Une chance à saisir - Bourgogne Aujourd`hui

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Une chance à saisir - Bourgogne Aujourd`hui
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Appellation
Bourgognes, mâcons
Une chance à saisir
Dans un contexte porteur
pour la Bourgogne
ces dernières années,
les appellations régionales
rouges sont reparties de
l’avant. Pendant ce temps
les blancs continuent
toujours autant de séduire.
Pourtant, la Bourgogne a
encore beaucoup de travail à
faire pour valoriser ses vins.
Vignes larges
en bourgogne hautes-côtes de Nuits.
“
REPÈRES
AOC bourgogne
Vins rouges : 235 000 hectolitres
31 300 000 bouteilles
Vins blancs : 190 000 hectolitres
25 300 000 bouteilles
Communes de production :
Toutes communes de la Bourgogne
viticole
AOC mâcon
Vins rouges : 37 000 hectolitres
5 000 0000 bouteilles
Vins blancs : 195 000 hectolitres
26 000 000 bouteilles
Communes de production :
Toutes communes du Mâconnais
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C
’est quand même affligeant
de constater que n’importe
lequel des pinots noirs californiens se vend à Londres
deux fois plus cher qu’une
appellation régionale de bourgogne”,
s’insurge Albéric Bichot, pdg de la maison
éponyme à Beaune. Faut-il le rappeler :
la Bourgogne est le berceau de ce cépage
rouge. Il fait le bonheur des nouveaux pays
producteurs qui le plantent en nombre.
C’est que sa notoriété dans l’esprit des
consommateurs a progressé fortement.
La tendance privilégiant des vins plus en
finesse qu’en puissance ou concentration,
initiée il y a quelques années, semble se
confirmer. Pourtant, les appellations régionales bourguignonnes peinent à se positionner comme le must de la catégorie.
C’est que la Bourgogne des appellations
villages, des premiers crus et des grands
crus a trop longtemps négligé ses régionales. Et pour cause : les coûts de production n’y sont pas beaucoup moins élevés
que dans des appellations plus prestigieuses, en revanche la marge réalisée augmente de façon exponentielle dès lors que
l’on grimpe dans la hiérarchie.
Pire, les cours du vin en vrac, fixés lors des
échanges entre vignerons et négociants,
permettent tout juste aux premiers de rentrer dans leurs frais. Yvan Dufouleur, à la
tête du domaine Guy et Ivan Dufouleur à
Nuits-Saint-Georges argumente, chiffres à
l’appui. “Il en coûte environ 15 000 € pour
exploiter chaque année un hectare en
appellation régionale jusqu’aux vendanges. Sachant que celui-ci donnera
25 pièces de vin (Ndlr : une pièce = un fût
de 228 litres) et si l’on divise ces deux
chiffres, on obtient 600 € la pièce. C’est à
peu près le cours sur le marché du vrac ces
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dernières années.” Et pourtant, les derniers
millésimes ont vu ces mêmes prix se raffermir sensiblement. Difficile pour un producteur d’un domaine constitué en
majorité, ou en totalité, d’appellations
régionales, d’investir, de peaufiner, de soigner la qualité de ces vins. Ainsi une trop
grande partie de la production bourguignonne reste la cinquième roue du carrosse… Des réalités très différentes se sont
mises en place selon les vignobles, la structure du domaine, etc. Il en découle immanquablement une certaine hétérogénéité des
qualités. Notre dégustation le montre une
nouvelle fois.
“LE
CHALLENGE DE NOTRE
GÉNÉRATION”
Pourtant, la conjoncture peut inciter à l’optimisme. Cela fait deux ans que la Bourgogne vend davantage de vin qu’elle n’en
produit. Les stocks qui avaient grossi au
début des années 2000 ont fondu comme
neige au soleil. Les blancs continuent à
séduire largement. Le marché est assaini.
Une situation qui pourrait permettre qu’un
cercle vertueux s’installe enfin.
Certains enfourchent le cheval de la valorisation. Des négociants tentent de resserrer
les liens avec les producteurs qui s’impliquent davantage en amont par un soutien
technique ou logistique. Plus ambitieux
encore, la maison Bichot termine la rénovation d’une cuverie au centre de Beaune,
qui sera spécifiquement dédiée aux appellations régionales. Des installations qui
réceptionneront les moûts et les raisins
provenant d’une quarantaine de fournisseurs. Une matière première “traitée” dans
les meilleures conditions, avec un suivi
œnologique de qualité. “L’objectif est d’atteindre 40% de nos appellations régionales
hors Mâconnais vinifiées par nos soins.”,
estime Albéric Bichot. “C’est le challenge
de notre génération. Réconcilier les
consommateurs qui ont pu être déçus par
des bourgognes astringents ou acides avec
les appellations régionales bien faites :
des vins souples aux tannins soyeux destinés à être bus dans les deux ou trois ans”,
continue Albéric Bichot.
De son côté Yvan Dufouleur estime que
des assouplissements des conditions de
production permettraient de dégager des
marges sans entamer la qualité. Il défend
les plantations en vignes hautes et larges
(présentes dans les hautes-côtes de Nuits
et de Beaune). L’ensemble des producteurs
reste toutefois divisé sur cette option.
Bref, des voies restent à explorer pour que
la Bourgogne relève le défi. Difficilement
contestée sur ses chardonnays, au rapport
qualité-prix sans équivalent (voir notamment notre sélection de mâcons). La Bourgogne a certainement les moyens de
s’affirmer comme le “must” du pinot noir,
quel que soit le niveau d’appellation.
Coteaux dans le Mâconnais.
Laurent Gotti
Photographies : Thierry Gaudillère
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