Dossier de Presse
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TARZAN ! ou Rousseau chez les Waziri 16/06/09 - 27/09/09 Exposition Dossier Galerie suspendue Est Commissaire de l’exposition : Roger Boulay Scénographie : Agence Fantastic – Stéphane Maupin et Nicolas Hugon Bande-son originale : Cyril Lefebvre et Claire Thiebault 1 TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Pe rmission * SOMMAIRE * AVANT PROPOS DE STEPHANE MARTIN, Président du musée du quai Branly p.3 * PRESENTATION DE L’EXPOSITION PAR ROGER BOULAY p.4 * INTRODUCTION AU PERSONNAGE DE TARZAN p.5 * PARCOURS DE L’EXPOSITION p.6 Tarzan et son auteur Les genèses du héros La jungle : décor des prouesses de Tarzan Le ciné-jungle L’Afrique de Tarzan Les douze travaux de Tarzan Tarzan, le sauveur de la jungle Tarzan, le héros nu et les robots Le fils de mère nature p.6 p.7 p.10 p.11 p.13 p.14 p.16 p.17 p.18 * LA COLLECTION AFRIQUE AU MUSEE DU QUAI BRANLY p.19 * LE CATALOGUE DE L’EXPOSITION p.20 * ABECEDAIRE DE TARZAN p.21 * BANDE-SON ET SUPPORTS AUDIOVISUELS p.21 * COMMISSARIAT p.22 * AUTOUR DE L’EXPOSITION p.22 * INFOS PRATIQUES P.26 * LES PARTENAIRES DE L’EXPOSITION p.27 2 TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Pe rmission * AVANT PROPOS DE STEPHANE MARTIN Depuis sa naissance en 1912, sous la plume d’Edgar Rice Burroughs : Tarzan of the Apes, le mythe de l’homme singe a été exploité sans relâche. Archétype du héros populaire, Tarzan incarne le justicier épris de liberté, éternel redresseur de torts en butte aux faux-semblants de la civilisation. Comme l’écrit son exégète Francis Lacassin : « Dans la civilisation techno-mécanicienne, industrialisée et fébrile du XXe siècle, Tarzan est préposé à l’oxygène. Son nom évoque tout à la fois les bienfaits de la chlorophylle et l’espoir d’une épopée à partager ». Dans la filiation directe de l’exposition consacrée au Comte Festetics de Tolna – cet aristocrate à la découverte d’une Océanie retransposée – les aventures de Lord Greystoke trouvent leur place au musée du quai Branly où elles sont prétextes à explorer l’imaginaire d’un lieu. En effet, selon son créateur, « Tarzan, qui possédait le stoïcisme d’un animal et l’intelligence d’un homme », existe avant tout par sa relation à la jungle africaine, une jungle stéréotypée, reconstituée, certes peuplée par les bêtes sauvages, mais envahie tour à tour par des armées romaines, des anthropoïdes, des amazones, des hommes fourmis, des croisés, des hommes préhistoriques… Tarzan revit dans la plénitude de ses métamorphoses sous le regard malicieux de Roger Boulay, commissaire de Kannibals et Vahinés au Musée National des Arts d’Afrique et d’Océanie en 2001. Comme dans cette précédente exposition, il traque les préjugés, débusque les clichés en revisitant l’histoire de ce personnage haut en couleurs et en jouant sur les différentes visions que l’on a pu porter sur lui : épique, neo-romantique, burlesque… Si la fable de Tarzan renvoie en grande partie au monde de l’enfance, elle s’adresse aux petits et aux grands, à tous ceux qui rêvent d’un ailleurs réinventé. Le parcours rappelle les sources de Burroughs (Kipling, Rider Haggard, Robida), mais aussi les avatars et les déclinaisons de Tarzan qui se sont succédé à un rythme effréné. Films, ouvrages, affiches, photographies, figurines, accessoires, sculptures, costumes, peintures, pièces ethnographiques, panoplies d’armes, jouets, poupées, et bandes dessinées donnent une image à la fois composite et foisonnante de l’univers du héros. Le « langage singe » et le fameux cri participent également de cette fresque exotique aux multiples facettes. Le musée du quai Branly montre aussi bien l’art des cultures les plus florissantes que celles des minorités ou, comme c’est le cas avec Tarzan, il s’attache à retracer l’évolution des mythes, fantasme collectif et fondement même de l’identité des peuples dans l’étendue de ses échanges. En accueillant cette manifestation, il poursuit donc sa politique d’ouverture. Stéphane MARTIN Président du musée du quai Branly 3 TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Pe rmission * PRESENTATION DE L’EXPOSITION PAR ROGER BOULAY EXTRAIT DU CATALOGUE DE L’EXPOSITION Après que Stéphane Martin m’eut demandé de concevoir une exposition autour du personnage de Tarzan, je cherchais à convoquer dans ma mémoire ce qui pou vait avoir façonné ma p ropre imagerie de l’Afrique. J’avais entrepris quelques années plus tôt un exercice semblable à propos des mers du Sud. Je m’appuyai en ce cas sur une expérience qui s’était construite à l’âge adulte. Tarzan relevait indéniablement de celle de l’enfance. J’entrepris don c de fouiller plus au fond de mes greniers enfantins l’Afrique et les hommes sauvages. (…) Je percevais déjà avec évidence que seul un surhomme pouvait survivre dans ces jungles sauvages et que ce Tarzan s’agitait au milieu des lianes et des lions dans un endroit bien éloigné de ce que j’imaginais être le Paradis perdu. Je me dessinais ainsi une jungle plus satanique qu’édénique, lieu de tous les interdits et réservoir des instincts, des abominations et peuplée d’êtres démoniaques. Le lieu même du musée du quai B ranly me sembla voué à des évocations exotiques pour peu qu’elles tournent autour du « Sauvage » et du « Primitif ». Les jungles époustouflantes d’Hogarth se reflètent fort opportunément dans les vitraux « junglés » de Jean Nouvel. Vitrail lui-même relayé par les jungles tempérées de Gilles Clément et les plantes tropicales rampantes et verticales de Patrick Blanc. Tout cet environnement entretient une ambiance de parc botanique et de pays des Waziri. (…) Si vous lisez les romans de Burroughs sans relâche, quand vous accumulez et que vous accolez comme sur un mur ou une étagère, les lieux, les personnages, les fleurs inventées, les animaux inconnus, les peuples et les types d’hommes, la variété des anthropoïdes, sortis d’un cerveau en goguette, les architectures et les cabanes, les costumes et les parures des reines, les masques des sorciers, tout ce qui jaillit de l’inventivité galopante de Burroughs et que vous y ajoutez tout ce que l’industrie des produits dérivés a engendré à propos et autour de Tarzan, alors vous vous prenez à ébaucher une scénographie qui relève plus de l’atelier d’André Breton que de la démonstration linéaire d’un muséum. Tout fonctionne par des mises en rapport incongrus, des allers-retours amusants, voire même des collages à la Max E rnst ou à des Cadav res exquis, plus qu’à de subtils métissages, relevant du grand jeu de ping-pong que seule la culture populaire peu inventer sans regret ni pudeur. (…) 1 Je me suis assez amusé lors de l’exposition « L’aristocrate et ses cannibales » à entendre la critique de quelques amateurs d’art d’avoir fait côtoyer hula hoop et œuvre d’art océanienne. Avec Tarzan, et d’ailleurs avec toute manifestation abordant nos grandes mythol ogies, il m’a semblé qu’il y avait lieu d’enfoncer le cl ou et de virer à un enchaînement d’associations qui s’agenceraient en un vaste bricolage, façon Pensée sauvage, dans lequel le mythe relève, pour son auteur, d’un « bricolage intellectuel ». Il n’y a pas plus bricolée que la rencontre de Tarzan avec les Vikings, les rescapés des croisades ou les descendants noirs des soldats romains égarés au centre de l’Afrique. Le personnage de Tarzan fonctionne et fonctionnera à la manière des super héros parce qu’il est un assemblage d’images constituant une sorte de « totem / total » des qualités supposées être les antidotes à la catastrophe e sociale et environnementale qui se prépare et se préparait déjà au début du XX siècle : nudité, religion de la beauté physique, ode au culturisme et à la bonté émotive naturelle, douce naïveté mais bon sens opposé aux experts et à la science, figure d’adolescent au grand cœur. Les choix muséologiques sont difficiles dans cette inépuisable richesse et cette exposition aura été, à cause de cet exercice d’associations ininterrompues, une frustration joyeuse. Heureusement que les cartons à dessins de Bernard Mahé bien garnis de planches originales du maître Hogarth donneront une allure stable à tous ces errements. Hogarth, c’est l’ordre, le propre, le net, mais surtout un écrin de traits géniaux pour le Héros sublimé. Roger BOULAY Commissaire de l’exposition 1 L’Aristocrate et ses cannibales, Le voyage du comte Festetics de Tolna en Océanie, 1893 - 1896, exposition présentée au musée du quai Branly du 23 octobre 2007 au 13 janvier 2008 4 TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Pe rmission * INTRODUCTION AU PERSONNAGE DE TARZAN : NAISSANCE D’UN HEROS L’histoire de Tarzan est née en 1912 de l’imagination fertile de l’Américain Edgar Rice Burroughs. e Elle commence dramatiquement une nuit, au tout début du XX siècle. John Clayton, alias Lord Greystoke, et sa femme Lady Alice, débarqués sur la côte africaine par des mutins, construisirent une cabane. Un beau jour, peu après leur installation, arrive un grand singe qui les attaque. Lady Greystoke, précise l’auteur dans Le Seigne ur de la Jungle, ne se remit jamais du choc causé par cette attaque. « Cette nuit-là un petit garçon naquit aux portes de la forêt vierge, dans la petite cabane, pe ndant qu’ un léopard fe ulait devant la porte et que les notes graves du rugisseme nt d’ un lion montaie nt de l’autre côté de la petite émine nce ». Lady Alice ne ressortit jamais plus de la cabane ; elle mit au monde un bébé et s’endormit pour ne jamais plus se réveiller. Dans la forêt, un drame s’est également produit, une guenon poursuivie par un grand singe brutal, Kerchak, perd son petit. « Kala était la plus jeune femelle d’ un mâle appe lé Tublat (…) et le petit qui s’était écrasé au sol sous ses yeux était son premier ; elle n’était âgée que de neuf ou dix ans. » C’est ce même Kerchak qui, pénétrant dans la cabane des Greystoke, acheva Clayton déjà à moitié mort de chagrin. Mais, « d’un petit berceau rustique venait le vagisseme nt plaintif d’un bébé ». Kala 2 l’enleva « et sortit comme une flèche pour se réfugier au sommet d’un arbre élevé. » L’histoire est ainsi posée et l’aventure de « Tarzan l’Ho mme-Singe » peut co mmencer. Petit détail tout de même : les Waziri, dans les romans de Burroughs, sont la tribu imaginaire alliée de Tarzan qui en « langue singe » signifie « Peau Blanche ». Planches origi nales de Bur ne Hogarth © Collection particulière TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Pe rmission 2 Toutes les citations de cette page in Le Seigneur de la jungle, éditions Publications Premières, Paris, 1970. Traduction de John Duval. 5 TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Pe rmission * PARCOURS DE L’EXPOSITION 1/ Tarzan et son auteur Cette première secti on de l’exposition s’interroge sur les origines et la nature de Tarzan, en tant que personnage et en tant que mythe. Qui l’a construit et d’après quelles sources ? Edgar Rice Burroughs est né en 1875 à Chicago, et mort en 1950 dans son ranch californien. Il se destine tout d’abord à une carrière militaire mais y renonce après avoir échoué au concours d’entrée de West Point. Il enchaîne alors de nombreux métiers qui lui donnent le goût de l’aventure : soldat, cowboy, ouvrier dans une mine d’or, ferrailleur, agent de publicité… Il se tourne ensuite vers l’écriture et fait paraître son premier roman Under the Moons of Mars en 1912 dans la revue « All Story ». En oct obre de la même année paraît Tarzan of the Apes, le premier des 26 romans traitant du célèbre « homme singe ». Les sources de Burroughs sont avant tout littéraires. Il a une dette certaine envers Rudyard Kipling et son Livre de la Jungle de 1894. Cependant Burroughs se plaît à dire que le mythe de Rémus et Romulus reste sa principale référence. On peut citer comme autre source Rider Haggard célèbre pour ses Mines du Roi Salomon et pour She, personnage de femme fatale qui attend durant des siècles l’être aimé dans un royaume imaginaire situé quelque part en Afrique… Couverture originale du livre Tarzan of the Apes, 1912 TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Permission Tarzan of the Apes connut un succès considérable. Il est, à ce jour, publié en 56 langues. Les 22 aventures de Tarzan qui se succèdent de 1914 à 1947 sont diffusées à plus de 15 millions d’exemplaires et entraînent la production de près de 15 000 bandes dessinées et de 42 longsmétrages, sans compter les innombrables séries télévisées et autres dessins animés. « Je suis venu à travers les âges, jaillissant du passé vague et distant, de la caverne de l’homme primitif...». « Tarzan pensait à la fragilité de la frontière entre le primitif et le civilisé ». Edgar Rice Burroughs 6 TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Pe rmission 2/ Les genèses du héros Cette partie de l’exposition évoque les grands singes, le mythe de King Kong avec l’enlèvement de la femme blanche, le chaînon manquant induit par les théories de Da rwin dont Burroughs était imprégné, les mythes du bon sauvage et de l’enfant sauvage. Jouets, affiches, tableaux illustrent e l’engouement pou r ces différentes sources de divertissements qui se développent à la fin du XIX siècle. King Kong ou le mythe du Grand Singe Le grand singe enlevant la femme blanche reste un des thèmes classiques de l’imagerie occidentale, qui parcourt les aventures de Tarzan : Jane se fait tour à tour enlever par des primates, puis par Tarzan lui-même, rabaissé alors au stade de Grand Singe. Dans King Kong, le film de Cooper et de Schoedsack (1933), contemporain du Tarzan the Ape Man de Van Dyke (1932), le singe géant est le maître de la jungle, qui affiche sa supériorité sur le monde animal (les monstres préhistoriques, qu’il affronte et anéantit), tout en étant craint par la population indigène de l’île qui a pour habitude, pour l’apaiser, de lui offrir en sacrifice une femme noire du village. Si Kong écrase de sa force le monde animal, les animaux (les éléphants, les hippopotames, les chimp anzés) obéissent à Tarzan, le maître de la jungle. Il doit cependant en affronter certains (les fauves sur terre, les crocodiles dans les eaux), pour imposer sa suprématie tel un gladiateur égaré dans la jungle. Dans les deux cas, ils aiment une femme blanche, l’une venue sur les terres de Kong avec une expédition en tant qu’actrice dans un film de cinéastes explorateurs, et l’autre venue sur le territoire de Tarzan pour accompagner son père, James Parker, puis décidée à y rester après sa mort. Autant King Kong, parmi de multiples aspects, est un film sur la phobie du mariage mixte, du métissage (un singe géant, maître d’une île où vivent uniquement des noirs, tombe amoureux d’une femme blonde, que ses amis américains veulent extraire de ses griffes), autant Tarzan et Jane prônent un mode de vie autre, loin de la civilisation urb aine qu’ils refusent, dont ils sont revenus, sans pour autant se co mporter comme des sauv ages. L’Enfant sauvage Curieusement, Burroughs revendiqua formellement la fascination qu'opéra en sa jeunesse le mythe de Romulus et Remus. Mais il eut plus de réticence à admettre sa dette envers Rudyard Kipling et son Livre de la Jungle paru en 1894. Le récit, dont le thème principal est celui de l’enfant sauv age élevé par des animaux, est un archétyp e universellement répandu : au début de l'année 1800, un petit garçon qui avait apparemment vécu dans les forêts et qui ne parlait pas, fut capturé en Aveyron. Le jeune médecin de l'Institution Nationale des sourds-muets, Jean-Marc Gaspard Itard, prend en charge l'éducation de cet enfant sauvage et présente ses résultats devant la Société des Observateurs de l'homme dans un premier mémoire de 1801. C’est toute l’histoire de Tarzan, élevé par des grands singes puis « éduqué » par la civilisation, avant de s’en détacher et de retourner vivre dans son élément primaire. Le Bon sauvage Le « bon sauvage » est le fruit de l’imaginaire de tous les grands lecteurs des récits de voyages qui e foisonnent à partir du XVI siècle : il est, en quelque sorte, un personnage co mposite fait à partir des nombreuses descrip tions des hommes primitifs vivant dans un « âge d’or » naturel : Dieu est révélé par la Nature, croyait-on ; par conséquent, l’être naturel est foncièrement bon. Cette vision des « sauvages » a longtemps été nourrie par des explorateurs et des missionnaires encore habités par l’illusion d’un paradis perdu. 7 TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Pe rmission Libres, sensuels, polygames et bons : voilà les traits communs, mais combien caricaturaux, des e habitants de ce « meilleur des mondes ». Étrangement, les penseurs du XVIII siècle se garderont longtemps de vouloir vérifier l’exactitude de ce genre de témoignage, car le « bon sauvage » ainsi présenté sert mieux à réfléchir sur l’homme, sa nature, ses facultés ainsi que sur sa société. Sans nul doute, Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) est reconnu pour celui qui a le plus participé à ce mythe par la défense des idées suivantes qui traversent l’essentiel de son œuvre : « La nature a 3 fait l'homme heure ux et bon, mais la société le déprave et le rend misérable. » Tarzan est le parfait exemple d’un être partagé entre deux milieux opposés dans lesquels il a grandi d’une part (la jungle), et a été éduqué d’autre part (la civilisation comme sym bole de la perte de l’innocence). Darwinisme et créationnisme Burroughs est très préoccupé par les thèses darwiniennes dont la publication est quasi contemporaine de sa date de naissance. Un nombre important d’épisodes de son œuvre fait preuve de cet intérêt intimement lié au destin qu’il a imaginé pour son héros ; il écrit : « Ce que le garçon avait appris du singe, Akut le te nait lui mê me de quelque ancêtre, commun à tous les deux, qui avait erré sur la terre grouillante, du temps où les fougères étaie nt des arbres et les crocodiles des oiseaux. ». On sait que Burroughs a fait beaucoup de recherches à la Chicago Public Library, et bien entendu étudié L’origine des espèces de Charles Darwin (1809-1882), ouvrage dont le titre original The Origin of Species by Means of Natural Selection or the Preservation of Favoure d Races in Struggle for Life, 1859, nous ramène plus directement à l’histoire de Tarzan. L'homme des cend du sing e, de Pilotell, 1870 Musée d'art et d'histoire, Saint-Denis. Pho to Irène Andreani C’est dans le contexte de cette époque, entre 1911 et 1940, que Burroughs écrivit ses « Tarzan ». Les idées eugéniques gagnaient en force aux États-Unis avec une connotation d’objectivité scientifique. Cette morale « si naturelle » de supériorité, l’éloge de la force, du chef, la création de la raciologie et des échelles raciales alors considérées comme une catégorie scientifique, firent des adeptes dans le monde entier, dont Burroughs. John Taliaferro, son biographe, montre que l’intérêt de Burroughs pour l’eugénisme continua de grandir, même quand il devint l’objet de controverse sérieuse dans la communauté scientifique. Son attachement à ce topique était tel que Burroughs prit position dans une colonne du Los Angeles Examiner contre cette nouvelle « morale imbécile… » et qu’il écrivit un essai, jamais publié, intitulé I See a New Race ou il livrait « sa propre solution finale au problè me du monde ». 3 In Dialogues de Rousseau juge de Jean-Jacques, de Jean-Jacques Rousseau (1772 - 1776) 8 TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Pe rmission e Ce qu’on a appelé le « social-darwinisme » au début du XX siècle, qui est l’application aux rapports humains d’un schéma discerné par Darwin dans l’analyse des traits morphol ogiques du vivant, va jouer un rôle déterminant dans le monde intellectuel de la période hégémonique de l’Occident. La liaison profonde entre le courant sociale darwiniste du début du XX siècle et les présupposés idéologiques du nazisme ont été largement montrés et sont aujourd’hui une évidence. Moins bien perçue (et connue) est la sociobiologie contemporaine qui introduit ouvertement l’homme dans la problématique de la force, de l’agression et de la survie, une idéologie qui revient et qui séduit tant le discours libéral… On ne peut nier que les « Tarzan » participèrent très largement à diffuser cette idéologie raciste et à renforcer les stéréotypes. On écrivit même que Tarzan permit à l’Amérique de « réassurer la suprématie de l’homme blanc 4 sur SES femmes et sur SES noirs » . On lui reproche en plus le sexisme, l’aventurisme et l’ultra individualisme ; toutes vertus que supporte et entretient la méga machine médiatique qui s’est mise en place dés sa conception. Ce « héros anglo-mâle » joua toujours sur la dimension négative des sociétés non-blanches où « les 4 Noirs sont de façon générale superstitieux, les Arabes, rapaces et les femmes à soumettre. » Planche de Haeckel extraite de Tarzan und die Herrenrasse, Norbert Bernahrdt © Haeckel TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Pe rmission Cirque "Hum pty dum pty", Schoe nhut, Etats-Unis, 1903 Collection musée du Jouet, Poissy. Pho to Studio Berno t 4 Tarzan, ménageries et cirques L’éducation de Tarzan et sa familiarité avec les animaux l’opposent absolument à la relation aux animaux e sauvages qu’entretient l’ Occident depuis le XVIII siècle. L’histoire des mé nageries, des zoos et des cirques est celle de l’arrachement de la terre d’origine et de l’emprisonne ment. La figure du dompteur de cirque dessine en miroir celle d’un Tarzan brise ur de cages mais aussi dompteur suprê me. Il est le gardie n pointilleux de l’état de Nature. Si il chasse c’est par nécessité jamais par plaisir, ni par forfanterie. John taliaferro, Tarzan Forever, New York, 1999, cité in Degran, p.12 9 TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Pe rmission 3/ La jungle, décor des prouesses de Tarzan Cette section de l’exposition présente de nombreuses planches originales de bandes dessinées décrivant avec talent l’univers hostile dans lequel évolue le personnage de Tarzan. En contrepoint de ces bandes dessinées, des animaux empaillés prêtés par le Musée de la Chasse et de la Nature viennent ponctuer le parcours. Tarzan figure parmi les premiers personnages mis en bande dessinée, lorsque ce qui sera plus tard reconnu comme le « neuvième art » sort du domaine du comique et de la fantaisie où les circonstances de son émergence l’avaient jusque là confiné. Le passage à l’aventure commence précisément le 7 janvier 1929, avec la parution simultanée, dans les colonnes des titres «syndiqués», de la première bande dessinée de science-fiction, Buck Rogers, dessinée par Dick Calkin – et de Tarzan of the Apes, dessinée par Hal Foster, futur créateur de Prince Valiant. Burne Hogarth (1911 – 1996), le plus célèb re des illustrateurs de Tarzan, voit ses dessins publiés dès ses quinze ans. Le 9 mai 1937, il prend le relais du tout aussi célèbre Hal Foster. Hogarth en fera sa « chose » durant 10 ans jusqu’en 1945 ; il revient en 1947 et dessine son Tarzan jusqu’en 1950. Sa maîtrise, son inspiration et sa fascination pour le corps en mou vement en font le maître du renouveau de la bande dessinée et l’ancêtre d’une multitude de descendants. Planches origi nales de Bur ne Hogarth © Collection particulière TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Pe rmission Dans les forêts profondes dessinées par Burne Hogarth, l’ombre de chaque feuillage semble se parer d’une denture inquiétante et chaque racine d’une griffe acérée… Tarzan est partout menacé d’être « mangé », que ce soit par un animal vorace - panthère, crocodile et autres lions -, par un autre humain « cannibale » ou même par un élément apparemment inerte comme les sables mouvants qui engloutissent ceux qui s'y aventurent. Le risque d'être dévoré d'une façon ou d'une autre guette le héros à chaque pas. La BD contemporaine a par ailleurs enrichi le bestiaire de Tarzan de quelques figures nouvelles comme les fleurs carnivores ou les piranhas qui transforment le moindre cours d’eau en gueule béante. 10 TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Pe rmission 4/ Le ciné-jungle On ne peut penser à Tarzan sans l’associer au cinéma. C’est en effet le septième art qui a donné corps à Tarzan dans l’imaginaire populaire. Dans cette partie de l’exposition, des extraits choisis de films de différentes époques, avec essentiellement pour vedette Johnny Weissmuller (champion de natation), occupent un espace important. Un cycle consacré à Tarzan est également programmé en salle de cinéma en complément de l’exposition. (Voir p. 23) Tarzan fut le héros de 42 films, sans compter les « Jungle Jim » et les séries TV… Hélas, Edgar Rice Burroughs vit son personnage « humilié », selon le mot de Francis Lacassin (exégète de l’écrivain), par des scénaristes navrants qui alignèrent tous les stéréotypes racistes absents de ses romans. Polyglotte chez Burroughs, le Tarzan du cinéma est un « demeuré » incapable de faire une phrase. Malgré quelques épisodes charmants avec Weissmuller et Maureen O’Sullivan, il faudra attendre Greystocke (1984), avec Christophe Lambert, pour que le héros rejoigne le souffle de sa légende. Photographie de Frank Merill, extraite du film Tarzan, the Tiger ©1929 Universal Pictures TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burro ughs, Inc. and Used by Pe rmission Petite rétrospective d’une filmographie riche en exploits : Edgar Rice Burroughs écrit T arzan of the Apes en 1912, qui est refusé par diverses com pagnies cinématographiques. En 1915, il le propose à une compagnie de Chicag o, la « Selig Polyscope », spécialisée dans les images animalières et les films d’aventures, mais elle rejette Tarzan of the Apes et lui préfère un succédané, The Lad and the Lion, histoire d’un enfant abandonné dans la jungle se liant d’amitié avec un lion. Tarzan of the Apes, dont on adapte juste les premiers chapitres, est finalement accepté en 1916. Burroughs collabore à l’adaptation et le scénario reste fidèle au personnage. Le film est tourné en Louisiane, avec des stocks-shots d’images du Brésil et Elmo Lincoln en Tarzan. Bien accueilli par le public, on tourne alors un autre film en 1918, toujours avec Elmo Lincoln, inspiré des derniers chapitres de Tarzan of the Apes. La période du cinéma muet de Tarzan alternera films B produits par de petites compagnies et serials, tournés dans une jungle de jardin botanique, en Floride ou en Californie. À chaque fois, Tarzan aura une double identité. Il sera Lord Greystoke, en costume et nœud papillon dans sa cabane au cœur de la jungle (voir T arzan and the Golden Lion, 1927) et Tarzan à l’extérieur, vêtu d’une peau de léopard qui couvre tout son corps et le front ceint d’un bandeau. 11 TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Pe rmission Beaucou p de sportifs ont été des Tarzan de cinéma. Herman Brix, champion de lancer du poids, Glenn Morris, ancien champion de décathlon, à deux reprises (Tarzan the Fearless, 1933, et Tarzan’s Revenge, 1938), avec pour partenaire Eleanor Holmes, ancienne cham pionne de natation. Mais c’est surtout Johnny Weissmuller qui restera à jamais gravé dans la mémoire des spectateurs : en raison de ses compétences sportives, Tarzan, roi des airs, est devenu aussi le maître des eaux, en surface (son crawl impeccable) et en profondeur (vues sous marines). Affiche Les Nouvelles aventures de Tarzan, 1935 © Collection Particulière TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Permission La rupture entre sauvage et civilisé est une frontière interne à l’Amérique et à son histoire qui a hanté tout son cinéma, entre les colons blancs et les Indiens, puis les blancs et les noirs, avec l’esclavage et la ségrégation. La série des Tarzan-Weissmuller est celle qui exprime le mieux la perte de confiance dans les v aleurs de l’Occident et les bienfaits de la civilisation, en prônant l’utopie d’un monde sans argent, loin des mirages de la so ciété de consommation. Elle a aussi pour vertu de redéfinir la limite entre sauvage et civilisé, de faire vaciller sa schématisation univoque (les blancs, toujours du bon côté) puisque Tarzan, l’homme blanc, est à la fois les deux et ni l’un ni l’autre : un non-civilisé pas sauvage pour autant, qui brouille les places habituellement assignées. Hollywood a réécrit Tarzan pour parler de l’Amérique. En transformant le personnage conçu par Burroughs, il a fait de Tarzan non un pers onnage mythique mais un mythe pour l’Amérique secouée par la crise, tenté provisoirement par un retour à la nature. Tarzan et l’érotisme au cinéma L’érotisme lié au personnage de Tarzan culmine avec Tarzan, l’homme singe (1932), dans la scène de bain : au réveil, alors que Jane a dormi nue sous une pe au de bête et que Tarzan va lui chercher des fruits, elle s’ avance vers la rivière et y plonge… en tenue d’Eve. Toutes les images prises sous l’eau, véritable ballet nautique, avec Tarzan en pagne et Jane nue, garde nt intactes leur force érotique. Vêtue d’ un pagne très court qui dévoile ses cuisses, Jane portera par la suite une te nue qui couvrira plus son corps. 12 TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Pe rmission 5/ L’Afrique de Tarzan Le visiteur pénètre ensuite dans l’univers de l’Afrique de Tarzan… Cette section présente un nombre important d’objets des collections du musée du quai Branly. (voir p.19) Burroughs ne mit jamais les pieds en Afrique. Il est plus pertinent de déchiffrer dans l’Afrique de Tarzan le lieu imaginaire, comme le Péloponnèse d’Héraclès, dans lequel se joue le travail du héros plutôt que des traces extrêmement minces d’exactitude ethnographique. Si le cinéma et la bande dessinée se teintent de réalités africaines, elles sont fort légères et plus que convenues. On y convoque Zoulous, Masaï, Kikuyus et hommes-léopards accoutrés de peaux de fauves qui restent fortement liés à l’imagerie coloniale. D’un côté, Tarzan fait preuve d’une sensibilité africaine car il considère le cimetière des éléphants comme tabou. Il respecte l’interdit des noirs (un lieu sacré) et refuse aux blancs l’exploitation de l’ivoire. Néanmoins, chaque volet de la série déplie toujours la même double image des noirs. D’un côté les porteurs soumis et dociles, fouettés et tués lorsqu’ils refusent d’avancer, et qui meurent toujours en premier (chutes depuis la falaise, dévorés par les animaux, etc.), et de l’autre, les tribus noires, sauvages, violentes, voire cannibales, y compris envers leurs frères. Statue mas culi ne, Cameroun ; Tapa, bois, crins, brins de raphia, 82 x 33 x 14 cm ©musée du quai Bra nly, photo Thierry Ollivier, Michel Urtado Le contexte colonial des « Tarzan », comme dans toute l’œuvre de Burroughs, n’est pas négligeable et d’une certaine façon, sa dénonciation retenue mais présente par un Américain moderne plus au fait de l’impérialisme que du colonialisme, est très intéressante. Elle permet de cerner un peu mieux cette Afrique fantasmée où se déplace le héros. Si ce n’est pas exactement le Congo belge, les allusions qui y sont faites sont peut-être là pour faire resurgir l’aspect tragique de ce colonialisme. Mode léopa rd et bikini panthère Tarzan au cinéma a beaucoup contribué à l’avè nement universel de la peau de félins comme symbole de sauvagerie. Le pagne de Tarzan que la censure a fait allonger de film en film, en est le marque ur absolu. Qu’elle reste très présente dans la mode des socié tés occidentales sous le terme de mode Cheeta n’est guère une surprise. Elle rejoint la chemise hawaïe nne, autre symbole de l’Eden perdu. Les plus grands créate urs contemporains, de Galliano à Jean Paul Gaultier, en font un exercice imposé de la mode vestimentaire. Homme Léopard Journal « Tarzan » n°171 ©Collection particulière TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burro ughs, Inc. and Used by Permission 13 TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Pe rmission 6/ Les Douze travaux de Tarzan Cette secti on de l’expositi on illustre la figure du héros à travers ses exploits, avec des planches de bandes dessinées (notamment de Burne Hogarth) et des œuvres d’art classique issues de nombreux musées français (musée du Louvre, musée d’Orsay, musée de Tessé du Mans, musée Anne de Beaujeu, musée de l’Armée, musée Buffon, Musée de la Chasse et de la Nature…). Tarzan est un héros antique. Il est le frère d’Hercule et le petit cousin de Remus et Romulus. N’endosse-t-il pas la cape de Batman et n’est il pas aussi agile que Spiderman ? Il est Saint George qui terrasse le dragon. L’idéal de la Beauté. C’est un Ange que la méchanceté du monde oblige à sortir du jardin d’Eden. Tarzan possède des instincts surpuissants et a le pouvoir de se propulser dans des cités ou civilisations perdues, au sein desquelles il ne paraît jamais anachronique. Et ces topographies imaginaires, évidemment, ont toujours pour cadre l’Afrique réinventée par Burroughs dans laquelle Tarzan a l’habitude d’évoluer et de se déplacer ; il va y accom plir son travail de Héros mythique. Exactement comme Héraclès, le héros de la Grèce Antique qui va vivre ses 12 fameux travaux dans un Péloponnèse imaginé (curieusement, l’épisode de l’arc d’Héraclès qui initie son statut de Héros n’est pas bien loin puisque, le tout premier exploit de Tarzan consiste aussi à voler un arc et des flèches). Ainsi, voit-on le héros tour à tour rencontrer des armées romaines, des anthropoïdes, des amazones, des atlantes, des croisés, des hommes préhistoriques, des viking…Ces confrontations cocasses vont, dans le cinéma et la bande dessinée, être exploitées jusqu’à l’épuisement et c’est la Terre entière, et même le centre de la Terre, qui vont devenir le théâtre de ses exploits. Planche de Tar zan par Joe Kubert © Collection Particulière TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Permission 14 TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Pe rmission Pour reprendre quelques exemples concrets : dans Tarzan, Lord of the Jungle (1928), Tarzan, à la recherche de James Blake, membre d’un safari perdu, découvre la Vallée du Sépulcre : une gorge étroite, une croix blanche gravée de caractères en anglais archaïque ; puis le tunnel et des soldats noirs en justaucorps de cuir avec croix rouges en blason ; enfin les deux villes fortifiées de la vallée perdue où, il y a 735 ans, des croisés égarés après un naufrage sur la côte de l’Afrique, s’établirent dans cette vallée fermée. Tous les ingrédients de l’imagerie médiévale sont réunis pour que Tarzan, redevenu le vicomte de Greystoke, muni de sa cotte de mailles et de son épée, délivre femmes et enfants. Autre exemple : un des nombreux « travaux » de Tarzan s’exprime à travers sa confrontation mythique avec la gente féminine : comme les héros antiques, Tarzan affronte les Amazones, archétype occidental de la femme instrument de la « fatalitas ». Au cinéma cela s’est concrétisé par le film Tarzan and the Amazons (1945), qui fait du beau héros de Burroughs une consternante figure de publicité pour dessert sucré : autour de Johnny Weissmuller vieillissant et de Shirley O’Hara en « Aténa » reine des Amazones s’agitent une ribambelle de beautés (dé)vêtues de peaux de léopards. Entre 1945 et 1948, Hollywood et Kurt Neuman nous offrent 4 versions de « Tarzan et les Belles » : amazones, femmes léopard, chasseresses pour zoo et sirènes. Amazone Peinture de Mo nante uil © Musée de Tessé, Le Mans Crocodiles et dragons Saint Georges combat le Dragon et Hercule l’Hydre de Lerne. Tarzan affrontant le crocodile reprend les arché types des héros combattant le Mal. Il apparaît que la figure négative et diabolique de l’Afrique est toute entière conte nue dans la figure du crocodile. Il y a assez pe u de combats dans le roman de Burroughs ; c’est le ciné ma qui a usé et abusé de la très spectaculaire sé que nce mettant e n vale ur les qualités de nageur de Weissmuller. La bande dessinée de Hogarth donne aussi quelques merveille uses scè nes du T arzan accroché au dos du crocodile. Couverture de « Tarzan Gé ant ». © Collection Particulière TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burro ughs, Inc. and Used by Pe rmission 15 TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Pe rmission 7/ Tarzan, le sauveur de la jungle Tarzan, qui pou rsuit les tra fiquants d’ivoire, est-il protecteur de la Nature et des Forêts ? L’exposition évoque ici les massacres et les trafics d’animaux par le biais de trophées d’animaux. Léopard naturalisé Musée de la chasse et de la nature, Paris. Ancienne collectio n du Prince d’ A renbe rg © DR. Tarzan, se nourrit de sa chasse ; il est un héros écologiste av ant l’heure, protecteur de la jungle, de la nature, et de la couche d’ozone (s on refus de la technol ogie et du progrès va explicitement dans ce sens), précurseur d’un combat à l’échelle de la planète. Tarzan, capable de renverser les dirigeants locaux corrom pus qui bradent les richesses du pays (la contestation du pillage de l’Afrique par les blancs pour alimenter les zoos dans Tarzan et la chasseresse, 1947), fait figure par son combat de héros prém onitoire, contemporain de nos inquiétudes sur l’avenir de la planète et d’un modèle de société basé sur la croissance économique et le progrès. Il comb at avec vigueur tous les trafiquants qui hantent ses terres africaines : voleurs d’ivoire, marchands d’esclaves, voleurs de trésors, trafiquants d’animaux sauvages destinés aux cirques. Que nous dit aujourd’hui l’inépuisable fable de Tarzan ? Elle nous invite à un élargissement de notre conscience écologique et politique. Relue et remise en scène, cette histoire n ous rappelle qu’aucune partie de l’humanité, à aucun moment, n’est plus proche ni plus éloignée d’un état de nature, ni dans le passé primitif ni dans l’avenir évolué. Cette section de l’exposition se conclut par la publicité réalisée par WWF, où un Tarzan musculeux se balance de liane en liane jusqu’à la lisière artificielle d’une forêt dévastée par les constructions humaines. Sans lianes ni arbres sur lesquelles s’agripper, il finit tragiquement à terre… Sauvagerie militaire Le signe de la sauvagerie qu’est la dépouille du fauve, envahit les uniformes de bon nombre de régiments, rappe lant là le pre mier geste d’Héraclès se parant de la peau du lion de Némée. Ocelots, panthères, léopards, guépards et lions vont payer un lourd tribut aux nécessités du fournime nt des corps de prestige des armées européennes. Parmi les plus connus, les officiers supérie urs des Armées Napoléoniennes dont le célèbre Hussard au cheval cambré et au tapis de selle de Géricault. Les hussards hongrois de la garde royale n’étaie nt pas à la traîne de la mode « peaux de félins » : ils portaie nt tous une dépouille de panthère en jeté d’épaule. 16 TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Pe rmission 8/ Tarzan, le héros nu et ses robots Cette section év oque la con frontation symbolique entre le héros nu et les super héros / robots (Metropolis, Batman, Robocop) Si les héros de comics qui ont suivi Tarzan peuvent proclamer : « A moi la jungle des villes », Tarzan lui, demeure le roi de la forêt. L’avantdernière section de l’exposition présente un moulage du robot de Metropolis de Fritz Lang (1927), annonçant les héros robotisés qui envahissent la scène urb aine et qui tiennent leurs pouvoirs de galaxies lointaines. Metropolis devient la ville de Superman et Gotham City celle de Batman. Tarzan combat avec ces derniers dans la jungle des villes avant de retourner faire régner l’ordre dans sa jungle des « champs ». Tarzan est l’anti-robot, l’homme nu face à la décadence des cités modernes. Robot de Metropolis de Fritz Lang Moulage en résine, 181 x 60 x 30 cm © La Cinémathèque française La droiture de Tarzan est à toute épreuve. A l’image des super héros auxquels il servira de modèle, les mêmes caractéristiques définissent sa posture morale et physique. Comme eux, il défend un idéal de droiture dans un monde tordu en ne pouvant compter que sur ses propres forces. Son corps nu est apparemment sans défenses, mais c’est pour nous rappeler que sa v éritable armure est intérieure et que la seule force qui vaille contre les puissances du mal est morale. Les super héros qui lui ont succédé ont continué sur cette voie d’une valorisation des qualités morales… en les complétant, il est vrai, par une puissance corporelle dopée aux nouvelles technologies. Batman et Tarzan Lord Greystoke rencontre le milliardaire Bruce Wayne à l’inauguration de la nouvelle salle d’ Art africain du musée de Gotham City. Il devine que Bruce est Batman et ils poursuivent ensemble Cat Woman qui vie nt de voler les objets. Elle est la desce ndante d’une reine d’Egypte qui cherche à récupérer ses objets sacrés. 17 TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Pe rmission 9/ Le Fils de Mère-Nature La transformati on du héros en animal donne la clef du destin héroïque de Tarzan : comme Romulus et Remus, fils de la louve, il est fils de la Nature primordiale exclusive. Héros virginal, il retourne après chaque exploit au sein maternel qu’est le monde sauvage. L’exposition se termine sur le dernier spot de publicité Guerlain (L’homme-animal), des objets issus des collections du musée du quai Branly, et des figurines en plastiques du personnage, épinglées tels des spécimens de papillons. Edgar Rice Burroughs a toujours dit que son idée était de refaire une sorte de folklore moderne avec le vieux mythe de Romulus et Remus, d’où le thème récurrent dans ses romans du « fils de Mère-Nature », élevé par des singes. Il est intéressant d’établir un parallèle avec Greystoke, l’un des derniers films consacré au mythe : vers la fin du film, lors de l’inauguration d’une galerie du Muséum, consacrée à l’évolution, apparaît la figure de Darwin. Or Tarzan s’ennuie, quitte la cérémonie et, dans une salle de vivisection, il libère un grand singe enfermé dans un laboratoire. Après une course poursuite dans les rues de Londres, le singe est tué par la police. « C’était mon père ! », hurle Tarzan. Il rentre dans son château, balance un temps entre ses deux identités, puis amorce un retour vers la première d’entre elles. On le voit galoper avec des chevaux en hurlant les premiers mots qu’il a appris : « famille », « animal », « mon père » ; puis il prend et annonce sa décision : « Je rentre chez moi parce que je sais mainte nant qui je 5 ne suis pas » . Enfant singe ou enfant sauvage, il était devenu homme, baron, membre d’une société « civilisée », puis il a entamé une régression, et retourne à la forêt, aux grands singes et au cri qui est sa véritable identité. Tarzan au creux de son arbre, de Jean-Noël Lavesvre, Céramique © Collection particulière, photo Jacques Pepion, 2008 TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burro ughs, Inc. and Used by Permission Greystoke, c’est Darwin inversé, c’est l’évolution en forme de courbe de Gauss. Du cri au cri, comme un refus de la « civilisation ». Tarzan et la publicité Jean-Paul Goude réalise en 2008 un spot télévisé destiné à la campagne de promotion du parfum « Homme » de Guerlain ; ambiance d’une jungle aux reflets sublime ment mordorés et aux brumes ambrées : un Tarzan anonyme se désaltère au milieu de ses amis les fauves, singes, zèbres et autres animaux. Le visage de l’homme devient le nteme nt panthère poussant ainsi au bout la métaphore tarzanesque de l’ homme finissant par se transformer physiquement en fauve. Tarzan ou le retour à l’animalité absolue et à la Mère Nature. 5 In Greystoke, la légende de Tarzan, Hugh Hudson, 1984 18 TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Pe rmission * LA COLLECTION AFRIQUE DU MUSEE DU QUAI BRANLY Le musée du quai Branly abrite l’un des plus importants fonds d’arts africains au monde, avec près de 70 000 objets en provenance du Maghreb, d’Afrique subsaharienne et de Madagascar. Sur 2 environ 1200 m , le visiteur accède à un millier d’oeuvres d’une richesse et d’une variété excepti onnelles, pour la première fois réunies en un seul et même lieu, permettant ainsi une relation féconde entre les styles, les cultures et les histoires. Elaborée à partir de 1999 par un groupe de travail réunissant des équipes du Musée de l’Homme et du musée national des Arts d’Afrique et d’Océanie, la muséographie des collections africaines propose deux approches au visiteur : un parcours géographique, qui invite à un voyage à travers le continent du nord au sud ; un parcours plus thématique, permettant de découvrir les oeu vres et de les envisager selon leurs usages et leurs techniques de réalisation. Amulette (Gri ffes de léopard), Ethio pie 3,2 x 6,7 x 1 cm © musée du quai Branly, photo Michel Urtado, Thierry Ollivier Cette approche bénéficie d’espaces d’exposition particulièrement originaux: les nombreuses « boîtes » en saillie sur la façade nord forment autant de petits cabinets d’étude consacrés à une famille d’objets ou à un thème, la divination par exemple. Plusieurs partis pris essentiels contribuent par ailleurs à faciliter l’appréhension des œuvres et de leurs significations, l’histoire de la région concernée et celle de ses contacts avec les autres cultures. La contextualisation fait appel, sous forme de cartes, d’extraits de récits de voyages et sur des supports multimédia, à de très nombreux documents audiovisuels et photographiques. Les Expositions « Afrique » au musée du quai Branly Ciwara, chimères africaines (23/06/06 – 17/ 12/06) Commissaire : Lorenz Homberger La Bouche du roi (12/09/ 06 – 13/11/ 06) Installation de Romuald Hazoumé Bénin, 5 siècles d’art royal (02/10/07 – 06/01/08) Commissaire : Barbara Plankensteiner Diaspora, exposition sensorielle (02/10/07 – 06/01/08) Sur une idée originale de Claire Denis Jardin d’amour (03/04/ 07 – 08/07/ 07) Installation de Yinka Shonibare Objets blessés, la réparation en Afrique (19/06/07 – 16/ 09/07) Commissaire : Gaetano Speranza Ivoires d’Afrique (12/02/ 08 – 21/05/ 08) Commissaire : Ezio Bassani Recette des Dieux, esthétique du fétiche (03/02/09 – 10/05/09) Commissaire : Nanette Snoep Présence Africaine, une tribune, un mouvement, un réseau (10/ 11/09 – 31/ 01/10) Commissaire : Sarah Frioux-Salgas Artistes d’Abomay, dialogue sur un royaume africain (10/11/ 09 – 31/01/ 10) Commissaire : Gaëlle Beaujean-Baltzer 19 TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Pe rmission * CATALOGUE DE L’EXPOSITION -Préface de Stéphane MARTIN, préside nt du musée du quai Branly -Tarzan ! ou Rousseau chez les Waziri, par Roger BOULAY, commissaire de l’exposition -Tarzan revisité, par Pascal DIBIE Ethnologue, Professe ur à Paris 7, directeur de la collection « Traversées » aux éditions Métailié, directeur littéraire aux éditions de l’Aube, auteur de nombre ux ouvrages. Approche ethnohistorique de Tarzan, de la fiction de Burroughs à la BD raciste. Cette partie remet dans le contexte anthropologique et colonial de l’époque la réflexion sur la tentative de découverte du « chaînon manquant », en l’occurrence l’homme singe Tarzan dont la dimension sauvage est contrebalancée par une intuition quasi féminine et une délicatesse d’esprit dans l’œuvre de fiction de Burroughs. Dimension qui a disparu dans les BD, appelées à l’époque (1941 en France) « ouvrages pour la jeunesse »... -Un mythe moderne, en attendant la suite, par Pascal ORY Historien du monde contemporain, Professeur à Paris 1, directe ur de collection de BD historiques, chroniqueur à France Culture, auteur de nombre ux ouvrages. Dans le panthéon des super héros, Tarzan est de loin le plus grand : il a su passer de la littérature de fiction à la BD, avec des distorsions historiques qui méritent d’être étudiées de près. -Le chaînon intermédiaire entre l’homme et l’enfant, par Serge TISSERON Psychiatre et psychanalyste, auteur de nombre ux ouvrages. Les thèmes de Tarzan (la puissance, l’identité, le monde vorace, etc,…), abordés dans une approche psychanalytique. -Le cri de Tarzan, par Louis-Jean CALVET Sociolinguiste, chercheur international, auteur de nombreux ouvrages dont le « petit traité de glottophagie coloniale ». Approche sociolinguistique et amusante des langages protohumains et zoophoniques dans Tarzan ainsi que du parler des genres et du monde oral vu par la colonisation, la radio et le cinéma. -Tarzan au cinéma. Loin de la jungle des villes, par Charles TESSON Professeur d’histoire et d’esthétique, rédacteur en chef des Cahiers du cinéma, aute urs de nombreux ouvrages. Avec plus de 45 adaptations depuis 1918 auxquelles il faut ajouter plusieurs séries télévisées, Tarzan est le héros qui a été le plus représenté au m onde. Du jardin d’Eden aux images galvaudées et aux thèmes contemporains de l’écologie, Tarzan a traversé tous les regards et toutes les modes sans jamais cesser d’être un héros. Ouvrage sous la direction de Pascal Dibie Coédition musée du quai Branly – Somogy éditions d’art Nombre de pages : 120 pages Impression : quadrichromie Iconographie : environ 70 illustrations Reproductions de planches de Tarzan (Burne Hogarth, Hal Foster...), de photographies de films, d'une dizaine d’illustrations originales en hommage à Tarzan et de divers objets des collections du musée du quai Branly, etc. Prix de vente public : 19,50€ Certains textes du dossier de presse sont directement inspirés du catalogue de l’exposition 20 TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Pe rmission * ABECEDAIRE : LE VASTE MONDE DE TARZAN… de A à Z Né de l’imagination d’Edgar Rice Burroughs en 1912, Tarzan est devenu, grâce aux romans, à la bande dessinée et au cinéma, un personnage de fiction mondialement connu. Fleuves gigantesques, vallées perdues, cités mystérieuses… Au-delà des clichés qui entourent le héros, l’auteur s’est p ris au jeu de l’abécédaire pour établir, en 72 mots- clés, un véritable guide de découverte, un passeport pour cet univers unique et captivant. Le Vaste monde de Tarzan… de A à Z. - Par Roger Boulay Edition L’Etrave - 96 pages - format 16 x 16 cm - prix de vente public : 12 euros -EAN 9782909599953 * HORS SERIE : « Tarzan ! Les aventures du seigneur de la jungle aux XXe et XXIe » Au sommaire : Mémoires d’outre jungle, Les ave nture pas si ordinaires de Burroughs, Dans la j ungles des sources littéraires, Bienvenue à Tarzaland, Les héros si…urbain, Les (més)ave ntures de T arzan sur grand écran, A l’ère de la reproduction photographie, Le seigne ur de la B.D., « Tarzamides » les imposteurs de la jungle, Tarzan les artistes te détestent, Tarzan toujours roi ?, Autour de l’exposition. e e « Tarzan ! Les aventures du seigneur de la jungle aux XX et XXI siècles » L’ŒIL Magazine 60 pages- format 23 x 30 cm - prix de vente public : 8 euros * COMMISSARIAT Docteur en ethnologie, Roger Boulay a été le responsable des collections océaniennes au musée national des Arts d’Afrique et d’Océanie, et s’est vu confier le programme muséographique du Centre Culturel Tjibaou à Nouméa. Puis il fut, jusqu’en 2008, chargé de mission pour les collections océaniennes auprès de la Direction des Musées de France, et auprès du Musée de NouvelleCalédonie pour réaliser des actions muséographiques et des projets d’inventaire de leur patrimoine. Il fut le commissaire de l’exposition De jade et de Nacre, patrimoine Kanak en 1990/91 avec la RMN, de Kannibals et Vahinés au Musée National des Arts d’Afrique et d’Océanie (MNAAO) en 2001, et de l’exposition Festetics de Tolna, l’aristocrate et ses cannibales, présentée au musée du quai Branly du 23 octobre 2007 au 13 janvier 2008. * BANDE-SON ET SUPPORTS AUDIOVISUELS - La bande son de l’exposition a été créée spécialeme nt pour l’exposition par Claire Thiebault et Cyril Lefebvre, président du « Ukulélé club de Paris », spécialiste de la musique « Exotica » et collaborateur de Philippe Découfflé. La jungle de l’homme-sauvage enveloppe le visiteur des mille inquiétantes clameurs, attestant le danger à chaque pas. Ici, le brusque piaillement de singes affolés, là le frôlement d’un félin, l’incessant agacement des insectes dans la moiteur de l’orage, et au loin, par-delà les cascades, cette pulsation musicale entêtante, relent de quelque spectaculaire rituel dont Hollywood seule possède le secret. 21 TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Pe rmission Car il serait vain de chercher dans ce monde s onore la moindre authenticité. Descendante des turqueries morzartiennes via la branche orientaliste et le fracas jazz jungle de la Harlem Renaissance, la musique Exotica, puisqu’il s’agit d’elle, naquit en Californie sous l’influence directe de Tarzan. Ses rythmes latino et ses dissonances futuristes traversées des cris de la jungle se sont depuis ouverts à toutes les modernités, mais toujours accompagnement parfait du mythe. Le parcours de l’exposition intègre une dizaine d’écrans diffusant des montages thématiques d’extraits de films de Tarzan sur les thèmes suivants : le héros, le cri, les singes, la jungle, Jane, le fleuve, les Africains, le léopard, les amazones, la cité perdue, les crocodiles, les chasseurs, et les trafiquants. Les visiteurs peuvent donc découvrir ou redécouvrir leur héros dans de nombreux longs-métrages : Tarzan et le lion d'or (John P. Mac Gowan, 1927), Tarzan le tigre (Henry Mc Rae, 1929), Tarzan l'homme singe (Woody S. Van Dyke, 1932), Tarzan et sa compagne (Jack Con way / David Gibbons, 1934), Les Nouvelles aventures de T arzan aka Tarzan l'invincible (Ed ward A. Kull / Wilbur Mc Caugh, 1938), Le Trésor de Tarzan (Richard Thorpe, 1941), Tarzan et les amazones (Kurt Neumann, 1945), Tarzan et la femme léopard (Kurt Neumann, 1946), Tarzan et la chasseresse (Kurt Neumann, 1947), Greystoke, La Légende de Tarzan (Hugh Hudson,1984)… - Il est également diffusée dans le jardin, pendant toute la durée de l’exposition, une autre bandesonore évoquant la jungle cinématographique de Tarzan, com posée celle-ci par l’agence Sixième Son. * AUTOUR DE L’EXPOSITION * Dans l’espace d’exposition Activités gratuites sur présentation d’un billet d’accès aux collections • En famille : visite-expédition : au programme, un rappel des épisodes importants des aventures de Tarzan, la découverte des inventions langagières de son auteur Edgar Rice Burroughs et une initiation au fameux langage singe… Durée 1h Mercredi, ve ndre di et dimanche, à 15h * Dans le jardin • Enfants, 3- 6 ans : Dans le monde de Tarzan. Cris des animaux, odeurs des sous-bois, textures naturelles…, le monde de Tarzan s’invite à Paris ! Cet atelier propose une approche par les sens de l’univers de la jungle : odeurs, sons, goûts, formes à voir et à toucher sont soumis à l’expertise des tout-petits… Durée 1h Mardi à 15h • Enfants, 6-12 ans : Matière première : liane. Par l’observation du mur végétal du musée du quai Branly et un atelier de travaux pratiques, les enfants sont sensibilisés à la diversité des plantes épiphytes - qui poussent sur d’autres plantes - et à leur importance dans les milieux traditionnels et la préservation de l’environnement. Durée 1h Jeudi, à 15h • En famille : Au quai, on danse ! L’occasion de découvrir les danses des cultures présentes dans les collections du musée. En clin d’œil à l’exposition, les visiteurs peuvent s’initier cet été aux pratiques corporelles basées sur l’imitation animale. La danse du totem venue de Guinée, où chacun est invité à danser son animal protecteur (4 juillet, 1er août, 29 août) ; le Penca avec une initiation à la gestuelle du singe (kera) et du tigre (pamacan à Java) (11 juillet, 8 août) ; la capoeira venue du Brésil, où les références au monde animal sont nombreuses (18 juillet, 15 août) ; le Hakamanu des îles des Marquises, la danse de l’oiseau (25 juillet, 22 août). Durée 1h 22 TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Pe rmission • Adultes : lectures publiques du p remier to me des av entures de Tarzan : Ta rzan seigneur de la jungle. A l’origine du héros et du mythe, le livre des aventures de Tarzan écrit par Edgar Rice Burroughs en 1912. Les visiteurs sont invités à venir écouter un passage lors des lectures pu bliques hebdomadaires du vendredi, avant ou après avoir visité l’exposition de l’été ! Une évasion à portée d’oreilles. Durée 1h Vendre di à 18h • Adultes : Visite du jardin. Protégé par une palissade de verre, sous les pilotis du musée, le jardin dessiné par Gilles Clément est, en saison estivale, foisonnant. L’occasion d’en découvrir la richesse au détour des sentiers, clairières et bassins propices à la rêverie et à la méditation… Durée 1h Samedi à 16h30 • Adultes : Saveurs d’ailleurs. Dégustation ensoleillée, moment de découverte des saveurs d’ailleurs et d’ici, l’atelier « saveurs d’ailleurs » est l’occasion de se rappeler l’origine géographique de quelques aliments. Pois chiche, mangue, kiwi ou pomme de terre, l’exotisme n’est pas forcément là où on l’attend… Durée 1h Samedi à 18h © musée du quai Branly, photo Lois Lammerhuber * Cycle cinéma Le personnage de Tarzan, « l’homme singe », est l’une des figures les plus emblématiques de l’imaginaire occidental du vingtième siècle sur l’Afrique. Imaginé par le romancier américain Edgar Rice Burroughs en 1912, Tarzan devient très vite un héros de cinéma : plus de 40 adaptations pour le grand écran depuis 1918 et plusieurs séries télévisées, sans compter les bandes dessinées, mettent en scène le Seigneur de la jungle. Le musée du quai Branly propose de retrouver, en juillet, quatre des grands Tarzan et fait retentir le cri mythique de l’homme singe à la tombée de la nuit. jeudi 23 juillet 2009, 19h Tarzan chez les singes, de Scott Sidney (USA, 1919, 1h) vendredi 24 juillet 2009, 19h Tarzan, l’homme singe, de W.S. Van Dyke (USA, 1932, 1h39) samedi 25 juillet 2009, 19h Tarzan et sa compagne, de Cédric Gibbons et Jack Con way (USA, 1934, 1h35) dimanche 26 juillet 2009, 16h Greystoke, la légende de Tarzan, de Hugh Hudson (Grande Bretagne, 1983, 2h23) Théâtre Claude Lévi Strauss Séances de projection en accès libre, dans la limite des places disponibles 23 TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Pe rmission * Parcours sonore Accès libre dans la limite des places disponibles A l’occasion de l’exposition Tarzan !, le musée du quai Branly invite les visiteurs à une promenade cinématographique dans l’univers du personnage créé par E.R. Burroughs, en faisant appel à l’ensemble du potentiel d’expression musicale : de la création originale à la diffusion de bruitages, en passant par l’emp runt de sons, orchestrations et phrases cultes des films sur Tarzan dans l’esprit singulier des années 40, cette promenade sonore transformera le jardin, l’espace de quelques mois, en une jungle luxuriante, immersive et vivante, dans laquelle Tarzan n’est jamais très loin… Jardin du musée du quai Branly du mardi 16 juin 2009 au dimanche 27 septembre 2009 * Parcours du jardin Accès libre dans la limite des places disponibles Pour le jardin d’été et pendant tout le temps de l’exposition Tarzan , un parcours d’été entraine les enfants sur les traces des animaux préférés de Tarzan, en Afrique. Lions, éléphants, grands singes, panthères, rhinocéros, toutes ces espèces sont menacées d’extinction. Ce parcours est donc l’occasion de sensibiliser les plus jeunes à la protection de la biodiversité. Jardin du musée du quai Branly du mardi 16 juin 2009 au dimanche 27 septembre 2009 * Soirée hommage à Francis Lacassin Accès libre dans la limite des places disponibles Le musée du quai Branly organise une soirée hommage à Francis Lacassin, - spécialiste incontesté du personnage littéraire de Tarzan, qui a notamment établi un lexique du langage grand-singe – pour prolonger la réflexion autour de l’exposition Tarzan ! Théâtre Claude Lévi-Strauss Jeudi 10 septembre 2009, à 20h * Before cuisine d’été , un tour du monde des saveurs Accès libre dans la limite des places disponibles Une escale dans le jardin du musée à la découverte des secrets culinaires des cinq continents. Quizz, explications et/ou dégustations axées sur la découverte des produits et saveurs, ainsi que sur la sensibilisation aux questions de développement durable et solidaire. Théâtre Claude Lévi-Strauss Samedi 4 septembre 2009 de 18h à 21h * Spectacle Walking next to our shoes… Accès libre dans la limite des places disponibles Pour sa nouvelle création, la chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin s’inspire de l’isicathamya, un style de chant a cappella p ropre à la culture zoulou d’Afrique du Sud. Dérivé d’un verbe qui signifie « marcher doucement » ou « piétiner soigneusement », l’isicathamya – dont l’histoire ème remonte au tout début du XX siècle – est aujourd’hui l’apanage des « swankers », ces élégants qui s’affrontent en chœur tous les samedi soirs, à Johannesbourg ou Durban. 24 TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Pe rmission Sur le fond d’une scénographie vidéo, Robyn Orlin fait se rencontrer sur scène le « swanka » Nhla Nhla Mashlangu, la chanteuse lyrique Ann Masina, et les douze chanteurs du chœur Love Minus. Ce spectacle-performance, centré sur le motif humoristique et métaphorique des chaussures, interpelle le public sur des thèmes en apparence frivoles, mais en réalité très profondément liés à l’histoire africaine. Théâtre de verdure et jardin Mercredi 15 juillet 2009, à 16h Dimanche 19 juillet 2009, à 16h Durée 1h En partenariat avec * Jeu-concours : « Nos Années Tarzan » Conçue pour tous les publics, l’exposition propose également de participer à un jeu concours où les visiteurs du musée sont invités à venir exprimer devant une caméra (un studio d’enregistrement est installé dans le jardin du musée) ce que rep résente pour eux le p ersonnage mythique de Tarzan : un héros d’enfance, des scènes de cinéma et de télévision célèbres, le fameux cri de Tarzan… Concours en accès libre les mercredis, samedis et dimanches, du 27 mai au 28 juin 2009, de 11h à 19h, soit 15 journées pour tenter de gagner un prix que le jury remettra après délibération le 10 septembre 2009. Pour chaque catégorie, adultes et moins de 18 ans, les grands gagnants remporteront un voyage pour 2 personnes en Afrique : « Mythe et tradition au Niger » Les autres gagnants recevront des pass annuel au musée du quai Branly, des coffrets prestige DVD et des DVD collector Warner H ome Video de Tarzan, des abonnements au magazine L’Oeil, des hors-série Tarzan ! … Les meilleurs moments seront diffusés sur www.quaibranly.fr, Direct 8, et www.direct8.directmedia.fr, partenaire de l’exposition et du concours « Nos années Tarzan ». * Au salon de lecture Jacques Kerchache jeudi 18 juin, 19h Rencontre avec Roger B oulay, commissaire de l’exposition Tarzan ! pour la présentation de son livre Le vaste monde de Tarzan… de A à Z, 2009, Éditions de L’Étrave Durée 1h15 Salon de lecture J. Kerchache en accès libre vendredi 19 juin, 10h à 13h Tarzan et son mythe : un « bon sauvage » au fil du XXe siècle, par Olivier Piffault, conservateur. Matinée du Patrimoine organisée par la Bibliothèque Nationale de France – JPL(Joie Pour les Livres) Durée 3h Salon de lecture J. Kerchache en accès libre vendredi 19 juin, 19h Soirée Oulipo : Le Chant d’amour grand-singe, un corpus lyrique méconnu Une conférence de Jacques Jouet, avec la collaboration d’Hervé Le Tellier. Durée 1h30 Salon de lecture J. Kerchache en accès libre jeudi 25 juin, 19h Table ronde avec les auteurs du catalogue de l’exposition Tarzan : Pascal Dibie, et Serge Tisseron, directeur de recherche à l'Université de Paris X-Nanterre. Durée 1h30 Salon de lecture J. Kerchache en accès libre 25 TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Pe rmission jeudi 2 juillet, 18h La véritable histoire de Tarzan Un spectacle de pantomime de Philippe Leygnac et Patrice Thibaud : interludes sur des extraits du film muet Tarzan of the Apes, 1918 (National Film Corporation of America) Durée 1h Salon de lecture J. Kerchache en accès libre samedi 5 septembre, 17h Table ronde avec les auteurs du catalogue de l’exposition Tarzan ! : Pascal Dibie, Charles Tesson, Pascal Ory et Louis-Jean Calvet, Pascal Dibie, anthropologue, Maître de conférences Université Paris VII-Jussieu. Charles Tesson, auteur et professeur d'histoire et d'esthétique du cinéma à l'Université de la Sorbonne Nouvelle (Paris III). Louis-Jean Cal vet, sociolinguiste et chercheur, auteur de nombreux ouvrages, notamment le “petit traité de glottophagie”. Pascal Ory, historien du monde contemporain, professeur à Paris I, directeur de collection de BD historiques Durée 1h30 Salon de lecture J. Kerchache en accès libre dimanche 6 septemb re, 16h L’Afrique de Tarzan : Rencontre avec Aurélien Gaborit, responsable de collections Afrique Durée 1h15 Salon de lecture J. Kerchache en accès libre jeudi 10 septembre, 18h30 Rencontre avec Roger Boulay, et visite de l’exposition Tarzan ! Durée 1h15 Salon de lecture J. Kerchache en accès libre samedi 12 septemb re, 16h Tarzan, de la loi de la jungle à la loi de 1949 : Rencontre avec Jean-Pierre Mercier dans la cadre de l’exposition Tarzan ! Jean-Pierre Mercier, conseiller scientifique au Musée de la bande dessinée d’Angoulême, depuis 1988. Durée 1h30 Salon de lecture J. Kerchache en accès libre * INFORMATIONS PRATIQUES : WWW.QUAIBRANLY.FR * VISUELS DISPONIBLES POUR LA PRESSE Téléchargement sur http://ymago.quaib ranly.fr – Accès fourni sur demande * CONTACTS Contact presse : Contacts musée du quai Branly : Pierre LAPORTE Communication tél : 33 (0)1 45 23 14 14 [email protected] Nathalie MERCIER Directeur de la communication tél : 33 (0)1 56 61 70 20 [email protected] Magalie VERNET Chargée des relations médias tél : 33 (0)1 56 61 52 87 [email protected] 26 TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Pe rmission * PARTENAIRES DE L’EXPOSITION 27 TARZAN TM and ED GAR RICE BURROUGHS TM owned by Edgar Rice Burroug hs, Inc. and Used by Pe rmission