pro natura magazine

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pro natura magazine
0 2 / 2009 MARS pro natura magazine
FOLIO
AVEC PORnTcipale
s de
Les étapes priPro Natura
l'histoire de
Quels cours d'eau
veut la Suisse?
sommaire
3
4 dossier
13 à propos
14 rendez-vous
16saison
17 en bref/impressum
18 actuel
editorial
18 U
ne ligne directrice pour
la politique agricole
30 L
a première demande
pour un nouveau parc
national a été déposée
21portfolio
32 nouvelles
Florence Kupferschmid-Enderlin,
rédactrice romande
Quelques pourcents
­résiduels pour la nature
« Votre attitude est contradictoire :
34 L
a fin des organisations
de protection
de la nature?
dossier
36 U
ne nouvelle saison au
centre Champ-Pittet
4 – 13 Loin le corset !
L’initiative « Eaux vivantes » apporte d’énormes avantages
vous êtes contre l’énergie nucléaire,
à la nature, au paysage et à l’homme. Nous le d
­ écouvrirons
et vous vous opposez à l’énergie hy-
tout au long d’un voyage virtuel le long de l’Aar.
draulique ! » Ce n’est pas la première
fois que j’entends ce genre de remarques. En ce qui concerne l’énergie nu-
38 régions
39 service
40 naturactif
46 shop
48la dernière
cléaire, je suis d’accord, mais pas pour
l’énergie hydraulique : Pro Natura approuve l’utilisation de cette source
d’énergie renouvelable. Mais il faut sa
Dans aucun autre pays, l’eau
n’est exploitée aussi intensément
Pro Natura s’engage pour une agriculture durable, qui se base
Imagepoint
voir à quelles conditions.
actuel
18Une ligne directrice pour la politique agricole
sur la biodiversité, la conservation de notre paysage cultivé et un
auto-approvisionnement réfléchi de la population.
qu’en Suisse. 95 % du potentiel hydraulique sont utilisés, et il est permis de prélever en moyenne 94 % de
l’eau exploitable des cours d’eau suisses. Quand Pro Natura met un point
d’interrogation derrière certains projets d’énergie hydraulique, ce n’est que
pour défendre quelques modestes petits pourcents au profit de la nature :
les 5 % restants de potentiel hydraulique non encore exploité, et les 6 % de
PORTFOLIO
Natura
100 ans de Pro
sur 5:
Partie 2
succès
histoire d’un
L’écu d’or : l'
28
Pages 21 à
débit résiduel pour les animaux, les
plantes et le paysage.
C’est aussi dans ce sens que l’on
doit comprendre l’initiative « Eaux vivantes » : celle-ci n’est pas un plaidoyer contre l’énergie hydraulique ; elle
convie simplement les cantons à don-
nouvelles
ner plus d’espace aux cours d’eau, à
34 Cap sur la nature !
introduire des règlementations supportables pour l’environnement en ma-
L’économie découvre le profit que l’on peut tirer de
tière de fluctuations artificielles de dé-
la nature et ainsi la raison d’être des organisations de
­protection de la nature est menacée. Voilà en bref, la
logiquement morts. Tous ces points
conclusion à laquelle est arrivée une étude de l’Institut
ne causent qu’un préjudice minime à
la production de courant. Pro Natu-
Waldhäusl
bits et à restaurer les lits de rivière éco-
Gottlieb Duttweiler sur l’avenir de la nature. Pro Natura
livre ses réflexions à ce sujet.
ra maintient donc son point de vue :
oui à l’énergie hydraulique, mais à des
conditions acceptables.
Couverture: à Büren sur l’Aar, le contraste entre cours naturel et cours rectifié est particulièrement criant.
C’est ici que le canal Nidau-Büren rejoint le dernier méandre de l’ancien lit de l’Aar. Photo: Google Earth
4
dossier
La protection des eaux ne
devrait plus être «diluée»
Malgré le clair mandat populaire dont elle bénéficie, la protection des eaux
est délaissée, en Suisse. Mais grâce à l’initiative « Eaux vivantes », les
choses commencent à bouger : le Conseil national est prié de mettre
au point, lors de sa session de printemps, un contre-projet.
CHRISTOPHER BONZI
L’initiative « Eaux vivantes », munie de plus de 160 000 signatures,
15 à 20 ans jusqu’en 2012, au
a été déposée par les organisations de pêche et de protection
lieu de demander aux cantons de
de l’environnement en juillet 2006. Elle a pour objectif la
renaturation des cours d’eau endommagés par
réaliser les travaux immédiatement.
Et ce n’est pas tout : de bons projets
l’exploitation hydraulique et les endiguements.
d’assainissement et de revitalisation échouent,
Cette renaturation sera très profitable à la flore
faute de financement ; et la législation actuelle
et à la faune : en effet, plus de la moitié de toutes
ne comporte pas encore de règlementations,
les espèces animales et végétales vivent dans et au bord des
ruisseaux. L’homme sera aussi gagnant, en retrouvant des
rivières naturelles où se ressourcer.
Berne
Mandat populaire méprisé
ni pour les problèmes
Le peuple suisse a montré l’attachement qu’il porte à ses
de variations de niveau d’eau
rivières en acceptant, en 1992 et avec 66 % des voix, la loi sur
(éclusées) qui causent bien des dégâts, ni pour
la protection des cours d’eau. Appliquée correctement, cette loi
les perturbations du charriage de sédiments. C’est
supprimerait une grande partie des dysfonctionnements constatés
précisément sur ces deux points que l’initiative apporte
dans la protection des eaux. Malheureusement,
depuis 17 ans, ce mandat populaire est
méprisé : sous prétexte d’économies,
la Confédération a prolongé les
délais
d’assainissement
des
tronçons à débits résiduels de
des améliorations effectives.
Le Conseil fédéral, qui pourtant admet lui-même
que « l’état actuel des cours d’eau appelle à
prendre un certain nombre de mesures dans
ces domaines », a refusé sans contre-projet
l’initiative sur les cours d’eau en juin 2007.
Mais il n’en va pas de même au Parlement :
Asséchés en aval
De gigantesques masses d’eau sont
accumulées en amont et, en aval, le
lit est asséché. La vue sur le barrage
du Grimsel est éloquente : la Hasliaare,
tronçon supérieur de l’Aar allant du Grimsel
au lac de Brienz, subit à maintes reprises et de
diverses manières les conséquences de l’exploitation
hydroélectrique. Déjà dans la région de sa source, l’eau est retenue
dans divers lacs de retenue et exploitée via un système complexe
de canalisations. Entre les lacs, l’Aar « coule » sous forme de
débit résiduel, bordée par la route du col du Grimsel jusqu’à
Innertkirchen, où elle reçoit à nouveau de l’eau turbinée. chb
celui-ci travaille à un contre-projet, pour enfin
s’attaquer à l’urgence en matière de protection
des cours d’eau. L‘initiative a donc déjà porté
ses premiers fruits.
Initiative et contre-projet
L’initiative se base sur trois piliers : premièrement,
les cantons sont contraints de créer des fonds de
renaturation, destinés à financer la renaturation, pour les cas
où il est impossible de trouver un responsable direct du mauvais
état d’un tronçon. Deuxièmement, les autorités sont tenues
d’ordonner des mesures contre les éclusées et la perturbation du
charriage, phénomène capital pour la vie dans le lit du cours d’eau.
dossier
Des cours d’eau qui n’ont
plus rien de naturel
Dans aucun autre pays, les ressources
hydrauliques ne sont exploitées aussi
intensément qu’en Suisse. De plus,
de nombreux cours d’eau suisses ont
été fortement modifiés et canalisés
au cours des XIXe et XXe siècles. Les
conséquences de ces mesures sont
bien visibles ; l’exemple de l’Aar est
particulièrement frappant. Dans cette
édition, le magazine Pro Natura suit, tout
au long de son cours, la plus grande rivière
intérieure de Suisse. Le constat est clair : l’Aar
n’est plus une rivière au sens strict du terme ;
manquant fortement d’espace pour s’étaler, elle
doit régulièrement renoncer à une grande partie de
son débit naturel et voit aussi souvent la vitesse de son
courant diminuer de façon importante. Dans la région
de sa source, la situation est également problématique :
à peine jaillies du glacier de l’Unteraar, ses eaux sont
retenues dans le lac du Grimsel. raw
allouées
aux
cantons
pour la planification et l’exécution de renaturations.
Le lobby de la force hydraulique se bat comme jamais
L’énergie hydraulique, l’une des grandes responsables du piteux
Troisièmement, les organisations de protection de l’environnement
état de nos cours d’eau, s’en sort bien avec ces projets de lois : tant
peuvent adresser aux autorités compétentes un recours concernant
les nouvelles réglementations sur les éclusées que les solutions
la réalisation de mesures de renaturation et d’assainissement.
de financement ne lui causeront pratiquement aucun frais. Et
L’initiative populaire et le contre-projet sont difficilement
pourtant, le lobby de l’énergie hydraulique tente, dans un jeu de
comparables : l’initiative définit des objectifs et des principes
pouvoir politique, de s’arroger d’autres privilèges : en liant de
au niveau constitutionnel, à concrétiser au niveau légal, alors
nouvelles dispositions d’exception dans le contre-projet, il essaie
que dans le contre-projet du Parlement, des lois concrètes sont
d’adoucir les règlementations actuelles sur le débit résiduel (voir
édictées.
pages 6 et 7).
Bien que le Conseil national et le Conseil
des
Etats puissent encore proposer des
Le Parlement devrait traiter du contre-projet lors de sa
session de printemps. Restent ouvertes les questions du caractère
modifications, on peut déjà affirmer
contraignant des solutions de financement et de la
que, dans certains
garantie de leur exécution, que l’initiative règle
domaines
à l’aide du droit de recours. Les clauses
importants, le
d’exception en matière de débit résiduel
contre-projet va dans
minimal permises par le contre-projet
doivent
le même sens que les exigences de
l’initiative : on y trouve par exemple une
disposition judicieuse pour résoudre les problématiques des
éclusées et du charriage, et les cantons sont tenus de planifier
l’évaluation de leurs cours d’eau et d’indiquer l’espace dont
ceux-ci auraient besoin.
financière concrète : une taxe perçue sur l’utilisation du réseau à
des perturbations du charriage, ainsi que des subventions fédérales
soigneusement
existantes, déjà généreuses,
Rätherichsbodensee
Lac du Grimsel
On peut aussi saluer, dans le contre-projet, une règlementation
haute tension et destinée à la correction des dégâts des éclusées et
être
observées : si les dispositions
sont encore adoucies, un
retrait de l’initiative en
faveur du contre-projet
serait alors illusoire.
Oberaarsee
CHRISTOPHER BONZI est chef
de projet Politique de protection
des eaux chez Pro Natura.
5
6
dossier
Sans débit résiduel suffisant,
pas de vie possible
Alors qu’aux yeux de la protection de la nature, les débits résiduels minimaux fixés par
la loi sont déjà trop bas, ils devraient encore baisser en vertu de nouvelles exceptions.
Avez-vous déjà eu l’occasion de contempler le triste spectacle d’un
concrètes sur la quantité d’eau devant rester
ruisseau asséché ? Quand au lieu du doux murmure du courant
dans les lits des cours d’eau.
Interlaken
ou du fracas d’une cascade ne restent que quelques misérables
flaques d’eau trouble ? Il n’y a pas que nous, simples spectateurs,
Un tiers sans débit résiduel
à en souffrir : la présence d’eau est aussi décisive pour la survie
Le débit résiduel garantit un minimum d’apport d’eau, évitant
et la dissémination de nombre d’animaux et de plantes. C’est la
ainsi de voir un cours d’eau réduit à un maigre filet. Un débit
raison pour laquelle la Constitution fédérale prévoit « le maintien
résiduel suffisant a son importance : il permet aux poissons de
de débits résiduels appropriés » en cas de prélèvement d’eau
survivre et aux eaux souterraines d’être alimentées, il maintient
dans les rivières et les ruisseaux. Depuis 1992, la loi de protection
l’équilibre des zones alluviales et conserve la biodiversité. Certes,
des eaux comporte des
la loi sur la protection des eaux prévoit un débit résiduel minimal,
dispositions
mais elle permet aussi des exceptions, avec pour résultat
nombre de débits résiduels inférieurs à la valeur alarme,
voire même réduits à zéro. Et on ne peut pas parler
d’exception pour cette pratique dévastatrice,
puisque cela touche un tiers des cas totaux
d’exploitation.
Malgré cette loi largement favorable
aux exploitants, les représentants
Pas de débit résiduel
jusqu’à 1500 mètres
Google Earth (Image) /
Pro Natura (couche couleurs)
L’extension des exceptions
en matière de débits
résiduels telle que la
prévoit le contre-projet
permettrait d’assécher les
petits cours d’eau situés
entre 1500 et 1700 mètres
d’altitude. Les surfaces
concernées sont en orange
sur la carte, les surfaces
situées au-dessus de 1700 m
sont en jaune. Ce qui semble
n’être qu’une exception somme
toute modeste peut avoir de
grandes incidences écologiques et
paysagères. Sur toute la Suisse, en
principe tous les petits cours d’eau d’une
surface totale de 2256 km2 sont concernés,
ce qui correspond à environ le double de la
superficie du canton d’Uri, ou à 5 % de la superficie
du pays. chb
dossier
7
Il n’y a pas que les ruisselets à être touchés
Les nouvelles exceptions des règlementations en matière de débit
résiduel permettant l’assèchement de cours d’eau ne touchent
pas que de modestes ruisselets, mais aussi des torrents modelant
le paysage et écologiquement précieux. Un exemple d’un cours
d'eau correspondant aux critères :
le Pfannibach sous la Grande
Scheidegg. chb
Pfannibach
Rychebach
de l’énergie hydraulique,
fortement
représentés
au Parlement, voudraient
encore d’avantage d’eau dans
leurs moulins. Ainsi, le Conseil
des Etats veut garantir encore d’autres
exceptions en matière de débit résiduel
dans le contre-projet à l’initiative « Eaux
vivantes » ; elles permettraient d’assécher
les petits cours d’eau situés entre 1500
et 1700 mètres. Il est tout simplement et
délibérément ignoré qu’à ces altitudes
existent aussi des ruisseaux de grande
valeur écologique.
Une autre exception serait faite pour
des prélèvements d’eau dans des tronçons
à « faible potentiel écologique ». Comme ils
sont difficiles à recenser, le danger est réel de
voir une application unilatérale de la loi, bien
sûr au détriment des cours d’eau.
La pression de l’utilisation
ne cesse d’augmenter
l’énergie
hydraulique
Dans aucun autre pays, rivières et ruisseaux ne sont aussi
organisé par Pro
intensément exploités qu’en Suisse. De nos jours, près de 95 %
Natura en octobre, il est
des ressources économiquement utilisables sont exploitées.
ressorti qu’il n’y a aujourd’hui pas d’instrument efficace pour
Pratiquement tous les grands bassins versants comptent une
coordonner la protection et l’exploitation des cours d’eau.
centrale électrique. Les conséquences de cette surexploitation
se révèlent par exemple dans la
Le mandat est explicite
faune piscicole. En comparaison
Il est donc d’autant plus important que l’exploitation sur place se
internationale, la proportion de
fasse de manière durable, en respectant les biotopes des animaux
poissons menacés en Suisse est
et des plantes. Pour ce faire, les débits résiduels sont nécessaires.
particulièrement élevée.
Les réglementations actuelles sur les débits résiduels constituent
Depuis l’année dernière, les
des valeurs d’alarme absolues, comme le démontrent des études
petites centrales hydroélectriques
de l’Office fédéral de l’environnement. 94 % de l’eau exploitable
sont
peut être prélevée. Il ne reste que 6 % pour les animaux, les
encouragées
par
une
rémunération couvrant les coûts selon le principe de l’arrosoir.
plantes et le paysage. Pour le lobby de l’énergie hydraulique, c’est
En septembre 2008, il y avait déjà 277 demandes de centrales
encore trop. Mais le Parlement ne doit pas oublier le mandat que le
électriques pour une telle rémunération. La pression sur les cours
corps électoral a déjà approuvé par deux fois : la réalisation d’une
d’eau déjà fort malmenés, et particulièrement sur les tronçons
énergie hydraulique durable, qui permette la survie de la diversité
non encore exploités, augmente fortement. Lors d’un congrès sur
animale et végétale. CHRISTOPHER BONZI
8
dossier
En aval des centrales électriques,
nombreux sont les cours d’eau morts
Près d’une centaine de centrales hydroélectriques inondent journellement les cours
d’eau suisses par des crues artificielles. Les populations piscicoles en souffrent. Mais
peu de producteurs d’électricité sont soucieux de limiter les dégâts.
Les poissons, petits crustacés et insectes vivant dans des cours
raison de la forte demande en électricité en
d’eau soumis aux éclusées ont bien de la peine à survivre. Les
saison froide, c’est justement à ce moment
inondations et les étiages (mises à sec) causés, parfois plusieurs
que les éclusées sont fréquentes. Résultat : la
fois par jour, par les centrales électriques de retenue entraînent
majorité des œufs déposés dans des tronçons à
une forte variation du niveau de la rivière, et donc également de
faible courant sont balayés et détruits. Le reste est
la largeur de son lit. Pour les rivières et fleuves suisses, de telles
menacé d’un autre danger : la montée des eaux
conditions ne sont pas naturelles ; elles nuisent fortement aux
cause des turbulences qui remuent les sédiments
communautés biotiques, qui sont incapables de s’y adapter.
fins. Les particules en suspension se déposent peu
à peu dans le lit, couvrant les œufs qui meurent par
Outre la fréquence non naturelle de ces crues, c’est surtout la
montée et descente soudaine des eaux qui surprend les animaux.
asphyxie, conséquence indirecte des éclusées.
En aval des ouvrages de retenue des centrales électriques, la
biomasse dans les rivières est jusqu’à 95 % inférieure à celle
encore sorties d’affaire : très sensibles
d’un cours d’eau de référence non touché. En Suisse, un cours
aux
d’eau sur trois est concerné par ce phénomène.
risquent à tout moment
Une fois écloses, les larves ne sont pas
dérangements, elles
de se faire emporter
Dangers mortels
lorsqu’elles quittent le
Suivons une truite au cours de sa vie : les raisons pour lesquelles
lit de gravier à la recherche
les éclusées ont de telles répercussions sur la flore et la faune
de secteurs à faible courant. Elles se plaisent
deviendront évidentes. Les œufs de truite se développent de
en particulier aux abords des rives ; mais le régime
janvier à mars dans le fond graveleux. En conditions naturelles,
des éclusées fait varier la limite de la rive plusieurs
les cours d’eau sont tranquilles et limpides à cette époque
fois par jour, jusqu’à 70 mètres dans les cas extrêmes.
de l’année, l’hiver étant une époque de basses eaux. Mais en
Pour des larves d’un centimètre et demi de long, dépourvues de
nageoires dignes de ce nom, cette distance est
Atténuer la violence du déversement
A Innertkirchen, l’eau de la région du Grimsel, déjà
turbinée à plusieurs reprises, se déverse à nouveau dans
l’Aar, occasionnant des éclusées problématiques. Le
rapport de variation du niveau de l’eau s’élève de 8 :1
à 12 :1 selon les études. Les travaux d’aménagement
prévus de l’usine hydroélectrique de Oberhasli
(KWO) augmenteraient encore ce facteur. Les dégâts
occasionnés à la Hasliaare et à ses habitants sont
déjà visibles aujourd’hui : la pêche affiche un n ombre
de prises plus faible en aval d’Innertkirchen qu’en
amont de l’arrivée d’eau, et des études ponctuelles ont
montré que la quantité de petits organismes est également
réduite en aval. On peut en déduire qu’outre le sévère
endiguement des rives, le régime des éclusées subi par le cours
d’eau est également responsable de cette situation. La KWO planifie
donc, dans le cadre de son projet de transformation, un bassin de
rétention qui devrait atténuer la violence des éclusées. jva
pratiquement insurmontable.
Pour finir, les quelques truites
qui réussissent à dépasser le
stade larvaire sont souvent
confrontées à la famine :
les
éclusées
également
emportent
les
petits
organismes, comme les
larves
d’insectes,
dont
de nombreux poissons se
nourrissent.
Les vagues des crues
­peuvent être atténuées
Le problème des éclusées est connu
depuis longtemps. En Suisse, malgré
la loi sur la protection des eaux, il manque
aujourd’hui des réglementations concrètes concernant
dossier
9
Symétrie artificielle
Telle une ligne bien droite tirée au
cordeau, l’Aar coule parallèlement à la
route principale, de Meiringen au lac de
Brienz. Ses rives sévèrement endiguées
ne laissent pousser aucune végétation,
et coupent toute possibilité d’échange
avec les environs. L’eau coule
sagement en flots monotones. Ce sont
justement les rivières principales des
fonds de vallées, si précieuses du point
de vue écologique, qui sont fortement
dégradées dans notre pays. Les cours
d’eau du Plateau n’affichent pas une
meilleure santé : la moitié d’entre eux
sont ensevelis sous terre ou lourdement
endigués. chb
Besoin urgent de réglementation
L’intensification
du
commerce
de
l’électricité entre la Suisse et l’Europe ainsi
que la libéralisation du marché électrique
multiplient les variations rapides de production et,
par conséquent, la fréquence et l’intensité des éclusées.
Des études de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV),
Berne
datant de 2007, ont montré une augmentation des éclusées dans
plus de la moitié des stations limnométriques étudiées. Une
l’exploitation par éclusées. Seuls quelques
réglementation contraignante sur les éclusées dans les cours
exploitants ont pris de leur propre initiative
d’eau suisses est donc urgente, cela pour éviter une aggravation
des mesures pour limiter les dégâts. On
connaît principalement deux solutions :
de l’état des tronçons touchés.
L’initiative populaire « Eaux vivantes » oblige les cantons à
prendre des mesures pour lutter contre ce phénomène. Le contre-
> Mesures
de génie civil : des bassins ou
projet tient aussi compte de cet élément important et propose
des galeries de
rétention atténuent les éclusées. L’usine
une réglementation concrète à ce sujet. Les deux projets visent à
hydroélectrique
de Linth/Limmern possède un bassin
créer une situation écologiquement
de
type
depuis 1963. L’eau turbinée est
d’abord amenée
ce
dans ce bassin, puis déversée
régulièrement
dans la rivière.
supportable, et ce pour toutes
les centrales électriques.
Brienz
> Mesures au niveau
de l’exploitation :
Innertkirchen
le démarrage et l’arrêt
progressifs des turbines
diminuent
le
phénomène
des éclusées, et l’augmentation
du débit résiduel réduit la variation de niveau d’eau. Les
centrales électriques se battent contre ce genre de mesures, qui
diminueraient leur profit.
Meiringen
JACQUELINE VON ARX est
géographe et travaille en
tant que stagiaire à la division
Politique et affaires internationales.
10
dossier
Quel prix pour une rivière ?
L’initiative populaire « Eaux vivantes » et le contre-projet parlementaire établissent l’obligation de
revitaliser et proposent des solutions de financement pour le faire. Pour la première fois, la question
de l’espace et de l’argent à accorder aux cours d’eau vient sur le tapis.
La Suisse est le château d’eau de l’Europe. Il y a des centaines
passage un spectacle de désolation. Malgré les endiguements
d’années, cette richesse s’étalait en larges méandres ou multiples
massifs, les crues dévastatrices ne cessent d’augmenter. Il
ramifications, marquant le paysage d’un dense réseau de
faudrait des espaces de compensation où l’eau
cours d’eau de toutes tailles. Mais les endiguements et autres
pourrait s’étaler temporairement.
corrections ont petit à petit transformé les rivières et ruisseaux
Au lieu de toujours moins, c’est de
suisses en canaux monotones. Captage de sources, drainage de
plus de place dont nos cours d’eau ont
zones humides, mise sous terre de ruisseaux : les paysages se
recréer des cours d’eau proches de
sont modifiés à en être méconnaissables.
inoffensifs même en cas de
crue, il faut leur
accorder des surfaces
minimales dans le
Risque accru et perte d’habitats
cadre de revitalisations.
On sait aujourd’hui que les cours d’eau proches de
l’état naturel remplissent une série de fonctions
précieuses. Loin de
besoin. Pour
l’état naturel,
Jusqu’à présent, nombre de bons
Soleure
se borner à offrir
projets ont passé à la trappe faute de
financement, ou parce que les cantons n’ont pas
de concept contraignant les obligeant à revaloriser
leurs cours d’eau. L’initiative populaire et le contreprojet veulent y remédier.
Büren
an der Aare
Propositions contraignantes
Le contre-projet, concrétisé au niveau législatif, oblige les
cantons à fixer l’espace à revaloriser le long des cours
Faible réminiscence de la
beauté d’autrefois
un habitat
irremplaçable
pour
quantité
d’espèces animales et
végétales menacées, ils
constituent également
d’importants corridors
de liaison. De plus, ils
sont
responsables
du
renouvellement des eaux
souterraines, possèdent une
capacité d’autonettoyage élevée et
sont des buts de balades appréciés. Un
cours d’eau endigué ne peut remplir toutes ces
fonctions.
En Suisse, les ruisseaux et les rivières coulent la plupart
du temps régulièrement et sans hâte dans leur lit canalisé. Ce
n’est que lors des crues qu’ils rompent leur corset ; ils peuvent
alors se montrer d’une rare violence, laissant derrière leur
Jusqu’en 1878, l’Aar ne traversait
pas le lac de Brienz mais flânait
paresseusement dans la plaine au
gré de ses méandres. La première
correction des eaux du Jura a toutefois
sonné le glas de ces fantaisies :
désormais, le canal de Hagneck se
charge dès Aarberg d’amener ses
eaux dans le lac de Bienne, libérant de
grandes surfaces fertiles pour la culture.
Les eaux de l’Aar, de la Broye, de la Zihl et
de la Suze réunies dans le canal de Nidau-Büren
retrouvent l’ancien lit de l’Aar à l’extrémité nordouest du lac de Bienne. Au point de confluence, à Büren
sur l’Aar, un dernier bras de l’ancien lit a pu se maintenir au
fil du temps ; il constitue aujourd’hui un contraste apprécié
avec la monotonie du canal de Nidau-Büren, autant du point
de vue pictural que biologique. Les renaturations de cours
d’eau canalisés constituent un point central de l’initiative et
du contre-projet parlementaire. raw
Pro Natura Magazine 2/2009
dossier
Une suite de lacs de barrage
Entre le lac de Bienne et Klingnau ne restent
plus que trois courts tronçons libres pour
rappeler que l’Aar fut une rivière. Pour
le reste, les usines hydrauliques se
succèdent l’une derrière l’autre, ne
formant plus qu’une chaîne de lacs de
retenue (voir le graphique ci-dessous).
Au niveau biologique, l’Aar se trouve
dans la zone de l’ombre. Autrefois, les
rivières à ombres étaient largement
répandues sur le Plateau. Aujourd’hui,
la plupart de ces tronçons sont endigués
et l’espèce emblématique, l’ombre, est
sur liste rouge. chb
d’eau. Ils doivent en tenir compte dans l’aménagement du
cela ne fait qu’à peine 25 ha par an, alors que quelque 2700
territoire et dans les programmes de revitalisation cantonaux. La
ha de terre cultivable disparaissent chaque année pour la
Confédération participe aux coûts à hauteur de 65%. 4000 km
construction, et que 1300 ha se transforment en forêts.
prioritaires doivent être revalorisés au cours des 80 prochaines
Pour les corridors nécessaires le long des cours d’eau, quelque
années ; cela ne représente certes qu’un dixième de l’ensemble
20 000 ha doivent passer en exploitation extensive. Mais ce
du réseau fluvial (plus de 60 000 km), mais même ainsi, la tâche
changement ne signifie pas pour autant que cette surface ne
est gigantesque : il faudrait y consacrer plus de 60 millions de
serait plus considérée comme terre agricole. Il s’agit en effet
francs par an !
de ce qu’on appelle des surfaces d’assolement reconvertibles,
susceptibles de retrouver une production intensive dans un court
Les rivières et les ruisseaux ont tout d’abord besoin de plus
d’espace pour leur lit. Ensuite, il leur faut des corridors tout
délai.
au long de leur cours, leur offrant un espace supplémentaire
Pour bénéficier des paiements directs généraux, les
par exemple en cas de crue. Ces corridors à créer sont aussi
exploitations agricoles doivent présenter un contingent de
très importants pour les animaux et les plantes, car la vie ne
surfaces de compensation écologique. En font partie les
se joue pas seulement dans la rivière même, mais également
rives boisées, les prairies extensives et les pâturages. Une
sur ses rives. En Suisse cependant, l’offre spatiale est limitée.
grande partie des corridors fluviaux peut donc déjà y être
Les habitations et les terres agricoles disputent aux cours
comptabilisée ; de plus, dans les projets de revitalisation de
d’eau l’espace disponible. Il n’est donc pas étonnant que les
plus grande envergure, des procédures de redistribution et
représentants de l’agriculture s’expriment de manière critique
d’améliorations foncières sont réalisées en accompagnement.
envers ce projet de loi.
Au final donc, le monde agricole profite aussi souvent de tels
Les agriculteurs doivent aussi en profiter
L’Office fédéral de l’environnement (OFEV) a calculé que
de nature est énorme. Le contre-projet à l’initiative populaire
2000 hectares de terrain agricole disparaîtraient au cours des
a fait une bonne proposition pour la revitalisation des cours
projets.
Le besoin d’agir sur nos rivières et nos ruisseaux pour plus
80 prochaines années, pour la revitalisation des cours d’eau
d’eau, une proposition avec laquelle il n’y a aucun grand
prioritaires. A première vue, cela peut sembler beaucoup. Mais
perdant. CHRISTOPHER BONZI
Pro Natura Magazine 2/2009
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dossier
«L’ Aar n’est plus une vraie rivière»
Avec l’initiative « Eaux vivantes », le financement de renaturations serait bien plus simple,
selon le spécialiste de la renaturation Christoph Flory. Et les autorités seraient d’avantage
encouragées à autoriser des renaturations. Christoph Flory, biologiste, est directeur de creaNatira Sarl,
entreprise de Pro Natura Argovie. Flory, qui se nomme aussi
Retour à la nature
« courtier des zones protégées », a réalisé de nombreuses
Limmatspitz : c’est le nom de la langue de terre bordée
par la Limmat près de Brugg, avant que celle-ci ne se jette
dans l’Aar. En 1998, Pro Natura a pu acquérir cette zone
de plus de cinq hectares auparavant exploitée en culture
agricole intensive. Un projet de revitalisation
de cinq ans a permis la reconstruction de
la dynamique naturelle de la rivière
et la réactivation du paysage
alluvial. Depuis son inauguration
en 2003, la zone de protection
est devenue une zone de
délassement appréciée. jva
renaturations de cours d’eau.
Pro Natura : Monsieur Flory, quelle a été l’évolution
de l’Aar au niveau de son cours inférieur durant les
cinq dernières années ?
Christoph Flory: En fait, sur ce tronçon, l’Aar
n’est plus qu’une succession de barrages, à tel
point qu’on ne peut plus parler de véritable
rivière. En Argovie, on ne trouve plus que trois
endroits de cours libre. C’est sur eux que les
efforts de renaturation de Pro Natura se sont
concentrés ces dernières années. A Limmatspitz,
point de jonction entre l’Aar et la Limmat, Pro Natura a acquis dix
swissimage © 2009 swisstopo (BA091099)
à une agriculture intensive. Une fois la renaturation terminée, la
ou le contre-projet étaient
acceptés ?
rivière pourra choisir elle-même où elle veut couler.
Oui, les autorités seraient plus
Pourquoi les renaturations sont-elles si
importantes ?
Il serait plus difficile de les reporter à plus
Depuis 300 ans, nous avons fortement endigué les rivières, avec
reprenaient la responsabilité de ces projets.
hectares de terrain, dont la moitié était jusqu’à présent consacrée
encouragées à autoriser des renaturations.
tard, surtout si la Confédération et les cantons
le sentiment de pouvoir ainsi les contrôler. Mais aujourd’hui,
endiguée, le courant est bien plus rapide. Et malgré ce constat,
Tant l’initiative que le contre-projet prévoient un
fonds pour le financement de renaturations. Est-ce
une bonne solution ?
la Confédération a négligé la protection des eaux ces dernières
Ce fonds est la condition de base pour des renaturations. L’idée
les problèmes de crues que nous rencontrons nous ont fait
réaliser que ce n’était qu’une illusion. Dans une rivière
années. Grâce à l’initiative populaire « Eaux vivantes », les
est que ce fonds serait de la compétence de la Confédération.
renaturations sont à nouveau à l’ordre du jour.
Ainsi, les voies de décision seraient bien plus directes, ce qui
me semble prometteur.
Quel est selon vous le problème principal rencontré
lors de renaturations ?
On pourrait penser que c’est l’opposition des agriculteurs. Mais
le problème majeur rencontré lors des renaturations auxquelles
j’ai participé ces dix dernières années fut le manque de
compréhension des autorités. Là, nous nous heurtons souvent à
un mur, il n’y a même pas de possibilité de dialogue. Un autre
gros problème est celui des finances. Une renaturation coûte très
cher, et l’argent n’est souvent pas disponible.
Les rivières renaturées demandent plus de
place, et de grandes surfaces
de terres cultivables
disparaîtraient.
Comment comptezvous l’expliquer aux
agriculteurs ?
Quand on s’en donne la peine, on trouve de bonnes
solutions avec les agriculteurs. En Argovie, nous avons
prouvé qu’il est possible de relocaliser des exploitations
Ces problèmes seraient-ils
résolus si l’initiative
agricoles entières. Je comprends bien les sentiments des paysans
qui perdent de la surface à cause des renaturations. Pour les
Pro Natura Magazine 2/2009
Susanne Schenker
à propos
Casser le béton
C’est à Rietheim, dans le canton
d’Argovie, que le Rhin, juste avant qu’il ne
reçoive l’Aar, jouit de son dernier tronçon relativement
long sans barrages. Malheureusement, ses rives y sont
fortement endiguées et exploitées. Avec la revitalisation
de l’ancienne zone alluviale « Chli Rhy », Pro Natura
aimerait recréer un biotope naturel de 35 ha afin
d’encourager la biodiversité. Voici un exemple parlant du
potentiel de renaturation des cours d’eau. jva
Beat Jans, chef de la division
Politique et affaires internationales Libérez la voie pour des
cours d’eau plus libres !
Les signaux sont on ne peut plus clairs. Trois Suisses sur quatre
se positionnent en faveur de la renaturation des cours d’eau. Une
relative majorité ne veut pas voir augmenter le nombre de lits de
ruisseaux et de rivières à sec sous prétexte de production de courant. Ils sont même 59 % à désirer que les organisations de protection de l’environnement puissent, si nécessaire, exiger des re-
4000 kilomètres de rivières qui devraient être renaturées en
naturations en justice.
Suisse au cours des 80 prochaines années, il faudrait 2000
Ces chiffres sont les résultats d’un sondage représentatif
hectares de terrain. Il faudrait en outre une zone tampon de
réalisé récemment par l’Institut de sondage GFS. Ils sont éton-
20 000 hectares supplémentaires en culture extensive. Cette
nants de par leur clarté, et donc un signal politique clair. Com-
culture extensive offre aussi des opportunités
me cela avait déjà été le cas lors des votations populaires de
pour des projets innovants, comme
1975 et 1991, la population s’exprime, encore aujourd’hui, en fa-
l’élevage de buffles d’eau. Avec
veur d’une meilleure protection des cours d’eau. Dans ce con-
leur lait, on fabrique de la
Rietheim
mozzarella et du yogourt
qui se vendent bien.
texte, il est curieux qu’il faille encore une fois une initiative pour
exiger l’application des décisions populaires antérieures. Mais
l’initiative « Eaux vivantes », énergiquement soutenue par Pro
Natura, montre déjà ses effets : pour la première fois, des conseillers d’Etat éminents promettent qu’ils vont assainir d’ici peu
Globalement, la perte de terrain
agricole serait marginale, quand
Limmatspitz
les tronçons à débit résiduel de leur canton, et pour la première
fois, le Parlement se penche sur des questions comme les éclusé-
on pense qu’en Suisse 2700 hectares
es ou le financement de renaturations.
disparaissent chaque année du fait de la
construction. Le terrain nécessaire pour
des progrès réels et réfléchis. Voilà qui alimente l’espoir que les
les revitalisations n’est pas perdu, il reste
à la disposition
renaturations nécessaires pour la conservation de la biodiversi-
également que de­
té puissent être réalisées non dans un millénaire, mais dans les
cours d’eau ont perdu 15 000
quatre-vingt prochaines années. Et ce, sans demander aux cen-
du public. Rappelons
puis 1900, les
Le Conseil des Etats a proposé un contre-projet comportant
hectares rien que dans le canton d’Argovie.
C’est bien la preuve que l’ampleur des
renaturations est raisonnable.
trales électriques de passer à la caisse.
Il faut encore que le lobby de l’énergie hydraulique renon-
ce à ses exigences d’un abaissement partiel du débit résiduel minimal, et que le Parlement supprime ce bémol du contre-projet.
Le contre-projet prévoit d’inscrire dans la loi
sur la protection des eaux le maintien du charriage
de matériaux dans les rivières. Quels avantages cela
apporte-t-il?
La voie sera alors libre pour un retrait de l’initiative et pour des
Les grandes rivières du Plateau connaissent un problème dû aux
jet. Si l’on en croit le sondage présenté ici, cette exigence a fort
barrages en amont, qui retiennent beaucoup de matériaux de
peu de chances de rallier la majorité.
charriage. Résultat : le lit naturel perd ses interstices, se colmate,
jusqu’à en devenir comme bétonné. Les insectes ne trouvent pas
suffisamment de quoi se nourrir, et les poissons qui en dépendent
ne peuvent plus survivre. En outre, les ombres et les truites ont
besoin de sable et de gravier meuble pour pouvoir creuser des
cuvettes pour y frayer.
Interview: Rolf Zenklusen, journaliste, Bâle
Pro Natura Magazine 2/2009
cours d’eau plus vivants en Suisse. En effet, l’exigence du lobby
de l’énergie hydraulique va diamétralement à l’encontre des demandes de l’initiative et n’a donc rien à faire dans un contre-pro-

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