Septembre-Octobre-Novembre - Les Amis du Musée de Pontarlier

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Septembre-Octobre-Novembre - Les Amis du Musée de Pontarlier
témoignage de la société d’avant 1914, rendue vivante sous
nos yeux. Humour, satire, caricature, c’est le visage de l’absinthe que le Musée de Pontarlier a choisi de présenter pour
accompagner cette nouvelle édition des Absinthiades.
L’exposition temporaire « L’absinthe dans la presse satirique
de la Belle Epoque » montrera vingt-cinq dessins, issus des
collections du Musée, fonds essentiellement constitué par les
dons de Gaston Delestre. Du fait de leur fragilité, ces œuvres
ont été peu exposées. Elles resteront exceptionnellement
accrochées sur les cimaises du Musée pendant tout le mois
d’octobre, en commémoration de l’interdiction de l’absinthe et
en hommage à d’autres dessinateurs de presse, malheureusement trop tôt disparus.
Laurène MANSUY, directrice du Musée de Pontarlier
Découverte culinaire
15èmes ABSINTHIADES
“L’absinthe apporte l’oubli, mais se fait payer en migraines. Le premier verre vous montre les choses comme vous voulez les voir, le
second vous les montre comme elles ne sont pas ; après le troisième,
vous les voyez comme elles sont vraiment.”
15 ABSINTHIADES
E
1915-2015 CENTENAIRE
DE L’ABSINTHE
8 jaunes d'oeufs
25 cl de crème fraîche liquide
25 cl de lait
120 g de sucre
2 CS d'absinthe
sucre roux
Devant le succès de la 2ème
exposition réalisée à l’automne 2014 à la salle annexe des
Annonciades, l’Association
Les Amis du Musée de
Pontarlier vous propose, en
collaboration avec Mr JeanClaude Uzzeni, un ouvrage
regroupant notamment toutes les photos présentées
sur le Pontarlier d’Antan.
Brochure Noir et Blanc, format carré 21 x 21 cm, dos carré collé, 84 pages. Prix 20 €).
Parution octobre 2015. Renseignements au bureau des Amis
du Musée aux heures de permanence (mardi 15 h - 18 h et
jeudi 9 h - 12 h) ou sur rendez-vous en téléphonant au 03 81
38 82 12.
WWW.ADMDP.COM
L’artiste d’exception est celui qui permet à l’art de basculer d’un monde dans l’autre. Il lui offre
un nouvel horizon sans pour autant renier le passé.
Olivier CENA
Télérama n°3401 – 18.03.2015
DE L’INTERDICTION
INGREDIENTS pour 8 crèmes brûlées :
Livre Photo Uzzeni Acte II
Septembre-octobre-novembre 2015
LES AMIS DU MUSÉE
DE PONTARLIER
Oscar Wilde
Crème brûlée à l'absinthe
Faire bouillir le lait avec la crème . Fouetter les jaunes avec le
sucre et faire blanchir le mélange . verser progressivement
tout en fouettant le lait et la crème bouillis légèrement refroidis. Ajouter l'absinthe et mélanger . Verser dans les moules
en remplissant aux 3/4 . Mettre au four à 100 degrés pendant
55 min à 1h10 (selon les moules utilisés et votre four ) . les
crèmes sont cuites quand on secoue légèrement le ramequin
et que ça ne bouge plus . Laisser refroidir puis mettre au réfrigérateur pendant au moins 5h . Au moment de déguster ,
saupoudrer de sucre roux puis caraméliser au chalumeau ou
à défaut sous le grill du four quelques instants .
L a L e t t r e d e s A m i s AMP
du Musée de Pontarlier
PONTARLIER
Pontarlier à la loupe
De Watterloo à Pontarlier
A priori, entre Watterloo et Pontarlier, il ne semble pas
y avoir de lien particulier ! Et, même si le 18 juin dernier
a mobilisé quelques milliers de grenadiers, hussards,
cantinières et autres nostalgiques d’une mémorable
défaite française de l’autre côté de la frontière belge,
le quotidien pontissalien n’a pas vibré aux échos des
tambours, mitrailles et biscaïens de 14 juillet.
Pourtant, pourtant ! Watterloo n’est pas si loin ! En effet, parmi tous les militaires originaires du Haut-Doubs
qui ont repris du service pendant la période dite « des
cent jours », deux pontissaliens sont honorés à Pontarlier sans que nous en ayons vraiment conservé le
souvenir : le général et comte d’Empire Charles-Antoine-Louis Morand (1771-1835) dont le nom a été donné
à une rue et à une salle municipale,
3-4 OCTOBRE
2015
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03-81-38-82-12
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La Lettre des Amis du Musée de Pontarlier
Directeur de publication : Ph.CHAPON
Rédacteur en chef : F.HERARD
est une publication réservée aux adhérents de l'association
Les Amis du Musée de Pontarlier
2 place d'Arçon, 25300 PONTARLIER
Tél. 03 81 38 82 12 - fax. 03 81 46 84 34
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© reproduction interdite
La salle Morand
et François-Isidore Parguez (1773-1829), général et baron
d’Empire né dans la maison que la famille Parguez occupait à
l’angle de la rue de la République et de l’actuelle rue Parguez.
Morand était avocat quand, en 1792,
il répond à l’appel de la patrie en
danger. Elu d’abord capitaine puis
lieutenant-colonel du 7e bataillon
de volontaires du Doubs, il parcourt
les champs de bataille de l’armée
du Nord et de Sambre et Meuse.
Il participe ensuite à la campagne
d’Egypte, aux batailles dans laquelle
est engagée la Grande Armée :
Iéna, Eylau, Friedland, Eckmühl,
Essling, Wagram, les campagnes
de Russie, d’Allemagne, puis les
« Cent jours » aux côtés de Napoléon revenu de l’Ile d’Elbe et Watterloo où il s’illustra dans les derniers « carrés ». Après le retour de
la monarchie et l’arrivée au pouvoir
de Louis XVIII il prend une retraite
prudente, d’abord en Pologne (pays
de son épouse qui était la fille d’un comte polonais),
puis à Montbenoît ; mais il est rappelé en 1830 pour
prendre le commandement de la 6e division militaire à
Besançon. Il meurt à Paris le 2 septembre 1835. Son
nom figure sur l’Arc de Triomphe à Paris. Et son portrait
(ci-dessus, collections du musée de Pontarlier), réalisé
par le peintre Charles-Edouard Elmerich, a été donné à
la ville par sa fille Louise.
Quant à Parguez, étudiant à Paris, il s’engage dans la
Garde nationale en 1789 et il y est promu capitaine en
1793. Jusqu’à l’abdication de Napoléon (en 1814) il est
de toutes les batailles de la Révolution et de toutes les
campagnes de l’Empire (aux côtés, entre autres, de
Morand), pour achever sa carrière avec le grade de général et le titre de baron d’Empire. Il reprend lui aussi
du service avec les « Cent Jours » mais la défaite de
Watterloo le ramène en demi-solde. Pourtant il quitte
l’armée avec le grade de Maréchal de Camp et le titre
de chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis !
Il meurt à Paris en 1829 et est enterré au cimetière du
Père Lachaise aux côtés
de son épouse née Emilie
Girault. Son portrait (ci_
dessus), qui figure dans
les collections du musée
de Pontarlier, a été réalisé
d’après une miniature de
Millet.
La rue Parguez ou rue du chalet
Joël GUIRAUD
Histoire
Heures et malheurs des frères COUSIN
L’histoire de la fée Verte est riche en personnages, qui
ont investi leur temps et leur fortune dans l’aventure de
ce merveilleux breuvage (à consommer avec modération néanmoins !...). Aux cotés de Pontissaliens de souche, il en figure d’autres, venus d'autres contrées : on
pense de suite à nos voisins Helvètes : au premier rang
figure Henri Louis PERNOD, qui arriva de Couvet dès
1805, mais on peut évoquer DUBIED, DUVAL ( de
Couvet également), JULLIEN (de Montpellier), DORNIER
TULLER (Fleurier)...
D’autres sont venus du Jura voisin, c’est le cas
des trois frères COUSIN : Eugene, Florentin et Ernest :
ceux-ci sont nés à Cerniebaud, dans le canton de
Nozeroy ( respectivement le 30 mai 1840 et le 4 avril
1848 pour les deux cadets) et les trois « barochers »
ont développé un négoce de salaisons, produits laitiers
ainsi qu’une agence d’assurances et de la vigne (!) à
Champagnole et Lyon. Ces activités sont « régularisées » par une société formée en 1881 à Champagnole.
Visiblement dynamiques, , les trois frères fondent une
« société en nom collectif » avec Appolinaire BERTHELOT
(par un acte enregistré le 12 juin 1886 devant notaire et
repris dans le Journal de Pontarlier ) ayant pour objet la
création d’une distillerie d’absinthe : les COUSIN apportent quinze mille francs et BERTHELOT l’immeuble et le
materiel de distillation , à la Cluse et Mijoux.( document
suivant : publicité ayant paru dans le Catalogue du
Commerce ; édition 1889).
L’entente paraît mal fonctionner : moins de deux ans
plus tard, un rectificatif modifie l’actionnariat au détriment de BERTHELOT ( avril 1888). La société est dissoute en 1893 ; l’entreprise prend alors pour raison
sociale COUSIN FRERES. Le 24 janvier 1896, les tribunaux décident la dissolution de la Sté COUSIN FRERES
( suite à un litige entre Eugene installé à Lyon et ses
deux cadets) et le partage du « groupe » semble de fait
s’établir comme suit : Eugene à Lyon, Florentin hérite du
site de Champagnole et Ernest conserve La Cluse et
Mijoux.
L’établissement de La Cluse et Mijoux a échu donc à
Ernest : celui-ci fait construire un nouveau batiment
dans la même commune en 1899. Edmond COULERU
décrit dans son ouvrage cette distillerie de façon
détaillée, en citant plusieurs articles élogieux ; il précise que cette maison « comporte deux alambics à
absinthe de 17 hectolitres chacun et un colorateur
d'une capacité de 9 hectolitres » et a employé jusqu'à
15 employés et ouvriers. En 1912, le Pontissalien fait
état d’une souscription en faveur de la « société anonyme de la grande distillerie Cousin Jeune », au capital
de trois millions. Cependant, deux ans après cette
annonce, le Tribunal de Commerce de Pontarlier prononce la faillite du sieur Ernest, dont l’entreprise avait
été liquidée le 12 mars précédent. Le matériel sera mis
aux enchères en 1918 et la bâtiment l’année suivante.
L’affaire a donc péréclité avant l’interdiction de l’absinthe en 1915.
Du côté du Musée
Exposition
« L’absinthe dans
la presse satirique
de la Belle
Epoque » pour les
Absinthiades
« Quel gaillard que ton
père, ma petite Mélie !!! Le v’là
à sa septième absinthe ! »
Légende d’un dessin de
Sancha, paru dans Le Rire du
13 juin 1903.
Ce dessin de Francisco Burges dit Sancha et sa légende
dénoncent avec humour la consommation excessive d’absinthe et paraissent dans le journal satirique Le Rire, du 13
juin 1903.
La composition enlevée de cette pleine page met en valeur
l’absence du père et la légende annonce son addiction.
Le premier plan est composé d’une femme et ses deux
enfants en bas âge sur un balcon, prolongement de l’espace
intérieur de l’appartement, bien séparés de la rue par les
lignes de la balustrade. La mère et son aînée se penchent
vers la rue sombre, leur regard dirigé vers un sujet invisible
par un cadrage en plongée. Les couleurs fixent l’attention
sur les deux enfants dans la lumière. La petite fille de profil
est mise en valeur par son chapeau rouge. Le visage innocent du jeune enfant est accentué par la blancheur de son
vêtement et la convergence des lignes de fuite de la perspective. Il regarde le spectateur et lui sourit avec bonhomie.
Le spectateur se sent alors plein d’empathie pour le bambin
et sa famille.
Extrait registre des marques de fabriques (Archives
Départementales)
Florentin demeure néanmoins sur le secteur : il s’associe
aussitôt avec le Pontissalien Armand GUY, propriétaire
d’une maison et d’un « bois debout » rue des lavaux sur
la base d’un nouveau partenariat : il apporte des fonds et
des alambics et Armand GUY assure la distillation et la
direction du nouvel établissement ; la dénomination du
nouveau site est COUSIN FLORENTIN, sous la forme à
priori d’une succursale de la société établie à
Champagnole, comme l’atteste les factures éditées
alors. L’affaire se développe et l’accord survit même au
déçès de Florentin (29 juin 1907), deux ans avec la
veuve et son fils Jules, jusqu’au 30 juin 1909, date à
laquelle Armand devient indépendant. En 1911, le matériel de distillation et la marque sont vendus par la veuve
à la maison DENISET.
L’effet humoristique de cette scène de genre est introduit
dans un deuxième temps par le titre et la légende du dessin.
La mère devient fière de son homme, mauvais père mais
bon alcoolique. Alors qu’on s’attend à des réprimandes
envers son mari, elle loue sa résistance à l’alcool. Elle en fait
même un modèle pour sa fille. Ainsi, pas de bouteille ni de
verre de la célèbre absinthe pour dénoncer le fléau de l’alcoolisme mais un jeu subtil entre l’expressivité de l’image et
son commentaire.
Florentin et Ernest n’ont pas réussi à pérénniser leur
entreprise respective ; leur nom n’a pas fait souche à
Pontarlier, comme à Champagnole d’ailleurs où cette
famille a également disparu selon nos recherches. La
famille GUY poursuit son Histoire à Pontarlier : elle
constitue désormais l’unique distillerie de la ville et le
site de la Cluse d’Ernest « revit » depuis 2009, année
où la société Les Fils d’Emile Pernot a déménagé et y
a refait chauffer des alambics !
Philippe DEL FIOL
En-tête des factures de la maison Cousin Florentin : on reconnaît à gauche les bâtiments actuels (bureaux et salle des
alambics) de la distillerie GUY
REMERCIEMENTS :
CERNIEBAUD.
Archives
de
PONTARLIER
et
Mairie
de
Ces pleines pages humoristiques qui manient le rire grâce à
l’alliance subtile entre le texte et l’illustration se retrouvent
dans plusieurs journaux satiriques de la IIIe République.
Cette Belle Epoque rétablit la liberté de la presse en 1881 et
voit donc fleurir ou renaître le genre satirique et les caricatures. Le Charivari, L’Assiette au beurre, Le Rire, Gil Blas, le
Pêle-Mêle et d’autres encore rendent visibles les mœurs de
la société pour mieux les dénoncer. Les plus grands dessinateurs y expriment leur talent. Théophile Steinlen, Maurice
Radiguet, Alfred Grévin, Edouard Bernard, Francisque
Poulbot, Albert Guillaume, par exemple, croquent la vie et
animent ces tableaux de situation.
L’absinthe est souvent de la partie. Publicité ou accessoire
du décor des cafés et des bals, elle devient progressivement
sujet de dénonciation de l’alcoolisme, de la misère et de la
destruction de la famille. Tous ces dessins sont un précieux