Analyse des activités du GREF dans un contexte d`évolution

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Analyse des activités du GREF dans un contexte d`évolution
Evaluation réalisée avec l’appui du F3E pour (réf 234 Ev) :
Fonds pour
la promotion des
études préalables
études transversales
évaluations
Groupement des Retraités Éducateurs sans Frontières
3, rue de la Chapelle - 75018 Paris
Tél. : 01 55 26 90 10 - Fax : 01 55 26 90 11
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Rapport définitif
septembre 2007
Marc Totté
Mamadou Goïta
32, rue Le Peletier
75009 Paris
T. 33 (0)1 44 83 03 55
F. 33 (0)1 44 83 03 25
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ENDA INTERMONDES
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1340 Ottignies
Belgique
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Sommaire
Résumé
5
Liste des acronymes utilisés
11
1. INTRODUCTION
13
2. METHODOLOGIE
16
2.1. Cadrage général
16
3. PERTINENCE ET EFFICACITE DES ACTIVITES DU GREF AU MALI
27
3.1. Le contexte du Mali
27
3.2. Pertinence de la stratégie du GREF au Mali
34
3.3. Efficacité au Mali
37
3.4. Conclusions et recommandations pour le Mali
44
4. PERTINENCE ET EFFICACITE DES ACTIVITES DU GREF AU BURKINA
FASO
45
4.1. Le contexte du Burkina Faso
45
4.2. Pertinence
46
4.3. Efficacité
50
4.4. Conclusions sur le Burkina Faso
52
5. EFFICIENCE, EFFETS ET VIABILITE DANS LES DEUX PAYS
53
5.1. Efficience
53
5.2. Effets/impact
67
5.3. Viabilité/reproductibilité
71
6. ANALYSE DE L’EVOLUTION INSTITUTIONNELLE EN LIEN AVEC LES
OBSERVATIONS DE TERRAIN
81
6.1. Une histoire récente mouvementée
81
6.2. Le GREF en quelques chiffres
82
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6.3. Les principaux changements apportés par la réforme
83
6.4. Les acquis et difficultés rencontrées
89
6.5. Conclusions partielles sur l’évolution institutionnelle du GREF en relation
avec les actions visitées au Mali et au Burkina Faso
98
7. RECOMMANDATIONS
106
7.1. Au plan des politiques du GREF
106
7.2. Au plan organisationnel
108
7.3. Autres recommandations plus immédiates et concrètes
113
8. CONCLUSIONS
116
ANNEXES
120
Annexe 1 : Liste des personnes rencontrées
120
Annexe 2 : Traduction de la boucle de qualité en outils et indicateurs
123
Annexe 3 : Carte des cotisants GREF selon les régions en France
129
Annexe 4 : Procédure projet-action
130
Annexe 5 : Rappel des termes de références
133
Annexe 6 : Budget réalisé
135
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ENDA Inter-Mondes
Remerciements
L’équipe souhaite remercier les membres du GREF
rencontrés pour leur disponibilité, leur sympathie et leur
capacité d’autocritique. Nous souhaitons particulièrement
remercier les représentants pays qui nous ont
accompagnés au Mali et au Burkina Faso avec
beaucoup de discrétion dans un rythme souvent
marathonien.
4
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Résumé
Un contexte chargé d’incompréhensions
La présente évaluation se déroulait dans un climat particulier de
dégradation des relations entre le GREF et le MAE dont elle tirait d’ailleurs une
partie de sa justification. Le manque de visibilité plus globale des actions et des
évolutions institutionnelles du GREF, reproché par le MAE, rejoignait finalement
dans une large mesure les préoccupations des responsables du GREF de
« vérifier » en quelque sorte les réformes institutionnelles entamées, à travers
un regard extérieur.
Le caractère un peu hybride des termes de références autant que les
difficultés à sélectionner une offre, manifestaient cependant dès le départ la
difficulté à conduire une évaluation institutionnelle à partir de l’observation des
pratiques et stratégies du GREF dans deux pays : le Mali et le Burkina Faso.
En termes de méthode, la difficulté consistait à s’affranchir des contextes
de ces pays pour tirer des enseignements plus généraux par rapport aux
réformes institutionnelles en cours. Notre proposition de réaliser une évaluation
participative, c’est-à-dire avec les responsables pays du GREF, s’est révélée
payante de ce point de vue : les observations de terrain ont pu être, de manière
régulière, confrontées aux systèmes d’organisation et de décision de la
structure dans son ensemble. Réciproquement, la participation du responsable
de l’équipe d’évaluation aux « journées nationales » du GREF - qui se déroule
chaque année pendant une semaine et rassemble une grande partie des
retraités bénévoles du GREF, soit plus de 500 personnes – a également permis
d’élargir le champ d’observation à d’autres expériences et d’être témoin des
façons dont s’organisent les échanges de parole et les prises de décision.
Enfin, notre hypothèse de départ, consistant à aider à construire un outil
d’appréhension des actions autour de la « qualité » et d’en faire un cadre
d’information-communication pour renforcer la définition d’une ligne
politique autant que de suivi-évaluation-capitalisation des actions au sein
du GREF - s’est trouvé confirmé à maintes reprises.
C’est encore ce cadre qui sera utilisé dans les lignes qui suivent.
Des résultats probants sur le terrain
En terme de pertinence, le cadre retenu permet de la définir comme résidant à
la fois dans la capacité à s’inscrire dès le départ dans des politiques nationales
et/ou à se situer aux cotés d’instances structurantes à cette échelle, et, au
niveau local, d’effectuer les choix stratégiques permettant d’articuler une qualité
voulue par les services chargés de l’éducation à une qualité attendue par les
bénéficiaires. De ce point de vue on constate globalement un positionnement
très pertinent du GREF, précisément, sur la qualité, là où la plupart des
interventions nationales comme internationales restent surtout sur le
renforcement des infrastructures scolaires. Localement, à part quelques
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exceptions qui peuvent s’expliquer, les choix stratégiques apparaissent
pertinents avec les principaux besoins rencontrés.
En termes d’efficacité, c’est-à-dire dans notre nouveau référentiel, de
conformité de la qualité fournie par rapport à la qualité voulue, elle apparait
globalement bonne mais variable quantitativement et qualitativement : Forte au
Mali où les interventions sont plus concentrées dans des programmes
structurants ; Plus variable au Burkina Faso où l’on observe, pour certaines
actions, des problèmes de dimensionnement et de cohérence. Variable
qualitativement également : selon les communes au Mali ; au Burkina Faso,
dans les rares cas où les pédagogies sont inculquées de manière normative et
rigide ; partout pour les AGR (grande diversité ; déperditions ; détournements).
Il faut cependant surtout retenir l’existence d’actions très structurantes
dans les deux pays (et qui dépassent à certains égards les attendus): dans la
région de Kayes (Mali) à travers l’appui à l’enseignement fondamental qui
débouche sur des constructions institutionnelles nouvelles, des changements
de perceptions et une démultiplication spontanée de la démarche; dans le
Cercle de Kati (Mali) pour aider les communes à améliorer leur offre de
structures d’éducation populaire qui débouche sur une prise de conscience des
communes et une réplication dans d’autres communes ; et au Burkina Faso
dans la mise en place d’une Union des Orphelinats qui débouche sur un décret
et un véritable réveil du Ministère de l’Action Sociale. Cela se marquant par un
intérêt de plus en plus manifeste des autorités publiques concernées, dans les
2 pays.
est-à-dire d’adaptation des ressources et des règles
En termes d’efficience, c'
à la qualité voulue (indicateur de processus), elle est plus élevée au Mali et très
variable au Faso où les actions en faveur des orphelinats ont bénéficié de très
faibles moyens par rapport à d’autres sensiblement plus couteuses. Il semble là
que certaines règles de mobilisation et de valorisation des ressources du GREF
ne soient pas toujours respectées1. La modalité des missions - relativement
longues (5-6 semaines) et dédoublées (2 missions par an : une de mise en
œuvre, une de suivi-approfondissement) - apparait adaptée à la qualité voulue.
On constate cependant pour le Faso surtout, la nécessité de mieux
dimensionner les interventions en distinguant une phase de Testdémonstration et une phase d’Extension-reproduction. Dans les deux pays,
les difficultés à mobiliser des compétences adéquates en interne pour les
actions de Pré-professionnalisation et les AGR nécessitent d’investir plus
dans le rapprochement avec d’autres ONG ou associations
professionnelles. Enfin on constate, de manière plus générale, des faiblesses
en matière de présentation, rapportage et suivi-évaluation-capitalisation
des actions mais là également avec de fortes variations, certaines actions
ayant été assez loin dans la capitalisation conjointe des résultats.
1
En particulier la règle selon laquelle une valorisation des compétences bénévoles ne doit pas dépasser
1100 €/mois
6
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En termes de viabilité/reproductibilité, les forces se situent au niveau de la
viabilité institutionnelle c’est-à-dire de la capacité à faire supporter les
changements par des institutions locales ou nationales. Ces « forces » tendant
à se renforcer. Les faiblesses étant plus observées au plan économique où la
tendance à essayer de faire supporter une grande partie des frais de
l’éducation informelle par les AGR ne convainc pas (mais c’est là une question
beaucoup plus générale et complexe). Des pratiques différentes coexistent au
sein du GREF sur cette question - capacité à interpeller le « politique » avec, à
coté tendance à être dans un discours communautariste (« vous devez compter
sur vos propres forces et ressources ») – sans qu’un débat ne soit ouvert et
structuré en interne sur cette question.
En termes de satisfaction (critère important d’une démarche « qualité ») on
trouve généralement des avis très positifs voire élogieux des partenaires
(sur la capacité d’écoute, sur l’ouverture dans les négociations). Ces avis sont
suffisamment étayés et convergents pour croire en leur véracité.
En définitive, des forces et faiblesses relativement équilibrées
Forces
Volonté à travailler avec
pouvoirs publics
Faiblesses
les
Mais de manière trop séparée et
des capacités limitées à le faire
faute de présence permanente
Motivations fortes et engagement
certain dans des zones difficiles
Mais trop d’idéalisme parfois au
détriment d’une vraie analyse de
situation
Professionnalisme
dans
les
formations et leur évaluation (au
premier degré?)
Mais manque d’analyse plus
systémique et stratégique des
répercussions sur le milieu et/ou
difficulté à les traduire dans les
rapports
Engagement de plus en plus
manifeste
dans
la
décentralisation
Mais reste parfois dans un esprit
communautaire idéalisé
La volonté des membres du GREF, volontaires retraités de la fonction publique
pour la plupart, à travailler avec les pouvoirs publics ainsi que les résultats
obtenus en termes d’effets structurants à des échelles importantes (région,
pays) nous semble compenser bien des faiblesses, si l’on compare à ce qui se
fait ailleurs par des ONG professionnelles.
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Une réforme institutionnelle qui tend à compenser les
principales faiblesses
Trois facteurs peuvent être identifiés comme pouvant expliquer ces
faiblesses :
- Une grande variété d’actions qui peinent à s’articuler dans certains
pays et parfois avec les actions antérieures. Elle est due à l’importance
qu’ont les individus porteurs de projets (puis responsables d’action)
dans la structure et au manque d’actions fédératrices
- Une difficulté à traduire les attendus autant que les actes en
documents partageables. Bien que nous l’ayons moins constaté dans
les actions visitées, les demandes de financement restent souvent une
inflation d’attendus enchâssés dans un argumentaire incantatoire sans
que ne soient détaillés : qui ? comment ? pourquoi ? avec quels
moyens ?… De même les rapports et compte-rendu de mission
apparaissent
insuffisants
pour
amorcer
une
capitalisation
institutionnelle sur les pratiques et stratégies
-
Enfin il faut relever, dans quelques cas, des individus-personnalités,
qui n’intègrent pas toujours ou pas suffisamment les règles et les
principes d’intervention de l’institution, mais s’en servent pour
défendre des projets plus « personnels »2.
En réponse à ces difficultés, la réforme institutionnelle va surtout dans le
sens d’offrir aux individus plus de cadres – les commissions et domaines pour « investir » l’institution que cela soit à partir de fonctions transversales
(communication, vie associative, formations, conciliation, projets, …) soit à
partir d’instances géographiques (la délégation régionale) 3. La réforme va
ensuite dans le sens d’une plus grande séparation des pouvoirs entre le
politique et l’exécutif. Elle consacre également le rôle des ResponsablesPays. Leur rôle étant particulièrement important pour valoriser les initiatives
individuelles dans des cadres stratégiques plus porteurs et structurants.
2
Aussi louables que soient les intentions, elles apparaissent surtout dans ces cas là portées par l’individu
plus que par l’institution. Ceci étant la conséquence dans une large mesure d’une relation particulière, de
bénévolat, avec l’institution. Relation dont il faut reconnaitre le coût important d’investissement, au
propre comme au figuré, pour les membres.
3
Ceci dans un contexte où la pléthore d’associations permettant des « zapping » qui limitent cet
investissement dans le GREF en France.
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Enfin, elle prévoit un plan de formation et de renforcement de compétences qui
passe notamment par une plus grande capacité de réflexivité et d’autocritique
(développer une culture d’évaluation).
Cette réforme est moins basée sur une formule d’autogestion que sur des
formes de délégations de pouvoir articulant à la fois la reconnaissance de
postes précis (responsables de domaines, responsables-pays, délégués
régionaux) à un partage plus large des responsabilités au sein d’équipes
entourant ces postes. Elle parait de ce point de vue importante et commandée
par le pragmatisme (difficultés pour des personnes bénévoles de s’investir sur
un poste, seules et pendant longtemps).
Elle est cependant jeune et peut s’avérer couteuse. Le danger serait aussi
qu’elle cherche à gouverner par des procédures plutôt que par des valeurs et
des politiques, traduites en objectifs et en stratégies, et bien comprises et
admises par les membres. Elle doit donc, de notre point de vue, être aidée dans
cette période transitoire.
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Par rapport à ces constats, nos recommandations vont dans le
sens de :
-
Renforcer la spécificité et la lisibilité du GREF, qui nous semble se situer
dans la « qualité » de l’enseignement pour tous, par une ligne politique et
des stratégies plus claires de ce point de vue
-
Renforcer les capacités de suivi-évaluation-capitalisation notamment sur
certaines problématiques importantes comme au Sud : l’appui aux
communes à offrir et réguler un service d’Education pour Tous ; au Nord :
l’accompagnement des collectivités territoriales à la structuration de leur
offre d’appui à l’EPT dans les coopérations décentralisées (sortir de l’envoi
de bics et livres…)
-
Au plan organisationnel de renforcer le rôle des responsable-pays et de
recentrer la coordination générale autour d’un poste de salarié dûment
mandaté par le CA
-
Au plan stratégique, de renforcer les alliances avec d’autres réseaux
(notamment le REPTA) et d’autres ONG spécialisées dans des secteurs
complémentaires (l’agriculture et l’élevage ; la santé ;…)
-
Au plan financier, la situation restant délicate, il apparait nécessaire de
réfléchir aux voies et moyens d’investir d’autres bailleurs de fonds et de
chercher d’autres sources de financement. De ce point de vue, il apparait
important cependant de ne pas s’illusionner sur les possibilités de plus en
plus limitées de la Commission Européenne et de renforcer les alliances
avec les collectivités locales. Quelques pistes sont évoquées dans le
rapport à cet égard4 qui demandent à être étudiées
D’autres recommandations plus précises sont formulées comme par exemple
de prévoir systématiquement dans les projets le financement du suiviévaluation en lien avec le financement d’un relai local en appui au
Responsable-Pays.
Ce travail n’est pas sans limites compte tenu du temps et des moyens
relativement limités pour analyser une structure aussi complexe et vaste que le
GREF. Aller plus loin nécessiterait cependant surtout un travail
d’approfondissement avec des groupes locaux. Une première « traduction » de
la « qualité » en outils et indicateurs est proposée en annexe. Elle constitue, de
notre point de vue, une piste de travail intéressante et qui devrait intéresser
l’ensemble des OSI ainsi que le Ministère.
4
Alphabétisation migrants, appui opérateurs d’ESS dans le réemploi Nord-Sud, accompagnement des
élus dans la coopération décentralisée…
10
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Liste des acronymes utilisés
AE
AEP
AFD
AFDI
AFVP
AG
AGR
APE
ARK
AZN
CA
CAED
CAP
CCC
CDMT
CdP
CDPE
CE
CEAS
CEB
CEBNF
CED
CEG
CEP
CFJA
CFSI
CGS
CILSS
CND
CNE
CNRENF
CPAF
CSL
CSPS
CVGT
DdA
DGA
DGCRIEF
DAE
DEF
DGEB
DNEB
DNET
DPEBA
Académie d’Enseignement Mali
Aménagement en Eau Potable
Agence Française pour le Développement
Agriculteurs Français en Développement International
Association des Volontaires du Progrès
Assemblée Générale
Activités génératrices de revenus
Association des Parents d’Elèves
Assemblée Régionale de Kayes
Asso Zoramb Naagtaaba
Conseil d’Administration
Centre d’accueil pour l’enfance en détresse
Centres d’Animation Pédagogique
Centres de Conseils Communaux
Cadre de Dépenses à Moyen Terme
Commission des Projets (GREF)
Centre de Développement de la Petite Enfance
Commission Européenne
Centre écologique Albert Schweitzer
Circonscriptions d’éducation de base
Centres d’éducation de base non formelle
Centre d’éducation au développement
Collège d’Enseignement Général
Certificat d’études primaires
Centres de formation des jeunes agriculteurs
Comité Français pour la Solidarité Internationale
Comité de Gestion Scolaire
Comité Inter-Africain de Lutte contre la Sécheresse au Sahel
Commission Nationale de la Décentralisation (Burkina Faso)
Centre National de l’Education de Base
Centre national des ressources de l'
éducation non formelle
Centres permanents d’alphabétisation et de formation
Comité de Suivi Local (Mali Kayes)
Centre de Santé et de Promotion Sociale
Comité Villageois de Gestion des Terroirs
Domaine des Actions (GREF)
Directeur d’Académie d’Enseignement
Direction générale du centre de recherches, d’innovations éducatives
et de formation
Direction (ou Directeur) de l’Académie d’Enseignement
Diplôme d’Études Fondamentales
Directeur Général de l’Enseignement de Base
Direction Nationale de l’Education de Base
Direction Nationale de l’Enseignement Technique
Direction provinciale de l’enseignement de base et de l’alphabétisation
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DREBA
DORFHO
ENEP
ENSUP
ESS
FDC
GREF
GV
IES
IFM
MAAIONG
MAD
MASSN
MATD
MEB
MEBA
MESSRS
PAS
PISE
PNGT
PP
PRODEC
RADEB
SAF
SCAC
UNOB
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
Direction régionale de l’enseignement de base et de l’alphabétisation
Domaine des Ressources Humaines et de la Formation (GREF)
Ecoles Nationales des Enseignants du Primaire
École Normale Supérieure
Economie Sociale et Solidaire
Fondation pour le Développement Communautaire
Groupement des Retraités Éducateurs sans Frontières
Groupement villageois
Inspecteur de l’Enseignement Secondaire
Institut de formation des maîtres
Mission d’Appui à l’Action Internationale des ONG
Mis à disposition
Ministère de l’action sociale et de la solidarité nationale
Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation
Ministère de l’Education de Base au Mali
Ministère de l’enseignement de base et de l’alphabétisation
Ministère de l’enseignement secondaire, supérieur et de la recherche
scientifique
Programme d’ajustement structurel
Programme d’investissement du secteur de l’éducation
Programme National de Gestion des Terroirs
Porteur de projets au GREF
Programme décennal de développement de l’éducation
Réseau d’appui et de développement à l’enseignement de base
Service Administratif et Financier (GREF)
Service de Coopération et d’Action Culturelle
Union Nationale des Orphelinats du Burkina Faso
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ENDA Inter-Mondes
!"#
L’évaluation commanditée par le MAE, s’inscrit dans un contexte de gel de
l’entièreté des demandes adressées par le GREF au ministère depuis plus d’un
an.
Elle s’attache à analyser le dispositif institutionnel du GREF en partant de
visites effectuées dans les pays les plus « investis » par le GREF : le Mali et le
Burkina Faso.
L’équipe de consultance constituée de M. Mamadou Goita et M. Marc
Totté à l’avantage de bien connaître ces deux pays et de cumuler un certain
nombre d’évaluations ensemble, notamment pour le F3E.
Ces avantages ont sans doute en partie compensé des séjours très courts
dans les deux pays :
- Mali du 10 au 17 juin
- Burkina Faso du 23 juin au 03 juillet
Entre les deux, un passage de 3 jours aux Journées Nationales à
Lamoura (Jura) a été mis à profit pour compléter les entretiens déjà
commencés avec les membres du GREF à Paris.
Globalement les missions et les entretiens semblent avoir été suffisants
pour cerner les principaux enjeux et ramener des informations précises pour
répondre aux principaux termes de références. La redondance des informations
observée en fin de mission indiquait chaque fois que nous arrivions à terme de
nos investigations.
Le rapport a été conçu de manière à faciliter une lecture globale plutôt que
par « action » voire même par pays. Un accent particulier est accordé à la
méthodologie qui présente des grilles d’analyse particulières, adaptées à la
problématique du GREF.
Les constats sont globalement positifs. Certaines actions visitées montrent
cependant des faiblesses importantes et toute la pertinence de la réforme
institutionnelle en cours.
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Evaluation GREF 234 Ev
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Il apparait cependant nécessaire de rappeler d’entrée de jeu l’importance
de l’enjeu de l’évaluation.
Rappel des enjeux de l’évaluation
L’évaluation a été demandée par le MAE suite à une détérioration sensible
de la relation entre le MAE et le GREF.
Les raisons de cette dégradation sont multiples et mêlent de notre point de
vue des questions objectives – liées à une difficulté de lisibilité du GREF
compte tenu de la diversité des actions et des « porteurs » d’action, compte
tenu aussi de son évolution institutionnelle – à des questions plus subjectives
liées aux personnes, aux interrelations entre institutions comme au sein des
institutions elles-mêmes. Ces dernières apparaissant toutefois à la fois moins
importantes et plus circonstancielles, c’est donc aux premières que nous nous
attacherons exclusivement.
Historiquement, le GREF recevait annuellement des crédits du ministère
sans qu’il n’y ait de problèmes ou de questions particulières. La présence d’un
délégué général, principal interlocuteur du MAE, participait à structurer le
dialogue entre les parties. L’effacement du délégué (un an avant son départ
effectif de juin 2006, soit depuis 2005) va contribuer à distendre les relations.
C’est aussi l’époque où le MAE subit une crise du financement et une réforme
institutionnelle.
Les nouveaux projets introduits vont alors être soumis à un examen plus
approfondi et critique qui surprend le GREF. Les remarques du MAE ne sont
pas directement suivies d’effets. Le GREF se trouve, en effet, dans une période
de réforme profonde de ses institutions avec le départ de son délégué général
et de son président. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus d’écoute mais les
remarques du MAE paraissent parfois mal ou sur-interprétées. C’est par
exemple le cas lorsque la demande de ne pas introduire de petits projets, mais
des programmes plus conséquents, va déboucher sur un vaste programme
couteux, présenté également à la Commission européenne, et conçu plutôt
comme un somme de projets sur un pays (le Burkina Faso). Le manque de
cohérence d’ensemble et la disparité des objectifs, comme des acteurs
institutionnels impliqués, conduit à son rejet, malgré un travail considérable. Le
malentendu s’est encore accru lorsque le GREF a cru comprendre au 1er
semestre 2006 que le MAE n’accepterait plus dorénavant que des projets
d’importance et de durée limitée.
Parallèlement à cela des projets spécifiques continuent à être introduits
par des individus (sous l’aval du GREF) sans qu’il n’y ait, du point de vue du
MAE, de changements appréciables par rapport aux principales critiques
transmises sur les dossiers précédents. Progressivement, la MAIIONG se
trouve en peine de répondre aux sollicitations d’une part à cause de l’ampleur
des demandes qui s’accumulent et d’autre part parce qu’elle ne constate pas
d’améliorations. A cela s’ajoute probablement aussi la capacité du personnel en
place à gérer la profusion des demandes en provenance d’ONG. Les
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Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
remarques tardent à être rendues sur les propositions, accentuant le malaise
coté GREF.
La difficulté de savoir si les remarques et critiques sont institutionnalisées
conduit le MAE à proposer une évaluation qui ne soit pas seulement celle de
« projets », mais qui soit aussi et surtout institutionnelle. Pas toujours bien
acceptée au départ, l’idée suit son chemin et un effort particulier est réalisé
pour élaborer des termes de références à partir d’une présentation
circonstanciée à la fois du GREF et des interventions dans deux pays parmi les
plus « investis » ces 3 dernières années : le Mali et le Burkina Faso
Un premier appel d’offres conduira à un rejet des différentes candidatures,
aucune ne faisant l’unanimité des deux côtés, soit parce que les offres ne sont
pas assez portées sur l’institutionnel (côté MAE qui en retient toutefois une),
soit par ce qu’elles le sont trop exclusivement (côté GREF qui rejettera pour ces
raisons le choix du MAE). Cet échec illustrant du même coup l’état de la
relation.
Le second appel d’offres sera plus fructueux, en raison d’une proposition
(la nôtre) qui articule un peu mieux les deux dimensions (projet et institution),
propose un accompagnement du GREF à l’exercice d’évaluation et (sans
doute) peut se prévaloir d’autres expériences en matière d’évaluation
d’organisations de bénévoles dans les pays retenus.
En toile de fond de ces difficultés, outre un débat sur la
professionnalisation d’une organisation de bénévoles, il y a évidemment celle
de son financement : dans un contexte de péjoration des moyens, le discours
du MAE est aussi d’avertir des risques d’une trop grande dépendance et de
pousser à émarger aux (relatives)5 opportunités qu’offrent la montée en force
des collectivités locales en « coopération décentralisée » et les lignes cofinancement, considérées comme peu utilisées, de la Commission Européenne.
Ces deux dimensions – l’institutionnel et le financier – dominent donc les
enjeux de l’évaluation.
5
Nous nous expliquerons plus en détail dans les recommandations sur le caractère relatif de ces
opportunités compte tenu à la fois des spécificités du GREF et de l’évolution actuelle des possibilités à
locale et à l’échelle européenne. La réforme actuelle à la Commission Européenne, portée par son
commissaire au développement, n’est en effet pas du tout en faveur des ONG et la déconcentration en
cours conduit de plus en plus à ce que les fonds européens ne puissent être sollicités qu’à partir des
délégations, ce qui nécessite une permanence pour le GREF dans les pays concernés.
15
Evaluation GREF 234 Ev
$"
%
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
&
2.1. Cadrage général
La méthodologie générale peut-être recomposée a posteriori de la
manière suivante :
Première étape : reconstruction des principes de base sur lesquels le
GREF appuie son intervention (analyse discursive à partir des rapports et
entretiens) permettant de poser les principaux postulats de base autour
desquels se structure l’intervention du GREF
Deuxième étape : élaboration des grilles d’analyse et de questionnement
sur base de ces postulats
Troisième étape : visite des actions dans les deux pays et entretiens
individuels et collectifs au moment des journées nationales du GREF (Lamoura
du 18 au 23 juin)
Quatrième étape : analyse de la réforme institutionnelle et illustration de
ces implications sur les actions passées et à venir
Sur le terrain, la méthode s’adapte bien à la présence d’un
représentant de l’ONG évaluée
La méthode que l’on utilise pour les entretiens consiste dans un premier
temps à oublier la grille de questionnement pour écouter l’interlocuteur raconter
l’action à sa manière. L’entrée en matière pouvant nécessiter quelques
amorces sur le quoi et le pourquoi de l’évaluation (« il s’agit d’évaluer le GREF,
ce n’est pas vous qui êtes évalués » ; « pour rechercher ensemble des façons
d’améliorer et de renforcer les actions et les façons d’intervenir du GREF pour
plus d’impact ». L’entretien est ensuite progressivement recadré sur un certain
nombre de questions, au fil des contenus que propose l’interlocuteur. La
présence du second évaluateur est généralement très importante pour
retranscrire certaines réponses pendant que ce dernier pose ses questions. La
technique maintenant rodée entre les deux consultants est de ne pas
interrompre un cycle de questions-réponses, chacun ayant ses manières de
faire comprendre quand il désire commencer un cycle ou une question et quand
il en a terminé.
La présence d’un membre du GREF lors de ces entretiens est mise à
profit pour faire (ou laisser) réagir après un certain temps, l’intéressé à ce qui
vient d’être dit. Ceci répond à un accord tacite. Les règles au départ ne sont
pas posées pour pouvoir observer le comportement de l’évalué et percevoir
sont mode de communication (interventionniste, sur la défensive, en accord, ou
qui en rajoute parfois…). Elles ne sont établies que s’il apparait nécessaire de
le faire. Ce qui est observé durant l’entretien est donc aussi la méta16
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
communication qui peut s’instaurer entre le partenaire et le représentant du
GREF (dans les regards, les attitudes, les non—dits, les hésitations,…). De ce
point de vue, la présence de l’évalué loin de poser des problèmes particuliers,
apparait très instructive. Dans le cas présent, le comportement des
accompagnateurs du GREF a toujours été d’une grande discrétion et les
interventions faites toujours à propos.
Deux précisions sont à apporter à cette description de notre façon de
conduire une évaluation participative :
- Lorsque des tensions fortes existent entre protagonistes, il peut
s’avérer nécessaire de voir les partenaires ou bénéficiaires de l’action
de manière séparée. Il faut toujours s’en réserver le droit. Mais là aussi
la possibilité d’avoir rapidement des recoupements par la partie évaluée
s’avère souvent utile pour approfondir la question et parfois demander
des entretiens supplémentaires ;
-
Généralement, les actions évaluées ne sont pas directement sous la
responsabilité de la personne de l’ONG évaluée qui accompagne la
mission. Le biais de sa présence sur le comportement des partenaires
est donc tout relatif et bien souvent on observe une capacité de critique
forte, portée par une volonté de faire évoluer sa propre structure.
Les restitutions avec l’ensemble des protagonistes sont importantes
mais pas toujours possibles
Généralement des restitutions avec l’ensemble des personnes
rencontrées sont réalisées en fin de mission. Elles sont l’occasion
d’approfondissement, de débat, etc. Ces restitutions ne se sont avérées ni
possibles dans le temps imparti (et étant donné la période de saison des
pluies), ni très utiles étant donné que la mission portait sur une multitude de
projets dont les liens pouvaient être assez lointains parfois (« action sociale »
auprès des orphelinats et de la petite enfance et « innovations pédagogiques »
par exemple au Burkina Faso)
Dans le cas présent, nous avons essayé de restituer en fin d’entretiens
certaines impressions et appréciations de manière à les tester au fil de la
mission. Cette manière de faire diffère de bien des évaluations où l’évaluateur
évite de livrer ses impressions avant la restitution officielle.
17
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
2.1.1. Postulats et principes fondateurs du GREF
La spécificité du GREF en matière d’amélioration de l’enseignement, est
construite autour d’un principe de qualité, celui-ci étant étroitement lié à une
exigence d’utilité sociale. Ce lien est notamment rappelé dans les orientations
stratégiques 2007-2009 : « promouvoir une qualité d’intervention, de telle sorte
que nos interventions pédagogiques correspondent mieux aux attentes de nos
partenaires (…) » 6.
A travers la formation de formateurs, le développement d’innovations
pédagogiques et le renforcement de compétences, le GREF a construit son
existence autour d’une façon particulière de concevoir toute action :
« L’objet de ses interventions à l’étranger est du domaine du conseil en
formation, de la formation de formateurs et du conseil pédagogique. Ses
actions revêtent donc un caractère strictement intellectuel, excluant toute
intervention de type investissement ou équipement ou encore matériel scolaire.
Leur mise en œuvre relève d’une approche qui s’inscrit dans les démarches
institutionnelles des partenaires locaux (institutions publiques et société
civile). »7
Cette pédagogie se réfère à la mouvance de ce qui a été appelé en
France, le courant de l’Education Nouvelle, privilégiant les approches
pédagogiques actives centrées sur l’apprenant.
Les membres interviennent à titre bénévole et doivent respecter une
charte dont les principes fondamentaux sont :
-
« Promouvoir une éducation qui permette le meilleur développement des
potentiels individuels,
-
Favoriser l’apprentissage concret de la démocratie,
-
Encourager le libre réinvestissement des savoirs acquis au service de la
collectivité »
La traduction des objectifs de Jomtien d’« éducation pour tous » est
interprétée au GREF comme bien autre chose que la scolarisation primaire et
l’égalité filles-garçons auxquels ils ont depuis été réduits. Il s’agit d’une part
d’adapter les missions des éducateurs et enseignants aux défis de l’intégration
d’une masse de plus en plus importante de laissés pour compte, depuis les plus
petits (notamment orphelins « du sida ») jusqu’aux adultes (analphabètes, …)
en passant par les jeunes en âge de scolarisation. Il s’agit aussi d’en faire des
citoyens actifs en facilitant leur réinsertion sociale et professionnelle.
6
7
Souligné par nous
Termes de références à la présente évaluation
18
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
Cette préoccupation s’est donc élargie dans un premier temps à la
formation des organismes de gestion des institutions éducatives (APE, puis
Comités de gestion, etc.) et, plus récemment aux questions de viabilité et de
gestion économique des structures scolaires mises en place, avec des
interventions débouchant parfois sur la formation à la mise en place d’activités
génératrices de revenus destinées soit à financer tout ou partie des services
d’enseignement, soit à insérer les apprenants dans leur société.
Qualité, utilité et viabilité apparaissent donc en interaction étroite dans le
modèle GREF : la qualité ne pouvant être maintenue sans capacités suffisantes
de financement des compétences et ne reposant pas seulement sur
l’acquisition de savoirs, mais également sur l’utilité perçue ou attendue par les
usagers.
Viabilité
Utilité sociale
Qualité
En situation interculturelle, la question de l’utilité sociale pose cependant
tout le problème de la pertinence d’enseignants venus de l’extérieur et des
modèles de représentation (de la famille, de l’éducation, de l’enseignement, du
travail, etc…) qu’ils véhiculent. Ou, pour le dire autrement, de leur capacité à
adapter leurs référentiels aux situations rencontrées.
Ces trois dimensions serviront donc de fil conducteur au travail
d’évaluation. Il apparaît plus particulièrement utile de faire de la question de la
qualité à la fois une dimension centrale du questionnement de l’évaluation et le
fil rouge des propositions relatives à l’amélioration du dispositif de suiviévaluation-capitalisation.
2.1.2. Enjeux et problématique
Au cours de la dernière décennie du siècle passé, l’accès à une éducation
de base de qualité pour tous s’est imposé comme une priorité dans le discours
international des politiques de développement. La conférence de Jomtien sur
l’Education pour Tous tenue en 1990 ainsi que de nombreuses initiatives et
politiques d’agences et de banques de développement mettent désormais
l’éducation au cœur du processus de développement, non seulement social
mais aussi économique des pays. Cette « redécouverte » de l’éducation
entretient un rapport particulier avec les discours sur la globalisation
économique et la lutte contre la pauvreté. Des acteurs institutionnels importants
dans la production de tels discours, tels que la Banque Mondiale, considèrent
en effet que l’éducation est une des clés majeures qui permet aux nations et
aux individus de s’adapter aux « inévitables » grands changements de notre
époque : la démocratisation des régimes politiques, l’économie de marché
19
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
globalisée, les innovations technologiques et les nouveaux partenariats entre
acteurs privés et publics pour mettre en œuvre les processus de
développement (World Bank, 1999).
Plus récemment, les Objectifs du Millénaire pour le Développement
renforcent encore l’importance accordée à l’éducation de base. Deuxième
objectif sur la liste après la lutte contre la pauvreté, « assurer l’éducation
primaire pour tous », se traduit par une cible et 3 indicateurs8 :
OBJECTIF 2 du Millénaire pour le développement : « assurer l’éducation
primaire pour tous »
CIBLE 3 - D'
ici à 2015, donner à tous les enfants, garçons et filles,
partout dans le monde, les moyens d'
achever un cycle complet d'
études
primaires
INDICATEURS
6. Taux net de scolarisation dans le primaire (UNESCO)
7. Proportion d'
écoliers commençant la première année d'
études dans
l'
enseignement primaire et achevant la cinquième (UNESCO)
8. Taux d'
alphabétisation des 15 à 24 ans (UNESCO)
La mise en pratique de ces nouvelles injonctions entre cependant en
contradiction avec une autre directive de la plupart des bailleurs structurels : la
réduction des dépenses budgétaires. De sorte que la plupart des pays de la
sous-région se trouvent devant une contradiction majeure dans les logiques :
logique de massification de l’éducation scolaire formelle et informelle d’une part,
et réductions des dépenses publiques d’autre part.
L’espace de cette contradiction est généralement occupé par les
« projets » (bilatéraux ou d’ONGs) pressés de résoudre les problèmes « à la
base » par la construction d’écoles « informelles » (communautaires au Mali,
satellites au Burkina Faso) et l’apport en fournitures scolaires, en faisant
reposer les coûts de fonctionnement sur les communautés. Mais le temps de
ces investissements reste celui du projet c’est-à-dire, quelques années tout au
plus, marquées par des apports extérieurs conséquents et des injonctions tout
aussi importantes qui ont pour conséquence :
8
-
une difficulté d’institutionnalisation de l’éducation dans la plupart de ces
pays à des degrés divers laissant une grande marge de manœuvre aux
écoles privées et aux projets ;
-
une prise en charge de plus en plus élevée des parents d’élèves et de
« la communauté » ;
http://www.un.org/french/millenniumgoals/goal_2.html
20
Evaluation GREF 234 Ev
-
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
des sacrifices imposés aux enseignants (accepter plus d’effectifs et moins
de salaires).
Tout ceci conduisant à une crise de motivations et une perte de qualité
dans la profession. L’enseignement est un métier sans grandeur9. Les
enseignants disent :
-
« on vient dans l’enseignement lorsqu’on a échoué partout ailleurs »
(entretien Korsimoro, Burkina Faso)
-
« la première chose que l’on cherche c’est de partir de l’enseignement »
(entretien à Zorgho, Burkina Faso)
Dans ce contexte un positionnement résolument sur la qualité apparaît à
la fois rare et pertinent, mais aussi problématique.
Il est d‘autant plus pertinent que les rares acteurs qui interviennent sur la
qualité le font généralement à partir d’une amélioration des outils – production
de manuel scolaire, informatisation, NTIC, … Il est rare que l’aide intervienne
sur les savoirs faire et les savoirs être (les comportements), dans le secteur de
l’éduction.
Mais ce positionnement apparaît en même temps problématique car il
interroge les compétences et les capacités là où les principaux concernés
attendent généralement plutôt un appui en termes de moyens matériels. Le
développement de partenariats stratégiques avec les ministères est donc en
concurrence avec d’autres formes de partenariats plus « capital intensif ». Dans
ce contexte, l’intervention du GREF peut avoir de la peine à générer un impact
au-delà de la sphère précise de l’intervention. Et même s’il en a, cet
engagement qualitatif pose toute la question de la métrique de son évaluation :
comment mesurer les acquis et leur durabilité ?
Il nous faut donc concevoir des cadres permettant de mieux apprécier ces
acquis. Ils sont inspirés de la systémique générale.
9
Héma, I., Malo H., Médah R., Ouedraogo S. 2007 État et contexte de la fourniture de services publics
dans la commune urbaine de Boromo (Province des Balé, Burkina Faso). Deuxième partie. Rapports
sectoriels, Laboratoire Citoyenneté, Ouagadougou
21
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
2.1.3. Un cadre systémique d’appréhension de la qualité
Deux manières de concevoir les rapports entre fournisseurs de services
publics et les usagers.
Selon un premier scénario, il n’existe pas de différences de conceptions entre
les deux catégories. Pour que la vision idéale (du service, de ses objectifs et
de leur réalisation) portées par les fournisseurs de services devienne une
vision commune, il faut et il suffit d’enlever les éléments qui parasitent la vision
objective des choses du côté des administrés : il faut améliorer la qualité des
services, pallier au manque d’équipements, former et éduquer, lutter contre
l’ignorance, la pauvreté, le poids des traditions….Il faut en quelque sorte faire
rattraper leur « retard » aux usagers…
Selon un second scénario, les groupes ont des conceptions différentes de ce
qu’est un problème social, de ce que c’est qu’être un citoyen10 etc.… Le
problème n’est pas de réconcilier l’administré avec la vision idéale, proposée
par l’Etat ou les intervenants. Il est de prendre la mesure de l’écart entre la
manière dont d’une part l’administré et d’autre part le fournisseur de service,
construisent et évaluent les réalités dans ces domaines, actuelles ou
imaginées.
Si l’on admet qu’il n’y a pas une mais plusieurs manières légitimes de décrire
et de vivre la réalité, le décideur doit en être conscient et éviter de faire
l’amalgame entre les points de vue des uns et des autres. Cela peut l’obliger à
trouver d’autres solutions aux problèmes qu’il avait identifiés, à identifier
d’autres problèmes et à laisser tomber ceux qu’ils croyaient importants.
(Source : Jacob J.P. 2006 Grille recherche Laboratoire Citoyenneté 2006)
La boucle de la qualité fournit un cadre permettant d’associer ces deux
scénarios. Nous proposons de parler d’écarts lorsqu’il s’agit de différences
entre la conception technique du service et sa mise en œuvre et de décalage
lorsqu’il s’agit de différences de perception dans la nature du service. Ce
décalage est important à apprécier car il doit permettre aux acteurs du GREF
de se concevoir d’emblée en situation interculturelle.
Le cadre qui suit ne présente pas seulement un cadre théorique
d’appréhension de la qualité. Il permet aussi de distinguer différentes métriques
qui peuvent permettre de mieux en assurer le suivi-évaluation.
10
Voir par exemple la différence entre la citoyenneté locale et la citoyenneté formelle dans les études
foncières (J-P Chauveau, 2006, P. Lavigne Delville, 2006).
22
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
2.1.4. La boucle de la qualité
Ce cadre est inspiré des travaux des transports publics français en
matière
de
qualité
(ref
http://www.3ct.com/ridf/Methodes/mission%20qualite/
pr_mesurer_apprecier_qualite.doc).
E
C
A
R
T
S
DECALAGES DE CONCEPTION
Sur ce cadre nous pouvons situer les principales dimensions à
questionner : Comment s’élabore la négociation entre GREF et ses partenaires
pour la définition des normes du service ? Y a-t-il amélioration de la
capacité à dimensionner le service ? A définir ses normes de
qualité en concertation? (PERTINENCE)
Qu’est-ce que les
principaux
bénéficiaires
en
attendaient
au
départ ?
Comment
conçoivent-ils le
service ? Est-ce
qu’en définitive le
service répond à
une
véritable
attente sociale ?
Comment s’est déroulé
le service ? A quel
niveau
y
a-t-il
dysfonctionnement ?
en quoi le mode de
fonctionnement
du
GREF est-il adapté ou
non au fonctionnement
du service ?
(EFFICIENCE)
Qu’est-ce qui est
effectivement réalisé ?
Est-ce conforme à ce
qui était prévu ? Et
sinon qu’est-ce qui
justifie que cela 23
ne le
soit pas ?
(EFFICACITE)
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
Mais on reste ici au niveau « local » de l’activité de formation et de ces
incidences directes. Il importe aussi de se doter d’un cadre plus large dans
lequel viendrait s’intégrer la boucle de la qualité, de manière à apprécier les
effets plus indirects autant que pour rendre compte des facteurs extérieurs qui
peuvent conditionner cette qualité.
2.1.5. Le cadre du système général
Au-delà du cadre strict de la fourniture du service, il y a comme on l’a vu,
plus haut, à replacer cette « boucle de qualité » dans un cadre plus large, relatif
aux contextes qui influencent la rencontre entre l’offre et la demande
d’enseignement ou d’éducation. C’est là une exigence pour sortir d’une
évaluation des « activités » pour tendre vers une appréciation de l’impact ou en
tout cas des effets produits à différentes échelles, depuis le micro (la classe),
jusqu’au macro (les politiques publiques, voire les mécanismes de l’aide).
Pour cela un autre cadre, plus global, est proposé11.
11
Inspiré de « La théorie du système général » de Lemoigne 1977
24
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
Dans ce cadre, la rencontre entre le service et l’usager, c’est-à-dire la
« structure » du système, reste centrale. Mais elle est encadrée à gauche par
« l’environnement » du système, c'
est-à-dire les contextes (du local à
l’international) qui pèsent sur les conditions de cette rencontre, et à droite, par
sa dimension « téléonomique » (les finalités) qui en définit la nature :
l’enseignement est-il pensé pour être « pour tous » ? est-il pensé dans un esprit
de performance économique ? d’intégration sociale ? ou des deux ? Dans
l’action sociale, sur quel modèle de la famille les orphelinats sont-ils pensés ?
Sur quel modèle d’éducation et de travail ?
Ces finalités se réfèrent donc à un univers particulier de représentation du
service d’éducation, un référentiel qui conditionne les normes de qualité et les
choix stratégiques établis.
Sur cette grille d’analyse on peut donc situer différents « effets » potentiels ou
réels d’une intervention et d’un positionnement stratégique :
Cherche-t-on à avoir des effets
sur les façons dont la
commune conçoit et gère son
offre de service d’éducation ?
Cherche-t-on à
appuyer
le niveau
national dans ses
tentatives de
d’institutionnalisation
? A articuler
déconcentration et
décentralisation
Cherche-t-on à avoir des effets sur la
façon dont se négocient les choix entre
service et usagers ?
Cherche-t-on à
peser sur les
façons
de
concevoir l’aide
internationale ?
Cherche-t-on à avoir
des effets sur les
façons de concevoir
l’éducation ?
Cherche-t-on
à
mieux
articuler
les
différentes
ressources du milieu pour
assurer la qualité à plus long
terme
Cherche-t-on à mieux articuler offre en
construction et compétences dans le
choix des activités?
25
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
Exemples des relations problématique au sein des différents
éléments du système « éducation »
Au plan des contextes :
-
les services nationaux déterminent encore souvent l’offre à travers des
politiques publiques standards, peu adaptées aux contextes locaux
-
Les communes n’ont ni les moyens ni bien encore souvent les
compétences pour assurer leurs charges (décalage entre les attentes sur
les mairies et les réalités)
-
L’aide a tendance dans sa grande majorité à massifier l’offre en
construction tout en recommandant une diminution des dépenses
publiques pour le secteur et un report sur les ressources de la
« communauté »
Au plan des finalités :
-
L’enseignement reste conçu traditionnellement de manière très différente :
l’apprentissage était auparavant en adéquation directe avec les exigences
de la société. Un apprentissage par le travail, par le jeu, par la
démonstration… En milieu rural, le lien entre l’enseignement et les besoins
de la société apparait de plus en plus lointain…
-
Le modèle égalitaire (égalité de l’éducation pour tous) n’est pas le plus
répandu en Afrique. Au principe d’égalité de traitement on préfère souvent
celui d’équité, les inégalités étant souvent perçues comme naturelles.
Au plan des activités
-
Elles cloisonnent bien souvent « constructions » et « renforcement de
compétences » au lieu d’articuler les deux en un seul programme (cette
tendance étant fort déterminée par l’aide extérieure, ses conditionnalités et
sa diversité…)
Au plan de l’évolution
-
La pression démographique et l’écart toujours plus important entre
population et ressources influençant les choix stratégiques du service
-
Dans une localité, la présence et l’antériorité d’autres projets et
programmes conditionne bien souvent la définition du service et les
pratiques (perdiem ou non, niveaux de rémunérations, etc…)
26
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
'"(
ENDA Inter-Mondes
)
)
3.1. Le contexte du Mali
Deux éléments majeurs de contexte sont à retenir pour le Mali :
-
un système éducatif qui peine à s’institutionnaliser ;
-
une décentralisation qui n’en finit pas de débuter.
3.1.1. La difficile institutionnalisation du système éducatif
L’histoire récente du Mali réserve elle aussi une place de choix à l’éducation
ou plutôt à l’une des ses formes, la scolarisation. Celle-ci semble s’imposer
après (1) plusieurs décennies d’une scolarisation restreinte conçue pour servir
son objectif principal de sélection des élites administratives et
gouvernementales, (2) une période d’ajustement structurel « orthodoxe » qui a
miné le socle du système éducatif à bien des égards, et, enfin, (3) à une
époque (qui n’est pas encore révolue) où la rationalité même de l’instruction
publique qui reposait sur le lien direct entre école et emploi est complètement
remise en question.
En dépit de ce passé sinueux, de la piètre qualité de l’instruction publique et
du manque d’opportunité de rentabiliser l’investissement scolaire par une
promotion sociale liée à l’emploi, il semble que l’offre et la demande, toutes
deux en augmentation (du moins dans certaines régions) indiquent que la
maîtrise de l’écrit et du français soit devenu un outil perçu comme
incontournable pour l’entrée, individuelle et collective, dans la « modernité ».
(Source : Lagier F. et Diarra S.O. 2002 L’évolution des inégalités dans le
champ de l’éducation au Mali. Quelques mécanismes de leur reproduction
avec la globalisation. Rapport Secteur Education IUED)
Ce rapport montre que les chiffres officiels et les statistiques les plus
couramment utilisés témoignent d’un rapide accroissement de la scolarisation
au cours de la décennie des années 90 qui marque aussi le passage à un
régime démocratique après la longue période de dictature de Moussa Traoré.
Selon les chiffres du Ministère de l’éducation de base, après une période de
stagnation aux alentours de 20% pendant les années 80, le taux brut de
scolarisation au premier cycle de l’enseignement fondamental (comprenant les
six premières années) est passé de 28,8% en 1991/92 à 50% en 1997/8, soit
un accroissement moyen de 10% par an. Le taux brut de scolarisation au 2ème
cycle (de la 7ème à la 9ème année du fondamental), qui est passé de 11,8% à
17,9% au cours de la même période, marque lui aussi une augmentation mais
moins rapide, l’accroissement annuel moyen étant de 7,2% (Ministère de
l’éducation de base, Cellule de planification et de statistique, 1999 : pp. XII-XIII).
27
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
Selon les mêmes sources, le rendement scolaire serait aussi en nette
amélioration avec une augmentation progressive des taux de promotion et une
diminution des taux de redoublement et d’abandon (ibid.: pp.XIII-XIV). Cette
expansion de la couverture scolaire trouve son origine dans des changements
affectant à la fois l’offre et la demande d’éducation. Dans certaines régions
(notamment celles de Sikasso et Bamako), la forte croissance de la
scolarisation est due à la jonction entre une dynamique de la demande sociale
d’éducation nouvelle (impulsée surtout par le changement de régime politique
au début des années 90) et des politiques scolaires énergiques qui ont
notamment fait appel aux initiatives privées et communautaires d’éducation et
ont bénéficié d’un fort soutien des agences de coopération bi et multilatérales
(Diarra et al., 2001). Cet élan des différents « partenaires » nationaux et
internationaux pour le développement du système éducatif du Mali s’est
organisé depuis 1997 autour de l’élaboration et de la mise en œuvre d’un
Programme décennal de développement de l’éducation (PRODEC), exercice
sans précédent de coordination des interventions des multiples acteurs du
champ de l’éducation.
Le slogan « un village, une école et/ou un CED », mot d’ordre du
PRODEC, a cependant généré des effets contre-intuitifs12 importants dans le
secteur :
L’exemple d’une commune malienne : Sirakorola
Avec la nouvelle politique de "un village, une école" qui consacre la fin du
monopole de l’Etat quant à la construction des écoles, la commune compte
aujourd’hui 26 écoles communautaires, soit 76,47% des écoles de la
commune. Les villages continuent toujours de réclamer des écoles, car
chacun veut avoir son école, même si celle-ci doit être située à 1 km de celle
d’un autre village. L’exemple le plus illustratif de cette situation est celui de
Kalankoulou qui est entouré de 4 villages très proches, possédant chacun une
école : N’Golobougou, distant de 1 km ; Sirando, 3 km ; Kodialan Traoré, 2
km ; Sirakorola 2 km
Les premiers équipements ont été réalisés avec des matériaux locaux. Ces
équipements qui avaient été fournis par les ONG sont actuellement en très
mauvais état. Dix ans après leur construction, les infrastructures sont
vétustes, les portes et les fenêtres ne ferment plus faute de battants. La nuit,
elles servent d’abris pour les chèvres et les ânes. Alors, dans les villages les
Comités de gestion scolaire (CGS) souhaitent que la commune prenne les
frais de réfection en charge. « L’école de notre village nécessite une
rénovation. Nous avons demandé à monsieur le maire de la refaire pour nous.
Jusqu’à présent vous ne vous êtes pas encore exécutés, Pourquoi ? » (EIC
du 05/12/2006).
Toutes ces écoles communautaires ont été créées dans les villages avec
l’aide de certaines ONG. Ces créations ont été faites sans que les services
techniques de l’éducation et les autorités communales ne soient informés.
Aujourd’hui, avec le transfert de l’éducation aux collectivités territoriales, les
autorités communales se retrouvent avec une multitude d’écoles
communautaires pour lesquelles une participation financière leur est
12
Contre-intuitif : qui va dans le sens contraire à ce que l’intuition laisse penser communément
28
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
demandée. Suite à cette prolifération des écoles, les effectifs sont faibles13. Le
plus faible effectif a été enregistré à Kathiola, avec 33 élèves comme effectif
total de l’école. Certaines classes n’ont que 10, 11 ou 13 élèves (Koroma,
Kalankoulou, Kathiola). Ces effectifs ne permettent pas de supporter les
charges de fonctionnement.
Source : Kone Y.F., Diawara M., Traore K. (2007), Etude des services publics
dans la commune de Sirakorola au Mali, Laboratoire Citoyenneté, Institut des
Sciences Humaines
Le second accord de financement concerne le Programme
d’investissement dans le secteur de l’éducation phase II (PISE II) qui va
bénéficier de 7,4 milliards de Fcfa.
De manière globale, l’objectif de cette convention de financement est de
fournir un accès équitable et élevé et une éducation de qualité. Cette
réorientation sur des enjeux de qualité apparait aujourd’hui plus présent.
« La qualité et l’aboutissement de l’apprentissage est un souci majeur sur
lequel le PISE II doit aussi mettre l’accent. Ce second accord de financement,
servira à réduire l’écart de financement du PISE II ainsi qu’à assurer la
réalisation des indicateurs de résultats définis dans le cadre de résultats du
programme. »
Tous les acteurs sont cependant unanimes aujourd’hui pour reconnaître
que l’école malienne est toujours en crise en terme de qualité même si elle est
plus ou moins « apaisée » (arrêt des violences à travers les grèves fréquentes).
Tous les niveaux de l’éducation du pays sont concernés par la baisse des
niveaux portant de sérieux doutes sur l’avenir des cadres du pays. Les
capacités d’analyse deviennent de plus en plus faibles ne permettant de
décoder les enjeux nationaux et internationaux pour se positionner.
Cette situation, comme on l’a évoqué ci-dessus, est en grande partie due
aux effets générés par l’aide extérieure au pays. Le programme d’ajustement
structurel (PAS) imposé au pays par les institutions de Breton Woods au début
des années 80 a été un élément déterminant de la détérioration du niveau de
l’enseignement du pays. Le départ à la « retraite anticipée » de plusieurs
enseignants ainsi que le retrait des financements accordés jadis aux secteurs
sociaux ayant conduit, entre autres, à la fermeture des écoles de formation des
enseignants, ont largement contribué à « saper » la qualité de l’éducation du
Mali à l’instar de celle d’autres pays africains.
Les nombreuses initiatives entreprises pour gérer la situation n’ont pas pu
donner les résultats escomptés et la situation est inquiétante car compromettant
des pans importants du développement socio-économique du pays. Les
reformes initiées pour un accès massif à l’éducation n’ont malheureusement
pas pris en compte la dimension « qualité ». Ainsi, de nombreux
13
Kalankoulou, 46, Dogoni, 86, Koroma 67, Sikouna, 69 Kathiola 33,
29
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
investissements ont été réalisés en termes de constructions mais les problèmes
majeurs demeurent pour améliorer le niveau de l’éducation.
En s’inscrivant dans la logique de l’amélioration de la qualité de
l’enseignement au Mali, le GREF se positionne dans une sphère très pertinente
du développement socio-économique du pays.
3.1.2. Une décentralisation qui n’en finit pas d’apprendre
Le Mali a opté depuis 199214 pour une décentralisation active et intégrale. En
effet, la nouvelle constitution du 25 février 2002 reconnaît le pluralisme politique
et le rôle des partis politiques comme des animateurs de la vie politique. Cette
constitution consacre le principe de la libre administration de la population par
leurs organes de gestion élus.
En plus de ce texte fondamental qu’est la constitution, plusieurs documents
juridiques ont été élaborés pour contribuer à l’enracinement de la démocratie au
niveau local. Il s’agit notamment des textes qui ont consacré la mise en œuvre
effective de la décentralisation au Mali. On peut citer entre autres :
- La Loi 93-008 sur les principes de la libre administration ;
-
La Loi 95-059 portant sur le code des collectivités territoriales ;
-
La Loi 96-059 portant création des communes.
C’est ainsi qu’en 1999 les premières élections ont eu lieu permettant aux 703
communes d’avoir des conseils communaux dont tous les membres sont élus
pour un mandat de cinq (5) ans. Une deuxième mandature a commencé pour
les nouveaux élus en 2004 consacrant l’irréversibilité relative de ce processus
de gestion du pouvoir.
Certains transferts de compétences ont eu lieu entre l’Etat central et les
Collectivités territoriales même si dans plusieurs cas l’exercice du pouvoir lié à
ces compétences reste relativement faible. Certaines ressources ont aussi été
transférées mais l’incivisme fiscal caractérisant le pays bien avant la mise en
place des communes reste un facteur très limitant dans beaucoup de
collectivités. Un outil financier consacré au financement des communes a été
mis en place (Agence Nationale pour l’Investissement des Collectivités
Territoriales (ANICT). Elle constitue le guichet auquel les communes peuvent
directement accéder pour certains investissements de base. Les capacités de
financement restent cependant assez faibles par rapport aux besoins actuels
des collectivités.
14
Commentaire GREF : la constitution date de 1992 ; un texte d’application important : le décret n° 02313 PRM du 04 juin 2002 fixe le détail des compétences transférées de l’État aux collectivités
territoriales en matière d’éducation
30
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
En plus de cet outil financier, un outil technique d’accompagnement des
communes (CCC) a été mis en place avec des opérateurs en charge d’appuyer
les initiatives communales.
Les défis que pose la décentralisation au Mali se situent au niveau du
renforcement de la démocratie représentative et participative, du renforcement
des capacités pour mieux mobiliser et gérer les ressources (locales notamment
mais aussi extérieures) et d’une plus grande participation de la population aux
activités politiques, économiques et sociales. La démocratie et le
développement local reposent en effet sur une participation active des
populations à la gestion des affaires publiques. La décentralisation permet
également de créer un cadre institutionnel au niveau local qui accroît l’impact
des politiques nationales. Elle peut aider à l’émergence d’une autre forme de
prise en charge des Objectifs de développement au niveau local et contribuer à
améliorer la conception, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation participative
du Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté « imposé » comme un cadre
de référence dans le pays et dont la révision vient d’être achevée.
En plus de ces défis majeurs, d’autres questions fondamentales doivent
être prises en compte dans le cadre de l’accompagnement de la
décentralisation au Mali au stade actuel. Il s’agit notamment de :
•
•
•
•
•
La difficulté de sortir d’un système de gouvernance étatique qui a toujours
jusque là diffusé des formes d’autorité discrétionnaire, pour passer à un
nouveau mode de gouvernance laissant une place aux populations (élus,
associations….) permettant le débat et la négociation multi acteurs.
La nécessité d’une révision complète des méthodes d’animation et de
communication qui dépolitisent les enjeux et qui les réduisent à leur seule
dimension technique ; et de manière plus générale, une mise en garde à
l’endroit d’une gouvernance décentralisée qui réduit le champ du politique à
un espace de gestion des ressources au lieu de l’entrevoir comme un
processus de gestion collective en vue de l’élaboration d’un projet de société.
L’attention à porter sur la question de fiscalité locale pour mieux l’articuler
avec le développement local.
La prise de conscience que la décentralisation ne saurait être, d’aucune
manière la résultante d’une « dichotomie entre l’Etat et la société civile ». En
effet, le transfert par l’Etat de certaines de ses compétences aux collectivités
locales ne doit pas être interprété comme un abandon de son pouvoir. Il
implique tout simplement un repositionnement de son dispositif avec pour
corollaire, le renforcement de ses compétences pour assurer le suivi de la
réforme, la cohérence de la décentralisation avec les politiques sectorielles et
l’aménagement du territoire, le respect des réglementations et le contrôle des
collectivités locales.
La nécessité d’articuler la décentralisation et le développement local.
31
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
Les réformes institutionnelles sont donc relativement récentes au Mali
malgré le fait qu’elles sont présentées comme une référence de nos jours en
Afrique de l’Ouest. La décentralisation est à ses débuts et les conseils
communaux sont seulement à leur deuxième mandat. C’est un processus
d’apprentissage pour l’ensemble des acteurs. Les leçons apprises doivent
permettre de renforcer les compétences des élus locaux pour améliorer leurs
capacités à fournir des services qui répondent aux besoins et aux intérêts des
populations.
Sur la dizaine de coopérations bilatérales intervenant au Mali (USA,
France, Canada, Allemagne, Pays bas, Suède, Danemark, Suisse, Belgique,
Espagne), la grande majorité intervient sur la question de la décentralisation
dans des régions spécifiques. Des espaces de concertation existent entre les
Partenaires Techniques et Financiers (PTF) qui sont répartis entre les
différentes régions du Mali. Cette approche de répartition géographique assez
controversée quelques fois car assimilée à tord ou à raison à un « partage » du
pays permet d’avoir une comparaison entre les différentes pratiques en matière
d’accompagnement de la décentralisation au Mali.
La grande majorité des interventions est exclusivement en mode « régie »
avec des appuis indirects aux collectivités territoriales. L’aide budgétaire
constitue pour la grande majorité des intervenants la voie indiquée pour
soutenir la décentralisation et les programmes nationaux qui ont du mal à
trouver la cohérence avec les programmes communaux.
Un autre aspect important des appuis des agences de coopération à la
décentralisation au Mali concerne les niveaux d’appui (national, régional, cercle,
communal…). En effet, la plupart des agences focalisent leurs interventions à
un seul niveau (notamment le niveau communal et quelques fois
l’intercommunalité). Très peu de bureaux de coopération interviennent sur
l’ensemble des niveaux (de la commune à la région)
-
-
-
-
Avec cette analyse de l’évolution du processus de décentralisation, le contexte
est marqué par une série de spécificités :
La difficulté d’avoir une cohérence entre les programmes sectoriels mis en
œuvre dans le pays et les Programmes de Développement Social et
Economique (PDSEC) des différentes communes mises en place
un contraste entre une dynamique forte de la société civile et l’existence très
versatile de nombreuses organisations, dotées malheureusement de faibles
capacités
la présence d’une expertise très disparate qui a du mal à se mutualiser autour
des collectivités et à aider à l’émergence d’un véritable « pole de
développement local ;
un dispositif d’appui aux collectivités locales développé, mais dont les appuis
en termes de renforcement de capacités restent encore trop limités à une
32
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
maîtrise d’ouvrage interne et administrative s’intéressant très peu à une
véritable dynamique de construction d’un capital humain capable de porter le
développement co-construit.
C’est dans ce contexte15 que le GREF intervient au Mali à différents
niveaux de structuration pour contribuer à l‘amélioration de la qualité de
l’enseignement. La prise en compte de la décentralisation dans ses
interventions constitue une dimension importante des actions de cette
organisation.
15
Auquel on peut ajouter les commentaires du GREF concernant les « chainons manquants » de la
décentralisation : l’on ne donne pas assez de place (dans cet exposé) aux Régions qui constituent un maillon
essentiel de la décentralisation, en particulier sur le plan politique. Dans le maillage de la décentralisation,
le cercle constitue le maillon faible (peut-être parce qu’il fut envisagé un temps de le supprimer), mais
communes et régions fonctionnent et celles-ci peuvent devenir l‘institution politique intermédiaire entre État
et communes. Autre intérêt : les Régions maliennes peuvent conclure des accords de partenariat avec leurs
homologues étrangers et pallier ainsi partiellement à leur manque de ressources (financières ou humaines).
(Commentaire Responsable Mali).
Dans ce contexte, l’investissement du GREF au niveau de cercles comme cela a été le cas pour
l’enseignement fondamental dans la région de Kayes, autant que celui à l’échelle communale (cercle de
Kati ; communes de Siby, Sanankoroba) renforce la pertinence et la cohérence de l’intervention dans ce
pays.
33
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
3.2. Pertinence de la stratégie du GREF au Mali
Le GREF intervient au Mali à la fois dans le secteur formel (région de
Kayes) et dans le secteur informel (Cercle de Kati, Région de Koulikoro). Dans
les deux cas le GREF s’inscrit dans les réformes et politiques en cours - en se
positionnant sur la dimension la plus fragile des dispositifs : l’amélioration de la
qualité de l’enseignement.
Dans le cadre de l’ Aide aux Communes Rurales pour mettre en place
des structures d’éducation populaire, GREF fournit ainsi depuis près de 5
ans, un appui global au développement d’une offre de service plus cohérente
dans les communes, qui va depuis la toute petite enfance (crêche) pour aboutir
à l’insertion socio-professionnelle (stages chez des artisans). La stratégie telle
qu’on peut la réinterpréter, est - compte tenu des moyens dont dispose le
GREF et de ses pratiques organisationnelles (missions temporaires, pas de
présence continue) – de faire la démonstration dans des villages de
communes différentes et à l’intention autant des populations, que de la mairie et
du ministère, de l’intérêt des services proposés. La démarche n’est pas
d’expérimenter de nouvelles structures – mis à part peut-être les Centres de
Développement de la petite enfance zone rurales – mais d’accompagner par
des formations, la mise en place des structures d’éducation populaire
recommandées par le ministère de l’éducation. C’est ainsi qu’elle accompagne
la mise en place de Centre pour la petite enfance (moins de 6 ans, équivalent
des maternelles), CED (pour les 9-15 ans), de centre d’alphabétisation pour
adultes, et de Comités de gestion scolaires pour améliorer le fonctionnement de
ces dispositifs. L’enjeu et la spécificité résident surtout, nous semble-t-il - dans
le fait d’arriver à convaincre des possibilités d’avoir un enseignement de qualité
dans le secteur informel en articulant les différents « pouvoirs » et
« interventions » existantes (académies pédagogiques, mairies, petites PME
d’artisans, ONG en appui) autour d’une offre complète et cohérente. C’est peutêtre aussi ce qui en fait parfois la limite ou la difficulté : c’est que la réussite
d’un tel programme dépend d’un ensemble de facteurs et d’acteurs qu’il n’est
pas aisé de réunir sans présence continue sur le terrain.
Dans le cas de l’appui à l’enseignement fondamental dans la région
de Kayes16, le GREF a contribué à :
-
L’appui à la formation des des professeurs de l’IFM et des enseignants des
Ecoles d’Application de la ville de Kayes ;
-
L’appui aux bibliothèques des IFM en octroyant des matériels didactiques
importants qui ont contribué « à l’amélioration des conditions de travail des
16
Dont l’objectif principal rappelé par le responsable Mali était : la constitution d’écoles de référence à
raison de deux par CAP. Ce qui entraînait : la formation des professeurs de l’IFM et des directeurs des
écoles d’application, la formation des conseillers pédagogiques, le suivi sur le terrain des maîtres des
écoles de référence.
34
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
élèves maîtres » et des enseignants des écoles d’application » (Directeur
des études IFM de Kayes)17 ;
-
L’appui au centre de santé de l’IFM de Kayes
-
L’accompagnement, tant auprès des professeurs de l’IFM et des
enseignants des Ecoles d’application que des maîtres des Ecoles de
Référence, de la mise en œuvre des démarches pédagogiques qui ont fait
l’objet de formation. L’interaction entre les élèves maîtres en formation au
niveau des IFM et les enseignants des écoles d’application a permis de
créer un cadre de concertation entre ces structures qui s’appuiera sur les
« communautés d’apprentissage » (initiées par le MEB) plus fonctionnelles
autour des démarches pédagogiques actives développées au cours des
formations18
-
L’appui à la formation des enseignants et des membres des CGS dans 17
Ecoles de Référence de la région de Kayes
-
La formation des membres des CGS des 17 Ecoles de Référence
permettant d’impliquer tous les acteurs de l’Education concernés par
l’enseignement fondamental
Dans les deux cas on retrouve deux dimensions importantes de l’action
GREF au Mali :
-
la recherche d’une qualité de l’enseignement à quelque niveau que ce
soit ;
-
la recherche d’une adéquation de l’enseignement aux besoins de la
société.
Cette stratégie qui s’est construite sur base du cadre légal défini par l’Etat,
au fil du temps et des demandes, se prolonge assez naturellement par de
nouveaux projets de type « centre de ressources », c'
est-à-dire des centres de
formation professionnels.
Le travail dans les communes notamment paraît particulièrement pertinent
en ce sens qu’il permet potentiellement d’articuler :
17
Remarque GREF : Dotation aussi dans le cadre d’une autre action du Gref en direction des
établissements du 2d degré pour souligner que les actions du Gref peuvent être complémentaires
18
L’appui GREF portant plus sur la capacité à rendre ces communautés d’apprentissage fonctionnelles
que sur leur existence puisque comme le rappelle bien le responsable Pays :
(L’idée de) « communautés d’apprentissage » permettant aux maîtres de poursuivre, collectivement, leur
formation, n’est pas spécifique à la Région de Kayes, elle s’inscrit dans une politique nationale.
35
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
-
amélioration de l’accès à la base à travers les CDPE, moment de la vie
où se structurent bien des façons de fonctionner et de penser ;
-
amélioration de l’utilité sociale à travers un apprentissage dans les deux
langues :
o débouchant sur des métiers dans les CED pour la tranche 9-15
ans ;
o débouchant sur une meilleure intégration sociale (dans des
associations) pour les adultes19 ;
-
amélioration de la viabilité à travers des comités de gestion scolaires qui
deviennent des outils importants de l’accompagnement de l’école
malienne.
La stratégie apparait donc particulièrement pertinente car elle s’inscrit bien
dans les nouvelles tentatives de l’Etat de (ré)-institutionnaliser l’enseignement
dans le nouveau cadre ouvert par la décentralisation. Elle paraît d’autant plus
pertinente que les stratégies antérieures des ONG ont, notamment à travers
une offre dispersée et peu articulée (par exemple celle des écoles
communautaires), contribué à affaiblir le système dans son ensemble et à
décourager les parents de mettre leurs enfants à l’école. Cette donnée de
contexte est importante à prendre en compte et diffère de ce qui se passe dans
d’autres pays, notamment au Burkina Faso où l’école reste fort « investie » par
les parents.
19
L’ouverture en français dans les centres alpha suivi par le GREF est récent et est une réponse à la
pression des apprenants. Depuis les effectifs ont sensiblement augmentés dans ces centres.
36
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
3.3. Efficacité au Mali
3.3.1. Aide aux Communes Rurales pour mettre en place des
structures d’éducation populaire
Résultats quantitatifs
Les résultats dans les communes sont à la hauteur des espérances en ce
qui concerne la mise en place des structures et les enseignements dispensés.
COMMUNES
SANANKOROBA
STRUCTURES
SIBY
CDPE
3
3
CED
3
3
CAF
3
3
CG
2
3
En tout 18 structures
d’enseignement
et
5
Comités de gestion ont
été mis en place et
fonctionnent.
En termes d’usagers touchés, les résultats varient selon les axes mais
peuvent être considérés comme globalement plus importants que prévus.
Axes
SANANKOROBA
SIBY
Emplois
Usagers
directs
Emplois
Directs
Usagers
directs
Emplois
Directs
Usagers
directs
71 (30)
8 (6)
50 (30)
18
291
95
Directs
CDPE
10 (9)
TOTAL
50 (30)
37 (30)
50 (30)
33 (30)
CED
3 (6)
40 (90)
3 (6)
55 (90)
6
CAF
5 (8)
~60(90)
6 (8)
~66(90)
11
CG
Totaux
14 (14)
18
285
14 (14)
17
225
28
35
414
(Source : Rapport GREF, année 2005/2006, complété)
37
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
En réalité à l’heure actuelle, 9 emplois sur 35 sont sécurisés, c’est-à-dire
qu’ils ont été validés à travers une formation et sont maintenant pris en charge
par le ministère.
Il s’agit des emplois créés à Sanankoroba
Résultats qualitatifs
On peut considérer également comme acquis les attendus plus qualitatifs
recherchés par le GREF (rapport GREF) :
-
Des jardins d’enfants qui ne soient pas de simples lieux de « parcage »
mais qui soient éducatifs :
oui
Lieu de sécurité (hivernage) : pas encore atteint durant l’hivernage
Lieu de développement personnel :
oui
Lieu d’apprentissage :
oui
Lieu de socialisation :
oui
Lieu de parole et d’échanges :
oui
Lieu d’apprentissage :hygiène et santé :
oui
Lieu d’innovation et de discussion concernant le développement des
activités économiques : oui, partiellement sous l’influence des CG
Des tests menés par le GREF ont confirmé dans l’ensemble l’importance
des jardins d’enfants comme lieu de socialisation et d’apprentissage et cela est
attesté par les directeurs d’écoles qui disent pouvoir immédiatement identifier
les enfants étant passés par ces lieux.
La démonstration de jeux, réalisée par les monitrices de Siby lors de la
mission nous ont convaincu de l’importance de leur travail éducatif.
Des CED
qui
préprofessionnalisation
accompagnent
les
enfants
jusqu’au
stade
de
A cet égard, les tests donnent des résultats satisfaisants. Les difficultés
sont cependant rencontrées au niveau des filles qui se marient fréquemment
dans cette tranche d’âge et échappent au système éducatif.
Les stages d’observation sont mis en place malgré quelques difficultés à
trouver des artisans parfois. Selon le dernier rapport du GREF confirmé par
quelques visites en cours de mission :
« Ces stages intéressent beaucoup les apprenants dont certains souhaitaient
rester plus longtemps et, nous l’avons constaté partout puisque nous sommes
passés dans tous les sites. Les artisans ou employés sont très fiers de
recevoir ces jeunes. Ils sont valorisés de travailler avec un éducateur de CED
et ont apprécié les discussions techniques échangées, les conseils et le côté
sécurité du travail. Les éducateurs participent activement à la mise en place
38
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
de ces stages et en ont bien compris l’intérêt dans le cadre de la préparation à
la professionnalisation qui doit intervenir en 5ème et 6ème année. ».
La plupart évoquent cependant la difficulté ensuite à se lancer dans le
métier faute de moyens et d’équipements.
Des centres Alpha améliorant les savoirs lire et écrire des adultes
A ce niveau le problème d’irrégularité se fait fort sentir. Les cours se
donnent souvent tard et dans des conditions difficiles (manque d’électricité). A
la demande des alphabétisés, le français a été introduit dans le cursus et a eu
rapidement pour effet de gonfler les effectifs. Les tests du GREF réalisés sur un
échantillon de personnes présentes (~60% des effectifs) se révèlent néanmoins
concluants :
Tous les participants ont su écrire ce qu’ils voyaient dans la scène et leur
écriture, dans tous les cas a été lue par l’apprenant désigné. Pour les
opérations, les erreurs ont été signalées par les encadrants et corrigées par
l’intéressé. Dans un cas les facilitateurs ont ajoute un exercice de numération
par dizaines de milliers, milliers, centaines et unités que tous leurs élèves ont
su faire.
Problème des femmes adultes empêchées par leur mari de participer aux
classes de nuit.
Des Comités de Gestion qui assurent une partie des charges de
fonctionnement des activités et établissent le lien avec les autorités
communales et les autres acteurs
Globalement l’aspect strictement gestionnaire des tâches dévolues au
Comités de gestion ne semble pas souffrir de gros problèmes : les cahiers sont
bien tenus, les personnes suivent les activités de manière suffisamment
régulière. On note toutefois une difficulté à faire la correspondance entre le
journal de caisse et le journal de banque.
Les autres tâches liées plus à la « mise en rapport » avec soit les autorités
communales ou administratives pour « régulariser » et intégrer les postes
créés, soit pour mobiliser les attentions et ressources de la mairie, soit enfin
trouver des partenaires pour certaines appuis ponctuels restent très faibles. Il
n’est pas certain au demeurant que cela ait été un souhait dès le départ du
GREF, mais il semble qu’il y ait un réel besoin d’appui à cet égard.
39
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
Les résultats en termes socio-organisationnel
« consolidation des partenaires »
ENDA Inter-Mondes
et
institutionnel
de
La consolidation du principal partenaire – de notre point de vue, ici, le conseil
communal – n’est pas évidente à apprécier. Dans le cas de Sanankoroba, le
dynamisme du maire et de ses conseillers tend à penser qu’il aura su tirer profit
de cette expérience pour sa commune. Les listes pour l’intégration du
personnel enseignant dans l’administration publique ont été rentrées à temps et
de manière générale, la mairie dispose maintenant d’un exemple de
structuration de l’offre de service en matière d’enseignement sur laquelle
s’appuyer et qui est partiellement repris dans son plan de développement
communal.
C’est moins le cas à Siby, où l’intégration tarde à se faire en raison d’un
manque d’assiduité de la mairie.
La consolidation a aussi concerné les CAP à travers le suivi et les formations
des éducateurs. A ce niveau si le renforcement apparaît évident il n’est pas
nécessairement reconnu du niveau central qui considère que les éducateurs
formés par le GREF ne se distinguent pas nécessairement des autres.
La consolidation des structures éducatives de base est donc en bonne voie
mais encore à poursuivre. Dans un contexte où les rôles et fonctions ne sont
pas encore clairement établis et compris, il parait normal qu’il en soit ainsi. Cela
n’empêche pas qu’on puisse à cet égard améliorer la manière d’intervenir (voir
poitn sur la viabilité)
Les résultats au plan pédagogique d’adéquation des outils produits dans le
cadre des actions aux besoins des publics destinataires et utilisateurs ?
3.3.2. De la formation initiale à la formation continue des
acteurs de l’éducation
Résultats Quantitatifs
Rappel des objectifs et réalisations :
Volet 1 - Institut de Formation des Maîtres/Ecoles d’application - Mettre en
cohérence les pratiques pédagogiques des professeurs de l’IFM et des
Maîtres des Ecoles d’Application, en cohérence entre elles et en cohérence
avec les principes et finalités des nouvelles instructions. Apporter une
formation en didactique du français.
Volet 2 - Conseillers Pédagogiques - Former les CP généralistes et les CP
spécialistes en lettres des 9 Centres d’Animation Pédagogiques (CAP) de la
région de Kayes, en didactique du français. Préparer l’action dans les écoles
de référence (volet suivant)
Volet 3 - Ecoles de Référence Enseignants - Avec les CP formés, appuyer la
formation des maîtres en didactique du français afin d’améliorer le niveau
scolaire des élèves en français oral et écrit dans deux écoles par CAP qui
deviendront écoles de référence pour ce CAP.
40
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
Volet 4 - Ecoles de Référence APE/CGS Former les membres des Comités de Gestion Scolaire nouvellement
créés. Elaborer des Projets d’Ecoles pour les écoles de référence.
(Source : LE FRAPPER M.J. GREF Mai 2007 De la formation initiale à la
formation continue pour adultes Rapport technique et financier Final 20032006)
Les moyens mis en œuvre pour l’obtention de ces résultats apparaissent
assez considérables en termes de ressources humaines, relativement moins
en termes de ressources financières (~20.000 € par an):
-
-
Sessions de formation pour les 4 volets
Suivi de formation des enseignants et des membres des Comités de
Gestion Scolaire des 17 Ecoles de Référence de la région de Kayes
Appui Enseignants
o animation bibliothèque avec albums pour enfants (apport du GREF)
o utilisation de dictionnaires (apport du GREF)
o production de fiches pédagogiques et diffusion des fiches dans tous
les sites
Membres CGS - élaboration de projets d’école
Intervenants du GREF 30 personnes par an assurant les formations
+ 1 pour la coordination
Personnel local statut indemnisé : coformateurs
41
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
Résultats qualitatifs
L’appui en direction des professeurs de l’IFM et des enseignants des
Ecoles d’Application s’est articulé autour de 2 axes :
- apports théoriques et méthodologiques en didactique du français ;
- harmonisation des pratiques pédagogiques afin de favoriser l’immersion
des élèves maître lors des stages en situation professionnelle dans les Ecoles
d’Application ;
Ainsi, dans la région de Kayes, plusieurs sessions de formation ont été
organisées au cours des cinq dernières années (quatre au total avec à chaque
fois une vingtaine de participants et de participantes) atour de la pédagogie de
la lecture, de la didactique de l’écrit et de l’oral...
Les formations ont touché les professeurs de lettres de l’IFM et les
enseignants des Ecoles d’Application de la ville de Kayes qui sont en train de
réinvestir les acquis à l’IFM et dans les Ecoles d’Application. Les bénéficiaires à
terme étant :
- les Elèves maîtres qui diffuseront à leur tour dans leurs postes en tant
que professionnels
- les élèves des Ecoles d’Application
Cette action a concerné pendant 3 sessions (la durée de mise en œuvre
du projet) environ 45 professionnels (professeurs de lettres, de
psychopédagogie et philosophie de l’IFM) et les enseignants des Ecoles
d’Application.
Les actions menées dans 17 Ecoles de Référence de la Région de Kayes
ont largement contribué à développer les relations entre les enseignants et les
conseillers pédagogiques qui se soutiennent mutuellement pour trouver des
solutions aux problèmes pédagogiques rencontrés. C’est ainsi que de plus en
plus, les enseignants font appel aux conseillers pour les aider à résoudre des
problèmes spécifiques auxquels ils sont confrontés. Une telle situation était
difficilement envisageable il y a quelques années. L’ensemble des acteurs
reconnaît la contribution importante du GREF dans l’amélioration de cette
relation entre deux acteurs majeurs de l’école malienne. Il est dès lors important
pour le GREF d’assurer le suivi des actions entreprises pour consolider les
acquis actuels qui portent sur le moyen et le long terme.
Les nombreux livres et autres documents de référence mis à la disposition
des bibliothèques contribuent aussi à alimenter les préparations de différents
42
Evaluation GREF 234 Ev
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ENDA Inter-Mondes
travaux pédagogiques aussi bien au niveau des IFM qu’au niveau des écoles
d’application20.
La cohésion entre les deux volets Ecoles de Référence : CGS / enseignants
s’est renforcée au cours de l'
action, la présence simultanée des deux équipes
sur les sites pour un certain laps de temps a facilité la liaison entre les deux
domaines d’intervention. Par contre la simultanéité des actions de formation et
de suivi des enseignants et des membres des CGS a pu entraîner dans
certains sites des difficultés de gestion des différents plannings, les directeurs
des écoles de référence pouvant être bénéficiaires à la fois des formations
« enseignants » et des formations « membres CGS »
Au plan local, dans chaque CAP la mise en réseau des acteurs concernés par
l’action (CGS et enseignants) dans les écoles de référence a pu se faire par la
création et le fonctionnement de Comités de Suivi Local.(création préconisée
par le comité de pilotage régional) : les membres du comité de suivi local étant
les acteurs eux-mêmes.
La création et le fonctionnement de ces CSL ont, dans certains sites apporté
une réelle coordination et permis parfois des améliorations et même une
stimulation pour les acteurs. Dans quelques sites les CSL n’ont pas
fonctionné de façon optimale.
20
Remarque GREF : dotation aussi dans le cadre d’une autre action du Gref en direction des
établissements du 2d degré
43
Evaluation GREF 234 Ev
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ENDA Inter-Mondes
3.4. Conclusions et recommandations pour le Mali
Les activités apparaissent fort structurantes dans ce pays et leur
reproduction témoigne de l’intérêt que les Maliens leur portent.
Il apparait important d’améliorer la contractualisation avec les partenaires.
Le GREF à la capacité semble-t-il à travailler avec différents partenaires publics
comme privés, à l’échelon central comme communal, mais cela gagnerait à être
un peu plus formalisé autour du cadre légal qui de notre point de vue doit
aujourd’hui être celui de la commune21. La mise en place d’un cadre de
coordination sur les activités de la commune, associant les partenaires
techniques et des ONG sous l’égide du conseil communal permettrait de
renforcer les capacités du Conseil à jouer ce rôle de coordination et
d’ensemblier qu’avaient pour objet les CCC. Le fait que le GREF ne soit pas
physiquement présent de manière continue pourrait être valorisé de deux
manières :
-
capacité à accélérer les procédures durant la présence des missions
-
responsabilisation des autres acteurs en l’absence du GREF bien avant la
fin de l’action
21
Comme le fait remarquer le responsable pays, la Région ne doit pas être négligée dans les stratégies du
GREF. Il y a en effet à distinguer les niveaux et leurs prérogatives. Le cadre régional peut se révéler
particulièrement important pour l’élaboration et la mise à jour de cartes scolaires précises et l’appui à
l’élaboration et la mise en œuvre de politiques en matière d’enseignement secondaire et supérieur. En
témoigne le forum organisé à Kayes par l’Assemblée régionale pour le projet aide aux établissements
secondaires. Par contre, pour l’enseignement fondamental l’échelon communal reste le mieux adapté à
une régulation d’une offre de services qui s’est trop construite, de notre point de vue, sur le niveau village
(« un village, une école ou un CED »).
44
Evaluation GREF 234 Ev
*"(
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
)
)
4.1. Le contexte du Burkina Faso
Globalement les interventions GREF au Burkina Faso couvrent un spectre
assez large d’intervention marquées toutes par des actions de renforcement de
capacités plus que de constructions.
Elles se développent dans un contexte déjà décrit dans le cas du Mali de
contradiction institutionnelle entre une massification de l’offre et une diminution
des dépenses publiques.
Une contradiction institutionnelle
Globalement on voit dans quelle mesure la délivrance de l’enseignement
scolaire par l’État au Burkina Faso est prise dans une contradiction
institutionnelle externe. Les bailleurs imposent à l’État des agendas et des
objectifs contradictoires (massification de l’école vs réduction des dépenses
publiques) qui ont pour conséquence :
- une fragmentation des politiques publiques en la matière à travers une
politique de diversification de l’offre scolaire laissant une grande marge de
manœuvre aux écoles privées et aux projets (école satellites, CEBNF, et
écoles bilingues de la Coopération suisse) ;
- la mise en œuvre de solutions pratiques de résolution de cette contradiction
qui d’une part pressurisent les enseignants et les parents d’élèves auxquels
est demandé toujours plus d’investissement individuel pour les premiers et de
participation pour les seconds, et d’autre part contribue à la mauvaise qualité
de l’enseignement scolaire.
(Source : I. Héma, H. Malo, R. Médah, S. Ouedraogo 2007 État et contexte de
la fourniture de services publics dans la commune urbaine de Boromo
(Province des Balé, Burkina Faso) Deuxième partie. Rapports sectoriels
Laboratoire citoyennetés, Ouagadougou)
L’illustration par la Banque Mondiale
« Il serait possible, surtout pour le primaire et le premier cycle du secondaire,
d’abaisser les qualifications minimales exigées des futurs enseignants. Si l’on
se montrait moins exigeant quant à leur formation initiale, on pourrait leur offrir
des rémunérations inférieures aux barèmes actuels. … Le nombre croissant
des jeunes qui ne trouvent pas d’emploi à l’issue du secondaire et de ceux qui
ont fait des études supérieures, poursuivies ou non jusqu’à l’obtention d’un
diplôme, dénote la présence d’individus suffisamment motivés et compétents
pour enseigner. Ceux-ci pourraient en définitive être disposés à accepter les
traitements un peu inférieurs à ceux qui reçoivent actuellement les
enseignants » (Rapport de la Banque mondiale, cité par Badini A, 2006 : p.3)
(Source Héma et alii, op.cit.)
45
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
4.2. Pertinence
La pertinence diffère selon les interventions. Trois grands types
d’interventions peuvent être distingués :
-
Des interventions auprès de l’Action sociale sur les orphelinats de base
-
Des interventions d’appui au Ministère de l’enseignement à travers des
« innovations pédagogiques
-
Des interventions en alphabétisation fonctionnelle liée au développement
4.2.1. L’action sociale (pouponnières et orphelinats)22
La pertinence des actions du GREF en la matière ne se situe pas
seulement dans le fait d’appuyer des orphelinats à travers des formations que
d’articuler ces actions à une structuration et une régulation du secteur à travers
la mise en place d’une Union des Orphelinats capable d’interpeller le
ministère et de contribuer à définir certaines normes de qualité de ce type de
service public. Car la création d’orphelinats est le plus souvent le fait de privés.
L’absence de règlementation du secteur était une préoccupation de la Ministre
de l’Action sociale depuis un certain temps déjà. Divers orphelinats étaient
montés sans conditions ni exigences particulières à des fins essentiellement
commerciales.
Le positionnement du GREF sur cet enjeu s’est toutefois renforcé petit à
petit et ne procédait pas au départ d’une stratégie prédéterminée. C’est
progressivement que les actions menées à la base avec les partenaires se sont
structurées et développées.
La stratégie générale apparaît également particulièrement pertinente car
elle ne fait pas de l’orphelinat une nécessité absolue mais organise la prise en
charge des enfants abandonnés en lien avec la famille ou la grande famille (voir
ci-dessous).
De quelques principes de la démarche d’action sociale
- faire en sorte que l’accueil en orphelinat soit d’une durée très courte ; il faut
donc envisager des solutions d’intégration (retour dans la famille, famille
d’accueil, famille adoptive). Surtout, trouver des solutions en amont, pour
prévenir ce phénomène.
- venir en appui aux structures existantes (orphelinats), les faire évoluer vers
des solutions diversifiées de prise en charge.
- aider à la création d’accueils de jour pour les enfants dont les mères
travaillent.
- prendre en compte les familles et les soutenir, notamment dans leur lutte
contre la pauvreté.
22
Cette « action » n’a pas fait l’objet d’un financement MAE mais de la fondation JM Bruneau
46
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
- participer à toute action visant à la prévention des ruptures familiales et des
mauvais traitements.
(Source : Nana J.P., Tondut J. 2006 Evaluation Action Sociale GREF Burkina
Faso doc. Interne)
4.2.2. Les innovations pédagogiques (ES et CEBNF)
Il est notoire que la qualité de l’enseignement a baissé au Burkina Faso
depuis quelques années. Les formations autrefois dispensées en deux ans (un
an théorique ; un an de pratique) sont réduites à 6 mois dans certains cas (On
trouve même des enseignants qui n’ont suivi que 2 mois de formation avant de
prendre fonction : « Mais comment on va faire ? On fait ce qu’on peut !? »)
Comme on l’a posé en introduction de ce chapitre cela résulte en grande
partie d’une politique de réduction des dépenses publiques imposée aux
services de l’Etat (voir citation de la Banque Mondiale).
Dans ce cadre la formation aux innovations, l’apprentissage de la
créativité, l’éveil aux évolutions pédagogiques, participe ici de la valorisation de
l’enseignant et de sa survie. Au-delà des préoccupations qui animent le GREF
et le Ministère (amélioration des taux de réussite scolaire), il y a surtout une
revalorisation du métier et, dans le contexte présent, cet aspect revêt une
importance considérable.
Objectifs spécifiques
- Renforcer la formation des personnes qui assurent l’encadrement rapproché
des maîtres.
- Favoriser le développement socio-économique des communautés en
fournissant un appui à leurs initiatives locales
- Favoriser la convergence des initiatives de développement initiées par le
projet et l’action d’autres ONG
La question est plus de savoir d’une part comment faire pour que cette
culture de l’innovation pénètre le système de l’enseignement et d’autre part
comment dans la pratique lier formation et développement socio-économique
(c’est ce qui sera discuté au chapitre de « l’efficience »)
Le caractère expérimental est aussi à retenir. Il ne s’agit pas
d’expérimenter des pédagogies fondamentalement nouvelles, mais de tester
leur application et d’ajuster leur mise en pratique par rapport au programme et
aux méthodes plus classiques du ministère. La part de l’expérimentation est
donc limitée, mais pourtant importante avant une extension géographique. Cet
47
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
enjeu apparaît également stratégique à un moment où la tendance des
financements est à l’exigence de résultats tangibles23.
4.2.3. ARBE : L’alphabétisation fonctionnelle comme support
au développement et à l’amélioration des conditions de
base des communautés
Le propos n’est pas nouveau. D’autres organisations, comme Tin tua au
Burkina Faso se sont particulièrement illustrées dans ce domaine en montrant
comment articuler initiatives de développement et alphabétisation fonctionnelle
bilingue. Autour des classes d’alphabétisation de Tin Tua, se sont
progressivement créés de véritables centres de développement (appelés
diema) qui se sont constitués à l’échelle de toute une région.
La nouveauté ici réside sans doute dans l’accent mis sur la pédagogie
active développée par Aide et Action (méthode REFLECT). Mélange de
techniques MARP et d’autres méthodes actives, elle vise ici à faciliter la
réflexivité de l’apprenant par rapport aux problèmes de son village. Développée
avec l’appui d’ONG locales, la démarche peut se révéler intéressante pour
développer certaines capacités d’analyse des jeunes apprenants et les valoriser
socialement. Le lien avec la recherche de solution est plus douteux et sans
doute dangereux. L’exposé des finalités et des objectifs révèle en effet une
ambition démesurée qui peut se révéler contre-productive si elle n’est pas
accompagnée de perspectives réelles pour ces jeunes. Le programme vise en
effet à résoudre tous les problèmes de base de la communauté, et ce de
manière durable :
Finalités et ambitions du programme
Le programme a pour finalité "le développement de la communauté et l'
activité
productive pérenne soutenu par une alphabétisation fonctionnelle".
Son ambition est d'
aider l'
Etat Burkinabé dans ses efforts de développement
par des propositions innovantes à son système éducatif de base formel et non
formel. Ces innovations devront permettre à l'
éducation, de changer
qualitativement la vie des communautés et de renforcer ainsi la cohésion
entre alphabétisation et développement.
Les objectifs du programme : un développement soutenu et pérennisé grâce à
une alphabétisation fonctionnelle
Le programme poursuit les objectifs suivants :
- améliorer la satisfaction des besoins élémentaires des communautés
villageoises : nourriture, eau, hygiène-santé
- insérer socialement et professionnellement des jeunes déscolarisés (garçon
et fille)
23
L’obsession du résultat, si elle s’explique par le manque de rigueur dans les objectifs de bien des
actions de développement, sabre une dimension importante qui faisait la plus-value des ONG : sa faculté
à expérimenter de nouvelles choses dans des contextes et sur des thèmes où aucun autre acteur n’osait
s’aventurer. La déclaration de Paris bonne dans ses intentions (« mieux évaluer les progrès ») apparait
malheureusement très réductrice dans ses propositions (« suivre et contrôler les résultats ») avec des effets
pernicieux de ce point de vue.
48
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
- créer et pérenniser des Activités Génératrices de Revenus (AGR).
(Source : GREF-ARBE présentation 2006 ? doc. GREF (pas d’auteurs, pas de
date)
L’objectif de doter les apprenants d’un certain nombre d’outils à travers
l’alphabétisation pour être en mesure d’initier des activités utiles à la
communauté dans les domaines proposés (santé, hydraulique, agriculture)
aurait été suffisant.
La pertinence devient encore plus discutable, lorsque le projet se propose
d’articuler cette dynamique à la mise en réseau par satellite des centres
appuyés en alpha (les CDAF), des ONG d’appui et d’autres services, à des fins
de communication.
Net ADDeD : un outil numérique expérimenté dans 2 provinces
(programme financé par l’UE pendant 2 ans)
New Technologies to Avoid Digital Division in e-divided areas est un outil de
télécommunication satellitaire lié au programme
A.R.B.E (il devrait
permettre :)
Activités pour les usagers des Centres de Développement et d’Alphabétisation
Fonctionnelle :
- des échanges d’expériences et un questionnement sur les activités
- des téléformations adaptées
- la recherche d’informations
- les échanges avec d’autres partenaires du programme Net ADDED , ou du
programme ARBE, les échanges avec les partenaires de l’éducation en
France
- Communication et l’entraide entre soignants du Nord et équipes médicales
burkinabè
- Possibilités offertes aux autres acteurs des services déconcentrés :
Communiquer en temps réel avec les autorités centrales
Source : GREF-ARBE présentation 2006 ? doc. GREF (pas d’auteurs, pas de
date)
Ce n’est pas tant la nature de la technologie envisagée qui pose
problème, que l’inflation d’attendus et le positionnement de l’outil au niveau des
CDAF alors que les enjeux à d’autres niveaux pourraient être bien plus
importants. Des études montrent en outre que l’usage de ce type d’outil pose
un certain nombre de problèmes culturels. Une telle technologie répond à
d’autres demandes, d’autres objectifs et d’autres publics-cibles que l’insertion
d’analphabètes dans leur communauté. Il y a là une contradiction formelle qui
devrait pousser le GREF à distinguer deux « projets » de cette initiative.
Le contexte actuel de l’évolution des milieux ruraux en lien avec certaines
recherches récentes sur la question des NTIC et le développement conduit à
une prudence certaine par rapport à cette articulation. Il est plus approprié de
nos jours de mettre l’accent sur les radios communautaires qui peuvent être
49
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
des instruments importants de communication et de formation aux mains des
acteurs des milieux ruraux. Du moins, à défaut d‘une substitution, des mesures
d’accompagnement doivent être prises pour assurer une bonne gestion de
l’information fournie et celle qui pourra être produite à travers l’outil mis en
place. Il s’agit notamment de développer d’autres stratégies d’articulation entre
les centres et outils classiques plus accessibles aux populations. Une analyse
plus approfondie doit être faite à ce propos. Les radios communautaires qui
pourront permettre par exemple des échanges d’informations plus faciles à
travers les voies satellitaires simplifiées pourront être des alternatives à cette
option. L’exemple de « First Voice » qui travaille avec un grand réseau de
radios communautaires et de radios privées pourra être intéressant à suivre. Il
s’agit d’assurer un partage des émissions sur le développement et d’autres
sujets de préoccupation entre radions communautaires et de faire des
montages retour pour échanger avec les autres.
Ce montage semble être le fruit d’opportunité et d’une nécessité de
trouver des financements suite au gel du MAE. Le CNES Toulouse et la CE
prévoient de financer le projet pour autant que soit testée la possibilité d’une
connexion par satellite entre différentes villes du Burkina Faso.
4.2.4. Conclusion sur la pertinence
On trouve généralement une pertinence élevée qui correspond à la fois à
une demande et est en cohérence avec des politiques publiques. Mais une
difficulté parfois à ancrer stratégiquement cette pertinence générale dans des
lieux et des acteurs qui peuvent en tirer parti. De l’idée à l’action, il y a un pas
qui est manifestement trop rapidement franchi et se traduit par des problèmes
de formulation en objectifs réalistes et en activités bien dimensionnées. Cette
question sera approfondie au chapitre concernant l’efficience.
4.3. Efficacité
4.3.1. L’action sociale
Au niveau des orphelinats les résultats sont à la hauteur des espérances
voire les dépassent.
Au plan quantitatif, c’est l’entièreté des orphelinats qui sont aujourd’hui
touchés indirectement ou directement à travers le travail de l’UNOB.
Au plan qualitatif, les formations dispensées aux monitrices (nourrices) et
aux directeurs d’orphelinats (d’établissements) ont conduit à des changements
50
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
sensibles dans les façons de percevoir l’enfant et les conditions générales de
son développement physique et mental. Les témoignages des nourrices vont
pour la plupart dans le sens de dire qu’ « aujourd’hui » :
- « on parle à l’enfant »
- « Il y a beaucoup moins de diarrhées et donc de mort. On arrive à les limiter
tout juste de manière à ce que elles ne s’étendent pas au-delà des chambres »
- « il y a plus de travail en équipes entre nous »
4.3.2. Les innovations pédagogiques
Les résultats apparaissent plus discutables à ce niveau.
Au plan quantitatif, les activités ont concerné 6 provinces (au lieu de 5 au
départ) dans lesquelles :
-
31 COGES ont reçu des fonds
-
24 stages de 2 jours ont été dispensés à du personnel d’encadrement des
DPEBA (sur 3 ans)
-
Des stages de 6 jours pour les enseignants
-
Stages d’un jour de mutualisation des formations des responsables des
COGES
Au plan qualitatif, les appréciations sont plus diverses. Les stages sont
jugés trop courts par certains encadreurs et enseignants. Parmi les personnes
rencontrées, certains enseignants manifestent plus de difficultés à comprendre
l’intérêt et voient parfois dans ces innovations des contraintes à la réalisation de
leur programme. D’autres, plus nombreux, témoignent au contraire de ce
qu’elles aident à obtenir des résultats plus rapidement et facilitent le travail de
l’enseignant.
Il semble que le niveau de formation de certaines des personnes
rencontrées ne leur permette pas de prendre certaines latitudes avec les
méthodes formelles qu’elles ont très rapidement apprises. Cette attitude ne
pouvant être attribuable à l’encadrement plutôt généralement favorable à ces
innovations.
Le problème des rotations dans les encadreurs, inspecteurs autant
qu’enseignants participe aussi de la difficulté à ancrer ces innovations de
manière plus forte. Il y a là un problème de dimensionnement d’une action qui
hésite entre expérimentation et mise en œuvre systématique.
Si l’objectif n’avait été que de faire la démonstration des possibilités et des
contraintes, notre évaluation pourrait conclure à sa réussite : on dispose
aujourd’hui d’éléments suffisants pour prendre une décision (même si ces
éléments devraient être mieux capitalisés).
S’il était déjà de faire en sorte que l’ensemble du dispositif d’éducation
s’en saisisse, on peut dire que les résultats ne sont pas à la hauteur des
51
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
espérances. La volonté de toucher une part plus importante de provinces (et
également de COGES), due en partie aux services du Ministère, a
probablement contribué à diluer les efforts.
Des résultats importants peuvent cependant être portés au crédit de cette
action :
-
Tous les enseignants ayant bénéficié de la formation GREF ont réussi leur
concours d’intégration dans la fonction publique
-
Une volonté de poursuivre de la part des encadreurs, enseignants et
DPEBA
-
Un mémoire en cours sur la démarche par un agent de la fonction
publique,…
4.3.3. ARBE
Le projet ARBE apparaît trop récent pour pouvoir en faire l’évaluation en
termes d’efficacité. Mais on peut supposer le même genre de problème que
dans le précédent, à savoir une difficulté à passer de l’idée à sa traduction en
actions pragmatiques et bien dimensionnées. Avec des hésitations manifestes
entre expérimentation et diffusion.
4.4. Conclusions sur le Burkina Faso
Des acquis certains, parfois au-delà des espérances (dans le cas de
l’Action sociale). Mais aussi des initiatives qui peinent à avoir des effets
structurants à plus petite échelle (la région, le département).
Là où les actions semblent ne pas avoir été à la hauteur des espérances,
c’est en grande partie parce que celles-ci étaient surdimensionnées et peu
articulées avec les contraintes et opportunités réelles des contextes. Ce
décalage étant en partie lié au statut hybride de l’action entre expérimentation
et diffusion.
On trouve également dans ce pays un cloisonnement plus fort entre les
différentes interventions, et des formes de concurrences peu propices à un
travail sur le long terme et la recherche d’un impact. Ces questions seront
approfondies dans le chapitre consacré à l’efficience dans la mesure où elles
n’intéressent probablement pas que les interventions au Burkina Faso.
52
Evaluation GREF 234 Ev
+" )
)
Totté-Goita
)
)
ENDA Inter-Mondes
,
5.1. Efficience
5.1.1. Une identification qui diffère sensiblement selon les pays
Au Mali on ressent une structuration plus forte, tant des initiatives que des
demandes comme le montrent bien les extraits ci-dessous :
Dans l’éducation fondamentale (Région de Kayes)
La concertation quasi permanente, entre les autorités maliennes de
l’Education et le GREF, a permis à l’issue de ce programme d’appui à la
formation à l’IFM en 2000 et à la formation des maîtres en 2001 d’envisager,
en février 2001, dans les grandes lignes un projet plus global que les
précédents pour toute la région prenant en compte à la fois la formation
initiale au niveau de l’Institut de Formation des Maîtres, la formation des
maîtres des écoles fondamentales, celle des conseillers pédagogiques et d’y
adjoindre un appui à la formation des membres des APE et/ou des Comités
de Gestion Scolaire dont la création semblait envisagée., ce projet devant
intégrer notre préoccupation commune concernant la pérennisation et la
démultiplication de l’action. Le pré-projet est devenu définitif en janvier 2002
après avoir été proposé et discuté avec :
- les autorités maliennes de la région de Kayes
- différents directeurs du Ministère de l’Education de Base
- les conseillers techniques, coopérants français, travaillant au Ministère de
l’Education de Base au Mali
(source : Arbousset Gh., Le Frapper M.J., Tiset R. (2007) De la formation
initiale à la formation continue des acteurs de l’éducation – Etat des lieux et
pérennisation Document GREF)
Dans l’éducation non-fondamentale24 (communes de Siby et Sanankoroba)
De nombreuses missions du GREF ont été effectuées au Mali au cours de la
décennie 90, dans le cadre du non formel ; le GREF étant prestataire de
services de Plan International. Ces échanges ont permis de déceler une forte
demande de formation de la part des communautés villageoises, dénotant une
prise de conscience de l’importance de l’éducation sous toutes ses formes
comme condition du développement. Les demandes à l’origine portaient sur
24
Le terme « non-formel » étant impropre comme le souligne le GREF étant donné que ce type
d’enseignement est reconnu et pris en compte dans la politique du Ministère, nous utiliserons plutôt celui
de non-fondamental.
53
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
l’enseignement primaire. Un travail avec le CFSI va conduire à élargir la
proposition.
Cette demande a été confortée par des relations suivies avec les associations
de migrants en France. Plusieurs « petits projets » ont été élaborés à la suite
de ces relations mais n’ont pu aboutir faute de financement. Le GREF a donc
décidé de les regrouper et de mettre en place une équipe de conception d’un
projet, englobant plusieurs aspects de l’éducation, concentré sur deux
communes de la 2ème Région qui en avaient exprimé la demande. Ce projet
d’éducation et de formation a été avalisé par les administrations maliennes
concernées, les Conseils communaux et la société civile des deux communes.
Le projet a été financé par le MAE et le Conseil Régional de Midi-Pyrénées
pour 3 années : 2002/2003, 2003/2004, 2004/2005. Un complément de
subvention a été accordé par le CRMP pour consolider les acquis par une
prolongation du Projet.
(source : ???
L’histoire des « actions » montrent qu’elles n’ont pas été montées
rapidement suite à des initiatives isolées, mais sont l’aboutissement à la fois
d’investissements préalables avec d’autres acteurs associatifs ou institutionnels
et d’une réflexion pour articuler différentes demandes dans un cadre
d’intervention cohérent à la fois géographiquement, institutionnellement
(communes ou région) et thématiquement (continuum dans l’offre
d’enseignement pour les communes ; travail sur la relation enseignantconseillers dans la région de Kayes).
Les entretiens avec les responsables de ces actions, témoignent
également d’un effort de rapprochement entre ces deux dynamiques, qu’il serait
certainement nécessaire de renforcer.
Au Burkina Faso, les démarches apparaissent plus distinctes. Il y a d’un
coté les actions menées avec le Ministère de l’Action Sociale et de l’autre celles
menées avec l’Education de Base. Au sein même de l’Education de Base on
trouve différentes initiatives qui se croisent, parfois dans les mêmes provinces,
sans toujours se rejoindre. Au plan temporel, également se pose la question de
la filiation entre les différentes actions :
-
Quels liens entre le RADEB. (Réseau d’Appui Décentralisé à l’Education
de Base) qui concernait le renforcement des capacités de lecture dans les
classes de CP et CM - et ARBE qui concerne l’alphabétisation
fonctionnelle ?
-
Du PREIM (Partenariat pour un Réseau d’Ecoles Intégrées au Milieu) au
« Innovation Pédagogiques », une continuité plus forte apparaît, à travers
des innovations
-
Dans tous les cas l’appui au fonctionnement de l’école à travers des
investissements productifs en appui aux Comités de gestion mais sans que
54
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
l’on ne trouve des enseignements en matière de bonne pratique ou bonnes
« spéculations »25
A coté d’actions qui apparaissent encore tributaires de demandes
localisées (projet ARBE notamment, ainsi que d’autres en identification pour
l’instant), apparaît une tendance plus structurante, à partir des ministères et du
Cadre de Concertation des partenaires à l’Education de Base auquel le GREF
s’est intégré récemment.
La première tendance (ascendante et dispersée) relève des porteurs et
responsables d’action, la seconde (plus descendante et convergente) étant
plutôt impulsée par le responsable pays. L’évolution vers une meilleure
rencontre entre les deux tendances, est en cours mais nécessite un certain
nombre de changements dans les pratiques d’identification ainsi que de suiviévaluation-capitalisation des actions. A cet égard, de grandes différences sont
observées entre les différentes actions dans la capacité à :
-
Présenter un projet (ses enjeux, l’articulation entre les objectifs et les
moyens, les différents acteurs et leurs capacités,…)
-
Rendre compte, analyser, et auto-évaluer ses propres pratiques et en tirer
des enseignements pour de futurs programmes
Dans tous les cas, on relève un problème de formulation lors de
l’identification marqué, à des degrés divers, par :
-
Une inflation des attendus que l’on retrouve dans les titres comme dans
l’énoncé des objectifs (résoudre les problèmes de base de la communauté
à partir de l’alphabétisation ; « Développement des communes rurales par
l’éducation et la formation »26 ; etc…)
-
Une difficulté à distinguer :
o Objectifs généraux (amélioration des indicateurs scolaires du pays,
exode rural, amélioration de la situation des « communautés »,…)
sur lesquels l’action a peu de prise
o Objectif spécifique (le cœur de l’action) : le problème que l’action
cherche à résoudre
25
Commentaire du responsable de l’Action : « Si les 2 évaluateurs avaient pu aller dans des écoles
satellites ou CEBNF des 2 provinces, ils auraient pu trouver des traces de ces enseignements en matière
de « bonne pratique » ou « bonnes spéculations ». Un travail a été fait sur les bénéfices escomptés
(« bonnes spéculations » avant AGR ?), sur la planification de l’AGR retenue et sur la tenue du cahier
journal de comptes
Certes, cette activité du GREF n’est intervenue qu’en 3ème année, nous avions pris conscience d’un
manque à ce niveau et avions tenté d’y remédier.
Là encore, le rapport d’évaluation interne mentionne de manière explicite la constante évolution de
l’action au fil du temps pour « réguler une entreprise difficile par la réflexion collective sur l’action et sa
conduite ». »
26
N’aurait-il pas été plus juste de dire : accompagnement des communes dans le développement d’une
offre de service structurée en matière d’éducation non formelle » ?
55
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
o et résultats attendus durant l’action, c’est-à-dire, les différents
résultats concrets et tangibles qui doivent permettre d’atteindre
l’objectif spécifique (autant d’encadreurs formés et parmi eux autant
capable de transmettre complètement les savoirs appris, les
conditions de reproductibilité de l’expérience connue, les outils de
gestion existants et maitrisés dans les Comités de gestion, …)
-
Difficulté aussi à dimensionner l’action et à préciser
o Les activités (en regard des résultats attendus)
o Les ressources et moyens
o Les budgets
Cependant il faut remarquer pour ce dernier point que travailler cette distinction
fait partie des formations prévues au PNF à partir de 2008, centrées sur les
actions (préparation du projet, suivre un projet, finaliser un cadre logique,
évaluation finale)
5.1.2. Une mise en œuvre assez comparable basée sur des
missions pas si courtes
Les caractéristiques des dispositifs GREF se retrouvent dans les deux
pays :
-
Actions sur 3 à 4 ans
-
Préparation en France des équipes d’action
-
Deux missions par an chacune de 8 à 10 semaines en moyenne : l’une
entre octobre et décembre ; l’autre souvent de suivi, entre janvier et mars
-
Une évaluation interne, souvent réalisée par une équipe qui n’est pas
intervenue et parfois avec présence d’un national
Appui aux communes au Mali
La première année consiste essentiellement en des formations et la mise
en place des structures associatives avec du suivi mené avec les CAP. La
deuxième année voit apparaître la mise en place de comités de gestion et la
mise en oeuvre d’AGR. La troisième année renforce les formations, et la mise
en place des Comités de gestion. Un bilan est fait des activités génératrices de
revenus. Un programme de sensibilisation à la préprofessionnalisation est
également dispensé. La quatrième année voit surtout la consolidation des
structures mises en place et l’intégration des emplois par les services
déconcentrés. Une mission d’extension dans d’autres sites est également
effectuée.
56
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
On constate une certaine continuité entre les missions, mais une rupture
entre avril et novembre. Ce délai peut être considéré comme propice à une
prise en main plus directe des partenaires locaux qui sont obligés d’assurer le
travail en l’absence du GREF. Cette manière de procéder permet au GREF de
vérifier chaque année si les propositions (généralement négociées avec les
services compétents et les autorités locales) ont bien été prises en compte et le
cas échéant, de rectifier le tir. C’est notamment ce qui va se passer lorsqu’un
des Comité de gestion d’un village au Mali va décider de faire du microcrédit
plutôt que de la culture attelée. Globalement ce mode de faire ne semble pas
gêner outre mesure le déroulement des activités scolaires, dans la mesure
aussi où la période entre les missions est en grande partie une période creuse
(hivernage). Les activités génératrices de revenus étant elles le plus souvent
basées sur des activités de contre-saison (maraîchage).
Le manque de présence en hivernage limite cependant les possibilités
pour le GREF d’observer comment se passent les AGR (culture attelée) et de
contribuer à préserver une ouverture des jardins d’enfants durant cette période
fort chargée pour les parents.
5.1.3. Des outils de gestion utilisés de manière très inégale et
certainement à renforcer
Les comptes-rendus individuels de mission sont riches de détails parfois
anecdotiques. Les rapports de synthèse des responsables d’action sont plus
structurés mais sont encore à standardiser autour de quelques critères et
indicateurs de façon à faciliter une comparabilité et une capitalisation. Les
formats sont aussi à améliorer (page de garde des rapports pas assez standard
et complète).
Les budgets sont généralement insuffisamment détaillés et quelques uns
apparaissent peu transparents (difficulté à isoler ce qui revient au GREF ; ce
qui relève d’une valorisation ou d’un financement). La gestion budgétaire
auparavant peu précise (renvoi de pièces justificatives notamment) semble
aujourd’hui en voie d’amélioration grâce à l’engagement d’un responsable
compétent en matière de comptabilité et gestion.
Des rapports bilan existent. Ces rapports présentent une qualité variable.
La plupart montrent un certain professionnalisme dans l’évaluation des
capacités des éducateurs et monitrices formés. Ils apparaissent moins prolixes
du point de vue de la valorisation stratégique des interventions en rapport avec
les politiques nationales (à l’exception des rapport sur Kayes notamment). La
capitalisation en termes d’outils et de démarches pédagogiques n’apparait pas
dans ces rapports et n’est pas non plus présente sur le terrain. Cela ne facilite
pas la capitalisation plus institutionnelle des pratiques et outils. Tout se passe
comme si les efforts étaient surtout consentis à faire fonctionner (et assurer la
57
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
pérennisation) des activités sur le terrain, moins à en tirer enseignement pour
l’institution GREF et les autres greffons, en France.
5.1.4. Une conception et une gestion du partenariat
globalement fort empreinte de respect et de réciprocité
La plupart des documents disent avoir négocié les objectifs et les moyens.
Dans la pratique, les entretiens corroborent bien cette affirmation. Certains
témoignages abondent dans le sens d’un véritable partage des décisions sur le
projet avec les principaux impliqués :
-
« rien n’est imposé » ; « ce ne sont pas des innovations qui s’opposent à
notre pédagogie et qui viennent d’eux, mais plutôt des « trucs » hérités en
partie de l’expérience qui permettent de mieux mettre en œuvre nos
méthodes » ; les documents pédagogiques sont discutés avec les
inspecteurs et les conseillers pédagogiques itinérants » (dans les
innovations pédagogiques, Burkina Faso)
-
« il n’y a pas de «yaka », ni de « çanevapa », il y a beaucoup d’écoute »
(dans les actions sociales, Burkina Faso)
-
« quand je suis pas d’accord sur les conditions, je le dis » (dans le projet
ARBE)
Cette image peut parfois se révéler différente dans certains services
centraux où, que ce soit au Mali (DGRENF) ou au Faso (DGCRIEF), on
considère ne pas être assez impliqué et/ou pas assez tôt dans les actions.
Dans certains cas (DGCRIEF, Burkina Faso ; RADEB) la direction a été jusqu’à
vouloir la suspension de la méthode de lecture du programme après une
évaluation qui s’était révélée peu concluante par les inspecteurs. Si les
entretiens menés avec cette direction font ressortir le caractère superficiel de
l’évaluation faute de moyens, et font suffisamment clairement état d’autres
motivations plus financières27, le signal est suffisamment fort pour être pris au
sérieux et conduire à plus de structuration de la relation avec les pouvoirs
publics.
Toutefois, il faut reconnaitre combien la division de l’Etat en Ministères28 et des services au sein des Ministères - pose un problème aux chargés de
mission du GREF qui ne disposent généralement pas de beaucoup de temps
durant leurs séjours. C’est à ce niveau que la nouvelle réforme accordant plus
de poids aux responsable pays, prend toute son importance.
On note aussi de manière plus générale une tendance à présenter dans
les documents de financement le financeur comme maître d’ouvrage. Cette
27
en partie légitime, les actions des ONG n’étant pas nécessairement dans les priorités de l’inspection qui
pour le reste devrait disposer de ses propres moyens de suivi-évaluation
28
Comme le fera remarquer un agent du MEBA, le Burkina Faso compte 30 ministères, alors que la
France en compte 14 et le japon 11 !
58
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
formulation étant semble-t-il exigée des financeurs. Cela ne se traduisant pas
nécessairement dans les pratiques des différentes actions où la maîtrise
d’ouvrage reste celle des institutions des principaux bénéficiaires.
Reste un débat de fond sur la question du partage des compétences entre
services déconcentrés, « communautés » et communes dans le montage
institutionnel des actions. Si les textes apparaissent relativement clairs dans les
différents pays, le décalage entre la loi et son application, entre les promesses
et les réalités du transfert de compétences et de moyens aux communes, entre
le politique « moderne » et les pouvoirs traditionnels, permet dans bien des cas
de faire des choix stratégiques particuliers. Ces choix devraient faire l’objet
d’analyse et de justification. Dans nombre de cas le recours au
« communautaire » dans la gestion des activités génératrices de revenus et des
comités de gestion apparaît insuffisamment réfléchi et semble se suffire d’a
priori généraux (« la solidarité communautaire », l’importance d’impliquer la
chefferie traditionnelle, etc.). Cela peut poser problème lorsqu’à la
« communauté », c'
est-à-dire en définitive au chef du village et ses notables,
revient le soin de décider de qui sera l’éducateur du CED ou le gestionnaire du
CGS. Ce mode de faire peut, en outre, s’opposer à la communalisation en bien
des points :
-
la logique de participation des « projets » qui établit un lien entre accès aux
services et contribution financière, peut entrer en contradiction avec les
logiques plus égalitaires de l’impôt
-
la gestion par le village, alors que toute la logique de la communalisation
tend à dépasser les intérêts plus particuliers des villages. Le mot d’ordre
au Mali « un village, une école ou un CED » ayant considérablement
affaibli le système éducatif dans son ensemble comme le montrent bien
certaines études29
-
la gestion communautaire des AGR : de nombreuses études sur les
banques de céréales, les moulins à mil, les bois de village, …, certaines
parfois depuis longtemps30, ont démystifié le « communautaire » surtout
dès qu’il s’agit de gestion de biens et de sources d’enrichissement.
Cette question étant bien entendu encore très nouvelle pour la plupart des
acteurs en développement. Des partenaires du GREF comme FDC sont
emblématiques de l’ancienne façon de concevoir le développement en faisant
tout porter sur les communautés de base. Pour sympathiques et pragmatiques
qu’elles puissent paraître ces logiques ont cependant des effets considérables
sur la construction d’un Etat responsable, tant au niveau central que, bien
évidemment, niveau local. L’articulation entre logique « communautaire »
(débarrassée de tout idéalisme) et communalisation est certainement un des
grands enjeux de demain et revient à poser la question au GREF :
« comment passer du communautarisme à la communalisation ? »
29
Kone Y.F., Diawara M., Traore K. (2007), Etude des services publics dans la commune de Sirakorola
au Mali, Laboratoire Citoyenneté, Institut des Sciences Humaines
30
Gentil D. 1984 Les pratiques coopératives en milieu rural africain L’Harmattan
59
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
5.1.5. Les compétences : une somme d’expériences et de
compétences spécialisées mais qui dont certaines
doivent faire leurs preuves dans les contextes suds
De manière générale on part au GREF du postulat que les retraités du fait
de leur longue expérience ont les compétences pour intervenir en
développement. Dans le même temps la question du recrutement préoccupe
les responsables du GREF de même que celle de la formation (comme en
témoigne notamment le domaine DORFHO - domaine des ressources
humaines et de la formation – qui cherche à renforcer les capacités, la
réflexivité et la capitalisation).
On pourrait dérouler et établir une liste des compétences requises pour
être à la fois pertinent et efficace dans les situations de développement. Le
risque serait de travailler alors les « états » plutôt que sur les « processus ».
Les compétences doivent se concevoir à la fois comme articulant à la fois une
pratique professionnelle pertinente et une capacité de mobiliser une
combinatoire appropriée de ressources (savoirs, savoir-faire, comportement,
mode de raisonnement,..) (Le Boterf 200731). Elles sont donc toujours
éminemment relatives et il faut pouvoir distinguer le fait « d’être compétent » du
fait « d’agir avec compétences ».
Dans la plupart des cas, on constate une bonne articulation des deux,
c’est-à-dire une pratique professionnelle pertinente par rapport aux contextes
rencontrés mais aussi une capacité à mobiliser d’autres compétences et
ressources autour de l’action. Cette dernière dimension étant quelque part
aussi une nécessité compte-tenu de la présence temporaire des chargés
d’action. Elle ne l’est cependant pas assez lorsque le chargé d’action sort de
son domaine de compétence, par exemple, pour mettre en place des activités
génératrices de revenus sans s’entourer de compétences suffisantes et
diversifiées32.
Il existe cependant des exceptions, soit parce que les pratiques proposées
se révèlent inadaptées aux contextes et aux perceptions des enseignants
localement, soit parce que les comportements et savoirs tendent à être fermés
sur eux-mêmes.
Les réponses du GREF par rapport au problème des compétences en
général sont diverses. Il y a d’une part l’importance prônée pour le travail en
équipe de binômes (plusieurs binômes se succèdent sur une action avec un
référent, le responsable de l’action) qui bien souvent permet des réajustements
et des enrichissements réciproques. Elle est aussi dans le tuilage et une
certaine sélection, lors des « journées nationales », moment où se passe le
31
Le Boterf 2007 Construire les compétences individuelles et collectives 4ème Edt augmentée Eyrolles
le fait de se reposer sur les savoirs locaux et « communautaires » étant de ce point de vue moralement
satisfaisant, mais pratiquement insuffisant.
32
60
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
rapprochement entre l’offre de nouveaux/futurs chargés d’action et la demande
des responsables d’action :
-
la sélection se passe sous forme d’ateliers-réunion « pays », lors des
journées nationales, ateliers où sont exposés et débattus les différentes
actions menées ; elle se poursuit ensuite de manière plus individuelle sous
forme
d’échanges
entre
le
responsable
d’action
et
le
« candidat »intéressé ;
-
le tuilage est une période d’échanges et de formation qui revêt beaucoup
d’importance pour le GREF et permet de mettre à niveau des nouveaux
arrivés avec ce qui a été réalisé. Ce tuilage tend depuis peu à être appuyé
par d’autres personnes-ressources au sein du GREF (responsable pôleprojet, responsable de la commission conciliation (pour la gestion de
conflit)…
Il manque sans doute à ces deux processus, un certain nombre de
repères plus précis sur les différentes compétences requises pour le travail, à la
fois compétences « matières » (expertise pédagogique) et compétences
« processus » (capacité à négocier, à mobiliser des ressources, à rendre
compte, à travailler avec d’autres personnes, à se remettre en question pour
évoluer…).
Globalement cependant, et pour autant que nous ayons pu en juger sur
l’échantillon de « greffons » rencontrés autant que l’avis qu’en donnent les
partenaires, l’esprit d’une certaine modestie et capacité critique domine. Il y a
peut-être de ce point de vue un paradoxe avec la façon dont les projets sont
formulés (de manière tranchée et reposant souvent sur des postulats qui ne
sont pas interrogés), et dans certains cas, une différence aussi avec l’avis plus
tranché que peuvent en donner certains responsables d’action.
5.1.6. Le rapport coût/efficacité ou la question de savoir s’il
serait-il possible de faire mieux à moindre coût ?
Une structure budgétaire trop dépendante financièrement
On touche ici à une question difficile et chargée de tensions entre le MAE
et le GREF. Un certain nombre de budgets prévisionnels d’action laissent à
penser que le coût du GREF est prohibitif, la valorisation du GREF de ses
propres prestations étant jugée excessive.
La difficulté à apprécier cette question réside d’une part dans la grande
diversité des pratiques au GREF, certains projets apparaissent très peu
coûteux - Action sociale au Burkina Faso ; appui aux communes au Mali comparativement à d’autres. Elle réside aussi dans le fait que les budgets
prévisionnels ne sont pas toujours très détaillés. Il apparaît donc difficile de tirer
enseignement des projets visités. La plupart des entretiens vont cependant
dans le sens de se plaindre d’un manque de moyens du GREF dans les actions
et d’une tendance à fonctionner au minima dans les villages. Pour autant, les
61
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
fonds attribués aux comités de gestion pour le développement d’activités
génératrices de revenus apparaissent tout de même importants (4 à 500.000
FCFA).
Pour aller plus loin dans l’analyse il s’avère nécessaire de sortir du cadre
des projets pour analyser les données budgétaires plus synthétiques. Le
tableau des charges sur 2003 à 2005 montre que les charges de
fonctionnement (3 premiers postes) représentent entre 30 et 36 % des charges
totales.
Moyenne sur 3 ans
CHARGES (en €)
2003
2004
2005
Charges de structure
139 335
147 592
160 588
Journées nationales
146 084
162 645
154 922
Coûts semi directs*
59 057
29 358
8 340
Rencontres franco-afric.
88 760
Activités de terrain
698 689
594 638
701 161
TOTAL GENERAL
1 043 165
934 233
1 113 771
*dont 15 000€ en provenance de la réserve parlementaire qui ne seront pas renouvelés en 2006
Le tableau des produits montre une dépendance forte vis-à-vis du MAE…
Moyenne sur 3 ans
PRODUITS (en €)
Cotisations
2003
2004
2005
45 521
44 055
65 510
Contribution des membres
138 452
170 459
144 424
Facturation des frais de siège
114 374
117 561
82 022
33 721
17 251
6 527
Ressources FNDVA-CDVA
82 386
Ressources renc. franco-afric.
Autres ressources sur fonct.
Activités de terrain
dont MAE
TOTAL GENERAL GREF
42 830
14 141
31 357
714 960
600 799
723 326
444 200
374 876
406 959
1 089 858
964 266
1 135 152
62
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
.. et des contributions et cotisations importantes des membres (qui
couvrent, bon an mal an, l’entièreté des journées nationales en particulier)
représentant ~18% des produits.
En 2006, un déficit de 59.879 € est observé sur le compte de résultat.
Ce déficit est expliqué par un certain nombre de raisons plutôt
conjoncturelles et/ou indépendantes du GREF (interruption de la présence au
Liban avec une baisse de facturation de l’ordre de 18000 € ; non obtention de la
réserve parlementaire comme en 2005 et qui s’élevait à 15000 €) et d’autres
plus structurelles, liées à la réorganisation33 :
-
la disparition des deux postes mis à disposition par le Ministère de
l’Education Nationale en septembre 2006 présentée comme une cause de
la réorganisation
-
l’intensification de la vie associative. Entrainant un accroissement des
dépenses liées à l’activité des élus, celle des domaines et des
commissions, des régions ainsi que des frais pour les responsables pays.
-
la non application systématique d’une quote-part de 10% dans les actions
pour les frais de siège
-
la gestion de la trésorerie des actions : des actions déficitaires étant
comblées par le siège alors que le solde des actions excédentaires n’est
pas toujours restitué au siège.
Actuellement ce sont en partie les cotisations et contributions des
adhérents qui financent la structure.
Dans ces conditions il apparait difficile de faire mieux à moindre coûts.
Cependant, il est également évident que certaines actions pourraient améliorer
la rentabilité interne de leur fonctionnement, notamment par rapport aux
nombre de personnes touchées par mission.
33
Précisions du GREF : le déficit comptable est en fait plus important (car les crédits non dépensés sur les
2 fonds (projets et formation) et restant disponibles pour l’année suivante sont incorporés au résultat pour
un montant de plus de 30 000€) et doit s’analyser
• en déficit structurel de l’ordre de 50 000 à 60 000€, dû d’une part par le remplacement des 2 MAD et 1
salarié à temps partiel par 2 salariés et d’autre part, par le coût supplémentaire occasionné par la
réforme (fonctionnement des nouveaux domaines)
• et en déficit conjoncturel de l’ordre lui aussi de 50 000 à 60 000€, dû au non versement en 2ème année de
la réserve parlementaire (promise pour atténuer sur 2 ans les effets de la suppression des MAD), au gel
par le MAE de tout nouveau projet jusqu’aux conclusions de l’évaluation (cela représente un manque à
gagner important dans la mesure où le volume de contractualisation des années précédentes n’a pu être
maintenu), enfin à la suspension de l’action Liban (qui à elle seule représente un manque à gagner de 20
000 à 25 000€ de facturation de frais de gestion).
En fait, la nouvelle organisation (mise en place du pôle projets fin 2005) commence à porter ses fruits en
limitant ce déficit. La réorganisation envisagée doit permettre au GREF d’être plus performant pour
mener à bien sa stratégie financière qui consiste à combler ce déficit structurel par une croissance de
l’activité et une diversification des partenaires dans un délai assez court : au plus tard, l’équilibre de
gestion devrait être atteint en 2008.
63
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
Le coût relatif des chargés d’action
Il apparaît élevé dans l’absolu si l’on pense au nombre de personnes
venant pendant plusieurs mois, 2 fois par an34, par rapport aux ressources
sous-valorisées dans le pays. Dans la réalité il est à relativiser35 :
-
Le coût réel est réduit au minimum par :
o L’utilisation d’agences de voyage les moins couteuses du marché
o Le fait que la nourriture est à charge du membre
o L’hébergement est financé dans les conditions les moins onéreuses
(partage d’appartements généralement)
o Les déplacements se font en taxi ou taxi-brousse le plus souvent
o …
-
La difficulté à trouver des personnes disposant d’une telle expérience
localement (les pays ne manquent pas de personnes expérimentées, mais
manquent de ressources capables d’adapter les pédagogies et à sortir des
cadres établis)
-
Le fait que la présence des greffons participe à valoriser les compétences
locales car les formations sont généralement accompagnées par des
inspecteurs, des conseillers pédagogiques, notamment lors des suivis.
Cet aspect est peu pris en compte mais il apparaît que la présence des
greffons participe à améliorer sensiblement la façon de concevoir le métier
d’enseignant. Il s’agit là d’un aspect difficile à mesurer mais qui mériterait des
approfondissements. Dans le cas du Mali surtout on trouve des
démultiplications spontanées qui justifient les investissements de départ.
Il n’en reste pas moins que les dispositifs pourraient améliorer
sensiblement leur efficience globale de différentes manières.
34
Précision GREF : Ce n’est pas systématique : dans le cas du programme mené dans la région de Kayes
il y avait généralement une seule intervention par année (seules les personnes qui intervenaient sur deux
volets ont fait deux voyages)
35
Commentaires GREF : « il serait peut-être nécessaire de faire valoir que les membres du GREF sont
des “bénévoles” qui ne touchent ni salaire ni indemnités et qui acceptent même de prendre directement en
charge leurs propres frais de subsistance. Pour évaluer le coût des actions du GREF, il faudrait le
comparer avec ce qu'
elles coûteraient aux financeurs si les projets étaient conçus avec le recours à des
salariés, mieux si elles s'
appuyaient sur des interventions de “consultants”, ou même si elles faisaient
appel, comme d'
autres ONG, à des “volontaires” qu'
il faut indemniser.
64
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
5.1.7. Comment faire mieux ?
En se focalisant plus systématiquement sur des niveaux plus stratégiques
pour les formations
Cela a été plus le cas au Mali où, par exemple dans le cas des
interventions dans la région de Kayes, le principe tant pour l’élaboration du
projet que pour sa mise en œuvre était de s’appuyer en permanence sur les
décideurs pour la formation des enseignants et plus particulièrement sur les
Conseillers Pédagogiques, « chevilles ouvrières » pour l’Enseignement
Fondamental qui ont pu continuer après le départ du Gref à suivre les
enseignants des Ecoles de Référence et continuer à œuvrer pour les
démultiplications des écoles de référence.
Dans bien d’autres cas cependant, les interventions cherchent à toucher le
plus directement possible les enseignants ou éducateurs. Si cela se justifie
dans une phase de test d’un certain nombre de propositions d’amélioration et
d’innovations, cela n’est plus le cas lorsqu’il s’agit de démultiplier les
interventions. Or, on reste généralement sur les mêmes configurations. Il y a
donc très certainement dans un certain nombre de projets une certaine
inefficience à vouloir systématiquement toucher au plus prêt les enseignants.
Ceci d’autant que ces « insertions » dans les villages ne sont pas sans risques
pour ces personnes.
En répartissant mieux les moyens selon les responsabilités
De nombreuses journées sont consacrées à des visites d’institutionnels
lors des missions. Cette tâche peut aujourd’hui être prise en charge de manière
plus globale et donc économe par le responsable pays
En évitant de dédoubler les chargés de mission lorsque ce n’est pas
indispensable
Les missions vont généralement par paires. Il n’est pas certain que ce mode de
faire soit le plus efficient dans tous les cas. Il faudrait là aussi en faire la
démonstration. L’idéal serait de trouver, au moins une fois sur deux, des
ressources locales pour « faire la paire » et donc satisfaire un principe de
collectivisation des compétences (voir point suivant).
En travaillant plus en partenariat de long terme avec des structures
locales de même nature, susceptible, de suivre et de démultiplier les
acquis des « missions »
65
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
Des essais ont été tentés sans beaucoup de succès avec des associations de
retraités enseignants notamment au Mali. Des accords sont en train d’être pris
avec l’AFVP dans ce même pays.
Ces relations pourraient conduire à confier le suivi à d’autres, plutôt qu’à vouloir
systématiquement le réaliser par le GREF.
En travaillant plus les complémentarités
Il semble assez évident que la plus-value en termes de compétences se
situe dans l’expérience des retraités, permettant d’obtenir rapidement des
résultats importants et sauf rares exceptions, reconnus sur le terrain. Une
meilleure articulation avec les compétences nationales est toutefois possible,
notamment :
-
Au niveau des CED au Mali, où la transcription n’apparaît pas être le point
fort des éducateurs formés par le « GREF » contrairement aux éducateurs
de l’Etat (les éducateurs GREF étant reconnus par ailleurs comme plus
compétents au plan pédagogiques étant donné qu’ils reçoivent plus de
formation et de suivi)
-
Pour le suivi des alphabétisés et le maintien de leurs capacités ?
-
Pour tout ce qui est développement des activités génératrices de revenus
qui nécessite à la fois compétences particulières et suivi de proximité les
premières années.
Toutefois le système de double mission par des équipes différentes,
permet sans doute d’être plus efficaces et motivés à maintenir une pression
pour avoir des résultats rapides en peu de temps. Il serait important cependant
de vérifier si ce rythme correspond à celui des gens où si l’on observe un
relâchement généralisé entre les missions du GREF. Rien lors des entretiens
ne nous permet d’infirmer ou de confirmer cette hypothèse. Les personnes
rencontrées ont tendance à considérer que l’intégration des Greffons est
généralement étonnante et il n’est généralement pas fait mention de tensions
particulières avec les populations ou les bénéficiaires sur place.
66
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
5.2. Effets/impact
5.2.1. Au niveau local, sur l’insertion de l’enfant et une certaine
prise en compte de l’individu en général dans les
formations
Des effets positifs évidents sont rencontrés au niveau de la petite enfance
où l’on reconnait l’importance du travail effectué en jardin d’enfants (Mali) sur :
-
la politesse des enfants (« les parents nous disent qu’ils les saluent
correctement maintenant »)
-
leur propreté (« au moins ils ne font pas pipi partout »)
-
leur éveil (« je peux identifier immédiatement ceux qui viennent d’un jardin
ou d’un clos »)
-
leur santé…
Au Burkina Faso également, le travail au niveau des pouponnières a des
effets importants, sans doute encore insuffisamment capitalisés, sur les
comportements des monitrices, la santé, et les capacités de socialisation de
l’enfant.
Ces effets sur la petite enfance sont probablement plus considérables qu’il
n’y parait sur la capacité à s’intégrer dans le circuit de l’enseignement officiel et
sur les taux de réussite. Les directeurs affirment de fortes différences au niveau
des taux de réussite. Ceci devrait faire l’objet d’une évaluation qualitative plus
systématique.
Ce travail à des incidences variables sur les parents et la famille au sens
plus large, selon les pays. Au Mali, les contacts avec les parents apparaissent
limités faute d’une implication de la famille, la raison des jardins d’enfants étant
avant tout de libérer du temps pour les parents tout en assurant la sécurité des
enfants (les cas de vols d’enfants sont importants dans la région de Siby en
particulier). Au Burkina Faso, la question de « l’orphelin » est traitée en contact
étroit avec la famille, ou une famille d’accueil, l’institution-orphelinat n’étant
qu’une forme transitoire et limitée d’accueil. Les placements en famille
(biologique ou d’accueil) sont favorisés par l’UNOB. La « famille » est donc
sollicitée et des conseils sont fournis pour appuyer l’éducation et les soins de
l’enfant.
On note également des petits effets au niveau des micro-entreprises, les
chefs artisans reconnaissant l’importance d’avoir un apprenant dans leur atelier,
notamment parce que cela les valorise d’avoir de temps en temps l’éducateur
qui vient « discuter technique » avec eux. Dans les CED (Mali), la
préprofessionnalisation conduit à mieux aider les apprenants à s’orienter dans
la vie et à définir le métier qu’ils voudront faire.
67
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
De manière générale, les formations qu’elles soient celles des CED ou
des CAF, conduisent à mieux insérer les apprenants dans des associations. Le
fait de savoir lire et écrire, ne fut-ce que partiellement, décomplexe l’apprenant
de s’intégrer dans des associations. C’est en quelque sorte un premier pas pour
« entrer dans la danse du changement ».
La valorisation de l’individu peut cependant avoir quelques effets
imprévus. Il semble au Mali que les monitrices et certains éducateurs
développent des capacités d‘analyse critique par rapport à leur environnement
politique et social qui dérangent.
Cette évolution est présentée peut-être un peu rapidement comme
positive par le GREF. Il serait cependant important de discerner parmi les
revendications dont ces éducateurs se font porteurs, celles purement
personnelles de celles portant sur le bien commun.
5.2.2. Au niveau de la commune et des services déconcentrés
(sur la mise en pratique d’une répartition des
compétences)
La prise de conscience de l’importance de la scolarité, et des différents
services mis en place sous l’appui du GREF, est très perceptible dans une des
communes du Mali, Sanankoroba..
Témoignage du Maire de Sanankoroba, Mr Samake Fankélé
« Un conseil communal extraordinaire a été organisé pour expliquer la
nouvelle façon de faire et puis il y a eu des explications dans les villages avec
les différentes associations locales. Nous avons défini avec GREF et les
communautés ce que nous allions faire ensemble. Le GREF dit ce qu’il veut
faire – notamment les jardins d’enfant – et nous nous choisissons les villages.
Ainsi nous avons approché le ministère qui nous a appuyés. Il y a eu création
de 3 structures dans les 3 villages. Au niveau de la petite enfance, 3
monitrices ont été recrutées. Le recrutement ne peut pas aller sans l’accord
des associations villageoises. Elles nous ont proposé des animatrices. Elles
devaient nous présenter un CV avec des capacités suffisantes pour recevoir
les formations pour les 3 structures. Le GREF donne les formations à ces
monitrices et nous dit : « nous sommes partenaires mais pas pour toujours.
Comment vous allez prendre en charge ? » J’ai demandé à la DNEB une
formation supplémentaire des monitrices sans perdiem. La Direction de la
formation nous a félicités car ces monitrices ont eu un rôle important
d’animation lors de la formation. Petit à petit nous cherchons à voir comment
le gouvernement peut appuyer. Les monitrices sont intégrées dans le volet
régional du gouvernement. Elles sont prises en charge à raison de 25.000
FCFA. 3 monitrices fois 3 villages cela fait 9 monitrices. Cette année le
gouvernement décidé la prise en charge des éducateurs de CED. C’est très
important pour nous car nous devons déjà prendre en charge tous les
vacataires. Le GREF a aussi réalisé des formations en gestion des CGS.
Chaque village peut gérer les fonds comme il l’entend : culture attelée ou petit
68
Evaluation GREF 234 Ev
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ENDA Inter-Mondes
crédit parfois. La formation en gestion reprenait les ressources financières
humaines et matérielles. Un suivi pédagogique de ces éducateurs/trices est
réalisé à partir des CAP. L’ONG « SOS village d’enfants » a donné son
centre pour réaliser les formations avec le ministère et pour le suivi/évaluation.
Comme effets depuis il y a une demande très forte des villages qui veulent
des écoles chez eux aussi. La mairie cherche à savoir quels sont les villages
qui peuvent donner assez d’enfants car il vaut mieux augmenter les classes
dans certains villages ou les effectifs sont pléthoriques que d’en mettre
partout. On voudrait faire des ECOM des écoles formelles pour que ce soit
aux services techniques de choisir les vacataires.»
Ce témoignage montre qu’à travers ce type d’intervention se structure des
liens entre services déconcentrés, communes et villages. Le rôle de la mairie ici
apparaît décisif pour réguler offre et demande de service par rapport à la fois à
des demandes excessives des villages (effets négatifs de l’action ?) et un mot
d’ordre du ministère - « un village, une école » - déconnecté des réalités
locales. Si l’articulation n’est pas attribuable au GREF, dans la mesure où elle
est surtout le fait des capacités du maire, l’appui du GREF a certainement
permis d’accompagner la structuration et l’institutionnalisation à différents
niveaux de responsabilité du service d’éducation.
Les effets au niveau du programme d’action à Kayes sont également
impressionnants. Au-delà des résultats attendus que l’on peut considérer aussi
comme des effets dans leur dimension comportementale (meilleure
coordination entre les professionnels des 2 structures, IFM et Ecoles
d’Application ; mise en cohérence des pratiques pédagogiques enseignées aux
élèves-maîtres et celles existant dans les Ecoles d’Application ; apport de
notions théoriques en didactique du français)36 il y a surtout une démultiplication
spontanée, notamment au niveau du CAP Kayes rive droite, à travers la
démultiplication de la démarche dans 4 autres écoles :
Témoignage de Monsieur Abdoulaye Sidibe, DCAP de Kayes rive droite
« Les actions du GREF ont totalement réussies et il n’y a pas eu à mon avis
d’échec. En tout cas pour ce qui concerne notre CAP .
Pour nous, les actions étaient si importantes qu’il était nécessaire de trouver
un Système de démultiplication et de pérennisation. Nous avons donc élaboré
un projet de démultiplication dans au moins quatre (4) écoles différentes dans
des communes différentes.
Nous avons déjà commencé l’extension. Nous avons organisé une cérémonie
grandiose à Haourodiala. Nous avons invité les responsables des écoles
d’extension. Partout, nous avons expliqué le fait que le projet est leur projet
car c’est pour améliorer les performances de l’école.
Nous sommes dans la pérennisation et la démultiplication.
Tous les acteurs clé importants ont adhéré à ce projet à cause de son bien
fondé. Personne n’a boudé jusque maintenant. Les avantages sont clairs pour
tout le monde. Les enseignants sont pour la plus part des contractuels. Ils ont
36
Remarque GREF : pour les volets écoles de références tant pour les enseignants que pour les membres
des CGS
69
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
beaucoup appris. Les élèves ont beaucoup bénéficié. Les réalités entre les
enseignants et les conseillers ont changées. Les CGS de Kabaté et
Abdrahamane Gueye III ( AG III) ont été si bien formés que nous avons utilisé
leur compétence pour former cinq (5) écoles pour chaque CGS, soit au total
dix(10) CGS formés. Au niveau national, cinq (5) CGS vont être utilisés pour
former d’autres CGS. Les enseignants contribuent à l’indentification des
besoins et à l’ organisation. Il y a des liens forts qui existent aujourd’hui entre
les enseignants, les inspecteurs et les conseillers »
5.2.3. Au niveau de politiques publiques
Au Burkina Faso la création de l’UNOB a participé à « réveiller le
ministère » et à élaborer une réglementation concernant les orphelinats. Le
simple fait d’avoir à identifier tous les orphelinats qui pouvaient faire partie de
l’UNOB a permis au Ministère de les connaitre et de repérer certains
dysfonctionnements importants. Avec certains effets importants puisque des
orphelinats ont été obligés de fermer. Cette Union s’organise aujourd’hui de
façon à interpeller sur d’autres questions importantes comme l’exonération
d’importation de certains produits de première nécessité (le lait) ou pour la prise
en charge de certaines dépenses professionnelles par l’Etat (sécurité sociale
des monitrices, etc.)
Les effets en termes d’élaboration de pédagogie diffèrent selon les pays.
Au Mali, les investissements du GREF dans la région de Kayes ont conduit à
une prise en compte plus formalisée semble t-il dans la hiérarchie des
améliorations pédagogiques. Il y a eu aussi création de minimums
institutionnels rapprochant les différentes écoles :
-
cadre de concertation entre
Communautés d’Apprentissage
ces
structures
s’appuyant
sur
les
-
comités de Suivi local regroupant les acteurs concernés d’une ou 2 écoles
de référence (engagement des décideurs de multiplier les Comités de Suivi
Local et mettre en réseau les écoles de Référence)
Ces effets sont moins évidents au Burkina Faso. D’une part parce que les
innovations proposées par le GREF sont perçues comme moins
« fondamentales » que pratiques semble-t-il (et donc ne remettant pas en
cause les manières de faire), d’autre part parce qu’elles ne remontent pas
70
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
encore suffisamment dans le système et sa hiérarchie faute d’implication
suffisante de la direction de la Recherche et de l’Inspection (DGCRIEF)37.
Ce constat en demi-teinte doit être pris de manière positive. C’est-à-dire
que, dans ces deux pays, le GREF ne cherche pas à révolutionner les
méthodes en matière de pédagogie, mais participe à améliorer lentement et par
le bas certaines pratiques avec les principaux concernés.
5.3. Viabilité/reproductibilité
5.3.1. Viabilité économique
Au moins deux niveaux sont à considérer pour ce point :
-
la viabilité des structures mises en place par le GREF (jardins d’enfants,
CED, Unions, etc.)
-
la viabilité économique des activités du GREF en général dans ces pays
La viabilité des structures mises en place
Le GREF tente d’intervenir sur plusieurs facteurs complémentaires pour
assurer cette viabilité :
-
le développement des activités génératrices de revenus (qui pose des
questions de pertinence)
-
les formations dispensées en matière de gestion comptable et financière
dans les CGS et COGES (qui pose des questions d’efficacité et
d’efficience)
-
la responsabilisation des différentes catégories d’acteurs, publics et privés,
au financement de l’éducation (qui pose des questions d’efficience)
37
Commentaire du GREF : Il apparaît là, semble-t-il, un manque d’information sur la stratégie
développée par « Innovations Pédagogiques ». En effet l’action s’était donnée comme principe
d’adjoindre à chaque « doublette » de formateurs du GREF assurant les actions de formation et de suivi
de formation, des personnels du niveau central (inspecteurs, conseillers pédagogiques) de chacune des
Directions Générales (DGEB, DGAENF, DRDP, DEP). Le but poursuivi était de permettre dans un
premier temps l’auto formation de ces personnes par compagnonnage dans l’exercice de l’action de
formation des pairs et dans un second, asseoir un potentiel de formateurs relais au niveau central après
le départ du GREF.
71
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
En ce qui concerne les activités génératrices de revenus, on constate
un certain décalage entre le discours et la pratique, les deux étant du reste à
revoir. Au plan du discours, la démarche consiste à partir strictement de la
demande de la « communauté », ou des propositions des ONG partenaires, et
de ses modes d’organisation pour sélectionner l’activité et en assurer la
gestion. Bien que présentée sous couvert de participation, cette démarche fait
cependant reporter sur la communauté (ou l’ONG partenaire) l’entière
responsabilité du choix et positionne le GREF plus comme bailleur de fonds
des activités proposées. Une logique plus réelle de participation consisterait à
co-construire avec les communautés des propositions en fonction d’un spectre
suffisamment large de possibilités issues d’un diagnostic de situation autant
que de connaissances sur les possibilités à la fois techniques et gestionnaires
dans ces milieux.
Dans la pratique, les activités apparaissent fort mimétiques selon les
actions (culture attelée au Mali dans l’appui aux communes, jardins
maraîchers dans les innovations pédagogiques, culture attelée chez ARBE... )
ce qui tendrait à montrer que le GREF garde un certain rôle dans la sélection
des activités.
Dans certains cas d’ailleurs, les modifications apportées par certaines
communautés dans ce qui avait été programmé ont été mal acceptées par le
GREF. L’exemple de l’abandon de la culture attelée pour du micro-crédit par
un comité de gestion est intéressant à cet égard parce qu’il donne à penser
que deux logiques différentes s’affrontent. Une logique de rentabilité
économique, défendue par le GREF qui considère que la culture attelée est
plus intéressante économiquement sur base d’un calcul rapide38 une logique
plus globale de gestion à la fois du risque et sociale des communautés : le
micro-crédit est moins tributaire des pluies et permet de satisfaire plus de
besoins différents. Même s’il rapporte moins39 et n’est donc pas susceptible
d’assurer la viabilité du service d’éducation, il répond à des contraintes
beaucoup plus variées de la communauté.
Au Mali, dans l’action d’appui aux communes, les Comités parviennent à
réunir de l’ordre de 250.000 FCFA par an ce qui apporte quelques
suppléments pour payer l’éducateur des CED (les carnets montrent des
dépenses mensuelles de 6500 à 10000 par mois dans certains villages). Mais
38
la location d’un attelage à raison de 6000 FCFA / champ / jour ; avec un nombre de jours durant la
campagne de saison des pluies variant entre 20 et 45 jours ; soit, si l’on compte 2 champs par journée en
moyenne, la possibilité d’obtenir entre 240.000 FCFA et 540.000 FCFA par campagne (ce qui dans les
bonnes années doit permettre de renouveler le fonds qui au départ est de 400.000 FCFA).
39
Un intérêt de 14% (courant sur les tout petits crédits) sur un fonds de 400.000 F ne rapporterait que
56.000 FCFA.
72
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
l’on trouve également d’autres dépenses plus « sociales » : transport d’un
malade au dispensaire, etc.
En conclusion, le développement d’activités génératrices de revenus
pour subvenir à un certain nombre de charges quotidiennes de l’école, est très
complexe et relève souvent du leurre quand il n’est pas accompagné par des
ONG locales bien au fait des conditions du milieu et des opportunités. La
gestion communautaire de ces activités apparaît dans nombre de cas
incompatible d’une part avec les attentes « sectorielles » de fonctionnement
de l’éducation, d’autre par avec les objectifs de rentabilisation économique de
l’activité.
A ce propos, il serait important pour le GREF de :
-
Mieux articuler le discours à la pratique en la matière
-
S’associer plus systématiquement à d’autres acteurs locaux professionnels
sur ces questions pour l’identification et le suivi de ce type d’action
-
Etudier au cas par cas les possibilités de délégation de la maîtrise d’œuvre
de la communauté à des « privés »
-
Renforcer la participation d’autorités (élus, préfets) pour le contrôle de
fonctionnement des comités
En ce qui concerne les formations dispensées en gestion et
comptabilité , il s’agit de formation de base à la gestion de cahier de caisse et
de journal de banque. L’efficacité est fort tributaire du niveau d’alphabétisme
des membres du Comité. Le choix de la composition étant laissée à
l’appréciation de la « communauté », le GREF tente de s’adapter à ces
contraintes tout en recommandant une ouverture des comités à des acteurs
plus institutionnels.
Pour ce que nous avons pu en voir, les cahiers sont généralement mis à
jour et relativement bien tenus. Les liens entre le cahier de caisse et le journal
de banque ne sont cependant pas toujours mis à jour.
Il serait important pour le GREF de :
-
Homogénéiser et de professionnaliser les formations en gestion et
comptabilité
73
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
-
De trouver les moyens d’un suivi local des comités (par des ONG ou par la
commune)
-
Peut-être plus stratégiquement, de chercher à réunir les comités de
gestion en Unions régionales afin qu’elles puissent disposer de plus de
possibilités de recherche de moyens à l’extérieur, notamment pour les
formations
En ce qui concerne le partage des responsabilités entre acteurs, il
semble construit sur les principes suivants40 :
-
prise en charge de la rémunération de base des monitrices ou éducateurs
par le ministère de l’enseignement
-
prise en charge des infrastructures par la commune sur le budget
communal (et prise en charge rémunération en cas de défection du
premier niveau)
-
prise en charge du fonctionnement (petit matériel, goûter, jeux, ,…) par les
Comités à travers les cotisations de la population et des activités
génératrices de revenus (et prise en charge de la rémunération en cas de
défection des deux précédents niveaux)
L’enjeu repose surtout nous semble t-il sur l’agrément du ministère à
intégrer les gens formés par le GREF dans leurs contingents. La viabilité
économique peut être considérée comme en grande partie garantie au Mali
pour les CDPE et les CED où les éducateurs et monitrices ont été intégrés dans
la fonction publique. L’allocation de 25.000 FCFA apparaît suffisante pour
garantir le maintien de l’emploi (même si les monitrices souhaiteraient un
supplément de salaire, elles ne prestent tout de même qu’un mi-temps).
Ailleurs, l’activité repose encore trop sur les cotisations des parents, ou
sur les moyens affectés par le GREF. Les activités génératrices de revenus
développées par les Comités de Gestion apportent parfois un appoint sensible,
mais cela ne peut encore garantir le maintien de l’emploi. Le cas de cet
éducateur de Koniobla (Mali) parti ailleurs après la formation GREF montre la
fragilité du système tant que ces postes ne sont pas intégrés.
5.3.2. Viabilité sociale
40
Cette structuration fait l’objet de débats aussi bien à l’interne au GREF qu’au Mali. Si les textes sont
relativement clairs dans ce qui est transféré aux Communes sur l’enseignement de base, dans la pratique,
les ressources ne suivent pas et la Loi elle-même semble méconnue par les agents des services
déconcentrés. Dans ce flou, il apparait possible de construire une « pratique » adaptée aux contextes tout
en restant dans l’application de la loi.
74
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
La viabilité sociale porte sur le degré d’acception par les principaux
concernés et acteurs (éducateurs, apprenants, partenaires impliqués,
ministères) des innovations apportées à la fois au plan pédagogique que dans
les modes de gestion. Elle porte aussi sur les éventuelles tensions sociales que
peuvent générer ces interventions.
Généralement les actions étant étroitement négociées et généralement
peu « révolutionnaires », elles ne créent pas de problèmes dans les zones
traversées.
Quelques tensions peuvent apparaitre entre les éducateurs (monitrices,
éducateur de CED, enseignant) et les institutions locales (que ce soit le comité
de gestion, la commune ou les services déconcentrés) sur les émoluments et
les défraiements de ces éducateurs, mais elles apparaissent normales et sans
conséquences particulières sur la viabilité.
5.3.3. Viabilité institutionnelle
La viabilité institutionnelle porte sur la reconnaissance plus formelle, par
les institutions, des interventions entreprises. Elle porte également sur les
tensions éventuelles entre le GREF et les institutions ou entre les institutions.
Globalement les entretiens vont plutôt dans le sens d’une reconnaissance
de ce qui a été entrepris avec le GREF. La plupart des institutionnels – les élus,
les directeurs de services, provinciaux ou centraux - reconnaissent l’intérêt des
actions du GREF pour leur propre structure. Dans beaucoup de cas ils
déplorent plutôt le départ du GREF et le manque d’accompagnement à une
pérennisation des acquis.
Les reproches faits parfois à l’encontre du GREF - qui n’aurait pas
suffisamment impliqué les services chargés de l’inspection et de la recherche
en matière d’Education (ou pas suffisamment tôt) - peuvent cependant avoir
une incidence sur la capacité de l’institution dans son ensemble à viabiliser et
généraliser les innovations introduites.
5.3.4. Reproductibilité
La reproductibilité apparaît forte au Mali et plus discutable au Burkina
Faso. Au Mali elle se traduit par des investissements au niveau du CAP Kayes
rive droite qui a continué et étendu l’action du GREF. Elle se traduit aussi par
deux nouvelles communes ayant sollicité l’appui du GREF.
75
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
Au Burkina Faso elle apparait surtout dans la dynamique impulsée par
l’Action sociale à travers l’UNOB. Pour le reste, elle existe aussi, comme en
témoigne un certain nombre d’initiatives plus individuelles – mémoires de
conseillers pédagogiques, ou prévision d’une ligne pour le GREF par un
DPEBA de la Gnagna – des velléités de reproduction et d’extension mais qui ne
se sont pas encore concrétisées.
76
Evaluation GREF 234 Ev
-".
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
&
Le GREF jouit d’une bonne image dans les deux pays visités au cours
de la mission. Une certaine unanimité se dégage par rapport à la qualité du
travail réalisé à tous les niveaux mais aussi à la qualité humaine de la très
grande majorité des femmes et des hommes qui partent en mission pour le
GREF. La tendance générale qui se dégage repose sur les points de vue
suivants entre autres et cela à différents niveaux :
Des GREFons qui résistent physiquement et qui sont très
« professionnels » dans l’exercice de leur travail de formation :
« Malgré leur âge, ils et elles ont des formes de résistance qui nous
impressionnent tous. Quand ils sont là (dans notre pays), ils ne veulent jamais
se reposer malgré leur âge. Je ne sais pas ce qu’ils font pour tenir ! » (Un
élève maître du Mali)
« Elles (une équipe de femmes du GREF) sont très professionnelles et
résistantes et sont infatigables malgré la grande chaleur du sahel. J’ai
vraiment de l’admiration pour ces retraitées. Si nos retraités pouvaient faire
autant ! » (Un cadre du Ministère de l’éducation nationale du Mali)
Des GREFons qui comblent un « vide » laissé par les anciens
enseignants (et que les nouveaux ne font plus ou peu) et qui rappellent
certaines dimensions de la culture (des pays partenaires) qui ont
tendance à disparaître :
« Ces membres du GREF ressemblent à nos grands parents qui après
un certain âge devenait de véritables « bibliothèques » vivantes pour la
société. A un certain âge, les vieilles personnes chez nous jouaient un rôle de
formateur sur des sujets précis. Ils permettaient d’avoir des savoirs, des
savoir-faire et des savoir-être pour les plus jeunes. C’est cette situation que
nous ne rencontrons plus chez nous ou qu’on rencontre rarement. Un
enseignant ou une enseignante à la retraite préfère aller faire le commerce ou
mener d’autres activités pour avoir de l’argent que d’aller former des jeunes
enseignants pour qu’ils aient plus d’expérience. Les membres du GREF nous
rappellent cette pratique ancienne qui existait chez nous. (Un élu local de la
77
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
région de Kayes au Mali qui est aussi membre d’une organisation paysanne et
d’un Comité de Gestion Scolaire)
Des GREFons qui contribuent à prendre en charge une dimension
stratégique de l’éducation dans les pays, la qualité :
« J’apprécié beaucoup l’appui technique qui est plus important que les
ressources financières. En tant que professionnel, j’apprécie plus la formation
que l’argent » (Un cadre du MEBA du Burkina Faso).
« Le GREF a une démarche qui est beaucoup appréciée par les
encadreurs et les inspecteurs. Le fait de faire la formation des formateurs est
très important car elle permet de continuer le dialogue entre encadreurs et
encadrés » (Un Directeur Provincial de l’Enseignement de Base et de
l’Alphabétisation du Burkina Faso).
Des GREFons qui écoutent et partagent avant d’agir :
« Ce qui est bien est que le GREF adapte les formations au contexte
national. Les nationaux sont associés aux discutions. Les formateurs
Burkinabés
sont
toujours
associés
aux
formations
(médecins,
psychologues…) » (Un Directeur d’orphelinat au Burkina Faso).
« Avec GREF nous faisons tout ensemble. Avant les activités, nous
échangeons beaucoup pour définir ensemble les priorités. Nous sommes aussi
en contact par mail et par lettre. Pour manifester cette bonne collaboration,
nous avons organisé une fête à la fin du projet pour manifester notre
satisfaction de la collaboration » (Un cadre de l’éducation (DCAP) du Mali).
« La stratégie développée par le GREF était très bonne. Nous décidons
tous ensembles. Rien n’a été imposé. Tout était partagé. Malgré le fait qu’il n’y
avait pas d’argent par rapport à certaines formations, tout le monde a accepté
de cœur. C’est pour dire que nous avons une appréciation très positive de ce
que le GREF a fait » (Un cadre de l’éducation (DCAP) du Mali).
Mais aussi des GREFons « mal compris » par certains cadres de
l’Etat qui souhaitent que le GREF finance certaines actions
78
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
« Le GREF doit chercher des moyens pour contribuer à la mise en place
des infrastructures et pour financer des activités de pérennisation des acquis.
D’autres partenaires font cela et pourquoi pas le GREF. Ils n’ont pas de l’argent
et ils veulent qu’on suive les activités qu’ils ont initiées. Il faut mobiliser plus
d’argent !» (Un cadre du MEBA du Burkina Faso).
Cette perception, trouve aussi souvent son contraire:
« nous donnent pas de l’argent mais nous apprennent à faire »
« GREF dit : nous sommes des partenaires mais pas pour toujours,
comment vous allez prendre en charge ? »
Même si la perception d’un GREF « bailleur » n’est pas largement
partagée, elle existe chez certains cadres qui attendent du GREF une
contribution à leur fonctionnement. Il est dès lors important de continuer à
donner des informations pour que les partenariats continuent à se construire
sur des bases claires avec une bonne répartition des tâches entre les différents
acteurs.
Au niveau des représentations rencontrées du MAE dans les deux pays,
les perceptions sont plutôt positives, mais ce positionnement semble assez
récent41 :
« on sent un changement depuis la mise en place du Responsable Pays. Il
y a plus de cohérence dans les actions. Cette évolution est importante » (Scac
Burkina Faso)
Pour le reste, les SCAC semblent marquer un intérêt par rapport à deux
de leurs préoccupations actuelles :
-
le suivi des enfants français d’origine malienne de retour au pays (Scac
Mali)
-
l’apprentissage du français maintenant que le visa y est conditionné. (Scac
Mali)
Les avis du MAE sont beaucoup plus critiques quand il s’agit d’étudier les
projets du GREF avant action. Ces critiques apparaissent fondées, tant il
41
Les personnes rencontrées connaissaient assez peu les actions du GREF étant généralement en poste
depuis peu. Les principaux chargés du suivi n’ayant pu être rencontrés à ce stade.
79
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
apparaît parfois difficile de savoir ce qui va être réellement fait et ce qui justifie
les moyens prévus au-delà des justifications de type « humanitaristes ». Il
semble à cet égard nécessaire d’améliorer sensiblement la présentation des
documents techniques et de financement afin qu’ils soient plus en rapport avec
ce qui se fait réellement sur le terrain.
Les témoignages sont suffisamment positifs pour penser qu’il s’agit là, en
grande partie, d’un problème de formulation.
80
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
-"
,
6.1. Une histoire récente mouvementée
Le GREF a subi ces dernières années quelques changements majeurs
avec le départ de son délégué général (directeur exécutif), Mr Vilette, après
celui de son fondateur (et premier délégué général permanent mis à disposition
par l’Education nationale), Gabriel Cohen-Bendit. Ces personnes avaient
beaucoup contribué à l’essor du GREF, mais comme dans beaucoup
d’associations, leur présence limitait cependant une évolution vers un plus
grand partage des responsabilités au sein de l’association. Or, cette évolution
était devenue inévitable : le passage de 3-400 membres à près de 700, ne
pouvait reposer sur quelques individualités aussi brillantes soient-elles. La
suppression des deux enseignants mis à disposition par le Ministère de
l’Education Nationale va être l’occasion d’une remise en cause et d’une
réforme.
Cette réforme repose donc essentiellement sur une responsabilisation plus
partagée des fonctions dont on peut reconnaitre trois principes principaux :
-
Reconnaissance de niveaux clefs de responsabilité et de coordination :
o le responsable pays (RP) pour les actions à l’étranger
o le délégué régional (DR) pour la vie associative en France
-
Partage des responsabilités par la mise en place de différents domaines et
pôles regroupant de façon rationnelle des activités fonctionnant auparavant
de façon dispersée
-
Meilleur partage de fonction entre personnes au sein des domaines, des
pôles et des fonctions de RP ou DR
Cette réforme est donc récente (2006). Elle se traduit par une nouvelle
charte fonctionnelle et de nouvelles règles, notamment en matière de portage
des projets et actions comme on va le voir.
81
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
6.2. Le GREF en quelques chiffres42
Le GREF c’est 650 adhérents (en ordre de cotisation) en 2007. Soit une
diminution par rapport à 2006 (696) dans pratiquement toutes les régions à
l’exception de la Bretagne et de Rhône-Alpes43.
C’est aussi 49 actions réparties dans 25 pays environ. Le nombre
d’actions connaissant aussi une légère baisse par rapport à 2003 et 2004. La
répartition de ces actions fait apparaitre la prédominance de l’Afrique et plus
particulièrement du Mali et du Burkina Faso.
La dépense moyenne par action et par an se situe entre 12000 et 16000
euros depuis 2003.
Du point de vue du financement des actions, le Ministère des Affaires
Etrangères reste le bailleur le plus important, même si son importance a
tendance à décroître au profit des conseils régionaux: de 62,1%
des
financements contractuels en 2003 à 56,3% en 2005.
Les conseils régionaux compensent cette baisse des financements du
MAE, leur contribution s’est accrue de 55% entre 2003 et 2005. Les principaux
contributeurs sont le Nord-Pas de Calais, puis Midi-Pyrénées et enfin, RhôneAlpes, Ile-de-France et PACA.
42
D’après le rapport de 2005 complété par quelques données de 2007
Commentaires GREF : le chiffre avancé pour le nombre d’adhérents est celui des JN et ne prend pas en
compte la deuxième vague d’adhésions qui intervient à partir de septembre (la plupart des enseignants
prennent leur retraite à la fin de l’année scolaire). A titre d’exemple, ce chiffre est, au 15 juillet, à 660 et
il n’est pas exclu qu’en fin d’année le nombre d’adhérents soit en augmentation. L’effectif d’adhérents est
en continuel renouvellement : nous considérons les sorties à 120 par an, pour moitié par vieillissement
naturel (soit une durée de vie moyenne au sein de l’association d’un peu plus de 10 ans) et pour moitié
par abandon des adhérents qui ne trouvent pas leur compte dans l’association. Ces 120 départs sont
compensés par 120 entrées.
43
82
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
6.3. Les principaux changements apportés par la
réforme
6.3.1. La charte fonctionnelle
(APPROUVEE PAR LE CA DU 23-24 MAI 2006 ET MODIFIEE PAR LE
CA DU 22-23 NOVEMBRE 2006)
AG
CA et BUREAU
Commission des
projets
Commission
conciliation
de
INSTANCES
EXECUTIF
RESPONSABLES
GEOGRAPHIQUES
POLE PROJETS
DOMAINE DES
ACTIONS
DOMAINE
LA VIE
DE
DOMAINE DES RELATIONS EXTERIEURES ET COMMUNICATION
ASSOCIATIVE
SERVICE ADMINISTRATIF ET FINANCIER
DOMAINE DES RESSOURCES HUMAINES ET DE LA FORMATION
PORTEURS DE
PROJETS
RA et EQUIPES
D’ACTION
DELEGATIONS
REGIONALES
83
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
L’intérêt de cette nouvelle répartition peut-être reconnue à travers le suivi
d’un projet depuis l’idée jusqu’à sa traduction en action44. Il faut insister sur le
caractère encore nouveau de cette nouvelle organisation et sur le fait que deux
permanents seulement sont recrutés : un pour le pôle projets, l’autre pour le
service administratif et financier.
La Commission projet réceptionne les nouvelles idées de projet et a
essentiellement pour mandat de donner un accord politique préalable sur les
objectifs retenus et sur le choix des partenaires. Lorsqu’une idée est introduite,
une fiche projet est remplie par le porteur de l’idée contenant des informations
de base. La commission examine la fiche et fait préciser par le porteur le cas
échéant les éléments manquants. Elle transmet son avis au CA qui prend la
décision de poursuivre ou non l’instruction du projet sur des critères d’objectifs
et de partenariats. A ce stade le projet est inscrit auprès du secteur de la
documentation du domaine des actions.
Le pôle projet confirme le porteur d’idée dans son rôle de porteur de
projets ou en désigne un autre. Il appuie le porteur de projet et l’équipe qu’il
aura désignée dans le montage du projet. Des outils ont été créés et sont mis à
disposition pour faciliter le montage : fiche bailleur, guide méthodologique, ,
fiche acteur ,… Le porteur peut alors mener les négociations sur le contenu du
projet avec les partenaires financiers et techniques. Il est tenu cependant de se
concerter avec le pôle projet avant toute négociation. Il peut envisager une
mission de terrain pour aider à ce montage. Ces missions sont financées par le
« fonds projets ». Une fois les négociations terminées, le porteur de projet
soumet un projet de convention au pôle projets et au service administratif et
financier. Toutes les conventions sans exception sont signées par le président
puis adressées aux partenaires et bailleurs pour signature45.
Le domaine des actions entre alors en jeu. Il a la responsabilité
d’assurer le démarrage de l’action et de suivre et justifier des activités aux
bailleurs de fonds. Il instruit la nomination par le CA du responsable (RA) de
chaque action et accompagne le RA dans ses démarches de programmation et
de préparation des missions (lettre de mission, …). Le domaine des actions
entretien les relations avec le bailleur jusqu’au dénouement de la convention.
La clôture de l’action est assurée conjointement par le domaine des actions et
le RA.
On perçoit bien l’importance de cette nouvelle organisation : elle permet
de limiter le risque d’arbitraire des initiatives trop portées par des individus Porteurs de projets ou Responsables d’Action - et permet une meilleure
circulation de l’information. On peut constater cependant que les responsables
pays s’ils sont bien positionnés entre la coordination générale et les domaines
et pôle « action », ne sont pas mentionnés dans la description de la procédure
« projet-action ».
44
Dans la terminologie GREF, « projet » veut dire idée au stade de l’instruction et pour laquelle un
financement n’a pas encore été acquis, le projet devenant « action » une fois les financements disponibles.
45
Commentaire GREF : Le président peut déléguer au RP ou au RA
84
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
La nouvelle organisation s’accompagne aussi d’une meilleure structuration
de la vie associative et de l’action militante à partir des régions et autour de
trois axes stratégiques :
-
l’organisation des débats internes sur les questions d’actualité et
internationales et une meilleure prise en compte de cette dimension dans
la conception de l’activité, ici et là-bas,
-
le développement de l’activité régionale du GREF de manière cohérente
et concertée,
-
la structuration de la vie des régions et l’organisation de la vie
démocratique interne.
Enfin, trois domaines transversaux viennent renforcer le dispositif :
Le domaine des relations extérieures et de la communication qui a
pour priorité d’assurer :
-
le développement de l’image du GREF sur le long terme
-
la représentation permanente du GREF dans les instances des OSI
-
l’accompagnement des différents domaines dans leur politique de
communication
Le service technique et financier qui a pour priorité d’assurer
-
la maîtrise de la gestion financière et administrative, en particulier, l’effort
doit être porté sur la qualité de l’information (contrôle interne) et sa
circulation interne (procédures) et sur la mise en œuvre des dispositions
juridiques et réglementaires relatives aux différents statuts et situations des
intervenants du GREF
-
la maîtrise des coûts de fonctionnement
Le domaine des ressources humaines et de la formation qui se donne
les axes prioritaires suivants:
-
la relance de l’activité en améliorant la qualité des actions :
o par la formation des intervenants de l’association, à la fois sur le
plan politique (au sens large) et sur le plan technique,
o par le développement d’une démarche réflexive (culture de
l’évaluation),
85
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
o par la capitalisation des acquis en liaison avec le domaine des
actions (secteur connaissance des actions et documentation)
-
le développement du militantisme, en aidant chacun à s’engager comme
membre actif de l’association.
Ce dernier domaine, en particulier (DORHFO), apparait particulièrement
important en ce qu’il postule clairement des besoins en renforcement de
capacités internes et travaille la question de l’introspection par l’auto-évaluation.
Il a élaboré un plan de formation centré sur les actions relativement ambitieux
qui pose cependant question au niveau des moyens à mobiliser pour se faire.
6.3.2. Les autres changements en cours
Les dernières Journées nationales ont vu se renforcer un certain nombre
de changements en cours notamment sur l’importance du Responsable Pays
dans le dispositif actuel et de la fonction de Délégué Régional.
Répartition des rôles entre RA, RP et acteurs
Un atelier portant sur cette question importante de la répartition des rôles
entre responsable d’action et responsable Pays a permis de préciser les
fonctions importantes du Responsable Pays. Le contenu de cet atelier – tout
comme le processus qui a permis de l’obtenir – nous semblent bien témoigner
de la nouvelle réforme en cours et de cette volonté de meilleure structuration et
meilleur partage des responsabilités au sein de l’organisation.
Les résultats sont présentés à la figure suivante.
86
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
Ces résultats montrent bien la tendance vers un rééquilibrage des
responsabilités entre RA et RP. Le mandat du Responsable Pays est de un an
renouvelable chaque année sauf par dénonciation du CA ou du RP. Il n’y a
donc pour l’instant pas de limitation dans le temps.
Répartition de la fonction de Délégué Régional
La fonction de Délégué Régional est très importante dans le dispositif
GREF, mais aussi très exigeante. Les mandats sont également de un an
renouvelable 3 fois. Au moment des journées nationales, plusieurs délégués
remettaient leur mandat en jeu. Un atelier d’échange concernant la Région
Rhône-Alpes a permis de prendre la mesure des difficultés : personne ne
voulant reprendre la fonction de DR (« représentant 35H/semaine »), il a été
proposé de s’organiser autrement en déléguant les fonctions et tâches. Un
travail de définition des tâches et de « regroupement par petits paquets » a été
établi conduisant au résultat suivant :
87
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
Ce travail illustre bien l’évolution en cours vers :
-
plus d’activités dans les régions, en dehors des missions à l’étranger
-
une meilleure structuration des activités et des responsabilités
-
une responsabilisation par « bureau » plutôt que sur des individus, avec un
fonctionnement par délégation
-
la mise en place et l’utilisation plus systématiques d’outils d’information
(fiches d’intervention, comptes-rendus)
Il traduit aussi l’évolution d’une fonction de DR, auparavant surtout
réalisée en binôme, vers un travail plus collectif.
Cette évolution va aussi dans le sens d’une plus grande autonomisation
des régions qui ont aujourd’hui un pouvoir d’initiative beaucoup plus important.
Leur représentation au CA par rapport à la région Ile de France est également
beaucoup plus marquée depuis la réforme. La question de la décentralisation
du GREF est cependant essentiellement tributaire d’un équilibre financier
difficile à maintenir (voir plus loin point 6.5.4.).
88
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
Formalisation du travail de documentation et d’information sur les
actions
Un service de documentation a été mis en place pour archiver et
collecter les comptes-rendus annuels. Les CR sont envoyés à des relecteurs
pour commentaires. Ce service tend à fort augmenter : parti de 1 CR en 2004,
il en est à 31 CR (sur 49 actions réalisées) et 55 commentaires en 2006. 20
lecteurs se partagent la lecture des comptes-rendus.
Ce travail est effectué par 6 bénévoles à raison d’un jour par semaine (le
lundi, la seule salle de documentation étant occupée par d’autres groupes de
travail les autres jours). En-dehors de ce travail hebdomadaire, l’équipe peut
être sollicitée pour d’autres travaux et contributions.
6.4. Les acquis et difficultés rencontrées
6.4.1. Le domaine des actions
Le problème a toujours été celui des actions « qui échappaient à notre
connaissance, conséquence de la confiance dans le dynamisme et la
spontanéité des greffons ». Pour répondre à ces problèmes un dispositif et des
dispositions ont été prises reposant notamment sur l’élaboration de Compterendus annuels et de Compte-rendus de mission :
Le compte-rendu individuel de mission est envoyé au RA et au délégué régional
qui, avec le correspondant régional, l’utilise pour organiser la restitution des
missions et faciliter la mise en discussion lors de la réunion régionale. Pour le
compte-rendu individuel de mission comme pour le compte-rendu annuel
d’action, un plan-type ainsi qu’une notice explicative ont été élaborés46.
Pour chacun des CR un plan-type ainsi qu’une notice explicative ont été
élaborés.
La mise en place de comités de lecture des comptes-rendus d’action
apparait également très importante. Des lecteurs volontaires font des
46
Les équipes envoient leur CR individuel au responsable d’action qui élabore un CR plus global qu’il
envoie au DR et au Domaine des Actions (documentation)
89
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
commentaires sur les comptes-rendus d’actions annuels sous forme d’une
note de 2-3 pages.
Ce travail était mal considéré au début car pris en charge par des
inspecteurs de l’éducation sur un mode un peu de contrôle, dans un contexte
où dominait l’impression d’envahissement des pièces, cadres et documents à
produire. Il est aujourd’hui de plus en plus reconnu dans son esprit et sa
démarche essentielle d’accompagnement et de valorisation des actions,
d’amélioration de leur qualité. Les partenaires locaux commencent également
à y être associés.
Enfin, il faut également remarquer à ce niveau, la mise en route de
nouveaux outils tels que la constitution des équipes (réforme du catalogue) et
leur suivi, ou encore la constitution de tableaux de bord pour le suivi technique
et financier des actions ou enfin la mise au point des procédures…
6.4.2. Le pôle projet
Le pôle projet est confronté à une série de difficulté pour mener à bien son
travail d’instruction et de prospective :
-
manque de retours sur les fiches-outils qui sont envoyées. La chaine de
transmission des informations ne fonctionne pas forcément, il faudrait pour
bien faire se déplacer dans les régions plutôt qu’attendre l’envoi des
informations pour expliquer et recueillir
-
l’usage de ces fiches suppose des changements de pratiques qui
nécessitent des explications
-
pendant longtemps les attitudes ont été très attentistes par rapport à la
recherche de fonds. Certains pensaient que le pôle projet allait élaborer les
projets et trouver les financements. Aujourd’hui, il s’agit beaucoup plus
d’être en appui aux porteurs pour les inciter à être plus proactif
Le pôle projets éprouve aussi des difficultés à faire passer un certain
nombre de nouvelles orientations pour les projets :
-
passer d’une culture de l’éducation classique à une autre basée plus sur le
Droit à l’éducation
-
importance d’engagements en faveur de la citoyenneté et de la société
civile
-
la question du genre qui reste peu traitée au sein du Groupement
90
Evaluation GREF 234 Ev
-
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
les enjeux de l’eau et de l’assainissement à traiter en éducation à
l’environnement
6.4.3. Le domaine de la vie associative
Il est né en juillet 2006. Cette fonction étant autrefois assurée par un
permanent « par défaut ». Le domaine s’est vu définir ses objectifs par CA.
Ses objectifs généraux sont de :
-
s’assurer du fonctionnement démocratique de l’organisation
-
promouvoir l’Education au Développement (EAD) et la Solidarité
Internationale (SI)
-
promouvoir l’action des Régions et leur bon fonctionnement (15 régions
« GREF »)
-
organiser les communications internes avec les organes :
o Feuille de liaison : « Le Lien »
o Flash internet : « flash info »
o Intranet
L’objectif spécifique étant de faciliter les relations entre régions et entre
régions et siège, une des tâches consiste aussi à former les délégués
régionaux sachant que le « turn-over » à ce niveau est très important.
Le domaine a notamment en charge de préparer les Journées nationales
(logistique et intendance ; programmation des journées ; évaluation). Il élabore
depuis 2007 la synthèse du rapport final d’activités.
L’Education au Développement au GREF
Les activités se sont développées et diversifiées, s'
adressant à des
publics plus vastes que celui des jeunes qui restent cependant la cible
privilégiée. Ainsi, le GREF intervient dans des domaines où il peut mettre en
œuvre sa connaissance des pays et l'
expérience acquise dans les missions à
l'
étranger : Correspondance scolaire, témoignages, aide au projet EAD, aux
échanges. Il organise des actions de formation d'
enseignants, stagiaires
d'
IUFM, animateurs.
Il s'
intègre progressivement aux réseaux locaux des acteurs de l'
EAD,
dans des collectifs, des plates-formes, en partenariat avec les associations de
91
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
Solidarité Internationale. Il apporte son concours aux programmes d'
action des
Campagnes : Demain le monde, Campagne Mondiale de l'
Education, Semaine
de la Solidarité Internationale, Alimen Terre, Commerce Equitable
Il crée des d'
outils pédagogiques ; mallettes, fiches pédagogiques,
exploitation de documents, montages, expositions etc.
Quelques réalisations à titre d'
exemples : l'
animation pédagogique de
Midi- Pyrénées, la correspondance scolaire, l'
exploitation pédagogique du CDROM EAD de Lyon, la participation à l'
action « Classes du Monde » en
Aquitaine, L'
EAD dans le cadre de la coopération décentralisée et la démocratie
participative à ILLKIRCH.
L'
EAD constitue à des degrés divers une part importante de la vie du
GREF en France, elle le fait connaître et lui donne sa place, en particulier près
des collectivités locales avec lesquelles des perspectives nouvelles se sont
dessinées. Pour répondre à cette évolution, il apparaît nécessaire de continuer
à structurer les activités et de se donner les moyens de les alimenter par les
ressources issues de l'
action à l'
étranger.
L’EAD relativement récent au GREF, se structure de plus en plus en
programmes sur plusieurs années et avec d’autres partenaires.
Parmi les nombreuses actions menées en EAD quelques principaux
acquis de la vie associative en France :
-
A Nantes, un travail important d’alphabétisation auprès de demandeurs
d’asile pour faciliter leur intégration en collaboration avec la structure
nantaise d'
Accueil et d'
Intégration pour les Demandeurs d'
Asile ainsi que
d’autres associations locales
-
La réalisation d’un film sur la recherche identitaire de jeunes issus de
l’immigration malienne (cette action est à relier avec une préoccupation
des ambassades (SCAC) qui est celle du suivi des enfants français
d’origine malienne, une fois qu’ils retournent dans leur pays)
-
En Touraine, des rencontres échanges et animations pendant un mois
autour de la littérature africaine francophone, avec animation dans les
mairies, centres culturels, collèges et lycées…
-
A Cachan la réalisation d’une pièce de théâtre avec l’écrivain malien
Tiécoro Sangare sur la problématique de l’immigration, ses causes, ses
conséquences
-
En Alsace, une série d’activités (conférences, expositions, débats,
projections) tout au long de l’année en appui à une coopération
décentralisée entre les villes d’ILKIRCH et celle de GAMADJI (Sénégal)
impliquant de nombreux acteurs (ONG, associations, établissements
scolaires), entreprises, artistes, étudiants, et débouchant sur certaines
activités d’économie sociale entre les deux villes
92
Evaluation GREF 234 Ev
-
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
En Aquitaine avec le RADSI, organisation de « classes du Monde » :
animations de plusieurs jours à destination des classes primaires pour
approcher la vie d’un enfant au quotidien
…
Malgré ces acquis, l’EAD souffre d’une reconnaissance insuffisante de la
part des membres du GREF. Il y a pour cela deux raisons et autant d’enjeux
que le domaine souhaite relever :
-
Un manque d’investissement des greffons par rapport aux problèmes dans
leur propre quartier ou ville (« on va travailler avec le monde du sud, mais
ici il faut aussi agir et montrer les interdépendances »)
-
Un certain zapping associatif, le nombre d’associations permettant aux
greffons plus engagés, de militer dans d’autres associations, avec le risque
de ne voir dans le GREF qu’une organisation de « missions au sud ».
6.4.4. La commission de conciliation
Une commission a été mise en place pour gérer les tensions au sein de
l’organisation. Son mandat a cependant évolué au fil du temps. Etablie en
2003-2004, à une période plutôt centralisatrice où les responsables
souhaitaient en faire une sorte de conseil de discipline, elle s’est construite par
la suite plus avec les greffons et en fonction de leur demande. Avec la nouvelle
réforme la CC est devenue autonome du CA.
Cette commission est composée de 4 personnes qui se réunissent chaque
mois de septembre chez la responsable.
La commission a pour mission :
•
l’instruction des situations problèmes et la constitution d’un savoir
collectif sur le fonctionnement du GREF
•
une veille associative en alertant les instances des dérives
possibles et en mettant en place une pédagogie active pour
accompagner le droit de chacun à s’exprimer dans une citoyenneté
participative
Sa finalité est essentiellement de clarification et d’amélioration du cadre
institutionnel du GREF. En termes d’action, il s’agit d’instruire les dossiers qui
lui parvienne ; de faire une synthèse ; et de faire des préconisations publiques à
caractère général sur la vie de l’association : « Il ne s’agit donc pas de
93
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
réconcilier les personnes mais de concilier vie associative et intérêts
particuliers » 47.
S’il s’agissait de régler des conflits interpersonnels ou avec l’institution, on
pourrait faire appel à des médiateurs formés à cet effet (ce n’est pas exclu
dans des cas bien précis : demande explicite des protagonistes). L’enjeu est
d’un autre ordre. A l’expérience on a constaté que les conflits, les
malentendus, étaient bien sûr portés par des personnes avec leurs
caractéristiques et caractères mais qu’à l’analyse ils révélaient presque
toujours des dysfonctionnements organisationnel, des problèmes de
formation, des failles dans les cadres de l’action concernée. Plutôt que
d’essayer de gérer un conflit, les uns après les autres comme on éteint un feu,
il a semblé plus productif de mettre en place un dispositif où les situations
difficiles deviendraient des cas à étudier :
- comme révélateurs de problèmes – indicateurs de préconisation à proposer
- comme expérience à partager (savoir-faire collectifs)
(Source : Commission de Conciliation Principes directeurs, GREF (ni auteur ni
date) et entretien avec Mme Mémery
Les tensions rencontrées proviennent des régions ou des actions sur le
terrain. Avant les responsables de la commission se refusaient à questionner
les protagonistes : avaient l’impression d’une intrusion. Aujourd’hui ils sont plus
dans un rôle de médiation, un peu particulier, en ce sens qu’il ne se situe pas
« entre » des protagonistes mais est plutôt un « contenant garant d’un cadre
symbolique accepté par tous (la charte48) ».
La finalité si on devait la définir, serait une démocratie participative complétant
la démocratie représentative de toute association 1901. (…) On ne recherche
ni compromis ni sanction mais le bon cadre à l’intérieur (duquel) tout le monde
peut trouver sa place et s’exprimer. La diversité des points de vue enrichit la
compréhension du problème. (…) Son but serait de renforcer les capacités
collectives en termes d’ingénierie sociale : être capable d’analyser une
situation et de trouver les stratégies, les moyens de mise en œuvre d’une
intervention.
(Source : note « A propos de la neutralité de la commission et du rôle des
relais régionaux » GREF 2004)
Le membre de la commission conciliation a aussi un devoir de réserve car
les gens ne souhaitent pas voir diffuser leurs problèmes. Ce devoir peut
conduire à l’impression d’un manque d’activités de la commission. Pourtant elle
travaille beaucoup à lire les demandes qui lui parviennent (« depuis que nous
avons demandé aux protagonistes d’écrire ce qui permet plus d’introspection »)
et à former dans les régions à la gestion des conflits.
Les perspectives sont aussi de pouvoir à terme intervenir dans les tuilages
pour former les partants.
47
48
Entretien avec la responsable de la Commission, Madame Liliane Mémery
Souvent appelée ‘chartre’ dans les documents de sorte que l’on se demande si c’est volontaire…
94
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
6.4.5. Le service administratif et financier
Autrefois partagé entre un salarié (secrétaire exécutif) , des élus et des
bénévoles, il est aujourd’hui assuré par un permanent dont les tâches sont
exclusivement dédiées à ce service, en lien avec certains domaines comme le
domaine action (pour la reddition de compte envers les bailleurs).
Il a pour mission de maintenir un équilibre entre :
-
La vie associative (comprenant le fonctionnement de l’organisation et dont
le financement provient essentiellement des cotisations des adhérents)
-
Les moyens généraux au service des activités (financés par une quote-part
sur les actions de 10%)
-
Les actions
L’exercice 2006 présente comme nous l’avons vu un déficit dans le
compte de résultat de 59.879,30 €
Parmi les mesures prises on trouve essentiellement :
-
Une gestion plus à flux tendu des avances et une plus grande
centralisation de la gestion des produits financiers (doublement espérés
des produits)
-
Une estimation plus fine des budgets prévisionnels
-
Un suivi plus rigoureux de la gestion de manière à anticiper les imprévus
-
Une gestion rigoureuse des actions qui ne peuvent plus être déficitaires ou
seulement par accident (fermeture de l’action avant qu’elle ne devienne
déficitaire)
Quelques valorisations sont également possibles, mais elles sont plus
potentielles que réelles actuellement :
-
Quelques rares expertises (Djibouti, Niger, …) de membres au nom du
GREF
-
Quelques publications, livres,
-
Le Film sur le Mali , des DVD ?
6.4.6. Le Domaine des ressources humaines et de la formation
Né en juin 2006 de la Commission Formation, avec une mission plus large
ce domaine a pris les mesures suivantes :
95
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
-
Formation des RA au suivi évaluation de leurs actions
-
Animation du réseau des correspondants formation pour définir leur rôle,
les aider dans la conception de projets régionaux de formation, mettre en
place une démarche d’évaluation des formations régionales, associer les
Régions au PNF,
-
Elaboration d’un Plan de Formation national pluriannuel centré sur
l’amélioration de la qualité des actions
Les Difficultés rencontrées étant de :
-
Montrer l’intérêt de la démarche réflexive à tous les niveaux
-
Montrer la nécessité de la communication entre les Domaines et les
Commissions pour réussir la mutation du GREF
Ses perspectives sont d’accentuer la démarche réflexive par l’exploitation des
recommandations de l’évaluation commanditée par le MAE ; de mettre en
œuvre le Plan National de Formation ; et de contribuer à la dynamique du
projet associatif en développant la communication entre les Domaines,
Commissions et groupes thématiques
6.4.7. La coordination générale
Cette fonction est en construction pour l’instant. Elle est pensée pour être
une émanation des différents domaines à travers leurs représentants, les
membres du CA et le président (12 personnes).
Elle devrait fonctionner par réunion hebdomadaire et avec une réunion
trimestrielle. Elle sera organisée en 3 secteurs :
- Communication
- Représentation
- Plaidoyer
Ces propositions doivent encore être soumises à la prochaine AG.
Il nous semble cependant que la coordination générale gagnerait à être
assumée par un salarié. De l’aveu même de certains responsables, la nouvelle
organisation est compliquée et demande beaucoup d’engagement. La
séparation des pouvoirs qu’a permis la nouvelle réforme, entre le politique et
l’exécutif - le CA étant aujourd’hui « dégagé de la coupe des permanents »49 49
Commentaires GREF : Sous l’impulsion d’Arlette CHICHA (2005-2006) puis de Daniel VACHER (à
partir de 2006) le CA a conçu, et joué un rôle prépondérant en rédigeant tous les textes de la réforme
96
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
doit permettre aujourd’hui d’engager un coordinateur avec un mandat clair et
contrôlé. Cet engagement n’est cependant pas possible aujourd’hui comptetenu de la situation financière du GREF.
(projet associatif, charte fonctionnelle, priorités stratégiques triennales…) depuis 2005, puis conduit
cette réforme depuis fin 2006, en assurant (à travers son bureau) les réunions de coordination et le suivi
des objectifs de chaque domaine. Ainsi, son rôle a évolué ; d’une instance sous la coupe des permanents,
elle s’est libérée et est devenue une instance plus politique et stratégique se déchargeant de plus en plus
des charges de gestion en les transférant vers l’exécutif (au niveau des domaines).
97
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
6.5. Conclusions partielles sur l’évolution
institutionnelle du GREF en relation avec les
actions visitées au Mali et au Burkina Faso
6.5.1. Des acquis certains…
De nombreux dispositifs ont été mis en place et des dispositions prises
pour faciliter à la fois une structuration plus forte des actions et le partage des
décisions au sein de l’association (la réforme consacrant parfois des évolutions
datant d’avant). Ce survol montre à la fois l’importance des réformes
entreprises et les inerties encore à surmonter.
Globalement ces réformes semblent aller dans le bon sens. Les visites de
terrain ont montré notamment dans ces pays des difficultés - héritées en partie
des anciennes manières de faire - à créer des synergies entre actions et à
développer des stratégies plus cohérentes et plus « impactantes ». Plusieurs
éléments de la réforme vont dans le sens d’améliorer la situation de ce point de
vue :
Au plan institutionnel :
-
la valorisation des représentants pays dans le dispositif qui se concrétise
déjà par des rapprochements plus institutionnels avec les partenaires,
notamment les ministères, dans les pays du Sud
-
l’obligation pour les porteurs de projets et les responsables d’action de
passer par le pôle projet et le domaine des actions pour être avalisés
dans leurs démarches
-
la responsabilisation plus institutionnalisée des actions
Au plan organisationnel :
-
L’exigence de comptes-rendus plus systématiques et la mise en place
d’un comité de lecture de ces comptes-rendus et de commentaires
permettant un suivi et un partage des responsabilités des actions
-
Le renforcement des espaces de discussion « pays » aux Journées
Nationales et d’espaces où se discute des questions plus stratégiques
(citoyenneté, éducation à l’environnement, etc.)
Au plan financier :
-
Des exigences plus fortes en matière de définition des budgets
prévisionnels
-
Une gestion plus étroite et centralisée des avances permettant à terme
des régulations entre actions
98
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
Il n’en reste pas moins que le manque de « coordinateur » pose diverses
questions :
- celle du renouvellement des différents responsables de domaine au
cours du temps
- celle du suivi-capitalisation de l’ensemble des travaux des domaines
- celle de la cohérence d’ensemble
- enfin, celle de la communication vis-à-vis de l’extérieur.
Ce dernier point nous parait important. La communication vis-à-vis des
principaux partenaires techniques et financiers en particulier peut dans le
système actuel se trouvée limitée en qualité (plusieurs interlocuteurs) et en
quantité (disponibilité limitée et calendriers des bénévoles pas nécessairement
en phase avec la vie professionnelle).
6.5.2. Des équilibres à trouver et de nouvelles (?) tensions à
gérer
Cette évolution consacre aussi plus d’importance aux régions qui
deviennent un espace d’animation et de mobilisation important pour les actions
en France comme au Sud. La difficulté à cet égard va être de concilier les
agendas et opportunités issues d’une réflexion construite en région, avec la
définition d’une stratégie pays, animée et coordonnée à un autre niveau, par les
Représentants Pays et le domaine des actions.
La tension entre ces deux niveaux est complexe :
-
Faut-il partir de la région pour à la fois mieux construire les liens avec la vie
associative en France (l’EAD en particulier) et mieux investir les moyens
ouverts aux collectivités locales par la montée en force de la coopération
décentralisée ?
-
Faut-il partir des pays, de leurs réalités/opportunités et surtout des
« agendas » négociés avec les partenariats plus institutionnels dans ces
pays ?
Un élément important à prendre en compte à ce niveau est le fait que les
agendas des collectivités locales françaises sont généralement assez rigides
en termes de zone d’intérêt, de préoccupations, et qu’ils peuvent ne pas
« coller » avec les interventions déjà engagées par le GREF. Le niveau central
reste donc très important, même en matière de coopération décentralisée,
pour mettre en rapport les initiatives qui existent au sein du réseau et les
possibilités de financement de telle ou telle collectivité locale. Ce rôle de
99
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
courtage nécessiterait cependant d’être mieux défini au sein du dispositif à
travers le pôle projet ou la commission projets.
Un autre élément est l’exigence de plus impliquer les greffons dans la vie
associative, en dehors des « missions ». Des exemples suffisants existent qui
montrent l’importance que peut avoir le GREF par rapport à des faits de
société comme c’est le cas pour l’insertion des migrants par l’alphabétisation
et l’apprentissage du français à Nantes. Ce dernier point inciterait à ne pas
systématiquement lier les actions en France à celle au Sud de manière à ne
pas renforcer un engagement uniquement « missionnaire ».
D’autres types de tensions sont à prévoir, notamment entre
Responsable des Actions et Représentants Pays. Pour l’instant le pouvoir
des porteurs de projets et des responsables d’action apparaît encore trop
important. Certains financements se négocient encore sans l’aval du CA et
certains cadres de partenariats institutionnels au sud sans passer par le
Responsable Pays. Tout l’art pour ces derniers va être de valoriser les
initiatives plus « personnelles » des responsables d’actions tout en les
intégrant dans des processus et des programmes plus construits, permettant
de renforcer la crédibilité et l’impact du GREF vis-à-vis de ses partenaires.
Il semble à cet égard qu’il y ait parmi les nouveaux arrivés une demande pour
plus de « règles » :
« j’ai été finalement agréablement surpris de voir que les choses sont
plus structurées que je ne le pensais, que l’on n’était pas livrés à nous-mêmes
en mission et que l’on ne peut partir en mission aussi facilement … »
Il apparait également qu’une fonction importante reprise dans un
domaine – « relations extérieures et communication » - soit peu
développée. Cette dimension apparait pourtant névralgique pour la structure
au double plan interne et externe :
-
Par rapport aux équilibres internes, parce qu’elle devrait participer à
négocier des programmes plus fédérateurs de manière à décharger les
responsables d’action d’une partie de la responsabilité de la recherche de
fonds.
-
A l’externe, pour promouvoir une certaine qualité des interventions du
GREF et valoriser le statut de bénévole retraité.
100
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
Enfin, l’inflexion de beaucoup d’actions vers des investissements dans
l’insertion professionnelle des apprenants (préprofessionnalisation, centres de
ressources, …) pose la question des compétences internes du GREF et la
nécessité d’ouvrir le cadre d’une part à d’autres professions, d’autre part à des
partenariats avec d’autres ONG. Cela commence à se faire. Plus semble-t-il
par rapport à des
disciplines
de
la
santé :
infirmiers,
médecins.
Au total donc, la
réforme
apparait
comme prometteuse,
mais bien des points
restent à rééquilibrer
compte
tenu
du
caractère récent de la
réforme et de la
profondeur
des
changements
proposés.
Recomposer l’image
actuelle peut donner
une
idée
de
l’importance
du
chantier.
Dans ce schéma,
nous avons tenté de
restituer, de manière
très qualitative et donc
subjective, la façon
dont nous percevons
encore
l’importance
relative des dispositifs dans l’ensemble.
L’importance de l’AG en « Journée Nationale » notamment est restituée
très positivement. Les JN occupent une grande place dans l’association.
On perçoit également la part que prend le domaine des actions par rapport
à la vie associative et le pôle projet. Egalement l’importance encore des
Porteurs de projets et des responsables d’actions dans le dispositif, malgré la
montée en force des délégations régionales.
Enfin, la place encore insuffisante du domaine des relations extérieures
de notre point de vue, de même que celle trop limitée de la commission
conciliation compte tenu des apports qu’elle peut avoir dans le suivi des actions
(formation au moment des tuilages notamment).
101
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
Dans cette recherche d’équilibre, la question fondamentale revient à
savoir comment gérer deux tendances contradictoires consubstantielles de
toute action collective :
- Gestion par la planification
- Gestion par l’opportunité
6.5.3. Comment (mieux) articuler opportunités et planification :
l’importance de stratégies nationales et à l’échelle de
l’institution en appui à des « politiques »
Cette question prend des allures particulières ici étant donné la nature de
l’association constituée de bénévoles, retraités de surcroît. Cette mobilisation
de bénévoles est loin d’être définitivement acquise. La difficulté à mobiliser de
nouveaux adhérents est liée d’une part à l’âge50 et d’autre part au
foisonnement d’associations51.
Dans ce cadre il n’est pas possible d’imposer des normes, il faut
convaincre…
La réforme va a priori dans le sens de mieux articuler les deux principes
de toute décision - principe de conformité et principe d’opportunité – en
mettant en place des espaces (domaines, pôles, « journées nationales »,
régions, commissions) où les choses sont discutées de manière collective et
des coordinations (DR, RP, responsables de domaines) qui peuvent animer et
coordonner ces échanges dans le respect d’un certain nombre de principes et
de règles.
Elle tend aussi à compenser la gestion plus affective et par cooptation
d’autrefois, par la mise en place de règles et de contraintes de conformité :
conformité au budget prévisionnel établi, aux objectifs fixés, à la charte, à un
50
L’engagement des retraités en développement international n’est pas évident et il faut reconnaitre un
certain courage de ces retraités à affronter des situations généralement peu confortables
51
Autorisant un zapping associatif…
102
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
certain nombre de règles collectives. De ce point de vue elle participe à lutter
contre les risques d’anarchie organisée que l’on trouve dans les organisations
où le pouvoir est fort dispersé (voir ci-dessous)
Les organisations « d’anarchie organisée » se reconnaissent à :
L’ambiguïté des préférences qui fait que l’action précède (voire crée) la
définition des objectifs.
La technologie de production peu maîtrisée : quel est le processus de
transformation des inputs (formation) en outputs (amélioration des besoins de
base des communautés, par exemple) au-delà de la production
« intellectuelle ».
La faible structuration des processus de décision (il est facile d’entrer et de
sortir des processus de décision, d’y introduire de nouvelles
préoccupations…).
La difficulté à évaluer dans de tels systèmes les conséquences d’une
décision.
Le risque de chercher des problèmes aux solutions où que des « problèmes »
comme des solutions cherchent des situations de choix, et où les décideurs
cherchent du travail.
(Friedberg 1997 Le pouvoir et la règle Seuil)
Dans cette recherche d’équilibre entre opportunités et planification, il y a
cependant un risque (fréquent dans toute organisation) de compenser le
risque d’arbitraire, uniquement par des outils standardisés plutôt que par une
politique soutenue par des visions et des stratégies. L’exigence
bureaucratique de planification – nécessaire contre l’arbitraire – doit être soustendue par des visions claires et des politiques en phase avec les principaux
enjeux du moment, et de préférence définies avec les principaux partenaires.
C’est là où la « politique » - comme façon de prendre en compte les intérêts
divergents et de tendre vers des convergences – et les « stratégies » - comme
façon de tenir compte des « possibles », c’est-à-dire des ressources
existantes et des opportunités du moment – se révèlent essentielles.
La définition de politiques devrait donc servir de régulateur entre la
nécessité pour toute organisation de tirer profit des opportunités d’alliances ou
de financement et celle de planification et d’organisation des activités à plus
long terme. Il est interpellant à cet égard de constater combien l’évolution
actuelle de la coopération va dans le sens d’un renforcement de la
planification par « projet », où tout est étroitement défini sur plusieurs années,
cloisonnant les initiatives, empêchant de se saisir des opportunités, minant les
possibilités d’expérimentations, et en définitive, les possibilités d’obtenir des
effets structurants à des échelles suffisantes.
Les recommandations qui suivent tentent d’articuler ces différentes
exigences :
- Au plan politique, de meilleure définition de principes directeurs et d’un
positionnement par rapport aux nouveaux enjeux de développement
103
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
- Au plan organisationnel d’outils permettant à la fois de se situer par
rapport aux enjeux et aux contextes locaux et facilitant l’informationcommunication au sein de l’association
Il semble donc possible d’améliorer la situation. Les améliorations
proposées sont, pour la plupart, dans la ligne directe de ce qui est déjà impulsé
sur le terrain.
6.5.4. Un équilibre économique à (re)trouver
Le fait de valoriser essentiellement des ressources intellectuelles peut-il
être suffisant à l’heure actuelle et dans l’avenir ? Dans un contexte où les fonds
pour le développement destinés aux ONG se font de plus en plus rares, et où la
concurrence sur le plan des ressources intellectuelles (là-bas comme ici) est de
plus en plus forte, il y a une exigence à revoir ses stratégies et à diversifier les
sources.
Le niveau européen semble actuellement difficile à atteindre : la
Commission n’est plus en faveur des ONG52. Les logiques vont plutôt dans le
sens de l’appui aux Etats à travers l’aide budgétaire et aux privés. La manière
d’accéder aux fonds européens dans les années à venir nécessitera de bonnes
entrées auprès des délégations de la CE dans les pays du Sud, et une bonne
connaissance des procédures53. Compte tenu de la spécificité du GREF (le
manque de permanence au Sud, mais également la réduction des salariés en
France) ces deux exigences risquent d’être compliquées à honorer.
Le niveau local, à travers les collectivités territoriales françaises, pose la
question déjà discutée de la conjonction des « terrains ». Le renforcement des
actions d’éducation au Nord (éducation au développement, à la langue
française pour les immigrés, …), dans les écoles mais aussi auprès des élus
pour ce qui concerne les actions de développement avec des communes au
Sud, serait à promouvoir pour disposer de fonds plus structurels, non
directement liés aux contraintes des projets au Sud de coopération
décentralisée. L’accompagnement des collectivités locales du Nord à structurer
leurs « aide » à l’éducation serait importante, souvent, pour sortir de l’envoi de
bics et de cahiers.
Mais ces deux pistes d’avèrent donc peu certaines et en tout cas
compliquées compte tenu des spécificités du GREF. D’autres doivent être
envisagées.
Au plan thématique, il y aurait certainement enjeu à investir plus le champ
de la décentralisation, à deux niveaux :
52
Comme en témoignent les impasses des processus de Palerme et de paris d’amélioration du dialogue
entre ONG et CE. Comme en témoignent aussi les discours du Commissaire Louis Michel.
53
En caricaturant à peine, « la dictature des procédures » conduit à ne plus se préoccuper de la pertinence
des actions envisagées mais uniquement de leur conformité aux conditions posées pour l’accès aux lignes.
104
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
- par l’alphabétisation en langue française. En Afrique de l’Ouest les élus
des communes rurales sont à plus de 75% analphabètes. Beaucoup
de structures locales se positionnent sur cette question mais sans
disposer nécessairement d’une pédagogie suffisamment active et
fonctionnelle pour motiver les élus
- par la pédagogie : la nécessiter de faire se rapprocher différentes
familles d’acteurs - pour d’abord se poser les bonnes questions de
développement (avant de chercher des solutions), ensuite gérer les
conflits d’intérêt - nécessite des compétences pédagogiques. Des
compétences existent au GREF (notamment dans la commission
conciliation) qui pourraient être mieux renforcées et développées.
De manière plus générale, la mobilisation de ressources à travers des
opérations de réemploi autour des « équipements » liés à l’enseignement :
ordinateurs, cahiers, livres, dictionnaires, matériel de physique/chimie/biologie,
équipements de sport, etc… ne pourrait-elle faire l’objet d’un examen au sein
du GREF ? En raisonnant « économie sociale » plutôt que don il y a, compte
tenu des manques au sud et de l’énorme gaspillage chez nous, un créneau
économiquement porteur que le GREF pourrait investir du fait de ces relations
avec les écoles et universités françaises?54
Enfin, l’intégration dans des programmes plus vastes, avec des ONG dont
les missions sont proches et complémentaires (Terre des Enfants, Aide et
Action, CFSI, …) et qui disposent de fonds propres, serait également à
investiguer de manière plus approfondie.
54
La réponse « ce n’est pas notre métier » nous apparaissant un peu courte de ce point de vue.
105
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
/"
7.1. Au plan des politiques du GREF
Elles restent peu apparentes et restent très empiriques. La logique projet
semble dominer et même dans les cas où l’on arrive à fédérer les initiatives en
vastes programmes, cela n’est pas suffisamment capitalisé au sein de la
structure sous forme de « politiques ».
Nous proposons de construire des politiques plus générales « GREF »
autour de deux aspects importants qui ont été soulevés lors des visites terrain :
- Le positionnement sur la qualité de l’enseignement
- Les nouveaux enjeux posés par la communalisation
Recommandation 1 :
Construire des politiques en prise avec les enjeux du moment et
reposant sur les acquis des « terrains »
Sortir de la logique « projet »
7.1.1. La démarche qualité : une spécificité du GREF mais qui
doit se démontrer au quotidien
En ce qui concerne la démarche qualité, les analyses dans les deux pays
ont bien fait ressortir une spécificité GREF, peu présente chez beaucoup
d’acteurs intervenant dans le domaine de l’enseignement : le fait de se situer
en appui intellectuel, avec des apports très réduits en termes de
financements matériels, essentiellement en renforcement de la qualité.
Dans le contexte de crise de l’enseignement de la plupart des pays
d’Afrique de l’Ouest, cette spécificité mérite d’être mieux défendue, non pas
sous forme de déclarations d’intentions, mais de démonstrations précises, à
106
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
travers un suivi-évaluation-capitalisation
circonstanciés.
ENDA Inter-Mondes
débouchant
sur
des
rapports
Elle a à se construire cependant beaucoup plus autour des questions
d’utilité sociale et de viabilité. Les nombreuses expériences GREF mériteraient
de ce point de vue une capitalisation dépassant le niveau « projet » et même
pays pour interroger ces aspects à l’échelle sous-régionale de l’Afrique de
l’Ouest.
Recommandations 1a :
Capitaliser sur la spécificité GREF de positionnement sur une
démarche qualité
En faire un projet politique
7.1.2. Les enjeux de la décentralisation ou comment passer du
communautaire à la commune
Ici également se dégage une particularité GREF : celle de pouvoir
composer avec différents pouvoirs au niveau communal pour assurer une
meilleure viabilité institutionnelle et économique de l’école. On a vu dans le cas
de l’appui aux communes au Mali combien l’expérience cherchait à impliquer
différents registres de légitimité : les services du ministère (déconcentrés et
centraux) pour la conformité aux normes officielles et la gestion des « agents »,
le conseil communal pour la gestion des équipements autant que la régulation
des demandes des villages par rapport à l’offre extérieure, la communauté
(dont les associations locales et avec les ONG) pour la gestion des activités
scolaires notamment à travers le développement d’activités génératrices de
revenu. On est loin de l’opposition fréquente encore entre pouvoirs publics et
société civile développée par certains acteurs (d’un bord comme de l’autre)55.
Le modèle mériterait d’être mieux étudié, capitalisé, et généralisé aux autres
interventions.
55
On pense ici notamment au discours de la FDC au Burkina Faso qui est une véritable synthèse d’un
communautarisme très proche des institutions américaines de financement du développement : « compter
sur ces propres forces… » « Partir des capacités des communautés ». Avec le paradoxe que les moyens
investis sont très importants comparativement aux localités touchées : largement supérieur à ce qu’un Etat
peut généralement faire sur l’entièreté d’un territoire. Ces interventions ne facilitent pas une
institutionnalisation de l’enseignement et peuvent affaiblir en définitive le service public.
107
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
Recommandations 1b :
Capitaliser sur la capacité du GREF à appuyer les communes en
matière de gestion de l’offre d’enseignement pour tous
En faire un projet politique
7.1.3. L’accompagnement à l’institutionnalisation du service
public
Dans le cas des IFM de Kayes au Mali, comme de l’Action sociale au
Burkina Faso, on trouve une certaine capacité à interpeller les pouvoirs publics
tout en les renforçant dans leurs capacités à gérer le service public. Même dans
le non-formel, la tendance n’est (généralement) pas à chercher à concevoir des
alternatives en dehors des cadres de l’Etat et à lutter contre le service public. Il
est plutôt à essayer de faire converger les forces pour améliorer la situation.
Ceci avec généralement peu de moyens, ce qui évite souvent (pas toujours) les
positionnements opportunistes des uns comme des autres. Ces relations avec
les pouvoirs publics ne sont pas aisées et nécessitent souvent certaines
capacités d’anticipation par rapport aux agendas ministériels.
Là également il y a aurait à mieux informer sur ces pratiques, renforcer et
valoriser ces savoir-faire, et conceptualiser sur les principes qui les soustendent.
Recommandations 1c :
Renforcer les capacités à construire des alliances avec les pouvoirs
publics, à participer à la définition ou à la mise en œuvre de politiques
publiques
En faire un projet politique
7.2. Au plan organisationnel
Il s’agit ici de préciser au plan organisationnel les recommandations plus
« politiques » établies ci-dessus.
Ces « politiques » nécessitent de se renforcer au double plan :
- Des dispositifs et dispositions
108
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
- Des outils d’identification-suivi-évaluation
Recommandation 2 :
Adapter l’organisation aux politiques
7.2.1. Renforcer les représentations pays
L’importance du Responsable Pays a été soulignée à maintes reprises lors
des entretiens dans les deux pays. Il semble qu’il y ait encore nécessité de
renforcer ce rôle dans la nouvelle réforme notamment dans la « procédure
projet-action » où il apparait peu. Cette recommandation accompagne
directement l’exigence de plus de « politiques ». Il s’agit de dépasser le niveau
« projet local » pour accompagner des processus à l’image de ce qui s’est fait
au Mali surtout. Le Responsable Pays est donc un chaînon important dans la
définition d’une politique pays et l’élaboration de stratégies à cette échelle, en
alliance avec les partenaires publics et privés (ONG nationales, associations
locales).
Recommandation 2a
Renforcer le rôle du Responsable Pays dans le dispositif
Renforcer ses attributions et/ou capacités à construire des alliances
avec les pouvoirs publics, à participer à la définition ou à la mise en
œuvre de politiques publiques
7.2.2. Renforcer le domaine des « relations extérieures et
communication » sous forme d’un poste ?
La fonction « relations extérieures et communication » est habituellement celle
d’un directeur ou secrétaire exécutif. Elle semble actuellement trop réduite et
diluée. Elle devrait être un support important des « politiques » du GREF visà-vis de l’extérieur pour montrer que le GREF n’est pas une somme de projets
individuels et accompagner la définition de politiques plus partagées et
cohérentes à l’intérieur de la structure.
Cette fonction pourrait justifier des subsides pour un poste. En tout cas c’est
une hypothèse qu’il faut tester tant il apparaît important aujourd’hui de sortir
109
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
des logiques projets pour tendre vers un accompagnement de politiques
publiques
Recommandation 2b
Tester les possibilités de faire financer un tel poste
Ou responsabiliser une ou deux personnes en interne disposant des
motivations et des capacités suffisantes
7.2.3. Se doter d’outils stratégiques pour le suivi
Les comptes-rendus d’actions restent encore fort déséquilibrés dans leur
forme, entre ce qui relève des objectifs et de leur justification, ce qui a été fait
concrètement (avec des chiffres), ce que cela a généré comme effets (négatifs
comme positifs), et les pistes pour une généralisation et une viabilisation.
Quelques évocations de dysfonctionnements dans sa propre organisation et
comment on pourrait les résoudre.
Le cadre de la boucle de la qualité, utilisé pour mener la présente mission,
apparait utile pour structurer le rapportage des actions de manière plus
stratégique.
Ce cadre articule des indicateurs de processus (efficience), de conformité
(efficacité), et de satisfaction des « usagers ». Il pourrait être adapté aux
pratiques GREF relativement aisément (une proposition de « traduction » est
faite en annexe).
Il convient aussi d’inscrire comme on l’a vu cette boucle dans un cadre plus
global permettant de « sortir le nez du guidon » pour analyser les effets de
l’intervention au-delà des bénéficiaires directs. Là également une adaptation
serait certainement nécessaire pour traduire ce cadre en indicateurs
pertinents pour le GREF et en grille de rapports faciles à utiliser.
Un travail supplémentaire de définition de ces cadres puis de traduction en
outils d’identification, de suivi et d’évaluation serait certainement très utile
mais dépasserait les termes de la présente évaluation.
Recommandation 2c
110
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
Se doter de cadres plus globaux d’analyse (par exemple ceux utilisés
durant la présente évaluation)
Traduire ces cadres en outils utilisables
111
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
7.2.4. Mieux articuler recherche et action
Bien que les expérimentations GREF ne soit pas à proprement parler de la
recherche mais plutôt des tests d’application et d’appropriation locales de
certaines pratiques au sein de méthodes confirmées, il importe de bien les
distinguer des phases de démultiplication. Cette distinction devrait permettre de
mieux dimensionner les missions qui pour l’instant comme on l’a vu perdent un
peu en efficience en voulant en même temps expérimenter « au plus près » et
diffuser plus largement.
Pour ce faire il serait intéressant de conceptualiser un peu plus autour
d’une méthode articulant « recherche » et « action » conçue de manière
itérative, en « boucles » :
Recommandation 2d
Construire un cadre précisant les relations entre phase-test et phase
de démultiplication
Traduire ce cadre en outils utilisables de suivi-évaluation
Valoriser la démarche GREF en interne comme en externe
112
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
7.3. Autres recommandations plus immédiates et
concrètes
Bien qu’elles se prétendent « immédiates et concrètes » la plupart sont
évidemment à adapter à chaque contexte-pays.
7.3.1. Sur le recrutement et la formation de nouveaux
« greffons »
Renforcer dans la charte la nécessité d’une implication au GREF hors
missions à l’étranger ;
Elaborer une grille des principales compétences attendues en distinguant
bien les compétences « matières » des compétences « processus » ;
Fournir une liste des structures offrant des formations spécialisées au
départ en développement.
7.3.2. Sur le dispositif pays
Choisir dans chaque pays un relai sûr qui puisse accompagner le
responsable pays dans un certain nombre de tâches et assurer un certain
suivi lorsque celui-ci est absent. Cela peut être un fonctionnaire dans un
ministère ou un responsable d’association ou encore un cadre d’ONG…,
l’important étant qu’il ait déjà un poste et ait les compétences requises
pour le suivi des actions du GREF ;
Prévoir des ressources pour ce relai (voir ci-dessous)
7.3.3. Sur le suivi-évaluation
Prévoir dans chaque demande de financement un peu de moyens chaque
année pour le suivi et pour l’évaluation en fin d’action.
La somme de ces moyens devrait permettre de financer un relai dans le
pays pour le suivi plus stratégique des actions, en plus des charges du
« responsable pays » (payées sur ces propres actions ?), ainsi qu’une
consultance locale en accompagnement du responsable pays pour
l’évaluation finale sur les programmes les plus importants.
113
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
Prévoir des moments où se discutent les résultats du suivi-évaluation au
GREF(le meilleur étant probablement les réunions « pays » organisées
lors des journées nationales) et dans le pays avec les partenaires (le
meilleur moment étant après une mission importante sur un certain nombre
d’actions).
La restitution à ces réunions des exercices de suivi et d’évaluation par le
responsable pays donnerait plus de structure aux réunions « pays » et
permettrait aux chargés d’action d’être plus concrètement dans une
situation de redevabilité à la fois envers le GREF et envers les autorités
locales
7.3.4. Sur la capitalisation
Renforcer de manière plus générale au sein du GREF une démarche
« d’abstraction réfléchissante »56 tout au long du cycle de projet basé sur la
qualité (voir annexe 3) pour une capitalisation commune. Notamment en
distinguant les 4 étapes principales :
o L’action ;
o L’explicitation de l’action par le récit (permettant de décrire,
d’expliquer et d’analyser comment on s’y prend pour agir dans telle
situation) ;
o La conceptualisation / modélisation (permettant de s’affranchir du
contexte et de dégager des invariants) ;
o Le transfert et la transposition à de nouvelles situations.
Conduire une capitalisation sur l’Afrique de l’Ouest des expériences
d’accompagnement des communes par rapport à l’éducation pour tous ou
bien des expériences de préprofessionnalisation. Une idée serait de le
faire avec le REPTA qui, a priori, possède les ressources pour le faire,
mais pas forcément les terrains concrets !
7.3.5. Sur le travail en équipe dans les actions
Justifier plus systématiquement la présence d’un double dans les
missions ;
Impliquer dans les équipes des actions, au coté du responsable de l’action,
un des partenaires principaux comme « relai » du suivi quotidien ou en tout
cas participant aux réunions de l’équipe ;
Prévoir, autant que se peut, des échanges inter-équipes dans le pays lors
des missions.
56
Piaget
114
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
7.3.6. Sur la diversification comme solution aux difficultés
économiques
Certaines propositions au sein du GREF vont dans le sens de diversifier
les partenariats, les zones d’intervention, les secteurs d’activité. Si la
diversification des partenariats est d’une importance vitale probablement pour la
structure, le lien avec les autres propositions n’est pas certain.
Il apparaît en l’occurrence important d’éviter la dispersion – pour l’instant
dominante par la logique petit projet/action – pour tendre vers plus d’effets
structurants dans les régions et pays où le GREF intervient déjà. Il importe en
tout cas de construire sur ce qui existe déjà à partir des réseaux constitués. De
ce point de vue les capitalisations sur les thèmes ci-dessus présentés restent
fondamentaux.
De la même manière l’investissement dans de nouveaux champs ne
devrait pas être réalisé tout azimut, mais en fonction de questions stratégiques
pour lesquelles le GREF, éventuellement avec d’autres, apparaît avoir des
avantages comparatifs et/ou des expériences à faire valoir.
A cet égard, nous proposons de lancer un groupe sur une
étude des possibilités de développer des opérations d’ESS entre le
nord et le sud avec des entreprises locales autour du réemploi
d’équipements scolaires (des bics/livres aux machines-outils en
passant par le mobilier de laboratoire, les ordinateurs etc…). Les
projets de pré-professionnalisation de type « centre de
ressources » dans lesquels le GREF s’engage dans certains pays
devraient pouvoir en profiter…
En définitive, la diversification devrait être conçue dans le prolongement
d’un engagement plus stratégique et non de manière disparate, au risque de
voir à nouveau les actions précéder la définition de stratégies.
115
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
0"1
Les analyses de terrain témoignent à suffisance de la capacité du GREF à
œuvrer à une « Education pour tous » dans les pays rencontrés.
Les avis sont généralement positifs et des exemples de démultiplication
spontanée sont observés dans les différents pays, à des degrés divers.
La mission a pu aussi constater certaines faiblesses et des actions
nettement moins cohérentes et/ou moins structurantes interpellant le GREF
dans son ensemble.
Ces forces et faiblesses sont résumées dans le tableau suivant :
Forces
Volonté à travailler avec
pouvoirs publics
Faiblesses
les
Mais de manière trop séparée et des
capacités limitées à le faire faute de
présence permanente
Motivations fortes et engagement
certain dans des zones difficiles
Mais trop d’idéalisme parfois au
détriment d’une vraie analyse de
situation
Professionnalisme
dans
les
formations et leur évaluation (au
premier degré?)
Mais
manque
d’analyse
plus
systémique
et
stratégique
des
répercussions sur le milieu et/ou
difficulté à les traduire dans les rapports
Engagement de plus en plus
manifeste dans la décentralisation
Mais reste parfois dans un esprit
communautaire idéalisé
La volonté et certaines capacités à travailler avec les pouvoirs publics sont
manifestes et s’expliquent par l’origine des GREFons généralement issus de
l’enseignement public. Les faiblesses observées à cet égard concernent à la
fois le fait de venir, dans certains pays, « en ordre dispersé » et de ne pas
arriver à bien gérer les éventuels opportunismes des services du ministère à
travers des conventions et/ou des contrats-cadres précis impliquant les niveaux
les plus élevés. Ceci étant en passe d’évoluer assez rapidement cependant
comme on a pu le constater à travers le rôle de représentants pays et leur
engagement lors de la mission.
116
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
Les motivations sont fortes, mais avec le pendant d’un engagement
parfois trop « dans l’action », au détriment d’une analyse plus approfondie des
situations et de positionnements plus stratégiques. Là encore nous pensons
que la fonction de Responsable Pays devrait permettre de canaliser les ardeurs
et les valoriser dans le cadre de processus plus structurants.
Le professionnalisme dans les formations est partout reconnu. Nous lui
ajoutons un certain professionnalisme dans la façon de rendre compte du
travail accompli, tout au moins au niveau des acquis transmis. Certains rapports
sont de ce point de vue très complets et suffisamment « introspectifs ». Par
contre on constate des faiblesses pour « sortir le nez du guidon » de « ses »
formations afin d’analyser leurs effets et impact sur la société. Certains
GREFons disent ne pas savoir faire cela. Ils semblent pourtant surtout manquer
de grilles d’analyses et de questionnements qui faciliteraient cette prise de
recul et de hauteur.
L’engagement dans les enjeux de la décentralisation est surtout manifeste
au Mali, la communalisation intégrale étant toute récente au Burkina Faso. Cet
engagement n’est pas aisé tant les actions restent (à raison) liées à des
partenariats avec les services publics déconcentrés. Une autre contrainte tient
à une représentation encore trop souvent idéalisée de la communauté et de ses
capacités internes à trouver les réponses aux problèmes de l’éducation pour
tous (et à identifier les bonnes personnes pour les activités à mener). Il y a là
une distance difficile à trouver pour responsabiliser chacun des acteurs à jouer
son rôle, sans substitution, mais avec une capacité suffisante de proposition.
Dans la pratique, on trouve dans l’exemple de l’appui aux communes au Mali,
une démarche intéressante qui s’est spontanément construite en restituant aux
différentes catégories d’acteurs leur légitimité, (certainement aidée par un maire
suffisamment visionnaire à Sanankoroba). Il reste cependant à capitaliser
autour de telles démarches avec les principaux protagonistes pour servir de
référence.
Dans ce cadre, le renforcement des capacités de la société civile à
composer avec les différents pouvoirs locaux et centraux serait certainement un
enjeu important à investir et pour lequel le GREF semble disposer d’avantages
comparatifs, mais qu’il faudrait renforcer. Ce renforcement serait d’autant plus
nécessaire qu’un des rares reproches fait au GREF dans ces pays porte sur les
suites après action et les possibilités de suivi à plus long terme des entreprises
développées.
Les aspects de capitalisation sont importants et apparaissent trop faibles
dans une structure composée essentiellement de bénévoles et sans grands
moyens pour le fonctionnement de la structure.
A cet égard la réforme institutionnelle mise en place depuis plus d’un an,
répond en grande partie aux interrogations soulevées par les visites des deux
pays. Le partage des responsabilités à travers des domaines, pôles et
117
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
commissions va certainement dans le bon sens de même que la valorisation de
postes clefs tels que les responsables pays et les délégués régionaux.
Des tensions subsistent bien évidemment et continueront de subsister
entre des forces plutôt centrifuges tentées par des initiatives opportunistes, et
des forces plus centripètes, recherchant plutôt les cohérences institutionnelles.
Les différents dispositifs et dispositions mis en place à travers la récente
réforme sont bien pensés pour réguler ces tensions. Il nous semble cependant
qu’il y a un risque que les outils de « management-planification » supplantent la
définition de politiques et de stratégies d’ensemble. Il manque également, de
notre point de vue, un coordinateur permanent dont le mandat serait clairement
défini et contrôlé par le nouveau CA.
Nos recommandations portent donc sur la définition de telles politiques,
en phase avec les enjeux du moment :
- Le positionnement sur la qualité, qui dans le cadre des pays visités est
très pertinent, mais devrait être mieux valorisé, documenté
- Le positionnement sur les enjeux de décentralisation qui devrait faire
l’objet de plus d’attention
- Le positionnement sur le champ de l’économie sociale et solidaire
Nord-Sud à travers une étude sur les possibilités de valoriser les
équipements scolaires de réemploi
Les recommandations en termes d’organisation tentent de s’aligner sur ces
propositions en fournissant quelques propositions de grilles d’analyse et
quelques outils adaptés.
Un effort de traduction de la « boucle de qualité » en outils et indicateurs est
présenté en annexe. Un travail supplémentaire pourrait toutefois être réalisé
pour intégrer ces propositions de manière plus concrète dans les « pratiques »
du GREF et surtout en discuter le plus largement possible.
118
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
22 3 4
119
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
22 3 4
Annexe 1 : Liste des personnes rencontrées
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122
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
Annexe 2 : Traduction de la boucle de qualité en outils
et indicateurs
Il s’agit d’illustrer ici les manières de construire quelques outils et indicateurs à
partir de la boucle de la qualité. Ceci de manière à, d’une part, mieux traduire une idée
en « projet » (demande de financement dans le vocabulaire du GREF), d’autre part, de
mieux suivre et capitaliser une « action ».
Définitions
- la qualité se définit comme « l’aptitude d’un ensemble de caractéristiques
intrinsèques à satisfaire des exigences »
- une exigence étant « un besoin ou une attente formulés, habituellement implicites, ou
imposés »
(Source : http://www.3ct.com/ridf/Methodes/mission%20qualite/pr_mesurer_apprecier_qualite.doc )
La boucle de la qualité retient essentiellement 3 critères : conformité,
processus et satisfaction. Il faut y ajouter un quatrième qui relève de la confrontation
entre les perceptions des « usagers » du service (ou bénéficiaires) et celles des
acteurs du service (les enseignants, les chargés d’action du GREF) : la pertinence
des choix stratégiques
Il faut insister sur le fait que ce cadre pose d’emblée l’importance de la
dialectique qui doit se construire entre « offreurs » de services et « usagers » sur les
perceptions du service d’abord (les différentes façons d’apprécier les besoinsexigences) et sur les modalités pratiques ensuite de mise en œuvre (les règles de
fonctionnement ; les processus ; les aptitudes à atteindre les exigences). Il montre
combien s’entendre sur des choix n’est d’abord pas évident, ensuite n’est pas
irréversible (boucle de rétroaction), car les conditions et les perceptions évoluent en
partie grâce à l’action !
Ces critères pourraient se traduire en différents indicateurs, selon que l’on se
trouve en phase d’identification (passage de l’idée au projet), de suivi (en cours
d’exécution) et en évaluation-capitalisation.
Les propositions qui suivent sont purement indicatives. L’important est (1) de
pouvoir concevoir ses propres indicateurs par rapport au contexte de l’action ; (2) de
créer une communication, un débat autour de ces critères et indicateurs avec ses
partenaires plutôt que de vouloir les imposer… Pour bien faire ce qui suit devrait être
discuté et travaillé avec différentes équipes GREF définies selon une typologie des
principales actions…
Traduction pour l’identification des actions
A ce niveau le critère le plus important relève de la pertinence des choix
stratégiques. Il convient ici de rappeler que ces choix doivent tout d’abord être pensés
à un niveau plus général, en fonction des politiques nationales et de la façon dont le
GREF souhaite s’y inscrire, voire les compléter. Ce n’est qu’une fois cette analyse
établie que l’on peut en venir à des choix stratégiques plus précis, liés à l’activité
proprement dire. On pourra alors se référer à la première ligne du schéma de la boucle
de la qualité (confrontation entre la qualité attendue par les bénéficiaires, la qualité
123
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
voulue par les producteurs du service et les règles de fonctionnement). Il peut se
traduire en indicateurs selon le type de projet GREF.
Exemple : pour un projet d’alphabétisation, les questions qu’il faut se poser
pourront être :
- Quelles sont les exigences de part et d’autre ?
o
Pour les bénéficiaires sont-elles : de bien savoir lire et écrire ? dans leur
langue ou en français ? de pouvoir s’intégrer dans leur village ou de partir en
ville ? de produire mieux ou de devenir fonctionnaire ? Dans quel ordre de
priorité ? Généralement l’école qu’elle soit formelle ou informelle est encore
souvent conçue par les parents comme un moyen d’accès à la ville et au
fonctionnariat de leurs enfants (qui permettra de peser sur les politiques et de
ramener de l’argent au village)…
o
Pour les enseignants-éducateurs elles sont souvent multiples également : il est
important de faire en sorte que l’apprentissage soit en lien avec la société et offre
des opportunités de mieux s’en sortir. Très souvent cela se traduit par des
exigences de maintien sur place, de diminution de l’exode rural, qui peuvent
s’avérer opposés aux attentes des apprenants. Par ailleurs, on suppose
fréquemment un lien mécanique (un « et » plutôt qu’un « ou ») entre le fait
d’apprendre, d’être intégré et de trouver un emploi. Dans la réalité les choses se
passent rarement aussi facilement.
o
Exemple d’indicateurs : sur les différentes exigences respectives, 80% sont
concordantes
o
Exemple d’outils possible
Exigences
apprenants
des Nb
Exigence
des Nb
éducateurs (et de leur
hiérarchie)
Différences
- Savoir lire
- Savoir écrire
- Savoir lire et
écrire
- Trouver
du
travail en ville
- Trouver
du
travail au village
Effectifs
- Quelles sont les aptitudes de part et d’autre ?
124
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
o
au niveau des éducateurs, il s’agit de vérifier l’adéquation des aptitudes aux
exigences : si les enseignants peuvent garantir une maîtrise de la lecture et de
l’écriture, ils ne peuvent généralement garantir seuls l’intégration et l’emploi…
o
les choix méthodologiques dépendront fort des aptitudes des apprenants (l’usage
de NTIC pour l’alphabétisation d’adultes par exemple ne peut se faire que dans
certaines conditions particulières)
o
Exemple d’indicateurs : sur les aptitudes respectives, au moins 2 sont en
conformité avec les exigences
o
Exemple d’outils possible
Exigences
communes
Aptitudes apprenants
Aptitudes
éducateurs
Exigences retenues
- En conséquence, quels choix stratégiques opère-t-on entre exigences et aptitudes
respectives dans la détermination des résultats attendus, et quelles règles de
fonctionnement se donne-t-on pour satisfaire ces choix.
o
Exemple d’indicateurs : La plupart des choix retenus font l’objet de règles de
fonctionnement claires et connues
o
Exemple d’outils possible
Exigences
retenues
Conséquences pratiques en termes Choix des règles
de règles
à retenir
Limite d’âge ?
Type de supports pédagogiques ?
Durée
des
éducateurs ?
formations
Mesures
d’accompagnement
préprofessionnalisation, etc. ?
des
si
Le fait de préciser tout cela dans une demande de financement, selon un
processus construit, contribue beaucoup à la crédibiliser.
125
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
Traduction pour le suivi des actions
A ce niveau les critères les plus importants relèvent du respect des choix établis
en matière de résultats attendus (indicateurs de conformité) et du respect des règles
de fonctionnement (indicateurs de processus). La mesure de ces critères devant
régulièrement être mise en rapport avec la façon dont les bénéficiaires apprécient les
prestations (mesure de satisfaction)
Exemple : pour n’importe quel projet :
- Comment s’est déroulé le service ? A quels niveaux y a-t-il eu infraction aux règles et
pourquoi ?
o
Exemple d’indicateurs de processus :
80% des tâches se déroulent aux échéances prévues
les principaux problèmes ou dysfonctionnements sont informés dans
un cahier et sont justifiés par un commentaire qui précise les
responsabilités éventuelles
75% des problèmes rencontrés ont trouvé une solution endéans le
trimestre
Au moins une règle a été améliorée ou modifiée pendant l’année
Le partage des rôles entre éducateurs et personnel en appui est bien
respecté
- Les résultats sont-ils conformes aux attendus ?
o
Exemple d’indicateurs de conformité :
80% des programmes et activités prévus est dispensé
Les attentes insatisfaites des éducateurs sont…
Les attentes insatisfaites du GREF sont…
- Comment les bénéficiaires conçoivent le service ?
o
Exemple d’indicateurs de satisfaction :
90% des effectifs de départs sont maintenus
Le taux d’absentéisme reste en dessous de 10%
Les attentes insatisfaites des apprenants sont…
126
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
Au-delà les attentes insatisfaites de la communauté ou les tensions
avec les éducateurs ou les apprenants sont…
Le fait de présenter un dispositif de suivi dans une demande de financement,
contribue également fortement à la crédibiliser.
Traduction pour l’évaluation-capitalisation des actions
Il s’agit à ce niveau de tirer les enseignements plus larges de l’action, en
essayant de dépasser le niveau des produits attendus les plus immédiats.
Tous les indicateurs doivent-être appréciés - pertinence, conformité, processus,
satisfaction – mais il faut en ajouter un autre : les effets sur la communauté, le service
déconcentré ou la commune, voire le national (ministère de l’enseignement ou de
l’action sociale).
Il s’agira de résumer et approfondir les principaux indicateurs de suivi. Ces
derniers étant suffisamment décris, on précisera surtout les indicateurs d’effets cidessous.
Exemple d’effets (pour n’importe quel projet) :
- Quels ont été les effets sur les comportements/perceptions ?
o
Exemple d’indicateurs de comportements/perceptions :
Les éducateurs ont évolué dans leur perception du rapport maîtreélève
Les autorités traditionnelles ont évolué dans leur perception de l’école
Le GREF a évolué dans sa perception…
- Quels ont été les effets sur les pratiques ?
Les éducateurs questionnent les apprenants sur leur réalité et tiennent
mieux compte de celle-ci dans leur pédagogie
Les inspecteurs de l’enseignement questionnent les éducateurs et
tiennent compte de leurs remarques
127
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
- Quels ont été les effets sur les structures de l’enseignement ? sur les normes et
établir les règles ?
Un nouveau décret tenant compte des propositions ou méthodes ?
Une nouvelle demande de la part d’un ministère ?
Le GREF articule mieux ses différentes interventions aux politiques
nationales
…
Pour aller plus loin, voir aussi :
- http://www.isips.be/qualite/expose/img0.html
- http://www.3ct.com/ridf/Methodes/mission%20qualite/pr_mesurer_apprecier_qualite.doc
128
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
Annexe 3 : Carte des cotisants GREF selon les régions
en France
Régions
Bretagne
Aquitaine
Normandie
Pays de loire
Centre
Grenoble
Champagne- ardennes
Auvergne
Lyon
Paca
Languedoc-roussillon
Est
Midi-pyrenées
Ile de France
Nord
Total
nombre adhérents
en 2007
63
61
14
48
19
26
18
13
52
70
34
35
82
94
31
660
montant cotisations
6.180,00 €
6.100,00 €
1.400,00 €
4.740,00 €
1.840,00 €
2.580,00 €
1.740,00 €
1.240,00 €
5.140,00 €
6.640,00 €
3.280,00 €
3.500,00 €
7.900,00 €
9.080,00 €
2.980,00 €
64.340,00 €
129
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
Annexe 4 : Procédure projet-action
Le « projet » se construit à partir d’une idée qui est d’origine
interne, à l’initiative d’un adhérent ou du pôle projets,
ou d’origine externe, à l’initiative d’un partenaire (existant ou
nouveau ; français ou étranger)
ou suite à un appel d’offre ou appel à projet.
La « fiche projets » (modèle ci-joint) est une fiche de liaison, permettant de
suivre l’avancement de l’idée du projet jusqu’à sa conclusion avec la rédaction
du document projet et la signature de la convention. Elle est mise à jour en
permanence sous la responsabilité du pôle projets. En particulier, elle doit
mentionner et actualiser la codification des « domaines » et « géographique »
(définie par la documentation) et la codification « financière » (définie par le
service administratif et financier) au fur et à mesure que les informations
arrivent dans le processus d’élaboration du projet.
Dès qu’un projet est financé il s’appelle « action ».
Le responsable d’action s’entoure d’une équipe élargie constituée en fonction
des compétences exigées par l’action (un fichier des compétences est en
création)
Des groupes de compétences se sont créés (bibliothèque, enseignement
professionnel, action sociale, droits humains, petite enfance, PECO,
Francophonie , …)
130
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
SCHEMA SIMPLIFIE DE LA PROCEDURE PROJET-ACTION
Les flèches indiquent les flux et
supports d’information qui
conditionnent la réalisation des
étapes suivantes des séquences
ère
1 séquence : définition des
objectifs et partenaires
1.1 ouverture de la fiche projet
Fiche projet
1.2 examen par la CdP
2ème séquence : élaboration du
projet
1.3 avis de la CdP
1.4 décision du CA
1.5 codification par PP
Relevé
décision
s
2.1 désignation du porteur projet
2.2 constitution de l’équipe
2.3 négociation partenaires
2.4 compte-rendu avancée
3ème séquence : recherche de
financement et contractualisation
2.5 rédaction document projet
3.1 recherche de financement
2.6 approbation doc. par PP
3.2 concertation avant négociation
2.7 diffusion du doc. projet
3.3 négociation partenariale
3.4 négociation financière avec bailleur
3.5 validation PP / SAF avant signature
Document projet
3.6 négociations finales si nécessaire
3.7 signature des conventions
convention
3.8 diffusion des conventions
3.9 codification financière par SAF
131
1
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
4ème séquence : démarrage de l’action
ENDA Inter-Mondes
Notification
nomination
du RA
4.1 nomination du RA
4.2 constitution de l’équipe élargie
5ème séquence : missions
4.3 concertation RA / DdA /SAF :
analyse convention
programmation de mise en œuvre
mise au point du dispositif de gestion
5.1 rédaction fiche « mission » par RA
5.2 visas et achat billets par RA
5.3 DdA établit les lettres de mission
5.4 SAF effectue l’avance
5.5 RA dirige la mission (gestion des
équipes et des partenaires et
engagement des dépenses
6ème séquence : justification aux bailleurs
6.1 préparation du RETF par RA
5.6 rédaction des compte-rendus
individuel de mission
6.2 analyse du RETF par le secteur du
suivi des actions et par SAF
5.7 RA rend compte de la mission :
régularisation de l’avance et rendu
auprès secteur suivi des actions
6.3 envoi du RETF et mémoire de
remboursement par DdA et SAF
5.8 enregistrement comptable
6.4 suivi de convention par DdA
6.5 suivi des paiements par SAF
6.6 renouvellement de convention
3.1
6.7 clôture de la convention
7ème séquence : suivi et clôture action
7.1 rédaction du rapport annuel par RA
7.2 mise à jour des tableaux de bord
7.3 suivi des objectifs
7.4 notification de clôture d’action
1.1
7.5 archivage
1
132
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
Annexe 5 : Rappel des termes de références (extraits)
1.
Postulats fondateurs dont les évaluateurs apprécieront la pertinence
− Le GREF se refuse à exporter un modèle éducatif mais cherche à intervenir dans les cadres et
selon les modèles éducatifs nationaux.
− La présence du GREF sur le terrain n’est pas permanente et ne se fait que via des missions de
relativement courtes durées. L’objectif est de garantir l’implication des partenaires et de renforcer
leur autonomie et leurs capacités à porter l’action. L’intervention du GREF ne doit en aucun cas se
substituer aux actions des acteurs locaux.
− Les interventions du GREF doivent répondre à un principe de co-formation des acteurs, qui sont
censés restituer et réinvestir leurs acquis au sein de leur communauté.
− L’apport du GREF est essentiellement immatériel et se situe principalement au plan intellectuel.
2.
Questions évaluatives et critères d’évaluation
Par rapport à la stratégie d’intervention et aux actions :
Pertinence : Si de manière formelle les projets GREF prennent en compte les contextes et politiques
éducatives nationales et locales (la décentralisation par exemple concernant le niveau local), qu’en estil dans la réalité de la définition et de la mise en œuvre des interventions ?
La stratégie d’intervention du GREF en Afrique de l’Ouest est-elle pertinente, en particulier par rapport à
la situation éducative dans ces pays ?
Quelle est la pertinence du principe des missions de relativement courte durée des membres du GREF
sur le terrain ?
Cohérence : Quelle adéquation entre les objectifs initiaux et leur réalisation (en dehors du fait que les
actions évoluent en fonction notamment des attentes et besoins des partenaires) ?
Quelle cohérence entre l’action et sa mise en œuvre d’une part, les objectifs et effets d’autre part ?
La stratégie d’intervention du GREF en Afrique de l’Ouest est-elle en cohérence avec les politiques
éducatives nationales et locales au Mali et au Burkina Faso ?
Viabilité et de pérennité : Quelle analyse peut-être faite de la viabilité et de la pérennité des actions
évaluées, et quels besoins de suivi et d’accompagnement complémentaires pour mieux inscrire les
projets dans une perspective de durabilité ? comment aider les partenaires à développer leurs capacités
de financement des actions, au moins les charges récurrentes, de manière à pérenniser ce qui est mis
en place ?
Efficacité :
Les résultats attendus sur le plan éducatif sont-ils atteints ?
A-t-on réussi à l’issue de l’action à consolider les partenaires (associations, communes,
structures éducatives notamment) ?
En quoi les outils pédagogiques produits dans le cadre des actions ont contribués à
l’atteinte des objectifs et sont une réponse adaptée aux besoins des publics destinataires et
utilisateurs ?
Effets : En quoi le GREF favorise-t-il la mise en place de la politique au niveau local (politique éducative
et politique de décentralisation notamment) ? Quels effets induits par les actions sur les structures
éducatives ?
133
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
•
•
Quels effets des actions en terme de promotion de la démocratie, de la citoyenneté ?
Est-ce que les actions favorisent la rencontre entre institutions et société civile, notamment les
associations ?
• Quels changements de comportements des acteurs, qu’il s’agisse des élèves et des autres acteurs
(professionnels de l’éducation, institutions, communes…) ?
Efficience
• Quel est le rapport entre les moyens mobilisés (humains, financiers …) et les résultats obtenus ?
Par rapport au dispositif institutionnel et partenarial :
Pour les actions terminées, les évaluateurs analyseront également la façon dont elles ont été
identifiées, conçues et décidées, et le rôle du GREF et de ses partenaires dans ces processus.
Comparativement, cette analyse sera menée également sur les actions en cours de démarrage
(particulièrement le projet ARBE au Burkina Faso), de façon à alimenter la réflexion sur l’évolution de la
stratégie, de l’organisation et des modalités d’intervention du GREF.
• Identification des partenaires : de quelle manière ont été identifiés les partenaires des actions
évaluées ? comment vérifier qu’un partenaire est fiable ?
• Place des partenaires : quels ont été la place et le rôle des partenaires dans l’identification, la
conception, la mise en œuvre et le suivi des actions évaluées ? comment s’assurer qu’ils sont
décideurs et partie prenante des actions ? comment sont prises en compte les capacités des
partenaires dans le montage et la mise en œuvre de l’action ?
• Les projets sont censés être suivis par un comité de pilotage ou un comité de suivi. Quelle réalité ?
quel rôle et quelle utilité réelle ?
• Comment a fonctionné la communication dans les actions évaluées ?
• Comment améliorer la communication entre les partenaires, au Sud et avec le GREF ?
• Quelles sont les relations du GREF avec d’autres acteurs français ou des réseaux de l’Afrique de
l’Ouest, en lien avec la stratégie d’intervention et ses évolutions ?
Par rapport au GREF :
− Les capacités humaines :
Quelle analyse des modalités de recrutement des adhérents du GREF, des modalités de
constitution et de formation des équipes ?
Savoir, savoir-faire, savoir être des bénévoles : les équipes ont-elles toutes les capacités pour
mener à bien leurs missions ?
Comment les équipes du GREF adaptent-elles leurs connaissances pédagogiques aux
situations et aux contextes locaux (spécificités culturelles, situations économiques et financières
des différents acteurs locaux) ? Est-ce que le tuilage, dont c’est l’un des objectifs, remplit
pleinement cette fonction ? Faut-il renforcer cette dimension et comment ?
− Fonctionnement et organisation :
Est-ce que la nouvelle structuration adoptée par le GREF permet de remédier aux difficultés et
aux limites relevées dans l’analyse des interventions ? Quelles sont les améliorations à
apporter ?
Quels liens entre qualité de l’intervention et organisation interne du GREF (caractérisée par une
gestion de l’association par les bénévoles, des activités de secrétariat jusqu’à celles de
direction) ? Comment l’améliorer encore ?
134
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
Annexe 6 : Budget réalisé
(Euros)
PREVU
DEPENSE
Coût
unitaire
Nombre Total (I) Total (II)
TTC
Honoraires
VARIATIONS
Ecarts
(I-II)
Justifications
Journées supplémentaires
réduites à un jour de plus
495
facturé(*)
Consultant Europe
495
29
14355
14850
Consultant Burkina
300
10
3000
3000
0
Consultant Mali
300
10
3000
3000
0
80
10
800
800
0
80
80
75
10
8
5
800
640
375
800
640
375
0
100
7
700
300
-400
Per diem
Burkina Faso C intern
Burkina Faso
C Local
Mali C Intern
Mali C local
France C Intern.
0
0
Transport
Avion Bxl-Bamako AR
Avion Bxl-Ouaga AR
Train France
Voiture Burkina Faso
Voiture Bamako
900
900
120
95
95
1
1
7
7
5
900
900
840
665
475
200
822,18
837,52
895,1
423,244
305,34
211,32
-77,82
-62,48
55,1
-241,756
-169,66
11,32
Avion Bxl-Bamako AR
600
1
600
771,91
171,91
480
210
300
399
Imprévus transport
TOTAL GENERAL
29030 28640,614
Invitation consultant local
à la restitution provisoire
-270 au GREF
Avion Bxl-Genève
(participation aux JN du
99 GREF à Lamoura)
-389,386
(*) Ne prends pas en compte une dernière restitution élargie prévue après
la fin de la convention, soit le 10 octobre au GREF
Des économies ont pu être faites sur les transports locaux et sur les frais en France
permettant de compenser (en partie seulement) un nombre de jours supplémentaire
135
Evaluation GREF 234 Ev
Totté-Goita
ENDA Inter-Mondes
affecté à la rédaction du rapport essentiellement. Les imprévus ont été utilisés pour
inviter le consultant local à la restitution de juillet avec le GREF.
136