pratiques et réseaux des naturalistes au québec, 1850-1920

Transcription

pratiques et réseaux des naturalistes au québec, 1850-1920
i
MÉLANIE DESMEULES
PRATIQUES ET RÉSEAUX DES NATURALISTES AU
QUÉBEC,
1850-1920
Thèse présentée
à la Faculté des études supérieures de lřUniversité Laval
dans le cadre du programme de doctorat en histoire
pour lřobtention du grade de Philosophiæ Doctor (Ph.D.)
DÉPARTEMENT DřHISTOIRE
FACULTÉ DES LETTRES
UNIVERSITÉ LAVAL
QUÉBEC
2011
© Mélanie Desmeules, 2011
i
RÉSUMÉ
Au cours des années 1850 à 1920, la science acquiert une place grandissante dans la
société québécoise. Le rôle tenu par les naturalistes dans ce changement demeure un sujet
pertinent pour comprendre les prémisses du développement du milieu scientifique au
Québec. La méthode privilégiée pour cette recherche, lřenquête historique, permet
dřapprofondir les conditions favorables à ce développement. Le recours aux archives
personnelles des naturalistes et leurs publications de même que lřexploration de sources
institutionnelles Ŕ les documents de la session Ŕ, rend plus complet ce portrait.
Lřobjectif général de notre recherche est de brosser un tableau de la vie scientifique
au Québec entre 1850 et 1920. Pour ce faire, nous cernons dřabord les pratiques
scientifiques adoptées par les naturalistes. Comme ces derniers
se confinent presque
exclusivement aux sciences naturelles, la très grande majorité des pratiques concernent la
récolte, la conservation et lřidentification de spécimens dřhistoire naturelle. Mais les
pratiques relationnelles, comme la correspondance et la publication, et les pratiques
académiques Ŕ tel le perfectionnement à lřétranger Ŕ prennent une place plus importante
dans le milieu scientifique.
Parce quřils constituent un aspect fondamental de la structure du milieu scientifique,
les réseaux développés et infiltrés par les naturalistes sont un thème incontournable dans
toute étude de ce milieu. Pour que leurs travaux aient une certaine résonance dans le milieu
scientifique, les naturalistes intégrent des réseaux locaux, provinciaux, nationaux et
internationaux. Afin de compenser leur éloignement des centres de production de la science
occidentale, les naturalistes du Québec ont recours à la correspondance et aux échanges, ils
adhèrent à des sociétés savantes et certains participent à des congrès scientifiques
internationaux.
Les naturalistes qui tentent dřintégrer le milieu scientifique doivent se conformer à sa
dynamique particulière. Dans le cas des débats et des controverses scientifiques, ceux qui
ii
ne suivent pas les pratiques en vigueur dans leur discipline en sont exclus dřoffice. Quřils
soient amateurs ou professionnels, on évalue leurs compétences selon lřétendue de leurs
connaissances et de leurs activités.
iii
REMERCIEMENTS
Cette recherche nřaurait pu voir le jour sans lřaide et lřencouragement de plusieurs
personnes dont les plus importantes sont mes deux directeurs de doctorat : Martin Pâquet,
professeur dřhistoire du Québec/Canada à lřUniversité Laval, et Yves Gingras, professeur
dřhistoire et de sociologie des sciences à lřUniversité du Québec à Montréal, titulaire de la
Chaire de recherche du Canada en histoire et sociologie des sciences. Je les remercie
chaleureusement pour leur support, leurs conseils et leur patience.
Cette recherche nřaurait également pas la même ampleur sans les stimulantes
discussions sur lřhistoire des sciences naturelles au Québec avec Jacques Cayouette,
botaniste à Agriculture et Agroalimentaire Canada, qui permirent de débroussailler le
terrain et de constater la place importante des naturalistes dans lřhistoire de la science au
Québec. Je le remercie sincèrement pour sa disponibilité, son aide documentaire et son
enthousiasme pour le sujet.
De nombreux autres naturalistes mřont encouragée à continuer, tout au long de la
recherche, ce voyage dans lřhistoire des sciences au Québec : Michel Savard,
André Francoeur, Robert Loiselle et Benoît Larouche.
Une bonne pensée, enfin, pour mes deux mécènes qui me sortirent parfois de certains
embarras; ils se reconnaîtront.
Cette recherche a bénéficié de lřaide financière du fonds de soutien du Département
dřhistoire de lřUniversité Laval et de bourses de la Chaire de recherche du Canada en
histoire et sociologie des sciences.
iv
TABLE DES MATIÈRES
RÉSUMÉ
i
REMERCIEMENTS
iii
TABLE DES MATIÈRES
iv
LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS
viii
LISTE DES TABLEAUX
x
LISTE DU GRAPHIQUE
xi
LISTE DES ANNEXES
xii
INTRODUCTION
1
Problématique
5
Bilan historiographique
9
De la science et de son histoire
Du scientifique et de la société
10
17
Plan de la thèse
18
CHAPITRE 1 Cadre méthodologique
21
Introduction
22
1.1 Cadre dřanalyse : approches théoriques
22
1.2 Nature et sélection des sources
28
1.2.1 Justification du choix des sources
1.2.1.1 Sources manuscrites
1.2.1.2 Sources imprimées
30
30
32
1.2.2 Traitement des sources
1.2.2.1 Détermination de la population étudiée
1.2.2.2 Collecte des données
1.2.2.3 Traitement ou analyse de contenu
34
34
35
35
v
CHAPITRE 2 La société, la science et les naturalistes au Québec
de 1850 à 1920
37
Introduction
38
2.1 La société canadienne-française de 1850 à 1920
38
2.2 La science au Québec de 1820 à 1920
48
2.2.1 Sociétés savantes
48
2.2.2 Manuels de sciences et monographies scientifiques
49
2.2.3 Enseignement des sciences
58
2.3 Les acteurs
70
2.3.1 Formation
70
2.3.2 Ressources intellectuelles
71
2.3.3 Intérêts disciplinaires
77
2.4 Les conditions favorables au développement des sciences au Québec
81
2.5.1 Conditions socio-économiques
81
2.5.2 Conditions politiques
83
2.5.3 Conditions culturelles
86
2.5.4 Conditions scientifiques
87
Conclusion
92
CHAPITRE 3 Pratiques scientifiques et spécialisation
93
Introduction
94
3.1 Les pratiques scientifiques
95
3.1.1 Pratiques disciplinaires
3.1.1.1 Récolte et conservation
3.1.1.2 Collection
3.1.1.3 Identification
3.1.1.4 Classification
95
95
97
101
108
vi
3.1.1.5 Description
3.1.1.6 Spécialisation
113
116
3.1.2 Pratiques académiques
3.1.2.1 Perfectionnement
120
120
3.1.3 Pratiques relationnelles
3.1.3.1 Correspondance
3.1.3.2 Publication
3.1.3.3 Vulgarisation
122
122
126
127
3.2 La spécialisation en sciences naturelles
130
3.2.1 La paléobotanique
131
3.2.2 La physiologie végétale
134
3.2.3 La bryologie
135
3.2.4 Lřentomologie
136
Conclusion
139
CHAPITRE 4 Les réseaux scientifiques au Québec, de 1850 à 1920
140
Introduction
141
4.1 Les réseaux formels : État et sciences au Québec
142
4.1.1 Les naturalistes font appel à lřÉtat
4.1.1.1 Recevoir des fonds
4.1.1.2 Susciter un intérêt ou recevoir une caution morale
142
143
157
4.1.2 LřÉtat fait appel aux naturalistes
161
4.2 Les réseaux informels : les naturalistes entre eux
164
4.2.1 Les échanges entre les naturalistes du Québec
164
4.2.2 Les échanges entre les naturalistes du Québec
avec le reste du Canada, les États-Unis et lřEurope
171
4.2.3 Les moyens déployés par les naturalistes du Québec
pour compenser leur éloignement
4.2.3.1 Correspondance et échanges
4.2.3.2 Adhésions à des sociétés savantes
4.2.3.3 Participation à des congrès
181
181
183
187
vii
4.2.4 Les réseaux invisibles
188
Conclusion
190
CHAPITRE 5 Lřespace de sociabilité en action : structuration, dynamique
et autonomie
191
Introduction
192
5.1 La structuration de lřespace de sociabilité scientifique
192
5.1.1 Le portrait et lřidentité des acteurs
192
5.1.2 La position des acteurs
203
5.2 La dynamique de lřespace de sociabilité scientifique : les débats
et les controverses scientifiques
208
5.2.1 Le darwinisme
209
5.2.2 Le venin de crapaud
213
5.2.3 Les tremblements de terre et les éclipses
215
5.3 Lřautonomie de lřespace de sociabilité scientifique
218
5.3.1 Les amateurs et les professionnels
219
5.3.2 Les obstacles au développement du milieu scientifique
221
Conclusion
225
CONCLUSION
227
Lřétat du développement du milieu scientifique au Québec en 1920
233
Perspectives de recherche en histoire des sciences au Québec pour
le XIXe siècle et le début du XXe siècle
234
ANNEXE 1. LISTE ET BIOGRAPHIES DES NATURALISTES
236
ANNEXE 2. LISTE DES OUVRAGES RECENSÉS AU CHAPITRE 2
273
BIBLIOGRAPHIE
286
SITOGRAPHIE
334
viii
LISTE DES SIGLES ET DES ABRÉVIATIONS
% : pourcentage
> : supérieur à
[ ] : pour indiquer une note ajoutée par lřauteure
& : et
A.A.A.S. : American Association for the Advancement of Science
A.C.F.A.S. : Association canadienne-française pour lřavancement des sciences
agri. : agriculture
A.I.C.Q. : Annuaire de lřInstitut canadien de Québec
A.N.Q. : Archives nationales du Québec
A.S.C. : Archives du Sémimaire de Chicoutimi
B.A. : baccalauréat ès arts
B.A.A.S. : British Association for the Advancement of Science
c : circa
C.G.C. : Commission géologique du Canada
Cie/co : compagnie
C.I.H.M./I.C.M.H. : Canadian Institute for Historical Microreproductions /Institut canadien
d microfilmage historique
C.M.G. : Companion of the Order of St.Michael and St.George
c.n.d. : communauté Notre-Dame
C.N.R.S. : Conseil national de recherche scientifique
coll. : collection
c.s.v. : clerc de Saint-Viateur
comm. pers. : communication personnelle
D.B.C. : Dictionnaire biographique du Canada
D. ès-sc. : Scientiæ Doctor (docteur ès sciences)
D.E.S. : diplôme dřétudes supérieures
D.S.A. : diplôme en sciences agricoles
dir. : directeur
dr : docteur
D. Sc. : Scientiæ Doctor (docteur ès sciences)
ed. ou éd. : éditeur
Eng. : engineer
Esq. : esquire
et al. : et alii.
etc. : et cataera
f.é.c. : frère des écoles chrétiennes
F.G.S. : Fellow of the Geological Society of London
F.R.S.C. : Fellow of the Royal Society of Canada
gvr ou gouv. : gouvernement
H.S.T.C. : Histoire de la science et de la technologie au Canada
ibid. : ibidem
I.H.S.S. : Institut dřhistoire et de sociopolitique des sciences
I.H.T.P. : Institut dřhistoire du temps présent
I.Q.R.C. : Institut québécois de recherche sur la culture
ix
LřHon. : LřHonorable
L.H.S.Q. : Literary and Historical Society of Quebec
LL.D. : Legum Doctor (docteur en droit)
loc. cit. : loco citato
M./Mr. : monsieur
M.A. : maître ès arts
M.D. : Medicinæ Doctor (docteur en médecine)
Mgr : Monseigneur
MM. : messieurs
M. Sc. : maître ès sciences
M.S.R.C. : Mémoires de la Société Royale du Canada
N.A.H.S.T.E. : Navigational Aids for the History of Science, Technology and the
Environment
nb : nombre
N.C. : Le Naturaliste canadien
n.d. : non disponible
N.d.a. : note de lřauteure
N.H.S.M. : Natural History Society of Montreal
No/no : numéro
Nos : numéros
N.U.I. : National University of Ireland
N.Y.B.G. : New York Botanical Garden
o.m.i. : oblat de marie immaculée
op. cit. : opere citato
p. : page
P.D. : prélat
Ph.D. : Philosophiæ Doctor (docteur en philosophie)
prof. : professeur ou professor
P.U.L. : Presses de lřUniversité Laval
R.H.A.F. : Revue d’histoire de l’Amérique française
R.P. : révérend père
Sc. D. : Scientiæ Doctor (docteur ès sciences)
S.C.H.N. : Société canadienne dřhistoire naturelle
s.d./SD : sans date
s.é. : sans éditeur
s.l. : sans lieu
soc. : société ou society
S.P.P.Q. : Société de protection des plantes du Québec
S.R.C. : Société royale du Canada
T.S.F. : télégraphie sans fil
U.S.G.S. : United States Geological Survey
vol. : volume
x
LISTE DES TABLEAUX
- Tableau 1.1 Types de sources consultées
- Tableau 2.1 Manuels et monographies scientifiques, 1820-1849
- Tableau 2.2 Manuels et monographies de 70 naturalistes,
1850-1920
- Tableau 2.3 Manuels et monographies de 70 naturalistes
du Québec, de 1850 à 1920, par décennie
- Tableau 2.4 Bibliothèque de lřInstitut canadien de Québec
- Tableau 2.5 Bibliothèque de lřInstitut canadien de Montréal
- Tableau 2.6 Bibliothèque scientifique de lřabbé L. Provancher
- Tableau 2.7 Bibliothèque scientifique de lřabbé J.-C.-K. Laflamme
- Tableau 2.8 Bibliothèque scientifique de J.-C. Chapais, fils
- Tableau 2.9 Bibliothèque scientifique de J.-C. Taché
- Tableau 2.10 Nombre de disciplines scientifiques pratiquées
par les naturalistes
- Tableau 2.11 Discipline principale pratiquée par les naturalistes
- Tableau 3.1 Études à lřétranger de naturalistes et de professeurs
de science du Québec
- Tableau 3.2 Les principales familles dřHyménoptères traitées par
L. Provancher
- Tableau 4.1 Comparaison de la proportion dřindividus
et dřinstitutions donateurs
- Tableau 4.2 Liste des sociétés savantes retenues
- Tableau 4.3 Nombre de naturalistes par société savante
(1800-1849)
- Tableau 4.4 Nombre de naturalistes par société savante
(1850-1920)
- Tableau 5.1 Occupations des naturalistes du Québec
29
51
52
56
72
73
74
75
76
77
78
79
121
138
179
184
185
185
194
xi
LISTE DU GRAPHIQUE
- Graphique 2.1 Manuels et monographies pour 70 naturalistes,
de 1850 à 1920
57
xii
LISTE DES ANNEXES
-
Annexe 1. Liste et biographies des naturalistes
236
-
Annexe 2. Liste des ouvrages recensés au chapitre 2
273
On nřa pas fini dřinventorier le monde.
- Gilles Hénault,
« Bestiaire », « Voyage au pays de la mémoire »
Je nřai jamais rien étudié,
parce que cela mřa toujours ennuyé;
mais jřai beaucoup observé
parce que cela mřamusait.
-
Vivant Denon
INTRODUCTION
Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, les sciences et les techniques
investissent la majorité des sphères dřactivités de la société occidentale, comme
lřéconomie, la politique, le social et le culturel, pour les influencer de manière durable. On
pense aux bateaux à vapeur, aux chemins de fer, au télégraphe ou au développement de la
mécanique qui infiltrent progressivement la production manufacturière1. La société
canadienne-française ne fait pas exception et subit elle aussi de multiples changements tant
aux niveaux économique, politique, social que culturel. Il en résulte que les sciences
prennent une place grandissante au sein de cette société. Son rôle de producteur de
connaissances et de diffuseur du savoir va progressivement se préciser au fil des avancées
scientifiques et des changements techniques qui furent à la base des deux révolutions
industrielles.
Au Québec, de 1850 à 1920, plusieurs dizaines de naturalistes, issus du cours
classique et exerçant principalement des professions libérales ou ecclésiastiques,
sřintéressent aux sciences, en grand développement à cette époque. Les sciences naturelles
les intéressent plus particulièrement. Si lřon rappelle que durant la seconde moitié du XIX e
siècle, les inventaires pratiqués par les naturalistes étaient encore populaires, autant en
Angleterre quřen Amérique du Nord2, on comprend que ceux, au Québec, attirés par les
sciences se soient principalement tournés vers des disciplines comme la botanique,
lřentomologie, la zoologie, la géologie et la paléontologie. Ceci est dřautant plus vrai que
les ressources naturelles de la province nřétaient alors que très peu connues, tout comme sa
faune et sa flore3. Les savants du Québec ont dès lors eu le champ libre pour étudier ce qui
1
J.D. Bernal, Science in History. Volume 2 : The Scientific and Industrial Revolutions, Cambridge, M.A., The
M.I.T. Press, 1981, p. 544 et 547.
2
Carl Berger, Science, God, and Nature in Victorian Canada, Toronto, University of Toronto Press, 1983, 92
p.; Suzanne Zeller, Inventing Canada : Early Victorian Science and the Idea of a Transcontinental Nation,
Toronto, University of Toronto Press, 1987, 356 p.
3
Les quelques naturalistes européens ayant séjournés au Canada aux XVII e et XVIIIe siècles qui sřadonnèrent
à lřhistoire naturelle, comme Pierre Boucher (1622-1717), Michel Sarrazin (1659-1734), Jean-François
Gaultier (1708-1756), Roland-Michel Barrin de la Galissonière (1693-1756), Pehr Kalm (1716-1779) et
André Michaux (1746-1803), sřoccupèrent presque exclusivement de botanique dans un but utilitaire, à la
2
les préoccupe; ils trouvèrent dans lřhistoire naturelle des disciplines toutes indiquées pour
leurs recherches et leurs études.
Les historiens des sciences qui se sont penchés sur lřhistoire de cette période ont bien
analysé le développement des sociabilités scientifiques au Québec4. Notre but nřest pas de
remettre en question leur contribution, mais de compléter ce portrait en traçant un bilan des
contributions des naturalistes et de leurs réseaux de sociabilité. Ce que nous pouvons
affirmer, dřaprès nos recherches, cřest quřau cours de la période allant de 1850 à 1920, on
assiste à lřaugmentation du nombre de naturalistes au Québec, à la disciplinarisation et la
spécialisation des sujets dřétude Ŕ à lřinstar de la physique5, de la géologie6 et des sciences
naturelles Ŕ et à lřémergence de pratiques scientifiques normalisées avec le reste de
lřAmérique du Nord7.
Cette période particulière dans lřhistoire des sciences au Québec, qui débute en 1850
lorsque lřUniversité Laval est créée à Québec, et prend fin lorsque lřUniversité de Montréal
obtient son autonomie de Laval, en 1920, est intéressante à plusieurs égards. Le nombre de
naturalistes augmente tout au long de la période. Les sujets dřétudes se multiplient et se
diversifient; on produit ainsi un portrait de plus en plus complet des ressources naturelles
recherche de plantes médicinales et dřintérêt économique. Les correspondances que M. Sarrazin et J.-F.
Gaultier échangèrent successivement avec les botanistes Joseph-Pitton de Tournefort (1656-1708) et HenriLouis Duhamel du Monceau (1700-1782), au Jardin des Plantes à Paris, témoignent de cet intérêt pour des
plantes américaines transférables en Europe.
4
Quelques historiens couvrent une partie de la période qui est ici considérée : Jean-François Auger, La
recherche utilitaire dans les facultés de génie canadiennes : au service de l’industrie et du gouvernement,
1870-1950, Thèse (histoire), Université du Québec à Montréal, 2004, vii-256 f.; Stéphane Castonguay,
Protection des cultures, construction de la nature. Agriculture, foresterie et entomologie au Canada 18841959, Sillery, Les Éditions du Septentrion, 2004, 369 p., « Cahiers des Amériques »; Éric David, Le clergé
catholique canadien-français et la théorie de l’évolution, 1860-1950, Mémoire de M.A. (histoire), Université
du Québec à Montréal, 2003, iv-99 p.; Robert Gagnon, avec la collaboration de Armand J. Ross, Histoire de
l’École Polytechnique de Montréal 1873-1990 La montée des ingénieurs francophones, Montréal, Les
Éditions du Boréal, 1991, 526 p.; Marc Vallières, Des mines et des hommes. Histoire de l’industrie minérale.
Des origines au début des années 1980, Québec, Les publications du Québec, 1989, 439 p.
5
Yves Gingras, Les origines de la recherche scientifique au Canada : le cas des physiciens, Montréal, Boréal,
1991, 299 p.
6
Morris Zaslow, Reading the Rocks : the story of the Geological Survey of Canada, 1843-1972, Toronto,
Macmillan Co. of Canada, 1975, 599 p.
7
Luc Chartrand, Raymond Duchesne et Yves Gingras, Histoire des sciences au Québec, Montréal, Éditions
du Boréal, 1987, 487 p.
3
de la province. Les réseaux scientifiques se mettent également en place et sřélargissent tant
aux niveaux national quřinternational, ce qui permet la mise en contact des naturalistes du
Québec avec leurs homologues canadiens, américains et européens. Ils prennent conscience
de lřutilité de leurs recherches et diffusent les développements de la science occidentale
dans leur société. Ils sřengagent aussi dans la vulgarisation auprès du grand public et des
élèves de lřélémentaire et du collégial classique, tout en réclamant une attention plus grande
de la part des pouvoirs publics. Enfin, les premières institutions et associations destinées à
encadrer lřœuvre des naturalistes se développent dans la société canadienne-française.
Dans un premier temps, précisons le cadre géographique du projet. Celui-ci se limite
au Québec, et non pas à lřensemble du Canada français dřaujourdřhui. Les Québécois du
XIXe siècle sřappelaient toutefois Canadiens français, ce qui explique quřils considéraient
le Québec comme le Canada français. Cřest dans cette province, en effet, que lřon
retrouvait, et retrouve encore, le plus grand nombre de francophones au Canada. Nous
conserverons lřappellation de Canadiens français pour désigner les Québécois du XIX e
siècle. Pour ce qui est des Québécois dřorigine britannique ou canadienne, nous les
désignerons principalement par le qualificatif dřanglophones.
Le choix du Québec sřexplique également par le fait quřil sřagit dřune région bien
délimitée géographiquement, politiquement Ŕ du moins depuis 1867 Ŕ et aussi
culturellement. Il suffit, pour sřen convaincre, de considérer la religion pratiquée
(catholique), la langue parlée par une majorité de la population (le français) et lřidentité
culturelle, issue de lřancienne colonie française, rapportée par les Canadiens français de
lřépoque. Ainsi, la présence dřinstitutions de langue française dans les régions du Québec
justifie amplement ce choix.
Enfin, nous considérons lřensemble du territoire du Québec, et pas seulement des
métropole et capitale comme Montréal et Québec, car nous retrouvons des naturalistes
partout dans la province, aussi bien dans les centres que dans les régions dites
périphériques. Certes, comme le mentionne Yvan Lamonde, le défi est bien « de sortir de
4
Montréal et de Québec et dřaller vers le middletown comme Saint-Hyacinthe ou
Sherbrooke ; (…)8 », ou encore Trois-Rivières, La Pocatière ou Chicoutimi.
Dans un deuxième temps, le cadre chronologique couvre la période de 1850 à 1920.
Même sřil sřagit dřune longue époque, cette périodisation a été retenue, car elle permet
dřétudier une période moins connue de lřhistoire québécoise des sciences. Depuis les
années 1930, alors que lřon annonce lřexistence dřune communauté scientifique
canadienne-française autonome, les naturalistes proclament que le développement des
sciences a commencé au Québec vers 19209. Cette tendance historiographique, qui perdure
pendant près de 75 ans, pourrait être nuancée par une analyse en profondeur des acteurs et
des manifestations du milieu scientifique dans les décennies précédant 1920. Nous
adoptons donc ici la pensée de Richard A. Jarrell, historien canadien des sciences, qui
affirme « that several distinct Canadian scientific communities existed earlier in the
nineteenth century than many historians have been willing to assume10 ».
La période retenue apparaît également importante dans lřhistoire scientifique et
intellectuelle du Québec. Ainsi, la création de lřUniversité Laval, en 1850, « jette les bases
institutionnelles de la production et de la reproduction dřun groupe dédié au monde des
idées11 ». À lřautre limite, la création de lřUniversité de Montréal, en 1920, « fournit la
première génération de scientifiques actifs, et surtout de façon coordonnée, sur la place
publique12 ». Même si ces deux institutions universitaires ne rassemblent pas tous les
8
Yvan Lamonde, « Lřhistoire culturelle et intellectuelle du Québec : tendances et aspects méthodologiques »,
dans Lamonde, Territoires de la culture québécoise, Sainte-Foy, Les Presses de lřUniversité Laval, 1991, p.
14.
9
Comme le mentionne Cyrias Ouellet : « On pourrait, sans rien omettre de significatif, faire remonter à 1920
lřorigine de la vie scientifique au Canada français. Ce qui sřest passé avant cette époque nřest pas dénué
dřintérêt, mais se résume à des faits isolés qui nřeurent pas de suites. » Ouellet, La Vie des sciences au
Canada français, Québec, Ministère des Affaires culturelles, 1964, p. 13. Voir également Léon Lortie, « Les
débuts de lřère scientifique », dans Léon Lortie et Adrien Plouffe (dir.), Aux sources du présent. Études
présentées à la Section I de la Société Royale du Canada, Toronto, University of Toronto Press, 1960, p. 90104.
10
Richard A. Jarrell, « British Scientific Institutions and Canada : The Rhetoric and the Reality »,
Transactions of the Royal Society of Canada, Serie IV, volume XX (1982), p. 534.
11
Yves Gingras, « Le rôle dřintellectuel des scientifiques québécois », dans Manon Brunet et Pierre Lanthier
(dir.), L’inscription sociale de l’intellectuel, Les Presses de lřUniversité Laval et LřHarmattan, 2000, p. 334.
12
Ibid., p. 335.
5
naturalistes de la période, elles vont influencer durablement le développement des sciences
et la diffusion de la culture scientifique dans la province.
Problématique
Ce projet de recherche consiste en une étude de la place et du rôle des naturalistes du
Québec dans la genèse du milieu scientifique au Québec, du développement des pratiques
scientifiques et du déploiement des réseaux scientifiques dans la dynamique de ce même
milieu. Cette période correspond aux balbutiements de la recherche scientifique au Québec.
Certes, au cours de la première moitié du XIXe siècle, quelques naturalistes publient des
manuels de sciences, mais aucun ne produit une œuvre scientifique que lřon pourrait
qualifier dřoriginale13. Ces naturalistes autodidactes, et surtout ceux qui les suivirent jusque
vers 1880, ne se posaient pas la question du contenu de leurs recherches. Il sřagissait de
répertorier les productions naturelles du pays, que ce soit les plantes, les minéraux ou les
animaux, selon les objectifs dřinventaire aux fondements de la science victorienne et aussi
produire des manuels de sciences en français14.
13
Voici les principaux : Napoléon Aubin, La Chimie agricole mise à la portée de tout le monde, Québec,
1847, 116 p.; Jean-Antoine Bouthillier, Traité d’arithmétique pour l’usage des écoles, Québec, 1809, 144 p.;
Deuxième édition revue et corrigée, Québec, Neilson Cowan, 1829, 171 p.; Quatrième édition, Québec,
Middleton, 1850, 170 p.; Septième édition, Québec, J. et O. Crémazie, 1858; Joseph Cauchon, Notions
élémentaires de physique, avec planches, à l’usage des maisons d’éducation, Québec, 1841, 124 p.; Clercs de
Saint-Viateur, Cours élémentaire de botanique et d’agriculture. Premier traité. Botanique. Par un des
professeurs du Collège de Nicolet, Berthier, Imprimerie de lřÉcho des Campagnes, 1848, 96 p.; Congrégation
de Notre-Dame, Petite histoire naturelle, ou leçons sur les minéraux, les plantes et les animaux qu’il est le
plus utile de connaître. Nouvelle édition revue et augmentée. Ouvrage en usage dans les pensionnats des
sœurs de la Congrégation de Notre-Dame et approuvé par Sa Grandeur Mgr J. C. Prince, etc., Berthier, N.E. Morel, éditeur-propriétaire, P.-J. Guitte, Bureau de lřÉcho des Campagnes, 1847, 220 p.; Frères des Écoles
chrétiennes, Nouveau traité d’arithmétique à l’usage des Écoles Chrétiennes des Frères, Montréal, C.P.
Leprohon, 1838, 140 p.; Idem, Traité d’arithmétique contenant toutes les opérations ordinaires du calcul,
etc., à l’usage des Écoles Chrétiennes, Montréal, Lovell et Gibson, 1847, 240 p.; Idem, Solution des
problèmes du Traité d’arithmétique avec leurs réponses, à l’usage des Écoles Chrétiennes, Montréal, Lovell
et Gibson, 1848, 80 p.; Jean-Baptiste Meilleur, Cours abrégé de leçons de chymie; contenant une exposition
précise et méthodique des principes de cette science, exemplifiés etc., Montréal, Presses de Ludger Duvernay,
1833, xxiii-144 p.; N.E. Morel, Leçons de physiologie humaine : exposition précise de quelques phénomènes
de la vie; ouvrage adopté par les Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame. Publié par N.E. Morel, Montréal
et Québec, 1847, 144 p.
14
Zeller, op. cit.
6
Le naturaliste typique du Québec doit se débrouiller le plus souvent seul, cřest-à-dire
quřil doit trouver la documentation spécialisée, « rassembler lui-même son équipement de
recherche, (…), préparer ses spécimens, (…), les classer, etc., autant de tâches qui
empiètent sur la productivité scientifique15 ». Dans le meilleur des cas, il fait partie dřune
institution dřenseignement16 qui, si elle ne dispose pas de grands moyens financiers, leur
fournit un environnement de travail stable et assez organisé. Lřactivité de recherche de tous
les naturalistes du Québec reste néanmoins longtemps tributaire du gagne-pain quřils
exercent (enseignement, prêtrise, profession libérale, ou un amalgame de ces activités),
sans quoi elle nřaurait jamais vu le jour, faute de temps et de ressources financières.
Pour la période qui nous préoccupe, il ne nous est permis de considérer quřune étape
dans la formation dřune communauté scientifique « nationale », selon le modèle de Y.
Gingras, qui est « celle de lřémergence dřune pratique de la recherche. » Ainsi, « pour que
les agents puissent produire les connaissances mises en circulation dans le milieu, il faut
aussi que les ressources matérielles et institutionnelles soient disponibles 17 ». Les pratiques
et les réseaux mis en place par les naturalistes du Québec constituent, selon nous, une des
voies par excellence pour analyser les conditions dřémergence du milieu scientifique
canadien-français à partir de 1850. En effet, lřexamen des pratiques amène à sřinterroger
sur ceux qui se réclamaient du nouveau discours scientifique en formation au Québec
durant cette période, à voir comment ils ont implanté ces pratiques, quels étaient leurs
réseaux et quřelles ont été les retombées de leurs actions dans la société de lřépoque.
15
Bernard Boivin, « Ernest Lepage (1905-1981) », Bulletin de la Société botanique du Québec, no 2 (1981),
p. 11 et Le Naturaliste canadien, volume 126, no 2 (été 2002), p. 11.
16
Les collèges classiques, lřUniversité Laval et lřUniversité McGill pour la période à lřétude.
17
Gingras, op. cit. (1991), p. 12. Ce modèle de « formation dřune communauté nationale active dans un
champ scientifique » comporte trois phases. La première phase est « celle de lřémergence dřune pratique de
la recherche ». La deuxième phase, celle de lřinstitutionnalisation, postule quřune fois ces conditions réunies,
« il revient aux premiers représentants de cette nouvelle catégorie dřagents dřimposer une conception de
lřinstitution universitaire qui soit compatible avec leurs activités scientifiques et qui permette la reproduction
à long terme du groupe ». Enfin, la dernière phase consiste en « la constitution d’une identité sociale de type
disciplinaire (association scientifique) ou professionnel (corporation), » qui amènera les scientifiques à
acquérir une certaine visibilité sociale indispensable pour la défense de leurs intérêts associatifs, corporatifs et
disciplinaires. Ibid., p. 12-13. Les italiques sont de lřauteur.
7
Certains pourront se demander pourquoi avoir choisi principalement des disciplines
issues des sciences naturelles ? Tout simplement parce que les naturalistes actifs au Québec
à cette époque ont très majoritairement investi lřune ou lřautre des branches de lřhistoire
naturelle, si ce nřest pas de plusieurs. Nous en avons pour preuve la plus grande partie de la
production de monographies scientifiques, de manuels, de rapports et dřarticles qui se
concentrent sur lřhistoire naturelle. Très peu ont choisi des disciplines comme la chimie, les
mathématiques ou lřastronomie18 et ceux qui sřy sont consacrées lřont fait en parallèle avec
dřautres disciplines dřhistoire naturelle, peut-être parce que les investissements nécessaires
(instruments et laboratoires) nřétaient pas à leur portée ou que lřinventaire des ressources
naturelles paraissait une tâche plus urgente à accomplir. Ainsi, lřexploitation du territoire et
la colonisation dans des régions nouvelles requéraient le développement dřun savoir
pratique, comme en agriculture, en foresterie et dans le secteur minier19.
On pourra également se demander pourquoi nous nřincluons pas des disciplines
comme la médecine et la pharmacie, et la foresterie. Dřautres études ont déjà analysé plus
en profondeur que je pourrais ne le faire, leur place dans lřhistoire du Québec 20. De plus,
elles représentent une part moins importante des disciplines de sciences naturelles. Le cadre
de cette thèse ne permet pas dřétendre la recherche à ces disciplines qui demanderaient,
pour chacune dřelle, une recherche indépendante.
*
18
On peut en compter huit sur les soixante-dix naturalistes retenus pour notre étude. Voir lřannexe 1 pour la
liste de ces naturalistes.
19
Voir par exemple Castonguay, op. cit., Zaslow, op. cit. et Zeller, op. cit.
20
Jacques Bernier, La médecine au Québec. Naissance et évolution d’une profession, Québec, Les Presses de
lřUniversité Laval, 1989, xi-207 p.; Marcel Fournier, Yves Gingras et Othmar Keel (dir.), Sciences &
médecine au Québec. Perspectives historiques, Québec, IQRC, 1987, 201 p.; Denis Goulet, Histoire du
Collège des médecins du Québec. 1847-1997, Montréal, Collège des médecins du Québec, 1997, 263 p.; Guy
Grenier, 100 ans de médecine francophone Histoire de l’Association des médecins de langue française du
Canada, Sainte-Foy, Éditions MultiMondes, 2002, 444 p.; Johanne Collin et Denis Béliveau, Histoire de la
pharmacie au Québec, Montréal, Musée de la pharmacie du Québec, 1994, xvii-333 p.; Castonguay, op. cit.;
Michel F. Girard, L’écologisme retrouvé. Essor et déclin de la Commission de la conservation du Canada,
Ottawa, Presses de lřUniversité dřOttawa, 1994, 308 p.
8
L'objectif général de notre étude consiste à examiner la place des naturalistes du
Québec au cours de la seconde moitié du XIXe siècle et de voir leur évolution jusqu'à 1920.
Les objectifs spécifiques du sujet de recherche sont de brosser un portrait des naturalistes,
de décrire leurs pratiques, particulièrement scientifiques, d'évaluer la place des naturalistes
dans les réseaux scientifiques et leur rôle dans le développement du milieu scientifique au
cours de la période visée et d'étudier l'état de la science au Québec à la fin de la même
période.
Les représentants les plus actifs et influents dans le milieu scientifique canadienfrançais sont bien connus. Les biographies des abbés Joseph-Clovis-K. Laflamme et LouisOvide Brunet, parues dans Le Naturaliste canadien21, ou celles de Léon Provancher et du
frère Marie-Victorin22, sont là pour en témoigner. Mais pour comprendre le plus
globalement possible les conditions de développement du milieu scientifique, il sřagit
dřaller au-delà des cas dřespèces et de retracer les naturalistes les moins connus qui ont
également contribué à la naissance et au développement du milieu scientifique au Québec.
Ces acteurs présentent certains traits communs qui permettent de les regrouper, comme
leurs connaissances, les réseaux institutionnels quřils intègrent (église catholique,
institutions dřenseignement), des sociétés savantes quřils fréquentent et les liens quřils
tissent avec lřÉtat. Puisque la formation et lřitinéraire des naturalistes constituent des
éléments essentiels pour leur reconnaissance dans le milieu scientifique23, nous nous
proposons de suivre, comme le suggère Y. Gingras24, lřitinéraire et lřaction de tous ceux
qui participent à lřactivité scientifique et à la création du milieu scientifique au Québec,
cřest-à-dire de ceux qui forment ce que lřon pourrait appeler une génération intellectuelle25.
21
René Bureau, « Monseigneur Joseph-Clovis-K. Laflamme, géologue », Le Naturaliste canadien, vol.
LXXVII, nos 7-8 (juillet-août 1950), p. 185-221; Mgr Arthur Maheux, « Savants du Canada français.
Monseigneur Joseph-Clovis-K. Laflamme 1849-1910 », Le Naturaliste canadien, vol. XC, no 2 (février 1963)
à vol. XCI, no 5 (mai 1964); Mgr Arthur Maheux, « Louis-Ovide Brunet Botaniste 1826-1876 », Le
Naturaliste canadien, vol. LXXXVII, no 1 (janvier 1960) à vol. LXXXIX, no 10 (octobre 1962).
22
Victor-Alphonse Huard, La vie et l’œuvre de l’abbé Léon Provancher, édition spéciale, Paris et Québec,
Librairie J.P. Garneau, 1926, 511 p.; Robert Rumilly, Le frère Marie-Victorin et son temps, Montréal, Les
Frères des Écoles Chrétiennes, 1949, 459 p.
23
Martin Pâquet, « Science du pouvoir, pouvoir des sciences : quelques tendances de lřhistoriographie
canadienne des sciences », Acadiensis, vol. XXX, no 1 (automne 2000), p. 95.
24
Gingras, op. cit. (« Le rôle dřintellectuel ... »), p. 333.
25
Jean-François Sirinelli, « Le hasard ou la nécessité ? Une histoire en chantier : lřhistoire des intellectuels »,
Vingtième siècle. Revue d’histoire, no 9 (janvier-mars 1986), p. 97-108.
9
De plus, comme lřécrit Jean-Philippe Warren, on tente de « sřémanciper de lřanalyse
institutionnelle des intellectuels, pour sřintéresser davantage aux jeux dřinfluence et les
mouvements de pensée formant la trame du monde des idées26 ». Certes, on scrute les liens
quřentretiennent les naturalistes avec les institutions, mais plus globalement les rapports
quřils exercent entre eux et lřensemble de la société27. La contextualisation est importante
ici, car nous ne croyons pas quřil y ait de génération spontanée, ni dřun naturaliste, ni dřun
milieu scientifique. De même, afin dřévaluer la place des acteurs dans le milieu
scientifique, notre analyse du rôle des naturalistes ne pourra faire abstraction du politique.
Bilan historiographique
Les disciplines historique et sociologique qui retracent lřévolution des activités
scientifiques dřun pays, dřune époque ou dřun groupe dřindividus constituent des domaines
par lesquels lřexploration minutieuse des modalités dřintervention des acteurs du social et
du politique ne font que commencer. Certes, depuis une trentaine dřannées, les praticiens de
lřhistoire des sciences et de la sociologie des sciences ont effectué de grandes percées du
côté dřune analyse sociale plurielle des facteurs dřémergence et de développement des
sciences dans une foule de sociétés et dřépoques. Les principaux acteurs culturels de ces
activités ont nécessairement été mis en évidence, de même que leur implication dans le
développement scientifique et social. Une certaine partie de ce développement est donc
reconnu, mais il y demeure de nombreuses zones dřombre, que ce soit du côté des réseaux
de sociabilité socioculturelles, des implications politiques et sociales des acteurs
scientifiques, ou encore de la composition des réseaux de scientifiques.
26
Jean-François Warren, « Sciences sociales et religions chrétiennes au Canada (1890-1960) », Revue
d’histoire de l’Amérique française, vol. 57, no 3 (hiver 2004), p. 421, citant Brian A. McKillop, A Discipline
Intelligence. Critical Inquiry and Canadian Thoughts in the Victorian Era, Montréal, McGill et Queenřs
University Press, 2001, p. xix.
27
Pâquet, loc. cit., p. 94.
10
De la science et de son histoire
Lřhistoire des sciences, longtemps considérée comme la chasse-gardée des
scientifiques, a connu une évolution spectaculaire au cours des quarante dernières années.
Cette sous-discipline historique est ainsi passée dřune histoire héroïque, écrite par et pour
les scientifiques28, à une histoire bien intégrée au champ historique.
Les tenants dřune histoire héroïque cherchaient principalement à mettre en évidence
les figures les plus importantes des savants et des inventeurs du passé, les principales
institutions dřenseignement et de recherche scientifiques de même que les grands
événements qui ont jalonné lřhistoire dřune discipline scientifique dans un pays 29. Une telle
histoire ne pouvait servir quřà des fins pédagogiques ou de glorification des différentes
traditions de recherche dřune discipline30. Au Québec, les quelques naturalistes qui ont écrit
sur lřhistoire des sciences de la province, comme le frère Marie-Victorin, Jacques
Rousseau, Cyrias Ouellet et Léon Lortie31, sont demeurés dans ce cadre restrictif. Il en est
de même des biographies des « premiers » scientifiques canadiens-français publiées au
cours de la première moitié du XXe siècle32, qui véhiculent également une vision
hagiographique des acteurs scientifiques et du développement des sciences au Québec.
Une deuxième tradition historiographique, qui sřéloigne de la première, visait à
analyser les fondements philosophiques du développement des sciences. Produites dans les
années 1950 à 1970 principalement, ces études épistémologiques cherchaient à « (…)
clarifier et approfondir la compréhension des méthodes scientifiques contemporaines ou
28
Raymond Duchesne, « Historiographie des sciences et des techniques au Canada », Revue d’histoire de
l’Amérique française, vol. 35, no 2 (septembre 1981), p. 208.
29
Ibid., p. 197-203.
30
Thomas S. Kuhn, « Science I. The History of Science », dans David L. Sills (ed.), International
Encyclopedia of the Social Sciences. Volume 14, The Macmillan Company & The Free Press, 1968, p. 74.
31
Marie-Victorin, « Sciences naturelles au Canada. Lřétude des sciences naturelles. Son développement chez
les Canadiens français (suite et fin) », Revue canadienne (nouvelle série), vol. 20, no 5 (novembre 1917), p.
339-358; pour Jacques Rousseau, consultez sa bio-bibliographie de Camille Laverdière et Nicole Carette,
Jacques Rousseau 1905-1970 Curriculum – Anthologie – Témoignages – Bibliographie, Sainte-Foy, Les
Presses de lřUniversité Laval, 1999, p. 346-347; Ouellet, op. cit. (La vie des sciences au Canada français);
Lortie, op. cit. (« Les débuts de lřère scientifique ») et « La trame scientifique de lřhistoire du Canada », dans
G.F. Stanley, Les Pionniers de la science canadienne, Toronto, University of Toronto Press, 1966, p. 3-35.
32
Voir notes 21 et 22.
11
des concepts exposant leur évolution. En sřengageant dans cette voie, lřhistorien choisit
typiquement une science bien établie ou une branche dřune discipline scientifique (…) et
décrit quand, où et comment ont été façonnés les éléments constituant son sujet et sa
méthode33 ». Les principaux philosophes des sciences qui se sont penchés sur les théories
du développement scientifique ou les obstacles au progrès des sciences et des découvertes
sont encore largement cités aujourdřhui34. Les naturalistes férus dřhistoire et les
philosophes qui se sont lancés sur cette voie considéraient « (…) que lřhistoire des sciences
nřest pas seulement la mémoire de la science mais aussi le laboratoire de
lřépistémologie35 ». Par conséquent, ils nřont donc pas produit dřétudes dřhistoire des
sciences en tant que telles, puisquřils utilisaient plutôt divers événements historiques Ŕ
comme les découvertes, les inventions, les échecs ou lřétude des méthodes de recherche
scientifiques Ŕ pour appuyer leurs démonstrations épistémologiques. Les historiens ont plus
ou moins été tenu à lřécart de ce mouvement ayant plus influencé la discipline
philosophique que la pratique historique. Au Québec, il ne semble pas y avoir eu de
représentants de cette vision qui a eu comme conséquence de déposséder pour un temps
lřhistoire de son objet dřétude, à savoir la science, qui possède son histoire propre comme
toutes autres manifestations de lřactivité humaine36.
Une troisième voie historiographique est tracée au cours des années 1950 à 1980 par
les historiens versés dans lřanalyse théorique de leur discipline. Deux conceptions
sřaffrontent et coexistent alors dans les cercles de la production en histoire des sciences :
lřinternalisme et lřexternalisme. Pour les internalistes, les facteurs du progrès scientifique Ŕ
on dirait aujourdřhui du développement scientifique Ŕ ne se retrouvent que dans la science
elle-même. Ainsi, « (…) le mouvement des idées scientifiques est produit par une
dynamique interne : les théories se développeraient et sřenchaîneraient dans un univers
33
Kuhn, op. cit., p. 75.
Il sřagit principalement de Karl R. Popper, Thomas S. Kuhn, Paul K. Feyerabend, Imre Lakatos et Gaston
Bachelard, pour nřen citer que quelques-uns.
35
Georges Canguilhem, « Introduction. Lřobjet de lřhistoire des sciences », dans Canguilhem, Études
d’histoire et de philosophie des sciences, Paris, Librairie philosophique J. Vrin, 1975, p. 12.
36
Ibid., p. 16.
34
12
dřidées et de représentations Ŕ leur contexte étant placé en position seconde37 ». Les
producteurs de cette histoire internaliste écartent donc toute influence externe, à la fois
sociale et politique, dans leurs reconstitutions du passé scientifique.
À lřautre extrême, les externalistes considèrent plutôt que « (…) la « base
économique », les circonstances politiques, sociales, ainsi que lřenvironnement technique,
conditionneraient la production des savoirs scientifiques38 ». Les historiens externalistes
voient également les naturalistes comme un groupe social dont lřactivité est liée à dřautres
activités humaines que la science seule39. Ce type dřanalyse conduisit certains historiens à
produire des études à caractère sociologique, sur des sociétés savantes ou des institutions
scientifiques par exemple, ou encore des sociologues à sřintéresser à lřactivité scientifique
comme faisant partie intégrante du social.
À lřaube des années 1980, lřhistoire des sciences demeurait toujours au Québec une
sous-discipline marginale du champ historique40. Ainsi, à ce moment, les historiens des
sciences nřétaient encore « (quř)au plan de la définition de [leur] champ dřétude, (…), [et]
quřau stade des hypothèses, des préjugés et du parti pris41 ».
Plus récemment, Gérard Simon, dans Sciences et histoire, proposait une réconciliation
de la vision internaliste et externaliste. Pour lui, lřanalyse de la société dans laquelle est
produite la science (« (…) discerner les lieux et les époques »), de même que lřapport des
individus (« les personnages dřexception »42), permet « de mieux saisir dans quel ordre et
selon quelles étapes sřest opérée la percée intellectuelle capitale qui a fini par modeler le
37
Pascal Acot, L’histoire des sciences, Paris, Presses Universitaires de France, 1999, p. 40. (Coll. « Que saisje ? » no 3495)
38
Ibid.
39
Ibid., p. 42.
40
Marcel Fournier, Yves Gingras et Othmar Keel, « Introduction », dans Sciences & médecine au Québec.
Perspectives historiques, Québec, I.Q.R.C., 1987, p. 12.
41
Raymond Duchesne, « Problèmes dřhistoire des sciences au Canada français », dans R.A. Jarrell et N.R.
Ball (ed.), Science, Technology, and Canadian History. Les Sciences, la technologie et l’histoire canadienne,
1980, p. 28.
42
Gérard Simon, Sciences et histoire, Éditions Galllimard, 2008, p. 139.
13
monde contemporain43 ». En bref, il affirme dřabord que « lřaventure historique collective
des mutations scientifiques est également, (…), une aventure individuelle, et cřest cela aussi
qui mérite attention44 ». Puisque lřétude des « besoins auxquelles elles [les sciences] sont
conviées à répondre varient aussi avec le contexte intellectuel, politique et social dans
lequel elles baignent », lřhistorien se doit de délimiter le « donné social »45. Cette dernière
activité ne se borne pas « à lřétude des changements intellectuels quřelle implique, mais,
quand les documents le permettent, à dřautres, qui peuvent être dřordre technique,
politique, administratif et social46 ».
Depuis une trentaine dřannées, les choses ont bien changé. On a assisté à lřintégration
progressive de lřhistoire des sciences au champ historique. Cette discipline sřest ainsi
rapprochée des dernières tendances de la recherche historique : « le développement de
lřhistoire sociale facilite la rencontre de ces deux groupes et de leurs domaines de
recherche. (…) Cette approche résolument sociale tient compte non seulement des
individus mais aussi des institutions de production et de diffusion des connaissances
(…)47 ». Avec lřajout de lřanalyse politique à lřanalyse sociale, « (…) la science est
désormais considérée non pas tel quřun objet subissant le pouvoir, mais comme un sujet
lřexerçant, (…)48 ».
Ces derniers développements annoncent le début de lřunification de ce terrain
dřenquête. Concrètement, comment cela se manifeste-t-il ? Dřabord par des questions
nouvelles liées à lřhistoire du développement économique (progrès et innovations
techniques), à lřhistoire des idées et de la culture scientifique (musées de sciences,
idéologies et sciences, …), à lřhistoire des institutions (rôle des naturalistes dans la société)
43
Ibid., p. 11.
Ibid., p. 117-118.
45
Ibid., p. 113.
46
Ibid.
47
Fournier, Gingras et Keel, op. cit., p. 12.
48
Pâquet, loc. cit., p. 93.
44
14
ou encore par diverses études comparées concernant entre autres la disciplinarisation et
lřinstitutionnalisation des sciences ou le contexte dans lequel les naturalistes ont travaillé49.
Les historiens des sciences québécois ont maintenant adopté ce nouveau programme
de recherche dans lequel « (…) une meilleure compréhension du développement
scientifique québécois devrait non seulement faire place au contexte spécifique qui définit
les limites des différentes pratiques possibles, mais aussi de tenir compte du rapport que
divers groupes ou institutions entretiennent avec des milieux extérieurs tant canadiens
quřinternationaux50 ». Cřest dans cette perspective renouvelée que les auteurs de lřHistoire
des sciences au Québec ont présenté leur synthèse historique en montrant que lřhistoire des
sciences de cette province est liée à celle du reste du monde51.
La nouvelle histoire sociale des sciences ne se manifeste pas seulement par des
questions nouvelles, mais également par lřusage de nouveaux concepts dans lřanalyse des
conditions sociales du développement scientifique. Issus en bonne partie de lřhistoire
intellectuelle, ces concepts font état de la mise en place dřun dialogue renouvelé entre les
sous-disciplines de ce vaste champ dřétudes52.
Lřhistoire intellectuelle apporte aussi à lřhistoire des sciences divers concepts qui
peuvent être utiles pour ceux qui se penchent entre autres sur les interactions entre
scientifiques. Ainsi, les concepts de structures de sociabilité ou de générations
intellectuelles, élaborées par lřhistorien français Jean-François Sirinelli, nous permettent
dřen arriver à une compréhension globale de lřitinéraire des scientifiques53.
49
Duchesne, loc. cit. (R.H.A.F.), p. 210 et Raymond Duchesne, « Science et société coloniale : les naturalistes
du Canada français et leurs correspondants scientifiques (1860-1900) », H.S.T.C. Bulletin, vol. 5, no 18
(1981), p. 99.
50
Fournier, Gingras et Keel, op. cit., p. 13-14.
51
Chartrand, Duchesne et Gingras, op. cit.
52
Dominick LaCapra, Rethinking Intellectual History. Texts, Contexts, Language, Ithaca et London, Cornell
University Press, 1983, p. 24.
53
Sirinelli, loc. cit. (« Le hasard … »), p. 97-108.
15
Enfin, les historiens des sciences consacrent de plus en plus de temps à des études
comparées concernant les échanges scientifiques entre les sociétés métropolitaines et
coloniales, la pratique de la science dans les sociétés coloniales ou encore les institutions
scientifiques européennes ou américaines54. Au Canada, plusieurs historiens se consacrent à
de telles études, tandis quřau Québec, certains remettent en cause les prétendues influences
quřéxerceraient la science pratiquée dans les métropoles européennes et américaines sur
celle des sociétés coloniales55.
En dernier lieu, il convient de présenter quelques débats qui ont toujours cours en
histoire des sciences au Québec et qui permettent à cette discipline de contribuer à sa façon
au développement du champ historique. Ainsi, pendant plusieurs décennies, autant en
histoire des sciences quřen histoire socio-économique, il était dûment accepté que le
Québec dřavant 1960 fut replié sur lui-même. Lřhistoriographie traditionnelle nřaurait fait
que coller ce vernis sur la question du développement des sciences au Québec, certains
scientifiques du début du XXe siècle, se faisant aussi historiens de leur discpline, déclarant
que la province a longtemps été en retard par rapport aux autres sociétés occidentales 56.
Selon plusieurs témoignages de naturalistes et dřhistoriens de la première moitié au XXe
siècle, le progrès des idées scientifiques se serait fait lentement au Canada français. Le
contexte socio-économique, politique, idéologique et culturel particulier aurait bloqué le
développement de la science.
Pour les uns, ce manque dřintérêt pour les sciences tenait au tempérament latin des Canadiens
français. Dřautres lřattribuaient à la langue et à la culture françaises, quřon croyait moins
propices que la culture anglaise ou allemande aux études scientifiques. Dřautres, enfin,
soutenaient que lřÉglise catholique du Canada français, hostile au changement et soucieuse de
préserver le dogme, avait fait longtemps obstacle au progrès des idées scientifiques 57.
54
Richard A. Jarrell, « The Rise and Decline of Science at Quebec, 1824-1844 », Histoire sociale/Social
History, vol. X, no 19 (mai-May 1977), p. 77-91 ; Jarrell, loc. cit. (« British Scientific Institutions and
Canada »), p. 533-547; Jarrell, « Measuring Scientific Activity in Canada and Australia before 1915 :
Exploring Some Possibilities », Scientia canadensis, vol. 17, nos 1-2 (1993), p. 27-52; Zeller, op. cit. et
Zeller, La nouvelle Terre promise. La culture de la science victorienne au Canada, Ottawa, La Société
historique du Canada, brochure historique no 56, 1996, 26 p.
55
Cřest le cas de R. Duchesne, loc. cit. (« Science et société coloniale : …), p. 99-139.
56
Léon Lortie et Marie-Victorin, op. cit.
57
Chartrand, Duchesne et Gingras, op. cit., p. 9.
16
Les naturalistes canadiens-français prétendaient eux-mêmes, au cours du XIXe siècle, que
les Canadiens anglais se sont plus occupés de sciences et de techniques que les
francophones qui se préoccupaient presque exclusivement des Humanités, ce qui devait
suffire pour expliquer leur retard économique sur le Canada anglais.
Il y a un peu plus de cent ans, lřécrivain et homme politique P.-J.-O. Chauveau remarquait
que, « sans doute par une de ces affinités naturelles », la population anglophone du Canada
sřétait portée davantage vers les sciences mathématiques, physiques et naturelles, alors que les
intellectuels du Canada français avaient été attirés plutôt vers les sciences morales et
politiques, lřhistoire, la littérature et les beaux-arts58.
Une vision impressionniste qui reflète bien imparfaitement la situation du scientifique du
Québec au cours de la période à lřétude. Ce retard résulterait de la fermeture et de
lřétroitesse dřesprit de la société canadienne-française face aux sciences et au
développement technique. Selon lřhistorien des sciences Y. Gingras, ce discours ne
reflèterait pas la réalité du développement social, économique, politique et encore moins
scientifique du Québec pour le début du XXe siècle59. En effet, selon lui, « lřétude du
développement scientifique du Québec au cours de lřentre-deux-guerres ne laisse voir
aucune fermeture sur soi, bien au contraire. Ce quřon observe plutôt, cřest la mise en place
dřinstitutions adaptées aux besoins dřune société urbaine et industrielle60 ».
Des témoignages de scientifiques et dřhistoriens laissent entrevoir la même situation
pour une période antérieure. Comme lřexplique dřabord L. Lortie,
Un inventaire encore incomplet nous a fait connaître les noms dřune cinquantaine de
Canadiens qui, jusque vers 1875, se sont intéressés aux sciences naturelles, ont publié des
ouvrages ou écrit des articles sur les mathématiques, la chimie, la physique et la botanique.
Tout cela nous incite à réviser les opinions que nous pouvions entretenir, et même les
jugements sommaires quřon a pu porter sur la vie intellectuelle de nos ancêtres au cours du
premier siècle qui suivit la conquête du Canada par lřAngleterre61.
Louis-Philippe Audet, dans son étude de la fondation de lřÉcole Polytechnique de
Montréal, continue dans la même veine confessant que son « étonnement ne doit donc pas
58
P.-J.-O. Chauveau, L’Instruction publique au Canada, Québec, 1876, p. 311, cité dans Chartrand,
Duchesne et Gingras, op.cit., p. 9.
59
Gingras, op. cit. (« Le rôle dřintellectuel ... »), p. 332.
60
Ibid.
61
Lortie, op. cit. (1960), p. 47.
17
être moins grand dřapprendre quřun mouvement dřenvergure en faveur des sciences et de
leur enseignement connut de multiples adhésions dans le milieu canadien-français, vers les
années 187062 ».
La question de lřimpact de lřultramontanisme sur le développement scientifique au
Canada français serait-elle aussi liée au retard apparent de la science canadienne-française
par rapport à celle produite par les naturalistes anglophones du Canada ? Les recherches
historiques des dernières années ont permis dřinverser lřidée selon laquelle lřidéologie
ultramontaine, adoptée par lřÉglise catholique à la fin du XIXe siècle et véhiculée dans la
société canadienne-française jusquřau début du XXe siècle, aurait freinée la propagation de
la science au Québec63. Ainsi, loin de condamner les sciences et leur diffusion, plusieurs
ultramontains encourageaient ici leur étude64. Lřattitude de lřÉglise catholique à lřendroit
de la science nřaurait donc pas été aussi catégoriquement négative quřon lřa longtemps
laissé croire.
Du scientifique et de la société
Lřhistoire des scientifiques se situe à la jonction des nouvelles perspectives en histoire
et en sociologie des sciences. Apparu récemment, ce domaine de recherche tient compte à
la fois des contextes sociopolitique, économique, culturel et scientifique, de même quřil
intègre à ses analyses des concepts tirés de la sociologie des sciences.
Malgré de tels développements, les scientifiques, exceptées « quelques grandes
figures [qui] sont régulièrement invoquées65 » Ŕ comme Louis Pasteur en France, Albert
Einstein aux États-Unis ou le frère Marie-Victorin au Québec Ŕ, sont encore tenus à lřécart
dans les travaux de la majorité des historiens. Deux raisons expliqueraient lřoubli du
62
Louis-Philippe Audet, « La fondation de lřÉcole Polytechnique de Montréal », Les Cahiers des Dix, no 30
(1965), p. 150.
63
Richard A. Jarrell, « Lřultramontanisme et la science au Canada français », dans Marcel Fournier, Yves
Gingras et Othmar Keel, Sciences & médecine au Québec. Perspectives historiques, Québec, IQRC, 1987, p.
46.
64
Chartrand, Duchesne et Gingras, op. cit., p. 436.
65
Michel Pinault, « Lřintellectuel scientifique : du savant à lřexpert », dans Michel Leymarie et Jean-François
Sirinelli (dir.), L’histoire des intellectuels aujourd’hui, Paris, Presses Universitaires de France, 2003, p. 229.
18
scientifique dans les travaux des historiens des sciences : dřabord « la tradition qui a pu
réserver, dans lřuniversité française, lřhistoire des sciences aux philosophes et aux
épistémologistes », les historiens craignant alors « de sřattaquer à un domaine qui leur
semble réclamer des compétences de spécialiste», ensuite « le fait que reste négligé le rôle
devenu décisif de la science et de la technologie dans la vie sociale66 ».
Mais certains historiens « sřinscrivent à rebours de cette tendance67 » en sřintéressant,
depuis une quinzaine dřannées, aux acteurs scientifiques qui interviennent sur la place
publique ou tout simplement à ceux qui pratiquent une activité scientifique à différentes
époques et dans différents pays68. Cet intérêt nřest pas apparu du fait de leur seule
curiosité : « La sociologie, en affirmant que la science est soumise aux mêmes
déterminations que les autres activités humaines, a ouvert la voie à une telle histoire69 ».
Ainsi, en replaçant « lřhistoire des sciences dans le cadre dřune histoire sociale qui rend
compréhensible leurs trajectoires », ces historiens inscrivent leurs travaux dans une histoire
sociale des milieux scientifiques70, de même que dans une analyse sociologique de
lřactivité scientifique.
Plan de la thèse
Une question générale sert de point de départ à la recherche : comment se développe
le milieu scientifique au Québec de 1850 à 1920 ? Les caractéristiques générales du milieu
se seraient en partie mises en place avant 1920. Avant dřentreprendre lřanalyse proprement
dite des pratiques et des réseaux des scientifiques du Québec, nous nous interrogeons, dans
le chapitre 2, sur le contexte historique pour la période de 1850 à 1920. On y présente les
conditions qui favorisèrent le développement des sciences au Québec au cours de la période
à lřétude, à savoir les rapports et interactions entre le socio-économique, le politique, le
culturel et le scientifique. Les acteurs qui exercèrent et diffusèrent la science à cette époque
sont également dépeints. On répond à un certain nombre de questions, telles quřest-ce qui
66
Ibid., p. 230.
Ibid.
68
Gingras op. cit. (« Le rôle dřintellectuel … »), MacDonald, op. cit. et Edward W. Said, Des intellectuels et
du pouvoir, Paris, Éditions du Seuil, 1996, 139 p. (Coll. « Essai/Seuil »).
69
Pinault, op. cit., p. 231.
70
Ibid., p. 231 et 232.
67
19
caractérise la société canadienne-française et comment se présente la science au Québec ?
Comment la science sřintègre-t-elle dans la société et la culture au Québec avant 1920 ?
Quelques points, comme la formation, les ressources intellectuelles et les intérêts
disciplinaires des acteurs nous permettront de mieux connaître les producteurs de la
science. Après avoir passé en revue la question des centres de production et de diffusion de
la science au Québec, nous nous questionnons sur les conditions qui favorisèrent le
développement des sciences au Québec et sur pourquoi considère-t-on encore que les
Canadiens français étaient en retard par rapport à la science de leur temps. Toutes ces
questions sřinsèrent dans lřinterrogation générale qui est de savoir comment sřest
développé le milieu scientifique au Québec à partir de 1850.
Pour comprendre les changements survenus dans le milieu scientifique, la question du
développement des pratiques nous apparaît essentielle. Dans le chapitre 3, on analyse les
pratiques des naturalistes du Québec, de 1850 à 1920. On y décrit ces pratiques et lřespace
quřelles occupent, puis on expose le contexte qui a rendu possible lřadoption de telles
pratiques au Québec. Dans la seconde partie, une pratique retient particulièrement notre
attention, qui servira dřexemple : celle de la spécialisation. Quatre cas de figures de
spécialisation sont présentés : la paléobotanique, dans la discipline de la paléontologie, la
physiologie végétale et la bryologie71, en botanique, et lřentomologie.
Un autre questionnement central concerne les réseaux scientifiques, objet du chapitre
suivant. Dans la première partie, qui aborde les réseaux formels (institutions et État), nous
répondons à la question suivante : quels sont les liens qui se sont tissés entre les naturalistes
et lřÉtat? Dans la partie suivante, sur les réseaux informels, on y décrit les types de rapports
que les naturalistes du Québec ont entretenus de 1850 à 1920. On y regarde aussi leurs
échanges avec les naturalistes du reste du Canada, des États-Unis et de lřEurope, quand cela
est possible, et les moyens que les naturalistes du Québec développèrent pour compenser
leur éloignement des centres de production de la science occidentale.
71
La bryologie est lřétude des mousses, des sphaignes et des hépatiques.
20
Dans le dernier chapitre, on étudie le milieu en action, soit sa structuration, sa
dynamique et son autonomie. La structuration concerne lřidentité et la position des acteurs
dans le milieu. La dynamique est quant à elle visible par les débats et les controverses
scientifiques qui traversent la seconde moitié du XIXe siècle. Enfin, lřautonomie relative du
milieu est vue à travers lřantagonisme amateur/professionnel et les obstacles à son
développement.
En conclusion, nous pourrons répondre à ces questions : quel est lřétat du
développement du milieu scientifique au Québec en 1920 ? Les conditions pour faire de la
science sont-elles présentes ? Quel portrait global pouvons-nous dresser du milieu
scientifique et de la culture scientifique au Québec? pour ensuite explorer quelques
perspectives de recherche en histoire des sciences au Québec.
21
Pour chaque problème, on cherche à atteindre une vérité
indubitable. Cependant, souvent, nous ne parvenons pas
à la certitude. Nous pouvons atteindre la certitude sur une
partie de ce que nous cherchons, et une croyance ou une
persuasion sur le reste. Nous pouvons parvenir à nous en
former une image, ou nous tromper et croire que nous
lřavons trouvée alors que tel nřest pas le cas. Ou nous
pouvons être perplexe, comme lorsque les arguments
pour et contre nous frappent avec une force égale. La
cause en est la diversité des méthodes que nous suivons
dans le traitement dřun problème; car une seule méthode
ne saurait nous conduire à des opinions différentes sur
un même problème. Non, ce qui nous amène à avoir
des opinions différentes sur les diverses classes
de problèmes vient nécessairement des différentes
manières de procéder.
-
Al-Fârâbî, De l’obtention du bonheur, I, 3. Paris,
Éditions Allia, 2005, p. 18.
22
CHAPITRE 1
CADRE MÉTHODOLOGIQUE
Notre approche méthodologique se compose de trois axes reliés. Dřabord, une
analyse du contexte socio-économique et culturel qui avait cours au Québec, qui permettra
dřévaluer les conditions de développement du milieu scientifique canadien-français au
cours de la période à lřétude. Ensuite, une mise en relation des correspondances échangées
pour mettre en lumière les réseaux que ces naturalistes ont établi au Québec et ailleurs dans
le monde. Enfin, une analyse de contenu des archives personnelles des naturalistes Ŕ entre
autres les correspondances quřils échangeaient entre eux Ŕ, de même que plusieurs
publications des naturalistes canadiens-français et anglophones du Québec Ŕ monographies
spécialisées, manuels, articles et textes de conférences Ŕ et des rapports de divers ministères
du gouvernement de la province du Canada et du Québec pour la période à lřétude. Cette
approche indicielle méthodique nous permet donc de dresser le portrait du milieu
scientifique au Québec de 1850 à 1920.
1.1 Cadre d’analyse : approches théoriques
Pour cerner un sujet qui regroupe des données provenant de lřhistoire des sciences, de
lřhistoire des idées et de lřhistoire sociale, il est nécessaire de combiner une multiplicité
dřapproches théoriques. Dans les pages qui suivent, nous décrivons les types dřapproches
les plus pertinentes pour répondre aux questions de recherche. Ces approches visent à
décloisonner le sujet qui est principalement lié à lřhistoire et la sociologie des sciences.
Il semble possible dřadopter une approche sociohistorique dans lřétude des sciences.
Certes, on se penche à la fois sur les facteurs externes (économiques et sociaux) et internes
(disciplinaires) ayant concouru à la pratique dřune activité scientifique1, mais on tient
également compte dřautres facteurs, intellectuels et psychologiques ceux-là, dont dépend
1
François Russo, Nature et méthode de l’histoire des sciences, Paris, Librairie scientifique et technique, 1984,
p. 126.
23
lřengagement dřune recherche. « Il sřagira notamment de facteurs philosophiques ou même
religieux, et aussi de facteurs qui relèvent du milieu culturel général dans lequel se
développe lřactivité scientifique2 ». Une telle approche constitue également « un effort pour
rechercher et faire comprendre dans quelle mesure des notions ou des attitudes ou des
méthodes dépassées ont été, à leur époque, un dépassement et par conséquent en quoi le
passé dépassé reste le passé dřune activité à laquelle il faut conserver le nom de
scientifique3 ». Cette approche nous apparaît particulièrement pertinente pour notre étude
car elle prémunit lřhistorien contre le danger de lřanachronisme.
Nous avons recours, dans un premier temps, à une étude biographique. Mais celle-ci
ne constitue quřun moyen pour connaître les principaux acteurs impliqués dans le
développement des sciences au Québec, et non pas une fin méthodologique en soi. Cřest
ainsi que nous pourrons effectuer une première structuration, même artificielle, du milieu
scientifique naissant4.
Afin de passer outre les difficultés liées à cette pratique historique, soit le danger de
créer des liens factices et soit la difficulté de qualifier les liens quřentretenaient les
naturalistes entre eux, nous préférons une approche basée sur la reconstitution des
générations et des réseaux des naturalistes, tout en tenant compte des trajectoires
individuelle et collective. Comme le propose Jean-François Sirinelli, « ces parcours
peuvent être reconstitués par le procédé des biographies comparées, mais aussi, (…), par
lřobservation du devenir dřun groupe dřintellectuels issus dřune matrice commune5 ». En
sociohistoire des sciences, Y. Gingras propose aussi de retracer les trajectoires individuelles
2
Ibid., p. 128.
Canguilhem, op. cit., p. 14.
4
Lřapproche biographique et prosopographique appliquée à lřhistoire des sciences se rattache à une longue
tradition historiographique. Pour une vision plus moderne, consultez Steven Shapin et Arnold Trackray,
« Prosopography as a Research Tool in History of Science: the British Scientific Community 1700-1900 »,
History of Science, vol. XII (1974), p. 1-28. Au Québec, Danielle Ouellet et Robert Gagnon ont amplement
utilisé cette approche : Danielle Ouellet, L’émergence de deux disciplines scientifiques à l’Université Laval
entre 1920 et 1950 : la chimie et la physique, Québec, Université Laval, 1991, thèse de Ph. D., 541 p.; Robert
Gagnon, avec la collaboration de Armand J. Ross, Histoire de l’École Polytechnique de Montréal 1873-1990
La montée des ingénieurs francophones, Montréal, Les Éditions du Boréal, 1991, 526 p.
5
Sirinelli, loc. cit., (« Le hasard ou la nécessité ?), p. 102.
3
24
des acteurs pour en arriver à comprendre le processus dřémergence de toute nouvelle
discipline6.
Une vision qui se veut globale inclut la strate des naturalistes de moindre renom, car
cřest à travers eux « que lřon peut saisir, avec ses réseaux de sociabilité et ses
microclimats7 », les rouages dřun milieu scientifique. Cřest également ce que préconise Y.
Gingras quand il déplore le fait que « la plupart des travaux sur les intellectuels, (…), ont
porté sur les personnages les plus visibles de la scène intellectuelle », cřest-à-dire les
mêmes acteurs et les mêmes discours, et que les historiens devraient « reconstruire lřespace
complet des intervenants de lřépoque étudiée8 ». Lřhistorien qui effectue cette
reconstruction méthodique se libére alors de lřhistoire officielle qui est souvent celle des
seuls gagnants, les plus bruyants acteurs de lřépoque9.
Dans un deuxième temps, on a recours aux approches issues spécifiquement de
lřhistoire et la sociologie des sciences, et plus particulièrement du courant des Science
Studies10. Il est maintenant tout à fait accepté, chez les historiens des sciences, que « la
science est soumise aux mêmes déterminations que les autres activités humaines11 ». Les
travaux des dernières décennies sřinscrivent dans cette vague historiographique.
Le processus qui mène au développement du milieu scientifique comprend différentes
strates qui constituent des axes de la recherche doctorale. Plus précisément, nous analysons
ce qui a concouru au développement du milieu scientifique au Québec, par le biais des
naturalistes, les réseaux quřils mettent en place, les institutions qui les supportent (collèges,
6
Yves Gingras, « Lřinstitutionnalisation de la recherche en milieu universitaire et ses effets », Sociologie et
sociétés, vol. XXIII, no 1 (printemps 1991), p. 44.
7
Sirinelli, loc. cit. (« Le hasard ou la nécessité ? »), p. 102.
8
Gingras, op. cit. (« Le rôle dřintellectuel des scientifiques québécois »), p. 331.
9
Ibid.
10
Voir par exemple Robert K. Merton, Science, Technology and Society in Seventeenth century England,
New York, Howard Fertig, 1970, 279 p.; Bruno Latour et Steve Woolgar, La vie de laboratoire : la
production des faits scientifiques, Paris, La Découverte, 1988, 299 p.; Latour, Le métier de chercheur : regard
d’un anthropologue, Paris, Institut national de recherche agronomique, 1995, 91 p.; Latour, « One More Turn
After the Social Turn ... », dans Mario Biagioli (ed.), The Sciences Studies Reader, New York and London,
Routledge, 1999, p. 276-289.
11
Pinault, op. cit. (« Lřintellectuel scientifique : du savant à lřexpert »), p. 231.
25
universités, musées de sciences) et lřÉtat qui montre un intérêt de plus en plus grand dans la
régulation des manifestations de la science dans la société canadienne-française au cours de
la seconde moitié du XIXe siècle jusquřà 1920.
Cette étape préliminaire de présentation des contextes socio-politique et intellectuel,
et de la mise en place des conditions internes et externes nécessaires au développement des
sciences, élargit lřanalyse sur lřespace des positions occupées par les naturalistes.
Lřavènement progressif de la spécialisation dans le milieu scientifique au Québec constitue
un argument significatif utilisé par ces acteurs pour asseoir leur légitimité. Le partage entre
ces derniers et les simples dilettantes, de même que la dévaluation de certains types de
pratiques scientifiques, comme la vulgarisation et la production de manuels scolaires, sont
quelques exemples du prix à payer pour que le milieu accède à une certaine reconnaissance
internationale. Les naturalistes en viennent donc à définir les droits dřentrée nécessaires
pour faire partie du milieu scientifique, tout comme ils établissent les critères pour statuer
du caractère scientifique dřun travail et de sa valeur. En résumé, ils définissent les
modalités de participation au milieu scientifique encore en formation à la fin du XIX e
siècle.
Cette étape au cours de laquelle les acteurs décident entre eux des critères de
légitimité et de participation au milieu a été atteinte quelques décennies auparavant aux
États-Unis et plus récemment au Canada anglais. Les naturalistes du Québec, en voie de
spécialisation dans chacune de leur discipline, se réfèrent de plus en plus à certains dřentre
eux pour assurer leur entrée dans le milieu scientifique nord-américain. Mais
lřapprentissage de lřuniformisation des pratiques scientifiques ne se fait pas sans causer
quelques frictions entre les spécialistes des deux pays, chacun affirmant la supériorité des
critères scientifiques et des méthodes employées par rapport à lřautre12. Malgré ces luttes
12
On donnera ici comme exemple celui de lřabbé Léon Provancher (1820-1892). Dans les années 1860, au
moment où lřentomologie scientifique se développe en Amérique du Nord, il entre en contact avec les
entomologistes américains les plus connus dans lřétude de certains ordres, comme William H. Edwards
(Lépidoptères), H.A. Hagen (Névroptères), Philip R. Uhler (Hémiptères), George H. Horn (Coléoptères) et le
baron Osten Sacken (Diptères). Ce dernier lui recommande dřécrire à lřentomologiste autodidacte Ezra T.
Cresson pour les Hyménoptères. Dřabord peu intéressé par les travaux de L. Provancher sur les
Hyménoptères, lřordre qui lřintéresse également, il se rapproche de lřentomologiste canadien-français
26
dřinfluence au sujet du contenu légitime des pratiques scientifiques à adopter dans le milieu
scientifique, certains acteurs en arrivent à sřintégrer dans le milieu américain et canadien.
La consultation et la citation de leurs publications constituent une preuve de cette insertion.
Dans un troisième temps, notre approche puise dans lřhistoire intellectuelle qui
apporte divers moyens pour circonscrire les relations quřentretiennent les acteurs au cours
dřune période donnée. Pour ce faire, lřhistorien peut recourir à trois outils, développés par
J.-F. Sirinelli : lřétude des itinéraires, lřobservation des structures de sociabilité et la mise
en lumière des générations dřintellectuels13. Dřautres historiens se sont inspirés de cette
approche, principalement pour lřétude des intellectuels. Ainsi, lřétude des itinéraires, ou des
trajectoires, est populaire en histoire intellectuelle14. Les travaux de Mary Lu Macdonald,
Y. Gingras, D. Ouellet et R. Gagnon montrent que cette approche peut être transférée à
lřhistoire des sciences15. Lřobservation des structures de sociabilité, qui renvoie à la
question des réseaux sociaux, a aussi été adoptée par les historiens intellectuels16. Nous
croyons que ce type dřanalyse peut être utilisé en histoire des sciences. La reconstitution de
ces réseaux serait pratiquement impossible sans lřétude des correspondances échangées par
les naturalistes17. Enfin, la question des générations : Pascal Ory et J.-F. Sirinelli, en
quelques années plus tard lorsquřil entreprend des recherches sur les Ichneumonidae de lřAmérique du Nord
dans les années 1870. Tout en essayant de garder une certaine indépendance face à E.T. Cresson, qui remet en
question ses identifications, L. Provancher profite de ces contacts pour améliorer ses connaissances et étendre
son réseau, ce qui lui permet dřasseoir sa réputation dřentomologiste au Québec, au Canada anglais et en
Europe. Les méthodes de travail seront quant à elles à la base dřune correspondance entre L. Provancher et
G.C. Horn. Celui-ci condamne certains critères de classification utilisés par L. Provancher qui sřen explique
par la suite. Les échanges se poursuivront sur un tout autre ton une fois la polémique passée.
13
Sirinelli, loc. cit. (« Le hasard ... »), p. 98.
14
Ibid., p. 102; Sirinelli, loc. cit. (« Biographie et histoire des intellectuels…); Catherine Pomeyrols, Les
intellectuels québécois : formation et engagement 1919-1939, Montréal, LřHarmattan Inc., 1996, 537 p.
15
Mary Lu Macdonald, « Lřintellectuel qui se fait : la démarche intellectuelle au Québec anglais avant
1882 », dans Brunet et Lanthier (dir.), L’inscription sociale de l’intellectuel, Les Presses de lřUniversité Laval
et LřHarmattan, 2000, p. 61-71; Gingras, op. cit (« Le rôle dřintellectuel des scientifiques québécois »), p.
331-340; Gingras, loc. cit. (« Lřinstitutionnalisation de la recherche »); D. Ouellet, op. cit. et Gagnon, op. cit.
16
François Chaubet, « Sociologie et histoire des intellectuels », dans Leymarie et Sirinelli (dir.), L’histoire
des intellectuels aujourd’hui, Paris, Presses Universitaires de France, 2003, p. 186-187; Alain Degenne, « Sur
les réseaux de sociabilité », Revue française de sociologie, vol. XXIV (1983), p. 114; Sirinelli, loc. cit. (« Le
hasard ... »), p. 104.
17
Manon Brunet et Pierre Lanthier, « Lřintellectuel et son milieu », dans Brunet et Lanthier, op. cit., p. 18;
Michel Trebitsch, « Devons-nous définir lřintellectuel ? », dans Brunet et Lanthier, op. cit., p. 35; Duchesne,
loc. cit. (« Science et société coloniale : …) p. 99-139.
27
France, et M. Fournier, au Québec, ont développé plus en profondeur cette approche dans
lřétude des intellectuels et des naturalistes18.
En dernier lieu, un autre aspect peut être ajouté à ce schéma interprétatif : celui de la
pluriactivité des naturalistes19. Ces derniers, loin dřêtre réductibles à une définition statique,
font parfois preuve dřune intense activité non seulement scientifique, mais également
intellectuelle, politique, académique ou religieuse. Lřhistorien a intérêt à en tenir compte
sřil veut arriver à saisir lřimplication des naturalistes dans une société et une époque
données, tout en ne perdant pas de vue les rapports quřils occupent avec le monde, car
« plus que tout autre groupe, les scientifiques se définissent […] non seulement par rapport
à leur société, à leur culture ou à la situation politique de leur pays mais, plus globalement,
par rapport aux éléments les plus internationaux de chaque culture ou des débats politiques.
Ils sont eux-mêmes les agents les plus actifs des transferts culturels et politiques entre
cultures nationales20 ». Cřest ainsi que lřhistorien peut se laisser guider par un point de vue
englobant les multiples ramifications de la vie publique et privée des naturalistes.
Le but dřune approche mixte est dřen arriver à une histoire-problème dans le cadre
plus général dřune histoire-synthèse. Certes, lřhistoire-synthèse constitue un défi pour
lřhistorien, car elle présume lřappropriation et lřanalyse de nombreux sous-thèmes. Mais il
demeure possible de renouveler les connaissances en gardant à lřesprit les questionnements
de départ et la perspective adoptée dans la présentation du sujet historique et cela sans
tomber dans une narration strictement événementielle et descriptive de ce dernier21.
18
Pascal Ory, L’histoire culturelle, Paris, Presses Universitaires de France, 2004, 127 p. (Coll. « Que sais-je ?
no 3713); Sirinelli, loc. cit. (« Biographie et histoire des intellectuels… »), p. 61-73; Fournier, op. cit.
(L’entrée dans la modernité), p. 15.
19
Pour voir une analyse du cas des intelletuels européens, consultez Christophe Charle, Les intellectuels en
Europe au XIXe siècle. Essai d’histoire comparée, Paris, Éditions du Seuil, 2001, p. 31.
20
Ibid., p. 28.
21
Louis Pinto, « Une science des intellectuels est-elle possible ? », Revue de synthèse, IVe section, no 4
(octobre-décembre 1986), p. 34.
28
1.2 Nature et sélection des sources
Les vieux papiers sont souvent scandaleux et
dérangent la bonne conscience des contemporains.
- Jacques Ferron, « Lřenfer des bouquinistes »,
Magazine Maclean XII, 8 août 1972, p. 39.
Nous nous sommes concentré sur les sources manuscrites privées (correspondance) et
imprimées officielles (rapports de différents ministères dans les documents de la session de
la province du Canada (1860-1866) et du Québec (1867-1920)), comme les rapports du
Surintendant de lřInstruction publique, du Commissaire des Terres de la Couronne de la
province de Québec, du Ministre de la Colonisation, des Mines et des Pêcheries de la
province de Québec, du Commissaire de lřAgriculture et des Travaux publics de la
province de Québec, de la Société dřIndustrie laitière de la province de Québec, de la
Société dřHorticulture de Montréal et de lřAssociation des horticulteurs fruitiers de la
province de Québec, de la Société de pomologie et de la culture fruitière de la province de
Québec, de la Société de Québec pour la Protection des Plantes contre les Insectes et les
Maladies fongueuses, du Conservateur du Musée du Département de lřInstruction publique
et du Bureau des statistiques Ŕ Province de Québec. Mais également, en raison du caractère
aléatoire de la disponibilité des sources Ŕ certains fonds sont incomplets ou
irrémédiablement perdus, tandis que dřautres fonds privés, religieux ou laïcs, ne sont pas
accessibles au chercheur22 Ŕ, nous aurons recours à un éventail de sources à la fois
manuscrites et imprimées. Afin de ne pas énumérer une liste des types de sources, nous les
répertorions dans le tableau 1.
22
Lřindisponibilité du fonds privé de la Compagnie de Jésus est due à la fermeture temporaire du centre pour
des rénovations. En ce qui concerne le centre dřarchives de la Côte-du-Sud et du Collège de Sainte-Anne, nos
courriels nřont jamais reçu de réponse.
29
Tableau 1.1 Types de sources consultées
Support
Manuscrites
Imprimées
Catégorie de sources Type de sources
Privées
Correspondance
Manuscrits
divers
(textes,
brouillons, etc.)
Scientifiques
Livres : monographies, manuels,
récits de voyage, …
Revues : articles scientifiques ou de
vulgarisation
Institutionnelles
Comptes rendus de réunions
dřassociations savantes : mémoires,
transactions, annuaires, revues,
journaux, …
Catalogues de musées
Annuaires des collèges, universités,
musées scientifiques
Officielles
Rapports de différents ministères
dans les documents de la session de
la province du Canada (1860-1866)
et du Québec (1867-1920)
Autres
Biographies
Nécrologies
30
Il sřagit de sources fréquemment utilisées, mais leur variété permet de recouvrir un ou
plusieurs aspects de la problématique. Par lřaccumulation des données, nous recoupons les
informations et par là nous en arrivons à un portrait plus équilibré des relations quřont
entretenu les naturalistes entre eux et à lřextérieur du Québec, de leurs pratiques
scientifiques et de leurs réseaux.
1.2.1 Justification du choix des sources
Chaque type de sources permet dřanalyser un ou plusieurs aspects de la
problématique.
1.2.1.1
Sources manuscrites
La correspondance constitue le type de sources le plus important pour notre projet.
Nous avons dřabord cherché tous les fonds dřarchives disponibles sur les naturalistes.
Nous avons retracé des fonds pour environ la moitié des naturalistes : le détail est présenté
dans la bibliographie. Il apparaît important de ne négliger aucun fonds, puisque par là nous
pourrons atteindre une plus grande diversité de provenance et de sujets.
Le rôle de la lettre est indéniable dans lřorganisation de la vie scientifique et
intellectuelle et cela jusquřau XXe siècle. Cřest avant tout un moyen de communication,
surtout avant lřutilisation massive du téléphone à partir de la seconde moitié du XXe siècle.
Cřest aussi « un marché dřéchange Ŕ échange dřinformations, de services et dřidées23 ».
Cřest également « le lieu privilégié où les intellectuels sřinforment, découvrent leurs
doutes, sřessaient aux luttes dřinfluence (…)24 ». Enfin, « la correspondance peut (…) avoir
une fonction stratégique : chercher à percer ou au contraire aider un débutant, contrôler un
milieu, organiser des services mutuels25 ». Cřest ainsi que lřon peut distinguer deux grandes
catégories de correspondances : la correspondance-réseau qui est « identifiable à un bulletin
23
Jane Everett, « Réseaux épistolaires : le cas du Québec dans les années trente », dans Benoît Melançon,
(dir.), Penser par lettre. Actes du colloque d’Azay-le-Ferron (mai 1997), Éditions Fides, 1998, p. 137.
24
Marie Laurence Netter, « Les correspondances dans la vie intellectuelle », Mil neuf cent. Revue d’histoire
intellectuelle, No 8 (1990), p. 8.
25
Michel Trebitsch, « Correspondance dřintellectuels. Le cas des lettres dřHenri Lefebvre à Norbert
Guterman (1935-1947) », dans Nicole Racine et Michel Trebitsch (dir.), Sociabilités intellectuelles Lieux,
milieux, réseaux, Cahiers de l’Institut d’historie du temps présent (C.H.T.P.), no 20 (mars 1992), p. 83.
31
de liaison entre membres dřun groupe organisés autour dřune ou plusieurs figures centrales,
avec un objectif commun, de caractère esthétique, scientifique ou idéologique 26 » et la
correspondance-laboratoire qui « fonctionne sur le modèle de lřamitié intellectuelle : on a
ici affaire à des intellectuels de même position, souvent de même génération, liés par des
préoccupations communes dřordre esthétique ou idéologique, qui poursuivent une relation
profonde et durable, (…), ou forment parfois au contraire des couples détonnants, (…)27 ».
Les correspondances des naturalistes constituent des « mines de renseignements sur la
vie scientifique de lřépoque, la trajectoire de lřauteur, ses sentiments et ses ambitions28 ».
Elles sont toutefois plus riches sur le plan culturel quřhumain, en mettant « particulièrement
en évidence le cosmopolitisme des intellectuels et les stratégies professionnelles sousjacentes; elles soulignent enfin la place faite à lřengagement politique, lieu de sociabilité
intellectuel récurrent mais trop souvent oublié (…)29 », surtout en histoire et en sociologie
des sciences.
Tel que le mentionne Yves Roby, puisquř« une personne entretient des relations
épistolaires avec une autre pour échanger de lřinformation, communiquer ses intentions, ses
projets, ses sentiments et ses désirs, les lettres permettent au chercheur de multiplier les
renseignements fournis par les sources classiques. Elles contribuent à donner de lřéclat à
une description, à apporter des précisions, des nuances et de la profondeur à une
interprétation30 ». Parce quřelle est à la charnière des sphères publique et privée31, il sřagit
donc dřune source qui aide lřhistorien à reconstituer le ou les réseaux établis entre les
naturalistes, de mesurer leur configuration, leur diversité et leur intensité ou encore le
retentissement des discussions épistolaires sur des sujets scientifiques, intellectuels ou
26
Ibid.
Ibid.
28
Netter, loc. cit., p. 7.
29
Ibid., p. 8.
30
Yves Roby, « Préface », dans Yves Frenette, Marcel Martel et John Willis (dir.), Envoyer et recevoir.
Lettres et correspondances dans les diasporas francophones, Québec, Les Presses de lřUniversité Laval,
2006, p. X.
31
« Dans la mesure où la correspondance est par elle-même acte de sociabilité, elle entre, (…), dans une
pratique sociale plus vaste et, loin dřêtre du seul ordre du privé, elle tend au contraire à faire sřinterpénétrer la
sphère privée et la sphère publique. Trebitsch, op. cit. (« Correspondance dřintellectuels. »), p. 82 et
Trebitsch, op. cit. (« Devons-nous définir lřintellectuel ? »), p. 36.
27
32
sociaux ailleurs dans le réseau32, et de monter le profil dřun groupe ou, si cřest le cas, dřune
génération de naturalistes.
Ajoutons ici que « lřexploration dřune correspondance Ŕ qui témoigne dřune vie avant
que lřhistorien nřy promène son cordeau et sa serpe Ŕ peut se révéler des plus fructueuses
pour peu quřelle sřappuie sur un sens critique constamment en éveil33 ». La qualité des
échanges influence les données recueillies par lřhistorien. Ce dernier doit cependant garder
à lřesprit quřun naturaliste nřexprime pas toujours le fond de sa pensée dans ses lettres34. De
même, chez lřensemble des naturalistes, les données ne se présentent pas uniformément.
Cřest pourquoi il est essentiel de consulter dřautres types de sources, comme les textes
imprimés (monographies et articles) et les sources institutionnelles et officielles émanant
des institutions dřenseignement supérieur, des musées de science et de lřÉtat.
1.2.1.2
Sources imprimées
Les sources imprimées sont à la base de lřétude des pratiques des naturalistes et de
lřimpact des institutions sur le développement des sciences au Québec. Les écrits des
naturalistes constituent des documents de première importance pour circonscrire le contenu
de leur production et leurs motivations au cours de la période à lřétude. Les naturalistes
québécois ont ainsi produit divers textes comme des monographies scientifiques, des
articles parus dans des revues savantes35, ou dans des journaux et revues lues par un public
de lettrés36, des comptes rendus de réunions et des rapports annuels de sociétés savantes37,
des manuels de science pour un public scolaire ou le grand public (agriculteurs, parents,
etc.) et dřautres œuvres de vulgarisation.
32
Everett, op. cit., p. 138.
Pierre Trépanier, « Ascèse et action, Les impatiences de Lionel Groulx (1899-1906) », dans Gisèle Huot,
Juliette Lalonde-Rémillard et Pierre Trépanier (éd.), Lionel Groulx Correspondance 1894-1967 I 1894-1906
Le prêtre-éducateur, Éditions Fides, 1989, p. lxxiii.
34
Russo, op. cit., p. 60.
35
Par exemple The Canadian Naturalist and Geologist, 1856-1916; Le Naturaliste canadien, 1868-1890,
1894-1920; lřAnnuaire de l’Institut canadien de Québec, 1874-1889; les Mémoires et comptes rendus de la
Société royale du Canada, 1882-1893; 1895-1906; 1907-1920.
36
Comme Le Canada français, 1888-1891 et 1918-1922; lřAlmanach de l’Action sociale catholique, 19171920; Le Pays Laurentien, 1916-1918 et Nouvelle-France, 1902-1918.
37
Transactions of the Literary and Historical Society of Quebec, 1829-1892; les comptes rendus de la Société
dřhistoire naturelle de Québec parus dans Le Naturaliste canadien de 1870 à 1888; la Revue Trimestrielle
Canadienne, 1915-1920.
33
33
Cette production témoigne des disciplines, des intérêts de recherche et des
préoccupations des naturalistes. Les préfaces de monographies scientifiques et les
éditoriaux des rédacteurs de revues savantes sont particulièrement importants pour voir les
motivations et objectifs scientifiques Ŕ il sřagit parfois de tout un programme de recherche
Ŕ et pédagogiques des naturalistes. Les revues, quant à elles, constituent une porte dřentrée
dans les milieux scientifique et intellectuel38. Elles revêtent plusieurs fonctions. « Une
revue peut servir, (…), à une nouvelle strate dřintellectuels pour sřintroduire dans les
« réseaux » de clercs39 ». Cřest ce que tentent de faire les néophytes ou les « disciples » qui
publient leurs premières découvertes dans une ou des revues savantes. Ensuite, « elles
constituent une instance de légitimation. Dřautre part, grâce, notamment, à sa périodicité
qui lui permet de traiter rapidement de questions importantes et à lřhomogénéité de sa
rédaction, cřest (…) lřoutil le mieux adapté à lřintervention dans les domaines de la culture
et de lřidéologie40 ». Les naturalistes sřen servent donc pour faire valoir leurs opinions sur
les sujets scientifiques (par exemple le darwinisme), sociaux (lřenseignement des sciences à
lřécole élémentaire et dans les collèges) ou même politiques (le rôle de lřÉtat dans le
développement des sciences).
Les sources institutionnelles et officielles figurent également dans notre corpus. Cřest
par le biais de ce type de sources que nous pouvons mesurer le rôle des institutions
académiques et étatiques dans le développement scientifique au Québec entre 1850 et 1920.
Certaines sociétés savantes ont produit des catalogues de leurs collections, des dons reçus
et des échanges effectués avec dřautres sociétés et/ou institutions dřenseignement (entre
autres le musée de la Société littéraire et historique de Québec et le musée Redpath de
lřUniversité McGill). Enfin, les rapports gouvernementaux sont à la base de lřanalyse de
lřimplication de lřÉtat dans le développement scientifique au Québec entre le milieu du
XIXe siècle et lřentre-deux-guerres. Chacun de ces rapports apporte également des données
sur la représentation de la science dans la société canadienne-française de lřépoque.
38
J.-F. Sirinelli, « Effets dřâge et phénomènes de générations dans le milieu intellectuel français », Cahiers de
l’I.H.T.P., no 6 (novembre 1987), p. 7.
39
Ibid., p. 6.
40
Ibid., p. 6-7.
34
1.2.2 Traitement des sources
Comme nos types de sources ne demandent pas de méthodologie particulière, nous ne
requestionnons pas lřutilisation des sources en ce sens quřelles sont consultées pour y
dénicher des informations permettant de répondre aux questions et confirmer, ou infirmer,
les hypothèses liées à ces questions de recherche. Nous avons employé une méthodologie
reposant sur les différents niveaux de lřenquête historique : la détermination dřune
population, la collecte des données et le traitement (ou analyse de contenu)41.
1.2.2.1
Détermination de la population étudiée
Le choix des naturalistes retenus pour lřétude sřest effectué à partir de certains
critères. Les naturalistes habitaient le Québec et étaient actifs au cours de la seconde moitié
du XIXe siècle et le début du XXe siècle. Ils publiaient des monographies scientifiques, des
manuels de science, des articles dans des revues, des bulletins ou des rapports. Certains
nřont publié que des monographies, dřautres des manuels, ou des articles. La grande
majorité des naturalistes de notre population étaient membres dřune ou de plusieurs
sociétés savantes.
Sur un groupe de 148 naturalistes identifiés dans des sources diverses, nous en avons
retenu 70. Comme nous lřavons mentionné plus haut, ceux-ci ont publié plusieurs textes et
ont, pour la plupart, fait partie dřune société savante. La majorité des 78 autres naturalistes
que nous avons écartés de notre corpus nřont fait partie dřaucune société savante et nřont
pas publié de textes. Ceux qui lřont fait se sont bornés à un ou deux ouvrages ou encore à
un ou quelques articles. Les naturalistes qui présentent ces publications anecdotiques nřont
pas attiré lřattention de leurs pairs, ni avant ni après leur publication. Tout comme ceux qui
nřont rien publié, ils pratiquaient les sciences naturelles pratiquement en solitaire,
accumulant des spécimens qui formaient leurs collections personnelles.
41
Christophe Charle, « Micro-histoire sociale et macro-histoire sociale », dans Christophe Charle, Histoire
sociale histoire globale ? Actes du colloque des 27-28 janvier 1989, Paris, Éditions de la maison des sciences
de lřhomme, 1993, p. 51.
35
1.2.2.2
Collecte des données
Nous avons privilégié une lecture la plus extensive possible des correspondances
produites par les naturalistes. Ainsi, pour chacun dřeux, nous avons retracé dans le ou les
fonds concernés les autres naturalistes avec lesquels ils ont échangé des lettres ou, le cas
échéant, de la documentation, des spécimens, des instruments scientifiques. La consultation
des inventaires analytiques disponibles sřavère dès lors indispensable42. Pour ce qui est des
sources imprimées, nous avons consulté les préfaces et les tables des matières des
monographies et des revues scientifiques. Nous avons enfin effectué une lecture de divers
rapports gouvernementaux, tels quřénumérés dans la bibliographie.
La recherche dřindices dans la correspondance et la littérature secondaire constitua la
phase de collecte des données. Ces indices concernent les activités des naturalistes et des
sociétés savantes (implication, échanges), la production scientifique des naturalistes, leur
implication dans la diffusion de la culture scientifique, les liens que les naturalistes ont
développé par le biais de leur activité scientifique, le recours au réseau pour diversifier
cette activité et son utilisation pour faire reconnaître leur contribution 43, le discours des
naturalistes sur la place de la science dans la société canadienne-française de 1850 à 1920
et sur lřimplication de lřÉtat dans le développement scientifique et le recours à lřaide de
lřÉtat.
1.2.2.3 Traitement ou analyse de contenu
La consultation de plusieurs types de sources, qui nřont pas encore été très exploitées
en histoire des sciences pour la période étudiée, assure une solide base documentaire au
projet de recherche. Les sources retenues se prêtent plutôt à une approche qualitative. Pour
arriver à déceler les indices de la genèse du milieu scientifique au Québec et du rôle des
naturalistes, une analyse de contenu44 de la correspondance, des monographies et autres
42
En archivistique, on appelle inventaire analytique lřoutil de recherche qui fournit un résumé des documents
(pièces) constituant un dossier.
43
Par exemple des lettres de recommendation pour postuler à des emplois ou pour adhérer à une société
savante prestigieuse.
44
Lřanalyse de contenu est un des principaux outils utilisés par les historiens pour analyser les traces écrites :
« Lřanalyse de contenu est une technique utilisée sur les productions écrites, sonores ou audiovisuelles,
provenant dřindividus ou de groupes ou portant sur eux dont le contenu se présente sous forme non chiffré et
36
textes publiés par les naturalistes est faite. Elle permet dřeffectuer la critique externe
(authenticité, provenance) et la critique interne (intention de lřacteur, vérification des
affirmations, comparaison avec la revue de littérature sur le personnage, etc.) des textes.
Cette analyse touche autant le contenu manifeste des documents, cřest-à-dire ce qui est
explicitement exprimé, que leur contenu latent, soit ce qui est implicite, sous-entendu, nondit, et qui commande une lecture de second niveau. Cřest donc à un exercice de décodage
dont nous avons procédé, décodage des conceptions scientifiques des naturalistes, des
relations quřils entretenaient avec les autres via leur correspondance, des échanges de
spécimens ou de documentation spécialisée.
Pour sřassurer de la validité de leur contenu, le recoupement des sources
documentaires (primaires ou secondaires45), cřest-à-dire le recoupement du plus grand
nombre possible de sources dřinformation, est effectué. Elle permet de déceler les forces et
les manques dans les textes analysés et de consolider les données recueillies sur lřhistoire
de la période étudiée.
qui permet de faire un prélèvement quantitatif ou qualitatif. » Maurice Angers, Initiation pratique à la
méthodologie des sciences humaines, Montréal, EEC, 1992, p. 166.
45
Les sources primaires sont les manuscrits et des écrits publiés par les naturalistes, tandis que les sources
secondaires sont constituées des documents produits par leurs contemporains ou par des chercheurs
subséquents.
37
Il nřy a aucune raison de limiter lřétude de la science
à lřécriture du livre de la nature, en oubliant dřétudier
le « grand livre de la culture » qui envahit beaucoup
plus notre vie quotidienne que lřautre Ŕ (…).
-
Bruno Latour, La science en action, Paris,
Éditions La Découverte, 2005, p. 615.
38
CHAPITRE 2
LA SOCIÉTÉ, LA SCIENCE ET LES NATURALISTES AU QUÉBEC DE 1850 À
1920
Avant dřentreprendre une réflexion analytique sur les pratiques des naturalistes du
Québec de 1850 à 1920, de leurs réseaux et du rôle quřils jouèrent dans le développement
du milieu scientifique au Québec, il convient de présenter, le plus clairement possible, le
contexte historique qui prévalait au Québec à cette époque. On sřintéresse ici
successivement à la fois à la société, à la science et aux naturalistes du Québec pour cette
période.
Cette présentation reste tributaire dřun certain nombre de questions générales
auxquelles nous tenterons de répondre dans ce chapitre : comment se présentait la société
canadienne-française aux plans social, économique, politique, culturel, religieux et
technologique pour le siècle sřétendant de 1820 à 1920 ? Comment faisait-on de la science
au Québec ? Quels ont été les agents qui exercèrent la science au Québec ? Quelles
conditions favorisèrent le développement des sciences au Québec de 1850 à 1920 et, enfin,
pourquoi a-t-on très longtemps considéré les Canadiens français comme étant en retard par
rapport à la science telle quřelle se pratiquait ailleurs en Occident à la même époque ?
Ces questions ont pour but principal de dresser un portrait suffisamment précis pour
que lřon puisse sřy référer ultérieurement, mais sans être complet et définitif. Les éléments
exposés ici constituent donc des pistes pour un approfondissement du contexte de
développement du milieu scientifique au Québec.
2.1 La société canadienne-française de 1850 à 1920
Sřil est une chose qui caractérise la société canadienne-française de la seconde moitié
du XIXe siècle jusquřen 1920, cřest le changement, en particulier par le biais de la
révolution industrielle. La société canadienne-française dřalors passe par de multiples
39
mutations aux plans social, économique, politique, culturel, religieux et technologique, qui
se poursuivront jusquřaux premières décennies du XXe siècle.
En plus de lřimportante saignée démographique qui a cours de 1850 à 1929, où près
de 900 000 personnes émigrent vers les états de la Nouvelle-Angleterre, la société
canadienne-française subit une autre transformation sensible au cours de la seconde moitié
du XIXe siècle et au début du XXe siècle : lřurbanisation. Entre 1850 et 1920, les taux
dřurbanisation sont en constante progression, passant de 14,9 % en 1851, à 23,8 % en 1881,
à 36,1 % en 1901 et à 51,8 % en 19211. De rurale, la société canadienne-française devint à
prépondérance urbaine. Une bonne proportion de la population habite toujours en zone
rurale mais lřattrait des industries, implantées dans les villes, entraîne une migration vers
celles-ci et une augmentation constante du nombre de citadins.
Les villes nřétaient toutefois pas encore des lieux propres à assurer la subsistance de
tous. Les industries employaient certes des milliers dřouvriers, mais les salaires étaient si
bas quřils ne suffisaient pas pour vivre décemment. Les femmes et les enfants grossirent
aussi les rangs des prolétaires; même avec leurs contributions, les familles nřarrivent pas à
assurer les besoins en termes de nourriture, de logement, dřhygiène et surtout dřéducation.
Les populations des villes demeurent longtemps vulnérables aux épidémies, comme celles
de la variole, en 1885, et de la grippe espagnole de 1918.
Le système scolaire québécois connaît dřimportantes mutations au cours de cette
période. Ces mutations se manifestent notamment par lřaménagement des structures
dřenseignement et de la professionnalisation croissante du corps enseignant. Les écoles de
rang, qui dispensaient lřenseignement du cours élémentaire, étaient dirigées par des
instituteurs et des institutrices laïcs. À la fin des années 1840, le Surintendant de
lřInstruction publique, Jean-Baptiste Meilleur, tente de valoriser le métier dřinstituteur, qui
nřest pas très populaire auprès des jeunes hommes. Pour ce faire, il crée deux bureaux
1
Paul-André Linteau, René Durocher et Jean-Claude Robert, Histoire du Québec contemporain. Tome I. De
la Confédération à la crise (1867-1929), Les Éditions du Boréal, 1989, p. 167 et 470.
40
dřexaminateurs, en 1846, à Québec et à Montréal2. Le but des parlementaires et de J.-B.
Meilleur est « de faire de lřenseignement une profession essentiellement masculine, un
débouché intéressant pour les jeunes diplômés des collèges classiques. Ainsi, espèrent-ils
que les commissaires nřengageront que des instituteurs munis du brevet décerné par les
bureaux des examinateurs3 ». En 1855, on nomma un second surintendant de lřInstruction
publique qui remplace J.-B. Meilleur, en poste depuis 1842. Pierre-Joseph-Olivier
Chauveau sřattaque à la mauvaise qualité de la formation des instituteurs en fondant trois
écoles normales, en 1857 et, la même année, le Journal de l’Instruction publique et son
pendant anglophone, le Journal of Education. On encourage aussi peu à peu lřéducation
populaire par le biais de conférences et de cours publics dans les sociétés savantes et à
lřUniversité Laval. Ces initiatives de lřÉtat provincial pour la formation des instituteurs et
la qualité de leur enseignement montrent sa volonté de mieux contrôler le système scolaire
jusquřen 1875, année où le ministère de lřInstruction publique est aboli sous les pressions
du clergé ultramontain.
Du côté de lřenseignement collégial, on assiste à la création, pour la période de 1846
à 1876, de 13 collèges classiques. Ces derniers sont principalement administrés par des
communautés religieuses enseignantes masculines, comme les Clercs de Saint-Viateur, les
pères de Sainte-Croix et les Jésuites4. Comme le mentionne Andrée Dufour,
« lřaugmentation du nombre de collèges masculins accroît également lřimportance de
lřÉglise dans lřéducation5 ». Cette présence grandissante de lřÉglise sřobserve avec la
création du Conseil de lřInstruction publique, en 1859. Ainsi, « les inspecteurs en sont
écartés mais lřévêque auxiliaire catholique et lřévêque protestant de Montréal y siègent6 ».
Avec la création du Ministère de lřInstruction publique, en 1867, le Conseil est divisé en un
comité catholique et un comité protestant. LřÉtat se doit de partager le fonctionnement du
système scolaire avec lřÉglise. En abolissant le ministère en 1875, le premier ministre
Charles-Eugène Boucher de Boucherville le remplace par un Département de lřInstruction
2
Andrée Dufour, Histoire de l’éducation au Québec, Éditions Boréal, 1997, p. 40-41.
Ibid., p. 41.
4
Ibid., p. 48.
5
Ibid.
6
Ibid., p. 49.
3
41
publique. Ainsi, tous les évêques des diocèses de Québec sont nommés au comité
catholique, ce qui leur assurait la direction des orientations du système scolaire catholique7.
Lřenseignement du cours classique était généralement assuré par des religieux
séculiers. Ainsi, les grands séminaristes et de jeunes prêtres enseignaient dans les classes de
grammaire, tandis que des « prêtres de collège », dřanciens élèves du collège pour la
plupart, enseignaient aux classes de lettres et de philosophie8. À titre dřexemples, pour ce
qui est des collèges classiques, jusquřen 1920, « (…) ils emploient tous des séminaristes,
qui enseignent la grammaire ou lřarithmétique en surveillant les élèves à la salle dřétude, au
dortoir et à la récréation9 ». Pour les classes plus avancées,
les prêtres qui tenaient le coup, que les autorités gardaient, devenaient ensuite professeurs
titulaires dřune classe ou se consacraient à lřenseignement dřune seule matière comme lřanglais
ou les mathématiques, la philosophie ou la physique. Le titulaire, appelé professeur principal,
faisait le grec, le latin, le français et la religion ou le français, une langue ancienne et la religion.
Très souvent il ajoutait lřenseignement de lřhistoire et de la géographie. (…) Ces titulaires
formaient vraiment le corps enseignant des collèges-séminaires, (…)10.
Pour les classes préparatoires et les matières jugées secondaires ou facultatives, comme les
cours de musique, de dessin, de diction, de gymnastique, de même que lřanglais, les
collèges engageaient parfois des laïcs11.
Pour ce qui est de la clientèle scolaire, les enfants des membres des professions
libérales (médecins, avocats, notaires) ou de la petite bourgeoisie dřaffaires forment la
principale clientèle du cours classique qui durait jusquřà huit ans. Très peu dřouvriers,
dřartisans et de cultivateurs sřinstruisaient au-delà du cours élémentaire. Lřalphabétisation
maintient toutefois une hausse constante jusquřà la fin du XIXe siècle, grâce aux mesures
mises en place par lřÉtat provincial. De 1850 à 1900, le taux dřalphabétisation passe
dřenviron 30 % à 74 % au Québec12.
7
Ibid., p. 50.
Claude Galarneau, Les collèges classiques au Canada français (1620-1970), Montréal, Éditions Fides, 1978,
p. 109.
9
Ibid., p. 98.
10
Ibid., p.110.
11
Ibid., p. 112.
12
Michel Verrette, L’alphabétisation au Québec 1660-1900 En marche vers la modernité culturelle, Sillery,
Les éditions du Septentrion, 2002, p. 142.
8
42
Au plan économique, le Québec entre dans lřère du capitalisme industriel. Une
première révolution industrielle affecta la province à partir des décennies 1850 et 1860.
Lřutilisation de la vapeur permit une mécanisation et donc une accélération du rythme de
production des marchandises. Lřexpansion du réseau de voies ferrées et lřamélioration du
transport maritime permirent dřacheminer plus rapidement les ressources vers les usines et
les produits manufacturés vers les marchés. Lřéconomie se diversifie avec lřimplantation, à
Montréal, dřindustries manufacturières (cuir, chaussures, bois équarri et de construction).
Montréal supplante Québec avec sa population en croissance rapide et son économie plus
active et plus diversifiée. Cette suprématie sřaccentue avec la seconde révolution
industrielle, à la fin du siècle, grâce à lřénergie hydroélectrique et des progrès
technologiques dans les secteurs des pâtes et papiers, de lřaluminium et de lřindustrie de
lřautomobile, assurant une certaine maturation de lřéconomie québécoise 13. Les
transformations que connut lřéconomie du Québec, comme son entrée dans le capitalisme
industriel et lřurbanisation des régions de Montréal et de Québec et dřautres petits centres
urbains14, confirment lřimportance grandissante de Montréal qui devient la métropole du
Canada au début du XXe siècle.
Ceux qui demeuraient à la campagne vivent également des transformations.
Lřagriculture de subsistance est toujours la norme, mais de plus en plus dřagriculteurs
diversifient leurs activités et intégraient la production laitière à leur activité. Certains
allèrent jusquřà initier une industrie de transformation du lait en formant des laiteries et des
beurreries. Lřélevage connaît aussi une progression; plus de bovins et dřovins formèrent les
cheptels. Une économie agro-forestière sřimplante quant à elle dans les régions forestières.
Les agriculteurs profitent de lřouverture de nombreuses scieries pour « monter aux
chantiers » et ainsi apporter un revenu dřappoint à leur famille.
Au niveau culturel, la période 1850 à 1920 marque aussi un tournant. Les progrès
techniques, des transformations démographiques, socio-culturelles et économiques
13
John A. Dickinson et Brian Young, Brève histoire socio-économique du Québec, Sillery, Les éditions du
Septentrion, 1995, p. 217.
14
Comme Trois-Rivières, Shawinigan, Sherbrooke ou Chicoutimi.
43
influencent lřéclosion dřune presse de masse, surtout au début du XXe siècle. Au Québec,
The Montreal Star, journal reconnu nationalement, est fondé en 1869, tandis que La Presse
paraît à partir de 1884. Les innovations techniques, comme « lřapparition des rotatives à
bobines de papier », dans les années 1860, « lřinvention de procédés de production de
papier à base de bois » et « la mise au point de machines à composer 15 » accompagnent en
parallèle lřextension du réseau de transport ferroviaire et des télécommunications
(télégraphe, téléphone). Bien plus, « certaines transformations démographiques et socioculturelles de la fin du XIXe siècle jouent, à coup sûr, un rôle dans la diffusion de la presse
quotidienne16 ». Par exemple, lřapparition de petites villes et « la concentration en milieu
urbain dřune portion croissante de la population », entre autres des ruraux venus occuper
des emplois dřouvrier dans les nouvelles usines, favorisent les activités dřédition17. Enfin,
les nouvelles pratiques économiques qui affectent lřéconomie nord-américaine dans la
deuxième moitié du siècle, la concentration du capital et lřindustrialisation qui sřen suivit
en étant les phénomènes les plus marquants, intègrent les innovations techniques, dès lors
quřelles permettent une application industrielle18.
Le monde religieux canadien-français est alors influencé par une idéologie venue
dřEurope : lřultramontanisme. Selon lřhistorienne Nadia F. Eid, lřultramontanisme se
résume en deux points : « 1º, de restaurer lřautorité pontificale dans son intégralité en la
définissant comme lřautorité suprême au sein de la chrétienté; 2º, dřinstaurer une fois pour
toutes la suprématie de la société religieuse sur la société civile par le biais de la
soumission totale de lřÉtat à lřÉglise19 ». Ce mélange de conservatisme et dřantilibéralisme
influença fortement la société canadienne-française jusquřà la fin du XIXe siècle20. Ainsi,
les ultramontains du Québec promurent lřintégration dřune vision religieuse, spirituelle
même, au travail agricole21. La Gazette des campagnes, revue fondée en 1861 au collège
15
Jean de Bonville, La presse québécoise de 1884 à 1914. Genèse d’un média de masse, Québec, Les Presses
de lřUniversité Laval, 1988, p. 358.
16
Ibid., p. 359.
17
Ibid.
18
Ibid., p. 361.
19
Nadia F. Eid, Le clergé et le pouvoir politique au Québec. Une analyse de l’idéologie ultramontaine au
milieu du XIXe siècle, Cahiers du Québec/Hurtubise HMH, 1978, p. 6.
20
Jarrell, op. cit. (« Lřultramontanisme et la science au Canada français »), p. 45.
21
Eid, op. cit.
44
Sainte-Anne-de-la-Pocatière, joue le rôle de principal canal de diffusion de cette idéologie.
Le cultivateur, de par lřorigine divine de son activité agricole, et puisque « cřest Dieu luimême qui a fait cette profession », participerait « presque à la toute-puissance de Dieu22 ».
Le milieu associatif est aussi affecté par lřidéologie ultramontaine. Dans le but de
« protéger la religion et la société, les ultramontains proposent une conception catholique et
nationale de la « vraie » littérature. Celle-ci doit délaisser les sujets frivoles et les aventures
rocambolesques (…)23 ». Les luttes de Mgr Ignace Bourget, évêque de Montréal, contre
lřInstitut canadien de Montréal, dans lequel de nombreux « Rouges » se montraient
favorables au matérialisme et au libéralisme, amènent lřexcommunication de ses membres
en 1869. Cet épisode dans la vie culturelle témoigne des changements survenus dans la
société canadienne-française. Comme le mentionne Roberto Perin, « cřest tout « une société
nouvelle qui sřédifie sous le signe de la religion24 ». La culture, tout comme les domaines
du social et du religieux, sont influencés par lřédification « dřun large consensus sur le rôle
de la religion dans la culture et de lřÉglise dans la société canadienne-française25 ».
Lřingérence de lřÉglise dans les affaires temporelles est désormais un fait généralement
accepté.
La seconde moitié du XIXe siècle est également une période active au point de vue
politique. Entre 1840 et 1867, le régime en place est celui du Canada-Uni. Les
déplacements du siège du gouvernement, de 1840 à 1865 entre Québec, Kingston, Montréal
et Toronto, et puis, de façon définitive, à Ottawa à partir de 1857, furent à lřorigine du
départ de plusieurs naturalistes qui sřadonnaient aux sciences naturelles et étaient membres
de sociétés savantes, comme ceux de la Literary and Historical Society of Quebec lors du
dernier déménagement du siège du parlement de Québec à Ottawa. Ces changements
affectent donc la vie intellectuelle de la province.
22
Ibid., p. 242. Les extraits entre guillemets, cités par Eid, proviennent de la Gazette des Campagnes du 1er
juin 1864 et du 28 mars 1872.
23
Nive Voisine, « Lřultramontanisme canadien-français au XIXe siècle », dans Nive Voisine et Jean Hamelin
(dir.), Les ultramontains canadiens-français, Boréal Express, 1985, p. 82.
24
Roberto Perin, Ignace de Montréal. Artisan d’une identité nationale, Éditions du Boréal, 2008, p. 129.
25
Ibid., p. 128.
45
En 1867, le Québec, qui était auparavant inclus dans le Canada-Uni, devint une des
quatre provinces du Dominion du Canada26. La province acquit alors plusieurs
compétences, entre autres les terres publiques, lřagriculture, la forêt, les mines et les
pêcheries. Quelques employés du gouvernement provincial occupent les fonctions de
représentants de différents services, comme les services forestiers et miniers ou des
conférences agricoles, assurant une certains prise en charge de la gestion des ressources
naturelles du Québec, ou remplissent le rôle de conservateur du musée de lřInstruction
publique. Certains de ces employés vont même acquérir une connaissance suffisamment
approfondie quřils transmettront dans divers ouvrages et rapports, les plus connus étant
ceux de Édouard-André Barnard, Omer-Edmond Dalaire, Joseph Obalski, Henri de
Puyjalon, pour les représentants de services, et Dominique-Napoléon Saint-Cyr et lřabbé
Victor-Alphonse Huard comme conservateur du musée de lřInstruction publique.
Certaines idéologies politiques sřentrechoquent alors au Québec. Le conservatisme et
le libéralisme vont tour à tour occuper la scène politique au parlement provincial au cours
de la seconde moitié du XIXe siècle. Les conservateurs dominent la scène politique pendant
plusieurs années. Parmi ces derniers, les ultramontains cherchent à combattre le libéralisme
prôné dans les années 1850 et 1860 par un groupe de jeunes réformistes rouges. Ils tentent
également de promouvoir la protection des institutions canadiennes-françaises dans les
domaines religieux, scolaire et juridique. À partir du Programme catholique de 1873,
lřemprise des ultramontains dans le parti grandit à un point tel que certains modérés du
groupe centriste sont tentés de joindre les rangs des libéraux27.
Ces derniers, que lřon considérait radicaux jusquřaux années 1860, adopte par la suite
une ligne modérée afin de se dissocier du rougisme. Lors du « coup dřÉtat » de Luc
Letellier de Saint-Just, en mars 1878, le libéral Henri-Gustave Joly de Lotbinière remplace
C.-E. Boucher de Boucherville comme premier ministre, mais les libéraux ne peuvent
conserver les rênes du pouvoir aux élections de 1879. Avec Honoré Mercier au Parti
26
Jacques Paul Couturier, avec la collaboration de Wendy Johnson et Réjean Ouellette, Un passé composé. Le
Canada de 1850 à nos jours, Moncton, Les Éditions Acadie, 1996, p. 55.
27
Linteau, Durocher et Robert, op. cit., p. 300-304.
46
national, en 1886, le nationalisme canadien-français, lřautonomisme même, et un certain
conservatisme socio-politique sont à lřhonneur28.
À partir de la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, le courant libéral progresse
au sein de la société canadienne-française. Les hommes dřaffaires et les dirigeants
politiques voient dans le progrès matériel, la croissance économique, lřentreprise privée, le
capital étranger et lřéducation les clés dřun développement économique prospère29.
Certains prônent lřinterventionnisme étatique pour enclencher des réformes sociales dans
les secteurs de la santé publique et, surtout, de lřéducation. Selon eux, la modernisation du
système scolaire québécois devait permettre de lřadapter aux besoins du marché par la
création, par exemple, dřécoles spécialisées. La modernisation de la société québécoise
constitue donc une valeur dominante de ce courant libéral.
Certains membres du clergé et de groupes nationalistes représentent le courant
clérico-nationaliste. Pour eux, la clé du développement économique réside dans
lřagriculture et la colonisation. En rejetant les valeurs nouvelles, comme lřindustrialisation,
la modernisation et lřinterventionnisme de lřÉtat, ils tentent de convaincre la population
que lřunité sociale est assurée par un repli sur les valeurs traditionnelles de lřagriculture, un
mode de vie rural, la famille et surtout la religion catholique.
Cette alternance idéologico-politique nřest pas sans avoir influencé le développement
intellectuel et scientifique du Québec. Au fil des changements de gouvernements, les
subventions pour des publications scientifiques et les mesures prises en vue dřimplanter des
cours de sciences ou des écoles spécialisées ne tiennent pas très longtemps. Un exemple
nous est donné par le sort de la revue Le Naturaliste canadien, fondée en 1868 par lřabbé
Léon Provancher. La revue connut un cheminement entrecoupé dřavancées et de reculs. La
première année, on dénombre près de cinq cents abonnés.
Devant un tel succès, L.
Provancher demande dès le second mois de parution une aide gouvernementale qui lui est
28
29
Ibid., p. 320-323.
Ibid., p. 695-696.
47
accordée annuellement. De vingt-quatre pages, la revue passe à trente-deux pages. En
1873, le premier ministre P.-J.-O. Chauveau porte lřallocation annuelle de 200$ à 400$. La
revue entre alors dans une période intense de diffusion ; on lřappréciait de plus en plus dans
les milieux scientifiques européens et américains.
Malgré la popularité de la revue en dehors du Québec, le nombre dřabonnés
diminua constamment dans la province, passant à quatre cents en 1872 à deux cent
cinquante en 1877. La revue était néanmoins envoyée à trois cents adresses, ce qui permit à
L. Provancher de recevoir en échange des revues savantes et diverses publications de
sciences naturelles. Deux ans plus tard, en 1879, comme le raconte L. Provancher dans le
volume XIX du Naturaliste canadien,
M. Joly alors premier ministre, retrancha cet item [lřallocation de 400$] du budget, laissant à
notre charge, malgré sa parole donnée, la publication de cette année. (…) Rétablie en 1880
par M. Chapleau, notre allocation fut de nouveau supprimée en 1883 par M. Mousseau, et de
nouveau rétablie par M. Ross en 1885. (…) Le ministère Mercier remplaça le ministère Ross
en 1886 et lřallocation fut continuée 30.
Lřallocation accordée à L. Provancher pour la préparation du Naturaliste canadien est
toutefois définitivement retranchée, en 1890, par le premier ministre H. Mercier, à la suite
de la publication dřun article de L. Provancher, jugé par trop critique, sur la conduite du
responsable politique. Ce comportement est typique de la culture du patronage de lřépoque.
Comme il refuse de se rétracter, lřallocation nřest plus versée, ce qui contraint L.
Provancher dřabandonner les parutions de la revue en juin 1891. En analysant la situation
dřun point de vue du milieu scientifique, et non du champ politique, la réaction de
lřadministration publique exprimerait, selon lřabbé, le manque dřintérêt du gouvernement
dřH. Mercier pour le développement des sciences dans la province. Refusant de voir quřil
sřagissait plutôt dřun geste partisan, L. Provancher juge que le Québec avait tout intérêt à
encourager les recherches et les publications scientifiques, mais ne le faisait pas. Certes, les
responsables gouvernementaux québécois de la fin du XIXe siècle se préoccupent de
science. Toutefois, selon lřabbé, les raisons justifiant les refus répétés à son entreprise
sřexpliqueraient plus par des raisons circonstancielles que structurelles.
30
L. Provancher, « Après plus de vingt ans », Le Naturaliste canadien, vol. XIX, no 12 (juin 1890), p. 234235.
48
Cřest assez extraordinaire que des deux côtés, du ministère et de lřopposition, on vote
ainsi sans demander dřexplications. On donne bien là la preuve que des deux côtés on nřa nul
souci des intérêts de la science. Que cette publication vive ou quřelle meure, que nous importe,
semble-t-on dire de part et dřautre.
(…)
Nos gouvernants surtout ne connaissent pas lřimportance de la science. Parce quřils sřen
sont bien passés, ils croient que de même tout le monde doit sřen passer. Et là dessus les partis
politiques se valent à peu près. À part deux nobles exceptions en faveur de M. Chauveau et de
M. De Boucherville31, tous les autres, conservateurs et libéraux ont tenu à peu près la même
ligne de conduite32.
Ce que lřon comprend de lřintervention de L. Provancher, cřest quřil nřy aurait pas
une sympathie généralisée à lřégard de la science au sein des responsables politiques du
Québec, mais plutôt un intérêt de la part de certains individus qui décidaient de sřimpliquer
dans ce domaine.
2.2 La science au Québec de 1820 à 1920
Pour la période allant de 1820 à 1850, ce que lřon qualifie dřactivité scientifique se
décline principalement dans la participation à des sociétés savantes, la production de
manuels et lřenseignement des sciences dans certains collèges classiques.
2.2.1 Sociétés savantes
Au cours des décennies 1820 et 1840, dix sociétés savantes sont créées au Québec : la
Literary and Historical Society of Quebec, ou L.H.S.Q. (1823), la Société pour
lřencouragement des sciences et des arts au Canada (1827, fusionnée à la L.H.S.Q. en
1829), la Natural History Society of Montreal, ou N.H.S.M. (1827-1925), les Mechanicsř
Institute de Montréal (1828-) et de Québec (1830-), la Société canadienne dřétudes
littéraires et scientifiques (1843-1848), les instituts canadiens de Montréal (1844-1882) et
de Québec (1848-aujourdřhui), la Montreal Horticultural Society and Fruit Growersř
Association of the Province of Quebec (1846-1894) et The Agricultural Society of Lower
Canada (1847-1850 ?). Ce deuxième quart du XIXe siècle a été qualifié dřâge dřor des
31
P.-J.-O. Chauveau et C.-E. Boucher de Boucherville furent successivement premiers ministres
conservateurs du Québec, le premier de 1867 à 1873, le second de 1874 à 1878 et de décembre 1891 à
décembre 1892.
32
Ibid., p. 235-236.
49
sciences au Québec par lřhistorien des sciences R.A. Jarrell, par comparaison avec la
deuxième moitié du siècle au cours de laquelle peu de sociétés savantes dřimportance
voient le jour. On peut mentionner les sections de Québec (1863-) et de Montréal (1873-)
de lřEntomological Society of Canada (qui prend le nom dřEntomological Society of
Ontario en 1871), la Société de géographie de Québec (1877-) et la Société pomologique et
fruitière de la province de Québec, en continuité avec la Montreal Horticultural Society
(1894-1969). Les autres sociétés comme la Société dřhistoire naturelle de Québec (18701888) ou la Société pour lřavancement des sciences, des lettres et des arts (dissolue peu
dřannées suite à sa fondation en 1908) connurent une évolution aléatoire et durèrent
quelques années seulement.
2.2.2 Manuels de sciences et monographies scientifiques
Nous avons inventorié les manuels de science et les monographies, tout auteur
confondu, pour les années 1800 à 1849, et ceux produits par 70 naturalistes pour la période
de 1850 à 1920. La production de manuels de sciences fut le fait dřun petit nombre de
communautés religieuses possédant des maisons dřéducation, comme la Communauté
Notre-Dame (c.n.d.), les clercs de Saint-Viateur (c.s.v.) et les Frères des écoles chrétiennes
(f.é.c.), et de quelques autodidactes33. Le tableau 2.1 recense les manuels et les
monographies produits de 1800 à 1849 au Québec, tous auteurs confondus34. Les manuels
dominent largement, avec plus de 80 % du total. Par comparaison, la production de
monographies scientifiques représente environ 18 % des publications. Nous insistons sur
lřimportance des manuels scolaires, car ils forment la majorité des publications de type
scientifique pour les années 1800 à 1849 et représentent donc presque la totalité de lřoffre
de publications scientifiques pour la période. Les manuels de science produits servent pour
lřenseignement scientifique dans les collèges classiques.
Lřenseignement scientifique est alors donné aux deux dernières années du cours
classique, en philosophie I et philosophie II. Les mathématiques et lřarithmétique, que lřon
33
Les plus connus dans notre liste de 70 naturalistes de la période suivante (1850-1920) étant Napoléon
Aubin, Joseph Cauchon et Jean-Baptiste Meilleur.
34
Le nombre très restreint de publications par les naturalistes de notre liste pour cette première période
explique cette décision.
50
enseigne dans les premières années du cours classique, sont enlevées des classes de belleslettres (seconde) et de rhétorique après 185035. Quant à lřenseignement des autres sciences
(physique, chimie, botanique, géologie et minéralogie, zoologie et histoire naturelle), il faut
attendre 1930 pour quřil soit obligatoire dans les classes dřéléments, de syntaxe et de
méthode (les trois premières années du cours classique)36. Auparavant, elles sřinséraient
épisodiquement dans les six premières années du cours. Les collections minéralogiques,
botaniques et zoologiques, de même que les cabinets de physique de certains collèges
servirent à enrichir cet enseignement aléatoire.
Nombre dřétudiants quittent avant de terminer leur cours complet de huit années, ce
qui a comme conséquence que peu dřentre eux, environ le quart, suivront les cours de
sciences dispensés par les professeurs de philosophie37. Pour ceux qui poursuivent en
philosophie I et II, ils suivent à la fois des cours de philosophie (logique, morale et
métaphysique) et de sciences (mathématiques, physique, chimie et astronomie38). La
création dřune section spécifiquement scientifique, séparée de la philosophie, ne se réalise
quřen 194439. Ainsi, après la rhétorique, les élèves qui continuent leurs études doivent
choisir entre la philosophie et les sciences. Par manque de personnel et dřéquipement, les
collèges classiques ne pouvaient offrir les deux options. Par conséquent, « les collèges
affiliés à lřUniversité Laval envoient alors tous leurs élèves à vocation scientifique à
Québec, où la faculté des arts ouvre en 1949 une classe préscientifique, (…)40 ».
35
Galarneau, op. cit., p. 180. Les mathématiques « reviennent en 1923 en seconde et après 1945 en rhétorique
(…). »
36
Ibid.
37
Paul Carle, Le cabinet de physique et l’enseignement supérieur des sciences au Canada français : le cas du
Séminaire de Québec et de l’Université Laval (1663-1920), Thèse de Ph. D., Université de Montréal, 1986, p.
87.
38
Galarneau, op. cit., p. 190.
39
Ibid., p. 191.
40
Ibid.
51
Tableau 2.1 Manuels et monographies scientifiques, 1800-1849 (toutes sources
confondues)
Disciplines
Agriculture
Arithmétique
Trigonométrie
Astronomie
Botanique
Chimie et chimie
appliquée
Géographie
Physiologie
Physique
Sciences naturelles
TOTAL
Manuels
Nb
%
3
13
10
43,5
Monographies
Nb
%
1
20
1
20
Totaux
Nb
% total
4
14,3
11
39,3
1
1
4
4,3
4,3
17,4
0
0
1
0
0
20
1
1
5
3,6
3,6
17,9
1
1
1
1
23
4,3
4,3
4,3
4,3
100
1
0
0
1
5
20
0
0
20
100
2
1
1
2
28
7,1
3,6
3,6
7,1
100
Source : Compilation de lřauteure à partir dřoutils de recherche historiques (Jacques
Cayouette, Scientifiques au Canada français et leurs publications (1840-1910);
documentation tirée des dossiers de Jacques Cayouette, Gatineau, février 2004, 20 p.
(manuscrit non publié); Narcisse-Eutrope Dionne, Catalogue alphabétique de la
Bibliothèque de la Législature de la Province de Québec, Québec, s.é., 1903, 746 p.;
Narcisse-Eutrope Dionne, Inventaire chronologique des Livres, Brochures, Journaux et
Revues publiés en langue française dans la province de Québec, depuis l’établissement de
l’imprimerie au Canada jusqu’à nos jours. 1764-1905, Québec, s.é., 1905, 175 p. + 21 p.;
Philéas Gagnon, Essai de bibliographie canadienne, Québec, imprimé pour lřauteur, 1895.
X-711 p.; Philéas Gagnon, Essai de bibliographie canadienne Tome II, Montréal, La Patrie,
1913, xii-462 p.; Literary and Historical Society of Quebec, Catalogue of its books,
Québec, 1844, 93 p.; Literary and Historical Society of Quebec, Catalogue of the books in
their library, Québec, 1873, v-194-iv p.; Victor Morin, Catalogue de la bibliothèque de Me
Victor Morin, ancien président de la Société Royale du Canada et notaire à Montréal.
Canadiana, Americana, Gravures, Autographes, Manuscrits, Cartes, Revues, Littératures,
Sciences, Curiosités, Etc., Montréal, en vente par la Librairie Ducharme Limitée, 1950-51,
3 brochures de 64 p. chacune; Michel Villeneuve, Laurentiana. Guide du collectionneur de
livres québécois, Beauport, Michel Villeneuve, 1998, 211 p.
52
Tableau 2.2 Manuels et monographies de 70 naturalistes, 1850-1920
Disciplines
Agriculture
Arboriculture
Horticulture
Astronomie
Botanique
Chimie
Conchyliologie
Entomologie
Évolution
Foresterie
Sylviculture
Géographie
Histoire naturelle
Ichtyologie
et
invertébrés
marins
Leçons de choses
Mathématiques
Géométrie
Géologie
Minéralogie
Paléontologie
Mammalogie
Ornithologie
Physique
Zoologie
TOTAL
Manuels
Nb
%
13
31,7
Monographies
Nb
%
6
6,1
Totaux
Nb
% total
19
13,6
1
5
2
0
1
0
1
2,4
12,2
4,9
0
2,4
0
2,4
1
13
1
1
15
1
2
1
13,1
1
1
15,2
1
2
2
18
3
1
16
1
3
1,4
12,9
2,1
0,7
11,7
0,7
2,1
1
2,4
0
0
1
0,7
2
0
4,9
0
16
2
16,2
2
18
2
12,9
1,4
1
5
2,4
12,2
0
7
0
7,1
1
12
0,7
8,6
4
9,8
21
21,2
25
17,9
0
1
2
2
41
0
2,4
4,9
4,9
100
1
11
0
1
99
1
11,1
0
1
100
1
12
2
3
140
0,7
8,6
1,4
2,1
100
Source : Compilation de lřauteure à partir dřoutils de recherche historiques (Jacques
Cayouette, Scientifiques au Canada français et leurs publications (1840-1910);
documentation tirée des dossiers de Jacques Cayouette, Gatineau, février 2004, 20 p.
(manuscrit non publié); Narcisse-Eutrope Dionne, Catalogue alphabétique de la
Bibliothèque de la Législature de la Province de Québec, Québec, s.é., 1903, 746 p.;
Narcisse-Eutrope Dionne, Inventaire chronologique des Livres, Brochures, Journaux et
Revues publiés en langue française dans la province de Québec, depuis l’établissement de
l’imprimerie au Canada jusqu’à nos jours. 1764-1905, Québec, s.é., 1905, 175 p. + 21 p.;
Philéas Gagnon, Essai de bibliographie canadienne, Québec, imprimé pour lřauteur, 1895.
X-711 p.; Philéas Gagnon, Essai de bibliographie canadienne Tome II, Montréal, La Patrie,
1913, xii-462 p.; Literary and Historical Society of Quebec, Catalogue of its books,
Québec, 1844, 93 p.; Literary and Historical Society of Quebec, Catalogue of the books in
their library, Québec, 1873, v-194-iv p.; Victor Morin, Catalogue de la bibliothèque de Me
Victor Morin, ancien président de la Société Royale du Canada et notaire à Montréal.
53
Canadiana, Americana, Gravures, Autographes, Manuscrits, Cartes, Revues, Littératures,
Sciences, Curiosités, Etc., Montréal, en vente par la Librairie Ducharme Limitée, 1950-51,
3 brochures de 64 p. chacune; Michel Villeneuve, Laurentiana. Guide du collectionneur de
livres québécois, Beauport, Michel Villeneuve, 1998, 211 p.
Pour la période suivante, cřest lřinverse qui se produit (voir tableau 2.2) : les
monographies dominent, avec plus de 70 % du total, tandis que la proportion de manuels,
certes plus important en nombre, passe à 29,3 %. Ce renversement sřexpliquerait par
lřapparition de plusieurs naturalistes qui entreprennent des recherches dans différentes
disciplines. Il sřagit, pour la plupart, de sciences dřinventaire, cřest-à-dire de différentes
branches de lřhistoire naturelle, mais également de ce quřon appelait la philosophie
naturelle qui renfermait la physique et la géophysique41. Ainsi, au cours du XIXe siècle et
particulièrement de la seconde moitié du siècle, les ressources des territoires de lřAmérique
du Nord britannique et les phénomènes naturels sont systématiquement catalogués par les
naturalistes du Québec, conformément à lřobjectif de la science victorienne dřétablir une
vision globale et utilitaire du monde naturel42.
Pour ce qui est des disciplines, de 1800 à 1849, on remarque que lřarithmétique, la
chimie et lřagriculture sont les domaines dans lesquels on retrouve le plus de manuels,
tandis que pour les monographies, on ne peut repérer de tendance nette à cause du nombre
peu élevé de publications. Pour les années 1850 à 1920, les catégories de manuels les plus
souvent représentées sont lřagriculture, les mathématiques, la botanique et la géologie. Les
ouvrages dřagriculture, dřarboriculture et dřhorticulture représentent une bonne proportion
du total des manuels publiés par les naturalistes, cřest-à-dire 31,7 %. La volonté de fournir
aux élèves des écoles élémentaires, aux étudiants des collèges de même quřaux cultivateurs
des connaissances de base sur les pratiques agricoles expliquent ce résultat impressionnant.
La géologie obtient un résultat de 9,8 %. Il nřy a là rien de surprenant, si lřon considère
lřintérêt marqué du monde scientifique et de plusieurs professeurs de collèges et
dřuniversités pour cette discipline. Pour ce qui est de la botanique (12,2 % du total), on y
retrouve les ouvrages de lřabbé L. Provancher (Traité élémentaire de botanique à l’usage
41
42
Zeller, op. cit., p. 4.
Ibid., p. 177 et 269.
54
des maisons d’éducation et des amateurs paru en 1858 et réédité en 1884 et Le verger
canadien paru en 1862 et réédité en 1874 et 1885), les Énumération des genres de plantes
de la flore du Canada et les Éléments de botanique et de physiologie végétale, manuels à
lřusage des élèves du cours de botanique de lřUniversité Laval donné par lřabbé LouisOvide Brunet et lřAbrégé de botanique de lřabbé V.-A. Huard, qui connut 6 éditions de
1912 à 1925. Enfin, en ce qui concerne les mathématiques (12,2 %), il sřagit dřouvrages
dřarithmétique pour les écoles élémentaires ou encore de manuels plus spécialisés (calcul
différentiel et intégral, géométrie, trigonométrie rectiligne et sphérique) destinés aux
étudiants, aux professeurs et aux ingénieurs. On remarque ici que les lectorats sont très
soigneusement indiqués sur la page couverture, comme cřétait le cas de plusieurs manuels
dans dřautres catégories.
Lřexamen de la compilation des monographies scientifiques pour les années 1850 à
1920 se révèle un peu différent. Ainsi, au total, la géologie est la discipline la plus souvent
publiée (avec 21,2 % de toutes les monographies). Ceci nřest guère étonnant, puisque, au
cours de la période victorienne, « le progrès économique signifiait la croissance de
lřindustrie, (ce qui amena) invariablement la motivation pour une recherche scientifique des
minéraux utiles comme le charbon et le minerai de fer43 ». Cette volonté scientifique,
doublée dřune volonté politique Ŕ la Commission géologique du Canada est fondée en 1842
Ŕ se reflète dans la production de plusieurs monographies et rapports sur la géologie du
Canada ou dřune région canadienne.
La géologie est suivie de près par lřentomologie (15,2 %) ce qui sřexplique par le
grand nombre de publications de lřabbé L. Provancher qui produisit pas moins de la moitié
des monographies dans cette discipline. Lřornithologie figure aussi en bonne posture avec
11,1 % du total des publications. La contribution des naturalistes James Mac Pherson Le
Moine, Charles-Eusèbe Dionne et lřabbé L. Provancher justifie ce résultat.
43
Ibid., p. 34.
55
La catégorie des ouvrages traitant de lřhistoire naturelle en général regroupe 16,2 %
des monographies, tandis que la botanique, une autre science dřinventaire très populaire au
cours de la période victorienne, représente 13,1 % du total. Les publications dans cette
discipline se présentent sous différentes formes, comme des catalogues de plantes trouvées
dans une région et une flore, la première menée à terme au Canada au XIX e siècle : celle de
lřabbé L. Provancher. Il sřagit donc dřouvrages qui contiennent des données sur la
distribution géographique des plantes au Canada (avant la Confédération) ou dans une
province44. Cet intérêt sřinscrit dans un des objectifs de la science victorienne, cřest-à-dire
la production dřinventaires systématiques des ressources naturelles dřun territoire.
Quand on considère les publications de type scientifique Ŕ manuels et monographies
confondus Ŕ pour 1850 à 1920, on retrouve les mêmes disciplines en tête de liste : la
géologie (17,9 % du total), lřagriculture (13,6 %), la botanique (12,9 %), lřentomologie
(11,7 %), lřornithologie (8,6 %) et les mathématiques (8,6 %), suivant les intérêts
disciplinaires des naturalistes de cette période.
Si lřon considère maintenant les périodes de publication des manuels et des
monographies (voir le graphique 2.1), on remarque tout de suite que la très grande majorité
des ouvrages publiés le furent entre 1860 et 1900. Ce résultat nřest pas surprenant, compte
tenu du nombre élevé de naturalistes qui investissent alors une ou plusieurs disciplines
scientifiques. Dans le tableau 2.3, on observe que la décennie 1870-1879 est la plus active
tant pour la production de manuels que de monographies. Lřexplication la plus plausible est
quřun grand nombre de naturalistes atteignent alors la quarantaine et la cinquantaine au
milieu de la décennie et sont prêts à diffuser leurs connaissances.
44
Ibid., p. 264.
56
Tableau 2.3 Manuels et monographies de 70 naturalistes du Québec, par décennie
Décennies
1850-1859
1860-1869
1870-1879
1880-1889
1890-1899
1900-1909
1910-1919
S.D.
TOTAL
Manuels
Nombre
%
3
7,3
5
12,2
14
34,1
5
12,2
4
9,8
5
12,2
4
9,8
1
2,4
41
100
Monographies
Nombre
%
6
6,1
19
19,2
21
21,1
18
18,2
13
13,1
12
12,1
7
7,1
3
3
99
100
Total
Nombre
9
24
35
23
17
17
11
4
140
%
6,4
17,1
25
16,4
12,1
12,1
7,9
2,9
100
Source : Compilation de lřauteure à partir dřoutils de recherche historiques (Jacques
Cayouette, Scientifiques au Canada français et leurs publications (1840-1910);
documentation tirée des dossiers de Jacques Cayouette, Gatineau, février 2004, 20 p.
(manuscrit non publié); Narcisse-Eutrope Dionne, Catalogue alphabétique de la
Bibliothèque de la Législature de la Province de Québec, Québec, s.é., 1903, 746 p.;
Narcisse-Eutrope Dionne, Inventaire chronologique des Livres, Brochures, Journaux et
Revues publiés en langue française dans la province de Québec, depuis l’établissement de
l’imprimerie au Canada jusqu’à nos jours. 1764-1905, Québec, s.é., 1905, 175 p. + 21 p.;
Philéas Gagnon, Essai de bibliographie canadienne, Québec, imprimé pour lřauteur, 1895.
X-711 p.; Philéas Gagnon, Essai de bibliographie canadienne Tome II, Montréal, La Patrie,
1913, xii-462 p.; Literary and Historical Society of Quebec, Catalogue of its books,
Québec, 1844, 93 p.; Literary and Historical Society of Quebec, Catalogue of the books in
their library, Québec, 1873, v-194-iv p.; Victor Morin, Catalogue de la bibliothèque de Me
Victor Morin, ancien président de la Société Royale du Canada et notaire à Montréal.
Canadiana, Americana, Gravures, Autographes, Manuscrits, Cartes, Revues, Littératures,
Sciences, Curiosités, Etc., Montréal, en vente par la Librairie Ducharme Limitée, 1950-51,
3 brochures de 64 p. chacune; Michel Villeneuve, Laurentiana. Guide du collectionneur de
livres québécois, Beauport, Michel Villeneuve, 1998, 211 p.
57
Graphique 2.1 Manuels et monographies pour 70 naturalistes
Source : Compilation de lřauteure à partir des données du tableau 2.3.
58
2.2.3 Enseignement des sciences
Au Séminaire de Québec, une véritable tradition se met en place au début du XIX e
siècle, particulièrement dans lřenseignement des sciences physiques. En 1800, lřabbé
Jérôme Demers devient professeur de philosophie et de sciences dans cette institution. Il
assure cette fonction presque sans interruption pendant trente-cinq ans. En 1834, il sépare
les sciences de lřenseignement de la philosophie. À partir de ce moment, les
mathématiques, la physique et la chimie, tout comme lřastronomie, sont chacune
enseignées par un professeur différent. La physique se structure en sous-spécialisations,
comme la mécanique, lřoptique, lřacoustique, lřélectricité, lřhydrostatique, etc., tandis que
les sciences naturelles acquièrent un statut indépendant de la philosophie en 1843. On les
subdivise alors en quatre disciplines : botanique, zoologie, minéralogie et géologie45. Ses
notes de cours montrent quřil se tenait informé des dernières découvertes en physique46.
Son successeur, lřabbé Louis-Jacques Casault, assura aussi le cours de physique de 1835 à
1853. Au cours de cette période, le cabinet de physique est réaménagé, grâce aux achats
dřinstruments par lřabbé John Holmes, en 1837 et 1838.
Cette première période dřenseignement des sciences au Séminaire de Québec, « dont
le début est marqué par lřarrivée de J. Demers à lřenseignement de la physique, en est une
de transformations : institutionnalisation du statut dřenseignant, spécialisation disciplinaire,
transformation et structuration du contenu du cours, introduction dřune méthode
expérimentale dřenseignement, création dřun cabinet de physique important; telles en sont
les principales caractéristiques. Cette période sřachève entre 1855 et 1860 avec le voyage
de formation de lřabbé Hamel en France (…)47 ».
À partir de la création de lřUniversité Laval, en 1850, jusquřau milieu des années
1920, trois abbés occupent le poste de professeur de physique : lřabbé Thomas-Étienne
Hamel, de 1853 à 1875, lřabbé Joseph-Clovis-Kemner Laflamme, de 1875 à 1893, et lřabbé
Henri Simard, de 1893 à 1923. Lřabbé T.-E. Hamel, le premier titulaire de la chaire de
45
Ibid., p. 94.
Chartrand, Duchesne et Gingras, op. cit., p. 204-207.
47
Carle, op. cit., p. 215.
46
59
physique, reçut une formation scientifique à lřétranger. À partir de 1854, il passe quatre
années à Paris au cours desquelles il compléta une licence ès sciences mathématiques à
lřÉcole des Carmes. Sa licence en sciences physiques nřest pas complétée à son retour
précipité en 1858. Cřest au début de son professorat, en 1858 et 1859, que lřon améliore
grandement le cabinet de physique. Cependant, « si le cabinet est riche, il ne faut cependant
pas le confondre avec un laboratoire. On ne trouve en effet aucune trace de recherche ou
même simplement dřétudes savantes auxquelles les professeurs se seraient livrés. (…) la
valeur symbolique des instruments a peut-être autant dřimportance que leur valeur
pédagogique48 ».
Lřabbé J.-C.-K. Laflamme remplace lřabbé T.-E. Hamel, en 1875, alors pris dans des
charges administratives au Séminaire de Québec et à lřUniversité Laval. Pendant presque
vingt ans, de 1875 à 1893, armé de son seul baccalauréat ès arts, J.-C.-K. Laflamme est
chargé du cours de physique. T.-E. Hamel conserve toutefois son titre de professeur à la
chaire de physique, sans lřexercer. Comme le mentionne P. Carle, la formation en physique
de J.-C.-K. Laflamme « est nettement inférieure à celle de son prédécesseur, lřabbé T.-H.
Hamel. Les principes établis par lřabbé L.-J. Casault à la naissance de lřuniversité en 18531854, et demandant une formation supérieure pour les enseignants de lřuniversité, ne
tiennent plus, une vingtaine dřannées plus tard49 ». Autodidacte, J.-C.-K. Laflamme
consacre lřessentiel de ses énergies à se perfectionner en géologie Ŕ discipline quřil
enseigne également Ŕ, comme lors dřune session dřété à lřUniversité Harvard, en 1877, et
dřun stage à Paris, en 1888-1889. Ses connaissances insuffisantes en paléontologie
lřempêchent toutefois de pouvoir dater avec précision certaines roches quřil récoltait lors de
ses explorations géologiques à travers le Québec, ce qui limitait la portée de ses
interprétations.
Ancien élève de J.-C.-K. Laflamme, lřabbé H. Simard succède à ce dernier au poste
de professeur de physique de 1893 à 1923, tout en occupant la charge du cours
48
Paul Carle et Raymond Duchesne, « Modernisme et tradition : lřenseignement de la physique à Québec
(1800-1920) », Protée, vol. 16, no 3 (automne 1988), p. 80-81.
49
Carle, op. cit., p. 188.
60
dřastronomie, jusquřen 1925. Comme son maître, H. Simard ne possède pas de formation
scientifique proprement dite. Il passe lřannée 1899 à Paris pour suivre divers cours de
chimie, de physique, de géologie et de minéralogie. Ses insuffisances en mathématiques
lřempêchent toutefois dřassister à certains cours. En 1914, H. Simard devient titulaire de la
chaire de physique, suite à la mort de T.-E. Hamel.
Ces professeurs, dont aucun ne produisit de publications scientifiques déterminantes,
se sont plutôt tournés vers la vulgarisation et la préparation de manuels50. Comme
lřexplique Carle, la seconde période qui caractérise lřenseignement des sciences au
Séminaire de Québec « est surtout marquée par lřinertie : désintéressement ou incapacité à
transformer et améliorer lřenseignement scientifique; mise en place dřun triple champ
(scientifique, vulgarisateur, pédagogique) où les acteurs sociaux, nos « savants » québécois,
doivent pratiquer leur compétence51 ». Mais, comme il le mentionne plus loin, « les
premières années du XXe siècle amorcèrent cependant le déclin et la remise en question de
cette forme dřenseignement des sciences physiques. Sous lřimpulsion de lřaide financière
du gouvernement, qui suppléera ainsi à la mainmise totale du clergé sur lřenseignement
supérieur, se créeront des grandes écoles de sciences appliquées qui seront à lřorigine des
premières facultés de sciences52 ».
À côté de lřenseignement des sciences physiques existe un enseignement des sciences
naturelles, axé sur la botanique, la géologie et la minéralogie. Cet intérêt pour les sciences
naturelles nřest pas surprenant, compte tenu que lřhistoire naturelle accapare les loisirs de
nombreux naturalistes, suivant en cela la tradition naturaliste de lřAngleterre victorienne
transposée en Amérique du Nord.
50
J.-C.-K. Laflamme, Notions sur l’électricité et le magnétisme, Québec, 1893, 88 p. et Éléments de
minéralogie, de géologie et de botanique, Québec, 1879, 428 p. (Réédité avec changement de titre en 1881,
1898, 1919 et 1924); H. Simard, Traité élémentaire de physique rédigé conformément au programme de
l’Université Laval, Québec, 1903, 654 p.; Cours élémentaire de cosmographie, Québec, Imprimerie
Laflamme et Proulx, 1916 (première édition en 1913), 198 p.; H. Simard et V.-A. Huard, Manuel des sciences
usuelles, Québec, E. Marcotte, 1907, 388 p.
51
Carle, op. cit., p. 216.
52
Ibid., p. 276.
61
Au Séminaire de Québec, on se préoccupe très tôt de lřenseignement des sciences
naturelles. En 1843, comme nous lřavons vu, celles-ci furent séparées de lřenseignement de
la philosophie53, comme on lřavait fait quelques années plus tôt avec les sciences
physiques. On assiste alors à une certaine spécialisation de lřenseignement de lřhistoire
naturelle; la botanique, la géologie et la minéralogie forment alors les trois disciplines du
cours de sciences naturelles. Le premier professeur titulaire de ce cours est lřabbé John
Horan, qui lřassure de 1843 à 1858, année de son départ pour Kingston. Lřabbé J. Horan,
comme lřabbé T.-E. Hamel quelques années plus tard, suivit un perfectionnement dans une
discipline scientifique Ŕ la géologie Ŕ à lřUniversité Yale, en 1840, le qualifiant pour
occuper son poste de professeur de cette discipline.
Pour son enseignement, lřabbé J. Horan dispose des échantillons minéralogiques de la
Collection Haüy, un cadeau envoyé en 1816 par un abbé français qui sřétait réfugié à
Québec pendant la Révolution française. Il sort aussi sur le terrain pour effectuer des
excursions de géologie et des herborisations servant de démonstration pour la botanique54.
Ce nřest quřen 1858 que sont officiellement créés les musées de sciences naturelles de
lřUniversité Laval, soit ceux de minéralogie et de zoologie. Le musée de botanique nřétait
pas encore organisé, mais la situation change bientôt avec lřentrée en fonction dřun
nouveau professeur de sciences naturelles, à partir de 1858 : lřabbé L.-O. Brunet. Ce
dernier succède à lřabbé J. Horan, dont il a été lřélève, comme responsable de
lřenseignement des sciences naturelles. Cinq ans plus tard, il est officiellement promu
professeur de botanique, sa spécialité. Il côtoie lřabbé T.-E. Hamel, titulaire des cours de
physique et de mathématiques, de 1853 à 1875, et Thomas Sterry Hunt, professeur de
minéralogie et de géologie, de 1858 à 1862, puis professeur honoraire de chimie jusquřen
1871. L.-O. Brunet remplace ce dernier à la chaire dřhistoire naturelle, de 1862 à 187155.
Cřest au cours du passage de L.-O. Brunet que le musée de botanique prend un essor
important. À partir de 1863, année de son retour dřun voyage dřétudes en Europe, L.-O.
53
Pascale Gagnon, Les musées de sciences naturelles de l’Université Laval au Séminaire de Québec, Québec,
Service des collections, Direction de la recherche et de la conservation, Musée de la civilisation, 1998, p. 16.
54
Ibid., p. 20.
55
Chartrand, Duchesne et Gingras, op. cit., p. 184.
62
Brunet organise le musée en le divisant en trois galeries : 1) celle de la collection des bois
économiques canadiens; 2) celle des collections de bois canadiens et exotiques, des
collections de fruits et de champignons artificiels et de graines; 3) enfin, celle des herbiers
regroupant environ 10 000 spécimens. Lřherbier canadien est le fruit de ses efforts
dřherborisations, tandis que les herbiers américain et général sont issus quant à eux de
dons, dřachats et dřéchanges avec lřétranger.
Lřabbé J.-C.-K. Laflamme débute comme professeur de minéralogie et de géologie en
1870 et, lřannée suivante, il remplace lřabbé L.-O. Brunet au cours de botanique, celui-ci
sřétant retiré pour cause de maladie. J.-C.-K. Laflamme reste professeur pour ces trois
disciplines jusquřen 1909. Passionné de géologie et de minéralogie, il sřoccupa également
du musée de géologie et de minéralogie, auparavant réorganisé par T.S. Hunt, en 1864 et
1865. Comme il ne dispose pas de fonds pour acheter beaucoup de spécimens, J.-C.-K.
Laflamme doit en recevoir par échanges ou par dons, ce quřil fait pendant plusieurs
décennies. Il organise aussi certaines collections pour les utiliser dans son enseignement de
la minéralogie. Sa participation en tant que membre adjoint de la Commission géologique
du Canada, à partir de 1883, donne aussi une certaine impulsion au musée. Ainsi, « de 1889
à 1898, George Mercer Dawson et Henri-Marc Ami, de la Commission géologique,
procurent des collections au Musée de géologie et de minéralogie, mais leur service ne
sřarrête pas là. Tout comme lřavait fait T.S. Hunt, les deux géologues installent et
classifient, sur place, ces collections. H.-M. Ami, plus spécialement, correspond avec J.-C.K. Laflamme à multiples reprises : il lui fait parvenir des tables de classification et des
modèles dřétiquettes pour les échantillons du Musée56 ».
Même si lřenseignement de la zoologie reste incertain à lřUniversité Laval jusquřau
début du XXe siècle, lřinstitution organise un musée de zoologie. Les administrateurs
accordent suffisamment dřimportance à ce musée pour confier à un laïc la fonction de
conservateur, à temps plein. François-Xavier Bélanger et Charles-Eusèbe Dionne occupent
successivement cette fonction de 1869 à 1882 pour le premier et de 1882 à 1925 pour le
56
Gagnon, op. cit., p. 66.
63
second. Ce musée se compose de collections dřoiseaux, de nids et dřœufs, dřinsectes, de
mammifères, de poissons, de reptiles et de mollusques. Au cours des années 1898 à 1907,
J.-C.-K. Laflamme reçoit également pour le musée des dons de collections zoologiques,
ornithologiques, paléontologiques et des collections dřinvertébrés en provenance du
Muséum dřHistoire Naturelle de Paris.
Pour la période qui sřéchelonne de 1875 à 1920, peu de changements sont apportés au
contenu des cours scientifiques dans lřenseignement des collèges classiques. Le seul ajout
notable est celui du cours de zoologie, en 1911, auparavant inexistant. Lřabbé V.-A. Huard
retrace lřévolution de ce cours dans Le Naturaliste canadien :
Quřil nous suffise de dire que lřétude, très élémentaire sans doute, de cette science [la zoologie],
fait partie depuis plusieurs années des programmes de lřenseignement primaire en cette
Province, et quřil restait exclus de lřenseignement secondaire, en notre pays, bien que, (…),
certaines institutions religieuses donnassent aux filles, depuis longtemps, des leçons
élémentaires de zoologie.
Il y a une douzaine dřannées, croyons-nous, la zoologie avait été admise enfin, « à titre
facultatif », dans les programmes du baccalauréat que devaient suivre les élèves des collèges; et,
sur la demande de feu Mgr Laflamme, nous avions rédigé un programme dřétude de cette
branche des sciences naturelles. Depuis, cette « matière facultative » est même « tombée » des
programmes du baccalauréat57.
Enfin, au Congrès des collèges affiliés à lřUniversité Laval, qui sřest tenu à Québec à la
fin de ce mois de juin, et sur lřinitiative, croyons-nous, de M. lřabbé A. Gosselin, le distingué
recteur de lřUniversité, la zoologie a été remise sur le programme des examens du baccalauréat,
au même titre que la botanique, la minéralogie et la géologie.ŕIl paraît même, dřaprès ce que
nous entendons dire, que lřon a décidé de mettre entre les mains des élèves lřAbrégé de
Zoologie58 que nous avons publié ces années dernières, comme texte dřétude pour les leçons de
zoologie élémentaire que lřon donnera désormais dans les collèges59.
V.-A. Huard continue en exprimant le souhait que lřUniversité Laval organise un jour
lřenseignement supérieur des sciences : « Nous sommes bien sûr quřelle ne faillira pas à la
tâche quand le moment sera venu. Mais ce moment nřest pas prochain ; ce nřest quřà la
longue que lřenseignement primaire et lřenseignement secondaire prépareront le terrain,
dans ce domaine des sciences naturelles, à lřenseignement supérieur60 ». Sa prédiction ne
57
V.-A. Huard, « La zoologie dans notre enseignement classique », Le Naturaliste canadien, vol. XXXVII,
no 12 (juin 1911), p. 178.
58
Il sřagit de lřAbrégé de zoologie. Cours abrégé d’histoire naturelle, à l’usage des maisons d’éducation,
Québec, Imprimerie E. Marcotte, 1907-1921 (5 éditions).
59
Ibid., p. 178-179.
60
Ibid., p. 179.
64
sřest pas réalisée, de son vivant du moins, car cřest lřUniversité de Montréal, nouvellement
séparée de lřUniversité Laval, en 1920, qui crée cette même année une Faculté des
sciences, presque vingt ans avant celle de Laval.
Cřest peut-être à cause du manque de débouchés pour ses diplômés en sciences que
lřUniversité Laval met plutôt en place des cours publics de sciences que des programmes
spécifiques61. « Cet enseignement public prend la forme de conférences uniques ou dřune
série de deux ou trois conférences formant un cours : aucun prérequis nřest exigé pour
assister à ces conférences, aucun examen ou certificat ne vient en garantir les résultats 62 ».
Durant le dernier quart du XIXe siècle, près dřune soixantaine de conférences,
dřexpériences et de cours publics furent présentés à lřUniversité Laval63. Lřabbé J.-C.-K.
Laflamme en est le principal organisateur et présentateur. Les auditeurs peuvent ainsi
assister à des spectacles de lanternes magiques ou écouter des conférences au sujet de
lřélectricité, la phonographie, les rayons X et de certains phénomènes géologiques de la
région de Québec. Pour la période suivante, sřétalant de 1900 à 1920, plus de vingt
conférences et démonstrations sont préparées, majoritairement par lřabbé H. Simard64.
Comme on peut le remarquer, on présente moins de conférences et de cours publics à
lřUniversité Laval au début du XXe siècle. Cette offre moins importante, qui disparaîtra
finalement, peut être due à une baisse dřintérêt de la part du public65, ou encore à une
accessibilité plus grande aux découvertes scientifiques et aux innovations techniques par le
biais des journaux ou de revues.
Les cours publics de sciences, parce quřils nřétaient pas présentés régulièrement ni
suivis avec assiduité, ne visent nullement à former des étudiants ou une quelconque relève
scientifique. En mettent lřaccent sur les aspects spectaculaires et nouveaux de la science, ils
cherchent plutôt à informer un certain public de lettrés au sujet des dernières innovations
61
Du moins, telle est lřinterprétation quřen fait Carle, p. 275.
Carle, op. cit., p. 258.
63
Ibid., p. 191-193.
64
Ibid., p. 258-259.
65
Ibid., p. 259.
62
65
techniques qui auront vraisemblablement un impact dans leur vie, comme lřéclairage
électrique, le téléphone, les rayons X ou la télégraphie sans fil.
De même, lřenseignement des sciences dans les collèges classiques affiliés à
lřUniversité Laval nřa pas de but spécifique; il « ne visait pas la formation de scientifiques
professionnels comme cřétait le cas dans les universités de Toronto, de Dalhousie et à
McGill. (…) Lřenseignement des sciences, sřil avait peu évolué depuis 1850, continuait de
faire partie de la formation classique nécessaire à lřéducation des membres des professions
libérales, des prêtres et, en général, de lřélite de la société canadienne-française66 ».
Lřintérêt mitigé des dirigeants du Séminaire de Québec à lřégard dřun enseignement
scientifique digne de ce nom peut se vérifier avec la création du baccalauréat ès sciences,
en 1865. Comme lřexpliquent les historiens Carle et Duchesne, « ce diplôme est, en fait, un
sous-produit du baccalauréat général, décerné aux étudiants ayant conservés les deux tiers
des points à lřexamen de philosophie-sciences, mais nřayant pas obtenu la note de passage
à lřexamen de lettres67 ». Un autre exemple nous est donné par lřéchec du projet dřun
enseignement des sciences appliquées à lřUniversité Laval, en 1872. Deux ans auparavant,
« le Premier ministre Chauveau68 offre à lřUniversité Laval lřappui du gouvernement si
celle-ci accepte de créer un enseignement des sciences appliquées. Tentée par le projet,
lřinstitution prend quelques mesures pour y donner réalité, mais, craignant apparemment
lřingérence de lřÉtat dans ses affaires, y renonce finalement en 187269 ».
Le successeur de P.-J.-O. Chauveau au poste de premier ministre et de ministre de
lřInstruction publique, Gédéon Ouimet, sřintéresse également à la fondation dřune école de
sciences appliquées. Un projet est alors sur la table, en collaboration avec Urgel-Eugène
Archambault, directeur de lřAcadémie commerciale catholique de Montréal. Un autre
membre de la Commission des écoles catholiques de Montréal, Peter S. Murphy, et U.-E.
66
Jarrell, op. cit., (« Lřultramontanisme et la science au Canada français »), p. 55-56.
Carle et Duchesne, loc. cit., p. 79.
68
Le même P.-J.-O. Chauveau qui fut surintendant de lřInstruction publique.
69
Ibid., p. 80.
67
66
Archambault proposent un projet au gouvernement qui lřapprouve le 26 novembre 1873.
Les cours débutent en janvier de lřannée suivante.
Lřintervention du gouvernement provincial dans lřenseignement supérieur affecte de
plusieurs façons lřÉcole Polytechnique. La création des bourses dřEurope va permettre à
quelque-uns de ses diplômés dřaller se spécialiser à lřétranger pour ensuite revenir enseigner à
lřÉcole70.
Si à la fin du XIXe siècle, lřidentité des ingénieurs, encore mal définie, et la position de
lřÉcole Polytechnique, perçue comme une école dřenseignement pratique, avaient disqualifié
cette institution comme filière de formation professionnelle possible aux finissants des collèges,
ce nřest plus le cas à partir des années 2071.
Les débuts de lřÉcole Polytechnique de Montréal sont modestes. Une dizaine dřélèves
se sont inscrits en 1874 et seulement cinq terminent le cours, mais sa fondation constitue un
premier pas vers la formation dřingénieurs capables de travailler dans divers secteurs
comme la construction des réseaux de transports, la construction dřinfrastructures
industrielles et de nouveaux établissements manufacturiers72.
Chez les anglophones, lřenseignement supérieur des sciences sřorganisa à
lřUniversité McGill à partir des années 1850. Le directeur de lřinstitution, J.W. Dawson, est
un géologue de talent qui quitta sa Nouvelle-Écosse natale pour venir sřinstaller dans son
nouveau poste, en 1855. J.W. Dawson croit que McGill est mûre pour instaurer un
programme de génie. En 1857, le programme est inauguré, mais des problèmes
économiques et des difficultés financières dans lřinstitution forcent son abandon, en 186373.
Cinq ans plus tard, J.W. Dawson réussit sa fondation dřune école de génie civil et de génie
minier, grâce à la participation financière de marchands montréalais et du gouvernement du
Québec.
Si les conditions culturelles ne sont pas tout à fait les mêmes chez les anglophones et
les francophones du Québec, les ressources matérielles disponibles pour pratiquer et
enseigner la science sont, à peu de choses près, les mêmes. En ce qui concerne les sciences
naturelles, les besoins sont identiques pour tous : accès à des collections de spécimens
70
Gagnon, op. cit., p. 182.
Ibid., p. 185.
72
Ibid., p. 80-81.
73
Chartrand, Duchesne et Gingras, op. cit., p. 224.
71
67
correctement identifiés et à de la littérature spécialisée pour lřidentification des spécimens
capturés. Les collections sont principalement privées, chaque naturaliste organisant et
entreposant lui-même ses spécimens. Pour lřaider dans son activité dřidentification, peu de
grandes collections existent alors au Québec. Les institutions dřenseignement comme
McGill et lřUniversité Laval disposent de certaines collections que lřon ne peut toutefois
pas considérer complètes. Plusieurs spécimens proviennent dřéchanges et de dons de
lřétranger; ils ne peuvent donc pas servir pour lřidentification des espèces du territoire
québécois.
Certaines collections de naturalistes dřici aboutirent dans des institutions. Par
exemple, en 1877, lřabbé L. Provancher vend sa première collection entomologique au
ministère provincial de lřAgriculture qui est intégrée, en 1880, au musée de lřInstruction
publique.
Il sřagit de plus de 5000 spécimens, dont 2286 espèces. Cette collection
comprenait de nombreux spécimens types ayant servi à la description dřespèces nouvelles
dřinsectes74. Ce musée acquiert également, en 1909, les collections de Lépidoptères (2300
spécimens, 580 espèces) du révérend Thomas W. Fyles, professeur dřhistoire naturelle au
Morrin College, entomologiste amateur de Québec et membre-fondateur des filiales de
Québec (1864-1872) et de Montréal (1873) de lřEntomological Society of Ontario. McGill
bénéficie quant à elle des collections de Lépidoptères de Herbert Henry Lyman, homme
dřaffaires (vendeur de médicaments) et entomologiste amateur membre de la section
montréalaise de lřEntomological Society of Ontario (1875-1914), de la Natural History
Society of Montreal et de lřA.A.A.S. Il légua ses collections (5 cabinets entomologiques de
30 tiroirs regroupant 20 000 spécimens) accompagnées dřun montant de 40 000 $ qui servit
à la fondation du Lyman Entomological Museum. Pour la géologie, la minéralogie et la
paléontologie, on retrouvait les collections personnelles de J.W. Dawson.
Le cas de McGill est intéressant, puisque ses collections dřhistoire naturelle
deviennent suffisamment considérables pour construire un musée de science qui est à la
fois utile pour lřenseignement et lřéducation du public : le musée Redpath. Lřidée de créer
74
René Béique, « Lřabbé Provancher et ses collections », Les Carnets de Zoologie, volume 23, 1963, pp. 2023; Duchesne, op. cit., thèse, p. 80.
68
un musée pour lřUniversité McGill date du milieu des années 1850. Lorsque J.W. Dawson
devient directeur de lřinstitution, en 1855, son « musée » ne comprenait quřune pièce, un
fossile. Mais J.W. Dawson, formé à Édimbourg, prend exemple sur le professeur Robert
Jameson, organisateur du musée de lřinstitution; une université se devait de posséder un
grand musée dřhistoire naturelle. Les collections sřaccumulent dans un petit local; les
spécimens sont acquis soit par achats, rendus possibles grâce à du financement privé, soit
par dons, comme ceux de Philip P. Carpenter (sa collection de 4000 espèces de
mollusques), de Andrew F. Holmes (son herbier montréalais) et J.W. Dawson lui-même (sa
collection de roches et de fossiles). En 1862, J.W. Dawson affirme que le musée comprend
10 000 spécimens, « arranged to illustrate successive lecture topics (…). Besides their
function as a teaching aid, the collections could be used by local naturalists for research75 ».
En établissant un musée de sciences naturelles à McGill, J.W. Dawson cherche à
diversifier les collections disponibles à Montréal, comme celles des musées de la
Commission géologique du Canada et de la Natural History Society. Mais un événement
allait contrecarrer les projets de J.W. Dawson : le transfert des bureaux de la Commission
géologique du Canada et de son important musée à Ottawa. J.W. Dawson perd alors une
collection de référence quřil avait lui-même grandement enrichi de ses recherches et
excursions. J.W. Dawson profite alors dřune offre de lřhomme dřaffaires montréalais Peter
Redpath de financer un grand musée pour McGill. P. Redpath paie la construction, tandis
quřune corporation de lřuniversité se charge de lřentretien du bâtiment. Ouvert à lřété 1882
lors de la réunion de la British Association for the Advancement of Science, le musée
Redpath comprend alors des collections paléontologiques, minéralogiques et géologiques,
et des spécimens zoologiques de vertébrés et dřinvertébrés76.
La fonction première du musée est de servir les étudiants et la faculté, mais une
variété dřorganisations professionnelles et éducatives utilisent ses installations. Le musée
était également ouvert au public. Après son ouverture, les collections sřenrichissent grâce
75
Susan Sheets-Pyenson, Cathedrals of Science. The Development of Colonial Natural History Museums
during the Late Nineteenth Century, Kingston et Montréal, McGill-Queenřs University Press, 1988, p. 56.
76
Ibid., p. 57.
69
aux échanges et achats de J.W. Dawson avec diverses institutions au Canada (dont la
Commission géologique du Canada), aux États-Unis et en Europe. Lřimportance des
collections ne fait pas de doute. Outre les 10 000 roches et fossiles de J.W. Dawson, le
musée reçoit $4000 en dons de la part des héritiers du géologue William E. Logan, pour la
création dřune collection de spécimens en remplacement de ceux contenus dans le musée
de la Commission géologique du Canada. En 1883, le botaniste David P. Penhallow
arrange également lřherbier du musée. Comme cřest le cas pour lřUniversité Laval, la
période de consolidation du musée Redpath se situe durant le dernier quart du XIX e siècle.
Par la suite, on observe une baisse significative et même une stagnation dans le processus
dřacquisition des spécimens.
Comme au musée Redpath, les collections géologiques, zoologiques et botaniques de
lřUniversité Laval augmentent de volume par échanges et par dons, mais également par les
récoltes des prêtres naturalistes et des conservateurs laïcs qui sont chargés de son
organisation. Par exemple, les récoltes de plantes canadiennes de lřabbé L.-O. Brunet
forment la base de lřherbier du musée de botanique, tandis que les collections
ornithologiques du conservateur C.-E. Dionne sont intégrées aux collections zoologiques de
lřinstitution.
Du côté de certaines sociétés savantes, la situation nřest pas très bonne. Leurs musées
consistent en un amalgame de collections de sciences naturelles, de numismatique,
dřantiquités et dřartéfacts archéologiques. Les naturalistes peuvent les consulter mais, la
plupart du temps, les spécimens ne sont ni bien classés ni bien identifiés et, souvent, aucun
conservateur nřassure en permanence le suivi des collections.
70
2.3 Les acteurs
Avant 100 ans, je crois quřon sřoccupera plus de notre pays que de ceux de lřEurope ; dans ce temps-là, nous
serons tous disparus, mais nos ouvrages, entre autres, resteront, pour prouver aux populations futures, que de
notre temps, aussi, il y avait des observateurs, des savants et des travailleurs77.
- Joseph-Stanislas Martel
Les acteurs qui exercent et diffusent la science au Québec, de 1850 à 1920, forment
un portrait à la fois homogène et diversifié. Homogène de par leur formation et les
ressources dont ils disposent pour pratiquer la science, diversifié par leurs intérêts
disciplinaires. Nous présentons ici un bref portrait incluant leur formation, les ressources
intellectuelles disponibles (leurs bibliothèques) et leurs intérêts disciplinaires.
2.3.1 Formation
La formation des naturalistes à lřétude peut se diviser en deux parties : générale et
scientifique. À la suite du cours de formation générale élémentaire, tous les naturalistes ont
suivi le cours classique, correspondant grosso modo au cours secondaire actuel. Dans les
collèges classiques du Québec, lřenseignement est dřabord axé sur la grammaire et les
humanités, dont le plan dřétudes comprenait le latin, le grec, le français, lřanglais,
lřhistoire, la géographie et un peu de mathématiques78. Les sciences occupent très peu de
place dans le curriculum des six premières années, tout au plus quelques notions dřhistoire
naturelle. Comme nous lřavons vu dans la section précédente, les cours de sciences sont
concentrés dans les deux dernières années du cours classique et consistent principalement
en lřexposition des principes mathématiques, physiques et chimiques, assortis de quelques
cours dřhistoire naturelle (botanique et géologie). Le niveau de cet enseignement nřest ni
stable ni codifié et varie selon les connaissances et lřimplication ou non des professeurs
dans une discipline scientifique.
77
Lettre de Joseph-Stanislas Martel à lřabbé J.-C.-K. Laflamme, Université 62/69, 27 mars 1888, Fonds
Séminaire de Québec, Archives du Musée de la Civilisation.
78
Galarneau, op. cit., p. 168. « Le programme du collège des jésuites a été suivi par le séminaire de Québec,
le collège de Montréal ainsi que tous les autres jusquřà 1955 pour les collèges de lřuniversité de Montréal,
jusquřà 1960 pour ceux de lřuniversité Laval. De façon plus précise, les institutions ont enseigné les langues
grecque et latine, française et anglaise, lřhistoire et la géographie, les mathématiques, les sciences et la
philosophie, matières auxquelles sřajoutait un enseignement religieux. Ce plan dřétudes a été le seul en
vigueur jusquřà 1953, alors quřil y eut possibilité de faire un cours latin sans grec. »
71
En ce qui concerne leur formation spécialisée spécifiquement scientifique, on peut
dire quřelle est variée et dřinégale valeur. Variée parce que les intérêts disciplinaires sont
aussi nombreux que le nombre de sciences naturelles et aussi parce que certaines
disciplines, comme la zoologie, ne sont pas enseignées au niveau universitaire. Leur
formation est ensuite dřinégale valeur du fait dřune offre quasi absente de formation
scientifique au niveau universitaire. En fait, à lřUniversité Laval, il sřagit dřun
enseignement collégial, dans lequel étaient inclus des sciences, ce qui ne correspondait en
rien aux cours de sciences alors offerts dans les nouveaux départements de sciences des
universités européennes et américaines ou même à McGill. Les naturalistes dřici devaient
se contenter de ce niveau et assurer leur formation scientifique de manière autodidacte.
Enfin, certains dřentre eux se sont rendus à lřétranger pour se spécialiser dans une
discipline. Chez les francophones, les abbés François Lesieur-Désaulniers, son frère Isaac
Lesieur-Désaulniers, J. Horan, T.-E. Hamel, J.-C.-K. Laflamme, L.-O. Brunet et H. Simard
ont bénéficié de cette expérience, mais qui ne sřest pas concrétisée par lřobtention de
diplôme (sauf pour les frères Lesieur-Désaulniers et T.-E. Hamel). Chez les anglophones, la
situation est quelque peu différente. Quelques naturalistes de notre corpus ont suivi des
cours dans des universités européennes et américaines. Les cas de W.E. Logan, J.W.
Dawson et son fils G.M. Dawson sont typiques de protestants canadiens envoyés dans une
prestigieuse université européenne (Édimbourg pour les deux premiers et la Royal School
of Mines de Londres pour le dernier) pour y acquérir une formation spécialisée et à jour
dans leur discipline. Un autre exemple nous est donné avec des naturalistes natifs de pays
où les universités offrent des programmes spécialisés de sciences. T.S. Hunt, qui reçoit une
formation en chimie et en minéralogie alors quřil est assistant au laboratoire de Benjamin
Silliman fils, et J.F. Whiteaves, à Oxford, sont deux cas de naturalistes néo-canadiens qui
suivirent une formation scientifique dans leur pays dřorigine.
2.3.2 Ressources intellectuelles
Dans les pages qui suivent, nous présentons le contenu des bibliothèques de quatre
naturalistes du Québec. Mais dřabord, pour donner un exemple des ressources livresques
scientifiques accessibles au Québec au cours de la seconde moitié du XIXe siècle,
examinons le contenu des bibliothèques des Instituts canadiens de Québec et Montréal.
72
Dans le tableau 2.4, on peut voir que la proportion des livres de sciences est en baisse
presque constante jusquřen 1903, pour ensuite remonter de façon spectaculaire à partir de
1906. Pour ce qui est des périodiques, on y recense des revues comme le Scientific
American Magazine, la Revue scientifique de Paris et Le Naturaliste canadien79.
Tableau 2.4 Bibliothèque de l’Institut canadien de Québec (selon les différents
catalogues)
Catégorie
Nombre de titres et % de l’ensemble
et années
1854
1870
1881
1898
1903
1906
153 19 135 17 263 12 471 15 219 16 264 25
Sciences et arts
34 4,3 29 3,6
44
2,2
86
2,7
20
1,4 84
8,3
Sciences
Total
toutes 792 100 806 100 2023 100 3145 100 1384 100 1018 100
catégories
Source : Daniel Gauvin, L’Institut canadien et la vie culturelle à Québec : 1848-1914,
Thèse de M.A., Université Laval, 1984, p. 98.
Dans la bibliothèque de lřInstitut canadien de Montréal (tableau 2.5), de 1850 à 1876,
on constate une baisse importante du nombre de livres scientifiques offerts à ses membres.
Il faut dire que les emprunts les plus fréquents se retrouvent dans les catégories de la
littérature (romans) et de lřhistoire contemporaine (Europe principalement)80. Ceci pourrait
expliquer que lřoffre dans ces catégories en augmentation, passant de 57 % en 1850 à 62,8
% en 1870 et à 75,9 % en 187681, au détriment dřautres catégories comme les sciences qui
nřentrent pas dans la catégorie des lectures de détente. Comme lřInstitut canadien de
Montréal ferma ses portes en 1880, il nřy a pas de données supplémentaires au sujet du
contenu de sa bibliothèque.
79
Ibid., p. 131.
Yvan Lamonde, « La bibliothèque de lřInstitut canadien de Montréal (1825-1876) : pour une analyse
multidimensionnelle », Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 41, no 3 (hiver 1988), p. 355.
81
Ibid., p. 337 et 348.
80
73
Tableau 2.5 Bibliothèque de l’Institut canadien de Montréal
Catégorie
et années
Sciences82
Total toutes catégories
Nombre de titres et % de l’ensemble
1850
1870
86 13,3 117 6,3
646 100 1854 100
46
599
1876
7,7
100
Source : Yvan Lamonde, « La bibliothèque de lřInstitut canadien de Montréal (18251876) : pour une analyse multidimensionnelle », Revue d’histoire de l’Amérique française,
vol. 41, no 3 (hiver 1988), p. 337 et 348.
Chez les particuliers, la situation est un peu différente, car chaque naturaliste doit se
constituer une bibliothèque spécialisée lui permettant dřêtre le plus autonome possible dans
ses recherches. Dans le cas de lřabbé L. Provancher (tableau 2.6), des quelques 628 titres,
plus de 47 % concernent lřentomologie, suivi par la botanique (10,4 %), la zoologie (9,2 %)
et la conchyliologie (8 %). Ces résultats sont conformes aux principaux intérêts
disciplinaires du naturaliste et surtout à ses besoins. Cřest que les bibliothèques de Québec
ne lui sont pas dřun grand secours dans ses travaux. Dès 1875, L. Provancher mentionne la
difficulté dřidentifier une espèce dřinsecte sans les ouvrages requis : « Avez-vous tous ces
ouvrages à votre disposition?
Nous nřavons pu en trouver un seul dans aucune des
bibliothèques de Québec, pas même dans celle de lřUniversité Laval avec ses 60 000
volumes83 ». À la fin de sa carrière, en 1891, le même problème se pose à nouveau pour
lřétude des Lépidoptères.
Il se rabat sur lřétude des Mollusques, car il possède la
documentation nécessaire à leur identification et à leur description.
Cřest que pour écrire il faut avoir des auteurs, et que la bibliothèque du parlement est très
pauvre en ouvrages scientifiques, elle est presque complètement dépourvue des ouvrages récents
qui peuvent nous renseigner sur les productions naturelles de notre pays. (…) Or si le
gouvernement nřa pas le moyen dřacheter un tel ouvrage 84, comment veut-on que je me le
procure moi-même85 ?
82
Comprend les catégories « Sciences naturelles » (mathématiques, astronomie, physique, chimie, géologie,
paléontologie, biologie, botanique, zoologie) et « Sciences appliquées » (médecine, génie agriculture,
économie domestique, affaires, chimie appliquée, industries, assemblage/finition, construction). Ibid., p. 348.
83
L. Provancher, « Identification des sujets dřhistoire naturelle », Le Naturaliste canadien, vol.VII, no.11,
novembre 1875, p. 355.
84
N.d.a. : William H. Edwards, The Butterflies of North America (Philadelphia, The American Entomological
Society), ouvrage publié en trois volumes à partir de 1868.
85
L. Provancher, « Préface » dans Les Mollusques de la province de Québec. Première partie. Les
Céphalopodes, Ptéropodes et Gastéropodes, Québec, Darveau, 1891, p. ii.
74
Tableau 2.6 Bibliothèque scientifique de l’abbé L. Provancher86
Discipline
Nombre de titres de livres %
et de brochures
4
0,6
Arthropodes (entomologie)
65
10,4
Botanique
50
8
Conchyliologie
297
47,2
Entomologie
29
4,6
Généralités (journaux de voyages,
astronomie, météorologie, archéologie)
25
4
Géologie
12
1,9
Horticulture
5
0,8
Ornithologie
83
13,2
Périodiques
58
9,2
Zoologie
628
100
TOTAL
Source : Jean-Marie Perron, Compilation du contenu de la bibliothèque scientifique de
Léon Provancher, Collections de lřUniversité Laval, 2006, p. 302.
Même constat pour la bibliothèque de lřabbé J.-C.-K. Laflamme (tableau 2.7). La
géologie domine nettement avec 59,7 % du nombre de titres, suivi par la physique (13,8
%). La préparation de ses cours de géologie et de physique pour les étudiants de
lřUniversité Laval, de même que ses recherches en géologie, expliquent la forte présence de
ces deux disciplines dans sa bibliothèque. Lřabbé J.-C.-K. Laflamme fut également en
charge du cours de botanique, ce qui se reflète dans le contenu de sa bibliothèque avec une
trentaine de volumes de cette discipline.
86
Compilation de Jean-Marie Perron du contenu de la bibliothèque scientifique de L. Provancher, Collections
de lřUniversité Laval, 2006 (document non publié).
75
Tableau 2.7 Bibliothèque scientifique de l’abbé J.-C.-K. Laflamme87
Discipline
Agriculture
Astronomie
Botanique
Généralités
Géologie/Paléontologie
Mathématiques
Physique
Zoologie
TOTAL
Nombre de titres de livres
et de brochures
3
11
30
73
324
4
75
23
543
%
0,6
2
5,5
13,4
59,7
0,7
13,8
4,2
100
Source : Compilation de lřauteure à partir des fiches du fonds du Séminaire de Québec.
Dans la bibliothèque de Jean-Charles Chapais fils (tableau 2.8), ce sont les catégories
relatives à lřhorticulture (37,1 %) et lřagriculture (25,9 %) qui regroupent la majorité des
titres. Ce naturaliste, préoccupé par les progrès de lřagriculture au Québec, a donc
rassemblé une bibliothèque de près de 400 titres dont plus de 60 % reflètent ses intérêts.
Dans cette bibliothèque, la botanique occupe une place non négligeable (14,5 %), ce qui
pourrait sřexpliquer par la nécessite de connaître des notions de botanique dont on doit tenir
compte en horticulture et en agriculture.
87
Compilation du contenu scientifique du catalogue sur fiches de la bibliothèque de J.-C-.K. Laflamme,
Musée de la Civilisation, Fonds du Séminaire de Québec, M-683 (fiches A-F), M-684 (fiches G-P), A-685
(fiches R-Z).
76
Tableau 2.8 Bibliothèque scientifique de J.-C. Chapais, fils
Discipline
Nombre de titres de livres %
et de brochures
102
25,9
Agriculture (sauf élevage et laiterie)
10
2,5
Apiculture
57
14,5
Botanique
13
3,3
Chimie agricole
17
4,3
Entomologie agricole
146
37,1
Horticulture (avec arboriculture, sylviculture,
foresterie, cultures maraîchères)
27
6,9
Généralités
9
2,3
Géologie
6
1,5
Ornithologie
7
1,7
Zoologie
394
100
TOTAL
Source : Compilation de lřauteure à partir du catalogue Chapais Collection/Collection
Chapais, Ministère de lřAgriculture du Canada, 1976, xix-77 p.
Enfin, pour ce qui est de la bibliothèque de Joseph-Charles Taché (tableau 2.9),
député (1848-1856) et sous-ministre de lřAgriculture et des Statistiques au fédéral, de 1864
à 1888, il est difficile de généraliser en ayant seulement en mains le répertoire de ses
brochures, mais ici encore, le pourcentage le plus important se retrouve dans la discipline
qui a le plus intéressé Taché : lřagriculture.
77
Tableau 2.9 Bibliothèque scientifique de J.-C. Taché
Discipline
Agriculture (sauf élevage et laiterie)
Entomologie
Généralités
Géologie
Horticulture
Zoologie
TOTAL
Nombre de titres de brochures
14
1
15
7
2
2
41
%
34,1
2,4
36,6
17,1
4,9
4,9
100
Source : Compilation de lřauteure à partir du répertoire des archives de lřUniversité Laval,
« Répertoire des brochures composant la collection Joseph-Charles Taché », Direction des
archives de lřUniversité Laval, P-284.
En conclusion, on peut dire que ces bibliothèques suivent très fidèlement les intérêts
les plus marquées du naturaliste pour une ou quelques disciplines, ce qui nřest pas
surprenant, puisque lřoffre de livres de sciences dans les bibliothèques des sociétés savantes
et des bibliothèques publiques nřétait pas adaptée à leurs besoins. Cette situation les oblige
à constituer leur propre bibliothèque en fonction de leurs intérêts disciplinaires.
2.3.3 Intérêts disciplinaires
Par intérêts disciplinaires, nous faisons référence aux disciplines pratiquées par les
naturalistes, celles pour lesquelles ils possèdent le plus de compétences et auxquelles
consacrent le plus de temps. Dans les prochaines pages, nous abordons le nombre de
disciplines et celles qui sont choisies en priorité par les naturalistes.
78
Tableau 2.10 Nombre de disciplines pratiquées par les naturalistes
Nb disciplines
1
2
3
4
Total
Nb
%
Nb
%
Nb
%
Nb
%
Nb
%
Nb de
scientifiques
Francophones
21
30
10
14,3
3
4,3
7
10
41
58,6
Anglophones
Total
18
39
25,7
55,7
7
17
10
24,3
2
5
2,8
7,1
2
9
2,8
12,8
29
70
41,4
100
Source : Compilation de lřauteure à partir de nombreuses notices biographiques (consultez
la section « Notices biographiques » dans la bibliographie).
Dans les deux groupes (voir tableau 2.10), on retrouve une majorité de naturalistes
pratiquant une seule discipline scientifique (30 % et 25,7 %). Le nombre de ceux pratiquant
quatre disciplines est légèrement supérieur chez les francophones (10 % par rapport à 2,8
%), une situation qui reste à expliquer. Nous pouvons inférer quřen fonction de leur
formation humaniste, qui accordait très peu de place aux sciences, les naturalistes
francophones étaient des touche-à-tout, parfois versés dans plusieurs disciplines. Du côté
des naturalistes anglophones, une formation scientifique de niveau universitaire était
disponible au collège McGill (devenu plus tard à lřUniversité McGill), fondé en 1821.
LřUniversité Laval, fondée quant à elle en 1850, ne propose aucun programme de sciences,
et ne dispense que quelques cours dans les deux dernières années du cours classique.
79
Tableau 2.11 Discipline principale pratiquée par les naturalistes
Disciplines
pratiquées
Agriculture
Arboriculture
Horticulture
Astronomie
Botanique
Chimie
Entomologie
Foresterie
Sylviculture
Histoire
naturelle
Mathématiques
Géométrie
Géologie
Minéralogie
Paléontologie
Ornithologie
Physique
Zoologie
Biologie
Météorologie
TOTAL
Francophones
Anglophones
Nb
%
% de
Nb
%
% de
catégorie l’ensemble
catégorie l’ensemble
8
19,5
11,4
1
3,4
1,4
Totaux
Nb
%
total
9
12,9
0
7
2
5
1
0
17,1
4,9
12,2
2,4
0
10
2,9
7,1
1,4
1
8
1
6
0
3,4
27,6
3,4
20,7
0
1,4
11,4
1,4
8,6
0
1
15
3
11
1
1,4
21,4
4,3
15,7
1,4
4
9,6
5,7
2
6,9
2,9
6
8,6
2
4,9
2,9
0
0
0
2
2,9
4
9,6
5,7
7
24,1
10
11
15,7
2
3
3
0
0
41
4,9
7,3
7,3
0
0
100
2,9
4,3
4,3
0
0
58,6
1
0
0
1
1
29
3,4
0
0
3,4
3,4
100
1,4
0
0
1,4
1,4
41,3
3
3
3
1
1
70
4,3
4,3
4,3
1,4
1,4
100
Source : Compilation de lřauteure à partir de nombreuses notices biographiques (consultez
la section « Notices biographiques » dans la bibliographie).
80
Dans le tableau 2.11,
nous recensons la discipline principale pratiquée par les
naturalistes, cřest-à-dire celle qui occupe la première place pour chacun dřentre eux que ce
soit en termes de recherche, de publications ou dřenseignement. On y constate que les
naturalistes sřintéressent à des problématiques scientifiques similaires, soit les sciences
naturelles (botanique et entomologie), les sciences de la terre et lřhistoire naturelle en
général. Les anglophones sont toutefois un peu plus versés dans les sciences de la terre
comme la géologie, la minéralogie et la paléontologie, tandis que les francophones se
tournent plus volontiers vers les sciences naturelles telles lřagriculture, lřhorticulture, la
foresterie et la zoologie, et les sciences physiques et mathématiques. Cela nřempêche
toutefois pas quelques naturalistes anglophones de consacrer leurs recherches aux sciences
naturelles et quelques autres francophones de se pencher vers la géologie.
Cette parenté dřintérêts ne surprend pas si lřon considère que les naturalistes,
formés dans les mêmes institutions scolaires, initiés aux mêmes textes et auteurs, ceux-ci ont la
même familiarité avec un ensemble de savoirs, la même sensibilité à un ensemble de problèmes
et développent, grâce à divers exercices scolaires, les mêmes habiletés intellectuelles. Bref, ils
sont dotés dřun programme homogène de perception, de pensée et dřaction qui leur confère une
« parenté dřesprit ». Cette parenté nřest pas seulement morale ou idéologique, elle est aussi et
surtout logique, les intellectuels dřune même génération tendant, surtout lorsquřils ont suivi les
mêmes itinéraires sociaux, à maîtriser un corps commun de catégories de pensée88.
Les mêmes problématiques et les mêmes questions reviennent dans le discours de lřépoque
sur les sciences. Par exemple, lřintérêt marqué pour la prospection géologique et la
connaissance des ressources naturelles exploitables du territoire, ou encore les manières
dřaméliorer les cultures et les élevages. De plus, les mêmes manuels et les mêmes sujets
revenaient également dans lřenseignement des sciences, pour chacun des groupes, ce qui
uniformise les connaissances pour les mêmes disciplines.
Il ne faut toutefois pas oublier les intérêts personnels des naturalistes qui, parfois,
sortent des sentiers connus pour aborder des disciplines totalement ignorées auparavant au
Québec. Tel était, par exemple, le cas de lřabbé L. Provancher, qui consacre une partie
88
Fournier, op. cit. (« Science, culture et société au Québec »), p.15.
81
relativement importante de ses recherches aux mollusques terrestres et aquatiques89, de
Charles Baillargé qui sřintéresse aux applications en mathématiques, des abbés FrançoisXavier Burque et Charles-Philippe Choquette qui abordent lřastronomie, de JosephAlexandre Crevier qui se penche sur les zoophytes infusoires, de Charles Smallwood qui
sřoccupe de météorologie et de Joseph F. Whiteaves qui publie sur les invertébrés marins
en plus de ses travaux en paléontologie.
En conclusion, nous pouvons esquisser le portrait du naturaliste au début et à la fin de
la période à lřétude. Les naturalistes sont principalement des prêtres-éducateurs pour le
cours de collégial classique ou des membres des professions libérales qui consacrent une
partie de leur temps à la pratique dřune discipline scientifique. La documentation et
lřéquipement sont à leur charge et ils pratiquent principalement en solitaire à leur résidence
ou au collège qui les emploie. Chez les anglophones, le rôle de McGill fut très important,
car cřest dans cette institution quřils pouvaient recevoir une formation en sciences
naturelles de niveau universitaire. Quelques naturalistes anglophones ont pu vivre de leur
pratique, particulièrement en géologie, tandis que chez les francophones, quelques-uns sont
engagés comme conservateurs dřun musée de sciences, mais la grande majorité des
naturalistes sřest contentée de leurs loisirs pour pratiquer leur activité scientifique.
2.4 Les conditions favorables au développement des sciences au Québec
Pour la période qui sřétend de 1850 à 1920, diverses conditions favorisent le
développement scientifique au Québec. Nous passons succinctement en revue les
conditions socio-économiques, politiques, culturelles et scientifiques qui contribuent à
lřessor des sciences observé au Québec au cours de la seconde moitié du XIXe siècle.
2.4.1 Conditions socio-économiques
Les modifications que lřon observe dans les conditions socio-économiques expliquent
en partie le développement important des sciences pour la période à lřétude. Lřurbanisation
du Québec, qui sřaccélère à la fin du siècle, amène une concentration des emplois et des
89
Il amassa une collection de plus de 2000 spécimens du Québec et ailleurs dans le monde.
82
institutions à Montréal, à Québec et dans les petits centres urbains régionaux. Des
personnes partageant des intérêts communs, en sciences et en histoire naturelle dans ce casci, se regroupèrent en sociétés savantes. Des contacts se tissent et les connaissances se
transmettent plus rapidement par le biais de conférences et de présentations publiques, mais
également grâce aux bibliothèques associatives et aussi par la création de musées
accumulant des spécimens de plantes et dřanimaux en collections éducatives.
Le phénomène de lřindustrialisation accélérée de lřAmérique du Nord a des effets
notables sur lřéconomie nord-américaine, par le biais de lřapparition du capitalisme
industriel. Les capitaux nécessaires à lřimplantation dřune usine deviennent beaucoup plus
considérables que ceux pour la création des petites manufactures. Pour fonctionner
adéquatement, les usines doivent être alimentées jour et nuit en matières premières et en
énergie, comme le bois, le charbon, le fer et lřhydroélectricité. Le besoin croissant en
termes de certaines ressources naturelles se manifeste par une demande accrue pour leur
exploration et leur prospection. Ces deux opérations, effectuées avec assez peu de
connaissances au départ, mène à la découverte de plusieurs importants sites miniers et à
lřaccumulation de connaissances assez précises sur les dépôts géologiques et les sites
hydrologiques du Québec. W.E. Logan, à la tête de la Commission géologique du Canada
de 1842 à 1869, participe à cette exploration en visitant plusieurs régions du Québec. W.E.
Logan, principalement à la recherche de charbon, de pétrole, de métaux et de pierres
précieuses, établit la première carte géologique du Québec et du Canada. Pour ce faire, il
obtient la collaboration du minéralogiste et chimiste T.S. Hunt.
Au cours du mandat du deuxième directeur de la Commission géologique, Alfred
Richard Cecil Selwyn, lřabbé J.-C.-K. Laflamme est approché pour explorer quelques
régions du Québec, entre autres la ville de Québec et ses environs, Charlevoix, la Beauce et
le SaguenayŕLac-Saint-Jean, afin de mettre à jour les connaissances géologiques établies
par W.E. Logan quelques décennies plus tôt. Dans les années 1885 à 1900, A.R.C. Selwyn
et George Mercer Dawson, son successeur à la direction de la Commission, envoient
83
dřautres géologues explorer le Nord du Québec et le Labrador. Albert Peter Low et Robert
Bell sont les deux principaux géologues qui explorent ces deux régions90.
2.4.2 Conditions politiques
En ce qui concerne les conditions politiques, ce que lřon remarque, ce sont dřabord
des pressions exercées auprès des responsables étatiques pour explorer les ressources
naturelles du pays. La fondation de la Commission géologique du Canada, en 1842, vient
combler le souhait de plusieurs personnes intéressées par lřexploration géologique et
lřexploitation minières. À partir de 1867, lʼÉtat fédéral octroie annuellement des sommes
pour le fonctionnement de la Commission. Durant les premières décennies de son
existence, la Commission ne reçoit cependant pas suffisamment de subsides pour assumer
toutes ses dépenses, ce qui oblige W.E. Logan à puiser dans ses fonds personnels pour en
assurer la pérennité.
À la fin du XIXe siècle, la nécessité de développer les sciences au pays inspire des
naturalistes à demander lřaide du gouvernement dans la création dřune société scientifique
nationale : la Société royale du Canada. « In 1881 the Governor General, the Marquis the
Lorne (later Duke of Argyll), organized a meeting to draw together scientists and scholar
who were scattered across the country by means of an annual meeting to be held at Ottawa,
or occasionally in other cities. (...) In 1883 a grant was obtained from the government to
finance the publication of a series of Transactions, although the members hoped to remain
as independant of the government as possible so they could provide impartial advice on
scientific and other matters91 ». Dès ses débuts en 1882, la Société royale regroupe presque
tous les naturalistes canadiens ayant publiés des travaux de recherche originaux. « The
principal Canadian scientists all reacted favorably to Lorneřs proposal and seem to have
regarded the political benefits of the new organization as being at least as important as the
scientific ones92 ». À ses débuts, la Société royale a comme membres entre autres J.W.
Dawson Ŕ il est président-fondateur Ŕ, son fils G.M. Dawson, B.J. Harrington, les abbés J.90
Zaslow, op. cit., p. 168-170.
Bowler, op. cit. (« The Early Development of Scientific Societies in Canada »), p. 333.
92
Ibid., p. 334.
91
84
C.-K. Laflamme et T.-E. Hamel, tandis que lřon nomme L. Provancher cinq ans plus tard.
Pour une raison que nous ignorons, il avait refusé de faire partie des membres fondateurs.
Sur le plan fédéral, on observe donc une certaine volonté de développer les sciences et
les techniques à la fin du XIXe siècle, dans le but évident dřen tirer profit pour lřéconomie
et le prestige national. Au Québec, la situation est différente ; on nřobserve alors pas de
volonté très ferme de la part de lřÉtat provincial. Certes, on applaudit les réussites et les
réalisations pour autant que les deniers publics nřentrent pas dans la balance. Lřaide
accordée est à la fois infime et aléatoire. Les vaines demandes de lřabbé L. Provancher
concernant la création dřun musée de sciences naturelles opérationnel, ou encore les
subventions refusées au premier et au deuxième rédacteurs du Naturaliste canadien93,
constituent des exemples du peu de volonté et dřengagement de lřÉtat provincial dans le
développement des sciences.
Le cas de la Société dřhistoire naturelle de Québec est intéressant à soulever. Fondée
en 1870, la Société dřhistoire naturelle de Québec avait pour but « de promouvoir, dřactiver
et de soutenir les recherches et les études dans une des branches des sciences des plus
instructives et des plus amusantes. (…) Cřest donc une société dřinstruction mutuelle que
nous voulons former. Nous voulons que tous les amis des sciences de notre bonne ville de
Québec aient lřoccasion de se rencontrer pour se connaître, sřéchanger mutuellement leurs
connaissances et se communiquer le résultat de leurs observations94 ». Sans nier la
légitimité et les réalisations de la Literary and Historical Society of Quebec, les naturalistes
impliqués dans cette nouvelle société désirent cependant fonder une société savante dont la
langue officielle serait le français, sans empêcher lřexpression dans dřautres langues95.
LřUniversité Laval assure son appui à la Société par lřaccès à des salles, à sa
bibliothèque et ses musées de sciences. Les personnes présentes lors de la première
réunion, tenue le 26 avril 1870, sont les suivantes : « Mr. lřabbé Provancher ; MM. J.-B.
93
Lřabbé L. Provancher, de 1868 à 1891 et lřabbé V.-A. Huard, de 1894 à 1929.
Provancher, « Une société dřhistoire naturelle à Québec », vol. II, no 2 (janvier 1970), p. 34-35.
95
Ibid., p. 36.
94
85
Cloutier, F.-X. Bélanger, J.B. Gilbert, Eugène LřHeureux et P. LřHeureux ; MM. le Dr.
Meilleur, D.-N. Saint-Cyr et J.E. Juneau firent présenter des excuses sur lřimpossibilité où
ils se trouvaient dřassister à lřassemblée, (…)96 ». Malgré ces conditions favorables, la
Société de Québec connaît une évolution incertaine. Dès les premières réunions, on
demande lřaide financière de lřÉtat:
Proposé par le Dr. Meilleur, secondé par Mr. F.E. Juneau :
Attendu que depuis plusieurs années le gouvernement alloue annuellement la somme de
$750 à la Société dřHistoire Naturelle de Montréal, ce ne serait que justice quřune semblable
allocation serait faite à la Société dřHistoire Naturelle de Québec, en conséquence quřune
requête soit sans délai adressée au Parlement, au nom de la Société, sollicitant telle allocation.ŕ
Adopté97.
Cette requête ne semble pas avoir été entendue.
À la suite à la publication des comptes rendus des réunions de 1870 dans Le
Naturaliste canadien, un long silence dure 17 ans. L. Provancher reprend alors la plume
pour annoncer la renaissance de la Société, grâce à lřaide de lřÉtat provincial:
Aujourdřhui, grâce aux bonnes dispositions de notre nouveau gouvernement98, qui nous a
donné lřassurance dřune aide raisonnable, notre Société va reprendre une nouvelle vie, et
marcher avec plus dřassurance dans la voie du progrès.
Formée de membres, pour la plupart, liés avant tout aux intérêts matériels de la vie, le
manque de matériel nécessaire a été un obstacle sérieux au développement de la Société. (…) il
nous faut même un local spécial pour étaler notre noyau de musée, afin dřinspirer le zèle aux
hommes dřétude qui se sentirait quelques dispositions à nous suivre, et de permettre, surtout aux
débutants, de sřaider des collections, livres, etc., qui se trouveront là à leur disposition 99.
On vote une somme de $200 pour la Société. Encouragé par ce début prometteur, L.
Provancher écrit, dans Le Naturaliste canadien, « nous avons espoir de voir sřaccroître
prochainement notre nombre, et grâce au bienveillant concours de notre nouveau
gouvernement, surtout de lřhon. M. Gagnon, notre Secrétaire-Provincial, nous espérons
pouvoir offrir bientôt à lřinspection du public, un noyau de musée fort intéressant pour un
96
Gilbert, « Société dřhistoire naturelle de Québec », Le Naturaliste canadien, vol. II, no 6 (mai 1870), p.
183.
97
Gilbert, « Société dřhistoire naturelle de Québec », Le Naturaliste canadien, vol. II, no 12 (novembre
1870), p. 369.
98
En 1887, il sřagit du gouvernement dřHonoré Mercier.
99
Provancher, « Société dřhistoire naturelle de Québec », Le Naturaliste canadien, vol. XVI, no 10 (avril
1887), p. 160.
86
début100 ». En décembre 1887, L. Provancher écrit au secrétaire provincial, C.N.E. Gagnon,
au nom de la Société, lui demandant « de mettre à notre disposition un local pour nos
réunions et surtout pour lřinstallation de notre musée qui dès son origine compte déjà
quelques centaines de spécimens101 ». La Société se fait cependant enlever le local promis.
On lui conseille alors de sřadresser aux instances fédérales, « pour obtenir quelque
appartement dans les salles occupées ci-devant par les tribunaux de justice, et qui sont
actuellement sans emploi102 ». Peine perdue, le fédéral ne veut pas encore prendre de
décision pour ses bâtiments. En 1889, après le refus du provincial de renouveler sa
subvention, la Société est officiellement dissoute.
2.4.3 Conditions culturelles
Les conditions culturelles se rapportent principalement au système dřenseignement
supérieur. La faculté de sciences est bien implantée au McGill College dès la seconde
moitié du XIXe siècle. Le directeur J.W. Dawson occupe également le poste de professeur
de sciences. Quelques-uns des naturalistes influents de la seconde moitié du XIXe siècle
suivent ses cours. R. Bell et H.-M. Ami. Ce dernier complète un doctorat en géologie sous
la supervision de J.W. Dawson, en 1885. Dans une lettre à son mentor, H.-M. Ami explique
lřorigine de son intérêt pour les sciences naturelles : « The ardest love for natural sciences
studies which you have imported to me I hope shall be lasting and not forgetful103 ».
J.W. Dawson, en contact avec des dizaines de naturalistes un peu partout en
Amérique du Nord et ailleurs dans le monde, réunit autour de lui une équipe de professeurs
de sciences compétents. Le minéralogiste Bernard James Harrington et le botaniste D.P.
Penhallow sont deux de ces professionnels formant la nouvelle génération de professeurschercheurs systématiquement formés dans les universités.
100
Provancher, « Société dřhistoire naturelle de Québec », Le Naturaliste canadien, vol. XVI, no 12 (juin
1887), p. 181.
101
Lettre de L. Provancher à C.N.E. Gagnon, 19 décembre 1887, Fonds Provancher, C-5, A.S.C. 310.
102
Provancher, « La Société dřhistoire naturelle de Québec », Le Naturaliste canadien, vol. XIX, no 3
(septembre 1889), p. 45.
103
Lettre de H.-M. Ami à J.W. Dawson, March 27, 1885, McGill University Archives Private Fonds, Dawson
Family Papers, MG 1022, c. 10.
87
À lřUniversité Laval, comme nous lřavons vu, la situation est différente. À
lřexception du passage du minéralogiste et chimiste T.S. Hunt comme titulaire de la chaire
dřhistoire naturelle, de 1856 à 1862, aucun des professeurs de sciences ne détient de
maîtrise ou de doctorat en sciences. Même si on assiste à la création dřune école
dřarpentage en 1907, dřune école de foresterie en 1910 et dřune École supérieure de chimie
en 1921, la faculté des sciences nřapparaît quřen 1937.
En 1920, lřUniversité de Montréal fonde sa faculté des sciences. Animée dřabord par
le frère Marie-Victorin et quelques-uns de ses disciples, comme Jules Brunel, Jacques
Rousseau, Marcel Raymond, Ernest Rouleau et Georges Préfontaine, elle acquiert une
réputation internationale au cours des décennies suivantes par des travaux de hauts niveaux
dans une foule de disciplines allant de la botanique à la neurobiologie.
Au cours de la période allant de 1850 à 1920, les conditions de production de la
science changent donc radicalement au Québec. Au milieu du XIXe siècle, les Québécois
qui veulent obtenir une maîtrise ou un doctorat doivent se rendre aux États-Unis ou en
Europe. Les cas des prêtres-éducateurs, envoyés à Paris pour suivre une courte formation
universitaire dans une discipline scientifique, ou celui de Gustave C. Piché et Avila Bédard,
les futurs organisateurs du service forestier du Québec, partis aux États-Unis suivre une
formation universitaire subventionnée par des bourses du gouvernement, sont des exemples
de la situation de cette époque. À la fin du siècle et au début du XX e siècle, les professeurs
de sciences à McGill, tous détenteurs dřun doctorat dans une discipline scientifique, parfois
obtenus au Canada, constituent des exemples des changements adoptés dans le milieu
scientifique. La compétence ne se juge plus seulement sur les connaissances, mais surtout
sur la formation acquise, garante de la compétence du naturaliste.
2.4.4 Conditions scientifiques
Une des dernières conditions ayant favorisée le développement des sciences au
Québec au cours de la seconde moitié du XIXe siècle se rapporte au contexte général de
lřhistoire des sciences en Occident. En Europe, le processus dřindustrialisation amène une
88
importante demande de sources dřénergie et de matières premières (charbon, pétrole,
métaux et minéraux). Lřexploitation nécessitant une exploration préalable des territoires, il
nřest pas surprenant dřassister à une certaine course aux ressources naturelles. Du fait de
lřouverture de plusieurs départements dédiés à une discipline scientifique dans les
universités européennes et américaines, et à cause du coût prohibitif de lřéquipement
nécessaire à la recherche dans plusieurs disciplines en plein développement (la physique, la
chimie, lřastronomie et la géologie par exemple), les connaissances sont souvent produites
par des naturalistes employés dans les universités, les services gouvernementaux et les
entreprises.
Avant de clore ce chapitre consacré au contexte historique, il apparaît indispensable
de tenter une réponse à la question suivante : pourquoi considère-t-on encore que les
Canadiens français étaient en retard par rapport à la science de leur temps, surtout au XIXe
siècle, alors que de nombreux indices nous montrent que ce ne fut pas le cas ? Cette
interrogation est née lors de la recherche documentaire préalable à la consultation des
sources primaires et à la rédaction. En lisant des témoignages de naturalistes de lřépoque,
dřhistoriens et même de certains historiens des sciences, nous avons constaté lřimbroglio
entourant la période marquant les balbutiements du développement du milieu scientifique
au Québec.
Les explications avancées pour soutenir la thèse du retard scientifique du Québec sont
nombreuses, mais peu apparaissent satisfaisantes. Certains contemporains déplorent cet état
des choses et le considéraient comme un fait établi, véridique, pathologique même. La
fameuse réplique de P.-J.-O. Chauveau, qui avance que lřintérêt pour les sciences chez un
peuple était une question dřaffinités naturelles, entre dans cette catégorie104.
Les naturalistes de cette époque font quant à eux remarquer le peu dřintérêt des
Canadiens français pour les sciences et le manque de culture scientifique de leurs
contemporains. Les témoignages en ce sens ne manquent pas, par exemple ceux de lřabbé
104
Chauveau, op. cit., p. 311, cité dans Chartrand, Duchesne et Gingras, op. cit., p. 9.
89
L. Provancher, de Monseigneur Louis-François Laflèche, dřAuguste Dupuis et de lřabbé F.X. Burque. On a cru, plus tard, que cela correspondait à lřabsence dřune pratique
scientifique au Québec avant les années 1920, mais ce ne fut pas le cas.
Certains pointent du doigt lřindifférence de la classe politique face aux efforts de
diffusion des sciences : « Personnellement, je fais, Monsieur lřAbbé, des vœux sincères
pour que le Gouvernement de Québec comprenne enfin toute la haute utilité dřune
publication en français comme la vôtre, et toute la nécessité Ŕ vu lřincurie
incompréhensible de la classe intelligente et lettrée française-canadienne Ŕ et toute la
nécessité, dis-je, dřune permanente et libérale allocation pour la soutenir105 ».
Plus tard, au début du XXe siècle, dřautres avancent des hypothèses visant à expliquer
ce retard à engager des recherches scientifiques au Québec, mais admettent que quelques
« précurseurs » ont fait œuvre utile dans le domaine. Les articles de Léon Lortie abondent
dans ce sens :
Un inventaire encore incomplet nous a fait connaître les noms dřune cinquantaine de
Canadiens qui, jusque vers 1875, se sont intéressés aux sciences naturelles, ont publié des
ouvrages ou écrit des articles sur les mathématiques, la chimie, la physique et la botanique.
Tout cela nous incite à réviser les opinions que nous pouvions entretenir, et même les
jugements sommaires quřon a pu porter sur la vie intellectuelle de nos ancêtres au cours du
premier siècle qui suivit la conquête du Canada par lřAngleterre.
Quand on écrira lřhistoire des sciences du Canada, on devra tenir compte de la louable
activité de ces amateurs dont aucun, pourtant, nřa accompli une œuvre importante 106.
Le même explique que les prêtres étaient trop pris dans les fonctions administratives
pour pouvoir consacrer le temps nécessaire à leurs recherches :
On ne peut que faire des hypothèses sur lřabsence quasi-totale dřintérêt des Canadiens
français de cette époque pour les mathématiques, la physique, la chimie et la biologie.
Lřenseignement des sciences dans les collèges étant confié à des prêtres dont plusieurs furent
appelés à de hautes fonctions ecclésiastiques107, ils nřont pu consacrer que peu dřannées à une
occupation qui est celle de toute une vie si lřon veut quřelle soit féconde 108.
105
Lettre de lřabbé Joseph-Célestin Carrier à L. Provancher, 5 novembre 1885, A.S.C. 301, C-5. Les mots
soulignés sont de lřauteur de la lettre.
106
Lortie, op. cit. (« Deux Notaires Amateurs de science : … »), p. 47.
107
Lřexemple de lřabbé J.-C.-K. Laflamme, qui, en 1892, réussit à faire renverser sa nomination comme
évêque de Chicoutimi en est un cas dřexception. Dřautres, comme lřabbé L. Provancher, ne purent entamer
leur carrière scientifique quřà leur retraite de la vie curiale.
108
Lortie, loc. cit. (« La trame scientifique … »), p. 34.
90
Le chroniqueur Claude Mélançon, afin de justifier le développement peut-être tardif
des sciences naturelles au Québec, rapproche quant à lui le contexte historique du Québec
du XIXe siècle avec celui de lřEurope des Lumières :
Dans le cas qui nous occupe il nřest pas plus déshonorant pour le Canada-français,
privé dřécoles et dřambiance, dřavoir mis plusieurs années à découvrir sa flore et sa faune,
que pour lřEurope dřavoir attendu le dix-huitième siècle pour se débarrasser dřune science
empirique et se mettre résolument à lřétude de la Nature. (…)
Il importe donc peu que le Canada-français sache exactement ce qui lřa retardé dans la
recherche de sa physionomie propre. Lřessentiel pour lui est de posséder, depuis quelques
années, les clefs qui lui ouvrent tous les domaines de lřhistoire naturelle et lui donnent accès
aux connaissances qui peuvent aider son développement économique et culturel 109.
Des historiens des sciences, beaucoup plus nuancés, ont dřabord remis les pendules à
lřheure, puis certains ont avancé des explications socio-historiques et même
psychologiques. En premier lieu, la greffe de Duchesne, qui consistait à affirmer, dans sa
thèse de doctorat, lřomniprésence des sciences au Québec du temps du régime anglais
jusquřau début du XXe siècle, nřa pas pris, malgré des arguments convaincants. Il explique
la thèse du retard par un argument psychologique.
Cette présence des sciences, et de lřhistoire naturelle en particulier, au Canada français
heurte les idées reçues. En effet, la thèse commune veut que la société canadienne-française,
traumatisée par la Conquête, dominée par le capital anglo-saxon et tenue en laisse par un
clergé conservateur et même franchement réactionnaire, ait marqué le pas pendant tout le
XIXe siècle et soit entrée dans « lřère scientifique » cent ans après tout le monde 110.
(…)
Mais comment ne pas remarquer que cette thèse dřun Canada français en retard dřun
siècle sur les idées scientifiques, si contraire aux faits, nous vient justement de ceux-là qui, en
1920, se présentaient comme les hommes dřun temps nouveau, les premiers vrais savants du
111
Canada français
?
Dřautres chercheurs en sciences humaines ramenent la question du « retard » des
sciences au Québec à une explication socio-historique. Jean-Claude Robert rappelle que
(…) les voies de la modernisation sont multiples, et il nřy a pas de modèle unique, (…).
De plus, les rythmes sont différents, certaines sociétés se modernisant avant dřautres. Enfin,
les sociétés ne sont pas homogènes, et certains groupes sociaux sont touchés différemment
dans le temps par les changements112.
109
Mélançon, op. cit. (« Réponse de M. Claude Mélançon »), p. 57.
Duchesne, op. cit. (Sciences, culture savante et pouvoir politique :…), p. 5.
111
Ibid., p. 6.
112
Robert, op. cit. (« Postface. Lřhistoire environnementale et lřhistoriographie du Québec »), p. 242.
110
91
Quant à lui, Fernand Dumont avance une explication sociologique qui permettrait de
comprendre en partie la désaffection face au passé et, par extension, le « trou de mémoire »
dénoncé par Duchesne.
Parce quřelle avait occupé une trop grande place, nřa-t-on pas eu tendance au moment
de la Révolution tranquille à vouloir mettre lřÉglise de côté ?
Je crois effectivement que cela a fait partie des idéologies des années soixante. Mais ce
nřest pas uniquement lřÉglise qui a subi un tel sort. Car, à cette époque, on a opposé de façon
assez grossière, me semble-t-il, ce qui provenait du passé et ce qui devait être retenu pour
lřavenir. Cřest comme si on avait voulu renier tout ce qui avait déjà eu une quelconque
importance, lřÉglise nřy faisant pas exception. Conséquemment, on sřest progressivement
forgé une image négative de notre passé113.
Lřexplication sociologique de F. Dumont nous apparaît très pertinente. Lřimage
négative du passé scientifique du Québec forgée, un peu malgré eux, par les naturalistes de
la fin du XIXe siècle, qui déplorent le manque dřintérêt scientifique de leurs compatriotes,
puis, à partir de 1920, par certains naturalistes qui affirment avoir intégré le Québec au
mouvement scientifique occidental, enfin par des historiens qui ne cherchent pas à
interroger le passé plus lointain, éblouis par les miracles opérés dans les premières
décennies du XXe siècle par les naturalistes innovateurs, cette image, disons-nous, aurait
tant persisté que les acteurs perdirent eux-mêmes leur connaissance de ce passé scientifique
et même la faculté de penser quřil pût avoir eu lieu. Les conséquences auraient été dřabord
de reléguer pratiquement tous leurs prédécesseurs aux oubliettes, ensuite de croire que le
développement des sciences ne débute au Québec que tardivement, à partir des années
1920, et même des années 1940114. On comprend alors que la confusion règne face à
lřhistoire des sciences du Québec dans lřimaginaire collectif et scientifique.
113
Fernand Dumont, entrevue à la Revue Notre-Dame, « Avec Dieu, on nřest jamais tranquille », Revue
Notre-Dame, no 3, mars 1983, p. 20.
114
Cřest ce que laisse entendre le journaliste scientifique Roland Prévost qui déclara, lors de la remise dŘun
prix de journalisme, en 1968 : « Progrès qui ne font pas de bruit, a-t-il précisé, mais qui nřen sont pas moins
sensationnels si lřon considère le quasi-néant de notre science il y a moins de 25 ans, si lřon considère en plus
que nos gouvernants provinciaux nřépaulaient guère nos modestes efforts et que, comme par hasard, il nřy a
jamais de place dans le Québec pour les grands laboratoires fédéraux. » Anonyme, « Roland Prévost reçoit le
Prix Olivar-Asselin », La Presse, 84e année, no 50, 28 février 1968, p. 12.
92
Aux États-Unis, on fait fortune en se dévouant à la science.
Ici, on y gagne seulement de la reconnaissance : cřest plus
beau, quoique moins pratiquement avantageux.
-
Victor-Alphonse Huard, Labrador et Anticosti :
journal de voyage, histoire, topographie,
pêcheurs canadiens et acadiens,
indiens montagnais,
Montréal, C.O. Beauchemin, 1897, p. 77.
De ce vaste panorama de la société, de la science, des acteurs, des centres de
production et de diffusion de la science et des conditions ayant favorisé le développement
des sciences au Québec de 1850 à 1920, nous retiendrons deux choses : le milieu
scientifique est en émergence et les naturalistes établissent leurs réseaux.
Le milieu scientifique se développe rapidement. Divers indices nous le montrent :
lřaugmentation du nombre de naturalistes au Québec à partir du milieu du XIXe siècle, tant
du côté des francophones que des anglophones, les parutions de plus en plus nombreuses de
manuels de sciences et surtout de monographies scientifiques, lřoffre plus constante et la
diversification des cours de sciences aux niveaux collégial et universitaire (particulièrement
à McGill et à lřÉcole Polytechnique de Montréal), la création de quelques sociétés savantes
provinciales et nationales et lřapparition, timide certes, mais réelle, dřun certain discours
favorable au développement des sciences chez certains responsables étatiques, ceux-là
même qui pratiquent une ou plusieurs disciplines scientifiques.
Les naturalistes sont en train de développer leurs réseaux scientifiques. La
participation au fonctionnement dřune société savante locale Ŕ par exemple en y présentant
des conférences ou en publiant des articles dans la revue Ŕ leur permet de rencontrer
dřautres naturalistes possédant les mêmes intérêts disciplinaires quřeux et de diversifier
leurs sources dřinformation. La correspondance avec des naturalistes étrangers élargit leurs
horizons : il ne leur était pas rare dřéchanger des documents et/ou des spécimens, ou de
reférer un correspondant étranger à un autre naturaliste.
93
Lřétude nous mène ainsi jusquřà la porte de la pratique;
après quoi celle-ci fait la facilité du savoir.
- Jean-Jacques Rousseau, « Lettre cinquième »,
Huit lettres élémentaires sur la botanique à Mme Delessert,
Mercure de France, 2002, p. 61.
94
CHAPITRE 3
LES PRATIQUES ET LA SPÉCIALISATION DES DISCIPLINES
Au cours du XIXe siècle, toutes les sphères dřactivités de la société subissent des
bouleversements importants et durables. Les sphères économique, politique, sociale,
culturelle et religieuse sont alors en redéfinition sous la poussée de nouveaux courants de
pensées philosophiques et politiques, du développement de certaines disciplines Ŕ telles la
sociologie et lřapproche critique de lřhistoire Ŕ et du déploiement de lřindustrialisation dans
tout le monde occidental. À la fin du siècle et au début du suivant, chacune de ces sphères
présente un visage très différent de ce quřil était au tournant de 1800. La science ne fait pas
exception et connaît elle aussi des changements progressifs qui modifient la façon de la
percevoir, de la pratiquer et de la diffuser.
Comme nous le verrons dans les pages suivantes, les pratiques se précisent tout au
long du XIXe siècle. Cřest ainsi que les pratiques scientifiques, disciplinaires, académiques
et relationnelles se diversifient, atteignent un état de stabilité et acquièrent enfin le statut de
norme pour chacune des disciplines. Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle et au
début du XXe siècle, on assiste également au développement des disciplines. Nous
analysons quatre cas de figures, au début de la période (paléobotanique), au milieu
(physiologie végétale et entomologie) et à la fin de la période (bryologie) qui permettra de
se faire une idée de cette spécialisation croissante.
95
3.1 Les pratiques scientifiques
La nature supporte lřinspection la plus minutieuse.
Elle nous invite à placer notre regard au niveau de
la feuille la plus infime et à adopter le point de vue
de lřinsecte. Elle nřa pas dřinterstices. Chaque endroit
regorge de vie.
- Henry David Thoreau, aphorisme no 2011.
Avant de passer en revue les pratiques scientifiques, nous précisons dřabord ce que
lřon entend par ce terme. Suivant la définition du dictionnaire, il sřagit ici des « activités
volontaires visant des résultats concrets »2, ou des activités, entreprises par les praticiens de
la science, qui permettent dřarriver à des résultats applicables en science, conformément à
la méthode scientifique. Dans lřexemple qui nous occupe, on y inclut des pratiques
disciplinaires propres aux sciences naturelles, mais également certaines pratiques
académiques et relationnelles.
3.1.1 Pratiques disciplinaires
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les principales pratiques scientifiques se
ramènent principalement aux pratiques disciplinaires des sciences dřinventaire, soit les
sciences naturelles et les sciences de la terre, en vigueur à lřépoque victorienne. Ces
pratiques, que nous passerons en revue selon un ordre logique, sont la récolte et la
conservation, la collection, lřidentification, la classification, la description et la
spécialisation.
3.1.1.1 Récolte et conservation
La première pratique qui retient notre attention est celle de la récolte et de la
conservation des spécimens. Dřun point de vue extérieur, il semble facile de récolter des
spécimens en vue de former une collection. Mais pour que ces spécimens gardent leur
valeur dřinformation, leur permettant dřacquérir une valeur scientifique, ils doivent être
1
Henry David Thoreau, La moelle de la vie. 500 Aphorismes, Librairie Arthème Fayard, 2006, p. 42.
Paul Robert, Le Nouveau Petit Robert de la langue française 2007, Paris, Dictionnaires Le Robert-SEJER,
2007, p. 1992.
2
96
récoltés et conservés selon des règles précises et obligatoirement accompagnés de notes de
terrain pertinentes. Cřest ce quřécrit lřentomologiste Henry H. Lyman au géologue R. Bell,
en 1883. Ce dernier, chargé par la Commission géologique du Canada dřexplorer les
régions peu connues du Dominion et de récolter des spécimens géologiques et dřhistoire
naturelle pour son musée, envoyait ses récoltes de papillons à H.H. Lyman, spécialiste de
lřordre des Lépidoptères.
There are a few points to which I desire to draw your attention and which if borne in mind
would greatly tend to enhance the value of these collections.
1st Not more than two specimens of butterflies should be put up in one paper thus.
2nd As far as possible only specimens of one species should be put in the same paper.
3rd Great care should be taken that the papers containing butterflies are not subjected to
any pressure, as that flattens the bodies and greatly injures the specimens.
4th Moths should never be put in papers, as their wings do not naturally fold together over
their backs, and the stoutness of their bodies renders them almost certain to be destroyed
when put up in this way.
5 Moths should be pinned on Entomological pins through centre of thorax, to a little above
the centre of the pin thus. Small labels giving date, locality &c may be put on the pin
below the insect & they should then be pinned in a box the bottom of which is lined with
cork.
(...)
It would also add much to the interest of such a collection if short notes were preserved of
the localities where the insects were taken, whether prairie or woodland, whether insects
were shy & difficult to catch or easy of capture, whether the species seemed to be
abondant or rare &c. &c.3.
Dans sa lettre, H.H. Lyman insiste sur lřadoption de pratiques de récolte qui
assureraient une conservation optimale des spécimens, ce qui est nécessaire pour leur
identification, tout comme lřajout de notes de terrain qui permettent de préciser le
comportement de lřinsecte ou tout autre phénomène spécifique à une espèce. Ce nřest pas
un caprice de sa part, puisque toute information recueillie correctement constitue une aide
précieuse pour lřidentification du spécimen.
3
Lettre de H.H. Lyman à R. Bell, 10 mai 1883, McGill University Archives Private Fonds, Robert Bell, MG
2042, c. 2. Lřannée suivante, Lyman lui rapporte les propos dřun entomologiste américain au sujet de lřétat de
ses spécimens : « I dont know much about northern moths I sent these to a gentleman in Brooklin who has
made a special study of the Noctuidae and in his lettre to me he says. Ŗ I greatly regret that the insects are in
such condition as to be absolutely useless for the collection. They are flat as pancakes and absolutely
unspreadable. This is the more to be regretted as Laria Rossii and Agrolis Dissona are very great rarities. »
Lettre de H.H. Lyman à R. Bell, 4 décembre 1884, McGill University Archives Private Fonds, Robert Bell,
MG 2042, c. 2.
97
Chaque discipline requiert ses pratiques spécifiques de récolte et de conservation. Un
autre exemple dřindications sur la façon de récolter des spécimens provient du dernier
ouvrage de lřabbé L. Provancher, traitant des mollusques.
Quelques “ jamais ” à retenir pour les jeunes collecteurs
Jamais ne faites sécher vos spécimens à une trop grande chaleur. Il faut les dessécher,
mais non les rôtir. Plusieurs coquilles (Anodontes) trop chauffées se fendent en séchant.
Jamais dans les petites espèces, Ferussacia, Aplexa, etc., ne faites périr lřanimal en
lřébouillantant, il demeurerait là et vous empêcherait dřobserver lřouverture.
Jamais nřacquérez de spécimens sans leur mettre une étiquette. Tous les collectionneurs
vous diront comme plus dřune fois ils se sont trouvés dans lřembarras, pour nřavoir pas pris
cette précaution. La provenance ignorée de tel ou tel lot, lui fait perdre le plus souvent une
partie de sa valeur.
Jamais dans les échanges, ne manquez de prendre la liste et de ce que vous envoyez et
de ce que vous recevez, surtout si vous échangez avec plusieurs.
Jamais ne confiez des spécimens fragiles dans une boîte de carton par la poste, vous
risqueriez de perdre le tout; servez-vous de bonnes boîtes de bois, de boîtes vides de cigares par
exemple.
Jamais en envoyant des spécimens dans des fioles de verre, ne mettez ces fioles dans la
boîte sans les envelopper de bon papier pour les protéger et les consolider avec du coton.
Ces petits soins sont parfois grandement utiles4.
Ainsi, comme le mentionne L. Provancher, un spécimen abîmé et/ou sans indication
comme la date, le type dřhabitat et le lieu de récolte a perdu sa valeur informationnelle et
nřest donc dřaucune utilité. De là lřimportance dřêtre particulièrement méticuleux dans la
récolte des spécimens et des informations, tout comme dans leur conservation. De telles
mesures permettent à la future collection dřacquérir une valeur scientifique évidente.
3.1.1.2 Collection
Le montage de spécimens selon un ordre taxinomique précis constitue une pratique
scientifique indispensable en sciences naturelles. Ainsi, toutes les sciences dřinventaire Ŕ
entre autres la géologie, la botanique et lřentomologie Ŕ requièrent la création de collections
de référence qui permettent au naturaliste de sřy référer au besoin pour ses recherches et
échanges avec dřautres spécialistes de sa discipline. Ces collections peuvent être privées,
comme cřétait encore souvent le cas au XIXe siècle. Dès les premiers numéros du
4
L. Provancher, « Quelques Ŗ jamais ŗ à retenir pour les jeunes collecteurs », dans L. Provancher, Les
Mollusques de la province de Québec. Première partie - Les Céphalopodes, Ptéropodes et Gastropodes,
Québec, Atelier typographique C. Darveau, 1891, p. 37.
98
Naturaliste canadien, en 1869, L. Provancher incite fortement les naturalistes en devenir
dřacquérir cette pratique en commençant
(…) de suite à former une collection. Si vous vous contentez dřétudier dans les auteurs et de
faire des observations sur les objets de votre étude, sans les recueillir, sans les mettre à votre
portée pour pouvoir constater par des observations plusieurs fois répétées que vous ne vous êtes
pas trompé dans ce que vous aviez dřabord remarqué, il vous deviendra impossible, en bien peu
de temps, de vous reconnaître dans le dédale des observations que vous aurez faites pêle-mêle
sur les différents objets que vous aurez pu rencontrer. Et, seriez-vous doué de la mémoire la
plus heureuse, il vous arrivera infailliblement de perdre le souvenir dřune foule de petits détails
que vous aviez dřabord notés à lřinspection de lřobjet, mais qui se seront échappés de votre
mémoire, parce que ces objets nřétaient plus là pour vous rappeler vos premières impressions.
La formation dřune collection, cřest le thème, la version du latiniste, qui vient fixer dans sa
5
mémoire les règles, les principes quřil a appris .
Quelques années plus tard, lřabbé naturaliste revient sur la nécessité de monter une
collection de spécimens, dřabord pour rendre plus attrayante lřétude de lřhistoire naturelle 6.
Il tient ensuite le constat que « cet attrait inhérent à lřétude des sciences naturelles a un fort
avantage, dont on tient peu de compte généralement en ce pays : de faire aimer lřétude, de
rendre lřhomme instruit avare de son temps. (…) Et du moment quřun homme instruit est
gagné à lřamour de lřétude, la famille humaine compte un soldat de plus pour marcher à la
conquête du progrès7 ». En mettant à contribution les élèves de leur institution pour monter
des collections, les instituteurs aussi « auraient dans leurs élèves le moyen le plus efficace
de les augmenter tous les jours; et après quelques années, chaque école pourrait être
pourvue dřun petit musée, où, au moyen de quelques leçons orales de temps à autre, les
élèves pourraient recevoir les notions les plus essentielles sur les productions naturelles de
leur localité, comme la chose se pratique en Belgique8 ». Enfin, pour assurer une précision
5
L. Provancher, « Collection des objets dřhistoire naturelle », Le Naturaliste canadien, vol. I, no 7 (juin
1869), p. 163-164. Dès la publication de sa Flore canadienne, en 1862, Provancher insiste sur la préparation
dřune collection : « Tout amateur, tout élève même, doit dès le début commencer une collection. Chaque
nouvelle plante quřil aura analysée ou reconnue sera de suite séchée et couchée dans son modeste herbier :
chaque jour de nouvelles dépouilles viendront ainsi signaler de nouvelles conquêtes, et qui sait si lřensemble
de ces dépouilles, si la collection que vous commencez ainsi si modestement, ne deviendra pas plus tard, à
lřinstar de ceux dont sřenorgueillissent aujourdřhui les plus anciens pays, et qui sont comme des phares qui
offrent leur bienfaisante lumière à tous ceux qui se sentent épris du noble désir de faire des excursions dans le
domaine de la science ? Les plus grands musées ont eu le plus souvent la plus humble origine. » L.
Provancher, « De lřherbier et de lřherborisation », Flore canadienne, Québec, Joseph-Darveau, 1862, p. X.
6
« (…) je puis les [amateurs] assurer que, sřils se mettent à faire des collections, ils feront tous les jours des
conquêtes qui leur procureront de bien douces jouissances, et quřil leur arrivera bientôt, comme à tous les
autres, dřêtre obligés de se faire violence pour se soustraire à ces études, (…). » L. Provancher, « Étude de
lřhistoire naturelle », Le Naturaliste canadien, vol. VIII, no 2 (février 1875), p. 49.
7
Ibid.
8
Ibid., p. 51.
99
dans lřidentification des spécimens, le rôle des collections se révèle primordial comme
support à la documentation spécialisée. Lřabbé L. Provancher le rappelle dans la préface de
la première partie du deuxième tome de la Petite faune entomologique du Canada : « Pour
une identification certaine des espèces entomologiques, le texte le plus méthodique existâtil toujours, ne suffirait pas encore ; il faut de plus une collection ample et sûrement
déterminée pour la confrontation des spécimens9 ».
Des collections sont également institutionnelles. Dans cette seconde possibilité, un
individu peut être à la base de la collection; les exemples des botanistes L.-O. Brunet de
lřUniversité Laval et du frère Marie-Victorin de lřUniversité de Montréal, qui montèrent
chacun un herbier de plusieurs milliers de spécimens pour le premier et de plusieurs
dizaines de milliers pour le second, sont éloquents à cet égard. Du côté de la géologie, les
récoltes de W. E. Logan et de J. W. Dawson furent à la base de la collection de la
Commission géologique du Canada, débutée à Montréal, puis déménagée à Ottawa. Les
collections institutionnelles se construisent également au fil des récoltes de différents
naturalistes qui se succèdent dans une institution, comme le firent les explorateurs
géologues R. Bell, John Richardson, G. M. Dawson et Albert P. Low pour le compte de la
Commission géologique du Canada.
Lřimportance primordiale des collections apparaît dans lřhistoire des collections
entomologiques de lřabbé L. Provancher. Tout au long de sa carrière de naturaliste, il
monte trois collections entomologiques, auxquelles on ajoute 2000 mollusques, un herbier
dřenviron 1000 plantes et quelques spécimens naturalisés dřoiseaux, de mammifères et de
reptiles10. La première collection entomologique, formée de quelques milliers de
spécimens, est vendue en octobre 1877 à la Province de Québec11. Avec la collection de
9
L. Provancher, Petite faune entomologique du Canada et particulièrement de la province de Québec
Deuxième ordre–Les Orthoptères, Québec, Typographie C. Darveau, 1877, p. IV.
10
Noël-M. Comeau, « A Glance at the History of Entomology and Entomological Collections in Quebec »,
Annals of the Entomological Society of Quebec, 1965, p. 87; Jean-Guy Bertrand, « Les Collections
Provencher [sic] », L’Écho, vol. XLVIII, no 3, janvier-février 1969, p. 3.
11
L. Provancher raconte lřorigine de ce musée dans sa revue : « M. Ouimet fut remplacé par M. De
Boucherville. Nous étions sûr dřavance des dispositions de ce nouveau premier ministre et Surintendant de
lřÉducation, car nous connaissions déjà M. De Boucherville pour un homme dřétude, un amateur éclairé, qui
suit assidûment le progrès scientifique. Aussi M. De Boucherville, secondé par ses collègues MM. Ross,
100
Dominique-Napoléon Saint-Cyr, elle forme la base des collections du musée de
lřInstruction publique, ouvert en 1880. La deuxième collection est celle montée pour le
collège de Lévis12. Formée entre autres de 3130 insectes et de 1200 mollusques, L.
Provancher la vend au collège en 1889; elle devait devenir le noyau du musée de sciences
naturelles de lřinstitution. Enfin, la dernière collection, à partir de laquelle il préleva les
spécimens de Lévis, est celle quřil continue dřaugmenter jusquřà sa mort et qui fut incluse à
la collection du musée de lřInstruction publique du Québec, en 1894.
À la suite de la vente de sa première collection, qui comprenait plusieurs centaines de
spécimens-types, on a accusé L. Provancher de ne pas « (…) être complètement conscient,
en 1877, de lřimportance du concept de type en systématique, (…)13 ». Lřimportant pour lui
nřétait toutefois pas de posséder ces spécimens-types ayant servis à la description des
espèces nouvelles, mais bien de pouvoir consulter la collection de référence qui les
renfermeraient, ce qui ne lui a pas été toujours possible. Cet épisode dans lřhistoire de la
collection du musée de lřInstruction publique mérite quřon sřy arrête pour prendre
conscience de lřimportance des collections de référence. Quelques années après la vente de
sa collection entomologique, L. Provancher veut consulter des spécimens-types, car un
entomologiste américain lui en demande quelques-uns. L. Provancher ne peut cependant les
lui envoyer; les autorités gouvernementales ne jugent pas à propos de prêter les spécimens
demandés par celui-là même qui les avait récoltés et arrangés sous forme de collection.
Dans notre étude des insectes de notre province, nous en sommes rendus aux
Hémiptères ou punaises, et à la famille des Jassides.
Nous sommes actuellement en Amérique quatre travailleurs sur ces petits insectes, MM.
Uhler, Ashmead, Van Duzee et lřermite du Cap-Rouge.
Il nous est arrivé en 1872, de décrire quinze de ces petites punaises comme nouvelles.
Nous nřavions alors ni les connaissances, ni les relations, ni les auteurs que nous possédons
Garneau, Angers, etc., (…), mais forma le projet dřétablir au département de lřagriculture un musée de toutes
les productions naturelles du pays. ŖNous voulons, nous dirent ces ministres, aussitôt que les nouvelles
bâtisses du gouvernement nous en fournirons le local, réunir dans un musée, non seulement les productions
agricoles de notre Province, mais encore des échantillons de toutes ses productions naturelles; minéraux,
minerais, bois, mammifères, oiseaux, reptiles, poissons, insectes, mollusques, etc., comme la chose se
pratique dans la plupart des États de lřUnion Américaineŗ. Et cřest dans ce but quřils achetèrent de suite notre
collection entomologique, comme étant celle qui exigeait le moins dřespace. » L. Provancher, « À nos
lecteurs », Le Naturaliste canadien, vol. XIV, no 159 (octobre 1883), p. 67.
12
Cette collection a été léguée aux Collections de lřUniversité Laval, en mai 2010, afin de rejoindre les autres
collections de L. Provancher.
13
Duchesne, op. cit. (thèse), p. 82.
101
aujourdřhui, (…), si bien que les auteurs sus-nommés et nous-même, doutons que certaines de
ces quinze espèces soient réellement nouvelles, (…).
Le moyen de sřen assurer?
Il est bien simple, cřest de confronter les types qui ont servi à nos descriptions avec les
autres espèces décrites.
Mais ces types ne sont plus en notre possession. Dès 1877, lřHon. M. De Boucherville,
alors premier ministre, nous faisait lřachat de notre collection pour le département de
lřagriculture, (…).
M. Van Duzee, de Buffalo, nous ayant demandé, tout dernièrement, certaines
explications sur ces types décrits par nous, nous lui avons répondu que ne les possédant plus,
nous allions les emprunter, et que nous lui donnerions aussitôt les renseignements désirés. (…)
En conséquence, samedi le 12 du courant, nous écrivons à M. Saint-Cyr, (…), pour lui
demander sřil voulait bien nous envoyer, pour quelques jours seulement, 27 de ces petites
punaises, parmi lesquelles les quinze décrites par nous, pour constater sřil nřy aurait pas
quelques erreurs dans leur identification. (…)
(…) enfin mardi soir une lettre de M. Saint-Cyr nous informe quřen ayant conféré avec
lřHon. M. Ouimet, celui-ci m’a ordonné de ne sortir du muséum aucun des spécimens qui s’y
trouvent !!!
(…)
Mais M. Ouimet ne sait donc pas quel est le but dřun musée? Ignore-t-il que les
collections de spécimens sont les feuillets mêmes du grand livre de la science, que des savants
ont démêlés dans le chaos de la nature, pour les mettre à la disposition de tous ceux qui sont
disposés à en tirer profit14 ?
Ce qui est évident à la lecture de cet extrait, cřest lřinsistance de L. Provancher sur les
pratiques en science et plus particulièrement en entomologie. Les prêts et les échanges de
spécimens sont monnaie courante en ce domaine; encore aujourdřhui, les spécimens-types
sont envoyés par la poste pour être vérifiés par le spécialiste du domaine qui en fait la
demande. Il est donc naturel pour lui de se scandaliser de ce manque de considération des
usages en science de la part du surintendant de lřInstruction publique. Mais si lřon
considère que « les choses naturelles ne sont collectionnées que par ceux qui y ont affaire
professionnellement, (…)15 », alors la réaction du surintendant ne surprend également pas.
À cette époque, les usages qui se mettaient en place en science nřétaient pas encore bien
connus par ceux qui ne la pratiquaient pas.
3.1.1.3 Identification
Une autre pratique scientifique qui fait partie intégrante de la vie des naturalistes est
celle de lřidentification. En fait, lřidentification des spécimens est à la base de la recherche
14
L. Provancher, « Le surintendant de lřéducation de la province de Québec et la science », Le Naturaliste
canadien, vol. XIX, no 4 (octobre 1889): 77-80. Les italiques sont de Provancher.
15
Krzysztof Pomian, « Les collections vénètes à lřépoque de la curiosité. III. Les curiosités naturelles » dans
K. Pomian, Collectionneurs, amateurs et curieux Paris-Venise : XVIe- XVIIIe siècle, Gallimard, 1987, p. 118.
102
en sciences naturelles tout au long du XIXe siècle. On cherchait alors, selon les objectifs de
la science pratiquée en Angleterre à lřépoque victorienne, à monter des inventaires les plus
précis possibles des faunes et des flores des régions et du pays concernés. Comme le
mentionne K. Pomian, les collections préparées au cours de ces inventaires « sont investies
dřun rôle important : à condition dřêtre exhaustives et méthodiques, elles constituent un
inventaire des ressources du territoire et en rendent possible une utilisation rationnelle 16 ».
Le but nřest donc pas de comprendre la dynamique des espèces dans un écosystème donné,
ce qui nřétait pas encore à lřordre du jour de la recherche, mais plutôt dřapprendre à
reconnaître les espèces susceptibles dřêtre utiles au développement économique et
industriel dřune région ou dřun pays, ce qui a comme conséquence une connaissance
globale des espèces sur un territoire.
Au cours du siècle suivant, le développement de nouvelles techniques dans les
domaines de lřécologie et de la recherche bio-moléculaire relègue au second plan les
pratiques dřidentification basées sur des critères strictement taxinomiques, tout comme la
création de listes dřespèces. Lřinterprétation de la dynamique écologique dřun écosystème
se révèle dès lors beaucoup plus importante et pertinente aux yeux des nouveaux
spécialistes des sciences naturelles installés dans les laboratoires : les biologistes. Dans
lřhistoire des sciences au Canada, on relève un épisode intéressant qui montre le
changement des pratiques en histoire naturelle. Il sřagit de lřhistoire dřun manuscrit du
paléontologiste J.F. Whiteaves, refusé par Alfred R.C. Selwyn pour les comptes rendus de
la Société royale du Canada. J.F. Whiteaves nřétant pas dřaccord avec cette décision, il se
tourna vers J.W. Dawson, autre membre influent de la Société royale, pour faire renverser
la décision.
I had hoped last year to have prepared a paper Ŗ On the Marine Invertebrata of the River
& Gulf of St Lawrence ŗ for the Transactions of the Royal Society of Canada, & indeed went
so far as to get the title entered in the programme of that year, & the paper itself read Ŗ by
title ŗ.
In a Committee meeting of the Section IV, however held last year, Dr. Selwyn
expressed the opinion that papers which consisted principally of long lists of species, were
scarcely suitable for publication in the Royal Society Transactions.
This opinion might have been intended to apply to a paper of mine in the volume for the
preceeding year (On some Marine Invertebrata from the Pacific Coast Canada) but at any rate I
16
K. Pomian, « Collectionneurs, naturalistes et antiquaires dans la Vénétie du XVIII e siècle » dans Pomian,
Collectionneurs, amateurs et curieux Paris-Venise : XVIe- XVIIIe siècle, Gallimard, 1987, p. 251.
103
felt so discouraged, that, being very much pressed for time, I had to withdraw both of the
papers that I had entered.
I hope to completely finish the second & concluding paper on Devonian Fishes early
this fall, & then may be able to prepare one on the recent Invertebrata of the St. Lawrence in
time for it to be read at the meeting of the Royal Society in May next, if there be no objection
to a rather long list of species. The paper referred to would contain the results of my studies,
assisted by several eminent specialists, from 1873 up to the present time, & I have used my
best endeavours to miss nothing that has been published that has any bearing on the subject 17.
Il semble bien que la stratégie de J.F. Whiteaves nřait pas porté fruit, car lřarticle ne
paraît pas dans les Mémoires et comptes rendus de la Société royale18. Lřarticle en question
parut en 1901 sous forme de catalogue chez deux éditeurs indépendants19. Pourtant, au
cours de la même période, quelques articles à teneur strictement taxinomique sont publiés
dans la série des Mémoires et comptes rendus de la Société royale. Lřauteur, le révérend
G.W. Taylor, de Victoria en Colombie-Britannique, se spécialisait dans les études des
mollusques de la côte du Pacifique, tandis que J.F. Whiteaves sřétait spécialisé dans ceux
de lřest du Canada.
Après ce court détour, revenons aux spécificités de lřidentification des spécimens en
sciences naturelles. Cette pratique demandait, et demande encore, beaucoup de précision
dans lřobservation et un nombre suffisant de connaissances. Outre le spécimen parfaitement
conservé et les notes de terrain, le naturaliste doit recourir à la documentation spécialisée la
plus récente sur le groupe à identifier. Il ne lui était malheureusement pas toujours possible
de le faire. Les difficultés augmentent proportionnellement avec la multiplication des
monographies spécialisées et des articles. Aujourdřhui, une partie de ces obstacles sont
surmontés grâce à lřinformatique et la rapidité des échanges quřelle permet à travers le
17
Lettre de J.F. Whiteaves à J.W. Dawson, 10 juillet 1888, McGill University Archives Private Fonds,
Dawson Family Papers, MG 1022, c. 13.
18
Curieusement, J.F. Whiteaves a pu présenter les résultats de ses recherches à la S.R.C. : « At the last
meeting of the Royal Society of Canada, held in May of this year (1890), I entered a paper, descriptive of the
results of 29 yearsř study of the Marine Invertebrata of Eastern Canada. I had hope to have been able to
publish this paper in the current volume of the transactions of this Society, but was unfortunately prevented
from doing so by ill-heart. I hope, however, to have it ready for the next volume, (...). » Lettre de J.F.
Whiteaves à L. Provancher, 18 septembre 1890, A.S.C. 175, Fonds Provancher, C-5.
19
Joseph F. Whiteaves, Catalogue of the marine Invertebrata of eastern Canada, Ottawa, S.E. Dawson, 1901,
272 p., et Ottawa, Kingřs Printer, 1901, 272 p.
104
monde. Le témoignage suivant de lřabbé L. Provancher rappelle quřau XIX e siècle, la
situation était tout autre.
Tous ceux qui se livrent à lřétude de lřhistoire naturelle dřune manière pratique,
connaissent les difficultés sans nombre quřon rencontre dans lřidentification des sujets. Et ces
difficultés, au lieu de sřaplanir, de se restreindre à mesure que les études progressent
davantage, se multiplient au contraire et deviennent de plus en plus embarrassantes. La raison
de cette anomalie? Elle se trouve uniquement dans la difficulté de se procurer les auteurs
nécessaires, et la diffusion des plus récents écrits des écrivains dans une foule de publications
diverses.
Ceux qui ne lřont pas expérimenté, ne peuvent se faire une idée de la somme de
recherches, dřinvestigations, de comparaisons que nécessite lřidentification dřun seul insecte 20.
Plus loin, après avoir énuméré les auteurs nécessaires à lřidentification dřun spécimen
précis, il pose la question suivante : « (…) avez-vous tous ces ouvrages à votre disposition?
Nous nřavons pu en trouver un seul dans aucune des bibliothèques de Québec, pas même
dans celle de lřUniversité Laval avec ses 60 000 volumes. Voilà un aperçu des difficultés
en face desquels se trouve à chaque instant lřentomologiste américain21 ».
Quelques années plus tard, H.H. Lyman souligne la même difficulté : « Insects are
not like minerals which you can chip and test with the blowpipe, but can only be
determined, if unknown, by careful and patient study, and these northern forms have
largely been described in works which are almost not quite inaccessible to students in this
country22 ». Selon L. Provancher, la seule solution au problème de la multiplication des
publications spécialisées et donc de leur consultation résiderait dans la parution dřun
catalogue, « à lřinstar des herd-books quřemploient les éleveurs dřanimaux, une
publication, où toute nouvelle découverte devrait être enregistrée, ou plutôt décrite, pour
être réputée telle et assurer le droit de paternité à son auteur23 ? ». Un tel ouvrage dans le
domaine de lřentomologie, le Genera Insectorum, nřa été publié quřà partir de 190124.
20
Provancher, loc. cit. (« Identification des sujets dřhistoire naturelle »), p. 354.
Ibid., p. 355. L. Provancher emploie ici le terme « américain » au sens générique, en englobant les
naturalistes de lřAmérique du Nord.
22
Lettre de H.H. Lyman à R. Bell, 30 mai 1886, McGill University Archives Private Fonds, Robert Bell, MG
2042, c. 2.
23
Ibid., p. 356.
24
V.-A. Huard, « Genera Insectorum », Le Naturaliste canadien, vol. XXXI, no 1 (janvier 1904), p. 2.
21
105
Mais en attendant sa publication, lřautre solution dont les naturalistes de lřépoque
disposent est de faire appel à leurs pairs, cřest-à-dire aux spécialistes du groupe en question.
L. Provancher ne sřest pas gêné de le faire, lorsquřil envoie, par exemple, ses spécimens
dřHyménoptères aux entomologistes américains E.T. Cresson et W.H. Ashmead, ou
lorsquřil demande lřavis de G.C. Horn au sujet des Coléoptères. H.H. Lyman recourait à la
même pratique lorsquřil doutait de son identification des papillons récoltés par R. Bell. Le
seul inconvénient réside dans le délai prolongé de livraison des listes dřinsectes.
I am exceedingly sorry to have kept you waiting so long for the enclosed list especially
as I regret to say it is not quite complete. These were three species among those sent to me
which I felt uncertain about and in order not to have any mistake I sent specimens to a friend of
mine in New York who is one of the highest authorities on buttleflies & I fully expected to
have had his answer last week, but I have not received any word from him yet 25.
Pour les spécimens de papillons de forme nordique cités plus haut, H.H. Lyman les envoie
au British Museum de Londres qui disposait de vastes collections nécessaires à la
comparaison du spécimen. Pour les insectes des autres ordres, il écrit aux spécialistes
connus en Amérique du Nord.
However I took the specimen over to England last June to compared with the collections
in the British Museum, through the courtesy of Mr Kirby, and then saw that it was a variety of
Hecla. The British Museum collection has the ones like the Hyla specimen at one end of the
series and those like Mr Streckerřs specimens at the other end, and if they hadnřt the
intervening links I should have doubted the identity of the two forms. This mistake I shall
correct when I send in the list of the Hymenoptera, Diptera, &c. The reason these orders were
not determined before is that I wrote to Mr Cresson of Philadelphia the chief authority on the
26
North American Hymenoptera and to Dr Williston of Yale the authority on the Diptera .
Cette pratique visant à recourir aux connaissances dřun pair ne se voyait pas
seulement en entomologie, mais également en botanique. Au début du XXe siècle, lřabbé
François-Hippolyte Dupret le mentionne dans une lettre au frère Marie-Victorin. Ce
dernier lui avait demandé dřidentifier des spécimens de mousses et dřhépatiques, des
plantes non-vasculaires, alors que lui-même se spécialise dans les vasculaires de la
province de Québec. Au sujet des hépatiques, F.-H. Dupret lui répond « je nřai pas cherché
à déterminer les hépatiques (qui ne sont pas dans ma spécialité). Vous pourrez consulter
25
Lettre de H.H. Lyman à R. Bell, 10 mai 1883, McGill University Archives Private Fonds, Robert Bell, MG
2042, c. 2.
26
Lettre de H.H. Lyman à R. Bell, 12 mars 1887, McGill University Archives Private Fonds, Robert Bell,
MG 2042, c. 2.
106
Miss C. Haynes Highlands, New Jersey, qui a la charge de ce département dans le
Bryologist27. Mais je mřaperçois quřà présent cřest au Dr. G.H. Conklin quřil faut
sřadresser pour les hépatiques28 ».
Le recours systématique aux spécialistes du domaine permet aux naturalistes dřici et
dřailleurs une identification certaine de leurs spécimens douteux, tout comme une
vérification des groupes quřils étudient. Au XIXe siècle, plusieurs de ces spécialistes
nřhésitent pas à répondre aux demandes en pointant les erreurs dřidentification de leurs
requérants, dřautant plus quřelles étaient inévitables à lřépoque. Lřextrait suivant rend
compte de cette dynamique de la recherche en entomologie qui assurait une banque de
spécimens bien identifiés suite à la correction des erreurs.
Ayant soumis dernièrement notre collection entière de cette famille 29 à Mr. E.T.
Cresson, de Philadelphie, la première autorité sur ce continent en fait dřHyménoptères, le
savant entomologiste a bien voulu noter les erreurs dans lesquelles nous avions donné, et
indiquer les corrections à faire. (…)
Nous ne sommes nullement confus des nombreuses erreurs que nous avons commises, et
nous les reconnaissons sans honte. La science entomologique est encore trop peu avancée, ses
données sont encore trop peu avancée, ses données sont encore trop confuses, ses
monographies sont encore trop incomplètes et trop disséminées dans des publications de
différentes dates et de langues diverses, pour quřon puisse faire un crime aux pionniers dans
cette voie, de faire parfois des faux pas dans les sentiers quřils veulent tracer, de ne pas
procéder toujours avec certitude, de manière à faire une autorité incontestable pour tous ceux
qui plus tard voudront marcher sur leurs traces.
(…)
Mais, dira-t-on peut-être : ne serait-il pas mieux pour vous dřattendre, plutôt que de
livrer à lřimpression des écrits sur lřexactitude desquels vous nřêtes pas absolument sûr?
Nous répondons sans hésiter, non! par ce (sic) que nous nřécrivons pas tant pour
apporter notre contingent, notre poignée de sable au grand édifice de la science, que pour servir
de guide dans cette étude à de jeunes compatriotes qui nřont absolument que nos écrits pour se
renseigner, et qui, sans ces écrits, ne pourraient poursuivre leurs études. Ce sera une petite
affaire pour eux dřavoir à changer plus tard quelques étiquettes dans leurs collections, (…).
Nous procédons dřailleurs à la manière de tous les autres écrivains dans cette branche. Nous
prenons tous les moyens à notre disposition pour nous renseigner sûrement, avant de publier
nos observations, et une fois cette publication faite, nous nous corrigeons du moment quřil nous
est donné de pouvoir reconnaître quelque erreur. Mr. Cresson en corrigeant nos erreurs a pu en
même temps en corriger plusieurs des siennes propres; et il en est ainsi pour tous les autres.
Il nřen est pas des sciences naturelles comme de la littérature, on peut tomber là sans
pécher pour ainsi dire; aussi nous corrigeons-nous les uns les autres sans nous faire la guerre,
27
The Bryologist, revue de lřAmerican Bryological and Lichenological Society, est publiée depuis 1897.
Lettre de lřabbé F.-H. Dupret au frère Marie-Victorin, 2 décembre 1909, Division des archives de
lřUniversité de Montréal, Fonds Institut botanique (frère Marie-Victorin), E118/A1, 511.
29
La famille des Ichneumonidæ.
28
107
mais uniquement dans le but de rendre hommage à la vérité, de rendre lřœuvre plus parfaite, et
de contribuer au bien commun30.
Des erreurs dřidentification se produisent inévitablement de temps à autre à cause de
lřéparpillement des données ou, tout simplement, de lřinsuffisance des connaissances pour
de nombreux groupes dřinsectes. La pratique de corriger les erreurs et même, quand il
sřagissait de rectifier les données précédemment publiées sous forme de monographies ou
dřarticles, de publier les données corrigées dans des périodiques pour éviter leur
propagation, est donc généralisée et fortement encouragée, au risque dřentacher une
réputation. Lřentomologiste Albert F. Winn le rappelle à lřabbé V.-A. Huard qui voulait
publier rapidement des données, en fait sans quřil ait fait vérifier ses spécimens par des
pairs et ainsi corrigé les éventuelles erreurs dřidentification.
To be perfectly frank I do not see how you are going to avoid a countless number of
pitfalls in dealing with the moths with only the Fyles collection and your own to guide you as
the former has but a very small representation of our species. (...) If I may suggest it again I
think it would be feasible for you to drop one instalment of the work from the next monthly
number31 and so give you time to submit whatever you wish to print to say Dr. McDunnough or
myself. Nothing is to be gained by rushing it through and if you give yourself an extra month it
will surely save you vast amount of trouble and uncertainty. We call to mind the motto of the
American Entomological Society, appearing on the title page of all its publications Ŕ Ŗ
FESTINA LENTE ŗ and I am very sure that you wish to keep up the good name of our
Province for thoroughness and accuracy in scientific and other work, rather than for speed,
which is a second cousin to carelessness. I know all too well that mistakes are unavoidable,
none of us are free from them, but when they occur in print a very strong effort should be made
to correct them and I was not a little disappointed that before starting on the Moths that you did
not correct one or two of the obvious errors in the butterfly portion, such as Papilio eurymedon
and Colias chrysomelas which never came within a couple of thousand miles of Quebec, being
strictly Western species. (...) It is of the utmost importance to those studying the distribution of
species that are closely allied that a well worked region like Quebec is not given credit where it
is not entitled to it. The species is so well known in North America that it seems unlikely that
anyone in the U.S. making a study of this group would include Quebec as part of its habitat, but
the trouble may come from abroad by getting into work like that of Seitz in which
unfortunately a lot of such blunders have been copied. I therefore would ask you to do all you
can to have the statement made in your pages that the specimen of Ŗ Astyanax ŗ32 was not
caught in Canada33.
30
Provancher, op. cit. (« Additions aux Ichneumonides de Québec »), p. 6-7.
Il parle du Naturaliste canadien. V.-A. Huard prévoyait continuer lřétude des Lépidoptères entamée par L.
Provancher. Au moment où il reçut la lettre de A.F. Winn, V-.A. Huard débutait avec les papillons diurnes et
sřapprêtait à publier sur les papillons nocturnes dans sa revue.
32
Il sřagit du Basilarchia astyanax.
33
Lettre de A.F. Winn à V.-A. Huard, 28 novembre 1928, A.S.C., Fonds Huard, C-11-298-7.
31
108
À la fin de sa lettre, A.F. Winn précise ses intentions en envoyant une missive aussi
expéditive : « I trust that you will understand the above rather hurriedly written remarks in
the friendly spirit that is intended. I always feel that when any corrections or alterations
require to be made in our Journals that the original author is the one who can best make
them34 ».
Dans un autre texte, L. Provancher mentionne aussi lřintérêt de corriger les erreurs,
ceci afin de préciser ses pratiques.
Nous avons été heureux Ŕ … Ŕ de trouver dans M. S.H. Scudder et le Dr. H. Hagen,
tous deux de Cambridge, Mass., des guides aussi sûrs que complaisants, pour nous aider dans
nos études dřinsectes, le premier pour les Orthoptères, le deuxième pour les Névroptères.
Malheureusement le concours de ces autorités entomologiques ne nous a été assuré que
lorsque déjà lřimpression du résultat de nos recherches était assez avancée; mais bien que les
corrections venant ainsi après coup puissent nuire un peu à la clarté du texte, elles nřen seront
pas moins précieuses aux yeux des amis de la science, qui, avec un peu plus dřattention,
pourront toujours en faire leur profit35.
Mais comme tous les entomologistes de lřépoque disposent de ressources
semblables, même les spécialistes renommés dans leur groupe commettent des erreurs et
les corrigent comme tous les autres. La citation suivante de H.H. Lyman en fait état : « I
have gone over the previous lists and find a number of mistakes, mostly typological owing
to me not having been sent proofs for correction, but also two erroneous determinations,
one by me and one by Mr W.H. Edwards so I have written out a list of these corrections
and must ask to have them printed, a proof being submitted to me36 ».
3.1.1.4 Classification
La classification constitue une autre pratique essentielle en sciences naturelles, qui
vient immédiatement à la suite de lřidentification. Effectuer des classements, cřest « suivre
une démarche susceptible de réduire la diversité apparente et de dévoiler un ordre qui soit
sinon celui de la nature même, du moins celui de lřesprit humain Ŕ une démarche
34
Ibid.
Provancher, op.cit. (Petite faune entomologique du Canada… Deuxième ordre – Les Orthoptères), p. V.
36
Lettre de H.H. Lyman à R. Bell, 17 novembre 1891, McGill University Archives Private Fonds, Robert
Bell, MG 2042, c. 2.
35
109
méthodique37 ». Le but de la classification en histoire naturelle, tel que définie par lřabbé L.
Provancher dans son traité dřentomologie et tels que le conçoivent la majorité des
naturalistes, est « de pouvoir distinguer les objets que lřon étudie et les faire reconnaître
avec certitude aux autres, (…)38 ». Comme il lřécrit ensuite, les êtres humains éprouvent
« ce besoin de réunir dans [notre] esprit les choses semblables à certains égards, pour saisir
les rapports qui existent entre elles, et nous en former une idée abstraite », besoin qui « fait
pour ainsi dire la base de toutes nos études39 ». Lřabbé naturaliste appuie ensuite sa
démonstration en affirmant quřen « Histoire Naturelle, ce besoin devient une nécessité,
parce que les milliers dřêtres quřil nous faut étudier, dérouteraient de suite la mémoire la
plus heureusement douée, dans ses calculs de comparaison40 ».
Le naturaliste dispose de deux types de classifications pour ses recherches en sciences
naturelles : la classification artificielle et la classification naturelle. « Dans la classification
artificielle, les divisions sont fondées sur des modifications que présentent certaines parties
du corps choisies arbitrairement, par exemple le nombre de doigts, des dents, etc. Au
contraire, dans la classification naturelle, on prend lřensemble de lřorganisation de chacun
des êtres, et on éloigne ou rapproche ces êtres suivant les degrés de ressemblance quřils ont
entre eux41 ». Selon L. Provancher, en permettant de ranger « les animaux en séries
naturelles, dřaprès le degré de leurs affinités respectives, (…)42 », la classification naturelle
est de loin celle à privilégier, mais elle est difficilement applicable puisque les
connaissances des espèces « sont encore trop peu avancées, pour nous permettre de telles
analyses naturelles de la généralité des êtres de chaque groupe, et force nous est de recourir
souvent à la méthode artificielle, qui, quoique moins rationnelle, supplée dans un grand
nombre de cas, à notre défaut de connaissances, et nous mène aussi plus promptement au
but43 ». Cette situation oblige un naturaliste comme L. Provancher à suivre la classification
37
Pomian, op. cit. (« Collectionneurs, naturalistes et antiquaires dans la Vénétie du XVIIIe siècle »), p. 266.
L. Provancher, « De la classification », dans L. Provancher, Petite faune entomologique du Canada
précédée d’un traité élémentaire d’entomologie. Volume I–Les Coléoptères, Québec, Darveau, 1877, p. 113.
39
Ibid.
40
Ibid., p. 113-114.
41
Ibid., p. 115.
42
Ibid., p. 117.
43
Ibid., p. 116. Dans son ouvrage sur les mollusques univalves du Québec, L. Provancher revient sur cette
distinction importance entre les classifications artificielle et naturelle et des progrès accomplis en malacologie
38
110
« des auteurs le plus en autorité, (…), et dřaccepter, sans discussion, des divisions dont
nous ne pouvions souvent nullement reconnaître la valeur44 », faute dřavoir accès aux
ouvrages nécessaires dans les bibliothèques québécoises, alors quřil aurait été en mesure
dřapporter une contribution dans le domaine.
Sans lřapplication rigoureuse des principes de lřune ou de lřautre des formes de
classifications, et sans lřacceptation de leurs critères respectifs, lřorganisation des êtres
vivants dans un ordre compréhensible pour lřensemble de la communauté scientifique serait
impossible. Cette acceptation des critères de classification déterminés par certains
naturalistes a dřailleurs causé de vives discussions chez certains dřentre eux. Un exemple
nous est relaté par le naturaliste Alfred Lechevallier dans une lettre à L. Provancher.
Savez-vous que Mr Lemoine, votre Phénix … selon votre expression me boude, et cela
parce que je nřai pas approuvé non pas tout à fait sa lecture ou conférence sur Ŗ lřOrnithologie
du Canada ŗ devant lřInstitut Canadien de Québec, 20 novembre 1874 45, mais surtout sa
dénomination et classification de sa faune canadienne dont plusieurs spécimens nřont jamais
été vu en Canada. Malgré toute lřautorité du Dr Ross de Toronto et Mr W. Cooper de Montréal
sur lesquels il sřappuie. Le premier a [illisible] dans le public un travail rempli dřerreurs et le
dernier possède moins de connaissances que sa femme en Histoire Naturelle, je connais les
deux hommes à fond. Telle a été ma réponse à Mr Lemoine, après avoir échangé plusieurs
lettres qui nřont pu nous mettre dřaccord, car pour moi la Vérité nřest quřune et je nřaurai
voulu pour tout au monde, pour Mr Lemoine, comme pour moi-même, donner dans un journal
quelconque mon approbation à son travail comme il me le demandait, il laisse trop à désirer
même sous le rapport des noms dřoiseaux46.
A. Lechevallier a pu être irrité par lřaffirmation suivante, lancée par James MacPherson Le
Moine au tout début de sa conférence : « Vous me demandez comment on doit étudier
lřhistoire naturelle en Canada? Il y a plusieurs méthodes : lřune, se plaît à amonceler force
termes latins sonores, sinon barbares. Le sujet vous fait lřeffet dřun labyrinthe dřordres Ŕ de
sous-ordres; de genres Ŕ de sous-genres; de familles Ŕ de sous-familles. Une précision
afin dřétablir la méthode naturelle sur des bases solides. L. Provancher, « Nomenclature et classification », op.
cit. (Les Mollusques de la province de Québec), p. 39-40.
44
Petite faune entomologique du Canada et particulièrement de la province de Québec Vol.II comprenant les
Orthoptères, les Névroptères et les Hyménoptères, Québec, Typographie C. Darveau, 1883, p. VI.
45
James MacPherson Lemoine, « LřOrnithologie du Canada. Conférence populaire lue devant lřInstitut
Canadien de Québec, le 20 novembre 1874 », Annuaire de l’Institut Canadien de Québec 1874 No 1, Québec,
Imprimerie Augustin Côté et Cie, 1874, p. 21-47.
46
Lettre de A. Lechevallier à L. Provancher, 26 avril 1875, ACS 26, Fonds Provancher, C-5. Cřest
Lechevallier qui souligne.
111
mathématique préside à ce beau grimoire scientifique : lřœuvre des classificateurs47 ». Le
Moine précise tout de même, quelques lignes plus bas, que cette méthode est indispensable
dans un traité dřornithologie. Dans cette conférence, cependant, son but est tout autre, cřestà-dire dřeffectuer « un Manuel dřOrnithologie à la main, une courte promenade, au mois
des feuilles, dans nos grands bois, au sein de nos prés gazonnés, sur lřonde paisible de nos
lacs, sur la plage de notre beau fleuve. Peut-être y trouverons-nous quelques-uns des
objets48 si intéressants quřAudubon, notre maître, prétend y avoir rencontrés quand il
foulait le sol Canadien, il y a de cela plus de trente ans 49 ». Il ne semble pas que la
polémique ait été plus loin.
Un autre épisode révélateur de lřimportance des critères de classification sřest déroulé
en 1877 entre lřabbé L. Provancher et G.H. Horn, entomologiste amateur de Philadelphie,
spécialiste des Coléoptères. Le naturaliste de Cap-Rouge lui avait envoyé une copie de son
premier volume de la Petite faune entomologique du Canada traitant des Coléoptères. Horn
lui envoie ses commentaires sur son traitement des Coléoptères et aussi sur certains
passages du traité dřentomologie qui débute lřouvrage. Le litige concerne cependant un
autre ordre dřinsectes, à savoir les Hyménoptères : « In the preliminary part of your work
you place the Hymenoptera in the Ŗsuctorialŗ (suceurs) series. This is a very great error,
they are all mandibulate & some few genera have the maxillæ elongate a character which
occurs in Coleoptera also, in Nemognatha etc.50 ». Dans son traité, L. Provancher indique
clairement que ce sont des insectes à mandibules, mais que celles-ci « quoique fortes et
vigoureuses, ne semblent être que dřun usage secondaire à la nutrition, si toutefois elles y
coopèrent. Ce sont plutôt ici des instruments qui leur servent dans la construction de leurs
nids, (…)51 ». En suivant ce raisonnement, il arrive à la conclusion que les Hyménoptères,
« par leurs modifications, se rapprochent le plus des insectes broyeurs »52, mais ne les
47
Lemoine, loc. cit., p. 21.
Il parle ici des oiseaux.
49
Ibid., p. 21-22.
50
Lettre de G.H. Horn à lřabbé L. Provancher, 12 juin 1877, A.S.C. 152, Fonds Provancher, C-5.
51
L. Provancher, « Entomologie élémentaire en rapport avec la faune du Canada. Première partie Anatomie
des insectes. De la tête », dans op. cit., (Petite faune entomologique du Canada…), p. 27.
52
Ibid., p. 25. « Et, en effet, nous retrouvons chez eux les mandibules, souvent fortes et très développées, le
labre, et le menton. (…) Ce nřest donc que sur la languette et les mâchoires que se sont opérés les
changements. Ces parties se sont excessivement allongées; les mâchoires ayant pris une forme tubulaire,
48
112
inclut pas dans ce groupe. Cřest sur cette base quřil répond à lřentomologiste par une
longue lettre dans laquelle il explique sa position.
Quant à la very great error dřavoir rangé les Hyménoptères parmi les suceurs, vos
exclamations nřont en rien modifié mes opinions. Est-ce que vous prétendriez, vous, que les
Hym. sont des broyeurs ? Mais ce serait une hérésie manifeste, puisque tous se nourrissent [de
suc] à lřétat parfait, du suc des fleurs. Ayant à ranger tous les insectes en deux catégories,
broyeurs ou suceurs, je nřai pas hésité à ranger les Hym. parmi les derniers, bien quřils
possèdent des mandibules & des mâchoires53.
G.H. Horn revient ensuite à la charge par deux fois, mais sans que cela entache leur relation
épistolaire.
Regarding the assumption that the Hymenoptera are suctorial (suceurs) this is
entomological heresy. No one ever called them so. They are all mandibulate. You have
deceived yourself in the use of the terms Ŗsuceurs et broyeursŗ. (...) I do pretend to say & insist
that Hymenoptera for the greater part are broyeurs54.
Si lřon se réfère aux critères dřaujourdřhui, chacun des entomologistes a raison sur un
point. Selon différentes sources, les Hyménoptères ont des « pièces buccales du type
broyeur-lécheur »55 ou des « pièces buccales broyeuses ; maxilles et labium parfois
modifiés en langue suceuse56 ». G.H. Horn mettait tout simplement lřaccent sur la
morphologie des pièces buccales, alors que L. Provancher sřen tenait plutôt à leur
utilisation.
Dans les correspondances des naturalistes de notre corpus, on ne trouve aucune
discussion de nature philosophique sur la pratique de la classification. Les naturalistes
comme L. Provancher ou W. Couper nřavaient pas nécessairement à choisir lřune ou
lřautre des approches alors préconisées, soit elle de la « Naturphilosophie » et celle du
compilateur. En tant que naturaliste, ils leur apparaissent évident quřil leur faut classer les
espèces selon des critères scientifiques acceptées par les autres naturalistes. Le but était de
engaînent la languette par ses côtés, et forment, réunies, une espèce de trompe par où passent les aliments,
toujours mous et liquides, pour se rendre au pharynx; (…). » Ibid. (pour cet extrait).
53
Lettre de L. Provancher à G.H. Horn, 18 juin 1877, A.S.C. 153, Fonds Provancher, C-5. Cřest Provancher
qui souligne.
54
Lettre de G.H. Horn à L. Provancher, 21 juin 1877, A.S.C. 154, Fonds Provancher, C-5.
55
Jean-Marie Perron, Abrégé d’entomologie, Fabreries, Supplément 1, Saint-Jean-sur-Richelieu, Association
des entomologistes amateurs du Québec, 1985, p. 63.
56
Donald J. Borror et Richard E. White, Les insectes de l’Amérique du Nord (au nord du Mexique), Laprairie,
Éditions Broquet Inc., 1991, p. 312.
113
pouvoir reconnaître les espèces connues et celles qui ne le sont pas encore, ce quřils
considèrent visiblement comme une de leurs tâches à accomplir comme entomologistes. En
tant quřecclésiastique, L. Provancher ne remet quant à lui certainement pas en cause la
tâche de placer chaque espèce dans la création. La compilation des espèces présentes sur
un territoire lui semble probablement un objectif beaucoup plus facilement réalisable que
celui de comprendre le « dessein de Dieu ». Cřest dřailleurs cette tâche de compilation que
dřautres naturalistes Ŕ tels E. Billings et J.F. Whiteaves Ŕ ont entrepris dans leurs
recherches.
3.1.1.5 Description
Pour les naturalistes impliqués dans lřinventaire des faunes et des flores locales ou
régionales, au XIXe siècle, la découverte dřespèces inconnues était inévitable. Dans leur
objectif dřinstaurer de lřordre dans la nature, il leur fallait retracer les différences et les
caractéristiques communes des genres et des espèces. Cet effort passait par la description,
cřest-à-dire la construction progressive dřun système de signes distinctifs qui permettent de
différencier à coup sûr une espèce dřune autre, de la placer dans le bon genre et de
lřidentifier à lřespèce, ou de la nommer, dans le cas dřune espèce nouvelle.
Les difficultés sont nombreuses lorsquřil sřagit de préparer la description dřune
espèce. En biologie, il est difficile de décrire ou de définir une entité taxinomique
seulement à partir de mots. Plusieurs des espèces déterminées peu après lřadoption du
système linnéen de nomenclature binominale sont très difficilement identifiables à partir de
la description seule57. Cřest le cas notamment de lřembranchement des Invertébrés et du
groupe des Insectes. Lors de la découverte dřune nouvelle espèce, il est donc indispensable
de baser la description sur un spécimen qui est ensuite conservé dans une collection de
référence. Il sřagit du type, un spécimen standard possédant les caractères dřun groupe et
qui permet de faire la description dřune espèce58. Ce concept permet aux naturalistes
57
Ernst Mayr, E. Gorton Linsley et Robert L. Usinger, Methods and Principles of Systematic Zoology, New
York, McGraw-Hill, Inc., 1953, p. 236.
58
E. Séguy, Dictionnaire des termes techniques d’entomologie, Paris, Éditions Lechevalier, 1967, p. 444.
114
dřorganiser leurs collections de spécimens dřune manière rationnelle59 et dřétablir une
méthode sûre dřidentification pour leurs collections. Tous les spécimens récoltés qui se
conforment au type sont considérés comme étant de la même espèce que celui-ci : « Typespecimens came to be carefully labeled and became a valuable part of major collections
because they could be consulted as reference material for re-examination at a later date.
Each served as a model and name carrier by embodying the distinctive characteristics of the
species. An individual belonged to the same species if, when compared with typespecimen, it did not display any essential differences60 ». La fonction du type était alors
dřêtre à la base de la description des espèces nouvelles61. Ce nřest plus le cas aujourdřhui;
les espèces se définissent non seulement par rapport à des critères de ressemblance ou de
reproductivité, mais également sur la base des populations qui peuvent présenter un large
spectre de variations. Le choix dřun seul spécimen pouvant représenter lřespèce en entier
est dès lors considéré comme impossible62.
En cas de doute, dřerreur ou de révision dřun groupe, on se réfère toujours au
spécimen-type gardé dans une collection de référence. Les premiers taxinomistes, au XIX e
siècle, ont largement utilisé la notion de type pour leurs descriptions des espèces nouvelles
de même que pour lřidentification des spécimens. Les demandes de prêts de spécimenstypes étaient nombreuses, comme en fait foi lřextrait suivant dřune lettre de Samuel F.
Aaron, de lřAcademy of Natural Sciences de Philadelphie, à L. Provancher.
Being engaged in working up the North American Chrysididæ 63, and wishing to have, of
course, all the material existing at hand, I have written to you to ask for the loan of your
material of this family. You have described several new species in your ŖPetite faune Ent. du
Canadaŗ, none of which I have in my otherwise splendid material, (...) and also wishing to
figure all the species, I would like to have yours before me. If you will lend them to me I shall
take the greatest care of them and then send them back to you with many additions from my
material. Mr Cresson has aided me somewhat and spoke kindly of your willingness to send
Monographers your specimens for study. I would like all your material, even those before
described, such as Elampus coruscans, viridis &c. in apopes in the Trans. Am. Ent. Soc. Vol
IX among several descriptions of new N. Am. Psocidæ and also a new genus, I also described
59
Paul Lawrence Farber, « The Type-Concept in Zoology during the First Half of the Nineteenth Century »,
Journal of the History of Biology, vol. 9, no 1 (printemps 1976), p. 95.
60
Ibid., p. 96.
61
Mayr, op. cit., p. 236.
62
Ibid., p. 236.
63
Hyménoptères parasites des nids de guêpes ou dřabeilles. Borror, op. cit., p. 338-339.
115
your Psocus trifasciatus, as P. speciosus; - It was one of those mistakes that will creep in
studying alone from a description, although your description was very good 64.
Une deuxième lettre nous indique que non seulement L. Provancher a exaucé sa
demande, mais que les spécimens prêtés furent très utiles pour lřentomologiste américain :
« I mail to you today, the Chrysididæ that you so kindly sent me for study, with my greatest
thanks for the kindness. They have been very useful to me in the preparation of my papers.
Just as soon as I receive my authorřs copies I will send you one. I have named all the
specimens and have also stuck in a few rarities from my collection and a few of my types.
Please find enclosed the paper with the determinations65 ».
En 1876, Ezra T. Cresson demande lřaide de L. Provancher pour la confection de son
Synopsis of the Families and Genera of the Hymenoptera of America North of Mexico. La
collaboration entre les deux entomologistes débute par lřétude de la famille des
Ichneumonidæ, un important groupe dřHyménoptères. Il doit tenir compte des travaux de
L. Provancher et a besoin de ses spécimens pour continuer son étude.
During this autumn & winter I propose to go over the Ichneumonidæ of North America
& arrange them for a Synoptical List for publication early next year. To do this properly I shall
need your assistance which I trust will be cheerfully given. The great genus Ichneumon has
been separated into many genera by European authors & as you have described & published a
large number of new species, I write to ask if you would kindly loan me types of them. (...) The
personal examination of your specimens will save me a great labor of going over the
description which necessarily takes up much time, & as the genera are separated on structural
characters entirely, not given in the descriptions you have published, I could not properly place
your species, without personal examination, unless to trouble you to examine them for me, &
that would give you much trouble. I trust you will feel willing to loan me your collection,
assuming you that I will return it promptly & in good order & arrangement. In writing up the
posthumous papers of Mr Walsh on Ichneumonidæ his executors very obligingly loaned me
collection, which saved me months of labor & enabled me to rightly identify his species by
personal examination. In the Societyřs collection we have a very large collection & variety of
Ichneumonidæ & I am anxious to spend this fall & winter in putting them in proper shape. I
have made, I see now, many mistakes which I desire to correct, so that those who are now or
will hereafter study the family may not misled 66.
64
Lettre de S.F. Aaron à L. Provancher, 4 mars 1885, A.S.C. 55, Fonds Provancher, C-5.
Lettre de S.F. Aaron à L. Provancher, 18 décembre 1885, A.S.C. 370, Fonds Provancher, C-5.
66
Lettre de E.T. Cresson à L. Provancher, 15 septembre 1876, A.S.C. 337, Fonds Provancher, C-5.
65
116
Plus tard, en 1879, Cresson fait part à L. Provancher de son désir dřétudier les
familles dřHyménoptères des Tenthredinidæ67 et des Uroceridæ68 et lui demande alors ses
types de ces familles.
I am now engaged in cataloguing the Tenthredinidæ & Uroceridæ of North America, &
I would like very much to see the types of your new species belonging to these families,
published in the ŖNaturaliste Canadienŗ. I will engage to return them to you almost
immediately, together with a specimen of Ichneumon scutellaris Prov. I have belonging to you,
& have been awaiting an opportunity of returning to you. I have several species that accord
tolerably well with your descriptions, but as they came other localities, I do not fell quite
certain that they are identical. A glance at your types would settle the question at once 69.
Ces extraits montrent lřimportance primordiale des types conservés dans une
collection de référence. Sans eux, lřidentification des spécimens à partir des descriptions
seules se révéleraient hasardeuse et imprécise, comme S.F. Aaron et E.T. Cresson le
rappellent dans leur lettre.
3.1.1.6 Spécialisation
La seconde partie du chapitre sera consacrée à des exemples concrets de
spécialisation dans trois disciplines : la géologie, la botanique et lřentomologie. Mais avant,
nous nous attardons sur le processus de différenciation des activités en sciences naturelles à
partir du XIXe siècle. Les transformations affectent tous les aspects des pratiques en ce
domaine. Comme lřexplique Pomian,
les sciences naturelles se voient attribuer ainsi une nouvelle place dans la carte du savoir. Dřoù
leur progressive restructuration : la botanique perd sa place privilégiée au profit de la
minéralogie, en train de devenir géologie, cependant que la zoologie, auparavant peu pratiquée,
suscite un intérêt croissant. Nouvelles disciplines, nouveaux objets : culture des plantes,
élevage des bêtes, tourbières, eaux thermales, richesses du sous-sol. Tandis que lřattrait de
lřexotique faiblit, le regard se tourne vers ce quřon trouve à portée de main 70.
En Europe, dès la fin du XVIIIe siècle, et en Amérique du Nord, au début du XIXe
siècle, lřétude de lřhistoire naturelle, qui sřeffectue jusque là dans une perspective générale
67
Nommés mouches-à-scie, ces Hyménoptères vivent sur la végétation. Leurs larves peuvent ravager des
plantes cultivées ou le feuillage des arbres en forêt.
68
Synonyme de Siricidæ. Les larves de ces Hyménoptères infestent le bois des feuillus et des conifères.
69
Lettre de E.T. Cresson à L. Provancher, 10 juin 1879, A.S.C. 337, Fonds Provancher, C-5.
70
Pomian, op. cit., (« Collectionneurs, naturalistes et antiquaires dans la Vénétie du XVIII e siècle »), p. 250.
117
et globalisante, se divise en plusieurs disciplines qui deviennent autant de spécialisations.
Désormais, le naturaliste, suivant Max Weber,
ne pourra acquérir la certitude dřaccomplir quelque chose de vraiment parfait dans le domaine
de la science sans une spécialisation rigoureuse. (…) Cřest uniquement grâce à cette stricte
spécialisation que le travailleur scientifique pourra un jour éprouver une fois, et sans doute
jamais plus une seconde fois, la satisfaction de se dire : cette fois jřai accompli quelque chose
qui durera. De nos jours lřœuvre vraiment définitive et importante est toujours une œuvre de
spécialiste71.
Cřest seulement en se spécialisant que le naturaliste peut ainsi sauter les barrières lui
permettant dřintégrer le milieu scientifique et y être accepté comme membre à part entière
pour ainsi y apporter une contribution significative.
Au Canada, on commence à sentir les effets de ce mouvement vers la spécialisation à
partir de la réforme du Baccalauréat ès arts des universités anglophones, dans les années
1860. Les sciences sont alors confinées aux deux dernières années du cursus classique,
basé sur les langues anciennes, les lettres et la philosophie, et consistent principalement en
une initiation à la physique (dynamique, hydrostatique et optique) et à lřastronomie72.
« Dřautres transformations, qui entraîneront le décloisonnement des matières du
programme de Baccalauréat ès arts, auront cependant aussi une importance déterminante à
cet égard car elles permettront aux étudiants qui, avant 1860, ne pouvaient suivre quřune
voie unique, toute tracée dřavance et qui ne laissait aucune possibilité de spécialisation
dans une science particulière, dřavoir accès à de nouvelles carrières 73 ». Alors
quřauparavant le programme devait servir à former des citoyens instruits dotés dřune vaste
culture humaniste, dřailleurs orientés vers les professions libérales, il est restructuré en
fonction des nouveaux besoins exprimés par les industries et les gouvernements.
« Lřintroduction, à compter de 1860, dřoptions et de cours plus spécialisés (honours) dans
le programme du baccalauréat va modifier grandement cette organisation traditionnelle74 ».
71
Max Weber, Le savant et le politique, Paris, Éditions 10/18, 1963, p. 81.
R.S. Harris, A History of Higher Education in Canada,1663-1960, Toronto, University of Toronto Press,
1976, p. 131, cité dans Yves Gingras, op cit. (Les origines de la recherche scientifique au Canada), p. 26.
73
Ibid., p. 25.
74
Ibid., p. 26.
72
118
Au Québec, vers les mêmes années, certains membres du clergé impliqués dans le
milieu scientifique sřinterrogent sur la place des études scientifiques dans le cursus
classique. Après avoir discuté de lřutilité des mathématiques et des sciences dřobservation,
lřabbé J.-C.-K. Laflamme présente son constat de la place des études scientifiques dans le
cours classique dřune durée de huit ans.
Quant aux mathématiques et aux autres sciences naturelles, les cours dřétudes en
vigueur dans les différentes maisons dřéducation leur consacre un temps qui varie un peu dřune
maison à lřautre ; mais, en moyenne, il ne dépasse jamais la valeur dřune année et demie. Dans
un espace de temps aussi court, il est bien difficile que lřélève puisse se familiariser avec ces
différentes sciences au point dřen tirer plus tard une grande utilité pratique. Comment, dans ces
quelques mois, apprendre suffisamment la mécanique, la physique, la chimie inorganique et
organique, la minéralogie, la géologie, la botanique, lřastronomie, quelquefois même un peu de
zoologie et par dessus tout les mathématiques ?
Dans certaines institutions, lřétude de quelques-unes de ces sciences se fait en même
temps que les études littéraires. Citons entre autres la botanique et une partie des
mathématiques qui se voient avant la rhétorique. Ce système est-il ou nřest-il pas
avantageux?ŕOn a discuté cette question avec tant dřardeur de chaque côté que nous croyons
prudent de ne pas prononcer de jugement. Nous laissons la tâche à dřautres.
Malgré tout nous ne voyons pas dřobjections sérieuses à ce que lřélève commence
lřétude de quelques sciences en même temps quřil poursuit celle de la grammaire ou de la
littérature.(…)
On pourrait peut-être trouver encore moyen de faire voir toute lřarithmétique et
lřalgèbre avant la rhétorique, afin quřon puisse dans les dernières années consacrer plus de
temps à lřétude de la philosophie et des sciences dřobservation75.
Il élabore plus loin différents scénarios pour changer la situation, dřautant plus que la
plupart des élèves abandonnent leurs études à la fin de la sixième année pour occuper un
emploi, sans avoir pour ainsi dire touché aux sciences. Il tente de convaincre de lřajout
dřune année de science, mais seulement à la condition de couper une année de grammaire
ou de littérature. Contrairement aux modifications du baccalauréat des universités
anglophones, cette étude plus approfondie des sciences exactes dans les collèges classiques
nřaurait pour but que de « donner à leurs élèves des connaissances scientifiques suffisantes
pour quřils puissent embrasser avec honneur nřimporte quelle carrière au sortir de leurs
études, sacerdoce, droit, médecine, etc. Force leur est donc de rester dans les
généralités76 ». J.-C.-K. Laflamme ne croit pas quřil faille augmenter le nombre de
matières, mais « dřapprofondir davantage les différents points étudiés pour se les assimiler
75
J.-C.-K. Laflamme, « Rapport de M. lřabbé Laflamme sur lřétat actuel des sciences en Canada et sur les
moyens de les faire progresser », Fête nationale des Canadiens-Français célébrée à Québec en 1880,
Québec, 1881, vol. I, p. 421.
76
Ibid., p. 424.
119
dřune manière plus parfaite77 ». Il conclut tout de même son étude en affirmant que
« lřenseignement des sciences, tel que donné dans les collèges, laisse peu à désirer 78 ». Il
est plutôt dřavis que tous les jeunes gens ne peuvent devenir tous avocat ou médecin,
reflétant lřencombrement des professions libérales à la fin du siècle. Il préconise leur
orientation vers le génie civil, mais une telle école qui formerait des ingénieurs resterait
encore à être créée. « Les études se font privément, chez un patron, durant un certain
nombre dřannées, et puis cřest tout… Il serait donc important que nous eussions ici une
institution calquée, dans une certaine mesure, sur lřÉcole des mines de Paris, ou lřÉcole
centrale, mais, évidemment dans des proportions très restreintes79 ».
Les difficultés à vaincre pour en arriver à former des spécialistes sont nombreux, du
point de vue de J.-C.-K. Laflamme. Il manquerait dřabord dřun lieu de formation pour
permettre aux jeunes gens attirés vers les métiers dřingénieur, dřarchitecte ou de chimiste
dřacquérir les « connaissances, plus ou moins étendues, que, dans tous les cas, lřécole
primaire ne peut donner80 ». Le nombre de ces spécialistes dont les compétences sont de
plus en plus en demande dans la société industrielle sont ensuite pratiquement inexistants
au Québec, ce qui implique de faire venir les scientifiques de lřétranger pour occuper les
postes de professeurs. Enfin, une telle école coûterait des sommes astronomiques, que les
élèves ne pourraient absorber du fait de leur faible nombre et de leur origine sociale
modeste (les plus aisés ne cherchant généralement pas à occuper de telles positions dans la
société)81. J.-C.-K. Laflamme ne dispose pas de solution si ce nřest de souhaiter que le
gouvernement sřoccupât dřune telle école82. Une telle institution avait cependant vu le jour
à Montréal, en 1873 : lřÉcole Polytechnique. Comme nous lřavons montré dans le chapitre
précédent, les dirigeants de Laval craignaient lřingérence de lřÉtat dans ses affaires
internes et refusèrent donc de recourir à lřaide du gouvernement provincial pour fonder une
telle institution.
77
Ibid.
Ibid., p. 425.
79
Ibid., p. 426.
80
Ibid.
81
Ibid.
82
Ibid., p. 427.
78
120
3.1.2 Pratiques académiques
Dans le cas du Québec, une première étape est celle du perfectionnement, cřest-à-dire
de lřenvoi à lřétranger de professeurs de sciences ou de candidats potentiels à ce poste afin
de suivre des cours de plus haut niveau que ceux disponibles ici. Dans un deuxième temps,
il a été possible dřoffrir des cours plus spécialisés de sciences.
3.1.2.1 Perfectionnement
La pratique du perfectionnement, cřest-à-dire le fait dřenvoyer à lřétranger, en
Europe principalement, les professeurs de sciences des collèges et des universités, et les
candidats potentiels à ce poste, suivre une formation scientifique est assez récente. Comme
nous lřavons mentionné dans le chapitre 2, quelques abbés canadiens-français ont suivi
entre une et quatre années de formation en France et aux États-Unis à partir des années
1850. Il ne sřagissait toutefois pas dřune formation complète, puisque tous sont revenus
rapidement afin dřoccuper leur poste de professeur dřune ou de plusieurs disciplines
scientifiques. On ne peut donc pas dire que ces formations aient transformé durablement le
contenu des cours de sciences qui étaient alors offerts aux niveaux collégial et
universitaire.
Dřautres naturalistes, des anglophones surtout, ont également suivi une formation
scientifique poussée à lřUniversity of Edinburgh, une institution très réputée au XIXe siècle
pour sa formation spécialisée dans de nombreuses disciplines (voir le tableau 3.1). Cette
formation nřavait pas pour but de les préparer spécifiquement à être professeurs de
sciences, même si plusieurs de ceux qui sřy sont rendus ont occupé cette fonction à leur
retour, comme Andrew F. Holmes (médecin et professeur au Montreal Medical Institution
de 1823 à 1829 et à la nouvelle Faculté de médecine de McGill, de 1829 à 1845 en chimie,
pharmacie, botanique et matières médicales), James Barnston (médecin et professeur de
botanique au McGill College de Montréal de 1857 à 1858), John W. Dawson (géologue
dřexploration, fonctionnaire, éditeur, auteur, administrateur scolaire et cinquième principal
du McGill College, et professeur de sciences au McGill Normal School, devenu McGill
University en 1885 en chimie, agriculture et histoire naturelle), George M. Dawson
121
(géologue et professeur de chimie au Morrin College de Québec) et Bernard J. Harrington
(minéralogiste, professeur de chimie, de minéralogie et de métallurgie au McGill College).
Tableau 3.1 Études à l’étranger de naturalistes et de professeurs de science du
Québec
Naturalistes
Andrew
Fernando
Holmes
Abbé ThomasÉtienne Hamel
Dates et lieux
1815-1819 : University of Edinburgh
Abbé LouisOvide Brunet
Avril-mai 1862 : Sorbonne et Muséum
dřHistoire Naturelle de Paris
Visites de jardins botaniques :
Liverpool, Montpellier, Nantes,
Angers, Florence, Pise, Rome,
Bruxelles, Louvain, Bonn, Düsseldorf,
Utrecht, Amsterdam, Leyde,
Rotterdam
Fin mai-15 août 1877 : Harvard
University, Summer School of
Geology
14 novembre 1888-29 janvier 1889 :
Paris
1847-52 : University of Edinburgh
1850 : Hôpitaux de Paris et Vienne
Abbé JosephClovis-Kemner
Laflamme
James Barnston
William E.
Logan
John W.
Dawson
George M.
Dawson
Bernard James
Harrington
Abbé Henri
Simard
GustaveClodomir Piché
Adélard Bédard
Cours
Médecine
1854-1858 : Paris
Baccalauréat et licence ès Sciences
mathématiques; licence en sciences
physiques (non complétée)
Botanique : Joseph Dechaine;
Adolphe-Théodore Brongniart
Microscopie végétale : (?) PierreEtienne-Simon Duchartre
Géologie théorique et pratique :
Nathaniel S. Shaler et William M.
Davis
Medical Studies et botanique
1 an de visite : augmenter son
expérience médicale
Médecine
1816-17 : University of Edinburgh
Automne 1840-printemps 1841 :
University of Edinburgh. Retour car
problèmes financiers
Début 1847 jusquřau printemps :
University of Edinburgh
1856 : Maîtrise ès arts University of
Edinburgh
1869-1872 : Royal School of Mines,
Londres
18 -1871 : Sheffield Scientific School
of Yale University, États-Unis
1899 : Paris
Géologie et taxidermie
Chimie appliquée pour exploration
géologique à des fins commerciales
Pour ses publications
Géologie
Minéralogie
Chimie, physique, géologie et
minéralogie
Foresterie
1905-07 : École de foresterie
University Yale, États-Unis
1905-07 École de foresterie University
Foresterie
Yale
Source : Compilation de lřauteure à partir de nombreuses notices biographiques (consultez la section
« Notices
biographiques
»
de
la
bibliographie).
122
Ces naturalistes qui occupent des postes de professeurs de sciences exercent cette fonction
parallèlement à leurs activités scientifiques dřexploration, de recherche et de publication
qui, contrairement aux scientifiques francophones, représentaient le principal de leur
occupation.
La faible offre de formation scientifique de haut niveau au Québec avant la fin du
e
XIX siècle, pour la communauté anglophone, et le début du siècle suivant pour les
francophones, a ainsi obligé ceux qui voulaient se prévaloir dřune formation spécialisée à
sřexpatrier pour le faire. La nécessité dřun enseignement scientifique de haut niveau est
soulignée par ceux-là même qui durent se rendre se perfectionner à lřétranger et qui, plus
tard, deviennent les professeurs compétents pour enseigner un nombre croissant de
disciplines.
Cřest ce quřécrit B.J. Harrington à J.W. Dawson, en 1871.
In conclusion Sir, allow me to express the hope that ere [sic] long Montreal may be blessed
with the means of giving to any Canadian a sound scientific training. It is this scientific training
which has produced & is producing such wonderful results in the United States. Manufacturers
are rapidly increasing, railroads being built, careful geological surveys being made, mineral
resources developed, & many who but a short time ago scoffed at science are now obliged to
83
confess that it is a power which will largely influence the destinies of their nation .
3.1.3 Pratiques relationnelles
Les pratiques relationnelles qui sřimposent dans le milieu scientifique à partir du
XVIIIe siècle sont celles de la correspondance, de la publication et de la vulgarisation. Les
naturalistes du XIXe siècle, tout comme ceux du début du siècle suivant, utilisèrent
également ces pratiques.
3.1.3.1 Correspondance
Il nřest pas difficile de percevoir que la correspondance constitue, au XIX e siècle,
une pratique relationnelle dont le naturaliste a constamment recours sřil veut sřinsérer dans
les réseaux en place qui contribuent à la structuration du milieu scientifique. Ainsi, « par
83
Lettre de B.J. Harrington à J.W. Dawson, 4 février 1871, McGill University Archives Private Fonds,
Dawson Family Papers, MG 1022, c. 4.
123
lřintermédiaire des correspondances, de la fréquentation intensive de lieux (…), un espace
multifonctionnel se construit où sřéchangent idées, informations et services84 ». Outre ces
échanges de services, de connaissances et dřidées, « la lettre est le lieu privilégié où les
intellectuels85 sřinforment, découvrent leurs doutes, sřessaient aux luttes dřinfluence
(…)86 ». Enfin, en tant que lieu de légitimation,
cřest également dans lřespace épistolaire que se négocient le sens et la portée des
valeurs et des idées en circulation dans les réseaux. Les discussions (…) établissent les marges
de désaccord acceptables, rappellent les valeurs de base communes, permettent des
explications, négocient éventuellement des modifications de la position ou le discours dřun
correspondant, modifications qui peuvent aller jusquřà lřautocensure dans le domaine public.
Et, bien sûr, puisquřil sřagit de réseaux, les effets de ces discussions se font ressentir Ŕ forment
même parfois le sujet dřautres discussions Ŕ ailleurs dans le réseau. Dřune certaine manière,
donc, le réseau a aussi une fonction « hygiénique » de contrôle et de ventilation des discours en
circulation (…)87.
La lettre joue donc un rôle prépondérant dans le développement des sciences, comme
dřautres secteurs du champ intellectuel. Au XIXe siècle, au Québec, nous repérons
quelques exemples de correspondances scientifiques intensives, comme celle entre lřabbé
L. Provancher et E.T. Cresson, dans le domaine de lřentomologie, et celle entre J.W.
Dawson et Charles Lyell, en géologie. Chacune rejoint les différentes fonctions attribuées
un peu plus haut à la correspondance comme étant un des lieux de structuration du milieu.
Dans toutes les correspondances, « le destinataire est élu en fonction de critères de
compétences précis et il nřest pas rare quřun rapport de force sřinstalle entre les deux
partenaires88 ». Dans le cas de lřabbé L. Provancher, un tel rapport de force sřétablit assez
rapidement entre lui et E.T. Cresson, probablement sur la base de son éloignement des
institutions
nord-américaines détentrices
des
collections
entomologiques
et
des
bibliothèques les plus complètes pour lřépoque, qui se trouvaient alors à la Smithsonian
Institution ou à lřAmerican Entomological Society de Philadelphie. L. Provancher
mentionne quřil est donc « (…) livré, dans le début, à nos seules ressources, nřayant pour
84
Chaubet, loc. cit., p. 187.
Les naturalistes dans le cas qui nous occupe.
86
Marie Laurence Netter, « Les correspondances dans la vie intellectuelle », Mil neuf cent. Revue d’histoire
intellectuelle, No 8 (1990), p. 9.
87
Everett, loc. cit. p. 137.
88
Geneviève Haroche-Bouzinac, « Penser le destinataire : quelques exemples », dans Benoît Melançon (dir.),
Penser par lettre. Acte du colloque d’Azay-le-Ferron (mai 1997), Éditions Fides, 1998, p. 281.
85
124
nous guider aucune collection exactement déterminée, manquant, dřun côté, de plusieurs
auteurs indispensables pour nous renseigner sûrement sur cette grande et intéressante
famille89, nous nřavons pu nous mettre à lřabri dřerreurs et dřincorrections nombreuses90 ».
Cette situation a fortement influencé ses relations avec E.T. Cresson.
Les premiers contacts entre L. Provancher et E.T. Cresson ne sont pas nécessairement
aussi cordiaux quřil lřaurait souhaité. Osten Sacken avait décrit E.T. Cresson comme un
« (…) jeune homme très aimable et plein de zèle pour la science91 ». Mais ce dernier se
montre plutôt froid envers L. Provancher; il lui répond quřil refuse toutes les offres
dřéchanges qui lui sont envoyées de partout au pays (États-Unis). Cette réponse ne lui
permet pas dřespérer lřaide de E.T. Cresson à court terme et prélude déjà des relations,
cordiales mais ambivalentes, qui sřétablissent entre les deux hommes. En 1873, L.
Provancher réécrit à E.T. Cresson. La situation a quelque peu évolué depuis les premiers
échanges de 1866. Il a déjà publié dans sa revue Le Naturaliste canadien des descriptions
dřespèces nouvelles dřHyménoptères, ce qui ne manque pas dřattirer lřattention de
lřentomologiste de Philadelphie. E.T. Cresson lui répond, le 1er avril 1873: « Your english
is excellent & if not too much trouble, please continue to write me92 ». Il lui écrit aussi pour
lui demander ses types, afin de les comparer aux spécimens de sa collection, ce qui
lřaiderait à préparer une liste des Ichneumonides de lřAmérique du Nord, et lui propose
dřidentifier ses Hyménoptères restés sans nom93. Cřest le début officiel dřune longue
correspondance entre les deux entomologistes qui dure de 1866 à 1890. Les relations entre
E.T. Cresson et L. Provancher se font le plus souvent à sens unique, cřest-à-dire que L.
Provancher envoie des insectes à E.T. Cresson, avec parfois des descriptions publiées, pour
quřil les vérifie et/ou identifie les spécimens non-identifiés. L. Provancher peut par la suite
corriger ses erreurs et publier des errata dans le Naturaliste canadien. Mais E.T. Cresson,
de son côté, nřenvoie jamais de spécimen à L. Provancher; au contraire, il lui demande
parfois des duplicata de ses récoltes canadiennes. L. Provancher sřen plaignit à son ami
89
N.d.a. : La famille des Ichneumonides, dans lřordre des Hyménoptères.
Provancher, loc. cit. (« Additions aux Ichneumonides de Québec »), p. 5.
91
Lettre de E.T. Cresson à L. Provancher, 14 août 1866, A.S.C. 7, Fonds Provancher, C-5.
92
Lettre de E.T. Cresson à L. Provancher, 1 er avril 1873, A.S.C. 51, Fonds Provancher, C-5.
93
Lettre de E.T. Cresson à L. Provancher, 8 mai 1873, A.S.C. 69A, Fonds Provancher, C-5.
90
125
lřabbé V.-A. Huard, mais sans que cela affecte sa façon de communiquer avec E.T.
Cresson.
La correspondance entre J.W. Dawson et C. Lyell débuta en 1842 pour se terminer
avec la mort de C. Lyell, survenue en 1875. Outre le côté flatteur de sa correspondance
avec le réputé géologue anglais C. Lyell, celle-ci comble aussi son besoin de
reconnaissance tout en lui permettant de recueillir une caution intellectuelle nécessaire à la
diffusion de ses travaux dans le réseau des géologues anglais, alors à lřavant-garde de la
recherche dans leur domaine94. Cřest ainsi que C. Lyell encourage J.W. Dawson à
participer à la réunion de la British Association for the Advancement of Science, en 1842,
pour le présenter à dřautres géologues et lřincite également à y lire une communication95.
En 1847, C. Lyell présente les résultats des recherches de J.W. Dawson, en lřabsence de ce
dernier, devant les membres de la Geological Society of London, et répond aux questions
des géologues présents. Il défend également les manuscrits de J.W. Dawson pour leur
publication dans le journal de la Society.
Les relations entre C. Lyell et J.W. Dawson, quant à elles, peuvent être qualifiées
dřégalitaires. J.W. Dawson se sent évidemment redevable envers C. Lyell et le remercie
des services quřil lui rend. Sa situation dans un pays dont le milieu scientifique est en plein
développement ne semble pas affecter lřopinion de C. Lyell à son endroit. Ce dernier,
impressionné dès les années 1840 par les travaux et publications de J.W. Dawson96 Ŕ il
avait fait deux voyages dřexploration en Nouvelle-Écosse, en 1842 et en 1850, en
compagnie de J.W. Dawson qui agissait comme guide Ŕ, le considère comme membre à
part entière du réseau international des géologues. En 1854, J.W. Dawson est élu membre
de la Geological Society of London. La même année, « on comprendra donc sans peine que
Lyell ait recommandé chaleureusement la candidature de Dawson à la chaire dřhistoire
naturelle de la University of Edinburgh lorsquřelle devint vacante en 1854. Selon un
géologue britannique de lřépoque, John Jeremiah Bigsby, il aurait alors dit : « à présent, je
94
Haroche-Bouzinac, loc. cit., (« Penser le destinataire : quelques exemples »), p. 286.
Lettre de C. Lyell à J.W. Dawson, 7 août 1842, McGill University Archives Private Fonds, Dawson Family
Papers, MG 1022, c. 1.
96
En 1855 paraît Acadian Geology [...], à Édimbourg et à Londres.
95
126
compte surtout sur Dawson [...] pour faire avancer réellement la philosophie de la
géologie97 ». Malgré cet appui de taille, Dawson nřobtient pas le poste à la chaire
dřEdinburgh.
3.1.3.2 Publication
Une autre pratique relationnelle qui prend de lřimportance est celle de la publication.
Le perfectionnement des techniques dřimpression et lřadoption de la pâte de bois pour la
fabrication du papier, au XIXe siècle, allaient permettre une réduction des coûts de
production et par conséquent du prix de vente des livres. En devenant un bien de
consommation abordable, le livre se retrouve plus souvent dans des milieux où il était peu
présent, comme les demeures des ouvriers, des cultivateurs ou dans les écoles de rangs des
paroisses pauvres. Le livre se répand ainsi partout et occupe une place privilégiée dans la
propagation des connaissances scientifiques et techniques en explosion au XIXe siècle.
Les naturalistes qui visent une diffusion la plus large possible de leurs travaux dans
le milieu scientifique disposent de deux formes de publication pour le faire : lřarticle dans
une revue scientifique et la monographie. Lřarticle, souvent une courte étude de cas ou la
présentation de résultats préalables, est très populaire dans tous les milieux scientifiques et
ce depuis le XVIIIe siècle. Les revues scientifiques, les journaux et les bulletins de sociétés
savantes dédiés exclusivement à une discipline sont en croissance et constituent un canal
de propagation privilégié pour ceux qui veulent informer leurs pairs de leurs travaux et
découvertes. Lřintégration et lřacceptation dans un réseau scientifique passe dorénavant par
la visibilité acquise par la publication de résultats de recherche particulièrement dans les
revues scientifiques consultées dans lřensemble de la communauté visée. Un exemple du
Québec : lřentomologiste H.H. Lyman qui demande à R. Bell de lui renvoyer des listes
dřinsectes afin quřil les publie dans la revue canadienne dřentomologie qui dispose de la
plus grande visibilité à son époque, The Canadian Entomologist. « I also sent you some
four or five years ago a list of Diptera and a list of Hymenoptera from Hudsonřs Straits
which I found have not been published. If you are not going to publish them I should like
97
Ibid.
127
to publish them in the Canadian Entomologist so far I have not published any list furnished
to you for the Survey Reports98 ». Lřengagement à long terme de lřabbé L. Provancher
dans la production et la rédaction du Naturaliste canadien (vingt volumes de 1868 à 1891)
témoigne aussi de cette nécessité de disposer dřun organe de diffusion spécialisé à grande
échelle pour publier les recherches et faire, dans son cas, de la vulgarisation.
La plupart du temps, les monographies étaient préparées après plusieurs années de
recherche et de découvertes dans une discipline. Les résultats étaient dřabord le plus
souvent publiés sous forme dřarticles dans les revues scientifiques. Après correction des
données et des informations contenues dans lřarticle, qui était rendue possible par les
correspondances échangées entre les pairs Ŕ les lettres échangées entre lřabbé L.
Provancher et G.C. Horn ou E.T. Cresson en sont des exemples Ŕ, les résultats accumulés
pouvaient être diffusés dans des monographies, plus faciles à retrouver que les numéros
antérieurs dřobscures revues ou de bulletins de sociétés régionales.
3.1.3.3 Vulgarisation
La vulgarisation, même si elle ne consiste pas directement une pratique valide pour
assurer lřacceptation et lřinsertion dřun naturaliste dans le milieu, constitue tout de même
une pratique relationnelle importante du fait de la place quřelle peut occuper dans les
activités de production dřun acteur. « Or, cřest parce quřelles portent sur des choses qui
concernent tout le monde, que les sciences naturelles font partie de la culture générale et
doivent donc être mises à la portée du public. La constitution de la profession de naturaliste
va ainsi de pair avec un travail de divulgation des résultats obtenus par la science, de son
langage et de ses méthodes99 ». Cřest ainsi que certains naturalistes du XIXe siècle se sont
faits un devoir de populariser les découvertes et les connaissances scientifiques de leur
époque par le biais de conférences ouvertes au grand public et dřarticles dans des revues
généralistes. Au Québec, Le Canada-français, revue publiée sous la direction de
professeurs de lřUniversité Laval, édite des textes de lřabbé J.-C.-K. Laflamme sur la
98
Lettre de H.H. Lyman à R. Bell, 17 novembre 1891, McGill University Archives Private Fonds, Robert
Bell, MG 2042, c. 2.
99
Pomian, op. cit. (« Collectionneurs, naturalistes et antiquaires dans la Vénétie du XVIII e siècle »), p. 252.
128
géologie et la physique, de 1888 à 1891100, puis les textes de son remplaçant comme
professeur de physique, lřabbé H. Simard, de 1918 à 1920. On retrouve aussi des textes de
vulgarisation des abbés V.-A. Huard, H. Simard et du frère Marie-Victorin dans
lřAlmanach de l’Action Sociale Catholique (1917-1926) et des textes de V.-A. Huard dans
lřéphémère Kermesse. Revue hebdomadaire (1892-1893). Une « chronique scientifique »
mensuelle est produite dans La Nouvelle-France. Revue des intérêts religieux et nationaux
du Canada français et ce dès le premier numéro, paru en 1902. Les abbés C.-P. Choquette,
V.-A. Huard et H. Simard et un certain Dr Surbled, de Paris, y publient des textes sur
lřaéronautique, la zoologie, la biologie humaine, la médecine, la géologie, la physique, les
progrès techniques et les inventions de lřheure. Du fait de sa longévité Ŕ La NouvelleFrance est publiée sans interruptions de janvier 1902 à juin 1918 Ŕ, cette revue pourrait
être considérée comme le premier organe durable abritant une chronique exclusivement
consacré à la vulgarisation scientifique au Québec, si lřon tient compte du fait que Le
Naturaliste canadien sřadressait autant à un public de néophytes que de naturalistes
confirmés.
Quelques autres revues de vulgarisation, non exclusivement dédiées aux sciences,
furent créées pour la période à lřétude, mais aucune ne réussirent à occuper la place très
longtemps. Par exemple, lřhebdomadaire La Semaine. Revue religieuse, pédagogique,
littéraire et scientifique, publié du 2 janvier au 24 décembre 1864, quoique surtout
consacré à lřactualité religieuse et la pédagogie, laisse une certaine place aux sciences.
Dans le prospectus du premier numéro, les trois rédacteurs C.-J.-L. Lafrance, Norbert
Thibault et Joseph Létourneau expliquent que les sciences « étendent sans cesse lřemprise
de lřhomme sur la nature, et fournissent à son cœur et à son esprit de grands
enseignements, de nombreux sujets dřinstruction et des jouissances infinies. » Les sciences
sont donc présentes dans leur revue afin de « semer de la variété et de lřintérêt dans notre
feuille, et contribueront à répandre dans la population, nous osons lřespérer, des
connaissances qui, tout en récréant lřesprit, graveront dans les cœurs une profonde
100
La première série du Canada-français dure de 1888 à 1891, tandis que la seconde, devenue lřorgane de la
Société du Parler français au Canada, débute en 1918 jusquřen 1922.
129
reconnaissance, un sincère amour pour lřAuteur de toutes les merveilles de la nature101 ».
Les quelques articles scientifiques de la revue traitent dřarithmétique, de médecine,
dřastronomie, de physique et dřhistoire naturelle. Dans le dernier numéro, les auteurs
mentionnent que le manque dřintérêt de la part des instituteurs est la cause de la mauvaise
position de leur revue et donc de sa fermeture.
Un autre hebdomadaire, L’Écho de la France. Revue étrangère de science et de
littérature, sous la direction de Louis Ricard, avocat, est publiée à Montréal de 1865 à
1870. Le contenu de cette publication nřest pas une production québécoise, mais consiste
plutôt en la reproduction de « morceaux choisis répandus dans les principales revues,
journaux, et recueils périodiques publiés en Europe102 ». T.S. Hunt figurait dans la liste des
abonnés.
Une autre tentative de publication, La Science populaire. Revue scientifique et
industrielle illustrée dédiée aux personnes de toutes conditions, est lřinitiative dřOctave
Cuisset, chimiste industriel. De courte durée (août 1886 à décembre 1887), cette revue de
langue française exclusivement consacrée à la vulgarisation scientifique a comme objectif
de combler une lacune en produisant un « journal spécialement dévoué au progrès
scientifique et industriel du pays103 ». Une telle publication, comme le mentionne lřabbé
H.-A. Verreau dans une lettre à son rédacteur, serait très utile pour favoriser la création de
nouvelles carrières chez les jeunes en plus dřinformer ceux qui se livrent à lřindustrie et à
lřagriculture104. Son programme général comprenait des notions de chimie industrielle, de
mécanique, dřéconomie et dřhygiène domestique, dřhistoire naturelle et de météorologie,
de même que des nouvelles sur des inventions et découvertes scientifiques. Entre autres
auteurs, J.-A. Crevier y écrivit quelques articles sur les tremblements de terre.
101
C.-J.-L. Lafrance, Norbert Thibault et Joseph Létourneau, « Prospectus », La Semaine. Revue religieuse,
pédagogique, littéraire et scientifique, vol. 1, no 1 (2 janvier 1864), p. 1.
102
Louis Ricard, « Prospectus », L’Écho de la France. Revue étrangère de science et de littérature, vol. I
(1865-6), p. 1.
103
Octave Cuisset, « Notre programme », La Science populaire. Revue scientifique et industrielle illustrée
dédiée aux personnes de toutes conditions, vol. 1, no 1 (1er août 1886), p. 1.
104
Lettre de H.A. Verreau à O. Cuisset, 15 juillet 1886, cité dans Octave Cuisset, « Notre programme », La
Science populaire. Revue scientifique et industrielle illustrée dédiée aux personnes de toutes conditions, vol.
1, no 1 (1er août 1886), p. 2.
130
*
Le développement et la systématisation des pratiques scientifiques au cours de la
seconde moitié du XIXe siècle marquent une étape importante dans le déploiement du
milieu scientifique. En effet, cřest par le biais des pratiques que les scientifiques pouvaient
sřinsérer dans le milieu et, parfois, asseoir une certaine autorité du fait de leur
spécialisation. Dans la partie suivante, nous examinons plus en détail cette spécialisation
dans quelques disciplines des sciences naturelles, une pratique qui prend une
place importante dans la science du XIXe siècle.
3.2 La spécialisation en sciences naturelles
Aujourdřhui cette science universelle est tout à fait impossible.
Il nřexiste aucun homme au monde qui pût embrasser avec
quelque précision, quelque détail, la totalité même des sciences
naturelle. Je dis plus, nous arrivons à un temps où chacune de
ces sciences devra peut-être être subdivisée elle-même ; déjà
il y en a qui le sont : telle est, par exemple, la zoologie, dont
les branches sont si nombreuses, contiennent tant dřobjets
dřétude différents, quřil nřest presque aucun homme qui
les possède dans son entier.
- Cuvier, Histoire des sciences naturelles…105
La diversification des intérêts, des sujets dřétudes, de même que des pratiques
dřinvestigation amènent les naturalistes à se spécialiser. Dans cette partie, nous présentons
quatre cas de figure de spécialisation dans trois disciplines, en géologie (paléobotanique),
en botanique (physiologie végétale et bryologie) et en entomologie (certains ordres ou
familles dřinsectes).
105
Georges Cuvier, Histoire des sciences naturelles…, tome II, 1re leçon, 1841, p. 4, cité par Pierre Pellegrin,
« Présentation », dans Cuvier, Recherche sur les ossements fossiles de quadrupèdes. Discours préliminaire,
Paris, Flammarion, 1992, p. 12-13.
131
3.2.1 La paléobotanique
La paléobotanique est une sous-partie de la paléontologie, discipline qui sřinsère ellemême dans la science géologique. Lřétude des plantes et des graines fossiles constitue une
discipline à part entière qui sřavère essentielle pour atteindre une plus grande précision
dans lřévaluation de lřâge des roches et des fossiles qui les contiennent. Cette discipline
sřest développée en Europe en deux phases successives : la période pionnière et la période
contemporaine. La période pionnière est celle qui marque les premières décennies de la
discipline, de 1800 à 1850 environ. En France, cette période, « (…) qui sřétend de 1800 à
1849-1851 [date de publication de deux ouvrages majeurs de Hofmeister106] constitue le
moment dřélaboration essentiel, nécessaire à la fois à lřinstauration de la paléobotanique et
à son intelligibilité. Car cřest dans ce demi-siècle que seront mis en place le matériau, les
techniques et les concepts quřelle utilisera, et son évolution, nous semble-t-il, reproduit et
est déterminée par celle des sciences qui lui sont corrélatives107 ». En Grande-Bretagne,
cřest à partir de 1818 que lřon repère les premières publications paléobotaniques.
The Scientific period of fossil botany dates from the year 1818, when Steinhauer first
described binomially certain British Coal Measure plants in a memoir published in America. In
the century which has since elapsed we can distinguish two fairly well-marked phases in the
scientific study of fossil plants, one, which we may term the Pioneer period, extending from
about 1818 to 1870, and a later Modern period from about 1870 to the present day (1921).
The work of the Pioneer Stage was essentially the collection and collation of
108
evidence .
La période contemporaine débute quant à elle vers 1850.
The peculiarity of the researches of the modern period, (...), is that while purely
descriptive records have been continued unabated, yet a large number of investigations of a
special nature have also been undertaken. (...) A set or group of fossils has been reinvestigated
109
more minutely and on broader lines than would be suggested by purely taxonomic outlook .
Cřest dans le contexte dřexploration des richesses minières, plus particulièrement la
recherche du charbon pour les besoins de la production industrielle, que lřintérêt pour la
106
Hofmeister, Die Entstehung des Embryos der Phanerogamen (1849) et Vergleichende Untersuchungen der
Keimung (1851).
107
Yvette Conry, « La paléobotanique au XIXe siècle G. de Saporta (1823-1895) et Ch. Darwin », dans Y.
Conry, Correspondance entre Charles Darwin et Gaston de Saporta précédée de Histoire de la
Paléobotanique en France au XIXe siècle, Paris, Presses universitaires de France, 1972, p. 11.
108
Newell Arbor, E.A., « A Sketch of the History of Palaeobotany with special reference to the fossil flora of
the British Coal Measures », dans Charles Singer (ed.), Studies in the History and Method of Science, 2,
Oxford, Clarendon Press, 1921, p. 480-481.
109
Ibid., p. 488.
132
flore carbonifère apparaît chez les géologues, dans les années 1850. « Nous assistons donc,
dans la décennie suivante, à une prolifération dřétudes sur lřépoque carbonifère : sřil ne
sřagissait à lřorigine que de monographies dispersées, au hasard des localités minières, ce
dont Adolphe-Théodore Brongniart se plaint encore en 1868 en ce qui concerne la France, à
lřétranger tout le moins les recherches se sont multipliées et généralisées, aussi bien en
Allemagne quřen Grande-Bretagne et au Canada110 ». Cřest ainsi que dans les pays anglosaxons, lřexploration des ressources, par le biais des Geological Surveys, accélère le
développement de la paléobotanique qui devient une discipline auxiliaire de la géologie,
très utile pour la prospection111. On peut affirmer quřelle « (…) est en possession de son
statut scientifique dans les années 1849-1850 : cřest en effet à cette date Ŕ (…) Ŕ que la
convergence entre la taxinomie, la phytogéographie et la stratigraphie sřopère
définitivement Ŕ puisque toutes les conditions sont alors réunies Ŕ rendant par là même
possible et féconde cette science nouvelle quřest la paléontologie stratigraphique112 ».
Les principales figures de proue de ce développement sont, en Grande-Bretagne, John
D. Hooker, qui débuta la publication des Geological Surveys of Great Britain, en 1847 et,
aux États-Unis, Léo Lesquereux, qui participa, en tant que spécialiste des terrains houillers,
aux Geological Surveys de la Pennsylvanie (1854), du Kentucky (1857), de lřArkansas
(1860), du Vermont (1861), de lřIllinois (1866) et du Wyoming (1871)113. Au Canada et au
Québec, le principal et le plus actif paléobotaniste de cette période, J.W. Dawson, marque
ses contemporains par ses nombreuses publications sur les plantes fossiles du Canada114.
110
Conry, op. cit., p. 23-24.
Ibid., p. 25.
112
Ibid., p. 27.
113
Ibid., p. 25.
114
La plupart de ces publications de J.W. Dawson sont Synopsis of the flora of the carboniferous period in
Nova Scotia (1847-1863); « On the vegetable structures in coal », S.l. : s.n, 1860, from The Quarterly journal
of the Geological Society, November 1862; The fossil plants of the Devonian and Upper Silurian formations
of Canada,
al : Dawson, 1871, Geological Survey of Canada; « On new tree ferns and other fossils
from the Devonian », Quarterly Journal of the Geological Society,
al : s.n, 1871; Report on the fossil
plants of the lower carboniferous and millstone grit formations of Canada,
al, s.n, 1873, Geological
Survey of Canada; « Note on a specimen of Diploxylon from the coal-formation of Nova Scotia », Quarterly
Journal of the Geological Society, S.l., s.n., 1877; « Notes on some Scottish Devonian plants », Mont al,
s.n, 1878, from The Canadian Naturalist, Vol. VIII. No. 7; « On the cretaceous and tertiary floras of British
Columbia and the North-West Territories », S.l., s.n., 1883, extrait de Transactions of the Royal Society of
Canada, Section IV, 1882; On the Mesozoic floras of the Rocky Mountain region of Canada, Ottawa, s.n.,
1885, extrait de Transactions of the Royal Society of Canada, section IV, 1885; Note on fossil woods and
111
133
David P. Penhallow, professeur de botanique à McGill à partir de 1885, devient également
un paléobotaniste compétent. « En prenant connaissance des travaux de J.W. Dawson en
géologie et en paléontologie, il se mit à sřintéresser à une discipline relativement nouvelle,
la paléobotanique, (…)115 ».
Charles Darwin fait état du développement de la discipline dans une lettre à J.W.
Dawson dans laquelle il le remercie également de lřenvoi de quelques-unes de ses études
paléobotaniques : « I am greatly indebted to your kindness for having sent me yr [your]
valuable memoir on the fossil plants of the Devonian & Upper Silurian formations. When
we remember our state of knowledge only a few year ago, it is wonderful that a monograph
shd [should] have been published on the plants of these ancient formations116 ». À la même
époque, en France, la discipline nřa pas encore acquis de statut scientifique stable. Le père
de la paléobotanique française, A.-T. Brongniart, écrit à J.W. Dawson que
peu de naturalistes en France entreprennent lřétude des insectes fossiles. Quelques-uns même
sřy opposent ! M Oustalet et moi sommes les seuls qui nous occupions réellement de cette
étude intéressante. M Künkel dřHerculais, mřa soutenu dernièrement à la société
Entomologique de France, que les fossiles en général ne devraient pas recevoir de noms, et
quřil fallait simplement les désigner par des numéros. Jugez un peu de la confusion que ce
système de nomenclature occasionnerait dans la science ! Quelle confusion dans les
classifications ! Les anatomistes tournent toujours en ridicule les classifications ! Cřest une
grave erreur117.
other plant remains, from the Cretaceous and Laramie formations of the western territories of Canada, S.l.,
s.n, 1887, extrait de Transactions of the Royal Society of Canada, Section IV, 1887; On Cretaceous plants
from Port McNeill, Vancouver Island, Ottawa, s.n., 1889, extrait de Transactions of the Royal Society of
Canada, section IV, 1888; « On new plants from the Erian and Carboniferous : and on the characters and
affinities of palaeozoic gymnosperms »,
al, s.n, 1890, from the Canadian Record of Science, January,
1890; On fossil plants from the Similkameen Valley and other places in the southern interior of British
Columbia, Ottawa, s.n., 1890, extrait de Transactions of the Royal Society of Canada, section IV, 1890; On
the correlation of early Cretaceous floras in Canada and the United States, and on some new plants of this
period, S.l., s.n, 1892, extrait de Transactions of the Royal Society of Canada, Section IV, 1892; On new
species of Cretaceous plants from Vancouver Island, Ottawa, s.n., 1893, extrait de Transactions of the Royal
Society of Canada, section IV, 1893; On collections of Tertiary plants from the vicinity of the City of
Vancouver, B.C., Ottawa, s.n., 1895, extrait de Transactions of the Royal Society of Canada, section IV,
1895; The geological history of plants, New York, D. Appleton and Co., 1888, collection : « The international
scientific series »; On the genus Lepidophloios : as illustrated by specimens from the coal formation of Nova
Scotia and New Brunswick,
al, s.n., 1898, extrait de Transactions of the Royal Society of Canada,
second series, 1897-98, vol. III, section IV.
115
Suzanne Zeller, « PENHALLOW, David Pearce », D.B.C. Vol. XIII De 1901 à 1910, p. 899.
116
Lettre de C. Darwin à J.W. Dawson, 29 janvier 1872, McGill University Archives Private Fonds, Dawson
Family Papers, MG 1022, c. 4.
117
Lettre de A.-T. Brongniart à J.W. Dawson, 7 mars 1877, McGill University Archives Private Fonds,
Dawson Family Papers, MG 1022, c. 6.
134
Cette situation ne lřempêche toutefois pas dřexplorer la flore fossilifère de Paris tout
comme dřéchanger des publications et des spécimens avec dřautres spécialistes du
domaine. Afin dřobtenir des spécimens du Québec et du reste du Canada, il use de son
contact avec un ancien de ses étudiant à la Sorbonne et au Muséum dřHistoire Naturelle de
Paris, le botaniste L.-O. Brunet qui le réfère à J.W. Dawson, en 1869118. Ce dernier accepte
de lui fournir les spécimens quřil voudra examiner pour la révision de son ouvrage sur les
plantes fossiles. Il a pu garder les doubles, mais a dû lui renvoyer les spécimens uniques à
Montréal119.
3.2.2 La physiologie végétale
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la botanique se divise en plusieurs branches
qui deviendront autant de domaines de spécialisation. Aux côtés de la systématique et de la
morphologie se greffe la physiologie végétale. « The remarkably rapid growth of plant
physiology was the most momentous new development in botany after mid-century. Within
a few years plant physiology changed from the personal interest of a few isolated
investigators, and sprang to life as a fundamental division of botany, co-equal with
morphology and systematics120 ».
Au Québec, suivant la tendance de son époque, le botaniste L.-O. Brunet sřest
intéressé à la physiologie végétale. Le titre de son manuel de botanique, publié en 1870,
sřintitule dřailleurs Éléments de botanique et de physiologie végétale, …121. Cřest ce qui
expliquerait que le botaniste A. Gray attendait autant de lui après la publication de ce
manuel. Malgré les encouragements dřA. Gray, L.-O. Brunet nřa pas effectué de recherche
proprement dites en physiologie végétale. Il sřest préoccupé principalement de géographie
118
Lettre de L.-O. Brunet à J.W. Dawson, 1er février 1869, McGill University Archives Private Fonds,
Dawson Family Papers, MG 1022, c. 3.
119
Lettre de J.W. Dawson à L.-O. Brunet, 6 février 1869, McGill University Archives Private Fonds, Dawson
Family Papers, MG 1022, c. 3.
120
A.G. Morton, « Laying the Foundations of Modern Botany (1851 to 1912) », dans Morton, History of
Botanical Science an account of the development of botany from ancient times to the present day, London,
Academic Press Inc. (London) Ltd., 1981, p. 419.
121
L.-O. Brunet, Éléments de botanique et de physiologie végétale, suivis d’une petite flore simple et facile
pour aider à découvrir les noms des plantes les plus communes du Canada, Québec, P.-G. Delisle, 1870, 155
p.
135
floristique, tout comme son contemporain, L. Provancher. Ce dernier ne sřest également
pas embarqué dans la mouvance physiologique, comme ce fut le cas en Europe et aux
États-Unis. Il se spécialisa plutôt dans les recherches agricoles sur les plantes et insectes
nuisibles, qui constituait une autre tendance du développement de la botanique dans les
années 1850 à 1910122.
3.2.3 La bryologie
La bryologie est cette partie de la botanique qui étudie les plantes cryptogames nonvasculaires comme les mousses, les sphaignes, les hépatiques et les anthocérotes. Cette
spécialisation se développe principalement au Québec entre la fin du XIXe siècle et la
première moitié du XXe siècle. Les premières mentions de récoltes de bryophytes du
Québec dans la littérature scientifique remontent toutefois aux années 1860. En 1861,
William S.M. DřUrban publie une flore locale des mousses et des hépatiques : celle des
comtés dřArgenteuil et dřOttawa123. En 1865, après avoir demandé lřaide de lřabbé L.-O.
Brunet, David Allan Poe Watt, lřéditeur du journal de la Natural History Society of
Montreal, The Canadian Naturalist and Geologist, y publie une liste de cryptogames
canadiens124. La partie consacrée aux bryophytes regroupe des récoltes de George Barnston
(Montréal), Thomas Drummond, Elkanah Billings (Montréal) et John Macoun (Ottawa). À
la fin du siècle, le conservateur du musée de lřInstruction publique, Dominique-Napoléon
Saint-Cyr, prépare un catalogue des plantes contenues dans lřherbier de lřinstitution. Cette
liste comprend une douzaine de pages de mousses125. Lors de ses voyages dřexploration en
Côte-Nord (1882, 1885), dans Charlevoix (1888) et Montmagny (1889), il récolta
également des bryophytes qui furent intégrés à lřherbier du musée.
122
Morton, op. cit., p. 419.
William Stewart M. DřUrban (1837-1934), « Catalogue of plants collected in the counties of Argenteuil
and Ottawa », The Canadian Naturalist and Geologist, vol. 6 (1861), p. 135-137.
124
« My friend Mr Hunt was good enough to convey a request that you would do us the favor to give a list or
catalogue of those plants which you had observed in Canada to which you were pleased to consult [illisible].
Might I now request that you be good enough to furnish it at as early a date as may be convenient, more
especially the Cryptogama portion as I intend [illisible] beginning our « Naturalist » catalogue with that
Series. » (Lettre de D.A.P. Watt à L.-O. Brunet, 25 janvier 1865, Musée de la Civilisation, Fonds Séminaire
de Québec, Séminaire 114/35). David A.P. Watt, « A Provisional Catalogue of Canadian Cryptogams », The
Canadian Naturalist and Geologist, New Series, vol. II (October 1865), p. 349-365.
125
Dominique-Napoléon Saint-Cyr, « Catalogue of plants in the museum of the Department of Public
Instruction, gathered by D.N. Saint-Cyr, up to 1885, or acquired by exchange or purchase », Province of
Quebec Sessional Papers (No. 37), session 1886, vol. 19, no III, p. 130-142.
123
136
Les véritables débuts de la bryologie au Québec datent des premières décennies du
XXe siècle, alors que des botanistes produisent des inventaires systématiques de la flore
bryologique dřune région. Cřest la région de Montréal qui est dřabord la plus explorée. En
1902, le révérend Robert Campbell produit une courte liste des mousses et des sphaignes de
Saint-Michel, Westmount et du mont Royal récoltées entre 1900 et 1902. Il sřagit de la
première tentative de classification des mousses de cette région126. Il fallut attendre les
années 1930 pour voir une nouvelle publication sur les mousses de la région montréalaise.
Le frère Marie-Victorin sřintéresse un temps aux bryophytes Ŕ il publia deux articles
sur le sujet en 1911 et 1916 dont le dernier dans The Bryologist127 Ŕ, mais ses recherches
sur la flore des plantes vasculaires, dont la publication de la Flore laurentienne, en 1935,
représente le résultat le plus évident, lřoccupent à temps complet jusquřà sa mort. Pour
lřétude des bryophytes, il encourage les recherches de lřabbé François-Hippolyte Dupret,
bryologue québécois reconnu dans les milieux bryologiques nord-américains de son temps.
Résultat de vingt-cinq années dřherborisation dans la région de Montréal, à Oka, à Rigaud
et au mont Saint-Hilaire, le manuscrit quřil prépare et qui rassemble toutes ses récoltes et
découvertes fut publié de manière posthume par un de ses élèves, lřabbé Aldéric Beaulac,
en 1934, en y ajoutant lui-même ses nouvelles mentions dřespèces128.
3.2.4 L’entomologie
Lřentomologie nřéchappe pas à la tendance vers la spécialisation. Dans la seconde
moitié du XIXe siècle, les entomologistes constatent lřimmense travail de classification et
de description des espèces dřinsectes dont le nombre augmentait constamment au fil de
leurs récoltes. « Au fur et à mesure des découvertes, le nombre des espèces se multipliant,
il était flagrant que lřétude de lřensemble de la classe [des Insectes] devenait de plus en
126
Rev. Robert Campbell, « The Flora of Montreal Island », The Canadian Record of Science, vol. VIII
(1900-1902), p. 349-365.
127
Frère Marie-Victorin, « Une hépatique nouvelle en Amérique », Le Naturaliste canadien, vol. XXXVIII,
no 6 (décembre 1911), p. 81 ; Marie-Victorin, « Mosses, Hepatics, and Lichens of the Quartzite Hills of the
Kamouraska Formation, Quebec, Canada », The Bryologist, vol. XIX, no 4 (July 1916), p. 60-64.
128
François-Hippolyte Dupret, Études des Mousses de la Région de Montréal, Montréal, Contribution au
Laboratoire de botanique de lřUniversité de Montréal, no 25, 1934, 70 p.
137
plus malaisée aux descripteurs. Bien des auteurs commencèrent des ouvrages avec un titre
optimiste qui finalement se cantonna à un seul ordre et parfois même à une partie de celuici129 ». Cřest ainsi que chaque entomologiste doit décider sřil devient généraliste, se
consacrant à lřétude de tous les ordres dřinsectes, ou sřil se spécialise. La plupart
choisissent de se spécialiser.
Au Québec, les entomologistes actifs au cours de cette période se sont tous
spécialisés dans un ordre dřinsectes. Cřest le cas de lřabbé F.-X. Burque qui étudie les
Hémiptères, de George Bowles, du révérend T. Fyles et de H.H. Lyman, qui choisissent de
se consacrer aux Lépidoptères, de Germain Beaulieu et de Gustave Chagnon qui
investissent les Coléoptères, à leurs débuts.
Le cas de lřabbé L. Provancher est un peu particulier puisquřon peut à la fois le
classer comme entomologiste généraliste Ŕ sa Petite faune entomologique du Canada en
témoigne Ŕ et comme entomologiste spécialiste. Cřest dřailleurs par le biais de ses travaux
sur les insectes de lřordre des Hyménoptères quřon le remarque dans les milieux
scientifiques américains. Dans les années 1870, il publie ses premières listes
dřHyménoptères, de la famille des Ichneumonidæ, dans sa revue. Ses principales
découvertes dřespèces nouvelles se trouvent dans cet ordre (voir tableau 3.2)130.
129
dřAguilar, op. cit., p. 84.
Mélanie Desmeules, La contribution entomologique et taxinomique de l’abbé Léon Provancher,
Chicoutimi, Entomofaune du Québec inc., 2010, p. 45.
130
138
Tableau 3.2 Les principales familles d’Hyménoptères traitées par Provancher
Familles
Ichneumonidæ
Braconidæ
Tenthredinidæ
Megachilidæ
Anthophoridæ
Nombre d’espèces
décrites
539
128
45
20
19
Source : extrait du tableau 3 dans Mélanie Desmeules, La contribution entomologique et
taxinomique de l’abbé Léon Provancher, Chicoutimi, Entomofaune du Québec inc., 2010,
p. 45 (« Les Cahiers Léon-Provancher numéro 1 »).
L. Provancher continue son étude des Hyménoptères tout au long de sa vie en passant
en revue le plus grand nombre dřespèces possibles. Ses connaissances étendues le
consacrent spécialiste de cet ordre. Les entomologistes américains et canadiens-anglais
recourent à ses services pour identifier leurs spécimens. Par exemple, lřentomologiste
américain William H. Ashmead lui emprunte souvent des spécimens pour ses recherches
sur quelques familles dřHyménoptères.
La spécialisation dans une discipline scientifique représente une étape importante du
développement du milieu scientifique. À la fin du XIXe siècle, les naturalistes occupent la
plus grande partie de leur temps à des études très pointues que seuls les spécialistes du
domaine peuvent évaluer et utiliser dans leurs propres recherches. Le phénomène ira en
sřaccentuant au cours du siècle suivant, si bien quřil est devenu à toute fin pratique
impossible pour ceux qui nřont pas suivi de formation universitaire de sřinsérer dans une
ou lřautre des spécialités. Aujourdřhui, les seules recherches accessibles aux naturalistes
autodidactes consistent en des inventaires taxinomiques et, parfois, des ajouts dřespèces
aux inventaires déjà existants. Les coûts exorbitants de la recherche scientifique les
empêchent de varier les recherches quřils peuvent entreprendre sur une base individuelle.
*
139
Le XIXe siècle est sans contredit le siècle des grands changements dans la recherche
scientifique. Les pratiques scientifiques se définissent et sřimplantent, tandis que les
disciplines scientifiques se spécialisent au point de rendre pratiquement impossible la
recherche dans plus dřune discipline.
Lřapparition et le développement de pratiques scientifiques de plus en plus élaborées
font partie dřune dynamique de diversification des modalités dřintégration dans le milieu
scientifique. Plus quřune modification de la manière de faire la science, lřadoption de ces
pratiques par les acteurs témoigne de lřimposition de droits dřentrée dans le milieu
scientifique. Les références de plus en plus fréquentes des naturalistes au sujet des
pratiques à adopter dans leur production scientifique au cours de la seconde moitié du XIXe
siècle et le début du XXe siècle témoignent des changements dans le milieu scientifique de
la province. Les acteurs qui se réclament désormais de la science sont tenus dřadopter des
pratiques scientifiques conformes à celles des autres naturalistes sřils veulent sřinsérer dans
le milieu scientifique et faire reconnaître leur compétence.
Un autre critère montrant lřintégration au milieu scientifique concerne lřappartenance
à un ou à des réseaux scientifiques. Dans le prochain chapitre, nous examinons la mise en
place des réseaux formels et informels dans la dynamique du milieu scientifique.
140
Quoi quřil en fût, et quel que fût le rythme,
le sort nous récompensait, parce quřà vouloir
trouver des connexions on en trouve toujours,
partout et entre tout, le monde éclate en un réseau,
en un tourbillon dřaffinités et tout renvoie à tout,
tout explique tout.
- Umberto Eco, Le pendule de Foucault
141
CHAPITRE 4
LES RÉSEAUX SCIENTIFIQUES AU QUÉBEC, DE 1850 À 1920
La question de la construction et de la constitution des réseaux des naturalistes pour
la seconde moitié du XIXe siècle a été peu explorée par les historiens québécois jusquřà
maintenant. Mis à part les réseaux de correspondants des trois naturalistes les plus souvent
cités pour cette période Ŕ les abbés Louis-Ovide Brunet, Léon Provancher et Joseph-ClovisKemner Laflamme1 Ŕ, bien peu dřhistoriens se sont penchés sur les réseaux créés entre les
naturalistes dřici et leurs réseaux à lřétranger. Cette question est dřune importance capitale
dřabord pour mettre en contexte la production des naturalistes du Québec avec celle
acceptée ailleurs dans le milieu, ensuite prendre conscience de leur niveau dřintégration des
dans les instances étatiques provinciales, enfin comprendre les liens que les naturalistes
entretiennent entre eux au Québec et à lřétranger.
Afin de mener à bien cette analyse, nous explorons deux niveaux de réseautage établi
par les naturalistes québécois. Au niveau des réseaux formels, cřest-à-dire les liens entre
lřÉtat et la science, on aborde plus particulièrement lřaide demandée à lřÉtat par les
naturalistes et les débuts de la demande dřaide spécialisée aux naturalistes par les instances
étatiques. Au niveau des réseaux informels, cřest-à-dire ceux établis par les naturalistes, on
sřattarde premièrement sur les rapports quřils ont entretenu et la possible constitution dřune
communauté, deuxièmement sur les échanges entre les naturalistes du Québec avec le reste
du Canada, les États-Unis et lřEurope Ŕ principaux centres de production scientifique de
lřépoque Ŕ et, troisièmement, sur les actions que les naturalistes québécois ont menées pour
compenser leur éloignement géographique des principaux centres production de la science
occidentale (correspondance, échanges et intégration à des sociétés savantes). Dans un
1
Du côté de lřhistoire des sciences au Québec, on retrouve lřarticle fondateur de Duchesne, op. cit. (« Science
et société coloniale »), p. 99-139. Une étude bien documentée des réseaux dans le champ de lřhistoire au
Québec, et plus spécifiquement ceux de lřhistorien Benjamin Sulte, donne un exemple dřanalyse possible par
le biais du concept de réseaux : Patrice Groulx, « Sulte, la Société royale du Canada et les réseaux savants au
cœur de la commémoration », dans Groulx, La marche des morts illustres. Benjamin Sulte, l’histoire et la
commémoration, Gatineau, Éditions Vents dřOuest, 2008, p. 108-169. On peut également citer le chapitre 3
de notre mémoire de maîtrise publié en 2010, « Le réseau scientifique de lřabbé Léon Provancher », op. cit.,
p. 27-35. Dans Inventing Canada, Zeller aborde les réseaux de certains scientifiques du Québec.
142
dernier temps, il sera possible de comprendre le statut encore incertain de lřinstitution
universitaire dans la dynamique du milieu, en regard de la provenance institutionnelle des
naturalistes de la période à lřétude.
4.1 Les réseaux formels : État et sciences au Québec
« Les bons géologues sont comme les bons gendres :
ils aiment passionnément leur belle-mère, la Nature.
Permettront-ils quřelle soit défigurée par les philistins
du commerce et de lřindustrie ? »
- Ernest Myrand, Département du Secrétaire de la Province 2
Dans les archives des naturalistes, il existe de nombreux exemples des liens quřils ont
établis avec lřÉtat. Nous nous penchons principalement sur ceux construits au niveau
provincial. Ces liens, plus ou moins forts, prennent plusieurs formes : demande dřaide
financière ou appui moral pour la réalisation de projets scientifiques et/ou techniques Ŕ
expéditions pour lřexploration du territoire, lřinventaire des ressources dřune région ou
lřobservation de phénomènes naturels, publications, participation ou préparation de
congrès, etc. Ŕ, demande de services aux spécialistes en fonction de leur expertise dans une
discipline (expéditions, analyses de spécimens ou dřéchantillons, rédaction de rapports pour
différents ministères, postes de responsabilité au sein du gouvernement). Ces liens nous
informent des relations parfois ambiguës, presque toujours éphémères, que les naturalistes
entretenaient avec lřÉtat québécois, le plus souvent dans le but dřaméliorer leurs conditions
de production et de diffusion de leurs recherches et surtout de leurs découvertes.
4.1.1 Les naturalistes font appel à l’État
Les naturalistes font fréquemment appel à lřÉtat dans certaines circonstances, soit
pour demander des fonds ou faire prendre en charge un projet, ou encore pour susciter un
intérêt ou recevoir une caution morale.
2
Lettre de Ernest Myrand à lřabbé Laflamme, 3 avril 1906, Musée de la Civilisation, Fonds Séminaire de
Québec, Université 62/85.
143
4.1.1.1 Recevoir des fonds
Le plus souvent, les naturalistes sřadressent à différentes instances étatiques,
provinciale ou fédérale, pour recevoir des fonds. Parmi les multiples exemples de
financement trouvés dans les archives, nous en retenons quatre : le sort de la revue Le
Naturaliste canadien, la tenue du congrès des Américanistes à Québec, en 1906, les
difficultés de financement rencontrées par le capitaine J.-E. Bernier dans la préparation de
ses expéditions dans lřArctique canadien et la préparation de la Flore du Québec3 de MarieVictorin. Ces cas constituent des exemples des types de demandes envoyées au
gouvernement : pour financer la publication dřun ouvrage, la tenue dřun congrès et
lřexploration du territoire.
À la fin du XIXe siècle, la revue Le Naturaliste canadien reçoit épisodiquement des
subventions du provincial pour améliorer sa qualité et même assurer sa publication. Il ne
nous apparaît pas utile de retracer ici toutes les péripéties entourant la publication de cette
revue du temps de L. Provancher4, mais un retour sur les débuts de la collaboration entre
lřÉtat provincial et lřabbé L. Provancher, puis avec lřabbé V.-A. Huard, deuxième
rédacteur-propriétaire du Naturaliste canadien, semble suffisant pour montrer un premier
exemple de relations entre les naturalistes et lřÉtat québécois.
Dès janvier 1869, cřest-à-dire un mois après le commencement de la parution de sa
revue, L. Provancher écrit à Praxède Larue, alors député conservateur de la circonscription
de Portneuf (dans laquelle résidait L. Provancher) et ardent défenseur dřune agriculture
progressive et raisonnée5, afin dřobtenir un financement adéquat et récurrent qui assurerait
la régularité des parutions et la qualité du contenu de la publication. À la fin du mois, Larue
répond à L. Provancher quřil sřest occupé du dossier du Naturaliste canadien et quřil
surveillera la suite des choses :
3
À lřorigine, Marie-Victorin dénommait son projet « Flore illustrée de la province de Québec ». Il aboutira,
en 1935, avec la publication de sa Flore laurentienne.
4
L. Provancher décrivit lřhistoire mouvementée des liens entre lřÉtat et sa revue dans « Après plus de vingt
ans », Le Naturaliste canadien, vol. XIX, no 12 (juin 1890), p. 234-237 et dans « Adieux à Mercier », Le
Naturaliste canadien, vol. XX, nos 11-12 (mai-juin 1891), p. 178-179.
5
Ibid.
144
Jřai présenté votre requête hier, jeudi, bien que ce soit contre lřusage dans la
présentation des pétitions, jřai cru devoir, après avoir pris conseil, attirer lřattention de la
Chambre & du Gouvernement sur le fait que le Naturaliste canadien est une spécialité, une
publication unique dans son genre & quřà ce titre il mérite la protection & lřencouragement de
6
la Législature & de toute la classe instruite, cela principalement à son début .
En mars de la même année, L. Provancher reçoit une seconde réponse de Larue : « Je
mřempresse de vous apprendre que le Gouvernement a décidé dřaccorder une subvention
de $200 au Naturaliste canadien seul Ŕ sans partage avec lřInstitut Canadien Ŕ cřest sa
condition, pour ne pas établir de précédent7 ». Grâce à une telle subvention, octroyée par le
gouvernement P.-J.-O. Chauveau, L. Provancher fait passer sa revue de 24 à 32 pages.
Il est ici évident que L. Provancher sřadresse dřabord à un compatriote qui connaît
son travail et peut en évaluer lřutilité. Le fait que P. Larue soit conservateur Ŕ et que L.
Provancher le fut également Ŕ nřest certainement pas étranger à lřoctroi de la subvention.
De même, lors du changement du gouvernement, en 1879, les libéraux prennent le pouvoir.
Si lřon considère que H.-G. Joly de Lotbinière était un défenseur de la cause scientifique, il
aurait été logique de voir la subvention reconduite. Toutefois, les jeux de chaise musicale
politique, cřest-à-dire la prise du pouvoir par les libéraux, expliquent probablement la
suspension de la subvention malgré lřintérêt de H.-G. Joly de Lotbinière pour les sciences.
Au fil des ans, la revue perd des abonnés dřici, donc des revenus, ce qui met L.
Provancher dans une situation financière difficile. À ses débuts, il avait envoyé des copies
de sa nouvelle revue à un nombre important de personnes et dřinstitutions dans lřespoir
quřelles sřabonnent au Naturaliste canadien. Dans les années suivantes, plusieurs de ces
personnes et institutions ne renouvellent pas leur abonnement. En 1872, il retranche les
tableaux météorologiques, pour économiser sur les frais de production. La même année, il
exprime sa déception face « à nos gouvernants qui ne mettent pas à notre disposition tout le
concours que nous nous croyons en droit dřexiger8 ». Il décrit une situation quřil qualifie de
généralisée, tout en expliquant lřutilité et la nécessité de sa revue :
6
Lettre de P. Larue à L. Provancher, 29 janvier 1869, A.S.C. 12, Fonds Provancher, C-5.
Lettre de P. Larue à L. Provancher, 5 mars 1869, A.S.C. 36, Fonds Provancher, C-5.
8
L. Provancher, « Notre position », Le Naturaliste canadien, vol. IV, no 2 (février 1872), p. 35-36.
7
145
Cřest malheureusement un fait aujourdřhui que les intrigues et les roueries politiques
sont tellement de mise, quřon ne croit plus pouvoir sřen passer pour obtenir la coopération du
gouvernement dans une œuvre quelconque, quelque avantageuse quřelle puisse être au bien
général. Quelque utile que soit une entreprise, si celui qui la poursuit nřa que son patriotisme,
son amour du bien commun à faire valoir auprès du gouvernement pour obtenir sa coopération,
il court de grands risques de ne pas réussir.
Mais quelque générale que soit cette pratique, quelque fort que soit le courant des idées
en ce sens, nous ne nous sentons aucune disposition à en suivre le cours9.
Après avoir conspué le favoritisme, la corruption et tutti quanti, Provancher en vient
au cœur du sujet quřil veut exprimer : demander une aide supplémentaire pour sa revue.
Loin de nous croire lřobligé du gouvernement pour les $200 quřil nous alloue
annuellement, nous prétendons que le gouvernement est encore bel et bien notre débiteur ; par
ce que notre œuvre est une œuvre nationale, (…), et que comme entreprise commerciale, elle
ne peut rémunérer convenablement nos labeurs. (…) mais nous nous croyons en droit de
pouvoir dire au gouvernement : nous faisons votre partie, supportez-en au moins les frais ; cřest
assez que nous sacrifiions nos labeurs, sans exiger que nous y ajoutions aussi notre argent. Il
est vrai que nous ne pouvons en aucune façon favoriser lřélection de Mr. C. ou de Mr. A., mais
cřest là pour nous une considération de nulle valeur; (…)10.
Il continue en décrivant les conditions nécessaires à la poursuite de son œuvre de
naturaliste : « Nous sommes convaincu que nulle personne chargée de pourvoir elle-même
à sa propre subsistance nřaurait pu soutenir pendant quatre années lřœuvre que nous
poursuivons, mais le dévouement au bien public a des bornes; aussi sommes-nous décidé
de discontinuer notre publication à la fin de la présente année, si le gouvernement ne nous
vient pas plus efficacement en aide11 ». Son intervention a porté fruits : en 1873, le
gouvernement P.-J.-O. Chauveau double sa subvention qui passe à 400 $. L. Provancher ne
demandait pas la lune; le Journal de l’Instruction Publique recevait alors 2400 $ pour sa
publication12. Sa subvention de 400 $ nřest pas renouvelée après 1879, année de lřélection
du gouvernement minoritaire de H.-G. Joly de Lotbinière et début dřune période dřaustérité
financière.
Le même type de difficulté surgit lors de la reprise de la publication du Naturaliste
canadien par lřabbé V.-A. Huard. En 1891, V.-A. Huard, auquel L. Provancher avait
9
Ibid., p. 35.
Ibid.
11
Ibid., p. 36-37.
12
L. Provancher, « À nos lecteurs», Le Naturaliste canadien, vol. IV, no 1 (janvier 1872), p. 6.
10
146
exprimé le désir de le voir continuer la revue, décide de reprendre sa publication
interrompue quelques années plus tôt. Il adresse alors une lettre au Secrétaire-Provincial,
lui demandant une subvention, coupée, lřannée précédente, à L. Provancher :
Il est sérieusement question que jřentreprenne de continuer le Naturaliste Canadien à
Chicoutimi. Jřavais même écrit un mémoire, adressé au Secrétaire-Provincial, pour demander
une subvention. Lundi jřai vu Mgr Bégin à ce sujet, et il a si bien refroidi mon enthousiasme
que jřai gardé ma supplique en portefeuille. Je crois pourtant que je ferai lřenvoi de ma requête,
remettant à plus tard de prendre une décision finale, dřautant que notř papa Mercier ne se tuera
pas à se hâter de me voter de lřargent13.
Juste
avant
de
mourir,
L.
Provancher
lřencourage
à
sřadresser
au
gouvernement conservateur : « M. de Boucherville, qui va se maintenir au pouvoir, je
pense, est tout à fait bien disposé pour le Naturaliste; vous pourrez en obtenir des
conditions avantageuses14 ». Quelques jours plus tard, il lui écrit : « Je nřai pas encore fait
mes propositions à M. De Boucherville, jřespère cependant en obtenir des conditions
avantageuses, de manière à intéresser des collaborateurs15 ». Sa mort, survenue le 23 mars,
lřempêcha dřassurer une transition rapide à sa revue. Plus tard dans lřannée, il semblerait
bien que V.-A. Huard recevrait sa subvention, comme il lřécrit à un ami : « Ma lettre de
crédit ? eh bien, le secrétaire-provincial mřa écrit que le montant dont il sřagit a été voté à
la dernière session. Il mřa dit aussi quřil allait soumettre la question du Naturaliste au
prochain conseil de ministres. Je vous assure que cette nouvelle mřa bien surpris 16 ».
Toutefois, V.-A. Huard ne recevra pas de subvention pour relancer le Naturaliste; en 1892,
divers changements ont lieu au sein des conservateurs et C. Boucher de Boucherville nřest
plus sur le devant de la scène. La situation nřest pas la même en 1921 : « En 1894 et après
30 mois dřabsence, le Naturaliste est ressuscité par lřabbé V.-A. Huard avec quelques amis
et sans aide financière; les gouvernements Gouin et Taschereau lui donneront plus tard une
13
Lettre de V.-A. Huard à François-Xavier Gosselin, 30 juillet 1891, Fonds François-Xavier Gosselin, ANQChicoutimi, P165.
14
Lettre de L. Provancher à V.-A. Huard, 5 mars 1892, A.S.C., Fonds V.-A. Huard, C-11-42-47. À ce sujet,
voir également Mélanie Desmeules, « Les années chicoutimiennes du Naturaliste canadien », Saguenayensia,
vol. 43, no 3 (juillet-septembre 2002), p. 19.
15
Lettre de L. Provancher à V.-A. Huard, 11 mars 1892, A.S.C., Fonds V.-A. Huard, C-11-42-50.
16
Lettre de V.-A. Huard à F.-X. Gosselin, 5 août 1892, Fonds François-Xavier Gosselin, ANQ-Chicoutimi,
P165.
147
aide convenable17 ». Comme il le dit lui-même : « Il mřa suffi dřune lettre, sans appui de
personne, pour quřil me donne les deux tiers du coût du Naturaliste canadien18 ».
Un autre exemple de demande dřaide à lřÉtat, sur le plan fédéral cette fois-ci, est
celui du financement dřun congrès à Québec. En février 1904, lřabbé J.-C.-K. Laflamme
expose son idée de proposer la tenue du prochain congrès des Américanistes à Québec, en
190619. La Société des Américanistes sřintéresse à des questions ethnologiques et
anthropologiques. J.-C.-K. Laflamme, qui est impliqué dans la Société du parler français
du Canada, un organisme fondé en février 1902 à lřUniversité Laval, croit quřun congrès
tournant autour des particularités linguistiques du Québec pourrait intéresser les membres
de cette société.
Une fois les premiers contacts établis avec Franz Boas, par lřentremise de R. Bell, J.C.-K. Laflamme commence à préparer le congrès. Il faut dřabord que le gouvernement
envoie une invitation officielle à la Société des Américanistes. Cette première étape ne
semble pas aussi évidente à traverser. J.-C.-K. Laflamme a aussi connu des problèmes lors
de la préparation du dixième Congrès international de géologie de 1906, qui ne sřest
finalement pas tenu à Ottawa, mais à Mexico20 :
Ces Messieurs demandent une invitation officielle, venant des autorités constituées. (…)
Je crois quřon ignore même leur existence. Alors, il devient très difficile, presque impossible,
de secouer lřinertie de nos gouvernants. À preuve toutes les difficultés que nous avons
éprouvées à faire inviter le Congrès international de géologie. Dřautant plus que cette invitation
se double dřune question dřargent. Notre gouvernement est dans la gêne et, tout probablement,
il ne sera guère porté à se fendre de 2000 piastres en faveur dřune chose quřil ne connaît pas et
dont il sera très difficile de lui faire comprendre la portée 21.
17
Jean-Marie Perron, « La course à relais du Naturaliste canadien », Le Naturaliste canadien, vol. 125, no 2
(été 2001), p. 7.
18
Lettre de V.-A. Huard à Marie-Victorin, 7 avril 1921, Fonds Institut botanique (Frère Marie-Victorin),
E118/A1,725 V.-A. Huard, Division des archives de lřUniversité de Montréal.
19
Lettre de J.-C.-K. Laflamme à R. Bell, 29 février 1904, Archives Canada, Fonds Robert-Bell, MG29-B15,
vol. 23, dossier 61.
20
« (…) ce nřest quřen 1913 quřun congrès de Géologie fut tenu au Canada ». Bureau, loc. cit. («
Monseigneur J.-C.-K. Laflamme, géologue »), p. 215.
21
Lettre de J.-C.-K. Laflamme à R. Bell, 20 mars 1904, Archives Canada, Fonds Robert-Bell, MG29-B15,
vol. 23, dossier 61.
148
La tâche ne sřavère pas facile. Dans un premier temps, le premier ministre Wilfrid
Laurier refuse dřinviter les Américanistes à tenir leur congrès au Canada, comme lřécrit J.C.-K. Laflamme à R. Bell.
Je viens de recevoir de mauvaises nouvelles dřOttawa, de Sir Wilfrid. Le Dr Boas
mřécrivait dernièrement pour me dire que lřinvitation de Québec devait arriver dans le cours de
juin aux organisateurs de Stüttgard, pour les mettre à même de prendre une décision à lřavance.
Sur ce jřenvoyai un mot à lřHon. Solliciteur général [Rodolphe Lemieux] que je connais, grand
ami de Sir Wilfrid, le priant de mřobtenir une réponse. Hier, il mřécrivait pour me dire que Sir
Wilfrid avait répondu négativement. Tous nos plans sont à lřeau. Je nřattends rien du Gouv.
local, sauf de bonnes paroles qui ne coûtent pas cher et ne valent pas grandřchose.
(…) Pour une bagatelle, le Gouv. renonce à faire en faveur de notre pays une réclame
mille fois plus efficace que celle que font de côté et dřautres des agents grassement payés et
dont le zèle nřest pas toujours la vertu dominante22.
Le deuxième défi à relever est celui du financement du congrès. J.-C.-K. Laflamme
sřadresse dřabord aux ministres provinciaux, mais nřespère rien dřeux : « Je me suis
adressé à nos ministres locaux, mais je ne vois pas trop ce que nous pouvons en espérer.
Quelques-uns même ne mřont pas répondu. Le Conseil de Ville nous donnera probablement
quelque chose, mais ce sera assez peu23 ». Devant cette indifférence, il envisage plutôt de
demander lřaide de lřÉtat fédéral : « Comme vous me le dites, cřest dřOttawa que nous
devrons attendre le gros morceau. Si vous rencontrez lřHon. [Charles] Fitzpatrick, ne
manquez pas de lui parler de lřaffaire24 ».
La question du financement du congrès tarde à se régler. Au début de 1905, J.-C.-K.
Laflamme revient à la charge; il demande à R. Bell, alors directeur de la Commission
géologique du Canada, de recontacter le ministre Charles Fitzpatrick ou encore le premier
ministre Laurier pour relancer le projet.
Lřannée dernière, (…), jřen avais écrit à lřHon. Chs Fitzpatrick. Celui-ci en avait parlé à
Sir Wilfrid qui avait promis son appui. Et, au dernier moment, tout sřest écroulé. Pourquoi ? Je
nřen sais rien. On mřa laissé entendre que cela était dû aux élections générales de lřété dernier.
Cřest bien possible.
22
Lettre de J.-C.-K. Laflamme à R. Bell, 30 mai 1904, Archives Canada, Fonds Robert-Bell, MG29-B15, vol.
23, dossier 61.
23
Lettre de J.-C.-K. Laflamme à R. Bell, 1er avril 1904, Archives Canada, Fonds Robert-Bell, MG29-B15,
vol. 23, dossier 61.
24
Ibid.
149
Pourquoi, aujourdřhui, ne reviendriez-vous pas à la charge auprès de M. Fitz. ou de Sir
Wilfrid ? Écrivez un court mémoire et communiquez-le à ces Messieurs. Donnez mřen avis, et,
de mon côté, jřappuierai votre démarche.
(…)
La grosse affaire est lřallocation. Lřannée dernière, je demandais 4000 piastres. Ce nřest
pas trop, et le Gouvernement donnera aussi bien 4000 que 3000. Cřest une obole pour lui qui
joue avec des millions25.
Cette demande fut entendue. J.-C.-K. Laflamme sřempresse dřen faire part à R. Bell,
son contact à Ottawa : « Je viens de recevoir une lettre de Sir Wilfrid mřinformant que le
Gouvernement mřaccorde 4000 dollars pour la réception des Américanistes en 1906. Tant
mieux, nřest-ce pas ? Nous pouvons maintenant travailler à notre aise26 ». J.-C.-K.
Laflamme ne croyait pas si bien dire. Jusquřen 1906, il restait à préparer le congrès, cřestà-dire à mettre en place un comité dřaccueil et surtout un comité scientifique qui se
chargerait du contenu du congrès.
Les difficultés de financement rencontrées par le capitaine Joseph-Elzéar Bernier
pour la préparation de ses expéditions dans lřArctique canadien constitue un autre cas de
figure de demande dřaide à lřÉtat fédéral. Au début du XXe siècle, une fièvre sřempare de
quelques explorateurs européens, comme Frederick Cook et Robert Peary, à savoir qui, le
premier, atteindrait le pôle Nord. Le capitaine J.-E. Bernier souhaite impliquer le Canada
dans cette course ce qui assurerait la souveraineté canadienne sur le territoire. Pour financer
la construction dřun navire et lřexpédition qui durerait plus dřun an, J.-E. Bernier demande
lřaide de lřÉtat fédéral, en 1901. On lui répond que sřil réussit à amasser un montant de 60
000 $ par le biais de souscriptions du public, le gouvernement fédéral fournira le même
montant27. Comme le fera le frère Marie-Victorin quelques années plus tard, J.-E. Bernier
sřadresse à lřabbé V.-A. Huard pour quřil appuie son projet auprès de certains membres du
25
Lettre de J.-C.-K. Laflamme à R. Bell, 20 janvier 1905, Archives Canada, Fonds Robert-Bell, MG29-B15,
vol. 23, dossier 61.
26
Lettre de J.-C.-K. Laflamme à R. Bell, 30 janvier 1905, Archives Canada, Fonds Robert-Bell, MG29-B15,
vol. 23, dossier 61.
27
« Comme vous avez sans doute appris par les journaux, le Gouvernement Fédéral a décidé de donner un
montant de $60000.00 en faveur de lřexpédition à condition que nous ayons un montant égal souscrit par le
public. (…) Je puis vous dire que nous avons déjà en main un bon montant qui a été souscrit spontanément.
(…) Je mřadresse à vous en vue de lřinfluence de votre position, dont je ne doute lřefficacité. » Lettre de J.-E.
Bernier à V.-A. Huard, 23 mai 1901, A.S.C., Fonds V.-A. Huard, C-11-103-3.
150
gouvernement. V.-A. Huard est alors un des seuls Canadiens français à sřimpliquer dans le
développement des sciences et, en tant que rédacteur du Naturaliste canadien, il est connu
des milieux politiques autant fédéral que provincial. Le projet semble en bonne marche,
comme lřécrit J.-E. Bernier à V.-A. Huard : « Jřai à vous apprendre que Mr Le Chevalier J.X. Perreault de Montréal, Représentant du Canada à lřexposition de Paris, a été nommé par
moi, approuvé par Sir Wilfrid Laurier commissaire général de mon expédition au Pôle
Nord, et que nous marchons de lřavant. Jřattends la permission de Hon. J.-I. Tarte pour
commencer la construction du navire à Sorel dans les chantiers du gouvernement28 ».
Joseph-Israël Tarte, ministre des Travaux publics, approuve le projet et croit « que si
il y a un homme capable dřaller au Pôle Nord, cřest le capitaine Bernier »29. Il affirme
même vouloir impliquer les hommes dřaffaires de Montréal dans le financement. Il
conseille à V.-A. Huard dřécrire directement au premier ministre W. Laurier pour signifier
son appui30. Toutefois W. Laurier, dont le caractère sřoppose avec celui de J.-E. Bernier,
sans compter que ce dernier est dřallégeance conservatrice, ne veut pas donner ouvertement
son consentement. J.-E. Bernier, même sřil obtient lřappui du gouverneur général et de
plusieurs députés31, ne réussit pas à convaincre W. Laurier du bien-fondé de son
expédition. Le premier ministre porte plutôt un intérêt à la reconnaissance de la
souveraineté canadienne dans lřArctique, alors un enjeu politique et économique dans ses
relations avec les États-Unis. Cřest ce projet, et aucun autre, quřil compte financer. J.-E.
Bernier, sřil veut se rendre dans lřArctique, doit donc changer de projet, mais il ne se laisse
pas abattre. Il tenta à plusieurs reprises de le faire changer dřidée. En juillet 1906, J.-E.
Bernier sřembarque à bord de lřArctic en mission de surveillance, dřannexion des territoires
cédés par le gouvernement britannique au Canada et de délivrance de permis de pêche dans
lřArctique canadien. Deux autres expéditions sřajoutent au fil des ans, en 1908-1909 et en
1910-1911, mais aucune nřa pour but dřatteindre le pôle Nord32.
28
Lettre de J.-E. Bernier à V.-A. Huard, 27 juillet 1901, A.S.C., Fonds V.-A. Huard, C-11-115-1.
Lettre de J.-I. Tarte à V.-A. Huard, 16 octobre 1901, A.S.C., Fonds V.-A. Huard, C-11-115-4.
30
Ibid.
31
Lettre de J.-E. Bernier à V.-A. Huard, 19 novembre 1901, A.S.C., Fonds V.-A. Huard, C-11-115-6.
32
Pour le détail des tractations politiques pour faire accepter son projet dřexploration de lřArctique, voir
Marjolaine Saint-Pierre, Joseph-Elzéar Bernier. Capitaine et coureur des mers 1850-1934, Sillery,
Septentrion, 2005, 366 p.
29
151
Un dernier exemple de relations entre lřÉtat et les naturalistes concerne les
tribulations des demandes de financement pour la préparation de la Flore laurentienne. Dès
1912, alors quřil nřa pas encore trente ans, Marie-Victorin commence officiellement la
préparation dřune Flore du Québec33. Au début de 1914, afin de mobiliser les acteurs-clés
impliqués dans lřétude de la flore du Québec, il sřadresse dřabord aux membres de la
Société de protection des plantes du Québec (S.P.P.Q.), une société savante bilingue
fondée en 190834 par William Lochhead. Il espère ainsi attirer lřattention de botanistes,
dřhorticulteurs et dřentomologistes préoccupés par la question des plantes nuisibles. Il
connaît également « la valeur des rapports annuels publiés par la S.P.P.Q. comme moyens
de diffuser une information utile et pratique sur tous les aspects de la protection des
plantes35 ». Les autres membres qui ne sont pas présents lors des réunions, du fait de leur
éloignement géographique, peuvent donc être mis au courant de ce projet dont lřampleur
nřa pas eu de précédent dans le monde scientifique canadien-français.
À la suite de cette conférence, sentant sans doute que la soupe est chaude, MarieVictorin profite de son contact avec le rédacteur-propriétaire du Naturaliste canadien pour
y faire paraître un article prêchant la production prochaine dřune flore de la province de
Québec36. En 1914, lřabbé V.-A. Huard, qui vient tout juste dřêtre nommé entomologiste
provincial, occupe toujours le poste de conservateur du musée de lřInstruction publique. Il
connaît bien Marie-Victorin; ce dernier collabore régulièrement au Naturaliste canadien
depuis 190937. Grâce à cet article et à leur correspondance, V.-A. Huard se rend compte du
travail de titans dans lequel Marie-Victorin sřest engagé : produire une flore du Québec,
cřest-à-dire un portrait floristique et systématique documenté par des compilations des
33
« Il me fait encore plus plaisir de vous dire que mon travail sur la Flore de la Province de Québec est enfin
commencé sur une base sérieuse, et que je vais le pousser avec vigueur. » Lettre de Marie-Victorin à V.-A.
Huard, 24 septembre 1912, A.S.C., Fonds V.-A. Huard, C-11-196-8.
34
Ralph H. Estey, « Histoire de la Société de protection des plantes du Québec », Phytoprotection, no 64
1983, p. 1-22.
35
Estey, op. cit., p. 7.
36
Marie-Victorin, « Nécessité de la publication prochaine dřune Flore illustrée de la province de Québec », Le
Naturaliste canadien, vol. XL, no 11 (mai 1914), p. 164-167.
37
Son premier article avait pour titre « Contribution à lřétude de la flore de la province de Québec », Le
Naturaliste canadien, vol. 36, 1909, p. 65-71. Jusquřen 1944, Marie-Victorin publie une quarantaine
dřarticles dans Le Naturaliste canadien, le plus souvent des notes floristiques documentant des nouveautés
pour la flore québécoise et des extensions dřaires dřespèces connues.
152
flores anciennes, des récoltes intensives sur le terrain et alimenté par les derniers
développements de la recherche en botanique et en géologie nord-américaine.
Toutefois, conscient que ni la S.P.P.Q. ni V.-A. Huard ne peuvent financer un tel
projet, et comme il ne faisait pas exception par rapport aux autres naturalistes de la seconde
moitié du XIXe siècle et du début du siècle suivant, Marie-Victorin sřattend à ce que lřÉtat,
provincial dans ce cas, lui assure le financement :
Et pour en venir au pratique, jřestime quřil nous faut une ŖNouvelle Flore illustrée de la
province de Québecŗ. Cette Flore sřadresserait aux étudiants, aux amateurs, ainsi quřaux
agriculteurs, et, dans une certaine mesure, aux touristes.
Jřinsiste sur lřillustration, qui seule rend lřouvrage utilisable pour ceux qui ne sont pas
spécialistes.
Il ne faut pas se dissimuler que pareille entreprise présente des difficultés dont la
première est, sans doute, le coût élevé de lřouvrage. Lřillustration seule devrait coûter bien près
de $3000 à $4000. Il semble bien que cřest le gouvernement provincial, par lřun de ses
départements, lřAgriculture ou lřInstruction publique, qui devrait prendre la responsabilité de
lřentreprise et la subventionner au fur et à mesure des besoins 38.
V.-A. Huard, enthousiasmé par lřambition de Marie-Victorin, se lance dans une
campagne de promotion de la Flore auprès de lřÉtat provincial. Il lui décrit ses démarches à
la fin de juillet 1914 :
Ce matin, voulant frapper un grand coup en faveur de cette Flore de la province de
Québec, jřallais chez M. [Georges Auguste] Gigault, sous-ministre de lřAgriculture, je lui dis
que la semaine prochaine je lui enverrais un plaidoyer en faveur de lřentreprise, et lui demandai
en tout cas si lřon pouvait entretenir lřidée que le gouvernement ferait les frais de lřentreprise.
Mais cřest accordé, me dit-il; je lřai écrit à M. Lochhead, en réponse à la résolution de la
Société des Plantes. Jřai demandé combien cela coûterait, et je suis surpris quřon ne réponde
pas.
(…)
Peut-être M. Lochhead ne sait-il où vous prendre. Peut-être penserait-il à détourner vers
MacDonald et vers une Flore anglaise la faveur gouvernementale. Je ne sais.
En tout cas, puisque le vent est bon, il faut en profiter. Je suis dřavis que vous devez
venir à Québec le plus tôt possible, et aller voir M. Gigault pour vous entendre avec lui39.
Marie-Victorin ne se fait pas prier pour valoriser son projet. Le lendemain, il lui
explique sa position :
Je ne suis pas libre de mes mouvements et de mes travaux; je ne puis mřengager et
surtout recevoir une subvention sans être moralement sûr de pouvoir poursuivre ces travaux et
utiliser cette subvention,
38
Marie-Victorin, loc. cit. (« Nécessité de la publication … »), p. 167.
Lettre de V.-A. Huard à Marie-Victorin, 31 juillet 1914, Fonds Institut botanique (Frère Marie-Victorin),
E118/A1,725 V.-A. Huard, Division des archives de lřUniversité de Montréal.
39
153
Il faut donc, et cette condition est sine qua non, que le sous-ministre mřécrive pour me
faire ses propositions. Je transmettrai ensuite cette lettre à mon Supérieur qui mřen a exprimé le
désir, puis, suivant sa réponse je me mettrai à lřœuvre. (…)
Il faut essayer de faire comprendre à ces messieurs [du gouvernement provincial] quřil
sřagit dřune œuvre colossale, qui ne peut se faire en un jour ni un an; une œuvre pour laquelle il
a fallu amasser une énorme quantité de matériaux. Il faut insister sur lřillustration. Si on ne peut
obtenir les crédits suffisants pour une illustration complète, il faudrait au moins obtenir un
nombre convenable dřillustrations, quitte à avoir plus tard une édition plus riche. Le prix que
vous lui avez fait est loin dřêtre exorbitant pour un ouvrage de cette envergure.
Donc, en résumé, si nous voulons arriver à un résultat, tâchez dřobtenir du ministre une
lettre me demandant de vouloir bien entreprendre cette œuvre pour le bénéfice de la Province et
40
offrant de la subventionner. La chose suivra ensuite la filière .
En septembre 1914, V.-A. Huard continue sa campagne de promotion. Il fait encore
part de ses tractations au principal intéressé.
Quant à la Flore, je vous dévoile le secret de mes négociations. Voyant que le
gouvernement était favorable à lřentreprise, jřai voulu brusquer les choses. Jřai écrit au sousministre de lřAgriculture ce quřil en était à savoir quřil fallait vous faire une proposition
définie, que vous puissiez faire connaître à vos supérieurs; je lui ai même envoyé un projet de
lettre tout rédigé. À mon retour de la campagne, je lui ai demandé où la chose en était, et jřai
41
été surpris dřapprendre quřil nřy avait encore rien de fait .
Un problème surgit cependant, mettant en péril le plan élaboré par V.-A. Huard pour
le financement : « M. Lochhead a écrit au gouvernement, pour dire que ce qui presse, cřest
une Flore abrégée pour les écoliers. Jřai répondu que les Anglais ont déjà Britton et lřautre
dont jřoublie le nom; (…) mais que, les Français, nous nřavons plus rien du tout pour
lřétude de nos plantes42; quřenfin nous avons lřhomme, et quřil faut en profiter. La
question est donc maintenant à décider par le gouvernement43 ». V.-A. Huard, qui possède
une certaine influence du fait de sa position de fonctionnaire, mais qui, en qualité dřofficier
40
Lettre de Marie-Victorin à V.-A. Huard, 1er août 1914, Fonds V.-A. Huard, A.S.C., C-11-206-3.
Lettre de V.-A. Huard à Marie-Victorin, 8 septembre 1914, Fonds Institut botanique (Frère Marie-Victorin),
E118/A1,725 V.-A. Huard, Division des archives de lřUniversité de Montréal.
42
En 1910, V.-A. Huard projette de préparer une nouvelle édition de la Flore canadienne, publiée en 1862
par lřabbé L. Provancher. Aucune autre flore substantielle nřa vu le jour au Québec depuis cette époque.
Marie-Victorin, qui correspondait avec V.-A. Huard depuis quelques années, exprime ses réserves concernant
la réalisation dřun tel projet : « Je crois quřune nouvelle édition de Provancher serait un travail fastidieux et
inutile. Ce serait à refaire complètement. Depuis 1862 la nomenclature botanique a été soumise à des règles
plus sévères, et le principe de la priorité de publication, remis en honneur, a débaptisé bien des plantes. De
plus, aujourdřhui une flore canadienne, même est-canadienne, serait un ouvrage monstre, en raison des
nombreuses espèces découvertes depuis Provancher. (…) Mon opinion, qui nřest sans doute quřune opinion,
est que lřouvrage qui sřimpose est une Flore complète et illustrée de la Province de Québec. Je rêve
quelquefois de lřentreprendre… » Lettre de Marie-Victorin à V.-A. Huard, 4 février 1910, C-11-183-4, Fonds
V.-A. Huard, A.S.C.
43
Lettre de V.-A. Huard à Marie-Victorin, 29 septembre 1914, Fonds Institut botanique (Frère MarieVictorin), E118/A1,725 V.-A. Huard, Division des archives de lřUniversité de Montréal.
41
154
civil, ne peut sřassocier à aucune action directe, continue de prodiguer ses conseils auprès
de Marie-Victorin, surtout dans le cas dřune action de la part de la S.P.P.Q.
(…) de grâce, quřon ne demande pas tout à la fois, ce qui empêcherait tout. 1 e Pas besoin
immédiatement dřune Flore en anglais; (…). 2 e Pas besoin de Flore pour les écoles : (…). 3e
Lřurgent, cřest une Flore française, vous le savez comme moi. Donc, quřon ne demande que
cela, au moins pour commencer. (…) P.S. Je crois me rappeler que, lřété dernier, jřai adressé au
ministre un mémoire pour dire que ce quřil nous faut, au plus tôt, cřest uniquement une Flore
française, au moins pour le moment. Si la Société demandait la même chose, nous aurions plus
de chances dřaboutir44.
La S.P.P.Q. réagit favorablement à la demande de Marie-Victorin. Une commission
est nommée en vue dřétudier « les recommandations du Frère Victorin, dans sa
conférence45 lue à cette réunion46 ». Elle se rend à lřargument de Marie-Victorin concernant
une révision de la Flore canadienne… de lřabbé L. Provancher et considère quřun projet de
flore de Québec est fort désirable, mais pas selon les vues de V.-A. Huard et du principal
intéressé, Marie-Victorin.
Nous croyons sincèrement que le moment nřest pas encore venu de faire paraître, pour
la province, une flore complète, et entièrement illustrée. Nous estimons quřun tel ouvrage est
moins nécessaire quřune flore en langue française pouvant être enseignée dans les écoles. Dřun
autre côté, il est évident que nous nřavons point encore un ouvrage si désirable, sur la
botanique générale. En conséquence, nous recommandons la préparation dřune flore générale
de Québec, illustrée le plus possible, et assez peu étendue pour que les élèves de la plupart des
écoles et des collèges puissent se lřassimiler. (…)
Nous exprimons le désir que le Président nomme une commission chargée de la
publication du livre projeté, et de nous faire un rapport à ce sujet, lors de notre prochaine
convention annuelle. En attendant, nous sommes dřavis que la Société sřentende avec le
Gouvernement provincial, relativement aux moyens de faire publier lřouvrage en question 47.
Le projet de commission au sein de la S.P.P.Q. nřa pas abouti. Dans les rapports
annuels subséquents, aucune mention nřen est faite, ni même dřune participation au projet
de Marie-Victorin. LřÉtat ne semble pas non plus pressé de sřengager officiellement dans
le financement de la Flore. Lřabbé V.-A. Huard, peut-être un peu en désespoir de cause,
propose un changement de cap à Marie-Victorin : « Que diriez-vous du plan que voici pour
44
Lettre de V.-A. Huard à Marie-Victorin, 8 mars 1915, Fonds Institut botanique (Frère Marie-Victorin),
E118/A1,725 V.-A. Huard, Division des archives de lřUniversité de Montréal.
45
Le texte de la conférence est paru dans le Sixième Rapport Annuel de la Société de Québec pour la
Protection des Plantes contre les Insectes et les Maladies Fongueuses. 1913-1914, Québec, 1914 dans
Documents de la Session. Session de 1914 No 48 Vol. II, p. 24-26.
46
Dr R. Campbell, Père Léopold et Francis E. Lloyd, « Rapport de la commission chargée dřétudier le projet
de publication de la flore de Québec », p. 9.
47
Ibid.
155
réussir enfin avec ce projet de Flore : Vous vous mettez tout de suite à lřœuvre, et, chaque
année, la Soc. de Prot. des Plantes publie en supplément à son Rapport disons la 6 e partie
de votre ouvrage. En six ans ce serait fait, et aux frais du gouvernement ! Si ce moyen nřest
pas utilisable, je ne vois pas comment réussir autrement48 ». Même sřil commence à être
conscient des obstacles, V.-A. Huard continue de promouvoir le projet. Dans son rapport
dřentomologiste provincial, il exprime le vœu que la S.P.P.Q. sřen charge, tout comme il
presse le sous-ministre de lřAgriculture dřapprouver cette démarche. Ainsi, « si lřon publie
mon vœu tel quel dans le Rapport du min. de lřAgric.49, et je crois quřon le fera, lřaffaire
aura bonne mine50 ». Malgré ses efforts, le vœu de V.-A. Huard ne se réalise pas et la
concrétisation de la Flore ne devient pas une affaire étatique. Compte tenu du fait quřil est
dřallégeance nationaliste-conservatrice et que le ministre de lřAgriculture, Joseph-Édouard
Caron, est du parti adverse, ce refus de collaborer nřest pas surprenant.
La dernière mention sérieuse concernant le financement de la Flore par lřÉtat, dans la
correspondance échangée entre V.-A. Huard et Marie-Victorin, date de 1917. V.-A. Huard
continue dřencourager le frère à solliciter lřaide gouvernementale. En 1921, il lui glisse une
phrase concernant le gouvernement A. Taschereau, sans plus51.
Je ne vois aucune personne ou institution, dans le pays, qui vous mette en état,
financièrement parlant, dřexécuter lřœuvre dont il sřagit, excepté, je lřespère, le gouvernement
de la Province. Cřest là justement le rôle des gouvernements, de faire ce qui est dřutilité
publique et que lřinitiative privée est impuissante à accomplir.
Jřai la plus entière confiance que, sřil est mis au fait de la question, le gouvernement
provincial sera heureux de rendre possibles, par son aide financière, la préparation et la
publication prochaine dřune Flore illustrée de la province de Québec. Il sera heureux, dis-je, de
doter notre Province dřun document scientifique comme celui-là. Il ne voudra pas laisser
échapper lřoccasion unique qui se présente. Car si lřon ne profitait pas, sans retard, de la bonne
volonté et de la parfaite compétence que vous offrez, quand se retrouvera-t-il quelquřun qui
soit disposé et préparé pour lřœuvre à exécuter ?
48
Lettre de V.-A. Huard à Marie-Victorin, 9 novembre 1915, Fonds Institut botanique (Frère Marie-Victorin),
E118/A1,725 V.-A. Huard, Division des archives de lřUniversité de Montréal.
49
Les rapports annuels de la S.P.P.Q. sont alors publiés en annexe des rapports annuels du ministre de
lřAgriculture.
50
Lettre de V.-A. Huard à Marie-Victorin, 9 novembre 1915, Fonds Institut botanique (Frère Marie-Victorin),
E118/A1,725 V.-A. Huard, Division des archives de lřUniversité de Montréal.
51
« Pour la Flore, je crois que M. Taschereau sera homme à comprendre cela et à faire en sorte que lřœuvre se
réalise. Je le crois très ouvert aux choses intellectuelles. Il mřa suffi dřune lettre, sans appui de personne, pour
quřil me donne les deux tiers du coût du Naturaliste canadien. » Lettre de V.-A. Huard à Marie-Victorin, 7
avril 1921, Fonds Institut botanique (Frère Marie-Victorin), E118/A1,725 V.-A. Huard, Division des archives
de lřUniversité de Montréal.
156
Et cřest quřil y a des précédents en la matière. Ainsi, jamais lřabbé Provancher nřaurait
pu publier sa Flore canadienne, en 1862, si le gouvernement de lřépoque ne lui avait accordé
une aide financière importante. Et pourtant ce gouvernement était celui de lřUnion, et il
sřagissait dřun ouvrage uniquement de langue française et intéressant surtout la province du
Bas-Canada. De même, en 1897, le gouvernement de Québec rendit possible, par une aide
considérable, la publication dřune autre œuvre scientifique importante, nos Poissons d’eau
douce, de Montpetit52.
Je nřai aucun doute, mon Révérend et Cher Frère, que M. [Lomer] Gouin, qui est très
ouvert à tout ce qui sřappelle lettres, sciences et beaux-arts, vous fera lřaccueil le plus
favorable, si vous faites appel à son concours pour lřexécution dřun projet si important pour la
53
science, pour lřhonneur et pour lřutilité de la province de Québec .
Marie-Victorin lui répond presque aussitôt pour le remercier de son aide et de ses
encouragements54. Voyant que lřÉtat provincial nřest pas pressé dřagir, il cherche ailleurs
des appuis pour son projet, comme à la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal. Le
botaniste Nathaniel Lord Britton, du New York Botanical Gardens, a même écrit à JosephEd. Caron, alors ministre de lřAgriculture, et a reçu une réponse encourageante, ce qui fait
croire à Marie-Victorin que lřÉtat sřengagerait prochainement dans son projet. Finalement,
le financement de lřimpression de la Flore laurentienne est assuré, dans les années 1930,
par les frères des écoles chrétiennes, communauté dont Marie-Victorin fait partie55.
Au début du XXe siècle, la situation nřest donc pas tellement différente de celle qui
prévalait dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Les naturalistes sont alors
principalement autodidactes, aucun ne possède de fortune personnelle et ils sont
relativement isolés dans leur pratique scientifique56, ne faisant pas partie de groupes de
recherche organisés et subventionnés comme les départements des universités, à
lřexception de McGill. Les naturalistes, ne disposant pas encore dřinstitutions qui leur
assureraient un financement régulier et stable de leurs projets de recherche et de
52
André-Napoléon Montpetit, Les poissons d’eau douce du Canada, Montréal, C.O. Beauchemin et Fils,
1897, xiv-552 p.
53
Lettre de V.-A. Huard à Marie-Victorin, 15 février 1917, Fonds Institut botanique (Frère Marie-Victorin),
E118/A1,725 V.-A. Huard, Division des archives de lřUniversité de Montréal.
54
Lettre de Marie-Victorin à V.-A. Huard, 19 février 1917, Fonds Institut botanique (Frère Marie-Victorin),
E118/A1,725 V.-A. Huard, Division des archives de lřUniversité de Montréal.
55
« Marie-Victorin sait en fait très bien que sa congrégation a imprimé ce livre « par déférence » pour lui et
que « la mise de fonds a dû dépasser $ 12,000 ». Yves Gingras, « 1935 Marie-Victorin. La Flore
laurentienne », dans Claude Corbo (dir.), Monuments intellectuels québécois du XXe siècle. Grands livres
d’érudition, de science et de sagesse, Sillery, Éditions du Septentrion, 2006, p. 31.
56
Mélanie Desmeules, « Lřintellectuel scientifique en milieu canadien-français : le cas de lřabbé
Provancher », Bulletin de l’Entomofaune, numéro 27 (juin 2003) : 13-16.
157
publication, nřont dřautre choix que de se tourner vers lřÉtat provincial ou fédéral. Mais
celui-ci, que ce soit en 1850 ou en 1920, ne se montre guère enthousiaste à lřidée de
défrayer les coûts de certains projets scientifiques. Il y a certes le financement de certaines
expéditions géologiques, de laboratoires et dřécoles, mais les projets proposés par des
individus Ŕ les quatre exemples nous le montrent Ŕ nřattirent pas la sympathie des
responsables politiques. Une des raisons expliquant cette situation relève de la culture du
patronage57. Les naturalistes qui détenaient des contacts dans le parti politique au pouvoir
avaient de fortes chances dřobtenir une réponse favorable à leurs demandes, dřautant plus
que leur allégeance politique sřaccordait avec ce dernier. Les exemples des abbés L.
Provancher, V.-A. Huard et J.-C.-K. Laflamme, du frère Marie-Victorin et du capitaine J.E. Bernier présentés plus haut montrent bien que plusieurs projets nřont pu être accomplis
que par le bénévolat et le mécénat. Comme la science nřest pas institutionnalisée, quřelle
nřest pas encore produite dans les universités au Québec, sauf quelques exceptions (comme
à McGill), on retrouve de façon généralisée cette nécessité et cette habitude de demander à
lřÉtat fédéral ou provincial une aide financière pour réaliser des projets dřexploration, de
recherche et de publication de grande envergure, donc de dépendre de sa seule bonne
volonté.
4.1.1.2 Susciter un intérêt ou recevoir une caution morale
Certains projets de recherche et dřexploration obtiennent une caution morale de
lřÉtat, du fait de leur importance ou de lřintérêt quřils suscitent auprès des élus. Comme
nous lřavons vu, ce fut le cas de lřexpédition du capitaine J.-E. Bernier dans lřArctique
canadien, mais cet intérêt sřavère insuffisant pour assurer sa réalisation. Il en va tout
autrement de la création de certaines sociétés savantes et de lřaccomplissement de
quelques-uns de leurs projets. Le cas de la Société royale du Canada et de la Montreal
Horticultural Society sont exposés dans les pages suivantes.
La Société royale du Canada est fondée en 1882 à la suite dřune initiative du
gouverneur général du Canada, le Marquis de Lorne. Le but dřune telle société savante est
57
René Castonguay, Rodolphe Lemieux et le Parti libéral 1866-1937. Le chevalier du roi, Québec, Les
Presses de lřUniversité Laval, 2000, 238 p.
158
de rassembler les naturalistes et dřautres savants qui vivaient éparpillés sur le territoire
canadien58. Dès sa fondation, on sřattendait à ce que la Société royale agisse en tant que
conseiller en matières scientifiques auprès de lřÉtat fédéral, quřelle devienne une sorte de
courroie de transmission entre la politique et la science59, à la manière de sa société-mère,
la Royal Society of London. J.W. Dawson espérait que la publication des Mémoires et
comptes rendus devienne un moyen incontournable de diffusion de la science canadienne,
tout comme que la Société occupe une position dřautorité dans la mise en place de
standards dans les pratiques scientifiques. Enfin, il souhaitait que ses membres forment un
groupe de spécialistes auquel le gouvernement ferait appel en cas de besoin60. Sur ce
dernier point, lřinfluence de la Société royale allait se manifester dans quelques dossiers,
comme celui de la conservation des ressources naturelles. Par exemple, en 1895, la section
IV de la Société royale, dédiée aux sciences biologiques et géologiques, proteste contre la
perte dřimmenses forêts au Canada, lors de feux causés entre autres par lřactivité de coupe
de bois61. Un autre exemple concerne son activité de lobbyiste. Quoiquřassez restreinte,
elle aboutit à la création, à partir de 1907, de quatre stations biologiques en ColombieBritannique, au Québec, au Nouveau-Brunswick et dans la baie Géorgienne. Le but de ces
stations était dřexplorer les conditions de vie des poissons et les effets de la pollution
marine62.
Deux autres exemples suffiront à montrer que la Société royale, même si elle suscite
lřintérêt de la part de lřÉtat fédéral pour certaines questions, nřen exerce pas moins une
influence très limitée sur les décisions que lřÉtat prend au sujet du développement
scientifique du pays. Au début du XXe siècle, la question de la conservation des ressources
naturelles du Dominion attire encore lřattention de nombreuses personnes impliquées dans
les sciences naturelles ou lřindustrie. Ces dernières remarquèrent que lřexploitation
58
Bowler, loc. cit. p. 333.
« Admittedly, it was natural to hope that a national learned society whose scientific sections were largely
composed of government employees would develop into an effective Řtransmission beltř between science and
politics. » Vittorio G. M. De Vecchi, « Science and scientists in government, 1878-1896 Ŕ Part I », Scientia
canadensis, vol. VIII, no 2 (décembre 1984), p. 112 .
60
Carl Berger, Honour and the search for influence: a history of the Royal Society of Canada, Toronto,
University of Toronto Press, 1996, p. 8-9.
61
Ibid., p. 18-19.
62
Ibid., p. 19.
59
159
intensive de la forêt, depuis des décennies, a eu comme conséquence une diminution
importante de la ressource. En 1909, lřÉtat fédéral préfère créer son propre organe aviseur,
la Commission de conservation du Canada63, plutôt que de faire appel aux ressources de la
S.R.C.64. Enfin, en 1904, la Société royale demande une aide financière au fédéral pour
préparer une réunion bi-annuelle du International Geological Congress. Le fédéral promet
une somme de 25000$ si la Société royale assure lřorganisation de la réunion et des
expéditions sur le terrain. Toutefois R. Bell, alors directeur de la Commission géologique
du Canada et chargé dřinviter le congrès, apprend que lřÉtat mexicain, plus rapide dans sa
proposition de tenir un congrès, se décida plus rapidement et fut choisi comme site de la
prochaine réunion. La Société royale ne réitère pas son invitation dans le futur65.
Un exemple de projet qui suscite un intérêt suffisamment fort pour induire une
action, ici de la part de lřÉtat provincial, est celui de la publication des rapports de la
Montreal Horticultural Society and Fruit Growersř Association of the Province of Quebec,
société savante fondée à la fin des années 1840. Le rapport annuel note que
The very valuable work that has been done by the Society the past two years, by
gathering together information concerning the very important matter of fruits best adapted for
cultivation in this Province, has excited in the minds, not only of some of our own members,
but also of several gentlemen, members of the Council of Agriculture for the Province, a desire
that this work should be continued. The most valuable portions of the two reports published by
the Society have been translated into the French language and printed by the Government 66.
La caution morale accordée à ce projet et lřintérêt pour la Société sont tels que la plus
grande partie des deux premiers rapports annuels est traduite en français et imprimée par
les services provinciaux67. Lřannée suivante, la publication du rapport de 1878 dans le
journal de la ville attire lřattention du premier ministre Charles-Eugène Boucher De
Boucherville et se solde par une entrevue entre celui-ci et les membres de la Société :
Through the kindness of the newspaper press of this city, the Report read at the last
annual meeting was published next day. It attracted the attention of the then Premier of this
Province, the Hon. C. B. De Boucherville, and a correspondence ensued which ultimately
63
Girard, op. cit.
Ibid., p. 20.
65
Ibid., p. 21.
66
« The Annual Report of Secretary of the Montreal Horticultural Society », Third Report of the Montreal
Horticultural Society and Fruit Growers’ Association of the Province of Quebec, for the year 1877, Montréal,
Witness Printing House, 1878, p. 4.
67
Ibid., p. 4.
64
160
resulted in an interview with the Premier in Montreal, at which a delegation of the society was
present. The result was most encouraging, and the Hon. Mr. De Boucherville expressed a very
warm interest in the work of the Society. The delegation pointed out to him some of the
disabilities under which they labored, and he agreed to give every attention to any suggestions
68
for the better workiing of the Society that might be laid before him .
Les résultats de cette rencontre ne se sont pas fait attendre : « The Society have now done
the work themselves, and are to receive a grant from the Government of $200 to aid them
in it69 ». Ainsi, « en plus de publier à ses frais les rapports annuels, le Conseil dřAgriculture
du Québec octroie à la jeune société une subvention annuelle de 250$70 ».
Un dernier cas montre ici que le simple fait de susciter un intérêt de la part de
plusieurs membres dřun gouvernement ou encore de recevoir une caution morale ne
représentait pas une garantie de succès dřun projet élaboré par un naturaliste ou une société
savante. Lřabbé L. Provancher lřa appris à ses dépens, alors quřil produisait Le Naturaliste
canadien. En 1886, lřabbé-naturaliste se cherche un emploi; les subventions au Naturaliste
canadien et sa rente de curé-retraité ne suffisent pas à assurer sa subsistance ni à financer
la publication de la revue. Un contact du côté du Dominion du Canada lui fait espérer
quřon le nommerait prochainement entomologiste de langue française de lřÉtat. Le député
Philippe Landry le lui confirme dans une lettre :
Je vous remets la lettre de M. White, le ministre de lřIntérieur. Jřai vu M. White à votre
sujet et jřai plaidé votre cause. Jřai vu également M. Caron. Dřaprès ce que je puis voir, rien ne
se fera pendant la Session (…). Le gouvernement, cřest ma conviction, finira par vous nommer
entomologiste de lřÉtat, mais ça ne peut pas venir du premier coup. (…) Nous allons avoir
après la Session, dans le courant de lřannée, lřorganisation des fermes expérimentales. Il y aura
des places à créer. Je crois que cřest dans cette direction que doivent tendre nos efforts. Jřai
déjà la promesse que si lřon nomme un entomologiste anglais on nommera également un
71
entomologiste canadien-français .
Malgré cet appui de marque, L. Provancher nřobtient pas le poste. James Fletcher, nommé
entomologiste et botaniste honoraire du dominion, en 1884, devient le premier
68
« The annual report », Fourth Report of the Montreal Horticultural Society and Fruit Growers’ Association
of the Province of Quebec, for the year 1878, Montréal, Ŗ Witness ŗ Printing House, 1879, p. 6.
69
Ibid., p. 8.
70
Jean-Marie Perron, « Progrès de lřentomologie au Québec : du tee-pee enfumé au microsoft captivant II- Le
virage du début du siècle », Antennae, vol. 3, no 2 (printemps 1996), p. 6.
71
Lettre de P. Landry à L. Provancher, 10 mai 1886, A.S.C. 167, Fonds Provancher, C-5.
161
entomologiste et botaniste permanent du Canada, à partir de juillet 1887, ce qui le
rattachait à la ferme expérimentale centrale, sise à Ottawa72.
Au début du XXe siècle, le fait de susciter un intérêt ou même de recevoir une
caution morale de la part des responsables fédéraux et provinciaux ne garantit pas
nécessairement la réalisation dřun projet induisant le développement scientifique, ou tout
simplement relié aux intérêts scientifiques du pays ou de la province. Cette incertitude,
additionnée à celle du financement, nřétaient pas sans bouleverser les projets de certains
naturalistes canadiens, au point même de les empêcher. Si, comme on lřa montré dans la
section précédente, plusieurs projets purent être menés à termes par le bénévolat et le
mécénat dřindividus et de certaines communautés religieuses, plusieurs autres furent
abandonnés faute de ressources suffisantes. Il faut attendre le regroupement des
naturalistes au sein des universités et laboratoires de recherche, donc lřinstitutionnalisation
généralisée de la recherche scientifique, dans les premières décennies du XXe siècle, pour
quřils reçoivent une attention particulière de la part de lřÉtat, attention qui auparavant était
restée timide.
4.1.2 L’État fait appel aux scientifiques
À la fin du XIXe siècle, le processus dřindustrialisation sřaccélérant, la demande de
ressources minières et forestières est en forte hausse en Amérique du Nord. Afin de
développer économiquement leur pays, grâce à lřexploitation de leurs ressources naturelles,
vint la nécessité pour les responsables étatiques de faire appel à des spécialistes pour diriger
des explorations sur le terrain, fonder et faire fonctionner des laboratoires et des
départements de recherche. Cřest ainsi que des naturalistes obtiennent des postes au sein de
lřÉtat fédéral ou provincial, ce qui diversifie leurs occupations possibles, à part celle de
professeur dans un collège ou une université73. Comme le note Meadows pour le cas de la
Grande-Bretagne : « Pensions were far from the only area where politicians and scientists
72
Paul William Riegert, « FLETCHER, James », D.B.C. Vol. XIII De 1901 à 1910, Québec, P.U.L., 1994, p.
376 et Les fermes expérimentales fédérales. Un demi-siècle de progrès 1886-1936, Ottawa, J.-O. Patenaude,
Imprimeur de sa très excellente majesté le roi, 1939, p. 34-35.
73
Vittorio G. M. De Vecchi, « Science and scientists in government, 1878-1896 Ŕ Part II », Scientia
canadensis, vol. IX, no 2 (décembre 1985), p. 97.
162
made contact. Another was on various government investigations. (…) Because the number
of scientific experts was small, scientists might find themselves involved in less obvious
activities74 ».
La demande étatique de naturalistes devient particulièrement forte dans les dernières
décennies du XIXe siècle. En 1880, le gouvernement provincial de H.-G. Joly de Lotbinière
vote une loi des mines. Il est alors nécessaire dřengager un spécialiste possédant les
compétences nécessaires : « Lřensemble de ces dispositions législatives a pour effet, en
particulier, dřamener lřengagement en 1881 dřun ingénieur des mines, Joseph Obalski,
diplômé de lřÉcole nationale supérieure des mines de Paris. Il aura la responsabilité
dřappliquer la loi et de faire rapport sur lřindustrie minière québécoise. Son intervention
influencera lřévolution de lřindustrie minière québécoise pendant tout près de 30 ans, soit
jusquřà sa retraite en 190975 ». Au début du XXe siècle, lřÉtat provincial se préoccupe
encore plus de lřembauche de spécialistes. Comme le rappelle Vallières, « en octobre 1914,
Alph.-O. Dufresne, ingénieur minier formé à lřÉcole polytechnique de Montréal et à
lřuniversité McGill, le [Obalski] remplacera comme assistant-surintendant et inspecteur des
mines pour la sécurité et les accidents. Jusquřen 1920, Théo.-C. Denis et Alph.-O. Dufresne
sont les seuls professionnels du Bureau des mines76 ».
Le contenu de la formation des spécialistes attire aussi lřattention de lřÉtat. Au début
du XXe siècle, afin de combler le besoin de spécialistes dans le domaine forestier, le
premier ministre Lomer Gouin engage deux diplômés quřil avait envoyés se former à
lřÉcole de foresterie de lřUniversité Yale aux États-Unis, Gustave-Clodomir Piché et Avila
Bédard, pour occuper les postes dřingénieur forestier de la province77.
LřÉtat profite également de lřexpertise de sociétés savantes pour recruter des
spécialistes. Les sociétés liées au développement agricole et horticole sont particulièrement
74
Jack Meadows, op. cit., p. 122.
Marc Vallières, Des mines et des hommes. Histoire de l’industrie minérale. Des origines au début des
années 1980, Québec, Les publications du Québec, 1989, p. 57.
76
Ibid., p. 61.
77
Yves Hébert, « Des pionniers de la conservation de la forêt », Cap-aux-diamants, no 86, été 2006, p. 16.
75
163
sollicitées. Conscient de la présence de personnes compétentes au sein de ces organisations,
les responsables provinciaux entendent bien profiter de leur expertise. Un exemple nous est
donné avec la promotion de lřapiculture dans la province au sein de la Montreal
Horticultural Society and Fruit Growersř Association of the Province of Quebec, dans le
dernier quart du XIXe siècle : « The Government of the Province of Quebec desires to see
this branch of industry, at present so little understood, taken up, and with a laudable
initiative it has ordained that bee-keeping shall be taught in the schools. At present the
Society of Agriculture of Montreal, seconding the Government, and recognizing that our
two branches of instruction should go hand-in-hand, comes to the aid of the new school of
bee-keeping by helping it to make its first steps78 ». Certains membres de cette société
collaborent avec lřÉtat provincial pour développer lřenseignement de cet élevage spécialisé
qui pourrait rapporter des revenus aux éleveurs et à lřÉtat.
Un autre cas de coopération entre les naturalistes et lřÉtat vient de la fondation de la
Société de Québec pour la protection des plantes contre les insectes et les plantes parasites,
mieux connue comme la Société de protection des plantes du Québec (S.P.P.Q.). Lors de sa
création, le biologiste W. Lochhead fait appel aux naturalistes particulièrement intéressés à
lřentomologie économique, lřagriculture et lřhorticulture, comme lřabbé V.-A. Huard, le
révérend Thomas-W. Fyles, Henry H. Lyman et Alfred F. Winn79. Dès le début, lřÉtat
québécois se montre intéressé à collaborer avec la nouvelle organisation et lui fournit même
un financement pour assurer un bon départ :
Le but de la Société leur ayant été exposé, le Département de lřAgriculture de Québec et
M.M. les membres du Conseil dřAgriculture promirent leur secours et leur coopération. En
conséquence, le 18 juin 1908 la lettre suivante fut adressée aux personnes à qui lřétude des
insectes et des parasites paraissait familière, et surtout celles intéressées au côté économique de
ces études. La lettre convoquait une assemblée au Collège Macdonald le 24 juin, aux fins
80
dřorganiser la Société .
78
Thomas Valiquet, « Bee culture », Third Report of the Montreal Horticultural Society and Fruit Growers’
Association of the Province of Quebec, for the year 1877, Montréal, Witness Printing House, 1878, p. 22.
79
Estey, loc. cit., p. 2.
80
« Convention inaugurale. Le besoin dřune Société du genre », Premier Rapport Annuel de la Société de
Québec pour la Protection des Plantes contre les Insectes et les Plantes Parasites. 1908-1909, Québec,
Charles Pageau, 1909, p. 170.
164
Certains naturalistes se réunirent donc81, le 24 juin 1908, au Collège Macdonald, une
institution affiliée à lřUniversité McGill.
4.2 Les réseaux informels : les naturalistes entre eux
Ceux qui étudient les auteurs et non
les œuvres de la nature sont en art
les petits-fils et non les fils de la nature,
guide suprême des bons auteurs.
- Léonard de Vinci, Codex Atlanticus
Pour comprendre la dynamique dřun milieu scientifique, on se doit dřexaminer la
composition et la structure des réseaux informels, cřest-à-dire ceux qui se développent entre
les naturalistes. Quřil sřagisse des acteurs les plus visibles ou de la majorité des naturalistes
de moindre renommée pratiquant une discipline ou une autre de lřhistoire naturelle, chacun
dřentre eux fait partie de la communauté, y contribue dřune manière ou dřune autre Ŕ par
exemple en décrivant des espèces nouvelles ou en fournissant des spécimens et des listes
dřespèces aux naturalistes les plus impliqués dans leur discipline. De plus, il est lié à un ou
plusieurs autres acteurs dans des réseaux de sociabilité. Dans cette partie, nous nous
attardons sur les rapports entretenus par les naturalistes du Québec, les échanges établis
entre les naturalistes du Québec avec le reste du Canada, les États-Unis et lřEurope, les
moyens pris par eux pour compenser leur éloignement des grands centres de production de
la science occidentale et la question des contacts extra-universitaires.
4.2.1 Les échanges entre les naturalistes du Québec
Les naturalistes, dřici ou dřailleurs, ne se cantonnent pas chacun dans un espace clos
et imperméable. Le milieu scientifique est plutôt composé de réseaux qui lient les agents
entre eux. Les relations ne sřétablissent pas seulement au niveau des disciplines de
81
Quinze personnes étaient présentes : le révérend Robert Campbell, le révérend George Ducharme, le
révérend T.W. Fyles, le Dr W. Grignon, Normand Jack, frère I. Liguori, Peter Reid, A. F. Winn et des
professeurs du Macdonald College (W. Lochhead, W. S. Blair, F. C. Harrison, Dr J. L. Todd, Dr J. W.
Robertson, S. M. Swain et Douglas Weir). Dřautres montrèrent leur appui par une lettre : lřabbé V.-A. Huard,
J. Fletcher, H. H. Lyman, J.-C. Chapais Ŕ député conservateur Ŕ, Georges Chagnon, Auguste Dupuis, A. L.
Turchot et A. E. Delaire. Ibid., p. 3.
165
spécialisation. Elles se déclinent en une foule de rapports sociaux comme des rapports
dřappartenance, de proximité, dřintérêt, de services et de hiérarchie.
Le premier type de rapports est celui dřappartenance. Ils figurent relativement
rarement dans la correspondance. Ils deviennent visibles lorsquřun naturaliste reçoit une
lettre lřinformant de sa nomination comme professeur dans une faculté et comme membre
dřune société savante ou dřun comité représentant un pays lors dřun événement spécial.
Dans les deux exemples suivants, nous regarderons la nomination dans un comité
donné de délégués. En 1883, le géologue R. Bell est nommé secrétaire de la Section E
(géographie) par le Conseil de la British Association for the Advancement of Science dont
le congrès doit se tenir lřété suivant au Canada82. Un autre exemple est celui de la création
dřun comité de délégués de la Société royale du Canada pour le congrès de lřAmerican
Association for the Advancement of Science (A.A.A.S.) qui aurait lieu à Toronto, en août
188983. Les délégués choisis au sein de la Société royale sont tous des naturalistes reconnus
et respectés au pays. Il sřagit de lřabbé J.-C.-K. Laflamme, professeur de géologie et de
sciences à lřUniversité Laval, le professeur L.W. Bailey, B.J. Harrington, de McGill,
A.R.C. Selwyn, directeur de la Commission géologique du Canada et William Saunders.
Même cas pour lřabbé C.-P. Choquette qui est choisi comme délégué du dominion canadien
au congrès scientifique international de Paris, en 1900, puis délégué de la succursale de
lřUniversité Laval à Montréal au congrès des universités de lřEmpire britannique à
Londres, en 1912, et enfin, délégué au congrès international de géologie, à Toronto, en
1914. Lorsquřil sřagissait dřun congrès spécialisé, les naturalistes délégués étaient
considérés comme des experts dans leur discipline. Pour les congrès scientifiques
généralistes, comme ceux de lřA.A.A.S., on choisissait des naturalistes dřexpérience,
souvent déjà intégrés aux réseaux dřautres praticiens.
82
« As you are no doubt aware, you have been nominated by the Council of the British Association as one of
the Secretaries in Section E (geography) for the next summer. Will you kindly let me know whether you will
be able to act and oblige. » Lettre de B.J. Harrington à R. Bell, 14 décembre 1883, McGill University
Archives Private Fonds, MG 2042, c.1.
83
« Memorandum for the Members of R.S. Canada. May 1889. » Lettre de I.G. Bourinot aux membres de la
S.R.C., 20 août 1889, McGill University Archives Private Fonds, Dawson Family Papers, MG 1022, c. 67.
166
Un dernier exemple de rapport à lřÉtat, que nous avons déjà exposé dans la première
partie de ce chapitre, est celui de la venue du congrès de la Société des Américanistes, à
Québec, au début du XXe siècle. Lřabbé J.-C.-K. Laflamme, recommandé par R. Bell à
lřanthropologue F. Boas, est nommé au comité scientifique et organise le congrès de 1906.
Quelques années auparavant, lřabbé J.-C.-K. Laflamme avait été nommé représentant du
Canada au Congrès international de géologie, à Washington, en 1891 et à celui de SaintPétersbourg, en 1897. En tant que géologue et professeur de géologie, J.-C.-K. Laflamme
est un des candidats les plus compétents dans le domaine. Il est connu des directeurs de la
C.G.C., A.R.C. Selwyn et G.M. Dawson, qui ont pu le recommander pour remplir ces
fonctions.
Sans que nous ayons à nous attarder longtemps sur le deuxième type de rapport, celui
de proximité, nous en donnons tout de même un exemple, avant de passer au troisième
type : les rapports dřintérêt. En 1891, Germain Beaulieu et Gustave Chagnon se rencontrent
pour la première fois, par lřentremise de lřabbé L. Provancher : « Et, ce soir, joyeux que
nous sommes lřun lřautre de nous rencontrer grâce à vous, et puisque cette satisfaction que
nous goûtons vient de vous, nous vous en remercions encore de tous nos cœurs, et vous
pouvez être persuadés que jamais nous nřoublierons vos bontés à notre égard84 ». Ce
rapport de proximité Ŕ G. Beaulieu et G. Chagnon vivent alors à Montréal Ŕ provient, à la
base, dřun rapport dřamitié, mais également de rapports dřintérêts, comme les deux amis
lřexpliquent dans leur lettre :
Nous nous sommes rencontrés ce soir pour la première fois, et, (…), nous avons scellé
une véritable et solide amitié en discourant de nos chères études en histoire naturelle et de notre
non moins cher Professeur, vous, Monsieur.
Maintenant que nous sommes intimes, nous nous proposons (…) de commencer à
marcher courageusement dans cette belle voie où vous nous avez précédés en nous la frayant.
Nous nous proposons dřunir notre labeur et le produit de nos recherches : nous collectionnerons
85
pour une seule collection : (…) .
Sans cet intérêt commun pour les sciences naturelles, ces deux naturalistes en devenir ne se
seraient jamais rencontrés. Mais la proximité seule, en cette fin du XIX e siècle, ne constitue
84
Lettre de G. Beaulieu et G. Chagnon à L. Provancher, s.d. (reçue le 24 octobre 1891), A.S.C. 303, Fonds
Provancher, C-5.
85
Ibid.
167
plus un critère indispensable pour établir un rapport entre acteurs, puisque les moyens de
transports se révèlent maintenant suffisamment efficaces pour voyager rapidement dans la
province.
Un autre cas de rapport dřintérêt, entre quelques autres, provient du Naturaliste
canadien. Dans son prospectus, en 1868, lřabbé L. Provancher mentionne que la création
et la suite de sa revue seraient impossibles sans le concours « de nombreux correspondants,
qui par notre entremise, viendront faire part au public de leurs observations et de leurs
découvertes86 ». Ces correspondants naturalistes partagent le même intérêt pour lřhistoire
naturelle, tout comme L. Provancher, lřentremetteur de toutes ces personnes unies vers un
but commun : diffuser les connaissances acquises et nouvelles sur lřhistoire naturelle du
Québec.
Le quatrième type de rapport est celui de services ou dřaide. Vincent Lemieux
mentionne que « quatre types dřaide peuvent être distingués : le soutien émotionnel, lřaide
matérielle (lřargent, les biens, les services), lřinformation et la camaraderie87 ». Ce type de
rapport sřapplique à G. Chagnon et G. Beaulieu. Dans le cas qui nous concerne, le type du
soutien émotionnel nřapparaît pas pertinent. Par contre, lřaide matérielle se retrouve très
fréquemment; les demandes de renseignements, de conseils, dřaide technique et scientifique
de même que des demandes de recommandations pour un emploi font partie des formes
dřaide les plus couramment entreprises. Ainsi, à de multiples reprises, des naturalistes
demandent à un de leurs aînés, choisi pour sa renommée, son expérience et lřimpact que sa
recommandation pourrait avoir sur le comité de sélection, de le recommander à divers
postes comme ce fut le cas lors des demandes de recommandations du paléontologiste J.F.
Whiteaves à lřendroit du géologue R. Bell. En février 1864, il le recommande pour le poste
de professeur de sciences naturelles au Queenřs College, à Kingston88 et, en mai 1874, pour
86
L. Provancher, « Notre Prospectus », Le Naturaliste canadien, vol. 1, no 1 (décembre 1868), p. 6.
Vincent Lemieux, À quoi servent les réseaux sociaux?, Sainte-Foy, Les Presses de lřUniversité Laval,
2000, p. 48.
88
Lettre de J.F. Whiteaves au « trustees Queenřs College », 6 février 1864, Fonds Robert Bell, MG29-B15,
vol. 36, dossier 98, Archives Canada. Bell obtiendra ce poste et lřoccupera pendant plusieurs années.
87
168
un poste à la Chair of Natural History à la University College, Toronto89. En 1874, R. Bell
demanda également les bonnes grâces du patriarche de la géologie canadienne : W.E.
Logan90. Ce dernier lui envoie volontiers un « Testomonial in favour of Professor Robert
Bell91 ». De même, R. Bell sřadressa à son ancien professeur de sciences naturelles et de
géologie à McGill, J.W. Dawson, qui lui fournit deux recommandations pour les emplois
postulés, en 1864 et en 187492.
Un autre géologue recourut au même procédé, au début du siècle suivant, pour
solliciter un poste à la chaire de géologie et de paléontologie au University College, de
Toronto. R. Bell fournit la recommandation demandée par H.-M. Ami, géologue à la
C.G.C. en présentant son implication dans lřorganisation et ses affiliations : « He has been
an active member of the Ottawa Field Naturalistsř Club since its inception, and he was its
president for the last two years. He was elected a Fellow of the Geological Society of
London in 1885, and in 1900 he was made a Fellow of the Royal Society of Canada. He is a
facile writer and has contributed a considerable number of papers to the literature of
Canadian science93 ». Le naturaliste qui écrit la lettre met lřaccent sur les réalisations, les
reconnaissances et les implications du candidat. Lřextrait suivant est une lettre que J.W.
Dawson adresse à W. Logan, directeur de la C.G.C., en vue de recommander Henry G.
Vennor pour un poste à la C.G.C. : « Mr. H.G. Vennor attended my classes in Natural
History some years ago, and showed much zeal and ability in the work of the class. He has
subsequently pursued his studies, more especially in Zoology, with some success. He
informs me that he is desirous of an engagement on the Survey and I have no doubt that he
is in my way a suitable person for such employment94 ».
89
Lettre de J.F. Whiteaves à University College, 27 mai 1874, Fonds Robert Bell, MG29-B15, vol. 36,
dossier 98, Archives Canada.
90
Lettre de R. Bell à W.E. Logan, 14 mars 1874, McGill University Archives Private Fonds/Logan Scientific
correspondance, MG 2046, c.2.
91
W.E. Logan à R. Bell, 31 mars 1874, McGill University Archives Private Fonds/Logan Scientific
correspondance, MG 2046, c.2.
92
Lettre de J.W. Dawson à R. Bell, 28 janvier 1864, McGill University Archives Private Fonds/Robert Bell,
MG 2042, c.1; lettre de J.W. Dawson à R. Bell, 14 mars 1874, McGill University Archives Private
Fonds/Robert Bell, MG 2042, c.1.
93
Lettre de R. Bell à Richard Harcourt [ministre de lřÉducation, Ontario], 27 juillet 1901, Fonds Robert Bell,
MG29-B15, vol. 12, dossier 54, Archives Canada.
94
Lettre de J.W. Dawson à W.E. Logan, 30 mars 1865, McGill University Archives Private Fonds, William
E. Logan, MG 2046, C.1.
169
Un autre type dřaide mentionné par V. Lemieux, lřinformation, se retrouve
relativement souvent dans les correspondances consultées. Par exemple, dans son étude de
la faune entomologique du Québec, lřabbé L. Provancher mentionne les informations
reçues dřautres naturalistes :
Grâce au bienveillant concours que nous ont courageusement offert MM. les abbés
Burque de St. Hyacinthe et V.-A. Huard et Dufresne de Chicoutimi, nous nřavons pas moins de
65 espèces nouvelles à ajouter aujourdřhui à notre Faune, ce qui constitue autant de victoires,
non pas toutefois sur lřinconnu, puisque toutes, à lřexception dřune seule, étaient déjà
consignées dans les archives de la science, mais sur lřignorance ou le doute quřon pouvait
entretenir à lřégard de la rencontre de ces espèces sur notre territoire 95.
Des naturalistes néophytes écrivent également à un naturaliste plus âgé pour
demander de la documentation ou sřinformer dřoccasions dřéchanges de spécimens. G.
Beaulieu sřadresse ainsi à L. Provancher pour obtenir de la documentation : « Où puis-je
me procurer la Flore canadienne ? Il est temps que je voie mes notions de botanique. Je
veux me bien préparer dřici à Mai prochain96 ». En décembre 1891, le même demandait à
L. Provancher des noms de conchyliologistes prêts à échanger des coquilles97. Un cas
dřaide scientifique nous est donné par une lettre de Jean-Baptiste Cloutier à L. Provancher:
« Jřai souvent recours à mes amis pour me renseigner sur les sujets qui mřembarrassent.
Cřest pourquoi je me suis permis aujourdřhui de vous soumettre trois leçons sur les arbres,
vous priant de vouloir bien y jeter un coup dřœil et me signaler les erreurs et les lacunes qui
peuvent sřy trouver98 ». Un autre exemple dřaide scientifique de L. Provancher à lřendroit
du docteur Joseph-Alexandre Crevier : « Vous me demandez ce que je pense de vos articles
sur la géologie ? Je les ai lu rapidement, (…), mais, quoi quřun peu diffus, ils sont bons et
très intéressants. Je vous encourage à continuer99 ».
Comme les cas cités plus haut peuvent le suggérer, et comme V. Lemieux lřécrit,
« les réseaux sociaux qui apportent de lřaide sont bien souvent des liens où lřon partage ses
95
L. Provancher, Additions et corrections à la faune coléoptérologique de la province de Québec, Québec,
Darveau, 1877, p. 3-4.
96
Lettre de G. Beaulieu à L. Provancher, 1er février 1892, A.S.C. 9, Fonds Provancher, C-5.
97
Lettre de G. Beaulieu à L. Provancher, 7 décembre 1891, A.S.C. 327, Fonds Provancher, C-5.
98
Lettre de J.-B. Cloutier à L. Provancher, 16 mai 1885, A.S.C. 158, Fonds Provancher, C-5.
99
Lettre de J.-A. Crevier à L. Provancher, 16 novembre 1877, A.S.C. 59, Fonds Provancher, C-5.
170
appartenances et où circule lřinformation100 ». Ainsi, les demandes dřaide de type « aide
matérielle », sous formes de services et dřinformation, sont partagés par les membres dřun
même réseau dřappartenance, sans que cela nřentraîne nécessairement de réciprocité.
Le rapport de hiérarchie est le cinquième et dernier type de rapport. Le minéralogiste
et chimiste T.S. Hunt sollicite, dans lřextrait suivant, non pas un naturaliste reconnu dans la
discipline à laquelle il postule un emploi Ŕ au nouveau Bureau central de chimie, à Ottawa
Ŕ, mais plutôt un ami de longue date détenant une posture prestigieuse dans la société de
son époque : monseigneur Thomas-E. Hamel. T.S. Hunt lui demande certes son appui pour
le poste convoité, ce qui entre dans la catégorie du rapport de service, mais met lřaccent sur
le réseau potentiel de Mgr T.-E. Hamel :
Mes amis mřont assuré que dans le cas où cette place [celle de Chef de Bureau] sera
créée on me lřoffrira. Et si lřon y attache un salaire suffisant je lřaccepterai avec plaisir. (…). Je
connais peu de monde à Ottawa. MM. (…) mřont promis de faire tout ce quřils peuvent, mais
jřai besoin de lřappui de tous mes amis et comme jřose vous compter parmi le nombre je vous
prie de bien vouloir dire pour moi un petit mot. Je ne connais nullement M. Geoffrion, le
101
Ministre, mais il est peut-être au nombre de vos amis .
Dans une lettre à J.W. Dawson, Annie Linda Jack lui montre quřelle voudrait bien
devenir membre de lřAmerican Association for the Advancement of Science, en prévision
de la tenue de son congrès, à Montréal, lors de lřouverture officielle du Musée Redpath, en
1882 :
Mr H.H. Lyman has promised to propose my son as member of the Science Association,
but I cannot find out whether he is allowed to take me (a non member) to the opening of the
Redpath Museum or anything of that sort, or if I must separately join. I wish very much to be at
the opening but should not like to intrude.
(...) But though being so near Montreal, I feel quite a stranger, and yet hope to be able to
be present at the meeting in part, or rather in turn [?] with the other members of my family who
are interested. What I am troubling you to ask is Must each member of a family become a
member of the Science Association in order to meet the scientists socially, or can a gentleman
take a lady to the opening of the Museum102 ?
100
Lemieux, op. cit., p. 57.
Lettre de T.S. Hunt à T.-E. Hamel, 18 mars 1875, Université 84/76, Fonds Séminaire de Québec, Musée de
la Civilisation.
102
Lettre de A.L. Jack à J.W. Dawson, 24 février 1876, McGill University Archives Private Fonds, Dawson
Family Papers, MG 1022, C.9.
101
171
Pour sřintégrer dans ce réseau qui lui semble bien fermé, A.L. Jack sřadresse donc à un
membre influent du réseau scientifique canadien, un acteur haut placé dans une hiérarchie
virtuelle, mais dont on doit néanmoins tenir compte.
Cette partie sur les rapports que les naturalistes du Québec ont entretenus ne visait
certes pas à lřexhaustivité, mais permet de comprendre que leurs rapports ne constituaient
pas seulement des rapports de services, comme nous aurions pu le croire au départ. Bien
quřils soient très nombreux, particulièrement ceux de type aide matérielle et information,
ils ne cèdent en rien devant lřimportance des rapports à lřÉtat, dřintérêt, de hiérarchie et,
dans une moindre mesure, de proximité. Cet enchevêtrement de rapports forme, en quelque
sorte, le liant à partir duquel se structure le milieu scientifique.
4.2.2 Les échanges entre les naturalistes du Québec avec le reste du Canada, les ÉtatsUnis et l’Europe
Les naturalistes du Québec établissent évidemment des liens entre eux, comme nous
lřavons vu dans la partie précédente. Toutefois, plusieurs font partie de réseaux qui
dépassent les frontières de la province, sřétendant au reste du Canada, aux États-Unis et
même à lřEurope. Dans cette partie, nous examinons les réseaux canadiens et étrangers de
quelques naturalistes, du moins ce que nous avons pu retracer dans leurs correspondances,
dans les disciplines de la botanique, de lřentomologie et de la géologie, les trois sciences
dřinventaire les plus pratiquées au Québec.
Un premier naturaliste canadien-français à inscrire son activité scientifique dans un
réseau plus étendu que le cadre strictement québécois est le botaniste L.-O. Brunet. En
1870, le géologue A.R.C. Selwyn, alors directeur de la C.G.C., lui demande dřidentifier les
plantes récoltées par James Richardson dans le nord du Québec.
I should be much obliged if you could favor me with the names of the plants which were
collected last Summer by Mr James Richardson in the country between Lake Saint John and
Lake Mistassini. Mr Richardson informs me you very kindly undertook to furnish him with this
information, and that he placed the collection in your hands for examination on the 1 st
172
November last receive [?)] your determination of them, as soon as possible, as he is now
preparing the report of his exploration103.
Il ne semble pas que lřexpérience ait été répétée, puisque que la même année, L.-O. Brunet
prenait sa retraite pour cause de maladie.
Quelques années plus tôt, grâce à un contact du chimiste-minéralogiste T.S. Hunt,
Brunet débute une relation de services et dřintérêt avec le botaniste américain Asa Gray.
L.-O. Brunet visite A. Gray à lřautomne 1862 et une seconde fois à la fin de 1864, et est
rapidement intégré dans le réseau du botaniste américain. Ce dernier lui donne des
nouvelles de ventes de collections de plantes et lui demande des spécimens dřespèces
particulières : « Reminding you of my desire to receive flowering specimens of the
Oxytropis which grows at Woodlan…, and of the Astralagus of Lake St.John &c.104 ». L.O. Brunet sřempresse de lui répondre quřil achète volontiers une collection des plantes des
montagnes Rocheuses et quřil lui « envoie par voie dřexpress les plantes que vous me
demandez »105, en plus de brochures sur les plantes de la côte du Labrador. A. Gray, qui
reçoit le paquet avec les plantes demandées, exprime sa satisfaction au sujet de sa
correspondance avec L.-O. Brunet : « Trusting that our botanical correspondence, now
happily commenced, may continue with useful results106 ». A. Gray, à la suite de la lecture
dřune brochure107 de L.-O. Brunet sur les plantes dřAndré Michaux, lui demande aussi des
précisions sur les plantes récoltées par ce botaniste français dans le nord du Québec.
À la lecture de certaines lettres, on constate que A. Gray considère L.-O. Brunet
comme un botaniste accompli et quřil attend de lui rien de moins quřune flore du Québec
qui surpasserait de beaucoup celle publiée au début de 1863 par lřabbé L. Provancher :
103
Lettre de A.R.C. Selwyn à Brunet, 29 décembre 1870, Séminaire 115/89, Papiers Louis-Ovide Brunet,
Fonds Séminaire de Québec, Musée de la Civilisation.
104
Lettre de A. Gray à L.-O. Brunet, 9 janvier 1863, Séminaire 113/70, Papiers Louis-Ovide Brunet, Fonds
Séminaire de Québec, Musée de la Civilisation.
105
Lettre de L.-O. Brunet à A. Gray, 20 janvier 1863, Séminaire 113/73, Papiers Louis-Ovide Brunet, Fonds
Séminaire de Québec, Musée de la Civilisation.
106
Lettre de A. Gray à L.-O. Brunet, 13 février 1863, Séminaire 113/87, Papiers Louis-Ovide Brunet, Fonds
Séminaire de Québec, Musée de la Civilisation.
107
Notice sur les plantes de Michaux et sur son voyage au Canada et à la Baie d’Hudson, d’après son journal
manuscrit et autres documents inédits, Québec, Bureau de lřAbeille, 1863, 44 p.
173
« He has still left room for a good Flora of Canada such, as I trust, you will in due time
prepare108 ». L.-O. Brunet nřavait probablement pas lřintention de produite une telle flore
qui lui aurait demandé une somme de travail quřil nřétait pas en mesure de fournir compte
tenu de sa position de professeur à la chaire de botanique de lřUniversité Laval, de ses
autres occupations comme la création du Musée de botanique de lřinstitution et la
préparation de lřherbier, de même que ses responsabilités au sein de lřadministration du
Séminaire de Québec. Il sřintéressa néanmoins à quelques groupes dřarbres et dřarbustes et
sřoccupa plutôt de documenter la géographie floristique du Québec109. En janvier 1865, il
est élu membre correspondant de lřAmerican Philosophical Society110. Comme on peut le
constater, son réseau se situait donc surtout en Amérique du Nord.
Dans le domaine de lřentomologie, on ne peut passer sous silence lřétendue du réseau
étranger de lřabbé L. Provancher. Ce réseau, comme la plupart des réseaux, sřest construit
selon deux axes : la correspondance avec les entomologistes américains et européens et
lřéchange de sa revue, Le Naturaliste canadien, contre dřautres publications scientifiques
aux États-Unis et en Europe. L. Provancher commente souvent ses interactions avec les
naturalistes étrangers dans Le Naturaliste canadien, ce qui constitue une source
dřinformations de première main au sujet de la dynamique interne de son réseau.
Par sa correspondance avec des entomologistes américains spécialistes des ordres
quřil étudie, L. Provancher est en mesure de diffuser ses recherches et de faire vérifier ses
identifications, comme il le mentionne dans la préface dřun de ses ouvrages : « Nous
devons à lřobligeance du Dr. G. Horn, de Philadelphie, lřidentification certaine de ces
nouvelles captures, de même que la correction de plusieurs erreurs dans notre Faune,
108
Lettre de A. Gray à L.-O. Brunet, 13 février 1863, Séminaire 113/75, Papiers Louis-Ovide Brunet, Fonds
Séminaire de Québec, Musée de la Civilisation.
109
Histoire des picea qui se rencontrent dans les limites du Canada, Québec, 1866, 16 p.; Catalogue des
végétaux ligneux du Canada, pour servir à l’intelligence des collections de bois économiques, envoyées à
l’exposition de Paris, en 1867, Québec, 1867, 64 p.; Énumération des genres de plantes de la flore du
Canada, précédée de tableaux analytiques des familles destinée à des élèves qui suivent le cours de botanique
descriptive donné à l’Université Laval, Québec, G. & G.E. Desbarats, 1864, 45 p.
110
Members and Correspondent of the Academy of Natural Sciences of Philadelphia. 1877 From the
foundation of the Society, March, 21, 1812, until June 30, 1877, Philadelphia, 1877, 48 p.
174
erreurs que nous ferons connaître en leur lieu dans les pages qui vont suivre.111 » Dans les
ordres suivants, il explique quřil a été heureux « de trouver dans M. S.H. Scudder et le Dr.
H. Hagen, tous deux de Cambridge, Mass., des guides aussi sûrs que complaisants pour
nous aider dans nos études dřinsectes, le premier pour les Orthoptères, le deuxième pour les
Névroptères112 ». Enfin, L. Provancher disposa de lřaide dřautres entomologistes canadiens
pour élargir son étude des Hyménoptères du Canada.
Cřest en février 1883 que nous avons terminé notre Faune hyménoptérologique de la
Province de Québec. Nos captures, à bien peu de chose près, se réduisant presque
exclusivement à nos seules observations, nous étions convaincu dès lors, que de nombreuses
lacunes restaient encore à combler. Aussi, poursuivant toujours nos chasses, et ayant pu surtout
nous assurer le concours de quelques amateurs zélés et habiles chasseurs, tels que MM. W.H.
Harrington, J.A. Guignard, dřOttawa, et du Capitaine Gamble Geddes, de Toronto, sommesnous en mesure aujourdřhui dřajouter plus de 200 espèces nouvelles au catalogue de nos
Hyménoptères, (…)113.
La production et lřenvoi du Naturaliste canadien à dřautres naturalistes, particulièrement
européens, ont été très déterminants dans la croissance du réseau scientifique de L.
Provancher. Il le mentionne à plusieurs reprises dans les pages de sa revue, et ce dès la
première année de sa parution : « Combattant au dernier rang dans la milice des savants,
nos humbles efforts ont été cependant notés favorablement par les princes de la science
dans la presse Européenne; et des confrères de langue étrangère ont été même jusquřà
proposer lřhumble prose de nos articles, pour sujets de thèmes dans les lycées de leur
nationalité114 ».
Cinq ans plus tard, il déclare que sa revue connaît plus de succès à lřétranger que dans
la province de Québec, en partie à cause de la baisse des abonnements dans la province :
« Et voilà pourquoi, notre Naturaliste, qui peut nřintéresser que faiblement un certain
nombre de nos compatriotes, sera jugé tout autrement par des étrangers, par ce quřil
présentera aux hommes de science, de nouveaux points de comparaison, des observations,
des découvertes quřils ne peuvent faire chez eux. Nous avons pu voir même, cette année,
111
Provancher, op. cit. (Additions et corrections à la faune coléoptérologique de la province de Québec), p. 3-
4.
112
Provancher, op. cit. (Petite faune entomologique du Canada et particulièrement de la province de Québec.
Deuxième ordre, Les Orthoptères), p. V.
113
L. Provancher, Additions et corrections au volume 2 de la faune entomologique du Canada traitant des
Hyménoptères, Québec, Darveau, 1889, p. 1.
114
L. Provancher, « À nos lecteurs », Le Naturaliste canadien, vol. II, no 1 (décembre 1869), p. 3.
175
nous venir des demandes dřabonnement jusque dřAutriche115 ». En octobre 1883, suite à
lřarrêt de sa subvention provinciale qui lui permettait de publier sa revue, L. Provancher
raconte que
depuis quinze ans, notre humble Province avait une voix dans le conseil des savants du monde
entier qui marchent à la conquête de nouvelles victoires sur lřinconnu. Québec, par notre
Naturaliste, se trouvait cité dans les comptes-rendus et transactions de la plupart des sociétés
savantes de lřEurope et de lřAmérique. Nous échangions avec plus de trente publications
scientifiques. Nos humbles travaux acquéraient tous les jours une plus grande valeur. Nous
avons nommé plus de 200 insectes jusquřalors inconnus à la science, et ceux qui écrivent sur le
sujet sont obligés aujourdřhui de compter avec nous. Et cřest au moment que nous nous sentons
plus en moyens que jamais de continuer notre rôle, quřon vient y mettre fin. Nous faisions des
échanges de publications ou de spécimens avec les États-Unis, lřAngleterre, la France, la
Belgique, lřAllemagne, la Russie, lřAutriche et lřItalie, et maintenant nřayant plus rien à offrir,
nous nřaurons de même rien à attendre. Et ce quřil y a de plus regrettable, cřest que ces
publications précieuses que nous recevions ne se trouvent nulle part dans nos bibliothèques 116.
Selon L. Provancher, lřarrêt de la publication du Naturaliste canadien prive le
Québec dřune place dans le milieu scientifique international. Elle empêche également le
principal producteur de la revue dřavoir accès à une source indispensable de
documentation qui nřest évidemment disponible ni à la bibliothèque de lřUniversité Laval,
ni à celle du Parlement de Québec et encore moins dans les bibliothèques publiques de la
ville de Québec. Les rapports de services apparaissent ici comme indispensables à la
dynamique du milieu scientifique.
Dans le domaine de la géologie, plusieurs naturalistes ont développé un large réseau
au degré nord-américain et européen. Comme lřa montré R. Duchesne117, lřabbé J.-C.-K.
Laflamme, très connu au Québec à la fin du XIXe siècle, du fait de sa position de
professeur de sciences à lřUniversité Laval, a également entretenu un réseau à lřextérieur
du Canada. Dans son cas, cřest surtout lors de congrès nationaux et internationaux quřil put
établir des relations dřappartenance, comme en 1880, lors de sa participation au congrès de
lřAmerican Association for the Advancement of Sciences : « Je dois vous parler de mon
voyage de Boston. Je tiens à vous en dire au moins le but. Le Séminaire dans un accès de
générosité, (…), mřa envoyé assister à la réunion de lřAmerican Association for the
Advancement of Sciences. Ce nřest pas une futile société que celle-là si on la mesure à la
115
L. Provancher, « Lřétude des sciences », Le Naturaliste canadien, vol. VI, no 1 (janvier 1874), p. 2.
Provancher, loc. cit. (« À nos lecteurs »), p. 70.
117
Duchesne, loc. cit. (« Science et société coloniale »), p. 99-139.
116
176
longueur de son nom. Mon voyage a duré une semaine à peine. (…) Le plaisir de connaître
les premiers savants des États-Unis était à peu près le principal but de mon voyage118 ».
Cependant ces contacts ne semblent pas avoir produit dřeffets à long terme. Dans le cas du
Congrès international de géologie de 1897, qui a eu lieu à Saint-Pétersbourg, J.-C.-K.
Laflamme mentionne la fonction essentielle de ce type de congrès : « Le Congrès a
virtuellement terminé ses travaux. En somme, nous avons fait peu de choses. Mais que de
connaissances agréables se sont renouvelées ou ont été faites à nouveau. Voilà le côté
vraiment utile de ces réunions119 ». Dans cet extrait, on voit que ces contacts ne se sont pas
développés en des rapports durables. Néanmoins, la participation de J.-C.-K. Laflamme à
ces congrès constitue un indice des changements survenus dans le milieu scientifique au
cours de la seconde moitié du XIXe siècle. Alors quřau cours des décennies précédentes,
les naturalistes sont plutôt isolés et ne se rencontrent que rarement, à part lors dřun voyage
dřexploration préparé longtemps dřavance ou dans des réunions de sociétés locales, la
situation change rapidement grâce au développement des chemins de fer, ce qui facilite les
communications et encourage les naturalistes à dépasser les frontières de leur localité ou de
leur région. Désormais, il leur est facile de rencontrer dřautres naturalistes sřintéressant aux
mêmes questions quřeux ailleurs en Amérique du Nord et en Europe.
Dans le dernier quart du XIXe siècle, lřutilité dřappartenir à un réseau étranger est
bien comprise par tous les naturalistes canadiens-français. Lřexemple suivant provient de la
correspondance de lřabbé V.-A. Huard à L. Provancher.
Il y a un mois jřécrivais à Mr. A. de Borre, du Musée Royal dřHist. Nat. de Belgique, lui
demandant des renseignements sur les échanges dřInsectes que je pourrais faire avec lui. Jřai
reçu sa réponse aujourdřhui : vous connaissez sans doute les conditions avantageuses offertes
par ce Musée Royal. (…) Et puis me serait-il de quelque avantage de me faire recevoir membre
de la Société Entomologique de Belgique ou de la Société de Botanique ? Jřespère que vous
voudrez bien me renseigner sur tout cela; je vous en serai fort reconnaissant 120.
Dans cet extrait, V.-A. Huard semble comprendre que le fait dřappartenir à une société
savante confère à la personne beaucoup plus quřune simple nomination. En effet, la plupart
118
Lettre de J.-C.-K. Laflamme au père Thomas-Eugène Gauvreau, 14 septembre 1880, Université 54/71,
Fonds Séminaire de Québec, Musée de la Civilisation.
119
Lettre de J.-C.-K. Laflamme à Mgr T.-E. Hamel, 3 septembre 1897, Université 59/70, Fonds Séminaire de
Québec, Musée de la Civilisation.
120
Lettre de V.-A. Huard à L. Provancher, 25 octobre 1876, A.S.C. 373, Fonds Provancher, C-5.
177
des sociétés savantes étaient affiliées à dřautres sociétés et, par le fait même, à de nouveaux
réseaux pour le futur membre. Lřappartenance à un réseau de naturalistes susceptibles de
lřaider dřune quelconque manière devient dès lors la raison principale lors de lřadhésion à
une société savante.
Par contre, du côté des naturalistes anglophones, il est beaucoup plus courant
dřentretenir un réseau étranger. Ainsi, J.W. Dawson le développe très tôt 121. Dès 1842, le
géologue C. Lyell fait partie de ce réseau qui sřétend ainsi à lřEurope. Au cours des trentequatre années suivantes, les deux géologues sřéchangeront des dizaines de lettres. Au début
de leur relation, C. Lyell montre un certain parternalisme envers son nouveau protégé : « I
cannot judge as to the amount of sacrifice [what] absence from Nova Scotia would entail in
the way of loss of time & money if you were to come here say for the meeting of the
British Association in Glasgow to be held September 12th. I am to be there as Vice
President & could introduce you to any one you might like to know & perhaps you might
read some paper122 ». J.W. Dawson ne manque pas de remercier son mentor européen : « I
feel most grateful to you for your continued kindness and the encouragement which your
approbation gives to collect such new facts as are within my search123 ». Ce type de relation
dure pendant une dizaine dřannées, pendant lesquelles C. Lyell réserve une place de choix
aux travaux de J.W. Dawson, même en son absence, lors des réunions de la Geological
Society of London : « I have requested the President of the Geological Society to give an
early reading to your paper on Nova Scotia Goggins Coal124 ». Au cours des années 1860,
alors que J.W. Dawson a acquis une enviable réputation de géologue dans le monde anglosaxon, C. Lyell lui prodigue toujours beaucoup dřattention, mais mentionne en plus
lřappréciation de ses recherches auprès de ses pairs :
121
Voir à cet effet la biographie de Susan Sheets-Pyenson, John William Dawson. Faith, Hope, and Science,
Montreal & Kingston, McGill-Queenřs University Press, 1996, 274 p. et Sheets-Pyenson, Index to the
Scientific Correspondence of John William Dawson, Oxford, British Society for the History of Science, 1992,
275 p.
122
Lettre de C. Lyell à J.W. Dawson, 7 août 1842, McGill University Archives Private Fonds, Dawson
Family Papers, MG 1022, c.1.
123
Lettre de J.W. Dawson à C. Lyell, s.d. (1845 ?), McGill University Archives Private Fonds, Dawson
Family Papers, MG 1022, c. 1.
124
Lettre de C. Lyell à J.W. Dawson, May 17 1853, McGill University Archives Private Fonds, Dawson
Family Papers, MG 1022, c. 19.
178
Your great paper on the coal will I expect be read in an abridged form about a month
hence. I am not on the Council at present thought I shall probably return next year. I have heard
that the officers fully appreciating the importance of your memoir have been consulting what to
do with it; whether to regard it as more than one paper & to divide it in reading & publication. I
believe they have at last determined to have an abridgement made so as to read all at once in
order to give your general results & conclusions drawn from the whole 125.
Lřintérêt que lui porta C. Lyell ne permit cependant pas à J.W. Dawson dřaccéder à un
prestigieux poste à la University of Edinburgh, comme il lřaurait souhaité. En 1868, il
envoie sa candidature et, malgré la recommandation et lřassurance de C. Lyell du succès de
J.W. Dawson, ce dernier nřest pas choisi126. Comme le mentionne Sheets-Pyenson dans sa
biographie de J.W. Dawson, le candidat choisi, Alexander Grant, possédait de nombreux
contacts politiques, en tant que membre de lřassemblée législative coloniale, ce qui lřa
avantagé sur les autres candidatures. De plus, la mort dřun supporteur influent de J.W.
Dawson, Sir Edmund Head, gouverneur-général du Canada, entrava ses chances de
succès127.
Enfin, notons rapidement lřefficacité du réseau dans le cas du géologue G.M.
Dawson. Dans une lettre quřil reçoit en septembre 1889, il apprend que plusieurs
géologues américains déploraient son absence lors de la réunion de lřA.A.A.S., tenue à
Toronto : « At Toronto many American geologists were asking for you, much regreting
your absence, especially the Washington men who had apparently a pleasant remembrance
of you met to that city two years ago128 ». Ce court témoignage nous montre lřefficacité de
la participation à des congrès pour développer un réseau. À cette époque, lřimportance du
réseau étranger pour la carrière dřun naturaliste nřest plus à prouver. Par contre, il est
intéressant de se pencher sur le rôle du réseau dans les activités dřinstitutions comme les
sociétés savantes, les musées de sciences et les revues.
125
Lettre de C. Lyell à J.W. Dawson, December 6 1865, McGill University Archives Private Fonds, Dawson
Family Papers, MG 1022, c. 2.
126
Selections from certificates in favour of J.W. Dawson, Esq., F.G.S., as a candidate for the Chair of Natural
History in the University of Edinburgh, Hugh Paton, 1855, 16 p.
127
Sheets-Pyenson, op. cit. (John William Dawson. Faith, Hope, and Science), 84-85.
128
Lettre de J.W. Dawson à G.M. Dawson, 6 septembre 1889, McGill University Archives Private Fonds,
Dawson Family Papers, Scientific correspondance, George Mercer Dawson, MG 2022, C. 55-56.
179
Plusieurs institutions du XIXe siècle ont entretenu des liens avec dřautres sociétés
savantes, des musées de sciences ou des revues ailleurs en Amérique du Nord. On peut
facilement repérer les liens dřéchanges et les dons faits à ces institutions en consultant les
catalogues de leur bibliothèque ou du contenu de leur musée, dans leurs rapports annuels.
En étudiant ces catalogues, on constate que la diversité du contenu de la bibliothèque ou du
musée dépend du nombre dřéchanges avec dřautres institutions et des dons faits par des
individus. Par exemple, dans le cas de la Literary and Historical Society of Quebec, en
1882, on répertorie 78 liens dřéchanges, dont 79,5 % sont des institutions et 20,5 % des
individus (voir le tableau 4.1), alors quřà la Montreal Horticultural Society and Fruit
Growersř Association of the Province of Quebec, en 1878 et en 1886, ce sont 52,6 % des
institutions et 47,4 % des individus qui fournissent les dons. Enfin, à la Natural History
Society of Montreal, en 1870, on envoie le Canadian Naturalist and Geologist à 75
institutions (16,9 %) et à 368 membres (83,1 %).
Tableau 4.1 Comparaison de la proportion d’individus et d’institutions donateurs
Institutions
Literary and Historical
Society of Quebec (L.H.S.Q.)
Montreal Horticultural
Society and Fruit Growersř
Association of the Province of
Quebec
Natural History Society of
Montreal (N.H.S.M.)
Redpath Museum
Musée Collège de SaintLaurent
Musée Literary and Historical
Society of Quebec
Le Naturaliste canadien
Années
1882
Individus
Nombre
%
16
20,5
Institutions
Nombre
%
62
79,5
Total
Nombre
78
1878
1886
20
10
52,6
52,6
18
9
47,4
47,4
38
19
1870
75
16,9
368
83,1
443
?
1890
1891
18631877
1873
23
65
43
46
92
76,5
74,1
90,2
2
20
15
5
8
23,5
25,9
9,8
25
85
58
51
214
87
32
13
246
Source : Compilation de lřauteure à partir des rapports suivants : Anonyme, « Exchange
List, 1882 », Transactions of the Literary and Historical Society of Quebec, Vol. 17
(Session of 1882-1883), p. 105, cité dans Ginette Bernatchez, La Société littéraire et
historique de Québec (The Literary and Historical Society of Quebec) 1824-1890, Thèse
de M.A., Université Laval, 1979, p. 151-152; anonyme, « Donations to library to present
time », Fourth Report of the Montreal Horticultural Society and Fruit Growers’
Association of the Province of Quebec, for the year 1878, Montréal, Ŗ Witness ŗ Printing
House, 1879, p. 130-133; Anonyme, « Additions to the library », Twelveth Report of the
Montreal Horticultural Society and Fruit Growers’ Association of the Province of Quebec,
180
for the year 1886, Montréal, 1887, p. 140-141; Anonyme, Proceedings at the annual
meeting of the Natural History Society of Montreal, for the year ending May, 1870: (...),
Montréal, Gazette Steam Printing House, 1870, p. 23-32 (il sřagit de la liste des institutions
recevant leur revue et de la liste des membres); Anonyme, McGill University, Peter
Redpath Museum. Guide to visitors, Montréal, s.d. 7 p.; J.-C. Carrier, rév., « Dons faits au
Collège de Saint-Laurent depuis le 1er juin 1889, jusquřau 31 mai 1890 », Bulletin No. 6 de
la bibliothèque et du musée du Collège Saint-Laurent, S.l., 1890, p. 93-97; Carrier, « Dons
faits au Collège de Saint-Laurent depuis le 1er juin 1890, jusquřau 31 mai 1891 », Bulletin
No. 7 de la bibliothèque et du musée du Collège Saint-Laurent, S.l., 1891, p. 95-99; J.M.
Le Moine, « Donations to the Museum », Catalogue of Birds, Medals, Woods, &c. in the
Museum of the Literary and Historical Society of Quebec, Montréal, Lovell Printing and
Publishing Co., 1878, p. 17-22 et L. Provancher, « Liste des abonnés au Naturaliste
canadien dans la province de Québec », Le Naturaliste canadien, vol. V, no 2 (février
1873), p. 55-58.
Pour les musées de sciences, quřils soient rattachés à une institution dřenseignement
ou à une société savante, les dons sont plus nombreux du côté des individus que des
institutions, alors que lřon observe le contraire pour ce qui est des dons faits à des sociétés
savantes. Ainsi, au Musée Redpath, 92 % des dons proviennent dřindividus, contre 8 % des
institutions. Au musée du Collège Saint-Laurent, environ 75% des dons viennent
dřindividus et 25% dřinstitutions, tandis que ce sont 90,2% des individus qui fournirent les
spécimens du musée de la L.H.S.Q., contre 9,8% des institutions. Enfin, même constat en
ce qui concerne la liste des abonnés du Naturaliste canadien : une forte proportion
dřindividus sont abonnés (87%), comparée à une minorité dřinstitutions (13%).
Les musées de sciences devaient donc compter sur des individus pour augmenter
leurs collections, tout comme une revue telle Le Naturaliste canadien devait compter sur
une majorité dřabonnés individuels. Tout ceci nřest pas surprenant, compte tenu du publiccible de ces institutions, cřest-à-dire des personnes intéressées aux sciences ou impliquées
dans ce domaine. Du côté des sociétés savantes, la situation est différente. Le nombre de
liens dřéchanges Ŕ lřétendue de son réseau scientifique Ŕ, détermine si ce sont les individus
ou les institutions qui en seront les principaux abonnés et les principaux donateurs. Les
sociétés comme la L.H.S.Q. et la N.H.S.M., qui ont environ 80 % de membres
institutionnels, entretiennent donc majoritairement des liens avec lřétranger, ce qui se
traduit par lřenvoi de leurs rapports et transactions dans dřautres pays. Pour ce qui est
181
dřune société comme la Montreal Horticultural Society and Fruit Growersř Association of
the Province of Quebec, qui a une visée nettement régionale (son public-cible concerne les
horticulteurs et certains agriculteurs de la région montréalaise), le nombre de donateurs est
presque le même quelle que soit la catégorie.
4.2.3 Les moyens déployés par les naturalistes pour contrer leur éloignement
Pour compenser leur éloignement, et aussi pour sřassurer une place dans un réseau
scientifique, les naturalistes utilisent divers moyens informels : « There have been
numerous organized systems for the collection of data from local naturalists, for example,
Spencer Bairdřs network or correspondents. However, many local naturalists found their
conduit to the wider community through informal means.129 » Ces moyens, que nous
passons en revue dans les pages suivantes, sont la correspondance, lřadhésion à des sociétés
savantes et la participation à des congrès.
4.2.3.1
Correspondance et échanges
Exploité de manière systématique par les naturalistes, le premier moyen consiste en
lřadoption de la correspondance comme moyen de communication. Ce choix nřest
évidemment pas surprenant si lřon tient compte du rayon limité des moyens de transport et
du temps nécessaire pour se déplacer dřun pays à lřautre.
Au XVIe et surtout au XVIIe siècle, les réseaux de correspondance entre savants (européens
dřabord, étendus aux Amériques ensuite) ont constitué une incarnation spécifique de
lřinternationalité de la science, qui est venue sřajouter à la circulation des personnes mais prend
vite plus dřimportance : aux déplacements physiques des agents sřest ajoutée la circulation des
écrits, largement facilitée par lřimprimerie. Les savants sřéchangeaient ainsi non seulement des
informations sur leurs recherches, mais aussi des livres et des spécimens dřobjets divers
(minéraux, végétaux, animaux). Par ces échanges, ils étaient ainsi fortement intégrés à tout
réseau qui dépassait largement les frontières nationales et faisaient ainsi exister de façon
concrète la « république des lettres130.
Les réseaux de naturalistes se forment donc principalement par le biais des nombreuses
lettres envoyées à dřautres agents, parfois accompagnées de documents ou de spécimens.
129
J.C.A. Burchsted et Fred Burchsted, « Samuel Tufts, Jr. (1817-1902), a Massachusetts shell collector and
aquarium stocker », Archives of natural history, vol. 34, no 2 (October 2007), p. 232.
130
Y. Gingras, « Les formes spécifiques de lřinternationalité du champ scientifique », Actes de la recherche
en sciences sociales, nos 141-142 (2002), p. 32.
182
Les naturalistes du Québec ne se sont pas privés dřutiliser ce moyen relativement
économique pour établir des liens avec des naturalistes dřailleurs. Nous en avons repéré
plusieurs témoignages dans leurs correspondances. Ainsi, dans le cas de lřabbé L.
Provancher, la correspondance lui permet dřéchanger sa revue avec dřautres sociétés
savantes Ŕ et donc dřobtenir de la documentation de première main quřil ne pourrait trouver
au Québec Ŕ et de le mettre en contact avec des naturalistes sřintéressant aux mêmes
disciplines que lui :
Notre publication nous procure des échanges précieux avec un grand nombre de sociétés
savantes étrangères, échanges que nous ne trouvons dans aucune de nos bibliothèques, même
les plus considérables, et nos livraisons traversant les mers vont prendre place dans les cabinets
des princes de la science ; ce nřest là sans doute quřune bien petite pierre pour la construction
de lřédifice intellectuel, auquel travaillent, dřun commun accord, tous les savants du monde
entier ; mais cette faible contribution nřen est pas moins, pour notre jeune pays, un acte de
présence à ce poste dřhonneur. En disparaissant, nous cessons dřêtre représentés dans ce
congrès des intelligences supérieures, parmi ces actifs promoteurs du progrès; (…) 131.
Un autre cas dřacquisition de documentation par le biais de la correspondance provident
des archives de J.W. Dawson. Le docteur Otto Hahn qui écrit pour lui confirmer lřenvoi
dřun de ses livres: « I send you hereby my Book „ Die Urzelle Ŗ containing all the
discoveries I made in pursuiing the veritable nature of the crystalline Limestone. I wish you
may be able to agree with them. If it would be so, the Eozoon canadense was the guide to
the verity and we both have the satisfaction, we were both wrong132 ». Il nřy eut cependant
pas dřautres contacts entre les géologues.
En 1873, L. Provancher prête à D.-N. Saint-Cyr sa copie de The Origin of Species de
Charles Darwin. D.-N. Saint-Cyr est enchanté par sa lecture et il lui envoie une lettre : « Je
ne puis assez vous témoigner combien je vous suis obligé de me laisser Darwin pour
quelque temps. Selon mon humble opinion ce livre est un véritable trésor dřhistoire
naturelle. Il y a de tout dans ce livre; géologie, mammalogie, ornithologie, entomologie,
botanique &c &c. Aussi y puisé-je largement133 ».
131
L. Provancher, « À nos abonnés », Le Naturaliste canadien, vol. XI, no 12 (décembre 1879), p. 342.
Lettre du Dr Otto Hahn à J.W. Dawson, 1er septembre 1879, McGill University Archives Private Fonds,
Dawson Family Papers, MG 1022, c. 7.
133
Lettre de D.-N. Saint-Cyr à L. Provancher, 31 janvier 1873, A.S.C. 17, Fonds Provancher, C-5.
132
183
La correspondance permet également dřentreprendre des échanges de spécimens
avec lřétranger afin dřaugmenter les collections de sciences naturelles dřun individu ou
dřune institution. Cřest le cas de lřabbé L.-O. Brunet qui reçoit cette lettre dřAngleterre, en
1863, résultat de sa visite à Londres.
It is more than two years ago since I had the pleasure of seeing you at those gardens. At
which time, you expressed a wish to enter into an exchange of plants. I do not know if you
have formed your new gardens if so I shall be most happy to carry out your proposalŕand
have been in hopes of hearing from you before thisŕnot having heard, I have taken the trouble
to remind you, as I am very anxious to obtain some of your plants particularly ŖSarraceniasŗ.
I beg to trouble you with a list of a few things I am anxious to obtain from N.A. and I
shall be very glad to have your list of desiderata in return134.
Comme le projet de jardin botanique du séminaire de Québec ne se réalisa pas, il semble
bien que les échanges demandés nřaient pas eu lieu.
4.2.3.2 Adhésions à des sociétés savantes
Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, il devient de plus en plus important
pour les naturalistes de faire partie de sociétés savantes. Une dizaine de sociétés sont
actives au Québec au cours de cette période. Dans le tableau 4.2, on répertorie celles dont
les naturalistes de notre corpus font partie. Les sociétés savantes retenues ont toutes existé
pendant plus de cinq ans et plus dřun naturaliste de mon corpus en ont fait partie. Les
sociétés suivantes nřont pas été retenues, parce quřelles ne remplissaient pas ces deux
critères : Société pour lřencouragement des sciences et des arts au Canada (1827-1829,
fusionnée avec la L.H.S.Q.), Société canadienne dřétudes littéraires et scientifiques (18431848), Agricultural Society of Lower Canada (1847-1852), Botanical Society of Montreal
(1850-1855), Société pour lřavancement des sciences, des lettres et des arts (1908-quelques
années), Montreal Horticultural Society (Girdwood membre) et la Société dřhorticulture du
comté de lřIslet (Jean-Charles Chapais membre). Il existait dřautres sociétés savantes,
comme la Fruit Growersř Association of Abbotsford, mais aucun de nos naturalistes nřen
fait partie.
134
Lettre de John L. Tyerman à L.-O. Brunet, 10 juin 1863, Séminaire 113/86, Papiers Louis-Ovide Brunet,
Fonds Séminaire de Québec, Musée de la Civilisation.
184
Tableau 4.2 Liste des sociétés savantes retenues
Sociétés savantes
Literary and Historical Society of Quebec (L.H.S.Q.)/
Société littéraire et historique de Québec
Natural History Society of Montreal (N.H.S.M.)/
Société d’histoire naturelle de Montréal
Institut canadien de Montréal
Institut canadien de Québec
Montreal Horticultural Society & Fruit Growers’ Association
of the Province of Quebec
Section de Québec de l’Entomological Society of Ontario
Section de Montréal de l’Entomological Society of Ontario
Société d’histoire naturelle de Québec
Dates de fondationdissolution
1823 à aujourdřhui
1827-1925
1844-1882
1848 à aujourdřhui
1846-?
1863-?
1873-?
1870-1888
Source : Compilation de lřauteure à partir de nombreuses études dřhistoire des
sciences (consultez la section « Études dřhistoire des sciences » dans la bibliographie).
Si lřon compare les tableaux 4.3 et 4.4, qui dénombrent les naturalistes par société savante
pour deux périodes (1800-1849 et 1850-1920), on constate que la participation à une ou
plusieurs sociétés savantes locales est beaucoup plus importante au cours de la deuxième
période. De même, de 1850 à 1920, les naturalistes qui chevauchent les deux parties sont
membres dřune ou de plusieurs sociétés, au lieu dřaucune ou dřune seule au cours de la
période précédente, ce qui augmente le nombre de naturalistes par société pour la seconde
période.
185
Tableau 4.3 Nombre de naturalistes par société savante (1800-1849)
Sociétés savantes
Aucune
Literary and Historical Society
of Quebec
Natural History Society of
Montreal
Institut canadien de Montréal
Institut canadien de Québec
Montreal Horticultural Society
& Fruit Growers’ Association
of the Province of Quebec
Total
Francophones
Nombre de
%
naturalistes
4
18,2
0
0
Anglophones
Nombre de
%
naturalistes
2
9,1
3
13,6
Total
Nombre de
naturalistes
6
3
27,3
13,6
%
1
4,5
11
50
12
54,5
0
1
0
0
4,5
0
0
0
0
0
0
0
0
1
0
0
4,5
0
6
27,3
16
72,7
22
100
Source : Compilation de lřauteure à partir de nombreuses notices biographiques (consultez
la section « Notices biographiques » dans la bibliographie).
Tableau 4.4 Nombre de naturalistes par société savante (1850-1920)
Sociétés savantes
Francophones
Nombre de
naturalistes
27
Aucune
1
Literary and Historical Society of
Quebec
1
Natural History Society of
Montreal
2
Institut canadien de Montréal
5
Institut canadien de Québec
0
Montreal Horticultural Society &
Fruit Growers’ Association of the
Province of Quebec
2
Section
de
Québec
de
l’Entomological
Society
of
Ontario
2
Section
de
Montréal
de
l’Entomological
Society
of
Ontario
4
Société d’histoire naturelle de
Québec
45
Total
%
Anglophones
33,8
1,3
Nombre de
naturalistes
6
4
1,3
%
Total
7,5
5
Nombre de
naturalistes
33
5
%
41,2
6,2
15
18,8
16
20
2,5
6,2
0
0
0
2
0
0
2,5
2
5
2
2,5
6,2
2,5
2,5
3
3,7
5
6,2
2,5
5
6,2
7
8,7
5
0
0
4
5
56,3
35
43,7
80
100
Source : Compilation de lřauteure à partir de nombreuses notices biographiques (consultez
la section « Notices biographiques » dans la bibliographie).
186
Ce ne sont pas seulement les naturalistes Ŕ du moins tels quřon les entend aujourdřhui
Ŕ qui utilisent ce moyen dřétendre leur réseau et dřaccumuler de la documentation135. Au
cours de la même période, lřhistorien Benjamin Sulte, alors quřil est membre de la Société
royale du Canada, bénéficie dřun rayonnement qui dépasse les frontières du Québec,
dřabord par lřenvoi systématique de ses volumes annuels à ses membres ainsi quřaux
grandes bibliothèques du pays et du monde, ensuite par la publication des tirés à part et
sûrement aussi par le prestige qui accompagne le titre de membre fondateur, même si celuici est difficile à évaluer.
Si la participation à une société locale ou nationale est primordiale afin dřétablir des
liens avec dřautres naturalistes sřintéressant aux mêmes problématiques au Québec,
lřadhésion à une société étrangère lřest tout autant pour intégrer un réseau scientifique plus
large. Cette situation est rendue possible puisque « le cosmopolitisme scientifique était
aussi à lřhonneur dans les académies nationales qui nommaient toujours un certain
contingent de « membres étrangers136 ». Ils étaient souvent qualifiés de membres
correspondants. Les citations suivantes nous montrent que le fait dřêtre membre dřune
société savante étrangère apporte immanquablement un avantage. Le premier est matériel,
dans le cas dřéchanges de documentation, comme pour lřabbé L. Provancher : « Je viens de
recevoir mon diplôme de membre de la Société des Sciences Historiques & Naturelles de
Sémur, et en même temps une lettre dřun M. André me demandant lřéchange de mon
Naturaliste pour un ouvrage (un spécies) sur les Hyménoptères quřil publie par parties.
Vous pouvez croire si jřai accepté avec empressement137 ». Lřautre avantage est relationnel,
quand il sřagit dřentrer en relation avec dřautres naturalistes: « Pour ce qui est de lřoffre
gracieuse que vous me faites de me faire recevoir dans la Association of American
Conchologists, je lřaccepte, et vous remercie par anticipation; je lřaccepte, dis-je, pour le
seul avantage quřil y a à me mettre en relation dřaffaires avec ces MM. Je paierai mon
abonnement au Nautilus en Juin prochain, si je suis élu membre138 ».
135
Groulx, op. cit., p. 144.
Gingras, loc. cit. (« Les formes spécifiques… »), p. 32.
137
Lettre de L. Provancher à V.-A. Huard, 6 février 1879, C-11-40-23, Fonds V.-A. Huard, A.S.C.
138
Lettre de J.-C. Carrier à Provancher, 28 janvier 1891, A.S.C. 41, Fonds Provancher, C-5.
136
187
4.2.3.3 Participation à des congrès
Le dernier moyen pris par les naturalistes pour briser leur isolement, la participation à
des congrès étrangers, prend une place de plus en plus importante dans lřélaboration de
leurs réseaux : « Une nouvelle forme de pérégrination est ainsi apparue (facilitée, il ne faut
pas le négliger, par le développement du transport ferroviaire) : la participation aux congrès
internationaux de chercheurs, dont le nombre a crû de façon exponentielle au cours de la
seconde moitié du XIXe siècle139 ». Les naturalistes du Québec ne faisaient pas exception et
certains ont rapidement intégré ce moyen dřétablir des contacts et ainsi élargir leur réseau.
Nous avons déjà traité de la participation de lřabbé J.-C.-K. Laflamme à divers
congrès scientifiques, de lřA.A.A.S. en passant par le Congrès international de géologie, à
Saint-Pétersbourg. En 1869, J.-A. Crevier entend bien participer au congrès de lřA.A.A.S.,
en compagnie de lřabbé L. Provancher : « Jřai reçu le 24 courant votre bienveillante lettre
mřannonçant lřassemblée du Congrès Scientifique devant avoir lieu à Salem Mass. le 18
Août courant à 10h. A.M. Jřai reçu en même temps deux circulaires, lřune du comité local
de Salem, et lřautre spéciale aux personnes sřintéressant à lřétude des objets
microscopiques. Je pense pouvoir assister au Congrès Scientifique tenu à Salem, et je serai
très heureux de vous avoir pour compagnon de voyage140 ». Pour les naturalistes de la
première génération, comme on peut le voir dans lřextrait ci-dessus, les congrès
représentent des occasions dřeffectuer un voyage dřagrément et de rencontrer des
naturalistes dans leur discipline de prédilection. Pour les naturalistes de la seconde
génération, formés pour la plupart à lřuniversité et spécialisés dans une discipline, la
participation à un congrès permet lřintégration à un réseau scientifique plus étendu et
influent. Cřest le cas de T.S. Hunt, qui représente la S.R.C. au congrès de la B.A.A.S., à
Manchester, en Angleterre, en 1887141, et de G.M. Dawson, dont la participation au congrès
139
Gingras, loc. cit. (« Les formes spécifiques … »), p. 32.
Lettre de J.-A. Crevier à L. Provancher, 27 juillet 1869, A.S.C. *, Fonds Provancher, C-5.
141
« (…) and then hope to leave soon after for England, where I propose to spend two or three months, and to
be present at the meeting of the British Association of the Advancement of Science to be held at Manchester
in August. If on that occasion I can in any way act as the representative of the Royal Society of Canada, I
shall feel honored. » Lettre de T.S. Hunt à T.-E. Hamel, 15 mai 1887, Université 81/61, Fonds Séminaire de
Québec, Musée de la Civilisation.
140
188
de la B.A.A.S., en 1892, est vue par son père J. W. Dawson comme un devoir, à la fois
pour le remplacer et pour rencontrer les principaux naturalistes de lřépoque.
(…) it may be a duty to go, if at all possible, to the British Association meeting at Edinburgh,
where I see Lord Roseberry [?] and other leading men in the new regime are likely to be
present.
Under ordinary circonstances I would have endeavoured to go myself. The city of
Edinburgh and a Geographical president offer great attractions; but the unsettled state of affairs
in the College and the expenditures I have had to make this spring render this impossible. It
would however be quite a consolation to me if you can go to represent me as well as yourself.
Please do not postpone [?] this, as I think it an opportunity to be embraced 142.
Quand on fait le tour des moyens pour compenser leur éloignement, on comprend
que les naturalistes du Québec manquaient de certaines institutions comme des sociétés
savantes dřenvergure internationale et des congrès scientifiques réguliers. Comme ils ne
pouvaient, pour la plupart, sřintégrer au monde académique Ŕ rappelons que lřenseignement
des sciences dans les universités du Québec nřest encore quřà lřétat embryonnaire (du
moins chez les francophones) Ŕ, leurs réseaux sřétablissent principalement par le biais de
réseaux invisibles.
4.2.4 Les réseaux invisibles
Ces réseaux que les naturalistes développent sont parfois appelés des « collèges
invisibles » : « Ces groupes forment un collège invisible, au sens où lřétaient les premiers
pionniers inconnus qui devaient plus tard se réunir pour former la Royal Society en 1660.
Ils remplissent exactement les mêmes fonctions : conférer par lřapprobation des pairs statut
et prestige, et surtout résoudre les crises de communication en réduisant un groupe large à
un groupe plus restreint, prévu de la taille maximale compatible avec des relations
personnelles143 ». Dans le cas du Québec et du Canada, certaines sociétés savantes, comme
la S.R.C., occupent la fonction dřassurer, par son adhésion, lřapprobation des pairs, puisque
lřélection se faisait par ceux-ci. Les autres sociétés savantes, dont le territoire dřinfluence se
limite le plus souvent à une ville ou une région, ont plutôt permis dřaméliorer les liens entre
les membres, ce qui facilitait les communications entre eux.
142
Lettre de J.W. Dawson à G.M. Dawson, 20 juillet 1892, McGill University Archives Private Fonds,
Dawson Family Papers, Scientific correspondance, George Mercer Dawson, MG 1022, C. 55.
143
Derek J. de Solla Price, « Les universités invisibles et le voyageur scientifique prospère » dans Solla Price,
Science et suprascience, Librairie Arthème-Fayard, 1972, p. 91.
189
On peut repérer ces réseaux invisibles en consultant les mentions de collaborateurs
quřun naturaliste rapporte dans ses publications. Nous donnons ici lřexemple de lřabbé L.O. Brunet qui fait état des collaborateurs à son Catalogue des plantes canadiennes
contenues dans l’herbier de l’Université Laval et recueillies pendant les années 1858-1865.
Le plus grand nombre de plantes qui composent ce catalogue est le fruit de nos propres
herborisations. Cependant, nous devons dire quřun certain nombre nous a été fourni par des
collaborateurs zélés, notamment : Mgr. Horan, Mr. Edouard Glackmeyer, plantes des environs
de Québec ; Mr. lřabbé J.-B.-A. Ferland, dont nous regrettons la perte récente, plantes du
Labrador, dřAnticosti et de Gaspé ; Mr. T. Bédard, plantes de Lotbinière et de Sainte-Croix ;
Mr. lřabbé Fournier et le Commandant Fortin, plantes du Labrador, de lřîle dřAnticosti, etc.144.
Lřabbé L. Provancher fait de même dans sa Flore canadienne… lorsquřil énumère les
botanistes amateurs qui lřont aidé145. Ces contributeurs forment ces collèges invisibles qui
peuvent par la suite entretenir les liens dřéchanges ou de collaboration pour une recherche.
Ces disciplines dépendent alors beaucoup du travail des naturalistes amateurs qui couvrent
un immense territoire sur lequel plantes et insectes se croisent et circulent.
Lřanalyse des réseaux scientifiques au Québec, de 1850 à 1920, nous montre quřau
cours de cette période, les naturalistes ne sont que peu intégrés à des réseaux encore en
construction. Dřun côté, même sřils font régulièrement appel à lřÉtat pour recevoir argent,
caution morale ou pour susciter un intérêt, ils ne reçoivent pas toujours une réponse
positive à leurs demandes. Et quand lřÉtat sřadresse à eux pour effectuer un travail, cette
situation nřest pas garante de lřavenir en ce que la relation de service établie ne concerne
quřun acteur du milieu pour une période et un mandat donnés. Les naturalistes sont donc
peu intégrés dans les instances étatiques.
144
L.-O. Brunet, Catalogue des plantes canadiennes contenues dans l’herbier de l’Université Laval et
recueillies pendant les années 1858-1865. Première livraison, Québec, C. Darveau, 1865, p. 6.
145
« Nous mentionnerons dřabord comme ayant droit à notre reconnaissance et à nos remerciements, Aug.
Delisle, écuyer, notaire, de Montréal, pour une foule de remarques intéressantes sur les plantes des lieux
environnants cette cité. Puis Son Honneur le Juge Roy, de la Malbaie, résidant ci-devant à Chicoutimi, pour
une liste de plantes de ces deux localités et des lieux circonvoisins. (…) Nous avons été aussi heureux de
recueillir de la bouche de Sa Grandeur Mgr. Horan, évêque de Kingston, et de M. lřabbé Ferland, professeur à
lřUniversité-Laval, plusieurs renseignements utiles sur les plantes quřils avaient rencontrées dans leurs
périgrinations [sic], le premier à travers les forêts du Haut-Canada, et le second sur nos côtes
Labradoriennes. » L. Provancher, « Préface », Flore canadienne…, Québec, Darveau, 1862, p. IV-V.
190
Les réseaux que les naturalistes établirent entre eux au Québec apparaissent tout de
même plus solides et plus diversifiés que pour la période avant 1850, même sřils ne sont
pas encore très développés. Quant aux types de relations avec le reste du Canada, les ÉtatsUnis et lřEurope, ils se cantonnent principalement en des relations de services ou dřaide,
dřappartenance et parfois de hiérarchie. Toutefois, contrairement à la situation des
naturalistes dřici, les liens avec lřétranger sont souvent courts et de peu de conséquences.
Ces liens ne permettent certes pas de compenser lřéloignement des naturalistes du Québec
qui devaient utiliser divers moyens pour sřassurer une place dans un réseau scientifique.
Cřest grâce à ces moyens quřils ont commencé à se regrouper localement en fonction de
leurs intérêts et à progressivement intégrer un réseau plus vaste que ceux de la province de
Québec et le reste du Canada. Ces moyens leur étaient dřautant plus nécessaires compte
tenu du développement très embryonnaire de lřinstitution universitaire au Québec à cette
période. Cřest ce qui explique que la production des naturalistes, même si elle était de plus
en plus intégrée dans le milieu scientifique par le biais de publications originales,
dřadhésion à des sociétés savantes et de participation à des congrès, ne pouvait pas se
développer aussi rapidement et intensément quřaux États-Unis ou dans certains pays
dřEurope. Ainsi, à lřexception de J.W. Dawson qui eut une carrière internationale, le gros
du travail scientifique au Québec reste dřun niveau local et le fait dřamateurs qui y
consacrent du temps et des ressources personnelles, ce qui nřempêche pas certains de faire
des contributions importantes, principalement dans les sciences dřinventaire.
191
La vraie science nřest pas celle qui fait le plus de bruit;
par son propre mérite, par les résultats quřelle obtient,
elle sřimpose dřelle-même à la considération du public.
Celui-ci peut bien se laisser éblouir un instant par lřéclat
dřune réclame tapageuse mise au service de la médiocrité,
il peut se laisser séduire par de faux brillants et par des
dehors trompeurs; mais, tôt ou tard, les nuages se dissipent,
les voiles se déchirent, et la réalité, telle quřelle est, finit par
se faire jour; la mort met les choses au point, et le peuple,
désenchanté, se venge de sa crédulité par lřoubli.
Lřhomme de sciences, au contraire, qui doit sa réputation
à son mérite personnel (…), ne descend pas tout entier
dans la tombe; son désintéressement et sa modestie
ajoutent de nouveaux rayons à lřauréole qui nimbe
son front et ses concitoyens lui décernent volontiers
les hommages quřil nřavait pas recherchés.
-
Abbé Henri Simard, « Mgr J.-C.-K. Laflamme »,
Annuaire de l’Université Laval, 1911-1912, p. 209.
192
CHAPITRE 5
LřESPACE DE SOCIABILITÉ EN ACTION : STRUCTURATION, DYNAMIQUE
ET AUTONOMIE
Si les pratiques scientifiques et les réseaux que les naturalistes établissent entre eux
constituent des caractéristiques essentielles à la compréhension dřun espace de sociabilité
scientifique, lřanalyse de cet espace en action y contribue également. Dans le cas du
Québec, comme ailleurs en Occident, les acteurs se construisent une image sociale qui leur
apporte une certaine légitimité selon leur participation ou leur non-participation aux
pratiques en vigueur dans le milieu scientifique. Par exemple, les cas de controverses et de
débats scientifiques permettent dřévaluer la place quřoccupent les naturalistes et, ainsi, de
comprendre leur capacité à faire reconnaître leurs compétences par dřautres acteurs du
milieu scientifique.
Après avoir présenté la structuration de lřespace de sociabilité scientifique au
Québec, par le biais de lřidentité des acteurs et leur place dans le milieu scientifique, nous
verrons le milieu en action à partir de quelques exemples de débats et de controverses
scientifiques à la fin du XIXe siècle. Enfin, nous aborderons la question de lřautonomie
relative du milieu scientifique à lřaube de lřapparition dřune communauté scientifique au
Québec, à partir des années 1920.
5.1 La structuration de l’espace de sociabilité scientifique
On peut dřabord entrevoir la structuration de lřespace de sociabilité scientifique par
le biais de ses acteurs. Ceux-ci développent une identité qui se manifeste, pour certains, en
la possession dřune légitimité scientifique qui témoigne de lřacceptation de leurs
compétences scientifiques.
5.1.1 Le portrait et l’identité des acteurs
Comme nous lřavons vu dans les chapitres précédents, les acteurs qui contribuent à
lřémergence du milieu scientifique au Québec et à sa structuration proviennent de milieux
193
similaires, que ce soit au début ou à la fin de la période. Ainsi, la très grande majorité des
naturalistes de notre étude ont suivi une formation collégiale classique. Certains ont
également suivi une formation spécialisée requérant un diplôme universitaire. En ce qui
concerne les francophones, un seul (et il est dřorigine européenne) compléta un doctorat.
Certes, on attribua deux doctorats ès-sciences aux abbés L. Provancher et V.-A. Huard,
mais ils constituaient plutôt des reconnaissances honorifiques de leur œuvre. Du côté des
anglophones, le taux de diplômation universitaire est plus élevé que chez les francophones.
Ceci ne se reflète toutefois pas dans les professions que ces derniers occupent.
Dans le tableau 5.1, nous voyons que les naturalistes francophones et anglophones du
Québec exercent des occupations principalement orientées vers lřenseignement et les
professions libérales (50 % des cas répertoriés pour les deux groupes). Ainsi, ils ne peuvent
occuper une place déterminante dans le milieu scientifique international de leur temps.
Pour cela, il faut attendre la prochaine génération de naturalistes détenant pratiquement
tous une formation universitaire, ce qui leur permet dřoccuper les postes spécialisés au sein
des universités et dřautres organismes, comme les ministères ou des entreprises privées.
194
Tableau 5.1 Occupations des naturalistes du Québec
Occupations
Professions
libérales
(médecin,
avocat,
comptable,
notaire,
architecte,
journaliste,
auteure)
Prêtre, révérend
Professeur,
recteur,
surintendant de l’éducation
Scientifique
(géologue,
chimiste, agronome)
Naturaliste et conservateur
de musée de sciences
Homme politique
Administrateur et homme
d’affaires
Militaire
Garde-chasse et pêche
Total
Francophones
Nombre
% total
8
11,4
Anglophones
Nombre
% total
6
8,6
Nombre
14
Total
% total
20
4
15
5,7
21,4
2
6
2,9
8,6
6
21
8,6
30,1
5
7,1
7
10
12
17,1
4
5,7
2
2,9
6
8,6
4
0
5,7
0
0
4
0
5,7
4
4
5,7
5,7
0
1
41
0
1,4
58,6
2
0
29
2,9
0
41,4
2
1
70
2,9
1,4
100
Source : compilation de lřauteure dřaprès des notices biographiques de naturalistes (voir
annexe 1).
Plusieurs des naturalistes francophones, plus de 21 %, proviennent du milieu de
lřéducation. La majorité occupe des postes de professeurs dans des collèges classiques. Le
temps consacré à la préparation des cours et à la correction des travaux, à lřadministration
scolaire, à des activités extra-scolaires et, le cas échéant, à leurs responsabilités
ecclésiastiques, est tellement considérable que les activités de recherche sont souvent très
réduites ou inexistantes. Du côté des anglophones, beaucoup moins disposent de postes de
professeurs (8,6 %). Une proportion similaire exerce une profession libérale dans les deux
groupes (11,4 % contre 8,6 % chez les anglophones), tandis que 5,7 % de ces derniers se
classent comme administrateurs/hommes dřaffaires. Ceux qui exerçaient des professions
libérales, tout comme les administrateurs, ne disposent que de leur temps de loisir pour
pratiquer des activités de recherche.
Dans les deux groupes, le pourcentage de professionnels (géologues, chimistes,
agronomes, …) nřest pas très élevé : 7,1 % chez les francophones et 10 % chez les
195
anglophones. Chez ces derniers, les géologues prédominent (6 occurrences sur 7). Ce
résultat sřexplique par la volonté des gouvernements de faire lřinventaire des ressources
minérales exploitables du pays1. Si lřon ajoute à cela la catégorie des naturalistes qui vivent
de leur activité et des conservateurs de musée de sciences, le pourcentage de professionnels
est pratiquement le même pour chacun des groupes (12,8 % et 12,9 %), pour un total de
25,7 %.
*
Entre le milieu du XIXe siècle et le début du XXe siècle, lřimage sociale des
naturalistes est en constante évolution. Bien plus, une identité propre se dessine lentement,
celle-ci fondée sur leur formation, leurs titres professionnels et leurs appartenances
institutionnelles. Il est désormais courant de mentionner lřendroit où la formation a été
suivie et le titre conféré (M.Sc., LL. D., Ph.D.), de même que de rappeler le poste occupé
et les titres accordés par des sociétés savantes. Quelques exemples nous proviennent des
abbés L. Provancher, V-.A. Huard et J.-C.-K. Laflamme, puis de C.-E. Dionne, H.-M. Ami
et J.F. Whiteaves.
Alors quřen 1862, sur la page titre de sa Flore canadienne…, L. Provancher indiquait
seulement quřil est curé de Portneuf, sur la première page de sa Petite faune entomologique
du Canada … Volume I, publié en 1877, il peut mentionner quelques-unes de ses
publications antérieures. Ainsi y inscrit-il « auteur de la Flore du Canada, etc. » Dans ses
derniers ouvrages entomologiques, lřabbé L. Provancher signe « Docteur ès-sciences, (…),
membre de plusieurs sociétés savantes, rédacteur du Naturaliste canadien2 ». En 1891,
dans son dernier ouvrage, il met à jour ses titres et signe « Rédacteur du Naturaliste
canadien, membre de la Société Royale du Canada et de plusieurs sociétés savantes3 ».
Cette liste de titres avait pour but de montrer les réalisations de lřacteur qui attend à ce
quřon accorde une valeur à ses compétences ainsi exposées.
1
Zaslow, op. cit.
Sur les pages couvertures des volumes II et III de la Petite faune entomologique du Canada, parus en 1883
et 1886.
3
Sur la page couverture de Les mollusques de la province de Québec.
2
196
Lřabbé V.-A. Huard, dans ses premières publications comme Labrador et Anticosti,
parue à la fin du XIXe siècle, ne pouvait mentionner que ses titres professionnels
(« supérieur du Séminaire de Chicoutimi et directeur du Naturaliste canadien »)4. La
situation est toute autre avec la publication de ses derniers ouvrages, le Manuel théorique
et pratique d’entomologie (1927) et la Faune entomologique de la province de Québec
Volume IV (1929), sur lesquelles il signa Sc.D. (il avait obtenu un doctorat honorifique de
lřUniversité Laval), membre de la Société Royale du Canada (ou M.S.R.C.) et directeur du
Naturaliste canadien.
Ce procédé de déclinaison des titres nřest pas spécifique aux seuls naturalistes. Il est
aussi commun parmi dřautres praticiens de la science, dont les géologues. Dans ses
Éléments de minéralogie et de géologie, publiés en 1881, lřabbé J.-C.-K. Laflamme
mentionne seulement quřil est professeur à lřUniversité Laval5. Ce titre ne change pas sur
la page couverture de la réédition de 1898, ni sur celle de 19076, et cela même sřil devient
membre de la S.R.C. à sa fondation, en 1882. Son successeur comme professeur de
physique, lřabbé H. Simard, est plus prolixe : « maître ès arts et docteur en théologie,
professeur à la faculté des arts de lřUniversité Laval, Québec7 ». En 1927, lors de la
publication de la deuxième série de ses Propos scientifiques, H. Simard enlève les
mentions de ses diplômes et ajoute celle « de la Société royale du Canada », puisquřil
venait de sřy faire admettre, en 1923, dans la section I (littérature française), et non dans la
section III (physique et chimie), comme on aurait pu sřy attendre dřun professeur de
physique.
4
V.-A. Huard, Labrador et Anticosti. Journal de voyage – Histoire – Topographie – Pêcheurs canadiens et
acadiens – Indiens montagnais, Montréal, C.-O. Beauchemin & Fils, 1897, xv-505 p.
5
J.-C.-K. Laflamme, Éléments de minéralogie, de géologie et de botanique, Québec, Éditeur Delisle, 1881,
ix-288 p.
6
J.-C.-K. Laflamme, Éléments de minéralogie, de géologie et de botanique, Québec, Demers, 1898, vii-361
p.; Éléments de minéralogie, de géologie et de botanique, Québec, Imprimerie de la Cie de lřÉvènement,
1907, viii-352 p.
7
H. Simard, Traité élémentaire de physique rédigé conformément au programme de l’Université Laval,
Québec, J.-P. Garneau, 1903, 654 p. (1907 et 1922); Cours élémentaire de cosmographie, Québec,
Imprimerie Laflamme et Proulx, 1916 (première édition en 1913), 198 p.; Propos scientifiques, Québec,
Imprimerie de lřAction sociale Ltée, 1920, 365 p.; Propos scientifiques. Deuxième série, Québec, LřAction
sociale Ltée, 1927, 289 p.
197
C.-E. Dionne, zoologiste au musée de lřUniversité Laval, signe dřune longue liste de
titres sur la page couverture de son dernier ouvrage, Les oiseaux de la province de
Québec : « maître-ès-arts, conservateur du Musée zoologique de lřUniversité Laval,
membre associé de lř« American Ornithologist Union », de la « National Geographic
Society » Washington, etc. Auteur de Les Oiseaux du Canada, du Catalogue (annoté) des
Oiseaux de la Province de Québec, de Les Mammifères de la Province de Québec8 ». Cette
énumération peut paraître fastidieuse, mais rappelons que C.-E. Dionne, sans formation
scientifique, ne possédait pas une position bien définie dans le milieu scientifique. Seules
ses appartenances institutionnelles et ses quelques publications lui permettent de définir sa
position dans ce milieu et, de là, lui assurer une certaine légitimité scientifique.
Dans un texte repris du Canadian Record of Science, H.-M. Ami signe ainsi « M.A.,
F.G.S. [Fellow of the Geological Society]9 ». Quelques années plus tard, il ajoute les autres
titres accumulés, cřest-à-dire D.Sc.Ŕ il avait terminé un doctorat sous la direction de J.W.
Dawson à McGill Ŕ, et F.R.S.C. [Fellow of the Royal Society of Canada]10 ». Lřajout du
titre académique, à la fin du siècle, reflète une tendance importante : les professionnels se
distinguent maintenant de plus en plus des amateurs par leur formation universitaire,
garante de leur compétence, ce qui leur assure une certaine reconnaissance sociale.
Dans la série des Palaeozoic fossils (volumes III), un autre géologue, J.F. Whiteaves
aligne les titres : « F.G.S. [Fellow of the Geological Society], F.R.S.C., etc. Palaeontogist
and zoologist, G. [geologist ?] & N.H.S.C. » Pour ce dernier sigle, il sřagit très
probablement dřune erreur pour N.H.S.M., Natural History Society of Montreal11. Plus
tard, en 1895, il enlève celui de N.H.S.C., car la participation à une société savante formée
principalement dřamateurs ne confère aucun prestige. En 1906, dans la dernière partie du
volume III, il ajoute quřil est assistant directeur de la C.G.C.
8
C.-E. Dionne, Les oiseaux de la province de Québec, Québec, Dussault & Proulx, 1906, viii-414 p.
H.-M. Ami, « On the Geology of Quebec City, Canada », réimprimé à partir de Canadian Record of Science,
avril 1891.
10
H.-M. Ami, « Annual address of the president of the Ottawa field-naturalistsř club delivered December
11th, 1900 », réimprimé à partir du Ottawa Naturalist, vol. XIV, no 11 (février 1901).
11
J.F. Whiteaves, Palaeozoic fossils, 1884.
9
198
Ces cas nous permettent de voir que lřimportance dřafficher ses titres académiques et
professionnels, de même que ses appartenances institutionnelles et associatives, sřaccroit
au cours de la période. Lřappartenance à des sociétés savantes prestigieuses assure aux
naturalistes une visibilité et une renommée accrue de leurs travaux, signe de
reconnaissance dans le milieu scientifique, dřautant plus que leur position nřest pas
toujours bien définie dans ce milieu. Comme nous lřavons vu avec les cas précédents, les
auteurs de monographies scientifiques et de manuels de sciences font suivre leur nom des
différents titres quřils possèdent, comme F.R.S.C.12, F.G.S., professeur…, directeur…, etc.
et, quand ils le pouvaient, de leurs diplômes, M.A., Sc. D., LL. D., maîtrises et doctorats
honorifiques. La même situation sřobserve dans le milieu médical :
Concomitante au processus de professionnalisation de la médecine, la pratique de
lřanonymat dans les publications devient de moins en moins courante dès la fin du XIX e siècle.
Par ailleurs, les auteurs de rapports médicaux étayés sur des recherches signaient non seulement
depuis maintes années leurs contributions originales, mais précisaient également leurs titres,
diplômes et affiliations à des institutions hospitalières. Lřajout des qualifications professionnelles
reflétait le désir des auteurs de marquer leur œuvre du sceau de la crédibilité scientifique et de
lřautorité. Les auteurs dřarticles, de rapports et de livres scientifiques avaient aussi adopté cet
13
usage .
Le prestige accolé à ces titres, réel ou imaginé, devient un sujet de convoitise pour
dřautres naturalistes, particulièrement les jeunes. Le paléontologue H.-M. Ami, dans une
lettre à lřabbé J.-C.-K. Laflamme, lui explique son désir de faire partie de la S.R.C., société
savante dont J.-C.-K. Laflamme vient dřêtre nommé président :
Encore une fois je vous félicite de la haute & noble position que vous occupez dans cette
société nationale à laquelle, humblement et tranquillement, jřose avec foi travailler à atteindre
même le degré le plus inférieur, le titre de simple membre quand le temps sera venu pour
prendre ma place au gré des membres de la section 4. Mais, voilà que je ne suis pas la piste
dřhumilité que mřa tracé Sir William [Logan] dont je parlais tantôt, toutefois nřest-ce pas
légitime à un jeune homme de 33 ans dřaspirer à une telle position afin si possible dřêtre un
peu plus dřutilité à notre nationalité à notre époque14.
12
« Le Gouverneur général a établi dernièrement au Canada une Académie royale des sciences et des lettres,
dont les membres ont été recrutés parmi les plus beaux noms de notre littérature. Voilà pourquoi jřai été
nommé membre de la susdite académie ainsi que MM. Bégin et Hamel, ce dernier surtout à cause de ses
procès avec le Cardinal Trudelle. Je suis donc maintenant F.R.S.C., ce qui veut dire Fellow Royal Society of
Canada, (…). » (Lettre de lřabbé J.-C.-K. Laflamme à lřabbé T.-E. Gauvreau, 17 mai 1882, Université
54/101, Fonds Séminaire de Québec, Musée de la Civilisation.)
13
Macdonald et Connor, op. cit., p. 189.
14
Lettre dřH.-M. Ami à lřabbé J.-C.-K. Laflamme, 5 juin 1891, Université 60/16, Fonds Séminaire de
Québec, Musée de la Civilisation.
199
Un autre exemple de demande provient dřune lettre de Henry-G. Vennor à W.E.
Logan qui lui écrivait : « I have been desirous for some time to obtain an F.G.S. as a sort of
handle to my name thinking it may be if some service to me in future years, when perhaps
working for myself, apart from the Survey Office15. Knowing that my only chance of
obtaining this is through you, I wish now to ask, whether during your present visit to
London, you could favour me in this respect16 ». Cette demande peut nous paraître
extravagante. H.-G. Vennor, âgé de 30 ans en 1870, souhaite faire partie de la Geological
Society of London, alors quřil nřa encore rien produit de significatif dans cette discipline.
En fait, dans cette société savante, comme dans dřautres, seule une minorité de membres
est productive. Grâce à son réseau de sociabilité, H.-G. Vennor est admis à la Geological
Society of London, la même année.
Cette demande nous indique que lřappartenance à une société savante dont la
visibilité est internationale apporte par le fait même une légitimité scientifique qui nřétait
pas sans influencer la trajectoire future dřun acteur. Dans le cas où cette appartenance ne
donne pas les fruits escomptés, lřacteur se sent en droit de protester. Lřexemple du
géologue J.W. Dawson est révélateur des limites de cette appartenance. Même si sa
réputation est forte, il « avouait amèrement sa frustration de ce que, contrairement aux
précédentes, sa « Bakerian Lecture » à la Société Royale de Londres nřeût pas été publiée
dans Philosophical Transactions, organe officiel de la société17 ». Comme le mentionne S.
Sheets-Pyenson dans sa biographie de J.W. Dawson, le refus de publier sa « Bakerian
Lecture » au sujet des plantes fossiles du Devonien lui cause « one of the deepest
mortification of [his] life18 ». Ce quřil ne savait probablement pas, cřest que peu de
naturalistes britanniques reconnaissent lřimportance de ces fossiles, dřautant plus que peu
de textes publiés dans les Transactions sont produits par des géologues spécialisés en
sciences naturelles19. De plus, les fonds limités dont dispose la Société Royale de Londres
à ce moment constituent un obstacle empêchant la publication de textes provenant de
15
La C.G.C.
Lettre de H.-G. Vennor à W.E. Logan, 4 septembre 1870, McGill Archives Private Fonds, MG2046, C.2.
17
Macdonald et Connor, op. cit., p. 193.
18
Sheets-Pyenson, op. cit. (John William Dawson. Faith, Hope, and Science), p. 108.
19
Ibid.
16
200
scientifiques de lřétranger20. Enfin, contrairement à sa tradition, la Société Royale ne
publie plus systématiquement les textes de toutes les conférences dans les années où J.W.
Dawson fit la sienne21. Ce que J.W. Dawson nřa pas entrevu de cet événement est que ce
refus ne signifiait pas que son travail avait été évalué négativement 22.
Lřadhésion à une société savante se fait habituellement à la suite de la demande dřun
individu. Dans certains cas, un droit dřentrée était exigé Ŕ ce fut le cas dans les débuts de la
L.H.S.Q. Ŕ, tandis que dřautres acceptaient les candidats recommandés par leurs membres
ou encore tous ceux qui en faisaient la demande. Quand il sřagissait dřune société savante
prestigieuse, lřadhésion pouvait être lřenjeu de luttes entre les membres. En 1906, à la suite
de la mort de C. Baillairgé, membre de la section III de la S.R.C. (comprenant les
mathématiques, la physique et la chimie), J.-C.-K. Laflamme propose la candidature de
lřabbé H. Simard pour le remplacer23. Au cours de lřannée, J.-C.-K. Laflamme sollicita
lřappui de Sir Sandford Fleming : « Pardonnez-moi si je prends la liberté de vous
demander votre vote en faveur du Prof. Simard, de lřUniversité Laval, pour remplacer M.
C. Baillairgé dans la Section III de la S.R.C. Vous recevrez de Mr T. Macf24 la liste des
travaux déjà publiés par le prof. Simard. Vous verrez qui, si vous avez la complaisance de
remplacer un homme de Québec25 par un autre homme de Québec, canadien-français tous
les deux, le choix de mon candidat sera très à propos26 ». En apprenant quřau moins un
autre candidat est dans la course, H. Simard décide ensuite de retirer sa candidature : « I
am favoured with your card of the 13th inst, and have written to Dr. Dawson that M.
Simard desires to withdraw his candidature for membership of Section III of the Royal
Soc. of Can. in favour of Dr King27 ». Parce que plusieurs candidats avaient presenté leur
candidature pour un seul poste disponible et que la course semblait créer une compétition
20
Ibid.
Ibid., p. 109. « Dawsonřs lecture, however, appears to have ushered in a new phase of the Bakerian
endowment: publication in the prestigious quarto journal did not inevitably follow. »
22
Ibid.
23
Lettre (brouillon) de lřabbé J.-C.-K. Laflamme à T. Macfarlane, 13 mai 1906, Université 53/91, Fonds
Séminaire de Québec, Musée de la Civilisation.
24
Thomas Macfarlane.
25
Charles Baillairgé.
26
Lettre de lřabbé J.-C.-K. Laflamme à Sir Sandford Fleming, S.D. [1906], Université 68/95, Fonds
Séminaire de Québec, Musée de la Civilisation.
27
Lettre de T. Macfarlane à lřabbé J.-C.-K. Laflamme, 14 février 1907, Université 53/123, Fonds Séminaire
de Québec, Musée de la Civilisation.
21
201
malsaine, les members de la S.R.C. annulèrent lřélection pour cette année : « At the
meeting of Section III of the Royal Soc. held this week it was decided not to have any
election until next year. As there are likely to be several candidates then I would suggest
the advisability of again nominating Dr Simard28 ». T. Macfarlane recommande alors à J.C.-K. Laflamme de conserver la candidature de H. Simard pour une autre année29, mais J.C.-K. Laflamme ne la représente pas lřannée suivante. H. Simard considérait probablement
que ses appuis au sein de la Société ne sont pas assez solides à ce moment.
Toutefois, il nřest peut-être pas surprenant que la nomination de H. Simard nřait pas
été retenue pour la section scientifique. Comme le mentionne Y. Gingras à propos du
contexte de lřépoque,
En somme, si la présence de scientifiques francophones se fait plus rare à partir du
tournant du siècle, ce nřest pas parce que les trajectoires possibles se sont modifiées mais
bien parce que les rares portes sur lesquelles elles débouchaient se sont fermées : la géologie
sřest professionnalisée et la description « à lřœil nu » des plantes ou des insectes a cessé, au
XXe siècle, dřêtre pratique légitime : lřère des amateurs doués, tels que les Laflamme, Brunet
30
et Provancher, était terminée .
Il explique également quř« au tournant du siècle cependant, la section III sera surtout
composée de chercheurs qui nřéliront que leurs semblables. Cette professionnalisation fera
en sorte quřaprès la disparition de T.-E. Hamel et de J.-C.-K. Laflamme Ŕ (…) Ŕ les
sections scientifiques de la Société royale ne compteront plus aucun Canadien français
jusquřau milieu des années 192031 ». Dans de telles circonstances, lřabbé H. Simard nřavait
aucune chance dřaccéder à la section scientifique.
28
Lettre de T. Macfarlane à lřabbé J.-C.-K. Laflamme, 18 mai 1907, Université 53/121, Fonds Séminaire de
Québec, Musée de la Civilisation.
29
« Since the receipt of your last letter I have see Sir Sandford Fleming and Captain Deville regarding the
renewal of the Abbé Simards candidature. Both gentleman agreed that their signatures to the nomination
should stand. I have advised Dr Fletcher the Hon. Secy to this effect, and he informs me that the nomination
papers are in order for the next election. » (Lettre de T. Macfarlane à lřabbé J.-C.-K. Laflamme, 3 juin 1907,
Université 53/122, Fonds Séminaire de Québec, Musée de la Civilisation.)
30
Y. Gingras, « La réception des rayons X au Québec : radiographie des pratiques scientifiques » dans Marcel
Fournier, Yves Gingras et Othmar Keel (dir.), Sciences & Médecine au Québec. Perspectives sociohistoriques, Institut québécois de recherche sur la culture, 1987, p. 81.
31
Ibid., p. 80.
202
Les correspondants canadiens-français ne se sentaient pas les bienvenus dans les
sections scientifiques. En 1918, les sciences sont divisées en trois sections : III :
mathématiques; IV : sciences physiques et géologiques et V : sciences biologiques. Des
Canadiens français ont bien essayé de fonder une section scientifique, mais un des leurs
montre son désaccord devant lřattitude défaitiste de ses compatriotes : « Il y a quelques
années, jřai espéré que nous pourrions fonder une section de ce genre. Mais on mřa dit que
M. Chapais sřy était fortement opposé, prétendant que nous devons emporter la position de
hautes luttes ce que je crois impossible avec la mentalité des Anglais, qui forment la
presque totalité des sections scientifiques32 ». En 1913, lřabbé V.-A. Huard devient membre
de la section IV (alors encore formée des sciences géologiques et biologiques)33, mais il
faut attendre le milieu des années 1920 pour voir lřadhésion dřun autre Canadien français à
une des sections scientifiques. Comme lřabbé V.-A. Huard propose le zoologiste C.-E.
Dionne pour 1915, il avertit le frère Marie-Victorin quřil attendra au moins un an de plus
pour sa nomination34. Dix ans plus tard, V.-A. Huard frappe un grand coup : la double
candidature du frère Marie-Victorin à la S.R.C., soit à la section I (littérature française,
histoire, archéologie, etc.) et à la section V (sciences biologiques). Son élection à la section
littéraire est assurée Ŕ il avait déjà publié deux ouvrages de récits qui ont connu beaucoup
de succès : les Récits laurentiens, en 1919 et les Croquis laurentiens, en 1920 Ŕ, tout
comme lřétait celle de lřabbé H. Simard, élu dans la même section lřannée précédente :
« Jřai hâte de voir ce qui va advenir de votre double candidature à la Soc. Royale. (…)
Lřabbé Simard est aussi présenté dans la Section littéraire française, parce que les Anglais
ont lřair de ne plus vouloir accepter de Canadien français dans les sections scientifiques.
Vous allez sans doute être élus tous les deux dans la Section littéraire, (…) 35 ». Par contre,
on lui refuse une place dans la section V, malgré les efforts du botaniste Francis E. Lloyd,
32
Lettre de lřabbé V.-A. Huard au frère Marie-Victorin, 27 juin 1923, E118/A1, 725, V.-A. Huard, Fonds
Institut botanique (Frère Marie-Victorin).
33
Lettre de lřabbé V.-A. Huard au frère Marie-Victorin, 30 mai 1913, E118/A1, 725, V.-A. Huard, Fonds
Institut botanique (Frère Marie-Victorin).
34
« Des nouvelles de la Société Royale : sur le conseil dřun sociétaire anglais et très important, je ne
proposerai M. Dionne quřà lřélection de 1915. Cela vous retarde aussi dřun an. Mais vous avez lřavantage
dřêtre encore jeune et de pouvoir donc attendre. » (Lettre de lřabbé V.-A. Huard au frère Marie-Victorin, 28
décembre 1913, E118/A1, 725, V.-A. Huard, Fonds Institut botanique (Frère Marie-Victorin).
35
Lettre de lřabbé V.-A. Huard au frère Marie-Victorin, 19 mars 1923, E118/A1, 725, V.-A. Huard, Fonds
Institut botanique (Frère Marie-Victorin).
203
de McGill36, contact de longue date du frère Marie-Victorin, ce que déplore V.-A. Huard
dans une lettre, en 1924 : « Seulement jřai le cœur gros de voir que vous aussi vous
échappez pour ce qui est des sections scientifiques. Après lřassemblée du mois de mai, je
dirai là-dessus ma façon de penser à MM. les Anglais. Pour ce qui est de vous, vous aviez
aussi des titres excellents à entrer dans la section des Lettres, laquelle est la plus honorable,
dans la pensée de beaucoup. Mais vous êtes sans doute chagrin de voir que nous nřen pas
dans les sections scientifiques37 ». Le frère Marie-Victorin accède à la section V en 1927 :
en fait, on le transféra de la section littéraire à celle des sciences biologiques « dont il sera
le seul membre canadien-français38 ». Entre temps, il présente des communications à la
section littéraire française dont les titres indiquent bien lřabsurde de la situation : « Une
florule halophytique-côtière reliquale dans le bassin du lac Saint-Jean » ou « Quelques
composées nouvelles, rares ou critiques, du Québec oriental »39. Comme ce fut le cas de
lřabbé H. Simard en physique, Y. Gingras rappelle que « les difficultés quřéprouvera le
frère Marie-Victorin, un autodidacte, à se faire élire au sein de la section de biologie de la
Société royale du Canada pourraient aussi être interprétées comme un effet de la
marginalisation de la taxinomie dans le champ de la biologie40 ».
5.1.2 La position des acteurs
La place des acteurs dans le milieu scientifique sřévalue en examinant les nouveaux
rôles tenus par les naturalistes dans la société et dans la science. Ainsi, on fait appel à des
naturalistes pour analyser une situation et produire des rapports et on en nomme à des
postes institutionnels au sein de lřÉtat fédéral ou provincial. Cette intégration des
naturalistes, qui se fait progressivement, témoigne dřune certaine reconnaissance de lřÉtat
envers leur nouveau statut dans la société canadienne et québécoise. Elle permet également
36
« Lloyd proposait sa candidature à la Société Royale du Canada, dans la section 5 Ŕ section de biologie.
(…) Les membres de la section 5, peu habitués à rencontrer des Canadiens français dans leur congrès, et sans
doute imprégnés de préjugés, firent la moue. ŖLe seul moyen dřadmettre un Canadien françaisŗ, dit lřun
dřeux, Ŗserait dřabaisser le niveau de nos exigencesŗ. Lloyd, très mécontent, ne réussit pas à forcer la porte. »
Rumilly, op. cit., p. 115.
37
Lettre de lřabbé V.-A. Huard au frère Marie-Victorin, 24 avril 1924, E118/A1, 725, V.-A. Huard, Fonds
Institut botanique (Frère Marie-Victorin).
38
Rumilly, op. cit., p. 144.
39
Ibid., p. 131.
40
Gingras, op. cit. (« La réception des rayons X au Québec »), p. 81.
204
de repérer les zones de friction lors du choix dřun naturaliste pour occuper un poste au sein
de lřÉtat fédéral, comme nous lřavons vu au chapitre précédent.
Durant la deuxième moitié du XIXe siècle, on assiste à une spécialisation croissante
de lřhistoire naturelle : « En effet, les proportions exorbitantes atteintes par la masse des
connaissances rendent nécessaire la division du travail grâce à de nouvelles disciplines et
sous-disciplines scientifiques41 ». La figure du naturaliste amateur, du savant autodidacte,
auparavant prédominante, sřamenuise peu à peu devant lřapparition dřun nouvel acteur : le
chercheur spécialisé42. Ces nouveaux spécialistes sont de plus en plus sollicités par lřÉtat
pour accomplir diverses tâches ou encore pour occuper des postes dans les organes
étatiques. Par exemple, cřest ce que lřon observe dans les années 1880 à la C.G.C. : les
nouveaux venus détiennent, en priorité, des diplômes universitaires43.
LřÉtat fait aussi de plus en plus appel à eux comme consultant ou organisateur
dřévénement. En 1854, le gouverneur du Canada-Uni nomme W.E. Logan, directeur de la
C.G.C., membre du comité provincial mis sur pied afin de préparer les artéfacts qui
représenteraient le Canada à lřExposition universelle de Paris, en 185544.
Le directeur de la Commission géologique du Canada, dans les années 1880, A.R.C.
Selwyn, demande quant à lui à lřabbé J.-C.-K. Laflamme dřexplorer la géographie
physique de quelques régions du Québec en tant que membre-adjoint de la Commission. J.C.-K. Laflamme passe une partie des étés 1883 et 1884 au Saguenay et au lac Saint-Jean,
ceux de 1885, 1886 et 1887 sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent (de Québec à Trois41
Zeller, op. cit. (La nouvelle Terre promise. La culture de la science victorienne au Canada), p. 22.
Yves Gingras, Peter Keating et Camille Limoges, « Du savant au chercheur entrepreneur », Sciences
humaines Hors-série no 31 (décembre 2000/janvier-février 2001), p. 32.
43
« By the early eighties the Survey was well on the way to implementing an employment policy that Selwyn
had enunciated as early as 1871, to upgrade the scientific attainments of his staff and « to give the preference
to young men who have received an education specially fitting then for the work, and who wish to make their
profession. » With few exceptions, his appointments by the eighties were drawn from the ranks of the
university graduating classes, an indication of the way Canadian universities had expanded their programs in
geology and the other sciences, (...). » Zaslow, op. cit., p. 131.
44
Lettre du bureau du secrétaire à W.E. Logan, 21 octobre 1854, McGill University Archives Private Fonds,
MG2046, c. 1.
42
205
Rivières, puis de la rivière Saint-Maurice à la Batiscan), ceux de 1890 et 1891 dans le
comté de Charlevoix, puis, en 1892, dans les comtés de Charlevoix, de Montmorency et les
voisinages du lac Saint-Jean. Enfin, il se rend à lřÎle dřAnticosti à lřété 1901. À la suite de
toutes ces explorations, J.-C.-K. Laflamme produit des rapports qui sont intégrés au rapport
annuel de la C.G.C.
J.-C.-K. Laflamme est aussi sollicité par les responsables provinciaux pour participer
à des congrès et pour enquêter sur divers événements géologiques. En 1891, il représente la
Province au cinquième congrès international de géologie, à Washington, tandis que six ans
plus tard, on lui demande de représenter le Dominion au congrès de géologie, à SaintPétersbourg.
On
eut
également
recours
à
son
expertise
pour
analyser
une
catastrophe régionale, lřéboulis de Saint-Alban, survenu le 27 avril 1894 : « À la suite de
cet éboulis, le gouvernement provincial institua une Commission dřenquête, dont la
direction fut confiée à Mgr Laflamme45 ». En 1898, à la suite des éboulis de Saint-Thuribe
et de Saint-Luc-de-Vincennes, survenus respectivement le 7 mai et le 21 septembre, J.-C.K. Laflamme présente deux rapports au Ministre de la Colonisation et des Mines, Adélard
Turgeon. Enfin, en 1905, la Commission internationale des voies dřeaux limitrophes
(section canadienne) le consulte en tant que « géologue de renom sur la question du recul
des chutes Niagara et du partage éventuel, pour fins hydrauliques ou autres, des eaux du
Niagara. » On lui demande « de trouver une solution à ce problème dřordre
international46 ». Après un voyage à Niagara, à la fin dřoctobre, J.-C.-K. Laflamme
présente son rapport deux mois plus tard47.
Afin dřaccroître la légitimité de ses services, lřÉtat a recours à des spécialistes pour
occuper divers postes au sein de lřappareil étatique. Sur le plan provincial, le Service des
mines est confié à J. Obalski, ingénieur minier formé à lřÉcole des mines de Paris. Les
analyses dřéchantillons au Service des Mines sont toutefois confiées à un chimiste, plus en
45
Bureau, loc. cit. (« Monseigneur Joseph-Clovis-Kemner Laflamme, géologue »), p. 208.
Ibid., p. 213.
47
Ibid., p. 214.
46
206
mesure dřeffectuer ce genre de manipulations. On fait également appel à des chimistes
pour effectuer les analyses de produits laitiers, des engrais, etc.., au Laboratoire officiel de
la province de Québec. De même, en 1916, lřentomologiste provincial, V.-A. Huard, est
remplacé par lřingénieur forestier et professeur à lřÉcole de foresterie et de géodésie de
lřUniversité Laval: Georges Maheux. Ce dernier semblait probablement un candidat plus
crédible pour occuper ce poste.
La nomination dřun naturaliste à un poste convoité ou comme membre dřune société
savante pouvait provoquer des conflits entre les naturalistes francophones et les
anglophones. Nous avons déjà traité des cas du remplacement de E. Billings au poste de
paléontologiste à la C.G.C., en 1875, et de la nomination du frère Marie-Victorin à la
section scientifique de la S.R.C., en 1924. Un autre exemple saisissant concerne les
relations du directeur de la C.G.C., A.R.C. Selwyn, avec les Canadiens, et particulièrement
les francophones. En 1884, un comité de la Chambre des communes se penche sur le
fonctionnement de la Commission. R. Bell, géologue pour lřorganisme, propose ses
suggestions au comité, comme il lřécrit à lřabbé J.-C.-K. Laflamme. Il lui explique les
relations de A.R.C. Selwyn avec les scientifiques canadiens et, plus particulièrement les
francophones :
When I was asked for suggestions to improve the Survey by a former Minister of the Interior, the
two points I insisted on, were, more attention to the mines and that a fair proportion of French
Canadians should be employed. Selwyn, who hates Canadians of all kinds, is particularly severe
on French Canadians. I have a most efficient French assistant, Mr E. Coste [?], educated at the
École des Mines of Paris, whom Selwyn dismissed in the most arbitrary manner other way, but
was obliged to take him back48.
J.-C.-K. Laflamme lui répond que « Mr Selwyn a toujours été assez bienveillant à mon
égard, je nřai aucune raison personnelle de lui en vouloir, au contraire. » Il souhaite
néanmoins que R. Bell lřinforme du déroulement de lřaffaire : « Mais vous comprenez, que
des difficultés de ce genre ont pour les gens de métier un intérêt quřelles nřont pas pour les
48
Lettre de R. Bell à lřabbé J.-C.-K. Laflamme, 16 mars 1884, Université 60/39, Fonds Séminaire de Québec,
Musée de la Civilisation.
207
autres. Je vous serais donc bien obligé si vous mřenvoyez encore quelques extraits de
journaux relatant les témoignages rendus devant le Comité de la Chambre49 ».
La situation ne semble pas sřêtre améliorée avec le temps. Quelques années plus tard,
A.R.C. Selwyn et J.F. Whiteaves, paléontologue (spécialiste des fossiles de lřouest du
Canada et des invertébrés) et assistant-directeur de la C.G.C., dédaignent encore les
Canadiens français, selon un de leur employé. Celui-ci, H.-M. Ami, assistant de J.F.
Whiteaves, se plaint de sa situation à lřabbé J.-C.-K. Laflamme, car on ne lui ferait pas
confiance en tant que spécialiste de la faune paléontologique de lřest du Canada :
Jřai des notes paléontologiques sur la partie Est du Canada en masse. M. Whiteaves depuis six
ans ne me traite plus du tout comme son assistant de la paléontologie. Jřai fait des travaux
indépendants. Jřai écrit des rapports depuis 1883, pour la commission, déterminé des milliers de
fossiles, examiné la faune ancienne et paléozoïque de Québec, de lřOntario, de la NouvelleÉcosse, du Nouveau-Brunswick, et voilà que M. Whiteaves qui me fait toujours la guerre, lui
travaille dans les roches de lřouest surtout. Il en a plus quřil peut. M. Walcott et géologue des
États-Unis Dr Revenow [?], Dr Fairchild, Prof Emerson & dřautres voudraient savoir pourquoi je
nřai pas la charge des fossiles de lřEst du Canada. Pourquoi ne fais-je pas mes rapports
directement au Dr Selwyn et que je sois nommé paléontologiste de cette région est à laquelle
50
Billings a tant déjà fait et où il y a encore tellement à faire et surtout à présent .
Dans une autre lettre, il avance une explication : J.F. Whiteaves et A.R.C. Selwyn, tous
deux dřorigine anglaise et formés en Angleterre, nřaimeraient pas les Canadiens :
Quelle opposition acharnée de la part de MM. Whiteaves et Selwyn. On ne le croirait pas. Si
jřétais anglais, tout droit dřAngleterre comme eux-deux Ŕ ils nřont pas plus le cœur au Canada Ŕ
et à bas les Canadiens, mais, comme je lřai une fois seulement lorsquřils parlaient des Canadiens.
« Ça pris un Canadien pour nous remettre où elles étaient ces formations ! » Mais ce nřest pas
une question de nationalité pour moi, cřest lřhistoire des temps, la suite géologique la succession
des couches dans lřhistoire de lřécorce terrestre, lřacquisition des terrains dans le système
51
cambro-silurien .
J.F. Whiteaves récidive quelques années plus tard. En 1904, un paléontologue de la
Commission, Lawrence M. Lambe, sřaccorde le titre de « vertebrate palaeontologist52 ». J.F.
49
Lettre de lřabbé J.-C.-K. Laflamme à R. Bell, 22 mars 1884, Fonds Robert Bell, MG29-B15, vol. 23 no 61,
Archives Canada.
50
Lettre de H.-M. Ami à lřabbé J.-C.-K. Laflamme, 3 février 1891, Université 60/14, Fonds Séminaire de
Québec, Musée de la Civilisation.
51
Lettre de H.-M. Ami à lřabbé J.-C.-K. Laflamme, 7 février 1891, Université 60/15, Fonds Séminaire de
Québec, Musée de la Civilisation.
52
Il se spécialisait dans lřétude des dinosaures.
208
Whiteaves, offusqué, demande des explications au directeur supplant de la C.G.C., R. Bell :
« The responsibility for the work done in the Palæontological branch rests solely on myself,
(...). I should like to know, (...), if this particular office has been created and when, or if Mr
Lambe has official authority for assuming such a title? In the event of the absence of such
authority, I hope that you will at once take the necessary steps to have a proper correction
made in the Summary Report now going through the Press53 ». La supposée coquille ne fut
pas corrigée, car dans le Compte rendu sommaire des travaux de la Commission géologique
durant l’année 1904, le nom de L.M. Lambe est suivi du titre « paléontologue des
vertébrés54 », tandis que le nom de J.F. Whiteaves nřest suivi dřaucun titre55.
Ces incidents nous indiquent que certains changements surviennent dans le milieu
scientifique de cette époque et de la place des scientifiques dans le champ politique. Une
nouvelle structuration apparaît : le plus souvent, le naturaliste dont la reconnaissance
sociale est la plus forte est celui qui possède une formation spécialisée, un poste
institutionnel et qui appartient à une ou plusieurs sociétés savantes prestigieuses, tandis que
celui dont la reconnaissance est plutôt mince, du fait de lřabsence dřune formation
spécialisée et de lřabsence de titre professionnel, a de la difficulté à prendre place dans le
milieu. À la fin de la période, même si la pratique nřest pas généralisée, les naturalistes qui
influencent durablement le milieu sont ceux dont la légitimité scientifique est bien établie et
qui possèdent des relations dans le champ politique.
5.2 La dynamique de l’espace de sociabilité scientifique : les controverses locales
True science is always humble, for it knows itself to be surrounded by mysteriesŕ
mysteries which only widen as the sphere of its knowledge extend.
- J.W. Dawson, « Review of Darwin of the Origin of Species
by means of Natural Selection », The Canadian Naturalist & Geologist,
vol. V. no 2 (April 1860), p.100.
53
Lettre de J.F. Whiteaves à R. Bell, 7 mai 1904, Fonds Robert Bell, MG29-B15, vol. 36, dossier 98,
Archives Canada.
54
L.M. Lambe, « Paléontologie des vertébrés », Compte rendu sommaire des travaux de la Commission
géologique durant l’année 1904, Ottawa, S.E. Dawson, Imprimeur de sa très excellente majesté le roi, 1905,
p. 368-377.
55
J.F. Whiteaves, « Paléontologie et zoologie », Compte rendu sommaire des travaux de la Commission
géologique durant l’année 1904, Ottawa, S.E. Dawson, Imprimeur de sa très excellente majesté le roi, 1905,
p. 361-368.
209
Les mystères, tant dans lřordre surnaturel que dans lřordre naturel,
ne sont ni des énigmes ni des impossibilités.
Ils représentent seulement la limite extrême
que notre intelligence peut atteindre.
- L. Provancher, « Le darwinisme »,
Le Naturaliste canadien, vol. XVI, no 9 (mars 1887), p. 142.
Les quelques exemples de débats et de controverses scientifiques présentés ici ont
pour but dřexposer la dynamique du milieu scientifique. Certains naturalistes passent à
travers les controverses sans trop de dommage, tandis que dřautres nřont pas vraiment
dřinfluence dans celles-ci ou en ressortent avec une réputation plus ou moins entachée.
5.2.1 Le darwinisme
La publication de lřouvrage On the Origin of species de C. Darwin, en 1859, ne
provoque pas de forts remous au Québec. Comme le mentionne E. David dans son
mémoire, « rares sont les Canadiens français qui sont à même dřapprécier et même de
discuter des récentes avancées de la science évolutionniste.56 » Deux naturalistes
québécois, lřabbé L. Provancher et J.W. Dawson, affichent ouvertement leur opposition
aux thèses des transformistes et leur anti-darwinisme. J.W. Dawson se lance dans le débat
en 1860, tandis quřil faut attendre la fin des années 1880 pour voir les premières sorties
publiques de L. Provancher contre les idées évolutionnistes.
La position adoptée par L. Provancher dans le débat darwinien constitue une sorte de
compromis entre la position des catastrophistes, qui postulaient quř« une immense quantité
dřêtres vivants, primitivement créés, ont été détruits totalement ou partiellement, par des
cataclysmes soudains et généraux, puis créés une seconde fois, détruits à nouveau, et ainsi
de suite; (…)57 » et celle des transformistes, qui avançaient que « toutes les espèces
animales et végétales, qui ont existé ou qui existent encore, sont le résultat du
développement graduel et successif de plusieurs ou même, par analogie, d’un seul
organisme primordial extrêmement simple58 ». Ces derniers présumaient que « ce résultat
étant le produit par lřaction de causes naturelles, qui ont agi dřune manière lente et
56
David, op. cit., p. 17.
L. Provancher, « Le darwinisme », Le Naturaliste canadien, vol. XVI, no 8 (février 1887), p. 120.
58
Ibid. Les italiques sont de Provancher.
57
210
continue59, pendant une très longue série de siècles60 ». L. Provancher, qui reproche aux
transformistes de ne pas expliquer lřorigine de cet organisme primitif ou de le faire surgir
du néant Ŕ « du néant rien ne peut surgir61 » Ŕ, penche plutôt pour une autre hypothèse, un
peu à lřécart du récit biblique originel, mais se fondant tout de même sur lřaction divine.
Dieu nřa pas opéré la création de tous les êtres dřun seul coup et tout à la fois; il nřa pas non
plus détruit ses créations de temps à autres pour les remplacer par dřautres; mais à mesure que par
lřaction des lois naturelles imposées à la matière lřatmosphère sřépurât davantage, que la terre se
dégageât des eaux et sřaffermît plus solidement, il créa de nouvelles existences organisées pour lřétat
où se trouvait alors la terre, les anciennes persistant plus ou moins longtemps dans la nouvelle
situation qui leur était faite, ou périssant dans des cataclysmes que la consolidation du globe amenait
62
naturellement .
Pour L. Provancher, lřimportant « est de reconnaître que Dieu est le créateur de toutes
choses; tant quřau modus operandi, les opinions peuvent varier, puisque Dieu nřa pas jugé
à propos de nous lřapprendre de manière à écarter tout doute63 ». Selon lui, son hypothèse
sřaccordait à la fois avec les écritures saintes et les exigences de la science64.
Si L. Provancher laisse la place à lřapparition de nouvelles espèces quand les
conditions deviennent favorables, il est tout de même en désaccord avec lřidée de la
transformation des variétés en de nouvelles espèces. Horticulteur depuis ses années de
collège, L. Provancher affirme que les espèces sont variables dans certaines limites, mais
quřelles ne sont pas mutables. Il en donne pour preuve la création de variétés ou de « races
parmi les animaux65 ». Il reproche à C. Darwin de ne pas avoir vu « les limites de cette
variabilité, (…)66 ». Il réfute aussi la personnification de la nature dans son discours et
refuse à la nature la possibilité de produire « ces variétés, résultat des soins de lřhomme;
car la nature suit ses lois sans jamais en dévier que par force majeure. Et cřest si bien le
cas, quřabandonnées à elles-mêmes, ces races artificielles dues aux soins de lřhomme,
59
Cřest la théorie de lřuniformitarisme, présentée par C. Lyell dans ses Elements of Geology, publiés de 1831
à 1833.
60
Ibid., p. 121.
61
Ibid., p. 123.
62
Ibid., p. 124.
63
Ibid., p. 125.
64
Ibid.
65
L. Provancher, « Le darwinisme », Le Naturaliste canadien, vol. XVI, no 11 (mai 1887), p. 172.
66
Ibid., p. 170.
211
reviennent en fort peu de temps à leur état primitif67 ». Dans lřétat des connaissances de
cette époque, il ne pouvait aller plus loin dans son explication. La position de L.
Provancher nřest pas surprenante compte tenu du fait que les membres du clergé canadienfrançais se sont majoritairement opposés au darwinisme dans les dernières décennies du
XIXe siècle68.
Tout au long de sa vie, J.W. Dawson nřa pas manqué dřargumenter abondamment
contre la théorie de C. Darwin, particulièrement lřhypothèse de la sélection naturelle69.
J.W. Dawson, qui souhaite réconcilier la science et la religion70, diffuse ses convictions
dans diverses publications : Archaia (1857), The Story of the Earth and Man (1874)71, The
Dawn of Life (1875), The Origin of the World According to Religion and Science (1877) et
Modern Ideas of Evolution (1890). Paléontologue de réputation internationale, J.W.
Dawson sřappuie dřabord sur des arguments géologiques pour montrer lřimpossibilité de
lřévolution par la sélection naturelle72. Ainsi, il nřexisterait pas de fossiles de formes
intermédiaires entre les espèces anciennes et les espèces modernes. Quant à eux, les
évolutionnistes en convenaient, mais croyaient plutôt que ces espèces nřavaient pas encore
été découvertes. J.W. Dawson ajoute que lřEozoon canadense, première forme de vie au
Canada, représente une espèce ancienne plus organisée que dřautres beaucoup plus
récentes, ce qui invalidait, selon lui, la théorie de la mutabilité des espèces.
À mesure que les partisans de lřévolution des espèces augmentent en nombre, J.W.
Dawson a recours à des arguments philosophiques et théologiques73, comme il le fit durant
67
Ibid., p. 172.
David, op. cit., p. 16.
69
J.W. Dawson, « Review of Darwin on the Origin of Species by means of Natural Selection », Canadian
Naturalist and Geologist, vol. V (1860), p. 100-120.
70
Chartrand, Duchesne et Gingras, op. cit. (2008), p. 166.
71
Il sřagit dřune réplique de deux ouvrages de C. Darwin, The Origin of Species et The Descent of Man.
Clifford Holland, « First Canadian Critics of Darwin », Queen’s Quarterly, vol. 88, no 1 (Spring 1981), p.
103.
72
Chartrand, Duchesne et Gingras, op. cit., p. 163.
73
« After 1860 his career as the leading anti-Darwinist and scientific controversialist was motivated by more
than purely scientific considerations; he became psychologically involved on a personal, emotional level. His
later works are apologia for the creationist viewpoint rather than scientific investigations in their own right. »
Holland, op. cit., p. 103.
68
212
la controverse de lřEozoon canadense74. Pour lui, « lřidée dřune évolution guidée par la
sélection naturelle est incompatible avec lřadaptation parfaite des êtres à leur milieu,
adaptation qui, selon lui, prouve que la nature suit un plan, le Ŗplan de la créationŗ75 ». De
plus, « he found the idea of natural selection repugnant, for it reduced nature to an
automaton and removed the benign influence of the Supreme Being76 ». Plus tard, il
considère que « la modification des espèces nřétait pas incompatible avec lřidée dřun Ŗplan
divin de la créationŗ77 », puisque les espèces évolueraient dans des limites préétablies par
Dieu78, une idée pas si éloignée de celle exposée par L. Provancher.
Le sort différent réservé à la position prise par lřun et lřautre dans la controverse
darwinienne peut sřexpliquer par la place occupée par chacun dans le milieu scientifique.
À son époque, J.W. Dawson pouvait afficher son anti-darwinisme et cela sans être rejeté
par quelques-uns de ses pairs qui défendent plutôt la théorie de lřévolution par voie de
sélection naturelle. Cette situation sřexplique principalement par sa renommée
internationale acquise avec la publication de ses travaux en géologie et en paléobotanique.
Ainsi, la place enviable quřil occupe dans le milieu scientifique international lui assure le
respect de ses opinions scientifiques, même si certaines sont déjà contestées de son vivant
et se sont avérées fausses par la suite79. Tout au plus mentionne-t-on, dans sa notice
nécrologique publiée dans la revue Science, comme pour lřexcuser, que son opposition à la
théorie de lřévolution « was, after all, but the weakness of a strong man. It did not,
however, enhanced his reputation among men of science, who are commonly willing to let
truth work out its own results, knowing that apparent contradictions are merely indications
that the whole truth has not been discovered80 ».
74
Charles OřBrien, « Eozoon canadense. The Dawn Animal of Canada », Isis, vol. 61, no 2 (Summer 1970),
p. 206-223.
75
Chartrand, Duchesne et Gingras, op. cit. (2008), p. 167.
76
Holland, op. cit., p. 102.
77
Ibid., p. 169.
78
J.W. Dawson exprime cette idée dans son compte rendu du livre The Origin of Species : « It is not nature
that gives the variations, but external circonstances; while nature only gives a certain capacity to vary, the
extend of which is the point in question. » J.W. Dawson, loc. cit. (« Review of ŖDarwin on the Origin of
Species by means of Natural Selectionŗ »), p. 110.
79
Nous pensons ici à lřEozoon canadense.
80
Adams, loc. cit. (« Sir William Dawson »), p. 910.
213
Du côté de L. Provancher, sa position comme religieux ultramontain ne lui permettait
pas de participer à la controverse évolutionniste sans se mêler dřapologétique. De toutes les
façons, il ne jugeait pas pertinent de le faire, à cause, selon lui, de lřabsurdité évidente de la
théorie de C. Darwin. Il reproche à Darwin de ne pas définir la notion dřespèce alors quřil
lřutilise comme fondement de sa théorie81. Lřarticle quřil fit paraître dans plusieurs
numéros du Naturaliste canadien, de janvier 1887 à mars 1888, nřa dřailleurs pas provoqué
de réaction après leur publication, ni dans le milieu scientifique dřici ou dans le milieu
scientifique international.
5.2.2 Le venin de crapaud
Un certain débat scientifique local se déroule dans les pages du Naturaliste canadien,
en 1870 et au début de 1871. Les protagonistes sont les docteurs J.-A. Crevier, JeanBaptiste Meilleur, Michael-Joseph Ahern et lřabbé L. Provancher, le rédacteur de la revue.
En juin 1870, le Naturaliste canadien commence la publication dřun article de J.-A.
Crevier82. Lřauteur présente une série dřexpériences quřil effectua avec le supposé venin de
crapaud, provenant des pustules sur le dos de lřanimal, afin de vérifier son effet toxique sur
des grenouilles, des souris et des poissons83. J.-A. Crevier en conclut que la substance
sécrétée par les pustules du crapaud pouvait causer la mort de ces animaux lorsque
introduite dans une plaie.
Dès juillet, J.-B. Meilleur remet en cause les conclusions de J.-A. Crevier. Il avance
comme argument « lřopinion de plusieurs naturalistes distingués que cette substance nřest
pas vénéneuse, (…)84 » et donne aussi comme exemple le fait que les humains qui y
touchaient ne ressentaient aucun effet. Il exprime lřhypothèse que lřincision pratiquée par
J.-A. Crevier pour introduire le « venin » était la cause des perturbations du système
nerveux et de la mort de certains sujets de lřexpérience. J.-B. Meilleur revient à la charge et
81
L. Provancher, « Le darwinisme », Le Naturaliste canadien, vol. XVI, no (mai 1887), p. 167.
J.-A. Crevier, « Étude sur le venin de crapaud. Bufo americana, Leconte », Le Naturaliste canadien, vol. II,
no 7 (juin 1870), p. 207-210; vol. II, no 8 (juillet 1870), p. 230-236.
83
Ibid., p. 208.
84
J.-B. Meilleur, « Le venin du crapaud », Le Naturaliste canadien, vol. II, no 8 (juillet 1870), p. 239-241.
82
214
met en doute une autre conclusion de J.-A. Crevier, à savoir que la strychnine aurait une
vertu antidotique contre le venin de crapaud85.
Le mois suivant, J.-A. Crevier réplique aux deux lettres de J.-B. Meilleur. Il se base
sur ses observations, lors des autopsies, des différents dommages causés par des incisions
ou un empoisonnement par le venin. Il conteste la réputation dřun savant cité par J.-B.
Meilleur par rapport à deux autres et argumente sur les propos de J.-B. Meilleur. Il
affirme, de plus, quřil avait isolé la substance la plus active dans le venin, quřil nomme
bufoïne86. À la suite de la réponse de J.-A. Crevier, on trouve une lettre du docteur M. J.
Ahern qui remet en cause les conclusions de Meilleur et affirme la preuve de la toxicité de
la substance sécrétée par les glandes du crapaud87.
J.-B. Meilleur répondit par un long article dans le numéro suivant88. Il revient sur son
opinion et affirme quřil « ne nit pas absolument la nature vénéneuse de la substance des
pustules du crapaud dans certains circonstances (…)89 ». Il réitère sa première opinion à
savoir de ne pas croire « à la nature absolument toxique de la substance quřon appelle le
venin du crapaud, ni à la vertu antidotique de la strychnine pour en empêcher lřeffet
délétère90 ». Il met les contradictions de J.-A. Crevier en lumière et explique ses textes de
juillet et août, en appuyant aussi ses dires sur lřépistémologie et la méthode
expérimentale91.
85
J.-B. Meilleur, « Encore le venin du crapaud », Le Naturaliste canadien, vol. II, no 9 (août 1870), p. 268270.
86
J.-A. Crevier, « Réponse à la critique de Mr. le Docteur Meilleur, concernant le venin du crapaud
canadien », Le Naturaliste canadien, vol. II, no 10 (septembre 1870), p. 309-313.
87
M.-J. Ahern, sans titre, Le Naturaliste canadien, vol. II, no 10 (septembre 1870), p. 313-314.
88
J.-B. Meilleur, « Encore le venin du crapaud », Le Naturaliste canadien, vol. II, no 11 (octobre 1870), p.
329-340.
89
Ibid., p. 329.
90
Ibid., p. 330.
91
« Or, les expériences de Mr. le Dr. Crevier, prises une à une et ensemble, nřont pas prouvé la vérité de son
assertion. Nous pouvons donc légitimement arriver à une conclusion diamétralement contraire et opposée à
celle à laquelle il aurait aimé nous conduire. »; « (…) je ne puis souscrire sans réserve à ses conclusions,
parce que, comme je lřai déjà dit, la vérité de ses assertions nřest pas prouvée et que les faits du dehors
semblent sřy opposer formellement. (…) Cependant, il doit paraître clair aux lecteurs que je ne suis pas
particulièrement opposé à la conclusion de Mr. le Dr. Ahern; savoir que la substance provenant des pustules
du crapaud Ŗ est un poison sui generis, quand elle est introduite sous la peau ou appliquées, à une plaie ŗ,
mais je prétends que les expériences du Dr. Crevier ne lřont pas prouvé. En attendant de meilleures preuves,
215
Enfin, au début de 1871, lřabbé L. Provancher met un point final au débat dans une
introduction à la dernière réponse de J.-A. Crevier92 et à son rapport de recherche sur les
caractéristiques du venin93. Lřabbé donne un résumé de la controverse et fait remarquer
que les deux protagonistes sont dřaccord sur le fond de lřaffaire. Il affirme, avec raison,
« que vouloir prolonger cette discussion, ce serait ennuyer nos lecteurs94 ». Le débat est
clos et ne dépassa pas les limites de la revue. L. Provancher nřexplique pas pourquoi il
mettait un terme aux échanges entre les protagonistes. On peut supposer prosaïquement
quřil avait besoin dřespace pour publier ses recensions de la faune canadienne et que lřarrêt
du débat lui libérait de précieuses pages dans sa revue.
5.2.3 Les tremblements de terre et les éclipses
Le débat sur le venin de crapaud nřest pas la première confrontation de J.-A. Crevier
avec dřautres naturalistes. En janvier 1871, L. Provancher commente un article de J.-A.
Crevier paru le 20 décembre 1870 dans le Courrier de Saint-Hyacinthe95. Dans cet article,
J.-A. Crevier avertissait le public « de prendre ses précautions contre le terrible
tremblement de terre qui doit être la conséquence de lřéclipse de ce jour96 ». J.-A. Crevier
en donne pour preuve la position des planètes lors de cette éclipse de soleil prévue pour le
22 décembre suivant :
Or, dit le Dr., si lřaction du Soleil et de la Lune, venait se joindre encore celle de Vénus
et de Saturne, comme cřétait le cas le 22 décembre, renforcée de lřaction puissante de la voie
lactée et de diverses autres étoiles, lřocéan Atlantique serait puissamment soulevé,
lřatmosphère participerait à ce soulèvement… la croûte terrestre pourrait facilement se soulever
et se briser… et de là le tremblement de terre, inondations, etc., etc.
Mais le Dr. a-t-il oublié que la force dřattraction est en raison inverse du carré des
97
distances ?
je nie hautement quřelle ait aucune propriété toxique lorsquřelle est introduite dans le système soit par la
bouche ou par le contact avec aucune paretie du corps à lřétat normal, (…). » Ibid., p. 335 et 337.
92
L. Provancher, « Le venin du crapaud », Le Naturaliste canadien, vol. III, no 2 (janvier 1871), p. 47-49.
93
J.-A. Crevier, « Des caractères physiques et chimiques du venin du crapaud (Bufo americana) », Le
Naturaliste canadien, vol. III, no 2 (janvier 1871), p. 49-51.
94
L. Provancher, loc. cit., (« Le venin du crapaud »), p. 47.
95
J.-A. Crevier, « Lřéclipse et le tremblement de terre du 22 décembre prochain », Courrier de SaintHyacinthe, 20 décembre 1870, p. 3.
96
L. Provancher, « Les tremblements de terre et les éclipses », Le Naturaliste canadien, vol. III, no 2 (janvier
1871), p. 40.
97
Ibid., p. 44. Les italiques sont de Provancher.
216
Dans une réplique à lřarticle de J.-A. Crevier, L. Provancher sřempresse de rappeler
que « la journée du 22 décembre, 1870, a été une des plus belles quřon puisse voir à
Québec; (…)98 ». Il est très surpris par les erreurs scientifiques contenues dans lřarticle de
J.-A. Crevier et affirme avoir « droit de sřétonner quřun homme de la science du Dr.
Crevier, les [tremblements de terre et les éclipses] y fasse intervenir99 ».
À la fin de janvier 1871, J.-A. Crevier exprime à L. Provancher son étonnement face
à sa réplique au sujet des liens supposés entre les éclipses et les tremblements de terre :
« Jřai lu avec surprise lřarticle que vous avez publié contre ma correspondance à lřégard de
lřéclipse et du tremblement de terre, qui était possible au 22 de Décembre dernier, vu les
circonstances, dans lequel se trouvait les astres pendant lřéclipse. Je nřai pas dit que la
chose arriverait, mais quřil était possible quřelle put arriver; comme elle peut arriver sans
éclipse, (…)100 ». J.-A. Crevier nřa certainement pas apprécié la critique de L. Provancher
à lřidée que le 22 décembre 1870, lors dřune éclipse, lřalignement des astres auraient pu
provoquer un tremblement de terre. L. Provancher ne pouvait certainement pas montrer son
accord avec cette idée dans les pages du Naturaliste, a fortiori quand J.-A. Crevier affirme
que « la chose pourrait arriver, quand il y a un concours de circonstances, qui favorisent
cette chose101 ».
L. Provancher permet tout de même à son ami de publier une réplique dans Le
Naturaliste canadien. J.-A. Crevier se lance alors dans un long article traitant à la fois de la
réputation du « savant rédacteur » du Naturaliste canadien, des conditions qui causeraient
ou empêcheraient les tremblements de terre, de son interprétation de la loi de gravité de
Newton et de lřinfluence de la voie lactée sur la gravité terrestre. Tout ingénument, J.-A.
Crevier explique que son erreur consistait à « soutenir que la Lune, le Soleil et les planètes,
et même les étoiles avaient une action sur la production des tremblements de terre !... (…)
98
Ibid.
Ibid., p. 42.
100
Lettre de J.-A. Crevier à lřabbé L. Provancher, 26 janvier 1871, ASC 8, Fonds Provancher, C-5.
101
Ibid.
99
217
Le savant rédacteur du Naturaliste canadien nie positivement lřinfluence des planètes et
du Soleil sur la production des tremblements de terre, (…)102 ». J.-A. Crevier se montre très
surpris de ce quřil qualifiait dřhérésie scientifique de la part de L. Provancher :
Ignorer que les planètes ont une influence notable sur les tremblements de terre, c’est
vraiment à n’en pas croire ses yeux. Je nřaurais jamais cru que mon savant ami et collaborateur
aurait soutenu une pareille hérésie scientifique, qui nřest partagé par aucun astronome
moderne, et de tous les savants, mon illustre ami se trouve être le seul de cette opinion erronée;
(…). (…) Il aurait pu consulter quelques auteurs modernes sur cette matière, et ainsi éviter
lřerreur quřil a commise en soutenant une chose insoutenable, par le cours actuel de la
103
science .
J.-A. Crevier termine par une longue digression concernant les distances interstellaires et
lřinfluence de la voie lactée sur le système solaire104. L. Provancher répond à la réplique de
suite en réitérant son opinion : « Nous nions cette action des éclipses sur les tremblements
de terre, par les faits qui la contredisent. (…) Le Dr. joint aux planètes les étoiles et surtout
la voie lactée. Nous nions leur action pour produire de tels effets sur les tremblements de
terre, parce que lřhistoire est encore là pour dire le contraire, et que dřailleurs lřimmense
distance qui sépare ces corps de notre planète ne leur permet pas une telle action105 ».
Sagement, il laisse le soin aux lecteurs de juger lřargumentaire de J.-A. Crevier, afin de ne
pas allonger indûment cette discussion qui avait déjà occupé beaucoup de place dans la
revue.
Dans cet épisode, J.-A. Crevier constate que lřopinion négative dřun naturaliste
comme L. Provancher, qui commençait à être reconnu dans le milieu scientifique canadien,
pourrait compromettre sa réputation de naturaliste : « Je vous enverrai à la fin du mois la
réponse à votre savante critique sur les éclipses et tremblements de terre, que je vous pris,
de vouloir bien publier dans le Naturaliste Canadien, afin de me disculper des insinuations
fausses que vous portez contre moi (votre ami intime & sincère)106 ».
102
J.-A. Crevier, « Les tremblements de terre et les éclipses », Le Naturaliste canadien, vol. III, no 4 (mars
1871), p. 121. Les italiques sont de Crevier.
103
Ibid., p. 122.
104
Ibid., p. 127.
105
L. Provancher, sans titre, Le Naturaliste canadien, vol. III, no 4 (mars 1871), p. 132.
106
Lettre de J.-A. Crevier à L. Provancher, 20 février 1871, ASC 11, Fonds Provancher, C-5.
218
Les deux derniers débats, même sřils sont mineurs, nous éclairent sur la dynamique
dans le milieu scientifique dřalors. Un individu se réclamant de la démarche scientifique,
comme J.-A. Crevier, ne peut pas publier de théories fantaisistes qui entrent en
contradiction avec les canons de la science sans se faire critiquer. Les théories présentées
doivent toujours sřappuyer sur des faits véridiques et vérifiables, suivant le positivisme en
vogue à cette époque. De plus, les expériences devraient suivre un protocole expérimental
reproductible. Enfin, les résultats de ces expériences ne peuvent en aucun cas servir à
étayer des conclusions trop extensives. Le respect de ces critères assurerait lřacceptation du
naturaliste dans le milieu, règle que, visiblement, J.-A. Crevier ne respecte pas. J.-B.
Meilleur le rappelle dřailleurs au docteur J.-A. Crevier qui voulait faire dire aux résultats
de ses expériences ce quřelles ne montraient pas, tout comme L. Provancher quand il
écrivait quř« au lieu de formuler une argumentation basée sur les connaissances quřil peut
avoir, pour combattre nos avancées, il se contente de crier à lřhérésie scientifique, et de
répéter que nous sommes seul de notre opinion; (…)107 ». De tels manquements aux
nouvelles pratiques en vigueur dans le milieu scientifique ne passent certes pas inaperçues
lors du choix du remplaçant dřE. Billings au poste de paléontologue de la Commission
géologique du Canada, en 1876. Des scientifiques comme J.W. Dawson, T.S. Hunt ou W.
Couper ne pouvaient tolérer quřun individu se réclamant de la science, mais refusant
visiblement de suivre les règles en vigueur dans le milieu scientifique, obtienne cette
position importante. Un naturaliste dont lřinfluence ne dépassait pas le milieu local,
comme J.-A. Crevier, ne possédait certes pas les compétences requises pour ce poste.
5.3 L’autonomie de l’espace de sociabilité scientifique
Aux yeux des universitaires Ŕ rejoint par certains
amateurs très motivés et très compétents Ŕ la masse
des amateurs apparaît à la fois comme une force de travail
qui rend possible la collecte de données spatialement
dispersées, et comme un poids mort qui fait obstacle
aux innovations méthodologiques.
-Jean-Marc Drouin, L’écologie et son histoire, Flammarion, 1993, p. 66.
Comme le mentionne M. Fournier dans un article traitant de lřinstitutionnalisation
des sciences sociales au Québec, au milieu du XXe siècle, « (...) le degré dřautonomie dřun
107
Provancher, loc. cit. (sans titre), p. 132.
219
champ ou dřun des sous-systèmes de production savante se mesure à son pouvoir de définir
lui-même les normes de sa production et les critères dřévaluation de ses produits108 ». Nous
verrons, dans la prochaine partie, que lřautonomie du milieu scientifique dépend aussi, au
Québec, de la capacité des naturalistes à imposer leurs pratiques et de passer outre les
obstacles au développement des sciences.
5.3.1 Les amateurs et les professionnels
Dans lřhistoire des sciences naturelles, on a lřhabitude, faute de mieux, de séparer les
naturalistes en deux catégories : les amateurs et les professionnels. Lřamateur est celui qui
consacre une partie de son temps à faire des recherches, mais qui nřoccupe pas de position
dans une institution et qui ne tire pas de revenu de sa pratique. Cřest aussi celui qui le fait
par vocation. Il dispose dřun temps limité par son occupation ou ses fonctions. Au cours
des dernières décennies du XIXe siècle, le passage du naturaliste pratiquant la science par
ses propres moyens au professionnel payé pour pratiquer une activité scientifique marque
un changement important dans la dynamique du milieu. En quelques décennies, le nombre
de naturalistes payés et engagés dans des institutions académiques ou étatiques augmente
suffisamment pour constituer un groupe important de scientifiques pratiquant la science, ce
qui induit une division entre les professionnels et ceux que lřon considérait désormais
comme des amateurs. Ces derniers sont de plus en plus considérés comme des naturalistes
de second niveau par les professionnels109.
Une autre conséquence de lřapparition de ce groupe de naturalistes payés, couplée au
développement fulgurant de la science occidentale, est la multiplication des sujets de
recherche et la spécialisation : « the rapid growth of knowledge made mastery of a range of
topics difficult, and scientists came increasingly to be classified in terms of the particular
specialism in which they worked110 ». Cette spécialisation devient la marque distinctive du
professionnel par rapport à lřamateur au début du XXe siècle. Si lřamateur, du fait de son
absence de formation universitaire spécialisée, « typically concentrated on some area of
108
Marcel Fournier, « Lřinstitutionnalisation des sciences sociales au Québec », Sociologie et Sociétés, vol.
V, no 1 (mai 1973), p. 27.
109
Ibid., p. 170.
110
Meadows, op. cit., p. 170.
220
observational science, particularly on collecting and classifying »111, ce qui faisait de lui un
taxinomiste et constituaient les activités consacrées du naturaliste, le professionnel se
spécialise plutôt dans lřexplication analytique des phénomènes naturels. Ainsi, la division
amateur/professionnel sřen trouve accrue du fait de lřabandon de certains sujets par les
professionnels112.
La multiplication du nombre de professionnels dans le milieu scientifique ne signifie
pas la disparition des amateurs, dřautant plus que certaines disciplines, comme les sciences
biologiques, utilisent toujours des observations et des spécimens recueillis sur le terrain
pour construire leurs connaissances113. Ces observations, très longues à accumuler,
proviennent à la fois des amateurs et des professionnels. Dans plusieurs pays, même au
début du XXe siècle, « it was not possible to rely on experts alone or even to form the
closed society or self-conscious professionals that was the disciplinary ideal114 ». Ce fut
particulièrement le cas du Québec, du Canada et de lřAustralie, « where there were few
professionals or resources for research115 ».
Au Canada, et particulièrement au Québec, tout comme en Grande-Bretagne, « le
règne de lřamateurisme éclairé, illustré à la génération précédente par la vie rentière de
Darwin, se maintien très longtemps116 ». À la fin du XIXe siècle, et encore dans la
deuxième décennie du XXe, plusieurs amateurs sont recrutés pour occuper des postes de
botanistes et dřentomologistes. Par exemple,
la biologie canadienne recrutait ses adeptes presque uniquement parmi des amateurs formés dans
des disciplines sans rapport avec la biologie, mais qui poursuivaient des études dans ce domaine
pour satisfaire leur curiosité intellectuelle. Parmi ceux-ci figurent James Fletcher dřOttawa,
comptable de formation intéressé aux insectes, aux plantes et à leurs maladies; (…) enfin,
William Saunders, pharmacien, co-fondateur avec [C.J.S.] Bethune de la Société entomologique
du Canada en 1862 et futur directeur, à Ottawa, du Réseau des fermes expérimentales. (…) Les
111
Ibid., p. 171.
Ibid.
113
Steven Shapin, The Scientific Life. A moral history of a late modern vocation, Chicago, The University of
Chicago Press, 2008, p. 41.
114
Thomas R. Dunlap, « National nature, 1880-1920 », dans Dunlap, Nature and the English Diaspora.
Environment and History in the United States, Canada, Australia, and New Zealand, Cambridge, M.A.,
Cambridge University Press, 1999, p. 110.
115
Ibid., p. 110.
116
Charle, op. cit. (Les intellectuels en Europe au XIXe siècle. Essai d’histoire comparée), p. 317.
112
221
premiers biologistes professionnels du ministère de lřAgriculture, successeurs de Fletcher, ont
été engagés en 1909. (…) Pourtant, des non-professionnels étaient encore recrutés, car en 1911,
P.A. Taverner, un architecte de formation, a été nommé responsable des vertébrés au Musée
117
national devenant même plus tard un ornithologue renommé .
Le recours à des amateurs pour combler certains postes au sein de lřÉtat fédéral
sřexpliquerait par le manque de zoologistes professionnels au Canada118. Quelques années
après son embauche, Percy A. Taverner constatait « an apparent failure to produce any
ornithologists of marked ability in spite of the teaching of natural history in every public
school in Canada119 ». Au début du XXe siècle, lřabbé V.-A. Huard avait aussi remarqué
quřau Québec, la formation primaire et secondaire, cřest-à-dire au collège classique,
présentait une lacune importante : lřabsence de la zoologie. Cette discipline nřentra dans le
cursus quřen 1911.
Cette situation ne signifie pas nécessairement que les naturalistes professionnels
connaissent des difficultés à intégrer des institutions. La pratique de plusieurs disciplines
scientifiques, comme celles nécessitant un équipement coûteux Ŕ physique, chimie, … Ŕ,
requérait un bagage de connaissances et de pratiques que lřon ne pouvait acquérir que par
le biais dřétudes universitaires graduées. Certes, les amateurs continuèrent dřaccumuler des
observations parfois utiles pour des disciplines comme la biologie, mais ils ne pouvaient
intégrer les réseaux en construction que les professionnels investissaient dès leurs études
universitaires, de même que des disciplines demandant des équipements coûteux. Ces
nouveaux réseaux (revues, universités, laboratoires) deviennent de plus en plus opaques
aux amateurs jusquřà les exclure totalement.
5.3.2 Les obstacles au développement du milieu scientifique
Quelques naturalistes ont discuté des obstacles qui rendaient difficiles le
développement des sciences au Québec. Lřabbé L. Provancher est probablement celui qui a
117
William J. Cody, Douglas B. O. Savile et Michael J. Sarazin, La Recherche en systématique à Agriculture
Canada. Ottawa. 1886-1986, Ottawa, Centre de recherche en biosystématique, Agriculture Canada, 1986, p.
2.
118
John L. Cranmer-Byrd, « A Life with Birds : Percy A. Taverner, Canadian Ornithologist, 1875-1947 »,
The Canadian Field-Naturalist (special issue), vol. 110, no 1 (January-March 1996), p. 65.
119
Ibid.
222
le plus écrit sur le sujet, dans divers articles parus dans Le Naturaliste canadien. Selon lui,
un de ces obstacles serait les déficiences du système dřéducation face à lřenseignement des
sciences.
Disons aussi que le journal [Le Naturaliste canadien] nřest pas lřécole, que sřil nous
incombe dřactiver, dřalimenter, de favoriser lřaction du feu sacré, ce nřest pas à nous quřil
appartient de lřallumer; que si nous devons diriger des élèves, ce nřest pas à nous à les former;
que cette dernière tâche est particulièrement du ressort des collèges et surtout des universités, et
bien plus de ces dernières que des premiers; (…). Mais disons le aussi, jusquřà ce jour nos
universités en Canada nřont pas accordé à cette branche des sciences lřattention quřelle
120
méritait .
Lřinsuffisance de la diffusion dřun enseignement scientifique universitaire au Québec,
particulièrement chez les francophones, perdure jusquřà 1920, année de la création de la
Faculté des sciences à lřUniversité de Montréal.
L. Provancher pointe du doigt dřautres obstacles pour lřétude des sciences au
Québec. Le premier, selon lui, est que « lřamour de lřétude (…) fait généralement défaut
parmi nos gens instruits. (…) En second lieu lřindépendance de la fortune nous manque.
Les soins matériels de la vie, le souci de lřavenir, doivent avant tout occuper lřattention du
jeune homme, et absorbent, le plus souvent, le temps si complètement, quřon ne peut
quřincidemment se livrer aux études sérieuses121 ». Le problème du manque de ressources
ne doit pas étonner car, à la fin du XIXe siècle, lřÉtat provincial ne sřimplique que très peu
dans lřenseignement universitaire, ou dans le développement de métiers nécessitant une
formation scientifique et technique. Ce nřest que dans la première décennie du XXe siècle
que lřÉtat participe à la formation scientifique en donnant des bourses pour des études à
lřétranger122, en accordant des subventions pour la création dřécoles techniques (comme
lřÉcole de foresterie de lřUniversité Laval, en 1910), et en engageant du personnel
spécialisé pour occuper différents postes au sein de ministères (principalement en
agriculture et aux terres et forêts).
120
L. Provancher, « Notre cinquième volume », Le Naturaliste canadien, vol. V, no 1 (janvier 1873), p. 3.
Provancher, loc. cit. (« Lřétude des sciences »), p. 7.
122
Par exemple, « en 1905, deux jeunes québécois, Avila Bédard et G.-C. Piché sont envoyés à lřécole de
génie forestier de lřUniversité Yale. Cřest sur leur recommandation que le Service forestier est créé en 1909. »
Jammes Iain Gow, Histoire de l’administration publique québécoise 1867-1970, Les Presses de lřUniversité
de Montréal, 1986, p. 95.
121
223
Culturel celui-là, lřautre obstacle mis de lřavant par L. Provancher dans lřétude de la
science « vient de la société au milieu de laquelle nous vivons. À lřexemple de nos voisins
les Américains, nous voulons dřun bond parvenir au but, sans nous assujettir aux labeurs
de la route. (…) Quřil est regrettable que pour des raisons quřil ne nous convient pas de
juger ici, cette institution [lřUniversité Laval] se trouve privée du patronage quřelle serait
en lieu dřattendre de notre population !123 » Ce vœu exprimé par lřabbé naturaliste ne se
réalisa jamais, pas plus que du temps de lřabbé V.-A. Huard ou de celui du frère MarieVictorin. La responsabilité de financer le développement scientifique incomba plus tard à
lřÉtat, par le biais des subventions accordées aux universités.
On peut tenter dřévaluer dans quelle mesure lřon a passé outre (ou non) ces
obstacles. Si lřon se fie à un témoignage de lřabbé L. Provancher, la situation ne sřaméliore
par vraiment : le Québec a besoin de plus de naturalistes.
Quřil est regrettable quřil nřy ait pas un plus grand nombre de naturalistes pratiques en divers
endroits de notre territoire. Si du moins il sřy trouvait des amateurs collectionneurs, ou
simplement des chasseurs qui nous mettraient au fait de leurs captures; (…). (…) loin de voir le
nombre de nos adeptes augmenter, nous avons peine à le sauver de la diminution, car la
soustraction à ces études, pour des devoirs dřétat plus importants, de partisans dévoués ou de
chasseurs heureux, vient souvent faire équilibre aux quelques recrues que nous pouvons obtenir
124
de temps à autre .
L. Provancher nřest pas le seul à dépeindre cette situation. En 1877, lřabbé V.-A.
Huard lřexprime en parlant de la représentation des Canadiens français dans le tout
nouveau Naturalists’ Directory, ouvrage répertoriant les naturalistes : « En parcourant ce
Naturalists’ Directory, il faut se dire : quelle nombreuse armée lutte contre lřignorance !
quelle foule de pionniers marche à la découverte! Je regrette avec vous que les Canadiens
soient en si petit nombre dans le Directory : on dirait que lřhistoire naturelle est chose
inconnue, chez nous125 ».
A. Lechevallier, naturaliste français arrivé à Montréal en 1869, fait le même constat :
il vend peu, à Montréal, les spécimens naturalisés quřil chasse. Le plus souvent, ses
123
Ibid., p. 7-8.
L. Provancher, « Notre treizième volume », Le Naturaliste canadien, vol. XII, no 1 (janvier 1882), p. 2.
125
Lettre de lřabbé V.-A. Huard à lřabbé L. Provancher, 8 mars 1877, ASC 69, Fonds Provancher, C-5.
124
224
acheteurs sont des institutions dřenseignement, parfois des particuliers. Cependant, le
marché pour la vente de ses spécimens au Québec se sature rapidement : « Jřai beaucoup
dřouvrage, mais rien pour les collèges, cette année, à lřexception cependant, du Cabinet de
lecture paroissiale et le Couvent dřHochelaga, (…). Ainsi que lřÉcole Normale J.-Cartier,
qui mřa fait demander quelque chose tout dernièrement. Cřest donc les particuliers, et
quelques familles anglaises, qui cette année mřont fait le plus travaillé 126 ». En 1873,
obligé de déménager en Floride à cause de la mauvaise santé de sa fille et de sa femme, il
cherche à vendre son magasin de Montréal à un naturaliste intéressé à poursuivre son
œuvre, mais personne ne se manifeste même si, selon lui, sa clientèle était bonne. En 1883,
il met en vente ses collections Ŕ surtout des oiseaux et des œufs de partout dans le monde Ŕ
et demande à L. Provancher de trouver quelquřun pour sřen occuper : « Si vous ne pouvez
vous en occuper ayez la bonté de voir pour cela au dřécrire à Mr [C.-E.] Dionne (…) et au
Dr [J.-A.] Crevier (…) ainsi que Mgr [T.-E.] Hamel de lřUniversité127 ». Malheureusement
pour lui, C.-E. Dionne ne pense pas pouvoir vendre ses spécimens à Québec, comme il
lřécrit à L. Provancher : « Il nřest pas beaucoup possible pour moi de me charger de la
vente de ses effets, il nřy a pas assez dřécoulement dans notre bonne ville de Québec car
les naturalistes sont bien rares, (…)128 ». Comme aucun volontaire ne se manifeste, ni pour
les vendre ni pour les acheter, il ferme les portes de son magasin. A. Lechevallier, dégoûté
de ne pas trouver de débouchés pour ses spécimens au Canada, en conclut quřon y voyait
« cette science comme la boue des rues129 ».
Ces différents témoignages nous donnent quelques indices sur la place de la science
dans la société. Les naturalistes amateurs sont peu nombreux au Québec dans la seconde
moitié du XIXe siècle, tandis que les professionnels lřétaient encore moins. Même sřils
commencent à définir les normes régissant les pratiques, les naturalistes du Québec ne sont
pas encore organisés en communauté. Ils se retrouvent souvent isolés dans les institutions
dřenseignement ou dans leur pratique autodidacte et ne peuvent donc ni intégrer ni exercer
une influence dans le milieu scientifique international.
126
Lettre de A. Lechevallier à L. Provancher, 24 février 1873, ASC 27, Fonds Provancher, C-5.
Lettre de A. Lechevallier à L. Provancher, 10 mars 1883, ASC 56, Fonds Provancher, C-5.
128
Lettre de C.-E. Dionne à L. Provancher, 27 mars 1883, ASC 67, Fonds Provancher, C-5.
129
Lettre de A. Lechevallier à L. Provancher, 10 juin 1883, ASC 115, Fonds Provancher, C-5.
127
225
***
La structuration dřun milieu scientifique passe par ses acteurs. Les divisions qui
apparaissent dans le milieu scientifique en développement dépendent de leur formation
spécialisée, de leur poste et de leur appartenance à des sociétés savantes. Pour notre
période, les compétences accumulées dépendent aussi de plus en plus de lřacquisition de
diplômes universitaires (surtout de maîtrises et de doctorats) et de lřadoption des pratiques
acceptées dans le milieu. La place des acteurs dans ce milieu repose sur la reconnaissance
de ces compétences. Seuls les naturalistes qui détiennent des compétences particulières
sont sollicités pour occuper différents postes ou pour sřacquitter de diverses missions.
Désormais, ce ne sont plus seulement les réalisations des naturalistes qui définissent leur
place dans le milieu scientifique, mais surtout leur formation, leurs titres professionnels et
leur appartenance institutionnelle.
Cette nécessité de suivre les pratiques nous renseigne sur la dynamique du milieu
scientifique. Le dénouement des controverses locales nous informe sur le niveau de
reconnaissance dřun naturaliste dans le milieu. Ceux qui ne disposent que dřune réputation
limitée ne se trouvent pas par hasard dans cette situation. Leur non-acceptation des
pratiques scientifiques, visible par leur comportement lors dřune controverse scientifique,
contribuent à leur position moins enviable dans le milieu scientifique. Sřils persistaient sur
la voie de la résistance, leur légitimité scientifique était irrémédiablement entachée.
Au Québec, le milieu scientifique commence à définir les normes de production et
les critères de scientificité à la fin du XIXe siècle. La différenciation croissante des
amateurs versus les professionnels témoigne, en partie, de ce changement, tout comme la
levée progressive des obstacles au développement des sciences. Certes, le manque de
ressources et dřintérêt face à la science limitent la portée des actions des naturalistes, mais
les changements dans le milieu scientifique Ŕ tel la constitution dřinstitutions permettant de
226
participer aux activités de ce milieu scientifique Ŕ nous montrent que la science acquiert
progressivement une place grandissante dans la société canadienne-français.
227
On ne connaît pas complètement une science
tant quřon nřen sait pas lřhistoire.
- Auguste Comte
Nous ne cesserons pas dřexplorer,
et à la fin de toutes nos explorations,
nous arriverons à lřendroit où nous avons commencé,
et nous le connaîtrons pour la première fois.
- T. S. Eliot
228
CONCLUSION
En 1881 paraît un texte que lřabbé J.-C.-K. Laflamme avait préparé pour la fête
nationale des Canadiens français de lřannée précédente. Dans son « Rapport de M. lřabbé
Laflamme sur lřétat actuel des sciences en Canada et sur les moyens de les faire
progresser », il expose les progrès des sciences et les effets de leurs applications dans la vie
de tous les jours. Comme il le mentionne, « leur importance est tellement considérable, elle
est tellement ressentie partout, quřil nřest plus permis à personne de les ignorer1 ». Leur
influence se fait sentir à la fois dans lřenseignement et les professions. Après cette entrée en
matière, J.-C.-K. Laflamme se penche sur la place des sciences dans la société de son
époque. Le constat quřil fait nous indique que le nombre de scientifiques canadiens-français
de la science était alors très bas : « Car, il faut bien lřavouer, où sont les ingénieurs
canadiens-français; où sont les chimistes, où sont les architectes surtout réellement dignes de
ce nom? Hélas! lřon fait trop souvent venir dřoutre-mer les spécialistes dont on a besoin. Il
faudrait diriger de ce côté le plus de jeunes gens possibles, de ceux-là qui feraient plus tard
des déclassés2 ». Pour pallier ce manque, il suggère aux responsables étatiques de financer
les études de quelques « jeunes gens de talents, (…), et les envoyer se former à lřécole des
spécialistes européens ?3 », mesure qui ne vit le jour au Québec au début du XXe siècle avec
le gouvernement Lomer Gouin. Il compte également sur la fondation de sociétés savantes,
« dont le but serait de vulgariser, par des conférences ou autrement, lřétude des sciences et
dřinviter en même temps les quelques spécialistes que nous avons à continuer avec ardeur
leurs études4 ». Là encore, à part ses propres conférences grand public, pratiquement aucun
des spécialistes ne sřimplique de ce côté. Il fallut attendre les années 1920, avec la création
de lřA.C.F.A.S. en 1923, et les années 1930, avec des émissions radiophoniques comme
Radio-Collège, pour voir une implication de professionnels dans la vulgarisation à grande
échelle des connaissances scientifiques.
1
J.-C.-K. Laflamme, « Rapport de M. lřabbé Laflamme sur lřétat actuel des sciences en Canada et sur les
moyens de les faire progresser », dans Fête nationale des Canadiens français célébrée à Québec en 1880,
Volume I, Québec, 1881, p. 420.
2
Ibid., p. 426.
3
Ibid.
4
Ibid., p. 428.
229
Ces extraits Ŕ sorte dřinstantané de lřétat des sciences au Québec en 1881 Ŕ nous
renseignent sur la place assez peu importante de la science dans la société canadiennefrançaise. À partir de 1850 particulièrement, le milieu scientifique commence à se
développer. Les principaux indicateurs de ce développement sont lřaugmentation du nombre
de naturalistes, la diversification de lřoffre de cours de sciences dans les collèges classiques
et lřaugmentation des publications de monographies et de manuels de sciences spécifiques
au Québec. Les années 1850 à 1890 représentent lřâge dřor des naturalistes, qui ne font pas
profession de leur activité scientifique. Leur situation est similaire à celle de nombreux
naturalistes britanniques de la science, à la même période. Quřil suffise de mentionner
Charles Lyell ou Charles Darwin pour comprendre que les principaux naturalistes sont alors
des autodidactes. Quelques naturalistes occupent des emplois de professionnels ou de
techniciens, mais leur nombre reste peu élevé.
Cependant, dans les dernières décennies du XIXe siècle, le statut des acteurs est alors
en voie de changement. Les amateurs, dont le nombre est encore important, côtoient de plus
en plus les professionnels. Formés à lřuniversité, ces derniers se présentent comme les seuls
spécialistes véritables et sřattendent à ce quřon tienne compte de leur formation et de leur
appartenance institutionnelle Ŕ sřil y a lieu Ŕ dans lřévaluation de leurs compétences
scientifiques. Par exemple, il ne serait pas venu à lřidée de J.W. Dawson dřengager des
amateurs pour occuper les postes de professeurs de minéralogie et de paléontologie à
lřUniversité McGill. Dès la fin du XIXe siècle, les professionnels prennent une place plus
importante dans les institutions dřéducation, particulièrement chez les anglophones du
Québec. Du côté des scientifiques dřorigine canadienne-française, lřembauche de
professeurs de sciences diplômés à lřUniversité Laval et à lřUniversité de Montréal Ŕ sauf
exception Ŕ ne survient que dans les années 1920 et 1930. Le frère Marie-Victorin est
probablement un des derniers amateurs à avoir obtenu un poste dans une université sans
formation universitaire préalable, tout comme P.A. Taverner constitue un exemple des
dernières embauches dřamateurs dans les instances fédérales.
La production scientifique de cette période est certes tributaire de ce contexte
particulier, mais également des pratiques scientifiques adoptées par les acteurs. Lřadoption
230
et lřuniformisation des pratiques scientifiques caractérisent en partie le développement
scientifique au XIXe siècle, en Occident. Des pratiques telles que la récolte et la
conservation de spécimens, la constitution dřune collection de référence, lřidentification des
espèces et leur classification, de même que leur description Ŕ dans le cas dřespèces
nouvelles Ŕ constituent les étapes essentielles que le naturaliste suit dans son étude de la
faune et de la flore de sa région.
Quelques pratiques permirent aux naturalistes dřélargir leur visibilité dans le milieu
scientifique et même dans la société de leur époque. Sřil voulait sřinsérer dans des réseaux
scientifiques, le naturaliste devait développer une vaste correspondance. Lřenvoi de lettres,
mais également les échanges de spécimens et de documents, constituaient le moyen le plus
simple et le plus efficace pour intégrer les réseaux scientifiques les plus pertinents pour sa
pratique scientifique. La publication de ses découvertes sous forme dřarticles scientifiques et
de monographies assurait une certaine diffusion de ses travaux parmi ses pairs, tandis que la
vulgarisation, même si elle nřinfluençait pas directement sa place dans le milieu scientifique,
lui garantissait une diffusion des connaissances scientifiques dans la société de son temps.
Dřautres pratiques, comme celles du perfectionnement et de la multiplication des
disciplines Ŕ qui menaient à la spécialisation Ŕ, témoignent des changements survenus dans
le milieu scientifique. Ainsi, comme nous lřavons vu, le portrait des naturalistes se
transforme : les autodidactes laissent de plus en plus de place à des spécialistes qui eux ont
suivi une formation universitaire leur garantissant une compétence reconnue par leurs pairs.
Les naturalistes qui ne se conformaient pas aux nouveaux usages étaient exclus de facto du
milieu scientifique.
La spécialisation de la recherche a également influencé la place des naturalistes dans le
milieu scientifique. Ainsi, le naturaliste devait se spécialiser dans une discipline ou une
sous-discipline sřil voulait que sa contribution soit remarquée. La spécialisation, tout comme
lřadoption de pratiques scientifiques communes, témoignent des changements que les
naturalistes durent intégrer sřils voulaient être reconnus dans le milieu scientifique.
231
Les naturalistes entretiennent différents types de relations avec lřÉtat. Quřil sřagisse de
demandes dřaide financière, de susciter un intérêt ou de recevoir une caution morale pour un
projet ou de demandes de services auprès des spécialistes en fonction de leur champ
dřexpertise, ces relations sont souvent ambiguës et individualisées. Ainsi, lřÉtat ne répond
pas toujours positivement à leurs demandes. Quelques naturalistes reçoivent des contrats,
mais presque aucun nřobtient de poste permanent au sein dřinstances étatiques, une situation
qui sřexplique principalement par le manque de ressources financières. Tout au plus les
besoins très spécifiques des uns et des autres sont comblés, mais ils ne sřattendent
généralement pas à une répétition de cette aide.
Les réseaux informels, ceux que les naturalistes établissent entre eux, sont plus solides
et plus diversifiées. Les relations se tissent certes sur le plan des disciplines, mais également
au niveau social avec des rapports dřappartenance, de proximité, dřintérêt, de services et de
hiérarchie. Les échanges se déroulent principalement au Québec, mais aussi avec le reste du
Canada, les États-Unis et lřEurope. Pour sřassurer de la validité de leurs recherches et de
leurs découvertes, les naturalistes se sont inscrits dans des réseaux scientifiques déjà
existants en Europe et aux États-Unis dans leurs disciplines respectives, et en ont développé
à mesure que leur nombre augmentait au Québec. Ces réseaux assurent la continuité des
pratiques scientifiques tout en permettant aux naturalistes de rester en contact avec
lřactualité de la recherche au niveau nord-américain et européen.
Pour contrer leur éloignement des grands centres de production de la science
occidentale, les naturalistes canadiens-français employaient divers moyens comme la
correspondance et les échanges, lřadhésion à une ou à quelques sociétés savantes et la
participation à des congrès. La correspondance constitue le véhicule de communication
privilégié à cette époque. Les relations pourraient se déployer dans les espaces privé et
public. Les liens dřéchanges et de don se développent entre individus, entre un individu et
une institution Ŕ société savante, musée de sciences, revue Ŕ ou entre deux institutions. Par
contre, au Québec, les naturalistes nřavaient pas accès à des institutions solidement établies
232
ni à des congrès nationaux, ce qui les empêchaient de se rencontrer. Certains ont contourné
cet inconvénient en participant à des congrès internationaux, mais ils constituent des cas
dřexception.
En définitive, les réseaux informels nřétaient pas très développés, tandis que la plupart
des liens avec lřétranger étaient de courtes durées et de peu dřeffets. Lřintégration des
naturalistes du Québec aux réseaux internationaux nous montre quřils nřétaient pas très liés
aux milieux scientifiques internationaux. Comme conséquence, lřactivité scientifique au
Québec était pratiquée principalement par des amateurs qui ne dépassaient que rarement les
limites du local ou du provincial.
La structuration du milieu scientifique sřobserve par la nouvelle place occupée par les
naturalistes. Ainsi, ce sont de plus en plus leur formation spécialisée, leur occupation et leur
appartenance institutionnelle qui déterminent leur place dans le milieu scientifique. La
reconnaissance de leurs compétences dépend désormais de critères objectifs qui deviennent
de plus en plus la norme à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Cřest ce que lřon
constate quand on examine le dénouement particulier des controverses scientifiques : le
statut des naturalistes subit des changements lents mais significatifs. Ceux qui nřadoptent
pas les pratiques en vigueur dans une discipline et ceux qui ne possèdent pas les critères
montrant leurs compétences sont plus ou moins mis de côté. Leur légitimité scientifique et la
possibilité quřils ont de participer à la dynamique du milieu scientifique sřen trouvaient
entachées.
Lřécart entre les amateurs et professionnels sřaccroît avec le temps, se manifestant par
lřembauche quasi systématique des professionnels dans les universités et les instances
étatiques. La conséquence logique en est que lřintégration des amateurs dans le milieu
scientifique devient laborieuse.
233
L’état du développement des sciences au Québec en 1920
À la fin de ce parcours à travers lřhistoire des sciences au Québec sur une période de
70 ans, nous avons atteint les objectifs généraux de la recherche, cřest-à-dire de cerner le
rôle et la place des naturalistes dans la genèse du milieu scientifique du Québec, dřéclaircir
le développement de leurs pratiques scientifiques et de clarifier le déploiement de leurs
réseaux.
Lřhistoire de lřémergence du milieu scientifique et de la culture scientifique au
Québec passe nécessairement par la reconnaissance du rôle des acteurs engagés dans le
milieu. La figure du scientifique, au XIXe siècle et même occasionnellement jusquřau début
du XXe siècle, nřest pas celle que lřon connaît aujourdřhui, ce qui a eu pour effet de donner
lřimpression que la science nřa commencé à se développer dans la société québécoise quřà
partir de 1920, et même de 1960. Cřest ainsi que le naturaliste, au XIXe siècle, que ce soit en
Royaume-Uni ou au Canada, est bien plus souvent un amateur, pratiquant la science dans un
but personnel, quřun professionnel engagé dans diverses institutions. Si lřon tient compte de
ces deux groupes, on constate que la science était relativement bien présente au Québec au
XIXe siècle, et encore plus au début du siècle suivant. Les naturalistes adoptent les pratiques
scientifiques en vigueur dans leur discipline, ils intègrent comme ils le peuvent des réseaux
scientifiques et participent activement à la structuration du milieu. La levée progressive des
obstacles au développement scientifique montre que le milieu scientifique acquiert
lentement une place dans la société québécoise.
En 1920 survient un événement qui modifie la trajectoire des sciences dans la
province : lřUniversité de Montréal, qui était jusquřalors une succursale de lřUniversité
Laval, acquiert son autonomie et fonde une Faculté des sciences. La même année, MarieVictorin, frère enseignant et botaniste amateur, obtient le poste de professeur de botanique à
cette même faculté et ouvre un laboratoire de botanique. Entouré de quelques disciples
venus se former à la botanique, le frère Marie-Victorin sřinvestit dans la formation, la
recherche et la vulgarisation. Il est en voie dřanimer le développement dřun mouvement
scientifique. Cette activité nřaurait pu se développer sans la présence de conditions
234
initiales comme des locaux dans une institution qui accorde une place importante aux
sciences, pour ses activités de formation et de recherche et la presse à grand tirage Ŕ Le
Devoir dans son cas Ŕ où il exposa ses vues sur lřurgence dřétendre la pratique des sciences
parmi les Canadiens français et de former des jeunes dans les universités. Dans les années
1930, la propagation rapide de la radio lui permit dřatteindre, comme à dřautres, le grand
public et un certain public scolaire par le biais de la vulgarisation.
Avant les années 1920, de tels moyens nřexistaient pas, ce qui pourrait expliquer, en
partie, que les Canadiens français ne faisaient pas bonne figure dans le milieu scientifique
canadien. Tout au plus pouvaient-ils pratiquer la science en amateur, même si certains se
sont élevés au rang de spécialiste de leur discipline. Si certains avaient lřimpression de
presque repartir à zéro, vers 1920, cřest quřil nřy avait pas vraiment de relève dans le milieu
scientifique de cette époque. Les naturalistes principalement actifs à la fin du XIX e siècle
assurent une certaine continuité dans la formation, la recherche et la vulgarisation, mais ils
sont en fin de parcours : lřabbé J.-C.-K. Laflamme meurt en 1910, lřabbé H. Simard, en
1927 et lřabbé V.-A. Huard, en 1929. Parmi les Canadiens français, contrairement aux
anglophones regroupés autour de lřUniversité McGill, peu de professionnels étaient formés à
lřuniversité et détenaient des postes institutionnels. Et même McGill, en fait, importait la
plupart de ses professeurs directement dřAngleterre.
Perspectives de recherche en histoire des sciences
Aux termes de cette enquête historique, plusieurs questions restent en suspens, qui
pourraient orienter des recherches ultérieures en histoire des sciences au Québec. Quelques
avenues de recherche sont apparues lors de la préparation de la thèse. Comment la science
sřest-elle diffusée dans dřautres sphères dřactivités ? Comment la société globale intègre-telle la pensée scientifique et les pratiques scientifiques dans ses institutions ? Quelle place la
science et la vulgarisation scientifique acquièrent-elles dans la culture au XXe siècle ? Il y a
encore beaucoup à faire en ce domaine.
235
Dřautres chantiers pourront être entamés, comme des biographies de naturalistes. À
part quelques biographies publiées depuis les années 19705, nous ne disposons dřaucune
biographie récente des naturalistes les plus actifs au XIXe siècle comme les abbés J. Demers,
L.-O. Brunet, J.-C.-K. Laflamme, L. Provancher ni de T.S. Hunt ou de D.P. Penhallow, sans
parler des naturalistes ayant vécus plus récemment6 comme le frère Marie-Victorin, Jacques
Rousseau7, Jules Brunel ou Armand Frappier.
Les historiens, même sřils ne connaissent pas tous les tenants et les aboutissants de la
recherche scientifique, peuvent sřattaquer à de tels chantiers. La science, élément
appartenant à la culture, constitue un objet de recherche qui peut éclairer une société tout
autant que les autres champs de lřhistoire. À eux de penser à des questions originales qui
nous apporteraient des précisions sur le rôle des scientifiques dans la production et la
diffusion de la science et nous éclaireraient sur sa place dans la culture et la société
québécoise.
5
Pauline L. Boileau, La Côte-Nord contre vents et marées. Biographie romancée de Napoléon-Alexandre
Comeau (1848-1923), Sillery, Septentrion, 1998, 390 p.; Éveline Bossé, Jean-Charles Taché (1820-1894).
Un grand représentant de l’élite canadienne-française, Québec, Éditions Garneau, 1974, 324 p.; Victor
Gaboriault, c.s.v. Charles-Eusèbe Dionne. Naturaliste, La Pocatière, La Société historique de la Côte-duSud, 1974, 143 p. (Cahiers dřhistoire No. 9); Roger Le Moine, Un Québécois bien tranquille, S.l., Les
Éditions La Liberté, 1985, 187 p.; Hélène Sabourin, À l’école de P.-J.-O. Chauveau. Éducation et culture au
XIXe siècle, Montréal, Leméac Éditeur Inc., 2003, 230 p.; Marjolaine Saint-Pierre, Joseph-Elzéar Bernier.
Capitaine et coureur des mers 1850-1934, Sillery, Septentrion, 2005, 366 p.; Susan Sheets-Pyenson, John
William Dawson. Faith, Hope, and Science, Montreal & Kingston, McGill-Queenřs University Press, 1996,
274 p.
6
Danielle Ouellet a publié deux biographies de scientifiques du XXe siècle : Adrien Pouliot. Un homme en
avance sur son temps, Montréal, Les Éditions du Boréal Express, 1986, 211 p. et D. Ouellet (avec la
collaboration de René Bureau), Franco Rasetti, physicien et naturaliste (il a dit non à la bombe), Guérin,
éditeur ltée, 2000, 204 p.
7
Il existe certes une bio-bibliographie de Jacques Rousseau (op. cit.), mais cet ouvrage ne saurait faire office
de biographie complète. Les auteurs souhaitent dřailleurs quřun historien sřattaque un jour à écrire la vie et
lřœuvre de J. Rousseau.
236
ANNEXE 1. LISTE ET BIOGRAPHIES DES NATURALISTES
Nous présentons ici les notices biographiques des 70 naturalistes. Ces notices nous
semblent très utiles puisque le tiers des naturalistes retenus nřapparaissent pas dans le
D.B.C. 6 sont décédés après 19301 Ŕ le dernier volume du D.B.C. sřarrête à 1930 Ŕ, les
autres sont sans notice dans le D.B.C.2
-
Ami, Henri-Marc (1858-1931), géologue et naturaliste.
Né en France, Henri-Marc Ami fait des études en sciences à McGill. Dawson fut
son directeur de thèse de doctorat. Géologue, paléontologue et préhistorien, il joint les
rangs de la Commission géologique du Canada en 1882 et y reste employé jusquřen
1911. Membre de la Société royale du Canada (1900) et de la Société géologique de
Londres (1905), il reçoit de cette dernière société la médaille Bigsby. Après son départ de
la Commission, Ami fait des recherches en préhistoire et fonde lřÉcole canadienne de
préhistoire. (Raymond Duchesne, « Ami, Henri-Marc », L’encyclopédie canadienne en
ligne,
http://www.canadianencyclopedia.ca/PrinterFriendly.cfm?Params=F1ARTF0000184, site
consulté le 13 décembre 2004.)
-
Arnaud, Charles-A., o.m.i. (1826-1914), prêtre missionnaire et naturaliste.
Originaire de France (Vaucluse), Charles Arnaud est envoyé au Canada avant
dřavoir terminé ses études théologiques. Ordonné prêtre en 1849, il devient missionnaire
auprès des Amérindiens. Il passe trois ans à Grande-Baie, au Saguenay, mais est ensuite
envoyé à la mission montagnaise des Escoumins. En 1862, le père Arnaud sřinstalle dans
la nouvelle réserve de Betsiamites, sur la Côte-Nord. À partir de Betsiamites, le père
Arnaud tente de fonder plusieurs missions dans le nord du Québec. Il se rend à la baie
dřHudson, en 1872 et 1873. Son journal de voyage recueille ses observations sur la nature
nordique. Naturaliste et taxidermiste, il monta un musée de sciences naturelles à
Betsiamites, avec lřaide dřAlfred Lechevallier. Arnaud sřest également intéressé à la
langue montagnaise et rédigea un dictionnaire français-montagnais, resté à lřétat de
manuscrit. (Romuald Boucher, « ARNAUD, Charles », D.B.C. Vol. XIV De 1911 à 1920,
Québec, P.U.L., 1998, p. 26-28; Victor-Alphonse Huard, « Feu le Révd Père AndréCharles Arnaud, o.m.i. », Bulletin de la Société de Géographie de Québec, vol. 8, no1
(janvier-février 1914), p. 200-207.)
-
Ashe, Edward-David (1813-1895), officier de marine, astronome et fonctionnaire.
Edward David Ashe intègre la marine britannique en 1830. Promu lieutenant en
1842, il sert sur comme officier sur différents navires. À la suite dřun accident qui le
rendit invalide, on lui offre de diriger le nouvel observatoire astronomique à Québec. Il
entre en fonction en 1851 avec pour mission de donner lřheure exacte par le biais dřun
signal horaire. Il arrivait à ses fins à lřaide de lřobservation du passage dřétoiles avec une
1
H.-M. Ami, G. Beaulieu, G. Chagnon, C.-P. Choquette, C.M. Derick et A.F. Winn.
F.-X. Burque, J.-C. Carrier, J.-C.Chapais, J.-E. Desrochers, T.W. Fyles, G. Laroque, N. Leclerc, P.
Lemay, H.H. Lyman, L.-D. Mignault, E. Roy, S. Sturton, H. Simard, A. Lechevallier, J. Barnston, W.
Marsden.
2
237
lunette méridienne. Il détermina également les longitudes de plusieurs villes canadiennes,
à la demande du directeur de la C.G.C., W.E. Logan. Ashe observait le soleil afin
dřétudier les taches solaires et participa à quelques expéditions pour observer des éclipses
de soleil. Pionnier mondial de lřastrophotographie, il prit des photographies du soleil très
appréciés des astronomes anglais. En 1882, on le chargea de la préparation de
lřobservation du transit de Vénus devant le soleil. Ashe fut un membre actif de la Literary
and Historical Society of Quebec, occupant le poste de vice-président en 1854, puis celui
de président en 1866, 1867 et 1873. Il publia plusieurs articles dans les Transactions de la
société et y présenta des conférences. Ashe fit aussi paraître des articles dans les Monthly
Notices de la Royal Astronomical Society, à Londres et dans le Canadian Journal of
Industry, Science, and Art, à Toronto. (Richard A. Jarrell, « ASHE, Edward David »,
D.B.C. Vol. XII De 1891 à 1900, Québec, P.U.L., 1990, p. 45-46; Paulette Smith-Roy,
L’observatoire astronomique de Québec 1850-1936, Québec, Commission des champs de
bataille nationaux, 1983, 69 p.)
Aubin, Napoléon (1812-1890), journaliste, éditeur et vulgarisateur dřorigine
suisse.
À 16 ans, en août 1829, Napoléon Aubin part pour les États-Unis et y séjourne
jusquřen 1835. Il contribue alors à la Minerve de Montréal, publie des poésies et des
contes (1834-1839) et se fait inventeur. Désabusé de la vie américaine, il déménage à
Montréal la même année, puis il sřinstalle à Québec. Il sřoriente vers le journaliste de
combat, dans le but de défendre les intérêts des Canadiens français, en collaborant à
lřAmi du peuple (…) et au Canadien, de 1847 à 1849. Il fonde plusieurs revues
éphémères, telles le Télégraphe (1837), le Fantasque (qui paraît irrégulièrement de 1837
à 1849), le Standard (1842), le Castor. Journal politique et littéraire des arts, de
l’Agriculture et du Commerce (1843-1845), le Canadien indépendant. Journal de l’Esprit
public, politique, commercial, industriel, agricole, scientifique et littéraire (1849), la
Sentinelle du peuple. Journal du progrès politique, commercial, industriel et scientifique
(1850). Il repart pour les États-Unis entre 1853 et 1863. De retour à Québec, il collabore
à la Tribune en 1863-1864, fonde Les Veillées du père Bonsens (1865-1866 et 1873) et
sřétablit finalement à Montréal, en 1866. On le nomme rédacteur en chef du Pays, en
1849, et au National de Montréal, de 1872 à 1874. Lřannée suivante, il devient inspecteur
du gaz de la ville de Montréal. Lors de son second séjour aux États-Unis, il met au point
un nouveau procédé dřéclairage au gaz. Il donne également des cours populaires et des
conférences de vulgarisation scientifique. À partir de 1848, on le charge de
lřenseignement de la chimie à lřÉcole de médecine de Québec, établissement fondé en
1845. Il publie deux manuels : La Chimie agricole mise à la portée de tout le monde …,
en 1847, et Cours de Chimie, en 1850. Après la venue du philanthrope français
Alexandre Vattemare à Québec, en 1840, Aubin tente, sans succès, de fonder un institut
scientifique. Son intérêt particulier pour les sciences se manifeste aussi par sa
participation à la fondation, en octobre 1843, de la Société canadienne dřétudes littéraires
et scientifiques, aux côtés de Joseph-Charles Taché (président) dont il est nommé
secrétaire. Il fut également membre-fondateur de lřInstitut canadien de Québec, en 1848,
et président de lřInstitut canadien de Montréal, en 1869. (Serge Gagnon, « AUBIN,
Napoléon », D.B.C. Vol. XI De 1881 à 1890, Québec, P.U.L., 1982, p. 38-41; Jean-Paul
-
238
Tremblay, Aimé-Napoléon Aubin, sa vie et son œuvre, D.E.S. Université Laval, 1961,
xiv-180 p.)
-
Babel, Louis-François (1826-1912), prêtre missionnaire et explorateur.
Le jeune Louis Babel, suisse dřorigine, est recruté par le père Léonard en 1847.
Après des études théologiques suivies à Marseille et en Angleterre, il est ordonné prêtre à
Ottawa au cours de lřété 1851. Dřabord envoyé à Grande-Baie, au Saguenay, Babel se
rend par la suite à la mission algonquine de Maniwaki puis, en 1866, se retrouve à
Betsiamites, aux côtés du père Arnaud où il sřoccupe de lřévangélisation des Montagnais.
En 1866, 1867 et 1868, il se rend chez les Naskapis, à la baie des Esquimaux. Il écrivait
des observations géographiques et météorologiques dans un journal de voyage. Le père
Babel parcourut des milliers de kilomètres dans le nord du Québec et sur la côte nord du
Saint-Laurent. Il est lřauteur dřun dictionnaire français-montagnais qui resta à lřétat de
manuscrit. (Romuald Boucher, « BABEL, Louis », D.B.C. Vol. XIV De 1911 à 1920,
Québec, P.U.L., 1998, p. 30-32.)
-
Baillargé, Charles (1826-1906), architecte et arpenteur.
Après des études au petit séminaire de Québec, en 1843, Baillairgé devient
apprenti chez un cousin de son père et reçoit, en 1846, un certificat de compétence. En
1848, Baillairgé est nommé arpenteur des terres de la province. Il continue dřétudier, en
autodidacte, le génie civil. Par la suite, il pratique lřarchitecture à Québec : des églises,
des magasins, lřAcadémie de musique de Québec, le pensionnat et le pavillon principal
de lřUniversité Laval sont ses principales réalisations pour la fin des années 1840 et les
années 1850. On le retrouve ensuite à lřemploi du département des Travaux publics. En
1858 et 1859, il conçoit les plans des parlements de Québec et dřOttawa. En 1860, on le
choisit comme architecte de la prison de Québec, mais il ne put terminer les travaux par
manque dřargent. En 1863, il travaille à la construction du parlement dřOttawa mais dans
ce contrat également, il ne put terminer les travaux; il fut congédié en mai 1865. De
retour à Québec, on lui confie la construction de la nouvelle chapelle pour le couvent des
Sœurs du Bon-Pasteur. En 1866, Baillairgé est nommé surintendant des travaux de la
corporation de Québec, fonction quřil assume jusquřen 1898; en 1878, il prend dřailleurs
le titre dřingénieur de la cité. Il construit alors des marchés, des égouts, des escaliers de
fer entre la Haute et la Basse-ville et on lui confia divers travaux sur la terrasse Dufferin
(kiosques). Lřintérêt de Baillairgé pour lřapplication des sciences et techniques à
lřarchitecture et à la construction fut constant dans sa carrière. Il prononça des
conférences publiques sur les mathématiques et la physique et publias plusieurs traités de
géométrie et de trigonométrie (Nouveau traité de géométrie et de trigonométrie rectiligne
et sphérique suivi du toisé des surfaces et volumes, 1866) et du toisé (Clef synoptique ou
abrégé du Tableau stéréométrique de Baillairgé, ou, Nouveau Système de mesurer tous
les corps, segments, troncs et angles de ces corps par une seule et même règle, 1874; Clef
du tableau stéréométrique Baillargé. Nouveau système de toiser tous les corps-segments,
troncs et onglets de ces corps par une seule et même règle, à l’usage des architectes,
ingénieurs, arpenteurs, professeurs de dessins, (…), 1874). Sa contribution scientifique
principale consiste en le développement dřune méthode de calcul de certains prismes. Il
publia plusieurs volumes à ce sujet, tels Clef synoptique ou abrégé du Tableau
stéréométrique de Baillairgé, 1874 et Le stéréométricon, 1884, ce qui lui valut des prix et
239
des honneurs dans diverses sociétés savantes. En 1874, il reçut la médaille de bronze de
la Société de vulgarisation pour lřenseignement du peuple (France) et la médaille
Philippe de Girard (France). Baillairgé fut membre de plusieurs sociétés savantes et
occupa certaines fonctions : en 1861, il est nommé vice-président de lřAssociation des
arpenteurs provinciaux et instituts des ingénieurs civils et architectes, puis président de la
Société des arpenteurs du Québec, en 1882. La même année, il est un des membresfondateurs de la Société royale du Canada. Il participa également à la fondation de la
Société canadienne des ingénieurs civils, en 1887 ; il fut actif dans cette société, publiant
une trentaine dřarticles pour leur revue, le Canadian Engineer (Toronto). Il publia aussi
une quarantaine dřarticles dans le Canadian Architect and Builder (Toronto). En 1894, il
est élu président de lřAssociation des architectes de la province de Québec. (Christina
Cameron, « BAILLAIRGÉ, Charles », D.B.C. Vol. XIII De 1901 à 1910, Québec, P.U.L.,
1994, p. 30-35 ; V.-A. Huard, « Nécrologie. Charles Baillairgé », Le Naturaliste
canadien, vol. XXXIII, no 6 (juin 1906), p. 84 ; Léon Lortie et E. La Selve, Biographie
de Charles Baillairgé par E. La Selve, Paris, 1889 avec addenda jusqu’à ce jour par
Léon Lortie, Québec, 1897, Québec, Imprimerie L.-J. Demers & Frère, 1897. 15 p.)
-
Barnard, Édouard-André (1835-1898), avocat, agriculteur, conférencier agricole
et auteur.
En 1851, alors quřil poursuit des études classiques au Séminaire de Nicolet,
Édouard-André Barnard doit les interrompre pour aider sa famille financièrement. De
1862 à 1867, il complète des études de droit. À partir de 1868, Barnard consacre
beaucoup de temps à lřagriculture. Correspondant de La Semaine agricole (illustrée),
revue fondée par le Conseil dřagriculture et lřécole dřagriculture de LřAssomption,
depuis 1869, il en devient le rédacteur en chef lřannée suivante. Il prononce également
des causeries agricoles, ce qui attira lřattention du commissaire de lřAgriculture et des
Travaux publics de la province de Québec. On lřenvoie, lřannée suivante, comme agent
dřimmigration afin de recruter des agriculteurs francophones et catholiques européens.
En 1872, il obtient le poste dřagent de colonisation, avec le mandat de suivre les progrès
des sociétés de colonisation et de donner des conférences aux cultivateurs. Il encourage
également la création de cercles agricoles qui amèneront la modernisation de lřagriculture
dans la province. En 1876, Barnard devient rédacteur en chef de la nouvelle revue Le
Journal d’agriculture, en même temps quřon le nomme directeur de lřagriculture dans le
département de lřAgriculture et des Travaux publics. Sa fonction est alors de conseiller le
commissaire du département sur le développement agricole du Québec. En 1877, il
remporte le premier prix dřun concours de lřInstitut canadien de Québec pour son texte
« Éloge de lřagriculture », qui sera publié deux ans plus tard dans lřAnnuaire de lřInstitut.
Dans les années 1880, il contribue aussi au développement de lřindustrie laitière en
encourageant les cultivateurs à se tourner vers la production beurrière et fromagère lors
de ses conférences dans les cercles agricoles. En 1888, le gouvernement dřH. Mercier
crée un département de lřAgriculture et de la Colonisation. Le premier ministre en
devient directeur, secondé par le curé François-Xavier-Antoine Labelle au poste de souscommissaire. Barnard perd donc son poste, mais on le nomme secrétaire du Conseil
dřagriculture, organisation dont il critiquait les méthodes. Dans cette position, quřil
occupe jusquřà sa mort, Barnard aide néanmoins lřÉglise catholique à mettre en place des
missionnaires agricoles, qui réclameront la création dřune formation universitaire en
240
agronomie, effective à partir de 1913. Il fut également, tout au long de sa vie, un
agriculteur soucieux dřexpérimenter différentes techniques de culture, montrant son
intérêt marqué pour lřagronomie. En 1890, il participe à la fondation du concours du
mérite agricole et en élabore les règlements. En 1895, il publie un Manuel d’agriculture,
« lřun des premiers véritables ouvrages dřagronomie québécoise » (D.B.C. Vol. XII De
1891 à 1900, P.U.L., 1990, p. 62) et, en 1897, un autre ouvrage, La Colonisation bien
faite. À sa mort, il travaillait à la deuxième édition de son Manuel d’agriculture, qui ne
fut pas publiée. (Bruno Jean, « BARNARD, Édouard-André », D.B.C. Vol. XII De 1891 à
1900, Québec, P.U.L., 1990, p. 62-66; Jean-Charles Chapais, Notes biographiques sur
Ed. A. Barnard (Extraites du Journal d’Agriculture), Québec, s.é., 1920, 10 p. et Marc-A.
Perron, Un grand éducateur agricole, Édouard-A. Barnard. 1835-1898 Étude historique
sur l’agriculture de 1760 à 1900, Marc-A. Perron, s.é., 1955, 355 p.)
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Barnston, George (1800-1883), marchand de fourrures et naturaliste.
George Barnston suivit une formation en arpentage et en génie militaire. En 1820,
il devient apprenti commis à la North West Company, qui fusionna, lřannée suivante,
avec la Compagnie de la Baie dřHudsoné. Il démissionne en 1831, mais est réengagé en
1832. Barnston passa dix ans dans le district dřAlbany, en Ontario. En 1834, on le
nomme chef de poste du fort dřAlbany. Dix ans plus tard, Barnston est envoyé à
Tadoussac et, en 1847, y devient lřagent principal. Au cours des années 1850, il se
retrouve au Manitoba, il prend un congé dřun an (1858-1859), puis il dirige le poste de
Michipicoton, en Ontario. Au cours de sa carrière, tout comme à sa retraite, Barnston
sřadonna à la botanique et à lřentomologie. Il publia les résultats de ses recherches dans
le Canadian Naturalist and Geologist. Il fut membre de la Natural History Society of
Montreal, société savante dont il fut président en 1872-1873, et également de la Société
royale du Canada, dès sa fondation. Il fit don de sa collection dřinsectes au British
Museum, tandis quřil donna des spécimens de son herbier à la Smithsonian Institution, au
McGill College et à une autre institution en Écosse. (Jennifer S.H. Brown et Sylvia M.
Van Kirk, « BARNSTON, George », D.B.C. Vol. XI De 1881 à 1890, Québec, P.U.L.,
1982, p. 57-58.)
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Barnston, James (1831-1858), médecin, botaniste et professeur de botanique.
Après avoir passé son enfance au Canada, James Barnston suivit des études
médicales à lřUniversity of Edinburg, de 1847 à 1852. Il passa ensuite une année à Paris
et à Vienne pour perfectionner sa pratique médicale. En 1853, Barnston sřinstalle à
Montréal. Tout en pratiquant sa profession de médecin, il commence un herbier. En 1857,
il est nommé professeur de botanique à McGill, le premier à occuper cette fonction au
sein de lřinstitution. Très actif dans la Natural History Society of Montreal, il y prononça
des conférences, il écrivit des articles, il occupa les fonctions de conservateur du musée et
de bibliothécaire et fut membre du comité éditorial du Canadian Naturalist and
Geologist. Il meurt en 1858 dřune maladie, à lřâge de 27 ans. (Suzanne E. Zeller et John
H. Noble, « BARNSTON, James », D.B.C. Vol. VIII 1851 to 1860, Toronto, University
of Toronto Press, 1985, p. 61-62.)
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Beaulieu, Germain (1870-1944), avocat, écrivain (poésie, théâtre, journaux) et
entomologiste amateur spécialisé dans les Coléoptères.
241
Natif de Rivière-Blanche, il est adopté par une famille de Montréal. Il étudie à
lřÉcole Normale de Montréal (1886-1890), au Lycée Brumath-Bonin (1890-1891) et à la
Faculté de Droit (1891-1894). Beaulieu fut très actif sur la scène culturelle de
scientifique. Il participa à la fondation de lřÉcole littéraire de Montréal (1896), des
cercles dřétudes et de naturalistes de Montréal, Québec et Ottawa, de lřACFAS et de la
Société canadienne dřhistoire naturelle (1923), la Société linnéenne (1929) et autres. En
1912, on le charge dřorganiser une campagne de répression des sauterelles dans la
province de Québec. De 1912 à 1919, il organisa la collection entomologique du Canada
à Ottawa. Mais des problèmes de vue lřempêchent de continuer. De 1919 à 1921, il suit
un apprentissage de la procédure légale. Il sera aviseur légal en matière agricole, jusquřà
sa retraite, survenue en 1943, et conseiller juridique de la Commission dřindustrie
laitière. Il publia des articles sur quelques familles cet ordre dřinsectes (Cicindelidæ,
Scarabeidæ et Melasidæ) dans Le Naturaliste canadien (1894-1932). En collaboration
avec lřentomologiste Georges Maheux, il est lřauteur de Les insectes nuisibles de la
province de Québec, Québec, Imprimerie Charrier & Dugal, Limitée, 1929, 244 p.
(Georges Maheux, « Germain Beaulieu (1870-1944) », Le Naturaliste canadien, vol.
LXXII, nos 9-10 (septembre-octobre 1945), p. 229-234; Jean-Marie Perron, « Germain
Beaulieu (1870-1944) un autoportrait », Antennae, vol. 6, no 1 (hiver 1999), p. 12-14.)
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Bélanger, François-Xavier (1833-1882), taxidermiste, naturaliste et conservateur
dřun musée de sciences.
Après son passage au petit séminaire de Québec de 1846 à 1853, François-Xavier
Bélanger oriente sa carrière vers lřenseignement à la campagne. Il revient assez
rapidement à Québec et devient correcteur dřépreuves et rédacteur adjoint au Courrier du
Canada. En 1869, fort de son expérience dřentomologiste amateur et de ses contacts
auprès des abbés Provancher et Hamel, Bélanger est nommé conservateur du musée
zoologique de lřUniversité Laval. Il doit arranger les spécimens reçus et veiller à
augmenter les collections du musée, par des échanges et, surtout, par des chasses dans la
région de Québec. Lřentomologie attire particulièrement son attention, tout comme celle
de lřabbé Hamel. De 1874 à 1876, les collections entomologiques augmentent
considérablement par le biais dřéchanges avec lřEurope. En 1876, il prépare, en
compagnie de lřabbé Hamel, une collection de spécimens du musée pour lřExposition
internationale du centenaire de Philadelphie. Il rédigea des articles sur lřentomologie dans
le Courrier du Canada et dans Le Naturaliste canadien. Il était également habile
dessinateur et produisit des gravures dřanimaux pour Le Naturaliste canadien. (Raymond
Duchesne, « BÉLANGER, François-Xavier », D.B.C. Vol. XI De 1881 à 1890, Québec,
P.U.L., 1982, p. 71-72; Provancher, « M. F.-X. Bélanger », Le Naturaliste canadien, vol.
XIII, no 145 (janvier 1882), p. 26-28.)
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Billings, Elkanah (1820-1876), avocat, journaliste et paléontologue.
Elkanah Billings suivit ses études à la Saint Lawrence Academy, à Potsdam (NY)
et, à partir de 1839, à la Law Society of Upper Canada. Il commence à exercer comme
avocat à lřautomne 1844 et pratique jusquřen 1852, année au cours de laquelle il est
nommé rédacteur du Ottawa Citizen. Dans ses temps libres, il sřattaque à la
paléontologie. En 1854, alors quřil vient dřêtre nommé membre du Canadian Institute de
Toronto, il publie dans le journal de la société savante un premier article scientifique.
242
Deux ans plus tard, il fonde The Canadian Naturalist and Geologist, revue qui devient
par la suite lřorgane officiel de la Natural History Society of Montreal. Billings y publia
de nombreux articles de géologie. William E. Logan, alors directeur de la C.G.C.,
remarque le travail de Billings et le fait nommer paléontologue officiel de la
Commission, en 1856. Billings sřattela à la tâche de décrire les fossiles du musée de la
Commission et ceux qui sřy ajoutaient au fil des expéditions à travers le Canada. Il se
spécialisadans les fossiles paléozoïques de lřest du Canada, décrivant plusieurs centaines
de nouvelles espèces et quelques dizaines de nouveaux genres. Il rédigea plusieurs
rapports de la Commission faisant état de ses travaux. Il contribua aussi à lřouvrage de
Logan, Géologie du Canada, en 1863. Billings fut membre de la Geological Society of
London, à partir de 1858, il reçut des médailles de lřInternational Exhibition of London
(1862), de la Natural History Society of Montreal (1867) et de lřExposition universelle
de Paris (1867). (Andrée Désilets et Yvon Pageau, « BILLINGS, Elkanah », D.B.C. en
ligne,
http://www.biographi.ca/009004-119.01f.php?&id_nbr=4835&interval=25&&PHPSES..., site consulté le 22 septembre 2008;
T.H. Clark, « Elkanah Billings (1820-1876)—Canadařs first paleontologist ». The
geological association of Canada — Proceedings, Volume 23 (1971), p. 11-14.)
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Bowles, George John (1837-1887), administrateur et entomologiste amateur
spécialisé dans lřétude des Lépidoptères et des espèces nuisibles en agriculture.
Il participa à la fondation des filiales de Québec (1864) et de Montréal (1873) de
lřEntomological Society of Ontario, en remplacement, en 1871, de lřEntomological
Society of Canada. Ses articles se trouvent principalement dans The Canadian
Entomologist (1869-1887), dans les rapports annuels de la Société dřhorticulture de
Montréal et de la Société pomologique et fruitière de la province de Québec. (Raymond
Duchesne,
«
BOWLES,
George
John
»,
D.B.C.
en
ligne,
http://www.biographi.ca/FR/ShowBio.asp?BioId=39510&query=bowles, site consulté le
29 mai 2008.)
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Brunet, Louis-Ovide, abbé (1826-1876), prêtre, botaniste et professeur de
sciences à lřUniversité Laval.
Son oncle, le notaire Édouard Glackmeyer, botaniste amateur, initie son neveu à
cette science. Après des études classiques au séminaire de Québec, Louis-Ovide Brunet
entre au grand séminaire, en 1844, et est ordonné prêtre en octobre 1848. Au cours des
dix années suivantes, Brunet sera vicaire (1848-1851, 1853-1854), missionnaire à la
Grosse-Île (1851-1852) et curé de Saint-Lambert-de-Lévis (1854-1858). Cette année-là,
on le choisit pour remplacer lřabbé Edward John Horan, jusquřalors chargé de
lřenseignement des sciences à lřUniversité Laval. De 1858 à 1861, il donne le cours de
botanique puis, après le départ du minéralogiste Thomas Sterry Hunt, il obtient la chaire
dřhistoire naturelle quřil garde de 1863 à 1871. Outre son enseignement des sciences
(botanique, zoologie et minéralogie), Brunet sřoccupe dřun cours de dessin, de la Petite
retraite des jeunes élèves. Brunet sřimplique également dans le projet de jardin botanique
à Québec, qui restera cependant lettre-morte. En 1861-1862, il part suivre des cours de
botanique à la Sorbonne et au Jardin des Plantes et fait aussi une grande tournée des
jardins botaniques européens. De retour au Québec, il continue son enseignement et visite
divers coins de la province de Québec et du Haut-Canada afin dřaugmenter lřherbier de
243
son musée botanique, qui contenait 10 000 spécimens à son départ. Ses observations sont
consignées dans des journaux dřherborisation et de voyage et dans divers manuscrits qui
constituent plutôt une géographie floristique quřune flore proprement dite, comme le
botaniste Asa Gray attendait de lui. Il publia néanmoins, en 1870, un manuel, les
Éléments de botanique et de physiologie végétale, suivis d’une petite flore simple et facile
pour aider à découvrir les noms des plantes les plus communes au Canada. En 1871,
atteint de rhumatismes sévères, Brunet se retire chez sa mère et sa sœur. Au cours de la
décennie 1860, Brunet publia plusieurs courts textes sur les plantes canadiennes et sur le
voyage du botaniste français André Michaux au lac Mistassini, en 1792. (Anonyne,
« Lřabbé Louis-Ovide Brunet », Annuaire de l’Université Laval pour l’année
académique 1877-1878. Numéro 21, Québec, Augustin Côté et Cie, 1877, p. 44-46;
Arthur Maheux, « Lřabbé Ovide Brunet, botaniste (1826-1876) », Mémoires de la Société
royale du Canada, tome LIV, troisième série, première section (juin 1960), p. 53-63;
Jacques Rousseau, D.B.C. Vol. X De 1871 à 1880, Québec, P.U.L., 1972, p. 114-116.)
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Burque, François-Xavier, abbé (1851-1923), prêtre, professeur de sciences et de
philosophie.
François-Xavier Burque suit ses études classiques au Séminaire de SaintHyacinthe. Encore étudiant, il remplace le professeur de philosophie du Séminaire. En
octobre 1874, il est ordonné prêtre et est ensuite nommé professeur de philosophie et de
mathématiques dans la même institution. « Disciple » de lřabbé Provancher, lřabbé
Burque suit le conseil de son mentor et commence la classification et la description des
Hémiptères du Québec. De 1876 à 1880, il fait paraître deux articles dans plusieurs
livraisons du Naturaliste canadien : « Adam, le premier et le plus profond des savants »
et « Le chien et ses principales races ». En 1882, lřabbé Burque quitte brusquement le
Canada et, après un vicariat à Saint-Jude, est nommé curé à Fort-Kent, dans le Maine,
poste quřil conserve jusquřen 1904. Burque cessa complètement ses activités de
naturaliste après son départ du Québec. Tout au plus envoya-t-il des spécimens dřinsectes
et de plantes rares à son ami, lřabbé Huard. En 1898, lřabbé Burque publie une étude
philosophico-scientifique : Pluralité des mondes habités considérée au point de vue
négatif. En 1904, lřabbé Burque sřinstalle à Québec. Dans les dernières années de sa vie,
lřabbé Burque se livre à la poésie. Élévations poétiques paraît en deux volumes en 1906
et 1907, de même quřun recueil de chansons (Nouveau Chansonnier canadien-français,
recueil de chansons populaires. Chansons nouvelles et chansons restaurées), en 1921.
(V.-A. Huard, « Feu lřabbé Burque », Le Naturaliste canadien, vol. L, no 5 (novembre
1923), p. 97-105.)
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Carrier, Joseph-Célestin, abbé (1833-1904), professeur et naturaliste.
À lřâge de 18 ans, J.-C. Carrier est nommé professeur de sciences au collège
classique dans lequel il termina ses études. En 1854, alors quřil a 21 ans, il devient
membre de la congrégation Sainte-Croix, à lřuniversité Notre-Dame, en Indiana, aux
États-Unis. Il y enseigna les langues anciennes (latin et grec) et les sciences. Envoyé au
collège Saint-Laurent (Montréal), en 1877, il y demeura jusquřà sa mort, enseignant les
sciences naturelles et organisant le musée de sciences de lřinstitution. Il publia quelques
articles dans Le Naturaliste canadien, de même quřune liste de plantes de lřîle de
Montréal dans le Bulletin de l’Académie de Géographie botanique de Le Mans, en
244
France. Il est également lřauteur de lřHistoire chimique et physiologique d’une bouchée
de pain (1890) et Histoire physiologique et chimique de l’air qu’on respire (s.d.). (V.-A.
Huard, « Feu le R.P. J.C. Carrier, c.s.c », Le Naturaliste canadien, vol. XXXI, no 12
(décembre 1904), p. 133-137.)
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Cauchon, Joseph-Édouard (1816-1885), journaliste, maire et député.
Pendant quřil fait son droit, en 1841, Joseph-Édouard Cauchon publie un manuel
de physique, le premier du genre au Québec : les Notions élémentaires de physique, avec
planches, à l’usage des maisons d’éducation. Lřannée suivante, il débute une longue
carrière de rédacteur au Journal de Québec et ce jusquřen 1875. Il fut également
propriétaire du journal de 1842 à 1862. À partir de 1844, il est député du comté de
Montmorency et le sera périodiquement jusquřà la fin de sa carrière politique. En 1855,
on le nomme commissaire des Terres de la couronne pour le Bas-Canada, poste quřil
quitte en 1857, à la suite de la question du chemin de fer de la rive nord du Saint-Laurent.
En 1861-1862, il occupe le poste de ministre des Travaux publics et, de 1865 à 1867,
celui de maire de Québec. Lřannée de la Confédération, Cauchon est pressenti pour le
poste de premier ministre de la province de Québec, mais son projet de gouvernement
échoue. En novembre 1867, il est nommé président du Sénat et y resta jusquřen mai
1869. Il démissionne du Sénat en juin 1872 et prend, deux mois plus tard, une place à la
chambre des Communes comme député de Québec-Centre, poste quřil résigne en
décembre de la même année. Il est réélu député de Montmorency de lřAssemblée
législative du Québec, jusquřen juin 1874. Cauchon, conservateur depuis le début de sa
carrière politique, passe aux rangs des libéraux, à la fin de 1873. Le premier ministre du
Canada, Alexander Mackenzie, le nomme à la présidence du Conseil privé du Canada, en
décembre et lui confie le ministère du Revenu de lřintérieur, en juin 1877. Toutefois, à la
suite de désaccords avec lui, le premier ministre le renvoie de son cabinet. En
compensation, Cauchon devient lieutenant-gouverneur du Manitoba, en décembre 1877.
Il se fait le défenseur du français dans cette province. Il quitte ce poste en décembre 1882.
Ruiné par le krach de 1882, Cauchon abandonne sa vie de pacha, mais demeure à
Winnipeg. Quelques mois plus tard, il se retire dans la vallée de la QuřAppelle, pour y
mourir en février 1885. (Andrée Désilets, « CAUCHON, Joseph-Édouard », D.B.C. Vol.
XI De 1881 à 1890, Québec, P.U.L., 1982, p. 175-182; Alain Couillard, « Joseph
Cauchon et le goût des sciences », Cap-aux-Diamants, no 92 [2008], p. 21-24.)
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Chagnon, Gustave (1871-1966), comptable et entomologiste.
Gustave Chagnon poursuivit des études à Saint-Jean-sur-Richelieu et au Collège
Notre-Dame à Montréal. Dès son enfance, il sřintéresse aux sciences naturelles, mais
cřest au collège quřil commence à pratiquer lřentomologie. Alors quřil est à lřemploi de
la Banque nationale de Winnipeg, de 1895 à 1899, il monte une collection de Coléoptères
du Manitoba. À partir de 1899, et jusquřen 1930, Gustave Chagnon occupe diverses
fonctions au sein de la Montreal Light, Heat and Power. Il consacre tous ses loisirs à
lřentomologie. Sa contribution dans cette discipline regroupe plusieurs collections et des
publications sur les Coléoptères dřAmérique du Nord et du monde. Il se spécialisa dans
lřétude de quelques familles comme les Buprestides, les Longicornes et les Cétoines. Il
sřintéressa également à dřautres groupes tels les Syrphidæ, une famille de lřordre des
Diptères, les Lépidoptères et les Hémiptères. De 1935 à 1950, il occupe le poste de chef
245
du Service dřentomologie à lřUniversité de Montréal. Ses fonctions consistent à
enseigner au certificat dřentomologie, programme principalement destié aux enseignants
et aux naturalistes, dřidentifier des insectes et dřentretenir la Collection Ouellet-Robert
dont il contribua à fonder. Gustave Chagnon publia de nombreux articles scientifiques
dans Le Naturaliste canadien (1890-1948), The Canadian Entomologist (1905-1947), les
Contributions à l’Institut biologique de l’Université de Montréal (1933-1939, 1951) et les
Annales de l’A.C.F.A.S. (1935-1949). Il ne négligea pas la vulgarisation : en 1953 et
1954, il publia une série dřarticles pour la revue Science et Aventure et contribua
également à la Bibliothèque des jeunes naturalistes. Ses principales monographies sont
les suivantes : « A preliminary list of the insects of the province of Quebec, Part III
Coleoptera » (supplément au rapport annuel de la Société de protection des plantes du
Québec, 1917), Contribution à l’étude des Orthoptères et des Dermaptères du Québec
(1944), Contribution à l’étude des Hémiptères aquatiques de la province de Québec
(avec Ovila Fournier, 1945) et, en collaboration avec le frère Adrien Robert, Principaux
Coléoptères de la province de Québec (1962). Il sřimpliqua dans plusieurs sociétés
savantes comme la filiale de Montréal de lřEntomological Society of Ontario, société
dont il fut le vice-président de 1913 à 1918 et le président de 1919 à 1922, la Société de
protection des plantes du Québec (il fut membre au conseil dřadministration de 1908 à
1932) et la Société dřentomologie du Québec. (Ovila Fournier, J.-I. Beaulnes et J.-B.
Maltais, « Notice nécrologique : Gustave Chagnon, 1871-1966 », Annales de la Société
entomologique de Québec, vol. 14 (1967), p. 42-46; Christine Jean, « Gustave Chagnon
(1871-1966) : une carrière tardive en entomologie », Antennae, vol. 16, no 3 (2009), p.
10-12.)
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Chapais, Jean-Charles fils (1850-1926), avocat, conférencier agricole et
sylviculteur.
Après des études à lřÉcole dřagriculture de Sainte-Anne-de-la-Pocatière et à
lřUniversité Laval, Chapais est admis au barreau, en 1875. Il sřinstalle à Kamouraska et y
pratique le droit jusquřen 1879. Cette année-là, il est nommé assistant-rédacteur du
Journal d’agriculture. Édouard-A. Barnard, son beau-frère, en est le rédacteur en chef.
Vers la même époque, Chapais est également conférencier agricole. Il sřimplique
beaucoup dans la Société dřindustrie laitière, fondée en 1882. En 1883, il publie le Guide
du sylviculteur canadien, ouvrage qui sera réédité en 1890 et 1891 et qui parut également
en anglais, en 1885 et en 1891. Il sřagit dřun premier manuel consacré à la sylviculture au
Canada. Chapais sřoccupa aussi de la ferme familiale, à Saint-Denis, après la mort de son
père, survenue en 1885. Il entreprit diverses expériences dřacclimatation dřarbres
fruitiers, dans son verger. En 1890, il devient assistant-commissaire de lřindustrie laitière
au sein du ministère de lřAgriculture et conserve ce poste jusquřen 1913. Par la suite, il
est nommé assistant-commissaire de lřenseignement agricole du Canada. En 1916, on lui
décerne un doctorat honoris causa en sciences agricoles. En 1892, Chapais, en compagnie
de Barnard, Philippe Landry, Joseph-Alphonse Couture et Théophile Montminy, participe
à la création du Syndicat des cultivateurs de la province de Québec. (Jacques SaintPierre, « Jean-Charles Chapais, pionnier de lřagronomie au Québec », Encyclobec,
www.encyclobec.ca/main.php?docid=245, site consulté le 15 juillet 2008; Anonyme,
« R.I.P. Ŕ MM. J.C. Chapais et Hadelin Nagant Ŕ R.I.P. », Le Journal d’agriculture, vol.
30, no 2 (25 août 1926), p. 17.)
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Choquette, Charles-Philippe, abbé (1856-1947), prêtre, professeur de sciences,
chimiste et astronome.
En 1870, Charles-Philippe Choquette débute des études classiques au Séminaire
de Saint-Hyacinthe. Ordonné prêtre en 1880, il devient professeur de sciences au même
Séminaire, fonction quřil occupe jusquřen 1904. À Paris, en 1885, il est appariteur dans
les laboratoires du Collège de France. Il suit des cours à la Sorbonne avec Berthelot,
Mascart, Lipmann et à lřInstitut catholique avec Branly et Lapparent. En 1890, lřabbé
Choquette est le représentant du Canada lors des Congrès scientifiques nationaux, à
lřExposition universelle de Paris. En octobre 1896, le Conseil universitaire le nomme
professeur titulaire de physique, à lřUniversité Laval à Montréal. Entre 1895 et 1902, il
est analyste (chimiste) au Laboratoire officiel de la province de Québec. De 1904 à 1913,
lřabbé Choquette occupe la fonction de supérieur du Séminaire de Saint-Hyacinthe puis,
de 1913 à 1934, celle de vice-supérieur. Cřest le 30 août 1905 quřil observe une éclipse
totale de soleil au lac Melville, sur les côtes du Labrador, en compagnie dřastronomes
anglais et canadiens. Il en publie le récit en 1908 sous le titre À la poursuite de l’éclipse
de 1905. Dans les années 1910, il fait partie de la Commission de conservation du
Canada et du bureau dřexamen des chimistes officiels du gouvernement fédéral. En 1927,
le gouvernement provincial le charge dřune mission astronomique en Norvège pour
observer lřéclipse du 29 juin. Il en en profita pour visiter la Hollande, les pays
scandinaves et lřEspagne. Le récit de ce voyage a été publié en 1928 (Une mission
astronomique en Norvège. Lettres à un ami). Lřabbé Choquette publia principalement des
articles de vulgarisation sur lřénergie hydroélectrique, lřastronomie et lřélectricité dans
plusieurs journaux et revues comme le Courrier de Saint-Hyacinthe (1883-1927), La
Minerve (1893), La Presse (1907-1923), Le Canada (1907-1923), La Patrie (1907), la
Revue canadienne (1910-1913) et Le Devoir (1917-1923). Entre autres honneurs, on le
nomme vice-président de la Société royale dřastronomie du Canada, président honoraire
de lřAssociation des astronomes, prélat domestique (1911), chanoine honoraire (1914) et
membre de la Société astronomique de France. Il reçut deux doctorats honorifiques : le
premier en droit, de lřUniversité dřOttawa, en 1910, le second ès sciences, de lřUniversité
de Montréal, en 1943. (Roch Héroux, Bio-bibliographie de Mgr Charles-Philippe
Choquette, P.D., M.A., LL.D., D. ès-sc., supérieur du Collège de Saint-Hyacinthe (19041913). Président honoraire de la Société royale d’astronomie du Canada, Montréal,
École de Bibliothécaires, 1949. xx-40 p.)
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Cloutier, Jean-Baptiste (1831-1920), éducateur et rédacteur.
En 1849, Cloutier débute comme instituteur à Saint-Nicolat. En 1852, il obtient un
diplôme pour enseigner dans les écoles élémentaires. À lřété 1858, après un an passé à
lřécole normale Laval de Québec, qui vient dřouvrir ses portes, Cloutier obtient le
premier diplôme de cette école : un brevet pour écoles modèles. À la rentrée 1858,
Cloutier devient directeur de lřécole modèle de Saint-Nicolat. Lřannée suivante, on le
nomme professeur à lřécole normale Laval, poste quřil occupe jusquřen juin 1891. Tout
en étant professeur, Cloutier fonde un journal pédagogique, en janvier 1880 : L’École
primaire. Lřannée suivante, la revue change de nom pour L’Enseignement primaire. En
1897, Cloutier cède la direction de sa revue à son gendre, C.-J. Magnan. Si ce nřavait été
du rachat de la revue par Magnan, elle serait disparue à la suite de lřarrêt de son
247
financement par lřÉtat provincial. Cloutier est lřauteur de nombreux articles dans sa
revue et de quelques manuels scolaires : Éléments de la grammaire française de
Lhomord, en 1873, Devoirs grammaticaux gradués en rapport avec la grammaire de
Lhomord, (…), en 1874, le Premier Livre des enfants ou Méthode rationnelle de lecture,
en 1875 et, en 1885, le Recueil de leçons de choses : à l’usage des écoles primaires,
modèles et académiques, des collèges, couvents, etc., ouvrage qui traite des règnes de la
nature et qui expose diverses connaissances scientifiques. Cloutier sřoccupa de
botanique; il produisit un herbier de plusieurs centaines de spécimens et fut membre de la
Société dřhistoire naturelle de Québec. (Thérèse Hamel, « CLOUTIER, Jean-Baptiste »,
D.B.C. Vol. XIV De 1911 à 1920, Québec, P.U.L., 1998, p. 242-244; C.-J. Magnan, « J.B. Cloutier », L’Enseignement primaire, 41e année, no 7 (mars 1920), p. 386-387.)
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Comeau, Napoléon-Alexandre (1848-1923), garde-pêche, guide de chasse,
trappeur et naturaliste.
Après une année dřétudes à lřAcadémie française et anglaise de G.W. Lawler, à
Trois-Rivières, Napoléon-Alexandre Comeau obtient le poste de gardien de la rivière
Godbout, sur la Côte-Nord, quřil occupe de 1860 à 1920. Pendant la décennie 1860, il
servait dřintermédiaire auprès des Montagnais et de la Compagnie de la baie dřHudson.
La décennie suivante, il remplit plusieurs fonctions, comme celles de maître de poste,
agent des pêcheries, agent du télégraphe, infirmier et « sage-homme ». Naturaliste
convaincu, il sřintéressait à lřornithologie et à la zoologie, publiant des articles dans le
Bulletin du Nuttall Ornithological Club, Forest and Stream, The Auk et The Field
Naturalist. En 1909, il publie un récit naturaliste, Life and Sport of the North Shore of the
Lower St.Lawrence and Gulf. (Pierre Frenette, « COMEAU, Napoléon-Alexandre »,
D.B.C. Vol. XV De 1921 à 1930, Québec, P.U.L., 2005, p. 244-245; Victor-Alphonse
Huard, « Feu N.-A. Comeau », Le Naturaliste canadien, vol. L, no 7 (janvier 1924), p.
146-151.)
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Couper William (1843-1890 au Québec), taxidermiste, naturaliste et
entomologiste spécialisé dans les Coléoptères.
Arrivé au Canada en 1843, William Couper occupe dřabord un emploi de
typographe à Toronto. De 1860 à 1869, il habite Québec. Dans cette ville, il participa à
la fondation de la section de Québec de lřEntomological Society of Ontario, en 1864. Il y
fut vice-président et conservateur de la collection dřinsectes. Naturaliste accompli,
Couper sřintéresse à plusieurs branches de lřhistoire naturelle, telles lřornithologie, la
botanique, lřichtyologie et, particulièrement, lřentomologie. Dès 1852, il présesnte une
collection dřinsectes remarquée lors de lřexposition provinciale à Toronto. Il reçut
également un prix pour ses montages, en 1856. À Ottawa, en 1869 et 1870, puis à
Montréal, de 1874 à 1881, Couper est également actif dans cette ville. Il fut dřailleurs un
des membres fondateurs de la section de Montréal de lřEntomological Society of
Ontario, en 1873. Quelques années plus tard, il fonde la revue The Canadian Sportsman
and Naturalist, publication qui dure jusquřen 1883. Couper publia aussi de nombreux
articles dans le Canadian Entomologist, le Canadian Naturalist and Geologist, les
Proceedings of the Entomological Society of Philadelphia et les Transactions de la
Literary and Historical Society of Quebec. En 1867, 1872 et 1873, il fait des expéditions
sur la Côte-Nord dans le but de récolter des oiseaux et des œufs, des mammifères, des
248
poissons et des insectes. En 1878, il visite Napoléon-Alexandre Comeau et récolte des
insectes à cette occasion. Couper fut lřun des membres fondateurs de lřAmerican
Ornithologistsř Union, en 1883, en tant quřoriginal associate. En 1884, Couper déménage
dans lřÉtat de New York. On croit quřil est décédé à la résidence de son fils à Troy (NY),
en 1890. Plusieurs de ses collections ont été achetées par de grandes institutions comme
lřUniversité McGill (Coléoptères et poissons), la Buffalo Society of Natural Sciences
(2400 spécimens Lépidoptères dřAnticosti), la Natural History Society of Montreal
(papillon nocturnes de la Nouvelle-Angleterre) et le musée de zoologie de lřUniversité
Laval (3000 spécimens dřinsectes, dřœufs et dřoiseaux, de mammifères, de poissons et de
reptiles). (James L. Baillie Jr., « William CouperŕA pionner canadian naturalist », The
Canadian Field-Naturalist, vol. XLIII, no 8 (November, 1929), p. 169-176; Baillie,
« Further notes on William Couper », The Canadian Field-Naturalist, vol. LI, (April,
1937), p. 56-57; R.O. Paradis, « Étude biographique et bibliographique de William
Couper, membre fondateur et premier président de la Société entomologique du
Québec », Annales de la Société entomologique de Québec, vol. 19, nos 1-2 (janvier-mai
1974), p. 4-15; R.O. Paradis, « COUPER, William », D.B.C. Vol. XI De 1881 à 1890,
Québec, P.U.L., 1982, p. 225.)
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Crevier, Joseph-Alexandre (1824-1889), médecin et naturaliste.
Joseph-Alexandre Crevier poursuit ses études classiques au collège de Chambly et
au séminaire de Saint-Hyacinthe. Il sřinscrit ensuite à lřécole de médecine et de chirurgie
de Montréal. En 1849, il commence à pratiquer la médecine, à Saint-Hyacinthe puis, de
1861 à 1872, à Saint-Césaire. Il sřintéresse à la géologie, lřastronomie, la chimie et la
microscopie. Il publie, en 1866, une Étude sur le choléra asiatique suivit, en 1876, en
collaboration avec Auguste Achinte, L’Île Sainte-Hélène : son passé, présent et avenir;
géologie, paléontologie, flore et faune. En 1872, Crevier sřinstalle à Montréal et donne
des cours à lřécole de médecine sur les agents pathogènes. Crevier était conscient que les
bactéries présentes dans lřeau causaient des maladies épidémiques dans les viles, ce qui
lřincita à défendre des mesures dřhygiène publique. En 1877, il participe à la préparation
de lřexamen dřentrée à la nouvelle chaire dřhistologie et de microscopie de lřécole de
médecine. Sa dernière publication, parue en 1885, a pour titre Le choléra, son histoire,
son origine, sa nature (…). (Léon Lortie, « CREVIER, Joseph-Alexandre », D.B.C.
Volume XI De 1881 à 1890, Québec, P.U.L., 1982, p. 238-239; Jacques Rousseau, « Le
docteur J.-A. Crevier. Médecin et naturaliste (1824-1889). Étude biographique et
bibliographique », Annales de l’A.C.F.A.S., vol. 6 (1940), p. 177-265.)
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Dalaire, Omer-Edmond (1856-1919), instituteur, conférencier agricole et auteur.
Instituteur de 1881 à 1891, Omer-Edmond Dalaire est invité par Barnard, en 1884,
à donner des causeries agricoles. Il agit aussi comme secrétaire du Mérite agricole, de
1890 à 1901. Fort de ces expériences, Dalaire devient le premier conférencier agricole
permanent de la province de Québec, en 1891. Il fait la tournée des cercles agricoles, des
écoles normales et des collèges classiques et contribue à la fondation de centaines
dřautres cercles dans la province de même que de sociétés dřagriculture. À partir de 1904,
il sřinvestit dans le projet de création des jardins scolaires. Au début du XXe siècle, les
conférenciers agricoles sont progressivement remplacés par des agronomes. En 1907,
Dalaire devient directeur de lřécole de laiterie de Saint-Hyacinthe et est également
249
nommé secrétaire de la Société dřindustrie laitière de la province de Québec, poste quřil
occupa jusquřen 1919, année de sa retraite. Lřécole de laiterie formera des « expertsessayeurs, des diplômes de fabricants de beurre et de fromage, ainsi que des diplômes
dřinspecteurs de beurre et de fromage. » (Thibault, p. 287.) Tout au long de sa carrière,
Dalaire signe des articles dans le Journal d’agriculture illustré et publie, à partir du début
du XXe siècle, quelques traités agricoles comme Les Mauvaises Herbes dans la province
de Québec et différents moyens de les détruire (1904), L’Égouttement du sol : le drainage
(1905), Comptabilité agricole et domestique à l’usage des écoles primaires et des
cultivateurs (1906), Le Drainage superficiel et souterrain, Les Insectes utiles et les
Insectes nuisibles, Les Jardins scolaires. (Régis Thibault, « DALAIRE, Omer-Edmond »,
D.B.C. Vol. XIV De 1911 à 1920, Québec, P.U.L, 1998, p. 286-288.)
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Dawson, John William (1820-1899), géologue, paléobotaniste, professeur de
sciences naturelles et principal de lřUniversité McGill.
John William Dawson suivit une formation à la Pictou Academy (NouvelleÉcosse). Il assouvit son intérêt pour lřhistoire naturelle en lisant des livres, en effectuant
des excursions, au cours desquelles il récolte des minéraux, des fossiles, des coquillages,
…, et en faisant des échanges avec dřautres naturalistes de sa province. En 1840, il
entame des cours de géologie et de taxidermie à lřUniversity of Edinburgh. Il revient à
Pictou quelques mois plus tard du fait de difficultés financières de sa famille. En 1842,
Dawson devient le guide du géologue anglais Charles Lyell venu visiter les dépôts
houillers près de Pictou. Lyell devient son mentor et un ami qui lřencouragea à explorer
la Nouvelle-Écosse et à diffuser les résultats de ses recherches sous formes de
publications et de communications. À lřhiver et au printemps 1847, Dawson est de retour
à lřUniversity of Edinburgh; il y suit les cours de chimie appliquée, ce qui lui permet de
devenir un géologue dřexploration. En 1848, il reçoit des contrats du gouvernement
provincial et enseigne lřhistoire naturelle à la Pictou Academy et, en 1850, au Dalhousie
College. Cette même année, Dawson est nommé surintendant de lřéducation de la
Nouvelle-Écosse. Il réalise une enquête à travers la province sur lřinstruction et fonde, en
1851, le Journal of Education for Nova Scotia. Il démissionne de son poste en 1852;
Lyell revient et ensemble, ils font des excursions paléontologiques. Au cours des années
suivantes, Dawson publie quelques manuels, comme Scientific contributions towards the
improvement of agriculture in Nova Scotia (1853), Practical hints to the farmers of
Nova-Scotia [...] (1854). Ces deux manuels sont fusionnés et publiés, en 1864, sous le
titre de First lessons in scientific agriculture : for schools and private instruction [...]. En
1854, Dawson est élu membre de la Geological Society of London (G.S.L.). Il publie
également son Acadian geology [...] qui lui vaud une grande renommée tout au long de sa
vie (une 4e édition est parue en 1891). Dawson essaie également, mais sans succès malgré
des appuis de taille, dřaccéder à la chaire dřhistoire naturelle à lřUniversity of
Edinburgh.
Un tournant important dans la vie de Dawson est sa nomination, en 1855, à la
direction du McGill College, à Montréal qui deviendra plus tard la McGill University.
Dawson accepte le poste et déménage avec toute sa famille. Il donna une impulsion
nouvelle au développement de McGill. LřUniversity of Edinburgh lui décerne une
maîtrise ès arts en 1856. En 1857, il fonde également la McGill Normal School et y
devient directeur tout en y étant professeur de sciences. Au McGill College, il assume
250
une foule de tâches dont celles de directeur et de professeur de chimie, dřagriculture et
dřhistoire naturelle (géologie, zoologie et botanique). Il poursuit également ses
recherches sur la paléobotanique et la glaciation dans la province du Québec. En 1857,
lřAmerican Association for the Advancement of Science tient son congrès à Montréal.
Dawson participe activement à sa préparation. Il est également élu, pour la première fois,
président de la Natural History Society of Montreal.
En 1868, Dawson postule au rectorat de lřUniversity of Edinburgh en espérant se libérer
du temps pour ses recherches, mais sans succès. En 1870, il cesse dřêtre principal du
McGill Normal School tandis quřen 1871, la création du département des sciences
appliquées au McGill College le console du refus dřEdinburgh. Dans les décennies 1860
et 1870, il sřimplique dans le développement de lřenseignement protestant au Québec. En
1881, la G.S.L. lui décerne la médaille Lyell pour sa contribution au développement de la
discipline géologique. En 1882, Dawson vit la réalisation dřun rêve : la création du Peter
Redpath Museum, un musée en sciences naturelles. Il sera inauguré lors de la deuxième
réunion de lřA.A.A.S. à Montréal. La même année, Dawson participe activement à la
fondation de la Société royale du Canada. Il sřimplique dans la tenue du congrès de la
British Association for the Advancement of Science, en 1884 et en devient président, en
1886. En septembre 1884, il reçoit un second honneur de son alma mater : un doctorat en
droit de la University of Edinburgh. En 1892, à la suite de problèmes de santé, il prend sa
retraite. Il continue de sřimpliquer dans le développement de la géologie, car il est
nommé, en 1893, président de la Geological Society of America. Au cours de sa longue
carrière, Dawson prononça plusieurs communications et publia enfin de nombreux textes
scientifiques : 350 en tout, dont 200 sur la paléobotanique. Tout ce travail de recherche
lui valu une réputation internationale et inscrivit la McGill University dans le groupe
sélect des universités nord-américaines réputées. (Peter R. Eakins et Jean Sinnamon
Eakins, « DAWSON, sir William Dawson », D.B.C. Vol. XII De 1891 à 1900, Québec,
P.U.L., 1990, p. 250-258; anonyme, « Decease of Members. Sir John William Dawson »,
Proceedings and Transactions of the Royal Society of Canada. Second series—Volume
VI. Meeting of May, 1900, Ottawa, James Hope & Son, 1900, p. XV-XX; T. H. Clark,
« Sir John William Dawson, 1820-1899 », dans G. F. G. Stanley (éd.), Pionniers de la
science canadienne, Toronto, University of Toronto Press, 1966, p. 101-113; T. H. Clark,
« Sir John William Dawson (1820-1899) —Paleontologist », The geological association
of Canada — Proceedings, Volume 24, Number 2, 1972, p. 1-4; Susan Sheets-Pyenson,
John William Dawson. Faith, Hope, and Science, Montreal & Kingston, McGill-Queenřs
University Press, 1996, 274 p.)
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Dawson, George Mercer (1849-1901), géologue, explorateur et directeur de la
C.G.C.
George Mercer Dawson est né à Pictou, en Nouvelle-Écosse. En 1855, son père
devient directeur du McGill College. Formé à McGill et à la Royal School of Mines de
Londres, il revient au Canada en 1872 avec de multiples prix et honneurs. Naturaliste,
géologue et paléontologue, il est recruté par Alfred Richard Cecil Selwyn (1824-1902),
directeur de la Commission géologique du Canada. À partir de 1875, George Mercer
effectue de nombreux voyages dřexploration géologique dans les Prairies et en
Colombie-Britannique, pour le compte de la Commission. Nommé directeur-adjoint de la
Commission, en 1883, il remplace Selwyn au poste de directeur, en 1895. Affecté par un
251
handicap depuis son adolescence, George Mercer meurt en fonction, en 1901. « En 1891,
Dawson devint membre de la Royal Society of London et reçut la médaille Bigsby de la
Geological Society of London. (…) Membre de la Société royale du Canada depuis 1882,
il en fut élu président à lřunanimité en 1893. » (Suzanne Zeller et Gale Avrith-Wakeam,
« DAWSON, George Mercer », D.B.C. en ligne) Il reçut un nombre important
dřhonneurs et de distinctions : un doctorat honorifique ès-sciences de lřuniversité
Princeton (1877), un LL.D. de Queenřs university (1890), de McGill (1891) et de la
Toronto University (1891). La même année, il reçut la médaille dřor Bigsby de la
Geological Society of London et fut élu à la Société royale du Canada, société dont il
devient le président en 1893. En 1897, il est nommé président de la section de géologie
de la B.A.A.S., tout en recevant la médaille dřor de la Royal Geographical Society. En
1901, il est président de la Geological Society of America. Il fut également reçu
Companion of the Ordre of St.Michael and St.George (C.M.G.). (Suzanne Zeller et Gale
Avrith-Wakeam, « DAWSON, George Mercer », D.B.C. en ligne,
http://www.biographi.ca/FR/ShowBioPrintable.asp?BioId=40789, site consulté le 27
juillet 2007.)
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De Lisle, Augustin (1802-1865), notaire et botaniste.
Augustin De Lisle poursuivit ses études classiques au collège de Montréal, entre
1813 et 1822. Il est reçu notaire en 1827 et exerce ensuite sa profession dans différentes
villes, à Boucherville (1827-1844), Montréal (1845-1847), Saint-Henri-de-Mascouche
(1847-1854), puis de nouveau à Montréal (1854-1858). De Lisle est ensuite nommé
conservateur de la bibliothèque du Barreau, à Montréal, poste quřil conserve jusquřen
1865. En 1825, De Lisle commença un herbier. Il produisit quelques manuscrits comme
Essai, arbres, arbrisseaux et arbustes du Canada dont le bois de service, les gommes, ont
été présentés à l’Exposition de Paris (1855), Petite pharmacie végétale … (1857),
Phytographie et taxonomie, catalogue de plantes du Canada, cueillies et classées par la
comtesse Dalhousie, présentées en 1827 à la Société historique de Québec, avec
remarques et notes par A.D. … (1856) et Entretiens de deux jeunes botanistes canadiens
dans l’isle de Montréal et quelques paroisses environnantes (inachevé). (Léon Lortie,
« DE LISLE (Delisle), Augustin », D.B.C. Vol. IX De 1861 à 1870, Québec, P.U.L.,
1977, p. 220-221; Lortie, « Deux Notaires Amateurs de science : Jean De Lisle et son fils
Augustin-Stanislas De Lisle », Mémoires de la Société Royale du Canada, tome LV,
troisième série (juin 1961), p. 39-47.)
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Derick, Carrie Matilda (1862-1941), botaniste, généticienne, professeure de
botanique et auteure.
Carrie Matilda Derick commença à enseigner à lřâge de 15 ans à la Clarenceville
Academy. Elle suivit un cours au McGill Normal School et retourna à Clarenceville où
elle obtint le poste de principal de lřAcademy, en 1881. Deux ans plus tard, elle revient à
Montréal pour enseigner dans une école privée pour filles. En 1887, Derick entreprend
des études à McGill; elle reçoit son B.A. en 1890 et récolta une foule de prix en
humanités, en zoologie et en botanique. Elle obtint également la Logan Gold Medal en
sciences naturelles. Après une année passée comme assistante de recherche du botaniste
David P. Penhallow, elle est nommée demonstrator en botanique à temps partiel. Elle
continuait à enseigner au Trafalgar Institute et poursuivit ses études, obtenant un M.A. en
252
1896. Elle est ensuite nommée lecturer et demonstrator, postes quřelle conserva pendant
huit ans. En 1904, Derick est promue au poste dřassistante-professeure. Au fil des ans,
elle continue à se perfectionner en passant plusieurs étés à Harvard, la Station biologique
Woodřs Hole (MA.), le Royal College of Science (London) et à lřuniversité de Bonn. En
1909, elle remplace D.P. Penhallow à la direction du département de botanique. Elle
sřattendait à être nommée directrice mais, en 1912, McGill choisit Francis E. Lloyd pour
occuper ce poste. En compensation, on la nomme professeure à temps plein en
morphologie botanique et en génétique, fonction quřelle conserve jusquřen 1928. Derick
fut membre de plusieurs sociétés savantes comme lřA.A.A.S., la Botanical Society of
America, lřAmerican Genetics Association et le Canadian Public Health Association. Elle
écrivit de nombreux articles scientifiques et de vulgarisation sur la vie des plantes.
Plusieurs de ses articles furent réunis en volumes (Flowers of the Field and Forest,
Canadian Plant Lore, Variation, Heredity and Environment). Elle donna aussi
fréquemment des conférences sur différents sujets tels lřévolution et la biologie et
sřimpliqua activement dans divers mouvements réformistes concernant le droit de vote
des femmes, lřéducation, la déficience mentale ou la délinquance juvénile. (Marianne G.
Ainley (ed.), « Carrie Matilda Derick (1862-1941) and the chair of botany at McGill »,
dans Ainley, Despite the odds. Essays on Canadian Women and Science, Montréal,
Vehicule Press, 1990, p. 74-87; anonyme, « Carrie Matilda Derick (1862-1941)
Botanist »,
site
de
Canadian
Women
in
Science,
www.collectionscanada.ca/women/002026-403-e.html, site consulté le 11 décembre
2007).
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Desrochers, Joseph-Edmond, c.s.v. (18 -1911), prêtre, professeur de collège et
naturaliste.
À la suite de ses études au Séminaire de Québec, Joseph-Edmond Desrochers est
ordonné prêtre, en 1882. Deux années plus tard, il intègre la congrégation des clers de
Saint-Viateur. Il enseigne dans différents collèges des c.s.v., entre autres à Joliette, à
Rigaud et à Saint-Joseph-de-Lévis. Ses articles publiés dans Le Naturaliste canadien
traitent dřentomologie, dřichtyologie et de botanique. (Victor-Alphonse Huard, « Feu le
R.P. Desrochers, c.s.v. », Le Naturaliste canadien, vol. XXXVIII, no 5 (novembre 1911),
p. 6-9.)
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Dionne, Charles-Eusèbe (1845-1925), taxinomiste, conservateur de musée de
sciences et naturaliste.
Enfant, Charles-Eusèbe Dionne est attiré par la nature, mais le milieu modeste
dans lequel il baigne lřempêche dřavoir accès à la documentation appropriée. En 1865,
Dionne est à lřemploi du séminaire de Québec, comme homme à tout faire. On le
remarque et lřannée suivante, il est nommé appariteur à la faculté de droit de lřUniversité
Laval. Il peut dès lors emprunter les livres dřhistoire naturelle dont il a besoin, tout en se
formant par des cours du soir. Autodidacte, il apprend lřanglais, le latin et la taxidermie,
ce qui lui permet de monter une collection importante de spécimens naturalisés. En 1882,
il devient conservateur du Musée zoologique de lřUniversité Laval. Ses principaux
intérêts sont lřentomologie et, plus particulièrement, lřornithologie. En 1883 paraît Les
Oiseaux du Canada, puis, en 1889, un Catalogue des oiseaux de la province de Québec
avec des notes sur leur distribution géographique. Ses articles dans la revue Auk de
253
lřAmerican Ornithologistsř Union le font remarquer. En 1893, il est nommé elective
member de cette société savante. En 1906, Dionne publie Les oiseaux de la province de
Québec, un ouvrage de synthèse fruit dřannées de documentation et dřobservations
colligées sur la distribution géographique des espèces du Québec. En 1902, lřUniversité
Laval lui décerne une maîtrise ès arts et, en 1925, un doctorat honorifique en sciences.
(Victor Gaboriault, Charles-Eusèbe Dionne Naturaliste, La Pocatière, La Société
historique de la Côte-du-Sud, 1974, 143 p. (Cahiers dřhistoire No. 9) et Henri Ouelllet,
« DIONNE,
Charles-Eusèbe
»,
D.B.C.
en
ligne
www.biographi.ca/FR/ShowBioPrintable.asp?BioID=42243, site consulté le 6 août
2007).
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Fyles, Thomas W., rev. (1831-1921), prêtre anglican, professeur de sciences
naturelles et entomologiste.
Thomas W. Fyles est ordonné prêtre anglican en 1862, après des études suivies à
Londres, en Angleterre. Peu de détails sont connus de sa vie, si ce nřest quřil fut
aumônier protestant des immigrants de Québec et professeur dřhistoire naturelle au
Morrin College, à Québec. Entomologiste amateur, réputé lépidoptériste, il est un des
membres fondateurs des filiales de Québec (1864) et de Montréal (1873) de
lřEntomological Society of Ontario. Sa collection de 2300 spécimens de papillons
(représentant 580 espèces) est acquise, en 1909, par le musée de lřInstruction publique.
(Victor-Alphonse Huard, « The late Dr. Fyles », Le Naturaliste canadien, vol. XLVIII,
no 4 (octobre 1921), p. 78.)
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Girdwood, Gilbert Prout (1832-1917), médecin, officier, professeur de médecine
et de chimie, auteur.
Gilbert Prout Girdwood sřinscrivit à lřUniversity College de Londres, en 1851,
puis poursuivit à la Saint.Georgeřs Hospital Medical School, jusquřřen 1854. Il est alors
admis au Royal College of Surgeons of England. La même année, il joint lřarmée en tant
quřadjoint au chirurgien dřun régiment. Il passa les années 1861 à 1864 au Canada dans
son bataillon. À la fin de lřannée 1864, Girdwood quitte son poste dans lřarmée et vint
sřinstaller à Montréal, où il pratique la médecine. En 1865, un diplôme du McGill
College en main, il est nommé chirurgien de la prison militaire de Montréal et, en 1866,
chirurgien du 3e Battalion of Rifles. La même année, la ville de Montréal lui offre le
poste dřofficier de santé. Au début des années 1870, il commence à enseigner la chimie
médicale à des étudiants en médecine du McGill College. De 1872 à 1879, il est maître
de conférences en chimie pratique à McGill, pour ensuite obtenir le poste de professeur
titulaire de la chaire de chimie. Très au fait des nouvelles technologies, Girdwood devient
directeur du département de radiologie et dřélectrologie médicale de lřhôpital Royal
Victoria, en 1901. On le consulte aussi pour son expertise médico-légale. Il publia
dřailleurs plusieurs articles sur le sujet dans le Lancet, le Montreal Medical Journal,
L’Union médicale du Canada et les Mémoires et comptes rendus de la Société royale du
Canada. Girdwood était également très impliqué dans la promotion du développement
scientifique au Québec en tant que membre de la L.H.S.Q., de la N.H.S.M. et de la
Montreal Microscopical Society (organisme dont il fut le président en 1892) et membre
de ces autres sociétés savantes : A.A.A.S, B.A.A.S., membre-fondateur de la Société
royale du Canada, Chemical Society de Londres, Society of Chemical Industry (dont il
254
assure la vice-présidence), lřInstitute of Chemistry of Great Britain et président de la
Roentgen Society of America. (Denis Goulet, « GIRDWOOD, Gilbert Prout », D.B.C.
Vol. XIV De 1911 à 1920, Québec, P.U.L., 1998, p. 445-446 ; Anonyme, « Gilbert Prout
Girdwood », Proceedings and Transactions of the Royal Society of Canada. Third
Series. Vol. XII, Ottawa, Jas. Hope & Son, 1919, p. VII-X.)
-
Hall, Archibald (1812-1868), médecin, maître de conferences et naturaliste.
Après des études à la Royal Grammar School of Montreal, Archibald Hall
commença son apprentissage de la médecine. De 1829 à 1832, il étudie à la faculté de
médecine du McGill College. Deux ans plus tard, il reçoit son doctorat en médecine de
lřUniversity of Edinburgh. Dans sa thèse, il traita de la fonction respiratoire des plantes.
En 1835, il pratique la médecine à Montréal et commence à enseigner la médecine, la
chimie, lřobstétrique, les maladies féminines et infantiles. Obstétricien, il est membre du
personnel du Montreal General Hospital et de lřUniversity Lying-In Hospital. Hall
sřimpliqua activement dans sa profession, devenant vice-président et président du
Collège des médecins et chirurgiens du Bas-Canada, respectivement en 1856 et 1859. En
1845, il fonda la revue British America Journal of Medicine and Physical Science, avec
Robert Lea MacDonnell, revue qui parut jusquřen 1852, puis il occupa aussi la fonction
de rédacteur en chef du British America Journal, de 1860 à 1862. Il fut également un des
membres fondateurs de la N.H.S.M. et publia, en 1839, un « Mémoire sur les oiseaux et
les mammifères du district de Montréal » dans The Canadian Naturalist and Geologist.
Ce travail valut à Hall la médaille dřargent de la Société. (E.H. Bensley, « HALL,
Archibald
»,
D.B.C.
en
ligne
www.biographi.ca/FR/ShowBioPrintable.asp?BioID=38598, site consulté le 28
septembre 2004).
-
Harrington, Bernard James (1848-1907), minéralogiste et professeur de sciences.
En 1865, Bernard James Harrington débute un baccalauréat ès sciences naturelles
au McGill College, études quřil termine en 1869. Il obtient un doctorat en minéralogie, en
1871, de la Sheffield Scientific School du Yale Collage, à New Haven, Connecticut. De
retour au Québec, il travaille aux côtés du géologue John W. Dawson, à lřÎle-du-PrinceÉdouard, à la recherche du charbon. Harrington est ensuite nommé professeur de
minéralogie et de métallurgie à McGill. En 1872, tout en continuant son enseignement, il
est nommé chimiste et minéralogiste à la C.G.C., en remplacement de Thomas S. Hunt. Il
démissionnera de la C.G.C. en 1879. En 1883, Harrington devient professeur de chimie et
minéralogie à McGill, tout en continuant son enseignement de la métallurgie. Il cesse
dřenseigner la minéralogie et la métallurgie, en 1891. Harrington est reconnu pour son
travail en pétrologie. Au cours de sa carrière, il obtint quelques distinctions, telles
président de la Natural History Society of Montreal, président de la section III (chimie et
physique) de la Société royale du Canada, en 1890, vice-président de la section de chimie
de la B.A.A.S. lors du congrès de 1897, à Toronto. Il est lřauteur dřune biographie de
William E. Logan, publiée en 1883. (Danielle Ouellet, « HARRINGTON, Bernard
James », D.B.C. Vol. XIII De 1901 à 1910, Québec, P.U.L., 1994, p. 483-484; Anonyme,
« Deceased members. Bernard James Harrington », Proceedings and Transactions of the
Royal Society of Canada Third Series—Vol. II. Meeting of 1908. Ottawa, 1908, p. XXIV-
255
XXVI; Frank D. Adams, « Bernard J. Harrington », The American Journal of Science,
vol. XXV (January 1908), 2 p.)
-
Hayr Jack, Annie Linda (1839-1912), horticultrice, chroniqueuse horticole et
naturaliste.
Originaire dřAngleterre, Annie Linda Hayr immigre aux États-Unis et sui tune
formation au Troy Female Seminary à Troy (NY), à partir de 1852. Elle est ensuite
nommée institutrice à Châteauguay, près de Montréal. En 1860, elle marie Robert Jack;
ils sřinstallent dans une ferme, propriété de son mari. Annie Linda Jack y cultive un bout
de terrain; elle plante de nombreux arbres fruitiers, des arbustes, de la vigne, des
pommiers. Dans les années 1890, elle vendait des pommes en Angleterre. Annie Linda
Jack est également chroniqueuse horticole. De 1877 à 1890, elle écrit plusieurs articles
pour la Montreal Horticultural Society and Fruit GrowersŘ Association of the Province of
Quebec. Dans les années 1880 et 1890, elle contribua au Montreal Witness (sous le
pseudonyme de Loyal Janet), au Waverly Magazine de Boston, au Harper’s Young
People de New York et au Good Cheer de Greenfield (MA). De 1898 à 1903, elle
produisit une chronique hebdomadaire dřhorticulture dans le Montreal Daily Witness (les
« Garden Talks »). Elle continua également à rédiger des articles plus spécialisés dans le
Canadian Horticultural Magazine (de 1897 à 1899) et le Canadian Horticultutist (de
1901 à 1910). En 1903 paraît un ouvrage regroupant ses « Garden Talks »), The
Canadian Garden, qui fut réédité en 1910. (Paulette M. Chiasson,« HAYR, Annie Linda
(Jack) », D.B.C. Vol. XIV De 1911 à 1920, Québec, P.U.L., 1998, p. 501-503.)
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Holmes, Andrew Fernando (1797-1860), médecin, professeur de sciences,
directeur de collège et botaniste.
Né en Espagne, à la suite de la capture, par une frégate française, du navire
britannique sur lequel étaient ses parents. Ces derniers arrivent à Québec en 1801, puis
sřinstallent à Montréal. En 1811, Andrew Fernando Holmes débute des études de
médecine sous la supervision du Dr Daniel Arnoldi. Il est reçu médecin cinq ans plus
tard. Il part ensuite étudier au Royal College of Surgeons of Edinburgh et reçoit son
diplôme en 1818, puis, en 1819, son M.D. De retour à Montréal, Holmes pratique la
médecine aux côtés du Dr Arnoldi, pendant cinq ans. En 1822, il entre comme médecin à
lřHôpital général de Montréal et y pratiqua jusquřà sa mort, en 1860, tout en agissant à
titre de médecin privé. Cette même année 1822, Holmes donne un cours de chimie à
lřécole dřAlexandre Skakel où il avait fait des études de « preliminary education ». En
1823, la Montreal Medical Institution ouvre ses portes. Holmes y enseigna la chimie, la
pharmacie et la botanique. En 1829, la Montreal Medical Institution est greffée au McGill
College, devenant la McGill College Medical Faculty. Holmes fut dřailleurs un des
membres fondateurs de cette faculté. Après avoir été libéré de ses charges comme
professeur de chimie (1829-1842) et de botanique (1829-1845), il devient professeur de
médecine, en 1845. Holmes est également un des membres fondateurs du Montreal
Medico-Chirurgical Society dont il deviendra son premier président. En 1853, on le
nomme président du conseil des gouverneurs du collège des médecins et des chirurgiens
du Bas-Canada, fonction quřil conserva pendant trois ans. En 1854, Holmes est nommé
doyen (dean), tout en continuant à enseigner la médecine et à sřoccuper de la
bibliothèque.
256
Holmes sřintéresse à la flore de la région de Montréal, quřil explore de 1820 à 1825
principalement. Sa collection minéralogique est achetée par McGill en 1856 et Holmes
lui cède, la même année, son herbier. Il est un des membres fondateurs, en 1827, de la
Natural History Society of Montréal. Il occupera plusieurs fonctions au sein de cet
organisme : conservateur du musée de sciences naturelles, secrétaire correspondant
(1827-1836) et président (1836-1841). Au fil des ans, Holmes publie divers articles dans
des revues comme les Transactions of the Medico-Chirurgical Society of Edinburgh, le
New York Medical and Physical Journal, le Boston Medical and Surgical Journal, la
Montreal Medical Gazette, le British America Journal of Medical and Physical Science
(Montreal) et le Medical Chronicle (Montreal). (Edward Horton Bensley, « HOLMES ,
Andrew Fernando (Fernandino) », D.B.C. Vol. VIII De 1851 à 1860, Québec, P.U.L.,
1985, p. 403-405; Marcel Raymond, « Une figure méconnue de la botanique canadienne :
A.-F. Holmes », Mémoires du Jardin Botanique de Montréal, no 42, extrait des Rapports
et Communications du Huitième Congrès International de Botanique, Section 26, Paris,
1954, p. 210-213.)
-
Horan, Edward John (1817-1874), prêtre, évêque et professeur de sciences.
De 1830 à 1839, Edward John Horan poursuit ses études classiques au petit
séminaire de Québec. Pendant près de dix ans, il enseigne lřanglais au séminaire, de 1839
à 1848. Il est ordonné prêtre en septembre 1848. À partir de 1843, T.-E. Hamel est
professeur dřhistoire naturelle. Soucieux de le perfectionner dans ce domaine, le
Séminaire lřenvoie suivre des cours de géologie à la Harvard University, mais Agassiz
nřy donnait pas de cours de géologie. Horan suit plutôt les cours de géologie de Benjamin
Silliman, père et fils, de mars à lřautomne 1848. À son retour, il continue son
enseignement scientifique pendant huit ans. Il emmenait parfois ses élèves en excursion
autour de Québec (île dřOrléans) et dans Charlevoix. Au cours de ces années passées au
séminaire, Horan occupe plusieurs fonctions : directeur de la ferme-modèle de SaintJoachim, directeur du petit séminaire et secrétaire du conseil de lřUniversité (1855). Il
montre aussi un intérêt pour lřagriculture en visitant des fermes-modèles aux États-Unis
et en achetant des instruments pour la ferme de Saint-Joachim. En 1856, il nommé
principal de lřÉcole normale Laval, en 1856. De mai 1857 à avril 1858, il enseigne
également lřinstruction religieuse, la physique, la chimie, lřhistoire naturelle et
lřagriculture dans cette institution. En 1858, on le nomme évêque de Kingston, dans le
Haut-Canada. Il ne semble pas quřil ait continué une quelconque activité scientifique. Il
prend sa retraire en 1874. (M.-E. Méthot, « Monseigneur E.-J. Horan et Monsieur J.-F.
Aubry », Annuaire de l’Université Laval, No 19, 1875-1876, Québec, Typographie
dřAugustin Côté et Cie, 1875, p. 48-52 et 54; J. E. Rea, « HORAN, Edward John »,
D.B.C. Vol. X De 1871 à 1880, Québec, P.U.L., 1972, p. 394-396; Arthur Maheux, «
Lřabbé Edward John Horan », Le Naturaliste canadien, vol. LXXXVI, nos 5-7 (maijuillet 1959), p. 77-92; René Bureau, « Notes et commentaires. Lřabbé Edward-John
Horan, naturaliste (1817-1875) », Le Naturaliste canadien, vol. LXXIX, nos 6-7 (juinjuillet 1952), p. 231-232.)
-
Huard, Victor-Alphonse, abbé (1853-1929), prêtre, conservateur dřun musée de
sciences et naturaliste.
257
Encore sous-diacre, Victor-Alphonse Huard (1853-1929) est envoyé comme
maître de salle au Séminaire de Chicoutimi, en 1875. Il y deviendra par la suite
professeur de rhétorique, de zoologie et de géographie, fonction quřil conserva jusquřen
1893. À partir de 1894, il reprend la rédaction et la publication du Naturaliste canadien,
œuvre quřil continuera jusquřà sa mort. En 1901, lřabbé Huard retourne à Québec, sa
ville natale, prendre la direction de la Semaine religieuse de Québec. Il ne fut jamais
prêtre, un défaut de langage et la timidité le tenant loin des auditoires. En 1913, il est
nommé membre de la Société royale du Canada, et devient chanoine en 1915. Il occupe,
de 1893 à 1909, la fonction de conservateur du musée de lřInstruction publique de la
province de Québec, puis celle dřentomologiste provincial de 1913 à 1916. Il écrivit des
traités, abrégés et manuels, Traité élémentaire de zoologie et d’hygiène (1906); Abrégés
de zoologie, de botanique, de minéralogie et de géologie; Manuel des sciences usuelles;
Insectes nuisibles et maladies végétales (1916); Manuel théorique et pratique
d’entomologie (1927); Faune entomologique de la province de Québec, volume IV,
Sixième ordre. Les Lépidoptères. Diurnes (1929), de même que des récits de voyage,
Labrador et Anticosti, 1897; Impression d’un passant, 1906). (Mélanie Desmeules,
« HUARD, Victor-Alphonse », D.B.C., Vol. XV. De 1921 à 1930, Québec, P.U.L., 2005,
p. 539-541.)
-
Hunt, Thomas Sterry (1826-1892), chimiste, minéralogiste et géologue,
professeur de sciences.
Obligé de travailler pour subvenir aux besoins de sa famille dès lřâge de douze
ans, Thomas Sterry Hunt passe ses temps libres à étudier les sciences. Les Benjamin
Silliman père et fils, professeurs à Yale University, le remarquent lors du congrès de
lřAssociation of American Naturalists and Geologists (précurseur de lřA.A.A.S.) à New
Haven, en 1845. Hunt y était venu comme correspondant dřun journal de New York. Ils
lřengagent comme chimiste assistant à leur laboratoire; Hunt y demeure de 1845 à 1847.
Pendant la même période, il est étudiant à Yale. En décembre 1846, Hunt est nommé
chimiste et minéralogiste à la Commission géologique du Canada, dont les bureaux sont
alors à Montréal. Tout en continuant ses expéditions sur le terrain et ses analyses à la
C.G.C., Hunt devient professeur de chimie et de minéralogie à lřUniversité Laval, de
1856 à 1868. Durant les étés 1864 et 1865, il organise les collections du musée de
minéralogie et de géologie de lřinstitution. Dans la même période, il est professeur de
chimie au McGill College, poste quřil occupe jusquřen 1868. En 1872, après avoir quitté
la C.G.C., il joint le Massachusetts Institute for Technology, à Cambridge, en tant que
professeur de géologie et de minéralogie. Il démissionne en 1878, continue comme
consultant et avance ses recherches en géochimie, sur lřextraction des minerais et en
chimie théorique. Ses publications scientifiques sont très nombreuses, sřélevant à plus de
350 titres. Au nombre des monographies, on compte The geology of Canada (en
collaboration avec William E. Logan, 1863), On the Chemistry of the Earth (1869),
Chemical and geological essays (1875), Mineral physiology and physiography… (1886),
A new basis for chemistry, a chemical chemistry (1887) et Systematic mineralogy based
on a natural classification (1891). Ses autres publications se trouvent, ente autres, dans le
Silliman’s Journal (American Journal of Science) et dans les rapports annuels de la
C.G.C. Hunt reçut plusieurs distinctions au cours de sa carrière. En 1857, il est le premier
à recevoir un doctorat ès-sciences honoris causa de lřUniversité Laval. En 1881, cřest de
258
lřUniversité Cambridge, en Angleterre, quřil reçoit un autre doctorat (LL.D.). On lui
donna également la charge de préparer la collection géologique canadienne pour les
expositions universelles de Paris (en collaboration avec Logan, 1855), Londres (1862) et
Philadelphie (1876). Il est membre de plusieurs sociétés savantes : A.A.A.S. (comme
membre fondateur, 1849, et vice-président en 1871), Royal Society of London (1859),
National Academy of Sciences (1873), Institute of Mining Engineers of the United States
(président en 1877), American Chemical Society (dont il fut président en 1880 et en
1888), Société royale du Canada (1882, président en 1884-1885) et un des créateurs du
congrès international de géologie (le premier eut lieu à Paris, en 1878). (R. W. Boyle,
« Thomas Sterry Hunt (1826-1892) Canadařs first geochemist », The Geographical
Association of Canada, Proceedings Vol. 23 (1971), p. 15-18; René Bureau, « Le premier
docteur ès-sciences honoris causa de lřUniversité Laval », Le Naturaliste canadien, vol.
79, nos 10-11 (octobre-novembre 1952), p. 321-323; James Douglas, « Obituary Notice
of Thomas Sterry Hunt », Proceedings of the American Philosophical Society held at
Philadelphia for promoting useful knowledge. Memorial Volume I, Philadelphia, The
American Philosophical Society, 1900, p. 63-121; Raymond Duchesne, « HUNT,
Thomas Sterry », D.B.C. Vol. XII De 1891 à 1900, Québec, P.U.L., 1990, p. 498-499 et
Laflamme, « Le Docteur Thomas Sterry Hunt », Annuaire de l’Université Laval pour
l’année académique 1892-1893. Numéro 36, Québec, Typographie dřAugustin Côté et
Cie, 1892, p. 32-41.)
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Kemp, Alexander Ferrie (1822-1884), ministre presbytérien, auteur,
administrateur et naturaliste.
Alexander Ferrie Kemp, formé à lřUniversity of Edinburgh et au Presbyterian
College de Londres, est nommé ministre presbytérien (Église libre dřÉcosse), en 1850. Il
passa les cinq prochaines années en tant quřaumônier du 26 e dřinfanterie, aux Bermudes.
En 1855, on lui offre de diriger lřéglise St.Gabriel Street, à Montréal. Au cours des dix
années passées à Montréal, Kemp accumula plusieurs fonctions, comme celle de
secrétaire du consistoire de Montréal, rédacteur du Canadian Presbyterian en 1857-1858
(en collaboration avec le révérend Donald Fraser), président du comité du synode de
lřÉglise presbytérienne du Canada et membre du conseil dřadministration de la N.H.S.M.
Il publia quelques articles dans le Canadian Naturalist and Geologist, entre 1857 et 1862,
au sujet de la flore littorale et des algues. En 1866, Kemp remet sa démission de son
poste de ministre de lřéglise St. Gabriel. Il est nommé à lřéglise St.Andrew, à Windsor,
dans le Haut-Canada. Entre 1870 et 1874, il enseigna dans deux collèges américains, puis
revint en Ontario. Il devint le premier directeur du Young Ladies College à Brandford,
puis on le nomma directeur de lřOttawa Ladies College, de 1878 à 1883. Kemp est
lřauteur de quelques ouvrages ecclésiastiques : Digest of the minutes of the Synod of the
Presbyterian Church of Canada (…) (1861) et A review of the state and progress of the
Canada Presbyterian Church since the Union in 1861 (1867). Kemp reçut deux doctorats
honorifiques, le premier (ès arts) de McGill, en 1863, et le second (droit) du Queenřs
College de Kingston, au début des années 1870. (Elizabeth Ann Kerr McDougall,
« KEMP,
Alexander
Ferrie
»,
D.B.C.
en
ligne,
http://www.biographi.ca/FR/ShowBioPrintable.asp?BioId=39743, cite consulté le 28
septembre 2004)
259
-
Laflamme, Joseph-Clovis-Kemner, abbé (1849-1910), prêtre, professeur de
sciences, géologue et vulgarisateur scientifique.
De 1862 à 1868, Joseph-Clovis-Kemner Laflamme fait son cours classique au
petit séminaire de Québec. Son baccalauréat ès arts en main, il est admis au grand
séminaire où il obtiendra une licence de théologie, en 1872. En octobre de la même
année, il est ordonné prêtre. Alors quřil est encore étudiant en théologie, on lui demande
de remplacer le botaniste Louis-Ovide Brunet comme professeur dřhistoire naturelle,
poste quřil occupa jusquřen 1900. En 1875, lřabbé Hamel le charge de lřenseignement de
la physique, tandis quřil est nommé professeur titulaire du cours de minéralogie et de
géologie. En 1876, il est préparateur dans le cours de chimie du docteur Hubert La Rue. Il
restera professeur de physique jusquřen 1893 et professeur de minéralogie et de géologie
jusquřen 1909, année où il doit considérablement restreindre ses activités. La formation
scientifique de Laflamme, à part celle reçue au petit séminaire, est essentiellement
autodidacte. En 1871, lřabbé Hamel, supérieur du Séminaire de Québec et recteur de
lřUniversité Laval, lřamène au congrès de lřAmerican Association for the Advancement
of Science à Hartford, CO. En 1877, il passe lřété à la Harvard University, à Cambridge,
MA, pour se perfectionner en géologie. Dans ce domaine, il publie peu ; il sřagit, la
plupart du temps, de textes de conférences prononcées devant les membres de la Société
royale du Canada. Ses travaux portent sur la géologie du Saguenay et du lac Saint-Jean,
les dépôts aurifères de la Beauce, les éboulements, le gaz naturel de la province de
Québec, les tremblements de terre de la région de Québec. Il sřintéresse également à la
météorologie de la région de Québec. Il publie, en 1881, un premier manuel : les
Éléments de minéralogie et de géologie, réédité en 1885 (avec ajout de la botanique),
1898, 1907 et 1919 (édition refondue par lřabbé Alexandre Vachon et Arthur Robitaille).
Un autre manuel, faisant état de son intérêt pour la physique, paraît en 1893 : Notions sur
l’électricité et le magnétisme (réédité en 1896). Outre ses activités de professeur de
sciences, Laflamme occupe plusieurs autres fonctions : directeur du petit séminaire
(1881-1883), doyen de la faculté des arts (1891-1900), supérieur du séminaire et recteur
de lřUniversité Laval (1893-1899, 1908-1909), professeur de chant (1892-1894). Il
prononça également des conférences publiques très courues à lřInstitut canadien de
Québec et à la Literary and Historical Society of Quebec sur les techniques de lřheure : le
phonographe, lřéclairage électrique, le téléphone, les rayons X, etc. Laflamme est aussi
membre de plusieurs sociétés savantes : A.A.A.S. (1874), Société géologique de France
(1881-), S.R.C. (1882-), Société française de physique (1891), Société géologique
dřAmérique du Nord (1891-). En 1881, il se rend en Europe pour visiter lřexposition
électrique de Paris et, en 1888, pour suivre un enseignement scientifique en France. Il
participa à des congrès internationaux comme ceux de la British Association for the
Advancement of Science (Montréal, 1884), le Congrès international de géologie
(Washington, 1891, Saint-Pétersbourg, 1897), le Congrès international des Américanistes
(Québec, 1906). À la fin de sa vie, il sřintéresse vivement au sort de la forêt canadienne et
appuie la formation de lřÉcole forestière de lřUniversité Laval, en 1910. (Henri Simard,
« Mgr J.-C.-K. Laflamme ». Annuaire de l’Université Laval pour l’année académique
1911-1912 No 55, Québec, Imprimerie de LřÉvénement, 1911, p. 209-223 ; H. Simard,
« Mgr J.-C.-K. Laflamme », Le Naturaliste canadien, vol. 38, no 2 (août 1911), p. 21-28;
33-43 ; Arthur Maheux, « Mgr Joseph-Clovis-K. Laflamme 1849-1910 », Le Naturaliste
canadien, vol. 90, no 2 (février 1963), p. 51-87; no 5 (mai 1963), p. 157-176; no 10
260
(octobre 1963), p. 233-268; no 11 (novembre 1963), p. 275-309; vol. 91, no 4 (avril
1964), p. 116-125; no 5 (mai 1964), p, 133-147 ; René Bureau, « Monseigneur JosephClovis-Kemner Laflamme, géologue », Le Naturaliste canadien, vol. 77, nos 7-8 (juilletaoût 1950), p. 185-221 ; R. Bureau, « Monseigneur Clovis Laflamme et la météorologie
», Le Naturaliste canadien, vol. 79, nos 8-9 (août-septembre 1952), p. 276-284 ; R.
Bureau, « La physique et lřélectricité à lřUniversité Laval au temps de Monseigneur J.C.-K. Laflamme », Le Naturaliste canadien, vol. 79, no 12 (décembre 1952), p. 330-345 ;
Camille Laverdière, « Mgr Laflamme : aux origines de la géologie et de la géographie
physique dřici », Géographes, no 2 (novembre 1992), p. 50-52 ; Raymond Duchesme,
« LAFLAMME, Joseph-Clovis-Kemner », D.B.C. Vol. XIII De 1901 à 1910, Québec,
P.U.L., 1994, p. 611-613.)
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Landry, Auguste-Charles-Philippe (1846-1917), agronome et homme politique.
Après deux années passées chez les frères des écoles chrétiennes (cours
commercial), Philippe Landry poursuit des études classiques au petit séminaire de
Québec, de 1857 à 1866. Cette année, il sřinscrit à lřécole dřagriculture de Sainte-Annede-la-Pocatière et fait deux années en une. En 1868, Landry sřinstalle sur une ferme à
Saint-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud. À la fin de lřannée, il devient capitaine du deuxième
bataillon de milice du comté de LřIslet. La même année, il est membre de la Société de
colonisation de Saint-Pierre-de-Montmagny, organisme dont il fut le président de 1878 à
1894 et de 1897 à 1905. Landry se lance en politique fédérale, mais sa victoire est remise
en question et il perd son poste de député. Finalement, à lřautomne 1878, il est élu aux
élections fédérales, dans Montmagny. Il fut réélu en 1882 et conserva son comté jusquřen
1887. En 1888, « Landry est nommé aide de camp extraordinaire des gouverneurs
généraux du Canada » (Brassard et Hamelin, p. 636). Quatre ans plus tard, il est nommé
sénateur; il accèdera à la présidence du Sénat en 1911. Landry démissionne de sa
fonction de président du Sénat en 1916 à la suite de lřaffaire des écoles françaises en
Ontario. Landry est lřun des membres fondateurs du Syndicat des cultivateurs de la
province de Québec, en 1892, et devient également président du Conseil dřagriculture de
la province de Québec, en 1896, organisme dont il était membre depuis 1874. Son intérêt
pour les sciences naturelles et lřagronomie se manifesta par sa participation à
lřEntomological Society of Canada (section de Québec), dans les années 1860, et par la
publication, en 1873, du Traité populaire d’agriculture théorique et pratique. (Michèle
Brassard et Jean Hamelin, « LANDRY, Philippe », D.B.C. Vol. XIV De 1911 à 1920,
Québec, P.U.L., 1998, p. 634-638; Mgr Wilfrid Lebon, « Lřhonorable Philippe Landry
(1846-1919), dans Lebon, Histoire du collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Le second
demi-siècle. 1877-1927, Québec, Charrier & Dugal, Ltée, 1949, p. 469-471.)
Langevin, Jean-Pierre-François (1821-1892), prêtre, directeur dřune école
normale et premier évêque de Rimouski.
Lřabbé J.-P.-F. Langevin publia quelques manuels dřarithmétique (Traité
élémentaire de calcul différentiel et de calcul intégral, 1848; Cours d’arithmétique, 1878;
Arithmétique mentale, à l’usage des écoles primaires, 1878) et un manuel dřagriculture
(Réponses).
-
261
Laroque, Gédéon (1837-1903), médecin, député libéral à lřAssemblée législative
du Québec (1871-1875).
Gédéon Laroque publia quelques manuels dřagriculture : Petit manuel
d’agriculture à l’usage des écoles élémentaires (1870), Petit manuel d’agriculture à
l’usage des cultivateurs (1873), Manuel d’horticulture pratique et d’arboriculture
fruitière (1880) et Manuel des engrais (1896).
-
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La Rue, François-Alexandre-Hubert (1833-1881), médecin, médecin légiste et
professeur de chimie.
Hubert La Rue suivit son cours classique au Séminaire de Québec. Il poursuivit
des études de médecine et fut le premier diplômé de lřhistoire de lřÉcole de médecine de
Québec. Le Séminaire de Québec lřenvoya à lřuniversité de Louvain pour quřil se
spécialise en chimie et en jurisprudence médicale. Déçu de la formation quřil y recevait,
La Rue sřinscrivit à lřÉcole de médecine de Paris. En 1859, il soutena une thèse de
doctorat sur le suicide, à Québec. Nommé professeur à lřuniversité Laval, il y enseigna la
chimie, la chimie agricole, la médecine légale, lřhistologie, la toxicologie et prit le relais
de Thomas Sterry Hunt pour le cours de chimie inorganique. La Rue publia plusieurs
manuels de science : Éléments de chimie et de physique agricoles (1868), Petit manuel
d’agriculture à l’usage des écoles élémentaires (1870), Petit manuel d’agriculture à
l’usage des cultivateurs (1873), Petit manuel d’agriculture, d’horticulture et
d’arboriculture (1878), Petite arithmétique très élémentaire à l’usage des jeunes enfants
(1880). Il prépara également des manuels en histoire du Canada et des États-Unis et en
grammaire française. Il sřintéressa à lřétat de lřenseignement dans les écoles
élémentaires. La Rue écrivit aussi des récits littéraires au cours de sa vie. Il participa à la
fondation des Soirées canadiennes, en 1861, et collabora au Foyer canadien. En 1879
paraissent deux volumes de ses Mélanges historiques, littéraires et d’économie politique
qui regroupent des articles et des textes de conférences. Lřuniversité Laval lui décerna
une maîtrise ès-arts, en 1867. (Léon Lortie, « LA RUE (Larue), François-AlexandreHubert », D.B.C. Vol. XI De 1881 à 1890, Québec, P.U.L., 1982, p. 546-548; Jean Du
Sol, Docteur Hubert La Rue et l’idée canadienne-française, Québec, Le Soleil, 1912, 232
p.)
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Lechevallier, Alfred (1868-1879 au Canada), naturaliste français et taxidermiste.
Alfred Lechevallier est envoyé en Amérique du Nord pour acheter des spécimens
dřhistoire naturelle pour des musées européens. À lřautomne 1868 et pendant lřhiver
1868, il est à Betsiamis et aide les pères Oblats à monter un musée de sciences naturelles,
qui contiendra surtout des spécimens dřoiseaux. En 1873, Lechevalliers vend ses
spécimens à Montréal et prépare son musée de sciences naturelles. Il voyage alors en
Floride et en Louisiane pour se procurer des spécimens. Il part vivre en Floride en 1879.
Durant son séjour au Québec, il récoltait de grande quantité de spécimens pour les
revendre à des institutions dřenseignement ou à des particuliers. (Ginette Bernatchez, «
Alfred Lechevallier », Les sciences naturelles au Québec de 1534 à 1950. Biographies
annotées, Québec, Patrimoine écologique, Ministère de lřEnvironnement, 1987, p. 116117.)
262
-
Leclerc, Nazaire-Alphonse, abbé (1820-1883), prêtre, horticulteur, rédacteurpropriétaire.
Lřabbé Nazaire Leclerc pratiquait lřhorticulture alors quřil était curé à Lambton et
expérimenta lřart de la greffe des arbres en compagnie de lřabbé Léon Provancher, curé
de Saint-Victor-de-Tring. En 1861, on lui propose le poste de rédacteur de la nouvelle
Gazette des campagnes, poste quřil occupa jusquřen 1868. Lřannée suivante, il publia le
Catéchisme d’agriculture, ou la science agricole mise à la portée des enfants, ouvrage
qui fut réédité plusieurs fois. En 1869, lřabbé Leclerc fonde La Gazette des familles
canadiennes et acadiennes, journal religieux, agricole et dřéconomie sociale. Lřabbé
Provancher prit la relève en 1875 alors que Leclerc voulait abandonner la publication de
sa revue. Il passa les dernières années de sa vie à Cap-Rouge, la même ville où habitait
son collègue lřabbé Provancher. (Gaétan Deschênes, « Lřabbé Leclerc », dans Deschênes,
Histoire de l’horticulture au Québec, Saint-Laurent, Éditions du Trécarré, 1996, p. 4144.)
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Lemay, Philogone, abbé (1855-1928), prêtre, missionnaire et naturaliste.
Philogone Lemay poursuivit des études au Séminaire de Sainte-Thérèse de
Terrebonne, de 1874 à 1880. Il passa par la suite quatre années comme professeur et
maître de discipline au collège de Lévis. Ordonné prêtre en juin 1884, on le retrouve
vicaire à Lotbinière. Il herborisait alors avec Thomas Bédard, notaire et botaniste
amateur. De 1886 à 1888, Lemay est vicaire à Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud. Il est
par la suite envoyé comme prêtre missionnaire sur la Côte-Nord, de 1888 à 1903. On le
retrouve ensuite comme curé dans différentes paroisses, avec un intermède de six ans
(1913-1919) alors quřil occupe la fonction dřaumônier des Sœurs de la Charité à
Rimouski. Il prend sa retraite en 1928. Botaniste amateur, Lemay constitua un herbier de
plus de 800 spécimens quřil légua au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Ses
articles, parus dans Le Naturaliste canadien, traitent des plantes de la Côte-Nord et du
Labrador. Il fut membre de la lřAcadémie internationale de géographie botanique de Le
Mans (France), au moins de 1899 à 1909. (Victor-Alphonse Huard, « Feu lřabbé Ph.
Lemay », Le Naturaliste canadien, vol. LV, no 5 (novembre 1928), p. 97; Anonyme, « 7
novembre », Annuaire de Collège de Lévis. Cinquième Série No. 10 Année académique
1928-1929, Lévis, Collège de Lévis, 1929, p. 96-97; Martin Dubé, « Bio-bibliographie
dřun botaniste amateur : Philogone Lemay (1855-1929) », travail présenté à M. Bernard
Boivin pour le cours AGB-60036, Université Laval, décembre 1980, 11 p.)
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Le Moine, James Mac Pherson, sir (1825-1912), avocat, fonctionnaire, auteur et
naturaliste.
Après des études au séminaire de Québec, James Mac Pherson Le Moine entre au
Barreau du Bas-Canada en 1850 et pratique le droit pendant huit ans. Ensuite il « se
consacre entièrement à ses fonctions de receveur des contributions indirectes, quřil
occupe depuis 1847, puis à celles dřinspecteur, du 12 octobre 1869 au 31 décembre
1899. » (Roger Le Moine, « LE MOINE, sir James MacPherson », D.B.C. Vol. XVI De
1911 à 1920, p. 703.) Il entreprend aussi une œuvre littéraire et historique. Ses
principales publications dans ces domaines sont Quebec Past and Present a history of
Quebec, 1608-1876 (1876), Picturesque Quebec : a sequel to Quebec past and present
(1882) et les sept volumes des Maple leaves history, biography, legend, literature,
263
memoirs (1863-1906). Intéressé par la nature depuis son jeu âge, il oriente plus
particulièrement ses recherches sur lřornithologie. En 1860 et 1861, Le Moine publie
Ornithologie du Canada, en deux volumes. Il donne également des conférences à
lřInstitut canadien de Québec sur le sujet. Il sřimplique aussi dans quelques sociétés
savantes comme la Literary and Historical Society of Quebec, dont il fut président (1871,
1879-1882, 1896-1900, 1902-1904), conservateur du musée (1870-1879) et responsable
de la bibliothèque et des collections, lřInstitut canadien de Québec (en tant quřun des
membres fondateurs, en 1848), la Quebec Horticultural Society et, dans la Société royale,
dont il fut le premier président de la section française. Il contribuait aussi au Canadian
Naturalist and Geologist (1859), au Journal de Québec (1862-1876) et au Naturaliste
canadien (1868-1903). Le Moine sřinstalle définitivement à Spencer Grange, dans
Sillery, Québec, en 1860. Il en fait un lieu de rassemblement, un musée de sciences
naturelles et un jardin-arboretum. (Roger Le Moine, « LE MOINE, sir James
MacPherson », D.B.C. Vol. XVI De 1911 à 1920, Québec, P.U.L., 1998, p. 702-704;
Roger Le Moine, Un Québécois bien tranquille, Sainte-Foy, 1985; abbé Victor-Alphonse
Huard, « Feu Sir James Le Moine », Le Naturaliste canadien, vol. XXXVIII, no 9 (mars
1912), p. 129-135.)
-
Logan, William Edmund, sir (1798-1875), géologue et premier directeur de la
Commission géologique du Canada.
À 16 ans, on lřenvoie poursuivre ses études secondaires à Édinbourg. En 1816, il débute
des études de médecine à la Edinburgh University mais décide, à la fin de la première
année, de joindre lřentreprise dřun de ses oncles, entre autres spécialisé dans
lřexploitation minière et des matériaux de construction. Il sřoccupe principalement de
comptabilité. Dans ses temps libres, Logan étudie des mathématiques, le dessin et les
langues. En 1831, Logan est nommé directeur de la Copper Works, à Morriston, au pays
de Galles, compagnie dans laquelle son oncle possède plusieurs parts. Il conservera ce
poste jusquřà la mort de son oncle, en 1838. Pour assurer lřapprovisionnement en
charbon de la compagnie, Logan se rend compte que des cartes géologiques détaillées
sont nécessaires. Il entreprend donc lřexploration géologique de sa région et produit
ensuite des cartes très précises qui serviront longtemps de modèle aux géologues
britanniques. En 1837, Logan est même élu à la Geological Society of London. Un
tournant important survient dans sa vie en 1842 : il fut nommé géologue de la province
du Canada. Il devient aussi directeur de la C.G.C. dont le but est de préparer des cartes et
une description complète de la géologie du Canada. Pour mener à bien cette mission,
Logan sřentoure dřune équipe formée dřun cartographe (Alexander Murray), dřun
chimiste et minéralogique (T. S. Hunt) puis, plus tard, dřun paléontologue (Elkanah
Billings) et, enfin, dřune foule dřassistants sur le terrain comme en laboratoire. Logan
effectua de nombreuses expéditions à travers le Canada, à la recherche de charbon, de
métaux et de minerais dřintérêt économique. En 1851, Logan prépare une collection de
minéraux canadiens et une carte géologique du pays pour lřexposition internationale de
Londres. Cette collection servie également lors des expositions de Paris, en 1855, et de
Londres, en 1862. À Paris, sa collection lui vaut la grande médaille dřhonneur et sa
nomination comme chevalier de la Légion dřhonneur. Parmi les autres honneurs quřil
reçut, mentionnons, en 1851, la médaille Wollaston de la Geological Society of London,
un doctorat en droit de McGill University et la médaille dřor royale de la Royal Society
264
of London. Logan prit sa retraite en 1869 ; il retourna vivre au pays de Galles. En 1871, il
revient quelques mois au Canada remplacer Alfred R. C. Selwyn comme directeur de la
C.G.C. À lřété 1874, Logan est de retour au pays ; il explore alors les Cantons de lřEst,
au Québec. Sa publication la plus importante est sans contredit Geology of Canada, en
1863. Produit en collaboration avec Murray, Hunt et Billings, cet ouvrage est toujours
considéré comme un livre de référence. En 1869, il publie une grande carte géologique du
Canada. Il est enfin lřauteur de nombreux rapports pour la C.G.C., de 1844 à 1869. (C.
Gordon Winder, « LOGAN, sir William Edmond », D.B.C. Vol. X De 1871 à 1880,
Québec, P.U.L., 1972, p. 486-492; Suzanne E. Zeller, « Logan, sir William Edmond »,
L’Encyclopédie
canadienne,
Fondation
Historica
du
Canada,
2004,
www.canadianencyclopedia.ca/PrinterFriendly.cfm?Params=F1ARTF0004748 », site
consulté le 13 décembre 2004; A. H. Lang, « Contributions of W. E. Logan and G. M.
Dawson to the canadian mineral industry. Sir William Edmund Logan (1798-1875) »,
The Geological Association of Canada, Proceedings-Volume 23, 1971, p. 19-21; C. G.
Winder, « Sir William Edmund Logan (1798-1875) Founder of Canadian geology », The
Geological Association of Canada, Proceedings-Volume 24, Number 2, 1972, p. 39-41;
Diane Saint-Laurent, « Logan et les premières explorations scientifiques du territoire »,
Géographes, no 2 (novembre 1992), p. 47-49.)
- Lyman, Henry Herbert (1854-1914), homme dřaffaires et entomologiste.
À lřâge de huit ans, Herbert Henry Lyman commence à récolter des papillons. Il poursuit
des études au McGill University et obtient, en 1876, un B.A. et, en 1880, une M.A. Il
reçut, à la fin de son B.A., la médaille Logan en géologie et en sciences naturelles. Tout
en suivant ses cours, Lyman entre dans le commerce de son père (vendeur de
médicaments en gros) et en devient président, en 1879. Il fait également partie du Royal
Scots Regiment of Canada ; il prit sa retraite, en 1891, avec le titre de major. Lyman fut
membre de plusieurs sociétés savantes, dont lřA.A.A.S., la B.A.A.S., la Natural History
Society of Montreal et la section de Montréal de lřEntomological Society of Ontario (de
1875 à sa mort, survenue en 1914, à bord de lřEmpress of Ireland). Il a été nommé trois
fois président et une fois vice-président de cette société entomologique. Il participa aussi
à plusieurs congrès et réunions de sociétés entomologiques ailleurs au Canada et aux
États-Unis. Lyman se spécialisa dans lřétude des Lépidoptères diurnes. Dans les milieux
scientifiques, on le considérait dřailleurs comme un spécialiste des papillons de lřest de
lřAmérique du Nord. Il publia de nombreux articles dans The Canadian Entomologist. À
sa mort, sa collection dřenviron 20 000 spécimens fut léguée au Redpath Museum en plus
dřune allocation pour son entretien, son agrandissement et sa conservation. (George A.
Moore, « Henry Herbert Lyman, 1854-1914 », Annals of the Entomological Society of
Quebec, vol. 6 (1960), p. 150-151.)
- Marsden, William (1807-1885), médecin et botaniste.
Natif dřAngleterre, William Marsden arrive au Canada à lřâge de cinq ans. Après ses
études de médecine, complétées à Londres en 1830, il revient au Canada et choisit la ville
de Québec pour sa pratique. De 1842 à 1847, Marsden habite Nicolet, puis retourne vivre
à Québec. Botaniste amateur, Marsden donna des leçons publiques de botanique dans la
décennie 1830 et fut parfois conférenciers. Il aurait voulu donner un cours de botanique à
Québec, nécessaire à lřobtention de la licence de médecine, mais le Collège des médecins
265
et chirurgiens ne jugea pas pertinent dřéviter aux étudiants de Québec plusieurs voyages à
Montréal où on offrait le cours. Marsden effectua des recherches poussées sur lřorigine
du choléra. Un des membres fondateurs de lřAssociation médicale canadienne, en 1867,
Marsden en fut nommé le président en 1873. (Ginette Bernatchez, « MARSDEN,
William (1807-1885) », Les sciences naturelles au Québec de 1534 à 1950; biographies
annotées, Direction du patrimoine écologique, ministère de lřEnvironnement du Québec,
1987, p. 138-139; Sylvio LeBlond, Médecine et médecins d’autrefois, 1986, p. 149-166.)
- Meilleur, Jean-Baptiste (1796-1878), médecin, éducateur, député et naturaliste.
Jean-Baptiste Meilleur sřimpliqua activement dans le développement de lřéducation au
Québec, en fondant le collège de LřAssomption et en occupant le poste de premier
surintendant de lřInstruction publique du Bas-Canada. Après son cours classique, suivant
les conseils de John Holmes), Meilleur se rendit à la Castleton Academy of Medecine
(Vermont), en 1821, et y reçut le titre de docteur en médecine, en 1825. Les cours de
chimie, de botanique, de physique et de minéralogie quřil y suivit suscitèrent son intérêt
pour les sciences. Dès 1826, Meilleur publia entre autres des articles dans la Minerve, la
Bibliothèque canadienne et le Journal de médecine du Québec sur des sujets aussi variés
que la chimie, la géologie, lřagriculture et la médecine. Son intérêt particulier pour la
chimie se concrétisa par la publication, en 1833, dřun manuel de sciences, un des
premiers écrits par un Canadien français, le Cours abrégé de leçons de chymie. Son
intérêt pour les sciences semble sřessouffler par la suite, probablement du fait de ses
multiples occupations de médecin, de député (1834-1838), de surintendant de
lřInstruction publique (1843-1855), de directeur (1855-1861), dřinspecteur des postes à
Montréal (1861-1862) et de registraire adjoint provincial. En 1857, cependant, il assista
au congrès de lřAmerican Association for the Advancement of Science, qui sřest tenu à
Montréal. Dans les années 1870, alors quřil était à sa retraite, il écrivit quelques articles
de botanique dans Le Naturaliste canadien et fut président de la Société dřhistoire
naturelle de Québec. (Léon Lortie, « MEILLEUR, Jean-Baptiste », D.B.C. Vol. X De
1871 à 1880, Québec, P.U.L., 1972, p. 554-558.)
-
Mignault, Louis-David (c1879-1881), médecin et botaniste.
Louis-David Mignault fut professeur de physiologie à lřÉcole de médecine et de
chirurgie de Montréal. Membre de la N.H.S.M., il sřintéressa à la botanique et publia
quelques articles dans Le Naturaliste canadien (1878-1882 et 1918-1919). (Ginette
Bernatchez, « MIGNAULT, Dr. L.-D.», Les sciences naturelles au Québec de 1534 à
1950. Biographies annotées, Patrimoine écologique, Série Réserves écologiques,
Ministère de lřEnvironnement du Québec, 1987, p. 201.)
-
Moyen, Jean, abbé (1828-1899), prêtre sulpicien, professeur de sciences et
naturaliste.
Jean Moyen passa la plus grande partie de sa vie en France. En 1852, il est
ordonné prêtre puis devient professeur de sciences au petit séminaire de Servières (18531855) et vicaire (jusquřen 1857). Lřabbé Moyen arrive à Montréal en 1858. Il enseigna la
prédication au grand séminaire, puis, en 1859, il remplce le précédent professeur de
sciences au collège de Montréal. Il y enseigna les mathématiques, la physique, la chimie,
la zoologie, la botanique et la géologie. Il sřoccupa du musée dřhistoire naturelle et du
266
cabinet de physique de lřinstitution. De 1864 à 1872, il produisit des articles de
vulgarisation scientifique pour L’Écho du cabinet de lecture paroissial, organe publié par
les sulpiciens. En 1871 paraît le Cours élémentaire de botanique et Flore du Canada à
l’usage des maisons d’éducation. Lřabbé Moyen retourne en France en 1874 pour y
continuer son enseignement des sciences et de la philosophie. (Raymond Duchesne,
« MOYEN, Jean », D.B.C. Vol. XII De 1891 à 1900, Québec, P.U.L., 1990, p. 837-838.)
Obalski, Joseph-François (1850-1915), ingénieur minier, professeur à lřÉcole
polytechnique de Montréal et auteur.
Français dřorigine, cet ingénieur minier formé à lřÉcole nationale supérieure des mines
de Paris débarque à Québec en novembre 1881. Quelques mois plus tôt, il rencontrait le
premier ministre du Québec, Joseph-Adolphe Chapleau, qui lui offre le poste dřingénieur
des mines de la province, fonction rendue obligatoire à la suite de lřadoption dřune loi
des mines, en 1880. Joseph Obalski doit dès lors organiser un service des mines dont il
devient le chef. Ses fonctions ne se limitent pas quřà lřadministration, puisquřil effectue
plusieurs excursions sur le terrain, se charge de lřexamen des résultats dřanalyse
dřéchantillons et produit un rapport annuel qui est joint à celui du commissaire des Terres
de la couronne. À partir de lřété 1882, Obalski est nommé professeur à lřÉcole
polytechnique de Montréal, poste quřil conserva jusquřen 1888. Obalski souhaitait que le
Service des Mines engage des inspecteurs régionaux et des aides administratifs. Pour
quelques mois, en 1891, le Services des Mines dispose dřun tel personnel, mais la défaite
du gouvernement Mercier mit fin à ce régime. Obalski se retrouve seul avec la charge
dřinspecteur. La situation change en 1905; il est nommé surintendant des mines et
supervise une équipe formée dřun ingénieur civil, dřun secrétaire, de commis et dřun
message. Obalski parcourt la province pour promouvoir le développement minier. Il
prend sa retraite en 1901. Tout au long de sa carrière, Obalski produisit quelques
ouvrages comme Mines et minéraux de la province de Québec (1889), Minéralogie
pratique à l’usage des prospecteurs (1910) et des études sur le fer chromé (1898), lřor
(1898) et le mica (1901), en plus de ses rapports annuels au commissaire des Terres de la
Couronne. (Marc Vallières, « OBALSKI, Joseph-François-Jacques-Victor », D.B.C.
Volume XIV De 1911 à 1920, P.U.L., 1998, p. 857-859.)
-
- Penhallow, David Pearce (1854-1910), botaniste, paléobotaniste et professeur.
En 1873, David Pearce Penhallow sort du Massachusetts Agricultural College dřAmherst,
avec un baccalauréat ès sciences (B.S.). En 1876, en compagnie de son mentor, William
Smith Clark, Penhallow se rend au Japon. Il lřaide à fonder le Collège impérial
dřagriculture, à Sapporo, puis devient professeur de chimie et de botanique, fonctions
quřil occupe de 1876 à 1880. Il sera également directeur intérimaire du collège, en 18791880. En 1880, il revient aux États-Unis et devient assistant dřAsa Gray, à la Harvard
University. En 1882, Penhallow est nommé botaniste et chimiste à la Houghton Farm
Experiment, dans lřÉtat de New York. En 1883, John W. Dawson, principal du McGill
College, sřadresse à A. Gray pour trouver un professeur de botanique. Penhallow, qui
effectue des recherches sur la physiologie et la pathologie végétales, est le candidat tout
indiqué. Il est dřabord nommé maître de conférences puis est promu professeur à la
chaire de botanique, en 1885. Les travaux de Dawson lřincitent à pratiquer la
paléobotanique. Penhallow publia de nombreux articles dans les Mémoires de la Société
267
royale du Canada et dans lřAmerican Naturalist, revue dont il sera co-rédacteur en chef,
de 1897 à 1907. Sa contribution majeure, en paléobotanique, parut en 1907 : A manual of
the North American Gymnosperms. En dehors de son professorat à McGill, Penhallow
exerça plusieurs fonctions comme celles de président de la Botanical Society of America
(1888-1892), de la section IV (biologie et géologie) de la Société royale du Canada
(1896-1897), de la Natural History Society of Montreal (1902), de lřAssociation of
American Biological Research Stations (1908-1909) et de lřAmerican Society of
Naturalists (1908-1909), et celles de vice-président de la section botanique de la British
Association for the Advancement of Science (1897) et de la section G de lřAmerican
Association for the Advancement of Science (1908-1909). Il est également rédecteur en
chef du Canadian Record of Science, de 1888 à 1900. Entre autres distinctions,
Penhallow obtient une licence ès sciences de Boston University, en 1888, une licence et
une maîtrise ès sciences de McGill, en 1896, et un doctorat ès sciences, en 1904, de la
même institution. (Walter Deane, « David Pearce Penhallow », Rhodora, vol. 13, no 145
(January, 1911), p. 1-4; Suzanne E. Zeller, « PENHALLOW, David Pearce », D.B.C. Vol.
XIII De 1901 à 1910, Québec, P.U.L., 1994, p. 898-900.)
- Provancher, Léon, abbé (1820-1892), prêtre, naturaliste et entomologiste.
Léon Provancher débute ses activités de naturaliste avec la botanique et lřhorticulture.
Dans les années 1860, il publie le premier manuel de botanique et dřhorticulture au
Québec : le Traité élémentaire de botanique… et le Verger canadien. Ses herborisations
au Québec et dans le Haut-Canada et la collaboration de botanistes amateurs sont à la
base de la préparation de la première flore menée à termes, en 1863, au Canada : la Flore
canadienne…. En 1868, il fonde également la première revue francophone consacrée aux
sciences naturelles au Québec : Le Naturaliste canadien. Aux abords de la retraite,
Provancher réoriente ses recherches vers lřentomologie, tout en continuant à produire sa
revue. Dans son œuvre entomologique comprenant trois volumes et quelques fascicules
de corrections, La Petite faune entomologique du Canada…, il recense et décrit les
insectes présents sur le territoire du Québec. Au fil des publications, qui sřéchelonnent de
1877 à 1889, il décrit environ 1100 espèces nouvelles dřinsectes, principalement dans les
ordres des Hyménoptères et des Hémiptères. On le considère comme le père de
lřentomologie au Québec. À la fin de sa vie, il rassemble également ses observations sur
les mollusques univalves du Québec et publie Les Mollusques de la province de
Québec…. La mort lřempêcha de produire le second volume sur les bivalves. (Jean-Marie
Perron, « PROVANCHER, Léon », D.B.C. Vol. XII De 1891 à 1900, Québec, P.U.L.,
1990, p. 946-948; Mélanie Desmeules, L’abbé Léon Provancher. Le naturaliste
polyvalent, Lidec, 2004, 62 p.)
- Puyjalon, Henri de (1841-1905), naturaliste, gardien de phare et auteur.
Henri de Puyjalon arrive au Québec en 1872. Il sřinstalle dřabord à Montréal, puis à
Québec. Son intérêt pour les sciences naturelles et la chasse se manifeste par des
expéditions sur laCôte-Nord. Les connaissances quřil accumule sur le territoire visité, de
même que lřexploration quřil effectue des ressources naturelles le font remarquer du
gouvernement provincial. Dans les années 1880, on lui confie le mandat dřétablir le profil
minéralogique et géologique de la Côte-Nord. Les résumés de ses explorations sont
publiés sous forme de rapports. De 1888 à 1891, Puyjalon est gardien de phare à lřîle aux
268
Perroquets. Il continue des recherches sur la faune, la flore et la géologie de la Côte-Nord
et du Labrador. En 1897, on le nomme inspecteur général des pêcheries et de la chasse de
la province de Québec. Il sřintéresse alors de plus en plus à la conservation des espèces
menacées et de certaines espèces commerciales, comme le homard, la morue, le saumon,
le hareng et le canard eider. Il recommande la création de sanctuaires dřoiseaux,
lřadoption de règlements pour assurer leur conservation et la mise en place dřélevages de
renard. En 1901, Puyjalon prend sa retraite et sřétablit définitivement dans son camp de
chasse à lřîle de la Chasse. Il publie plusieurs ouvrages dont Petit guide du chercheur de
minéraux (1892), Guide du chasseur de pelleterie (1893), Récits du Labrador (1894) et
Histoire naturelle à l’usage des chasseurs canadiens et des éleveurs d’animaux à
fourrure (1900). (Isabelle Bourgeois, « PUYJALON, Henri de », D.B.C. Vol. XIII De
1901 à 1910, P.U.L., 1994, p. 925-926; Damase Potvin, Puyjalon. Le solitaire de l’Île-dela-Chasse, Québec, 1938; Yves Hébert, « Henri de Puyjalon (1814 sic-1905) et les
ressources de la Côte-Nord », Cap-aux-diamants, no 76, hiver 2004, p. 22-25.)
- Roy, Élias, abbé (1870-1956), prêtre, directeur de collège et naturaliste.
Élias Roy suivit ses études au collège de Lévis, de 1882 à 1889. Il passa ensuite
une année au Grand Séminaire, mais revint au collège de Lévis pour y enseigner les
sciences et les mathématiques. Il fut ensuite directeur des ecclésiastiques, de 1904 à 1907,
puis de 1917 à 1923. Lřabbé Roy est nommé supérieur directeur du collège, fonction
quřil occupa à eux reprises de 1923 à 1932 et de 1945 à 1948. Lřabbé Roy publia une
quinzaine dřarticles dans Le Naturaliste canadien, de 1899 à 1930, sur lřentomologie et
lřherpétologie. (Élias Roy, « M. lřabbé Élias Roy, neuvième supérieur », dans É. Roy, Le
collège de Lévis. Esquisse historique, Collège de Lévis, 1953, p. 171-195; Hilda La Brie,
Bio-bibliographie de Mgr Élias Roy. S.l., s.n., 1954, ix-37 f. Thèse en bibliothéconomie,
Université Laval.)
-
Saint-Cyr, Dominique-Napoléon (1826-1899), professeur, député provincial et
conservateur dřun musée de sciences naturelles.
À partir de 1848, Dominique-Napoléon Saint-Cyr est professeur à Sherbrooke. Trois ans
plus tard, on lřengage comme professeur à Sainte-Anne-de-la-Pérade. De 1875 à 1881, il
est député conservateur de la circonscription provinciale de Champlain. Déménagé à
Québec en 1882, Saint-Cyr sřapplique à fonder un musée dřhistoire naturelle. Le musée
de lřInstruction publique est une réalité à partir de 1883. Il regroupe une collection
entomologique de lřabbé Provancher et des spécimens de plantes récoltés par Saint-Cyr
lors dřexpéditions au Labrador et sur la Côte-Nord. En 1886, Saint-Cyr devient le
premier conservateur du musée, poste quřil occupa jusquřen 1890. Il publie quelques
rapports dans le Rapport du surintendant de l’Instruction publique de la province de
Québec en 1888, 1890 et 1893. Dès les débuts du Naturaliste canadien, il envoie des
textes sur les mammifères du Canada et cela jusquřen 1873. (Rolland Dumais, « La petite
histoire de la botanique québécoise. Dominique-Napoléon Saint-Cyr (1827 sic-1899) »,
dans Botanique à l’usage des écoles secondaires et des collèges classiques, Québec,
Éditions Pedagogia Inc., 1961, p. 147-148.)
-
Sheppard, William (1784-1867), marchand de bois et naturaliste.
269
Né en Angleterre, William Sheppard arrive à Montréal avec ses parents, en 1792.
Il sřinstalle à Québec, en 1809, où il devient un riche marchand de bois. Sheppard
acquiert une grande villa à Sillery. Il sřintéresse alors à lřhorticulture et monte un musée
dřhistoire naturelle. Membre fondateur de la L.H.S.Q., il participa au fonctionnement de
la société en tant que conférencier (botanique) et président (1833-1834, 1841, 1843 et
1847). Sheppard perd sa fortune en 1847; il doit vendre sa villa de Sillery et part
sřinstaller à Drummondville dans sa résidence secondaire. Il y passa les vingt dernières
années de sa vie. (Pierre Savard, « SHEPPARD, William », D.B.C. Vol. IX De 1861 à
1870, Québec, P.U.L., 1970, p. 793-794.)
- Simard, Henri, abbé (1869-1927), prêtre, professeur de sciences et vulgarisateur.
Après ses études classiques au petit séminaire de Québec, Henri Simard poursuit au grand
séminaire et obtient un doctorat en théologie. En octobre 1891, il est ordonné prêtre. Il
devient ensuite professeur de physique et dřastronomie à lřUniversité Laval. Il donne
aussi des conférences publiques, à lřUniversité Laval et à lřInstitut canadien de Québec,
sur des sujets tels lřavion, la voix humaine, le spectroscope, les courants marins, les
rayons X, la T.S.F., le pont de Québec, etc. Au cours des ans, il publia quelques
ouvrages, des manuels pour la plupart : Traité élémentaire de physique rédigé
conformément au programme de l’Université Laval (1903, 5e édition en 1925), avec
lřabbé Huard, le Manuel des sciences usuelles (1907, 6e édition en 1924), Cours
élémentaire de cosmographie (1913, 2e édition en 1916) et un recueil dřarticles provenant
de ses conférences : Propos scientifiques (1920 et 1927). (Abbé Yvanhoe Caron,
« Report of the Council for the Year 1927-1928. To the Fellows of the Royal Society of
Canada II. Deceased Members. Lřabbé Henri Simard », dans Proceedings and
Transactions of the Royal Society of Canada Third Series—Volume XXII, Ottawa, The
Royal Society of Canada, 1928, p. IV-VI.)
- Smallwood, Charles (1812-1873), médecin et professeur de météorologie.
Charles Smallwood arrive au Bas-Canada en 1833. Il détient alors un doctorat en
médecine de lřUniversity College, de Londres. On lui permet dřexercer la médecine au
Bas-Canada à partir de juillet 1834. Il sřinstalle à Saint-Martin, sur lřÎle Jésus et y
pratique la médecine, entre 1835 et 1841. Cette année-là, il monte un observatoire
météorologique. Il compile, trois fois par jour, des observations météorologiques, de
même que des informations sur les migrations des oiseaux et des observations
astronomiques, à lřaide dřune lunette méridienne. De 1851 à 1865, il fait partie du
Collège des médecins et chirurgiens du Bas-Canada, en tant quřadministrateur. En 1856,
Smallwood est nommé membre honoraire de la Natural History Society of Montreal ; il
en fut président en 1865. La même année, il reçoit un doctorat en droit de McGill et
devient professeur de météorologie dans la même institution, sans salaire. En 1863,
lřobservatoire de Smallwood est déménagé sur les terrains de McGill dans un bâtiment
construit pour lřoccasion. À cet observatoire, Smallwood effectue des observations
météorologiques et astronomiques, afin de donner lřheure officielle. En 1864, Smallwood
se voit attribuer un doctorat en droit civil de lřUniversity Bishopřs College. Le
gouvernement fédéral lui octroie une subvention pour lřobservatoire, en 1871. Il fit alors
partie dřun réseau dřobservatoires chargés de transmettre leurs observations, par
télégraphe, à Toronto, pour le Service météorologique du Canada. En 1871, Smallwood,
270
un des promoteurs dřune faculté de médecine du Bishopřs College, à Montréal, devient
professeur dřobstétrique, de gynécologie et de pédiatrie et est nommé doyen. Peu de
temps après, il quitte ses fonctions pour assurer les responsabilités nouvelles à son
observatoire, à la suite de la réception de sa subvention. Smallwood publia les résultats de
ses travaux dans le Canadian Naturalist, sous formes dřarticles et de rapports, de 1855 à
1872. Il fut enfin membre de plusieurs sociétés savantes, principalement à lřétranger,
comme la Société météorologique de France, lřObservatoire de physique centrale de
Saint-Pétersbourg, lřAcadémie royale de Belgique, le National Institute of the United
States et lřAcademy of Natural Sciences, de Philaderphie. (J.S. Marshall,
« SMALLWOOD, Charles », D.B.C. Vol. X De 1871 à 1880, Québec, P.U.L., 1972, p.
719-721; J.S. Marshall et Nancy Bignell, « Dr. Smallwoodřs weather observatory at St.
Martinřs », Le Naturaliste canadien, vol. 96, no 4 (juillet-août 1969), p. 483-490.)
-
Sturton, Samuel (1812-1881), chimiste-pharmacien et professeur de botanique.
Originaire dřAngleterre, Samuel Sturton sřinstalla à Québec en 1856. Il fut
professeur de botanique à lřAcademy of Young Ladies, de Québec. Membre de la
L.H.S.Q. depuis 1857, Sturton y prononça des conférences sur la chimie et la botanique,
il occupa également la fonction de responsable de la bibliothèque (1861-1862) et publia
un long article dans les Transactions en 1861 (« The wild flowers of Quebec », et un
autre sur la géographie botanique du Canada, en 1863. James Mac Pherson Le Moine
sřinspira fortement du premier article pour un texte sur les fleurs du Québec paru dans ses
Maple Leaves (1894). (Ginette Bernatchez, « STURTON, Samuel », Les sciences
naturelles au Québec de 1534 à 1950. Biographies annotées, Patrimoine écologique,
Série Réserves écologiques, Ministère de lřEnvironnement du Québec, 1987, p. 203.)
-
Taché, Joseph-Charles (1820-1894), médecin, homme politique, journaliste et
fonctionnaire.
En 1832, Joseph-Charles Taché entre au petit séminaire de Québec mais, en 1840, il
abandonne le cours classique avant la fin de sa rhétorique. De 1841 à 1844, il poursuit
des études de médecine. Il sřinstalle ensuite à Rimouski et y pratique la médecine
jusquřen 1856. Pendant cette période, en 1848, il est élu député de Rimouski à
lřAssemblée législative de la province du Canada, fonction quřil conserve jusquřen 1856.
Il également correspondant parlementaire pour lřAmi de la religion et de la patrie, revue
de Québec. Le développement des moyens de transports le préoccupe particulièrement.
En 1855, Taché est commissaire de lřExposition universelle de Paris, avec la tâche de
représenter le Canada. Pour lřoccasion, il est fait chevalier de la légion dřhonneur. Il
publie, la même année, à Paris, le Catalogue raisonné des produits canadiens exposés à
Paris, en 1855. En 1857, peu après sa démission comme député, Taché dirige le Courrier
du Canada, une nouvelle revue qui paraît à partir de février. Dans ces pages, il fait la
promotion de la colonisation des régions du Québec et prêche pour le remplacement de
lřUnion par un projet fédératif qui regrouperait toutes les colonies anglaises dřAmérique
du Nord. Le but de ce dernier projet est dřassurer la reconnaissance de lřidentité
canadienne-française et de faire contre-poids à la puissance américaine en plein
développement. À la fin de 1859, Taché quitte la rédaction du Courrier du Canada. On le
nomme rapidement inspecteur des asiles et des prisons de la province du Canada. Cřest
également dans ces années quřil sřintéresse à la littérature et quřil fait la promotion dřune
271
littérature nationale. Taché est lřun des initiateurs des Soirées canadiennes : recueil de
littérature nationale, revue fondée en 1861. La valorisation du folklore canadien devient
une de ses activités importantes : il publiera plusieurs légendes dans les pages de la revue
et, en 1863, le récit Forestiers et voyageurs : étude de mœurs. En 1864, on le nomme
sous-ministre de lřAgriculture et des Statistiques. Haut-fonctionnaire à Ottawa, pendant
24 ans, Taché sřadonne à lřétude scientifique en géographie physique et humaine, en
hygiène et physiologie et en archéologie. Les règles quřil établit pour le recensement
canadien de 1871 sont longtemps considérées comme un modèle dans le domaine. Il lui
faudra attendre le milieu des années 1880 pour publier de nouvelles légendes. (Jean-Guy
Nadeau,
«
TACHÉ,
Joseph-Charles
»,
D.B.C.
en
ligne,
http://www.biographi.ca/FR/ShowBioPrintable.asp?BioId=40576, site consulté le 15
mars 2005; Éveline Bossé, Jean-Charles Taché (1820-1894). Un grand représentant de
l’élite canadienne-française, Québec, Éditions Garneau, 1974. 324 p.)
- Watt, David Allan Poe (1830-1917), marchand et naturaliste.
Après des études dans un grammar school de Greenoch (Écosse), David Allan Poe Watt
entre en apprentissage chez un de ses oncles, à Montréal, dans le but de devenir courtier
et commissionnaire. En 1869, il dirige une compagnie à Montréal et, vers 1882, redevient
courtier puis marchand de céréales. De 1912 à 1917, Watt dirige la section des
exportations de la Compagnie des bateaux à vapeur océaniques de Montréal. Au cours de
sa carrière, il occupa plusieurs fonctions dans des organismes visant la protection des
marchands montréalais. En tant que naturaliste, Watt fut membre de la Natural History
Society of Montreal. Il prit à sa charge quelques activités de la société, comme celle de
vice-président, de directeur de la revue The Canadian Naturalist and Geologist (18621865) et de membre du comité de rédaction de la revue. Il participa également à
lřorganisation de congrès de la B.A.A.S., à Montréal, en 1884. Watt sřintéressa
particulièrement aux poissons et aux plantes. Sa principale contribution réside dans une
étude des plantes cryptogamiques de la région de Montréal. Watt était aussi très impliqué
socialement. Il supporta la cause de la protection des enfants et des femmes contre la
prostitution. (Carman Miller, « WATT, David Allan Poe », D.B.C. en ligne,
http://www.biographi.ca/FR/ShowBioPrintable.asp?BioId=41882, site consulté le 28
septembre 2004.)
- Whiteaves, Joseph Frederich (1835-1909), paléontologue et zoologiste.
Né en Angleterre, Joseph F. Whiteaves poursuit des études à Londres et à la University of
Oxford. En 1862, après avoir passé un an au Bas-Canada, Whiteaves sřétablit à Montréal.
Il est nommé conservateur du musée de la Natural History Society of Montreal et en
devient le secrétaire-archiviste, postes quřil conserve jusquřen 1875. Entre 1867 et 1873,
Whiteaves est chargé, par le département des pêcheries, de faire des études
paléontologiques et zoologiques des eaux du fleuve et du golfe du Saint-Laurent. En
1875, il est engagé par la Commission géologique du Canada et, en 1876, après la mort
dřElkanah Billings, Whiteaves obtient le poste de paléontologue, puis celui dřassistantdirecteur et, en 1883, celui de zoologiste. Il entreprend alors des travaux sur les fossiles et
les invertébrés marins du Canada. Il contribua également à la formation des collections
géologiques, paléontologiques, zoologiques, archéologiques et ethnologiques du Musée
national, à Ottawa. Ses nombreuses publications parurent, entre autres, dans lřOttawa
272
Naturalist, le Canadian Naturalist, le Canadian Record of Science, lřAmerican Journal
of Science et les Mémoires de la Société royale du Canada. Ses autres publications
significatives consistent en un Catalogue général des invertébrés marins de l’est du
Canada, en 1901, la suite des Palaeozoic fossils (Vol. III, parts 1-3), Mesozoic Fossils
Vol. I, Contributions to Canadian Paleontology (Vol. I). Il décrivit plus de 450 genres,
espèces et variétés de fossiles et dřinvertébrés. Enfin, il obtint plusieurs honneurs au
cours de sa carrière : membre-fondateur de la SRC et premier secrétaire de la section IV
(géologie et biologie), membre de lřAmerican Association for the Advancement of
Science (1887) et président de la section E (géologie et géographie), en 1899, un doctorat
en droit de McGill (1900), la médaille Lyell de la Geological Society of London (1907),
société savante dont il était membre depuis 1859, membre honoraire de la Ashmolean
Society of Oxford. (Susan Sheets-Pyenson, « WHITEAVES, Joseph Frederick », D.B.C.
Vol. XIII De 1901 à 1910, Québec, P.U.L., 1994, p. 1179-1180; Anonyme, « Deceased
members. J. F. Whiteaves, LL.D., F.G.S. », Proceedings and Transactions of the Royal
Society of Canada Third Series—Vol. IV. Meeting of September, 1910. Ottawa, 1911, p.
IV-VII; Victor-Alphonse Huard, « Whiteaves », Le Naturaliste canadien, vol. XXXVI,
no 10 (octobre 1909), p. 159-160.)
- Winn, Albert F. (1870-1935), entomologiste.
En 1888, Albert F. Winn devient membre de la section de Montréal de lřEntomological
Society of Ontario et le restera jusquřà sa mort. Au sein de cet organisme, il occupa les
postes de secrétaire et de président, respectivement pendant 20 ans et 15 ans. Il y donna
aussi de nombreuses conférences tout en produisant plus de 200 articles. Winn se
spécialisa dans les papillons de lřest de lřAmérique du Nord dont il monta une collection
de 13000 spécimens (plus de 2300 espèces), collection qui fut plus tard incorporée à la
Collection Lyman. Winn est nommé conservateur de cette collection et y travaille
pendant 20 ans. Il publia Insects of the province of Quebec Part 1 Lepidoptera (1912) et,
en collaboration avec Germain Beaulieu, Part 2 Diptera. (George A. Moore, « Alfred F.
Winn, 1870-1935 », Annals of the Entomological Society of Quebec, vol. 6 (1960), p.
151-152.)
273
ANNEXE 2. LISTE DES OUVRAGES RECENSÉS AU CHAPITRE 2
Note : pour la période 1800-1849, les monographies et manuels de tous les auteurs qui
ont pu être recensés sont indiqués, tandis que pour la période 1850-1920, seules les
publications des scientifiques figurant dans la liste de lřAnnexe 1 sont recensées.
1. Monographies scientifiques et brochures
- Ami, Henri-Marc. Synopsis of the Geology of Montreal. Extrait du British
Medical Association. Official Guide and Souvenir. Montréal, Authorřs
Edition, 1897. P. 45-49.
- Arnaud, Charles, o.m.i. Journal des voyages de Charles Arnaud 1872-1873.
Recherche et transcription, Huguette Tremblay, Montréal, Les Presses de
lřUniversité du Québec, 1977. 118 p. Série Tékouerimat 5.
- Babel, Louis-François, o.m.i. Journal des voyages de Louis Babel 1866-1868.
Montréal, Les Presses de lřUniversité du Québec, 1977. 161 p. Série
Tékouerimat 4.
- Baillairgé, Charles. Géométrie, toisé et le tableau stéréométrique.
Conférences. Québec, C. Darveau, 1873. 36-24 p.
- _____. Clef synoptique ou abrégé du Tableau stéréométrique de Baillairgé,
ou, Nouveau Système de mesurer tous les corps, segments, troncs et angles de
ces corps par une seule et même règle. Québec, Darveau, 1874. 18 p.
- _____. Key to Baillairgé’s stereometrical tableau. New system of measuring
all bodies, Segments, Frusta and Ungulae of these Bodies by one and the
same rule. Québec, Darveau, 1876. xliv-178-51 p.
- _____. Le stéréométricon. Québec, C. Darveau, 1884. 69 p.
- _____. The Stereometricon. New system of measuring all bodies by one and
the same rule. General application of the prismoidal formula …Tables of the
Areas or Circles, Segments Zones. Québec, C. Darveau, 1884. 69 p. + 62 p.
- _____. Papers Read Before the Royal Society of Canada, 1882 & 1883. (…)
Biographical Sketch of the Author. Québec, C. Darveau, 1884. 43 p.
- _____. The Quebec land slide of 1889. Montréal, s.é., 1893. 13 p.
- _____. La Baie d’Hudson. Exploitation proposée de ses ressources de terre et
de mer. Nouvelle colonie, chemin de fer pour s’y rendre. Joliette, s.é., 1893.
42 p.
- _____. Hudson Bay. Proposed utilization of its land and water resources. A
new colony – A railway to reach it. Read before the Literary and Historical
Society of Quebec, March 7, 1895. 33 p.
- _____. Divers ou les enseignements de la vie. Québec, C. Darveau, 1898. iv688 p.
- Egrialliab (anagramme de Baillairgé). Divers ou les enseignements de la vie,
style familier. Egrialliab, (anagramme de Baillargé), Vol. de 700 p. Oct.
1898. Québec, s.é., 1898. 29 p.
- _____. La vie, l’évolution et le matérialisme. Mémoire lu par l’auteur, Chs
Baillairgé, devant la Société Royale du Canada, à Ottawa, à la réunion
annuelle de la société, le 23 mai 1899. S.l., Société Royale du Canada, 1899.
37 p.
274
- _____. L’Antiquité de la terre et de l’homme. Mémoire lu par l’auteur, Chs
Baillairgé, devant la Société Royale du Canada, en mai 1899, à Ottawa. S.L.,
Société Royale du Canada, 1899. 20 p.
- _____. Bibliographie de M. C. Baillairgé, etc. Québec, s.é., 1899. 15 p.
- _____. Rapport de l’ex-ingénieur de la cité, des travaux sous le Maire, Hon.
S. N. Parent, et le conseil de ville actuel et sous les prédécesseurs durant le
dernier tiers de siècle : 1866 à 1889. Suggestions de certaines constructions
à faire, propres à rendre la ville attrayante et prospère. Québec, s.é., 1899.
90 p.
- _____. The human mechanism the most marvellous. Read before Section III
of the Royal Society of Canada at the May meeting, Ottawa, 1901. S.l., Royal
Society of Canada, 1901. 16 p.
- _____. A Summary of Papers Read at Different Times Before the Royal
Society of Canada, the Canadian Association of Civil Engineers and
Architects, and Literary, and Scientific Societies, or Which Have Appeared
Occasionally in Scientific and Other Publications. Being explanations of
certain physical phenomena of an apparently paradoxial nature. The solution
of mathematical, physical and engineering problems, etc. Québec, H. Chase
Printing, s.d. [vers 1903]. 43 p.
- _____. Rapport de l’Ingénieur de la cité pour 1890-1891. S.l., s.é., s.d. 38 p.
- Barnard, Édouard-André. L’Agriculture au point de vue de l’émigration et de
l’immigration. Montréal, La Minerve, 1872. 8 p.
- _____. L’agriculture de la province de Québec – comment l’améliorer. SaintHyacinthe, Le Courrier de Saint-Hyacinthe, 1896. 50 p.
- Beaulieu, Germain et Albert F. Winn. Insects of the Province of Quebec, Part
2, Diptera. S.d.
- Billings, Elkanah. Palaeozoic fossils. Montréal, Dawson Brothers, 2 volumes,
1865 et 1874.
- _____. Catalogue of the Silurian Fossils in the Island of Anticosti, with
description of some new genera and species. Montréal, Dawson Brothers,
1866. 93 p.
- Blanchet, François. Recherches sur la médecine, ou l’application de la chimie
à la médecine. New York, Imprimerie de Parisot, 1830. 246 p.
- Bouchette, Joseph. Description topographique de la Province du BasCanada, avec des remarques sur le Haut-Canada, et sur les relations des
deux Provinces avec les États-Unis d’Amérique. Londres, s.é., 1813. xv-664lxxxvi p.
- _____. Table of Trigonometrical Solutions of right angle plane triangles
computed on the logarithmic number 2,000,000 by Joseph Bouchette, junior
land Surveyor. Montréal, H. H. Cunningham, 1827. 12 p.
- Brunet, Louis-Ovide. « Appendice. Notes sur les plantes recueillies par lřabbé
Ferland sur les Côtes de Labrador, baignées par les eaux du Saint-Laurent, en
1858 », dans Le Foyer canadien. Recueil littéraire et historique. Première
partie. Québec, Bureau du « Foyer Canadien », 1863, p. 367-374.
275
- _____. Catalogue des plantes canadiennes contenues dans l’herbier de
l’Université Laval et recueillies pendant les années 1858-1865. Première
livraison. Québec, C. Darveau, 1865. 64 p.
- _____. Histoire des picea qui se rencontrent dans les limites du Canada.
Québec, s.é., 1866. 16 p.
- _____. Catalogue des végétaux ligneux du Canada, pour servir à
l’intelligence des collections de bois économiques, envoyées à l’exposition de
Paris, en 1867. Québec, C. Darveau, 1867. 64 p. On y trouve aussi une
grande feuille intitulée : « Catalogue dřéchantillons des bois des forêts du
Canada, avec leurs noms du pays, en français en anglais, et botaniques. »
- _____. Manière de préparer les plantes et autres objets de musée. S.l., s.é.,
s.d. 12 p.
- Burque, François-Xavier, abbé. Pluralité des mondes habités considérée au
point de vue négatif. Montréal, Cadieux & Derome, 1898. vii-407 p.
- Carrier, Joseph-Célestin, père. Histoire chimique et physiologique d’une
bouchée de pain. Montréal, s.é., 1890. 14 p.
- Chagnon, Gustave. Études préliminaires sur les Syrphides de la Province de
Québec. Chicoutimi, s.é., 1901. 75 p.
- _____. A preliminary list of the insects of the Province of Quebec : part III :
Coleoptera. Québec : s.é. 1917. P. 161-277.
- Chapais, Jean-Charles. Le jour de la fête des arbres. Programme de sa
célébration pour l’année 1885 et Conseils sur la plantation et le semis des
arbres forestiers. Québec, Association forestière de la province de Québec,
1885. 35 p.
- Choquette, Charles-Philippe. Rapport sur les stations agronomiques
d’Ottawa et de Guelph par une Commission spéciale autorisée à y faire
visite, en novembre 1888 … et Rapport de M. l’abbé C.-P. Choquette sur
diverses stations agronomiques des États-Unis. Saint-Hyacinthe, Cie
dřImprimerie de lřUnion, 1889. 20 p.
- _____. À la poursuite de l’éclipse de 1905. Montréal, Harbour et Dupont,
1908. 56 p.
- Comeau, Napoléon-Alexandre. Life and Sport on the Lower St. Lawrence and
Gulf. Containing chapters on salmon fishing, trapping, the folk-lore of the
Montagnais Indians and tales of adventure on the fringe of the Labrador
Peninsula. Québec, Daily Telegraph Printing House, 1909 (2e et 3e éditions :
1923 et 1954). 440 p. (La vie et le sport sur la Côte-Nord du Bas-SaintLaurent et du Golfe. La pêche au saumon et la chasse à la trappe. Légendes
des Montagnais. Récits d’aventures au Labrador. Québec, Éditions Garneau,
1945. 372 p.
- Couper, William. Investigation of a naturalist between Mingan and
Watchicouti, Labrador. Québec, s.é., 1868. 14 p.
- Crevier, Joseph-Alexandre et Auguste Achinte. L’Île Sainte-Hélène ; passé,
présent, avenir. Géologie, paléontologie, flore et faune. Montréal, Ateliers du
Journal « Le National », 1876. 101 p.
276
- Dalaire, Omer-Edmond. Les Mauvaises Herbes dans la province de Québec
et différents moyens de les détruire. Québec, Ministère de lřAgriculture,
1904. 144 p.
- _____. L’Égouttement du sol : le drainage. Québec, s.é., 1905.
- Dawson, John W. Origin and history of our life on our planet. An address
before the American Association for the Advancement of Science, at Detroit,
Michigan. Montréal, W. Drysdale, 1875. 26 p.
- _____. Fossil men and their modern representatives. Montréal, s.é., 1880.
viii-348 p.
- De Lisle, Augustin. (manuscrits) Essai, arbres, arbrisseaux et arbustes du
Canada dont le bois de service, les gommes, ont été présentés à l’Exposition
de Paris. 1855.
- _____ . Petite pharmacie végétale …. 1857.
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descriptif de la collection de cartes et coupes géologiques, livres imprimés,
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qui lui convient, etc. …, deux volumes. Québec, Joseph Darveau, 1862. 474 et
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et à vendre par Ls Morisset, à sa pépinière de Portneuf. Québec, s.é., 1864.
16 p.
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ordres, sous-ordres, tribus, familles, genres et espèces. Québec, C. Darveau,
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Québec, C. Darveau, 1874. 36 p.
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1877. 785 p.
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province de Québec. Volume 2 – Les Orthoptères, les Névroptères et les
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_____. Petite faune entomologique du Canada et particulièrement de la
province de Québec. Volume 3 – Cinquième ordre - Les Hémiptères. Québec,
Darveau, 1886. 354 p.
_____. Additions et corrections à la faune coléoptérologique de la province
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_____. Additions et corrections au volume 2 de la faune entomologique du
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_____. Les Mollusques de la province de Québec. Première partie - Les
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of Canada, Dawson, 1879. P. 93-190.
- _____. Mesozoic Fossils Vol. I Part 3. Montréal, Printed for the Government
of Canada, Dawson, 1884. P. 191-262.
- _____. Mesozoic Fossils Vol. I Part 4. Ottawa, S.E. Dawson, 1900. P. 263307.
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2. Manuels
- Holmes, John (?). Nouveau traité abrégé de la Sphère d’après le système de
Copernic, par demandes et par réponses. Nouvelle édition à l’usage du
Séminaire de Nicolet. Trois-Rivières, Ludger Duverney, 1824. 24 p.
(Deuxième édition en 1828.)
- Aubin, Napoléon. La Chimie agricole mise à la portée de tout le monde ….
Québec, W. Ruthven, 1847. 116 p.
- _____. Cours de Chimie. Québec, s.é., 1850.
- Baillairgé, Charles. Nouveau traité de géométrie et de trigonométrie
rectiligne et sphérique suivi du toisé des surfaces et volumes et accompagné
de tables de logarithmes des nombres et sinus, etc., naturels et
logarithmiques et d’autres tables utiles, ouvrage théorique et pratique illustré
de plus de 600 vignettes, avec un grand nombre d’exemples et de problèmes à
l’usage des Arpenteurs, Architectes, Ingénieurs, Professeurs et Élèves, etc.
Québec, C. Darveau, 1866, xlvii-728-108 p.
- _____. Clef du tableau stéréométrique Baillairgé. Nouveau système de toiser
tous les corps-segments, troncs et onglets de ces corps par une seule et même
règle, à l’usage des architectes, ingénieurs, arpenteurs, professeurs de
dessins, (…). Québec, C. Darveau, 1874. xlviii, 184, 41 p.
- _____. Key to the Stereometricon or application of the prismoidal formula to
all solids with tables of squares & squares roots, circumferences and areas
or circles to eights, tenths ans twelfths of unity. Québec, C. Darveau, 1876.
xliv-178-51 p.
- Barnard, Édouard-André. Une leçon d’agriculture. Causeries agricoles.
Montréal, Burland-Desbarats, 1875. vii-123 p.
- _____. Petit traité sur le dessèchement et le drainage des terres pouvant
servir de texte aux conférences des Cercles agricoles. Montréal, Eusèbe
Sénécal & Fils, 1887. 36 p.
- _____. Manuel d’agriculture. Montréal, Eusèbe Sénécal & Fils, 1895. 534 p.
- Bibaud, Michel. L’arithmétique en quatre parties, savoir : l’arithmétique
vulgaire,
l’arithmétique
marchande,
l’arithmétique
scientifique,
l’arithmétique curieuse, suivie d’un précis sur la tenue des livres de comptes
par M. Bibaud. Montréal, Nahum Mower, 1816. iv-199 p.
- _____. L’arithmétique à l’usage des écoles élémentaires du Bas-Canada, par
M. Bibaud. Montréal, Imprimerie de Workman et Bowman, 1832. 108 p.
(Deuxième édition en 1847. 108 p.)
- Bouthillier, Jean-Antoine. Traité d’arithmétique pour l’usage des écoles.
Québec, Joseph Neilson, 1809. 144 p. (Deuxième édition revue et corrigée.
Québec, Neilson Cowan, 1829. 171 p.; Quatrième édition. Québec,
Middleton, 1850. 170 p.; Septième édition. Québec, J. et O. Crémazie, 1858.)
282
- Brunet, Louis-Ovide, abbé. Énumération des genres de plantes de la flore du
Canada, précédée de tableaux analytiques des familles destinée à des élèves
qui suivent le cours de botanique descriptive donné à l’Université Laval.
Québec, G. & G.E. Desbarats, 1864. 45 p.
- _____. Éléments de botanique et de physiologie végétale, suivis d’une petite
flore simple et facile pour aider à découvrir les noms des plantes les plus
communes du Canada. Québec, P.-G. Delisle, 1870. 155 p.
- Burque, François-Xavier. Calcul des intérêts simples, de l’escompte, des
intérêts composés et des annuités. Par le moyen de Formules Algébriques et à
l’aide des logarithmes. Saint-Hyacinthe, Presses à pouvoir du « Courrier »,
1878. 22 p.
- Cauchon, Joseph. Notions élémentaires de physique, avec planches, à l’usage
des maisons d’éducation. Québec, s.é., 1841. 124 p.
- Chapais, Jean-Charles fils. Guide du sylviculteur canadien. Illustré de 126
gravures. Montréal, Eusèbe Sénécal & Fils, 1883. 193 p. (Réimprimé en
anglais en 1885 et 1891, et en français en 1890 et 1891.)
- Clercs Saint-Viateur. Cours élémentaire de botanique et d’agriculture.
Premier traité. Botanique. Par un des professeurs du Collège de Nicolet.
Berthier, Imprimerie de lřÉcho des Campagnes, 1848. 96 p.
- Cloutier, Jean-Baptiste. Recueil de leçons de choses. Québec, s.é., 1885. 356
p.
- Congrégation de Notre-Dame. Petite histoire naturelle, ou leçons sur les
minéraux, les plantes et les animaux qu’il est le plus utile de connaître.
Nouvelle édition revue et augmentée. Ouvrage en usage dans les pensionnats
des sœurs de la Congrégation de Notre-Dame et approuvé par Sa Grandeur
Mgr J. C. Prince, etc. Berthier, N.-E. Morel, éditeur-propriétaire, P.-J. Guitte,
Bureau de lřÉcho des Campagnes, 1847. 220 p.
- Dalaire, Omer-Edmond. Comptabilité agricole et domestique à l’usage des
écoles primaires et des cultivateurs. Québec, J.-A. Langlais, 1906. 79 p.
- Davy, Humphrey. Traduction libre et abrégée des leçons de chimie données
par le chevalier Humphrey Davy, à la société d’agriculture de Londres.
Édition de 1814. Dédiée aux sociétés d’agriculture du Bas-Canada.
Montréal, Chez James Lane, 1820. 123 p. (Traduit par A.G. Douglas)
- Dawson, John William. First lessons in scientific agriculture: for schools and
private instruction. Montréal, Lovell, 1864. 208 p.
- _____. Handbook of Zoology, with examples from Canadian Species, recent
and fossil. Montréal, Dawson, 1870. 304 p.
- _____. Handbook of geology for the use of canadian students. Montréal,
Dawson Brothers, Publishers, 1889. viii-250 p., ill.
- Direction of the Commissioners of National Education. First Book of
Arithmetic for the use of Schools, Dublin. Montréal, Ramsay, 1854. 142 p.
(Autres éditions en 1857, 1860, 1861, 1866)
- Evans, William. Traité théorique et pratique de l’agriculture, adapté à la
culture et à l’économie des productions animales et végétales de cet art en
Canada; avec un précis de l’histoire de l’agriculture et un aperçu de son état
actuel dans quelques-uns des principaux pays, et particulièrement dans les
283
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îles britanniques et le Canada. Montréal, Louis Perrault, 1836-37. xiv-325 p.
(Traduit pa Amury Girod.)
_____. Supplemantary volume to a treatise on the theory and practice of
agriculture, adapted to the cultivation and economy of the animal and
vegetable productions of agriculture in Canada. Montréal, L. Perreault, 1836.
315 p.
Frères des Écoles chrétiennes. Nouveau traité d’arithmétique à l’usage des
Écoles Chrétiennes des Frères. Montréal, C.P. Leprohon, 1838. 140 p.
_____. Traité d’arithmétique contenant toutes les opérations ordinaires du
calcul, etc., à l’usage des Écoles Chrétiennes. Montréal, Lovell et Gibson,
1847. 240 p.
_____. Solution des problèmes du Traité d’arithmétique avec leurs réponses,
à l’usage des Écoles Chrétiennes. Montréal, Lovell et Gibson, 1848. 80 p.
Holmes, Jean (John), abbé. Nouvel abrégé de géographie moderne suivi d’un
petit abrégé de géographie ancienne à l’usage de la jeunesse. Québec, 1831,
xii-51 p. (Deuxième édition, 1832, xii-159 p.; troisième édition, 1833, p.
xxxviii-161-277 p. (Traductions anglaise et allemande.)
_____. Nouvel abrégé de géographie moderne à l’usage de la jeunesse par
l’abbé Holmes. Revu, corrigé et considérablement augmenté par l’abbé L.O.
Gauthier. Montréal, J. B. Rolland & Fils, 1877 (9e édition). 330 p.
Huard, Victor-Alphonse, abbé. Traité élémentaire de zoologie et d’hygiène.
Québec, s.é., 1906 (nouvelle édition de 1905). vii-260 p.
_____. Abrégé de zoologie. Cours abrégé d’histoire naturelle, à l’usage des
maisons d’éducation. Québec, Imprimerie E. Marcotte, 1907. 130 p.
(Quatrième édition, 1913; cinquième édition, 1921)
_____. Abrégé de minéralogie. Québec, Imprimerie de la Cie de
lřÉvènement, 1912. 49 p. (Deuxième édition, 1915; troisième édition, 1923,
quatrième édition, 1924)
_____. Abrégé de botanique. Québec, Imprimerie de la Cie de lřÉvènement,
1912. 76 p. (7 éditions, 1912-1930)
_____. Abrégé de géologie. Québec, Imprimerie de la Cie de lřÉvènement,
1918 (nouvelle édition de 1912). 157 p.
_____ et Henri Simard. Manuel des sciences usuelles. Québec, E. Marcotte,
1907. 388 p. (sixième édition en 1924)
Ladreyt, Casimir. Nouvelle arithmétique raisonnée ou Cours complet de
calcul théorique et pratique à l’usage des Élèves des Collèges et des maisons
d’Éducation de l’un et de l’autre sexe, suivi de quelques leçons de
planimétrie et de stéréométrie, etc. Montréal, Imprimé pour le compte de
lřauteur, 1836. viii-120 p.
Laflamme, Joseph-Clovis-Kemner. Éléments de minéralogie, de géologie et
de botanique. Québec, 1879. 428 p.
_____. Éléments de minéralogie et de géologie. Québec, Éditeur Delisle,
1881. ix-288 p.
_____. Éléments de minéralogie, de géologie et de botanique. Québec, J.-A.
Langlais, 1885. x-428 p.
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- _____. Éléments de minéralogie, de géologie et de botanique. Québec,
Demers, 1898. vii-361 p.
- _____. Éléments de minéralogie, de géologie et de botanique. Québec,
Imprimerie de la Cie de lřÉvènement, 1907. viii-352 p.
- _____. Éléments de minéralogie, de géologie et de botanique. Québec,
Imprimerie de la Cie de lřÉvènement, 1912. viii-345 p.
- _____. Éléments de minéralogie, de géologie et de botanique. Québec,
Charrier & Dugal, 1919 et 1924. viii-352 p.
- _____. Notions sur l’électricité et le magnétisme. Québec, Imprimerie
générale A. Côté & Cie, 1893. 88 p. (Deuxième édition, 1896)
- Landry, Auguste-Charles-Philippe. Traité populaire d’agriculture théorique
et pratique. Montréal, Cie dřimprimerie canadienne, 1873. 319 p.
- Langevin, Jean-Pierre-François. Traité élémentaire de calcul différentiel et de
calcul intégral. Québec, Imprimerie dřAug. Côté et Cie, 1848. vii-117 p.
- Laroque, Gédéon. Manuel d’horticulture pratique et d’arboriculture fruitière.
Lévis, Mercier & Cie, 1880. 168 p. (Deuxième édition : Québec, J.-A.
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Fonds Germain Beaulieu (P203)
Fonds Léon Provancher (P206)
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Fonds de lřInstitut de botanique (E118)
Correspondance générale (E118/A1)
Frère Marie-Victorin (E118/E1; E118/E3)
Papiers Delisle (E118/E5)
Fonds Jean-Baptiste Meilleur (P 157)
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John William Dawson (MG 1022)
George Mercer Dawson (MG 1022)
Bernard James Harrington (MG 1022)
Gilbert Prout Girdwood (MG 1081)
Robert Bell (MG 2042)
Thomas Sterry Hunt (MG 2045)
William Edmond Logan (MG 2046)
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Fonds Édouard-A. Barnard (P321)
2- Archives gouvernementales
- Archives nationales du Québec à Québec
Fonds Charles Baillairgé (P1000, S3)
Fonds Joseph-Charles Taché (P1000, S4; P407, S3)
- Archives nationales du Québec à Montréal
Fonds A.-C.-P. Landry (P1000, D932)
Fonds Charles Robert W. Gordonsmith (P32, S4)
Fonds Carrie M. Derick (P653, S6)
- Bibliothèque et Archives Canada, archives privées
Fonds Robert Bell (MG29-B15)
Fonds Henry James Morgan (MG29-D61; MG29-G27)
Fonds Francis-Joseph Audet (MG30-D1)
Fonds Louis-Philippe Audet (MG30-D134)
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Fonds ministère des Affaires étrangères (MG5-A5)
- Archives nationales du Québec à Chicoutimi, Collection de la Société historique
du Saguenay
Fonds François-Xavier Gosselin (P165)
3- Archives privées
- Musée de la Civilisation
Fonds Séminaire de Québec (SME 9; SME 13)
Fonds Ch.-H. Laverdière (P11)
- Service dřarchives de la Province canadienne des Pères de Sainte-Croix
Fonds Joseph Célestin Carrier (QC316)
- Archives du Séminaire de Chicoutimi
Fonds Léon Provancher (C-5)
Fonds Victor-Alphonse Huard (C-11)
- Archives du Séminaire de Saint-Hyacinthe
Fonds de Mgr C.-P. Choquette (CH002)
II- Imprimées
1- Documents gouvernementaux
a) Documents parlementaires
- Canada. Documents sessionnels (1858-1865)
- Québec. Documents sessionnels (1867-1920)
b) Rapports annuels
- Canada. Rapport du Commissaire des Terres de la Couronne du Canada
(1859-1865)
- _____. Rapports du ministre de l’agriculture de la province du Canada
(1859-1865)
- _____. Exploration géologique du Canada. Rapport de progrès (1858)
- _____. Rapport annuel de Pierre Fortin, écuyer, magistrat commandant
l’expédition pour la protection des pêcheries, dans le golfe St.Laurent
(1860-1861; 1863-1863)
- _____. Rapport annuel de Pierre Fortin, Esr., magistrat stipendiaire pour
la protection des pêcheries dans le golfe St.Laurent à bord « La Canadienne
» (1864-1865)
- _____. Résumés des rapports sur les pêcheries (1863)
- _____. Rapport du surintendant de l’éducation pour le Bas-Canada (18601863; 1865)
- Québec. Rapport du Commissaire des Terres de la Couronne de la
province de Québec (1868-1896)
288
- _____. Rapport du Commissaire de la Colonisation et des Mines de la
province de Québec (1897-1901)
- _____. Rapport général du Ministre de la Colonisation, des Mines et des
Pêcheries de la province de Québec (1906-1920)
- _____. Opérations minières dans la province de Québec (1899-1908)
- _____. Rapport du Commissaire des Terres, Forêts et Pêcheries de la
province de Québec (1897-1901)
- _____. Rapport du Ministre des Terres, Forêts et Pêcheries de la province
de Québec (1902-1905)
- _____. Rapport du Ministre des Terres et Forêts de la province de Québec
(1906-1920)
- _____. Rapport général du Commissaire de l’Agriculture et des Travaux
publics de la province de Québec (1868-1887)
- _____. Rapport général du Commissaire de l’Agriculture et de la
Colonisation de la province de Québec (1888-1896)
- _____. Rapport du Commissaire de l’Agriculture de la province de
Québec (1897-1900)
- _____. Rapport du Ministre de l’Agriculture de la province de Québec
(1901-1920)
- _____. Rapport de la Société d’Industrie laitière de la province de
Québec. Supplément au rapport de l’honorable Commissaire de
l’Agriculture et de la Colonisation (1887-1920)
- _____. Rapport du Ministre de l’Instruction publique de la province de
Québec (1867-1875)
- _____. Rapport du Surintendant de l’Instruction publique de la province
de Québec (1875-1920)
- _____. Rapport du Conservateur du Musée du Département de
l’Instruction publique (1887-1889)
- _____. Bureau des statistiques – Province de Québec (1914-1920)
2- Documents d’organismes privés
a) Rapports annuels
- Report of the Montreal Horticultural Society and Fruit Growers’
Association of the Province of Quebec, for the year ... (1877-1878)
- Rapport annuel de la Société d’Horticulture de Montréal et de
l’Association des horticulteurs fruitiers de la province de Québec (18901894)
- Rapport annuel de la Société de pomologie et de la culture fruitière de la
province de Québec (1896-97, 1899-1920)
- Rapport annuel de la Société de Québec pour la Protection des Plantes
contre les Insectes et les Plantes parasites (1908-1910)
- Rapport annuel de la Société de Québec pour la Protection des Plantes
contre les Insectes et les Maladies fongueuses (1910-1920)
289
3- Médias
a) Journaux
- L’Album industriel, supplément à La Presse (1894-1895)
b) Revues et périodiques
- Le Canada-français (1888-1891)
- La Nouvelle-France (1902-1918)
- La Kermesse (1892-1893)
- Almanach de l’Action Sociale Catholique (1917-1926)
- Le Pays Laurentien (1916-1918)
- Transactions of the Literary and Historical Society of Quebec (1829-1917)
- La Revue canadienne. Journal scientifique et littéraire, (…) (1844-1845;
1848)
- La Semaine. Revue religieuse, pédagogique, littéraire et scientifique
(1864)
- L’Écho de la France. Revue étrangère de science et de littérature (18651870)
- La Gazette des campagnes. Journal illustré, d’enseignement pratique et
populaire d’agriculture et de colonisation (1861-1871)
- Le Naturaliste canadien (1868-1891; 1894-1920)
- The Canadian Naturalist and Geologist (1859-1869)
- The Canadian Naturalist and Quarterly Journal of Science (1870-1883)
- The Canadian Record of Science (1884-1916)
- La Science populaire. Revue scientifique et industrielle illustrée dédiée
aux personnes de toutes conditions (1886-1887)
- Mémoires et comptes rendus de la Société Royale du Canada/Proceedings
and Transactions of the Royal Society of Canada (1882-1893; 1895-1906;
1907-1920)
- L’Observateur naturaliste. Bulletin de recherches et d’observations sur les
3 règnes de la nature (1904; 1907)
- Revue Trimestrielle Canadienne (1915-1920)
4- Articles et monographies
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