Le cap Ferret

Transcription

Le cap Ferret
É V A S I O N
Après le piquenique et la
pause baignade,
les voiliers
et les pinasses
traditionnelles
larguent les
amarres aux abords
du banc d’Arguin.
Le cap Ferret,
sans petits mouchoirs
66 • LE FIGARO MAGAZINE - 21 MAI 2011
L’automne dernier, le film de Guillaume Canet braquait les projecteurs sur
la beauté sauvage du cap Ferret. Entre Atlantique et bassin d’Arcachon,
une pointe rare et précieuse à visiter avant le grand rush de l’été.
PAR MARIE-ANGÉLIQUE OZANNE (TEXTE) ET BRUNO MAZODIER POUR LE FIGARO MAGAZINE (PHOTOS)
É V A S I O N
L’hôtel-restaurant
La Maison du Bassin,
l’esprit du cap dans
toute sa splendeur.
A l’heure du
déjeuner, la terrasse
de La Co(o)rniche
s’anime. Ouvert l’été
dernier, c’est l’endroit
où il faut être vu.
On se sent
ailleurs,
happé par
la splendeur
des éléments
Apéritif printanier
dans le jardin
ensoleillé de
l’Hôtel des Pins.
ccoudée à la dune du
Pyla, La Co(o)rniche
contemple la pointe
du cap Ferret, baignée d’une lumière
ambrée enchanteresse. A ses pieds, les
sables tropicaux et
les flots turquoise du banc d’Arguin. Le
dépaysement est total. On se sent à
mille lieues de la France, aux Seychelles ou
aux Bahamas, happé par la splendeur naturelle des éléments. Bref... au bout du monde !
Pour Philippe Starck, designer de l’hôtel,
globe-trotteur et amoureux du cap, c’est incontestablement « un des dix plus beaux endroits de la planète » !
A l’horizon, les parcs à huîtres, telles des
épines dorsales serpentant à fleur d’eau, dessinent un chemin imaginaire, un fil d’Ariane
A
conduisant vers l’autre rive du bassin d’Arcachon, le fameux cap Ferret. Cette extrêmité
sud de la presqu’île sépare l’océan Atlantique
et sa côte d’argent du bassin. A l’ouest, la
force incontrôlable des vagues et du vent,
chéris des surfeurs ; à l’est, une enclave « civilisée », protégée et organisée.
La beauté du cap Ferret repose, entre
autres, sur cette dualité. Olivier Laban,
président des ostréiculteurs, nous attend au
pied de l’hôtel pour nous conduire au cap
Ferret sur son bateau « propre » (sic), comprenez « moins polluant ». L’homme a connu
bien des houles et des tempêtes, avec les polémiques autour du test de la souris et le
taux de mortalité inquiétant des naissains
(le bassin d’Arcachon est le plus grand
centre naisseur ostréicole européen). Il a la
poignée de main ferme, le regard franc, le
verbe haut. Pour sensibiliser le public, os-
tréiculteurs et pêcheurs organisent des
« journées à la marée », dans le cadre du
programme européen Pescatourisme. Soit
six heures dans la peau d’un ostréiculteur, à
travailler sur les parcs à huîtres. Autant dire
que l’expérience, aussi vivifiante soit-elle,
n’est pas une sinécure !
Autour de nous, de plus en plus de plaisanciers sillonnent le bassin. La moue songeuse
face à cette affluence, Olivier finit par lâcher :
« Le bassin, on peut le partager, mais il faut aussi
être vigilant car l’écosystème reste fragile » !
Lorsque le bateau s’approche de la magnifique réserve naturelle de l’île aux Oiseaux et
ses deux cabanes tchanquées (tchanque signifie « échasse » en gascon), il y a presque
autant de voiliers que de volatiles ! L’attraction de cette région semble exponentielle. Jadis, le cap Ferret n’était qu’une langue de pins
et de dunes. Seuls les pêcheurs venaient en •••
21 MAI 2011 - LE FIGARO MAGAZINE • 69
É V A S I O N
Parcs à huîtres
et cabanes de Grand
Piquey, un des villages
de la presqu’île.
Balade sur la plage
côté bassin, au pied de
la villa familiale où Jean
Anouilh aimait se
reposer autrefois. Et
trouver l’inspiration.
Le cap
Ferret,
un mélange
de chic et
de naturel
Côté Atlantique,
les familles se
retrouvent sur la
plage de l’Horizon.
Moment exquis :
la randonnée en
canoë, à l’intérieur
des terres, sur
la rivière Leyre.
••• pinasse (embarcation en pin des Landes,
typique du littoral gascon) pour attraper
quelques poissons à l’embouchure du bassin.
Ils construisirent une poignée de cabanes sur
la plage et autour du phare, pour s’abriter.
Ainsi, vers 1900, il n’y avait guère qu’un gardien de phare, des douaniers, des employés
forestiers, des chasseurs, des pêcheurs...
pour s’intéresser à ce no man’s land sauvage
et retiré. Dans les années folles, l’histoire s’accélère. Industriels, artistes et grandes familles prennent leurs quartiers d’été autour
du bassin en général – Arcachon est classée
« station balnéaire » en 1926 –, et au cap Ferret en particulier. Le Corbusier, Jean Cocteau,
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Raymond Radiguet, Jean Anouilh... y ont
écrit et séjourné. Foujita et les Parnassiens
font partie du cortège. Arrivent ensuite
Marcel Aymé, Vadim et Fonda, Lino Ventura... suivis, des années plus tard, par le
prince Albert, Starck, Adjani, Lavoine,
Breitman, Cotillard... « et un microcosme
politico-médiatique », explique Jean Mazodier,
un érudit du cap Ferret.
Tout ce petit monde a ses habitudes, du Bikini (le bar de la plage d’Arcachon tenu par
le truculent Loulou) à Chez Hortense (le restaurant de Bernadette au Ferret) ou au nouveau Bouchon du Ferret, en passant par le
marché – où il n’est pas rare de croiser des
(ex-)ministres en short –, puis l’incontournable Pinasse Café. Le célèbre troquet, à
deux pas du débarcadère, a fait peau neuve
cette année. Laurent et Alexandra, les propriétaires, ont « voulu le moderniser sans le dénaturer, en préservant l’esprit du bassin ».
La quintessence de ce « style cap Ferret »,
on la retrouve aussi à la Maison du Bassin, un
hôtel de charme exquis. Ou dans le jardin de
l’ostréiculteur Boulan, les pieds dans l’eau face
à la dune du Pyla. C’est un mélange de chic et
de naturel, de matériaux locaux, de petits
riens qui font un effet fou – le nec plus ultra
étant une cabane en bois située en première
ligne ! C’est aussi une attitude, un sentiment,
un souffle amoureux... chantés par le groupe
Hangar, des musiciens ferretcapiens que
Guillaume Canet ou Matthieu Chedid rejoignent régulièrement pour un bœuf.
Au Pinasse Café, on apprend le scoop du
printemps : l’Hôtel de la Plage, le fameux
établissement des sœurs Magne – des figures locales plus vraies que nature –,
vient de rouvrir, à L’Herbe. Joël Dupuch,
l’ostréiculteur-acteur qui crève l’écran dans
le film de Guillaume Canet, arrive pieds nus
pour livrer ses huîtres des Parcs de l’Impératrice. Il est intarissable sur la beauté du
bassin. Pour lui, « le paradis est ici ».
■ MARIE-ANGÉLIQUE OZANNE
É V A S I O N
CAP FERRET~LE CARNET de VOYAGE
Joël Dupuch, ostréiculteur-acteur.
AVANT DE PARTIR
Se renseigner auprès de l’Office
du tourisme de Lège-Cap-Ferret
(05.56.03.94.49 ; www.legecapferret.com), 1, avenue du
Général-de-Gaulle, Claouey,
Lège-Cap-Ferret et sur le site
www.bassin-arcachon.com
Nouveau : l’application iPhone
gratuite Bassin d’Arcachon.
Lire Traces, regards sur le Bassin
d’Arcachon de Bruno Mazodier,
Editions Christine Bonneton.
NOS HÔTELS DE CHARME
AU CAP FERRET
Côté Sable (05.57.17.07.27 ; www.
cotesable.fr), 37, boulevard de la
Plage. Chambres à partir de 190 ¤.
La Maison du Bassin
(05.56.60.60.63 ; www.lamaison
dubassin.com), 5, rue des Pionniers. Chambres à partir de 140 ¤.
L’Hôtel des Pins (05.56.60.60.11 ;
www.hoteldespins.eu), 23, rue des
Fauvettes et sa nouvelle Roulotte
gitane (à partir de 65 ¤). Et en
face, au Pyla-sur-Mer, La
Co(o)rniche (05.56.22.72.11 ;
www.lacoorniche-pyla.com),
46, avenue Louis-Gaume,
La Teste-de-Buch. A partir de 190 ¤.
NOS CHAMBRES D’HÔTES
Villa Seabird (05.56.03.70.76 ;
www.villa-seabird.com), allée
des Bambous, Lège-Cap-Ferret.
A partir de 140 ¤ la chambre.
Les huîtres du Bassin, une fierté nationale.
SHOPPING
Blandine et Clélia, du bar O’Jane.
La Cabane de Pomme de Pin
(06.77.35.44.50 ; www.
lacabanedepommedepin.com),
3, rue de la Brise, Cap-Ferret. Une
cachette d’initiés. A partir de 200 ¤.
Villa Etche-Ona (06.64.91.00.91 ;
www.villa-etcheona.com), 92, route
du Cap-Ferret, Grand Piquey. Le
plus : la piscine et l’accès direct à la
plage ! Chambre à partir à de 110 ¤.
Loulou, le patron du bar Le Bikini à Arcachon.
Jane de Boy (05.56.03.60.00 ;
www.janedeboy.com), 34,
boulevard de la Plage. The place
to do shopping ! Vêtements,
accessoires, déco...
La brocante d’Anne Gros
(05.56.03.60.00), 165, route du
Cap-Ferret, Le Canon. Une caverne
d’Ali Baba très Côté Ouest :
vaisselle, linge ancien, sacs…
The Lighthouse (06.64.63.94.68 ;
www.thelighthouse-bordeauxcapferret.com), 8, rue de la Poste.
Une véritable maison
ferretcapienne transformée
en boutique d’antiquités. Et le
marché, pour le caviar d’Aquitaine
et les vins de la région.
L’INSTANT MAGIQUE
NOS TABLES
Le Bouchon du Ferret
(05.56.60.67.51), rue des
Palmiers, quartier des Pêcheurs.
Notre coup de cœur !
Chacouette (05.57.70.35.07),
50, route du Cap-Ferret. Menu
complet à 16 ¤ le midi.
La descente de la Leyre en canoë
(www.canoesurlaleyre.com/accueil.
htm) et les sorties individuelles
en bateaux traditionnels
de Pinasse Compagnie
(06.88.08.32.94 ;
www.pinasse-compagnie.fr).
La plage surveillée de l’Horizon.
NOTRE COUP DE CŒUR
Pour les baptêmes de l’air de
l’Aéroclub du bassin d’Arcachon
(05.56.54.72.88 ; www.acbafr.com), afin de découvrir depuis
le ciel la dune du Pyla, le banc
d’Arguin, l’île aux Oiseaux et le cap.
LE BÉMOL
L’affluence entre le 1er et le 15 août.
Et les bouchons à la sortie de
Ferret en fin de week-end. M.-A.O.
BANCS D’HUÎTRES
La Cabane d’Edouard
(05.57.70.30.44), port de Claouey,
cabane 1-3, Lège-Cap-Ferret. Pour
les fines d’Edouard Frères, ostréiculteurs-expéditeurs. Chez Boulan
(05.56.60.77.32 ; www.huitres
boulan.fr), 2, rue des Palmiers,
Lège-Cap-Ferret. Incontournable !
Le quartier des ostréiculteurs du cap.
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O’Jane (05.57.70.89.32 ;
www.ojane.fr), 5, avenue Janede-Boy, Claouey. Pour les soirées
du jeudi avec cours de salsa
gratuits, avec une consommation.
Le Wharfzazate (05.56.60.90.18 ),
port de la Vigne, Lège-Cap-Ferret.
Musique live, ambiance marocoferretcapienne, tendance.
OLIVIER CAILLEAU
PRENDRE UN VERRE