Effet électrocalorique : mesure directe et étude de différents
Transcription
Effet électrocalorique : mesure directe et étude de différents
Effet électrocalorique : mesure directe et étude de différents cycles de refroidissement Sébastien PRUVOSTa, Vittorio BASSOb, et Jean-François GERARDa a Ingénierie des Matériaux Polymères IMP, UMR CNRS 5223 INSA de Lyon, F-69621 Villeurbanne Université de Lyon, F-69003 Lyon b Istituto Nazionale di Ricerca Metrologica INRIM, Strada delle Cacce 91, 10135 Torino, Italy Résumé L’évaluation des propriétés électrocaloriques d’un matériau peut être réalisée suivant deux méthodes : soit une mesure directe via le flux de chaleur échangé entre le matériau et l’extérieur soit une mesure indirecte via l’utilisation des relations de Maxwell reliant l’effet électrocalorique aux cycles d’hystérésis de polarisation en fonction du champ électrique pour différentes températures. Après une brève présentation du système de mesure de flux de chaleur sous champ électrique, différents types de cycles électrocaloriques seront présentés afin d’améliorer la puissance de refroidissement générée par un matériau ferroélectrique (ici le polymère P(VDF-TrFE) 70/30) et seront associés aux mécanismes de basculement des dipôles. La conductivité électrique du matériau ainsi que sa rigidité diélectrique seront également pris en compte. Mesure directe de l’effet électrocalorique La calorimétrie avec des modules Peltier a déjà été utilisée pour caractériser des matériaux magnétocaloriques. Nous avons développé un système permettant de mesurer simultanément la densité de courant passant dans l’échantillon et le flux de chaleur échangé [10]. Ce montage (figure 1) permet d’évaluer les performances de refroidissement du matériau ainsi que sa conductivité électrique (par une mesure électrique et une mesure thermique). Introduction L’effet électrocalorique correspond à la variation adiabatique de la température d’un matériau ou à la variation isotherme d’entropie induite par l’application d’un champ électrique. Cet effet est faible dans la plupart des matériaux diélectriques. Récemment, des céramiques ferroélectriques [1] et des polymères fluorés [2] ont montré un effet électrocalorique géant entrouvrant la porte pour des applications dans le domaine de la réfrigération. Bon nombre d’articles relatant les propriétés électrocaloriques des matériaux calculent la variation de température (ou d’entropie) en utilisant les cycles de polarisation en fonction du champ électrique P(E) pour différentes températures et en appliquant les relations de Maxwell : ∆T (1) Différentes méthodes ont été développées pour mesurer directement l’effet électrocalorique en conditions adiabatiques par la mesure de la température de l’échantillon par une thermistance [3], un thermocouple [4] ou une caméra infrarouge [5, 6] ou en conditions isothermes par DSC [7-9]. Ces mesures sont indispensables dès que la relation (1) n’est plus applicable (par exemple en dessous de la température de Curie). Figure 1.Schéma de la cellule de mesure de l’effet électrocalorique. (A) Cellule Peltier régulant la température du système, (B) bloc de cuivre, (C) thermocouple, (D) Capteurs Peltier miniaturisés pour la mesure du flux de chaleur Cycles de refroidissement Pour cette étude, le polymère P(VDF-TrFE) (70/30) a été choisi pour caractériser un matériau ferroélectrique en dessous de sa température de Curie [11]. Cette communication abordera les mesures de flux de chaleur obtenues en partant d’un matériau non polarisé ou polarisé et associera ces mesures aux phénomènes physiques à l’origine de l’effet électrocalorique. Les résultats présentés sur la figure 2 correspondent à différents cycles réalisés autour de la polarisation rémanente du matériau. La variation d’entropie irréversible est alors évaluée en faisant la différence entre la courbe bleue et la courbe rouge courbe rouge. A partir d’une différence de champ électrique de 125 MV.m-1, ces pertes hystérétiques deviennent non négligeables pour le design d’un système de refroidissement électrocalorique. Par ailleurs, pour une différence de champ électrique de 80 MV.m-1, les cycles (-40/40) ou (0/80) aboutissent à la même variation d’entropie réversible mais, pour le premier cycle, le champ électrique maximum appliqué étant plus petit, les pertes par effet Joule générées par la conduction électrique du matériau s’en trouvent réduites. 4. 5. 6. 7. Figure 2.Variation d’entropie autour de la polarisation rémanente du P(VDF-TrFE) (70/30) obtenue pour des cycles asymétriques. Insert : schéma d’un cycles P(E) symétrique et asymétrique. Variation d’entropie change │∆eS│en function de │∆E│= Epos - Eneg, with (Eneg, Epos): (1) (0,25); (2) (-25, 25); (3) (-40, 40); (4) (25, 100); (5) (-40, 100); (6) (-40,150); (7) (-40, 200) (x 106Vm-1). Conclusion En conclusion, un dispositif avec des modules Peltier a été développé pour réaliser une mesure directe de l’effet électrocalorique. Ce dispositif permet également de séparer les contributions réversibles (effet électrocalorique) et irréversibles (pertes hystérétiques), paramètre important pour concevoir un système de refroidissement électrocalorique. Les cycles asymétriques semblent être intéressants pour améliorer les performances électrocaloriques des matériaux sans augmenter le champ électrique maximum appliqué. Ainsi, l’impact de la conductivité électrique du matériau sur l’efficacité de conversion électrique-thermique s’en trouve réduit. L’efficacité d’un matériau électrocalorique est le point clé dans le développement de systèmes de froid [12]. Références 1. 2. 3. Mischenko, A.S., Q. Zhang, J.F. Scott, R.W. Whatmore, and N.D. Mathur, Giant electrocaloric effect in thin-film PbZr0.95Ti0.05O3. Science, 2006. 311: p. 270-271. Neese, B., B. Chu, S.G. Lu, Y. Wang, E. Furman, and Q.M. Zhang, Large electrocaloric effect in ferroelectric polymers near room temperature. Science, 2008. 321: p. 821-823. Lu, S.G., B. Rozic, Q.M. Zhang, Z. Kutnjak, R. Pirc, M. Lin, X. Li, and L. Gorny, Comparison of directly and indirectly measured electrocaloric effect in relaxor ferroelectric polymers. Appl. Phys. Lett., 2010. 97: p. 202901. 8. 9. 10. 11. 12. Kar-Narayan, S. and N.D. Mathur, Direct and indirect electrocaloric measurements using multilayer capacitors. J. Phys. D: Appl. Phys, 2010. 43: p. 032002. Lu, S.G., B. Rozic, Q.M. Zhang, Z. Kutnjak, X. Li, E. Furman, L.J. Gorny, M. Lin, B. Malic, M. Kosec, R. Blinc, and R. Pirc, Organic and inorganic relaxor ferroelectrics with giant electrocaloric effect. Appl. Phys. Lett., 2010. 97: p. 162904. Sebald, G., L. Seveyrat, J.-F. Capsal, P.-J. Cottinet, and D. Guyomar, Differential scanning calorimeter and infrared imaging for electrocaloric characterization of poly(vinylidene fluoride-trifluoroethylene-chlorofluoroethylene) terpolymer. Appl. Phys. Lett., 2012. 101: p. 022907. Sebald, G., S. Pruvost, L. Seveyrat, L. Lebrun, D. Guyomar, and B. Guiffard, Electrocaloric properties of high dielectric constant ferroelectric ceramics. J. Eur. Ceram. Soc., 2007. 27: p. 40214024. Sebald, G., L. Seveyrat, D. Guyomar, L. Lebrun, B. Guiffard, and S. Pruvost, Electrocaloric and pyroelectric properties of 0.75Pb(Mg1/3Nb2/3)O30.25PbTiO3 single crystals. J. Appl. Phys., 2006. 100: p. 124112. Bai, Y., G.-P. Zheng, and S.-Q. Shi, Kinetic electrocaloric effect and giant net cooling of leadfree ferroelectric refrigerants. J. Appl. Phys., 2010. 108: p. 104102. Basso, V., F. Russo, J.-F. Gerard, and S. Pruvost, Direct measurement of the electrocaloric effect in poly(vinylidene fluoride-trifluoroethylenechlorotrifluoroethylene) terpolymer films. Appl. Phys. Lett., 2013. 103: p. 202904. Basso, V., J.-F. Gerard, and S. Pruvost, Doubling the electrocaloric cooling of poled ferroelectric materials by bipolar cycling. Appl. Phys. Lett., 2014. 105: p. 052907. Defay, E., S. Crossley, S. Kar-Narayan, X. Moya, and N.D. Mathur, The electrocaloric efficiency of ceramic and polymer films. Adv. Mater., 2013. 25(24): p. 3337-3342.