Évaluation environnementale et gestion durable des ressources

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Évaluation environnementale et gestion durable des ressources
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Évaluation environnementale et gestion durable des ressources forestières
de la réserve transfrontalière du Mayombe : cas de la Réserve de Biosphère de Dimonika
Mesmin TCHINDJANG
Enseignant, Université de Yaoundé I
Cameroun
Jean François BIZENGA
Centre de Recherche Géographique et de Production Cartographique
Mesmin TCHINDJANG
Mesmin Tchindjang est géographe, de formation initiale et titulaire d'un doctorat en géomorphologie obtenu en
1996 à l'Université de Paris 7. Il a en outre suivi une formation de mastère professionnel en technique et méthodes
de gestion numérique de l'Information environnementale en 2002, puis deux ateliers de télédétection en Afrique
du Sud et en Italie en 2005 et 2006, une formation sur les changements climatiques dans le cadre forestier en 2009.
Il a monté le programme de Master du CRESA qu'il a coordonné depuis 2005 jusqu'à 2011. Il a également monté le
programme de formation en licence professionnelle « eau et environnement » d'Ebolowa en 2009. Actuellement il
est responsable de la filière EIE au CRESA où il coordonne sur le plan technique les activités des séminaires MOGED.
Ses activités d'enseignement en Évaluation environnementale et ses expériences dans quelques EIE réalisées en
même temps que l'encadrement des stagiaires dans des domaines environnementaux sont en connexion étroite
avec les thématiques du colloque.
Résumé
Le massif du Mayombe, partagé entre la République Démocratique du Congo, le Congo Brazzaville, le Gabon et
l’Angola dispose d’importantes ressources forestières, réparties sur les trois aires protégées que sont : la Réserve
de Luki en République Démocratique du Congo, la Réserve de Dimonika au Congo et la zone de Cacongo en Angola.
Afin de contribuer à la préservation et à la restauration de l’intégrité des écosystèmes dans le bassin du Congo, aux
fins d’un développement régional durable, ainsi que d’amélioration des moyens d’existence des populations, ces
trois pays se sont engagés dans la création d’une réserve transfrontalière.
L’écosystème forestier du Mayombe peut jouer un rôle important dans la compréhension du réchauffement
climatique, même s’il n’a jamais fait l’objet d’une évaluation environnementale. Les travaux de recherche qui y sont
conduits visent à mieux comprendre les processus d’évolution biologique des espèces et ceux liés aux changements
climatiques mondiaux.
La mise en place d’une réserve transfrontalière pour un développement durable de ses ressources forestières exige
au préalable à une évaluation environnementale stratégique. Celle-ci, tout en s’appuyant sur le profil
environnemental de chacune de ces réserves, devrait prendre en compte la juste mesure du changement
climatique et de ce qu’il implique en matière d’adaptation, afin de pouvoir l’intégrer dans le processus décisionnel.
C’est dans ce cadre que des investigations ont été réalisées dans la réserve de biosphère de Dimonika. Les résultats
obtenus à ce jour ont permis de dégager la place et l’importance des outils de la géomatique dans la connaissance
de la dynamique multispatiale et multidate des ressources forestières en adéquation avec les activités
anthropiques. Avec ces mêmes outils seront explorés en fonction des images thermiques disponibles les influences
du climat sur cette réserve et les mécanismes permettant en temps utiles de concevoir des scénarios d’adaptation
pour ce massif et les peuples environnants.
Ces recherches ont permis aussi d’établir l’interrelation entre les aspects socio-économiques, biophysiques et les
enjeux environnementaux pour l’élaboration du profil environnemental de la réserve de biosphère de Dimonika.
L’ensemble de ces résultats devrait être expérimenté dans la réserve de la Luki et dans la zone de Cacongo en vue
de l’élaboration de l’évaluation environnementale stratégique de la réserve transfrontalière du Mayombe, dont les
informations serviront à élaborer les plans et programmes d’un développement intégré orienté vers la mise en
place d’un Observatoire du Mayombe.
Introduction générale
Contexte et problématique
La République du Congo est un pays de l’Afrique Centrale qui, avec une superficie de 342.000 km2, dispose d’une
forêt qui couvre selon les critères de la FAO près de 65% du territoire national, soit 22.235.000 ha (FAO, 1994).
Cette couverture congolaise représente 12,4 % des forêts du Bassin du Congo et 12 % des forêts denses d’Afrique
Centrale. Les forêts congolaises sont réparties entre 3 principaux massifs : le Mayombe dans le Kouilou (1,5 million
ha), le Chaillu dans le Niari (3,5 millions ha), situés au sud du pays, puis le massif nord – Congo (17 millions ha),
(FOSA, 2007).
Le massif du Mayombe (15 000km est 1,5 million d’ha) fait partie du bourrelet marginal liminaire du socle d’Afrique
Centrale. Il est composé d’une forêt dense multi étagée qui abrite une importante et riche biodiversité à forte
concentration de primates. Cette chaîne montagneuse se trouve répartie sur quatre aires protégées :
 la réserve de biosphère de Luki (République Démocratique du Congo);
 la réserve de la Lopé (République du Gabon);
 la réserve de biosphère de Dimonika ( République du Congo);
 la zone de Cacongo ( République de l’Angola);
Avec l’appui de l’UICN, le PNUE et le Royaume de Norvège, l’initiative transfrontalière du Mayombe a été lancée
les 16 – 17 avril 2009 à Kinshasa (RDC) en de la conservation des ressources génétiques de cet important site de la
biodiversité. En effet, le but de cette réserve transfrontalière est la préservation de l’intégrité des écosystèmes
dans le bassin du Congo en vue d’un développement durable ainsi que l’amélioration des conditions des
populations riveraines.
Le Congo dispose d’un réseau de 18 aires protégées pour une superficie de 3.665.402 ha représentant 11,6 % du
territoire national. Si à travers le RAPAC, le Congo dispose actuellement d’une réserve contiguë en l’occurrence
Dimonika, le Programme MAB lui a octroyé le statut de réserve de la biosphère selon les dispositions du chapitre 19
du protocole de candidature de l’UNESCO :
 une carte de base pour les études de terrain;
 une carte de zonage au 1/25.000eme ou 1/50.000eme;
 une carte de végétation ou de la couverture des sols
Toutefois, le développement durable de cette réserve transfrontalière passe nécessairement par la réalisation
d’une évaluation environnementale stratégique, et ce, dans la perspective de la mise en place d’un Observatoire du
Mayombe. Pour y parvenir, cette réserve de biosphère de Dimonika devrait disposer d’un profil environnemental
qui représente un outil de durabilité et une base d’informations qui met en relation le développement,
l’environnement, les impacts et les risques engendrés par les activités y afférentes.
Problématique
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La réserve de Biosphère de Dimonika, objet de notre étude a été créée par décret 88-181 du 1 mars 1988. D’une
superficie de 136000ha, cette Réserve est située dans le District de Mvouti/ Département du Kouilou. Elle constitue
un terrain de prédilection pour les études des interactions forêt – atmosphère. La réserve de biosphère de
Dimonika (figure 1) a bénéficié avant sa création du projet Mayombe (PNUD/UNESCO PRC/85/002 et PRC/88/003)
qui a généré de nombreux travaux de recherche et des enquêtes dans les domaines de la botanique, la zoologie, la
climatologie, la pédologie, l’hydrologie, les aspects socio-économiques. Cette réserve détient 52 des grands
mammifères du Congo. Elle dispose à ce jour d’une gamme importante de données pertinentes qui peuvent
renseigner sur la localisation des ressources forestières et servir de base pour le profil environnemental de
Dimonika.
Figure 1 : La réserve de Biosphère de Dimonika
Comme toutes les aires protégées de l’Afrique Tropicale, la réserve de biosphère de Dimonika n’a jamais fait
l’objet d’une étude d’impact environnemental et social, encore moins depuis d’un audit environnemental. De plus,
l’absence d’un référentiel cartographique fiable ne permet pas une localisation précise des ressources forestières.
Par ailleurs, ces données thématiques qui ne sont ni structurées, ni organisées et par essence non spatialisées
rendent leur exploitation difficile dans un contexte de la dynamique géo spatiale. Cependant, cette aire protégée,
comme dans la plupart des pays africains, souffre d’une insuffisance d’outils d’aménagement. Jusqu’à l’heure
actuelle, Dimonika ne dispose ni d’un plan d’aménagement encore moins d’indicateurs pour évaluer ses progrès
vers l’atteinte du développement durable
Dans la perspective de la création de la réserve transfrontalière, aucune action orientée vers un audit
environnemental n’a été envisagée. Ainsi, exposée à de nombreuses pressions et en dépit de la haute valeur
écologique de ses ressources forestières, puis, en tenant compte de l’existant, la réserve se trouve confrontée à de
nombreux problèmes entre autres :
 la dimension non spatiale de ses données;
 la non-structuration des données;
 l’exploitation anarchique des ressources.
Conscients de ces difficultés et dans le but d’aider les décideurs à disposer des informations pouvant garantir une
gestion durable des ressources, nous avons eu recours aux outils de la géomatique et d’évaluation
environnementale. La géomatique recouvre un champ d’activités scientifiques et techniques qui intègre, selon une
approche systémique, l’ensemble des moyens d’acquisition et de gestion des données à référence spatiale utilisés
dans le processus de production et de gestion de l’information environnementale sur un territoire.
L’évaluation environnementale quant à lui est un terme générique qui désigne un ensemble de processus visant la
prise en compte de l’environnement dans la planification des opérations ou du développement de projets, de plans,
de programmes ou de politiques, tant en ce qui concerne l’État que l’entreprise. C’est un processus systématique qui
consiste à évaluer et à documenter les possibilités, les capacités et les fonctions des ressources des systèmes
naturels et des systèmes humains afin de faciliter la planification du développement durable et la prise de décision
en général, ainsi qu’à prévoir et à gérer les impacts négatifs et les conséquences des propositions d’aménagement
en particulier.
Les travaux amorcés sur la réserve de Dimonika visent ainsi un triple objectif :
 disposer des outils de gestion des données spatiales et géoréférencées;
 organiser et structurer l’existant de la Réserve en prenant en compte toutes les parties prenantes (co
construction des indicateurs);
 disposer pour la réserve d’un profil environnemental orienté vers une approche intégrée de la réserve
transfrontalière du Mayombe.
Après avoir caractérisé le milieu physique et socio économique de cette réserve de la Biosphère, nous allons
présenter le matériel et les méthodes utilisées pour arriver aux résultats de cette étude.
1 - Milieu physique du Mayombé
Globalement, l’environnement physique de la Réserve de Biosphère de Dimonika se confond à celui de la chaîne du
Mayombe et présente les caractéristiques physiques listées à la suite.
1.1 - Relief
Le Mayombé est une ancienne chaîne plissée lors de l’événement thermotectonique Panafricain de la fin du
Précambrien. Cette chaîne de montagnes s’est rajeunie depuis le Crétacé par des soulèvements et un basculement
vers le sud-ouest qui ont entraîné une reprise d’érosion qui explique la vigueur du relief, malgré la modestie des
altitudes, dans l’est de la chaîne (UNESCO /PNUD, 1986). Le relief du Mayombe est de type appalachien et l’aspect
montagneux du Mayombe se manifeste davantage par sa topographie tourmentée aux reliefs très pentus que par
son altitude qui reste modeste (800-1500 m). Le relief du Mayombe peut être divisé en trois parties :
 le Mayombe septentrional qui s’étend au-delà des gorges du Kouilou entre N’Tima et Kakamoeka, forme la
région montagneuse de Ndola. Cette dernière partie se poursuit au Gabon;
 le Mayombe méridional, qui s’étend à l’intérieur du Cabinda et du Zaïre, forme dans sa partie nord
orientale la chaîne de Kimongo (800 m) et sert de frontière entre le Cabinda et la République Populaire du
Congo. Celle-ci culmine au nord au Mont Lihoumbou;
 le Mayombe central, qui a pour arête orientale la chaîne de Bamba (810 m) ; il s’étend au nord jusqu’au
Kouilou. C’est cette partie qui fait l’objet du programme de développement du Mayombe entrepris par le
gouvernement du Congo.
1.2 - Climat
Selon Tabka (1988) le Mayombe est caractérisé par un climat soudano-guinéen de type bas congolais, caractérisé
par deux saisons : une saison sèche avec un flux d’air océanique atlantique (mousson), une saison des pluies avec
un flux d’air océanique plus chaud dont la moyenne annuelle est de 1500 mm d’eau. Il existe une corrélation entre
les températures et les précipitations (figure 2), tel que le montrent les observations réalisées par le laboratoire de
physique et de l’atmosphère, couvrant la période 1979-1984. L’humidité relative dans le Mayombe est plus grande
en saison sèche qu’en saison des pluies
300
35
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30
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Températures
Précipitations
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Précipitations
Diagramme Ombrothermique
Mois
Figure 2: Diagramme ombrothermique à Dimonika. 1979-1984 (Source, Bizenga, 2008)
1.3 - Hydrologie
Le Mayombe constitue une véritable barrière entre le bassin sédimentaire côtier et la vallée du Niari. Caché sous
ses grands arbres touffus, le réseau hydrographique de Dimonika est suffisamment dense et rappelle une véritable
toile d’araignée (figure 3). Le réseau hydrographique du Mayombe s’organise autour de nombreux cours d’eau: le
Kouilou, alimenté par Mpassi-Mpassi, la Loubomo, la Ngoma-na-Ngoma, la Loukemba, la Mondji, la Ntombo et la
Loémé.
Figure 3 : Esquisse hydrographique de la réserve de Biosphère de Dimonika
Source : Extrait du plan de zonage de la réserve de Biosphère de Dimonika, GERDIB, 2007)
1.4 - Flore
La flore du Mayombe est très insuffisamment connue et les études menées sont générales. À l’intérieur du
Mayombe congolais, on peut distinguer trois secteurs, aux limites souvent floues et avec des enclaves réciproques :
un secteur forestier avec cinq sous-secteurs; une mosaïque de forêts dégradées et de savanes de substitution; un
mélange sublittoral dominé par des savanes secondaires et des pseudo-steppes de dégradation extrême (Senechal
et al, 1989). Selon les mêmes auteurs, il existe 662 genres et 1305 espèces dans le Mayombe. La forêt yombe se
classe à la limite entre les forêts sempervirentes à Strombosio Parinarietea et plus particulièrement à
Gilbertiodendretalia dewevrei et les forêts semi-caducifoliées des Piptadenio-Cetidetalia.
1.5 - Faune
La forêt ombrophile du Mayombe abrite une faune abondante et variée, particulièrement bien adaptée à son
biotope. Dans le Mayombe, plus de 500 espèces d’insectes ont été inventoriées. (Senechal et al, 1989). Plusieurs
études importantes sont demeurées, pour des raisons diverses, inédites ou ont paru dans des publications peu
diffusées et difficiles à se procurer.
2 - Données socio-économiques
Selon Oyo (1989), la création de la Réserve de Biosphère de Dimonika n’a pas fait l’objet d’une étude sur la
perception de la préservation de l’environnement des populations locales. Les réponses ci-dessous obtenues à la
suite de l’enquête menée par ce denier sont très significatives dans la compréhension de la situation actuelle de la
réserve et singulièrement de la vision que les populations ont de celle-ci :
 pour 81,7 % la création de la RBD n’a pas fait l’objet d’une large explication;
 26,7 % seulement savent la date de la création de la réserve;
 68,3 % ne connaissent pas les différentes zones de la réserve;
 61,7 % reconnaissent qu’il n’y a pas de stratégie pour la mise en valeur de la forêt;
 pour 60 % les conditions imposées aux populations par la création de la RBD sont trop dures;
 pour 85 % la création de la réserve n’a rien changé dans l’esprit des populations;
 75 % ne tirent pas d’avantages dans la réserve;
 47 % des autochtones exercent la pression sur la réserve;
 la zone délimitée pose de problèmes aux populations.
La RBD dont le village central est Dimonika (photo 1) est très fréquentée. Ainsi, il y a lieu de relever que la moitié de
la population du Mayombe vit dans les bourgs de gare et dans les villages satellites. Au regard de nombreuses
activités qu’on y rencontre, on retrouve dans la réserve de biosphère une variété de populations qui proviennent
des autres districts de la région du Kouilou. En outre, il y a lieu de relever qu’une bonne partie des habitants de la
réserve provient de la République Démocratique du Congo et de la République d’Angola. Les axes de peuplement
principal demeurent le Chemin de Fer Congo Océan (CFCO) et la route nationale N°1. (Senechal et al, 1989).
Photo 1 : Village de Dimonika. Source : KAMPE Jean-Pierre, chercheur au GERDIB
3 - Matériels et méthodes
Pour amorcer le travail réalisé dans cette réserve, nous avons disposé d’un matériel diversifié. Compte tenu du
caractère scientifique et des enjeux de conservation, nous avons procédé d’abord à une acquisition des images
Landsat de la cette réserve dès 2008 depuis le site de Maryland. Par ailleurs, des images Radars ERS1 et 2 et
RADARSAT sont en cours d’acquisition pour la suite des études à mener. Le traitement des images ainsi acquises
s’est effectué sous les logiciels Envi 4.0 pour le traitement des données rastérielles optiques, Global Mapper 11,
puis Arcview.3.2 et ARCGIS 10 pour le traitement des données vectorielles. Par ailleurs, avec le logiciel POWER AMC
Designer 6.0, une base de données a été conçue (Modèle conceptuel, logique et physique), puis implémentée sous
Access 2003.
Pour ce qui est de l’exploitation des données analogiques et vectorielles, l’opération a consisté uniquement à
numériser l’ensemble des différentes esquisses collectées sur la réserve. Ensuite, nous avons extrait à partir des
fichiers obtenus auprès du CNIAF, les éléments vectoriels tels que le réseau hydrographique et les voies de
communication. Ces fichiers ont été découpés en recourant aux fonctionnalités d’ArcView, à savoir le « clipping ».
Nous avons aussi obtenu au niveau du CNIAF un fichier sur les limites de la RBD.
Quant à l’exploitation visuelle des documents cartographiques, sur la base du texte portant création de la RBD,
nous avons exploité les cartes existantes, afin de vérifier la représentativité graphique des différentes zones. En
outre, une attention a été particulièrement accordée aux discordances contenues dans ces cartes et qui concernent
les limites des zones. Dans la perspective de susciter une réflexion sur la nécessité de disposer d’une réelle carte de
zonage consensuelle, nous avons réalisé une proposition de carte en prenant pour document de base la carte de la
e
Réserve de Biosphère de Dimonika au 1/100 000 .
Enfin, les images Landsat ont fait l’objet d’un traitement au cours duquel nous avons procédé par segmentation de
l’image satellitale 184r063 (canaux utilisés 4,5, 6; résolution spatiale 30m, couverture nuageux 35). Puis a suivi la
Classification par la méthode de maximum de vraisemblance (filtrage par analyse majoritaire, élimination des pixels
et homogénéisation des classes thématiques), la génération des contours des classes thématiques (forêt dégradée,
forêt dense, savane), la production des cartes des ressources, carte des menaces (etc.) de la réserve pour l’aide à la
décision.
4 - Résultats
4.1 - Réalisation et implémentation de la base de données
La première partie de notre travail a consisté en l’élaboration d’une base de données dont le menu principal se
trouve présenté dans les figures 4& 5.
Figure 4 : menu de la base de données de la réserve de Biosphère de Dimonika telle qu’implémentée sous ACCESS.
Plusieurs catégories d’objet ont fait l’objet de cette base de données parmi lesquelles 5 ont retenu notre attention
et ont été classées en entité comme le montre la figure 5.
Figure 5: Les cinq principales entités du menu contextuel de la base de données
4.2 – Traitement de l’image Landsat et localisation des activités autour de l’aire protégée
Après la segmentation de l’image, le second moment de notre travail a consisté en l’élaboration d’une carte de la
végétation, celle du réseau hydrographique et une autre d’affectation des sols.
Figure 6 : Classification générale de la végétation de la RB Dimonika à partir de l’image satellitale Landsat de 2001
Cette image traitée montre tout de même une couverture forestière très faiblement dégradée dans la partie
méridionale de la réserve de Dimonika alors que la partie septentrionale apparaît bel et bien attaquée et se résout
en une mosaïque de forêt savane. Les raisons en sont que des permis avaient été accordés avant le classement à
des sociétés de prospections minières. Dès lors, l’orpaillage est devenu une importante activité qui va à l’encontre
de la conservation. Il en est de même de l’exploitation forestière puis que nous avons constaté que des concessions
forestières entourent cette réserve.
Pour ce qui est de l’exploitation de l’or, la carte de prospection élaborée par la société SAMAX montre que les sites
proposés se trouvent au cœur même de la zone dite de conservation, où ne peuvent se mener que des activités de
recherche (figure 7). On comprend dès lors qu’une évaluation environnementale stratégique appuyée par la
géomatique décisionnelle l’aurait aidé à prendre une option éclairée sur son intervention dans la réserve. Le choix
des zones de prospection, qui implique nécessairement la prise en compte à la fois des données descriptives et
cartographiques, ne peut pas se baser sur la seule description du milieu physique, car elle est dans beaucoup de cas
insuffisante sinon limitative.
Figure 7 : Localisation de quelques sites de prospection minière aurifère à l’intérieur de la Réserve de Biosphère de
Dimonika. (source : Carte de zonage RBD SAMAX et GERDIB, 2007). Dimonika étant une zone qui dispose de
nombreuses ressources minières, elle est soumise à une forte exploitation minière traditionnelle. La compagnie
SAMAX spécialisée dans la recherche et l’exploitation d’or et de substances connexes, a disposé dans les années 90
d’un titre minier couvrant une superficie de 105.000 ha et dont la plus grande partie était située dans les limites de
la Réserve de la biosphère de Dimonika (Tabka, 1997)
Ainsi, par exemple, le croisement de certaines couches telles que celles du zonage, d’occupation des sols, de la
végétation, des villages pouvait permettre de comprendre l’état exact des zones susceptibles d’être prospectées et
fournir des informations précises sur leur sensibilité. Toutes ces opérations sont possibles en utilisant le SIG
(Gianluigi Giacomel, 2003). En outre, l’exploitation des données non spatiales provenant de la base de données
relationnelle serait un apport essentiel sur la connaissance réelle de l’état de la réserve et de ses occupants. Il se
dégage donc à la lumière de cet exemple, que pour l’évaluation environnementale, l’usage de ces deux outils est
d’un grand intérêt pour des décisions judicieuses à prendre.
Pour ce qui est de l’exploitation forestière, actuellement, la RBD est presque entièrement cernée d’unités
forestières d’exploitation qui, pour l’ensemble, ne sont pas aménagées. Bien que celles-ci aient été gelées en 1988,
elles ont permis la création des pistes forestières qui sont fortement utilisées par les braconniers. Les populations
pratiquent l’agriculture, la chasse et la pêche. L’agriculture du Mayombe joue un rôle important dans le système
alimentaire congolais, en tant que principale source de banane douce et en tant que pourvoyeuse de manioc pour
Pointe-Noire. Quant à l’élevage, Batalou Mbetani (1989) souligne qu’il est de type familial et se limite aux petits
ruminants, porcins et à la volaille.
Certes nous n’avons pas pu l’illustrer, mais en nous appuyant sur l’exemple de la Réserve de Biosphère du Dja au
Cameroun (figure 8), on peut comprendre et constater que les mêmes causes produisant les mêmes effets, on doit
revoir en Afrique Centrale les systèmes et les politiques de conservation qui apparaissent comme souvent
imposées de l’extérieur sans la volonté des États eux-mêmes.
Figure 8 : Activités minières et exploitations forestières et agricoles autour de la réserve de Biosphère du Dja au
Cameroun. Source Makambou Kamdem, 2011)
En terme d’activités économiques, Dimonika, d’abord chantier d’orpaillage (figure 7), est devenu ensuite un grand
chantier forestier dont les grumes sont chargées à la gare de Pounga, créée spécialement pour le transport du bois.
Actuellement, la RBD est totalement entourée d’unités forestières d’exploitation qui, pour l’ensemble, ne sont pas
aménagées. Bien que celles-ci aient été gelées en 1988, elles ont permis la création des pistes forestières qui sont
fortement utilisées par les braconniers. Par ailleurs, la construction d’une bretelle de 4km de route nationale (RN1)
aggrave cette situation déjà déplorable à laquelle on peut ajouter la pratique de la chasse au sein de la zone
centrale.
Une telle situation dans laquelle des activités réputées non durables sont entreprises dans une aire protégée,
menace ou hypothèque toutes les mesures de conservation mises en place. Par conséquent, par conséquent, il
existe une non-conformité entre l’exploitation de l’or et l’exploitation forestière et la stratégie de Séville qui tente
d'identifier le rôle spécifique que les réserves de biosphère peuvent jouer dans le développement d'une nouvelle
conception des relations entre la conservation et le développement
De cette situation découle la nécessité d’une évaluation environnementale stratégique régionale dont notre
diagnostic actuel en pose les bases en termes de pression et d’enjeux environnementaux. Les principales pressions
sur la réserve sont liées aux ressources minières ( zone tampon); aux ressources fauniques ( zones centrales et
zone tampon 2); et aux ressources floristiques (zone périphérique). Les enjeux environnementaux identifiés sont
centrés sur l’exploitation minière artisanale; l’exploitation forestière, la chasse incontrôlée, la dégradation des
terres et la pauvreté (précarité des conditions de vie) et la participation des populations de Dimonika. Les impacts
identifiés à ce stade sont contenus dans le tableau 1
Tableau 1 : Quelques impacts sommaires identifis
Activités sources d’impact : exploitation minière, exploitation forestière etc.
Impacts identifiés
Mesures d’atténuation, de compensation ou de bonification
Perte de la biodiversité
Faire un inventaire systématique du site des exploitations forestières et
minières et proposer des zones de réinsertion des espèces menacées
d’extinction;
Destruction des sols, perte de
Faire respecter la loi, identifier d’autres sites d’exploitation hors réserve de
l’esthétique du paysage
Dimonika
Pauvreté et recrudescence du
Promouvoir les élevages d’aulacode, du lapin etc., développer
braconnage de la faune
l’écotourisme, le géotourisme
Retombées économiques et
Susciter et créer des emplois pour les locaux et les riverains, et former les
emplois locaux
guides locaux pour le tourisme et d’autres activités alternatives
rémunératrices
Devant de telles menaces, l’aire protégée peut perdre son statut de réserve de la Biosphère. Or une relance de la
conservation s’impose et celle-ci ne peut s’effectuer sans la mise en place du profil environnemental.
4.3 – Vers le Profil Environnemental
Le profil environnemental d’une aire protégée est un document qui vise le double objectif d'identification et de
hiérarchisation des enjeux environnementaux et de diffusion de la connaissance sur l'environnement de cette aire
protégée. Il comporte trois parties :
 un diagnostic de la situation environnementale dans ses toutes ses dimensions
 une définition des enjeux environnementaux régionaux et des orientations stratégiques qui en découlent
 une liste d'indicateurs permettant le suivi de l'évolution de ces enjeux.
Ce document comprend un diagnostic à l’échelle régionale de l’état de l’environnement dans ses multiples
dimensions, la définition des enjeux prioritaires auxquels il convient de répondre, ainsi qu’une liste d’indicateurs
qui devront permettre de juger de l’impact des actions menées. Mieux, il constitue un cadre de référence du
dispositif de suivi et d’évaluation des politiques publiques dans cette région du Congo. Il permet de sensibiliser les
acteurs aux multiples facettes des enjeux environnementaux et de faciliter l’appropriation des pratiques
respectueuses de l’environnement.
En outre, ce profil environnemental doit permettre d’identifier les enjeux du territoire dans le domaine de
l’environnement, ainsi que les indicateurs régionaux permettant de les caractériser et de les suivre. À ce titre, il
constitue le document de référence dans le cadre de la mise en œuvre des procédures d’évaluation
environnementale et assure l’intégration de l’environnement dans les politiques de planification. Il représente par
ailleurs un outil de diffusion de la connaissance des enjeux environnementaux. Le profil est un diagnostic
environnemental, qui liste et met à disposition de tous, mais en particulier des décideurs, élus, techniciens et
aménageurs les points forts et faibles d’un territoire au regard de l’Environnement, via des indicateurs d’État,
pressions, et réponses, de tendances évolutives, des faits saillants. En trois point :



un diagnostic présentant une synthèse de l’état des composantes environnementales (eau, air, sol,
biodiversité, réseau écologique, ressources naturelles, pollutions, risques et cadre de vie) avec atouts &
opportunités, contraintes, menaces & faiblesses. Le diagnostic environnemental a pour finalité d’identifier
les enjeux majeurs ainsi que les orientations stratégiques qui en découlent pour la prise en compte de
l’environnement dans les politiques publiques;
une définition locale des enjeux, des actions stratégiques et des indicateurs; dans celle-ci, la question de
l’énergie va se poser et rejoindre des préoccupations sur le changement climatique, contre lequel il
convient de s’adapter par l’utilisation rationnelle de l’énergie et le développement des ressources
énergétiques
une approche sociétale établissant une synthèse identifiant les pressions humaines et les réponses
apportées par les différents acteurs.
Ce profil environnemental de la réserve de biosphère de Dimonika passe obligatoirement par un audit
environnemental de la situation actuelle et une carte de zonage qui permettront l’appréhension de la dynamique
géospatiale des ressources forestières et de possibles influences anthropiques Mieux, en réalisant un état de santé
environnementale du territoire via d’établir un diagnostic de la situation environnementale de l’aire protégée
notamment: l’état des milieux et des ressources, les pressions environnementales, ainsi que les réponses apportées
par les collectivités et leurs partenaires aux problématiques environnementales locales, les enjeux
environnementaux majeurs seront hiérarchisés et une attention particulière sera portée à l’équilibre au sein du
milieu. Par ailleurs, une analyse des opportunités et des limites de développement économique et social de
Dimonika permettra d’identifier, de hiérarchiser des orientations et d’élaborer un programme d’actions permettant
la recherche et la planification de solutions correctives ou contributives à des aspects environnementaux
significatifs. Il s’agit à la fois de valoriser les opportunités environnementales du milieu et de chercher
parallèlement à réduire les freins au développement. Par exemple, développer une activité économique autour de
la valorisation des ressources locales et renouvelables de l’aire protégée : filière bois-énergie, valorisation
paysagère et naturelle du territoire, géotourisme, écotourisme, paiement des services environnementaux liés à la
forêt ou à la conservation qui peut être une réponse au REDD et aux Changements climatiques.
4.4 – Le paiement des services environnementaux (PSE) offerts par la forêt
En réalité, la présence des populations au sein de la réserve ne contredit pas la conservation de ces ressources, au
contraire, toute activité de conservation doit intégrer la participation desdites populations sinon, leur intégration
dans le système global de management de la réserve et l’un des éléments qui s’adapte à une telle situation est le
paiement des services environnementaux offerts par la forêt. Un service environnemental est une activité
intentionnelle de maintien ou d’amélioration d’un bien support naturel, cette activité ayant pour finalité
l’amélioration de la qualité de l’environnement du bien support. Nous retenons quatre critères permettant de
qualifier un service environnemental (Aznar, 2002) :
 le premier concerne le bien support sur lequel est produit le SE;
 le deuxième représente l’acte technique;
 le troisième caractérise le service comme un acte volontaire;
 le dernier concerne la visée collective du service.
Les systèmes PSE sont axés sur les services environnementaux qui font l’objet d’une demande ou qui pourraient
faire l’objet d’une demande dans des conditions adéquates. Les services existant sont répartis dans quatre
catégories : les services hydrographiques, la séquestration du carbone, la conservation de la biodiversité et la
beauté des paysages.
4.4.1 : les services environnementaux et fonctions des forêts tropicales
Les forêts fournissent une large gamme de bénéfices indirects, notamment en générant des services
environnementaux (Lescuyer et al, 2008, Cerutti & al., 2010), dont la disparition réduirait le niveau de bien-être des
sociétés humaines comme le montre le tableau 2.
Tableau 2 : quelques services environnementaux offerts par la forêt
Biens forestiers
Accroissement annuel
Produit économique (bois industriel et chauffage)
Produit forestier non ligneux
Services forestiers
Conservation de l’eau
Protection des sols
Protection des cultures agricoles
Séquestration du carbone et apport d’oxygène
Conservation de la biodiversité
Purification de l’air/ régulation de la température
Écotourisme forestier
Possibilité d’emploi
Avantages socio-culturels de la forêt
Esthétique et condition de vie (protection du bien-être
Service culturel/artistique
Service spirituel/historique
Comme l’indique Ngombala Zanré, (2011), les forêts tropicales sont dotées des fonctions écologiques qui ne
peuvent être réduites à la seule production de ressources matérielles comme le montre le tableau 3.
Tableau 3 : quelques fonctions des forêts tropicales et leur intérêt dans le PSE
Fonction régulatrice : la forêt fournit le support aux
activités économiques et au bien-être humain, par :
la régulation du climat
la régulation hydrique
la protection cotre l’érosion du sol
le maintien de la biodiversité
la séquestration de carbone
le recyclage de la matière organique et des
déchets humains
Fonctions de support physique : la forêt fournit
l’espace et le substrat nécessaires par :
habitat
zone agricole
sites récréatifs
espace naturels conservés
Fonctions productives : la forêt fournit les ressources
de base, notamment :
matériaux de construction bois, liane
énergie : bois de feu
ressources alimentaire : produit non ligneux,
gibier
ressources médicinales
ressources génétiques
Fonctions informationnelles :la forêt fournit les
avantages esthétiques, culturels et scientifiques :
sources d’inspiration artistique et culturelles
information spirituelle
information historique, scientifique et
éducationnelle
information potentielle
4.4.2 - Principes du paiement des services environnementaux
C’est une approche fondée sur des mécanismes de marché qui vise à inciter au maintien ou à la restauration
d’écosystèmes naturels afin de fournir le service environnemental souhaité. Le principe fondamental du PSE est le
suivant : les utilisateurs de ressources et les collectivités qui sont en mesure de fournir des services écologiques
doivent recevoir une compensation, et ceux qui bénéficient de ces services doivent les payer (Mayrand et Paquin,
2004 ; Karsenty & al., 2009). Ainsi, ces avantages sont internalisés à travers les droits de propriété qui constituent la
solution idoine pour internaliser les externalités. Ce nouvel outil de conservation s’appuie donc sur les droits de
propriété comme solution aux problèmes environnementaux, que ce soit dans les pays développés ou en
développement. Autrement dit, un PSE est une rémunération d’un agent économique pour un service rendu à
d’autres agents à travers une action intentionnelle visant à préserver, restaurer ou augmenter un service
environnemental convenu. Il rentre dans la catégorie des outils de contrôle et de gestion de l’environnement et
parmi les indicateurs du développement durable.
5 - Perspectives : vers la co construction des indicateurs
En principe les PSE ne peuvent être réalisées sans un minimum de participation des acteurs locaux. Pour une
gestion durable des ressources forestières de la réserve de Biosphère de Dimonika, il est donc nécessaire
d’identifier et de construire avec toutes les parties prenantes des indicateurs d’interactions et de pressions. La co
construction est un outil de gestion, d’évaluation et partant du développement durable (Tchindjang et al., 2010). La
méthode de coconstruction généraliste consistera à amener les acteurs locaux à décrire et à discuter leurs
expériences et leurs connaissances, afin d’en tirer des indicateurs admis par toutes les parties (conservateurs,
chercheurs, agriculteurs, touristes, populations riveraines, exploitants forestiers, braconniers, orpailleurs, ONG
etc.). Cela implique finalement l’abandon des « méthodes experts » au profit d’une démarche qualifiée de
« démocratie technique » (Callon et al., 2001) et qui implique une participation large et volontaire des acteurs
locaux au processus de construction des indicateurs qui vont compléter le paiement des services offerts par la
forêt.
Le but est de valoriser les savoirs locaux dans l’aménagement de la réserve de biosphère de Dimonika, soumise à
des fortes pressions anthropiques. Par conséquent, l’application des méthodes participatives permet d’envisager
une gestion intégrée de l’aire protégée Dimonika vers une perspective de durabilité.
Concrètement, les acteurs locaux doivent être choisis en fonction des critères suivants :
 la représentativité des activités existant dans la réserve;
 la représentativité des villages situés dans la réserve;
 la représentativité des groupements à faible statut (femmes, jeunes, etc.).
 L’expérience des participants dans l’exercice des différentes activités.
 Le médiateur ou facilitateur est capital dans ces négociations.
Les questions suivantes devront permettre d’élaborer un guide d’entretien :
 Quels sont les acteurs qui exploitent les ressources et richesses naturelles de la réserve pour répondre à
leurs besoins?
 Quels sont les cinq acteurs les plus importants dans cette liste?
 Quelles sont les ressources de la réserve utilisées par chacun de ces acteurs?
 Comment ces acteurs se procurent, prélèvent et/ou exploitent ces ressources?
 Que font-ils de ces ressources? Et avec qui?
 Quels sont les informations, les critères et les contraintes à partir desquels les acteurs adoptent des
décisions concernant leurs activités?
 Quels sont les signes qui montrent que les ressources sont plus abondantes ou sont plus rares dans la
réserve?
Une telle façon de procéder facilite la constitution et l’alimentation de la base de données modélisée. On aura par
conséquent trois groupes d’indicateurs centrés sur les ressources naturelles, sur les usages des acteurs (indicateurs
d’interaction, Levrel et Bouamrane, 2005; Levrel, 2006)) et des indicateurs d’interaction écologique et sociale ou
sociétale. Ces trois groupes d’indicateurs rejoignent parfaitement les prescriptions des indicateurs du
développement durable. Mieux ils collent parfaitement aux données d’évaluation géomatique comme le montre le
tableau 4.
Tableau 4 : mis en parallèle des outils géomatiques et de la coconstruction des indicateurs
Phase de l’Audit Dimonika
Outils géomatique
(SIG, télédétection,
bases de données)
Co construction des
indicateurs de
gestion durable
Enquête préliminaire
X
X
Cadrage ou définition du champ d’application
X
X
Réalisation de l’audit et identification des problèmes
X
X
Détermination des impacts
X
X
Prévisions des modifications
X
X
Identification des risques associés aux impacts
X
X
Détermination des mesures d’atténuation
X
X
Réalisation du zonage
X
X
Surveillance et suivi de l’audit
X
X
6 - Leçons apprises
Au terme de ces investigations, quelques leçons méritent d’être relevées.
La création des aires protégées à l’époque coloniale s’est opérée sans la participation des populations. Même si
l’équilibre régnait lié à la terreur, les indépendances n’ont pas résolu le problème et des aires protégées continuent
d’être érigées sans leur participation, ce qui accroît le spectre de la pauvreté et hypothèque les activités de
conservation planifiées. Les meilleures pratiques en matière de protection de la biodiversité consisteraient à
associer les populations en amont comme en aval du processus décisionnel.
Le dilemme de la création des aires protégées et de la conduite des activités d’extraction minière qui va à
l’encontre même des principes de conservation adoptés par la stratégie de Séville et qui s’impose à tout le monde,
pour le moins aux États qui ont accepté l’élection de leur aire protégée au statut de réserve de la biosphère.
Une vision léthargique des types d’activités (tourisme, écotourisme, géotourisme etc.) à conduire dans une aire
protégée qui remet en question même les objectifs de conservation
Les pratiques respectueuses de l’environnement et notamment la conservation de la biodiversité, ne sont pas les
choses les mieux partagées en Afrique Centrale.
Néanmoins, les PSE, le profil environnemental et la co construction des indicateurs apparaissent comme des outils
fiables de gestion et d’évaluation environnementale en ce sens qu’ils intègrent les externalités tout en prenant en
compte tous les besoins exprimés en amont par les populations riveraines des aires protégées.
Conclusion générale
La gestion durable de la réserve de biosphère de Dimonika dans le contexte de la réduction de la pauvreté prescrite
par les Objectifs du Millénaire pour le Développement, ne peut se faire sans tenir compte de la place que doivent
jouer toutes les parties et principalement les populations. Trois axes sont proposés :
 au niveau local et national. Mettre au point une politique d’harmonisation de la gestion des données
disponibles, afin d’établir des mécanismes d’échange de données avec les autres aires protégées du pays;

au niveau régional. La création de l’initiative transfrontalière du Mayombe devrait être orientée vers la
mise en place d’un Observatoire pour le Suivi du Mayombe. Ce qui donnera aux décideurs de disposer des
informations précises en vue de mettre en place une politique de développement intégré au profit des
populations locales du Mayombe. Les scientifiques auront un outil pour des recherches coordonnées et
intégrées, ainsi qu’une analyse environnementale et diachronique des ressources forestières du massif du
Mayombe à partir des supports fiables. Les populations et ONG sur la base des informations disponibles
pourront être renseignées sur la qualité de leur environnement.
Des outils comme le paiement des services environnementaux et testés dans certaines aires protégées
apparaissent comme la solution idoine pour la prise en compte de la présence et des aspirations des populations
locales. Nous pensons qu’il en est de même de la co construction des indicateurs qui constituent un gage du succès
de la conservation dans les aires protégées menacées dans leur existence comme Dimonika.
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