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n°8 BIMESTRIEL GRATUIT DÉCEMBRE 2012 Le tour de la question La Sélec Théorie du brouillard En famille Contes pour réchauffe r l’hiver Poliça p. 9 //// Zâr p. 11 //// Le cloud rap À L’AGENDA Apocalypse p. 13 //// Le printemps Now p. 34 //// Le Noël arabe p. 15 des mômes p. 35 //// Blind test 2 p. 36 /// Salon d’écoute John Cage p. 38 Détours sur iPad et Android Une formule interactive qui propose, en plus des textes, extraits audio, playlists et vidéos. Rédacteurs Emina Aličković, Michaël Avenia, Bertrand Backeland, Sébastien Biset, Alain Bolle, Isabelle Delaby, Philippe Delvosalle, Anne-Sophie De Sutter, Marie de Wautier, Guillaume Duthoit, Andrée Förster, Anne Genette, Bruno Hilgers, Yannick Hustache, Sylvain Isaac, Jacques Ledune, Olivier Léo, Antoine Meersseman, David Mennessier, Philippe Meunier, Robert Micin, Daniel Mousquet, Thierry Moutoy, Jean Nicolas, Marc Roesems, Daniel Schepmans, Patrick Thinsy, Françoise Vanden Wouwer, Michel Verbeek Conception graphique Marie-Hélène Grégoire Louise Laurent (couverture) Mise en page Nathalie Hermelin Photographies Lara Gasparotto Relecture Constantin Papageorgiadis Coordination Isabelle Delaby Éditeur responsable Claude Janssens 6 Place de l’Amitié 1160 Auderghem Vous reprendrez bien un peu de flou ? Brouillard, nuées, brumes, bruines, smog, vapeurs, fumées… Des phénomènes qui ont l’art de brouiller nos repères : entre rêve et réalité, entre vrai et faux, entre imaginaire et concret. Ils renvoient à l’incertitude, au doute, à l’imperceptible, à l’inconnu avec tout ce que ces ressentis peuvent contenir de craintes ou de promesses. Leur pouvoir d’évocation a toujours été puissant, sans doute à toutes les époques, mais ce qu’ils symbolisaient, ce qu’ils représentaient a évolué avec le temps : tantôt le brouillard amplifiait une connotation négative, tantôt il contribuait à la sublimation. Les musiques, le cinéma, les arts plastiques s’en sont à chaque fois emparés, un peu comme des chambres d’échos, pour amplifier, mettre en avant ou utiliser toutes les diverses représentations qui y étaient liées. Pendant les mois de décembre et de janvier, la Médiathèque va se frotter au brouillard, à ce que les musiques et les films principalement en disent. Au travers de nos publications (plusieurs rubriques dans Détours et La Sélec), de rendezvous dans nos médiathèques et ailleurs, de mises en évidence, cette rencontre avec un phénomène auquel nous prêtons généralement peu d’attention dans sa dimension artistique orientera sans doute notre regard, notre oreille, vers des œuvres moins connues ou donnera une dimension nouvelle à d’autres que nous connaissons bien. 1 • édito À ÉCOUTER, À REGARDER Isabelle Delaby [email protected] ISSN 2034-581X détours Contact [email protected] 22 Archipel Voyage dans la brume 2 • sommaire L’artiste du Détours n° 8 Née en 1989, Lara Gasparotto vit et travaille à Liège, Bruxelles. Diplômée en 2010 de la section photo de l’ESA Saint-Luc (Liège), elle peint, dessine et photographie (quasi exclusivement à présent). Elle est actuellement représentée par la galerie Stieglitz 19 (Anvers). En mars 2012 ont eu lieu ses deux premières expos solo, chez Stieglitz 19 à Anvers et aux Brasseurs, à Liège, dans le cadre de la Biennale internationale de la photographie. Son premier livre, paru aux éditions Yellow now, a pour titre Sleepwalk http://laragasparotto.tumblr.com/ L’inspiration pour la couverture : détours « La thématique sur le brouillard m’a inspiré l’utilisation de cette image, car son atmosphère est mystérieuse, énigmatique. En effet l’image ouvre la porte à des champs d’interprétations. Il s’en dégage un flou de sens, une échappée sensuelle, un désir de liberté. Au milieu de ce paysage désertique, cette jeune fille semble en suspension, comme le sont les fines gouttelettes agglomérées dans l’air formant le brouillard. » 26 28 Éducatif à votre service Comprendre l’histoire grâce au cinéma Brouillard des signes Rencontre avec Salvatore Immordino Rubriques Le tour de la question À écouter, à regarder David Dehard La Sélec La revue du web Archipel En famille L’éducatif à votre service L’agenda des activités La Médiathèque au quotidien • 3 • 7 • 18 • 20 • 21 • 22 • 24 • 26 • 27 • 40 La théorie du brouillard Comme le brouillard est le parent pauvre du nuage, qui lui a le bon goût de flirter avec le ciel, il n’a jamais bénéficié de la même gloire. Avec le ciel, les nuages et le vent, il a profondément marqué la psyché humaine. C’est une valeur universelle à part entière, pleine de sens. Même si le brouillard est un phénomène ponctuel, il n’en demeure pas moins le gardien d’une puissance magique, à la fois discrète et récurrente. Bien qu’il tienne une place diffuse dans nos pensées, il se niche dans le creux de nos rêves les plus intimes. Il semble surgir des respirations de la terre et c’est dans cette même terre qu’on enterre les cadavres. Il en devient la figure éthérée de la mort ou des états fantomatiques. C’est la figure du naufrage pour les âmes qui ne peuvent ni s’élever vers les cieux, ni s’enfoncer dans les limbes. Alors que les nuages sont et resteront toujours ces grands navires blancs que la sublime providence exalte dans la contemplation et dans l’espérance du paradis. Au cours des siècles, cette représentation morbide va évoluer. Elle va devenir plus subtile. Avec ses lentes circonvolutions que le vent éparpille, le brouillard va inspirer les poètes sur l’idée que .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. Une saison en médiathèque détours Quand la température du sol est inférieure à celle de couches supérieures de l’air, l’humidité ambiante se saisit de la moindre particule flottante pour former un brouillard de gouttelettes d’eau. Comme tous les phénomènes météorologiques, le brouillard a travaillé les imaginaires de toutes les époques. 3 le tour de la question BRUMEs, flous et nébuleuses au sein de nos cultures 4 • le tour de la question .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. détours .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. J.M.W. Turner : The Burning of the Houses of Parliament l’on a de soi et sur le temps qui passe. Il va soudainement sortir des cosmogonies et des mythologies antiques pour entrer dans la lumière. Le premier coup de butoir sera porté par le mouvement romantique avec ses états d’âme et son désir d’explorer l’esthétique autant que la nature sauvage. Dorénavant, il ne confrontera plus seulement l’homme aux mystères qui le submergent, le brouillard deviendra lui-même un symbole de la figure humaine. La sensation et le sentiment vont devenir les nouveaux motifs de cet artifice évanescent. Et ce n’est pas rien de le dire ! Le romantisme, qui est en rupture avec le classicisme de son époque, va initier les premiers soubresauts de ce qui deviendra un vaste tremblement de la conscience artistique dont les effets se feront sentir bien au-delà du XIXe siècle. Le brouillard c’est encore le smog des villes industrieuses, les panaches de la puissance vapeur et les brumes matinales qui inspirent de plus en plus le paysage artistique. Ils finiront par dissoudre la matière, par diffuser les structures dans des halos colorés qui suggèrent plus qu’ils ne dévoilent. Le brouillard qui fit profil bas devant les nuages prend sa revanche. La fin du XIXe siècle voit l’émergence de courants artistiques qui tenteront d’une manière ou d’une autre de le dompter. L’impressionnisme lui offre ses plus beaux traits, le pointillisme le déclinera autrement et d’autres styles aussi. Sous les ardeurs naissantes ou déclinantes du soleil, smog et brouillard vont se saisir des formes pour mieux les dissoudre. Ils ne laisseront de cette consistante géométrie que l’expression d’une énergie, doublée d’une impression particulièrement sensitive et suggestive pour l’esprit. C’est une évolution conceptuelle qui est en marche : l’abstraction. Cette émulation ira de proche en proche et de plus en plus vite, pour se dégager dans une véritable vaporisation de courants artistiques dont les contours seront moins nets et plus vaporeux. Le brouillard ira jusqu’à prendre pied dans la mécanique urbaine pour s’engager dans des performances industrielles qui feront débat. L’art du XXe siècle va développer de nouvelles manières de concevoir la pensée culturelle et son objet. Mais en ce tout début de siècle, c’est surtout une attraction foraine qui attire l’attention. Elle possède une force de suggestion qui ne tardera pas à s’imposer et à dominer tous les esprits : le cinéma. Dans l’immédiat, le En ce début de XXe siècle, on se dit qu’on va pouvoir dormir tranquillement. De cette plénitude intellectuelle, de cette affirmation péremptoire, on aime croire que le monde est désormais celui des hommes. Pour l’heure, les mystères ne tiennent plus qu’à quelques détails anodins. On se prend à rêver d’une vie passée dans les nuages radieux de ce petit paradis artificiel qui est le nôtre. Cela ne va guère durer plus d’une dizaine d’années. Le vent de l’histoire va souf- fler avec la rigueur d’un ouragan, faisant descendre les nuages plus bas que terre. En effet, malgré toutes les certitudes, l’époque est imprégnée de cette étrange intuition, cette imperceptible sensation, que tout cela ne va pas durer, que le monde est plus fragile que jamais. Une certaine émulation intellectuelle et artistique faite de ruptures, de suspensions et d’excitations embrumées vont confirmer ce pressentiment. Oui, tout va partir en fumée. En attendant, la musique va s’imprégner de cela avec l’ évanouissement de la notation solfégique. La musique va tituber pour se ressaisir et tituber à nouveau. Le système tonal fait de tensions et de détentes va s’enrichir de nouvelles modalités, de nouvelles harmonies, la musique va même devenir atonale ou inspirer les mécaniques sérielles. L’intuition est pertinente, c’est bien le chaos qui s’annonce dans les brumes des idéologies mauvaises… Et ce sera le smog sanglant de l’industrie guerrière. La grande John CARPENTER : The Fog (États-Unis, 1979 ) - VF5301 guerre qui arma par millions ces soldats pas encore morts mais déjà à moitié enterrés dans les tranchées. Vaporisé par une doctrine militaire désuète et sous une pluie de bombes que l’usinage de masse va produire en quan- détours brouillard ne pourra lui proposer ses matières impalpables, mais cela ne durera pas longtemps, il va très vite se rendre utile et jouer le rôle de cachemisère des studios en manque de moyens ou d’éléments de discours et de scénographie. Comme tous les phénomènes naturels, les brumes et les brouillards renforcent la dramaturgie des films. De la simple buée issue de la respiration au brouillard envahissant le paysage tout entier, il nous rappelle que la nature n’est pas un simple objet de décor mais qu’elle possède une valeur physique et symbolique. 5 •le tour de la question Le cinéma ne fera pas l’impasse sur les potentialités naturelles, esthétiques et narratives du brouillard. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. détours 6 • le tour de la question tité prodigieuse, c’est le brouillard de guerre dans toute son horreur avec ces nuées de soldats surgissant de la terre pour faire assaut à un autre bout de terre saturé de feu et de fer. Sans que rien ne bouge vraiment pendant des semaines, voire des mois. Pareille à une lente agonie, cette interminable dissolution de l’âme s’avérera redoutable pour l’humanité. Sur ce vaste champ de la décomposition humaine, la civilisation annonçait clairement la fin des certitudes. La première guerre mondiale annonçait aussi la fin d’une époque et formulait les grandes lignes de celle qui allait suivre aussitôt pour se dévoiler dans une autre guerre encore plus brutale et radicale qui finira de nous surprendre sous la forme d’un nuage atomique. Suggestions autour du brouillard > Stanley KUBRICK : Les Sentiers de la gloire (États-Unis, 1957 DVD : MGM, 2002) - VS1658 > John CARPENTER : The Fog (États-Unis, 1979 - DVD : Universal, 1999) - VF5301 > Marcel CARNÉ : Quai des brumes (France, 1938 - Studio Canal DVD, 2001) - VQ7202 > Alain JAUBERT : J.M.W. Turner (États-Unis, 2007 - DVD : Arte Editions, 2010) - TC8301 > Iannis XENAKIS : Œuvres pour orchestre vol.5 (Int. Arturo Tamayo, Orchestre philharmonique du Luxembourg, Timpani, 2008) - FX3014 > Morton FELDMAN : Straits of Magellan (Int. The Turfan Ensemble, Enr. 1996, Mode, 19972001) - FF3222 Les arts ne seront pas en reste : le XXe siècle va sonner le déclin des arts majeurs qui dominaient leur époque et sonner la charge d’une incroyable floraison de mouvements artistiques. Tout est lié, comme pour la physique, le temps et l’espace des productions artistiques s’abolissent dans une relation de plus en plus perméable entre l’artiste et le spectateur. L’image, la représentation du réel va se dissoudre dans l’abstraction. Ce siècle des modulations et des interprétations fera du brouillard un objet discret, mais il va distiller à toutes les sauces la valeur de ce nuage indolent. Nous ne sommes pas loin de la dimension phénoménale du bourdon ou du drone qui en musique permettent à plusieurs cordes de vibrer sur la même note et sur un même accord continu. En somme, le bourdonnement principiel de l’univers que la vocalise, l’instrumentation ou l’électronique donnent en exemple pour nous dire que l’univers fut d’abord un brouillard de particules quasi-homogène. JN à écouter, à regarder 7 À écouter, à regarder détours À pointer tout particulièrement dans cette rubrique : trois documentaires sur le printemps arabe, une double chronique du dernier album de Paul Buchanan, le premier mockumentary de l’histoire : David Holzman’s Diary, le cloud rap et ses figures de proue, une tradition musicale de la ville de Boushehr (Iran), l’écriture élégante et maîtrisée de Baldassare Galuppi, la pop postmoderne de Poliça, le disque du belge Gregory Duby (K-Branding) 1914-1918, la pop sixties de Bo. Denis CÔTÉ Curling Steve LEHMAN TRIO Dialect Fluorescent Drame psychologique Free jazz (Canada, 2010 – DVD : Capricci, 2011) - VC1618 (Pi Recordings, 2011) - UL3774 La relation ambiguë d’un père solitaire et de sa fille Steve Lehman joue du saxophone alto et sa sonorité est extraordinaire de clarté, son jeu simultanément nerveux et pondéré. Plusieurs écoutes peuvent être tentées : on peut s’asseoir et écouter le plus intensément possible, on peut aussi essayer l’écoute discrète, subliminale ou même la danse : c’est dire qu’il remplit l’espace d’une légèreté substantielle qui laisse des traces. Ici le trio (avec Matt Brewer à la basse et Damion Reid à la batterie) est en lévitation et pulse allègrement en dessinant arabesques et paysages. Par moments, mais ce n’est qu’une réminiscence, l’album peut rappeler certains enregistrements de Lee Konitz lorsque ceux-ci possèdent une rythmique structurée autour de la lancinance (écoutez bien « Jeannine »). DS de 12 ans au creux de l’univers clos d’un village engourdi sous la neige de l’hiver québécois. 8 • à écouter, à regarder Dans la lignée de son étonnant documentaire Carcasses, Denis Côté joue avec subtilité sur les limites du réel et du surnaturel dans l’exposition du récit troué d’un quotidien banal où le doute s’insinue. La griffe d’un David Lynch semble perceptible mais le réalisateur préfère lui-même établir un lien avec L’Esprit de la ruche de Victor Erice ou encore La Nuit du chasseur pour le vertige que procure la perte de l’innocence. Ces références assumées n’enlèvent rien à la singularité et à la délicatesse d’une œuvre personnelle servie par des interprètes remarquables et un travail photographique saisissant. Un film qui trouble et laisse une empreinte durable. PM Loga Ramin TORKIAN Mehraab Musiques du monde (Six Degrees, 2011) - MX1923 Claire LISE La Chambre rouge Chanson francophone détours (Musicast, 2012) - NL5242 La manière de chanter de Claire Lise fait penser, au premier abord, à Clarika. Mais son univers est bien distinct et très affirmé. Elle nous avait déjà emballés en 2006 avec Champagne et tralala, un album très réfléchi, très mûr mais aussi bien débridé. Un disque de popcabaret dingue qui s’écoute pendant des années grâce à ses nombreux recoins et une grande force d’expression. Pour ce nouvel opus, la chanteuse se fait plus électrique, en restant tout aussi joueuse et pas carrée pour un sou. Dans un style très personnel, elle nous parle, de la femme, des femmes, de toutes les femmes en leur lançant un cri d’amour, avec de très beaux mots pour leur beauté et leurs blessures. DS Lise : À écouter l’album précédent de Claire Champage et tralala – NC5241 Torkian est un multi-instrumentiste novateur et créatif, qui n’hésite pas à travailler les sons et à transformer ou inventer des instruments, comme sa guitare-viole. Mehraab, son premier album solo, mélange habilement les sons modernes (synthés, effets électroniques) aux instruments traditionnels (tar, djura, saz…), à l’instar de musiciens tels que le Turc Mercan Dede. Dès l’instrumental « Gavan-The wild Deer », se dégage une énergie imprimée par des percussions obsédantes : on tournerait bien sur nousmêmes, comme des derviches. Suivent sept chansons interprétées magistralement par le chanteur classique iranien Khosro Ansari, ici en totale communion avec l’atmosphère musicale de Torkian. « Avaaz », le morceau qui suit, planant et magique, éveille des visions d’horizons infinis, de sommets isolés, de voyages initiatiques, de contrées inconnues. Un beau disque d’une chaleur mystique, profond et exaltant. DMo POLIÇA Give You the Ghost Electro pop Précédé d’un rare tintamarre d’éloges unanimes (de sions syncopées impossibles, et qui vient soutenir Bon Iver à Jay-Z, tout le gotha pop y est allé de son une chanteuse qui a fait sien l’usage de l’auto-tune et petit couplet admiratif), de ceux qui se muent par- du vocodeur, si prisé dans l’univers platine du r’n’b. fois en cruels chausse-trappes de carrières même Situé à la croisée de quelques chemins qui ne se ren- pas lancées, Poliça (cédille de rigueur) est la réunion contrent pas si fréquemment, Give You The Ghost est d’une voix féminine, celle de Channy Leaneagh, et un disque automnal à la mélancolie constante, entre du discret leader du groupe Gayngs (un album chez pop chaussée de bottes de sept lieues (« Amongster »), Jagjaguwar), Ryan Olson. Une association pop post- dub pop blafarde mais au pas décidé (« Dark Star »), moderne avec sa logistique électronique discrète pré- complainte synthétique énamourée (« Lay Your sente à chaque palier de construction mélodique et Cards Out »), et résurgences trip hop à demi avouées harmonique, et son particularisme singulier qui tient (« Wandering Star »). Reste à déterminer si ces affé- ici en la présence de deux batteries. Une doublette teries analogiques élaborées avec le plus grand soin de batteurs versée davantage dans la complémenta- résisteront à la première bourrasque hivernale et rité rythmique tacite que dans l’abattage de scan- sentimentale venue ? YH 9 • à écouter, à regarder (Memphis Industries, 2012) - XP630Z Baldassare GALUPPI Sacred Music Musique classique, époque baroque (Int. Giulio Prandi, Roberta Invernizzi, Romina Basso, Krystian Adam, Sergio Foresti, Ghislieri Choir & Consort, Deutsche Baldassare Galuppi est l’un des plus grands compositeurs vénitiens du XVIIIe siècle. Il écrivit de nombreux opéras, séjourna à Londres où il composa pour le théâtre. Il écrivit aussi des opera buffa et des ouvrages comiques en collaboration avec le dramaturge vénitien Carlo Goldoni et fut nommé maître de chapelle à la Basilique Saint-Marc. Sa musique sacrée recueillit autant de succès que ses compositions profanes. Le présent album s’attache à son œuvre sacrée et présente quelques-unes des pièces majeures qui la composent. L’écriture est d’une grande maîtrise, élégante, raffinée, originale et l’on y devine le talent de Galuppi pour la composition théâtrale d’opéra. L’interprétation de l’ensemble formé par le Ghislieri Choir & Consort et les différents solistes est remarquable. FVW Frank OCEAN Channel Orange R’n’b (Island/Def Jam, 2012) - KO1570 Channel Orange est le très attendu premier album de Frank Ocean, sans doute le membre le plus exposé et mature du turbulent collectif Odd Future. Après le succès de sa mixtape Nostalgia, Ultra en 2011 et sa participation à l’album Watch the Throne de Jay-Z et Kanye West, il s’avance avec un album varié, personnel et d’une maturité à couper le souffle. Frank Ocean nous y propose un r’n’b intelligent et sensible, tantôt sucré à souhait, tantôt robotique et distant, mais toujours dans la justesse. Sont invités sur l’album Tyler, The Creator, Earl Sweatshirt et André 3000 d’Outkast qui vient poser son flow sur le magnifique « Pink Matter ». PTh détours Harmonia Mundi, 2011) - BG1667 Wolfgang Amadeus MOZART Concertos pour pianoforte 13, 14, 27 Musique classique (Int. Daniel Isoir, La Petite Symphonie, agOgique, 2012) - CM4502 10 • à écouter, à regarder Retrouver comment Mozart interprétait ses propres concertos relève de l’impossible aujourd’hui. La vision chambriste développée par Daniel Isoir devrait cependant se rapprocher de l’esprit de leur composition. Pas de chef attitré, un seul musicien par partie : l’orchestre idéal pour réaliser une parfaite égalité entre tous les musiciens. Produit par le label agOgique, ce disque est le fruit d’expériences multiples. Une résidence de travail a précédé l’enregistrement qui s’est déroulé dans la bibliothèque François-Lang de l’Abbaye de Royaumont, un cadre qui offre une La démocratie dans l’orchestre Si, selon la charte du label agOgique, les impératifs du marketing relèvent d’un dogmatisme dont l’art authentique n’a que faire, les artistes qui y collaborent s’efforcent également de se préserver de toute autorité extérieure à leur sensibilité, qu’elle vienne d’un chef d’orchestre ou même de la partition. Pour être souvent appliquée en musique de chambre, cette idée de décentralisation n’a rien de nouveau mais elle semble vouloir se lancer depuis quelque temps à l’assaut d’un répertoire orchestral plus ambitieux, quitte à réduire chaque partie à un instrumentiste. Qu’il s’agisse du Mozart de Daniel Isoir, au sein de ce même label, ou du Beethoven de David Grimal avec son collectif Les Dissonances, l’approche est la même : restituer la musique en permettant à chaque intervenant d’en incarner le souffle. JL acoustique naturelle, sans trop de réverbération. AF To-fu Collection Jeu pour Nintendo DS détours (Rising Star Games, 2012) - SW1030 To-fu Collection est un puzzle game assez basique mais très divertissant. À l’aide du stylet de la console, il s’agit d’étirer un morceau de to-fu dans la direction où il doit être catapulté pour qu’il atteigne un biscuit de fortune en rebondissant de mur en mur et en collectant des petites pastilles. Ce qui paraît simple au début va se complexifier par la suite avec l’introduction de nouvelles surfaces qui vont modifier la dynamique du jeu : plateformes mobiles, scie circulaire, mur de verre et de métal, etc. La précision et la rapidité vont devenir des éléments indispensables pour terminer un niveau et, avec plus de cent niveaux, To-fu Collection a de quoi rassasier tout appétit ludique. TM Bertrand LOYER Le Peuple des volcans Documentaires (Coll. L’Odyssée des sciences, Arte Editions, 2009-2012) - TP6001 Quel point commun y a-t-il entre la crevette d’Alvin, un crustacé des abysses océaniques, et la sterne fuligineuse, un oiseau marin de haute mer ? Voici le point de départ de La Naissance d’une île, un des épisode de la série Le Peuple des volcans, issue de Saint Thomas Productions, une maison de production française spécialisée dans le cinéma animalier. En six épisodes, celle-ci nous emmène à la découverte des volcans, des phénomènes qui les régissent et des relations biologiques étonnantes entre ces géants terrestres ou marins et la vie animale ou végétale qui s’est adaptée à ces milieux extrêmes. Au travers d’images superbes narrées par Jacques Gamblin, la série permet de comprendre les phénomènes géophysiques qui animent ces montagnes de feu et de cendre et l’écologie de ces animaux, dit extrêmophiles, parfois stupéfiante. BH Paul BUCHANAN Mid Air Singer Songwriter Ceux qui sont envoûtés par The Blue Nile depuis plus de 25 ans se sont déjà précipités sur cet album en espérant y retrouver l’essence de la mélancolie si bien mise en chansons par le groupe. Ils en sont sans doute sortis le cœur palpitant et les larmes aux yeux. Paul Buchanan parvient à être encore plus dépouillé qu’avec sa formation : il capte la lenteur, l’intériorité et la tristesse. Sans doute perçoit-il la vérité profonde de ce qu’est une émotion pour arriver à transformer en matière musicale ce que notre perception des choses a tant de mal à saisir, mettre en forme et exprimer. Sa voix, un piano et quelques nappes sonores lui suffisent pour cerner les tréfonds et voilà que des chansons apparaissent. Magnifique don ! DS Il est des disques dont on sait par avance qu’ils vous marqueront et pour lesquels une simple écoute est insuffisante afin d’en percevoir la substantifique moelle. Le Mid Air du chanteur écossais Paul Buchanan est à ranger dans cette catégorie. Le chanteur du groupe The Blue Nile poursuit ici sa quête d’une pop de crooner qui tenterait de tisser un fil ténu entre les univers du Here, My Dear de Marvin Gaye et du New Skin for the Old Ceremony de Leonard Cohen. Un disque à la beauté troublante, comme une fleur vénéneuse dont le poison s’installe en vous tout en refusant de vous achever préférant une mélancolie éternelle à une issue fatale. Chef-d’œuvre ! DM 11 • à écouter, à regarder (Newsroom Records, 2012) - XB900F A Search for CMS Musiques du monde CANAILLES Manger du bois Chanson francophone (Grosse Boîte, 2012) - NC0520 Des chansons inventives et jouissives métissant country, cajun, blues et bluegrass. Des voix éraillées pour une énergie rauque & punk, des textes ciselés à l’humour décapant, un délicieux accent québécois à couper au couteau. Huit musiciens d’une précision impressionnante qui se jouent d’une kyrielle d’instruments acoustiques bien typés allant du banjo à l’accordéon en passant par la mandoline, la planche à laver et d’autres bizarreries. Le tout déballé dans un son bien roots qui décoiffe. Voilà la recette imparable et juteuse du premier cocktail-dynamite de ces Canailles de Montréal qui n’ont pas peur de Manger du bois. Et vous ? GD A Search for CMS – ou la fabuleuse histoire de la redécouverte d’un label oublié. Ziya Ertekin, alias Blue Flamingo, raconte dans ce disque une journée pleine de rebondissements à Nairobi, au Kenya. Possédant quelques 78 tours de l’éditeur CMS (Capitol Music Store), il décide de partir à la recherche de son fondateur. Par la même occasion, il découvre les labels Africa Voice et Melodica, et dévoile une partie de l’histoire musicale des années 1960 de l’Afrique de l’Ouest. Les chansons compilées sur le disque, dont Ziya Ertekin ne parle finalement pas beaucoup, sont significatives du benga, un style aux guitares qui s’entrelacent, roulantes et entraînantes, et aux chansons d’une grande fraîcheur. Un genre qui gagne à être mieux connu dans nos contrées. ASDS détours (Excelsior Recordings, 2012) - ML3478 Un Dolce Affanno Musique classique, époque baroque (Int. Michaela Riener, Calamus-Consort., 12 • à écouter, à regarder Passacaille, 2012) - BA3221 Ensemble Shanbehzadeh & Matthieu DONARIER TRIO ZÂR Musiques du monde (Enr. 2009, Buda Records, 2012) - MX1947 En Iran, la ville portuaire de Boushehr est située sur la côte sud-ouest du Golfe Persique. Elle fut une étape de la route du commerce négrier empruntée par les Arabes dès le IXe siècle. Ce point de rencontre a introduit dans l’Orient musulman les cérémonies animistes de l’Afrique noire. Zâr, le titre de l’album, désigne d’ailleurs un ancien rite de guérison animiste. L’identité culturelle de Boushehr et sa région Ce récital fait revivre les fastes de la Vienne impériale depuis le XVIIe siècle jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. L’opéra italien connut un succès fou à cette époque, des compositeurs de la péninsule vinrent à Vienne former leurs collègues au goût venu du Sud. Parallèlement, la famille du chalumeau fit son apparition dans le répertoire opératique en Allemagne et en Autriche. L’aria No, non piu guerra de Bononcini permet d’apprécier le timbre de cet instrument. La clarinette baroque prenait la place de la trompette dans les airs où cette dernière aurait été trop bruyante. L’interprétation de La Vittoria de Caldara est confiée ici à deux clarinettes baroques. D’autres instruments comme la viole de gambe et le clavecin viennent enrichir ce panorama sonore témoignant de la vitalité de la vie musicale viennoise au XVIIIe siècle. AG est singulière, un croisement de traditions africaines et musulmanes, évoquant les Gnaouas du Maroc, similitudes historiques. Saeid Shanbehzadeh, origi- Alistair BANKS GRIFFIN Two Gates of Sleep naire de Boushehr, déclame, chante, gesticule, danse Drame psychologique et joue divers instruments à vent : une cornemuse (États-Unis, 2010 – DVD : Damned, 2011) iranienne, une flûte directement taillée dans une VT0620 corne de bouc. Exilé en France, il perpétue d’une cer- Premier long métrage de son réalisateur, Two Gates of Sleep pourrait se définir comme un voyage initiatique aux portes de la mort. Cette histoire, simple en apparence, de deux frères partis enterrer leur mère loin d’une civilisation qu’ils rejettent n’est pas sans rappeler le cinéma de Malick. Mais ce raccourci n’est que trop limitatif tant le film d’Alistair Banks Griffin, s’il ne renie en rien ses influences, affirme haut et fort ses singularités. Œuvre sensorielle où les émotions (ou plutôt leur absence) ont le premier rôle, Two Gates of Sleep révèle un réalisateur que l’on espère retrouver au plus vite. MA tant formellement par l’appel à la transe que par les taine façon la démarche fondatrice de rencontre avec d’autres musiques en s’associant ici au trio jazz du saxophoniste français Matthieu Donarier. Ils nous livrent des extraits de cérémonies de mariages, funérailles ou guérisons qui ne sont pas conçues pour être jouées sur une scène, étant à l’origine complètement intégrées aux rituels. Un DVD accompagne judicieusement le CD. Une occasion rare d’approcher une détours tradition peu connue. RM sur le blog : À lire un commentaire détaillé de ce film n Des mots d’images - recherche : banks griffi Des sons électroniques déformés, éthérés, un style vestimentaire witch house (post-gothique), des inscriptions runiques et une ambiance de magie noire… On parle bien de rappeurs pourtant ! Le cloud rap, ou rap des nuages, est une tendance récente qui laisse perplexe ceux qui ont l’habitude de mettre tout le hip hop dans le même sac. C’est Lil B, ancien membre de The Pack, qui a un jour affirmé qu’il aspire avec sa musique à « exprimer le bruit d’un château flottant dans les nuages », d’où le terme cloud rap. Citant des sources d’inspiration incongrues et variées (de Joy Division à Björk en passant par l’indie et le folk rock), les artistes affiliés à cette tendance ouvrent la porte à une nouvelle direction. La grande vedette, c’est A$ap Rocky, avec son look travaillé et ses vidéos virales. Car c’est sur Internet que ça se passe : Lil B, Main Attrakionz, G-Side et al. rejettent le mainstream et préfèrent sortir pléthore de mixtapes et d’albums à télécharger gratuitement. Certains rappeurs moins confidentiels s’y mettent aussi : The Game avec Martians vs. Goblins, Drake avec Marvin’s Room et, moins discrètement, B.o.B. avec Strange Clouds. Généralement, le paysage sonore est électronique, vaporeux, un peu sombre ou au moins nostalgique. Prévision météo pour le hip hop : les nuages bannissent les éclaircies ! EA > Ghostpoet : Peanut Butter Blues & Melancholy Jam (Brownswood Recordings, 2011) - KG3480 > Lil B : Rain in England (Weird Forest Records, 2010) - KL6088 > Clams Casino : Rainforest (Tri Angle Records, 2011) - XC455I > Spaceghostpurrp : Mysterious Phonk : The Chronicles of Spvcxxghxztpvrrp (4AD, 2012) - KS5927 13 • à écouter, à regarder Ils rappent dans les nuages … le cloud rap Téléchargement gratuit A$ap Rocky : www.asapmob.com Main Attrakionz : www.mainattrakionz.com - G-Side : http://g-side.bandcamp.com/ JESUS IS MY SON 1914-1918 Folk Krautrock (Enr. 1968-1977, Spoon Records, 2012) - XC050M À l’écoute de ce coffret de raretés du groupe krautrock allemand CAN, il est difficile de parler de chutes de studios ou de chansons inachevées. Ces morceaux enregistrés entre 1968 et 1971 sont à la hauteur de leurs albums les plus influents (Tago Mago, Ege Bamyasi, Future Days et Soon Over Babaluma) et se posent plus comme des grands travaux oubliés que pour de vulgaires ébauches. DM (FF HHH Records, 2012) - XJ411K Sous le patronyme Jesus Is My Son se cache Gregory Duby, être discret officiant dans le combo bruxellois K-Branding. Désirant se détacher sans doute de la matière brute et bruitiste de K-Branding, il explore ici une toute autre veine. Cet album, 1914-1918, est ponctué et martelé de nombreuses ruptures silencieuses. La guitare électrique est jouée d’une manière classique, impressionniste. Gregory Duby livre ici un disque hyper lent et sinistre qui évoque la boucherie du premier conflit mondial. Le style, redoutablement cohérent, se veut tout en contraste avec l’horreur de la guerre. AB détours CAN The Lost Tapes Larry GARNER Blues for Sale Blues 14 • à écouter, à regarder (Dixiefrog Records, 2012) - KG1472 BO Schyzopolis Chanson francophone (Spozzle, 2012) - NB5641 Étrange objet que cet album de Bo. Schyzopolis pourrait être perçu comme l’archétype de l’album pour bobo-branchouilles à la Biolay mais cultive constamment l’ambiguïté sous ses airs un peu snob. Le jeune Parisien s’illustre avec brio dans la pop sixties et enchaîne les bons mots plein d’humour et de dérision. Avec son univers de forte inspiration gainsbourienne, Bo pourrait être rapproché aujourd’hui d’un Arnaud Fleurent-Didier, en plus décalé. Schyzopolis ne manque pas de surprises et parvient habilement à concilier arrangements rétro et touches modernes dans un esprit frais et décomplexé. Une réussite ! AM Humour et ironie encadrent ce blues simple et percutant comme l’intégrité. Larry Garner nous parle de l’évidence et sa musique semble nous avoir toujours accompagnés. Son blues de la Louisiane, où il est né et où il vit toujours, suit les traces du quotidien sans en oublier ni les joies ni les tristesses. Il réussit à mettre en chant et en musique ce qui nous préoccupe tous avec une facilité et une bonhomie étonnante, mais sans la moindre complaisance. Musicalement le classicisme prédomine, rendu éblouissant par l’inspiration. À ce niveau-là, le blues est devenu une partie de chacun de nous, c’est un style de vie et une manière d’être universel. Souvenonsnous de Jimmy Reed ou de B.B.King ! DS Mieko MIYAZAKI & Gan GUO Nen nen sui sui Musiques du monde Harvest Moon : Tale of Two Towns (Daqui, 2012) - MX5652 Jeu pour Nintendo DS et Nintendo 3DS C’est en France que Miyazaki, jeune prodige du koto (instrument japonais à cordes pincées), et Guo, virtuose de l’erhu (instrument chinois à cordes frottées) se rencontrent et que germe l’idée de faire dialoguer leurs instruments respectifs, de mêler la puissance mélodique de l’un aux envolées lyriques de l’autre. Chacun des deux instruments se trouve sublimé dans cette aventure et entraîne l’auditeur dans des contrées exotiques où le sentiment de liberté le dispute à celui de mélancolie. Le mélange des cultures se poursuit dans le choix des morceaux : des compositions pleines d’entrain et des adaptations de traditionnels célèbres de leurs pays respectifs côtoient deux superbes interprétations de Debussy et une très belle reprise des « Feuilles mortes ». SI (Rising Star Games, 2012) - SX8338 et SW3014 La série Harvest Moon fait partie de ces jeux qui rendent aux clichés la vie dure. Loin d’une action explosive ou d’une aventure épique accompagnée de moult effets tant graphiques que sonores, Harvest Moon propose bien au contraire un délassement à la campagne, tout en douceur. Il s’agit en effet de cultiver, tout à son rythme, les légumes de son champ, tout en entretenant de bonnes relations avec les autres ha- détours bitants du village jusqu’à, pourquoi pas, trouver l’âme sœur. Cet épisode propose pour la première fois dans la série d’élever également du bétail. Un titre champêtre qui fait figure de référence en son genre. OL Trois documentaires sur le printemps arabe Stefano SAVONA Tahrir, Place de la libération Documentaire Du nom de la grande place du Caire qui a été, de la fin janvier à la mi-février 2011, le point focal de l’insurrection populaire contre le président Moubarak, le film nous permet d’aborder ce moment de basculement de l’Histoire autrement que via les images télévisées d’alors. S’il y a, vers son milieu, une séquence nocturne saisissante, où la caméra croise les jeunes en sang qui reviennent des barricades où ils ont été défendre la place contre les snipers et les prisonniers de droit commun libérés par le pouvoir pour venir les déloger, la dominante des émotions, au fond des yeux, sur les visages, est au calme et à la détermination. Tous n’avaient pas les mêmes rêves pour l’avenir mais vivaient bien la hantise d’un même cauchemar, qu’ils étaient en train de reléguer dans le passé. PhD Mourad BEN CHEIKH Plus jamais peur Documentaire (Tunisie, 2011 – DVD : Kimbo, 2012) 15 • à écouter, à regarder (France,Italie, 2011 – DVD : Jour 2 fête, 2012) – TH8815 Nadia EL FANI Laïcité Inch’Allah ! Documentaire (Tunisie,France, 2011 – DVD : Jour 2 fête, 2012) – TH5111 En août 2010, Nadia El Fani se rend en Tunisie pour enquêter, malgré une censure omniprésente du régime de Ben Ali, sur un pays ouvert au principe de liberté de conscience et sur son rapport à l’islam. Quelques mois plus tard, la révolte éclate. La réalisatrice adapte son projet initial, observe les mouvements de foules, les idées qui s’en dégagent et filme un peuple en proie à ses propres contradictions. Si le documentaire est clairement orienté politiquement – la réalisatrice franco-tunisienne, qui se déclare athée, fait essentiellement intervenir des partisans de la laïcité – il n’en demeure pas moins un matériau passionnant et utile pour comprendre le printemps arabe. MR À regarder Mafrouza, un film en cinq parti es d’Emmanuelle Ce documentaire retrace la révolution tunisienne en croisant divers procédés : images et déclarations prises au cœur même du mouvement de protestation, près des barrages, dans les manifestations ; vidéos d’amateurs ; extraits de retransmissions télévisuelles, du dernier discours de Ben Ali notamment ; témoignages se concentrant sur le vécu des uns et des autres. L’on croise ainsi une avocate engagée dans la lutte contre la torture, une blogueuse, un opposant politique, un journaliste indépendant, etc. Tous racontent leur vie en Tunisie avant la révolution et la manière dont ils l’ont vécue. Elle se vit ici de l’intérieur, à partir de la subjectivité de ceux qui y ont pris part, qu’ elle qu’ait été leur implication. ID Demoris sur la vie dans un bidonville d’Ale xandrie. détours - TH7455 16 • à écouter, à regarder Jim MCBRIDE Le Journal de David Holzman Drame psychologique (États-Unis, 1967 – DVD : Survivance, 2011) - VJ0314 Si le nom de Jim McBride semble aujourd’hui tombé dans l’oubli, il reste cependant associé à l’un des films les plus importants des années 60. Présenté non sans raison comme le premier mockumentary (ou documenteur) de l’histoire, Le Journal de David Holzman est bien plus que la pierre fondatrice d’un genre largement exploité depuis lors. En mettant en exergue la désormais célèbre phrase de Jean-Luc Godard (« Le cinéma, c’est la vérité 24 fois par seconde »), McBride dévoile sa volonté et l’objet de son Le cinéma direct Né à la fin des années 50 en Amérique du Nord, le cinéma direct est la conséquence logique d’avancées technologiques fondamentales et d’une volonté de changement dans l’appréhension, la représentation du réel. Ainsi l’apparition de matériels portables (caméras 16 mm, synchronisables sur des magnétophones) a permis à ces cinéastes émergents de développer une approche à la fois plus authentique et plus concrète du réel en leur offrant la possibilité de se rendre sur le terrain. Bien qu’essentiellement documentaire, le cinéma direct a influencé le cinéma de fiction américain des années 60 ou encore la Nouvelle Vague française. MA discours : quelle est la part de réel et de vérité dans ce qui est montré par le cinéma ? Pour bien saisir toute la portée d’une telle démarche, il faut replacer le film dans son cadre cinématographique : réalisé en 1967, il apparaît comme le parfait contrepoint au cinéma direct (ou cinéma vérité) alors en plein essor. Mais le but avéré du réalisateur n’est pas de discréditer ce mouvement, plutôt de renforcer sa démarche et son questionnement. En ne se posant plus uniquement comme un miroir de la vérité, mais également comme un objet de réflexion sur le réel, le cinéma gagne encore un peu plus en maturité. Œuvre éminente d’un cinéphile averti, Le Journal de David Holzman influence encore – même indirectement – le cinéma contemporain. En témoigne notam- détours ment le récent Pater d’Alain Cavalier. MA Filmographie sélective (MR) > Jean Rouch et Edgar Morin : Chronique d’un été (France, 1961 – DVD : Éditions Montparnasse, 2005) - TJ1990 > Pierre Perrault et Michel Brault : Pour la suite du monde (France, 1963 – DVD : Éditions Montparnasse, 2008) - TJ7051 > Robert Drew : Primary (États-Unis, 1960 – DVD : Arte, 2008) - TH7580 >Albert et David Maysles : Salesman (États-Unis, 1969 – DVD : Arte, 2001) - TJ8050 > D.A. Pennebaker : Don’t Look Back (États-Unis, 1967 – DVD : Columbia DVD, 2009) - TB2550 > D.A. Pennebaker et Chris Hegedus : The War Room (États-Unis, 1993 – DVD : Arte, 2010) - TH9721 ROBERT GLASPER EXPERIMENT Black Radio Rap / Jazz Thollem MCDONAS/PARKER/CLINE The Gowanus Session Free jazz (Porter Records, 2012) - UM0062 Une formule trio en improvisation qui fonctionne par strates : nappes et panel d’effets de réverbe (un rien psychédéliques) du guitariste Nels Cline du groupe Wilco, chaînes fournies du pianiste Thollem McDonas et modulations en tempérance (archet ou pizzicati) du contrebassiste William Parker. La musique est dense, forgée dans la masse. Son flux, malgré le contexte la plupart du temps très bruyant, tient le fil d’une sensibilité rare. On croirait à une rencontre hypothétique entre Fred Van Hove et le groupe Acid Mothers Temple. Un album proposé par le label farouchement indépendant Porter Records. BB Robert Glasper est un pianiste déjà bien connu des amateurs de jazz. Son nouvel album Black Radio, enregistré avec son projet Robert Glasper Experiment, est né de son envie de secouer le monde du jazz qu’il trouve trop sage et tristement endormi. C’est pourquoi il a invité de nombreuses voix issues du rap et de la soul pour secouer un peu les choses. Erykah Badu, Bilal, Mos Def (sous son nom Yasiin Bey) ou encore Meshell Ndegeocello ont répondu présents. S’il voulait vraiment révolutionner le milieu du jazz, Robert Glasper aurait dû être plus radical car même si l’album est de bonne qualité, il s’agit plus d’un cross over que d’une révolution… PTh 17 • à écouter, à regarder (Blue Note, 2012) - KG4750 Michel LEGRAND Les fabuleuses aventures du légendaire Baron de Münchausen / La flûte à six Schtroumpfs Musiques de films Musique classique, époque romantique (Int. Trio Portici, Pavane, 2012) - DO5123 Émergeant d’une période d’oubli, l’œuvre de Georges Onslow est riche et diversifiée : des symphonies, des quatuors à cordes, des quintettes à cordes, des trios avec piano, des sonates pour violon et piano, des sonates pour violoncelle et piano, etc. Cet enregistrement est un événement pour plusieurs raisons : le Trio Portici est composé de musiciens belges confirmés sur la scène nationale et internationale. Et puis, il contient trois pièces dont deux sont des créations mondiales : le Duo pour violon et piano en fa et la Sonate pour violoncelle et piano en fa. Et pour terminer, il faut pointer la qualité de l’interprétation, fluide et énergisante. MdW (Enr. 1975-1979, Emarcy, 2012) - Y 4487 Voici enfin une édition CD de la musique du célébrissime dessin animé La Flûte à six Schtroumpfs. Cet oubli discographique a été réparé de main de maître par le label Emarcy dans sa série Écoutez le cinéma. À presque quarante ans, la partition n’a pas pris une ride. On retrouve l’orchestration inventive du grand Schtroumpf Michel Legrand et son lot de chansons entêtantes. À redécouvrir également, la musique du dessin animé de Jean Image Les fabuleuses aventures du légendaire Baron de Münchausen qui mérite aussi une écoute attentive. TM détours Georges ONSLOW Chamber Music 18 • David Dehard David Dehard, Concours Circuit et coups de David Dehard est l’un des deux coordinateurs du Concours Circuit. Nous l’avons rencontré à l’occasion des deux finales qui auront lieu en décembre, celle du Concours Circuit Pop Rock et celle du Concours Circuit Electronique. Cette année, c’est une première, deux Concours années 2000, l’idée est venue de créer deux Concours Circuit auront lieu. Mais, avant d’entrer dans le vif Circuit : l’un dédié au pop rock, l’autre au rock dur. Le du sujet, peux-tu expliquer en quoi consistent les même constat s’est posé pour les musiques électro- Concours Circuit ? niques bien après : la première édition du Concours La première édition du Concours Circuit date de Circuit électronique a lieu cette année, en même temps 1997. À l’origine, c’était un concours biennal qui que l’édition pop rock. Il y a donc bien deux Concours avait pour ambition de mettre en avant les artistes Circuit cette année. détours de la Communauté française pour qu’ils puissent se faire connaître des professionnels, avoir des dates de Est-ce que le Concours Circuit électronique fonc- concerts et se professionnaliser. Le concours est né à tionne sur le même principe que les deux autres une époque où Internet n’existait pas et ça avait donc concours ? tout son sens de mobiliser l’attention des program- La musique électronique ne se juge pas de la même mateurs de cette manière… Cela dit, le principe n’a manière que du rock dur ou du pop rock : pour ces pas changé même depuis l’avènement d’Internet : le types de musique, sont jugés la présence du chanteur, live prime toujours sur les enregistrements, de plus la façon de capter l’attention du public, l’aspect mé- en plus en fait. Dès la première année, on a découvert lodique, parfois aussi l’aspect technique. En musique Sharko et tout le monde a mis son énergie au déve- électronique, le jugement se base plus sur les textures, loppement de Sharko, qui à l’époque s’appelait Noise les arrangements, le son, l’évolution du morceau. Et la Kitchen. Le Concours Circuit était très pop rock au dé- présence scénique n’est pas jugée de la même façon. Au but, mais au fur et à mesure des années, force a été sein même du concours électronique, il y a deux caté- de constater que d’autres genres avaient des difficul- gories différentes : électronique production et live, ce tés à trouver leur place dans un réseau. Au début des qui permet aussi aux producteurs de se faire entendre. LIARS : Wixiw (Mute Records, 2012) – XL430X GODSPEED YOU BLACK EMPEROR : Allelujah ! Don’t Bend ! Ascend ! (Constellation Records, 2012) – XG464X LES TUEURS DE LA LUNE DE MIEL : Les Tueurs de la lune de miel (Enr. 1977-1982, Crammed Discs, 2009) – XT887J POLYPHONIC SIZE : Nagasaki Mon Amour (7” Sandwich Records, 1980) BRNS : http://brnsmusic.tumblr.com/ ou http://brns.bandcamp.com/ cœur Comment vont se passer les finales ? Et au niveau de la scène belge alors ? La finale pop rock aura lieu le 15 décembre Il faut commencer par faire part d’un coup de cœur au Botanique où les cinq finalistes, Billions of général pour un groupe qui n’a pas eu à faire beau- Comrades, For24Lives, He Died While Hunting, coup de concerts pour toucher un très large public et Soumonces ! et Two Kids on Holiday, se produiront qui est finalement l’illustration du fait que, si la mu- sur scène. Ils auront l’occasion de remporter de sique est bonne, il n’y a pas vraiment de souci pour nombreux prix et figureront sur une compilation CD. se produire sur scène. Il s’agit de BRNS. Le groupe La finale électronique live aura lieu à Recyclart le 7 a fait un concours, une poignée de programmateurs décembre. Quatre finalistes ont été retenus : Axhan l’ont vu et ont tellement apprécié qu’ils en ont parlé Sonn, Bishop Dust, Lapsus et Ucture. Les neuf fina- partout. Mais de manière générale, il faut dire que le listes de la catégorie production seront repris sur marché pour les groupes pop est saturé… une double compilation vinyle. 19 • David Dehard Les éliminatoires et les demi-finales ont eu lieu. Et si on remonte dans le passé ? J’imagine que tu baignes dans la musique en per- Oh… Je pense aux Tueurs de la lune de miel, manence, que tu écoutes énormément de choses du Polyphonic Size à une époque mais qui a malheureu- fait que tu coordonnes depuis quelques années un sement très mal vieilli. Ils faisaient partie des pre- tel projet… miers groupes belges que j’ai écoutés et achetés… Oui, j’écoute beaucoup de choses. J’ai acheté der- Extraits d’une interview réalisée en octobre 2012 par nièrement Liars, le dernier album de Godspeed you Isabelle Delaby. Black Emperor… Avec Internet, la musique est disponible de manière instantanée, du coup, mes manières d’écouter ont changé : avant j’écoutais des albums et puis je regardais si le groupe venait en concert. Maintenant, je regarde quels groupes viennent en concert et puis je les écoute. Depuis Internet, la question qui se pose est la suivante : suis-je prêt à payer pour aller voir ce groupe en concert ou pas ? Et même album et ainsi décider si ça vaut la peine d’aller les voir en concert. Récemment, j’ai été voir Radiohead, puis Animal Collective. Plus d’infos www.concourscircuit.be détours si je connais le groupe, je peux écouter son nouvel 20 • La Sélec n° 24 décembre 2012 www.lamediatheque.be Un voyage entre sentiment et raison La Sélec n° 24 s’enfonce avec délectation – mais non sans une certaine clairvoyance – dans le brouillard. Celui-ci, comme tous les phénomènes naturels, a été l’objet d’expériences empiriques mais aussi de représentations symboliques. Qu’en est-il dans nos cultures, dans les arts ? Quelle est sa place ? Quel rôle joue-t-il ? De la dreampop à Keiji Haino en passant par le film de Youri Norstein Le Hérisson dans le brouillard, Sunn 0))), Debussy et A Mater of Life and Death de Michael Powell et Emeric Pressburger, un voyage entre visible et invisible, au pays du flou, des nuées et des brumes. LA THÉORIE DU BROUILLARD LA THéorie du brouillard détours Au sommaire La théorie du brouillard Dream Pop Qui d’autre que toi pourrait compter les étoiles ? Le brouillard chantant Par le symbole et l’artifice Les tisseurs de brumes Le trou gris Personnages dans le brouillard 1 3 4 5 6 8 9 10 Les plus beaux brouillards de cinéma Pelt Cinéphilie Archipel http://globeglauber.wordpress.com www.lamediatheque.be À découvrir en complément (ou parfois, en contrepoint) de l’article de Philippe Delvosalle sur le brouillard dans la séquence d’ouverture de A Matter of Life and Death (Powell et Pressburger, 1946 – cf. La Sélec ci-jointe). Un feuilleton en images (et en peu de mots) sur le blog de notre rédacteur pour redécouvrir d’autres marquantes séquences de brouillard (toujours chez les deux cinéastes anglais mais aussi chez Vigo, Murnau, Minnelli, Fuller, Carpenter, De Oliveira, Tarr, Von Trier… ). Recherche : pelt Pelt fait incontestablement partie de ces groupes que l’on peine à classer – tentative aussi vaine que réductrice. Aussi vaut-il mieux se débarrasser des codes et des conditionnements pour approcher la musique produite depuis 1993 par Michael Gangloff, Patrick Best et Jack Rose, parfois rejoints par Mikel Dimmick et Jason Bill (Charalambides). Une formation qui répond de toute évidence à la nécessité de constituer un langage musical intemporel, voire universel. Drôles de dames www.fondairfrench.be Old School Jams : les chouchous du K Catégorie : portraits Soul, funk, reggae, hip hop Un bouquet choisi de chanteuses de la nouvelle scène française qui vous permettra de découvrir, à travers sept albums, des dames attachantes à l’univers créatif puissant. Femmes enfants, fatales ou rebelles, c’est avec un amour des expériences musicales qu’elles jonglent naturellement avec les mots et les sons et nous abandonnent dans les bras d’histoires drôles, tendres et poétiques. http://lamediabxl.wordpress.com Chanson francophone recherche : old school jams Les présentoirs de La Médiathèque regorgent d’albums de toutes époques, origines et styles… Emina y a plongé les deux mains pour en ressortir quelques albums occultés par des titres à plus grand succès, des coups de cœur en reggae, soul, hip hop, funk, gospel qui resteront encore longtemps dans les bacs. Bellflower : les fleurs de l’amour Cinéma Une saison en médiathèque http://desmotsdimages.wordpress.com www.lamediatheque.be/mag/saison/ recherche : bellflower index.php Bellflower, premier film à tout petit budget d’Evan Glodell, a tout du film générationnel façon Doom Generation ou Trainspotting. L’histoire, pour originale qu’elle soit, est d’une simplicité toute nécessaire : obnubilés par l’idée d’une apocalypse imminente, deux amis se lancent dans la conception d’un lance-flammes. Mais l’amour passe par là. Bellflower est une variation pré-post-apocalyptique sur le thème inusable de l’amour, le vrai, celui qui se termine toujours mal. À télécharger gratuitement sur votre 21 • revue du web Revue du web Sommaire Beat Bang La théorie du brouillard La folle échappée 4 8 12 À Suivre… 16 Pendant le film, le musée tourne 20 Insolutherie 24 10e anniversaire du label Matamore 28 À l’œuvre 31 page 3 Spécialement adaptée pour tablettes iPad et Android mais également disponible sur Internet, voici une publication qui a pour seule ambition de vous mettre l’eau à la bouche. Un panorama des six thématiques développées cette année est mis en lumière avec extraits vidéo et audio, premiers jalons de rendezvous thématiques, propositions de disques et films en guise de mise en bouche. détours tablette via Google Play et l’App Store détours 22 • archipel Voyage dans la brume Archipel entend proposer une exploration intuitive des musiques et images aventureuses apparues depuis le début du XXesiècle. Á découvrir dans votre médiathèque et sur www.archipels.be. Il n’y a de plus beaux voyages que ceux où l’on s’égare, où l’on avance avec l’intuition d’un itinéraire à poursuivre. Quoi de plus angoissant, pourtant, que naviguer en plein brouillard ? Quand les repères nous manquent, qu’il n’y a plus rien à voir, ni à entendre, nos réactions obéissent à des logiques inhabituelles, insoupçonnées. Périple en terres inconnues, inouïes ; voyage en Archipel. L’oreille, dira-t-on, se trouve rapidement irritée par le bruit : parasite gênant la transmission d’un message, il s’assimile à ce qui perturbe, détruit ou, au contraire, à ce qui n’a pas encore pris forme – un magma originel. S’il y a une réelle poétique du bruit blanc, celui-ci passe pour déplaire : somme de toutes les fréquences, il est impossible d’en retirer une information. Confronté au harsh noise d’Hanatarash, Masonna, Whitehouse, Hijokaidan ou Incapacitants, l’oreille, privée de repères, éprouve une confusion brouillardeuse dont elle ressortira épuisée, affaiblie, ou au contraire excitée, éveillée, vivifiée, selon les manières de voyager. Moins évidents, les brouillards électromagnétiques (électrosmog) qui nous environnent, traversent nos corps, interagissent avec nos atomes, mettent eux aussi nos sens à l’épreuve. Si en permanence des phénomènes électromagnétiques échappent à notre perception (notre appréhension du monde est foncièrement limitée), ce monde de l’insensible a pris une réalité de plus en plus « concrète », saisissable, dans la perception ou conscience que nous avons de notre environnement (il peut être mis en évidence par le biais d’interfaces, d’instruments de mesure ou par l’observation dans certaines conditions expérimentales). Certaines musiques donnent ainsi à entendre l’inaudible. Christina Kubisch propose par ses promenades « électriques » (Electric Walks) d’investiguer ces champs de force invisibles au travers des interférences électromagnétiques émises par les appareils que nous côtoyons au quotidien. Des écouteurs sont mis à disposition des promeneurs qui suivent un itinéraire balisé de sources diverses de perturbations, alors amplifiées (antennes antivol, éclairage clignotant, transformateurs électriques, clôtures électrifiées, etc.). Le projet Disinformation rassemble et présente quant à lui le résultat de recherches > Christina Kubisch : Five Electrical Walks (Important Records, 2007) - XK937F > Disinformation : R & D 2 (Ash International, 1998) - XD617M 23 • archipel de l’au-delà. Découvrez-y glossolalies/voix polyglottes, interruptions de programmes radio, interférences de communications téléphoniques, voix qui chantent et alien voices. Territoires inconnus. Frissons garantis. SB > The Ghost Orchid – An Introduction to EVP (Parapsychic Acoustic Research, 1999) - X 333L > Fredrich Jürgenson : From the Studio for Audioscopic Research (Enr. 1959-1977, Parapsychic Acoustic Research) - XJ962I > The Hanatarash : Hanatarash3 (RRRecords, 1992) - XH121A > Richard Garet : Areal (23Five, 2010) - XG110Y .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. Une saison en médiathèque détours sur les sons électromagnétiques produits par des sources aussi diverses que l’éclairage, les appareillages électroniques domestiques comme industriels, les perturbations électriques et magnétiques de l’atmosphère par la foudre, les interférences dans le champ magnétique terrestre causées par les vents et tempêtes stellaires, les éruptions solaires ou les aurores polaires. Voilà un monde ignoré rendu sensible par les nouvelles méthodes d’enregistrement et de rendu des sons, appelant à la conscience de ces champs de force, de cette brume physique tant invisible qu’inouïe (à ce sujet, voir aussi le travail de Richard Garet, Toshiya Tsunoda, Jim Haynes, le Conet Project, entre autres cas particuliers). Ces investigations peuvent mener jusqu’aux phénomènes parapsychologiques, voire paranormaux. Les compilations Ghost Orchid, et From the Studio for Audioscopic Research sont de véritables introductions à l’EVP, ou Electronic Voice Phenomena, ces phénomènes par lesquels des voix articulées, assimilables à des messages, apparaissent sur un support magnétique ou au travers d’une transmission électronique. Ces voix venues d’ailleurs, empreintes par la technologie, sont généralement interprétées comme des messages En famille 24 en famille Trois contes pour réchauffer l’hiver détours En ce temps hivernal, qu’il est bon de se poser au coin d’un feu et d’écouter de belles histoires. Les trois contes étonnants que nous vous proposons ici évoquent chacun à leur manière le réconfort que l’on éprouve auprès d’une source de chaleur. La petite fille aux allumettes Si ce conte d’Andersen est célèbre, c’est qu’il est d’une force poétique rare en ce qu’il oppose l’atroce réalité d’une enfant qui se meurt dans le froid et le pouvoir qu’elle a de s’imaginer, à chaque craquement d’allumette, de précieux instants de chaleur. Au travers d’un petit livreCD illustré par Georges Lemoine qui joue à merveille sur la luminosité, Laurence Merchet nous relate ce drame d’une voix émue soutenue par des extraits judicieusement choisis de musique classique. Pour Frémeaux & Associés, Ludivine Sagnier interprète à son tour ce conte danois de sa voix délicieusement cassée. En choisissant un ton plus neutre, elle rend encore mieux l’intensité du texte hanté ici par la musique pour quatuor à vents de Vincent Bouchot. La moufle Plus léger, ce récit populaire russe nous plonge en Sibérie où des animaux cherchent à se réchauffer à l’intérieur d’une moufle perdue dans la neige par un solide bûcheron. Dans une version enregistrée pour les éditions Oui’Dire, Élisabeth Calandry nous tient en haleine, sans le moindre soutien musical, rythmant Sélection > Hans Christian ANDERSEN : La petite fille aux allumettes (Narrat. Laurence Merchet, Gallimard Jeunesse, 2004) LE0219. Dès 6 ans > Hans Christian ANDERSEN : L’intrépide soldat de plomb (Narrat. Ludivine Sagnier, Frémeaux & Associés, 2008) LE0232. Dès 6 ans > « La Moufle », dans Contes d’hiver et de Noël (Narrat. Élisabeth Calandry, Oui’Dire, 2006) LF0163. Dès 4 ans > Diane BARBARA : La Moufle : conte ukrainien (Narrat. Noëlle Barthelémy, Actes Sud Junior, 2002) - LE0525. Dès 4 ans > Alix NOBLE BURNAND : Le Noël de Monsieur Crochu (Narrat. Alix Noble Burnand, VDE-Gallo, 1993) LE6241. Dès 6 ans À dévorer avec les yeux et les oreilles 25 • en famille Le Noël de Monsieur Crochu Suite à une maladie des mains, un grand pianiste s’aigrit car il doit renoncer à son art. Mais sa vie va changer lorsqu’il sera amené à s’occu- per d’un enfant… Inspirée par Un chant de Noël de Charles Dickens, cette histoire qui parle elle aussi d’une belle humanité retrouvée – un cœur endurci qui se réchauffe – possède une aura plus actuelle. Alix Noble Burnand trouve les mots justes pour nous entraîner dans son récit avec une grâce qui n’appartient qu’aux grands conteurs. Les Chants lunaires de Jean Daetwyler éclairent de fort belle façon ce conte de Noël qui a tout d’un grand classique. GD Peter LORD et Jeff NEWITT Les pirates ! Bons à rien, mauvais en tout Marie DORLÉANS Mon voisin (Grande-Bretagne, États-Unis, 2012 (Les Éditions Des Braques, 2012) - Angry Birds Trilogy DVD : Sony Pictures Home Entertainment, LE2851 (Big Ben, 2012) - SW3017 2012) - VP1238 Histoire, dès 5 ans Jeu Nintendo DS, dès 6 ans Film d’animation, dès 6 ans L’univers de la jeune auteure-illustratrice française Marie Dorléans témoigne d’un esprit so british. Il y a tout d’abord ce goût prononcé de son personnage pour le mystère : il croit voir avec ses oreilles ce qui se trame dans l’appartement de son nouveau voisin. Ensuite, ces dessins minutieux à la plume noire qui rappellent l’œuvre grinçante d’Edward Gorey, le plus anglais des illustrateurs américains. Un trait réaliste qui contraste avec les créatures fantasmées par notre héros, intrusives, colorées et fantasmagoriques. C’est l’hypnotique Guillaume Gallienne qui porte cette histoire à l’humour bien étrange. Superbe. GD À l’origine destiné aux smartphones et tablettes, Angry Birds se voit enfin adapté aux consoles de jeux dans une version comprenant le jeu original et deux extensions (Seasons et Rio). Destiné à un très large public, ce jeu au concept très simple (il s’agit de dégommer des petits cochons au moyen d’un « lance-oiseaux ») a réussi à conquérir un éventail varié de joueurs de par son prix très attractif, sa prise en main aisée et son univers coloré et loufoque. D’apparence simpliste, il faudra cependant rivaliser d’ingéniosité pour venir à bout de certains niveaux particulièrement retors. MA Les désormais célèbres studios Aardman (auxquels on doit entre autres Wallace et Gromit) et leurs tout aussi reconnaissables marionnettes en pâte à modeler sont de retour. Cette fois c’est au monde de la piraterie que s’attaquent les créateurs britanniques. En adaptant librement la série de livres de Gideon Defoe, ils trouvent un univers taillé à la mesure de leur douce folie. Car on est bien loin ici de Barbe Noire, avec des pirates peu débrouillards et plus enclins aux bourdes en tous genres qu’au pillage. Humour et aventures sont donc au programme de cette petite merveille d’animation à destination des petits et grands. MA détours son récit par une comptine dénombrant les habitants de la moufle. Une autre version de cette fable cocasse et cruelle nous est racontée par Noëlle Barthelémy, qui adapte sa voix pour chaque animal, sur un CD accompagné par un beau livre illustré avec malice par Frédérick Mansot. détours 26 • l’éducatif à votre service L’éducatif à votre service Comprendre l’histoire grâce au cinéma Le cinéma est souvent une ressource importante pour mieux comprendre les rouages historiques et les changements de mentalités. Le film La Porte du diable, réédité récemment, en témoigne : il s’agit d’un des premiers films pro-indiens et il a été tourné en un moment d’ouverture culturelle. Publications, animations, formations, conférences, rencontres d’artistes, fiches pédagogiques, streaming, sélections et newsletter bimestrielle. Le Service éducatif, c’est l’interface entre les équipes de spécialistes de La Médiathèque, le public et les acteurs des secteurs socio-culturel et éducatif. www.lamediatheque.be/edu utilisation normale version avec cartouche bl de fond nuisible à la lisib version noire et blanc Le début du film nous montre un soldat d’origine indienne, Lance Poole, revenant de la guerre de sécession, rentrant chez lui, sur ses terres, retrouver son ranch, sa famille. Victime de racisme dès son retour et ne pouvant compter sur une justice dont il est exclu malgré l’aide d’une jeune avocate, il devra prendre les armes et se battre pour conserver ses terres, convoitées par des hommes blancs. Tourné la même année que La Flèche brisée de Delmer Daves, La Porte du diable s’affirme comme un film pro-indien, une démarche restée rare dans les westerns de cette époque. Si tous deux se révèlent comme des plaidoyers généreux pour la réhabilitation de l’Indien, le récit de Delmer Daves laisse planer un certain espoir alors que celui d’Anthony Mann dégage un pes- simisme absolu. Chez ce dernier, les personnages sont comme les paysages qu’il filme, arides, secs, durs et violents. Anthony Mann nous campe une histoire très moderne pour l’époque, qui réhabilite l’Indien, brosse un sombre tableau des rapports entre les natives americans et l’homme blanc, et justifie leur révolte et leur combat pour leurs droits. Ce western, très efficace, interroge intelligemment le racisme exacerbé, le vol légalisé des terres indiennes et le mythe sur les origines des États-Unis (d’après l’historien Howard Zinn, 400 traités ont été signés avec les Indiens et pas un n’a été respecté). Le livret qui accompagne le DVD fait résonner le propos du film avec le contexte politique et social de l’époque. En effet, la deuxième guerre mondiale est finie depuis cinq ans, les soldats, rentrés au pays, ont été confrontés en Europe à d’autres cultures et à un brassage socioculturel dans les régiments. Ils ont envie de voir des films qui mettent en scène la violence et le rapport à l’autre de façon plus réaliste. Ce qui conduit les producteurs à traiter des sujets plus risqués tels le racisme ou le lynchage. Cette courte période d’ouverture sera interrompue avec le maccarthysme et la chasse aux sorcières. MV version blanche pour fonds foncés > Anthony MANN : La Porte du diable (États-Unis, 1950 - DVD : Wild Side, 2012) VP1219 > Delmer DAVES : La Flèche brisée (États-Unis, 1950 - DVD : Sidonis, 2006) - VF0022 > Terres indiennes (Une série proposée par Ric Burns, Arte Éditions, 2009) - TH 8966 27 agenda des activités Le brouillard s’invite dans les médiathèques au fil de plusieurs rendez-vous : une rencontre avec Salvatore Immordino sur l’apparition de l’écriture solfégique, un exposé sur Apocalypse Now, une conférence sur la nature dans le cinéma. Deux projections autour de cette thématique auront également lieu à Bozar et à la Cinematek. Mais le brouillard ne sera pas le seul à animer nos lieux pendant ces deux mois d’hiver : exposé sur John Cage, blind test : best of 2012, Raphy Rafaël, Noël des mômes, etc. Enfilez moufles, gants, doudounes et bonnets et venez nous rendre visite ! détours Agenda des activités 28 • agenda des activités détours .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. 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Brouillard des signes Mercredi 16 janvier à la médiathèque de l’ULB-XL Vendredi 18 janvier à la médiathèque de Liège Samedi 19 janvier à la médiathèque de Charleroi Extraits d’une rencontre avec Salvatore Immordino Tu vas animer un rendez-vous sur une période musicale particulièrement riche et passionnante qui prend place au Moyen Âge, à un moment de l’histoire où la musique subissait de profonds changements, allant de la transmission orale à l’apparition des premières écritures. À l’époque des troubadours et ménestrels, la musique n’était pas écrite, comment se passait l’apprentissage ? La musique médiévale était chantée, parfois accompagnée par des instruments. La notation solfégique n’existait pas encore. Pendant cette période, il n’y avait pas vraiment de professeur. On apprenait sur le tas, auprès d’un autre musicien, d’une troupe et via le bouche-àoreille. Actuellement, nous nous basons sur les instruments de l’époque pour tenter de jouer comme ils le faisaient mais nous pouvons aussi nous appuyer sur des transcriptions et des fac- similés. Quand nous jouons les musiques de l’époque, il y a une part d’interprétation et de reconstitution. Comment en sommes-nous arrivés à la notation solfégique actuelle ? On sait que la note musicale vient de la musique grecque. Ce sont les Grecs qui ont fait la musique telle qu’on la connaît actuellement avec tous ses principes, mais pas dans la forme, ni dans la substance. C’est-à-dire qu’aujourd’hui nous utilisons l’octave (do, ré, mi…) qui nous a été transmise par les Grecs. Les intervalles avec les tons, demi-tons, proviennent également des Grecs. Et le Moyen Âge dans tout ça ? Le philosophe Boetio (fin de la période romaine, aux alentours de 480) a repris toute la théorie de la musique grecque, des philosophes de la période héllénistique et de la période romaine qui écrivaient en grec à propos de la musique. Il a fait une synthèse de tout ça. Tout le Moyen Âge a vu Boetio comme un point de référence. On connaît la musique grecque par le filtre de la théorie de Beotio. C’est devenu une règle, une loi musicale. Le principe n’était pas de trouver du plaisir, mais plutôt de s’inscrire dans une logique pédagogique. Cette opposition perdure encore de nos jours entre musique savante, nécessitant un apprentissage, et les musiques considérées comme essentiellement distractives ou festives. Comment est-on passé d’une transmission orale à l’écriture de la musique ? Les premiers chrétiens chantaient des prières, des psaumes, un peu à la manière juive. Il y avait un certain rejet de la musique païenne grecque et romaine. Dans la pratique, quand les moines devaient chanter, ils s’éloignaient de la théorie, Machaut et l'art des trouvères Vièles et voix du Moyen-âge (Int. Emmanuel Bonnardot, Ensemble de vièles, Calliope, 2001) - AA3355 de ce qui était écrit. Le chant grégorien a donc débuté par la transmission orale. C’est vers les années 800 que nous retrouvons les premières notations musicales : le premier livre chanté avec des neumes. Les neumes sont des signes inventés pour indiquer graphiquement l’évolution de la mélodie. La note monte vers le haut ou vers le bas. C’est la première forme d’écriture pour mémoriser la musique. Avec les neumes, nous sommes entre l’apprentissage oral et la transmission écrite ! C’est un espace abstrait sans réelle contrainte, chacun y apportait ses propres spécificités. Chaque monastère avait sa manière d’écrire ses neumes. Les règles n’étaient pas fixées. Il y avait des familles de neumes qui circulaient de monastères en monastères mais chacun écrivait à sa manière. C’est un moment magique ! C’est cette période que je vais aborder lors des rendez-vous. Interview réalisée par Jean Nicolas en octobre 2012 29 • agenda des activités Salvatore Immordino n’est pas seulement un grand amateur de musique ancienne. Il exerce aussi ses talents de musicien au sein d’un groupe fraternel, Les Immordini, qui s’inscrit dans la tradition des troubadours et des trouvères. C’est ainsi que nous les retrouvons dans des fêtes médiévales, des banquets et des festivals soucieux de préserver un antique savoir musical. Immortel grégorien - Voyage dans l’année grégorienne (SM, 1991) AA1070 détours Bio expresse La Théorie du brouillard ....................................................................................... .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... .. ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... La nature reprend ses droits au cinéma : soyons flous ! Pleins feux sur le brouillard par Jacques Ledune 30 • agenda des activités Exposé [cinéma] Au-delà de leur pouvoir de refléter ou influencer les états d’âme, les atmosphères climatiques peuvent servir au cinéma à impliquer en profondeur l’inconscient du spectateur ; le brouillard, tout spécialement, permet de jouer sur la transfiguration de la réalité, de mêler le mystère de l’impalpable devenu visible à la peur fantasmée de l’invisible. Allant même jusqu’à en exploiter toute la dimension psychologique, onirique, esthétique voire métaphysique, certains réalisateurs feront du brouillard non seulement un élément de décor mais aussi un argument de scénario où l’image et le son devront se compléter. Le cinéma dès lors, dont le propre est déjà de réunir sur sa palette plusieurs disciplines, n’est-il pas aussi, par le biais de son langage symbolique, un terrain d’éveil à la force poétique du monde ? Mardi 4 décembre à 18h Apocalypse Now, les brumes de la guerre Médiathèque de Louvain-la-Neuve par Jean Nicolas et Stanis Starzinski Mercredi 12 décembre à 18h30 Exposé [cinéma] Médiathèque de l’ULB-XL Francis Ford Coppola a failli perdre sa fortune et sa carrière dans le tournage d’Apocalypse Now ! Mais le film était tout entier à l’image de la guerre du Vietnam : fer, feu, sang, folie et brouillard. Les quatre premières propositions sont devenues des évidences. Mais vous seriez surpris de constater à quel point le brouillard est omniprésent dans le film et à quel point il se révèle précieux pour comprendre la genèse du film et de cette guerre qu’il entend mettre en lumière. Pour une fois, le brouillard agit comme un révélateur. Il nous dispense de l’image héroïque et pure du soldat pour nous le restituer dans sa cruelle réalité. Vendredi 14 décembre à 18h Médiathèque de Namur Samedi 5 janvier à 14h30 Médiathèque de Liège Samedi 12 janvier à 16h Médiathèque de Charleroi Mardi 15 janvier à 19h W : HALLL (Centre culturel de Woluwe-St-Pierre) Vendredi 14 décembre à 18h30 Médiathèque de Liège Accès gratuit, réservation souhaitée. Mercredi 23 janvier à 18h30 Sauf au W : HALLL (Centre culturel de Woluwe-St-Pierre) : 6€/4€ (membres de la Médiathèque, - de 26 ans et seniors) – Infos : 02/773 05 81 Médiathèque de l’ULB-XL Vendredi 25 janvier à 18h Médiathèque de Namur Mercredi 30 janvier à 15h détours Médiathèque de Charleroi Accès gratuit, réservation souhaitée ..La . . . . . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..du . . . . . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ... ... ... ... ...Théorie . . . . . . . . . . . . . . .. .. .. .. ..brouillard ...................................... .. .. .. .. .. .. ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. Howard HAWKS Seuls les anges ont des ailes [Only Angels Have Wings] (États-Unis, 1939 – NB – 121’) Mardi 8 janvier à 19h Projection Cinematek (Bruxelles) www.cinematek.be Du superbe plan d’ouverture (un navire accostant de nuit dans un port) à la longue première scène d’atterrissage périlleux d’un avion, le brouillard infuse littéralement la demi-heure initiale de ce film situé dans le port bananier (fictif) de Barranca. Sans oublier la fumée émanant d’innombrables cigarettes qui, en parallèle, baigne même les scènes d’intérieur dans un halo vaporeux. Pour beaucoup de cinéphiles, un des premiers chefs-d’œuvre de l’ancien aviateur Howard Hawks réussissant à sublimer, par sa mise en scène « à la fois aérée et confinée » (dixit Jacques Lourcelles), les aventures romanesques naissant de l’entrechoquement entre deux femmes très différentes (Jean Arthur et Rita Hayworth) et le microcosme très viril (voire misogyne) d’un groupe d’aviateurs, transporteurs de courrier dans la Cordillère des Andes. Soirée Smoke Signals Mardi 11 décembre à 20h Projections et performance Bozar (Bruxelles) 8€ (prix plein) / 6€ (tarif réduit) www.bozar.be Une soirée en images et en musique autour du brouillard et des machines à fumée. Line Describing a Cone (Anthony McCall, 1973) est une œuvre fondamentale de l’expanded cinema, ce cinéma élargi qui tente d’aller plus loin que les usages (projecteur + écran + spectateurs assis) du spectacle de cinéma habituel. Ce solid light film (film à lumière consistante ou matérialisée, selon les propres mots de McCall) propose une expérience poétique aussi forte que simple, transposant la magie du cinéma de la surface de l’écran au volume de la salle de projection, enjoignant les spectateurs à se mouvoir dans l’espace (et dans le brouillard) et à « toucher » le cône de lumière. Ensuite, Manuel Padding, jeune musicien de La Haye proposera une performance audiovisuelle live pour petits objets, bandes magnétiques (cassettes audio et vidéo), projecteur et fumigènes. détours 31 • agenda des activités 4€ (prix plein) / 2€ (membres Cinematek) 32 • agenda des activités .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..La . . . . .Théorie . . . . . . . . . . . . . du . . . . . brouillard ............................. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. Le secteur de la musique en mutation : comment sortir du brouillard ? par Gilbert Lederman Brouillard créatif : stratégie et pratique du cinéma haptique Mercredi 12 décembre à 18h par Laurent Van Lancker Médiathèque de Louvain-la-Neuve Mercredi 16 janvier à 18h Accès gratuit, réservation souhaitée Exposé [cinéma] Le secteur de la musique est en pleine mutation. La chute constante des ventes physiques (CD) et la lente progression des revenus sur les plateformes digitales ne permettent pas encore de retrouver un marché en croissance. Dans le domaine du spectacle vivant, l’offre est pléthorique mais la fréquentation des salles de spectacle est en baisse. Face aux difficultés, les artistes et le secteur musical innovent avec de nouveaux modèles économiques. Quelles pistes pour retrouver un secteur musical en pleine santé ? Mélomane précoce, Gilbert Lederman n’est pas sorti indemne de l’écoute de A Silent Way de Miles Davis et d’Abbey Road des Beatles. Diplômé de l’Institut des Arts de Diffusion en techniques de son, sa thèse de fin d’études a porté sur l’informatique musicale et les synthétiseurs. Aujourd’hui, comme responsable du département francophone chez Universal Belgique, Gilbert Lederman accompagne notamment les carrières de Jali, Puggy et Stromae. Observateur attentif des évolutions socio-culturelles de la société, il se passionne pour le développement artistique et les stratégies de communication. Médiathèque de Louvain-la-Neuve Accès gratuit, réservation souhaitée détours En réactualisant certains concepts de Deleuze, la théoricienne Laura U. Marks a jeté les bases d’une critique du cinéma très à la mode dans le monde anglo-saxon : le cinéma haptique. Au travers de quelques exemples de films (Mona Hatoum, Alexandre Sokurov…), Laurent Van Lanckers’intéressera aux pratiques qui permettent aux sens de donner du sens et ainsi d’activer le spectateur. Laurent Van Lancker est un cinéaste et anthropologue belge. Ses documentaires créatifs qui proposent des nouvelles formes narratives et mélangent le politique et le poétique, l’éthique et l’esthétique, ont été montrés dans de nombreux festivals internationaux et sur différentes chaînes de télévision. Il enseigne à l’IAD et à l’INSAS, ainsi qu’à l’Université de Berlin et pour le masterclass SIC SoundImageCulture. Exposé [musiques] Bibliothèques publiques ? ça se passe près de chez vous ! Dates à préciser en décembre Exposition [photographies] médiathèque d’Uccle Les Terrils Samedi 1er décembre à 16h Accès gratuit Médiathèque de Charleroi Une mise en sons et en images de quelques-unes de nos belles bibliothèques publiques réalisée à l’initiative de Présence et Action Culturelles (PAC) avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles. L’ exposition est constituée de photos prises par Etienne Bernard (pour les photos panoramiques) et Vincenzo Chiavetta (pour les portraits de bibliothécaires et du public des bibliothèques). Accès gratuit, réservation souhaitée Le Phare, bibliothèque- http://www.myspace.com/lesterrils Frédéric Deltenre et Joffrey Goart sont un des meilleurs exemples de ce que le bon vieux terroir hennuyer peut produire : ce duo mêle joyeusement des textes gentiment provocants et des influences musicales provenant de toutes parts et de tout temps : folk, blues, ragtime, rockabilly ou encore chanson française. Leur troisième album Quels sauvages ! vient de sortir au printemps 2012, en collaboration avec le label Aredje (René Binamé, Les Slugs). 33 • agenda des activités Concerts, expos, conférences, rencontres… Exposition et concerts Une avant-soirée en collaboration avec le magazine Kulturo Point : Médiathèque de Charleroi 17h : vernissage de l’exposition de Charlotte Vandriessche Accès gratuit, réservation souhaitée Madame s’éveille. www.facebook.com/CharlotteVandriesschePhotographe 18h : Cesare Fingerstyle : guitare acoustique utilisant la technique www.cesarefingerstyle.sitew.com/ de fingerpicking http://overme.be/ 19h : Showcase Over Me (groupe de rock) détours Kultur&Vous Vendredi 7 décembre De la CPLO à la DGAC, l’histoire d’une épopée culturelle en Hainaut par Michel Host Mercredi 12 décembre à 18h30 34 • agenda des activités Atelier Histoire-Actualité Louvière Le Noël des mômes 2012 Samedi 15 décembre Accès gratuit, réservation souhaitée Diverses activités [jeune public] Le 1er avril 1919, la Députation permanente du Conseil provincial du Hainaut décide de nommer une commission chargée d’étudier la question des loisirs ouvriers, alors que le projet de la loi des « huit heures » est déposé à la Chambre. C’est l’acte de naissance de la CPLO : la Commission Provinciale des Loisirs de l’Ouvrier. Paul Pastur, Jules Destrée et Alphonse Parent sont les pionniers de cette nouvelle institution destinée à répondre aux questions posées, en 1919, par l’irruption des loisirs « populaires ». Un projet simultanément avantgardiste et paternaliste s’élabore et se concrétise dans l’entre-deuxguerres. Bouleversées par la deuxième guerre mondiale et l’évolution socio-économique contemporaine, les diverses structures de la CPLO, devenue successivement l’IPEL, le CCH, puis la DGAC, témoignant d’un souci constant de répondre aux nécessités socio-culturelles d’une société en profonde mutation. Médiathèque de Charleroi et autres lieux dans la même ville Centre de ressources Multimédias/La médiathèque de La Accès gratuit Prenez le bus en marche ! Ce samedi 15 décembre, au départ de la Place Charles II, deux bus anglais vont sillonner le centre-ville de Charleroi. Petits et grands, grimpez gratuitement à leur bord et visitez à votre guise les différents arrêts magiques. De 11h à 17h non-stop, musées, associations, cinéma, bibliothèques, médiathèque… vous invitent à participer à toute une série d’activités ludiques, didactiques et pédagogiques : démonstrations, contes, bricolages, spectacles, dégustations, cadeaux… En tout, plus d’une vingtaine d’animations sont proposées. À l’entrée de la médiathèque, Ecoline et Caracole asbl proposent Féerie dans le bocal : si tu veux l’espace d’un moment, au pays des elfes, lutins et autres farfadets te promener… viens au bocal avec nous les retrouver (à partir de 3 ans). Le Blind test : Best Of 2012 Samedi 15 décembre à 16h Blind test Médiathèque de Bruxelles-centre Accès gratuit, réservation souhaitée détours Extraits de films et de musiques, questions en rafale, images tronquées : titillez vos connaissances culturelles dans la bonne humeur lors de notre blind-test. Au menu de cette séance, un thème passionnant : le meilleur de l’année 2012 ! Du plus évident au plus inattendu, nous vous avons concocté un questionnaire qui mettra votre sagacité à l’épreuve. Touriste de passage ou fin connaisseur, tout le monde est bienvenu. Et les plus perspicaces repartiront avec des forfaits Curioso. Équipes de 3 personnes maximum. Capacité limitée. Projections [documentaire] Le Phare, bibliothèque-médiathèque d’Uccle Accès gratuit www.6870.be La Vidéothèque Nomade est un catalogue éclectique de films contemporains d’artistes belges et étrangers qui sont ici proposés à la découverte grâce à des consultations à la carte. Ces temps de diffusion collectifs et conviviaux, destinés à favoriser la circulation des oeuvres, constituent une manière originale de découvrir des films moins connus. Il permettent d’ouvrir des espaces de réflexions, de rencontres et de débats. Pour préparer votre séance plus particulièrement centrée, cette fois-ci, sur les nouveaux films courts du catalogue, n’hésitez pas à vagabonder un moment dans notre catalogue : il s’y trouve quelques belles perles. 35 • agenda des activités La Vidéothèque Nomade Samedi 15 décembre de 12 à 18h Raphy Rafaël Samedi 22 décembre à 10h Concert [jeune public, dès 8 ans] Médiathèque de Charleroi Dans le cadre de la Chasse aux étoiles, en collaboration avec l’agence détours culturelle Sambraisie Raphy Rafaël, c’est d’abord une voix. Chaude, fine, prenante. C’est aussi un style, un état d’esprit. C’est surtout une qualité de la musique et du mot juste. Un fort penchant pour les émotions, du rire aux larmes. Des chansons qui touchent autant les enfants que les adultes. Hors des sentiers battus médiatiques, au plus près de l’essentiel, ses chansons font appel aux cinq sens pour retrouver le plaisir de chanter, s’enchanter. Âmes insensibles s’abstenir ! Xavier Forget Marée basse Du 2 janvier au 28 février Exposition [photographies] W : HALLL (médiathèque de Woluwe-St-Pierre) 36 • agenda des activités Accès gratuit « La marée basse, en l’occurrence, celle faisant face à l’hospitalière abbaye de Saint-Jacut-de-la-Mer en Bretagne (département des Côtes d’Armor). Nous passons beaucoup de temps sur cette terre à construire, à creuser, à détruire, à faire des châteaux - de sable - que trop souvent la marée d’après détruira. Nous sommes ces êtres très occupés par la terre et cependant dans notre cœur se niche un désir qui vient de plus loin que la terre. Oui, nous sommes aussi des êtres de rivage. Rivage exposé ici en plusieurs panoramas. Entre lourds nuages et sables pesants, on y découvre plus qu’attendus : algues, roches, huîtrières et moulières, barque égarée et même, qui l’aurait cru, une lucarne. » Xavier Forget se partage entre deux activités créatives : la poésie – il est repris dans La nouvelle anthologie de poésie française, d’Yves Namur, publié chez Maëlstrom et publiera bientôt aux éditions M.E.O. Un coin de siècle - et la photographie. Poly-folies dans l’art : Les arts plastiques Mercredi 6 février à 18h Légendes de la forêt viennoise Vendredi 18 janvier à 18h Exposé [arts plastiques] Conférence dînatoire [théâtre] Médiathèque de Louvain-la-Neuve Médiathèque de Charleroi Accès gratuit, réservation souhaitée 10€ - réservation indispensable : 071-311212 Depuis toujours et sous toutes ses manifestations d’aliénations, de dérèglements des sens, de pathologies ou de violences barbares, la folie contamine l’art qui ne cesse de repousser les limites imaginaires de l’Homme. Artistes fous ou œuvres de folie, c’est toute une panoplie de héros ou personnages, de Shakespeare à nos jours, qui alimentent la peinture, la musique, l’opéra en particulier, et le cinéma. Cette conférence abordera l’impact de la folie dans l’art pour un art en folie. À l’occasion de la pièce Légendes de la forêt viennoise de O. von Horváth au Palais des Beaux-Arts de Charleroi, Sésame, le service éducatif du PBA, en collaboration avec la médiathèque de Charleroi propose une conférence suivie d’un walking dinner. La conférence sera menée par Alexandre Zloto, metteur en scène de la pièce. détours par Donatienne Blanjean par Hugues Warin Samedi 26 janvier à 11h Salon d’écoute [Archipel] Médiathèque de Bruxelles-centre Accès gratuit, réservation souhaitée Hugues Warin lance quelques pistes pour découvrir ou redécouvrir une figure marquante du XXe siècle musical. En rupture avec la conception traditionnelle du compositeur, John Cage travaille la musique non dans ses procédures mais dans son sens même en abordant des questions aussi fondamentales que le temps, le silence, le bruit ou la structure. L’usage de techniques non-occidentales pour induire l’aléatoire dans l’écriture et dans l’exécution d’une pièce tout comme la « préparation » du piano qui le détourne de ses rôles traditionnels, font partie de cette attitude moderne qui atteint son paroxysme avec 4’33’’. John CAGE : Etudes australes, pour piano : livres 1 - 4 (Int. Grete Sultan, Wergo, 1978 - 1982) - FC0569 détours Salon d’écoute John Cage Les Etudes Australes sont le point de départ de ce salon d’écoute consacré à John Cage. Dans cette longue suite de 32 pièces, le compositeur se sert de cartes des étoiles pour dessiner une partition qui échappe à toute logique de composition traditionnelle. Sa volonté de rompre la distance entre l’œuvre d’art et la réalité quotidienne, aboutit ici à l’un des moments les plus poétiques de son parcours. Les Études Australes, que l’on pourrait écouter dans une station de métro, en faisant le ménage ou de manière méditative comme on contemplerait un ciel étoilé, repositionnent la musique et l’art en général dans leur rapport au réel quel qu’il soit. 37 • agenda des activités Les Etudes Australes Vorst/Forest Vendredi 8 février à 18h Conférence dînatoire [théâtre] Médiathèque de Charleroi 38 • agenda des activités 10€ - réservation indispensable : 071-311212 À l’occasion de la pièce de théâtre Vorst/ Forest sur un concept de Titus De Voogdt et Johan Heldenbergh au Palais des Beaux-Arts de Charleroi, Sésame, le service éducatif du PBA, en collaboration avec la Médiathèque de Charleroi propose une conférence suivie d’un walking dinner. Concert surprise Mercredi 6 février à 12h Concert Médiathèque de l’ULB-XL Accès gratuit La médiathèque de l’ULB organise un concert du midi tous les premiers mercredis du mois pendant la saison universitaire. Celui-ci aura lieu à l’occasion de la Journée Portes ouvertes de l’ULB. Le dernier concert de l’année aura lieu le 6 mars. détours À la médiathèque de Verviers > Exposition de photographies de l’atelier photo de la Maison de Jeunes des Récollets. Du 15 novembre au 30 décembre. > Showcase du groupe One Trick Po à la Maison de Jeunes des Récollets, le jeudi 24 janvier à 12h30. One Trick PO, c’est le projet pop/jazz de Veerle Pollet, auteure, compositrice et chanteuse. Dès son plus jeune âge, Veerle fait de la musique. Elle s’est mise à imaginer ses propres bouts de chansons après avoir reçu ses premiers cours de piano et de guitare. Au jour, le jour En décembre Bibliothèques publiques Exposition Le Phare (Uccle) 33 > 30 décembre Exposition de photographies Exposition MJ des Récollets (Verviers) 38 1/12 Les Terrils Morceaux choisis / Label Matamore M Charleroi 33 4/12 La nature reprend ses droits au cinéma Exposé M Louvain-la-Neuve 30 7/12 Kultur&Vous Exposition et concerts M Charleroi 33 11/12 Soirée Smoke Signals Projections et performance Bozar (Bruxelles) 31 12/12 La nature reprend ses droits au cinéma Exposé M ULB-XL 30 12/12 L’histoire d’une épopée culturelle en Hainaut Exposé M La Louvière 34 12/12 Le secteur de la musique en mutation Exposé M Louvain-la-neuve 32 14/12 Apocalypse Now, les brumes de la guerre Exposé M Liège 30 14/12 La nature reprend ses droits au cinéma Exposé M Namur 30 15/12 Le Noël des mômes Jeune public M et autres lieux Charleroi 34 15/12 La Vidéothèque Nomade Projections Le Phare (Uccle) 35 15/12 Blind test : Best of 2012 Blind test M Bruxelles-centre 32 22/12 Raphy Rafaël Concert M Charleroi 35 2/01 > 28/02 Xavier Forget : Marée basse Exposition W : HALLL (Woluwe-St-Pierre) 36 05/01 La nature reprend ses droits au cinéma Exposé M Liège 30 8/01 Seules les anges ont des ailes Projection Cinematek (Bruxelles) 31 12/01 La nature reprend ses droits au cinéma Exposé M Charleroi 30 15/01 La nature reprend ses droits au cinéma Exposé W : HALLL (Woluwe-St-Pierre) 30 16/01 Brouillard des signes Rencontre M ULB-XL 28 16/01 Stratégie et pratique du cinéma haptique Exposé M Louvain-la-Neuve 32 18/01 Brouillard des signes rencontre M Liège 28 18/01 Légendes de la forêt viennoise Conférence dînatoire M Charleroi 36 19/01 Brouillard des signes Rencontre M Charleroi 28 23/01 Apocalyspe Now, les brumes de la guerre Exposé M ULB-XL 30 24/01 One Trick Po Showcase MJ des Récollets (Verviers) 38 25/01 Apocalypse Now, les brumes de la guerre Exposé M Namur 30 26/01 Salon d'écoute John Cage Salon d'écoute M Bruxelles-centre 37 30/01 Apocalypse Now, les brumes de la guerre Exposé M Charleroi 30 6/02 Concert surprise Concert M ULB-XL 38 6/02 Poly-folies dans l'art Exposé M Louvain-la-Neuve 36 8/02 Vorst/Forest Conférence dînatoire M Charleroi 38 JANVIER 2013 39 • agenda des activités DÉCEMBRE 2012 détours FÉVRIER 2013 40 • la Médiathèque au quotidien La Médiathèque au quotidien La Médiathèque propose à ses membres, de nombreux services liés directement au prêt ou motivés par l’envie de leur faire découvrir des disques, films, jeux passionnants. Des fonctionnalités de Mon Compte sur notre site Internet aux rendez-vous dans les médiathèques en passant par les newsletters, le Curioso ou les demandes d’envoi, voilà une série de coups de pouce que nous proposons pour faciliter la découverte. L’idée de cette rubrique est de passer en revue ces différents services offerts. Des jeux par milliers À la Médiathèque, les détenteurs d’une console Le classement des jeux : Playstation 3, Microsoft XBOX360, Nintendo Wii et Le premier chiffre de la cote indique la catégorie de des portables Nintendo DS et 3DS peuvent emprunter jeu : par exemple : SW3014 dans une belle collection de jeux, régulièrement alimentée en nouveautés. Quelques exemples de jeux récents : > grand public et bien connus : Assassin’s Creed 2000 > aventure Professeur Layton et le masque des miracles. 3000 > réflexion/jeux familiaux/gestion/etc. > plus originaux : Catherine, Harvest Moon : The Tale of Two Towns, Kid Icarus Uprising, Rocksmith > et pour les plus jeunes : Skylanders, la série des Lego (Harry Potter, Pirates des Caraïbes, etc.), la série des Lea Passion Des jeux pour la toute nouvelle Nintendo Wii U, qui est sortie dans le commerce le 30 novembre, seront également bientôt disponibles. détours 1000 > action 3, Halo 4, Call of Duty Black Ops 2, Fifa 13, 4000 > simulation/simulateurs 5000 > sport 6000 > stratégie 7000 > pour enfants