Le pingouin d`Alcatraz - Club de Triathlon de Fresnes

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Le pingouin d`Alcatraz - Club de Triathlon de Fresnes
Le pingouin d'Alcatraz
Préambule
San Francisco est une ville intéressante et attachante. Le ciel est bleu, le soleil brille, l’ambiance est
très cool, la vie semble agréable en Avril mais l’air est vif et l’eau un peu froide.
Car je ne suis pas venu là que pour le tourisme : Après une excellente semaine de ballade et de visite
en famille, de préparation et de reconnaissances, c'est enfin le grand jour, en ce dimanche 2 Mai.
Escape from Alcatraz (l'Evasion d'Alcatraz), c'est un film de légende avec Clint Eastwood, mon idole,
mais aussi un triathlon mythique qui fait partie de l’histoire de notre sport et qui fête cette année son
trentième anniversaire.
J’en avais entendu parler à Gérardmer, puis dans un article intitulé, ‘Les dix triathlon à faire avant de
mourir’. Personnellement je ne suis pas pressé, mais curieux. Donc je regarde ce classement: Premier :
Hawaï, j’ai encore du travail pour me qualifier, Troisième Roth, celui là c’est pour Juillet. Deuxième
Alcatraz, tiens c’est intéressant, regardons plus en détail.
Le site web est bien fait, les articles sur Internet nombreux, l’épreuve originale.
La course est tellement demandée, qu’il y a quelques années les 2000 places s’étaient réservées sur
Internet. en 10 minutes. Maintenant 10 % des places sont attribuées sur des courses qualificatives
(Gérardmer étant la seule en Europe) et le reste via un système de loterie.
Suite à un mail blagueur sur la liste du club, je me suis donc inscrit un peu par jeu à la loterie. Et j’ai
eu la surprise en Décembre dernier de recevoir un mail m’apprenant que je faisais parti des heureux
élus. Signe supplémentaire du destin, la date de la course était avancée d’un mois, et tombait de ce fait
pendant nos vacances de Pâques. J’ai toujours rêvé de découvrir San Francisco, et la famille s’est
assez vite laissée convaincre de m’accompagner là bas plutôt qu’à Annecy cette année. On ne vit
qu’une fois.
Veillée d’arme.
Lever 3h30 donc en ce dimanche 2 Mai, dépôt du vélo et des sacs au parc, puis embarquement dans le
bus à 5 h pour aller au port, récupération de la puce de chronométrage et nouvelle attente avant de
monter dans le bateau, le ‘San Francisco Belle’.
Il y a beaucoup de monde, il fait encore nuit et pas chaud (7°). Les uns dorment un peu, d'autres
discutent, boivent, ou s'échauffent un peu pour tromper l'attente.
Le jour se lève, on voit passer un vol de pélicans.
Enfin on embarque, re-attente (re-sieste) et à 7 h le bateau fait résonner sa sirène et quitte le quai. Puis
il va se positionner lentement au centre de la baie, vers prés de la fameuse île d'Alcatraz, qui doit sa
renommée à la prison fédérale établie là de 1934 à 1963 qui a accueilli quelques personnages célèbres
et dangereux comme Al Capone.
L'île, située sur un rocher, n'est pas facile d'accès, ni propice à un départ en masse (assez normal pour
une prison me direz vous). Le départ s'effectue depuis le bateau.
C'est une caractéristique amusante de cette course.
Suivant les conseils de l'organisation, on enfile les combis à partir de 7h30 et on laisse nos affaires sur
le bateau dans un sac, qui sera ensuite rapporté au parc de transition.
Natation : Piano
A 8h précise, après avoir écouté l’hymne américain, la trentaine de pros plongent à l’eau tous en
même temps.
Puis nous faisons la queue pour sauter à l'eau en continu, depuis 3 postes de départ, 3 par 3.
Le départ de tout le monde s'effectue en 5 à 6 minutes. Un tapis de chronométrage placé juste au bord
du bateau prendra notre chrono exact. Je pensais que les départs se donnaient par ordre de groupe
d'age, mais en fait c'est tout le monde ensemble, du coup je me retrouve à partir dans le dernier quart.
Une fois mon tour arrivé, pas le temps d'hésiter, l'attente a été un peu longue et nous avons tous hâte
d'en découdre, je saute : 1,5 m de hauteur c'est pas très haut, et après avoir vu sauter des centaines de
concurrents avant moi, cela parait tout naturel.
Finalement, l'eau, pourtant annoncée à 13 degrés, ne parait pas si froide que cela. Il n'y a pas de vent,
donc très peu de vagues. Je me dégage rapidement pour laisser la place au suivant (ou éviter de le
prendre sur la tête). Pour m'habituer à la température, je suis allé m'entraîner 2 fois dans la baie, à
l'Aquatic Park et pris des douches froides, En outre, j’ai fait l'acquisition d'une cagoule et de
chaussettes en néoprène pour surmonter mes appréhensions. Mais une fois dans l'ambiance de la
course je n'y pense plus et me concentre sur ma nage et l'orientation.
Autour de moi, beaucoup de nageurs, pas mal en brasse, et les kayaks et bateaux de l'organisation (une
centaine) sont là pour nous guider, ou au moins éviter que l'on s'égare trop à cause du courant.
C'est une autre caractéristique de cette course : A marée descendante, la baie de San Francisco est
parcourue par une fort courant, de plus de 10 km/h.
L'organisation nous a donc bien prévenus lors du briefing : il faut se diriger directement vers la cote
(située à prés d'un mile), et le courant nous déportera sur la plage d'arrivée , située à prés d'un mile en
aval vers la sortie de la baie. Donc le trajet total fait 1,5 mile, soit 2,5 kilomètres.
Je vous expliquerais Pythagore une autre fois, pour l'instant je remonte pas mal de nageurs en
essayant de nager bien allongé et de garder mes points de repère devant moi à intervalle régulier : les
tours de l'Aquatic Park, puis la colline de Fort Mason. Sur les cotés, à la respiration la vue est
magnifique : Le ciel est bleu sans un nuage, à ma droite je vois le pont du Golden Gate Brige, tout
rouge qui se détache, marquant l'entrée de la baie, et à ma gauche la colline de Telegraph Hill et les
building du centre.
Mais bon, je suis là pour faire une course, bien que je n'aie pas l'impression de nager très vite, je
remonte toujours des nageurs et les repères défilent au fur et à mesure que le courant nous déportent :
j'ai bientôt en vue le toit rouge du Yacht club. Pas de trace des otaries vues dans la semaine au port, ni
des quelques petits requins qui vivent dans la baie et alimentent la légende de l'île, et de la course. (les
grands requins blancs ne rentrent pas dans la baie et restent dans l'océan).
J'arrive bientôt à la plage, encouragé par un nombreux public. Je n'ai pas l'impression d'être encore
bien réveillé. Je jette un coup d’œil à mon chrono, et là, surprise : il affiche à peine 30 minutes !
record du 2500 m battu, écrasé, éparpillé façon puzzle ! Merci le courant, merci JP Coach !
Je parcoure les 50 m de la plage en réajustant mentalement mon objectif, j'avais prévu 45 minutes de
natation et 3 h au final, je dois donc maintenant viser 2 h 45 min.
Je passe bientôt sous le portique et arrive à la première zone de transition, sur le parking du yacht
club.
C'est une autre particularité de cette course : il y a 2 transitions entre la natation et le vélo: je trouve
mon sac, enlève la combi, range cagoule et lunettes, enfile la paire de chaussure de course laissée dans
le sac, salue mon voisin arrivé en même temps que moi et file vers le parc à vélo, distant d'un
kilométre, de l'autre coté de la marina. J'en profite pour avaler un gel et de l'eau et remonte de
nombreux coureurs sous les acclamations de la foule massée tout au long du parcours.
Arrivé au parc à vélo, qui est immense, et contient d’après le speaker ‘plusieurs
millions de dollars de matériel’.
Après une petite hésitation, je retrouve 'Idéal du Carbone', mon fidèle destrier noir
qui m'attend sagement à l'emplacement 1437, prés d'un drapeau canadien.
Une pensée pour Caribou, j'enlève les chaussures de course, enfile celles de vélo,
le casque, les lunettes, le dossard. J'avais préparé 2 vestes vélo (manches longues
et manches courtes) par peur du froid, mais le vent n'est pas encore levé et le
temps est superbe. Pas d'hésitation, ce sera en trifonction Fresnes Triathlon
jusqu'au bout.
Vélo : Plein Gaz
Un petit coucou à mon voisin de la première transition qui vient d’arriver et c'est parti. Sortie du parc,
je jette un coup d’œil au chrono : 40 minutes, à l'attaque !
La course commence par 3 km de plat, le long de la cote en direction du Golden Gate Bridge. Je
remonte quelques concurrents et me fait passer par une flopée de Cervélo et de cadres aéro.
Arrive la première cote, après une épingle au bord de l'eau au pied du pont. Immédiatement cela
monte bien raide.
Je mouline bien en me promettant de
commencer doucement, et d’augmenter
progressivement la cadence. Mais au
bout de 200 m, je me retrouve derrière
un paquet de concurrents qui
bouchonnent un peu . Donc j'accélère
franchement et les passe rapidement
pour me dégager, puis je continue à
monter en cadence. Une autre épingle,
on passe sous le tablier du pont après un
petit replat, et cela continue à monter
encore dans un bois,
jusqu'à une
pancarte que j'avais repérée dans la
semaine.
On a pris 120 m de dénivelé en 1 mile,
et ce n'est que le début.
Après, il y a une grande descente à fond, jusqu'a la plage de Baker Beach, et on recommence à monter
en suivant la route du 'Camino del Mar' et ses superbes maisons. Comme je suis visiblement parti
dans les derniers en natation, je n'arrête pas de doubler. On entre dans le magnifique Parc du Presidio,
et on attaque la montée jusqu'au belvédère de la Legion of Honor. La chaussée est assez dégradée, et la
pente assez raide. Je reprends les quelques cadres aéros qui m'avaient passé dans la descente, ce
matériel n'est pas vraiment adapté au parcours.
Juste avant le sommet (km 7), je croise les premiers concurrents qui s'en reviennent, à bloc. Le
leader, détaché, va très, très vite et je ne le reconnais pas, puis un deuxième, et enfin Andy Pottstriple vainqueur sortant - est troisième, assez loin et il n'a pas l'air très bien. J'arrive au sommet, point
culminant de la course (140 m), pas le temps de regarder le paysage sur la ville, ni le musée, copie
d'un hôtel particulier parisien, qui abrite une belle collection de sculpture de Rodin. Je zappe le
ravitaillement, et bascule dans la descente abrupte, au milieu d'un golf.
Juste en bas de la descente, un virage sec à droite et cela recommence aussitôt à monter sur Clement
Boulevard jusqu'à l'hôpital des vétérans.
J'ai bien reconnu le parcours dans la semaine, et je sais que je peux continuer à envoyer; Juste après
l'hôpital, la route bascule à nouveau sur une grande descente. J’y vais franchement et dépasse encore
du monde. Les stages en montagne avec des longues descentes, cela donne de confiance. Une pensée
pour les copains qui étaient à Annecy. On arrive à Seal Rock (rocher des phoques), on aperçoit la mer
en bas à travers les arbres, et là il y a deux virages très secs bien signalés à angle droit, gauche, puis
droite, puis encore une longue descente en virage jusqu'à Ocean Beach.
En descendant, on voit la plage interminable, où les vagues déroulent à perte de vue ; le vent s'est levé
et les planches à voile et les kite surf ont l'air de bien s'éclater.
Après quelques centaines de mètres sur le plat d'Ocean Boulevard, on oblique à gauche après le
Moulin à Vent (un des symboles de la ville), pour rentrer faire une boucle dans le Golden Gate Park.
C’est le plus parc grand aménagé dans un centre ville américain (plus grand que Central Park). La
route n'est jamais plate, mais toujours large. Le bitume est tout neuf et c'est un vrai plaisir. La première
moitié est en faux plat montant. Il y a toujours du monde proche sur la route et je continue à remonter
des concurrents, mais tout le monde joue le jeu : Les dépassements se passent sans encombres et il n'y
a quasiment pas de drafting. Ravitaillement à mi-parcours, au bout du Parc (km 15). Je zappe encore,
le retour dans le parc est en descente, mais vent de face. J’en profite pour prendre un gel et boire mon
ravito perso.
Je rattrape plusieurs concurrents qui portent des trifonctions …de bagnards, rayées blanc et noir. Très
marrant et bien adapté à la course.
Après le Moulin à Vent et la sortie du Parc, Ocean Beach , le trajet est le même qu’à l’aller mais en
sens inverse : les grandes descentes deviennent …..des grandes montées, et vice versa.
Le première montée, entre Ocean Boulevard et l’hôpital est redoutable, il y a un passage de 200
mètres entre deux rues à plus de 15 %.C’est dur, mais cela a l’air encore plus dur pour tout ceux que
je double ; je mets du petit braquet et mouline, mouline en serrant les dents.
Puis descente sur Clément, montée, courte mais raide vers Legion of Honor, il me reste encore des
jambes.
Descente, Camino del Mar, Baker Beach, puis montée jusqu’au Golden Gate Bridge Bridge, la 6éme
et dernière. Il me reste toujours des jambes et je double encore des paquets de Cervélo, de Trek, de
Cannondale et encore quelques bagnards.
Arrivé en haut, on passe sous le pont, puis on bascule sur une courte descente très raide. Ensuite le
dernier bout de plat, on fait bien tourner les jambes pour se décontracter et on boit une dernière fois
après cette belle partie de manivelle. En gros, cela donne l’impression d’avoir monté 6 fois la
Vacheresse en 30 km. (les cyclistes Franciliens me comprennent).
J’arrive au parc, range le vélo, changement de chaussure, coup d’œil au chrono : à peine 1 h 40 min.
J’ai donc aussi battu mon estimation à vélo, l’effet compétition sans aucun doute.
Course à Pied : A fond
Le départ est plat, après avoir contourné le bassin de la marina on prend le chemin qui longe la mer.
Terre battue, légèrement pierreuse, le ciel est toujours grand bleu mais le vent de face. Je courre en
essayant de détendre les muscles et le dos, en suivant un concurrent anglais qui a l’air de bien avancer.
La zone est une réserve naturelle (Crissy Field), on se rapproche une fois de plus du pont rouge qui
barre l’entrée de la Baie, le Golden Gate Bridge.
Juste avant le ravitaillement du 2éme mile (km 3) je croise le leader de la course qui file vers l’arrivée.
C’est un grand gaillard et il a fière allure, cette fois je peux lire son nom sur son maillot : Hunter
Kemper, c’est du lourd, il a représenté les USA en triathlon aux Jeux Olympiques de Pékin.
Les autres sont loin derrière.
Après le ravitaillement, les choses sérieuses commencent : Montée directe par un sentier qui monte sur
la colline, depuis le niveau de la mer jusqu’au pont. D’abord des escaliers, je les ai repérées dans la
semaine, les marches ne sont pas très hautes mais assez larges. En les prenant une par une, on
n’avance pas, et deux par deux , on explose vite. Je commence doucement et accélère progressivement
jusqu’au sentier en lacet, qui succéde aux escaliers.
C’est toujours raide, mais on peut gérer plus facilement. Cela rappelle le début de la cote des Gardes,
pour les amateurs de Paris-Versailles. Les cuisses font mal, mais les autres coureurs ont l’air à l’arrêt.
Un passage plus raide, pris en marchant, puis un replat pour traverser une zone de fortification et un
tunnel datant de la guerre de Sécession, puis nouvelle montée et on passe sous le pont.
Juste après on courre sur un sentier étroit qui monte en haut de la falaise en surplombant l’océan à
l’entrée de la baie. Maintenant, c’est du trail. On croise quelques coureurs sur le retour, on traverse une
nouvelle zone de bunker protégeant l’entrée de la baie et du port, puis un petit bois et on arrive enfin
au ravitaillement du mile 3, point culminant de la course à pied.
Après, on entame la descente vers Baker Beach sur la route, puis sur un sentier. Soudain, on tourne à
droite à angle droit vers la mer, on descend un escalier et nous voilà sur le sable.
Il faut aller tourner là bas, tout au bout de la plage, mais le sable se dérobe sous nos pieds. On croise
les coureurs qui en reviennent, la plage est large car c’est marée basse, et on se rapproche de l’eau
pour trouver du sable dur et de meilleurs appuis. Cela tire dur, mais je remonte sans arrêt du monde et
dépose mon lièvre anglais.
Demi tour au bout de la plage, mile 4 (km 6,5) c’est la mi-parcours, j’avale le gel que j’avais gardé à la
ceinture, attrape un gobelet au ravito et marche quelques instants en buvant pour repartir de plus
belle.
La vue est splendide, la plage immense, les vagues de l’océan qui s’écrasent au pied des coureurs et le
pont rouge en arrière plan, dernier rempart avant l’arrivée.
On parcourt la plage en sens inverse, on dépasse le point où nous sommes entrés sur la plage et on
continue dans le sable vers le pont. Arrivés, à l’extrémité de la plage, se dresse devant nous le dernier
morceau de bravoure, autre haut lieu de la course : La Sand Ladder (échelle de sable).
C’est un escalier de 400 marches, qui monte tout droit pleine pente dans la falaise. Le problème c’est
qu’il est constitué de sable, et les marches en rondins sont posées sur ce sable, suspendues par des
câbles tendus le long de la pente…
Impossible de courir, il faut marcher. Je m’aide de la main courante, comme on nous l’a conseillé, et
le cardio est à bloc. Les jambes brûlent, les poumons brûlent, mais je continue à doubler en marchant,
les autres concurrents sont scotchés. Je zigzague de gauche à droite pour avancer, et essaye de sourire
au passage à un photographe placé à cet endroit stratégique. La pente s’adoucit progressivement , les
rondins disparaissent sous le sable, tout le monde semble retarder le moment où il faut recommencer à
courir pour tenter de retrouver son souffle. Je relance, en levant la tete je peux voir que le sentier que
l’on rejoint, c’est celui que l’on a pris en descente, et qu’il monte encore jusqu’au ravito.
On croise des coureurs qui descendent, sans se douter pas de ce qui les attend. Enfin le ravito (mile 5),
je prends du Gatorade, coup d’œil au chrono, il reste environ 5 km, les 2 h 45 sont jouables.
J’attaque doucement la descente vers les fortifications, puis plein pot sur le sentier des contrebandiers,.
Passage sous le pont, puis dans le tunnel. On croise un handisport avec 2 prothèses de jambes, et je
l’applaudis et l’encourage ; il en faut de la détermination pour monter jusque là.
Cela me fait oublier les jambes qui font mal, je respire à fond et descends de plus belle. Le sentier, les
escaliers, je vole autour des autres coureurs. Je rattrape l’un des rares qui m’a dépassé depuis le début
et arrive au niveau de la mer, au pied du pont.
Mile 6, ravito, maintenant, c’est tout plat, tout droit vers l’arrivée et
vent dans le dos. A bloc. Avec le sourire. Profiter de ces moments rares,
je ne veux plus m’arrêter.
Cela doit se voir. Beaucoup de spectateurs nous encouragent. J’arrive au
mile 7, au ravito les bénévoles scandent mon prénom qu’ils ont lu sur ma
trifonction et me font une petite haie d’honneur ! Je tape dans les mains
qui se tendent.
Je vois au loin le toit du yacht club, puis la marina, je la contourne. Les
coureurs que nous croisons débutent la course à pieds, et ont déjà l’air
épuisés. Pour eux la matinée va encore être longue.
J’aperçois l’arrivée, au bout d’une longue ligne droite en herbe, bordée d’un public nombreux. Je
vois l’arche d’arrivée, les tribunes, le podium, le village derrière, j’entends la sono, les podiums, c’est
énorme, on se croirait sur un Ironman ou au marathon de New York.
Je plane jusqu’à l’arrivée, tapant dans les mains, et je passe la ligne sans trop m’en rendre compte.
Je reçois la médaille de finisher, regarde mon chrono : 2 h 41 minutes ! Incroyable l’effet d’un
dossard et d’un peu de concurrence sur un vieux pingouin à peine sorti de l’hiver. Ou bien est-ce la
chaleur du soleil Californien et l’envie d’évasion ?
Après un repas copieux et bon enfant, je récupére mon classement : WAOUW : 194éme /1493 au
scratch et 18éme V2.
Les temps me confortent dans l’impression d’avoir bien maîtrisé la course et ses difficultés, en partant
de derrière et en accélérant progressivement sans faiblir.
31 :12 en nat – 2500 m (470 éme temps)
59 :58 en bike – 30 km (310 éme temps)
59 :42 en course – 13 km (149 éme temps)
Même la montée de la Sand Ladder était chronométrée, et mon temps (2 min 40 sec) se situe
carrément dans les 50 premiers groupe d’age !
On assiste ensuite à la remise des prix assis dans l’herbe, pendant que les derniers concurrents
continuent à arriver. L’organisation et la logistique sont impressionnantes.
Kemper, Docherty, Potts montent sur le podium –Macca, champiion du Monde et vanqueur d’Hawaï
n’est que 4ème !- puis les pros féminines et Leanda Cave (championne du Monde longue distance en
2007 – remember Lorient), puis les groupes d’ages, en commençant par les 16-18 ans !
Luc, mon pote québécois rencontré à l’hôtel fait 3éme en V3. Enfin les relais, il y a même – sujet qui
me tient à cœur – un classement pour les relais composés de coureurs transplantés.
La fête se termine tard dans l’après midi. Tout le monde a la banane , et jure de revenir.
Vite, faire quelques courses, acheter des souvenirs collector de la Course, encore un peu de matériel et
quelques souvenirs, puis rentrer à l’hôtel boucler les valises.
Demain, avion. après-demain, retour à la réalité. Mais maintenant, je sais comment m’évader.
Conclusion
En résumé, une ville sympa, une course mythique, un public incroyable,
organisation Top. (et un marketing aussi, IMG oblige)
une ambiance et une
Le parcours est exigeant, mais grandiose. On n’a jamais l’impression d’être dans une grande ville. Le
fait d’avoir pu bien reconnaître le parcours avant le départ m’a permis de bien envoyer tout le long,
sachant ou je pouvais récupérer un peu et de savourer pleinement cette course. Quel pied !
Evidemment, c’est un long voyage pour faire un CD, mais c’est bien peu de chose pour renter dans la
légende (du club).
N’ayant vu des pingouins à San Francisco qu’à l’aquarium du Musée des Sciences, je suis donc
devenu, sauf erreur de ma part, le premier pingouin officiellement évadé d’Alcatraz.
Indice supplémentaire : j’ai cherché partout sur Internet, mais nulle part je n’ai trouvé de photo de
pingouin en costume rayé.
PS : le professeur Gallusthéry a identifié la bas une nouvelle espèce de pingouin, le Pingouin GauloFranciscain, (Pinguinus Triathleticus Gallus Franciscanus), cousin du pingouin Fresnois. Sa
caractéristique originale est son plumage Bleu-Blanc-Rouge. Bleu et Blanc, comme les couleurs des
tenues Fresnoises, et Rouge couleur du T-shirt de finisher des coups de soleil de Californie.
PS 2 : Après Roth, je vais quand même m’inscrire à la loterie pour Hawaï, on ne sait jamais.

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