absolumental - les Abattoirs

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absolumental - les Abattoirs
ABSOLUMENTAL
(Version 1)
10 novembre 2006 - 25 février 2007
Exposition conçue à partir
des nouvelles acquisitions
et
de dépôts
du
Fonds National d'Art Contemporain
DOSSIER PEDAGOGIQUE ENSEIGNANTS
SERIE
A LA CROISEE DES CHEMINS
SOMMAIRE:
________________________________________________________________________________
TITRE DE L'EXPOSITION …………………………………………………………………………..……… 1
PREPARATION A LA VISITE DE L'EXPOSITION………………………………………………..………. 2
QUESTIONS POTENTIELLES ………………………………………………………………………..……. 3
NOTICES D'OEUVRES ……………………………………………………………………………….…….. 4
PRESENTATION D'UN ARTISTE: MALAVAL / ART & FICTION ……………………………….…….. 11
PISTES PEDAGOGIQUES
L'OEUVRE COMME DECLENCHEUR D'ECRITURE …………………………………....……. 17
PARCOURS ………………………………………………………………………………………… 19
OUVERTURE CULTURELLE / AUTRES CHAMPS DE REFERENCE
LITTERATURE ……………………………………………………………………………………… 20
ARCHITECTURE ET CINEMA ……………………………………………………………………. 22
PHILOSOPHIE ……………………………………………………………………………….……… 23
SCIENCES ………………………………………………………………………………….……….. 25
REFLEXIONS SUR L'ART CONTEMPORAIN ET A VENIR ………………………….…..…… 27
CHOREGRAPHIE …………………………………………………………….…………………….. 28
BIBLIOGRAPHIE ………………………………………………………………………………….….……… 29
Toutes les œuvres de la Version 2 n’étant pas connues au moment de cette édition,
l’exposition fera l’objet d’un dossier complémentaire
concernant les remaniements apportés
du 16 mars au 3 juin 2007.
E. GOUPY,
Chargée de mission
1-
TITRE DE L'EXPOSITION
Absolumental: Ce néologisme, composé d’absolu (ce qui est total, sans limite: cosmos, infini,
univers, espace / ce qui existe en dehors de toute relation, ≠ relatif) et de mental (activité cérébrale:
qui se fait, qui s'exécute dans l'esprit, qui a rapport aux facultés intellectuelles, au fonctionnement
psychique), semble interroger la posture de l'homme par rapport au réel, plus spécifiquement, celle du
spectateur face à des œuvres contemporaines très récentes (toutes étant postérieures à 2000 –sauf
l'Aliment blanc de Malaval, dans la version 1 de l'exposition-).
Mais suffit-il, pour situer l'homme, de lui accorder cette « différence spécifique » qui le distingue de
tous les autres mammifères: la rationalité ? La fameuse définition que donne de lui Aristote ("l'homme
est un animal doué de raison") lui permet-elle d'appréhender le réel dans toute son étendue?
Et de quel réel parle t-on au sein d'un musée? A quoi sommes-nous confrontés, spécifiquement, dans
ce lieu? Le titre de l'exposition ne serait-il pas paradoxal? Que donnent à voir les œuvres? De quel
absolu est-il question? Plus précisément, que donnent à voir les artistes, sinon leurs propres
projections, représentations, compréhensions ou interrogations relatives à leur perception du monde,
de l'univers? Le spectateur ne serait-il pas alors pris au piège d'une spirale incessante, d'une mise en
abyme étourdissante ? Ne côtoyer qu'une image née de l'image d'une image…pour s'en faire une
image.
Voulant aborder un réel absolu, inaccessible, impensable parfois, l'homme serait-il contraint à ne
s'approcher que de représentations mentales engendrées par d'autres? L'absolu -existant en dehors
de toute relation- ne pourrait alors être perçu que dans la mise en réseau de pensées, d'évocations,
de créations, de mise à distance…
S'éloigner pour mieux s'approcher…
Des œuvres / des spectateurs: comment aborder les enjeux, donc le sens, si ce n'est par nos sens ?
Car, si l'ordre proprement instinctuel, chez l'homme, a progressivement été subverti par la portée
expressive et signifiante qu'il prête à divers phénomènes, au corps et même à la vie organique, c'est
avant tout par la vue, l'ouie et le toucher qu'il percevra, puis recevra les œuvres ici exposées.
Quant à l'absolu, n'omettons pas que sa perception est fatalement réduite car soumise aux
potentialités de nos sens…qui parfois nous trompent…
1
"ABSOLUMENTAL", fait écho aux propos du physicien russe Andrei Linde , théoricien de l’inflation
chaotique de l’univers : "Notre monde en devenant une sorte d’immense cerveau, au lieu d’être
simplement tridimensionnel, s’élargit considérablement. Le monde réel, la conscience, l’illusion
deviennent si intimement entrelacés qu’il devient très difficile de dire qui est qui, qui fait quoi…
Comment distinguer ce qui se passe réellement de ce qui est imaginaire, ce qui est conscient de ce
qui ne l’est pas ? Peut-être parviendrons-nous à une compréhension profonde de tout cela … ".
La visite de l'exposition pourra générer adhésion, complicité, acceptation, émerveillement, agacement,
colère, effroi ou rejet. Tenter d'appréhender la raison de ses réactions permettra sûrement au
spectateur de pointer ce qui fonde et régit ses émotions face au monde.
Les enjeux :
« En fait, cet intérêt croissant pour le mental et le fantasmagorique recoupe des enjeux actuels
cruciaux relatifs à l’évolution de notre rapport au monde. Car si le monde est bien ce que l’on en fait
matériellement et physiquement, il reste au préalable déterminé par nos représentations mentales.
Dès lors la conscience et l’expérimentation du mental en vue d’un renouvellement de nos
représentations et de nos conceptions du monde apparaissent aujourd’hui comme autant d’urgentes
nécessités, aussi bien d’un point de vue artistique que global. La fonction de la représentation
mentale, qui est à l’origine de tout acte artistique, serait aussi et avant tout, le moyen d’assurer la
coexistence de l’individu et de ses mondes» Pascal Pique, Commissaire de l’exposition
1
Voir aussi : « La conscience doit faire partie de l'image du monde ! Et la science n'a même pas encore commencé à travailler
dans cette direction…» Andrei Linde, L'inflation chaotique de l'univers, p.357, in La Complexité, vertiges et promesses : 18
histoires de sciences d'aujourd'hui, entretiens avec Benkirane, Le Pommier/Poche, 2006
Service Educatif du Musée des Abattoirs - 2007
2-
PREPARATION A LA VISITE DE L'EXPOSITION
LE THEME
Le cerveau est sans doute le système le plus complexe et le plus évolué que la nature ait créé.
Siège de nos émotions, de nos réflexions, de notre identité etc. ... Il nous permet de percevoir et de
découvrir le monde qui nous entoure. C’est le quartier général du système nerveux central. Plus de
100 milliards de cellules nerveuses transmettent et reçoivent des messages des différentes parties de
2
l'organisme. Il contrôle toutes nos pensées et la plupart de nos mouvements .
Si bien qu'il est souvent comparé à l'espace -dont il offrirait un modèle réduit.
Cerveau et espace recèlent, en effet, la même part de mystère et de découvertes à venir.
Les œuvres récemment acquises par le musée permettent de découvrir de jeunes artistes travaillant
sur la frontière entre réel et imaginaire.
Elles proposent une réflexion sur l'humanité, sur sa place et son rôle dans l'univers.
LA VISITE : FAVORISER LE QUALITATIF OU LE QUANTITATIF?
Tout le problème, lorsqu'on organise une visite au musée avec des élèves, est d'éviter de les placer
en situation de "lèche-vitrines"; c'est à dire de se contenter de les faire circuler devant les œuvres au
risque d'atteindre une évidente saturation -saturation à laquelle ils parviendront d'autant plus
rapidement si ne leur est assigné qu'un rôle de "récepteurs passifs" d'un discours. Le regard devient
rapidement aveugle s'il a trop d'éléments à appréhender, le cerveau totalement embrumé si quantité
de noms ou d'images le submerge d'un coup.
Se posent alors pour l'enseignant le problème du choix d'un parcours et celui du moment réservé à la
visite. Par rapport au projet mis en œuvre au sein de la classe, quelle place occupe cette confrontation
directe avec l'art? Vient-elle introduire un questionnement? Est-elle réservée à un approfondissement
des questions traitées en classe? Favorise t-elle la reconnaissance d'œuvres entrevues
préalablement grâce à des reprographies? Constitue t-elle le moment privilégié d'une ouverture vers
d'autres questions?
Que vise t-on? Quelles connaissances ou compétences seront sollicitées chez les élèves? Quel travail
devront-ils accomplir sur place? Quelles traces de cette expérience conserveront-ils?
Il est impossible d'effectuer un choix pertinent au sein de l'exposition si ces interrogations n'ont pas
été posées au préalable et si le professeur ne s'est pas lui-même déplacé auparavant.
Ces investigations déterminent :
- l'entrée par laquelle effectuer un parcours
- la sélection des œuvres les plus significatives
- un dispositif concernant la façon dont celles-ci seront abordées.
"Chaque travail est l’occasion de mettre l’élève en relation avec le champ artistique en lui faisant
découvrir des œuvres et des démarches d’artistes contemporains et d’époques passées. Il peut
donner lieu à des rencontres avec des artistes ou à des visites d’expositions, de musées, d’ateliers ou
de collections.
Cette articulation permanente de la pratique avec les œuvres fait progressivement acquérir à chaque
élève une culture artistique.
Parmi les documents utilisés pour donner sens aux travaux des élèves, se trouvent introduites un
certain nombre de références artistiques considérées comme des repères culturels. Il s’agit d’œuvres
significatives, reconnues du point de vue de leur valeur artistique, de l’intérêt et du sens qu’elles
présentent dans les transformations de la pensée et de la société.
3
[…] Le professeur s’attache à privilégier le contact direct avec les œuvres."
2
Voir notamment l'exposition Planète-Cerveau, présentée au Musée de l'Homme (Paris) de septembre 2005 à janvier 2006,
lien Internet: http://www.planete-cerveau.fr/interface.htm
3
e
Extrait des programmes d'Arts plastiques en classe de 6
Service Educatif du Musée des Abattoirs - 2007
3-
QUESTIONS POTENTIELLES (liste non exhaustive):
Dans cette exposition s’entrecroisent des sujets récurrents :
Transdisciplinarité : art / philosophie / sciences / éducation musicale / littérature…
Hybridation des catégories artistiques : dessin, peinture, sculpture, architecture, vidéo,
photographie, image de synthèse, environnement sonore…
Frontière réel/imaginaire : utopie, mythe, fantasmagorie, fiction, rêve
Image mentale : le cerveau humain comme espace de représentation (conscient /
inconscient, constructions idéologiques, objectif / subjectif, déterminé / indéterminé,
savoir / connaissance, connu / méconnu …)
Double/gémellité
Espace : intérieur / extérieur, vivable / invivable
Lieu à investir / lieu représenté, présentation / représentation, place et rôle du
spectateur
Cosmos : les limites de la représentation de l’infini et de l’absolu.
Organique
Ces multiples entrées peuvent engendrer ou prolonger un travail concernant:
Les contrastes
Le motif spiralaire, la rotation
Le fixe/l'animé
L'onirique/le féerique/le spectral
Le naturel/l'artificiel
L'architecture: ses fonctions, ses occupants
La mise en abyme
La muséographie, la mise en scène
La sensation, la perception, la réception
La confrontation dialectique du voir et du savoir
L'absurde…
Certaines œuvres constituent, quant à elles, d'excellents déclencheurs d'écriture.
"Une situation d'apprentissage constitue un contexte d’action, un temps de participation et
d’engagement proposé à l’enfant selon des contraintes précises, qu’elles soient spatiales, temporelles
ou matérielles, pour répondre à une question, atteindre un but ou mener un projet individuel ou
collectif.Une situation peut être un temps de travail individuel sur table, un temps de regroupement
collectif autour des productions, un moment de découverte d’une œuvre dans un musée, un temps
d’expérimentation d’un procédé en petit groupe, etc. Dans leur adéquation et leur complémentarité,
4
ces différents moments forment le dispositif d’apprentissage."
"À tous les niveaux de l’école, l’enseignement des arts plastiques se fonde sur la pratique dans une
relation à la création artistique (œuvres et démarches, connaissances et références).
S’appuyant sur un nombre réduit de notions (espace, lumière, couleur, matière, corps, supports), il
sollicite les capacités d’invention, incite à l’expression personnelle par des approches diversifiées. Il
5
mobilise, chez l’élève, perception et action, dans une relation étroite à la réflexion."
"En classe de 3ème, le professeur doit faire comprendre à l’élève que l’oeuvre ne peut se réduire à
l’image de l’oeuvre. Qu’il s’agisse d’un dessin, d’une estampe, d’une sculpture, d’une peinture, d’une
installation, d’une photographie, de vidéo-art ou d’architecture, l’analyse dépasse le stade de
l’identification des données formelles et iconographiques et n’est pas conduite comme une traduction
verbale de l’oeuvre.
Sur un arrière-plan associant les dimensions esthétiques, sociologiques et historiques, le
6
professeur s’attache à faire comprendre ce qu’est l’analyse plastique d’une oeuvre."
4
Extrait des documents d'accompagnement aux programmes d'Arts Visuels du Primaire
e
Extrait des programmes d'Arts plastiques en classe de 6
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Extrait des programmes d'Arts plastiques en classe de 3
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Service Educatif du Musée des Abattoirs - 2007
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NOTICES D'ŒUVRES: ABSOLUMENTAL Version 1 ( 10 novembre - 25 février 2007)
Franz West
Né en 1947 à Vienne
Vit à Vienne
Agoraphobia, 2005
Oeuvre présentée aux Abattoirs durant le Printemps de septembre 2005, cette
sculpture monumentale montre une sorte d’anneau de Möbius irrégulier dans son
dessin et sa surface, à l'image d'une racine ou d'une ronce géante qui aurait poussé
dans l'espace. L'agoraphobie étant une forme d'étourdissement, Franz West donne
ainsi une réalité concrète à la sensation de vertige par une étonnante excroissance mentale.
Placée sur le parvis, à l'extérieur du bâtiment, elle fait office de signal, d'appel. Symbolisant
les méandres, les paradoxes, les excroissances de la pensée, elle annonce le thème de l'exposition.
Son côté organique évoque autant les circonvolutions du cerveau que celles d'un intestin géant –qui,
fermé sur lui-même ne pourrait rien évacuer. Transit, passage, recyclage: rien ne se perd, tout se
transforme…dans le processus d'un incessant cheminement intérieur.
Stéphane Calais
Né en 1967 à Arras
Vit et travaille à Paris
L’or, le chien, et les oiseaux, 2004-2005
S'il revendique le dessin comme étant à l'origine de tout, de l'œuvre, de l'image, de
l'organisation du monde comme de sa propre pratique, Stéphane Calais fait feu de
tout bois: peinture, sculpture, installation, à l'exclusion cependant de la vidéo. Dans
le paysage artistique, il fait figure de touche-à-tout atypique et fantasque qui surgit là
où on ne l'attend pas. Pour lui, le monde est une "banque", un désordre de signes et d'objets dont il
n'a de cesse d'user et d'abuser. Ses œuvres cristallisent le passage du cerveau à l’image et à l’objet.
Ici, deux chiens chinois semblent garder "le" temple. En effet, l'exposition ne s'offre pas de
suite au regard du visiteur. A l'entrée, un panneau annonçant l'événement soustrait à notre vue le
contenu de la nef centrale. Gardiens? Protecteurs? Un seuil doit être franchi par celui qui veut avoir
accès à la connaissance…
Philippe Decrauzat
Né en 1974
Vit et travaille à Lausanne (Suisse)
Komakino, 2005
Philippe Decrauzat est un jeune artiste qui s’intéresse comme ses
aînés de l’Op’Art des années 60, à l’art optique et à la perception visuelle. Les structures
géométriques sont récurrentes dans ses œuvres que ce soit à travers dessins, peintures ou
sculptures. Fasciné par les formes optiques, il met à mal les repères spatiaux, accentuant les
vibrations jusqu’au vertige. "Komakino" fait référence à une danse japonaise qui provoque un effet
7
d’hypnose chez le spectateur, et à Dream Machine , l’œuvre mythique de William Burroughs et de la
Beat Generation
"Pièce froide, abstraite… Circulez, y a rien à voir!" NON, surtout pas! Restez, imprégnez-vous,
laissez-vous gagner par cette incongruité qui fait que très vite, on ne sait plus discerner la forme du
fond…Ce qui avance de ce qui recule, ce qui est présent de ce qui n'existe que par rémanence
rétinienne. Posez-vous la question de l'emplacement de l'œuvre, de la lumière qui la
baigne…Asseyez-vous, là, sur le banc, juste en face… Passez-y dix minutes: Rythme? Pleins?
Vides? Reliefs? Aplats? Arc de cercles et variations? Champ et hors-champ…. Voyez-vous? Sentezvous? N'êtes-vous pas un peu "déstabilisés"?
7
Voir http://membres.lycos.fr/transition/pages/dreammachine1.htm
Service Educatif du Musée des Abattoirs - 2007
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Bertrand Lamarche
Né en 1964.
Enseignant à l’Ecole des Beaux-Arts de Toulouse.
Vit et travaille à Paris.
The weather House, 2003
Le travail de Bertrand Lamarche consiste en des projets relatifs au
paysage, à l’urbanisme et à l’architecture. Il est basé sur une attention
sensible et critique portée sur certains sites et leur évolution. En découlent des projets qui prennent la
forme d’installations, de maquettes ou de vidéos.
Dans "Weather house", le système est conçu pour créer des ambiances météorologiques
diverses, laissées au choix de pseudo occupants. Son installation simule des phénomènes
atmosphériques: nuages, vent, tornade…l'œil du cyclone est visible sur la vidéo installée à proximité
de la maquette. Architecture utopique ou comble de l'horreur? Quand les humains pourront décider de
tout, y compris de la météo, à quoi pourront-ils encore rêver?
Le film "Le terrain ombelliférique" consiste en la déambulation d’une caméra à travers un jardin virtuel
d’ombellifères géantes. Traité sur un mode fantasmagorique, ce projet induit néanmoins un regard sur
les concepts de jardin public, de parc de loisir, d’espace extérieur et intérieur
Elizabeth Creseveur
Né en 1967 à Paris
Vit et travaille à Paris
Ensemble de 21 maquettes, 1997-2002
Croisant sculpture, vidéo et performance, le travail d’Elizabeth Creseveur conduit le
spectateur à occuper un espace physique différent où les référents sociaux sont
bousculés pour être très vite amenés à retrouver des repères intérieurs et à
réinvestir notre "espace mental". "Mon travail entretient un rapport étroit avec
l’espace, l’architecture, sur laquelle il s’appuie, par la complémentarité, la modification, la
prolongation, l’extension ou la réduction. Aussi, mes installations donnent naissance à des espaces
tangents créant un lien singulier avec le corps " (E. C).
Habitats inhabitables, ou, en cas d'occupation humaine, conduisant irrémédiablement à la
maladie mentale. Dans quelle mesure l'architecture a t-elle des incidences sur notre psychisme? Dans
quelle mesure conditionne t-elle notre corps et notre esprit? C'est ce que tentent de démontrer ces
bricolages. Le manque de "qualités plastiques" souvent reproché à cette œuvre est porteur de sens; il
renvoie à cette question incontournable: en quoi l'architecture qui nous environne n'est-elle pas ellemême du "bricolage"?
Jan Fabre
Né en 1958 à Anvers (Belgique)
Vit à Anvers
Nature morte à Jan Fabre, 2004
Jan Fabre est l’un des artistes belges les plus reconnus
internationalement. Outre ses multiples activités comme metteur en scène, chorégraphe, auteur et
scénographe, Jan Fabre crée en tant qu'artiste plasticien des dessins et des sculptures
8
fantasmatiques souvent inspirés par le monde des insectes . Prolifique et inclassable, Jan Fabre
considère l’activité artistique comme régénératrice, à la croisée de l’organique et du mental, du mort et
du vivant. Sous la forme d’un catafalque volant, Nature morte à Jan Fabre, 2004, il "métaphorise", à
travers les symboles immémoriaux du temps et de l’éternité (scarabée, paon), la résurrection de
l’image dans la jonction du genre humain et de l’absolu.
Cette œuvre peut rappeler Le Petit Prince de Saint-Exupéry: Cela pourrait se traduire par
"Fabrique-moi un paon qui aurait avalé…. une bière". Mais trêve de plaisanterie:
On ne peut ne rester insensible à la splendeur du chatoiement constant sur le plumage du paon et sur
les élytres des insectes, pas plus qu'aux variations colorées perceptibles au moindre déplacement du
spectateur. Reliquaire, préciosité, écrin … Cet autoportrait déguisé (voir le titre) se complait dans la
croyance vaniteuse que l'œuvre peut survivre à l'homme -dont le scarabée est une métaphore.
8
Jan Fabre est le descendant de Jean-Henri Fabre, célèbre entomologiste http://www.e-fabre.com/etexts/souvenirs_entomologiques/scarabee_sacre.htm
Service Educatif du Musée des Abattoirs - 2007
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Difficile de ne pas penser à une inversion du contenant et du contenu: des cadavres recouvrent un
cercueil, l'intérieur (la mort) semble donc avoir été placé à l'extérieur.
Une résonance s'établit avec les architectures impossibles d'E. Creseveur, exposées dans la salle
9
voisine ou avec le projet "corps en transit, container"" de Didier Faustino, 2000 .
Tout cela serait exclusivement morbide? Non, pas forcément: Les transformations et vibrations
colorées vivifient l'assemblage.
De plus, l'envoûtement peut nous ravir, du fil du Styx aux embarcations funéraires de l'Antiquité
égyptienne… sans oublier le final du film Deadman avec Johnny Depp
Et puis, il faut bien le reconnaître, cet objet, né de l'association, de l'hybridation de divers matériaux
revêt une allure bien singulière: ce paon possède des pattes et des ailes drôlement fichées…qui
risquent de ne pas conduire l'embarcation bien loin…L'aviez-vous remarqué?
Par ailleurs, les tréteaux sur lesquels l'ensemble est ancré posent question: ils sont en total décalage
avec la préciosité de ce qu'ils soutiennent.
Angela Bulloch
Née en 1966 à Fort Frances (Canada)
Vit et travaille à Londres
Möbius Night, Sky Model : Mark II, 2003
La sculpture Möbius Night, Sky Model : Mark II, conçue pour
l’exposition Utopia Station (Biennale de Venise 2003), met l’accent sur
l’aspect physique, astronomique et fictionnel des utopies. Angela
Bulloch y évoque, à travers une anomalie géométrique, l’obscurité et le
ciel la nuit. Le "ruban de Möbius", noué en ellipse, symbolise l’infini et
exprime l’idée de l’univers réorganisé ou mis dans un certain ordre. Des diodes lumineuses scintillent
donnant l’apparence des étoiles. Angela Bulloch oriente sa démarche artistique tant vers la perception
sensorielle que mentale des images.
La matière ordinaire du socle sur lequel est installée l'œuvre ne fait que magnifier l'ensemble…Un tout
petit espace pour une image de l'infini: on retrouve là un des questionnements chers à Yves Klein…
Siobhan Hapaska
Née en 1963 à Belfast (Irlande)
Vit et travaille à Londres
When there’s no soil gust underpants, 2004
Montrée pour la première fois en France aux Abattoirs durant le
Printemps de septembre 2004, Siobhan Hapaska a représenté l’Irlande
en 2001 à la Biennale de Venise. Ses sculptures et installations montrent
des objets immaculés aux formes mutantes réalisées en fibre de verre. Le
son et l'image accompagnent souvent ces éléments hybrides, qui suggèrent des sortes d'îles
fantasmagoriques émergeant du désir impatient pour un ailleurs indéterminé. Ses réalisations
récentes jouent de l'opposition entre l'artificiel et le naturel, le réel et l'imitation
La résine lisse et la forme générale de la sculpture rappellent un vaisseau spatial…assez spécial. Le
contraste entre une matière réfléchissante et du tissu (plus précisément des sous-vêtements en
coton) ne signifierait-il pas qu'une enveloppe pure peut cacher des réalités bien moins reluisantes? Ce
fait semble confirmé par le reflet déformé que cette "coque" renvoie du visage du spectateur…
L'art ne façonnerait-il pas lui-même un reflet déformé?
Jérôme Basserode
Né en 1958 à Nice
Vit et travaille à Lyon
Hubble, 2005
Depuis de nombreuses années, Basserode concentre son intérêt sur la mémoire et
le vivant. Il développe actuellement des œuvres tournant autour de la question de
"l’espace nomade", cherchant à retrouver certains mécanismes moteurs de la
9
Cf. http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-ARTS-ET-DESIGN/ENS-arts-et-design.htm#faustino
Service Educatif du Musée des Abattoirs - 2007
7-
pensée humaine à travers le temps. L’espace d’aujourd’hui ne peut être appréhendé qu’à l’échelle du
cosmos. Mais cette révolution des idées doit faire appel à l’empirisme et à l’imaginaire pour de
nouvelles constructions mentales. Les œuvres de Basserode sont, de fait, des métaphores d’un autre
espace mental.
Hubble est le nom du célèbre télescope envoyé dans l'espace en 1990 pour étudier l'univers. .
Quand l'infiniment grand devient, comme l'infiniment petit, objet d'étude, parcellisé, mis sous lamelles
de micro/macroscope … On en voit des tranches, à l'instar des côtes du géant autour duquel nous
nous mouvons.
A la fois squelette de baleine, spirale, trou noir ou architecture, cette installation exhibe des images du
cosmos. Elle établit une passerelle entre temps et espace: la suspension des "œufs/planètes" nous
immerge dans un arrêt sur image…
Avec cette œuvre, le spectateur ne peut que jouer et être joué: question des proportions, de l'échelle,
du symbolisme de l'animal (pensez à Jonas ou à Pinocchio) des questions gigognes posées par les
enfants ("et plus grand que l'appartement, c'est quoi? c'est l'immeuble… Et après, y a quoi? Le
quartier"…et ainsi de suite jusqu'à épuisement des ressources savantes de l'adulte!)…
Rappel des abris préhistoriques et des arcs-diaphragmes soutenant la halle centrale du musée, une
fois de plus, nos repères sont mis à mal: dedans/dehors, immensité/miniaturisation,
mobilité/immobilité…
Grout/Mazéas
Sylvain Grout et Yann Mazéas
Nés en 1971 à Bordeaux et en 1969 à Casablanca
Vivent à Montpellier
Sans titre (mobilier baveux), 2001
Sylvain Grout et Yann Mazéas travaillent en duo depuis leur sortie de l’Ecole des
Beaux-Arts de Montpellier. Leur travail a été présenté au Centre d’art Cimaise &
Portique à Albi, à Fiac (Tarn), au BBB (Toulouse) et au Château de Taurines (Aveyron) en 2005.
Derrière les apparences factices de décor et le rapport manifeste au Cinéma (David Cronenberg,
Stanley Kubrick, Ridley Scott…,The fly, Shining, Alien…), Grout/Mazéas réaffirment que l’art est aussi
question de point de vue et de position critique. Leurs œuvres se développent autour des relations
ambiguës entre le réel, l’imaginaire, le fantasme. Leurs installations sont "une entreprise de
contamination, d’hybridation de la réalité et de la fiction", révélant "un aspect du processus de l’image:
la cristallisation fluide du mental et du monde" (P.Pique)
Ici aussi, tout est fait pour surprendre: les inversions dessus/dessous, sol/plafond, les
contrastes pesanteur/apesanteur…
Son évolution ininterrompue place cette installation dans la catégorie qu'Umberto Eco nomme
"l'œuvre ouverte": au fil du temps, l'œuvre évolue: le sirop de glucose s'écoulant au ralenti forme des
fils, agglomérations, tas, reflets, transparences, opacités, translucidités qui recouvrent
progressivement l'ensemble… Jamais un spectateur revenant au fil des jours ne pourra tout à fait voir
la même chose.
Issue d'un univers fantastique qui lie l'animé à l'inanimé, cette œuvre ne manquera pas de susciter
moult rêveries et récits fictionnels.
Fabien Verschaere
Né en 1975 à Vincennes
Vit et travaille à Paris
Black clown and mystery, 2004
Un univers peuplé, coloré, mi-peinture, mi-sculpture, conjuguant à la fois le
ludique et le macabre, des figures archétypales (clowns, diables…), des
machines à "machiner", à copuler, à enfanter. Les installations de Fabien
Verschaere grouillent comme la création humaine, dans une imagerie toute
médiévale, convoquant la bande dessinée, l’inconscient et finalement la
psychanalyse.
Cette sculpture rassemble deux archétypes: le clown/le diable. Comme dans
Service Educatif du Musée des Abattoirs - 2007
8-
10
les photographies de Cindy Sherman , le clown prend ici figure inquiétante, étrange. Mutant, entre
l'homme et le végétal, le vif et l'obscur, le grotesque et le sévère, il semble surveiller tous les cerveaux
exposés à ses pieds, y compris le nôtre…
Myriam Méchita
Née en 1974 à Strasbourg
Vit et travaille à Paris et Kertzfeld
La symétrie du savoir ou l’œuvre révélée, 2005
De prime abord, nous sommes séduits par le scintillement des sculptures de Myriam
Mechita, paillettes, perles, matière polie, brillante, enchantent notre première vision.
L’œuvre est esthétique. Dans un temps second, nous découvrons ce que cache cette
attirance plastique : des animaux décapités, pendus, figés dans la mort, ici des chevreuils. Visions
moyen-âgeuses de trophées, de gibier exposé au regard des chalands ! L’angoisse sourd, profonde,
maintenant le spectateur sur une frontière fluctuante, entre séduction et répulsion. L’œuvre de Myriam
Mechita est profondément métaphysique.
Elle prend sa place tout naturellement au regard de l'histoire du bâtiment: la halle, du temps
des abattoirs municipaux, était le lieu où les carcasses des animaux se trouvaient suspendues…
Cette double pendaison fait écho aux "deux gardiens" de Stéphane Calais installés à l'opposé: les
chiens chinois nous conviaient à entrer…Les deux chevreuils seraient-ils les gardiens d'un nouveau
seuil à franchir?
Delphine Gigoux-Martin
Née en 1972 à
Vit et travaille à Durtol (63)
Don’t believe in Christmas, 2002
Delphine Gigoux-Martin a, par deux fois, été invitée à présenter ses installations en
Midi-Pyrénées, en 2005 à Fiac dans le Tarn (exposition + si affinité) et durant l’été
2006 au Château de Taurines dans l’Aveyron. Le dessin est un élément primordial
dans les installations de D. Gigoux-Martin, animé, en mouvement, il est projeté directement sur les
murs. L’acteur principal en est l’animal, qu’il soit tracé ou bien réel, à travers la naturalisation, le
déchet et la cuisine. Les sensations visuelles, odoriférantes, gustatives y forment un tout revendiqué
par l’artiste. L’univers de l’artiste est poétique, sensoriel, il est profondément mental, nous renvoyant à
des questions fondamentales : le plaisir, la vie, la mort.
Le travail de Delphine Gigoux-Martin joue à la fois de l’étrange et du familier. Il met en scène les
paradoxes et les tensions produites par le rapport ambigu que nous entretenons à l’idée de nature.
"Ne croyez pas au Père Noël" nous intime le titre…Pourtant, le dispositif mis en place nous
confronte à un univers apparemment magique, enfantin, poétique, jouant d'ombre et de lumière,
d'absence et de présence, avec chute de neige intermittente…. Cependant, à y regarder de plus prêt,
les pattes du cheval constituent un signal mettant notre esprit en alerte: que font-elles là, isolées du
corps de l'animal? Pourquoi sont-elle positionnées dans l'attitude de la marche? Et quand la neige
"fond", n'est-il pas quelque peu répugnant le spectacle auquel l'artiste nous confronte?
"J'avais accoutumé de mordre à même les victuailles, les portant à ma bouche avec mes
doigts, et ces légères fourchettes de métal ou d'os ciselé, ces couteaux dont ils usaient pour hacher
les viandes, m'étaient à manier plus lourds que les plus pesantes armes de combat". A.Gide, Thésée
Robert Malaval
Né en 1937 à Nice, décédé à Créteil en 1980
L’aliment blanc (le siège écartelé), 1963
Créateur d'une véritable version française du pop art, Robert Malaval est
l'un des rares artistes des années 1960-1970 à avoir intégré la culture
rock dans son travail. La science-fiction, qui le fascine, traverse tout son
oeuvre, des premiers Aliments Blancs de 1961 jusqu'aux Pastels Vortex
10
Cf. Exposition de Cindy Sherman, automne 2000, Galerie du Château d'Eau (Toulouse)
Service Educatif du Musée des Abattoirs - 2007
9-
de 1978. « Dans les titres que Malaval donne à ses reliefs et sculptures-objets, il y a, assez souvent,
des indications qui peuvent venir orienter les bribes de récits que nous nous racontons. L'Aliment
blanc parfois habite quelque part. Il se fabrique un "nid". Il a diverses "façons d'être" et Malaval est en
quelque sorte le zoologue de l'aliment blanc, peut-être son psychologue ou son ethnologue. » Gilbert
Lascault, Malaval, Art Press & Flammarion, Paris, 1984.
Yazid Oulab
Né en 1958 en Algérie
Vit et travaille à Marseille
Percussion graphique, 2004
Yazid Oulab travaille la question de l’écriture et du sens de sa représentation dans un
dessin qui rejoint à la fois l’écriture automatique des surréalistes mais aussi la violence
de la griffure. Dans la vidéo "percussion graphique", l’exaspération du geste est
appuyée par une incantation sacrée qui rythme et souligne le mouvement jusqu’à l’affolement et à la
déchirure du support.
" Lorsque l'on crée une oeuvre sans y mettre l'aspect vibratoire, musical, elle est éteinte, elle
n'a aucune vie. Le souffle, la vibration, c'est la vie. "dit-il.
Recherche du souffle vital, de la vibration, celle par laquelle tout être, toute chose existe,
grandit, puis se fond. Répéter un geste à l'infini…jusqu'à la destruction… Annuler en ayant visé son
contraire: tel n'est-il pas le parcours de toute vie –vouée à l'éphémère?
Daniel Schlier
Né en 1960 à Dannemarie, France
Vit à Strasbourg
Présentée au Réfectoire des Jacobins durant le Printemps de septembre
2005, la peinture de Daniel Schlier est sans doute l'une des plus
étonnantes qu'il soit donné de voir en ce moment. Jouant du réel et de
l'imaginaire, de l'outrance et de la bizarrerie, de la séduction et de
l'étrange, mais aussi de la répulsion et de l'angoisse, cet artiste produit de pures images mentales,
des visions composites issues d'une mise en scène de fantasmes
Tout d'abord, il s'agit de peinture sur verre: c'est dire si le processus lié à l'acte de peindre est
totalement inversé puisque les premières couches ne constitueront pas le fond, mais le premier plan
de l'image…Ensuite, la figure humaine, omniprésente, est systématiquement confrontée à un élément
perturbateur: la composition des tableaux de Daniel Schlier présente souvent un personnage central
et un objet sur un fond uni. La source iconographique de ses oeuvres pourrait bien se situer dans les
peintures et gravures des maîtres rhénans du Moyen-Age tels que Holbein, Grünewald, Baldung
Grien qui associèrent si intensément le sensuel et le macabre.
Mounir Fatmi
Né en 1970 à Tanger
Vit et travaille entre Paris et Tanger
Tête dure, 2005
Jeune artiste marocain, vivant entre Paris et Tanger, Mounir Fatmir a participé en
2004 à l’exposition Africa remix à Paris (Centre Georges Pompidou) Londres …, de
même qu’à plusieurs expositions en Midi-Pyrénées (AFIAC 2001, Centre d’art de
Castres, Centre d’art le Parvis. Investi dans différents médias (dessin, peinture, sculpture, vidéo,
installation), il écrit aussi des "manifestes", des phrases-slogans : "la seule opération gratuite, c’est le
lavage de cerveau" ou "de l’exil, j’ai fabriqué des lunettes pour voir". Ses œuvres sont travaillées par
la politique, elles sont critiques et radicales tout en étant ironiques, décalées et esthétiques. Le dessin
Tête dure, jouant de symboles communs, met en avant un regard critique sur les rapports entre
culture orientale et occidentale, les idéologies qui les constituent, les liens et les ruptures.
C'est aussi une représentation paradoxale, présentant un crâne (tête de mort) muni de son
cerveau… Est-ce à dire que les activités intellectuelles engendrées par un cerveau survivent? Ne
commence t-on pas, ici, à pénétrer dans l'univers des croyances? N'est-il pas fondé de constater que
les œuvres –de quelque nature qu'elles soient- survivent à leur auteur?
Service Educatif du Musée des Abattoirs - 2007
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Bruno Peinado
Né en 1970 à Montpellier
Vit et travaille à Douarnenez et à New York
Sans titre, 2003
Bruno Peinado fait subir aux signes, aux objets, aux images des
altérations imperceptibles, les détournant ainsi de leur signification ou de
leur fonction première. Peinado brouille les pistes, adjoint d’autres niveaux
de lecture. Son travail reste en perpétuel mouvement, relevant du bric-à-brac, de la "poétique de
chaos", de la démesure et aussi du métissage qu’il revendique, à son image. La sculpture - cerveau
qui devient un casque reflète parfaitement l’état d’esprit de l’artiste et les multiples références qu’il met
en œuvre. Elle est aussi symptomatique des difficultés à cerner notre univers mental prolifique
Cette sculpture en céramique, présentée sous verre, où le cerveau devient le casque qui
devrait le protéger, peut se lire comme une métaphore des pouvoirs de l'intelligence. Il s'agit d'une
vision fantaisiste, inversant les rôles, utilisant la figure du contre-emploi et posant le problème du "prêt
à porter /prêt à penser".
John Isaacs
Né en 1968 à Lancaster (GB)
Vit et travaille en Angleterre
Utopia, 2001
Jeune artiste britannique, John Isaacs propose une œuvre éclectique incluant
sculptures, photographies, vidéos… A travers des expériences surprenantes :
évaluation du nouveau millénaire sur le règne animal, expériences anatomiques
violentes, John Isaacs met en scène l’absurde, le grotesque, l’humour noir, il fait
appel à l’émotionnel, à la répulsion. Il porte une réflexion sur la globalisation du
monde, en nous en dévoilant sa vision, son refus de ce qu’il nomme le "fondamentalisme intellectuel".
Voici un cerveau bien étrange. Installé sur un tabouret, vu de derrière, il ressemble à un
cochon !
Mais ce n'est pas tout: il fait des bulles! Un cerveau "qui bulle"? Depuis quand cela est-il permis?
Quel fainéant! Il faut dire que la matière dont il est constitué semble lui avoir donné bien du souci: tous
ces médias ingurgités ont conduit à un bourrage de crâne provoquant bouillonnement et débordement
de matière…rosâtre (tiens, comme la sculpture de Franz West!)…
Et puis, le côté "cerveau désincarné" qui continuerait ses activités en dehors de toute enveloppe
charnelle, ça véhicule un petit côté science fiction terrifiant: un super méta cerveau qui régirait tout (y
compris la vie des humains qui ne pourraient plus lutter contre son impérialisme) à l'instar de l'histoire
contenue dans Solaris (Stanislas Lem, roman poche). …
Les bulles seraient-elles la métaphore d'une pensée enfin libérée?
Peter Kogler
Né en 1959 à Innsbruck, Autriche
Vit et travaille à Vienne, Autriche
Depuis le début des années 1990, Peter Kogler déploie ses motifs
modulaires et en forme de rhizomes sur des ensembles architecturaux à
l’extérieur comme à l’intérieur, sous forme de peinture, de papiers
sérigraphiés ou de projections. Fourmis, tuyaux ou cerveaux font partie
de son vocabulaire. Produits par des ordinateurs, ils s’entrelacent et se
répètent à l’infini à l’image d’un réseau organique ou électronique. Invité dans le cadre du Printemps
de septembre 2006, Peter Kogler est intervenu sur le tablier du Pont Neuf au dessus de la Garonne
Initialement présenté dans une gare, cette œuvre nous parle de réseaux, de mutation, de
parcours. Baignant la grande salle du sous-sol d'une lumière rouge, elle semble occuper l'espace,
bien que n'étant qu'une projection sur cinq plans. Très peu osent entrer dans ce vide ainsi saturé de
lumière. Est-ce la monumentalité qui nous soustrait au jeu habituel des ombres portées? Est-ce la
taille des fourmis (à échelle humaine) qui se déplacent de plus en plus nombreuses dans ce maillage
organique?
L'artiste interroge les rapports son/image, le contexte de la diffusion (durée, lieu) et le rapport
à "l'audio spectateur". A l'idée de la prolifération, succède celle de l'événement sonore s'emparant de
l'espace pour le remodeler.
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PRESENTATION D'UN ARTISTE: MALAVAL / ART & FICTION
Ouvrir ce visuel à partir du site de la collection :
http://navigart.lesabattoirs.org/mediaToulouse/plein/3K/01/3K01593.JPG
Robert Malaval
Nice (Alpes-Maritimes), 1937 - Paris, 1980
L'aliment blanc (le siège écartelé)
1963
2 éléments
Sculpture-objet
Aliment blanc, fauteuil
98,5 x 108 x 70 cm
Appendice : 29 x 70 x 26 cm
S.D.T.R.(revers du dossier du fauteuil) : malaval 1963 l'aliment Blanc (le siège écartelé)
Achat à Dado (Chaumont-en-Vexin) en 2003
les Abattoirs, Toulouse
Inv. : 2003.1.6
Service Educatif du Musée des Abattoirs - 2007
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Présentée au palais de Tokyo (à Paris, en 2005/06), la série l'Aliment Blanc se prête à de multiples
interprétations:
matérialisation des angoisses profondes de l'artiste,
expression de son inquiétude concernant la maladie qui l'atteint,
mise en forme de l'envahissement qu'il ressent physiquement,
concrétisation de ses fantasmes hallucinatoires,
germination organique issue des univers mutants de la science-fiction
métaphore plastique inventée pour donner forme à sa conception du monde contemporain…
Pour Malaval, cette matière exprime parfaitement le bouillonnement intérieur de ses sentiments et
représente le meilleur moyen de le rendre visible, d'en faire partager le poids et de tenter de s'en
libérer. Un immense travail va l'occuper cinq années durant.
Issu d'un croisement d'expériences allant de l'observation du comportement des vers à soie -qu'il
élève lui-même, à l'utilisation des techniques des carnavaliers niçois, l'Aliment Blanc va donner forme
à une vaste série d'œuvres qui brassent les nombreuses problématiques animant l'artiste à cette
période de sa vie.
Commence alors une grande période d'appropriation du monde et d'expression du désir de le modifier
à sa guise, en directe affinité avec ses fantasmes et ses craintes.
Création d'objets énigmatiques dévorés par cette nouvelle matière vivante qui touche ou recouvre à
cette période toutes les œuvres de l'artiste.
L'Aliment Blanc devient "cultivable" lorsqu'il utilise la cire de bougie, dévorant lorsqu'il ronge les corps,
enflé quand il déforme démesurément un canapé, organique quand il vit sous une forme larvaire,
mécanique quand il s'immisce dans les engrenages d'une machine.
On observe parfois (cette fois en chimiste) une "cristallisation" d'aliment blanc et l'on note son
"développement exceptionnel". Ce qui semble indiquer qu'il y a un développement normal, une
croissance ordinaire de l'aliment blanc. Il arrive à Malaval de désigner quelque chose comme "le
véritable aliment blanc". Cela laisserait supposer qu'il existe aussi des aliments blancs factices et
trompeurs, des simulacres d'aliments blancs. Certains aliments blancs (la plupart sans doute) ne
conviennent qu'à des sédentaires et parasitent leurs meubles et immeubles.
Mais il existe des "aliments blancs de voyage"…Tous les aliments blancs ne sont pas de même
nature. On rencontre parfois des "spécimens rarissimes". Ils sont souvent calmes, presque immobiles
en apparence, d'une tranquillité trompeuse. Mais ils peuvent aussi montrer une "agitation patibulaire".
Ils peuvent prendre diverses formes, parfois celle d'une fleur et s'épanouir.
Ils s'attaquent au temps pour le perturber, pour le rendre "déliquescent".
Ils gargouillent. Ils "boubouillent".
"Hiératique et filandreux", l'aliment blanc parfois est simultanément du côté du sacré et de celui des
mauvaises nourritures. Il se transforme, être d'une autre planète, peut-être "mutant".
Étrange instrument de torture, il écartèle les sièges. Fétichiste peut-être, il aime les chaussures et s'y
installe. Etre religieux, il occupe parfois les "prie-Dieu"...
Les dessins le montrent en pleine expansion monumentale dans les projets d'aménagement du parc
de Saint-Cloud, dans les rues envahies de mousse d'un hypothétique Carnaval de Nice ou sur les
croquis en coupe d'encéphales mutants imaginés par l'artiste.
L'exposition du Palais de Tokyo donnait une large place à un ensemble exceptionnel d'Aliments
Blancs réunis pour l'occasion. Plus de quarante ans après sa toute première exposition, l'Aliment
Blanc retrouvait une actualité et engendrait un nouveau regard pour tracer le portait d'un Malaval
inventeur.
Artiste météore, Robert Malaval a fait de sa vie un cocktail mouvementé et intempestif. Toujours en
recherche, refusant d’être figé dans une posture et curieux de tout, Malaval luttait contre l’ennui à
grands coups d’élans créateurs.
11
La chronologie ci-après retrace les étapes majeures de cette destinée.
11
Extraits du site: http://palaisdetokyo.com/robertmalaval/
Service Educatif du Musée des Abattoirs - 2007
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Ponctuée des commentaires a posteriori de l’artiste, elle révèle un parcours sans balise, tourné vers le
futur le plus extrême et se refusant à tout compromis.
29 juillet 1937 : Naissance à Nice.
1953 : Premières pratiques artistiques au contact d’un ami amateur.
1958-1960 : Vit à la campagne dans les Basses-Alpes non pour des raisons idéologiques (« le retour
à la terre, […] je n’avais aucune théorie là-dessus » ) mais parce qu’il avait « besoin d’espace »,
«envie de soleil » et n’avait « pas assez de fric pour vivre à Paris ».
Robert Malaval reçoit la visite de Louis Pons, artiste et d’André Labarthe, critique de cinéma.
1961-1965 : Recherches sur l’Aliment Blanc à Vence, invité et rémunéré par le marchand Alphonse
Chave et, à Paris, à la galerie Raymond Cordier.
1962-1966 : Expositions l'Aliment Blanc, sculptures & dessins, Vence.
Exposition de 15 dessins pour la remise à jour du Parc de Saint-Cloud, galerie Yvon Lambert, Paris.
« Mon obsession était le grouillement, l’envahissement. […] Ce qui m’a rendu moins névrosé, c’est
justement d’avoir fait l’Aliment Blanc, c’était pour moi une cure. »
1967-1969 : Série Rose-Blanc-Mauve (moulages de corps ; acryliques sur toile).
1967 : Exposition Tableaux (rose et mauve), galerie Yvon Lambert, Paris.
1969 : Cent demi-heures de dessin quotidien.
« Et puis à un moment, j’en ai eu marre de faire de la peinture, j’ai décidé que je ne serai plus peintre
et je me suis arrêté de peindre pendant trois-quatre ans. »
1970-1973 : Réalise un livre sur les Rolling Stones mais ne trouve pas d’éditeur.
1971 : Exposition Transat-Marine-Campagne Rock'n'roll & 100 demi-heures de dessin quotidien,
Centre national d'art contemporain, Paris.
1971 : Exposition Robert Malaval, l'Aliment Blanc, galerie Daniel Gervis, Paris.
1972 : Exposition Été pourri peinture fraîche, galerie Daniel Gervis, Paris.
Participation avec l’architecte Claude Bernard au concours Evry 2 ville nouvelle.
1973 : Exposition Multicolor, galerie Daniel Gervis, Paris.
« Dans mon exposition Multicolor, j’ai commencé à utiliser des paillettes […] le matériau me fascinait.»
1974 : Exposition Poussière d'étoiles, galerie Sapone, Nice.
« J’en avais assez de peindre comme un guitariste qui joue de la guitare sèche ; à un moment, on en
a assez du son qui est toujours le même, on a envie de faire mousser un petit peu tout ça et c’est ce
qui s’est produit un peu avec la paillette. […] Tout à coup c’est comme la photo qui se révèle, c’est un
acte d’agression et de violence totale, c’est un coup de poing. »
Exposition Rolling Stones Rock Prints, (sérigraphies), galerie Shandar, Paris.
« Toute ma vie se passe à suivre mes fascinations. »
Projet d’environnement visuel et sonore pour le parvis de la Défense.
1975-1977 : Série Kamikaze fin du monde à partir d’une édition de sérigraphie sur tee-shirt et de
tableaux.
1976 : Intensification de l’activité d’écriture.
1977 : Exposition De Multicolor à Kamikaze, galerie Beaubourg, Paris.
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1978-1979 : Vit à Carrières sur Seine avec des amis musiciens.
Réalise la série Pastel Vortex.
« Pastel Vortex était un véritable tourbillon [qui traitait] du passage d’une dimension à une autre. […]
Toute ma vie j’ai été obsédé par cette idée de science-fiction, de passer d’une réalité à une autre. Je
crois que la réalité est une trame qu’on peut, d’une certaine manière, transgresser, trafiquer. »
1979 : Continue ses expériences sur le son et l’environnement à travers Environnement : Salle Marine
pour l’inauguration du Forum des Halles, Light-Show au Claridge, enregistrement de groupes de rock.
1980 : Exposition Attention à la peinture, exposition-performance à la Maison des arts et de la culture
de Créteil.
« Ici, je veux que mon travail ait un aspect très rapide, le public pour moi n’est pas indispensable mais
il ne me gêne pas. Mais puisque mon travail est rapide et spectaculaire aussi, autant le donner à
voir.»
8 ou 9 août 1980 : Plonge dans le gouffre de la mort volontaire sur la musique de Richard Hell.
« Quitte à finir, au moins finir en beauté »
de 1981à nos jours : Expositions diverses
Pistes:
Prolifération / Expansion
Organique
Objets inutilisables / Détournement
Ressemblance, écart, expression
Mise en scène
Fiction
Association/confrontation de matériaux
Utiliser un matériau, une couleur, un processus germinatoire exponentiel au travers duquel tout est
réinterprété et qui risque de nous engloutir.
Extraits des programmes d'Arts visuels (primaire) et d'Arts plastiques (secondaire)
Maternelle
Le regard et le geste
Objectifs
"L'école maternelle installe et développe chez l'enfant une pratique créative à partir de situations qui
sollicitent son imagination, l'amènent à exercer sa capacité d'invention, à enrichir ses formes
d'expression.
Dans les activités proposées, l'enfant explore et exerce différents langages plastiques (dessin,
peinture, collage, fabrication d'objets et d'images...). Le plaisir de la découverte constitue quelquefois
la seule motivation et conduit à la possibilité de tracer, de dessiner, de jouer avec des matières, d'en
découvrir les caractéristiques et les qualités et d'en tirer parti. Les situations mises en place visent à
faire acquérir des compétences fondamentales : ajuster ses gestes en fonction d'une intention,
percevoir et reconnaître les effets plastiques obtenus, modifier et affiner son action. Ainsi l'enfant
acquiert progressivement une palette de savoirs et de savoir-faire élaborée dans le va-et-vient
dynamique entre jeu et effort, liberté et contrainte."
Cycle 2:
Compositions plastiques
"Si l'école maternelle a donné à l'enfant l'occasion de jouer avec des objets et des formes et lui a
permis de découvrir qu'on pouvait les détourner, les activités du cycle 2 l'incitent à transformer avec
une intention de plus en plus explicite une chose en une autre : déstructurer des objets, reprendre des
formes connues et les agencer, isoler un fragment et associer des éléments d'origines différentes en
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variant les moyens d'assemblage. Les ressources et les objets de l'environnement sont reconnus
comme des réservoirs de matières et de formes sur lesquelles l'élève peut intervenir (réemploi,
recyclage, montage, collage, assemblage, agencement, installation...)"
Cycle 3:
Des caractéristiques d'un volume à son organisation spatiale
"Les activités d'assemblage, de sculpture, de maquette invitent l'élève à transformer, juxtaposer et
associer des matériaux divers dont les qualités plastiques et expressives sont mises au service de la
recherche d'effets progressivement maîtrisés. […]. Il s'agit principalement, pour l'élève, de manipuler,
de fabriquer, de construire. Des relations plastiques s'instaurent entre les parties de matérialité
différentes : jeux de superposition, contrastes de matières, répartition de pleins et de vides, etc. Ces
relations internes à la composition génèrent des effets, ménagent des apparences qui produisent du
sens. L'élève est conduit à mieux évaluer ces effets en fonction de ses intentions initiales, à reprendre
éventuellement son projet ou à réinvestir dans d'autres réalisations ce qu'il a observé et compris.
Les travaux réalisés conduisent l'élève à dégager progressivement la notion de structure par
opposition à celle d'habillage.
La présentation de son travail, sa valorisation, sa mise en scène et son inscription dans un lieu sont
également des aspects de la production qui sont abordés. Il prend en charge l'installation ou
l'accrochage de son travail dans le cadre d'expositions organisées par la classe, à l'école ou dans un
autre lieu."
Sixième:
Programme
"Les élèves de sixième marquent un réel intérêt pour la représentation et la narration, ainsi que pour
les petites fabrications qui sont pour eux des moyens d'appréhension et de compréhension du monde,
en même temps que des sources de satisfaction. En s'appuyant sur cette motivation, le professeur,
attentif aux cheminements de chacun, apporte progressivement les connaissances propres à
introduire les questions spécifiques relevant de ces modalités d'expression. Ainsi il prévient le
caractère répétitif des réponses et des productions des élèves et évite leur fixation en stéréotypes.
L'enseignement des arts plastiques s'inscrit dans une perspective de progression par
approfondissement. Ce travail se fait dans une relation permanente avec les oeuvres et les références
artistiques"
Cycle central
Les acquis en fin de cycle
Au cours des deux années de cinquième et quatrième :
l’élève a pratiqué en deux dimensions et en trois dimensions, il a eu recours à des matériaux
différents, il a pratiqué dans des formats et sur des supports variés ;
il a développé ses compétences dans l’observation et l’analyse du réel et des oeuvres : il s’y
intéresse, sait exprimer oralement les grandes caractéristiques de ce qu’il voit et regarde ;
il a affiné son attitude de questionnement et il commence à savoir situer ce qu’il voit et
amorcer une critique ;
il a acquis des références artistiques et connaît des oeuvres et des artistes significatifs dont il
sait l’intérêt dans l’histoire de l’évolution de la pensée et de la société ;
Troisième:
Savoir-faire, gestes, opérations techniques
Au cours de la classe de 3ème, il s’agit pour lui, dans l’élaboration et la conduite de son projet,
d’en choisir les moyens en fonction de ses intentions
Il s’agit de
savoir reconnaître et utiliser des opérations dans le travail en volume : emboîtement, évidement,
liaison, juxtaposition, assemblage, façonnage, modelage
savoir intervenir sur la surface d’un volume,
savoir installer un volume dans un lieu."
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Quelques références artistiques en relation:
Surréalisme
Michel BLAZY, Post Patman, exposition Non-M, nouvelles du monde renversé, au Palais
de Tokyo (février/mai 2007)
Bruno PELLASSY
CESAR, les expansions
Beate HONSELL-WEISS «Univers et lieux» installations in situ aux Ecuries du Palais des
Evêques et au cloître de Saint-Lizier (8 juillet au 30 septembre 2006)
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PISTES PEDAGOGIQUES:
L'OEUVRE COMME DECLENCHEUR D'ECRITURE:
Imaginons que personne n'a encore vu les œuvres exposées…
Imaginons qu'un jour, en classe, une image (reproduisant un détail) sera distribuée aux élèves:
Quel parti en tirer?
Dire ce qu'on voit, ce qu'on sent, ce qu'on pense…
Décrire donc…mais, la chose ne sera pas forcément aisée… Formuler des hypothèses peut s'avérer
beaucoup plus excitant…
Inventer une histoire, écrire un texte à partir de cette incitation visuelle…Mettre en place des jeux de
rôles: le témoin, le journaliste. "Imaginer ce qui a bien pu se passer…"
© Evelyne GOUPY, 2006
L'expérience –très brève-, menée sur des adultes, donne des résultats suffisamment convaincants
pour ôter toute inquiétude quant à l'éveil de l'imaginaire d'élèves de primaire ou de collège:
"Besoin d'une éponge pour essuyer la soupe chinoise renversée sur la nappe? …" Françoise D.
"Il est grand temps de faire installer le chauffage chez toi. !!!....Sinon achète des patins à glace !"
Christian C.
"Je ne sais vraiment pas à quoi cela ressemble sinon à une grosse méduse étalée sur le tapis ancien
de Tante Hortense. Cette dernière va encore râler –évidemment! - sur les enfants qui ne savent pas
se tenir !!! Quelle idée d'amener son animal domestique en visite chez sa grand- tante quand on vient
souhaiter ses vœux !!!" Après une nuit de réflexion:
"A la vue du mobilier nous sommes bien chez Tante Hortense, là pas de doute...
Maintenant plusieurs autres hypothèses :
- Soit de rage, LA Tante s'est liquéfiée et répandue dans son salon...
- Soit nous sommes en présence de "choses" venues d'une autre planète, mais avec des idées
pareilles, je dois arrêter de regarder des films de Science-fiction avec mes enfants !
Service Educatif du Musée des Abattoirs - 2007
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-
Soit la tentative d'utilisation de l'extincteur par la tante Hortense s'est soldée par une catastrophe.
Et Félix –l'un de mes fils- en rit encore (il n'y a que lui pour provoquer de telles réactions).
Soit nous sommes en face d'un(e) "génial(e)" créateur(trice) de déco, de design ou autre... qui a
été traumatisé(e) dans son enfance par des vacances forcées à la mer et… on en revient aux
méduses étalées... " Fabienne D.
Le fantastique, l'absurde, le burlesque sont aussitôt convoqués: il convient d'en profiter…
On peut, bien évidemment, prévoir des prolongements en arts plastiques: montage
photographique/infographique, recherche sur la qualité des matériaux, reconstitution du lieu, travail
sur le champ et le hors-champ, introduction de l'élément perturbateur..
D'autant que l'installation d'où est issu ce fragment ne sera révélée qu'au moment de la visite.
Quand l'exposition devient une expédition policière… Mission: identifier le lieu authentique de la scène
imaginée par chacun.
L'inspecteur Santini et ses acolytes sont déjà sur une piste. Mais pour "coincer" le cerveau qui a
provoqué cela, il convient de retrouver des témoins et de leur poser cette question: "l'absolu mentil…aux investigateurs?"
Quoiqu'il en soit, comment ne pas rester époustouflé devant cette réalité à laquelle rien ne nous
préparait?
© Evelyne GOUPY, 2006
Sylvain Grout et Yann Mazéas
Sans titre (mobilier baveux),
2001
Les élèves ne seront pas déçus: leurs hypothèses, à moitié confirmées ou infirmées, pourront se
nourrir de nouveaux rebondissements …
Service Educatif du Musée des Abattoirs - 2007
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PARCOURS (non exhaustifs) DE LA MATERNELLE … A L'UNIVERSITE
Autour de la sculpture de Franz West:
Recherche sur les points de vue, investigation photographique (de loin, de près, plongée, contreplongée, net, flou…)
Dans l'exposition:
- Histoires d'environnement: déambulation architecturale (West, Lamarche, Creseveur, Grout et
Mazéas, Basserode, Kogler)
-
La place de l'homme dans la nature, constitution d'équipes de "critiques d'art en herbe" (Le terrain
ombelliférique et Weather House de Lamarche, Jan Fabre, les chiens de Calais, "les cerveaux",
Hubble de Basserode, Gigoux-Martin…)
-
Enquêtes autour de motifs récurrents: courbe et spirale -reconnaissance et signification(Decrauzat, Lamarche, Fatmi, John Isaacs, Jan Fabre, Basserode, Hapaska, projections de
Kogler)
-
Muséographie: sensation, perception et réception des dispositifs lumineux et sonores mis en
œuvre au fil des salles
-
Des œuvres
contrastées: équipes de reporters en quête d'oppositions remarquables
(unique/double, mort/vivant, réel/imaginaire, immense/minuscule, animé/fixe…) Collecte de notes,
croquis et références
-
Des espaces familiers aux espaces imaginaires: où sommes-nous?
-
Le rôle dévolu au spectateur: de la contemplation à l'action…
-
L'anatomie à contre-emploi (West, Basserode Hubble, Isaacs Utopia, Peinado, Gigoux-Martin, Jan
Fabre)
-
Œuvres en mouvement: Art et Animation (Isaacs, Lamarche, Grout/Mazéas, Hyper Tore de
Lamarche, Kogler, Oulab)
-
L'espace-temps (sensible chez Grout/mazéas, Fabre et Hubble de Basserode)
-
Ce que je vois ou non, ce que j'en imagine… (Creseveur, Hyper tore et Weather house de
Lamarche…)
Il paraît opportun, lorsque la visite doit s'effectuer avec de jeunes enfants, de ne pas oublier de se
mettre à leur niveau (physique). En effet, certaines œuvres peuvent partiellement être soustraites à
leur vue (car trop petits). Au lieu de vivre cela comme une frustration, cet empêchement peut
constituer un bon point de départ pour un dispositif ouvrant sur l'imaginaire (Cf. dernière piste cidessus): questions de points de vue (selon les deux significations, cf. viewpoint / point of view)
Il n'est pas question ici de donner des modèles à suivre avec sa classe: tous les thèmes sont
possibles à aborder, quel que soit le niveau scolaire des élèves.
Il revient donc à chacun de mettre des stratégies en œuvre concernant une ou plusieurs de ces pistes
La visite partielle de l'exposition peut donner lieu à une collecte (photos en extérieur, croquis, notes,
questionnaires, débats d'idées…); reste à savoir, de retour dans l'établissement, comment ces
éléments peuvent être exploités…
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OUVERTURE CULTURELLE / AUTRES CHAMPS DE REFERENCE
Littérature:
Regards posés sur l'architecture
Extraits du Dépeupleur, Samuel Beckett, Les Editions de Minuit, 1970
"C'est l'intérieur d'un cylindre surbaissé ayant cinquante mètres de pourtour et seize de haut pour
l'harmonie. Lumière. Sa faiblesse. Son jaune. Son omniprésence comme si les quelques quatre-vingt
mille centimètres carrés de surface totale émettait chacun sa lueur. […] Conséquences de cette
lumière pour l'œil qui cherche. Conséquences pour l'œil qui ne cherchant plus fixe le sol ou se lève
vers le lointain plafond où il ne peut y avoir personne.
Température. Une respiration plus lente la fait osciller entre chaud et froid. Elle passe de l'un à l'autre
extrême en l'espace de quatre secondes environ. […] Conséquences pour les peaux de ce climat.
Elles se parcheminent. […] Sol et mur sont en caoutchouc dur ou similaire. Heurtés avec violence du
pied ou du poing ou de la tête ils sonnent à peine. C'est dire le silence des pas. […] Echelles. Ce sont
les seuls objets. Très variées quant à la taille elles sont simples sans exception. Les plus petites n'ont
pas moins de six mètres. Plusieurs sont à coulisse. Elles s'appuient contre le mur de façon peu
harmonieuse. […] Le but des échelles est de porter les chercheurs aux niches. […] Niches ou
alvéoles. Ce sont des cavités creusées à même le mur à partir d'une ceinture imaginaire courant à mihauteur. Elles n'en intéressent donc que la moitié supérieure.
[…]
Intérieur d'un cylindre ayant cinquante mètres de pourtour et seize de haut pour l'harmonie soit à peu
près douze cent cents mètres carrés de surface totale dont huit cents de mur. Sans compter les
niches et les tunnels.
[…]
Le fond du cylindre comporte trois zones distinctes aux frontières précises mentales ou imaginaires
puisque invisibles à l'œil de chair. D'abord une ceinture extérieure large d'un mètre environ réservée
aux grimpeurs et où bizarrement se tiennent aussi la plupart des sédentaires ou vaincus. Ensuite une
ceinture intérieure légèrement plus étroite où lentement défilent à l'indienne ceux qui las de chercher
au centre se tournent vers la périphérie. Enfin l'arène proprement dite représentant une surface de
cent cinquante mètres carrés chiffre rond et chasse d'élection du plus grand nombre."
A mettre en relation avec les maquettes d'Elisabeth Creseveur et/ou Weather House de Bertrand
Lamarche
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Le papillon des étoiles (extraits), Bernard Werber, Ed. Albin Michel, 2006
"Le dernier espoir, c'est la fuite."
"Le cylindre serait au décollage de un kilomètre de long et se déploierait grâce à 32 tubes coulissant
l'un dans l'autre comme une longue-vue.
Le diamètre du cylindre du thorax serait de 500 mètres.
La taille de la voile de Mylar serait de 1 million de kilomètres carrés soit l'équivalent d'un grand pays
ou d'un petit continent.
Le nombre de passager idéal pour garantir une survie au bout de 1000 ans serait de 144000
personnes.
[…] Il déclencha les néons tubulaires qui allaient servir de soleil artificiel.
Les lampes s'allumèrent segment par segment, dévoilant l'intérieur du cylindre jusqu'à perte de vue.
Mais ce qui leur apparut n'avait en dehors de la démesure encore rien d'impressionnant.
Le décor du premier des 32 cylindres était recouvert de bâches en plastique blanc, elles-mêmes
plaquées par des cordages censés retenir la terre et les végétaux lors du décollage. Les autres
segments étaient nus, simples cylindres de métal.
Adrien déclencha le phénomène de gravité artificielle. Tous les murs se mirent à vibrer comme si une
tempête soufflait sur les parois.
Il fit bouger ses doigts sur le clavier, et les parois bougèrent, le mouvement circulaire devint clairement
identifiable.
Les passagers perçurent la gravité qui commençait à naître dans le Papillon des Etoiles.
Plus cela tournait plus ils étaient attirés par les parois circulaires.
[…] Les 144000 avaient très vite "meublé" les 31 autres segments.
[…]Il y avait maintenant 32 kilomètres de terre artificielle où l'on pouvait se promener en avant, en
arrière et de haut en bas."
A mettre en relation avec le mobilier baveux de Grout et Mazéas et Lobby (Hyper tore) de Bertrand
Lamarche
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Architecture et cinéma:
Un festival "Architecture et Cinéma" s’est tenu dans divers lieux cinématographiques de la région
(Organisateur : Maison de l'Architecture de Midi-Pyrénées) du 30 novembre au 11 décembre 2006.
Quelques petits trésors de cette programmation... à guetter en cas de rediffusion:
HUS, Inger Lise Hansen, 1998, 7min. , couleurs. Animation expérimentale tournée en prise
directe dans le désert de Californie. On assiste image par image à la destruction d'une maison
en bois. Un film sur le temps et les processus.
NEWS FROM HOME, NEWS FROM HOUSE, Amos Gitaï, 2005, 97 min., Couleurs.
Documentaire. Le réalisateur retourne à la maison qui a été le sujet de ses deux précédents
films : Baït (1980) puis Une maison à Jérusalem (1998). Le propriétaire d'origine, son cousin,
la maîtresse des lieux actuelle, le tailleur de pierres d'il y a 25 ans, l'entrepreneur du chantier
d'à coté et le voisinage sont autant de voix qui apportent des nouvelles du pays en échos aux
chapitres antérieurs.
LA NOUVELLE HABITATION, Hans Richter, 1930, 28 min, NB, muet. En 1930, le cinéaste
d'avant-garde Hans Richter est engagé par le Werkbund suisse afin de promouvoir un
concept d'habitation moderne dans le cadre d'une grande exposition sur le logement... Le tout
premier film suisse d'architecture !
ARCHITECTURE AUJOURD'HUI, Pierre Chenal, 1928, 10 min, NB, muet, Élaboré en étroite
collaboration avec Le Corbusier, ce film montre trois villas de l'architecte (Stein, Ville d'Avray,
Poissy), le quartier Frugès de Pessac et le plan Voisin pour Paris.
LE CORBUSIER, ARCHITECTE DU BONHEUR, Pierre Kast, 1957, 21 min, NB,
Documentaire. Une interview de l'architecte, un aperçu de ses réalisations en maquettes ou
prises de vues réelles. Le Corbusier explique à l'aide de schémas sa théorie de la "ville
radieuse", les unités d'habitation de grandeur conforme, le modulor, son projet de
réorganisation de la campagne.
NEW TOWN, John Halas et Joy Batchelor, 1950, 8 min, Couleurs. Un dessin animé plein
d'optimisme -et de naïveté- cherche à nous persuader des inconvénients de la ville
traditionnelle et de la nécessité de créer des villes nouvelles, fonctionnelles et hygiéniques
pour un nouveau mode de vie
MUR EN 4 HEURES, Edouard Berne, 1958, 14 min, N.B. Crise du logement et pénurie de
main d'ouvre dans la France de la Reconstruction président à cet acte de foi dans le progrès
technique et l'industrialisation. "Construire beaucoup et vite. Tel est l'impératif". L'accent est
mis sur la rationalisation des logements et leur préfabrication : "un mur se livre comme un
meuble, il se décharge au port comme une cargaison... Moderne, rationnel, adapté aux
mœurs de notre temps !
LE TEMPS DE L'URBANISME, Philippe Brunet, 1962, 27 min, N.B. Un bilan très partisan de
la politique de rénovation urbaine de l'après-guerre aux années 60. Désir d'habitat
personnalisé avec petits immeubles collectifs et maisons individuelles...
Court-métrage de Mario Marret sur Georges CANDILIS (architecte du quartier du MIRAIL à
Toulouse, 1962)
A signaler, pour retrouver les traces d’une ambition sociale, d’une utopie urbanistique majeure des
années 60, un petit ouvrage qui vient récemment d'être édité par la DRAC Midi-Pyrénées :
"Les quartiers de Toulouse – Le Mirail - Le projet Candilis" (éd. ACCORD, Collection ITINERAIRES
DU PATRIMOINE, disponible à la librairie Ombres Blanches).
Ce petit opuscule, facile à manipuler -y compris par nos élèves-, peu cher – 8 €-, abondamment
illustré, a le don d'expliciter ce que chacun croit connaître mais n'appréhende finalement que fort
légèrement dans sa structure profonde comme dans ses enjeux initiaux...
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Philosophie:
Extraits de l'article de l'Encyclopédie Universalis
Homme: la réalité humaine
L'idée de monde
Dans la faible mesure où elle se différencie de celle de cosmos, la notion de monde n'a guère de
portée philosophique, sauf chez Kant ou, de manière toute différente, dans le domaine de la pensée
religieuse - comme cela s'affirme nettement dans la parole du Christ à Pilate : « Ma royauté n'est pas
de ce monde » (Jean, XVIII, 36). Ordinairement, « monde » se borne à signifier la totalité de ce qui
existe, concept dont les apories latentes ne furent guère élucidées. Comme Heidegger le montre à
propos de Descartes, ce sens se confond bientôt avec celui de res extensa, pour devenir, dans la
pensée scientifique moderne, celui d'image ou de construction du monde, le terme allemand de
Weltbild connotant à la fois l'un et l'autre. Mais, du coup, comme on l'a expliqué plus haut, il se
dépouille de toute portée réelle. Cependant, il en va tout autrement dès lors que le sujet, le corps, le
langage, l'existence et ce qui s'offre à eux viennent à former une totalité structurellement
indissociable. Et, dès lors que cette totalité se conçoit ou se désigne comme être-au-monde, la
question du statut ontologique de celui-ci ne peut plus être esquivée. Le monde ne saurait être la
somme des choses ou des objets, proposition en rigueur indéfendable déjà par cela seul que tout ce
qu'il est censé « contenir » n'est pas réductible à l'être-chose ou à l'être-objet, et par cela encore que
la disparité d'être de ces choses ou objets prétendus enlève à l'idée de somme toute portée autre que
purement formelle, ce qui, dans pareille perspective, la rend inutilisable. Qu'est-ce qui, par exemple,
nous permet de passer d'une chose perçue à une institution ou à une œuvre d'art, de celles-ci à un
nombre et de celui-ci à un sujet, etc., en les déclarant unis dans une même réalité ? C'est,
précisément, la notion de monde mais non pas en tant qu'elle couvre un total. Au contraire, le monde
sera à concevoir comme l'horizon de présence, corrélat du pouvoir instaurateur de sens
caractéristique de l'existence humaine, horizon dans lequel tout ce qui peut, de quelque manière,
entrer dans cette présence se trouve d'avance lié. Le monde est donc ce en vue de quoi l'homme
existe, proposition qui doit être prise à la lettre de sa signification. Plus simplement, mais avec moins
de rigueur, on dira que le monde est l'a priori du pouvoir de signifiance de l'homme, étant entendu que
ce pouvoir de signifiance n'est pas premièrement (ni même, peut-être, principalement) un pouvoir de
connaissance ou de raison, selon la stricte acception de ces deux derniers termes. Illuminatrice du
sens, l'existence humaine exerce ce pouvoir de révéler et d'imposer le sens d'abord et avant tout par
sa pratique des étants qu'elle découvre dans le domaine et l'enceinte du monde (lequel est sans audelà), par son commerce avec eux, par sa manière d'habiter et - si l'on ose risquer ce mot qui est à
prendre en son sens latin de colere - de coloniser cette enceinte et ce domaine. Inversement, cette
rencontre, instauratrice du sens, confère en retour à l'existence qui l'instaure un sens propre, selon ce
que, dans les « choses », elle aura révélé. Il est donc également vrai de dire que l'homme existe en
vue de signifier le monde (les « choses » du monde) et d'affirmer qu'il trouve sa propre signification
dans les sens que, pour le monde, il aura « choisi » de dévoiler.
[…] On peut donc, poursuivant dans cette voie, soutenir, avec le dernier Merleau-Ponty, que l'homme
et les choses du monde sont pétris d'une seule et même chair. Non certes qu'ils soient indistincts,
mais en ce sens qu'ils deviennent, l'un et l'autre, dans un constant et inépuisable échange, qu'ils sont
« en chiasme ». Il est nécessaire que ce qui voit puisse être-vu, puisqu'on ne voit qu'en se glissant,
qu'en prenant corps, dans une chair, qui est la condition de tout visible. Pourtant on ne peut se voir
voyant ; le visible et l'invisible ne s'opposent pas, mais s'appellent inlassablement.
Auteur : Alphonse DE WAELHENS
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Extrait des Pensées, 72, Blaise PASCAL
"Disproportion de l'homme".
"Que l'homme contemple donc la nature entière dans sa haute et pleine majesté, qu'il éloigne sa vue
des objets bas qui l'environnent. Qu'il regarde cette éclatante lumière, mise comme une lampe
éternelle pour éclairer l'univers, que la terre lui paraisse comme un point au prix du vaste tour que cet
astre décrit et qu'il s'étonne de ce que ce vaste tour lui-même n'est qu'une pointe très délicate à
l'égard de celui que les astres qui roulent dans le firmament embrassent. Mais si notre vue s'arrête là,
que l'imagination passe outre; elle se lassera plutôt de concevoir, que la nature de fournir. Tout ce
monde visible n'est qu'un trait imperceptible dans l'ample sein de la nature. Nulle idée n'en approche.
Nous avons beau enfler nos conceptions au-delà des espaces imaginables, nous n'enfantons que des
atomes, au prix de la réalité des choses. C'est une sphère dont le centre est partout, la circonférence
nulle part. Enfin, c'est le plus grand caractère sensible de la toute puissance de Dieu, que notre
imagination se perde dans cette pensée.
Que l'homme, étant revenu à soi, considère ce qu'il est au prix de ce qui est; qu'il se regarde comme
égaré dans ce canton détourné de la nature; et que de ce petit cachot où il se trouve logé, j'entends
l'univers, il apprenne à estimer la terre, les royaumes, les villes et soi-même son juste prix. Qu'est-ce
qu'un homme dans l'infini ?
Mais pour lui présenter un autre prodige aussi étonnant, qu'il recherche dans ce qu'il connaît les
choses les plus délicates. Qu'un ciron lui offre dans la petitesse de son corps des parties
incomparablement plus petites, des jambes avec des jointures, des veines dans ces jambes, du sang
dans ces veines, des humeurs dans ce sang, des gouttes dans ces humeurs, des vapeurs dans ces
gouttes; que, divisant encore ces dernières choses, il épuise ses forces en ces conceptions, et que le
dernier objet où il peut arriver soit maintenant celui de notre discours; il pensera peut-être que c'est là
l'extrême petitesse de la nature. Je veux lui faire voir là dedans un abîme nouveau. Je lui veux peindre
non seulement l'univers visible, mais l'immensité qu'on peut concevoir de la nature, dans l'enceinte de
ce raccourci d'atome. Qu'il y voie une infinité d'univers, dont chacun a son firmament, ses planètes, sa
terre, en la même proportion que le monde visible; dans cette terre, des animaux, et enfin des cirons,
dans lesquels il retrouvera ce que les premiers ont donné; et trouvant encore dans les autres la même
chose sans fin et sans repos, qu'il se perde dans ses merveilles, aussi étonnantes dans leur petitesse
que les autres par leur étendue; car qui n'admirera que notre corps, qui tantôt n'était pas perceptible
dans l'univers, imperceptible lui-même dans le sein du tout, soit à présent un colosse, un monde, ou
plutôt un tout, à l'égard du néant où l'on ne peut arriver ?
Qui se considérera de la sorte s'effrayera de soi-même, et, se considérant soutenu dans la masse
que la nature lui a donnée, entre ces deux abîmes de l'infini et du néant, il tremblera dans la vue de
ces merveilles; et je crois que sa curiosité, se changeant en admiration, il sera plus disposé à les
contempler en silence qu'à les rechercher avec présomption.
Car enfin qu'est-ce que l'homme dans la nature ? Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du
néant, un milieu entre rien et tout. Infiniment éloigné de comprendre les extrêmes, la fin des choses et
leur principe sont pour lui invinciblement cachés dans un secret impénétrable, également incapable de
voir le néant d'où il est tiré, et l'infini où il est englouti.
Que fera-t-il donc, sinon d'apercevoir quelque apparence du milieu des choses, dans un désespoir
éternel de connaître ni leur principe ni leur fin ? Toutes choses sont sorties du néant et portées jusqu'à
l'infini. Qui suivra ces étonnantes démarches? L'auteur de ces merveilles les comprend. Tout autre ne
le peut faire.
Manque d'avoir contemplé ces infinis, les hommes se sont portés témérairement à la recherche de la
nature, comme s'ils avaient quelque proportion avec elle. C'est une chose étrange qu'ils ont voulu
comprendre les principes des choses, et de là arriver jusqu'à connaître tout, par une présomption
aussi infinie que leur objet. Car il est sans doute qu'on ne peut former ce dessein sans une
présomption ou sans une capacité infinie, comme la nature.
Quand on est instruit, on comprend que la nature ayant gravé son image et celle de son auteur dans
toutes choses, elles tiennent presque toutes de sa double infinité."
Voir aussi sur ce thème les cours de Gilles Deleuze à l'Université de Vincennes:
http://www.webdeleuze.com/php/texte.php?cle=37&groupe=Spinoza&langue=1
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Sciences:
Le télescope Hubble
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Fruit d'une collaboration sans précédent entre l'Agence spatiale européenne et la NASA, le
télescope Hubble a eu un formidable impact scientifique. Les images d'une incomparable netteté
transmises par l'observatoire spatial ont permis d'explorer les profondeurs de l'espace et ont révélé
des phénomènes stupéfiants. Bon voyage...
Notes : Hubble a été placé sur orbite le 25 avril 1990 par une navette spatiale. Il a été conçu
pour répondre aux principales questions qui taraudaient alors les scientifiques. Le télescope est long
de 13,3 m pour un diamètre de 4,3 m il pèse plus de 11 tonnes. Son optique a un diamètre de 2,40 m
et est équipée de deux chambres photographiques, de deux spectrographes et d'un photomètre. Cet
instrument désormais légendaire a jusqu'ici transmis plus de 750.000 photographies de l'Univers, ne
négligeant ni planètes, ni étoiles, ni galaxies ou autres objets dont pour nombre d'entre eux, la science
ne soupçonnait même pas l'existence. Et la qualité stupéfiante de la plupart de ces images a laissé
béat d'admiration plus d'un scientifique, pourtant accoutumés à ces paysages célestes venus
d'ailleurs.
Le programme de la nouvelle mission, la cinquième du genre, est particulièrement ambitieux.
C'est en mai 2008 que Discovery devrait s'envoler, avec à son bord un équipage déjà désigné ayant
subi un entraînement très spécifique et du matériel de remplacement destiné à remettre en état les
dispositifs d'orientation et de stabilisation selon trois axes du prestigieux instrument. Pas moins de
cinq sorties seront nécessaires pour mener à bien ce qui est déjà considéré comme la plus complexe
et la plus ambitieuse des missions en orbite, bien plus que tout ce qui a été accompli pour l'ISS.
Au cours de cette remise en état, la plupart des batteries seront aussi remplacées, et
vraisemblablement d'autres instruments dont le détail n'est pas encore déterminé, la liste devant
encore s'allonger à la suite des expertises et des séances de diagnostics actuellement en cours à la
Nasa.
Cette intervention permettra d'en prolonger la durée de vie jusqu'en 2013 au minimum. Sans cela, son
service devrait être interrompu vers 2009, soit par défaillance de ses gyroscopes stabilisateurs, soit
par épuisement des batteries après un trop long cycle de charges/décharges.
Les défis du vivant
Exposition le cerveau a t-il un cœur
Cité des Sciences et de l'industrie
Paris, 2002
Editorial par Joël de Rosnay, Commissaire général du programme
Les découvertes de la science et leurs conséquences portent en elles la possibilité de bouleverser
notre vie, notre monde, notre milieu, nos relations. A cet égard, les sciences du vivant constituent un
défi majeur pour les sociétés du XXIe siècle. Si la maîtrise du vivant ouvre de vastes horizons pour la
santé, la filiation ou l'alimentation, si elle occupe une place croissante dans l'économie mondiale, elle
fait naître de nombreuses interrogations, parfois des inquiétudes, qui mettent à l'épreuve la
responsabilité individuelle et collective. Pour comprendre, il nous faut des repères. C'est pourquoi le
programme "Les défis du vivant" propose, à travers trois grandes expositions, de faire la synthèse de
ces sujets et explique de manière claire les enjeux que représentent ces avancées scientifiques et
technologiques dans notre vie de tous les jours. L'homme transformé pose la question de l'identité de
l'homme face aux avancées scientifiques qui fournissent aujourd'hui une panoplie d'outils permettant
de transformer ou de copier le corps humain, voire de recréer des formes de vie.
L'homme et les gènes traite de la vie, de son évolution et de la reproduction dans un univers où le
génie génétique permet d'amplifier la capacité d'intervention sur le vivant et sur l'homme lui-même.
Le cerveau intime aborde la connaissance de notre cerveau et de son rôle dans tous les actes de
notre vie intérieure, grâce au développement des neurosciences et des sciences cognitives.
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Galerie photos sur http://www.futura-sciences.com/communiquer/g/showgallery.php/cat/566
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SVT en classe de seconde:
« Le monde observable s'étend de l'infiniment petit à l'infiniment grand », tels sont les termes utilisés
dans les programmes officiels pour décrire un des points importants à aborder en classe de seconde.
Le fullerène, une molécule formée de 60 atomes de carbone, visualisable au microscope à effet tunnel
Vers l'infiniment petit s'intéresse en tout premier lieu à l'évolution des méthodes de microscopie, aux
observations faites à travers un microscope et à leurs exploitations transdisciplinaires. Les textes
officiels mentionnent en effet que le fait d'organiser le programme autour de concepts transversaux au lieu d'aborder chaque discipline par ses subdivisions habituelles - permet une grande liberté dans
le choix des phénomènes physiques ou chimiques propres à en illustrer la généralité.
Cette transdisciplinarité s'étend également aux arts plastiques et à l'histoire des arts en classes de
première et de terminale, par le biais d'activités réalisables avec des élèves, pour évoquer et exploiter
une approche créatrice architecturale s'apparentant à la structure de la molécule de carbone 60
(aujourd'hui visualisable à travers un microscope à effet tunnel).
Une partie du programme d'arts plastiques fait appel à l'acquisition de solides notions de construction
géométrique tandis qu'une partie du programme d'histoire des arts est centrée sur l'aventure artistique
singulière de créateurs, témoins majeurs d'une époque.
Voir les trois Thém@doc :
Vers l'infiniment petit, un dossier à vocation transdisciplinaire (où l'on évitera cependant les
fiches d'activité soi-disant en relation avec les programmes d'Arts plastiques du lycée!),
Le microscope optique
Microscopes électroniques, acoustiques et autres.
Suivre le lien … http://www.cndp.fr/themadoc/micro/Reperes.htm
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Réflexions sur l'art contemporain et à venir:
Journées annuelles du Réseau de Sciences Cognitives d'Ile-de-France
Collège de France, Paris
26 et 27 octobre 2001
L’Expérience artistique et la réalité virtuelle : du spectateur à l’acteur
Daniel CORNIAUT
Atelier édition électronique
École nationale supérieure d‘art, Nancy - [email protected]
La réalité virtuelle dans son usage technologique ou en tant que vecteur d’expérimentation artistique
marque une forme de rupture : l’ingénieur comme l’artiste doivent prendre en compte le fait que la
réalité virtuelle, parce qu’elle stimule tous les sens, transforme le spectateur en acteur.
Sans doute avons-nous perdu de vue que l’esthétique peut se penser évidemment comme une
connaissance du monde. Etymologiquement, l’esthétique c’est ce qui relève de la faculté de sentir, de
percevoir. Sans en revenir à Hegel qui voyait dans l’œuvre l’expression sensible d’une vérité, il
conviendrait de redéfinir l’esthétique en tant que science des sensations. Des traités de perspective
aux images de synthèse en passant par la camera obscura, le positionnement de l’artiste dans le
champ de la recherche n’est peut-être plus très lisible, mais cependant son activité de création comme
ses démarches sont souvent anticipatrices : son sens de la pré-vision en fait dans le monde sensible
un praticien de l’expérience du monde. Il simule, il invente, il génère une véritable pratique de
l’expérience.
Et c’est bien là que les domaines scientifiques et artistiques trouvent leur vrai terrain commun
d’expérimentation et de recherche.
La prise en compte de la notion d’espace, par exemple, dans les différentes démarches artistiques
n’est sans doute pas récente, mais incontestablement, le XX° siècle l’a rendue encore plus urgente :
la question s’y est sans cesse posée de la position du spectateur face à l’œuvre. Face à l’œuvre ?
Une bonne part du travail des artistes de ces dernières années vise plutôt à plonger le spectateur
dans l’œuvre et mieux, de faire en sorte que de spectateur (passif), il devienne acteur de l’expérience
artistique. Les « installations », par exemple, situent le spectateur dans un espace qui ne relève
d’aucune expérience artistique antérieure : ici, ce spectateur doit se mouvoir, appréhender l’espace,
c’est-à-dire agir afin de comprendre.
Au-delà de cette notion d’installation, les technologies de l’information et de la communication ont
apporté aux créateurs contemporains, outre une collection d’outils novateurs, au moins une
interrogation qui, pour n’être pas tout à fait inédite, doit être prise en compte dans des perspectives
nouvelles : à l’heure où il s’approprie ces nouveaux outils de création, il faut à l’artiste repenser les
capacités d’appropriation par le spectateur de son travail.
Produire du sens, c’est évidemment réfléchir sur ce qu’induisent les supports nouveaux de la création
mais plus encore savoir comment une conscience transforme une perception, une action, une
sensation en une intelligence du monde, ce qui relève d’une approche esthétique de la connaissance.
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Chorégraphie:
Limb’s Theorem de William Forsythe
Dans le parcours du chorégraphe, ce triptyque fait figure de véritable classique. Créée en 1990 par le
Ballet de Francfort, cette pièce a rejoint en 2005 le répertoire du ballet de l'Opéra de Lyon. Une
représentation a eu lieu au TNT le 19 janvier 2007
Impossible de raconter Limb’s Theorem ; aucune linéarité narrative ne s'y présente. Seule une
alternance de frénésie et de moments plus calmes, de mouvements syncopés, parfois répétitifs,
violents, volontairement instables ébranlent les 27 danseurs.
La danse de Forsythe ne se raconte pas, elle se vit comme une expérience sensorielle globale,
déroutante et fascinante. Comme dans tout son travail, le chorégraphe cherche ici à repousser les
limites, travaillant sur l’espace, le son, la lumière,
Emblématique de son œuvre qui, inlassablement, revisite le vocabulaire classique pour le
déstructurer, le réinventer et le pousser dans ses ultimes retranchements. Limb's Theorem, se déploie
avec la précision et la rigueur d'une démonstration mathématique : trois parties (Limb’s I, Enemy in
the figure, Limb’s) trois dispositifs scéniques hyper structurés, trois propositions claires et distinctes
sur le rapport des corps à un espace géométrisé. Dans la première, autour d'un plan rectangulaire
suspendu à l'oblique de la scène et sur le rythme stressant d'une sorte de métronome électronique,
les danseurs opèrent leurs premières prouesses techniques toutes en rotations fondues enchaînées.
La seconde, placée sous le signe de la courbe sinusoïdale (ondulation d'une corde en travers de la
scène), est émaillée de ruptures abruptes, d'accélérations ébouriffantes et de courses paniques.
L'ultime est "brownienne" et faussement dispersée, la tension montant peu à peu jusqu'à l'acmé
réunificatrice d'un grand mouvement collectif en balanciers croisés
La chorégraphie vibre de tout l’engagement des danseurs, qui se lancent dans des courses effrénées,
des équilibres inimaginables, des cassures permanentes de rythme, un formidable jeu d’apparitions et
de disparitions, toujours au bord du précipice : le corps se fond totalement dans l’espace jusqu’à y
disparaître.
Les interprètes tentent de s'affirmer dans un environnement gigantesque qui les menace. Comme
observés au microscope, ils bougent dans et hors les ombres créées par une lumière aveuglante qui
compartimente, découpe l'espace scénique.
Inspirée des esquisses de l’architecte américain Daniel Libeskind, cette pièce appréhende
l’abstraction dans les lignes obliques et les perspectives surprenantes. Les corps, sculptés par les
lumières -conçues par Forsythe et Michael Simon- ou plongés dans l’ombre du plateau, dessinent une
véritable architecture dans un espace en clair-obscur.
Limb’s Theorem est une pièce qui flirte avec l’irréel –explorant une mise en écho des formes
corporelles et de celles des éléments du décor.
"[…] Il démonte le moteur (ici, le corps humain), boulon par boulon (membre par
membre), il pose les pièces, des plus simples aux plus complexes, sur un
plateau de théâtre qu’il transforme en établi, en paillasse de laboratoire, en
éprouvette, et puis il expose tout ça – bras, mains, jambes, pieds, cou, torse… –
au contact de la lumière, ici intersidérale, et au contact d’une matière sonore,
parcourue d’arêtes, d’électricité et de spasmes. Le sol et les murs tremblent. On
s’accroche à son fauteuil, ne sachant où porter le regard, ni comment traverser
l’épaisseur de la nuit, ni comment soutenir l’éclat redoutable de la blancheur. On
a l’esprit qui part en vrille. […]"
Daniel CONROD, Télérama
A mettre en relation avec le parcours dédié à la muséographie: lumière, sensation et perception
Service Educatif du Musée des Abattoirs - 2007
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BIBLIOGRAPHIE:
Umberto Eco, L'œuvre ouverte, 1965, Le Seuil Collection : Points Essais, n°107
L'âme au corps, arts et sciences, 1793 - 1993, sous la direction de Jean Clair, Paris, Galerie nationale
du grand palais, Gallimard, 1993.
Heidegger, L'origine de l'œuvre d'art, Gallimard, 1962, en particulier pages 27, 28, 30, 35, 36.
Merleau Ponty, L'oeil et l'esprit, Gallimard, en particulier pages 169 et suivantes.
Edition récente: «Folio plus Philosophie », septembre 2006, 155 pages avec dossier par Lambert
Dousson et lecture d'image par Christian Hubert-Rodier
Michel Henry, Voir l'invisible, essai sur Kandinsky, Bourin 1988, PUF Quadrige grands textes 2004, en
particulier les dernières pages.
Concernant Robert MALAVAL:
BEAUX-ARTS MAGAZINE n°120, février 1994, Attention à Robert Malaval ! , Manuel JOVER . p 106.
Etoile de Malaval, suivi de Attention à la peinture de Robert Malaval, Michel Braudeau, Ed.William
Blake & Co, 2005
Quelques artistes dont les œuvres sont exposées:
Delphine Gigoux-Martin, Catalogue de l'exposition au Château de Taurines (12), les Abattoirs, 2006
Grout/Mazeas, "Overlook", Catalogue de l'exposition au Château de Taurines (12), les Abattoirs, 2006
Littérature:
Bernard Werber, Le papillon des étoiles, Ed. Albin Michel, 2006
Samuel Beckett, Le Dépeupleur, Les Editions de Minuit, 1970
Jonathan Swift, Les Voyages de Gulliver, Folio classique
Revue Textes et documents pour la classe (TDC):
L’image scientifique, Voir l’invisible, N° 699
L’aventure spatiale, L’appel des étoiles, N° 719, du 1er au 15 septembre 1996
La science-fiction, Une fenêtre sur l’avenir, N° 715, du 1er au 15 mai 1996
L'art et l'objet au XXe siècle, Un dialogue fécond, N° 767, du 1er au 15 janvier 1999
La perspective, Les paradoxes de l'illusion, N° 739, du 1er au 15 septembre 1997
La révolution surréaliste, N° 830, du 15 au 28 février 2002
Les créatures artificielles, N° 917, du 1er au 15 juin 2006
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