurance maladie obligatoire est transféré aux communautés
depuis le 1er juillet 2014. Certaines maisons de repos proposent
également l’accueil de nuit.
4.2.3. Centre de soins de jour (CSJ)
Le centre de soins de jour propose d’accueillir durant la journée
les personnes âgées qui résident normalement chez elles et y
bénéficient de soins à domicile. Ces centres proposent des
soins, une réactivation et un accompagnement dans le cadre
des activités.
Il existe différentes sortes de centres de soins de jour. Outre
les centres qui relevaient jusqu’il y a peu de l’autorité fédérale,
il existait également des initiatives développées par les
régions. La Flandre dispose en effet de centres de soins de
26
•Services infirmiers gériatriques (index G), destinés aux
personnes âgées atteintes d’une pathologie multiple dans une
situation de maladie (sub)aiguë. Une équipe multidisciplinaire
de médecins, d’infirmiers et d’auxiliaires paramédicaux est
chargée de la pose des diagnostics médicaux gériatriques,
des traitements et de la revalidation.
• L’hôpital de jour gériatrique proposant une triple offre :
-Un programme diagnostique ambulatoire lié à des
problématiques spécifiques (clinique de la mémoire,
problèmes de chute et difficultés à marcher, problèmes
d’incontinence, problèmes alimentaires, ostéoporose).
-Un programme thérapeutique pour les interventions qui
peuvent être réalisées en journée (p. ex. administration
intraveineuse de médicaments, transfusions de sang, suivi
du diabète, soins de plaies complexes).
- Un programme de revalidation, éventuellement à la suite
d’une hospitalisation, pour les patients qui résident à
domicile.
• La consultation ambulatoire chez un gériatre.
• Une fonction de liaison interne est assurée par une équipe
multidisciplinaire mobile interne compétente en gériatrie.
L’équipe dispense des conseils concernant l’approche et le
traitement des plus de 75 ans dans d’autres services que
la gériatrie. Ceci vise à attirer l’attention sur d’éventuels
problèmes chez ces patients (cognitif et mémoire, mobilité,
alimentation, déglutition, sentiments…).
MC-Informations 258 • décembre 2014
•Une fonction de liaison externe permet d’établir des contacts
avec les médecins généralistes, les services de soins à
domicile, les maisons de repos et autres prestataires de
soins en vue d’assurer la continuité des soins et de favoriser
le développement des compétences. Ceci doit permettre de
raccourcir la durée des hospitalisations et si possible les
éviter.
Les hôpitaux qui ne disposent pas d’un service G agréé,
sauf quelques exceptions, doivent conclure un accord de
collaboration avec l’hôpital le plus proche qui propose un tel
programme. Les services de gériatrie isolés ont le choix entre
un programme de soins propre ou un accord de collaboration
fonctionnel.
Un certain nombre d’hôpitaux disposent d’un service
psychogériatrique (index Sp), destiné aux personnes âgées qui
requièrent un diagnostic et/ou un traitement psychiatrique et
somatique, ainsi qu’un accueil multidisciplinaire en vue d’obtenir
le meilleur rétablissement possible des capacités physiques,
psychiques et sociales. Dans un hôpital psychiatrique, ce
service accueille dans la pratique surtout les personnes
atteintes de démence, mais admet également les patients
psychotiques. Une partie des lits G et Sp sont disponibles dans
l’un des établissements exclusivement gériatriques de notre
pays. Depuis la sixième réforme de l’État, ces établissements
relèvent de la compétence des autorités régionales.
d’une aide-ménagère, d’une revalidation, d’une activation,
d’activités de détente et de contacts sociaux.
4.3.3. Centres de revalidation et de convalescence
Une personne qui, après un séjour à l’hôpital, un accident ou
une maladie n’est pas suffisamment autonome pour rester
chez elle, peut séjourner temporairement dans un centre
de convalescence. Ces centres proposent des soins, une
revalidation et une assistance dans le cadre des activités de
la vie quotidienne.
Quelques centres sont déjà reconnus dans le cadre du
décret flamand relatif aux soins des personnes âgées
(Woonzorgdecreet). Les MC disposent de plusieurs centres de
revalidation : Ter Duinen, Hooidonk et Spa Nivezé.
4.4. Services spécifiques
Outre l’offre qui s’adresse aux personnes dépendantes en
général, il existe également une offre destinée à certains
groupes cibles, comme les personnes présentant des
problèmes psychiques, les malades en phase terminale et les
personnes atteintes de démence.
4.4.1. Soins de santé mentale.
4.3.2. Maisons de repos pour personnes âgées (MRPA) et
maisons de repos et de soins (MRS)
Bien que la plupart des personnes âgées préfèrent rester chez
elles le plus longtemps possible, l’admission dans une institution
est parfois inévitable. C’est dans la plupart des cas la nette
aggravation de la dépendance qui fait pencher la balance en
ce sens. Comme nous l’avons dit, la compétence en la matière
incombe intégralement aux Communautés depuis juillet 2014,
mais les règles et procédures fédérales restent en vigueur tant
que celles-ci n’élaborent pas une règlementation propre. Par
conséquent, il est donc toujours fait une distinction sur papier
entre, d’une part, les maisons de repos pour les personnes
âgées (MRPA) et, d’autre part, les maisons de repos et de soins
(MRS). La principale différence réside dans la possibilité pour
une MRPA d’accueillir également des personnes présentant une
assez faible dépendance. La MRS est exclusivement destinée
à l’accueil des personnes âgées fortement dépendantes. Dans
les deux cas, il y a lieu de satisfaire à certains critères de
dépendance physique et/ou psychique, mesurée sur la base de
l’échelle de KATZ. Il convient toutefois de relativiser fortement
la différence entre une MRPA et une MRS. Au fil des années,
le profil de la population des MRPA a considérablement évolué
et de nombreuses personnes âgées fortement dépendantes y
sont également accueillies. La question est donc de savoir si
cette différence sera maintenue par les autorités régionales
dorénavant compétentes. Les personnes qui résident dans une
maison de repos bénéficient chaque jour de soins infirmiers
et hygiéniques, d’une aide aux activités de la vie journalières,
Les centres de soins de santé mentale (CSM) peuvent accueillir
les patients souffrant de différents problèmes de nature
psychique, relationnelle et psychosomatique, soit de leur
propre initiative soit sur référence. Ces centres sont chargés
de la prévention, du premier accueil des personnes souffrant de
problèmes psychiques, de la pose du diagnostic et du traitement.
Le CSM se caractérise par l’approche multidisciplinaire d’une
équipe de psychiatres, de psychologues, d’assistants sociaux,
d’ergothérapeutes, d’infirmiers qui se concertent régulièrement
concernant le patient. Si nécessaire, cette concertation est
étendue par exemple au médecin généraliste. Différents
centres présentent un fonctionnement distinct pour le groupecible des personnes âgées. Les CSM relèvent également de la
compétence des autorités régionales.
Les personnes atteintes de problèmes psychiatriques
chroniques mais stabilisés, qui ne peuvent habiter seules,
peuvent se tourner vers une maison de soins psychiatriques
(MSP) ou une initiative d’habitat protégé (IHP). La maison
de soins psychiatriques s’adresse aux personnes atteintes
de problèmes psychiques dont l’état est stabilisé et qui ne
nécessitent plus une hospitalisation et de soins dans un hôpital
(psychiatrique). Une MSP leur propose un accompagnement
et des soins et organise des activités de jour et de détente
adaptées. Dans une initiative d’habitat protégé, l’accent repose
davantage sur l’autonomie personnelle et la réinsertion, mais
un accompagnement est prévu dans le cadre du logement
et de l’acquisition d’aptitudes sociales. Des activités de jour
MC-Informations 258 • décembre 2014
27
adaptées sont également proposées. Traditionnellement, il
s’agit d’un habitat collectif, mais depuis quelques années des
logements individuels sont également reconnus comme habitat
protégé. Les deux structures ne s’adressent pas spécifiquement
aux personnes âgées, même si une partie non négligeable des
habitants a plus de 60 ans. Les deux établissements relèvent
aujourd’hui intégralement de la compétence des communautés.
4.4.2. Points de contact pour la maltraitance des personnes
âgées.
De par leur dépendance vis-à-vis de tiers, les personnes âgées
sont exposées aux risques d’abus, tant de la part des prestataires
de soins et d’aide que des personnes de leur entourage
immédiat et ce tant au niveau matériel ou financier qu’au niveau
émotionnel. Ces dernières années, la problématique de la
maltraitance des personnes âgées a fait l’objet d’une attention
accrue et quelques initiatives spécifiques ont été prises en la
matière. En Wallonie, il existe l’ASBL Respect Seniors, créée
en 2009 et accessible par un numéro d’appel gratuit, une offre
d’initiatives de formation pour les professionnels et des actions
concrètes d’information et de sensibilisation. La Flandre propose
une offre comparable avec le Vlaams Ondersteuningscentrum
Ouderenmis(be)handeling (VLOCO).
À Bruxelles, l’ASBL Infor-Homes Bruxelles a été reconnue et
subsidiée par la COCOF et la COCOM comme dispositif de lutte
contre la maltraitance des personnes âgées vivant à Bruxelles,
aussi bien au domicile qu’en institution.
Le service d’écoute aux personnes âgées maltraitées (SEPAM)
a été créé à Bruxelles. Il est agréé et subventionné par la Commission communautaire française, soutenu par la Commission
communautaire commune. Tout comme Respect senior en
Région wallonne, le SEPAM permet à toute personne confrontée à un problème de maltraitance vécu à domicile ou au sein
d’une institution de pouvoir faire appel à des professionnels.
4.4.3. Soins palliatifs
L’objectif des soins palliatifs est de proposer au malade et à son
entourage la meilleure qualité de vie possible durant la dernière
phase de vie. L’autorité fédérale a établi des réseaux palliatifs,
qui ont pour mission de coordonner les soins palliatifs, de
favoriser le développement des compétences et de dispenser
des conseils. Une aide concrète est proposée au niveau des
soins à domicile par le biais d’une équipe d’accompagnement
multidisciplinaire. Il peut également être fait appel à cette
équipe lorsque le malade réside, par exemple, dans un centre
de soins résidentiels, une MSP ou un habitat protégé. Les
autorités régionales ont également aménagé des structures au
niveau des soins palliatifs. Depuis la sixième réforme de l’État,
la compétence relative à ces réseaux a été transférée vers les
communautés.
De nombreux hôpitaux disposent d’une unité palliative pour les
malades incurables. Ces unités sont aménagées de manière
28
plus familiale et accordent la priorité au confort du malade
et de sa famille. L’équipe multidisciplinaire met l’accent sur le
contrôle des symptômes, l’accompagnement psychologique,
la préparation et l’accompagnement du deuil. Chaque hôpital
dispose également d’une équipe de soutien palliatif chargée
d’accompagner les malades incurables et leur famille et
de soutenir les autres soignants dans l’hôpital. Certaines
dispositions prévoient également quelques obligations en
matière de politique palliative pour les maisons de repos. Il
existe des centres de jour qui peuvent accueillir les malades en
phase terminale en Flandre, à Bruxelles et en Wallonie.
4.4.4. Initiatives en matière de démence
La forte augmentation du nombre de personnes atteintes de
démence est une conséquence épidémiologique importante
du vieillissement. Il s’agit en effet d’une maladie dont la
prévalence augmente de manière exponentielle avec l’âge.
La maladie implique une perte importante tant pour la
personne atteinte de démence que pour le partenaire, les
enfants, l’entourage immédiat. Ces personnes ont un besoin
important d’informations, de soutien, d’accompagnement et de
possibilités d’accueil.
Dans la plupart des maisons de repos, une grande partie de
la population est atteinte de démence (40 % ou plus). Pour
répondre à ce phénomène, la réglementation fédérale prévoit
un encadrement et un financement appropriés. Il en va de
même pour les centres de soins de jour. Les maisons de
repos peuvent, sous certaines conditions, bénéficier d’un
financement pour une personne de référence spécialisée en
démence, qui prend des initiatives en la matière afin de soutenir
les personnes âgées, leur famille et les autres prestataires de
soins. D’autres organisations, comme les services d’aide et de
soins à domicile, ont également une personne de référence
spécialisée en démence dans le cadre de leur fonctionnement.
La Flandre reconnaît différents centres d’expertise en démence
(CED) qui ont pour mission de renforcer l’environnement
de la personne atteinte de démence, par des informations,
des conseils d’experts, une formation, un soutien et une
réorientation. Ils sont également chargés d’améliorer les
compétences des organisations existantes et des prestataires
de soins, notamment par des modules de formation des
personnes de référence pour la démence. C’est dans ce cadre
que les travailleurs sociaux des mutualités flamandes reçoivent
une formation pour la prise en charge de base de personnes
souffrant de démence.
De nombreuses initiatives sont également prises par les
communes, les mutualités et autres organisations pour informer
et aider la personne atteinte de démence et leur entourage. En
témoignent les cafés-débat, les soirées d’information et de
formation, les brochures… autant d’initiatives qui visent de
à contribuer à une meilleure prise en charge des personnes
atteintes de démence dans la société.
MC-Informations 258 • décembre 2014
Le Conseil national pour la promotion de la qualité (CNPQ), dans
le giron de l’INAMI, veille à la prestation de soins de qualité.
L’e-learning est une piste importante à développer. Dans ce
cadre, un module « Démence » a été élaboré à l’intention des
médecins en collaboration avec Domus Medica et la Société
Scientifique de Médecine Générale (SSMG), en exécution
du plan « Priorité aux maladies chroniques » de l’ex-ministre
Onkelinx. Un module identique a été développé en collaboration
avec le secteur infirmier à l’intention des infirmiers. Ces modules
offrent une formation en matière de pose de diagnostic et de
traitement de la démence, ainsi que pour l’accueil des patients
atteints de démence.
de la politique ainsi qu’à la transparence et à l’accessibilité de
l’offre. Au niveau du patient, il s’agit aussi souvent de situations
de soins très complexes, qui nécessitent une aide médicale
et paramédicale ainsi qu’une assistance dans le cadre des
activités de la vie journalière. Par conséquent, il est souvent
fait appel à plusieurs prestataires de soins et d’aide, à la fois de
la première et de la deuxième ligne, ce qui entraîne un risque de
fragmentation de la prise en charge. Ceci a incité les autorités
compétentes à prendre des initiatives pour harmoniser la
politique globale en matière de soins aux personnes âgées et
mieux intégrer et coordonner l’aide aux seniors.
L’organisation Baluchon est un service de soins à domicile
destiné aux familles touchées par la maladie d’Alzheimer.
Un professionnel remplace les aidants proches pendant 1
ou 2 semaines à domicile. Il évalue également les capacités
cognitives et l’autonomie fonctionnelle du malade et tient un
journal d’accompagnement dans lequel il note le déroulement
des journées pendant la période de garde.
4.5.1. Harmonisation de la politique entre les autorités
4.4.5.Information
Dans la société civile, de nombreuses organisations, dont
par exemple Okra et Enéo, fournissent des informations
aux personnes âgées concernant différents thèmes qui les
intéressent directement par le biais de brochures, de magazines
et d’activités. Des cours pratiques sont parfois aussi proposés
(p. ex. : à l’utilisation d’un PC, de l’Internet ou du GSM). Des
associations d’aidants proches agréées en Flandre et l’ASBL
Aidants proches proposent également une offre d’informations
étendue, qui s’adressent en premier lieu aux aidants proches
(voir supra).
Il existe également différents sites Web, qui s’adressent
spécifiquement aux personnes âgées, et proposent des
informations à la fois sur les prestations d’aide et de soins et
sur les questions financières ou les possibilités de détente.
www.seniorennet.be et www.seniornetvlaanderen.be en
constituent quelques exemples. D’autres sites Web traitent
de thèmes spécifiques comme les maisons de repos. Des
questions concernant les maisons de repos (offre, prix, droits
et obligations…) peuvent être adressées à la Woonzorglijn10, à
l’ASBL Senoah11 et à l’ASBL Inforhomes12 .
4.5. Intégration et coordination de l’offre de soins et de l’aide
L’offre de prestations d’aide et de soins est très étendue et
parfois très morcelée, cela s’explique en partie par la volonté de
répondre aux différents besoins de soins mais aussi en raison
du partage des compétences, ce qui peut nuire à la cohérence
La Conférence interministérielle « Santé publique » réunit
l’Autorité fédérale, les Communautés et les Régions en vue
de développer une politique cohérente en matière de soins
aux personnes âgées en ce qui concerne les services de
garde, d’accompagnement et de prestation des soins. C’est
dans le cadre de cette concertation qu’est né également le
groupe de travail inter-cabinet « Politique de santé à mener à
l’égard des personnes âgées » qui réunit l’Autorité fédérale,
les Communautés et les Régions mais aussi l’INAMI. La
concertation au sein de cet organe a déjà donné lieu à différents
protocoles d’accords et avenants à ces protocoles. Ces
protocoles d’accord décrivent les lignes de force communes,
mais permettent à chaque entité de développer des plans
d’action de manière autonome afin de réaliser les objectifs
fixés. La reconversion des lits MRPA en lits MRS notamment,
le développement de centres de soins de jour et les projets
de développement d’alternatives en matière de soins aux
personnes âgées trouvent leur origine dans ces protocoles
d’accords (Protocol 3).
D’une manière générale, dans le sillage de la sixième réforme
de l’État, il est prévu de créer un institut qui deviendra le lieu
de rencontre interfédéral permanent pour la concertation entre
les ministres compétents et qui devra formuler une réponse
concertée à un grand nombre de défis, dont le problème
budgétaire consécutif au vieillissement et aux métiers en
pénurie.
Vu que, après la sixième réforme de l’État, différentes autorités
restent encore en partie compétentes pour la politique relative
aux personnes âgées, la concertation et la coordination
resteront indispensables à l’avenir. Des accords devront
notamment intervenir concernant le développement de
structures de soutien pour les soins à domicile et la possibilité
de prestations paramédicales dans ces structures. On prévoit
d’emblée tout un nombre de domaines pour lesquels des
accords de collaboration devront être conclus.
10 http://www.woonzorglijn.be/
11 http://www.senoah.be
12 http://www.inforhomes-asbl.be/
MC-Informations 258 • décembre 2014
29
4.5.2. Une offre de soins intégrés et une concertation relative
aux prestations de soins et de services
En Flandre, un certain nombre de services de soutien au
maintien à domicile ont été « groupés » dans ces centres
de services : les centres de services locaux (CSL ou lokale
dienstencentra) et centres de services régionaux (CSR ou
regionale dienstencentra).
Le CSL a pour mission de proposer aux habitants de la localité
diverses activités générales de nature informative, récréative
et formative afin de renforcer le réseau social. Par ailleurs, il
doit être en mesure d’apporter de l’aide sur place dans le cadre
des activités de la vie quotidienne ou la mettre à la portée des
usagers. Il doit prévoir au moins 4 des activités suivantes :
proposer des repas chauds (sur place ou à domicile), un
service de courses, un service de menus travaux, une aide
de proximité, des initiatives visant à améliorer la mobilité, le
prêt d’appareils AP (alarme personnelle), l’organisation d’une
centrale d’alarme personnelle et des activités pour un groupe
cible. Un CSL peut être agréé par 15 000 habitants. 222 CSL sont
agréés actuellement.
Le CSR a également une mission d’information et de formation
via des activités de groupe, qui s’adressent à la fois aux
personnes âgées, aux aidants proches ou aux bénévoles. Pour
ce dernier groupe cible, il est également chargé de réunir l’offre
et la demande. Par ailleurs, il propose une offre d’information
et de conseils concernant les dispositifs (ergothérapie,
adaptation du logement…) et doit mettre cette aide à la
portée des utilisateurs. Enfin, ce sont également les CSR qui
organisent dans une large mesure la concertation entre les
différents prestataires de soins autour du patient. Dans ce
contexte, le responsable du centre assume généralement le
rôle de coordinateur de la concertation. Les centres de soins
résidentiels des mutualités sont notamment agréés comme
centre de service régional. Un CSR peut être agréé par 100.000
habitants. 60 CSR sont agréés actuellement.
En Flandre, il existe également 15 initiatives de collaboration
agréées pour l’aide et les soins de santé de première ligne
(samenwerkingsinitiatieven eerstelijnsgezondheidszorg (SEL))
qui assurent la collaboration entre les différents prestataires
de soins et d’aide dans une région donnée (médecins
généralistes, soins infirmiers à domicile, aide familiale…). Elles
ont pour objectif d’améliorer le plus possible les prestations de
services et de soins autour du patient grâce à la coordination
mutuelle. Le décret flamand sur les soins aux personnes âgées
(Woonzorgdecreet) prévoit par ailleurs le développement
de réseaux de soins à domicile, composés d’un médecin
généraliste ou d’un cercle de médecins généralistes, d’un
service de soins à domicile, d’un centre de court séjour, d’un
groupe de logements avec assistance, d’un service d’aide
familiale ou d’une autre structure de soins résidentiels qui
fournit des soins à domicile. Les différents partenaires doivent
être en mesure de garantir la continuité des soins pour l’usager
grâce à la collaboration et à la concertation. Pour l’heure, il ne
reste plus qu’à attendre les décrets d’exécution.
Les Centres de coordination de soins et de services à domicile
sont agréés en Wallonie, dans la Communauté germanophone
et à Bruxelles. Il s’agit de 30 centres pour la Wallonie et de 5
centres pour Bruxelles. Ils ont pour mission de soutenir les
personnes dépendantes afin que les soins et l’aide à domicile
puissent être dispensés le plus longtemps possible. Ils
fournissent des informations, évaluent la demande en aide et
en soins et orientent vers les services adaptés et coordonnent
l’aide. Ces centres présentent une offre intégrée et coordonnée
proposant au minimum des soins infirmiers à domicile, une
aide familiale et des services sociaux. Par ailleurs, ils doivent
prévoir quatre activités complémentaires à choisir entre la
kinésithérapie, le système d’alarme personnelle, le prêt de
matériel d’aide, les soins dentaires, l’adaptation du logement,
l’ergothérapie, la logopédie, la pédicure ou la distribution
de repas à domicile. Enfin, le médecin généraliste doit être
impliqué dans la coordination. Une fiche de coordination est
établie pour chaque client.
Le 1er avril 2003, l’autorité fédérale a aménagé des Services
intégrés de soins à domicile (SISD) pour l’ensemble du
pays). Dans le cadre de ces structures de concertation, la
rémunération d’un certain nombre d’acteurs a été prévue
pour leur participation aux moments de concertation
multidisciplinaire pour la grande dépendance de longue durée.
Depuis juillet 2014, la compétence en la matière est transférée
aux Communautés qui l’intégreront dans les autres structures
existantes. En Flandre, les SISD et les SEL ont fusionné depuis
un certain temps. En Wallonie et à Bruxelles, ce n’est pas le cas
des SISD et des centres de coordination.
D’autres initiatives, telles que le plan stratégique malades
chroniques, le Comité consultatif en matière des Maladies
chroniques et le Conseil scientifique des maladies chroniques,
les réseaux multidisciplinaires locaux… veulent d’une manière
ou d’une autre contribuer à une meilleure intégration et
coordination des soins.
4.6. Innovation dans les formes de logement et de soins13
4.6.1. Formes alternatives d’habitat
Les soins et l’aide aux personnes âgées sont un secteur
dynamique en quête constante d’amélioration et d’innovation.
Ces dernières années, de nombreuses structures
« alternatives » sont apparues pour les personnes âgées.
Ces initiatives présentent, dans la plupart des cas les
caractéristiques suivantes : elles proposent un habitat à
échelle réduite, elles mettent un point d’honneur à assurer la
plus grande continuité possible avec la vie antérieure et ont
13 Pour plus de détails, voir A. Franssen, O. Gillis et R. Verniest, Formes alternatives et innovations en matière de logement, de services et de soins pour les
aînés. Dans MC-Informations 237, septembre 2009.
30
MC-Informations 258 • décembre 2014
pour objectif de lutter contre l’isolement social en réunissant
des personnes qui se soutiennent mutuellement.. Sans être
exhaustifs, vous trouverez ci-dessous quelques exemples
concrets présentés dans les grandes lignes. Il est vrai que ces
formes d’habitat s’adressent surtout aux personnes présentant
un certain niveau d’autonomie. En cas de dépendance, on
essaie de pallier dans un premier temps à la situation grâce
à l’aide informelle, si nécessaire complétée par des soins
professionnels à domicile. Lorsque la dépendance devient
trop importante, il se peut qu’une admission en centre de soins
résidentiels s’impose.
Habiter chez soi plus longtemps, de manière qualitative,
nécessite, entre autres, un logement adapté qui tienne compte
des limitations et des besoins de la personne âgée. Ceci peut
se faire en apportant au logement les adaptations nécessaires
au maintien à domicile comme un monte-escaliers, des mains
courantes, etc… L’idéal est une habitation conforme aux
principes de l’habitat à vie, qui permet d’adapter le logement à
chaque fois que les conditions de vie et les besoins des habitants
évoluent. Il existe différents projets d’habitat à vie en Belgique,
comme ceux que la Vlaamse Huisvestingsmaatschappij
propose notamment à Anvers, à Ninove et à Bruges.
Un certain nombre de projets vont encore plus loin et proposent,
outre un logement adaptable, une offre de soins. Tel est le cas
notamment des projets du « Zorgmakelaar » dont l’initiative
revient aux MC. Ces projets d’habitat sont liés à un « courtier
en soins », qui aide les habitants et les accompagne grâce à
un large éventail de prestations de soins et de services (soins
infirmiers, aide familiale, courses, repas, transport, coiffeur,
activités…) et fait ainsi office de trait d’union entre les habitants
et les dispensateurs de soins et de services. En fonction des
souhaits et des besoins, les habitants peuvent y faire appel,
souvent à des conditions très avantageuses. Il existe déjà des
projets notamment à Bassevelde14 et à Courtrai15. Quelques-uns
de ces projets ont demandé un agrément au titre de groupe de
logements avec assistance (voir supra). Le courtier en soins est
dans ce cas l’assistant au logement.
L’habitat groupé pour personnes âgées (intragénérationnel)
est un autre type de structure alternative. Un habitat groupé
dispose généralement d’un nombre d’espaces communs et
prévoit une certaine répartition des tâches entre les habitants.
La solidarité mutuelle veut que l’on s’entraide le plus longtemps
possible. La taille de la communauté et le degré de vie
communautaire varient, mais tous ont l’ambition de créer une
ambiance plus familiale, d’améliorer le sentiment de sécurité et
de partager les responsabilités dans l’habitation. Les habitats
Abbeyfield à Etterbeek (Entre-Voisins) et à Namur (Le Tour
de Table)16 ainsi que l’Antenne Andromède à Woluwé-SaintLambert17 en constituent quelques exemples.
Il existe également des exemples d’habitats intergénérationnels. La plus petite formule, mieux connue sous le nom de
logement kangourou ou duplex, permet à 2 familles de générations différentes d’habiter séparément mais au sein d’un même
habitat. Un logement supplémentaire est alors créé dans un
logement existant − par exemple au premier étage − ou par la
construction d’une annexe. Ainsi, le jeune ménage et les personnes âgées peuvent s’entraider tout en préservant suffisamment leur vie privée. Il s’agit souvent de 2 générations d’une
même famille, mais ce n’est pas obligatoire. Il n’existe pas de
registre des logements kangourou existants, mais dans la pratique ils ne sont pas rares. Il en existe des exemples à Gentbrugge18 et à Ranst19.
Il existe également quelques projets de logements intergénérationnels à grande échelle comme Les trois Pommiers
à Etterbeek20, qui associent une maison de repos, un foyer
pour des mères célibataires et une maison pour les personnes
psychiquement fragiles. Le but est de créer des liens
intergénérationnels entre ces différents groupes de population.
Le bâtiment est subdivisé en studios avec kitchenette et salle
de bain et des espaces communs. D’autres exemples sont le
Jardin du Béguinage à Etterbeek21, qui s’adresse à trois groupes
de population socialement vulnérables (jeunes mamans et leurs
enfants, personnes atteintes du SIDA et personnes âgées)
et Le Balloir22 à Liège, qui se compose d’une crèche pour
enfants, d’un lieu d’apprentissage et de travail pour les mères
à problèmes et des logements pour les personnes âgées. Ces
différentes structures sont reliées entre elles, ce qui facilite les
contacts intergénérationnels. Dans ces exemples, il convient
de noter que le logement intergénérationnel a également
comme objectif de réunir des groupes à risques qui peuvent se
soutenir et se renforcer.
14 http://www.zilvertorens.be/project-bassevelde-2/#tab-id-1
15 http://www.zilvertorens.be/ons-aanbod/west-vlaanderen/project-kortrijk/#tab-id-1
16 http://www.abbeyfield.be/fr/les-maisons?PHPSESSID=b0af8ab357a0bfccc92549534eae8245
17 http://www.cpas1200.be/main.php?sid=2&mid=3&txt=m&lng=nl&set=1
18 http://www.ybh.be/nl/referenties/detail/halfopen-bebouwingen/kangoeroewoning-gentbrugge
19 http://www.ybh.be/nl/referenties/detail/afgewerkt/kangoeroewoning-emblem/info/
20 http://www.lestroispommiers.be/
21 http://archives.lesoir.be/-titre-dossier-seniors-maison-2-le-jardin-du-beguinage-_t-20111115-01NNKY.html
22 http://www.intergeneration.be/orga.php?id_asso=20
MC-Informations 258 • décembre 2014
31
4.6.2. Formes alternatives d’accueil semi-résidentiel
En analogie au système des familles d’accueil pour les jeunes
enfants, il existe également une offre d’accueil de jour pour les
personnes âgées, qui leur permet de séjourner dans une famille
le jour, la nuit ou durant une courte période. Pour certains
seniors, cette forme d’accueil alternatif offre un plus grand
sentiment de continuité dans les soins, d’intimité et de chaleur.
Elle offre aussi davantage de possibilités pour répondre de
manière flexible aux demandes, aux besoins et aux intérêts
de la personne âgée. Cette forme d’accueil est déjà proposée
en Belgique, notamment à Anvers et dans la région gantoise.
La ferme thérapeutique en est une forme spécifique d’accueil.
Celle-ci s’adresse généralement aux personnes atteintes de
démence qui ont besoin d’un environnement familial agréable.
Le décret flamand relatif aux soins à domicile prévoit la
possibilité de reconnaître les services d’accueil. Ces services
coordonnent l’offre et la demande. Trois services sont agréés
actuellement. Il existe également une série de services
qui organisent l’accueil des personnes âgées en Wallonie,
notamment auprès des CPAS de Waremme et de Charleroi.
famille qu’elle contribue activement à stimuler les habitants,
avec l’aide du personnel, afin d’exploiter au maximum les
possibilités présentes. La maison de repos de Mariemont23 a
fait office de pionnière en la matière.
4.6.4. Innovation dans le maintien à domicile
La zone d’habitat adpatée (woonzorgzone) est un concept
relativement neuf qui organise l’offre de soins. Il s’agit d’un
quartier, d’une commune ou d’une sous-commune, qui
améliore le bien-être des habitants, afin que chacun − même
les personnes âgées et dépendantes − puisse rester à la
maison le plus longtemps possible. Cette zone dispose d’un
« zorgknooppunt » (centre de soins), accessible à tous, auquel
les habitants peuvent adresser leurs demandes de soins et où
ils peuvent recevoir les soins et l’aide dont ils ont besoin. Elle
comprend des rues et des places sans obstacles et un nombre
suffisant d’habitations et de structures accessibles à tous. La
commune de Wervik en Flandre occidentale a été la première
en Belgique à développer une zone d’habitat adaptée24. À
l’heure actuelle, d’autres communes, surtout en Flandre, mais
aussi à Bruxelles, ont déjà pris des initiatives dans ce sens.
4.6.3. Innovation dans les maisons de repos
Des initiatives innovantes sont également prises au sein des
maisons de repos classiques. Au niveau architectural, nous
voyons ainsi souvent des maisons de repos opter pour un
concept qui crée des entités plus petites et plus familiales
dans un ensemble plus grand. Le centre de gravité de la vie
quotidienne est déplacé, dans la mesure du possible, vers un
espace de vie commun où se déroulent les activités collectives
et où l’on peut se rencontrer.
Les activités reflètent le désir de ces structures de s’ouvrir vers
l’environnement. En l’occurrence, elles entretiennent souvent
une collaboration avec les écoles (p. ex. activités sportives
avec les maternelles), les associations de seniors (après-midi
de jeux de cartes organisées au sein de la maison de repos),
les associations culturelles (présentation de spectacle dans le
centre de soins résidentiels).
D’autres projets tels que les initiatives d’habitat normalisé à
échelle réduite sont essentiellement destinées aux personnes
atteintes de démence et existent déjà depuis un certain
temps. Huize Perrekens à Geel et de Wingerd à Louvain sont
quelques exemples connus en Flandre. Le concept Cantou,
essentiellement présent en Wallonie, suit également ce
principe. Ce concept prévoit un environnement d’habitat
communautaire à échelle réduite, qui insiste sur l’autonomie
collective dans un cadre protégé. On attend également de la
Ces dernières années, l’assurance maladie a incité le renouvellement des projets et des initiatives ayant pour objectif
de favoriser le maintien à domicile des personnes âgées
vulnérables25 et le développement de formes alternatives de
prise en charge via le projet Protocol 3 (voir supra). Dans le
deuxième appel en particulier, l’accent repose sur une offre
de soins intégrés et sur une harmonisation par et entre les
différents prestataires de soins.
4.6.5. Recours aux nouvelles technologies
Le recours aux nouvelles technologies peut également améliorer
l’autonomie des personnes âgées. Il en existe de nombreuses
applications concrètes. Le centre de soins résidentiels de
Floordam à Melsbroek, par exemple, a intégré un système de
détection d’errance pour les habitants (atteints de démence),
ce qui a fortement augmenté leur liberté de mouvement. Les
habitants sont équipés d’un médaillon pourvu de capteurs dans
lequel un profil personnel de mouvement est défini.
Les MC sont partenaires du projet de démonstration Care4Safety
dans le cadre de Flanders’ Care. L’ajout de capteurs au système
AP (alarme personnelle) existant permet de prévoir des alarmes
préventives intelligentes pour un certain nombre de risques liés
à la sécurité personnelle et au cadre de vie comme la chute,
l’errance, l’épilepsie, l’incendie, l’intrusion et les fuites.
23 http://www.mariemontvillage.be/Cantous.html
24 http://www.ocmw-wervik.be/dienst.aspx?id=1402
25 http://www.riziv.fgov.be/care/nl/residential-care/alternative_forms/
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MC-Informations 258 • décembre 2014
Les MC ont lancé récemment Z’app, une application pour
tablette et PC qui aide les personnes âgées, les personnes qui
bénéficient de soins à domicile et les aidants proches dans leur vie
quotidienne26. L’application permet d’effectuer des appels vidéo
(p. ex. avec les MC pour une demande de soins), d’envoyer des
messages, de gérer un agenda, de donner des informations
concernant les interventions de l’assurance maladie
obligatoire et complémentaire, la santé et les soins. La Z’app
permet ainsi aux seniors et aux personnes qui bénéficient de
soins à domicile d’entretenir des contacts sociaux et de briser
l’isolement social. Les aidants proches peuvent suivre les soins
de près, même s’ils ne se trouvent pas à proximité.
En Wallonie, Vitatel, qui propose également des systèmes
d’alarme personnelle, a développé un projet intégrant, un
distributeur de médicaments intelligent, afin d’aider le patient
à prendre correctement les médicaments et à respecter la
posologie. Le distributeur est programmé chaque semaine par
l’infirmier du service de soins à domicile. Au moment prescrit,
le médicament est libéré et l’utilisateur en est averti. Si le
médicament n’est pas pris, la centrale de Vitatel en est avertie
et contacte l’utilisateur.
évoluer vers un modèle moins centré sur l’offre de soins aigus
et qui favorise le maintien à domicile tout en rencontrant les
enjeux du financement. Mais cela est-il possible ? Quels sont
les obstacles que rencontrent déjà aujourd’hui ces secteurs ?
La réponse à cette question fera l’objet de la seconde partie de
cet article qui sera publiée dans le prochain numéro du MCInformations.
5.Conclusion
Il ne passe presque plus un jour sans que nous entendions
parler des défis liés au vieillissement de la population. Depuis
de nombreuses années déjà, une multitude de services d’aides
et de soins se sont développés sur notre territoire pour répondre
aux besoins d’une population vieillissante, allant des services
d’aide et de soins à domicile au soins résidentiels en passant
par l’ensemble des initiatives intermédiaires (centre de jour,
centres d’accueil, courts séjours…). L’objectif de cet article
était de faire un état des lieux sur la réalité du vieillissement
et de la dépendance dans notre pays et de présenter une vue
d’ensemble sur la palette de services proposé aux personnes
en perte d’autonomie. L’exercice ne s’est pas toujours
avéré facile. En effet, la politique de santé des aînés est une
compétence partiellement régionalisée et les entités fédérées
disposent donc d’une autonomie d’organisation de l’offre. Par
conséquent, et c’est bien l’objectif d’une régionalisation, ces
services ne se sont pas toujours développé de la même façon
en Flandre, à Bruxelles ou en Wallonie. La 6e réforme de l’Etat
prévoit le transfert de pans importants de la politique de santé
des aînés vers les Communautés et Régions, munissant ainsi les
entités fédérées d’importants leviers pour dessiner leur propre
politique des aînés. Quoi qu’il en soit, les défis auxquels les
entités fédérées devront répondre ne seront pas bien différents
au Nord et au Sud du pays. Notre système de santé devra
26 http://www.cm.be/applicatie/mobiel/zapp/midden-vlaanderen/index.jsp
MC-Informations 258 • décembre 2014
33
Les compétences émotionnelles,
un facteur à prendre en compte
Une étude conjointe des MC, de l’UCL et de la KUL
Sigrid Vancorenland, Hervé Avalosse, Rebekka Verniest, Michiel Callens, Département Recherche et Développement (ANMC)
Moïra Mikolajczak, Université Catholique de Louvain (UCL)
Nady Vanbroeck, Katholieke Universiteit Leuven (KU Leuven) Griet Rummens (Promotion de la Santé), Florence Kapala (Infor Santé)
Synthèse
Certains éléments dans la littérature indiquent que les compétences émotionnelles influencent la santé.
Cette relation n’a cependant encore jamais été étudiée de manière globale. Dans le cadre de la prévention
de la santé, il est important de réunir le plus de connaissances possibles sur les facteurs qui influencent
la santé. Plus ces connaissances seront étendues, plus les actions sanitaires préventives seront ciblées.
C’est pourquoi, la MC, l’UCL et la KU Leuven ont collaboré ensemble à une étude scientifique visant à vérifier
l’impact des compétences émotionnelles sur la santé.
L’étude comportait deux volets. Dans un premier temps, 1.310 membres des Mutualités chrétiennes ont
été questionnés par le biais d’une enquête écrite sur leurs compétences émotionnelles. Ces données ont
été mises en relation avec les informations figurant dans les bases de données de la Mutualité chrétienne
(recours aux soins de santé). Une deuxième étude a été mise en place afin de vérifier si les résultats de la
première étude étaient reproductibles sur un échantillon plus important. Dans cette étude, 9.616 membres
des MC ont été questionnés sur leurs compétences émotionnelles via une enquête en ligne. Ces données ont
également été mises en relation avec les bases de données des MC.
Les résultats de la recherche montrent non seulement que les compétences émotionnelles exercent une
influence sur la santé, mais également que celles-ci constituent l’un des principaux facteurs prédictifs de
l’utilisation des soins de santé (avec l’âge). Par ailleurs, des compétences émotionnelles élevées réduisent
l’utilisation des soins de santé en présence de certains facteurs de risques, tels qu’un âge avancé, un BMI
élevé, un faible niveau d’éducation ou une activité physique réduite. Les résultats de l’étude confirment que
la santé est influencée par de multiples facteurs et que la prévention doit s’organiser à différents niveaux. Les
compétences émotionnelles se profilent comme un facteur qui influence la santé de manière incontestable.
Des études ont montré que les compétences émotionnelles pouvaient s’acquérir et s’améliorer, ce qui en
fait un facteur important à prendre absolument en compte dans le cadre de l’action sanitaire préventive.
Ceci confirme et renforce l’action préventive de la MC, qui s’articule depuis déjà plusieurs années autour de
l’alimentation, de l’activité physique, du bien-être et de la santé mentale.
Mots clés : compétences émotionnelles, utilisation de médicaments, contact avec un médecin, hospitalisation,
BMI, formation, âge, activité physique
34
MC-Informations 258 • décembre 2014
1.Introduction
1.1. La santé est multifactorielle
1.2. Que sont les compétences émotionnelles (CE) ?
La santé est influencée par d’innombrables facteurs. De
nombreuses années de recherche ont permis d’en identifier les
principaux. Le tabagisme, la consommation excessive d’alcool,
la sédentarité, une alimentation malsaine, le surpoids,
l’exposition sans protection au soleil, des rapports sexuels
non protégés, l’environnement (intérieur et extérieur) malsain
ne représentent que quelques-uns des facteurs étudiés
susceptibles de porter préjudice à notre santé. Ces facteurs
sont liés au mode de vie et, par conséquent, modifiables
dans une certaine mesure. En agissant sur le mode de vie, il
est donc possible de prévenir une maladie ou une affection
spécifique. La santé est par ailleurs conditionnée par des
facteurs tels que le sexe, l’âge et le niveau de formation,
qui sont également susceptibles d’avoir un impact, mais ne
sont pas (ou difficilement) modifiables. Mieux les facteurs
influençant la santé seront connus, plus les actions préventives
entreprises seront nombreuses et ciblées. C’est pourquoi, il
reste important d’étendre les connaissances dans ce domaine.
Certains éléments dans la littérature témoignent également de
l’influence des compétences émotionnelles sur la santé.
Les compétences émotionnelles (ou intelligence émotionnelle)
renvoient à la manière dont nous identifions, exprimons,
comprenons, régulons et utilisons nos émotions ainsi que
celles des autres.
Nous éprouvons tous des sentiments, des émotions, agréables
ou désagréables, et la façon dont nous y faisons face est fort
différente d’une personne à l’autre, selon son caractère, son
tempérament, son éducation… Depuis les années 90, le concept
de compétence émotionnelle (ou d’intelligence émotionnelle)
a été développé pour en rendre compte. Les compétences
émotionnelles recouvrent diverses dimensions (voir Tableau 1)
relatives à la façon dont nous traitons nos émotions et celles
des autres. Des questionnaires validés existent qui permettent
de ‘mesurer’ la compétence émotionnelle.
L’encadré 1 reprend quelques exemples concrets de ces
différentes dimensions dans la vie quotidienne.
Tableau 1 : Dimensions des compétences émotionnelles (CE)
Dimensions
Soi
Autrui
Identification
Identifier (reconnaître) mes émotions
Identifier (reconnaître) les émotions
d’autrui
Compréhension
Comprendre mes émotions
Comprendre les émotions d’autrui
Utilisation
Utiliser mes émotions
Utiliser les émotions d’autrui
Expression
Exprimer mes émotions
Être à l’écoute des émotions d’autrui
Régulation
Réguler mes émotions
Réguler les émotions d’autrui
Score des CE intrapersonnelles
Score des CE interpersonnelles
Score des CE globales
Source : Petrides & Furnham, 2003
MC-Informations 258 • décembre 2014
35
Encadré 1 : Dimensions des compétences émotionnelles : quelques exemples de la vie quotidienne
• Identification des émotions. Lorsqu’elle se sent mal, une personne qui a de bonnes CE arrive à identifier s’il s’agit
d’agacement, de tristesse, de frustration, de stress. Une personne qui a des difficultés en matière d’identification des
émotions sait si elle se sent bien ou mal (et à quel point), mais a des difficultés à identifier quelle émotion elle ressent
précisément.
• Compréhension des émotions. Une personne qui comprend bien ses émotions est capable de faire la différence entre le
déclencheur d’une émotion et sa cause. Je rentre du travail et je me mets à préparer le repas du soir. Mon conjoint me
fait une remarque sur ma manière de faire. Cela me met vraiment en colère. Clairement, la remarque est le déclencheur.
Mais est-ce la cause de mon émotion? Il se peut que la cause profonde soit que je suis simplement au bout du rouleau
et qu’un rien me met de mauvaise humeur. Ou bien que je ne me sens pas reconnu(e) à mon travail et à la maison et que
cette remarque me touche parce qu’elle est le reflet d’un malaise plus profond. Une personne qui comprend bien ses
émotions sait faire la différence entre le déclencheur et la cause. Une personne qui ne comprend pas bien ses émotions
en restera toujours au déclencheur.
• Utilisation des émotions. Reprenons l’exemple ci-dessus. Si j’utilise bien mes émotions, je vais essayer de comprendre
ce que cette émotion me dit: peut-être suis-je à bout et ai-je besoin de prendre des vacances? Peut-être que je souffre
d’un manque de reconnaissance et que je dois en parler à mon conjoint? La personne qui utilise bien ses émotions va
essayer de voir quels changements elle doit apporter à sa vie (p. ex. prendre des vacances). La personne qui n’utilise
pas ses émotions ne se demande pas ce que ses émotions veulent dire et elle perd une occasion de modifier des choses
importantes dans sa vie.
• Expression des émotions. Une personne qui exprime bien ses émotions est capable d’expliquer calmement à son
conjoint (par exemple), au moment opportun, pourquoi cette situation la met en colère et ce que l’autre peut faire pour
l’apaiser. Une personne qui n’est pas compétente dans l’expression des émotions choisira mal son moment, s’exprimera
en criant ou au contraire «râlera» ou «boudera» sans rien dire.
• Régulation des émotions. Une personne qui gère bien ses émotions est capable de ne pas perdre ses moyens en situation
de stress, de colère ou de jalousie. Elle est capable de continuer ses activités en cours sans se laisser submerger par
l’émotion. Une personne qui gère mal ses émotions aura beaucoup de difficultés à poursuivre la tâche en cours en
situation de stress, aura beaucoup de mal de se retenir de crier, d’insulter, voire de frapper en situation de colère, aura
beaucoup de mal à se retenir de «piquer une crise» en situation de jalousie.
1.3. Existe-t-il un lien entre les CE et la santé ?
Certains éléments dans la littérature indiquent que les compétences émotionnelles influent également sur la santé. Toutefois,
ce lien n’a jamais été étudié de manière complète et rigoureuse.
En revanche, il existe des recherches qui démontrent en
suffisance la relation entre les compétences émotionnelles
(CE) et les domaines psychologique, social et du travail.
• Au niveau psychologique, des CE élevées entraînent un plus
grand bien-être et moins de troubles psychiques ;
• Au niveau social, des CE élevées entraînent une plus
grande satisfaction dans le cadre des relations sociales et
conjugales ;
• Au niveau du travail, des CE élevées entraînent de meilleures
performances professionnelles.
36
L’influence des compétences émotionnelles sur la santé
n’a jamais été étudiée de manière approfondie. Certes, des
études ont déjà été consacrées à l’influence des compétences
émotionnelles sur la santé subjective, mais les indicateurs
objectifs de santé (approchées par l’utilisation des soins de
santé) ont fait l’objet de recherches insuffisantes.
C’est pourquoi, la MC, l’UCL et la KU Leuven ont décidé de s’unir
pour analyser le lien entre les compétences émotionnelles et la
santé par le biais d’une étude scientifique réalisée auprès des
membres des MC.
MC-Informations 258 • décembre 2014
2.Méthodologie
La recherche comportait deux études :
• Une enquête écrite auprès de 1.310 répondants
• Une enquête en ligne auprès de 9.616 répondants
Chaque étude comportait deux phases :
• Une enquête via un questionnaire validé afin de réunir des
informations sur les compétences émotionnelles des gens.
De plus, un certain nombre de questions complémentaires
ont été posées, permettant de se faire une meilleure idée
des caractéristiques socio-économiques des répondants
(niveau d’études, situation familiale, réseau social…), de leur
BMI1, de leur style de vie (tabagisme, alimentation, pratique
sportive…), de leur recours à certains médicaments ou
traitements ou services non remboursés (p. ex. : médecines
alternatives…) par l’assurance maladie obligatoire…
• L’enrichissement des données du questionnaire avec les
données provenant des bases de données de la MC afin
d’établir un lien entre les compétences émotionnelles
(questionnaire) et l’utilisation des soins de santé (bases de
données de la MC).
La deuxième étude a été réalisée afin de vérifier si les résultats
de la première étude étaient reproductibles sur un échantillon
plus important.
Étude 1 : enquête écrite
En septembre 2011, un questionnaire papier a été envoyé à
un échantillon de membres de la MC âgés de plus de 18 ans.
L’échantillon d’environ 10.000 personnes a été composé de
manière aléatoire, mais de telle sorte qu’il soit représentatif de
la population belge en termes d’âge, de sexe et de province.
Chaque questionnaire comportait un numéro d’identification
unique permettant d’établir le lien a posteriori avec les bases
de données de la MC. L’autorisation de relier les résultats
du questionnaire aux données figurant dans les bases de
données de la MC a été demandée à chaque répondant à la
fin du questionnaire. Dans cette question, l’objectif de l’étude,
les implications de la mise en relation et le mode de traitement
des données après la mise en relation ont été expliqués au
répondant. La mise en relation n’a été effectuée que pour les
répondants qui l’ont explicitement autorisée.
Suite à cet envoi, 1.646 répondants (16 %) ont complété la
totalité du questionnaire et autorisé explicitement la mise en
relation avec les bases de données de la MC. Pour l’analyse,
seuls les répondants qui étaient membres de la MC de 2000
à 2011 ont été retenus. L’échantillon final pour l’analyse se
composait de 1.310 personnes.
Étude 2 : enquête en ligne
En janvier 2013, un courriel a été envoyé à un échantillon de
200.000 membres de la MC âgés de plus de 18 ans. Ce courriel
les invitait à participer à une enquête en ligne, accessible par
le biais d’un hyperlien. Du côté néerlandophone, un échantillon
des adresses électroniques disponibles des membres, qui était
représentatif en matière d’âge, de sexe et de province, a été
extrait (165.000). Vu le nombre limité d’adresses électroniques
de ses membres dont dispose la MC du côté francophone,
toutes les adresses électroniques ont été reprises (35.000). Ici
aussi, l’autorisation de relier les résultats du questionnaire aux
informations détenues dans les bases de données de la MC a
été demandée à chaque répondant à la fin du questionnaire.
Suite au courriel, 16.999 répondants (8,5 %) ont complété la
totalité du questionnaire et autorisé explicitement la mise en
relation avec les bases de données de la MC. Pour l’analyse,
seuls les répondants qui étaient membres de la MC de 2001 à
2012 ont été retenus. L’échantillon final se composait de 9.616
personnes. Cet échantillon important a permis de recueillir
un nombre suffisant d’observations pour chaque groupe de
répondants pour obtenir des résultats solides.
Le tableau 2 présente la méthodologie des deux études.
3.Résultats
3.1. Les compétences émotionnelles sont liées de manière
significative à la santé
La première question de recherche de l’étude consistait à
vérifier si les compétences émotionnelles constituaient un
facteur déterminant de la santé. Pour répondre à cette question,
des corrélations ont été établies entre les compétences
émotionnelles et les différentes formes d’utilisation des soins
de santé (utilisation des médicaments, nombre de consultations
chez un médecin, nombre d’hospitalisations…). Ces corrélations
étaient significatives et démontrent que les compétences
émotionnelles constituent un facteur déterminant de la santé.
Des compétences émotionnelles plus élevées sont associées
à une consommation réduite de médicaments, une baisse du
nombre de consultations chez les médecins généralistes et les
spécialistes et un nombre inférieur de jours d’hospitalisation.
Cette constatation est une primeur mondiale !
Pour les autres caractéristiques des personnes interrogées,
des corrélations ont été établies avec l’utilisation des soins
de santé. L’âge, le sexe, le niveau de formation, le BMI, les
émotions positives et négatives2, le soutien social, les habitudes
1
Body Mass Index : indice de masse corporelle, soit le rapport entre le poids (exprimé en kg) et le carré de la taille (exprimée en m).
2
Il y a une différence importante entre les facteurs ‘émotions positives et négatives’ et la compétence émotionnelle. Avec les facteurs ‘émotion positives’ et
‘négatives’, on pointe le fait d’avoir ces émotions. Dans la littérature, il a déjà été montré que le fait d’avoir des émotions négatives ou positives influence notre
santé. Avec la compétence émotionnelle, on va un pas plus loin en examinant la façon dont ces émotions positives ou négatives sont identifiées, exprimées,
comprises, régulées et utilisées. La compétence émotionnelle a également une influence sur la santé, ce que montre la présente étude pour la première fois.
MC-Informations 258 • décembre 2014
37
Tableau 2:deux études
N contacté
(échantillon stratifié par sexe,
âge, province)
N13
N24 = échantillon final
Informations extraites des bases
de données de la MC
Questionnaire
38
Étude 1
2011
Étude 2
2013
10.000 (par courrier)
200.000 (par courriel)
1.646 (± 16 %)
16.999 (± 8,5 %)
1.310 (± 13%)
9.616 (± 4,8 %)
(âge moyen = 51,2 ans,
58 % de femmes)
(âge moyen = 56,53 ans,
59 % de femmes)
Au cours des 12 dernières années
• Nombre de consultations chez un médecin (+ dépenses)
• Nombre de jours d’hospitalisation (+ dépenses)
• Nombre de médicaments (exprimé en DDD ou Defined Daily Dose) (+ dépenses)
• Caractéristiques du répondant (sexe,
âge, niveau de formation, langue,
province, situation familiale…)
• BMI (Body Mass Index)
• Compétences émotionnelles
(TEIQue-SF ; Petrides et al.)
• Émotions positives et négatives
(extended PANAS)
• Soutien social (2 items : soutien
concret et émotionnel)
• Comportement en matière de santé
(alimentation, activité physique,
habitude en matière de tabagisme et
de consommation d’alcool)
• Médicaments non remboursés
(analgésiques, vitamines,
somnifères…)
• Caractéristiques du répondant (sexe,
âge, niveau de formation, langue,
province)
• BMI (Body Mass Index)
• Compétences émotionnelles (PEC ;
Brasseur et al.)5
• Émotions positives et négatives
(extended PANAS)
• Soutien social (2 items : soutien
concret et émotionnel)
• Comportement en matière de santé
(alimentation, activité physique,
habitude en matière de tabagisme et
de consommation d’alcool)
• Médicaments non remboursés
(analgésiques, vitamines,
somnifères…)
• Services de santé non remboursés
(acuponcture, psychologue,
ostéopathie…)
• la littératie en santé6
3
N1 = répondants qui ont complété la totalité du questionnaire et autorisé explicitement le couplage avec les bases de données de la MC.
4
N2 = N1 membres des MC durant la période étudiée
5
La version en ligne du questionnaire n’était pas identique à celle envoyée par la poste. Pour les questions relatives aux émotions, un nouveau questionnaire
étayé scientifiquement a été développé dans l'intervalle et il a été décidé d'utiliser cette nouvelle version.
6
Les résultats liés à la littératie en santé sont décrits dans un autre article de ce CM-Info: ‘Bilan des connaissances des Belges en matière de santé’.
MC-Informations 258 • décembre 2014
alimentaires et les habitudes en matière d’activité physique ont
également montré un lien significatif avec la consommation de
médicaments et l’utilisation des soins de santé. La corrélation
entre ces variables et la santé avait déjà été démontrée dans
d’autres études.
3.2. Les compétences émotionnelles et l’âge sont les deux
principaux facteurs prédictifs de la santé
Les résultats de l’étude montrent que de nombreux facteurs
exercent une influence sur l’utilisation des soins de santé. En
outre, bon nombre de ces facteurs sont corrélés entre eux. La
seconde question de recherche de l’étude consistait à définir
les principaux facteurs prédictifs de chaque utilisation de
soins de santé7. Une analyse statistique a été effectuée à cet
effet (analyse de régression pas à pas). Le résultat de cette
analyse est représenté sous la forme d’un tableau (voir les
Tableaux 3 et 4) qui énumère les variables prédictives pour
chaque utilisation de soins de santé, par ordre d’importance.
La variable mentionnée en premier lieu représente le principal
facteur prédictif de cette utilisation de soins de santé. Les
variables suivantes ajoutent chacune une valeur prédictive
supplémentaire.
L’étude 1 démontre que les compétences émotionnelles (CE)
et l’âge constituent les deux principaux facteurs prédictifs de
l’utilisation des soins de santé (Tableau 3). Ces deux facteurs
apparaissent six fois à la première place, ce qui signifie qu’ils
constituent les principaux facteurs prédictifs pour cette
utilisation des soins de santé (p. ex. : les CE sont le principal
facteur prédictif du nombre de visites chez le psychiatre, suivies
par la formation et le sexe). Les CE apparaissent le plus souvent
dans le tableau (13 fois), suivies par l’âge (9 fois), le sexe et
l’activité physique (7 fois chacun), la formation et le soutien
social (5 fois chacun). Cela signifie que ce sont les compétences
émotionnelles qui sont citées le plus fréquemment comme une
variable prédictive de l’utilisation des soins de santé.
Dans l’étude 2, il a été vérifié si l’utilisation des soins de
santé était définie essentiellement par les compétences
émotionnelles intrapersonnelles (relatives à ses propres
émotions) ou plutôt par les compétences émotionnelles
interpersonnelles (relatives aux émotions des autres). Les
résultats montrent que les compétences émotionnelles
intrapersonnelles (CE intra) présentent la valeur prédictive la
plus élevée en ce qui concerne l’utilisation des soins de santé.
Les CE intrapersonnelles apparaissent le plus souvent à la
première place, soit cinq fois (Tableau 4). Cela signifie que les
CE intrapersonnelles constituent le plus souvent le principal
facteur prédictif de l’utilisation des soins de santé. Ce sont
les compétences intrapersonnelles qui apparaissent le plus
souvent dans le tableau (13 fois), suivies par l’âge (12 fois), la
formation (11 fois), le soutien social (10 fois), le sexe (9 fois),
l’activité physique (sport) et le BMI (8 fois chacun) et les CE
interpersonnelles (7 fois).
De tous les facteurs corrélés avec la santé, les compétences
émotionnelles (surtout intrapersonnelles) et l’âge présentent
les valeurs prédictives les plus élevées.
3.3. Des compétences émotionnelles élevées réduisent l’effet
des facteurs de risque connus sur la santé
La troisième question de l’étude visait à vérifier si les
compétences émotionnelles pouvaient réduire l’impact négatif
de certains facteurs de risque sur la santé. À cet effet, l’utilisation
moyenne des soins de santé a été calculée par sous-groupe.
L’échantillon a chaque fois été subdivisé en deux sous-groupes
: les personnes présentant des compétences émotionnelles
élevées et faibles (supérieures ou inférieures au score moyen
de CE8). Chaque sous-groupe a fait l’objet d’une subdivision
supplémentaire : les personnes présentant un certain risque
pour la santé (p. ex. : personne âgée) par rapport aux personnes
qui ne présentaient pas ce risque (p. ex. : personne jeune). Les
personnes présentant un certain facteur de risque pour la
santé (personnes âgés, BMI élevé, niveau de formation faible,
sédentarité) et des CE faibles ont davantage recours aux soins
de santé que les personnes qui présentent le même facteur
de risque mais des CE élevées. Elles consomment plus de
médicaments, consultent plus souvent le médecin généraliste
ou spécialiste et ont plus de journées d'hospitalisation. Des CE
élevées peuvent donc réduire l’impact négatif d’un facteur de
risque donné. Ainsi, les figures 1 à 6 montrent par exemple que
des CE élevées sont susceptibles de réduire l’effet négatif de
l’âge avancé, d’un BMI élevé, d’un faible niveau de formation
ou de la sédentarité sur l’utilisation des soins de santé.
7
Les variables suivantes ont été prises en compte dans le modèle : compétences émotionnelles (CE), âge, sexe, formation, BMI, soutien social (Sout. soc.),
habitudes alimentaires (alimentation), activité physique, consommation d’alcool et tabagisme (alc. et tabac).
8
Pour l’ensemble des répondants, le score moyen de compétences émotionnelles a été calculé. Les répondants pour lesquels le score se situe au-dessus de
cette moyenne sont versés dans le groupe ‘CE élevées’. Les répondants ayant un score inférieur à la moyenne sont repris dans le groupe ‘CE faibles’.
MC-Informations 258 • décembre 2014
39
40
MC-Informations 258 • décembre 2014
Sexe
CE
Âge
Sout. soc.
Activité physique
Âge
Activité
physique
Sexe
CE
Âge
CE
BMI
Activité
physique
Formation
Sexe
Sout. soc
Utilisation de
médicaments
remboursés
exprimée en
DDD10
Âge
CE
Dépenses en
médicaments
remboursés
Âge
Sexe
BMI
CE
Sout. soc.
Formation
Nombre de
consultations chez
le médecin
(généraliste
et spécialiste)
Âge
Sexe
CE
BMI
Formation
Sout. soc.
Dépenses
en consultations chez
le médecin
(généraliste et
spécialiste)
Formation
Alimentation
Sexe
CE
Dépenses en
consultations chez le
psychiatre
Formation
CE
Nombre de
consultations chez le
psychiatre
Sexe
sique
Activité phy-
Âge
CE
Nombre de
jours
d’hospitalisation (tous
types)
Âge
Activité
physique
CE
Dépenses
hospitalisation (tous
types)
physique
Activité
Alc. et tabac
BMI
CE
Nombre de
jours en hôpital général
Âge
Activité
physique
CE
Dépenses
hôpital
général
Activité
physique
Âge
Sexe
Formation
BMI
CE_intra
Dépenses en
médicaments
remboursés
Âge
Activité physique
Formation
Sexe
CE_intra
Sout. Soc.
CE_inter
Alc. et tabac
BMI
Alimentation
Nombre de
consultations chez
le médecin
(généraliste et
spécialiste)
Formation
Âge
Activité physique
Sout. soc.
Sexe
CE_intra
BMI
CE_inter
Alc. et tabac
Alimentation
Dépenses
en consultations chez
le médecin
(généraliste et
spécialiste)
CE_intra
Formation
Sexe
Sout. Soc.
CE_inter
Âge
BMI
Nombre de
consultations chez le
psychiatre
CE_intra
Formation
Sexe
Sout. soc.
Âge
CE_inter
Dépenses en
consultations chez le
psychiatre
CE_intra
Activité physique
Sout. soc.
Alc. et tabac
BMI
Âge
Formation
Nombre de
jours
d’hospitalisation (tous
types)
Activité physique
Âge
Formation
CE_intra
Sexe
Dépenses
hospitalisation
(tous types)
Activité physique
CE_intra
Sout. Soc.
Âge
Formation
Nombre de
jours en hôpital général
Activité
physique
Âge
Sexe
Formation
CE_intra
Sout. Soc
Dépenses
hôpital général
CE_intra
Âge
Alc. et tabac
BMI
Sout. soc.
CE_inter
Nombre de
jours en hôpital psych.
Alc. et tabac
CE
Nombre de
jours en hôpital psych.
CE_intra
BMI
Dépenses
hôpital psych.
Sout. soc.
Dépenses
hôpital
psych.
10 DDD = Defined Daily Dose = « dose journalière moyenne »
Services de santé non remboursables : consultation du psychologue, centres de santé mentale, hammam, sauna ou station thermale, acuponcteur, ostéopathe, chiropracteur, masseur, aromathérapeute, soigneur,
kinésiologue ou un autre énergiethérapeute.
Âge
BMI
Activité physique
CE_intra
Alimentation
Sout. soc.
Formation
CE_inter
Sexe
Sexe
CE_intra
Sout. soc.
Formation
CE_inter
Alimentation
Âge
9
Utilisation de
médicaments
remboursés
exprimée en
DDD10
Fréquence
d’utilisation
des médicaments non
remboursés 9
Tableau 4 : Résultats des régressions pas à pas afin de déterminer les facteurs prédictifs significatifs (classés par ordre d’importance) de chaque type
d'utilisation des soins de santé lorsque tous les facteurs prédictifs sont repris dans le modèle (étude 2)
Fréquence
d’utilisation
des médicaments non
remboursés
Fréquence
d’utilisation
des services
de santé non
remboursés 9
Tableau 3 : Résultats des régressions pas à pas (stepwise) afin de déterminer les facteurs prédictifs significatifs (classés par ordre d’importance) de
chaque type d'utilisation des soins de santé lorsque tous les facteurs prédictifs sont repris dans le modèle (étude 1)
Figure 1 : L’interaction entre l’âge et les CE en ce qui concerne les médicaments remboursés
Volume de médicaments remboursés en DDD (en base annuelle)
900
Âge élevé
800
776
Âge jeune
700
600
594
500
400
353
300
272
200
100
0
CE faibles
CE élevées
Figure 2 : L’interaction entre le BMI et les CE en ce qui concerne les médicaments remboursés
800
700
BMI élevé
720
Volume de médicaments remboursés en DDD
(en base annuelle)
BMI faible
600
561
500
400
403
311
300
200
100
0
CE faibles
CE élevées
MC-Informations 258 • décembre 2014
41
Figure 3 : L’interaction entre le BMI et les CE en ce qui concerne les contacts avec un médecin
(généraliste et spécialiste)
Volume de contacts chez un médecin (en base annuelle)
10
9
BMI élevé
9,2
BMI faible
8
7,9
7,7
7
6,9
6
5
4
3
2
1
0
CE faibles
CE élevées
La Figure 1 montre que les personnes âgées11 consomment
plus de médicaments que les personnes plus jeunes. La
consommation des médicaments est également influencée
par les CE : plus les CE sont élevées, plus la consommation
de médicaments est faible. Des CE élevées réduisent la
consommation accrue de médicaments chez les personnes
âgées. Sur une base annuelle12, une personne âgée présentant
des CE faibles consomme 182 unités de médicaments
remboursés en plus qu’une personne âgée présentant des CE
élevées. Chez les jeunes adultes, la différence de consommation
entre les personnes à CE élevées et faibles s’élève à 81 unités
sur une base annuelle.
La Figure 2 montre que les personnes présentant un BMI13 élevé
consomment plus de médicaments que les personnes présentant
un BMI faible. Mais les CE jouent également un rôle majeur : plus
des CE sont élevées, plus la consommation de médicaments est
faible. Des CE élevées réduisent la consommation accrue de
médicaments chez les personnes présentant un BMI élevé. Sur
une base annuelle, une personne présentant un BMI élevé et
des CE faibles consommera 159 unités de médicaments en plus
qu’une personne présentant également un BMI élevé mais des
CE élevées. Pour les personnes présentant un BMI faible, la
différence de consommation entre les personnes à CE élevées
et faibles s’élève à 92 unités (sur une base annuelle).
La Figure 3 montre que les personnes présentant un BMI élevé
ont plus de contacts (consultations et/ou visites) avec un
médecin que les personnes présentant un BMI faible. Mais les
CE jouent également un rôle majeur : plus les CE sont élevées,
plus le nombre de contacts est faible. Des CE élevées réduisent
la fréquence de contacts pour les personnes présentant un
BMI élevé. Sur une base annuelle, une personne présentant
un BMI élevé et des CE faibles a 1,3 contacts de plus (soit 15
contacts de plus sur une période de 12 ans) avec un médecin
qu’une personne présentant également un BMI élevé mais des
CE élevées. Pour les personnes présentant un BMI faible, la
différence entre les personnes à CE élevées et faibles s’élève à
0,8 contact (en base annuelle).
11 La moyenne d’âge de tous les répondants est de 56 ans. Les personnes qui sont plus âgées que cette moyenne forment le groupe ‘âge élevé’ et les
personnes plus jeunes que cette moyenne sont reprises dans le groupe ‘âge jeune’.
12 On considère l’ensemble de la consommation cumulée sur la période 2001 à 2012. Mais nous l’exprimons en base annuelle, en divisant ce volume par 12.
13 Le score BMI moyen pour l’ensemble des répondants est de 26. Les personnes qui ont un BMI supérieur à cette moyenne forment le groupe ‘BMI élevé’, les
personnes ayant un BMI inférieur à cette même moyenne forment le groupe ‘BMI faible’. Vu qu’un score BMI supérieur à 25 est une indication de surpoids,
on peut considérer le groupe ‘BMI élevé’ comme étant celui des personnes en surpoids, le groupe ‘BMI faible’ étant alors celui des personnes qui ne sont
pas en surpoids.
42
MC-Informations 258 • décembre 2014
Figure 4 : L’interaction entre le niveau de formation et les CE en ce qui concerne les contacts chez un
médecin (généraliste et spécialiste)
Volume de contacts chez un médecin (en base annuelle)
10
9
9,2
8,1
8
7
7,4
6,9
6
5
4
3
2
formation faible
1
formation élevée
0
CE faibles
CE élevées
Figure 5 : L'interaction entre le niveau de formation et les CE sur le nombre de journées d’hospitalisation
(hôpital général)
1,4
1,26
formation faible
Nombre de journées dans les hôpitaux généraux
(en base annuelle)
1,2
formation élevée
1,0
0,8
0,84
0,65
0,62
0,6
0,4
0,2
0,0
CE faibles
CE élevées
MC-Informations 258 • décembre 2014
43
Figure 6 : L'interaction entre l’activité physique et les CE en ce qui concerne le nombre de journées
d’hospitalisation (hôpital général et psychiatrique)
3,5
Nombre de journées dans les hôpitaux généraux
et psychiatriques (en base annuelle)
3,0
peu d'activité physique
2,98
beaucoup d'activité physique
2,5
2,0
1,5
1,0
1,16
1,08
0,98
0,5
0,0
CE faibles
CE élevées
La Figure 4 montre que les personnes présentant un niveau de
formation faible ont plus de contacts avec un médecin que les
personnes présentant un niveau de formation élevé14. Mais les
CE jouent également un rôle majeur : plus les CE sont élevées,
plus le nombre de contacts est faible. Des CE élevées réduisent
la fréquence de contacts pour les personnes présentant un
niveau de formation faible. Sur une base annuelle, une personne
présentant un niveau de formation faible et des CE faibles
ont 1,2 contacts de plus avec un médecin qu’une personne
présentant également un faible niveau de formation mais des
CE élevées (soit 14 fois de plus sur une période de 12 ans).
Pour les personne présentant un haut niveau de formation, la
différence entre les personnes à CE élevées et faibles s’élève à
0,5 contact (en base annuelle).
La Figure 5 montre, en base annuelle, qu’une personne
ayant un faible niveau de formation et une compétence
émotionnelle faible passe 0,6 jour de plus à l’hôpital par rapport
à une personne ayant un faible niveau de formation mais une
compétence émotionnelle élevée (soit 7 jours de plus, sur une
période de 12 années). Pour les personnes qui ont un niveau
élevé de formation, cette même différence est réduite à 0,2 jour
entre ceux qui ont une compétence émotionnelle faible et ceux
qui ont une compétence émotionnelle élevée. On voit également
l’effet compensatoire de la compétence émotionnelle visà-vis d’un faible niveau de formation : avec une compétence
émotionnelle élevée, le nombre de jours passés à l’hôpital est
quasi identique, que le niveau de formation soit faible ou élevé.
Cet effet de compensation se retrouve également vis-à-vis
de l’indice d’activité physique. La Figure 6 montre que les
personnes ayant peu d’activité physique15 présentant des
CE faibles séjournent 1,8 jours en plus à l’hôpital (sur une
base annuelle) que ces mêmes personnes sédentaires mais
présentant des CE élevées (soit 22 jours en plus sur une période
de 12 ans). Pour les personnes physiquement très actives, la
différence entre les personnes à CE élevées et faibles ne
s’élève qu’à 0,1 jour (soit 1,2 jours sur une période de 12 ans).
Pour les personnes présentant des compétences émotionnelles
élevées, la différence entre les personnes avec une activité
physique faible et élevée ne s’élève qu’à 0,19 jour sur une base
annuelle (soit 2,2 jours sur une période de 12 ans).
14 Les personnes faisant partie du groupe ‘formation faible’ ont un diplôme de l’enseignement secondaire (inférieur ou supérieur) ou primaire. Les personnes
afférentes au groupe ‘formation élevée’ ont un diplôme de l’enseignement supérieur (type court, type long), ou un diplôme universitaire.
15 Dans le questionnaire, trois questions évaluent dans quelle mesure les répondants pratiquent des activités physiques et sportives. Le groupe ‘peu d’activité
physique’ rassemble les répondants qui ont sélectionné les items ‘presque jamais’ à ‘parfois’ aux questions portant sur la pratique d’activités physiques et
sportives. Les personnes faisant partie du groupe ‘beaucoup d’activité physique’ sont celles qui pratiquent ‘parfois’ à ‘presque toujours’ ces activités sportives
et physiques.
44
MC-Informations 258 • décembre 2014
4. Offre de la MC en matière de compétences
émotionnelles
Un programme destiné spécifiquement à améliorer la compétence émotionnelle n’existe pas encore actuellement. Suite
aux résultats de l’étude, présentés ci-dessus, il s’agit d’y
travailler dans le futur. Malgré cette lacune, l’offre actuelle de la
MC couvre partiellement cette problématique. Dans différents
programmes et cours, il y a déjà des éléments qui vont dans
cette direction.
Certaines études16 ont montré que les compétences émotionnelles pouvaient s’acquérir et s’améliorer. Il s’agit donc d’un
facteur sur lequel on peut agir en vue d’influencer la santé. Depuis déjà quelques années, l’action préventive de la MC s’articule autour de trois thèmes : l’alimentation, l’activité physique
et le bien-être/la santé mentale17. L’étude conjointe de la MC,
de l’UCL et de la KU Leuven confirme qu’elle est donc sur la
bonne voie. L’étude montre clairement que la santé est influencée par différents facteurs et que l’action préventive doit donc
également s’organiser à plusieurs niveaux. Si nous voulons
améliorer notre santé, il est important d’agir sur le plus grand
nombre possible de domaines. Les nouvelles connaissances en
matière de compétences émotionnelles ne remplaceront pas
les recommandations précédentes en matière d’alimentation
saine et d’activité physique suffisante. Au contraire, il s’agit
d’un facteur complémentaire à prendre en compte à l’avenir,
en plus des facteurs déjà connus. La preuve scientifique de
l’influence des compétences émotionnelles également sur la
santé confirme et conforte la MC dans son offre préventive en
matière de bien-être et de santé mentale.
Ci-dessous, vous trouverez un aperçu de l’offre spécifique de
la MC en matière de compétences émotionnelles ou de santé
psychique au sens large.
4.1. Offre du côté néerlandophone
Promouvoir les compétences émotionnelles et la pensée
positive
Le 'plan du bonheur' (Figure 7)
Pluk je geluk (Cueillez votre bonheur)
Tel est précisément l’objectif visé par la campagne de prévention
de la MC « Pluk je geluk ». On entend ainsi encourager la Flandre
à promouvoir activement la résistance mentale. Améliorer sa
Figure 7: Le 'plan du bonheur'
Leef je passie uit
7
5
ln
aa
lem
elf
ut
-o
rk
ige
to
itt
np
e’
Do
Haast je niet
Lach luidop
Relativeer
Ma
ak
je
nie
www.plukjegeluk.be
wo
nn
ni
od
et
Pieker minder
ig
sl
dr
eu
Schrijf je dromen neer
uk
ks
Do
e‘
vo
o
ns
rj
he
ez
Durf fouten maken
Maak je doelen concreet
Pla
Het CM-geluksplan zet je op het spoor
van een gelukkiger leven. Kies elke
dag een halte op één van de zeven
gelukslijnen. Ontdek zo hoe je zelf
werk kan maken van meer geluk.
LEEF GEZOND
EN BEWEEG
6
LEEF HIER
EN NU
4
3
Zeg vaker
‘goedemorgen’
s
2
1
HEB GRIP OP
JE LEVEN
HEB AANDACHT
VOOR JEZELF
DENK
POSITIEF
iet
INVESTEER
IN RELATIES
LEEF NAAR JE
DOELEN
1
an
da
c
ht
Noteer je sterke punten
sm
et
vo
lle
a
Leer of doe
iets nieuws
Do
ea
lle
Bel wie je al lang
wilde bellen
Drink voldoende
3
Doe zomaar
iets leuks
voor iemand
ra
ge
n
Pak problemen aan
Schrap in je agenda
Vervang ‘moeten’ door ‘willen’
Toon familie/vrienden
dat ze speciaal zijn
G
kle enie
ine t v
din an
ge
n
Geef jezelf een compliment
pli
me
n
om
ee
nc
Luister meer, praat minder
Ge
ef
Proef en ruik bewust
Neem tijd voor een ontbijt
t
Adem bewust in en uit
Leer ‘nee’ zeggen
Doe ‘ns iets geks
Slaap extra
Maak tijd
voor jezelf
Doe belangrijke zaken eerst
4
Zet je tv uit en beweeg
6
5
7
7 principes van geluk: © Trimbos-instituut – geluksplan: © CM
2
V.U.: Bert Peirsegaele, Haachtsesteenweg 579 postbus 40, 1031 Brussel – augustus 2010
Du
rf
hu
lp
v
Ze
Wees tevreden met jezelf
te
e
na n ee
ar rs
wa te
t j sta
ew p
En
il
vr gag
ijw ee
illi r j
ge e rs do
we e
rk
Eet fruit
Wat was vandaag oké?
16 Kotsou et al., 2011 ; Nelis et al., 2011
17 L’action préventive de la MC va également s’orienter, à partir de janvier 2015, vers les problèmes liés au sommeil.
MC-Informations 258 • décembre 2014
45
résistance mentale permet en effet de mieux maîtriser des
situations difficiles. « Pluk je geluk » repose sur la psychologie
positive et l’amélioration de la résilience et des compétences
émotionnelles.
Le « CM-geluksplan » (le plan du bonheur de la MC) avec ses
sept lignes scientifiques du bonheur, basé sur les principes
du bonheur de l’institut néerlandais Trimbos, montre la voie à
suivre pour l’ensemble des initiatives. Le plan du bonheur est
conçu comme un plan de métro comportant sept lignes de
bonheur. « La pensée positive » (ruminez moins, relativisez,
quels étaient les points positifs de la journée ?), « Soyez l’acteur
de votre vie » (résolvez vos problèmes, ne vous inquiétez pas
inutilement...), « Soyez attentif à vous » (notez vos points forts...)
sont trois lignes du bonheur qui renforcent les compétences
émotionnelles.
Vlieg erin! pour les 10 –12 ans
Cette formule éducative pour les élèves de 5e et 6e année
primaire vise à renforcer le bien-être des élèves. Veiller au
bien-être à l’école est étroitement associé à la santé mentale
et rentre dans un contexte plus large de prévention. Se sentir
bien à l’école dépend tant des facteurs individuels des élèves
que de l’environnement d’apprentissage. Vlieg erin! offre
des activités d’apprentissage et des conseils concrets pour
améliorer le développement socio-émotionnel des élèves d’une
part et encourager un climat positif en classe d’autre part.
Plus d’informations : www.cm.be/vliegerin
Le ‘coach du bonheur’
Chacun peut également agir sur sa santé mentale en
ligne via le « CM-gelukscoach » (coach du bonheur) sur
www.plukjegeluk.be. Le coach aide les utilisateurs à améliorer
leur santé mentale sur la base des sept lignes du bonheur
par le biais d’exercices, de témoignages, de conseils et
d’informations. À l’heure actuelle, 15.500 personnes sont déjà
inscrites.
Offre de formation régionale
Les Mutualités chrétiennes proposent également des sessions
d’information et des cours intensifs dans toute la Flandre.
Gérer son stress, ses inquiétudes, mindfulness, techniques de
relaxation… en constituent quelques exemples.
Plus d’informations : www.plukjegeluk.be/kalender
Infos santé
Des informations sur la santé mentale sont proposées sur
le site web MC, sur le site Plukjegeluk et dans sa newsletter
électronique mensuelle, et dans des publications telles que
« Doeboek Pluk je geluk » et la brochure « Stress de baas ».
Les ‘chercheurs de bonheur’ pour les 14-16 ans
Avec cette formule éducative destinée au 2e degré de
l’enseignement secondaire, la MC mise pleinement sur la
santé mentale des jeunes. « De gelukzoekers » (chercheurs
de bonheur) se base sur le plan du bonheur et encourage
les écoles à développer une politique en matière de santé
mentale. Par le biais d’un jeu informatif et d’une série de leçons
correspondantes, les enseignants reçoivent les méthodologies
et les conseils nécessaires pour apprendre aux jeunes
comment améliorer leur résistance mentale. En effet, une
meilleure santé mentale et des compétences émotionnelles
plus élevées peuvent les aider à mieux appréhender la vie et
leur santé, aujourd’hui comme demain.
Plus d’informations : www.cm.be/degelukzoekers
4.2. Offre du côté francophone
Infor Santé, le service promotion de la santé de la MC, a
investi la thématique de la santé mentale avec comme premier
axe de travail le stress. Les enquêtes de terrain auprès des
professionnels du réseau interne et externe de la MC ont
permis de dégager des pistes concrètes de travail.
La première d'entre elles est relative à l’accès à l’information
sur la santé mentale, par la réalisation de deux brochures
d’information et de sensibilisation : sur le stress (« Balancez
votre stress ! ») et sur les différents types de thérapeutes et de
thérapies (« Et psy j’allais consulter ? Des conseils pour bien
choisir »). Plus d'informations : www.mc.be/inforsante
Parallèlement, les mutualités régionales ont organisé des
initiatives de terrain pour renforcer l’action locale. En voici
quelques exemples :
• ateliers d’initiation à différentes techniques corporelles
(yoga, taïchi, sophrologie, auto-massage, méditation…) ;
• modules d’ateliers sur l’estime de soi, la gestion du stress… ;
• cycles de conférence sur le stress, les émotions, le lâcherprise, le bonheur, le sommeil… ;
• (…).
46
MC-Informations 258 • décembre 2014
La seconde piste de travail consiste à favoriser le développement
des ressources individuelles en termes de connaissance de
soi, de ses besoins et de ses émotions ; l’objectif global étant
de rendre les gens acteurs de leur bien-être.
préventive. Au sein de la MC, l’alimentation, l’activité physique
et la santé mentale constituent depuis déjà plusieurs années
un volet de l’action préventive. La présente étude confirme qu’il
s’agit de la bonne voie.
Certaines régions ont d’ailleurs organisé des modules d’ateliers
en plusieurs séances autour des compétences émotionnelles.
Ces ateliers consistaient, entre autres, à comprendre le
processus émotionnel (Comment ça marche ? A quoi ça sert ?), à
identifier les sensations liées aux émotions, à expérimenter des
techniques pour apprendre à mieux vivre avec ses émotions…
La connaissance des facteurs qui influencent notre santé
s’est encore améliorée. Elle permet dès lors de développer de
nouvelles actions préventives étayées scientifiquement. Les
MC poursuivront leurs efforts en vue de participer aux études
qui permettent de développer davantage la prévention.
Infor Santé travaille actuellement à l’élaboration d’une campagne de prévention autour du bien-être, dont la sortie
est prévue en 2015. Un portail web (www.jepenseamoi.be)
reprenant des articles de fond, un agenda des activités
autour du bien-être, la mise en évidence de services d’aide
variés… accompagnera cette campagne. Des conférences
seront également organisées dans l’ensemble des mutualités
régionales.
Bibliographie
Brasseur S, Grégoire J, Bourdu R & Mikolajczak M. 2013. The
Profile of Emotional Competence (PEC): Development and
Validation of a Self-Reported Measure that Fits Dimensions
of Emotional Competence Theory. PLoS ONE 8(5), e62635. doi:
10.1371/journal.pone.0062635
Kotsou, L., Nelis, D., Gregoire, J., & Mikolajczak, M. (2011).
Emotional plasticity: conditions and effects of improving
emotional competence in adulthood. Journal of Applied
Psychology, 96(4), 827-839.
5.Conclusions
Ces dernières années, de multiples études ont permis
d’améliorer les connaissances concernant les facteurs qui
influencent notre santé. Plus ces connaissances seront
étendues, plus les actions préventives entreprises pourront
être nombreuses et ciblées. Certains éléments dans la
littérature indiquent que les compétences émotionnelles
influencent également notre santé. La MC, l’UCL et la KU
Leuven ont contribué à une recherche scientifique commune
afin d’examiner cette corrélation à la lumière d’indicateurs
objectifs de santé. Cette étude est une primeur, vu que cette
relation n’avait jamais été étudiée auparavant !
Les résultats de l’étude montrent que les compétences
émotionnelles exercent une influence sur notre santé.
Les compétences émotionnelles sont non seulement
significativement corrélées à l’utilisation des soins de santé,
mais elles constituent même le principal indicateur prédictif
des soins de santé (avec l’âge). Par ailleurs, les CE peuvent
réduire les effets négatifs des facteurs de risque pour la santé
(tels que l’âge, un BMI élevé, un faible niveau de formation,
une faible activité physique). L’étude montre que la santé est
influencée par différents facteurs et que la prévention doit
également cibler différents domaines.
Mikolajczak M, Quoidbach J, Kotsou I & Nelis D. 2009. Les
compétences émotionnelles. Paris : Dunod
Mikolajczak M, Desseiller M. 2013. Vivre mieux avec ses
émotions. Paris : Odile Jacob.
Nelis, D., Kotsou, I., Quoidbach, J., Hansenne, M., Weytens,
F., Dupuis, P., et al. (2011). Increasing Emotional Competence
Improves Psychological and Physical Well-Being, Social
Relationships, and Employability. Emotion, 11(2), 354-366.
Petrides KV, Furnham A. 2003. Trait emotional intelligence:
behavioural validation in two studies of emotion recognition and
reactivity to mood induction. European Journal of Personality :
17, 39-57.
Petrides KV, Sangareau Y, Furnham A & Frederickson N. 2006.
Trait Emotional Intelligence
and Children’s Peer Relations at School. Social Development :
15, 537-547
L’étude commune de la MC, de l’UCL et de la KU Leuven identifie
les compétences émotionnelles comme un nouveau facteur
influençant la santé. La bonne nouvelle, c’est que les recherches
ont déjà montré que les compétences émotionnelles pouvaient
s’acquérir et s’améliorer. Les compétences émotionnelles sont
donc un facteur à prendre en compte dans le cadre de l’action
MC-Informations 258 • décembre 2014
47
Bilan des connaissances des
Belges en matière de santé
Sigrid Vancorenland, Hervé Avalosse, Rebekka Verniest, Michiel Callens, Recherche et Développement
Stephan Van den Broucke, Audrey Renwart, Université Catholique de Louvain (UCL)
Griet Rummens (Promotion de la santé), France Gerard (Infor Santé)
Synthèse
Trouvez-vous les informations sur la santé dont vous avez besoin ? Les comprenez-vous et pouvez-vous
les mettre en pratique ? Telles étaient les questions de l’enquête réalisée auprès de 10.000 membres des
Mutualités chrétiennes afin de mesurer leurs compétences en matière de santé (en anglais : « health literacy »).
Il ressort des résultats que six Belges sur dix ont une connaissance suffisante des matières touchant la
santé, mais qu’elle est limitée pour trois Belges sur dix, voire même insuffisante pour un sur dix. Au total,
quatre Belges sur dix en savent trop peu en matière de santé pour mener une vie saine. La Belgique affiche
donc un résultat comparable à celui de la plupart des pays européens (European Health Literacy Survey
2011), mais elle est loin derrière la performance des Pays-Bas, par exemple.
Plus le niveau d’éducation est faible, moins bonnes sont les connaissances en matière de santé. Parmi les
personnes uniquement diplômées de l’enseignement primaire, 34 % ont des connaissances limitées et 19 %
ont des connaissances insuffisantes en matière de santé. Plus de la moitié des personnes peu scolarisées
éprouvent donc des difficultés à effectuer les bons choix et à faire les démarches appropriées en cas de
maladie. À titre de comparaison, parmi les personnes diplômées de l’enseignement supérieur, seules 22 %
disposent de connaissances limitées et 4 % ont des connaissances en matière de santé jugées insuffisantes.
Les chercheurs ont également voulu savoir si de bonnes connaissances en matière de santé pouvaient
compenser l’effet défavorable d’un faible niveau d’études et aider à faire les bons choix concernant un
certain nombre d’habitudes de vie saines. Ils ont constaté un effet de la « health literacy » sur l’alimentation,
l’activité physique et la consommation de médicaments, ce qui démontre l'utilité de l'éducation et d'une
information claire en matière de santé.
Les données de cette étude confirment ce qui ressort d’enquêtes antérieures réalisées à l’échelle
européenne : le manque de connaissances en matière de santé ne concerne pas une petite minorité, mais
touche une grande partie de la population. Investir dans la promotion des connaissances de santé et améliorer
l’accessibilité aux informations pour ceux qui en ont le plus besoin doit faire partie des priorités.
La MC poursuivra ses initiatives afin de promouvoir la santé, l’autogestion et le coaching. En tant que mutualité,
elle met tout en œuvre pour améliorer les connaissances de santé de ses membres et les encourager à mener
un mode de vie sain. Pour de nombreux thèmes tels que l’alimentation, l’activité physique, les problèmes de
santé, la santé mentale, la MC propose des informations accessibles et objectives tout en accompagnant si
possible les personnes individuellement.
Mots-clés : connaissances en matière de santé, health literacy , niveau de scolarisation, infos santé, comportement en matière de santé
48
MC-Informations 258 • décembre 2014
1.Introduction
Chaque individu est confronté, à un moment donné, à des questions et des décisions en matière de santé. Vais-je faire vacciner
mon enfant ? À quel médecin vais-je m’adresser ? Comment puis-je manger plus sainement ? Quel traitement est-il préférable
de suivre ? De plus en plus de patients prennent part activement aux décisions liées à leur santé et deviennent des « patients
éclairés ». Pour assumer ce rôle actif, différentes compétences sont nécessaires. Ces compétences sont l’essence même du
concept « health literacy » ou connaissances en matière de santé. Ce concept est défini comme « la connaissance, la motivation
et les compétences des individus à accéder, comprendre, évaluer et utiliser l’information de santé en vue de porter des jugements
et prendre des décisions dans la vie de tous les jours en ce qui concerne la santé, la prévention des maladies et la promotion de la
santé, de manière à maintenir ou améliorer la qualité de vie. » (SØRENSEN K. et al., 2012).
Le concept présente 4 dimensions :
Dimensions de la « health literacy »
Accéder
Capacité de rechercher des informations en matière de santé
Comprendre
Capacité de comprendre les informations disponibles en matière de santé
Évaluer
Capacité d’interpréter, de filtrer, de juger et d’évaluer les informations disponibles
Appliquer
Capacité d’utiliser ces informations afin de prendre une décision en matière de soins de santé, de prévention des
maladies, de promotion de la santé de manière à maintenir ou améliorer la santé.
Source : SØRENSEN K et al, 2012
Ce concept s’applique à différents domaines d’information.
Domaines
d’information de la
« health literacy »
Type d’informations
Exemples de compétences
Soins de santé et
gestion de la maladie
Formulaires concernant les antécédents
médicaux, notices explicatives, brochures
informatives.
Reconnaître les symptômes, Suivre les prescriptions,
les notices, calculer le dosage de médicament prescrit
Fonctionnement
dans le système de
soins
Informations concernant le système de soins
Formulaires d’assurance, descriptions des droits
et des responsabilités
Choix d’un médecin ou d’un spécialiste, prendre un
rendez-vous, poser des questions aux prestataires de
soins, compléter des formulaires pour la mutualité,
souscrire une assurance complémentaire (p. ex. une
assurance hospitalisation)
Prévention des
maladies et protection de la santé
Informations concernant les risques pour la
santé
Actualité (TV, radio, journaux), avis concernant
le dépistage et la santé, lettres concernant
les résultats de tests, chiffres et graphiques,
avertissements en matière de sécurité
Évaluer son propre risque, choisir de participer
à un dépistage, des tests diagnostiques ou des
vaccinations, choisir entre des produits, utilisation de
produits.
Promotion de la
santé
Informations sur les déterminants de la santé
Articles dans les journaux et revues, fascicules,
brochures, Internet, étiquettes sur les denrées
alimentaires et produits
Acheter et préparer des aliments sains, prévoir une
activité physique suffisante, suivre un programme
anti-tabac, prendre des mesures de protection contre
les accidents
Source : SØRENSEN K et al, 2012
MC-Informations 258 • décembre 2014
49
Pour une personne qui veut manger plus sainement, il est
important de savoir, par exemple, où trouver des informations
sur l’alimentation saine, comme sur le site des MC, dans un
article de journal ou d’une revue, un livre sur l’alimentation
saine, ou les conseils du médecin généraliste.
économique défavorisée et l’appartenance à une minorité
ethnique. Par ailleurs, on note également une forte association
à l’âge et au sexe. À cet égard, les compétences en matière
de santé peuvent être considérées comme un facteur qui
contribue aux inégalités en matière de santé.
Lorsqu’elle a trouvé des informations sur l’alimentation saine,
la personne doit ensuite être en mesure de les comprendre.
Comprend-elle ce qui est écrit sur un site Web, dans un article
ou dans un livre sur l’alimentation saine ? Comprend-elle les
conseils d’un médecin ?
Une étude européenne, l’European Health Literacy Survey
(HLS-EU), s’est penchée sur la question en 2011. Cette étude
a mesuré le niveau de health literacy dans 8 pays européens
(l’Autriche, la Bulgarie, l’Allemagne, la Grèce, l’Irlande, les
Pays-Bas, la Pologne et l’Espagne). Les résultats ont montré
qu’environ 12 % des répondants disposaient de compétences
insuffisantes en matière de santé et que 35 % présentaient des
compétences limitées. Seuls 53 % disposaient d’un niveau de
health literacy suffisant.
Elle doit ensuite être capable d’interpréter ces informations et
d’en évaluer la valeur. Les informations sur l’alimentation saine
peuvent en effet être contradictoires. Une étude démontrera
par exemple que boire du vin peut être bon pour la santé, tandis
qu’une autre affirmera précisément le contraire. Ce que dit
un grand-parent peut diverger des conclusions d’une étude
récente. Il faut donc être en mesure d’identifier les sources
fiables et les études dignes de confiance.
Enfin, lorsque les informations ont été évaluées, la personne
doit également être capable de les mettre en pratique. Parvientelle à mettre les conseils sur l’alimentation saine en pratique
dans sa vie quotidienne afin de créer de saines habitudes
alimentaires, et par exemple, manger chaque jour des fruits et
des légumes, limiter l’apport en graisses et prendre un petitdéjeuner ?
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) reconnaît la « health
literacy » comme un facteur déterminant important de la santé
(OMS, 2008). En effet, développer de bonnes compétences en
matière de santé présente des avantages non négligeables :
ces compétences conduisent à des choix plus éclairés, à une
plus grande confiance en ses propres choix, à des attitudes
plus positives en matière de santé et des habitudes de vie
plus saines, à une prévention accrue, à une meilleure santé et
à une baisse des coûts des soins de santé. Par conséquent,
l’amélioration des compétences en matière de santé profite
à la santé publique. Inversement, de faibles compétences en
matière de santé sont associées à une grande variété d’effets
néfastes, comme des habitudes de vie malsaines (tabagisme,
consommation d’alcool, mode de vie sédentaire), une mauvaise
santé perçue, une utilisation accrue des soins de santé, moins
de recours aux services préventifs, des frais d’hospitalisation
plus élevés, des coûts plus élevés pour les maladies chroniques
et une hausse de la mortalité.
Différents facteurs expliquent une faible health literacy,
notamment un faible niveau d’éducation, une situation socio-
50
2.Méthode
Jusqu’il y a peu la Belgique ne disposait encore d’aucune
information sur les compétences en matière de santé. Pour
remédier à cette lacune, l’étude réalisée conjointement par les
MC, l’UCL et la KUL sur les compétences émotionnelles (voir
article dans ce numéro de MC-Info) a repris des questions liées
aux compétences en matière de santé.
L’étude avait pour but :
• de dresser un bilan du niveau de compétences en matière de
santé de la population belge.
• de vérifier si ces compétences jouent un rôle médiateur dans
la relation entre le niveau de formation et le comportement de
santé.
Le questionnaire en ligne de l’étude de la compétence
émotionnelle reprenait 16 questions destinées à mesurer la
health literacy . À cet effet, nous avons utilisé la version courte
du questionnaire qui a servi à l’étude européenne HLS-EU1. Le
questionnaire sondait également le niveau de formation et les
différents comportements liés à la santé, comme le tabagisme,
la consommation d’alcool, l’alimentation saine, l’activité
physique, la consommation de médicaments non-remboursés
et des traitements alternatifs.
Le questionnaire en ligne a été envoyé à 200.000 membres
adultes des MC. 16.999 personnes ont répondu à l’ensemble
du questionnaire et ont donné leur consentement pour coupler
les résultats du questionnaire aux informations extraites des
bases de données des MC, comme l’utilisation de soins de
santé remboursés. L’échantillon final se composait de 9.616
personnes, toutes membres des MC durant la période 200120122.
1
Un score de 1 ou 0 a été attribué à la réponse aux différentes questions. Un score de 1 a été attribué aux catégories de réponses « très facile » et « assez facile »,
et un score de 0 aux catégories « très difficile » et « assez difficile ». Le score final représentait la somme des 16 questions, à savoir un score de 0 à 16. Sur la
base de ce score total, 3 groupes de « health literacy » ont été constitués : « insuffisant » pour un score de 0 à 8, « limité » pour un score de 9 à 12 et « suffisant »
pour un score de 12 et plus.
2
Sur les 16.999 répondants, 9.616 ont été retenus, car il était important (pour l’étude sur les compétences émotionnelles) que tous les répondants soient
membres des MC durant la période étudiée.
MC-Informations 258 • décembre 2014
3.Résultats
Le sexe et l’âge influent également sur les compétences en
matière de santé. Le pourcentage de literacy suffisante est
nettement plus élevé chez les femmes (60,9 %) que chez les
hommes (56,2 %). Le pourcentage de health literacy suffisante
dans les groupes d’âge de 25 à 74 ans oscille autour de 60 %
(de 57 à 61 %). Ce pourcentage est nettement inférieur pour le
groupe d’âge le plus jeune (18-24 ans) avec 45,5 % et le groupe
d’âge le plus élevé (75 +) avec 49,2 %.
3.1. Quatre Belges sur dix en savent trop peu en matière de
santé
Six Belges sur dix (58,7 %) disposent d’un niveau de compétence
suffisant en matière de santé. La health literacy est limitée pour
trois Belges sur dix (29,7 %) et elle est même insuffisante pour
un sur dix (11,6 %). Au total, quatre Belges sur dix en savent trop
peu en matière de santé pour mener une vie saine. La Belgique
affiche ainsi des scores comparables à ceux de la majorité des
autres pays européens, mais se trouve loin en-dessous de la
performance des Pays-Bas, par exemple.
Les différences de health literacy sont les plus marquées
suivant le niveau de formation (figure 2). Le pourcentage
de health literacy suffisante est de 46 % chez les personnes
diplômées de l’enseignement primaire, contre 75 % chez les
personnes qui ont une formation post-universitaire. Chaque
niveau de formation supérieur correspond à une hausse de la
health literacy.
Les compétences en matière de santé diffèrent considérablement en fonction des régions (voir figure 1). La Flandre a le plus
haut pourcentage de health literacy suffisante (61,9 %), suivie
de Bruxelles (52,5 %) et de la Wallonie (48,7 %).
Figure 1 : Niveau de health literacy en fonction des régions
16%
Wallonie
35%
49%
12%
Bruxelles
35%
53%
insuffisant
limité
suffisant
10%
Flandre
28%
62%
12%
Belgique
30%
59%
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
MC-Informations 258 • décembre 2014
60,00%
70,00%
51
Figure 2 : Niveau de health literacy en fonction du niveau d’études
enseignement post-universitaire
enseignement supérieur de type long
enseignement supérieur
4%
22%
8%
27%
9%
19%
enseignement primaire
64%
32%
17%
enseignement secondaire inférieur
65%
27%
13%
enseignement secondaire supérieur
75%
55%
32%
34%
insuffisant
limité
suffisant
52%
46%
0,00% 10,00% 20,00% 30,00% 40,00% 50,00% 60,00% 70,00% 80,00%
3.2. La health literacy atténue l’effet négatif du niveau
d’études sur le comportement en matière de santé
La littérature décrit à maintes reprises la corrélation entre
un faible niveau d’études et un mode de vie malsain, comme
de mauvaises habitudes alimentaires ou le tabagisme. Mais
comme mentionné ci-dessus, la health literacy exerce un effet
positif sur la santé. La question se pose dès lors de savoir si
une literacy suffisante peut atténuer l’effet négatif du niveau
d’études sur le comportement en matière de santé. Pour
répondre à cette question, des « analyses de médiation » ont
été effectuées. Une analyse de médiation se compose d’une
série d’analyses de régression successives, qui vérifient si une
variable exerce un impact sur une autre variable (par exemple :
le niveau d’études influence-t-il le comportement alimentaire ?)
Des analyses de régression ont été effectuées entre :
• le niveau d’études et un comportement de santé
• le niveau d’études et la health literacy
• la health literacy et un comportement de santé
• le niveau d’études, la health literacy et un comportement de
santé
Si on constate un impact du niveau d’études sur le comportement de santé (p. ex. : alimentation saine) ainsi qu’un impact
du niveau d’études sur la health literacy et de la health literacy
sur le comportement de santé (p. ex. : alimentation), les 3
52
conditions sont remplies pour effectuer une méta-analyse
permettant de comparer les relations entre elles. Si l’effet des
études sur le comportement de santé diminue par l’intervention
de l’effet de la health literacy sur le comportement de santé, il
est question de médiation partielle de la relation entre le niveau
d’études et le comportement de santé par la health literacy. Si
l’effet des études sur le comportement de santé disparaît, il y a
une médiation complète.
L’étude a fait apparaître un impact significatif du niveau d’études
sur le tabagisme, une alimentation saine, l’activité physique,
les traitements alternatifs et la consommation de médicaments
(analgésiques et somnifères). Aucune influence du niveau
d’études n’a été constatée sur la consommation d’alcool. Pour
cette variable, cela n’avait donc aucun sens d’analyser l’effet
médiateur de la health literacy.
En ce qui concerne l’alimentation saine, l’activité physique
et la consommation de médicaments, un effet médiateur
considérable de la health literacy a été constaté. Autrement dit,
une bonne health literacy peut atténuer l’effet négatif d’un faible
niveau d’études en matière d’alimentation saine, d’activité
MC-Informations 258 • décembre 2014
physique et de consommation des médicaments. L’utilité d’une
bonne éducation et d'informations claires en matière de santé
est ainsi démontrée. Les MC occupent une place importante
dans ce domaine.
4. Promotion de la santé MC
La présente étude sur la health literacy confirme l’importance
du travail effectué par les MC dans le domaine de la
promotion de la santé : proposer aux gens des informations
compréhensibles en matière de santé et les accompagner vers
un mode de vie sain. Mais les résultats montrent également que
nous n’y parvenons pas toujours. En effet, quatre Belges sur dix
présentent toujours des compétences insuffisantes en matière
de santé pour pouvoir effectuer les bons choix. Il reste donc
encore des efforts à faire pour continuer d’améliorer notre
travail.
Les MC proposent des informations accessibles et objectives
sur un grand nombre de thèmes comme l’alimentation,
l’activité physique, les problèmes de santé et la santé mentale
et accompagnent même individuellement les personnes si
nécessaire.
Vous trouverez ci-après un bref résumé de l’offre actuelle.
4.1. Du côté néerlandophone
Généralités
Informations sur la santé (programme anti-tabac, hygiène,
prévention des chutes, sommeil, prévention du cancer de
la peau…), douleurs et maladies (diabète, médicaments,
vaccination) et autogestion via :
• site Web des MC : rubriques « Gezond leven »3 et « Klachten
en ziekten »4
• magazines pour les membres5 (Visie, En Marche), notamment
la rubrique « De Huisdokter »
• e-newsletters – CM-zine
• brochures et publications6
• sessions d’information régionales, workshops et cours7
Thèmes spécifiques dans le cadre de la promotion de la santé
Informations, compétences et coaching en matière d’alimentation saine, d’activité physique et de poids sain :
• coaching en ligne sur mesure via le « kilootje minder-coach »
sur www.kilootjeminder.be
• newsletter électronique mensuelle Kilootje minder
• publications comme « Evenwichtig eetplezier » et « Stap je
fit »
Informations, compétences et coaching en matière de santé
mentale :
• coaching en ligne sur mesure via le « Gelukscoach » sur
www.plukjegeluk.be
•autogestion avec des exercices via le « Pluk je gelukdoeboek »
• newsletter électronique mensuelle « Pluk je geluk »
• publications telles que « Depressieve gevoelens », « Stress
de baas »
• sessions d’information régionales, workshops et cours
Informations et compétences en matière de grossesse et de
santé des enfants
• informations et newsletter électronique mensuelle via www.
skoebidoe.be
•publications telle que « Borstvoeding. De beste start »,
«Hoofdluizen. Vervelende kriebelbeestjes », « Lekker en
gezond eten met kinderen » et «Laat je tanden zien ».
• sessions d’information régionales et workshops
Projets scolaires et projets destinés à améliorer les
compétences de santé chez les enfants
•Aan tafel! Concernant l’alimentation saine et l’activité
physique de la 1re à la 4e année primaire.8
• Ben de Bever. Concernant l’hygiène dentaire pour la 3e année
primaire.9
•De Gelukzoekers. Concernant la santé mentale pour le 2e
degré de l’enseignement secondaire.10
• Vlieg erin ! Concernant la santé mentale pour le 3e degré de
l’enseignement primaire.11
3
http://www.cm.be/gezond-leven/
4
http://www.cm.be/ziekte-en-behandeling/klachten-en-ziekten/index.jsp
5
http://issuu.com/cm-ledenbladen
6
http://www.cm.be/diensten-en-voordelen/advies-en-informatie/publicaties/folders-brochures.jsp
7
http://www.cm.be/applicatie/agenda.jsp
8
http://www.cm.be/b2b/scholen/basisonderwijs/aan-tafel/index.jsp
9
http://www.cm.be/b2b/scholen/basisonderwijs/ben-de-bever/index.jsp
10 http://www.cm.be/b2b/scholen/secundair-onderwijs/de-gelukzoekers/index.jsp
11 http://www.cm.be/b2b/scholen/basisonderwijs/vlieg-erin/index.jsp
MC-Informations 258 • décembre 2014
53
4.2. Du côté francophone
• Le site web mc.be regorge d’informations relatives à la
santé, tant dans les rubriques « Maladies et traitements »
(http://www.mc.be/maladies-traitements/), que dans celle
« Votre santé » (http://www.mc.be/votre-sante/), consacrée à
la prévention. Ces informations sont validées par des experts
et régulièrement actualisées.
• Toutes les deux semaines, le journal En Marche fait le
point sur des thématiques santé et fournit une information
complète, critique et neutre sur les sujets abordés. http://
www.enmarche.be/.
• Dans les centres mutualistes de santé (CMS), des sessions
d’information/formation sont régulièrement organisées sur
des thème de santé (diabète, santé mentale…).
• Au sein des agences de la MC, des brochures couvrant
une large variété de thèmes santé (alimentation, activité
physique, stress, allergies…) sont disponibles.
• Enfin, Infor Santé, le service de promotion de la santé
de la MC (www.mc.be/inforsante) met à disposition du
public différentes publications et informations. Le service
est également à disposition de tous les professionnels
de l’éducation et de la promotion de la santé. Il met à
leur disposition des outils d’animation spécifique, de la
documentation et édite à leur attention le mensuel Education
Santé (http://www.educationsante.be). Enfin, il organise
régulièrement des campagnes de sensibilisation du grand
public. La dernière en date s’intéressait à la santé dentaire
des enfants. La prochaine se penchera sur les défis de la
santé mentale.
5.Conclusions
Le niveau de health literacy des Belges a été étudié pour la
première fois. Ce bilan a été obtenu par une enquête réalisée
auprès de quelque 10.000 membres des MC. Les résultats
ont montré que six Belges sur dix disposaient d’un niveau de
compétences suffisant en matière de santé, mais que pour
trois Belges sur dix, la health literacy était limitée, voire même
insuffisante pour un Belge sur dix. Au total, quatre Belges sur
dix en savent trop peu en matière de santé pour mener une
vie saine. Avec ces proportions, la Belgique affiche un score
comparable à celui de la plupart des autres pays européens.
Le niveau d’éducation influence considérablement les
compétences en santé : plus le niveau d’études est élevé,
meilleur sera le niveau de literacy. Parmi les personnes
diplômées de l’enseignement primaire, 46 % disposent de
compétences suffisantes en matière de santé. Ce pourcentage
54
passe à 75 % chez les personnes qui ont suivi une formation
post-universitaire. Le sexe, l’âge et la région jouent également
un rôle.
Le niveau d’études influence non seulement les compétences
en matière de santé, mais également la plupart des
comportements liés à la santé, comme l’alimentation saine,
le tabagisme et l’activité physique. Les résultats de l’étude
montrent que les compétences en matière de santé ont un
effet médiateur entre la formation et le comportement de
santé pour un certain nombre de comportements, notamment
l’alimentation, l’activité physique et la consommation de
médicaments non-remboursés. Elles peuvent donc atténuer
l’effet négatif du niveau de scolarisation sur le comportement
de santé. Ces résultats confirment l’utilité d’informations claires
et de l’éducation en matière de santé.
Les MC s’investissent depuis de nombreuses années dans des
initiatives relatives à la promotion de la santé, l’autogestion
et le coaching et poursuivront ces efforts. La mutualité a pour
mission importante d’améliorer les connaissances de ses
membres en matière de santé et de les inciter à adopter un
mode de vie sain. Toutefois, les résultats de l’étude montrent
également qu’il y a encore moyen d’améliorer et d’innover. Il
reste encore un groupe considérable de personnes dont les
compétences en matière de santé peuvent être améliorées. Il
reste du pain sur la planche.
Bibliografie
SØRENSEN K., VAN DEN BROUCKE S., FULLAM J., DOYLE
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Closing the gap in one generation: health equity through
action on the social determinants of health. Final report of the
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CONSEIL CANADIEN SUR L’APPRENTISSAGE. Littératie en
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sur l’alphabétisation et les compétences des adultes. Ottawa :
Conseil Canadien sur l’apprentissage, 2007.
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FALCON M, MENSING M, TCHAMOV K, VAN DEN BROUCKE S,
BRAND H. Health literacy in Europe: comparative results of the
European health literacy survey (HLS-EU). Eur J Public Health.
in press.
MC-Informations 258 • décembre 2014
55
Table des matières
MC-Informations
Éditorial2
eHealth en Belgique
3
La PAQS, un nouvel acteur11
La Plateforme d’Amélioration continue de la
Qualité des soins et de la Sécurité du patient :
les fondations sont posées.
paraît quatre fois par an (mars, juin,
septembre, décembre) en français et
en néerlandais, et est consultable gratuitement sur : http://www.mc.be/MCInformations.
A cette adresse, vous pouvez vous
inscrire sur un « mail-alert » et serez
ainsi averti lors de la parution d’un
nouveau numéro.
Vieillissement et soins aux
personnes âgées17
État des lieux – 1re partie
Les compétences émotionnelles,
un facteur à prendre en compte 34
Une étude conjointe des MC, de l’UCL et
de la KUL
Bilan des connaissances des Belges
en matière de santé48
Colophon
Editeur responsable
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Rédacteur en chef
Michiel Callens
Secrétariat de rédaction
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